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30 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Trente-et-unième jour

Après la mort de saint Joseph

 

C’est donc à Nazareth que Saint Joseph est mort et a été inhumé dans le tombeau qu‘un homme de bien lui avait donné et préparé. Son corps fut transporté ensuite par les chrétiens à Bethléem, et déposé dans un autre tombeau.

Marie, fille de Cléophas, fut une des premières à se rendre auprès de la sainte Vierge à Nazareth, après la mort de Saint Joseph. Elle avait avec elle l’enfant qu’elle avait eu de son troisième mariage, le jeune Siméon. Elle avait laissé à la maison d'Anne, qu‘elle occupait dans le voisinage de Nazareth, ses serviteurs et tout son ameublement.

Les trois fils que Marie de Cléophas avait eus de son union avec Alphée, et qui étaient établis en leur particulier, vinrent aussi le même jour qu’elle à Nazareth pour consoler la sainte Famille, à l’occasion de la mort de saint Joseph.

Entre autres personnes qui vinrent également visiter la sainte Vierge à cette occasion, il faut encore compter Séraphia, plus connue sous le nom de Véronique, Jeanne Chusa, Marie, mère de Marc, une pieuse veuve, du nom de Léa, et le fils de Véronique, qui fut plus tard au nombre des disciples.

Mais peu de temps après la mort de saint Joseph, notre Seigneur alla s’établir à Capharnaüm, sans toutefois abandonner entièrement Nazareth. La maison de Nazareth resta comme la demeure de la sainte Vierge, et la maison de Capharnaüm devint celle de Notre Seigneur. La sainte Vierge ne faisait que des allées et venues à Capharnaüm.

Pendant son absence, la maison de Nazareth restait fermée, quoique parfaitement lavée, nettoyée et rangée. À la voir en cet état, ou l’eût prise pour une église ou une chapelle : le foyer avait l’apparence d'un autel, et un petit tabernacle, qui le surmontait, portait un vase avec des fleurs. Elle était confiée à la garde d’Esséniens amis de la sainte Famille, et surtout d’un vénérable vieillard, nommé Eliud, neveu de Zacharie, qui, étant devenu veuf, demeurait avec sa fille. Ils étaient tout dévoués à la sainte Famille.

Non loin de là, et en avant des murs de la ville, était l’endroit où Saint Joseph avait travaillé autrefois. Il était habité par des gens pauvres, mais vertueux, qui l’avaient beaucoup connu et dont les fils avaient été au nombre des compagnons d‘enfance du Sauveur. Eliud conduisit un jour Notre Seigneur chez ces braves gens, qui leur présentèrent du pain et de l’eau fraîche. L’eau de Nazareth, du reste, était excellente.

Quant à la maison que Notre-Seigneur habitait à Capharnaüm, elle n’était pas dans la ville même, mais faisait partie d’un groupe de maisons entre Capharnaüm et Bethsaïda. Cette maison appartenait à un nommé Lévi, de Capharnaüm, qui l’avait cédée à Notre-Seigneur par attachement pour la sainte Famille. Des serviteurs de Lévi y demeuraient pour le service des hôtes, et il envoyait de la ville les provisions nécessaires. C’est de cette maison que Notre Seigneur fit sa principale résidence pendant les trois années de ses courses apostoliques en Galilée et en Judée. Mais, au milieu de ces courses évangéliques, il n’oublia pas le culte qu’il avait toujours rendu à saint Joseph, et le lui continua après même que celui-ci eut quitté la terre.

Toutes les fois, en effet, que Notre-Seigneur a trouvé l’occasion de glorifier la mémoire de son saint Père nourricier, il ne l’a pas manquée et s’est fait comme un devoir de la saisir. Il semble qu‘il veuille nous répéter ici, à propos de Saint Joseph, cette parole qui résume toute sa divine vie : « Je vous ai donné l’exemple, afin que vous fassiez comme j’ai fait moi-même ».

 

Considération

Saint Joseph et la fin des temps

 

Touchons-nous a cette fin des temps, et, comme plusieurs le prétendent, la génération actuelle, c’est-à-dire les plus jeunes d‘entre nous, les derniers-nés de notre époque, verront-ils la destruction et l‘anéantissement du monde visible que nous habitons ? La prophétie dite de saint Césaire sur la dernière restauration, mais pour un temps seulement, du christianisme, va-t-elle avoir son accomplissement, et allons-nous voir apparaître le Pontife saint et le Monarque puissant qu’il annonce, d’après l'Apocalypse ? Notre très Saint Père le Pape Pie IX serait-il vraiment, aux termes de la prophétie attribuée à saint Malachie sur la succession des Papes. le onzième avant-dernier des Pontifes romains, qui doivent, d’ailleurs, se succéder rapidement les uns aux autres dans les derniers temps ? Selon les prévisions et les calculs sur l’Apocalypse du vénérable Holzauser, dont il ne faut pas oublier que les prédictions qu’il a faites se sont réalisées, les unes de son vivant, les autres après sa mort, l’Antéchrist serait-il né et grandirait-il, inconnu jusqu’à présent, dans une bourgade de l’Orient ? Notre plume tremble en écrivant ces lignes, qui pourtant ne manquent pas de vraisemblance.

Quoi qu’il en soit, il est toujours incontestable que nous commençons à être les témoins des signes avant-coureurs du dernier avènement de notre Seigneur. Sans parler des faux Prophètes et des faux Christs, que nous pouvons bien voir dans les chefs de la démagogie et de la Révolution qui se donnent souvent eux-mêmes, et que leurs partisans acceptent, comme les envoyés du ciel et les messies des temps nouveaux, entendons-nous parler d’autres choses que de luttes et de révolutions, de guerres et de bruits de guerre, de soulèvements de peuples contre peuples, de nations contre nations ? La prédication de l’Evangile par toute la terre n’est-elle pas à peu près un fait accompli, quoique la foi aille s’éteignant de jour en jour, et que Notre-Seigneur eût déjà de la peine à en retrouver, s’il revenait dès maintenant ici-bas ? Comme au temps de Noé et de Luth, les hommes ne se livrent-ils pas a toutes les voluptés charnelles et terrestres, sans vouloir rien pré— voir des maux qu’on leur annonce ? L’iniquité n’abonde-t-elle pas partout, et la charité du grand nombre ne se refroidit-elle pas d’une manière effrayante ? Ne se dessinent-ils pas de plus en plus, ces derniers jours prédits par l’Apôtre, où les hommes seront amateurs d’eux-mêmes, avides de biens, fiers, superbes, médisants, sans obéissance pour les parents, ingrats, impies, dénaturés, sans foi et sans parole, calomniateurs, intempérants, inhumains, ennemis des gens de bien, traîtres, insolents, enflés d’orgueil, ayant plus d’amour de la volupté que de Dieu ? Le mystère d’iniquité aussi se forme, et tout ce qui est Dieu, culte, enseignement divin, morale divine, expression de Dieu sur la terre, ne tend-il pas de jour en jour à s’effacer et à disparaître, pour faire place à la grande apostasie de la fin des temps ? Oui, tout annonce le commencement de la fin.

Quoi qu’il en soit encore, un autre signe des derniers temps, signe plus consolant, il est vrai, mais qui n’en est pas moins caractéristique, c’est l’accroissement, le développement et le perfectionnement du culte de Saint Joseph. Selon une opinion que nous a léguée le moyen-âge, et qui, émise par Isidore des Iles, est passée tellement dans les convictions de tous, qu’elle est devenue une sorte de prophétie, ce culte de saint Joseph doit, avant le jugement, arriver à son apogée, parce qu’a la fin des temps, Dieu, dans tout l‘empire de l’Eglise militante, le comblera des grands honneurs et le rendra l’objet de la vénération la plus profonde…, le fera reconnaître pour protecteur particulier de cette Eglise… et inspirera au Vicaire de Jésus-Christ d’ordonner que la fête du grand Patriarche soit solennellement célébrée dans toutes les contrées de l’Église Catholique... Mais puisque cette heure fortunée a sonné, c’est donc que le monde est sur son déclin et doit songer à sa fin.

Ne semble-il pas, d’ailleurs, comme d’autres l’ont remarqué avant nous, que cette apogée du culte de Saint Joseph est le dernier perfectionnement que notre-Seigneur devait donner à sa sainte religion, et que conséquemment le monde se précipite vers sa ruine ?

Mais si Dieu a réservé ce perfectionnement du culte de saint Joseph pour les derniers temps, n’est-ce point pour nous préparer un suprême refuge contre les maux qui nous menacent ? Que tous ceux donc qui veulent se prémunir contre les scandales et les chutes des derniers jours viennent se réfugier sous le manteau de Saint Joseph, sous ce royal manteau qui, pour le soustraire aux fureurs d’Hérode, emporta dans ses plis bénis notre doux Sauveur en Egypte, et avec lui l’Eglise naissante qu’il fallait déjà défendre contre ses ennemis. Laissons-nous donc aussi emporter, avec Jésus et son Eglise, par saint Joseph, et restons à l’abri de sa puissante protection dans les malheureux temps où nous vivons.

Lorsque la famine vint à sévir autrefois dans cette Egypte, tout le peuple accourait à Pharaon pour lui demander des aliments et du pain. Et Pharaon les renvoyait au premier Joseph, figure bien imparfaite du second, qu’il avait établi sur toute la terre d’Egypte, en leur disant : « Allez à Joseph, Ite Ad Joseph ». Une grande famine sévit aussi maintenant dans le monde ; et combien d’âmes périssent, parce qu’elles manquent du pain de la vérité, de la foi, de la justice, de la sainteté, de la vie éternelle ! À qui donc s‘adresseront tous ces affamés du vrai pain des corps et des âmes ? À Dieu, c’est vrai, mais qui les renverra au véritable Joseph, qu’il a constitué le maître de sa maison et le prince de tout son domaine ; le dispensateur fidèle et prudent que le Seigneur a établi sur sa famille pour donner à tous, au temps voulu, la mesure de froment appropriée aux besoins de_leurs âmes et de leurs corps. Ô vous donc tous qui avez faim de la vérité et de la justice, venez à Joseph. Il est assez riche pour répondre aux besoins de tous.

Venez à Joseph, prêtres de Jésus-Christ, dont l’auguste ministère et les saintes fonctions ont tant d’analogie avec les siens. Par lui vous obtiendrez toutes les grâces pour vous et pour les autres.

Venez à Joseph, âmes spécialement consacrées à Dieu pour avoir embrassé la vie religieuse, et, avec la vie religieuse, la bienheureuse vie intérieure. Il est le patron et le modèle des âmes intérieures.

Venez à Joseph, princes et nobles, qui, a aucun point de vue, ne pouvez avoir plus de noblesse que lui. Vous trouverez auprès de lui toutes les grâces nécessaires pour restera la hauteur de votre condition et de votre position.

Venez à Joseph, ouvriers et travailleurs de toutes les classes et de toutes les situations. Il fut aussi l‘homme de la condition ordinaire et du travail manuel, et vous devez recourir à lui dans toutes vos nécessités.

Venez à Joseph, petits enfants, qui serez pour lui autant d’Enfants-Jésus, qu’il chérira de toutes ses affections paternelles.

Venez à Joseph, adolescents de l’un et de l‘autre sexe. Il aime la jeunesse et l‘aide à garder intacte sa virginité.

Venez à Joseph, époux chrétiens, qui avez tant besoin de sa protection pour observer la chasteté de votre état.

Venez à Joseph, parents qui vous préoccupez d‘accomplir tous vos devoirs si nombreux et si difficultueux. Lui seul peut vous aider à les remplir.

Venez à Joseph, fidèles de tous les âges, de toutes les conditions et de toutes les situations. Il n’en est aucune par laquelle il n’ait passé et pour laquelle il n’ait une vraie toute-puissance de médiation auprès de Dieu.

Venez à Joseph, vieillards qui vous acheminez vers votre éternité. En vous mettant et restant sous sa protection, vous aurez, comme lui, une vieillesse sainte, respectée et honorée.

Venez à Joseph, malades, mourants et agonisants. S’il se plaît à faire sentir son assistance à tous, il a grâce surtout pour la rendre efficace envers vous.

Venons tous a Joseph, et tous nous trouverons dans son culte et sa dévotion tous les moyens de nous prémunir, nous le répétons, contre les scandales et les chutes des derniers temps.

 

Pratique

Persévérance dans le culte de Saint Joseph

 

À l’époque où nous sommes arrivés, non-seulement il n’est plus permis à personne de rester indifférent à Saint Joseph et à son culte, mais chacun doit s’employer de son mieux a lui témoigner sa vénération, son amour, sa confiance, et sa dévotion. Ne comptons donc plus avec lui ; mais à lui, après Dieu, Jésus et Marie, tout notre zèle, notre dévouement et nos affections. Et pourvu que nous ne l’égalions pas à eux dans nos sentiments et dans les hommages que nous lui rendrons, nous n’avons plus de réserves à garder avec lui, à l‘imitation, du reste, de Dieu, de Jésus et de Marie.

Mais, comme l’amour est naturellement expansif, loin de nous contenter d’offrir à saint Joseph nos seuls devoirs, nous ne négligerons rien pour lui gagner des cœurs et lui procurer de la gloire. Nous serons maintenant industrieux pour répandre son culte, pour faire connaître les salutaires pratiques approuvées par l’Eglise en son honneur. Quelle que soit la position où la divine Providence nous ait placés, nous pouvons et nous devons, sans sortir de notre sphère, sans négliger les devoirs de notre état, contribuer efficacement à sa gloire, en nous appliquant la le faire aimer et honorer de tous ceux sur lesquels nous pouvons prendre quelque influence. Et à plus forte raison, si vous avez le bonheur d‘être prêtre eu l’honneur d’être père et mère de famille, instituteur ou institutrice.

Enfin, comme dit le P. Jacquinot, employez-vous bien à l’augmentation de la gloire de Saint Joseph, en excitant les autres à lui être dévots, en leur en fournissant les moyens, en n’épargnant, en un mot, ni biens, ni sang, ni vie, s’il en est besoin, pour lui procurer de l'honneur, puisque Dieu, qui s’est rendu très admirable en ce saint, le veut ainsi ; puisque Jésus et Marie le désirent ardemment ; puisqu’il le mérite lui-même par toutes sortes de considérations, et qu’il vous en reviendra de notables avantages en l’esprit et au corps, en cette vie et en l’autre, au temps et en l’éternité. Ainsi soit-il.

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Consécration à Saint Joseph

du Vénérable Monsieur Boudon

 

Je me prosterne en votre présence, ô grand saint Joseph, et vous honore comme le chaste Epoux de la Mère de Dieu, le Chef de la plus sainte Famille qui fût jamais, le Père nourricier de Jésus-Christ, le fidèle dépositaire des trésors de la très Sainte Trinité. Je révère en votre personne le choix de Dieu le Père, qui a voulu partager avec vous son autorité sur son Fils ; le choix de Dieu le Fils, qui a voulu dépendre de vous et devoir au travail de vos mains sa subsistance ; le choix du Saint Esprit, qui a voulu vous confier son Epouse chérie et vous la donner pour compagne. Je vous félicite du bonheur que vous avez eu de porter Jésus Christ entre vos bras, de l’appuyer sur votre sein, de l’embrasser amoureusement, de l’arroser de vos larmes pendant les saintes caresses dont vous étiez si souvent favorisé par ce divin enfant. Qui pourrait comprendre les trésors de lumières, de sagesse et de grâces, que vous avez acquis, et dont vous avez été comme inondé pendant les trente années que vous avez passées entre Jésus et Marie.

Pénétré de respect et d’amour à la vue de vos grandeurs et de votre sainteté, je vous offre et je vous consacre mon cœur. Après Jésus et Marie. vous en serez le maître et le directeur. Je vous regarderai désormais comme mon père et mon protecteur; daignez me regarder comme votre enfant. Faites-moi sentir les effets de votre grand crédit auprès de Dieu et de votre grande charité pour moi. Obtenez-moi une sincère conversion et toutes les grâces dont j’ai besoin pour remplir ses adorables desseins.

Obtenez-moi cet esprit de recueillement, cette vie intérieure, cette fidélité à la grâce, cette union intime avec Dieu, cette profonde humilité de cœur, cette parfaite conformité à sa pure et sainte volonté, cette patience dans les adversités, cette estime, cet amour des croix, ce parfait abandon à la conduite du Seigneur, cette confiance a ses volontés, surtout cet amour ardent pour la personne sacrée de Jésus et pour sa sainte Mère, qui ont fait votre caractère particulier. Prenez, ô grand saint, sous votre protection, les âmes intérieures, surtout celles qui, à votre exemple, écoutent et imitent Jésus et Marie dans la retraite et le silence. Enfin, par le privilège de votre très heureuse mort entre les bras de Jésus et de Marie, obtenez-moi, ô grand Saint ! une mort semblable à la vôtre, dans le dénuement parfait de ma volonté à Jésus et à Marie. Ainsi soit-il.

 

Gloire à jamais à Jésus, Marie, Joseph.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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Téléchargez le texte de cette méditation (PDF) en cliquant ici

 

Fin du Mois de Saint Joseph

 

Téléchargez l’intégralité des méditations du Mois de Saint Joseph (pdf) en cliquant ICI

 

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29 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

Jahenny 3-1

Trentième jour

Mort de Saint Joseph

 

Nous n’avons guère de détails sur les derniers jours et la mort de Saint Joseph ; et ceci, sans nul doute, par la continuation du dessein de Dieu sur le bienheureux Patriarche, qui n’a eu d‘autre mission sur la terre que d’apporter sa part contributive au mystère de l’incarnation, confié à sa garde et à son fidèle gouvernement. Ôtez ce mystère, et saint Joseph n’ayant plus sa raison d’être, il n’y a plus de Joseph. Du moment donc que l’on nous a dit tout ce que Joseph a fait par rapport à l’Incarnation du Fils de Dieu en terre, l’on nous a raconté toute sa vie, et le reste n‘est plus que du détail et de l‘accessoire.

Durant son séjour à Nazareth, Notre Seigneur ne quitta guère la sainte Vierge et Saint Joseph. Dans son enfance, il est grand et élancé ; son teint est clair ; son visage, bien qu’un peu pâle, annonce la santé. Son front est haut et découvert ; ses cheveux, longs et d‘un blond foncé, se divisent par le milieu et retombent sur ses épaules. Il porte habituellement une longue tunique d’un gris foncé, qui lui recouvre les talons, et dont les manches s’élargissent par le bas.

Entre la dixième et la vingtième année de la vie du Sauveur, l’on vit deux fois Jésus, Marie et Joseph dans une maison étrangère. Pendant les dix années suivantes, ils restèrent toujours seuls dans la maison où ils demeuraient. Cette humble demeure se composait seulement de trois chambres. La Sainte Vierge occupait la plus grande et la plus belle, et l’on s’y réunissait pour prier. Ils priaient debout, les bras croisés sur la poitrine, et à haute voix, ainsi que l’indiquait le mouvement de leurs lèvres. C’était aussi ordinairement à la lueur d’une lampe à plusieurs becs, et quelquefois à la lumière d‘une sorte de candélabre attaché à la muraille. Hors le temps de la prière, ils n’étaient presque jamais ensemble. Notre Seigneur restait seul dans sa chambre ; saint Joseph travaillait dans la sienne, transportant ou coupant du bois et rabotant des planches, et souvent l’Enfant Jésus l’aidait dans ces travaux. La sainte Vierge s’occupait à coudre ou à tricoter avec de longues aiguilles de bois. Elle était assise pour ces différents travaux, et avait à ses côtés une petite corbeille.

Chacun des membres de la sainte Famille passait la nuit dans sa modeste chambre, où la couche était formée d’une simple couverture que l’on étendait par terre pendant la nuit, et que l’on roulait le matin quand on s’était levé.

Le divin Enfant, avant sa douzième année, rendit à Marie et à Joseph tous les petits services dont il était capable. Il en était de même à l’extérieur et dans les rues : partout il montrait le plus grand empressement à obliger le prochain. Dès ses plus jeunes années, il était le modèle des enfants de Nazareth, qui le chérissaient tous et craignaient surtout de lui faire de la peine. Quand un enfant avait désobéi, ses parents ne manquaient pas de lui dire : « Que dira le petit Jésus, quand il saura que tu as été désobéissant ? Combien cela ne lui fera-t-il pas de peine ! » Souvent ils se plaignaient à lui de leurs enfants qu’ils lui amenaient, et ils le priaient de leur dire de ne plus faire ceci ou cela. Le divin Enfant se rendait à leur désir avec une admirable simplicité, et, tout en jouant, il engageait ses petits amis à ne plus faire de peine à leurs parents. Il s’unissait à eux pour demander au bon Dieu la grâce de se corriger ; il les portait enfin à implorer leur pardon et a avouer ingénument leurs fautes.

Aussi, à partir de cette époque, devint-il le maître de ses compagnons. Souvent, assis au milieu d’eux, ou les accompagnant dans la campagne, il leur apprenait mille choses utiles. Quand il eut dix-huit ans, il commença à seconder plus activement Saint Joseph dans les travaux de sa profession. Mais plus approchait le moment où devait commencer sa mission, plus on le voyait recueilli et occupé à méditer.

Notre Seigneur était âgé d’environ trente ans, quand Saint Joseph commença à s’affaiblir et à décliner de jour en jour. Jésus et Marie se trouvaient plus souvent auprès de lui. Pendant sa maladie, Notre Seigneur sortit seulement dans les environs ; mais on ne le vit jamais beaucoup s’éloigner de la maison. Souvent aussi la très Sainte Vierge était auprès de son lit, assise par terre ou sur un morceau de bois, de forme ronde, supporté par trois pieds, et qui leur servait aussi de table. On ne les voyait manger que rarement. Les seuls aliments qu’ils prissent ou qu’ils offrissent au malade étaient de petits morceaux de pain blanc, larges de deux doigts, de forme allongée, et placés sur une assiette l’un à côté de l’autre, ou quelques fruits sur une soucoupe. Ils donnaient aussi à boire au malade avec une sorte de cruche.

Au moment où saint Joseph expira, la sainte Vierge était à son chevet, le tenant dans ses bras, et Jésus était plus vers le milieu du lit. La chambre était remplie de clartés célestes, et il s’y trouvait un grand nombre d’Anges. Et quand il eut rendu le dernier soupir, on lui croisa les bras sur la poitrine, on l’enveloppa dans un linceul blanc, on le plaça dans un cercueil assez étroit, et on le transporta dans un magnifique sépulcre que lui avait donné un homme de bien. Jésus, Marie et quelques autres personnes seulement suivirent le cercueil au tombeau ; mais il était resplendissant de lumière, et une multitude d’esprits célestes accompagnèrent ses précieuses dépouilles.

Saint Joseph devait mourir avant Notre Seigneur, car son état de faiblesse et son amour pour lui ne lui eussent pas permis de supporter les scènes de la Passion et du crucifiement. Il avait eu déjà, dans les dernières aimées de sa vie, beaucoup à souffrir des persécutions que la haine secrète des Juifs dirigeait dès lors contre le divin Sauveur. Ceux-ci le voyaient avec peine, et disaient que le fils du charpentier voulait tout savoir mieux que les autres ; et cela, parce qu’il contredisait souvent les enseignements des Pharisiens, et que beaucoup de jeunes gens s’attachaient à lui. La sainte Vierge ne souffrit pas moins de ces persécutions, bien plus cruelles que le martyre. Pour le divin Sauveur, il est impossible d’exprimer l‘ardente charité avec laquelle il supporta ces premiers témoignages de la haine de ses ennemis.

 

Considération

Saint Joseph et Pie IX

 

Il est donc écrit que notre bien aimé Pie IX sera plus qu’extraordinaire dans toutes ses œuvres comme dans ses merveilleuses destinées. Outre que, seul de tous les Souverains Pontifes qui ont gouverné l’Eglise dans la suite des âges, il a dépassé les années des plus longs règnes, y compris celui de saint Pierre, non seulement il a été annoncé dans la prophétie dite de Saint Malachie sur la succession des Papes, sous le titre que tous les événements politiques ne lui font que trop bien justifier, Crux de cruce, mais il a encore été bien plus annoncé et prédit comme le Pontife devant proclamer l’incomparable privilège de Marie, donner au culte de Saint Joseph ses derniers développements et tenir le grand Concile qui, en terrassant toutes les erreurs, doit donner à l’Eglise des jours de prospérité et de paix qu‘elle ne connaît pas depuis longtemps.

Et n’est-ce pas ce qu’il a fait, en rassemblant, malgré toutes les oppositions du monde et de l'enfer, des quatre vents du ciel, tous ces Evêques qui sont accourus à l'envi pour commencer ce Concile qui se terminera, c‘est vrai, quand il plaira à Dieu, mais qui a pu, comme peur répondre en principe à toutes les erreurs qui surgiront désormais, formuler le dogme de l'infaillibilité doctrinale du Pontife romain, dogme si approprié aux nécessités de notre temps flottant à tout vent, non de doctrine, mais même d’opinion ? N’est-ce pas ce qu’il a fait, comme pour répondre aux besoins de nos âmes, si souillées pan les vices de la chair, en prononçant dans sa suprême infaillibilité que « la doctrine qui tient que la Bienheureuse Vierge Marie a été dès le premier instant de sa conception, par un singulier privilège de Dieu, préservée de toute tache de la faute originelle et révélée de Dieu, et doit conséquemment être crue fermement et constamment par tous les fidèles », et en attachant ainsi le fleuron qui manquait au diadème dont la terre avait couronné le front de Marie ? N’est-ce pas ce qu’il a fait, comme pour opposer un contre-poids aux passions de notre siècle, si saturé d’orgueil, de cupidité, de jouissance et de concupiscence, en développant le culte de l’humble, du pauvre, du détaché, du juste Joseph ?

À peine était-il élevé sur la chaire de Saint-Pierre, que, dès le 10 septembre 1847, il rendait obligatoire pour toute I’Eglise la Fête du Patronage de saint Joseph, qu'il fixait, par son décret Urbi et orbi, au 3e Dimanche après Pâques, introduisant ainsi son culte public parmi les fidèles. Jusqu’alors Saint Joseph n’était un peu connu que des âmes pieuses, qui pouvaient l'honorer en leur particulier, mais à peu près ignoré du commun des chrétiens, qui n’avaient pas même l‘occasion de célébrer de temps à autre sa seule Fête du 19 mars, puisqu’à cause du Carême elle était remise à un jour sur semaine, lorsqu’elle tombait le Dimanche. Et Pie IX, en décrétant ainsi la Fête de son Patronage, a en quelque sorte mis et constitué le saint Patriarche dans le domaine public. Aussi, à partir de ce moment, saint Joseph est-il plus connu, plus honoré, plus invoqué.

À partir de ce moment encore, que n’a pas fait Pie IX pour saint Joseph ? N‘a-t-il pas recommandé sa dévotion toutes les fois qu’il en a trouvé l’occasion ? N'a-t-il pas approuvé, encouragé, enrichi de précieuses Indulgences les diverses pratiques en son honneur ? Et que d’Archiconfréries, de Confréries, d’Associations sous son patronage n’a-t-il pas autorisées et érigées ! Est-il une faveur qui lui ait été demandée à propos de saint Joseph, et qu‘on puisse dire qu’il ait même eu la pensée de ne pas accorder ? Il avait dit dans les premiers temps de son pontificat : « Les soutiens de l’Eglise naissante, Marie et Joseph, reprennent dans les cœurs la place qu’ils n’auraient jamais dû perdre. Encore une fois, le monde sera sauvé ». Et, pour sauver ce monde, n’a-t-il pas constamment travaillé à rendre à Marie et à Joseph cette place qu’ils auraient dû toujours occuper dans nos cœurs ?

C’est ce qu’il a fait enfin pour saint Joseph, en accédant aux vœux des Pères du Concile du Vatican, vœux d’ailleurs qu’il avait lui-même provoqués, suggérés, excités, en déclarant saint Joseph Patron de l’Eglise universelle par son décret du 8 décembre 1870, que nous ne pouvons nous dispenser de citer ici. C’est un résumé, en quelques mots, de la tradition et de la doc—trine de l’Eglise sur le saint Patriarche.

« De même, dit ce décret Urbi et orbi, que Dieu avait établi Joseph, fils du patriarche Jacob, gouverneur de toute l’Egypte, afin d’assurer des vivres au peuple, ainsi, quand fut arrivée la plénitude des temps où il devait envoyer sur la terre son Fils unique, Sauveur du monde, choisit-il un autre Joseph, dont le premier était la figure, et l’établit-il seigneur et prince de sa maison et de ses biens, en lui confiant la garde de ses principaux trésors. C’est pourquoi Joseph épousa l’immaculée Vierge Marie, de laquelle, par la vertu de l’Esprit-Saint, naquit Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui daigna passer aux yeux des hommes pour le fils de Joseph et lui fut soumis. Et Celui que tant de rois et de prophètes avaient désiré voir, Joseph, non seulement le vit, mais conversa avec lui, l‘entoura de sa paternelle affection, le couvrit de ses baisers, et mit toute sa sollicitude pour nourrir Celui que le peuple fidèle devait ensuite recevoir comme le pain descendu du ciel, pour obtenir la vie éternelle. À cause de cette sublime dignité que Dieu a conférée à son très fidèle serviteur, l’Eglise a toujours comblé le bienheureux Joseph, après la Vierge Mère de Dieu, son Epouse, des plus grands honneurs et de toutes ses louanges, comme elle a toujours, dans les circonstances difficiles, imploré son intercession. Mais comme, en ces tristes temps, l’Eglise se trouve tellement assaillie de tous côtés par ses ennemis, et Sous l’oppression de telles calamités, que les impies se persuadent déjà que les portes de l‘enfer vont enfin prévaloir contre elle, les vénérables Prélats de tout l’univers catholique ont présenté au Souverain Pontife leurs prières et celles des fidèles confiés à leurs soins, pour qu'il daignât proclamer saint Joseph Patron de l’Eglise catholique. Au saint Concile œcuménique du Vatican, ces prières et cette demande ayant été plus instamment renouvelées, notre très Saint Père le Pape Pie IX, déterminé parle désolant état de choses qu’ont fait les derniers événements à se mettre, lui et tous les fidèles, sous la très-puissante protection du saint Patriarche Joseph, a voulu répondre aux vœux des Evêques, et la solennellement déclaré Patron de l’Église Catholique, ordonnant que sa Fête, qui arrive le 19 mars, soit désormais célébrée sous le rite double de première classe, sans octave cependant, a cause du Carême. Il a réglé, en outre, que la susdite déclaration prendrait force de loi par le pré« sent décret de la Sacrée Congrégation des Rites, à partir de ce jour (8 décembre 1870), consacré à la Mère de Dieu, Vierge Immaculée et Epouse du très Chaste Joseph ».

Un autre décret, en date du 7 juillet 1871, arrête, en application de celui que nous venons de citer, les honneurs liturgiques qui, dans le culte public ecclésiastique, doivent être décernés à saint Joseph, comme Patron de l’Eglise catholique.

Et maintenant, puissions-nous voir bientôt se réaliser les espérances que nous ont données les Saints, et apparaître ce triomphe du bien sur le mal et cette pacification générale qu’ils nous ont annoncés comme devant suivre la glorification de saint Joseph ! C’était la dernière condition dont le ciel demandait l’accomplissement, disent certaines révélations particulières, qui, sans être de foi divine, sont au moins de foi humaine infiniment respectable, pour accorder cette grâce à la terre.

Puisse aussi, conséquemment, s’accomplir au plus tôt la bonne parole de Pie IX : « Encore une fois, le monde sera sauvé ! »

 

Pratique

Confréries et Archiconfréries

 

Si l’union fait la force, c’est surtout dans l’ordre spirituel et de Dieu, parce que, dans cet ordre spirituel et divin, Dieu, fidèle à sa promesse, se met toujours de part avec ceux qui s’associent en son nom pour l’honorer, dans ses Saints, en restant au milieu d’eux pour les consoler par sa présence et ses grâces. C’est ce qui explique l’origine et la nature de toutes ces pieuses Associations, qui prennent le nom de Confréries lorsqu’elles se restreignent dans une communauté plus particulière de prières et de bonnes œuvres, et que l’Eglise appelle Archiconfréries, lorsqu’elle veut généraliser leur action pour la plus grande gloire de Dieu et la plus ample édification des âmes.

Mais qui dira les nombreux avantages de ces saintes Associations aux formes si diverses, parce qu’elles répondent à tous les besoins, à tous les goûts, à toutes les situations de la vie chrétienne ? Qui dira aussi leur puissance de médiation auprès de Dieu, et de sanctification, tant pour chacun de leurs membres que pour tous en général, et à cause des pieux rapports qu’ils ont ensemble ? Qui dira, en particulier, tous les biens soit spirituels, soit temporels, qui se rencontrent dans les Associations en l’honneur du tout-puissant saint Joseph, si bon d’ailleurs pour tous ceux qui font gloire de le servir à titre spécial ?

Enrôlons-nous donc dans quelques-unes des Confréries existant sous son patronage. Grâce à Dieu, il est peu de bonnes villes où l’on n’en ait à cette heure érigé de l’autorité des Evêques, et même avec l’approbation du Souverain Pontife, si heureux de les enrichir des plus précieuses Indulgences. Nous citerons en particulier, outre les Archiconfréries du Cordon de saint Joseph et de son Culte Perpétuel, celles de Beauvais, d’Angers, de Paris, de Nevers, de Lourdoueix, en faveur des jeunes étudiants et de leurs familles ; de Lyon et de Toulouse, pour la bonne mort, et leurs nombreuses affiliations partout disséminées.

« Saint François de Sales, rapporte le pieux Abelly, conseillait aux personnes qui le consultaient d’entrer dans toutes les Confréries des lieux où elles se trouveraient, afin de participer à toutes les bonnes œuvres qui s’y font. Il les rassurait sur la fausse crainte qu’elles avaient de pêcher, si elles n’accomplissaient pas certaines pratiques qui sont plutôt recommandées que commandées par les statuts de ces Confréries. Ce que l’on recommande aux Confréries n’est que de conseil, et non de précepte. Il y a des Indulgences pour ceux qui le font, que manquent de gagner ceux qui ne le font pas, mais manquement tout à fait exempt de péché. Il y a beaucoup à gagner et rien à perdre. Il s’étonnait que si peu de personnes s’y engageassent. li ajoutait que deux sortes de personnes en étaient cause : les unes par scrupule, craignant de s’imposer un joug qu’elles ne pourraient porter ; les autres par défaut de religion, traitant d’hypocrites ceux qui s’y engagent ».

 

Prière pour notre Saint Père le Pape

 

Glorieux saint Joseph, que notre bien-aimé Pontife Pie IX vient de proclamer Patron de l’Eglise universelle, ne vous montrerez-vous point aussi son Patron particulier à lui-même ? N’est-il donc point le Pontife annoncé par les oracles des Saints, et attendu par les âges passés, comme devant mettre le comble à votre gloire et aux honneurs qui vous sont si justement dus ? N'est-il donc point ce Vicaire de Jésus-Christ prédit, il y a quatre siècles, comme devant ordonner que votre Fête fût célébrée solennellement dans toute l’étendue de l’Eglise militante ? Et n’est-ce point ce qu’il vient de décréter, après avoir tant fait, durant le cours de son long pontificat, pour l’augmentation de votre gloire et la propagation de votre culte ? Et vous l’abandonneriez il la merci de ses ennemis, si nombreux et si acharnés !

Ah ! plutôt continuez de le soutenir, de le protéger, de le défendre contre les assauts de la tempête. Déployez la force de votre bras pour confondre les desseins des impies qui travaillent à sa ruine, et, quand les puissants de la terre le délaissent, soyez son soutien, son appui et son salut.

Renversez, ô Joseph, les vaines idoles que des esprits aveugles et égarés veulent mettre à la place de l'oint du Seigneur, seul docteur infaillible pour paître les agneaux et les brebis, les fidèles et les pasteurs.

Couvrez-le de votre protection sur la terre, et plaidez sa cause dans le ciel auprès de Jésus, votre Fils, dont il est le si digne représentant et l’auguste Vicaire ici-bas.

Enfin, défendez-le de la violence des uns et de l’hypocrisie des autres, afin que, recevant de plus en plus le don de sagesse et de force, il continue, à la grande admiration du ciel et de la terre, de diriger la barque de Pierre au milieu des orages et des tempêtes que nous traversons.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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28 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Vingt-neuvième jour

Jésus au milieu des Docteurs

 

La Sainte Famille, rentrée a Nazareth, ne s’occupe plus qu’à chercher en toutes choses l’accomplissement pur et simple de la divine volonté par la pratique de cette vertu de subordination et d'obéissance qui doit faire, à le bien prendre, notre bonheur et notre salut à tous,dans quelque situation que nous nous trouvions. Tous, en effet, obéissaient à Nazareth : Joseph, qui seul avait la mission de commander, obéissait à Jésus et à Marie, dont il prévenait jusqu‘aux moindres désirs ; Marie obéissait à Joseph, son époux et le chef de la Sainte Famille, et à Jésus, dont la volonté était la règle de sa propre volonté ; Jésus obéissait à l’un et à l’autre, puisque toute l’histoire de ces trente premières années de sa vie se résume dans ces mots : « Et il leur était soumis ». Tous trois enfin obéissaient à Dieu, parce que leur volonté était en tous points conforme à la sienne. Notre Seigneur nous en donne un exemple, en se rendant tous les ans, dès sa première enfance, à Jérusalem, selon les prescriptions de la loi. L’Evangile ne nous cite que le voyage qu’il y fit à l’âge de douze ans, et dans lequel il enseigna les Docteurs a-vec une sagesse et une science qu‘ils ne purent s’expliquer, traitant avec eux de toutes les sciences dites humaines. Ce qui ne doit pas nous étonner, parce qu’il veut nous apprendre que non-seulement aucune n’est étrangère à la Religion, de même que la Religion n’est étrangère à aucune, mais encore que toutes viennent de Dieu et doivent nous conduire à Dieu.

Notre Seigneur avait huit ans quand il se rendit pour la première fois à Jérusalem, à l’occasion de la Fête de Pâques. Il continua à y aller les années suivantes. Dès ces premiers voyages, il excite l’attention des amis chez lesquels descendaient ses parents, ainsi que celle des prêtres et des docteurs. L’on parlait souvent à Jérusalem de la piété extraordinaire et de l’intelligence merveilleuse du fils de Joseph, comme chez nous l’on remarque, dans les pèlerinages qui se font tous les ans, un enfant qui donne de grandes espérances, un jeune homme qui se distingue des autres par son bon sens ou sa piété, et c’est avec bonheur qu’on les revoit chaque année. Notre-Seigneur était donc déjà connu à Jérusalem quand il s’y rendit avec ses parents, à l’âge de douze ans, en la compagnie des autres familles de Nazareth.

Joseph et Marie, qui se joignaient ordinairement à leurs compatriotes, savaient par expérience que Jésus se tenait habituellement avec ceux de ses compagnons qui allaient à la fête. Pour cette fois, il s’était séparé de ses jeunes amis aux environs du Mont des Oliviers, et eux-mêmes avaient supposé qu’il les avait quitté pour rejoindre ses parents qui étaient restés en arrière. Cependant, se dirigeant vers la partie de la ville la plus rapprochée de Bethléem, il était entré dans l’hôtellerie où sa sainte Mère s’était arrêtée avant la Purification. Joseph et Marie supposaient donc que le Sauveur était en avant avec les jeunes Nazaréens, et ceux-ci qu’il venait derrière eux avec ses parents. Mais quand les deux petites troupes se furent réunies à Gophna, Marie et Joseph furent bien déconcertés en n’apercevant pas le Divin Enfant. Ils retournèrent immédiatement sur leurs pas, demandant partout de ses nouvelles, mais inutilement, parce qu’il n’était point allé chez les personnes qu’ils visitaient d’ordinaire, et où naturellement ils étaient allés le chercher.

Pour Jésus, il passa la nuit dans l’hôtellerie de la porte de Bethléem, dont les maîtres le connaissaient, ainsi que Joseph et Marie ; puis, se réunissant à quelques jeunes gens qu’il y avait rencontrés, il visita avec eux deux écoles différentes, l’une le premier jour, l’autre le second. Le troisième jour, il se rendit à une autre école voisine du Temple, et l’après-midi, au Temple, où ses parents le retrouvèrent. L’enseignement n’était pas le même dans ces trois écoles et dans la troisième on formait les lévites et les prêtres.

Cependant les questions et les réponses de l’Enfant Jésus avaient tellement étonné et irrité les docteurs et les rabbins de ces différentes écoles, qu’ils résolurent, le troisième jour dans l’après-midi, de le faire interroger publiquement par les docteurs les plus célèbres, afin qu’ils pussent l’embarrasser par leurs questions captieuses. Ce complot fut formé par les scribes et les docteurs, qui, s’ils avaient commencé par applaudir à la science du jeune Enfant, n’avaient pas tardé à ressentir contre lui une secrète jalousie. Il y avait dans le Temple, au milieu du portique et en avant du Saint, une grande salle ronde dans laquelle notre Seigneur enseigna souvent dans la suite : c’est là qu’on se réunit. Il s’y assit dans une grande chaire qu’il ne pouvait occuper tout entière. Autour de lui étaient un grand nombre d’anciens du peuple et de prêtres qui paraissaient furieux, tout en l’écoutant avec une grande attention. On craignait même qu’ils ne se portassent contre lui à quelque acte de violence. La partie supérieure de la chaire sur laquelle il était assis était ornée de tête bronzées, semblables à des têtes de chiens, et dont les sombres reflets inspiraient un effroi dont on ne pouvait se défendre. Il y avait des figures de ce genre sur plusieurs longues tables placées dans le Temple, non loin de cette salle, et sur lesquelles l’on voyait des offrandes. Il eût été difficile, d’ailleurs, de reconnaître un lieu consacré au service du Seigneur, dans cette grande salle où la foule se pressait confusément.

Comme, les jours précédents, le Sauveur avait souvent fait usage, dans ses réponses, de comparaisons empruntées à la nature et aux différents arts, on avait eu soin de convoquer des maîtres habiles dans les différentes sciences. Ils n’eurent rien de plus pressé que de proposer toutes sortes de questions à l’Enfant Jésus, qui leur dit que les sciences profanes ne formaient pas l’objet propre de l’enseignement du Temple ; mais que cependant il leur répondrait, parce que telle était la volonté de son Père. Ils ne comprirent pas qu’il parlait de son Père qui est dans le Ciel, et supposèrent que Joseph lui avait recommandé d’étaler devant eux tout ce qu’il avait de connaissances.

Répondant donc à leurs questions, notre Seigneur parla d’abord de la médecine, et décrivit le corps humain d’une façon qui excita l’admiration des plus savants. Il traita ensuite plusieurs points relatifs à l’astronomie, à l’architecture, à l’agriculture, à la géométrie, à l’arithmétique, à la jurisprudence, et sur si bien ramener ces différentes questions à la Loi, aux promesses, aux prophéties, aux mystères du culte et des sacrifices, que ses auditeurs, surpris et confondus, passèrent successivement de l’étonnement et de l’admiration à la fureur et à la honte. Ils s’arrêtèrent enfin à ces dernières impressions, ne pouvant supporter qu’un enfant leur apprit des choses qu'ils ignoraient, et qu’il expliquât mieux qu’ils ne pouvaient le faire les mystères de la loi.

Il y avait à peu près deux heures qu’il parlait, quand Joseph et Marie se présentèrent au Temple et s’informèrent de lui aux lévites qu’ils connaissaient. Ceux-ci leur apprirent qu’il était avec les docteurs ; mais comme ils ne pouvaient pénétrer au lieu où il était, ils prièrent les lévites de lui dire de venir. Jésus leur fit répondre qu'il devait avant tout.terminer ce qu’il avait commencé. Cette réponse contrista la sainte Vierge : c’était la première fois qu’il faisait entendre à ses parents qu‘il avait à exécuter des ordres différents des leurs. Il continue donc a parler encore pendant une heure, et quand il eut réfuté et confondu tous ses adversaires, il quitta la salle et vint rejoindre ses parents dans le parvis d'Israël et des femmes. Saint Joseph, étonné, garda un humble silence ; mais la sainte Vierge, s’approchant de Jésus, lui dit : « Mon fils, pourquoi en avez-vous agi ainsi avec nous ? Voilà que votre père et moi, vous cherchions, bien affligés et bien inquiets ». Mais Jésus lui répondit, d’un ton plein de gravité : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe de l’oeuvre de mon père ? » Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait, et se disposèrent à quitter Jérusalem.

Pour ceux qui les entendirent, ils semblèrent étonnés et regardèrent l’Enfant et les parents. Il y eut même à craindre un instant qu’ils ne lui fissent quelque mal, car plusieurs d’entre eux paraissaient furieux. Mais voilà qu’ils laissent la Sainte Famille traverser tranquillement la foule, qui s’ouvrit devant eux pour les laisser passer. Les réponses de l’Enfant Jésus firent une grande impression sur les docteurs de la Loi. Ils notèrent la chose comme une curiosité dont on parla beaucoup ; mais il se gardèrent bien de reproduire la scène comme elle s’était passée en réalité. « Il ne s’agissait, disaient-ils, que d’un enfant présomptueux à qui on avait donné une bonne leçon : il ne manquait pas de dispositions ; mais il était important qu’elles fussent bien cultivées ».

La Sainte Famille s’éloigna ensuite du Temple, et se réunit, non loin de la porte par laquelle ils sortirent, à un groupe formé de trois hommes, de deux femmes et de quelques enfants, qui paraissaient être de Nazareth. Ils se rendirent tous ensembles en différents lieux voisins de Jérusalem : c’est ainsi qu’ils allèrent à la montagne des Oliviers, parcoururent les massifs de verdure qui s’y trouvaient, et s’arrêtèrent en plusieurs endroits où ils prièrent, les mains croisées sur la poitrine. Ils traversèrent aussi un ruisseau sur un large pont. Ils semblaient faire une sorte de pèlerinage.

Quand la Sainte Famille fut de retour à Nazareth, l’on célébra dans la maison d’Anne une grande fête à laquelle on avait invité un certain nombre de jeunes gens, parents ou amis du Sauveur. Cette fête avait-elle lieu tous les ans au retour de la Pâque, ou bien était-elle destinée à marquer l’entrée dans l’adolescence du divin Enfant, ou bien encore avait-elle pour but de célébrer le bonheur qu’on avait eu de le retrouver ? L’on ne saurait le dire ; mais, quoi qu’il en soit, notre Seigneur en était le héros. On avait dressé au-dessus de la table des berceaux de feuillage auxquels étaient suspendues des couronnes faites d’épis et de feuilles de vigne. Les enfants avaient devant eux des grappes de raisins et de petits pains. Il y avait à cette fête trente-trois jeunes gens qui devaient tous devenir, dans la suite, disciples du Sauveur. Ce nombre se rapportait aux nombre d’années qu’il a passées sur la terre. Dans cette fête, notre Seigneur raconta à ses compagnons une belle parabole, qu’ils ne parurent pas trop comprendre, d’une noce dans laquelle l’eau devait être changée en vin, et les convives indifférents en des amis fidèles ; puis d’une autre noce dans laquelle le vin serait changé en sang et le pain en chair, pour rester aux convives, jusqu’à la fin du monde, comme une consolation, un aliment, un lien vivant d’amour.

Il dit aussi au jeune Nathanaël, son parent, qu‘il assisterait un jour à ses noces.

 

Considération

Saint joseph et le Concile du Vatican I

 

Lorsque Dieu se plaît à accomplir dans son Eglise un dessein éternel de son amour pour nous, au temps convenable fixé dans sa divine sagesse, il prépare et il dispose tous les moyens nécessaires pour atteindre son but. Il choisit des hommes dont il veut faire les coopérateurs et les instruments de son œuvre, et il charge ses Anges, ses ministres fidèles, de veiller à l’exécution de ses vues et de diriger toutes choses vers la fin qu’il se propose. C’est ce qu’il a fait tout particulièrement pour la glorification de saint Joseph par le Concile de Vatican I.

Il est visible, en effet, que l’Esprit Saint a tout dirigé ici avec une admirable sagesse divine. Son intervention est manifeste.

Au moment ou l‘idée du saint Concile était inspirée à Pie IX. des lumières célestes révélaient à deux âmes pures, en Italie, le dessein du ciel de faire proclamer saint Joseph Patron de l’Église militante. Un examen approfondi donna la confiance que ces deux âmes étaient dirigées par l’Esprit de Dieu, et l’on partit de là pour former une société d’ecclésiastiques séculiers et réguliers destinée à obtenir ce but par tous les moyens qui seraient en son pouvoir. Elle prit le nom de Société promotrice du Culte de saint Joseph, et s’établit d’abord à Ferrare ; d’où elle s’est étendue avec rapidité en tous lieux. Et du sein de toutes les nations catholiques, en France, en Espagne , en Autriche, en Belgique, au Canada, des vœux s’exprimèrent avec un caractère d’enthousiasme et d’unanimité, qui ne saurait être comparé qu’à celui que le monde entier montra pour obtenir la définition dogmatique de l‘Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie.

Vers le mois de juin 1869, deux prêtres de. Ferrare, l’un religieux et l‘autre séculier, se firent présenter par le Révérendissime Père Général de l’Ordre séraphique de Saint François d’Assise au Souverain Pontife, qui leur répondit par ces étranges paroles, tenant à la fois de l’encouragement et de la prophétie : « Il paraît que Saint Joseph va devenir grand dans la sainte Eglise : Pare che san Guiseppe e par diventare un pezzo grasso nella santa Chiesa ».

Paroles qui étaient bien propres à soutenir et à exciter le zèle de la pieuse société fondée pour obtenir la glorification de Saint Joseph. C’est ce qui la détermina à faire imprimer, en vue d’exposer son but et les raisons propres à produire la conviction dans tous les cœurs, le petit opuscule : « Ad Patres Vaticanos », et à faire auprès de ces Pères du Vatican toutes les démarches nécessaires et utiles pour arriver à ses fins. C'est ce qui la détermine encore à faire rédiger par le Révérend Père Marchesi, un des consulteurs éminents de la Congrégation des Rites, son Postulatum, qui obtint tout d’abord la signature de deux cent seize Pères, parmi lesquels figuraient les noms les plus célèbres du Concile. Vingt-deux des membres de la Commission de la Foi eurent à cœur de le signer.

À ce chiffre si considérable il faut ajouter ceux qui avaient donné leur nom à deux autres Postulata déjà émis. Les Ordres religieux désiraient si vivement la glorification de Saint Joseph, que les vingt-deux Généraux qui avaient droit de vote au Concile avaient résolu de rédiger un Postulatum en leur nom et au nom des membres de leurs familles religieuses. Proposé par les soins du Révérendissime Général des Franciscains, qui prit l’initiative, il n’y eut qu’un cœur pour souscrire, et le Postulatum obtint l’adhésion de tous les Ordres religieux.

En même temps que les Ordres religieux rédigeaient leur Postulatum, le pieux directeur de l’Archiconfrérie de Saint Joseph de Beauvais, tant au nom de son Archiconfrérie qu’en celui de ses nombreuses affiliations, recueillait à Rome les signatures des Pères pour faire proclamer le grand patriarche Saint Joseph Patron de l’Eglise universelle. Il obtint environ cent quinze adhésions.

De leur côté, les Evêques italiens, français, espagnols, irlandais, et autres, s’occupaient aussi de la rédaction d’autres Postulata dans le même but d’obtenir que le glorieux Saint Joseph fût déclaré Patron de l’Eglise universelle.

Et que demandaient donc ces divers Postulata, auxquels il faudrait en ajouter beaucoup d’autres émanés de plusieurs Evêques en particulier, de différents diocèses, et des nombreuses Confréries et Associations en l’honneur du saint Patriarche ? Plusieurs ne demandaient que plus de solennité dans la célébration de ses Fêtes ; mais la plupart, d’accord avec le Postulatum de Ferrare, et considérant que « le bienheureux Joseph, par une providence spéciale de Dieu, a été jugé digne d'être choisi parmi tous les hommes comme Epoux de la Vierge, Mère de Dieu, et Père du Verbe incarné, non par voie de génération, mais par affection, par adoption, et par les droits sacrés de son mariage... » demandaient :

« 1° Que le Bienheureux Joseph, c’est-à-dire le Père de Jésus-Christ, ayant obtenu la grâce d’être supérieur à toutes les créatures, comme celle d’avoir un nom au-dessus de tous les noms, soit admis à recevoir, par l’organe de la sacrée Congrégation des Rites, dans l’Eglise catholique et dans la sainte liturgie, un culte public de dulie au-dessus, après celui de la très Sainte Vierge, de tous les autres habitants du ciel ;

2° Que Saint Joseph, à qui Dieu a confié la garde de la sainte Famille, soit établi Patron principal, après la bienheureuse Vierge Marie, de l’Eglise universelle ».

Cependant, Pie IX, qui avait aussi à cœur la glorification de l’incomparable Epoux de Marie, avait, antérieurement même à la réunion du Concile, chargé la sacrée Congrégation des Rites de faire émettre un Votum sur cette affaire. Et ce Votum fut élaboré par le pieux et savant Père Marchesi avec une science et une logique qui ne laissaient plus de place à la moindre contestation sur la prééminence, les grandeurs et la puissance d’intercession de Saint Joseph.

C’est sur ces entrefaites que le saint Concile s’est séparé, après avoir été ajourné par le grand Pontife, à qui il semble avoir laissé le soin de promulguer lui-même, dans son infaillibilité, le décret si ardemment désiré.

Ce qu’il a fait, du reste, aux applaudissements des pieux serviteurs de saint Joseph, et à la grande joie de tous les fidèles du monde catholique.

 

Pratique

Pèlerinages

 

La dévotion des pèlerinages est très ancienne dans le monde ; elle tient a un sentiment naturel à l’homme. Tous les peuples ont eu des lieux consacrés, où ils se sont fait un devoir de se rendre peur se pénétrer plus vivement des bienfaits de la Divinité, en visitant les sites qu’ils ont cru sanctifiés par sa présence ou par ses miracles. Personne ne l’ignore, les prodiges de tout genre abondent dans les sanctuaires de pèlerinage. Les guérisons miraculeuses. les soulagements vainement cherchés ailleurs, les conversions inespérées, les grâces d‘élite obtenues, consacrent, a travers les âges, cette forme de dévotion qui accueille et comprend toutes les autres, puisque toutes y sont pratiquées, sinon avec pompe, du moins avec amour.

Les pèlerinages, quand ils sont faits avec foi et piété, produisent toujours d’excellents fruits. Peu de personnes, il est Vrai, peuvent faire des voyages lointains, mais il n’en est point qui ne puissent se rendre quelquefois a ces lieux de dévotion disséminés, pour ainsi dire, dans toutes les contrées, et Où Dieu se plaît à signaler sa puissance par des grâces insignes.

À mesure que le culte de saint Joseph s’établit et se développe, des pèlerinages aussi s’établissent en son honneur, et Dieu témoigne par les plus éclatants prodiges combien il a pour agréables ces hommages rendus au saint Epoux de Marie. Voulons-nous donc solliciter quelque faveur du ciel, allons en pèlerinage aux sanctuaires consacrés à Marie, le secours des chrétiens ; puis à ceux de Joseph, l’autre dispensateur des biens de la maison de Dieu. Aujourd’hui surtout, il y a de ces sanctuaires dans toutes les contrées, et nous citerons en particulier Saint Joseph des Champs, près Laval ; Saint Joseph du Chêne, au diocèse d’Angers ; et ceux du Buisson et de la Pérusse, aux diocèses de Séez et de Digne. Mais nous pouvons aussi nous faire des lieux de pèlerinage des églises, des chapelles, des autels où nous savons que saint Joseph est plus honoré.

N’oublions pas, d’ailleurs, que la meilleure manière de faire ces pèlerinages est de s’y préparer par la componction du coeur, et de les sanctifier par la réception des sacrements de Pénitence et d’Eucharistie.

 

Prière pour l'Église

 

Bienheureux Joseph, auguste Chef de la Sainte Famille, Protecteur dévoué de l’Eglise naissante, que vous avez sauvée des fureurs et de l’hypocrisie du cruel Hérode, du haut du ciel où vous jouissez d’un crédit tout puissant auprès de Jésus, votre Fils et de la Reine des Vierges, votre Epouse immaculée, assistez encore cette sainte Eglise dans les jours si mauvais que nous traversons. Bien qu’elle n’ait rien à redouter pour son immortelle existence des puissances de l’enfer, la tempête qui s’est déchaînée contre elle n’en est pas moins tellement effrayante que les âges passés n’ont rien vu de semblable. Humainement parlant, il semble qu’elle doive disparaître de ce monde, parce qu’il n’y a plus de place pour elle au soleil d’ici-bas.

Mais, ô Joseph, si le sol s’effondre sous ses pieds, et si tous les appuis humains lui font défaut, n’est-ce point le temps où les appuis divins doivent se montrer ? N’est-ce point le moment de faire voir que ce n’est point en vain que le saint Pontife qui la gouverne vous a proclamé Patron de l’Église Catholique, et qu’infaillible avant le temps de la proclamation solennelle de son infaillibilité, il nous avait déjà dit ces consolantes paroles : « Les soutiens de l’Eglise naissante, Marie et Joseph, reprennent dans les cœurs la place qu’ils n’auraient jamais dû perdre. Encore une fois, le monde sera sauvé ». Ces paroles, tout puissant Protecteur de l’Eglise, engagent votre honneur de Père de Jésus et des hommes, et vous ne pouvez pas être plus longtemps sans venir la secourir dans sa détresse. Hâtez-vous donc de lui obtenir des jours meilleurs, afin que nous puissions tous, au sein de cette Eglise, vous adresser nos actions de grâces sur la terre, jusqu’à ce que nous allions vous les offrir éternellement dans les cieux. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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27 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Vingt-huitième jour

Retour d’Égypte

 

Hérode était mort depuis assez longtemps, mais la Sainte Famille ne pouvait encore revenir en Judée, parce qu'il y avait toujours du danger. Cependant le séjour de l’Égypte devenait de plus en plus pénible pour Saint Joseph. Les gens du pays pratiquaient un horrible culte idolâtrique : ils sacrifiaient des enfants mal venus, et ceux qui en sacrifiaient de bien conformés croyaient faire preuve d’une grande piété. Ils avaient en outre un culte secret, plein d’impuretés ; les Juifs mêmes du pays étaient infectés de ces abominations. Ils avaient un temple qu‘ils disaient être comme celui de Salomon mais c’était une vanterie ridicule, car il était tout différent. Ils avaient une imitation de l’Arche d’alliance, dans laquelle étaient des figures obscènes, et ils se livraient à de détestables pratiques.

Ils ne chantaient plus de psaumes. À l’école de Mataréa, Saint Joseph rétablit un ordre parfait. Le prêtre égyptien qui, lors de la chute des idoles dans la petite ville voisine d’Héliopolis, avait pris la défense de la Sainte Famille, était venu s’établir là avec plusieurs personnes et s’était réuni à la petite communauté juive.

Un jour que saint Joseph, occupé de son travail de charpentier, allait le cesser à l’heure ordinaire, il parut très triste, car on ne lui payait pas son salaire, et il n’avait rien à rapporter à la maison, où cependant l’on manquait de tout. Accablé de soucis, il s’agenouilla en plein air, exposa a Dieu sa détresse et le pria de venir à son secours. La nuit suivante, un Ange lui apparut en songe et lui dit que ceux qui en voulaient à la vie de l’Enfant étant morts, il devait se lever et faire ses dispositions pour retourner dans sa patrie par la mute la plus fréquentée. Il l’exhortait à ne rien craindre, parce qu’il serait à ses côtés. Saint Joseph s’empressa de faire connaître cet ordre de Dieu à la sainte Vierge et à l’Enfant-Jésus. Ils obéirent aussitôt et firent leurs préparatifs de voyage avec la même promptitude qu’ils les avaient faits lorsqu’ils avaient reçu l’ordre de s’enfuir en Égypte.

Le lendemain matin, quand on connut leur projet, beaucoup de gens, très attristés de leur départ, vinrent leur faire leurs adieux, et leur apportèrent des présents de toute espèce dans de petits vases d‘osier et d’écorce. Ces bonnes gens étaient sincèrement affligés. Il y avait parmi eux quelques Juifs, mais la plupart étaient des païens convertis. Les Israélites établis dans ce pays étaient, pour la plupart, tellement tombés dans l’idolâtrie, qu’ils n’étaient presque plus reconnaissables. Il y eut cependant des gens qui virent avec joie le départ de la Sainte Famille, car ils les regardaient comme des magiciens, qui avaient à leur service les plus puissants d’entre les mauvais esprits.

Parmi les braves gens qui leur apportèrent des présents, l’on remarqua des mères avec leurs enfants qui avaient été les compagnons de Jésus, et spécialement une femme de distinction de la ville, ayant avec elle un petit garçon, qu’elle avait coutume d’appeler le fils de Marie. Cette femme avait longtemps désiré en vain d’avoir des enfants, et c’était à la prière de la sainte Vierge que Dieu lui avait accordé ce petit garçon. Elle, s’appelait Mira, et son fils Déodatus. Elle donna, de l’argent à l’Enfant Jésus : c’étaient de petites pièces triangulaires, jaunes, blanches et brunes. Jésus, en les recevant regarda sa mère.

Quand, saint Joseph eut chargé sur l’âne leurs effets les plus nécessaires, ils se mirent en route, accompagnés de tous leurs amis. C’était le même âne que Marie avait monté en allant à Bethléem. Pour la fuite en Egypte, ils avaient emmené en outre une ânesse ; mais Joseph l’avait vendue dans au moment de détresse.

Ils passèrent entre Héliopolis et le village juif, et se détournèrent un peu au midi vers la source qui avait jailli a la prière de Marie avant leur première arrivée à Héliopolis ou On. Tout, dans ce lieu, s’était recouvert d’une belle verdure. L’eau de la source coulait autour d’un jardin carré, bordé de baumiers. Ce lieu, dont on remarquait l’entrée, était passablement grand. Il était plein de jeunes arbres fruitiers, de dattiers, de sycomores et autres, et les baumiers étaient déjà presque aussi grands que des ceps de vigne de moyenne taille. Joseph avait fait de petits vases d’écorce d’arbre, enduits de poix à certaines places, et du reste bien polis et d‘une forme élégante. Souvent, quand ils s’arrêtaient dans leurs voyages, il faisait de semblables vases destinés à différents usages. Il arracha aux petites branches rougeâtres des baumiers leurs feuilles, semblables à des feuilles de trèfle ; il y suspendit de ces petits vases d’écorce pour recueillir le baume qui en découlait, et ils l‘emportèrent avec eux pour le voyage. Ils passèrent encore quelques heures en cet endroit après que ceux qui les avaient accompagnés leur eurent fait leurs adieux vraiment touchants. La sainte Vierge lava et fit sécher quelques effets. Ils se reposèrent au bord de l’eau et remplirent leur outre ; puis ils continuèrent leur voyage par la route la plus fréquentée.

Le voyage s’accomplit sans qu’ils aient jamais été exposés au moindre danger. Jésus, Marie et Joseph avaient sur la tête, pour se garantir du soleil, un léger chapeau d’écorce très mince, assujetti sous le menton avec un mouchoir. Jésus avait sa petite robe brune et des chaussures d’écorce que Joseph lui avait fabriquées : elles couvraient les pieds à moitié. Marie n’avait que des sandales. Ils furent souvent inquiets parce que l’Enfant Jésus avait peine à marcher dans le sable brûlant. Plusieurs fois ils s’arrêtèrent et ôtèrent le sable de ses chaussures. Ils le faisaient fréquemment monter sur l‘âne pour le soulager.

Ils traversèrent plusieurs villes et passèrent près de quelques autres. L’une d’elles s’appelait Ramessès. Ils passèrent aussi un cours d’eau qu’ils avaient. dû traverser en arrivant, et qui va de la mer Rouge au Nil.

Joseph ne désirait pas revenir à Nazareth, mais s’établir à Bethléem, sa patrie. Cependant il était indécis, parce qu’il avait appris dans la terre promise que la Judée était gouvernée par Archélaüs, qui était aussi très cruel.

La sainte Famille, arrivée à Gaza, y séjourna trois mois. Beaucoup de païens habitaient cette ville. Un Ange apparut de nouveau a saint Joseph, et lui ordonna de retourner à Nazareth, ce qu’il fit aussitôt. Anne vivait encore, et elle avait eu plusieurs fois des nouvelles de la Sainte Famille depuis son départ, ainsi que quelques-uns de leurs parents.

Le retour d’Egypte eut lieu en septembre. Jésus était âgé de huit ans moins trois semaines.

 

Considération

Saint Joseph d’après M. Louis Veuillot

 

C’est donc par le grand Publiciste que nous allons terminer la chaîne, trop courte à notre gré, des éloquents témoignages que nous avons eu à cœur de reproduire à la gloire de saint Joseph. À la suite des Saints, des Docteurs, et de ceux qui ont qualité pour enseigner dans l’Église, nous en avons appelé à la magistrature et a la politique. C’est bien le moins que nous en appelions également à la presse, cette grande corruptrice du monde, pour qu’elle vienne, dans sa partie saine, et dans la personne de Monsieur Louis Veuillot, déposer son tribut d’hommages aux pieds du Père nourricier de Jésus.

Et qu’elles sont bonnes à lire, les pages que lui a consacrées, dans sa Vie de Notre Seigneur, l’éminent polémiste, qui est vraiment un lion, toujours rageur, nous voulons bien écrire le mot, quelquefois même furieux, lorsqu’il s’agit d’avoir raison du parti pris, de la mauvaise foi, de la méchanceté pure, pour ne pas dire davantage, des ennemis de Dieu et de son Christ, de son Église, de tout ce qu’il y a de saint et de vénérable ici-bas ; mais devenant doux agneau, à la voix pleine de charme et de mansuétude, quand il s’agit de glorifier. Dieu et ses Saints, le Christ et l’Evangile, l’Eglise et ses institutions, les personnes et les choses qui lui appartiennent !

Ce n’est pourtant pas tout d‘abord que l’illustre écrivain a rendu hommage à saint Joseph, qu’il avait un peu oublié dans les premières éditions de son admirable Vie de Notre Seigneur Jésus-Christ ; et c'est par suite des reproches que lui a faits sa conscience chrétienne qu’il en a parlé dans les dernières éditions. Nous aimons ces saints remords, qui sont le partage des nobles âmes, et nous voyons là la conduite de la Providence a l’égard de saint Joseph et de ses pieux serviteurs. Même pour les intelligences supérieures, elle commence par le laisser en quelque sorte dans l’ombre, et ce n’est que par la suite qu’elle le fait resplendir à leurs yeux devenus plus Clairvoyants. Comme si Dieu voulait nous faire comprendre que leurs sentiments pour le grand Saint sont moins l’effet d’un enthousiasme plus ou moins irréfléchi que le résultat d’une conviction sérieuse et approfondie.

Voyons maintenant ces pages non moins admirables que toutes celles que nous avons citées jusqu‘à présent :

« Quand Marie, dit-il, est de retour à Nazareth, un autre personnage se montre ; c’est Joseph, ouvrage non moins merveilleux de la grâce de Jésus.

L'Evangile n’a qu’un mot à sa louange : « Il était juste ». La charge dont il est honoré et la manière dont il la remplit font comprendre l’abondance de cette justice.

Il reçut de Dieu à l’égard de Marie et de Jésus l’affection, la vigilance, et l’autorité de l’époux et du père.

Il est fait sur le modèle de Marie : comme elle, fils de David, vierge comme elle, humble comme elle, et comme elle obéissant, plein de prudence et de courage.

Il ressemble au patriarche Joseph, en le dépassant autant par la perfection de ses mérites que par le caractère de sa mission. Non-seulement instruit, mais inspiré et dirigé de Dieu, Joseph, fils de Jacob, réserve le froment nécessaire pour lui et pour le peuple ; Joseph, époux de Marie, reçoit le pain vivant et le garde pour lui et tout le genre humain.

Il lui est dit : « Prends l’enfant », comme si Dieu lui adressait la parole que le Prophète adresse à Dieu lui-même : « À toi le soin du pauvre ».

Joseph est le type des Apôtres qui porteront le Christ dans tout l’univers. Ainsi s’expriment Saint Jean Damascène, Saint Bernard, Saint Hilaire de Poitiers et d’autres Pères et Docteurs.

Un grand serviteur de Dieu qui a vécu de nos jours, pénètre plus avant de ce beau mystère. Lorsque Joseph, après Marie s’approche pour adorer Jésus à la Crèche, c’est dit le Père Faber, l’ombre du Père éternel qui s’arrête au dessus de la l’enfant, et la naissance temporelle du Fils de Dieu se, complète par cette figure de la nativité sans commencement et sans fin. Joseph était, en face de Jésus, visiblement à la place du Père éternel. L’âme humaine de Jésus l’a regardé non seulement avec l’amour le plus tendre, mais encore avec un respect profond et une soumission ineffable. C’est pourquoi devant l’humble et doux Joseph, le respect surtout nous domine, à cause de cette ombre d’identité avec le Père.

Nous ne pouvons décrire sa sainteté, parce que nous manquons de terme de comparaison. Cette sainteté, plus élevée que celle des autres saints, est encore d’un genre différent.

Joseph a été une apparition dans le monde, une apparition du Père non engendré et éternel.

Il est doux et clément, il est pauvre et obscur ; il est passif et docile, et il est en même temps la forteresse inexpugnable où s’abritent l’honneur de Marie et la vie de Jésus.

Caché comme Dieu, plein d’une tranquillité divine, juste d’une justice tempérée par la miséricorde comme celle de Dieu.

Il communique avec Dieu pendant son sommeil, comme si le sommeil n’était que le repos mystique de la contemplation.

Le premier, après Marie, il adora Jésus, et l’Enfant le sanctifia de nouveau. en l’élevant à une sphère plus éminente de sainteté, afin qu’il pût être le supérieur officiel de son Dieu.

Qui peindra ce moment de la Crèche, lorsque Jésus naissant contemple pour la première fois de ses yeux humains le visage de Marie ? Qui dira la joie et le respect de ses regards tournés vers Saint Joseph, l’homme choisi pour être appelé son père ? Qui méritera cette gloire, qui méritera de vivre plus qu’aucun autre dans son intimité, et qui enfin, nous le pouvons penser, l’aimera le plus ?

Jésus, Marie, Joseph ! Trois royaumes de Dieu dont Dieu était le seul roi. Trois créations et le Créateur était une de ces créations ; trois, et cependant unité merveilleuse par l'amour : Trinité terrestre ».

 

Pratique

Vœux à saint Joseph

 

Qu’est-ce d’abord qu’un vœu ? Un vœu est une promesse que l’on fait à Dieu et par laquelle on s’engage, sans y être obligé, à quelque chose qu’on croit lui être agréable. Dieu a agréé les vœux des hommes sous la loi de nature, sous la loi de Moïse, et sous la loi évangélique. Le vœu, en effet, est un acte d’adoration et un hommage que nous rendons au souverain domaine de Dieu sur nous, en reconnaissant que c’est de lui seul que nous pouvons tenir ce que nous désirons ; et pour le toucher davantage, nous nous engageons à quelque œuvre qui lui soit plus agréable. L’on ne peut donc faire de vœux qu’à Dieu, mais on peut les faire à Dieu en l’honneur des Saints ; et Dieu a tellement pour agréables ces vœux qu’on lui fait en l’honneur des Saints, qu’il les exauce plus souvent, on dirait, que ceux qu’on lui adresse directement à lui-même. Nous en avons la preuve dans tous ces ex-voto que nous voyons appendus aux autels des Saints, et surtout de la sainte Vierge et de saint Joseph, ainsi que dans toutes ces tablettes commémoratives des grâces obtenues par leur intercession, qui garnissent les murs de leurs chapelles et sanctuaires.

Nous ne sommes nullement forcés de faire ces vœux ; mais une fois qu’ils sont formulés et articulés, nous devons les tenir, à l’imitation du pieux matelot qui fait son vœu au moment du danger, mais qui l’accomplit lorsqu’il a touché la terre.

N’oublions pas, d’ailleurs, que convenablement la matière de notre vœu doit être en rapport avec notre position sociale, notre fortune et la grâce que nous désirons obtenir. Il aurait autrement quelque chose de dérisoire et indiquerait une parcimonie qui ne serait guère capable de toucher le coeur de Dieu.

Mais il y a des personnes qui craignent de trop s’engager en faisant des vœux. La chose est pourtant bien simple. Comme la plupart des vœux sont conditionnels, votre promesse vous engagera, si vous obtenez, et ne vous engagera pas, si vous n’obtenez pas.

Quant aux ex-voto, qui consistent le plus souvent dans des tablettes commémoratives du bienfait obtenu, n’hésitez pas à les déposer au plus tôt, surtout si vous les avez eux dans la pensée en formulant votre vœu.

 

Prière pour la France

 

Grand Saint Joseph, illustre Patron de l’Église universelle, ne prendrez-vous point également sous votre protection la nation qu’on appelle la plus belle portion de cette Eglise, la France, notre bien-aimée patrie, et qui doit être aussi votre terre de prédilection ? Puisqu’elle est la nation préférée de Dieu, bénie de Jésus, aimée de Marie, ne doit-elle pas être aussi votre nation privilégiée ? Le royaume de Marie n’est-il pas aussi par suite le royaume de Joseph ?

Et d’ailleurs, n’a-t-on pas dit avec raison que par-dessus toutes les autres Eglises du monde Catholique, l’Église de France vous a toujours rendu le plus d’honneurs dans les temps passés, comme elle vous en rend encore dans le temps présent ? Et aujourd’hui que le grand mouvement vers vous s’est prononcé, la France n’y est-elle pas entrée à pleines voiles pour le provoquer, le diriger et le pousser à ses derniers développements ? Aussi, si l’on a dit que, dans les temps anciens, en récompense de sa dévotion envers vous, une Vierge libératrice lui fut envoyée pour l’arracher à la domination étrangère, qu’en récompense de sa dévotion actuelle, elle soit encore délivrée de ses ennemis du dehors et de ses ennemis plus acharnés du dedans, afin que, rendue à elle-même et à ses instincts chrétiens, elle puisse accomplir les plus nobles destinées que le Seigneur lui a faites.

Nous mettons donc de nouveau toute notre confiance en vous, ô bon Saint Joseph, et nous espérons bien que cette confiance ne sera pas confondue. Vous sauverez l’Église, et avec l’Église, notre France et votre France. Vous verrez nos nécessités, vous entendrez nos prières et vous nous obtiendrez ces jours de paix et de vraie liberté qui nous manquent, ces jours meilleurs dont nous avons tant besoin.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

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26 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Vingt-septième jour

Mataréa

 

Après un séjour d’à peu près dix-huit mois, Jésus ayant environ deux ans, la Sainte Famille quitta Héliopolis par suite du manque d’ouvrage et de beaucoup de persécutions. Ils se dirigèrent au midi, vers Memphis. Comme ils passaient par une petite ville peu éloignée d’Héliopolis, et qu’ils se reposaient dans le vestibule d’un temple d’idoles, l’idole tomba et se brisa. Elle avait une tête de bœuf, avec trois cornes, et dans le corps plusieurs ouvertures dans lesquelles on déposait et on brûlait les victimes. Il s’ensuivit un grand tumulte parmi les prêtres idolâtres, qui arrêtèrent la Sainte Famille et la menacèrent. Mais l’un d‘entre eux représenta aux autres qu’il valait mieux se recommander au Dieu de ces gens, et rappela les fléaux qui avaient frappé leurs ancêtres lorsqu’ils avaient persécuté le peuple auquel-ceux-ci appartenaient, notamment la mort des premiers-nés de chaque famille dans la nuit qui avait précédé la sortie de ce peuple. Sur ces observations, on laissa aller la Sainte Famille sans lui faire de mal.

Ils allèrent alors jusqu’à Troya, endroit situé sur la rive orientale du Nil, en face de Memphis. C’était un bourg considérable, Où il y avait beaucoup de boue. Ils avaient l'idée de s’y fixer, mais on ne les reçut nulle part. On refusa même de leur donner de l’eau à boire et quelques dattes qu’ils demandaient. Memphis était située sur l’autre rive du Nil. Le fleuve était large en cet endroit, et il y avait quelques îles. Une partie de la ville était aussi de ce côté du Nil. Il s’y trouvait du temps de Pharaon un grand palais avec des jardins et une haute tour, sur laquelle montait souvent la fille de Pharaon. On y voyait aussi la place où Moïse enfant avait été trouvé au milieu des roseaux. Memphis formait comme trois villes des deux côtés du Nil, et il semblait que Babylone, une ville placée sur la rive orientale, plus en aval du fleuve, en fit aussi partie. Du reste, à l’époque de Pharaon, la contrée du Nil entre Héliopolis, Babylone et Memphis, était tellement couverte de hautes dignes de pierres, de canaux et d’édifices voisins les uns des autres, que tout cet ensemble ne paraissait faire qu’une seule ville. Au temps de la Sainte Famille, ces mêmes villes étaient isolées et même séparées par des ruines immenses.

De Troya, les saints exilés revinrent au nord, en descendant le cours du fleuve, dans la direction de Babylone, qui était dépeuplée, mal bâtie et fangeuse. Ils la contournèrent, passèrent entre le Nil et la ville, et firent un peu de chemin dans la direction opposée à celle qu’ils avaient d’abord prise. Ils suivirent, en descendant le Nil, une chaussée sur laquelle Jésus passa plus tard lorsqu’il alla en Arabie et en Egypte après la résurrection de Lazare, avant de rejoindre ses disciples à Sichar, près du puits de Jacob.

Ils firent environ deux lieues le long du Nil. La route était bordée çà et là de bâtisses en ruines. Il leur fallut traverser encore un canal et un petit bras du fleuve, et ils arrivèrent à un endroit qui plus tard s’appela Mataréa. Il était voisin d’Héliopolis. Cet endroit, situé sur une langue de terre, en sorte que l’eau le bordait de deux côtés, était assez dépeuplé ; les habitations y étaient très dispersées et mal bâties ; elles étaient faites avec du bois de dattier et du limon desséché, et couvertes en roseaux. Joseph y trouva de l’ouvrage. Il bâtit des maisons plus solides en branches entrelacées, et construisit au-dessus des galeries où l’on pouvait se promener.

Ils se logèrent en cet endroit sous une voûte sombre, dans un lieu isolé, à peu de distance de la porte par laquelle ils étaient entrés. Joseph disposa en outre une construction légère en avant de cette voûte. Ici aussi une idole, qui était dans un petit temple, tomba à leur arrivée, et plus tard toutes les idoles de l’endroit. Ce fut encore un prêtre qui calma le peuple en rappelant le souvenir des plaies d’Egypte. Plus tard, quand une petite communauté de Juifs et de païens convertis se fut rassemblée autour d’eux, les prêtres leur abandonnèrent le petit temple dont l‘idole était tombée à leur entrée, et Saint Joseph en fit une synagogue. Il devint comme le père de la communauté et leur apprit à chanter régulièrement les psaumes, car ils avaient oublié en grande partie le culte de leurs pères.

Il y avait là quelques Juifs très pauvres, vivant dans des fosses et des trous creusés dans la terre. Dans le village juif situé entre On et le Nil demeuraient, au contraire, beaucoup d’Israélites qui avaient un temple à eux, mais qui étaient tombés dans l’idolâtrie : ils avaient un veau d’or, une figure avec une tête de bœuf, et à l’entour de petites figures d‘animaux ressemblant à des putois, avec de petits baldaquins au-dessus. Ce sont des animaux qui défendent l’homme contre les crocodiles, des ichneumons.

Ils avaient aussi une imitation de l’Arche d'alliance, dans laquelle étaient d’affreuses choses. Ils pratiquaient un culte abominable, qu’ils exerçaient en se livrant à toutes sortes d’impuretés dans un passage souterrain, croyant amener par là la venue du Messie. Ils étaient très endurcis et ne voulaient pas entendre parler d’amendement. Plus tard, plusieurs d’entre eux vinrent ici de cet endroit, qui était éloigné de deux lieues au plus. Ils ne pouvaient pas venir directement, a cause des canaux et des chaussées, mais il leur fallait faire un détour autour d‘Héliopolis.

Ces Juifs du pays de Gessen avaient déjà fait connaissance avec la Sainte Famille lorsqu’elle était à On, et Marie faisait pour eux tentes sortes d’ouvrages de femme, comme du tricot et des broderies. Elle ne voulait pas faire des choses inutiles et des objets de luxe, mais seulement des choses d'un usage habituel et des habits qu’on mettait pour prier. Lorsque certaines femmes lui commandaient des ornements a la mode pour satisfaire leur vanité, Marie les refusait, quelque besoin qu’elle eût d’avoir de l’ouvrage, et malgré les injures qu’elles pouvaient lui dire.

Au commencement, la position des fugitifs fut pénible à Mataréa. Il n’y avait là ni bois ni eau potable. Les habitants brûlaient de l’herbe. desséchée ou des roseaux. La sainte Famille ne mangeait la plupart du temps que des aliments froids. Joseph trouva du travail ; il mit les cabanes en meilleur état. Seulement les gens du pays le traitaient presque comme un esclave ; ils lui donnaient ce qu’ils voulaient ; quelques fois il recevait un salaire pour son travail, quelquefois il ne recevait rien. Les habitants étaient très peu industrieux dans la construction de leurs cabanes. Il n’y avait pas de bois en cet endroit, sauf quelques souches que l’on rencontrait çà et là ; mais ils n’avaient pas d’instruments pour les façonner. La plupart n’avaient que des couteaux de pierre ou d’os. Ils gagnaient leur vie à extraire de la tourbe. Joseph avait apporté, lui, les plus indispensables de ses outils.

La sainte Famille s’installa bientôt assez bien. Joseph divise son habitation en compartiments à l’aide de cloisons en clayonnage ; il disposa un foyer et fabriqua des escabeaux et de petites tables. Les gens du lieu prenaient leur repas par terre.

La Sainte Famille vécut là plusieurs années, dans cette habitation ainsi disposée. Dans le mur de la voûte où Marie prenait son repos, Joseph avait pratiqué une cavité où était le lit de Jésus. Marie dormait a côté, et priait souvent la nuit à genoux devant la couche de l’Enfant. Joseph dormait dans un autre endroit.

Il y avait aussi un oratoire disposé par Saint Joseph dans l’habitation. Il était dans un couloir séparé. Joseph et la sainte Vierge y avaient leurs places distinctes ; il y avait aussi pour l’Enfant Jésus un petit coin où il priait debout, assis ou agenouillé. La sainte Vierge avait une espèce de petit autel devant lequel elle priait : c’était une sorte de table couverte en blanc et en rouge ; on la tirait comme d'un compartiment pratiqué dans le mur et qui pouvait se fermer. Il y avait dans l’enfoncement du mur une espèce de reliquaire, avec de petits bouquets dans des vases en forme de calice, et de plus le bout du bâton de saint Joseph, avec la fleur qui l’avait fait désigner dans le Temple comme Epoux de Marie. Il y avait une autre relique, mais on ne peut bien préciser ce que c‘était, dans une boîte transparente, comme cinq petits bâtons blancs de la grosseur d’un fort tuyau de paille; ils étaient croisés les uns sur les autres et comme attachés par le milieu; ils paraissaient plus larges et arrondis par en haut : c’était comme une petite gerbe.

A Mataréa encore, où les habitants n‘avaient d’autre eau potable que l'eau trouble du Nil, Marie, en priant, trouva une fontaine. Ils souffriront donc d‘abord de grandes privations, n’ayant que des fruits à manger et de mauvaise eau à boire. Il y avait longtemps qu’ils n’avaient eu de bonne eau, et Joseph voulait aller avec son âne en chercher dans le désert, à la fontaine du jardin de Baume, lorsque la sainte Vierge, étant en prière, vit un Ange qui lui dit qu’elle trouverait une source derrière sa demeure. Elle alla alors de l’autre côté du mur, où était son habitation, jusqu’à un espace libre placé plus bas, parmi des décombres où se trouvait un vieil arbre très gros. Elle avait à la main un bâton au bout duquel était une petite pelle, comme en portent souvent dans ce pays les gens qui voyagent ; elle en frappa la terre au pied de l’arbre, et il en sortit aussitôt un filet d’eau limpide. Pleine de joie, elle appela aussitôt Saint Joseph, qui, creusant la terre en cet endroit, découvrit la source qui avait été autrefois maçonnée, et qui depuis avait été bouchée et encombrée. Joseph la dégagea et la restaure à merveille. Il y avait aussi près de cette fontaine, du côté par où Marie était venue, une grande pierre assez semblable à un autel, et qui avait dû en servir autrefois.

Ce fut là que la sainte Vierge, par la suite, lava souvent et fit sécher au soleil les vêtements et les linges de l’Enfant Jésus. Cette fontaine resta inconnue et fut exclusivement à l’usage de la Sainte Famille jusqu'au temps où Jésus fut assez grand pour rendre divers petits services, comme de puiser de l’eau pour sa mère. Il amena une fois d’autres enfants à la fontaine, et leur donna à boire dans le creux d’une grande feuille. Les enfants ayant raconté cela à leurs parents, d’autres personnes vinrent à la source, qui pourtant resta principalement à l’usage des familles juives.

Un jour que Marie priait à genoux sur la route où elle habitait, Jésus se glissa jusqu’à la fontaine avec une entre, et y puisa de l’eau ; c’était la première fois. Marie fut profondément émue lorsqu’elle le vit revenir, et, toujours agenouillée, elle le pria de ne plus faire cela, pour ne pas courir le risque de tomber dans l’eau. Jésus lui dit qu’il prendrait garde, mais qu’il désirait puiser de l’eau pour elle toutes les fois qu'elle en aurait besoin.

Le petit Jésus rendait à ses parents des services de tente espèce, et il se montrait très attentif et très soigneux. Ainsi le voyait-on, quand Joseph ne travaillait pas trop loin de la maison, lui porter l’outil qu’il pouvait avoir oublié. Il faisait attention à tout, et la joie qu’il leur donnait compensait, et bien au delà, tout ce qu’ils avaient à souffrir. Plus d’une fois aussi, Jésus alla au village des Juifs, qui était bien à un mille de Malaréa, porter l’ouvrage de sa mère et rapporter du pain. Les vilaines bêtes qui se rencontrent fréquemment dans ce pays ne lui faisaient pas de mal et se montraient familières avec lui. On l’a même vu jouer avec des serpents.

La première fois qu’il alla seul au village des Juifs, dans sa cinquième ou dans sa septième année, il portait une petite robe brune, bordée de fleurs jaunes, que la Sainte Vierge lui avait faite. Il s’agenouilla pour prier sur le chemin, et deux Anges lui apparurent et lui annoncèrent la mort d'Hérode. Il ne le dit pas à ses parents, soit par humilité, soit parce que les Anges lui dirent de n’en rien faire, soit parce qu’il savait qu’ils ne devaient pas encore quitter l’Egypte. Une autre fois il alla au même village avec d’autres enfants juifs ; et lorsqu’il revint à la maison, il pleura amèrement sur l’état de dégradation où étaient tombés les Israélites qui habitaient ce lieu.

La fontaine de Mataréa existait avant la sainte Vierge, qui l’a seulement retrouvée. Elle était cachée sous des décombres, mais la maçonnerie ancienne existait encore. Job, qui vint en Egypte avant Abraham et qui habita précisément en ce lieu, avait découvert cette source et sacrifié sur la grosse pierre qui se trouvait auprès. Abraham, lors de son séjour en Egypte, planta aussi ses tentes près de cette fontaine, et y instruisit le peuple.

Déjà à l’époque de la Sainte Famille, les lépreux faisaient usage de son eau comme ayant une vertu particulière. Beaucoup plus tard, lorsque déjà on avait élevé sur l’habitation de Marie une petite église chrétienne, avec une entrée près du maître-autel pour descendre dans le caveau où avait longtemps demeuré la Sainte Famille, on vit la fontaine entourée d’habitations, et son eau employée comme remède contre différentes espèces de lèpre. On vit aussi des gens qui s’y baignaient pour être délivrés de certaines maladies de peau. Cela avait encore lieu lorsque les mahométans furent maîtres du pays. On vit aussi les Turcs entretenir une lampe toujours allumée dans l’église qui avait servi de demeure à Marie. Ils craignaient qu’il ne leur arrivât malheur s’ils négligeaient de l’entretenir. Dans les temps modernes, la source resta isolée, à une assez grande distance des habitations. Il n’y avait plus de ville en cet endroit, et l’on n’y voyait plus que des arbres à fruits sauvages.

 

Considération

Saint Joseph d’après M. Pierre Pradié

 

M. Pierre Pradié, l’un de nos Représentants catholiques, est avant tout un philosophe chrétien qui, en 1863, à la vue de notre société en décomposition, disons le mot, en vraie putréfaction, publia sort Monde nouveau, ou le Monde de Jésus-Christ. Il intitule un des chapitres de son livre : Ou le Monde nouveau, ou la Fin du Monde. Il eût pu donner ce titre à tout le livre, puisque c’est l’inévitable alternative dans laquelle il nous voit comme fatalement placés ; qu’il discute avec autant de foi que de science ; et dont l’issue lui paraît remise entre nos mains, en ce sens que le Christianisme ne peut pas avoir accompli toutes ses destinées, et que, si les catholiques ont confiance en Dieu et travaillent en conséquence, ils peuvent encore sauver le monde et amener l’apparition du Monde nouveau. Monde nouveau, dans lequel saint Joseph occupera la place qui lui convient, et à l’occasion duquel M. Pradié nous a donné sur lui de magnifiques pages, que nous sommes heureux de reproduire ici.

« Saint Joseph, le charpentier, dit-il, est le père du Monde nouveau, dont Marie est la mère, et Jésus le grand monarque. Cela veut dire que le Monde nouveau sera le monde de l’artisan affranchi par le travail, le sacrifice et l’amour : par le travail, Saint Joseph ; par le sacrifice, Jésus ; par l’amour, la Vierge.

Jésus entre Joseph et Marie. Le travail, le sacrifice, l’amour. Le travail du peuple, le sacrifice du riche, l’amour de tous. Jésus-Christ donnant son cœur à tous, et devenant par ce don du cœur l‘époux de l’humanité et le grand monarque, le monarque pacifique, régnant par le cœur sur tous, entre Joseph et Marie, entre le travail et l’amour par le sacrifice. Tout est dans ces quelques mots !

C'est le règne du Père, du Fils et du Saint Esprit, avec un caractère spécial, le caractère de l’amour, ou du Saint Esprit qui, étant l’expression de toutes les tendances divines, sera plus spécialement l’expression du monde des derniers temps, ou l’expression des dernières tendances divines à l’égard de l’humanité. Ce sera l'accomplissement de la prière que l’humanité fait tousles jours à Dieu depuis près de deux mille ans : Que votre Règne arrive ; que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Ce sera le triomphe !

« Dieu, dit-il plus bas, premier type des êtres, s’est constitué en famille et en société, dans le temps et dans l’éternité. Dans l’éternité, sa famille est le Père, le Verbe et l’Esprit. Dans le temps, sa famille est Joseph, Marie et Jésus-Christ. Sa société céleste, c'est l’Eglise des Anges et des Saints dans la gloire ; et sa société terrestre , c’est l’Eglise marchant vers la gloire.

Ces divers éléments, premiers types du monde, sont fortement liés et combinés entre eux. Le Père est, dans les profondeurs de l’Etre divin, ce qu’est Joseph dans les profondeurs de la famille de Dieu sur la terre. Le Père est le grand inconnu de la famille divine dans le ciel; Joseph est le grand inconnu de la famille divine sur la terre. Qui pourrait souder les profondeurs mystiques d’un époux-vierge, gardien de la plus belle et de la plus pure des vierges, vivant dans l‘intimité de cette créature privilégiée entre toutes les créatures ; pénétrant au fond de son être par une méditation permanente, constamment éclairée des lumières de la grâce ; s'associant, sans rien dire, au rôle divin de la Mère de Dieu; souffrant des labours de la multitude, la nourrissant du produit de ses sueurs, toujours sans rien dire; ayant toutes les gloires du dévouement et de l’esprit de sacrifice de la multitude, vivant et mourant, comme elle, sous le poids de ses vertus, inconnu à tout autre qu’à Dieu ?

Joseph, le charpentier, est donc le premier type et le modèle du prolétaire, de l‘homme du peuple, mourant, tout aussi inconnu sur les champs de bataille ou sur son grabat, plein de gloire souvent, mais d'une gloire que tout le monde ignore, excepté Celui qui voit tout, et qui, sur tout, ne perd jamais de vue le pauvre.

Mais si, du côté de la terre, Joseph, le charpentier, est le modèle du peuple, de l’artisan, du prolétaire, il est, du côté du ciel, l’Epoux de la Mère de Dieu, et le Père adoptif de Celui qui relie toutes les créatures entre elles et à Dieu.

Comme père et chef de la famille divine, Joseph est le chef et le père des hommes, le père et le chef des multitudes.

La Vierge est le premier type et le modèle de l’autre moitié de l’humanité, et se relie à Dieu comme Fille du Père, Epouse du Saint-Esprit, Mère du Verbe. Mère du Fils de l’homme, elle est la mère des hommes ; fille, épouse, mère de l’homme ; fille, épouse, mère de Dieu.

Entre ces deux personnages divins, le Christ nous apparaît, les dépassant de toute la hauteur de sa personne divine ; si, comme homme, il leur est soumis, le Christ, Fils de Dieu, fils de l’homme, ayant le corps et l’âme de l’homme unis à la personne de Dieu, relie la terre au ciel, la matière à l’esprit, l’homme a la femme, Joseph à Marie, centre de la famille divine, centre de la famille humaine, trait d’union entre le Père et le Saint-Esprit, entre Joseph et Marie, le Christ est le trait d’union de tous les êtres, ou le médiateur, par le sacrifice, de toutes les unions naturelles et surnaturelles.

Et ces deux familles, la famille de Dieu dans le ciel, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et la famille de Dieu sur la terre, Joseph, Marie, Jésus, sont le premier type de l’Eglise, épouse mystique de Jésus-Christ, premier type elle-même de toutes les autres sociétés ».

Mais le Monde nouveau que M. Pradié appelle de toutes ses espérances et de tous ses vœux, et qui doit être « le monde de saint Joseph, le monde du charpentier..., modelé sur le type de la sainte Famille..., où tout sera constitué sur ce type de la sainte Famille, Joseph, Marie, Jésus..., » quand surgira-t-il ? Puisse-t-il se lever bientôt sur nos têtes et nous apparaître à tous dans la merveilleuse splendeur de ses réalités ? En l’attendant, et le bâtant de toutes les aspirations de nos âmes et de nos besoins, retenons toujours les magnifiques enseignements qu’on vient de nous donner sur le glorieux saint Joseph.

 

Pratique

Saint Joseph, patron de la bonne mort

 

Il est dans notre vie un moment suprême, moment qui ne se présente qu’une fois, moment qui décide de notre sort éternel ; c’est le moment de notre mort. Mais si nous voulons être efficacement assistés dans ce terrible moment, adressons-nous à saint Joseph, qui, ayant eu la faveur insigne de mourir entouré des soins de Jésus et de Marie, entre leurs bras, dans leurs divines mains, qui lui fermèrent les yeux et lui rendirent les derniers devoirs, a fait la plus précieuse mort qui fût et qui sera jamais, et qui par suite a reçu de Dieu grâce particulière pour aider les mourants, secourir les agonisants, et obtenir à tous une sainte mort.

N’est-il pas, d’ailleurs, le Père de notre Juge, et n’a-t-il pas tout pouvoir pour adoucir la rigueur de ses arrêts ? D’autant plus que, si le souverain Juge prononce en toute justice, il prononce aussi en toute miséricorde, cherchant avant tout à la faire prévaloir sur la justice. Ils sont donc bien heureux, ceux qui mettent saint Joseph dans leurs intérêts et qui l’ont pour avocat auprès de Jésus. Ils peuvent avoir la confiance de n’être pas condamnés.

Telles sont les grandes raisons qui ont porté les fidèles à invoquer saint Joseph comme patron de la bonne mort. La grâce d‘une bonne mort, c’est l’objectif, on dirait, de toutes nos dévotions envers lui. C’est ce que tous les auteurs qui ont écrit sur le saint Patriarche nous recommandent toujours à la fin de lui demander. C’est ce que nous lui demandons nous-mêmes, comme d’instinct, en terminant nos divers exercices en son honneur. C’est ce que toutes ses Confréries et Associations se proposent ordinairement comme but principal, de même que toutes les Associations pour la bonne mort ont choisi saint Joseph pour leur principal patron.

Invoquons-le donc, implorons-le, conjurons-le, afin qu’il nous obtienne et nous procure une bonne mort. Prions le tous les jours à cette intention. Enrôlons-nous dans les Associations instituées à cet effet ; et si nous l’avons bien prié, invoqué et servi pendant la vie, soyons persuadés que, loin de nous abandonner, il viendra puissamment, au contraire, à notre secours, à l’heure de la mort.

 

Prière pour obtenir la grâce d’une bonne mort

 

Bienheureux Joseph, ce n’est pas sans raison que, de préférence à tant d’autres saints ; on vous honore comme patron des agonisants, comme protecteur Spécial de tous ceux qui veulent faire une bonne mort. La vôtre a été si douce, si belle, si précieuse, qu’elle est l’objet de l’envie de tout ce qu’il y a de justes sur la terre. Vous aviez continuellement à votre chevet Jésus et Marie, Jésus soutenant de sa main divine votre tête languissante, Marie essuyant la sueur qui baignait votre front pâle et décoloré, tous deux empressés à vous rendre les services que vous leur aviez prodigués pendant votre vie. Ah ! Pouviez-vous ne pas mourir d’amour en vous voyant, dans votre agonie, soutenu par un Dieu qui s’était fait votre fils, consolé par la Mère d’un Dieu dont vous étiez l’époux? Puis donc, ô Saint Patriarche, que votre mort a été si douce, si glorieuse, si précieuse aux yeux de Dieu, j’implore aujourd’hui votre protection pour l’heure de la mienne. Obtenez-moi, je vous en conjure, pour ce moment si redoutable au pécheur, de détester sincèrement tous les péchés de ma vie ; d'espérer fermement en la miséricorde infinie de ce Dieu sauveur qui, pour mon salut, a commencé par la crèche et fini par la croix ; enfin, de mettre ma confiance en Marie et en vous.

J’avoue, mon tout-puissant protecteur, que par mes péchés je me suis rendu indigne de la grâce que je vous demande. Vous, vous aviez bien droit à une sainte mort, puisque toute votre vie avait été sainte ; moi, j’aurais bien droit de ne m’attendre qu’à une mort malheureuse, puisque je l’ai méritée par ma mauvaise vie ; mais si vous me défendez, je ne puis me perdre. Non-seulement vous avez été le grand ami de mon Juge, mais encore son gardien et son père nourricier ; si vous me recommandez à lui, il ne pourra pas me condamner. Il ne me condamnera donc pas, et c’est à vous et à votre puissante intercession que je devrai mon salut et ma bienheureuse éternité. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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25 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Vingt-sixième jour

Héliopolis

 

Après s’être rafraîchis et restaurés dans le jardin des Baumiers, nos pieux voyageurs se dirigèrent vers une grande ville bien bâtie, mais en partie ruinée : c’était Héliopolis, qui s’appelle aussi « On ». C’est là que du temps des enfants de Jacob habitait le prêtre égyptien Putiphar, chez lequel demeurait Asnath, la fille qu’aurait eue Dina après son enlèvement chez les Sichémintes, et que le Patriarche Joseph épousa.

C’est aussi là que demeurait Denys l’Aéropagite à l’époque de la mort de Jésus. La ville avait été dévastée et dépeuplée par la guerre, et des gens de toute espèce étaient venus s’établir dans ses édifices en ruines.

Ils passèrent sur, sur un pont très élevé et très long, une large rivière, le Nil qui paraissait avoir plusieurs bras. Ils vinrent sur une place située devant la porte de la ville et qui était entourée d‘une espèce de promenade. Là se trouvait, sur un tronçon de colonne, plus large par le bas que par le haut, une grande idole à tête de bœuf, qui tenait dans ses bras quelque chose de semblable à un enfant emmailloté. Elle était entourée de pierres, formant comme des bancs. ou des tables, sur lesquelles les gens qui venaient de la ville, en grand nombre, vers cette idole, déposaient leurs offrandes. Non loin de là se trouvait un très-grand arbre sous lequel la sainte Famille s’assit pour se reposer.

Ils étaient là depuis quelques instants à peine, lorsque la terre trembla et que l’idole chancela et tomba. Il s’ensuivit beaucoup de tumulte et de cris parmi le peuple, et un certain nombre d’ouvriers qui travaillaient à un canal du voisinage s’empressèrent d’accourir. Un brave, homme, qui devait être un ouvrier du canal, et qui avait déjà accompagné la sainte Famille sur le chemin, les conduisit en toute hâte vers la ville. Ils étaient déjà hors de la place où était l’idole, lorsque le peuple les remarqua, et leur attribuant la chute de la statue, se,précipita vers eux avec furie, en les injuriant et les menaçant. Mais cela ne fut pas long, car la terre trembla,de nouveau, le grand arbre s’abattit, laissant à nu ses racines, et le sol qui entourait le piédestal de l’idole devint un bourbier d’eau noire et fangeuse dans lequel la statue s’enfonça jusqu’aux cornes. Quelques un des plus méchants parmi cette foule furieuse furent aussi engloutis dans cette mare d’eau noirâtre. Cependant la sainte Famille gagna tranquillement la ville, où elle s’établit dans un édifice massif adossé à un grand temple d’idoles, et dans lequel on avait pratiqué un certain nombre de chambres.

Saint Joseph établit pour quelque temps la sainte Famille dans la grande ville ruinée. Elle s’étend le long d’un grand fleuve à plusieurs bras. On la voit de loin à cause de sa position élevée. Il y a des parties voûtées sous lesquelles coule le fleuve. On en traverse les bras sur des poutres placées dans l’eau pour ce but. L’on rencontrait çà et là dans la ville de grands restes d’édifices, des tours à demi détruites, des temples presque entiers ; des colonnes, semblables à des tours, sur lesquelles on pouvait monter par l’extérieur, et aussi d’autres colonnes très élevées, pointues par en haut et couvertes d’images étranges, ainsi que beaucoup de grandes figures semblables à des chiens accroupis avec des têtes-humaines.

La Sainte Famille habitait les salles d’un grand bâtiment supporté d’un côté par de grosses colonnes peu élevées, les unes carrées, les autres rondes. Beaucoup de gens s’étaient arrangé des habitations sous ces colonnes. En haut, au-dessus de cet édifice, se trouvait un chemin par lequel on allait et venait. En face était un grand temple d’idoles avec deux cours.

En avant de cet espace fermé d’un côté par un mur, s’ouvrant de l’autre sens une rangée de gros piliers peu élevés, Joseph avait disposé une légère construction en bois, divisée par des cloisons en plusieurs compartiments, et dans laquelle ils demeuraient. Ils avaient, derrière une de ces cloisons, un petit autel où ils priaient : c’était une petite table avec une couverture rouge et une autre couverture blanche et transparente par-dessus ; une lampe la surmontait. Saint Joseph, du reste, travaillait souvent au dehors. Il faisait de longs bâtons avec des pommeaux ronds à l’extrémité, de petits escabeaux à trois pieds et des corbeilles. Il fabriquait aussi des cloisons légères en branches entrelacées. Les gens du pays y ajoutaient un certain enduit, et s’en servaient pour disposer des cabanes a compartiments contre les murs et même dans ces murs, qui étaient d’une épaisseur extraordinaire. Il faisait aussi, avec des planches longues et minces, de petites tours légères, a six ou huit pans, se terminant en pointe, et surmontées d’un bouton. Il y avait une ouverture, en sorte qu’une personne pouvait s’y asseoir comme dans une guérite. Des degrés étaient pratiqués à l’extérieur peur monter jusqu’en haut. L’on rencontrait de petites tours semblables devant les temples des idoles, et aussi sur les toits plats. On s’asseyait dedans. C’était peut-être des espèces de corps de garde ou des abris centre le soleil.

La Sainte Vierge s’occupait à tresser des tapis. Elle s’occupait aussi d’un autre travail pour lequel elle se servait d’un bâton à l‘extrémité duquel était un pommeau, soit qu’elle filait, soit qu’elle fit quelque autre ouvrage. On la visitait souvent, ainsi que l’Enfant Jésus, qui était près d’elle par terre dans une espèce de petit berceau, ordinairement placé sur une espèce de tréteau semblable a un tréteau de scieur. L‘enfant était gracieusement couché dans ce berceau, et Marie était souvent assise à côté de lui, tricotant, et ayant auprès d’elle la petite corbeille qui renfermait ses fournitures.

Les hommes qui habitaient cette ville en ruine étaient légèrement vêtus, à demi nus, et n’ayant seulement que des, espèces de tabliers ou plutôt des robes courtes autour du corps. Il y avait là peu de Juifs. On les voyait rôder avec précaution, comme s‘ils n’avaient. pas eu la permission d’habiter dans cet endroit.

Au nord d’Héliopolis, entre cette ville et le Nil, qui se divisait en plusieurs bras, se trouvait le pays de Gessen. Il y avait là un lieu où demeuraient entre deux canaux un assez grand nombre de Juifs, fort dégénérés en ce qui touchait la pratique de leur religion. Plusieurs d‘entre eux avaient fait connaissance avec la sainte Famille ; Marie faisait pour eux des ouvrages de femme, au moyen desquels elle se procurait du pain et d’autres aliments. Les Juifs de la terre de Gessen avaient un temple qu’ils mettaient en parallèle avec celui de Salomon, quoiqu’il fût bien différent.

Pendant son séjour a Héliopolis, non loin du temple d’idoles auprès duquel il habitait, Joseph avait construit un oratoire où les Juifs qui habitaient cet endroit se réunissaient avec la sainte Famille. Auparavant, ils n’avaient pas de lieu pour prier en commun. Cet oratoire était surmonté d‘une coupole légère qu’on pouvait ouvrir, et alors en se trouvait comme en plein air. Au milieu se trouvait une table ou un autel sur lequel étaient posés des rouleaux écrits. Le prêtre ou le docteur était un homme très avancé en âge. Les femmes étaient d’un côté, les hommes de l’autre, quoique moins rigoureusement qu’en Palestine.

La Sainte Vierge, la première fois qu’elle vint dans cet oratoire, avec l’Enfant Jésus, s’assit par terre, appuyée sur un bras. Elle avait devant elle l’Enfant, vêtu d’une robe bleu de ciel, et elle joignait ses petites mains sur sa poitrine. Joseph se tenait derrière elle comme il faisait toujours, quoique les autres, hommes et femmes, fussent assis ou debout, les uns d’un côté, les autres de l’autre.

Et l’Enfant Jésus grandissait et recevait souvent la visite d‘autres enfants. Il pouvait déjà parler et courir. Il était habituellement près de saint Joseph, et allait souvent avec lui lorsqu’il travaillait au dehors. Il avait une petite robe, semblable à une petite chemise, tricotée ou faite d’un seul morceau.

Comme ils habitaient dans le voisinage du temple, et que quelques unes des idoles qui s’y trouvaient avaient été renversées, comme d’ailleurs on se souvenait de la chute de l’idole qui avait eu lieu devant la porte lors de leur entrée, bien des gens attribuèrent ces divers accidents à la colère des dieux contre eux, et ils eurent beaucoup de persécutions à souffrir à cause de cela.

 

Considération

Saint Joseph d’après Monsieur Auguste Nicolas

 

Aux témoignages que nous avons rapportés jusqu’à présent à la gloire de saint Joseph, il nous reste à ajouter ceux des pieux laïques de notre temps, et ce ne sont pas des moins considérables, qui ont eu aussi à cœur d’attacher leur fleuron à la couronne du saint Patriarche. Et que nous sommes heureux de pouvoir citer ici l’un de nos meilleurs apologistes, Monsieur Auguste Nicolas, ancien Magistrat ; l’un de nos Représentants , M. Pierre Pradié, et le Roi de la presse, M. Louis Veuillot, que nos publicistes regardent comme leur maître à tous ! Voici d’abord ce que dit de saint Joseph M. Auguste Nicolas dans ses Nouvelles Etudes philosophiques sur le Christianisme :

« Représentez-vous toute l’économie du mystère de l’Incarnation comme un grand tableau dans lequel vous verrez dépeints Dieu le Père, son Fils unique, le Saint-Esprit et la sainte Vierge, et ces quatre personnes éclatantes d’autant de lumières qu’elles opèrent de prodiges dans ce mystère. Mais au lieu que, dans un tableau matériel, l’ombre a toujours pour objet de faire ressortir les figures en repoussoir ou en relief, ici, au contraire, il faut une ombre pour tempérer et pour éteindre leur trop grand éclat, de pour qu’elles n’éblouissent ou qu‘elles n'aveuglent les yeux des mortels; et le seul Joseph a une vertu d’obscurité si étendue, qu’elle suffit pour les voiler toutes, jusqu’au temps où il plaise à Dieu de les manifester.

La très Sainte Vierge, en effet, est cachée à l’ombre de Saint Joseph : sa virginité, sa maternité divine, sont enveloppées du voile de son mariage avec lui. Le Saint Esprit est pareillement caché sous cette même ombre ; car ce qui est né de Marie, dit l’Evangile, est l'ouvrage du Saint-Esprit : c'est la son chef-d’œuvre, sa gloire, dont l’humble Epoux de Marie éteint en lui les rayons. Que dirai-je de ce chef-d’œuvre lui-même, de l'Homme-Dieu enseveli dans cette obscurité jusqu'à passer pour fils du charpentier ? Enfin, Dieu le Père est tellement dérobé par saint Joseph, qu’il aura besoin, en quelque sorte, de venir revendiquer lui-même son Fils au jour de son baptême, par cette parole céleste ; Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances.

Les Apôtres et tous les autres Saints, les Docteurs, les Pasteurs, les Confesseurs, les Martyrs, ont ou tous pour mission de prêcher Jésus-Christ à toute créature, de répandre au loin la bonne odeur de son nom, de le faire retentir devant les puissances, et d’en porter le son jusqu’aux extrémités de la terre. Mais Joseph est un saint tout singulier, prédestiné pour un ministère tout contraire, pour cacher sa gloire jusqu’au temps de sa manifestation, pour en assourdir les reflets, pour en favoriser les retards et les surprises.

L’Homme-Dieu, ayant voulu réserver à sa mort et a sa croix le miséricordieux prodige d’attirer à soi toutes choses et de triompher hautement des puissances du siècle, eût fait, si les mystères de sa conception divine et de sa naissance d’une Vierge eussent été divulgués avant ce temps, céder prématurément et trop ouvertement à sa divinité ces puissances, qui ne l’eussent pas crucifié, dit saint Paul, si elles eussent connu en lui un Roi de gloire. Mais, dans l’idée qu‘il est né d’un mariage ordinaire, elles prennent le Dieu pour un enfant. Il vient à petit bruit exécuter ses grands desseins en les cachant a l’ombre de Joseph, qu‘on prend pour son père, et qui écarte ou déconcerte les soupçons, jusqu’au jour où, faisant éclater tout à coup sa force et sa gloire dans la faiblesse et l’ignominie de sa mort, on reconnaîtra les divins stratagèmes de ce puissant Réparateur de l’homme, qui se sera servi d'un Joseph pour les cacher, comme d’une croix pour les faire à jamais triompher dans le monde.

Tel est le rôle unique de Joseph : rôle obscur, mais d’autant plus sublime. Comme c’est un plus grand prodige de voir la gloire de Dieu anéantie que de la voir éclatante de majesté, la toute-puissance de Dieu s’est montrée plus miraculeuse en un sens dans le seul Joseph, dont elle s’est servi comme d’un voile pour cacher sa gloire, que dans tout le reste des saints qu’elle a employés pour la manifester; et l’on doit regarder et vénérer ce grand saint comme ces augustes ténèbres dont parle l’Ecriture, sous lesquelles la majesté de Dieu a voulu se retirer ».

Mais, comme ces nuages dont le soleil n’éclaire que la partie que nous ne voyons pas, et qui sont d’autant plus lumineux du côté du ciel qu’ils sont plus obscurs à la terre, la gloire de Joseph éclate aux yeux de Dieu et des Anges en raison de son obscurité aux regards des hommes.

Et c’est de la que part l’illustre apologiste pour considérer ce grand patron des âmes cachées et suréminentes, soit comme Epoux de Marie, soit comme Père, comme nourricier, comme gouverneur de Jésus. Après quoi il ajoute :

« Saint Joseph est un Saint, si j’ose ainsi dire, de choix, comme le plus caché de tous les Saints, et par cela même, au sens chrétien, comme le plus illustre, le plus digne de tous les honneurs, parce qu’il n’a jamais été touché de l’honneur. Aussi toutes les âmes vraiment grandes, qui sont toujours les plus simples, ressentent son attrait, et se font gloire d’avoir pour patron dans le ciel celui qui a été le patron de notre Dieu lui-même sur la terre. Gerson avait pour lui une dévotion toute particulière ; il a composé des discours latins et français, des poèmes et des offices en son honneur ; il a stimulé les princes de son temps à lui vouer des têtes, à bâtir des temples sous son invocation. Bossuet lui a consacré les prémices de son éloquence, et il fit tellement partager à la reine-mère et à Louis XIV sa vénération pour ce glorieux dépositaire de la virginité de Marie et de l’humanité du Fils de Dieu, que, sur lettres closes et ordres très-exprès du grand roi, les cours souveraines ordonnèrent que sa Fête serait chômable et obligatoire, avec interruption de travail et cessation entière des affaires, par tout le royaume ».

Et nous, ajoutons, ce que l’éminent apologiste ne savait peut-être pas, que l’édit du roi est du 12 mais l661, et que le 14, les vicaires généraux du cardinal de Retz, archevêque de Paris, faisaient un Mandement en conséquence et pour que la Fête fût chômée et célébrée le samedi suivant, 19 du même mois. La Fête de saint Joseph était donc d’obligation en France avant 1789. Espérons que dans des jours meilleurs, et eu égard au décret du Souverain Pontife en date du 8 décembre 1870, elle le redeviendra encore.

 

Pratique

Dévotion au Cœur de Saint Joseph

 

Après le Cœur adorable de Jésus et le Cœur immaculé de Marie, il n’est pas de cœur plus digne de notre vénération et de notre amour que le Cœur très pur de saint Joseph, orné de tous les dons les plus sublimes de la nature et de la grâce, créé exprès par l’adorable Trinité pour être uni par des liens aussi étroits qu’indissolubles au très Saint Cœur de Marie, dont il a été aimé d’un amour particulier ; et qui, après celui de Marie, a été mis en communication plus directe qu’aucun autre avec le Cœur sacré de Jésus, puisqu’en le portant si souvent dans ses bras, il a eu l’insigne privilège de presser son cœur de fils contre son propre coeur de père. Et d’ailleurs, quelle union ! Quelles communications ! Quelles correspondances ! Quel échange d’indicibles sentiments entre ce Cœur et ceux de Jésus et de Marie, pendant les trente ans qu’ils vécurent ensemble, Joseph étant époux et père, Marie mère et épouse, Jésus l’auguste fils de l'un et de l’autre !

Aussi, dit le P. Faber, le Cœur très pur de Joseph, si semblable au Cœur immaculé de Marie et a celui de Jésus, quoique avec une différence sensible, était-il pour le Sauveur une cause spéciale de joie, parce qu’égalant en grandeur et en prix le monde commun, il était en lui-même un monde à part, où l’insatiable amour de Jésus pour les hommes pouvait s’épancher en torrents d’impétueuse affection, et sa soif d’amour humain trouver un soulagement inexprimable.

C’est à nous de voir, après cela, si nous ne devons pas avoir un culte spécial pour cet incomparable Cœur de saint Joseph, et si nous ne pouvons pas nous laisser aller à tous les épanchements de nos cœurs pour ce saint Cœur, sans être exposés à jamais regretter de lui témoigner toute notre vénération, notre amour et notre confiance. C‘est à nous de déterminer ensuite les pieux exercices par lesquels nous tiendrons à honorer cet incomparable Cœur.

 

Prière

Au Cœur de Saint Joseph

 

Aimable Cœur de saint Joseph, chef-d’œuvre des mains de Dieu, qui vous a fait le plus noble et le plus parfait de tous les cœurs, après ceux de Jésus et de Marie, recevez en ce moment mes plus humbles salutations, mes hommages les plus sincères, l’expression de mon plus entier dévouement. Je vous salue et vous révère, ô Cœur si cher à mon cœur, car vous êtes jour et nuit le sujet de mes pensées et l’objet de mes désirs. Vous êtes la belle et florissante école où je veux désormais étudier la science du saint amour. Vous êtes le char triomphal dans lequel je souhaite d’être conduit aux collines des vertus. Vous êtes la fournaise embrasée dans laquelle je viens m’échauffer des feux de la divine charité. Vous êtes le paradis de délices où je serai heureux de respirer le parfum des célestes affections qu’il faut avoir pour Jésus et Marie. Vous êtes la vive source d’où je puiserai les eaux des chastes joies pour arroser la terre de mon âme. Vous êtes la solitude bénie où j’ai résolu de consacrer mes jours au service de votre divin Fils et de votre Epouse immaculée. Vous êtes le petit nid où je veux vivre et mourir en repos. Vous êtes la clef dorée avec laquelle je puis et dois entrer au trésor des bénédictions et des faveurs du ciel. Vous êtes la porte par où je passerai pour arriver au Cœur de Jésus et au Cœur de Marie, Cœurs divins dont l‘excellence surpasse toute richesse et le mérite toute louange ; Cœurs précieux, plus brillants que le soleil, plus blancs que la neige, plus embaumés que les lys ; Cœurs dans lesquels Dieu a renfermé tous les biens, seuls désirables, seuls délectables.

Oh ! Qui me fera la grâce de cacher mon cœur dans ces sacrés Cœurs ? Vous, bon saint Joseph, dont le Coeur ne fit qu’un cœur avec ceux de Jésus et de Marie, embrasez alors mon cœur du feu de cet amour divin qui consumait le vôtre sur la terre, dirigez tentes ses inspirations, purifiez et sanctifiez toutes ses affections. Et puissé-je n’avoir qu'un seul cœur avec vous pour aimer Jésus et Marie dans le temps, afin que je puisse les glorifier dans le ciel pendant l’éternité ! Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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24 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Vingt-cinquième jour

Stations en Egypte

 

Il faisait nuit lorsque nos saints voyageurs entrèrent dans le désert. Ils commencèrent par cheminer le long d’un bois ; mais à quelque distance du chemin et en avant du bois, ils entrevirent une misérable cabane. Non loin de la cabane était suspendue à un arbre une lanterne, qu’on pouvait voir de très loin, et qui était destinée à attirer les voyageurs. Le chemin était très difficile et coupé ça et là par des fossés. Il y avait aussi des fossés autour de la cabane, et sur les parties du chemin où l’on pouvait passer étaient tendus des fils cachés qui correspondaient à des sonnettes placées dans la cabane. Les voleurs qui y habitaient étaient ainsi avertis de la présence des voyageurs et venaient les dépouiller. Cette cabane de voleurs n’était pas toujours à la même place ; elle était mobile, et ses habitants la transportaient ailleurs, suivant les circonstances.

Au moment où la sainte Famille s’approcha de la lanterne, elle se vit entourée du chef des voleurs et de cinq de ses compagnons. Ils avaient d’abord de mauvaises intentions ; mais il partit de l’Enfant Jésus un rayon de lumière qui toucha comme un trait le cœur du chef, lequel ordonna à ses gens de ne pas faire de mal aux saints voyageurs. La Sainte Vierge vit aussi ce rayon arriver au cœur du brigand, comme elle le raconta à la prophétesse Anne, après son retour.

Le voleur conduisit alors la sainte Famille dans sa cabane, où se trouvait sa femme avec deux enfants. La nuit était venue. Le brigand fit part à sa femme du mouvement extraordinaire qui s’était produit en lui a la vue de l’Enfant. Celle-ci accueillit la Sainte Famille non sans bienveillance, mais avec une réserve embarrassée. Les saints voyageurs s’assirent à terre dans un coin et se mirent à manger quelque chose des provisions qu’ils avaient avec eux. Leurs hôtes furent d’abord timides et craintifs, ce qui pourtant ne paraissait pas être dans leurs habitudes ; Peu à peu cependant ils se rapprochèrent. Puis survinrent d’autres hommes qui, pendant ce temps, avaient mis sous un abri l’âne de Saint Joseph. Ces gens enfin s’enhardirent, se placèrent autour de la Sainte Famille et lui adressèrent la parole. La femme, de son côté, présenta à Marie des petits pains avec du miel et des fruits, ainsi que des coupes remplies de je ne sais quelle liqueur. Le feu était allumé dans une excavation pratiquée dans un coin de la hutte. La femme disposa une place séparée pour la sainte Vierge, et lui apporta, sur sa demande, une auge pleine d’eau pour baigner l’Enfant Jésus. Elle lava aussi ses langes et les fit sécher devant le feu.

Marie baigna l’Enfant Jésus sous un drap. Le voleur était si ému, qu’il dit à sa femme : « Cet enfant juif n’est pas un enfant ordinaire ; c’est un saint enfant. Prie la mère de nous laisser baigner notre petit garçon lépreux dans l’eau où elle l’a lavé ; cela le guérira peut-être ». Quand la femme s’approcha de Marie, celle-ci lui dit, avant qu’elle n’eût parlé, de laver son enfant lépreux dans cette eau. La femme apporta alors dans ses bras un petit garçon d’environ trois ans. Il était rongé de la lèpre, et son visage n’était qu’une croûte. L’eau dans laquelle Jésus avait été baigné paraissait plus claire qu‘auparavant. Quand l’enfant y eut été mis, les croûtes de la lèpre se détachèrent et tombèrent par serre. Il était parfaitement guéri.

La mère était transportée de joie. Elle voulait embrasser Marie et l’Enfant-Jésus ; mais Marie lui fit signe de n’en rien faire. Elle ne se laissa pas toucher par elle, non plus que le petit Jésus. Elle lui dit de creuser une citerne dans le roc et d’y verser cette eau, qui, donnait à la citerne la même vertu. Elle s’entretint encore avec elle, et cette femme lui promit de renoncer, aussitôt qu’elle le pourrait, à sa vie criminelle. Le père et la mère furent extrêmement heureux de la guérison de leur enfant. Plusieurs de leurs compagnons étant venus pendant la nuit, on leur montra l’enfant guéri, et on leur raconta ce qui s’était passé. Ces nouveaux venus, parmi lesquels étaient quelques jeunes garçons, entourèrent la sainte Famille et la regardèrent avec étonnement.

C'était d’autant plus étonnant de voir ces brigands se montrer si respectueux envers la sainte Famille, que, pendant cette même nuit où ils reçurent de si saints hôtes, ils arrêteront plusieurs autres voyageurs attirés par la lumière placée dans leur voisinage, et les conduisirent dans une grande caverne placée plus avant dans la forêt. Cette caverne, dont l’entrée était cachée par des broussailles, et qui était toute couverte d’herbes et d‘arbustes, de façon à ce qu’on ne pouvait soupçonner son existence, paraissait être leur magasin. Il s’y trouvait alors plusieurs enfants volés, âgés de sept à huit ans, et une vieille femme chargée de garder tout ce qu’il y avait là, ainsi que des vêtements, des tapis, de la viande, des chameaux, des moutons, des animaux plus grands, et toute espèce de butin. C’était un endroit spacieux, et tout s’y trouvait en abondance.

Marie n’a guère dormi de toute cette nuit, pendant laquelle elle reste presque tout le temps assise sur son lit. Joseph et Marie repartirent le matin de bonne heure, munis de quelques provisions. Leurs hôtes les accompagneront jusqu’à une certaine distance, en les faisant passer avec précaution les fossés qui coupaient le chemin et les remettant dans la bonne route.

Ces voleurs prirent congé de la Sainte Famille avec une grande émotion, et le chef dit aux voyageurs, d’une façon très expressive : « Souvenez-vous de nous en quelque lieu que vous alliez ». Paroles quasi prophétiques qui eurent leur dernier accomplissement sur le Calvaire, au moment où l’enfant guéri hier de la lèpre, et devenu alors le bon larron, dit à Jésus mourant : « Souvenez-vous de moi quand vous serez dans votre royaume ». La femme du brigand renonça, au bout d’un certain temps, à la vie qu’elle menait : elle s'établit dans un endroit où la Sainte Famille s’était reposée peu après ; une source y avait jailli, un jardin de baumiers s‘y était planté, et plusieurs honnêtes familles s‘y établirent avec elle.

La Sainte Famille entra ensuite un désert. Comme ils avaient perdu leur chemin, l’on vit s’approcher d’eux des reptiles de diverses espèces, entre autres des lézards rampants avec des ailes de chauves souris, et aussi des serpents ; ils ne cherchaient pourtant pas à leur faire du mal, et paraissaient seulement vouloir leur montrer le chemin. Plus tard encore, comme ils ne savaient plus quelle direction prendre, elle leur fut indiquée par un gracieux miracle. Des deux côtés du chemin sortit de terre la plante appelée rose de Jéricho, avec sa tige droite, ses feuilles frisées et sa fleur au milieu. Ils s‘avancèrent alors pleins de joie, et virent à perte de vue s’élever des plantes semblables ; il en fut ainsi tout le long dit désert. Puis il fut révélé à la sainte Vierge qu’à une époque postérieure les gens du pays viendraient cueillir ces fleurs et les vendraient aux voyageurs étrangers pour avoir du pain. C’est en effet ce qui eut lieu dans la suite. Le nom de cet endroit était comme Gase ou Gose. Puis ils arrivèrent à un lieu qui s’appelait comme Lepe ou Lape. Il y avait de l’eau en cet endroit ; il s’y trouvait des fossés, des canaux et des digues élevées. Ils traversèrent un cours d’eau à l’aide d’un radeau formé de poutres, sur lequel se trouvaient des espèces de grandes cuves dans lesquelles on passait les ânes. Deux hommes laids, basanés, à moitié nus, avec des nez épatés et de grosses lèvres, les passèrent. Ils arrivèrent ensuite près des maisons isolées du bourg ; les habitants étaient si grossiers et si hautains, qu’ils passèrent outre sans entrer en pourparler avec eux. C’était la première ville égyptienne, et par conséquent païenne, qu’ils rencontraient. Ils avaient voyagé dix jours sur le territoire de la Judée et dix jours dans le désert.

Ensuite la Sainte Famille entra dans un pays de plaines appartenant au territoire égyptien, où se trouvaient de vastes prairies couvertes de troupeaux errants. L’on y voyait aussi des arbres auxquels des idoles, semblables à des enfants au maillot, étaient attachées par deux bandelettes, qui étaient couvertes de figures ou de caractères. L’on y rencontrait aussi ça et là des hommes gros et trapus, habillés assez singulièrement et légèrement, qui venaient devant ces idoles et leur rendaient hommage. La sainte Famille entra dans un hangar où était du bétail qui sortit pour lui faire place. Ils manquaient entièrement d’aliments, et n’avaient ni pain ni eau. Personne ne leur donna rien. Marie pouvait à peine allaiter son enfant. Ils eurent beaucoup a souffrir dans ce voyage. Enfin quelques bergers, étant venus abreuver leurs troupeaux à un puits ordinairement fermé, leur donnèrent un peu d’eau sur les instantes prières de Saint Joseph.

En partant de là, les pauvres fugitifs, dépourvus de tout secours et épuisés, parcoururent un petit bois à la sortie duquel se trouvait un dattier très élancé, portant à son sommet des fruits réunis en grappes. Marie vint près de cet arbre, tenant l’Enfant Jésus dans ses bras ; elle fit une prière et éleva l’Enfant en l’air : alors l’arbre courba sa tête vers eux comme s’il se fût agenouillé, et ils cueillirent tous ses fruits. L‘arbre resta dans cette position.

L’on vit aussi beaucoup de gens du lieu précédent suivre la sainte Famille, et Marie donner des fruits de l’arbre à plusieurs enfants demi-nus qui couraient après elle. A un quart de lieue environ de ce premier arbre, ils se trouvèrent près d’un grand sycomore d’une grosseur extraordinaire. Il était creux, et ils s’y cachèrent pour éviter les gens qui les suivaient et qu’ils avaient alors perdus de vue ; ceux-ci passèrent outre. La sainte Famille passa la nuit dans cet arbre.

Le lendemain ils continuèrent leur route ,à travers les sables du désert. Privés d‘eau depuis longtemps et épuisés, ils s’assirent près d’un monticule de sable. La sainte Vierge implora Dieu, et une source abondante jaillit à côté d’elle et arrosa le terrain du voisinage. Joseph fit un petit bassin pour cette source, et creusa un conduit pour l’écoulement de l’eau. Ils se reposèrent en cet endroit. Marie lava l’Enfant Jésus. Joseph fit boire l’âne et remplit son outre d’eau. Puis, de vilaines bêtes comme d’énormes lézards, et aussi des tortues, s’approchèrent pour se rafraîchir. Elles ne firent pas de mal à la sainte Famille, mais les regardèrent d’un air amical. L’eau qui coulait de la source faisait un assez grand circuit et se perdait de nouveau dans la terre à peu de distance.

La portion de terrain qu’elle arrosait fut singulièrement bénie : bientôt il fut couvert de verdure, et le précieux arbre qui produit le baume y vont en grande quantité ; la Sainte Famille, à son retour d’Egypte, put déjà y prendre du baume. Ce lieu devint plus tard célèbre comme jardin de baume. Diverses personnes s’y établirent, et entre autres la mère de l’enfant du voleur qui avait été guéri de la lèpre. Une belle clôture formée de baumiers entourait le jardin, où se trouvaient plusieurs autres arbres fruitiers. À une époque postérieure, on creusa là un autre puits large et profond, d’où l’on tirait, à l’aide d’une roue mise en mouvement par des bœufs, une grande quantité d’eau qu’on mêlait avec celle de la source de Marie, pour arroser tout le jardin : sans ce mélange, l’eau du nouveau puits aurait été nuisible. Les bœufs qui mettaient la roue en mouvement ne travaillaient pas depuis le samedi à midi jusqu’au lundi matin.

 

Considération

Saint Joseph d’après le Père Huguet

 

Quand il s’agit de saint Joseph, comment n’alléguerait-on pas le Père Huguet, son grand zélateur, qui a tant fait et fait tant encore tous les jours pour l’extension de son culte ? C’est d’abord par son Propagateur de la dévotion à Saint Joseph, Bulletin mensuel du Culte Perpétuel, des Confréries, des Associations en son honneur, et des faveurs obtenues par sa puissante médiation, qu’il publie avec un zèle toujours croissant depuis 1862. C’est ensuite par tous les ouvrages qu’il ne cesse de publier à sa gloire et qui se multiplient sous sa plume avec une abondance presque prodigieuse. Il ne tient pas, il est vrai, à donner soit du neuf, soit du sien, et il semble ne vouloir que faire partager à tous les sentiments de son cœur si dévoué à saint Joseph, en nous les présentant sous toutes les formes qu’il peut leur donner. De sorte que de lui l’on ne sait vraiment quoi citer. Reproduisons néanmoins ce qu’il appelle dans son « Auréole de Saint Joseph » la profession solennelle de ses prérogatives et de ses grandeurs. C’est à lui qu’il parle et qu’il dit.

« Ô très saint, très glorieux, très puissant et très aimable Joseph, vous fûtes prévenu des plus précieuses bénédictions de Dieu, dès le sein de votre pieuse Mère, par la sanctification de votre âme et votre confirmation en grâce. À votre naissance, vous parûtes dans le monde comme le lien des deux Testaments, le commencement du Nouveau et la fin de l’Ancien, sans être entièrement à celui-ci ou à celui-là, mais tout à Jésus-Christ, la pierre angulaire qui les a liés ensemble.

La très Sainte Trinité vous favorisa de sublimes prérogatives qui vous ont élevé au-dessus de tous les Saints. Le Père éternel vous nomma pour son représentant sur la terre, pour servir de père, de parrain, de tuteur et de gouverneur à son Fils unique. Le Saint Esprit vous remplit de tous ses dons pour vous préparer aux desseins que Dieu avait eus sur vous de toute éternité. La Sagesse incarnée vous choisit pour être le soutien de sa Mère, son Père nourricier, et le gardien très fidèle de l’une et de l’autre.

L’auguste Reine du ciel et de la terre vous regarde toujours avec respect comme son seigneur, avec amour comme son cher et angélique Epoux, et avec confiance comme le très sage tuteur de son divin Fils. Vous fûtes égal aux Anges en pureté, aux Chérubins en science, et aux Séraphins en charité.

Votre saint cœur fut orné des grâces les plus précieuses qui aient été accordées aux justes depuis le commencement du monde. Vous unîtes vos adorations à celles de Marie, vos vœux aux cantiques des Anges, et vos offrandes aux présents des rois, pour saluer avec eux le Verbe fait chair dans l‘étable de Bethléem. Vous fûtes le témoin de la divine enfance de Jésus, le fidèle compagnon de son exil et son aide dans ses travaux. Votre cœur très pur servit de trône a Celui qui habitait avant tous les siècles dans le sein adorable de son Père.

Vous eûtes toujours les yeux du corps et de l’esprit fixés sur l’Enfant Dieu pour remarquer tous les mouvements de sa divine personne, et tirer de grands avantages pour la, perfection de votre âme des exemples d‘un modèle si accompli. Quand il reposait entre vos bras, vous le preniez avec autant de respect que d’amour sur votre cœur, vous le couvriez de vos baisers et de vos larmes, vous le caressiez avec des tendresses et des suavités ineffables.

Vous fûtes le premier chrétien et le premier apôtre du monde envoyé de Dieu pour y faire connaître le Messie. Vous adoriez souvent les desseins de la Providence qui vous avait mis en main un rabot, au lieu du sceptre des rois de Judée, vos ancêtres. Vous viviez plus heureux dans votre pauvre maison de Nazareth que vous n’eussiez fait dans le palais de David, votre aïeul.

Vous conversâtes pendant trente ans avec notre doux Sauveur et sa très Sainte Mère, acquérant en leur compagnie des richesses inestimables de grâces et de vertus. Votre sainte vie fut couronnée de la plus précieuse mort, rendant votre belle âme entre les mains de Jésus et de Marie, pour être portée par les Anges dans le sein d’Abraham, et peu de temps après conduite dans le ciel et réunie à son corps glorieux.

Enfin, et sans fin, puisque je ne prétends pas en mettre à vos grandeurs ni à vos louanges, vous fûtes admirable dans tous vos états et vos mystères. Noble dans votre origine, parfait dans votre corps, très pur dans votre âme, prudent dans votre conduite, vierge dans votre union angélique avec Marie, infatigable dans, vos travaux, éminent dans votre contemplation, sage dans toute votre vie, heureux dans votre mort, glorieux dans votre résurrection, surabondant de délices dans votre récompense, en un mot Joseph, Père de Jésus et Epoux de Marie !

Ô grandeurs ! Ô privilèges incommunicables ! Ô vertus sublimes ! Je les crois fermement, je les publie hautement. Ô Joseph, incomparable Joseph ! Je vous révère avec amour, je vous chéris avec respect, je vous honore en toute humilité ! Béni soit Dieu qui vous a élu et élevé à de si grandes choses ! Mon esprit est ravi et mon âme tressaille de joie à la vue de tant de merveilles renfermées dans votre auguste personne. Puisse Celui qui vous a fait le sujet d’une si haute et si éminente perfection, d’une gloire si accomplie et d’un mérite approchant de l’infini, répandre la connaissance et l’amour de votre nom par tout l’univers ! Plût à Dieu que toutes les créatures, ou au moins que toutes les âmes chrétiennes, enflammées d’un saint zèle, s’entendissent pour exalter la gloire de Jésus et de Marie en louant Saint Joseph !

Oh ! Que les hommes sont aveugles de ne pas voir les trésors de grâces que Dieu a mis entre vos mains, pour en disposer selon votre volonté en faveur de vos fidèles serviteurs ! »

 

Pratique

Pieux exercices

 

Le fidèle serviteur de Saint Joseph s’acquitte chaque jour de certains exercices de piété qu’il a arrêtés avec lui, selon son attrait ou ses besoins et auxquels il est aussi exact qu’à ceux qu’il a voués chaque jour à la Sainte Vierge. Ayons donc les nôtres bien fixés, bien déterminés, et que ce soit un devoir sacré pour nous de ne jamais y manquer. Nous le devons bien au saint Epoux de Marie, au glorieux Père nourricier de Jésus ; mais lors même que nous ne serions pas assez touchés de hommages à lui rendre, faisons-le au moins pour les avantages que nous y trouverons et les fruits de salut que nous en recueillerons. Ne nous imposons pas trop de graves obligations avec lui, si nous sommes exposés à les enfreindre, mais au moins soyons fidèles à celles plus ou moins adoucies que nous aurons contractées.

N’oublions pas, du reste, que ces exercices de piété doivent surtout tendre à notre avancement spirituel, et que les meilleurs sont les exercices de la vie intérieure. Les actes intérieurs relèvent admirablement le culte extérieur que nous rendons soit à Dieu, soit aux Saints. Ils enrichissent ceux qui les font avec ferveur et remplissent leur cœur d’amour et de vénération. Rien de plus aisé et de plus facile, d’ailleurs, que ces pieux exercices, puisqu‘on peut les pratiquer en tout temps et en tout lieu. Il suffit pour cela d‘une élévation d'esprit ou d’une oraison jaculatoire poussée avec ardeur vers le ciel, et animée de quelque acte intérieur qui lui donne sa valeur et son prix.

Ceux que l’on conseille ordinairement en l'honneur de saint Joseph sont les actes intérieurs de foi en ses glorieux privilèges, d’amour de complaisance d’abord, d’amour parfait ensuite, de louange, d’admiration, de confiance, d’offrande, d'humilité, de reconnaissance, d’imitation.

Le Père Lallemand pratiquait chaque jour, à la gloire du Saint Patriarche, quatre petits exercices intérieurs, deux dans la matinée et deux dans l’après-dîner, dont il tira de merveilleux avantages pour sa sanctification.

 

Prière

Tirée du Père Huguet

 

Mon très aimable Protecteur, saint Joseph, ne serais-je pas du nombre de ceux qui ont port à vos, bienfaits ? Votre bonté, dont j’ai si souvent éprouvé les effets, m’en donne l’assurance. Mais aussi je le déclare à la face du Ciel et de la terre, que les biens que j‘attends de vous ne sont pas la cause de l’amour que je vous porte, ni des services que je vous ai voués. C’est ce que vous êtes en vous-même qui vous a gagné mon cœur. Ce sont les rapports ineffables et personnels que vous avez avec la très Sainte Trinité qui me portent à vous aimer plus vivement et à vous invoquer plus assidûment que les autres bienheureux. Les unions saintes et célestes qui vous lient intimement à Dieu dans l'ordre de l’union hypostatique, sont les nœuds qui m'attachent indissolublement à vous. J’aime votre Fils et votre divine Epouse en vous aimant ; je m’approche de vous pour avoir de l’accès auprès d’eux ; je m’applique à imiter vos vertus pour avoir quelque ressemblance avec leurs perfections. Si jamais, comme je l’espère, j’ai le bonheur d’arriver au port de la céleste patrie, d‘être admis dans l’éternelle société de Jésus et de Marie, je confesserai que c’est, après Dieu et sa sainte Mère, au glorieux saint Joseph que je dois ce bonheur et cette gloire.

C'est dans ces sentiments que je vous renouvelle en ce moment ma consécration, en vous disant : « Ô Bienheureux Joseph, digne Epoux de la Reine des vierges, je me consacre à votre culte et me donne tout à vous ; soyez mon père, mon protecteur et mon guide dans la voie du salut ; obtenez-moi la grâce de faire, à votre exemple, toutes mes actions pour la plus grande gloire de Dieu, en expiation de mes péchés et en réparation des outrages faits aux sacrés Cœurs de Jésus et, de Marie. C’est ce que je vous demande, en vous priant de m’assister tous les jours de ma vie, et particulièrement à l’heure de ma mort. Ainsi soif-il ».

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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23 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Vingt-quatrième jour

Stations en Judée

 

La Sainte Famille, dans la nuit de son départ, traversa plusieurs endroits et se reposa le matin sous un de ces hangars que l‘on rencontrait sur les routes pour la commodité des voyageurs. Vers le soir, comme ils ne pouvaient pas aller plus loin, ils entrèrent dans un petit endroit appelé Nazara, qui renfermait une population à part et qu’on traitait avec un certain mépris. Elle n’était ni juive ni païenne ; mais sa religion était un mélange de paganisme et de judaïsme. Ils allaient adorer au temple du mont Garizim, près de Samarie, dont ils étaient éloignés de quelques lieues, par un chemin difficile et montueux. Ils étaient accablés de charges de toute nature, comme de travailler comme des esclaves au Temple de Jérusalem et faire d’autres travaux publics.

Ces pauvres gens accueillirent très amicalement la Sainte Famille, qui passa chez eux tout le jour suivant, qui était le jour du sabbat. Lors du retour d'Egypte, la sainte Famille visita de nouveau ces bonnes gens ; et aussi, plus tard, lorsque Jésus alla au Temple dans sa douzième année, et lorsqu’il en revint. Dans la suite, ces braves gens se firent baptiser par saint Jean, puis se réunirent aux disciples de Jésus.

Mais le jour même du sabbat, après sa clôture , la sainte Famille quitta Nazara et voyagea toute la nuit. Puis, tout le dimanche et la nuit suivante jusqu’au lundi, elle resta cachée près de ce grand vieux térébinthe sous lequel elle s‘était arrêtée en allant à Bethléem, lorsque la Sainte Vierge avait tant souffert du froid. C'était le térébinthe d’Abraham, près du bois de Moreh, à peu de distance de Sichem, de Thenat, de Siloh et d’Arumah. Les projets d’Hérode étaient connusdans ce pays, et la Sainte Famille n’y était pas en sûreté. C‘était près de cet arbre que Jacob avait enfoui les idoles de Laban. Josué rassembla le peuple près de ce térébinthe, sous lequel il avait dressé le tabernacle. Où était l’Arche d‘alliance, et il l’y fit renoncer aux idoles. Ce fut la aussi qu’Abimelech, le fils de Gédéon, fut salué roi par les Sichémites.

Le lundi matin, de bonne heure, la sainte Famille, se trouvant dans une contrée fertile, se reposa près d’une petite source ; à côté d’un buisson de baume. L'Enfant Jésus avait les pieds nus ; il était sur les genoux de la sainte Vierge. Ces arbrisseaux de baume étaient couverts de baies rouges ; il y avait à quelques branches des incisions d’où sortait un liquide qui était recueilli dans de petits vases. Personne ne songeait à les voler. Saint Joseph remplit de cette liqueur les petites cruches qu’il avait avec lui. La Sainte Famille mangea des petits pains et des baies cueillies sur les arbrisseau voisins. L’âne buvait et paissait dans le voisinage. L’on voyait à leur gauche , dans le lointain, les hauteurs sur lesquelles était Jérusalem. C‘était un tableau très touchant.

Le mardi, Zacharie et Eiisabeth ayant appris aussi le danger qui les menaçait par un» messager de confiance que la Sainte Famille leur avait sans doute envoyé, Elisabeth porta le petit Jean à un lieu très retiré dans le désert, à deux lieues d’Hébron. Zacharie les accompagna jusqu‘à un endroit où ils traversèrent un petit cours d’eau sur une poutre ; puis il se sépara d’eux et se dirigea vers Nazareth par le chemin que Marie avait suivi lors de sa visite à Elisabeth. Probablement il voulait prendre des informations plus précises auprès de Sainte Anne. Plusieurs amis de la Sainte Famille à Nazareth sont très attristés de son départ. Le petit Jean n’avait sur lui qu’une peau d‘agneau. Quoiqu’il eût à peine dix-huit mois, il pouvait déjà courir et sauter. Il portait dès lors à main un petit bâton blanc avec lequel il jouait à la manière des enfants. Il ne fait pas voir dans ce désert une immense étendue de pays sablonneuse et stérile, mais plutôt une solitude avec des rochers, des défilés, des grottes, des bosquets, des arbres et divers arbrisseaux produisant des baies et des fruits sauvages.

Elisabeth porta le petit Jean dans une caverne où Madeleine séjourna quelques temps après la mort de Jésus. L’on ignore combien de temps Elisabeth s’y tint cachée cette fois avec son enfant, si jeune encore. Elle y resta probablement jusqu’au moment où la persécution d’Hérode ne parut plus à craindre. Elle revint alors avec son fils à Jutta ; mais elle se retira encore dans le désert avec le petit Jean, lorsque Hérode convoqua les mères qui avaient des enfants de moins de deux ans, c’est à dire près d’un an plus tard.

Après que la Sainte Famille eut franchi quelques uns des sommets de la montagne des Oliviers, elle alla au-delà de Bethléem, dans la direction d’Hébron, et à deux lieues environ du bois de Mambré, entra dans une grotte spacieuse, placée dans une gorge sauvage, au-dessous de laquelle se trouvait un endroit dont le nom ressemble assez à celui d’Ephraïm. Ce devait être la sixième station de leur voyage. Ils arrivèrent accablés de fatigue et d’ennui. Marie était triste et pleurait. Ils souffraient de toute espèce de privations, car ils devaient suivre des chemins détournés, évitant toutes les ville et les hôtelleries fréquentées. Ils se reposèrent ici tout un jour. Plusieurs grâces miraculeuses leur apportèrent un peu de soulagement. Une source jaillit dans la grotte, à la prière de la Sainte Vierge. Une chèvre sauvage vint à eux et se laissa traire. Un Ange leur apparut aussi et les consola.

Un prophète avait souvent prié dans cette grotte. Samuel, à ce que l’on croit, s’y arrêta quelques fois. David garait aux environs les troupeaux de son père. Il pria ici et y reçut des ordres apportés par un Ange, et entre autres, l’ordre de se présenter au combat contre Goliath.

En quittant cette grotte, nos saints voyageurs firent sept lieues au midi, laissant toujours la mer Morte à leur gauche, et, à deux lieues au-delà d’Hébron, se trouvèrent dans le désert ou s’était réfugié le petit Jean-Baptiste. Ils passèrent à une portée de trait de la grotte où où il était. Et la Sainte Famille, fatiguée et épuisée, s’avança dans le sable du désert. L’outre qui contenait l’eau et les petites cruches de baume étaient vides. La Sainte Vierge était en proie à une vive inquiétude ; elle avait soif et Jésus aussi. Ils se détournèrent un peu de la route, vers un enfoncement où il y avait des buissons et un peu de gazon desséché. La Sainte Vierge descendit de l’âne et s’assit par terre. Elle avait son Enfant devant elle ; elle était toujours inquiète et priait. Pendant que la Sainte Vierge demandait de l’eau comme Agar dans le désert, il survint un incident singulièrement touchant. La grotte dans laquelle Elisabeth avait caché le petit Jean était tout près de là, au milieu de rochers élevés, et le petit Jean se mit à errer à peu de distance parmi les broussailles et les pierres. Il semblait plein d‘un désir inquiet, comme s’il eût attendu quelque chose. La vue de ce petit enfant, courant d’un pas assuré dans le désert, faisait une vive et touchante impression. De même qu’il avait tressailli dans le sein de sa mère comme pour aller à la rencontre de son Seigneur, il était excité cette fois par le voisinage de son Rédempteur souffrant de la soif. Il avait une peau d’agneau jetée sur les épaules et attachée autour des reins ; il tenait à la main son petit bâton, au haut duquel flottait une banderole d'écorce. Il sentait que Jésus passait, qu’il avait soif ; il se jeta à genoux et cria vers Dieu les bras étendus. Puis il se leva vivement, courut, poussé par l’esprit, jusqu’à une haute paroi du rocher, et frappa le sol avec son bâton. Il en sortit aussitôt une source abondante. Jean courut en toute hâte à l’endroit où elle descendait. Il s’y arrêta et vit dans le lointain la sainte Famille qui passait. En ce moment, la sainte Vierge éleva l’Enfant Jésus en l’air et le tourna de ce côté en disant : « Voilà Jean dans le désert ! » Et Jean tressaillit de joie près de l’eau qui se précipitait. Il fit un signe en agitant la banderole de son bâton, puis il s’enfuit dans la solitude.

Cependant la source ne tardait pas à se rapprocher du chemin que suivaient les voyageurs. Ils passèrent outre et s’arrêtèrent, pour se reposer, en un endroit assez agréable et ombragé par quelques arbres. La sainte Vierge descendit de l'âne avec le divin Enfant. Elle était profondément émue, ainsi que saint Joseph. Marie s’assit sur l’herbe. Joseph creuse à quelque distance, un petit bassin que l'eau vint remplir. Quand elle s’y montra tout à fait limpide, ils en burent tous. Marie baigna l’Enfant ; et ils se lavèrent les mains, les pieds et le visage. Joseph amena aussi l’âne, qui se désaltéra, et il remplit son outre. Ils étaient pleins de joie et de reconnaissance. Le gazon desséché s‘imbiba et se redressa. Le soleil se montra brillant ; tous étaient ranimés et consolés. Leur halte en cet endroit fut bien de deux à trois heures.

La dernière halte de la sainte Famille dans les Etats d’Hérode fut à peu de distance d’une ville, sur la frontière du désert, à deux lieues environ de la mer Morte. La ville s’appelait comme Anam, Anem ou Anim. Ils s’adressèrent dans une maison isolée : c’était une hôtellerie à l’usage des gens qui voyageaient dans le désert. Il s’y trouvait des cabanes et des hangars appuyée contre une éminence, et à quelque distance des arbres fruitiers à l‘état sauvage. Les habitants paraissaient être des chameliers, car ils avaient plusieurs chameaux qui erraient dans des pâturages entourés de haies. C’étaient des gens de mœurs assez farouches, et qui s’étaient livrés au brigandage. Cependant ils reçurent bien la Sainte Famille et lui donnèrent l’hospitalité. Dans la ville voisine, il y avait aussi beaucoup de gens à la vie désordonnée, qui s’étaient établis à la suite, de guerres. Il se trouvait entre autres, dans l’hôtellerie, un homme d’environ vingt ans, qui s’appelait Ruben.

Le jeudi suivant, les étoiles brillent au ciel, et la Sainte Famille traverse durant la nuit un endroit sablonneux où l’on ne trouve que des arbustes desséchés. Il présentait de grands dangers, à cause d’une multitude de serpents qui étaient cachés dans les broussailles où ils se tenaient roulés en cercle sous le feuillage. Ils s’approchèrent en sifflant et dressèrent leurs têtes contre la Sainte Famille, qui passa tranquillement, tout entourée de lumière. Il s’y trouvait encore des animaux malfaisants d’une autre espèce. Ils avaient un long corps noirâtre, avec des pieds très courts et des espèces d’ailes sans plumes, ressemblant à de grandes nageoires. Ils passaient rapidement comme s’ils eussent volé : il y avait dans la forme de leur tête quelque chose qui tenait du poisson. C’étaient peut-être des lézards volants, La Sainte Famille arriva comme au bord d’un chemin creux ou d’une profonde excavation dans le sol. Ils voulaient se reposer là, derrière des buissons.

La Sainte Famille fit ensuite deux lieues vers l’orient en suivant la grande route ordinaire. Le nom du dernier endroit où ils arrivèrent, entre la Judée et le désert, était quelque chose comme Mara. Ce qui faisait penser au lieu d’où Sainte Anne était originaire ; mais ce n’était point lui. Les habitants étaient sauvages et inhospitaliers, et la Sainte Famille ne reçut d’eux aucune aide. Ils entrèrent ensuite dans un grand désert de sable. Il n’y avait plus de chemin ni rien qui leur indiquât la direction à prendre, et ils ne savaient comment faire. Après avoir un peu marché, ils gravirent devant eux une sombre chaîne de montagnes. Ils furent un instant très inquiets, mais ils se mirent à genoux et appelèrent Dieu à leur secours. Plusieurs grands animaux sauvages se rassemblèrent autour d’eux. Il semblait d’abord qu’il y eût du danger ; mais ces animaux n’étaient pas méchants. Au contraire, ils les regardèrent d’un air amical, et il fut bientôt visible que ces bêtes étaient envoyées pour leur montrer le chemin. Elles regardaient du côté de la montagne, couraient en avant, puis revenaient, comme fait un chien qui veut conduire quelqu’un. Enfin la Sainte Famille suivi des animaux, et arriva à travers les montagnes à une contrée triste et sauvage.

 

Considération

Saint Joseph d’après Dom Guéranger

 

Voici ce que dit de Saint Joseph et de son culte le docte et pieux dom Guéranger, abbé de Solesmes, restaurateur de l’Ordre des Bénédictins en France, dans le dernier volume de son Année liturgique :

« La bonté de Dieu et la fidélité de notre Rédempteur à ses promesses s’unissent toujours plus étroitement de siècle en siècle, pour protéger en ce monde l’étincelle de la vie surnaturelle qu’il doit conserver jusqu’au dernier jour. Dans ce but miséricordieux, une succession non interrompue de secours vient réchauffer, pour ainsi dire, chaque génération et lui apporter un nouveau motif de confiance dans la divine Rédemption. À partir du XIIIe siècle, où le refroidissement du monde commença à se faire sentir, ainsi que l’Eglise nous en rend témoignage, chaque époque a vu s’ouvrir une nouvelle source de grâces. ce fut d‘abord la Fête du Très Saint Sacrement, dont les développements ont produit successivement la procession solennelle, les expositions, les saluts, les quarante heures. Ce fut ensuite la dévotion au Saint Nom de Jésus, dont saint Bernardin de Sienne fut le principal apôtre, et celte du Via Crucis ou Chemin de la Croix, qui produit tant de fruits de componction dans les âmes. Le XVIe siècle vit renaître la fréquente communion, par l’influence principale de saint Ignace de Loyola et de sa Compagnie. Au XVIIe, fut promulgué le culte du Sacré Cœur de Jésus, qui s’établit dans le siècle suivant. Au XIXe, la dévotion à la très Sainte Vierge a pris des accroissements et une importance qui sont un des caractères surnaturels de notre temps. Le saint Rosaire, le saint Scapulaire, que nous avaient légués les âges précédents, ont été remis en honneur ; les pèlerinages en l’honneur de la Mère de Dieu, suspendus par les préjugés jansénistes et rationalistes, ont repris leur cours ; l’Archiconfrérie du Saint Cœur de Marie a étendu ses affiliations dans le monde entier : des prodiges nombreux sont venus récompenser la foi rajeunie ; enfin notre temps a vu le triomphe de l’Immaculée Conception préparé et attendu dans les siècles moins favorisés.

Mais la dévotion envers Marie ne pouvait se développer ainsi sans amener avec elle le culte fervent de Saint Joseph. Marie et Joseph ont une part trop intime dans le divin mystère de l’Incarnation, l‘une comme Mère du Fils de Dieu, l’autre comme gardien de l’honneur de la Vierge et Père nourricier de l’Enfant Dieu, pour que l’on puisse les isoler l’un de l'autre. Une vénération particulière envers saint Joseph a donc été la suite du développement de la piété envers la très Sainte Vierge. Mais la dévotion à l’égard de l’Epoux de Marie n’est pas seulement un juste tribut que nous rendons à ces admirables prérogatives, elle est encore pour nous la source d’un secours nouveau d’une immense étendue qui a été déposé entre les mains de saint Joseph par le Fils de Dieu. Écoutez le langage inspiré de l’Eglise dans la sainte Liturgie : « Ô Joseph, l’honneur des habitants du ciel, l’espoir de notre a vie ici-bas, le soutien de ce monde ! » Quel pouvoir dans un homme ! Mais aussi, cherchez un homme qui ait eu avec le Fils de Dieu des rapports aussi intimes que Joseph. Jésus daigna être soumis à Joseph ici-bas ; au ciel, il tient à honorer Celui dont il voulut emprunter le secours, et à qui il confia son enfance avec l‘honneur de sa Mère. Il n’est donc pas de limites au pouvoir de Saint Joseph, et la sainte Eglise nous invite à recourir avec une confiance absolue à ce tout-puissant Protecteur. Au milieu des agitations terribles auxquelles le monde est en proie, que les fidèles l’invoquent avec foi, et ils seront protégés. En tous les besoins de l’âme et du corps, en toutes les épreuves et les crises que le chrétien peut avoir à traverser, dans l'ordre temporel comme dans l’ordre spirituel, qu’il ait recours à Saint Joseph, et sa confiance ne sera pas trompée. Le roi d'Egypte disait à ses peuples affamés : « Allez à Joseph ». Le Roi du ciel nous fait la même invitation, et le fidèle gardien de Marie a plus de crédit auprès de lui que le fils de Jacob, intendant des greniers de Memphis, n’en eut auprès de Pharaon.

La révélation de ce nouveau refuge préparé pour les derniers temps a été d’abord communiquée, selon l’usage que Dieu garde pour l’ordinaire, à des âmes privilégiées auxquelles elle était confiée comme un germe précieux ; ainsi en fut-il pour l‘institution de la Fête du saint Sacrement, pour celle du Sacré Cœur de Jésus-et pour d’autres encore. Au XVIe siècle, sainte Thérèse, dont les écrits étaient appelés à se répandre dans le monde entier, reçut dans un degré supérieur les communications divines à ce sujet, et elle consigna. ses sentiments et ses désirs dans sa Vie, écrite par elle-même. On ne s’étonnera pas que Dieu ait choisi la réformatrice du Carmel pour la propagation du culte de Saint Joseph, quand on se rappellera que ce fut par l’influence de l’Ordre des Carmes, introduit en Occident au XIIIe siècle, que ce culte s'établit d‘abord dans nos contrées. Voués depuis tant de siècles à la religion envers Marie, les solitaires du Mont Carmel avaient découvert avant d’autres le lien qui rattache les bonheurs auxquels a droit la Mère de Dieu à ceux qui sont dus à son virginal Epoux. Sur cette terre où s’est accompli le divin mystère de l’Incarnation, l’œil du fidèle plonge plus avant dans ses augustes profondeurs. Entouré de tant de souvenirs ineffables, le chrétien arrive plus promptement a comprendre que le Fils de Dieu prenant la nature humaine, s’il lui fallait une Mère, il fallait à cette Mère un protecteur ; en un mot, que Jésus, Marie et Joseph forment, à des degrés divers, l’ensemble de relations et d‘harmonies sous lesquelles l’ineffable mystère devait se produire sur la terre... Et Pie IX, à la veille des grandes tribulations de l‘Eglise, par un instinct surnaturel, a voulu appeler au secours du troupeau qui lui est confié le puissant Protecteur qui n’a jamais eu tant de maux à combattre, ni tant de fléaux a détourner.

Mettons donc désormais notre confiance dans le pouvoir de l’auguste Père du peuple chrétien, Joseph, sur qui tant de grandeurs n’ont été accumulées qu’afin qu’il répandit sur nous, dans une mesure plus abondante que les autres saints, les influences du divin mystère de l’Incarnation, dont il a été, après Marie, le principal ministre sur la terre ».

 

Pratique

Saintes Conventions

 

Le secret de cette pratique, nous dit le Père Huguet, consiste à déclarer à nos saints de prédilection que, quand nous produirons certains signes extérieurs, comme des génuflexions ou des inclinations de tête devant leurs images, certaines paroles, des mouvements de cœur, ou autres choses semblables, à leur endroit, nous aurons l’intention de leur rendre tel ou tel honneur, ou de leur dire telle ou telle autre chose, en les priant que chaque fois que nous produirons ces signes avec l’intention déjà formulée, ils tiennent pour fait ou pour dit ce que notre faiblesse ne nous permet pas de faire ou de dire actuellement, comme nous le désirons de tout notre cœur.

Quoique nous n’ayons pas leur consentement ou leur agrément exprès sur ces pratiques, il est certain néanmoins que les bienheureux ont pour agréables ces actes de piété en leur honneur, qu’ils exaucent nos bons désirs, et secondent nos intentions en nous obtenant ce que nous leur demandons. Mais si cette doctrine s’applique à tous les saints, elle s’applique bien d’avantage à saint Joseph, à qui Dieu a accordé une puissance de médiation à laquelle ne peut être comparée celle des autres saints. Arrêtons donc avec lui de ces pieuses conventions qui lui seront si agréables, et qui, sous tous les rapports, nous seront si utiles à nous-mêmes.

Et, pour rendre plus sacrées ces saintes conventions, choisissons un jour de fête pour lui en faire, après une fervente communion, la déclaration solennelle, en présence de Jésus-Christ, son Fils adoptif, que nous posséderons dans notre cœur, de la bienheureuse Vierge Marie, son épouse immaculée, et de tous les Saints du Paradis qui se réjouiront en nous voyant nous engager ainsi avec celui à qui le Père éternel, le Roi de gloire, et la Reine Mère de Dieu, ont rendu et rendront à jamais des honneurs plus éclatants et plus doux que toutes nos dévotions.

 

Prière

Tirée de Dom Guéranger

 

Père et protecteur des fidèles, glorieux Joseph, nous bénissons notre mère la Sainte Eglise, qui, dans ce déclin du monde, nous a appris à espérer en vous. De longs siècles se sont écoulés sans que vos grandeurs fussent encore manifestées ; mais vous n’en étiez pas moins au ciel l’un des plus puissants intercesseurs du genre humain. Chef de la Sainte Famille dont un Dieu est membre, vous poursuiviez votre ministère paternel à notre égard. Votre action cachée se faisait sentir pour le salut des peuples et des particuliers ; mais la terre éprouvait vos bienfaits sans avoir encore institué, pour les reconnaître, les hommages qu’elle vous offre aujourd’hui. Une connaissance plus étendue de vos grandeurs et de votre pouvoir, ainsi que la proclamation de votre protectorat sur tous nos besoins, était réservée à ces temps malheureux où l’état du monde aux abois appelle des secours qui ne furent pas révélés aux âges précédents. Nous venons donc à vos pieds, ô Joseph ! Afin de rendre hommage en vous, à votre puissance d’intercession qui ne connaît pas de limites, à une bonté qui embrasse dans une même adoption tous les frères de Jésus et les enfants de Marie.

Mais en notre qualité de frères de Jésus et d’enfants de Marie, nous sommes aussi vos enfants, ô Joseph. Soyez alors notre bon père, et daignez accepter nos instances que la sainte Eglise. encourage et qui montent vers vous plus pressantes que jamais. En ces temps où les saints manquent et où les vérités sont diminuées, nous savons qu’il vous faut peser de tout le poids de vos mérites, pour que le plateau de la divine balance n’incline pas du côté de la justice. Daignez, ô Protecteur universel, ne pas vous lasser dans ce labeur : l’Eglise de votre Fils adoptif vous en supplie aujourd’hui. Le sol miné par la liberté effrénée de l’erreur et du mal est, à chaque instant, sous le point de fondre sous ses pieds. Ne vous reposez pas un instant, et, par votre intervention paternelle, hâtez-vous de lui préparer une situation plus calme. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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22 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Vingt-troisième jour

Départ pour l’Égypte

 

Mais que les joies de la terre, même les plus saintes, sont de courte durée ! Déjà Jésus, Marie et Joseph ne sont plus a Nazareth. La veille du jour où nous sommes arrivés, saint Joseph était revenu de bonne heure de la maison de Sainte Anne. Celle-ci et sa fille aînée étaient encore à Nazareth. A peine étaient elles allées se reposer, que l’Ange avertit Joseph. Marie et l’Enfant Jésus avaient leur chambre a coucher à droite du foyer ; Sainte Anne, a gauche ; la fille aînée de celle-ci, entre la chambre de sa mère et celle de Saint Joseph. Ces différentes pièces étaient séparées par des cloisons en branches d’arbres tressées ; elles étaient aussi couvertes par en haut avec un clayonnage de même espèce. Le lit de Marie était en outre séparé du reste de la chambre par une sorte de paravent. L’Enfant Jésus couchait à ses pieds sur un tapis: quand elle se levait, elle pouvait le prendre sans difficulté.

Saint Joseph dormait dans sa chambre, couché sur le côté, la tête appuyée sur son bras, quand un jeune homme, resplendissant de lumière, s’approcha de sa couche et lui parla. Joseph se releva ; mais il était accablé de sommeil, et il se recoucha. Le jeune homme le prit alors par la main, et Joseph se réveilla tout a fait et se leva. Le jeune homme disparut. Joseph alla allumer sa lampe à celle qui était devant le foyer, au milieu de la maison. Il frappa à la porte de la sainte Vierge, et demanda si elle pouvait le recevoir. Après quoi il entra et parla à Marie, qui n’ouvrit pas le rideau placé devant elle. Puis il alla dans l’écurie où était son âne, et entra dans une chambre où étaient divers effets. Il faisait les préparatifs pour le départ.

Quand saint Joseph ont quitté la sainte Vierge, elle se leva et s’habiller pour le voyage. Elle alla ensuite trouver sa mère et lui fit connaître l’ordre donné par Dieu. Alors Sainte Anne se leva aussi, ainsi que Marie d’Héli et son fils. Ils laissèrent l'Enfant Jésus reposer encore. La volonté de Dieu était au-dessus de tout pour ces saintes personnes : quelque affliction qu’elles eussent dans le cœur, elles disposèrent tout pour le voyage, avant de se livrer à la tristesse des, adieux. Marie ne prit pas, à beaucoup près, tout ce qu’elle avait apporté de Bethléem. Elles firent un paquet de médiocre grosseur avec ce que Joseph avait préparé, et y joignirent quelques couvertures. Tout se fit avec calme et très promptement, comme lorsqu’on vient d’être réveillé pour partir secrètement.

Puis Marie alla chercher l’Enfant, et son empressement fut tel, qu’on ne la vit pas le changer de langes. Le moment des adieux était arrivé, et l’on ne put dire combien amère était l’affliction de Sainte Anne et celle de sa fille aînée. Elles pressèrent en pleurant l’Enfant Jésus contre leur cœur, et le petit garçon lui-même le couvrit de baisers. Sainte Anne embrassa à plusieurs reprises la Sainte Vierge, pleurant amèrement, comme si elle ne devait plus la revoir. Marie d’Héli se jeta par terre et versa des larmes abondantes.

Il n’était pas encore minuit lorsqu’ils quittèrent la maison. Anne et Marie d’Héli accompagnèrent la sainte Vierge à pied pendant quelque temps. Saint Joseph venait derrière avec l’âne. On allait dans la direction de la maison de Sainte Anne ; seulement on la laissait un peu à droite. Marie portait dans ses bras l’Enfant Jésus, soigneusement emmailloté, et retenu par un grand linge noué autour du cou de sa mère. Elle avait un long manteau qui l'enveloppait ainsi que l’Enfant, et un grand voile carré, ramassé par derrière autour de la tête, mais qui retombait à longs plis sur les côtés. Elles avaient fait un peu de chemin, lorsque saint Joseph les rejoignit avec l’âne sur lequel étaient attachées une entre pleine d’eau et une corbeille où se trouvaient plusieurs objets, des petits pains, des oiseaux vivants et une petite cruche. Le petit bagage des voyageurs et quelques couvertures étaient empaquetés autour du siège, placé en travers, qui avait une planchette pour les pieds. Elles s’embrassèrent encore en pleurant ; Sainte Anne bénit la Sainte Vierge, et celle-ci monta sur l’âne que Joseph conduisait et se mit en route.

Enfin, ce matin, de bonne heure, Marie d‘Héli alla chez Sainte Anne avec son petit garçon, et pria son beau-père de se rendre à Nazareth avec un de ses serviteurs ; après quoi, elle retourna chez elle. Puis Sainte Anne rangea tout dans la maison de Joseph et empaqueta beaucoup de choses. Le matin, il vint deux hommes de la maison de Sainte Anne : l’un d‘eux ne portait sur lui qu’une peau de mouton et avait des sandales grossières assujetties avec des courroies autour des jambes ; l’autre avait un vêtement plus long. Celui-ci était, sans nul doute, le mari actuel de Sainte Anne. Ils aidèrent à tout mettre en ordre dans la maison de Joseph, à empaqueter tout ce qui pouvait être retiré, et à le porter dans la maison de Sainte Anne.

 

Considération

Saint Joseph d’après le Père Faber

 

Le Père Faber, mort en 1864, supérieur de l’Oratoire de Londres, fut un de ces nombreux ministres anglicans qui, en 1845, amenés par leurs seules études à reconnaître la vérité, surent faire tous les sacrifices pour suivre la voix de leur conscience, en abandonnant le schisme et rentrant dans le sein de l‘Eglise. Une des dévotions les plus chères au Père Faber, après sa conversion, était celle à Saint Joseph. Il le priait tous les jours avec autant de ferveur que de confiance; il ne manquait aucune occasion d‘en parler dans ses discours et dans ses ouvrages ; il exhortait à recourir à lui en pleine confiance tous ceux qu'il dirigeait.

« Marie, disait-il, doit être le premier objet de notre dévotion, Joseph le second ».

« Marie et Joseph, disait-il encore, sont d’une sainteté si sublime, qu’elle est capable de ravir d’admiration toutes les créatures, non-seulement jusqu’à la fin des temps, mais dans l’éternité ».

Nous regrettons de ne pouvoir donner ici que quelques lignes des admirables pages qu’il a consacrées au saint Patriarche dans ses deux ouvrages: Le saint Sacrement, et Bethléem ou le Mystère de la sainte Enfance.

« Qui peut douter, dit-il, dans le premier de ces ouvrages, que tout n’ait été disposé, dans la personne de saint Joseph, de manière à être une préparation digne de la haute dignité que Dieu devait lui conférer ? Qui peut douter que tout n’ait tendu à le former et à lui donner la consécration qui convenait au Père nourricier du Verbe fait chair ?…

Non seulement saint Joseph semble nous représenter tous à Bethléem, en Egypte, dans le désert et à Nazareth, mais il y est encore comme l’ombre du Père éternel. C’est là ce qui constitue la sublimité de sa dignité. L’incommunicable et a jamais bénie paternité de Dieu lui est communiquée d’une manière figurative. Il est le Père nourricier de Jésus ; aux yeux du monde extérieur, il passe pour son véritable père. Il en exerce l’autorité, et remplit envers lui tous les devoirs de l’affection et de la sollicitude paternelles. Que dis-je ? Dans sa nature humaine, Notre Seigneur est subordonné à saint Joseph, lui qui, dans sa nature divine, ne pouvait jamais être subordonné au Père éternel. Les ineffables trésors de Dieu, Jésus et Marie, sont confiés à la garde de saint Joseph ; et lui-même est un trésor en même temps qu’il est le gardien des trésors de Dieu. Il occupe une place dans le plan de la Rédemption. Comme Jésus et comme Marie, il a ses types, ses précurseurs et ses prophéties dans l’Ancien Testament. Il prête son concours a Dieu pour tenir secret le mystère de l'Incarnation ; et en sa qualité de représentant du Père éternel, il nous rappelle constamment, dans son ministère auprès de l’Enfant Jésus, le souvenir de sa divinité...

Quoi d’étonnant donc dans ce que les théologiens nous rapportent touchant les grâces nombreuses et les dons précieux dont il a été orné ? Est-il surprenant que les fidèles croient que pour lui, le moment de la résurrection des justes fut anticipé, qu’il fut un de ceux qui parcoururent les rues de Jérusalem le jour de Pâques avec leur corps ressuscité, et qu’il monta ainsi dans les cieux, le jour de l’Ascension, à la suite de Notre seigneur ? »

Et maintenant, si nous ouvrons « Bethléem ou le Mystère de la Sainte Enfance », voici ce que nous y lisons entre autres choses non moins édifiantes assurément :

« Après Marie, Joseph s’approche aussi pour adorer l’Enfant Dieu.... Joseph, le plus caché de tous les saints de Dieu, et enveloppé dans les nuages mêmes et les ombres qui environnent la source incréée de la Divinité. Son âme est un abîme de grâces sans nom ; de grâces plus profondes que celles d’où jaillissent les vertus ordinaires. Il ne nous est pas possible de donner un nom au caractère de sa sainteté. Nous ne pouvons le comparer avec aucun autre des saints de Dieu. De même que son office était unique, de même sa grâce a été toute spéciale ; elle a suivi ce qu’il y avait de particulier dans son office ; elle a été aussi unique. Joseph a été pour Marie parmi les hommes ce que Gabriel était pour elle parmi les Anges ; mais il a été plus rapproché d’elle que Gabriel, car Joseph était de la même nature que Marie. Il a donc été pour elle, après Bethléem, ce que saint Jean a été après le Calvaire, de sorte que, probablement, s’il nous était possible de l’apercevoir, nous concevrions une certaine analogie entre sa sainteté et celle du disciple bien-aimé. Mais sa sanctification est cachée dans l’obscurité. Il est probable qu’il a reçu le don de la justice originelle, comme Saint Jean-Baptiste. Ce qui est certain, c’est qu’il a été un vaisseau de la prédilection divine, prédestiné de toute éternité à un office particulier et incomparablement sublime, et revêtu des grâces les plus magnifiques destinées,à le rendre digne de cet office. Car quelque merveilleux que fût son office à l’égard de Marie, l’office qu’il avait à remplir à l’égard de Jésus était encore de beaucoup supérieur, à moins peut-être que l’on ne dise, ce qui est plus vrai, que le premier n’était qu’une partie du second…

Joseph, saisi de respect, s’approche de Jésus qui vient de naître, afin de l’adorer avant de lui commander. Son âme se remplit silencieusement d’amour, et volontiers sa vie se briserait et s’écoulerait sur la terre de la grotte, aux pieds de l’Enfant, comme elle le fit plus tard sur ses genoux ; mais le temps n’était pas encore venu, et l’Enfant le sanctifia de nouveau ; il le revêtit d’une force pleine de calme et d’une douceur pleine de force, et l’éleva à une sphère plus élevée de sainteté et d’ineffable grâce, afin qu’il pût être le supérieur officiel de son Dieu... »

 

Pratique

Missives à Saint Joseph

 

Qu’entend-on par Missives à Saint Joseph ? L’on entend par Missives à Saint Joseph des lettres qu’on lui écrit et lui adresse comme on ferait à un père, à un bienfaiteur, à un protecteur, dont on réclamerait les bonnes grâces, la faveur, la protection. Sans doute qu’on ne les lui enverra pas par la poste, mais on les lui fera parvenir en les déposant devant son image, au pied de sa statue, sur son autel. Par cette acte de vraie foi, d’amoureuse confiance, de reconnaissance de sa bonté pour les hommes et de sa puissance auprès de Dieu, nous semblons mettre le saint Patriarche en demeure de nous accorder l’effet de nos demandes. Et ces missives deviennent ainsi de vraies suppliques, qui, comme dit Saint Léonard de Port Maurice, sont d’abord présentées à Saint Joseph, Saint Joseph les remet ensuite à Marie, qui les soumet à son tour, à Jésus. Et Jésus, après avoir entériné ces suppliques, en remet les rescrits à Marie, qui les rend à Joseph peur sortir tout leur effet.

On rapporte du Père Louis Lallemand que, pendant qu‘il était recteur au collège de Bourges, la Fête de Saint Joseph approchant, il manda les Pères Paul Bagueneau et Jacques Nouet, qui y étaient régents des basses classes, et leur promit de leur faire obtenir, par l’intercession de ce grand Saint, tout ce qu’ils demanderaient, s‘ils voulaient exhorter leurs écoliers à lui être dévots, et à faire quelque chose d’extraordinaire pour le jour de sa Fête. Les deux jeunes régents s’y engagèrent et firent communier ce jour là tous leurs écoliers. Puis, ils allèrent proposer au Père recteur chacun ce qu’ils souhaitaient que saint Joseph leur obtint. Le Père Nouet demanda la grâce de parler et d’écrire dignement de Notre Seigneur. Mais le lendemain étant allé trouver le Père Lallemand pour lui dire qu’après y avoir bien pensé, il avait envie de demander une autre grâce qu’il croyait plus utile pour sa perfection, le Père lui répondit qu’il n’était plus temps de demander une autre grâce, parce que la première lui avait déjà été accordée, et qu’il ne s’était engagé que pour celle-ci.

Adressons, écrivons, envoyons des missives à saint Joseph avec la même Foi et la même confiance, et, comme ces saints religieux, nous ne tarderons pas à obtenir l’effet de nos demandes.

 

Prière pour la délivrance des âmes du Purgatoire

 

Bienheureux Saint Joseph, vous à qui Dieu a accordé de causer tant de joie dans les Limbes, lorsque votre sainte âme y est descendue, après votre bienheureuse mort, pour annoncer aux justes de l’ancienne loi, qui y étaient retenus, que l’œuvre de la Rédemption allait enfin se consommer, et que bientôt l’heure de la délivrance sonnerait pour eux ; vous a qui Jésus, dans le ciel où vous régnez maintenant avec lui au sein d‘une gloire incomparable, et donné, comme à Marie, tenté puissance dans le ciel, sur la terre et dans les enfers, non-seulement pour réfréner les démons, mais encore pour pouvoir secourir les pauvres âmes du Purgatoire ; vous si compatissant et si bon peur les affligés, les malheureux, ceux qui sont dans les gémissements et les larmes, daignez, nous vous en conjurons, faire ressentir les effets de votre puissante protection aux âmes si souffrantes du Purgatoire et particulièrement à l’âme de N. (mettre ici des noms) qui m’est singulièrement chère…

Vous savez bien mieux que nous, bon saint Joseph, combien elles souffrent, ces pauvres âmes, combien il leur tarde de voir arriver le jour de leur délivrance, combien elles ont hâte d’être admises dans le séjour du rafraîchissement, de la lumière et de l’éternelle paix. Avec toute votre puissance et votre bonté, venez donc au plus tôt à leur secours. Elles sont dans les flammes, apaisez-en les ardeurs ; elles sont dans les ténèbres, faites luire sur elles la lumière qui réjouit et console ; elles sont dans d‘indicibles tourments, apportez-leur tout le soulagement qui est en votre pouvoir. Elles ne savent, ô cruelle incertitude ! quand finiront ces terribles expiations ; obtenez-leur de Jésus, par Marie, leur entière amnistie. Puis, venez leur annoncer, comme vous le fîtes autrefois aux Limbes, que la justice divine est enfin satisfaite, et que vous venez les chercher pour les introduire dans le saint Paradis, où elles seront si heureuses de chanter éternellement les miséricordes de Jésus, les bontés de Marie, et la puissance de votre médiation.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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21 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Vingt-deuxième jour

Rentrée à Nazareth

 

Cependant la sainte Famille arriva, le soir même de la Purification, à la maison d’Anne, à une demi-lieue de Nazareth, du côté de la vallée de Zabulon. L’on y fit une petite fête de famille du genre de celle qui avait en lieu lors du départ de Marie pour le Temple. Joachim ne vivait plus, et le second mari d’Anne était le maître de la maison. La fille aînée d’Anne, Marie d‘Héli, était présente. L’âne était déchargé, et l’on voulait rester ici un certain temps. Tous accueillirent l‘Enfant-Jésus avec une grande joie ; mais cette joie était grave et retenue. En général, l’on ne vit jamais rien de très-passionné chez tous ces saints personnages. Il y avait aussi là de vieux prêtres. On fit un petit festin. Les femmes mangèrent, comme toujours, séparées des hommes.

Quelques jours après, la sainte Famille était encore chez Anne. Il s’y trouva aussi plusieurs femmes : la fille aînée d‘Anne, Marie d’Héli, avec sa fille ; Marie de Cléophas ; puis une femme du pays d'Elisabeth, et la servante qui s’était trouvée près de Marie à Bethléem. Cette servante, après avoir perdu son mari, qui ne s’était pas bien conduit envers elle, n’avait pas voulu se remarier : elle était venue à Jutta, chez Elisabeth, où Marie l‘avait connue lors de sa visite à sa cousine ; de là, cette veuve était venue chez Anne. L’un de ces jours aussi, Saint Joseph fit plusieurs paquets chez Anne et alla avec la servante à Nazareth, précédant des ânes qui étaient au nombre de deux ou de trois. Il y fut bientôt suivi de la sainte Vierge, qui y vint, accompagnée de sa mère, et portant l’Enfant Jésus dans ses bras. Le chemin qu’elle parcourut était très agréable ; il avait environ une demi4ieue de long, et passait entre des collines et des jardins.

Anne envoie aussi des aliments à Joseph et à Marie dans leur maison de Nazareth. Et combien tout est touchant dans la Sainte Famille ! Marie est comme une mère et en même temps comme la servante la plus soumise du Saint Enfant ; elle est aussi comme la servante de Saint Joseph. Joseph est vis-à-vis d‘elle comme l’ami le plus dévoué et comme le serviteur le plus humble. Ce qui touchait encore, c’était de voir la sainte Vierge remuer et retourner le petit Jésus comme un enfant qui ne peut s’aider lui-même. Quand en songe que c’est le Dieu de Miséricorde qui a créé le monde, et qui, par amour pour nous, se laisse ainsi mouvoir en tous sens, combien on est douloureusement affecté de la dureté, de la froideur et de l’égoïsme des hommes !

Rentrée à Nazareth, la sainte Vierge s’y occupait à tricoter on a faire au crochet de petites robes. Elle avait un rouleau de laine assujetti à la hanche droite, et dans les mains deux petits bâtons en es, avec de petits crochets à l‘extrémité. L’un d’eux pouvait être long d’une demi-aune, l’autre était plus court. Elle travaillait ainsi debout ou assise près de l’Enfant Jésus, qui était couché dans un petit berceau d’osier.

Pour saint Joseph, il tressait différents objets, comme des cloisons et des espèces de planchers pour les chambres, avec de longues bandes d’écorce jaunes, brunes et vertes. Il avait une provision d’objets de ce genre, placés les uns sur les autres dans un hangar près de la maison. Il semblait ne pas prévoir qu‘il lui faudrait bientôt s’enfuir en Egypte. Sainte Anne, de son côté, venait presque tous les jours de sa maison, située à peu près à une lieue de là. Elle était souvent accompagnée de sa servante, que l’on vit un jour entre autres le paquet sur l’épaule, une corbeille sur la tête et une autre a la main. C’étaient des corbeilles rondes, dont l’une était à jour. Il y avait dedans des oiseaux. Elles portaient des aliments à Marie, car celle-ci n’avait pas de ménage, et recevait tout de chez sa mère.

Dans les derniers jours de février, sainte Anne et sa fille aînée se trouvent encore chez la sainte Vierge. Marie d’Héli avait avec elle un petit garçon fort robuste, de quatre ou cinq ans : c’était son petit-fils, le fils aîné de sa fille, Marie de Cléophas. Joseph était allé à la maison de Sainte Anne. Pendant son absence, les femmes sont assises ensemble, causant familièrement, jouant avec l’Enfant Jésus, l'embrassant et le mettant dans les bras du petit garçon, et l‘on se disait : « Les femmes sont pourtant toujours les mêmes ! » Tout cela se passait, en effet, comme de nos jours.

Marie d’Héli demeurait dans un petit endroit, à environ trois lieues de Nazareth, du côté du levant. Sa maison était presque aussi bien arrangée que celle de Sainte Anne. Elle avait une cour entourée de murs, avec un puits à pompe. Quand on mettait le pied sur un certain endroit, l’eau jaillissait en haut et tombait dans un bassin de pierre. Son mari s’appelait Cléophas ; sa fille, Marie de Cléophas, mariée à Alphée, demeurait à l’autre bout du village.

Un soir, les femmes prièrent ensemble. Elles se tenaient devant une petite table placée contre le mur, et sur laquelle était une couverture rouge et blanche. Sur cette table était un rouleau que la sainte Vierge déroula dans le sens de sa longueur et fixa à la muraille. Il y avait dessus une figure brodée, de couleur pâle : elle ressemblait à un mort, enveloppé, comme un enfant au maillot, dans un long manteau blanchâtre qui était relevé sur la tête ; elle tenait quelque chose à la main. L‘on avait déjà vu cette figure lors de la cérémonie qui eut lieu dans la maison d’Anne quand Marie fut conduite au Temple. La lampe était allumée pendant la prière. Marie était debout devant sainte Anne, et sa sœur près d’elle. Elles croisaient les mains sur la poitrine, les joignaient et les étendaient. Marie lut dans un rouleau placé devant elle, et elles récitèrent leurs prières sur un ton et un rythme qui rappelaient la psalmodie du chœur aux monastères et aux couvents.

 

Considération

Saint Joseph d’après Mgr de Beauvais

 

Mgr Gignoux, évêque de Beauvais, avait pris pour sujet de son Mandement de Carême 1863 le Culte de saint Joseph, et n‘en parlait ni autrement ni moins éloquemment que Mgr Angebault. Nous ne pouvons qu’abréger.

« Il semble, disait-il dès cette époque, que c’est de nos jours que le culte de saint Joseph est appelé à se répandre et a devenir vraiment populaire. Mais admirons ici la merveilleuse sagesse de l’Eglise notre mère. À l’incrédulité froide et railleuse du dernier siècle, elle opposait la dévotion affectueuse et compatissante envers le Cœur adorable de Jésus. Aux négations audacieuses de notre temps touchant la chute originelle, à cette tendance qui s’efforce de réhabiliter les instincts les plus grossiers de notre chair coupable, elle opposait naguère, aux applaudissements du monde Catholique, le dogme de l’Immaculée Conception de Marie, qui est à lui seul un trésor des plus précieux enseignements. Et voilà qu’à la vue d‘une génération avide de lucre et de plaisir, ne travaillant que pour jouir, faisant parade de tout, même de sa bassesse, elle va prendre dans son obscur atelier de Nazareth Joseph, l’homme juste, chaste, dévoué, désintéressé, laborieux, modeste, pauvre et soumis, et elle nous le présente en disant : « Voyez, et instruisez-vous ». À peine élevé sur le trône de saint Pierre, Pie IX, chef et organe de l‘Eglise, ordonnait que, dans tout l’univers, la Fête du Patronage de saint Joseph fût célébrée le troisième Dimanche après Pâques, afin que les fidèles retenus par leurs travaux le 19 mars, Fête principale de notre saint Patron, puissent plus facilement invoquer son assistance et étudier ses vertus dans un jour consacré au Seigneur. Dernièrement encore, cet illustre Pontife, entouré de trois cents Evêques et élevant la voix en présence du monde entier, recommandait, dans son immortelle allocution, l’Eglise catholique et ses immenses besoins à la puissante intercession de saint Joseph...

Entre les deux Testaments, dit plus bas l'illustre zélateur de saint Joseph en parlant de son excellence, quand l’ancienne loi va finir et la loi d’amour commencer, s’élève une figure simple, douce, grave et majestueuse. Saint Joseph nous apparaît comme le trait d’union qui relie l’ancien monde et le nouveau. Il clôt la série des Patriarches et ouvre la longue et admirable série des Bienheureux enfantés par l’Evangile. Mais en lui, quel mélange de simplicité et de grandeur ! Il est le fils des rois de Juda, le sang de David coule dans ses veines ; et pourtant ce n’est qu’un pauvre artisan, gagnant à la sueur de son front le pain de chaque jour. Témoin des plus ravissants mystères, confident du Très-Haut, instruit directement par le ministère des Anges, associé aux desseins de Dieu pour la rédemption du genre humain, saint Joseph contemple en silence ces grandes choses ; il s’enveloppe dans une obscurité volontaire et se tait, laissant à ceux qui en seront chargés le soin d’annoncer au monde les merveilles de Dieu... Sa mission, à lui, est de servir de voile à la maternité virginale de Marie et à l’incarnation du Verbe, afin de tenir ces mystères cachés jusqu’au jour fixé par la volonté du Seigneur. Il semble n‘être placé au troisième plan de ce ravissant tableau que pour faire ressortir plus vivement les traits adorables de Jésus-Christ et la douce figure de la très Sainte Vierge. Le Père éternel lui a délégué une paternité véritable sur son divin Fils ; il l’a honoré comme jamais ne le fut un mortel ; il l’a placé à une telle hauteur, qu’après la dignité de l’auguste Marie, il n’est pas de grandeur comparable à la sienne... »

Après quoi le pieux Prélat exalte avec une grande éloquence de cœur l’éminente justice de saint Joseph et sa double qualité d'Epoux de Marié et de Père adoptif de Jésus, et ajoute en s’appuyant Sur les témoignages de Gerson, de saint Bernardin de Sienne et du Docteur angélique :

« D’après ce que nous venons de dire, jugez du crédit dont jouit auprès de Dieu le chaste Epoux de Marie, le Père adoptif du Sauveur, le chef de la sainte Famille, aujourd’hui qu’il règne dans la gloire. Les martyrs prient par leurs plaies, les élus de tout genre parles sacrifices et les vertus de leur vie mortelle ; Marie, au témoignage de saint Bernard, par le sein qui allaita le Sauveur et par les entrailles qui le portèrent ; saint Joseph, indépendamment des mérites accumulés durant une vie passée auprès du Fils de Dieu, ne peut-il pas élever vers lui ses mains durcies au travail pour le nourrir et pourvoir à sa subsistance ? Ne peut-il pas lui montrer cette poitrine sur laquelle sa divine enfance goûta si souvent les douceurs du repos ? Ne peut-il pas, afin d’enrichir notre indigence, nous distribuer les grâces dont l’auguste Marie, son épouse, est dépositaire ?…

La bonté, d’ailleurs, de saint Joseph pour les hommes égale sa puissance. Pour avoir reposé quelques instants sa tête sur la poitrine du Sauveur, saint Jean est devenu l'apôtre de la dilection. Quels trésors de charité saint Joseph n’aura-t-il pas puisés dans ses rapports intimes avec le divin Maître, lui qui si souvent le porta dans ses bras, le serra contre sa poitrine ; lui qui reçut ses filiales caresses et lui prodigua les témoignages de son paternel amour ! Le Cœur de Jésus-Christ, cœur aimant jusqu’à l’infini, s’épancha dans celui de saint Joseph et lui communiqua pour la pauvre humanité cette indulgence, cette miséricorde dont il surabonde lui-même.

De son côté, la divine Marie, dont nous sommes les enfants d’adoption et qui nous a aimés au point de nous donner son Fils unique, a fait partager à son saint Epoux ses sentiments de mère à notre égard. Saint Joseph est vraiment un père pour tous ceux qui l’invoquent. Autant il est grand devant Dieu, autant il est compatissant à nos misères...

Mais puisque saint Joseph, dit-il en terminant, est le favori du Roi du Ciel, le dispensateur de ses richesses ; puisque sa bonté pour nous est si paternelle, venez à lui, prêtres du Seigneur, vierges consacrées à Dieu, braves ouvriers, pauvres pécheurs, chrétiens de tous les âges et de toutes les conditions, pour lui demander surtout une bonne mort ».

 

Pratique

Cierges en l'honneur de saint Joseph

 

Il en est des cierges comme des lampes. S’ils sont d’antique usage dans l’Eglise, c’est qu’ils sont une manière d’honorer Dieu, devant lequel ces cierges, en se consumant, prennent pour ainsi dire notre place et lui expriment le désir que nous avons de nous consumer pour son amour et pour sa gloire. Ainsi en est-il, toute proportion gardée, des cierges que nous mettons brûler devant les images ou les statues des Saints. C’est une manière de les invoquer, de les implorer, de nous rappeler plus spécialement à leur souvenir. Ces cierges prient pour nous, parlent pour nous, intercèdent pour nous. Et c’est pour cela, sans nul doute, que, d’instinct chrétiennement préconçu, les fidèles de tous les temps et de tous les lieux ont en recours à ces cierges pour faire intervenir plus efficacement la médiation des Saints en leur faveur dans leurs nécessités plus pressantes.

Apportons donc, tous tant que nous sommes, dans toutes les nécessités qui peuvent nous survenir, après comme avant les grâces reçues, de ces cierges aux autels du bon, du tout puissant Saint Joseph. Outre les autres avantages attachés à ces offrandes, les petits sacrifices d’argent qu’elles nous occasionneront toucheront son cœur et le disposeront favorablement à notre égard. Ne dit-on pas quelquefois qu'à l’occasion de telle ou telle faveur obtenue, telle personne lui doit vraiment un beau cierge ? Et cependant, si l’on est empressé de lui apporter le cierge de la demande, n’oublie-bon pas trop souvent de lui apporter le cierge de la reconnaissance ? Non, n’y manquons pas, quand ce ne serait qu’en nous rappelant que la reconnaissance est le meilleur moyen d’obtenir une autre fois de nouveaux bienfaits.

Ne dit-on pas encore que, dans ses fêtes, c’est par milliers que les fidèles apportent leurs cierges dans ses sanctuaires, et particulièrement à son autel de Notre Dame des Victoires, à Paris ? Dans ces jours, apportons au moins les nôtres à l’autel de saint Joseph qui se trouve dans notre église paroissiale.

 

Prière aux diverses fins de l’Archiconfrérie de Beauvais

 

Digne et saint gardien de l’Enfant Dieu, vous qui avez veillé sur ses jours avec tant de sollicitude et l'avez soustrait au glaive du cruel Hérode, couvrez de votre plus tendre et plus puissante protection l’Eglise notre mère, cette sainte Epouse que Jésus-Christ s’est choisie, qu‘il s‘est acquise par son sang, qu’il conduit de son esprit et qu’il s’unira éternellement dans sa gloire. Veillez sur son auguste chef, le Souverain Pontife ; assistez-le de votre puissance, fortifiez-le des consolations célestes, dissipez ses ennemis. Éloignez le sanglier dévastateur de la vigne du Seigneur. Changez les loups ravisseurs en brebis fidèles. Faites luire le soleil de justice sur les nations encore assises dans les ténèbres et à l’ombre de la mort. Convertissez les pauvres pécheurs en renversant les idoles auxquelles ils prostituent leur cœur. Rendez la vue à tant d‘aveugles qui ferment les yeux aux vérités divines et aux espérances éternelles. Rendez l’ouïe à ceux qui restent sourds aux menaces de la colère de Dieu. Redressez ceux qui boitent dans les voies de la justice et de la vertu. Comblez de vos bénédictions et de vos grâces ceux de vos serviteurs qui ont mis en vous leur confiance, et que, par vous, au dernier jour, nous soit propice Celui qui vous a honoré du titre de Père et prononcera en souverain juge sur nos destinées éternelles. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

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20 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Vingt-et-unième jour

Purification

 

Mais les jours de la Purification de Marie et de la Présentation de l’Enfant au Seigneur vont s’accomplir, et les saints parents de Jésus suivent lentement la route, assez courte, du reste, qui va de Bethléem à Jérusalem. Ils y mettent beaucoup de temps et s’arrêtent souvent. À midi, ils arrivent près d’un puits recouvert d‘un toit et se reposent sur des bancs qui l’entourent. Là, deux femmes viennent près de la sainte Vierge et lui apportent deux petites cruches avec du baume et des petits pains.

L’offrande de la Sainte Vierge pour le Temple était dans une corbeille suspendue aux flancs de l’âne. Cette corbeille avait trois compartiments, dont deux étaient recouverts et contenaient des fruits. Le troisième formait une cage a jour où l’on voyait deux colombes.

Vers le soir, à environ un quart de lieue en avant de Jérusalem, ils arrivent à une petite hôtellerie tenue par deux vieux époux sans enfants, qui les reçurent très affectueusement. C’étaient des Esséniens, parents de Jeanne Chusa. Le mari s’occupait de jardinage, taillait les haies et était chargé de quelque chose relativement au chemin.

Le lendemain, la sainte Famille passa toute la journée chez ses vieux hôtes. La sainte Vierge fut presque tout le temps dans une chambre, seule avec l‘Enfant qui était posé sur un tapis. Elle était toujours en prières et paraissait se préparer pour la cérémonie qui allait avoir lieu. Et l’on vit apparaître dans la chambre plusieurs Anges qui adorèrent l’Enfant Jésus. La Sainte Vierge en fut très émue. Pour les bons hôtes, ils montrèrent toute espèce de prévenances envers la Sainte Vierge. Ils devaient avoir un pressentiment de la sainteté de l’Enfant Jésus.

Et le matin étant arrivé, avant le jour, la Sainte Famille, accompagnée de ses hôtes, quitta son hôtellerie avec les corbeilles où étaient les offrandes, et se rendit au Temple de Jérusalem. Ils entrèrent d'abord dans une cour entourée de murs, attenante au Temple. Pendant que Saint Joseph et son hôte plaçaient l’âne sous un hangar, la Sainte Vierge fut accueillie très amicalement par une femme âgée, qui la conduisit plus loin par un passage couvert. Elles avaient une lanterne, car il faisait encore sombre. Dès leur entrée dans ce passage, le vieux Siméon vint au-devant de Marie. Il lui adressa quelques paroles qui exprimaient sa joie, prit l’Enfant qu’il serra contre son cœur, et revint en hâte au Temple par un autre chemin. Ce que l’Ange lui avait dit la veille lui avait inspiré un si vif désir de voir l’Enfant après lequel il avait si longtemps soupiré, qu’il attendait depuis plusieurs heures l’arrivée des femmes. Il portait de longs vêtements comme faisaient les prêtres hors de l’exercice de leurs fonctions. il était souvent dans le Temple, et toujours en qualité de prêtre, mais qui n'occupait pas un rang élevé dans la hiérarchie. Rien ne le distinguait que sa rare piété, sa simplicité et les lumières extraordinaires dont il était favorisé.

La sainte Vierge fut conduite par la femme qui lui servait de guide jusqu’au vestibule du Temple, Où la présentation devait avoir lieu , et où elle fut reçue par Anne la prophétesse, et par Noémie, son ancienne maîtresse, lesquelles habitaient l’une et l’autre de ce côté du Temple. Siméon, qui était venu de nouveau à la rencontre de la sainte Vierge, la conduisit au lieu où se faisait le rachat des premiers-nés. Anne, a laquelle saint Joseph donna la corbeille où était l’offrande, la suivit avec Noémie. Les colombes étaient dans le des sous de la corbeille ; la partie supérieure était remplie de fruits. Saint Joseph se rendit par une autre porte au lieu où se tenaient les hommes.

On savait dans le Temple que plusieurs femmes devaient venir pour la présentation de leurs premiers-nés, et tout était préparé pour cela. La pièce où se fit la cérémonie était bien aussi grande que l’église principale de Dulmen. Contre les murs étaient des lampes allumées qui formaient toujours une pyramide. La flamme sortait à l’extrémité d’un conduit recourbé par un bec d’or qui brillait presque autant qu‘elle. À ce bec était attaché par un ressort une espèce de petit éteignoir qui, relevé en haut, éteignait la lumière sans qu’elle répandit d’odeur, et qu’on retirait par en bas lorsqu’on voulait allumer.

Cependant plusieurs prêtres avaient apporté devant une espèce d’autel, aux coins duquel se trouvaient comme des cornes, une sorte de coffret quadrangulaire un peu allongé, qui formait le support d’une table assez large sur laquelle était posée une grande plaque. Ils mirent par-dessus une couverture rouge, puis une autre couverture blanche transparente, qui pendait tout autour jusqu’à terre. Aux quatre coins de cette table furent placées des lampes allumées à plusieurs branches, et au milieu, autour d’une espèce de berceau, deux plats ovales et deux petites corbeilles. Ils avaient tiré tous ces objets des compartiments du coffre, où ils avaient pris aussi des habits sacerdotaux, qu’on avait placés sur un autel fixe. Un grillage entourait la table destinée à recevoir les offrandes. Des deux côtés de cette pièce du Temple il y avait des rangées de sièges, dont l’une était plus élevée que l’autre, et était occupée par des prêtres en prières. Siméon s’approcha alors de la sainte Vierge, qui tenait dans ses bras l'Enfant Jésus enveloppé dans une étoffe bleu de ciel, et la conduisit par la grille à la table des offrandes, où elle plaça l'Enfant dans le berceau. À partir de ce moment, le Temple fut rempli d‘une lumière dont rien ne peut rendre l’éclat. C’est que Dieu y était, et au-dessus de l'Enfant l’on vit les cieux ouverts jusqu’au trône de la très Sainte Trinité. Siméon reconduisit ensuite la Sainte Vierge au lieu où se tenaient les femmes derrière un grillage. Marie portait un vêtement couleur bleu de ciel et un voile blanc ; elle était enveloppée dans un long manteau d’une couleur tirant sur le jaune.

Siméon alla ensuite a l’autel fixe, sur lequel étaient placés les vêtements sacerdotaux, et il se revêtit pour la cérémonie, ainsi que trois autres prètres. Ils avaient au bras une espèce de petit bouclier, et sur la tête une sorte de mitre. L’un d‘eux se tenait derrière la table des offrandes, l’autre devant, deux autres étaient aux côtés, et ils récitèrent des prières sur l’Enfant.

Anne la prophétesse s‘approcha alors de Marie, lui présenta la corbeille des offrandes, qui renfermait dans deux compartiments, placés l’un au-dessus de l’autre, des fruits et des colombes, et la conduisit au grillage qui était devant la table des offrandes, et devant lequel elles s‘arrêtèrent l‘une et l’autre. Siméon, qui se tenait devant la table, ouvrit la grille, conduisit Marie devant la table, et y plaça son offrande. Dans un des plats ovales on plaça des fruits, dans l’autre des pièces de monnaie ; les colombes restèrent dans la corbeille.

Siméon resta avec Marie devant l'autel des offrandes ; le prêtre placé derrière l’autel prit l’Enfant Jésus, l’éleva en l’air en le présentant vers différents côtés du Temple, et pria longtemps. Il donna ensuite l‘Enfant à Siméon, qui le remit sur le bras de Marie, et lut des prières dans un rouleau placé près de lui sur un pupitre.

Cette partie de la cérémonie terminée, Siméon reconduisit la sainte Vierge devant la balustrade, où l’attendait la prophétesse Anne, qui la ramena à la place où se tenaient les femmes. Il y en avait là une vingtaine, venues pour présenter au Temple leurs premiers-nés. Joseph et d’autres hommes se tenaient plus loin, à l’endroit qui leur était assigné. Alors les prêtres, qui étaient devant l’autel, commencèrent un service avec des encensements et des prières ; ceux qui se trouvaient sur les sièges y prirent part en faisant quelques gestes, mais non exagérés comme ceux des Juifs d‘aujourd‘hui. Quand cette cérémonie fut finie, Siméon vint à l’endroit où se trouvait Marie, reçut d’elle l’Enfant-Jésus, qu’il prit dans ses bras, et, plein d’un joyeux enthousiasme, parla de lui longtemps, et en termes très expressifs. Il remercia Dieu d’avoir accompli sa promesse, et dit, entre autres choses : « C’est maintenant, Seigneur, que, selon votre parole, vous renvoyez votre serviteur en paix, puisque mes yeux ont vu le Sauveur que vous nous donnez et que vous destinez à apparaître, au milieu des peuples, comme la lumière qui éclairera les nations et la gloire de votre peuple d’Israël ».

Saint Joseph s’était rapproché après l’offrande. Ainsi que Marie, il écouta avec respect les paroles inspirées de Siméon, qui les bénit tous deux, et dit à Marie : « Oui, cet Enfant est venu pour la ruine comme pour la résurrection de plusieurs en Israël. Il sera comme un signe de contradiction ; et votre âme, à vous-même, sera percée d’un glaive, afin que l’on voie révélées les pensées cachées au fond de beaucoup de cœurs ».

Et quand le saint vieillard eut fini de parler, la prophétesse Anne fut aussi inspirée, parla longtemps de l’Enfant Jésus, et appela sa mère Bienheureuse.

Les assistants écoutaient tout cela avec émotion, mais pourtant sans qu’il en résultât aucun trouble ; les prêtres mêmes parurent en entendre quelque chose. Il semblait que cette manière enthousiaste de prier à haute voix ne fût pas une chose tout à fait inaccoutumée, que des choses semblables arrivassent souvent, et que tout dût se passer ainsi. Tous les assistants cependant étaient extrêmement émus en leur cœur. Tous donnèrent à l’Enfant et à sa Mère de grandes marques de respect. Marie brillait comme une rose céleste.

Quoique la sainte Famille vint de présenter l’offrande des pauvres, Joseph n’en donna pas moins secrètement au vieux Siméon et à la prophétesse Anne beaucoup de petites pièces jaunes triangulaires, destinées spécialement aux pauvres vierges élevées dans le Temple, et hors d’état de payer les frais de leur entretien.

Après quoi, la Sainte Vierge, tenant l’Enfant dans ses bras, fut reconduite par Anne et Noémie à la cour où elles l’avaient prise,et où elles se firent réciproquement leurs adieux. Joseph y était déjà avec ses deux hôtes. Il avait amené l’âne sur lequel Marie monta avec l’Enfant, et ils partirent aussitôt du Temple, traversant Jérusalem et se dirigeant vers Nazareth.

Qu’en fut-il des autres premiers-nés amenés au Temple en ce jour ? Quoi qu’il en ait été, il est certain que tous reçurent des grâces particulières, et que beaucoup d’entre eux furent du nombre des Saints Innocents égorgés par ordre d’Hérode.

La cérémonie de la Présentation dut être terminée le matin, vers neuf heures, car c‘est alors que partit la sainte Famille. Ils allèrent ce jour-là jusqu’à Béthoron, et passèrent la nuit dans la maison qui avait été la dernière station de la sainte Vierge treize ans auparavant, lorsqu’elle fut conduite au Temple. La maison paraissait habitée par un docteur de la loi. Ils y étaient attendus par des gens que Sainte Anne y avait envoyés au-devant d’eux. Ils revinrent à Nazareth par un chemin beaucoup plus direct que celui qu’ils avaient pris en allant à Bethléem, lorsqu’ils évitaient les bourgs et n’entraient que dans des maisons isolées.

Joseph avait laissé chez son parent la jeune ânesse qui lui avait montré le chemin dans le voyage à Bethléem ; car il songeait toujours à revenir à Bethléem et a se construire une demeure dans la vallée des Bergers. Il avait parlé de ce projet aux bergers, et leur avait dit qu’il voulait seulement que Marie passât un certain temps chez sa mère pour se remettre des fatigues de son mauvais gîte de Bethléem. Il avait, à cause de cela, laissé beaucoup de choses chez les bergers.

Joseph avait avec lui une singulière espèce de monnaie qu’il avait reçue des trois rois. Il avait à sa robe une espèce de poche intérieure où il portait une quantité de feuilles de métal jaune, minces, brillantes, et repliées les unes sur les autres. Elles étaient carrées, avec les coins arrondis; il y avait quelque chose de gravé. Les pièces d’argent que reçut Judas pour prix de sa trahison étaient plus épaisses et en forme de langues.

 

Considération

Saint Joseph d'après Mgr d’Angers

 

Voici ce que disait Mgr Angebault, dernier évêque d’Angers, dans son beau Mandement de 1866, sur la dévotion a saint Joseph :

« Que l'Eglise ait constamment regardé comme un de ses plus grands Saints cet. humble Patriarche, c‘est un fait sur lequel l’histoire ne laisse aucun doute. Aussi bien, il n’en pouvait être autrement ; le choix que Dieu avait fait de lui pour être l’Epoux de la Vierge Marie, les fonctions qu’il lui a été donné de remplir, ses admirables vertus, n’étaient-ce pas autant de titres de nature a lui assurer dans l’estime et l‘amour de la sainte Eglise un rang d’honneur, une place privilégiée ?

Cette sainteté, toutefois, toujours reconnue, ne devait pas, dès le début, manifester son vif éclat.

Humble, obscur, caché durant sa vie terrestre, saint Joseph devait l‘être aussi dans sa vie céleste. Le nuage qui avait enveloppé sa vie admirable devait prolonger ses voiles jusqu’au delà de la tombe, et, dérobant pour de longs siècles, sa splendeur à la terre, en réservant l’éclat aux phalanges des Cieux.

Mais pourquoi Dieu a-t-il gardé pour notre siècle la manifestation solennelle, après tant d’années d’obscurité, de la vie, des vertus, de la sainteté, de la gloire de saint Joseph ? Ne serait-ce point dans le dessein de nous donner, par l’opposition éclatante de sa vie, par la nature de sa sainteté, par le caractère de ses vertus, une de ces leçons salutaires qu‘il puise dans ses trésors, selon les besoins des temps ?

Quelles Vertus brillent en saint Joseph au-dessus de toutes les autres qu’elles inspirent et qu’elles résument ? N'est-ce pas une fidélité inviolable à Jésus-Christ, un complet détachement des biens de la terre, la perfection dans la famille, c’est-à-dire les vertus mêmes qui nous manquent ?

Fidélité inviolable à Jésus-Christ! Le plus beau titre de saint Joseph, son éternel honneur, c’est d’avoir été choisi pour être le gardien de Jésus ; et avec quelle fidélité il remplit ces fonctions divines ! Il garde Jésus dès le sein de sa mère contre les calomnies des hommes, à l’ombre de sa paternité ; il le garde au moment de sa naissance, en lui procurant l’étable pour abri. Quand les bergers, quand les mages viendront voir et adorer le nouveau-né, il sera à côté de la crèche. Plus tard, il prend l’Enfant, et, pour le soustraire aux fureurs d’Hérode, il le conduit en Egypte et reste près de lui durant le voyage, près de lui sur la terre étrangère, près de lui à son retour. Durant son enfance, sa jeunesse, il est encore près de lui, veillant sur lui, le protégeant, et, quand il le perd à l’âge de douze ans, le recherchant avec toute la sollicitude de son vigilant amour. Enfin, à l’heure qui marquera la fin de sa vie, Jésus à son tour sera près de lui. C’est dans ses bras qu‘il rendra le dernier soupir et donnera ainsi le dernier trait à sa fidélité inviolable à Jésus-Christ.

Et que dire de la vie pauvre de Joseph qui ne soit connu de tous ? Joseph était de la famille de David ; ses pères avaient régné sur Juda ; il pouvait compter dans ses ancêtres ce prince si magnifique, si puissant, qu’on venait de l’Orient pour admirer sa splendeur. Nourrira-t-il dans son âme l’ambition de retrouver une part de ces richesses perdues, de cette gloire éclipsée ? Il n’en sera rien. Joseph, né pauvre, mourra pauvre, et l’humble travail de ses mains n’aura pour objet que de procurer à sa famille le pain de la vie, sans songer jamais à acquérir des richesses qu’il méprise et une élévation qu'il dédaigne.

Enfin, Joseph n’est-il pas le chef, le représentant de la famille de Nazareth, si justement appelée la sainte Famille, famille parfaite, famille bien au-dessus de toutes les autres, éternel modèle de toute famille chrétienne, parce qu‘elle renferme en elle a un degré suprême ce qui donne à toute famille la beauté dans la force, l’autorité reconnue et respectée dans le chef, qui est le père, et la vertu, et dans le chef, et dans les membres...

Et quelles vertus brillent dans cette sainte Famille, ou plutôt de quelle vertu ne brille-t-elle pas ? La religion, la justice, la tempérance, la piété, l‘innocence, sont les hôtes habituels de ce foyer béni, et le travail, l’ordre, la simplicité courageuse, jettent sur cette pauvre demeure un tel éclat, que jusqu’à la fin des siècles elle brillera d‘un éternel honneur aux yeux de ceux qui aiment ce qui est juste, ce qui est bon, ce qui est saint.

Entrevoyez-vous maintenant le dessein de Dieu ? Voyez-vous la raison de ce grand développement du culte de saint Joseph ? Du côté de Dieu, c’est la réalisation d’un de ces desseins de sagesse et d’amour qui présente aux maux le remède pour les guérir. De notre part, c’est la manifestation de la conscience de nos plaies. Dieu nous appelle à Joseph,et du plus intime des douleurs même de notre temps, une puissance nous pousse à ses autels. Nous avons besoin, nous le sentons, de contempler dans l’humble charpentier de Nazareth, comme dans un parfait modèle, ces vertus qui nous manquent, infidélité inviolable à Jésus-Christ, le détachement des biens de ce monde, la sainteté de la famille, comme aussi de trouver dans le puissant concours de son intercession la force et le courage de les accomplir.

Donc, cette dévotion à saint Joseph n’est point un fait du au hasard, un attrait de l’enthousiasme, un fruit d’une piété exaltée. Non. C’est un fait qui a ses racines profondes. Tout s’éclaire, tout s’explique, tout se justifie. La dévotion à saint Joseph, c’est, dans le champ de la sainte Eglise de Jésus-Christ, une fleur que Dieu avait tenue en réserve pour nos temps, et qui, venue à son heure, s’épanouit radieuse à nos regards ».

 

Pratique

Lampes de Saint Joseph

 

L’usage des lampes est ancien dans l’Eglise, et non seulement remonte aux temps apostoliques, mais a même été emprunté de l‘ancienne loi, selon ce qui se pratiqua d’abord dans le Tabernacle et ensuite dans le Temple de Jérusalem. Il est de rigueur dans toute l’Eglise catholique qu’au moins une lampe brûle nuit et jour devant le saint Sacrement. C’est une sorte de manifestation du culte de l’adoration envers. Notre Seigneur, comme celles que l’on entretient devant les images des Saints sont un témoignage de notre vénération à leur égard. On ne saurait toujours être en prière devant une image ou une statue. Les devoirs de la position que l’on occupe, les mille nécessités de la vie, forcent à diminuer et la longueur et le nombre des visites que l’on voudrait faire au pied des autels. On met alors une lampe devant la statue, et la flamme qui s’en élève prie constamment pour l‘âme que ses occupations retiennent ailleurs. C’est un mémorial qui ne cesse de rappeler au Saint et la personne qui l’invoque et la grâce qu’elle sollicite.

Que les lampes placées, allumées et entretenues devant les images de saint Joseph, doivent donc lui être agréables et propres à attirer sur nous sa particulière protection ! Non seulement vous pouvez faire à saint Joseph l’offrande d‘une de ces lampes, mais, sans vous charger seul des frais de son entretien continuel. vous pouvez vous mettre à plusieurs pour couvrir ces frais, ou bien en faire la dépense pendant un certain temps, ou bien déposer votre offrande dans un tronc qui serait destiné à cet effet. Un zélé serviteur de saint Joseph serait même heureux de prendre le soin voulu de ces lampes.

On a vu des personnes qui entretenaient de ces lampes allumées pendant une neuvaine, un mois, tel ou tel laps de temps, devant les images de Saint Joseph qu’elles possédaient dans leurs maisons particulières…

 

Prière des réunions de l’Archiconfrérie d’Angers

 

Ô Joseph, vous qui, par votre fidélité aux inspirations du ciel, avez mérité, au milieu des plus rudes travaux, des mépris du monde, des épreuves de la vie, que le Saint Esprit vous donnât le titre de Juste ; que Dieu le Père vous confiait avec Marie, la Reine des Vierges, Jésus son divin Fils ; nous vous en conjurons, aujourd’hui que vous êtes tout-puissant auprès de Dieu, souvenez-vous de nous qui languissons encore dans cette vallée de larmes, exposés aux embûches des plus cruels ennemis. Obtenez-nous le mépris des faux biens du siècle, la victoire sur nos passions, un dévouement sans bornes au service de Dieu, une tendre confiance pour Jésus votre Fils, pour Marie votre Epouse. Ô Joseph, soyez notre guide, notre patron, notre modèle, pendant le cours de cette vie ; soyez notre défenseur a la mort. Nous vous en supplions par l‘amour que vous portez à Jésus et à Marie. Nous vous conjurons de demander les mêmes grâces pour tous ceux qui se sont associés avec nous dans le but d’étendre votre culte. Écoutez leurs prières, secondez leurs efforts, et obtenez que, pour prix de leur zèle, ils soient réunis un jour autour de votre trône, aux pieds de Jésus et de Marie. Ainsi soit-il.

 

Cœur sacré de Jésus, ayez pitié de nous.

Cœur immaculé de Marie, intercédez pour nous.

Saint Joseph, priez pour nous.

Après quoi l’on ajoute un Pater et un Ave aux diverses intentions des Associés.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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19 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Vingtième jour

Départ de Bethléem

 

L’Ange avait averti les rois à temps, car les autorités de Bethléem avaient le projet de les faire arrêter aujourd’hui, de les emprisonner dans les souterrains qui étaient sous la synagogue, et de les accuser auprès d’Hérode d’avoir troublé le repos public. Mais ce matin, lorsqu’on apprit leur départ à Bethléem, ils étaient déjà près d’Engaddi, et la vallée où ils avaient campé était calme et solitaire comme leur séjour, dont il ne restait plus d’autres traces que le gazon foulé et quelque pieux qui avaient servi pour les tentes. Dans le fait, cependant, l’apparition de la caravane avait produit beaucoup d’effet dans Bethléem. Bien des gens se repentaient ne n’avoir pas donné l’hospitalité à Saint Joseph ; d’autres parlaient comme des rois d’aventuriers conduits par d’étranges imaginations ; d’autres, enfin, rattachaient leur arrivée aux bruits de l’apparition qu’avaient eue les bergers. C’est ce qui porta les magistrats de l'endroit, peut-être sur une invitation d’Hérode, a prendre certaines mesures. Tous les habitants de Bethléem furent donc convoqués sur une place où se trouvait un puits entouré d’arbres, devant une grande maison à laquelle on montait par des degrés. Du haut de ces degrés en lut un avertissement ou une proclamation, par laquelle on les engageait à se tenir en garde contre les nouvelles fausses et superstitieuses, et on leur défendait de se porter dorénavant à la demeure des gens qui avaient donné lieu à tous ces propos.

Quand la foule ainsi rassemblée se fut retirée, saint Joseph fut mandé dans cette même maison et interrogé par de vieux Juifs. Il revint ensuite à la crèche et se rendit encore une fois au tribunal. La seconde fois, il prit avec lui un peu de l’or qu’avaient apporté les rois, et il le leur donna ; après quoi ils le laissèrent aller sans l’inquiéter. Tout cet interrogatoire aboutit donc a une escroquerie. Ensuite les autorités firent barrer, par un tronc d’arbre mis en travers, un chemin qui conduisait aux environs de la crèche sans passer par la porte de la ville, mais qui, en partant de la place où Marie s’était arrêtée sous un grand arbre, franchissait une colline ou un rempart. Ils placèrent une sentinelle près de l’arbre dans une cabane, et firent tendre sur le chemin des fils qui aboutissaient à une sonnette dans la cabane, afin qu’on pût arrêter ceux qui voudraient prendre ce chemin.

Dans l’après-midi, une troupe de seize soldats d‘Hérode vint trouver Joseph, avec lequel ils s’entretinrent. Ils avaient probablement été envoyés à cause des trois rois, qu’on avait accusés de troubler la paix publique ; mais comme le silence et le repos régnaient partout et qu’ils ne trouvèrent dans la grotte que la pauvre famille, comme d‘ailleurs ils avaient l’ordre de ne rien faire qui pût attirer l‘attention, ils s’en retournèrent tranquillement et rapportèrent ce qu’ils avaient vu. Joseph avait porté les présents des trois rois et ce qu’ils avaient laissé en outre après eux, dans la grotte de Maraha et dans d'autres grottes cachées de la colline de la Crèche, qu’il connaissait depuis sa jeunesse pour s’y être souvent dérobé aux persécutions de ses frères. Ces caveaux solitaires existaient dès le temps du patriarche Jacob. A une époque où il n’y avait qu’une couple de cabanes a la place de Bethléem, il y avait dressé une fois ses tentes sur la colline de la Crèche.

Ce soir, Zacharie d’Hébron, visita pour la première fois la sainte Famille. Marie était encore dans la grotte. il versa des larmes de joie, prit l’Enfant dans ses bras, et répéta, en y changeant quelque chose, le cantique de louanges qu‘il avait chanté lors de la circoncision de Jean-Baptiste.

Le lendemain, Zacharie est reparti, mais Sainte Anne est revenue près de la sainte Famille avec sa fille aînée, son second mari et la servante. La fille aînée d’Anne était plus grande que sa mère et paraissait presque plus âgée. Le second mari d’Anne était plus grand et plus vieux que ne l’était Joachim ; il s’appelait Eliud, et avait un emploi dans le Temple, où il était chargé de l’examen des victimes destinées aux sacrifices. Anne avait de lui une fille, qui s’appelait aussi Marie. Elle pouvait avoir déjà six ou huit ans lors de la naissance de Jésus. Cet Eliud mourut peu de temps après, et Anne dut se remarier une troisième fois pour obéir à la volonté de Dieu. Elle eut de ce mariage un fils, qui fut souvent appelé le frère de Notre Seigneur.

La servante qu’Anne avait amenée de Nazareth huit jours auparavant était restée près de la sainte Vierge. Quand celle-ci habitait encore la grotte de la Crèche, elle se tenait dans le petit caveau latéral ; mais depuis que Marie est dans la grotte voisine de celle de la Crèche, la servante loge sous un auvent que Saint Joseph a placé devant cette grotte. Anne et ceux qui l’ont accompagnée passent la nuit dans la grotte de la Crèche.

Une grande joie règne maintenant dans la Sainte Famille. Anne est au comble du bonheur : Marie lui met souvent l’Enfant Jésus dans les bras et le laisse soigner par elle. Ce qu’elle n’a jamais fait pour aucune personne. Mais ce qui était singulièrement touchant, c’est que les cheveux de l’Enfant, qui étaient blonds et bouclés, avaient à leur extrémité de beaux rayons de lumière. Aussi en prenait-on un grand soin ; car on frottait souvent sa petite tête lorsqu’on le lavait, et on lui mettait pour cela un petit manteau sur les épaules. Il y a toujours dans la Sainte Famille une pieuse et touchante vénération pour l’Enfant Jésus ; mais tout s’y passe simplement et naturellement, comme à l’égard des enfants qui sont bénis de Dieu. L’Enfant a une affection et une tendresse pour sa Mère que l’on a jamais vues chez des enfants si jeunes.

Marie raconta à sa mère tout ce qui s’était passé lors de la visite des trois rois, et Anne fut extraordinairement touchée que le Seigneur eut appelé ces hommes de si loin pour leur faire connaître l’Enfant de la promesse. Elle vit les présents des rois, qui étaient cachés dans une excavation pratiquée dans la paroi : elle aida à en distribuer une grande partie, et à mettre le reste en bon ordre. Tout était tranquille dans les environs : les chemins menant à la grotte qui ne passaient pas par la porte de la ville, étaient barrés par ordre des autorités.

Joseph n’allait plus faire ses emplettes à Bethléem : les bergers lui apportaient ce dont il avait besoin. La parente chez laquelle Anne est allée, dans la tribu de Benjamin, est Mara, la fille de Rhode, sœur d’Elisabeth. Elle était pauvre, et eut dans la suite plusieurs fils qui furent disciples de Jésus.Un d’eux s’appelait Nathanaël et fut le fiancé des noces de Cana.

Ce même jour, Anne renvoya son mari Eliud, avec un âne chargé, et la servante sa parente, avec un gros paquet. C’était une partie des présents des trois rois : des étoffes diverses et quelques vases d'or qui servirent plus tard au culte chez les premiers chrétiens. Ils emportèrent tout cela secrètement ; car il y avait toujours des espions qui rôdaient çà et là. Ils ne durent porter toutes ces choses qu’à un endroit peu éloigné sur le chemin de Nazareth, car on vit de nouveau Eliud à Bethléem, lors du départ de sainte Anne, qui eut lieu peu de temps après.

Anne resta donc seule avec Marie dans la grotte latérale, où elles travaillèrent ensemble à une couverture grossière, brodée ou tricotée. La grotte de la Crèche est, du reste, débarrassée. L’âne de saint Joseph est toujours caché derrière des claies. Encore aujourd’hui des agents d‘Hérode vinrent à Bethléem, et prirent des informations dans plusieurs maisons relativement un enfant nouveau-né. Ils accablèrent spécialement de questions une Juive d’un rang distingué qui, peu de temps auparavant, avait mis au monde un enfant mâle. Ils ne vinrent pas à la grotte de la Crèche. Comme précédemment ils n‘y avaient trouvé qu’une pauvre famille, ils ne supposèrent pas qu’il pût en être question.

Cependant deux hommes âgés, qui devaient être deux des bergers qui avaient adoré l’Enfant Jésus, vinrent trouver Joseph, et l’avertirent de ces perquisitions. La sainte Famille alors et sainte Anne se réfugièrent avec l’Enfant dans la grotte du tombeau de Maraha. Dans la grotte de la Crèche, il n’y avait plus rien qui indiquât un lieu habité : elle paraissait tout à fait abandonnée. Puis, pendant la nuit, ils traversèrent la vallée, à peine éclairés par une lanterne sourde. Anne portait l’Enfant Jésus dans ses bras, Marie et Joseph marchaient a côté d’elle ; les bergers les conduisaient, portant les couvertures et tout ce qui était nécessaire pour former la couche des saintes femmes et de l’Enfant.

Mais l’on vit, à cette occasion, autour de l’Enfant Jésus une gloire formée de sept figures d’Anges placées les unes au-dessus des autres ; plusieurs autres figures paraissaient dans cette gloire. L’on vit aussi près de sainte Anne, de saint Joseph et de Marie, des formes lumineuses qui semblaient les conduire par le bras. Quand ils furent entrés dans le vestibule, ils fermèrent la porte et allèrent. jusque dans la grotte du tombeau, où ils disposèrent tout pour y prendre leur repos.

Le lendemain, la sainte Vierge raconta de nouveau à sa mère tout ce qui s’était passé lors de la visite des saints rois, et elles parlèrent aussi de la manière dont elle avait été laissée dans la grotte du tombeau de Maraha. Puis, tout à coup, arrivèrent deux bergers qui venaient trouver la sainte Vierge et l’avertir qu’il venait des gens chargés par les autorités de s’enquérir de son enfant. Marie ressentit une vive inquiétude, et l’on vit bientôt après saint Joseph entrer, retirer l'Enfant-Jésus de ses bras, l’envelopper dans un manteau et l’emporter.

Et alors la sainte Vierge, livrée à ses inquiétudes maternelles, resta seule dans la grotte sans l’Enfant Jésus pendant l’espace d‘une demi-journée. Quand vint l’heure où on devait l’appeler pour allaiter l’Enfant, elle fit ce qu‘ont coutume de faire des mères soigneuses lorsqu’elles ont été agitées violemment par quelque frayeur ou quelque vive émotion. Avant de donner le sein à l’Enfant, elle en exprima le lait, que ses angoisses avaient pu altérer, dans une petite cavité de la couche de pierre blanche qui se trouvait dans la grotte. Elle parla de la précaution qu’elle avait prise a un des bergers, homme pieux et grave, qui était venu la trouver, probablement pour la conduire auprès de . l’Enfant, et cet homme, profondément convaincu de la sainteté de la Mère du Rédempteur, recueillit plus tard avec soin le lait virginal qui était resté dans la petite cavité de la pierre, et le porta avec une simplicité pleine de foi a sa femme, qui avait alors un nourrisson qu’elle ne pouvait pas satisfaire ni calmer. Cette bonne femme prit cet aliment sacré avec une respectueuse confiance, et sa foi fut aussitôt récompensée, car son lait devint aussitôt très abondant. Depuis cet événement, la pierre blanche de cette grotte reçut une vertu semblable ; et de nos jours encore, même des infidèles mahométans en font usage comme d’un remède, dans ce cas et dans plusieurs autres.

Depuis ce temps, cette terre passée à l’eau et pressée dans de petits moules a été répandue dans la chrétienté comme un objet de dévotion ; c’est d’elle que se composent les reliques appelées le Lait de la très sainte Vierge. Dans les jours qui suivirent, saint Joseph prit divers arrangements qui annonçaient le prochain départ de la sainte Famille. Chaque jour il amoindrissait son mobilier : il donna aux bergers les cloisons mobiles, les claies et les autres objets a l’aide desquels il avait rendu la grotte habitable, et ils les emportèrent aussitôt.

La veille du Sabbat, un assez grand nombre de gens qui allaient à Bethléem pour le sabbat, vinrent à la grotte de la Crèche ; mais, la trouvant abandonnée, ils passèrent outre. Cependant Sainte Anne, qui doit retourner à Nazareth après le Sabbat, met tout en ordre et fait des paquets. Elle prend avec elle et charge sur deux ânes plusieurs choses données par les trois rois, spécialement des tapis, des couvertures et des pièces d’étoffe. Le soir, la Sainte Famille commença le Sabbat dans la grotte de Maraha et l’y continua le lendemain. La tranquillité régnait dans les environs. Après la clôture du Sabbat, on prépara tout pour le départ de Sainte Anne et d’Eliud.

Mais cette nuit, pour la seconde fois, la Sainte Vierge sortit au milieu des ténèbres de la grotte de Maraha, et porta l’Enfant Jésus dans celle de la Crèche. Elle le déposa sur un tapis à l’endroit où il était né, et pria à genoux près de lui. Toute la grotte fut alors remplie de lumière céleste, comme à l’heure de la naissance du Sauveur.

Le lendemain, de très grand matin, Sainte Anne fit de tendre adieux à la Sainte Famille et aux trois bergers et partit pour Nazareth avec son mari et ses gens. Ils emportaient sur leurs bêtes de somme tout ce qui restait des présents des trois rois.

Comme on approchait, du reste, du jour où la Sainte Vierge devait présenter son premier-né au Temple et le racheter suivant les prescriptions de la Loi, tout fut préparé pour que la Sainte Famille pût d’abord aller au Temple, puis retourner à Nazareth. Dès ce même jour, d’ailleurs, les bergers avaient pris tout ce qu’avaient laissé après eux les serviteurs de sainte Anne. La grotte de la Nativité, la grotte latérale et celle du tombeau de Maraha avaient été débarrassées et nettoyées. Saint Joseph les laissa dans un parfait état de propreté.

Dans la nuit du dimanche au lundi, Joseph et Marie visitèrent encore une fois avec l'Enfant la grotte de la Crèche, et prirent congé de ce lieu à jamais consacré. Ils étendirent d’abord le tapis des trois rois a la place où Jésus était né, y déposèrent l'Enfant et prièrent ; puis ils le placèrent à l’endroit où avait eu lieu la circoncision, et s’y agenouillèrent aussi pour prier.

Le lundi, au point du jour, la sainte Vierge se plaça sur l’âne, que les vieux bergers avaient disposé et amené à l’entrée de la grotte. Joseph tint l’Enfant jusqu’à ce qu’elle se fût placée commodément, et le lui donna. Elle était assise sur un siège : ses pieds, un peu relevés, reposaient sur une planchette. Elle tenait sur son sein l’Enfant, enveloppé dans son grand voile, et le regardait avec bonheur. Ils n’avaient près d’eux, sur l’âne, que deux couvertures et deux petits paquets, entre lesquels Marie était assise. Les bergers leur firent de touchants adieux et les conduisirent jusqu‘au chemin. Ils ne prirent pas la route par laquelle ils étaient venus, mais passèrent entre la grotte de la Crèche et celle du tombeau de Maraha, en longeant Bethléem au levant. Personne ne les aperçut.

 

Considération

Saint Joseph d’après Monseigneur de Luçon

 

Entendons maintenant les Evêques de notre temps publier les louanges de saint Joseph, et nous exhorter à lui rendre le culte qui lui est si justement dû. Nous commençons par Mgr Baillès, ancien évêque de Luçon, résidant actuellement à Rome, où il fait partie de la congrégation de l’Index.

« L’incomparable patriarche Saint Joseph, dit-il, fils de David, honoré du titre de Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, Epoux de la très Sainte Vierge Marie, a été associé d’une manière si ineffable au mystère de l’Incarnation du Verbe et de la Rédemption du monde, qu’il résume en lui des prérogatives, des faveurs, des grâces, des gloires dont les esprits créés ne pourront jamais pénétrer toute l’étendue. Il entre avec Jésus et Marie dans l’accomplissement des décrets éternels de Dieu pour le salut du genre humain ; il est préparé, dès l’origine du monde, pour ces hautes destinées ; et la suradorable Trinité, en formant le cœur de Jésus et en façonnant le cœur de Marie sur le modèle de son divin Fils, fait le cœur de Joseph aussi ressemblant à celui du Fils et de la Mère que peut le permettre la gloire divine du Fils et la gloire incomparable de la Mère. Bien plus, le Père éternel verse par torrents dans ce grand cœur la pure et sainte fécondité de son adorable paternité, les virginales et intimes communications de la société incompréhensible des trois personnes divines, afin que, par le plus grand des prodiges, la virginité de saint Joseph devienne féconde, que son ineffable pureté soit la gardienne de la pureté même, et qu’il soit le Père de Jésus et l’Epoux de Marie...

Raisonnant d’après ces principes, et distinguant en Marie la maternité spirituelle et la maternité corporelle, mais de telle sorte que la première est incomparablement au-dessus de la dernière, c’est ici que nous trouvons le plus grand et le plus solide éloge de notre saint Patriarche. Car s’il a été dépourvu, comme il le fallait, de la paternité corporelle, il a été doué merveilleusement de la paternité spirituelle, qui est la plus excellente. De sorte, dit saint Augustin, que si Marie fut la Mère de Jésus et par l’esprit et par la chair, Joseph, comme Epoux de Marie, en fut aussi le Père, quoique par le seul esprit.

Réunissons donc tout ce que nous pourrons imaginer de grâces, de grandeur, de gloire, pour former en saint Joseph une paternité spirituelle qui soit en rapport avec la maternité spirituelle de Marie, et nous parviendrons à nous faire une idée bien grossière, il est vrai, mais un peu moins incomplète des sublimes perfections de celui qui devait être appelé le Père de Jésus-Christ ; car si Marie est au-dessus de tout ce qui est créé, comme Mère de Dieu, quelle ne doit pas être la gloire de Joseph, à qui Jésus donnait le doux nom de Père, et qui pouvait, d‘une manière aussi prodigieuse qu vraie, lui donner la qualité de Fils !

Il me semble aussi voir toutes les hiérarchies célestes contempler, avec respect et combler d’honneur et de gloire dans l’éternité cet heureux Père, cet heureux Epoux, à qui le Fils et la Mère de Dieu ont été soumis et obéissants. Les Séraphins trouvent dans son coeur embrasé d’amour des ardeurs qui augmentent la flamme dont ils sont eux-mêmes consumés ; les Chérubins contemplent la plénitude et la perfection de la science et des lumières de ce saint Patriarche, découvrant dans ce chérubin de la terre des clartés qui semblaient ne pouvoir rayonner qu’au plus haut des cieux ; les Trônes ne cessent point d’admirer celui qui, encore placé sur la terre, y a porté et soutenu son Dieu avec le plus complet détachement de toutes choses, et dans l’exercice continuel de la plus sublime contemplation… Les Dominations sont ravies de rencontrer un si grand empire au-dessus de toutes les choses terrestres en celui qui a été investi de si peu d’autorité aux yeux des hommes ; les Vertus célèbrent l’énergie et la force d’âme inébranlables de celui qui, au sentiment de plusieurs saints docteurs, sanctifié avant sa naissance, fut dès ce moment solidement affermi dans la pratique des plus héroïques vertus ; les Puissances bénissent Dieu d’avoir réuni tant d’autorité et de modération, de force et de douceur, de pouvoir et d’obéissance dans le même coeur ; les Principautés ne se lassent point d’admirer de quelle dignité, de quel bonheur, de quelle prérogatives est investi auprès de Dieu celui qui fut si peu considéré, si peu estimé des hommes ; les Archanges se prosternent devant le chaste et virginal Epoux de Marie, et Gabriel ne pénètre point sous le toit béni de la maison de Nazareth sans envier le bonheur de celui que Dieu a si intimement uni à la Reine des Hiérarchies Angéliques… ; les Anges sont dans l’étonnement, à la vue des services que Joseph a en le bonheur de rendre, pendant toute sa vie, à Jésus et à Marie...

On se perd vraiment au milieu de tant de mystères, on est ébloui de tant de gloires, et l’on comprend que ni le langage des hommes ni celui des Anges ne peut s’élever à des hauteurs aussi inaccessibles a tout ce qui est créé.

Joignons-nous donc aux hiérarchies célestes que le Fils a établies dans la maison de son Père, et qu’il a chargées de former la cour de Celui à qui il a voulu se rendre soumis et obéissant, et offrons par elles à l’Epoux de Marie, à ce glorieux prince du ciel, nos prières, nos vœux, nos supplications et nos hommages...

Joignons-nous à Marie, occupée à contempler la perfection ineffable de son Epoux, qui n’a rien de nos faiblesses ni de nos tristes vicissitudes dans la ferveur.

Joignons-nous à Jésus se communiquant à Joseph, son Père, avec toutes ses grâces et sa vérité, lui ouvrant tous les trésors de son cœur et l’assistant lui-même avec Marie, à son heure dernière, afin que sa mort fût le plus doux des sommeils et le passage de la contemplation de la terre à la contemplation céleste qu'il lui avait préparée pour les jours mêmes de l’attente.

 

Pratiques

Sanctuaires de saint Joseph

 

« Comme ce serait une affection plus somptueuse, dit notre bon chanoine de Verdun, aussi serait-elle plus a louer et à récompenser, si l’on érigeait des églises, des chapelles, des autels sous l‘invocation de saint Joseph, Ou que l‘on mit soit de ses statues, soit de ses tableaux, dans toutes les églises, pour insinuer par cette industrie dans le cœur des peuples la volonté de le servir et de lui être dévot ». Ce qui donnerait droit, en effet, à une double récompense, et pour l’honneur qui en reviendrait à notre Saint, et pour l’édification que les fidèles y trouveraient. Comme on serait la cause et l'0rigine première de toutes les bonnes œuvres qui s’y opéreraient et de toutes les grâces qui en découleraient, il est évident que l‘on y aurait la première, nous allions dire la meilleure part.

Vous êtes donc bien heureux, si votre fortune vous a mis en état de pouvoir ériger de ces sanctuaires à saint Joseph. Vous ne pouvez en faire un meilleur usage; et, comme le saint Patriarche s’occupe également de nos intérêts temporels, vous pouvez avoir la confiance qu‘il vous obtiendra la graisse de la terre avec la rosée du ciel, c’est-à-dire les prospérités d’ici-bas avec les grâces d’en haut. C’est un bon et sûr banquier que saint Joseph, et on l’a vu plus d’une fois, servir de gros intérêts à ses clients.

Mais vous qui, comme lui, ne vivez que du travail de vos mains, ou ne jouissez que d’une modeste aisance, faites les sacrifices qui sont en votre pouvoir, soit pour la construction, soit pour la décoration de ces sanctuaires, de ces chapelles, de ces autels, et, comme son divin Fils, il saura bien apprécier ce que vous aurez fait pour lui, et vous tenir compte de ce que pour lui vous aurez prélevé sur votre indigence. voire même sur votre nécessaire.

 

Prière

Pour les circonstances difficiles de la vie

 

Bienveillant et débonnaire saint Joseph, qui, dans les desseins de Dieu, avez été tant éprouvé en cette vie, soit pour que v0us fassiez en tout conforme à Jésus et à Marie, soit pour que vous puissiez mieux compatir à nos misères, c’est a vous que je viens m’adresser dans la détresse où je me tr0uve réduit. Vous aussi vous avez ressenti toutes les peines de l‘esprit au temps de votre doute sur ce qui s’était passé dans votre sainte Epouse ; toutes les peines du cœur, lorsque vous n’eûtes que la pauvre étable de Bethléem à offrir à Jésus naissant et à Marie qui nous l‘enfantait ; puis, dans la fuite et le séjour en Egypte, toutes les misères qu’entraînent l’éloignement de son pays, l’isolement dans la terre étrangère, le dénuement de toutes choses, la pauvreté, le manque de travail ; et enfin, quoique saint, tous les tourments intérieurs de la perte de Jésus par le péché, lorsque vous le perdîtes vous-même à l’âge de douze ans. Vous avez donc titre, qualité et grâce pour nous secourir dans toutes nos douleurs.

Vous en avez aussi, je le sais, la volonté. C‘est ce qui me porte à recourir à vous en toute confiance. Vous connaissez tout ce que je souffre aussi dans mon esprit et dans mon cœur, toutes mes nécessités spirituelles et temporelles. Ô vous dont la puissance sait rendre possibles les choses les plus impossibles, venez-moi en aide dans l’embarras oh je me trouve, et prenez sous votre charitable conduite l’affaire si ardue que je vous recommande (la spécifier ici). Vous seul pouvez me tirer et me tirerez de l’extrémité où je suis réduit (la préciser de nouveau...).

Si toutefois l’objet de ma demande pouvait être contraire a la gloire de Dieu et à mon salut, obtenez-moi la grâce de me résigner avec amour a la volonté de Celui qui a pour nous un cœur de père, et qui, dans les afflictions qu‘il nous envoie comme dans les grâces temporelles qu‘il nous accorde, ne veut jamais que notre plus grand avantage et notre éternel bonheur. Mais non, la grâce que je sollicite n’est point opposée à sa gloire et à mon salut, et vous ne me refuserez pas ce que je vous demande avec tant de confiance.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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18 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Dix-neuvième jour

Retour des Mages

 

Le lendemain matin, de bonne heure, les pieux rois et quelques personnes de leur suite visitèrent successivement la Sainte Famille. Ils s’occupèrent ensuite, pendant la journée, près de leur campement et de leurs bêtes de somme, de diverses distributions. Ils étaient dans la joie et le bonheur, et faisaient beaucoup de présents. C’est qu’alors on en agissait toujours ainsi lors des événements heureux. Les bergers qui avaient rendu des services à la suite des rois, reçurent des présents considérables. Ils firent aussi des gratifications à beaucoup de pauvres, et c’est ainsi que l’on mit des couvertures sur les épaules de quelques pauvres vieilles femmes, toutes courbées, qui s’étaient glissées jusque-là. Il y avait plusieurs personnes de la suite des trois rois qui se plaisaient dans la vallée, près des bergers, et qui voulaient y rester et contracter des alliances avec ces bergers. Ils firent connaître leur désir aux rois, et en reçurent la permission de rester, avec de riches présents, tels que des couvertures, des effets, de l'or en grains, et les ânes qu’ils avaient montés. Les généreux rois distribuèrent aussi beaucoup de petits pains plats, semblables à du biscuit, qu’ils préparaient aux endroits où ils campaient, au moyen de leur provision de farine, dans des formes de fer qu‘ils portaient avec eux, et qu’ils mettaient ensuite sur leurs bêtes de somme, entassés dans de légères boîtes de cuir. Il vint aussi aujourd’hui beaucoup de gens de Bethléem, qui se pressaient autour d’eux pour avoir des présents, et.qui se faisaient donner,quelque chose sous divers prétextes.

Le soir, ils allèrent à la crèche pour prendre congé de la sainte Famille. Mensor s’y rendit seul d’abord. Marie lui mit l’Enfant-Jésus dans les bras : il pleurait et était rayonnant de joie. Après lui vinrent les deux autres, qui firent également leurs adieux en versant des larmes. Ils apportèrent encore beaucoup de présents : des pièces de diverses étoffes, des tissus de soie sans teinture, d’autres tissus de couleur rouge ou à fleurs; puis de magnifiques couvertures. Ils voulurent en outre laisser leurs grands manteaux d'un jaune pâle, qui semblaient faits d’une laine extrêmement fine : ils étaient très légers, et le moindre souffle d’air les agitait.

Ils offrirent encore à la Sainte Famille plusieurs coupes placées les unes sur les autres, des boites pleines de grains, et dans une corbeille des pots, aussi placés les uns au-dessus des autres, et où étaient de beaux bouquets d’une herbe verte, chargée de jolies fleurs blanches, dans laquelle on reconnaissait facilement la myrrhe. Ils donnèrent aussi à Saint Joseph de longues cages avec des oiseaux bons à manger qu’ils avaient en grand nombre sur leurs dromadaires.

Tous versèrent des larmes abondantes quand ils quittèrent Marie et l’Enfant. La Sainte Vierge était debout à côté d’eux, au moment où elle reçut leurs adieux. Elle portait sur son bras l’Enfant Jésus enveloppé dans son voile, et elle fit quelques pas pour reconduire les rois vers la porte de la grotte ; puis elle s’arrêta, et pour donner un souvenir à ces bons rois, elle détacha de sa tête le grand voile d’étoffe jaune transparente qui l’enveloppait ainsi que l’Enfant Jésus, et le donna à Mensor. Ils reçurent ce don en s’inclinant profondément, et une joie respectueuse fit battre leurs coeurs quand ils virent devant eux la Sainte Vierge sans voile, tenant le petit Jésus. Quelles douces larmes ils versèrent en quittant la grotte ! Le voile fut pour eux dès lors la plus sainte relique qu’il possédassent.

La Sainte Vierge, en recevant les présents, ne semblait pas attacher de prix aux choses qu’on lui offrait, et pourtant sans sa touchante humilité, elle montrait une véritable,reconnaissance pour celui qui donnait. Pendant cette merveilleuse visite, l’on ne vit chez elle aucun sentiment de retour complaisant sur elle-même. seulement, au commencement, par amour pour l'Enfant Jésus et par compassion pour Saint Joseph, elle se laissa aller en toute simplicité à l’espérance que dorénavant ils trouveraient peut-être de la sympathie à Bethléem, et ne seraient plus traités d’une manière aussi méprisante qu’à leur arrivée ; car la tristesse et la confusion de Saint Joseph l’avaient beaucoup affligée.

Quand les rois prirent congé de la sainte Famille, la lampe était, déjà allumée dans la grotte : il faisait sombre, et ils se rendirent aussitôt avec leurs suivants sans le grand térébinthe qui surmontait le tombeau de Maraha, pour y faire, comme la veille au soir, les cérémonies de leur culte. Une lampe était allumée sous l’arbre. Lorsque les étoiles se montrèrent, ils prièrent et entonnèrent des chants mélodieux, Les voix des enfants faisaient un effet très agréable dans le chœur. Ils se rendirent ensuite dans leur tente, où Joseph leur avait encore préparé un petit repas, après lequel quelques-uns s’en retournèrent à leur hôtellerie de Bethléem, tandis que les autres se livrèrent au repos dans la tente.

Mais vers minuit, au beau moment où les rois reposaient tranquillement dans leur tente sur leurs couvertures étendues par terre, apparut auprès d’eux un jeune homme resplendissant. C’était un Ange qui les éveillait et leur disait de partir en toute hâte, et de ne pas s’en retourner par Jérusalem. mais par le désert, en contournant la Mer Morte. Ils se jetèrent promptement à bas de leur couche, et leur suite fut bientôt sur pied. L’un d’eux alla à la crèche éveiller saint Joseph, qui courut à Bethléem pour avertir ceux qui s’y étaient logés ; mais il les rencontra avant d’y arriver, car ils avaient eu la même apparition. La tente fut pliée, les bagages furent chargés, et tout fut enlevée avec une rapidité étonnante. Pendant que les rois faisaient encore de touchants adieux à Saint Joseph devant la grotte de la Crèche, leur suite partait en détachements séparés pour prendre les devants , et se dirigeait vers le midi pour longer la mer Morte en traversant le désert d’Engaddi.

Les rois firent des instances pour que la sainte Famille partit avec eux, parce qu‘un danger la menaçait certainement ; ils demandèrent ensuite qu’au moins Marie se cachât avec le petit Jésus pour n‘être pas inquiétée à cause d‘eux. Ils pleurèrent comme des enfants, embrassèrent saint Joseph et lui parlèrent avec une grande effusion de cœur ; puis ils montèrent sur leurs dromadaires légèrement Chargés, et s’éloignèrent à travers le désert. Et l’Ange se tenait dans la plaine près d’eux. leur montrait la direction du chemin. Bientôt ils disparurent. Ils,suivirent des routes séparées à un quart de lieue les uns des autres, se dirigeant pendant une lieue vers l’orient ensuite vers le midi, dans le désert. Ils passèrent une contrée que traversa Jésus en revenant d’Egypte dans sa troisième année de prédication.

 

Considération

Saint Joseph d’après Saint Alphonse de Liguori

 

Le dernier des saints canonisés qui nous ait parlé, à titre spécial, de Saint Joseph, est Saint Alphonse de Liguori, aussi illustre par ses vertus et son savoir que par les grandes choses qu’il a faites dans l’Église, ainsi que par son ardent amour pour Notre Seigneur et sa tendre dévotion envers la très Sainte Vierge et son saint époux. Nous ne pouvons que résumer ici ce qu’il pensait de Saint Joseph.

« Que ce soir pour nous, dit-il, un devoir d’honorer Saint Joseph qui peut en douter, après que le Fils de Dieu Lui-même a voulu l’honorer du nom de Père ? Nom, dit Saint Basile, qu’aucun Ange ou aucun Saint n’a jamais mérité de porter. Par ce nom de Père, Joseph a été plus honoré de Dieu que tous les Patriarches, les Prophètes, les Apôtres. Ils ont tous le nom de serviteurs, Joseph seul a celui de Père.

Il en a de plus le titre et la qualité, il est le chef de cette petite Famille, petite par le nombre, mais grande par les deux incomparables personnes qu’elle contient, la Mère de Dieu et le Fils de Dieu fait homme, qui lui est soumis comme un fils à son Père. Aussi, dans cette Famille, c’est Joseph qui commande et le Fils de Dieu qui obéit, de sorte que tous ses pas, ses démarches, sa nourriture, s'en repos, toutes ses actions ne sont réglés que par les ordres de Joseph, selon ce qui a été révélé à sainte Brigitte.

C’est pourquoi, dit saint Jean Damascène, Dieu a donné à Joseph l’amour, la vigilance et l‘autorité du père : dedit ei affectum, sollicitudinem, auctoritatem patris. Il lui a donné l’affection d’un père, afin qu’il veillât sur Jésus-Christ avec une grande tendresse ; il lui donna la sollicitude d'un père, afin qu’il l’environnât de toutes les précautions possibles ; et enfin l’autorité d’un père, pour lui donner l’assurance qu’il serait obéi dans toutes les mesures qu’il pourrait prendre touchant la personne de son Fils.

Mais, de savoir que saint Joseph fut élu de Dieu pour remplir les fonctions de père auprès de Jésus-Christ, cela suffit, dit ailleurs notre bienheureux, pour nous faire apprécier la sainteté de Joseph. Car, comme, selon saint Thomas, Dieu n’appelle jamais quelqu’un à une fonction sans lui donner toutes les grâces qui le rendent apte à la remplir, on doit tenir pour certain qu’il accorda à Joseph tous les dons de sagesse et de sainteté qui convenaient a une pareille charge. On ne doit donc pas douter qu’il ne l’ait enrichi de toutes les grâces et les privilèges accordés aux autres saints.

Joseph était déjà saint avant d’être élevé à la dignité d’Epoux de la Vierge ; mais il fit encore de bien plus grands progrès dans la sainteté, après que Dieu lui eut accordé cet insigne honneur. Les seuls exemples de sa sainte Epouse suffisaient pour le sanctifier. Mais si Marie, comme parle saint Bernardin de Sienne, est la dispensatrice de toutes les grâces que Dieu accorde, aux hommes, avec quelle profusion devons-nous croire, qu'elle en aura enrichi son Epoux, qui lui était si cher et à qui elle était si chère ! Puis, comme la sainteté de Joseph s’accrut encore par le commerce continuel et la familiarité qu’il eut avec Jésus-Christ tout le temps qu’ils vécurent ensemble ! Si les deux disciples qui allaient à Emmaüs se sentiront enflammés de l’amour divin pour le peu de moments qu’ils accompagnèrent le Sauveur et l’entendirent parler, quelles vives flammes de pure charité ne durent pas s’allumer dans le cœur de Joseph, pour avoir conversé pendant trente années avec Jésus-Christ, pour avoir entendu les paroles de vie éternelle qui sortaient de sa bouche, et avoir observé les admirables exemples d‘humilité, de patience et d‘obéissance qu'il donnait en se montrant si prompt à l’aider dans tous ses travaux, à le servir dans tout ce qui était nécessaire pour l‘intérieur de la maison ! Quel incendie de divin amour devaient opérer tous ces traits enflammés de charité dans le cœur de Joseph ! N’en doutons pas, Joseph, tant qu’il eut le bonheur de vivre avec Jésus-Christ, accrut ses mérites et sa Sainteté à tel point, que nous pouvons bien dire qu’il a surpassé les mérites de tous les autres saints.

Or, si Dieu, suivant l’Apôtre, doit rendre à chacun selon ses œuvres, quelle gloire devons-nous penser qu‘il ait préparée à saint Joseph, qui lui a rendu tant de services, et dont il a été tant aimé, tandis qu’il vécut sur la terre ? Et cette vie de la gloire de saint Joseph dans le ciel ne doit-elle pas accroître notre confiance en sa protection ?

Supplions alors ce grand saint de nous obtenir trois grâces en particulier : le pardon des péchés, l’amour de Jésus-Christ et une bonne mort.

Le pardon des péchés. Voici une pensée qui doit nous encourager. Lorsque Jésus-Christ vivait sur la terre dans la maison de Joseph, s‘il y avait eu un pécheur qui eût désiré recevoir du divin Maître le pardon de ses péchés, aurait-il pu trouver un moyen plus sûr d'être exaucé que l’intercession de Saint Joseph ? Si donc nous voulons que Dieu nous pardonne, recourons au même Saint Joseph, qui maintenant dans le ciel est plus aimé de Jésus-Christ qu’il ne l‘était sur la terre.

L’amour de Jésus-Christ, demandons-le aussi à Saint Joseph. Je tiens pour assuré que la grâce la plus singulière que saint Joseph obtient à ceux qui l’honorent est un tendre amour envers le Verbe incarné, en récompense de toute la tendresse qu’eut Saint Joseph pour Jésus en ce monde.

Enfin, demandons-lui une bonne mort. C’est une chose connue de tous que Saint Joseph est le protecteur de la bonne mort, ce grand saint ayant eu le bonheur de mourir entre les bras de Jésus et de Marie. Aussi tous ceux qui implorent son secours et mettent leur confiance en son crédit auprès de Dieu doivent-ils espérer que saint Joseph, au moment de leur mort, viendra les assister, accompagné de Jésus et de Marie ».

 

Pratique

Statues de Saint Joseph

 

Autre engouement de notre siècle, le besoin d’ériger des statues à ceux qu’on appelle grands hommes, quoiqu’ils ne le soient pas tous assurément devant Dieu, et qu’il en est plus d’un dont on peut dire que, s’ils sont glorifiés là où ils ne sont pas, ils sont bien crucifiés là où ils sont. Et nous, dévots de Saint Joseph, n’aurons-nous pas aussi à coeur de lui ériger des statues, soit pour satisfaire notre piété, soit pour soutenir et exciter celle des autres ? D’autant plus que les statues parlent plus à l’esprit et au coeur de tous que les tableaux et les gravures. Et n’est-ce point pour cela que, dans les âges de Foi, nos pères les mettaient dans les églises de préférence aux autres images ?

Mais qui ira les avantages particuliers des statues de Saint Joseph ? Il n’a fallu souvent que l’érection d’une de ces statues dans une église de paroisse, dans une chapelle de communauté, dans une maison, dans une localité, pour raviver la foi dans les coeurs et attirer sur ces lieux les faveurs d’en-haut et la singulière protection de Saint Joseph. Les hommages qu’on rend à ces statues touchent son coeur et le disposent à exaucer les prières qu’on dépose à leurs pieds. Vous serez donc bien heureux, si vous pouvez donner de ces statues à Saint Joseph, ou au moins contribuer par tous les moyens qui seront en votre pouvoir à lui en procurer.

Puis, vous en aurez une dans votre maison, dans votre chambre, dans votre oratoire, devant laquelle vous serez empressé de faire vos prières et de venir vous agenouiller dans vos moments de fatigues, d’ennui, de nécessité, de tentation.

Quand aux statuettes portatives, ayez toujours la vôtre sur vous, et, en vous gardant de toute idée superstitieuse, faites-vous en un saint talisman qui vous protège des dangers de l’âme et du corps, comme cela est arrivé plus d’une fois.

 

Prière

Tirée de saint Alphonse de Liguori

 

Grand Saint Joseph, mon bien-aimé Patriarche, vous qui avez été jugé digne de commander à Celui qui commande à l’univers et d‘être servi par un Dieu, je viens, a mon tour, me mettre à votre service. Dorénavant je veux être votre serviteur, en vous honorant et vous aimant comme mon maître. Recevez-moi sous votre patronage, et commandez-moi tout ce qu’il vous plaira. Je sais que tout ce que vous m’ordonnerez sera pour mon bien et pour la gloire de notre commun Rédempteur. Priez-le aussi pour moi. Il ne vous refusera rien, lui qui a obéi sur la terre à tous vos commandements. Dites-lui qu’il me pardonne toutes les offenses que je lui ai faites ; dites-lui qu’il me détache des créatures et de moi-même ; qu’il m’enflamme de son saint amour, et ensuite qu'il fasse de moi selon son bon plaisir.

Je vous choisis aussi, mon saint Patriarche, pour mon principal avocat et protecteur, après Marie. Je vous promets, pour le reste de ma vie, de vous honorer chaque jour par quelque hommage particulier, en restant ainsi sous votre patronage. Je ne le mérite pas, mais, par l'amour que vous portez à Jésus et à Marie, agréez-moi pour votre serviteur perpétuel. Et, par la douce compagnie que vous tinrent Jésus et Marie sur la terre, ne cessez de me protéger, afin que je ne me sépare jamais de Dieu, en perdant sa sainte grâce. Et, par l’assistance que vous reçûtes de Jésus et de Marie à votre bienheureuse mort, protégez-moi spécialement à ma dernière heure, afin qu’en mourant dans votre compagnie et celle de Jésus et de Marie, j’aille ensuite vous en remercier éternellement dans le paradis. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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17 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Dix-huitième jour

Les Mages à Bethléem

 

Mais déjà, à la chute du jour qui suivit le départ d’Anne, le cortège des saints rois est arrivé devant Bethléem, près de ce même édifice où Joseph et Marie s’étaient fait inscrire : c’était l’ancienne maison de la famille de David. Il n’en reste plus que quelques débris de murs ; elle avait appartenu aux parents de saint Joseph. C’était un grand bâtiment entouré d’autres plus petits, avec une cour fermée, devant laquelle était une place plantée d’arbres et où se trouvait une fontaine. Il y avait sur cette place des soldats romains, parce que la maison était comme le bureau des collecteurs de l‘impôt. Quand le cortège arriva, un certain nombre de curieux se rassembla autour délai. L’étoile ayant disparu, les rois avaient quelque inquiétude. Des hommes s’approchèrent d’eux et les interrogèrent. Ils descendirent de leurs montures, et des employés vinrent de la maison à leur rencontre avec des branches à la main, et leur offrirent quelques rafraîchissements. C‘était l’usage de souhaiter ainsi la bienvenue à des étrangers de cette espèce.

Pendant ce temps-là, on conduisait leurs montures auprès de la fontaine, sous les arbres, pour les abreuver. C’est qu’on était bien plus poli avec eux qu’avec le pauvre saint Joseph, qui n’avait point, lui, de petites pièces d’or à distribuer. On leur parla de la vallée des Bergers comme d’un bon endroit pour y dresser leurs tentes. Ils restèrent assez longtemps dans l’indécision, mais ils ne firent plus de questions sur le roi des Juifs nouvellement né. Ils savaient que Bethléem était l’endroit désigné par la prophétie ; mais, par suite des discours d’Hérode, ils craignaient d'attirer l’attention. Enfin, ayant vu briller au ciel, sur le côté de la ville, un météore assez semblable à la lune à son lever, ils remontèrent sur leurs chameaux ; puis, longeant un fossé et des murs en ruines, ils firent le tour de Bethléem par le midi et se dirigèrent à l'orient, vers la grotte de la Crèche, qu’ils abordèrent par le côté de la plaine où les Anges avaient apparu aux bergers.

Quand ils furent arrivés près du tombeau de Maraha, dans la vallée qui est derrière la grotte de la Crèche, ils descendirent de leurs montures. Leurs gens défirent beaucoup de paquets, dressèrent une grande tente qu’ils portaient avec eux, et firent d’autres arrangements, avec l’aide de quelques bergers qui leur indiqueront les places les plus convenables. Le campement était terminé en partie, quand les rois virent l‘étoile se montrer, claire et brillante, sur la colline de la Crèche et y diriger perpendiculairement ses rayons. Elle parut grandir beaucoup et répandit une masse de lumière extraordinaire. Ils regardèrent d’abord d’un air très étonné : il faisait sombre; ils ne voyaient pas de maison, mais seulement la forme d’une colline semblable a un rempart. Tout d’un coup, ils furent saisis d’une grande joie, car ils virent dans la lumière la figure resplendissante d’un enfant. Tous se découvrirent la tête pour témoigner leur respect ; puis les trois rois. allèrent vers la colline et trouvèrent la porte de la grotte. Mensor, l'ayant ouverte, vit la grotte remplie d’une lumière céleste, et au fond la Vierge tenant l’Enfant et assise, telle que ses compagnons et lui l’avaient vue dans leurs visions.

Aussitôt il revint sur ses pas, et dit aux autres ce qu’il venait de voir. Alors Joseph sortit de la grotte, accompagné d’un vieux berger, pour aller à leur rencontre. Ils lui dirent en toute simplicité comment ils étaient venus pour,adorer le Roi nouveau-né des Juifs, dont ils avaient vu l’étoile, et pour lui offrir leurs présents. Joseph les accueillit amicalement, et le vieux berger les accompagna près de leur suite et les aida dans leurs arrangements, ainsi que quelques autres bergers qui se trouvaient là.

Cependant les Mages se préparèrent comme pour une cérémonie solennelle. Ils mirent de grands habits blancs qui avaient une longue queue ; ces manteaux avaient un reflet brillant comme s’ils eussent été de soie brute ; ils étaient très beaux et flottaient légèrement autour d’eux : c’était leur costume ordinaire pour les cérémonies religieuses. Ils portaient à le ceinture des bourses et des boites d’or suspendues à des chaînes. Tout cela était recouvert par leurs larges manteaux. Chacun des rois était suivi des principaux personnages de sa suite ; Mensor avait en outre avec lui plusieurs serviteurs qui portaient une petite table, un tapis à franges et plusieurs rouleaux d’étoffe légère.

Le cortège, précédé de Saint Joseph était arrivé dans un fort bel ordre sous la galerie en avant de la porte de la Crèche, on mit sur la table le tapis garni de franges, et chacun des trois rois y plaça quelques unes des boites d’or et les vases qu’ils détachèrent de leur ceinture : c’étaient des présents qu’ils offraient en commun. Mensor et tous les autres ôtèrent leur sandales ; et Joseph ouvrit la porte de la grotte. Deux jeunes gens de la suite de Mensor marchaient devant lui ; ils étendirent une pièce d’étoffe sur le sol de la grotte, puis ils se retirèrent en arrière ; deux autres le suivirent avec la table, où étaient les présents. Arrivé devant la sainte Vierge, il les prit, et, mettant un genou en terre, il les déposa respectueusement a ses pieds. Derrière Mensor étaient les quatre hommes de sa famille qui s’inclinaient humblement Seïr et Théokéno, avec leurs compagnons, se tenaient en arrière dans l’entrée. Quand ils s’avancèrent, ils étaient comme ivres de joie et d’émotion, et inondés de la lumière qui remplissait la grotte ; et pourtant il n’y avait là d‘autre lumière que la Lumière du monde.

Marie, appuyée sur un bras, était plutôt étendue qu’assise sur un tapis, à la gauche de l’Enfant Jésus, qui était couché à la place où il était né, dans une auge recouverte d’un tapis et placée sur une estrade. Mais au moment où ils entrèrent, la sainte Vierge se releva, s’enveloppa dans son voile, et prit dans ses bras l’Enfant Jésus, qu’elle couvrit des plis de ce voile. Mensor s’agenouilla, et, mettant les présents devant lui, il prononça de touchantes paroles par lesquelles il lui faisait hommage, en croisant ses mains devant sa poitrine et en inclinant sa tête découverte. Pendant ce temps, Marie avait mis à nu le haut du corps de l’Enfant, qui regardait d’un air aimable du milieu du voile dont il était enveloppé ; sa Mère, soutenait sa petite tête de l’un de ses bras et remontait de l’autre. Il avait ses petites mains jointes devant sa poitrine, et souvent il les étendait gracieusement autour de lui.

Oh ! Combien se trouvaient heureux de l’adorer, ces chers rois de l’Orient ! Leurs cœurs étaient purs et sans souillure, pleins de tendresse et d’innocence comme des cœurs d’enfants pieux. Il n’y a rien de violent en eux, et pourtant ils sont pleins de feu et d’amour ! C’est dans ces sentiments qu’ils s‘avancèrent successivement pour adorer l’Enfant Dieu.

Mensor s’avança le premier, tirant d’une bourse, qui était suspendue à sa ceinture, une poignée de petites barres compactes, pesantes, de la longueur du doigt, effilées à l’extrémité et brillantes comme de l’or : c’était son présent, qu‘il plaça humblement sur les genoux de la sainte Vierge, à côté de l’Enfant Jésus. Elle prit l’or avec un remerciement gracieux et le couvrit d’un coin de son manteau. Mensor donna ces petites barres d’or vierge, parce qu’il était plein de sincérité et de charité, et qu’il cherchait la Vérité avec une ardeur constante et inébranlable.

Après que Mensor se fut retiré en arrière avec ses quatre suivants, Soir, le roi basané, s’avança avec les siens, et s’agenouilla avec une profonde humilité ; il offrit son présent avec des paroles touchantes : c’était un vase d’or à mettre de l’encens, plein de petits grains résineux, de couleur verdâtre ; il le plaça su ;r la table devant l’Enfant Jésus. Il donna l’encens, parce que c’était un homme qui se conformait respectueusement et du fond du cœur à la volonté de Dieu et la suivait avec amour. Il resta longtemps agenouillé avec une grande ferveur avant de se retirer.

Après lui vint Théokéno, le plus vieux des trois. Il était très avancé en âge ; ses membres étaient roides, et il ne pouvait pas se mettre à genoux ; mais il se tint débout, profondément incliné, et plaça sur la table un vase d’or avec une belle plante verte : c‘était un bel arbuste à tige droite, avec de petits bouquets frisés, Surmontés de jolies fleurs blanches, et qui n’était autre la myrrhe ; il offrit la myrrhe, parce qu’elle est le Symbole de la mortification et de la victoire sur les passions car cet excellent homme avait eu de grandes luttes à soutenir pour triompher de l’idolâtrie, de la polygamie et des habitudes violentes de ses compatriotes. Dans son émotion, il resta si longtemps devant l’Enfant Jésus avec ses quatre suivants, qu’il lassa la patience des autres serviteurs, restés hors de la grotte, en les faisant tant attendre pour voir le Sauveur.

Les paroles des rois et de tous leurs compagnons étaient pleines de simplicité et fort touchantes. En se prosternant et en lui offrant leurs présents, ils s’exprimaient à peu près en ces termes : « Nous avons vu son étoile ; nous savons qu’il est le Roi de tous les rois; nous venons l’adorer et lui offrir notre hommage et nos présents, et tout nous-mêmes ». Ils étaient comme en extase, et dans leurs prières naïves et affectueuses, ils recommandaient à l’Enfant Jésus leurs personnes, leurs familles, leurs pays, leurs bien et tout ce qui avait du prix pour eux sur la terre. Ils offraient au Roi nouveau-né leurs coeurs, leurs âmes, leurs pensées et leurs actions. Ils le priaient de les éclairer, de leur donner la vertu, le bonheur, la paix et l’amour. L’humilité et l’amour transformaient leur nature, et des larmes de joie sillonnaient leurs joues et mouillaient leurs barbes. Ils étaient dans la félicité en songeant qu’ils contemplaient enfin Celui vers lequel, depuis tant de siècles, leurs ancêtres avaient dirigé leurs regards et leurs soupirs avec un désir si constant. Toute la joie de la promesse enfin accomplie étaient en eux.

La Sainte Vierge accepta tout avec d’humbles action de grâces. D’abord elle ne dit rien, mais un simple mouvement sous son voile exprimait sa pieuse émotion. Le petit corps de l’Enfant se montrait brillant entre les plus de son manteau. À la fin, elle adressa à chacun quelques bonnes et gracieuses paroles, et retira un peu son voile en arrière. Quelle leçon pour tous ! Car avec quelle douce et aimable gratitude elle reçoit chaque présent ! Elle qui n’a besoin de rien, qui possède Jésus, accueille avec humilité tous ces dons de l’amour, et nous apprend comment nous devons recevoir à l’occasion les présents et les dons de la charité. Que de bonté encore dans Marie et dans Joseph ! Ils ne gardent.presque rien pour eux, et distribuent tout aux pauvres.

Lorsque les rois eurent quitté la grotte avec leurs suivants et furent retournés à leur tente, leurs serviteurs entrèrent à leur tour. Ils avaient dressé la tente, déchargé les bêtes de somme, mis tout en ordre, et ils attendaient devant la porte, patiemment et humblement. Ils étaient plus de trente et il y avait aussi avec eux une troupe d’enfants qui avaient pour tout vêtement un linge autour des reins et un petit manteau. Les serviteurs entraient cinq par cinq, et un des principaux personnages auxquels ils appartenaient les conduisait. Ils s’agenouillaient autour de l’Enfant et l’adoraient en silence. Enfin, les enfants entrèrent tous ensemble, se mirent à genoux et adorèrent Jésus avec une joie innocente et naïve Les serviteurs ne restèrent pas longtemps dans la grotte de la Crèche, car les rois rentrèrent avec solennité. Ils avaient mis d’autres manteaux longs et flottants, et portaient à la main des encensoirs, avec lesquels ils encensèrent respectueusement l’Enfant. La Sainte Vierge, saint Joseph et toute la grotte ; puis ils se retirèrent après s’être profondément inclinés. C’était une manière d’adorer chez ce peuple.

Pendant ce temps, Marie et Joseph étaient pénétrés de la plus douce joie où on les eût jamais vus ; des larmes d’attendrissement coulaient souvent sur leurs joues. Les honneurs solennellement rendus à l’Enfant-Jésus, qu’ils étaient obligés de loger si pauvrement, et dont les grandeurs mystérieuses devaient rester cachées dans l’humilité de leurs cœurs, les consolaient infiniment. Ils voyaient que la Providence toute puissante de Dieu, malgré l’aveuglement des hommes, avait préparé pour l‘Enfant de la promesse et lui avait envoyé des contrées les plus lointaines ce qu’eux-mêmes ne pouvaient lui donner, l’adoration due à sa dignité rendue par les puissants de la terre avec une sainte magnificence. Ils adoraient Jésus avec les saints rois, heureux eux-mêmes des hommages qui lui étaient rendus.

Les tentes étaient dressées dans la vallée située derrière la grotte de la Crèche jusqu'à la grotte du tombeau de Maraha ; les bêtes étaient rangées en ordre et attachées à des pieux séparés par des cordes. Près de la grande tente qui était voisine de la colline de la Crèche, se trouvait un espace recouvert de nattes, où était déposée une partie des bagages ; mais la partie la plus considérable avait été portée dans la grotte du tombeau de Maraha. Quand tous eurent quitté la crèche, les étoiles s’étaient levées. Ils se rassemblèrent en cercle près du vieux térébinthe qui s’élevait au-dessus de la grotte de Maraha, et entonnèrent des chants solennels à la gloire des étoiles. L’on ne peut dire combien étaient touchants ces chants qui retentissaient dans la vallée silencieuse : pendant tant de siècles leurs ancêtres avaient contemplé, appelé, chanté l’étoile mystérieuse; maintenant tous leurs désirs étaient satisfaits, et ils étaient pour ainsi dire ivres de joie et de reconnaissance.

Cependant saint Joseph, avec l’aide de deux vieux bergers, avait apprêté un petit repas dans la tente des trois rois. Il fit apporter du pain, des fruits, des rayons de miel, quelques herbes et des flacons de baume, qu’ils rangèrent sur une table basse recouverte d’un tapis. Il s’était procuré tout cela dès le matin pour recevoir les rois, dont la sainte Vierge lui avait annoncé d’avance l’arrivée. Quand ceux-ci revinrent à leur tente, saint Joseph les accueillit très amicalement, et les pria, comme étant ses hôtes, d‘accepter le petit repas qu’il leur offrait. Il se plaça a côté d’eux autour de la table, et ils mangèrent. Il ne montrait point de timidité : il était si content, qu‘il, versait des larmes de joie.

Après ce petit repas, Joseph les quitta. Quelques-uns des plus considérables de la caravane allèrent à une hôtellerie de Bethléem ; les autres se placèrent sur leurs couches, qui étaient rangées en cercle dans la grande tente, et se livrèrent au repos. Joseph, revenu à la grotte, réunit tous les présents à droite de la crèche, dans un coin qu’il ferma par des nattes, de façon à cacher ce qui y avait été déposé. La servante d’Anne, qui, après le départ de celle-ci, était restée auprès de la Sainte Vierge, s’était tenue dans une grotte latérale pendant toute la cérémonie ; elle ne reparu que lorsque tous eurent quitté la Crèche. Elle était grave et modeste. Ni la sainte Famille, ni même cette servante ne regardèrent les présents des rois avec une complaisance mondaine. Tout fut accepté avec une humble reconnaissance pour être bientôt distribué avec une inépuisable libéralité.

Ce soir, il y eut à Bethléem un peu d‘agitation lors de l'arrivée du cortège à la maison où l’on payait l’impôt, et plus tard bien des allées et venues dans la ville. Les gens qui avaient suivi le cortège jusqu‘à la vallée des Bergers n’avaient pas tardé. à revenir. Plus tard, pendant que les trois rois, pleins de joie et de ferveur adoraient et déposaient leurs présents dans la grotte, de la Crèche, l'on vit rôder dans les environs, à une certaine distance, quelques Juifs qui espionnaient et chuchotaient ensemble ; plus tard encore on les vit, aller et venir dans Bethléem et faire divers rapports fort peu conformes à la réalité.

Mais cela ne fait-il pas souffrir de voir toujours les méchants, qui, quand le Sauveur s’approche des hommes, vont, viennent, observent, murmurent et répandent ensuite les sottes inventions de leur haine ? Eh quoi ! avoir le salut si près de soi, et le repousser, tandis que ces bons rois, guidés par leur foi sincère dans la promesse, sont venus de si loin et ont trouvé le salut! Oh l combien est déplorable l‘aveuglement et l‘endurcissement des pauvres mortels !

Aujourd’hui encore, pendant la journée, l’on vit, à Jérusalem, Hérode parcourir les Ecritures avec un grand nombre de docteurs et discuter les affirmations des Mages. Bientôt cependant tout rentra dans le, calme, comme si l’on eût voulu assoupir cette affaire.

 

Considération

Saint Joseph d’après Saint Léonard de Port-Maurice

 

Saint Léonard de Port-Maurice fut l’un des saints et des plus zélés missionnaires de la fin du XVIIe et du commencement du XVIIIe siècle. Il avait une très grande dévotion envers la très Sainte Vierge qui l’avait guéri miraculeusement dans les débuts de ses travaux apostoliques, et envers Saint Joseph, ainsi que l’atteste l’un de ses chef d’œuvre oratoire, dont nous ne pouvons que détacher les principaux traits.

Nous passons ce qu’il a dit des grandeurs de Saint Joseph, comme juste, pour recueillir ses plus belles paroles sur ses grandeurs comme Epoux de la Vierge et comme Père de Jésus.

« Il n’est point au pouvoir d’une langue mortelle, dit-il, d’exprimer le comble d’honneur ou fut élevé notre Saint en recevant pour épouse celle qui parut dans le monde comme une aurore naissante, et qui, croissant toujours de vertus en vertus, en fit une riche dot qu’elle apporta à Joseph, son époux. Contemplons, à la clarté de cette aurore céleste, les richesses du très heureux Joseph, qui, par cette sainte alliance, devient en quelque sorte plus grand que lui-même. En effet, l’auguste Vierge ne voulut d’autres conditions sur le contrat de mariage, sinon que son Epoux fût en tout et pour tout semblable à elle, et dans l’innocence des mœurs, et dans la pureté de l’âme. Et comme le contrat passa par les mains du Saint Esprit, qui peut douter que Marie n’ait été exaucée en sa demande, et que Joseph n’ait été enrichi de qualités, de dons et de vertus semblables en tout point à ceux de Marie, son épouse ? Que les évangélistes s’abstiennent d‘exalter ces vertus et ces prérogatives excellentes qui relèvent la dignité de Joseph, peu importe ; il me suffit qu’ils le représentent comme l’Epoux de Marie, virum Mariæ, c’est-à-dire comme celui de tous les mortels qui ressemble le plus à l’œuvre la plus parfaite entre les pures créatures qui soit sortie de la main de Dieu, à savoir, sa Mère ».

D’où le saint prédicateur part pour exalter les excellences attachées à cette dignité d’Epoux de Marie. Après quoi il ajoute :

« Toutefois, ce qui rehausse principalement Joseph en qualité d’Epoux de Marie, c’est qu’à ce titre il est vénéré comme le chef de cette sainte Famille, laquelle ne fut ni toute humaine ni toute divine, mais qui tient de l‘une et de l'autre, et qui, pour cette raison, a été appelée a juste titre la Trinité de la terre. Mais où trouver jamais des paroles pour peindre dignement cette admirable Trinité de Jésus, Marie, Joseph ? Rendez donc de fréquents hommages à l’adorable Trinité du ciel, Père, Fils et Saint Esprit, mais honorez aussi la Trinité sainte qui a habité visiblement parmi nous sur la terre, Jésus, Marie, Joseph. Gravez dans vos coeurs en lettres d’or ces trois noms, ces noms célestes : prononcez les souvent, écrivez les partout. Que, ce soient les premières paroles que vous enseigniez à vos enfants. Répétez plusieurs fois par jour ces noms sacrés, et qu’ils soient encore sur vos lèvres au moment où vous rendrez le dernier soupir ».

Quant à la paternité de saint Joseph, voici ce qu’on nous en dit de plus admirable :

« Joseph n’eut sans doute aucune part à la production de Jésus Christ, mais il n‘en fut pas moins son Père, ainsi que l’affirment tous les docteurs; Il eut à son égard l’autorité aussi bien que la sollicitude et les devoirs d‘un père. Est-il , en effet, une seule des fonctions du meilleur des pères qui n’ait été glorieusement exercée par ce serviteur fidèle et prudent que le Seigneur a préposé au gouvernement de sa famille ? N'est-ce pas Joseph qui recueillit dans ses bras l’Enfant Jésus à peine né, et le coucha sur la paille de la crèche ? N’est-ce pas Joseph qui le déroba à la fureur d’Hérode ? N’est-ce pas lui qui lui fournit, durant trente ans, du travail de ses mains, et à la sueur de son front, la nourriture, le logement et le vêtement ? Combien de fois les bras de Joseph ne servirent-ils pas de berceau a l’Enfant Jésus ? Que de tendres baisers il lui prodigua ! Que de fois il lui donna à manger de sa main, l’habilla, lui apprit à parler, l’exerça au travail ! Car ce divin Enfant voulut paraître en tout semblable aux autres. Et lorsqu’il fut devenu grand, que de fois Joseph ne reposa-t-il pas sur son coeur ? Or, si Joseph se comporta en père si tendre, si dévoué à l’égard de Jésus, comment pensez-vous que dut se comporter Jésus à l’égard de Joseph ? Est-il besoin de dire qu’il a été pour lui le meilleur des fils, lui témoignant un respect, une soumission, une obéissance parfaite en toute chose, comme à son père bien-aimé ?

« Mais pour se convaincre, poursuit-on, que Joseph fut vraiment grand comme juste, plus grand comme époux, très grand comme père, il suffirait de le considérer entre les bras de Jésus et de Marie au moment de rendre son âme à son Créateur. Voyez ce bienheureux Patriarche étendu sur une pauvre couche ; Jésus d’un côté, Marie de l’autre, entouré d’une multitude infinie d’Anges, d‘Archanges, de Séraphins, qui, dans une attitude respectueuse, s’apprêtent à recevoir sa sainte âme. Ô Dieu ! Qui pourra nous dire avec quels sentiments, à ce moment suprême, Joseph dit un dernier adieu à Jésus et à Marie ? Quelles actions de grâces, quelles protestations, quelles supplications, quelles excuses de la part de ce saint vieillard ! Ses yeux et son cœur parlent, sa langue seule se tait ; mais que son silence dit de choses ! Tantôt il regarde Maries, et Marie le regarde à son tour, et avec quelle affection ! Tantôt il tourne ses yeux vers Jésus, et Jésus le regarde, mais avec quelle tendresse ! Il prend la main de Jésus, la presse sur son cœur, la couvre de baisers et l’arrose de ses larmes, en lui recommandant instamment son âme. Il tombe ensuite dans une défaillance d’amour.... et il expire dans les embrassements de Jésus ».

Après quoi, notre Saint prédicateur, s’appuyant sur les témoignages de Sainte Thérèse d’Avila, exhorte les hommes de tous les états et de toutes les conditions à aimer, honorer, invoquer Saint Joseph, parce que, si Marie obtient tout en qualité de mère, Joseph peut tout en sa qualité de juste, d’époux et de père.

 

Pratique

Images de Saint Joseph

 

Nous sommes dans un siècle, siècle pourtant qui oublie vraiment trop vite, ou l’on s’occupe beaucoup de photographie et de la reproduction, par cette photographie, des traits de ceux que l’on aime, que l’on vénère, ou dont on veut garder le souvenir. C’est ainsi que chacun de nous est heureux de se procurer les images de ses parents et de ses amis, de ses bienfaiteurs et de ceux qui lui sont chers. Et nous ne ferions pas de même pour saint Joseph, notre bon père, notre meilleur ami, notre suprême bienfaiteur ? À l’exemple plutôt de saint François de Sales, qui n’avait dans son bréviaire qu’une seule image, celle de saint Joseph, et du P. Louis Lallemant, qui voulut être enterré avec une image de notre Saint qu’il avait eue en grande vénération pendant sa vie, chacun de nous aura la même image en son livre d’église, en son oratoire, en sa chambre, ou dans tout autre endroit distingué de sa maison. C’est un hommage que tous les dévots de saint Joseph lui rendront, et auquel nous devons bien penser qu’il ne sera pas insensible.

« Et je me trompe fort, dit le bon chanoine de Verdun que nous avons déjà cité, si à toutes les fois que nous regarderons les portraits de ce grand Saint et élèverons nos pensées à leur principal sujet, nous ne concevons en même temps une sainte horreur de faire chose qui puisse lui déplaire, fussions-nous tentés le plus violemment du monde, puisqu’il prend connaissance de tout ce qui se passe autour de nous, regarde tout cela, nous voit et tout ce que nous faisons, soit bien, soit mal, dans le grand miroir de l’essence divine. Tellement que, quoique l’image ne nous voie point, néanmoins nous avons sujet de croire que celui de qui elle est l’image, au même temps de l’élévation de notre cœur vers lui, connaît par révélation divine et ordinaire à tous les bienheureux ce que nous faisons, nous regarde agir et prend plaisir ou déplaisir du bien ou du mal de nos actions ».

 

Prière

Pour demander les grâces de son état

 

Ô Père nourricier de Celui qui nourrit toutes les créatures, vrai et fidèle Epoux de la Mère de Dieu, quel est celui d’entre les saints qui peut comparer sa gloire à la vôtre ? Moïse a conduit le peuple de Dieu, et vous avez été le conducteur de Dieu fait homme. Abraham a été le père des enfants d’adoption, et Dieu vous a fait son père et le nôtre. Celui que les rois et les patriarches ont désiré voir un seul jour, vous l’avez élevé, nourri, possédé pendant trente années. Siméon S’estima bienheureux d’avoir tenu une seule fois dans ses bras l’Enfant-Dieu, et cent et cent fois vous l’avez porté dans les vôtres, cent et cent fois vous l’avez mis et remis entre les bras de sa Mère, l’embrassant comme votre Dieu, votre Seigneur et votre Fils. Dieu, pour sauver son peuple, l'a fait sortir de l’Egypte, en multipliant les miracles, et vous, par un dévouement héroïque, vous avez conduit le Fils de Dieu dans le même pays pour l’arracher à la mort.

Faites, ô grand Saint, que, tandis que je me réjouis et vous félicite de vos grandeurs , je ressente les heureux effets de votre puissante protection. Obtenez-moi les lumières dont j’ai besoin pour connaître tous mes devoirs, la force et le courage pour les accomplir. Obtenez-moi ce zèle fort et constant qui sait résister à l’ennemi, surmonter le dégoût, vaincre la répugnance, afin que jamais je n'aie le malheur de négliger mes obligations, ni de les sacrifier à la mollesse, au monde ou au plaisir. Demandez pour moi les grâces d‘une intention droite et pure dans toutes mes Œuvres, afin que, lorsque le jour du Seigneur sera venu, je puisse recevoir la récompense promise au bon et fidèle serviteur. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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16 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

5a

Dix-septième jour

Attente des Mages

 

Les pieux rois qui vont venir à Bethléem adorer l’Enfant Dieu s’appelaient Mauser, Saïr et Théokéno. Les noms de Gaspard, Melchior et Balthasar, qu’on leur donne ordinairement, ne sont que des noms caractéristiques, le premier signifiant qui va avec amour ; le deuxième, qui s’approche doucement ; le troisième, qui veut promptement. Mauser, le brun, était Chaldéen, ainsi que Saïr, le basané, et Thëokéno, le blanc, de la Médie. Ils étaient adorateurs des astres, et c‘est en les contemplant qu’ils découvrirent l’étoile de Jacob que Balaam, un de leurs prophètes, avait annoncée, que leurs pères avaient attendue pendant des siècles, et qui, se dilatant à leurs yeux, leur apparut sous la forme d’un globe lumineux au centre duquel était une Vierge brillante devant qui planait un Enfant resplendissant d’une lumière plus brillante encore. À peine l’eurent ils aperçue, qu’ils se mirent en chemin pour aller adorer le Dieu qu‘elle annonçait.

Chacun des trois rois avait avec lui quatre proches parents ou amis intimes, de sorte que le cortège se composait de quinze personnes de haut rang, accompagnées d’une foule de conducteurs de chameaux et de serviteurs, qui ne fit qu’augmenter durant le trajet. L’étoile qui les conduisait se montrait devant eux, pendant la journée, comme un corps brillant dont la clarté surpassait celle du jour, et, pendant la nuit, avec la lueur rougeâtre de la.lune lorsqu‘il fait grand vent.

Ils visitèrent aussi, en venant, un roi de Causour, à qui ils racontèrent tout ce qu’ils avaient vu dans les étoiles. Il regarda lui-même celle qui les conduisait, et y vit un petit Enfant avec une croix. Il les pria alors de lui raconter, à leur retour, ce qu’ils auraient découvert, parce qu‘il voulait aussi élever des autels et offrir des sacrifices à l‘Enfant Dieu.

Cependant Marie avait en une vision sur l’approche des trois rois, pendant qu’ils faisaient leur visite au roi de Causeur. Elle vit aussi que celui»ci voulait élever un autel à l’Enfant. Elle raconta cela à saint Joseph et à Elisabeth, et dit qu'il fallait vider la grotte de la Crèche et tout préparer pour la réception des trois rois à leur arrivée.

Les gens à cause desquels Marie s’était retirée dans l’autre grotte étaient des visiteurs curieux, comme il s’en est présenté beaucoup dans ces derniers jours. Aujourd’hui Elisabeth est repartie pour Jutta, accompagnée d’un serviteur.

Il y eut plus de tranquillité dans la grotte de la Crèche pendant les jours suivants. La sainte Famille resta seule la plupart du temps. La servante de Marie, femme d’environ trente ans, très sérieuse et très humble, était seule présente. C’était une veuve sans enfants, parente d'Anne, qui lui avait donné asile chez elle. Son défunt mari avait été très dur envers elle parce qu’elle allait souvent chez les Esséniens ; car elle était très pieuse et attendait le salut d’Israël. Il s‘irritait à cause de cela, comme de méchants hommes de nos jours qui trouvent que leurs femmes vont trop souvent à l’église. Il l'avait quittée et était mort quelque temps après.

Les vagabonds qui avaient mendié et proféré des injures et des malédictions près de la grotte de la Crèche ne revinrent plus dans ces derniers jours. C’étaient des mendiants qui allaient à Jérusalem pour la Fête de la Dédicace du Temple, instituée par les Macchabées. Elle durait huit jours.

Saint Joseph célébra le sabbat d‘après la Circoncision sous la lampe, dans la grotte de la Crèche, avec Marie et la servante. Ce même jour, au soir, commençait la Fête de la Dédicace du Temple, et, pour la célébrer, il établit en trois endroits différents des candélabres, sur chacun desquels il alluma sept petites lampes. On est maintenant tranquille ici, parce que les nombreux visiteurs de ces derniers jours étaient des voyageurs qui allaient a la Fête. Anne envoie plusieurs fois des messagers pour apporter des présents et avoir des n0uvelles. Les femmes juives ne nourrissent pas longtemps leurs enfants sans leur donner d’autre aliment que leur lait ; aussi l’Enfant Jésus prit-il, après les premiers jours, une bouillie faite de la moelle d’une espèce de roseau : cette bouillie est douce, légère et nourrissante.

Pendant la Fête, chaque jour, soir et matin, Saint Joseph allume ses petites lampes pour la célébrer. Depuis le commencement de la Fête à Jérusalem, du reste, la tranquillité continue ici. Le lundi arriva un messager de sainte Anne. Il apportait à la Sainte Vierge, entre divers autres objets, tout ce qu’il fallait pour travailler a une ceinture, ainsi qu'une charmante corbeille pleine de fruits et recouverte de roses qui étaient placées sur les fruits et qui étaient restées très fraîches. Cette corbeille était étroite et haute. Les roses n’étaient pas de la couleur des nôtres, mais pâles et presque couleur de chair ; il y en avait aussi de jaunes et de blanches ; il s’y trouvait des boutons. Marie parut y prendre plaisir et plaça la corbeille près d’elle.

Cependant Joseph paraît préoccupé de l’envie de rester à Bethléem et de s’y fixer après la purification de Marie, et il a dû prendre quelques renseignements dans cette intention. Il y a trois jours, des gens aisés de Bethléem vinrent à la grotte de la Crèche, et maintenant ils prendraient volontiers la sainte Famille chez eux. Mais Marie s‘était cachée dans la grotte latérale, et Joseph déclina leurs offres. La Fête de la Dédicace était encore célébrée matin et soir. Il doit s’y être joint, le sixième jour, une autre Fête qui a dû occasionner à Jérusalem des changements dans les cérémonies de la première. C‘est sans doute ce qui amena un prêtre avec un rouleau près de saint Joseph dans la grotte : ils prièrent ensemble près d’une petite table qui avait une couverture rouge et blanche. Il semblait que ce prêtre voulût voir si Joseph célébrait la Fête ou qu‘il lui annonçât une nouvelle Fête. Dans ces derniers jours la grotte fut tranquille et sans visiteurs.

La Fête de la Dédicace finit avec le Sabbat. Joseph n’alluma plus les petites lampes. Les dimanche et lundi suivants, beaucoup de gens des environs vinrent encore à la crèche ; les mendiants effrontés se montrèrent aussi à l’entrée. C’était parce qu’on revenait alors de la Fête.

Le lundi, il vint aussi deux messagers de sainte Anne avec des provisions de bouche et divers effets. Mais Marie, qui était toujours prompte à donner, eut bientôt distribué tout cela. Saint Joseph commença alors à faire divers arrangements dans la grotte de la Crèche, dans les grottes latérales et enfin dans celle du tombeau de Maraha. On attendait prochainement la visite de sainte Anne et aussi celle des trois rois, d‘après les indications de la Sainte Vierge.

Pendant que Sainte Anne est en route avec son second époux, Marie d’Héli, une servante, un domestique, et deux ânes, saint Joseph termine de son mieux ses arrangements dans la grotte de la Crèche et dans les grottes latérales, pour loger ses hôtes de Nazareth, et pour recevoir les trois rois, dont Marie avait récemment annoncé l’arrivée lorsqu’ils étaient à Causour. Puis il se retire avec Marie dans l’autre grotte avec l‘Enfant Jésus. La grotte de la Crèche est entièrement débarrassée. L‘âne seul y est resté.

Saint Joseph, du reste, parfait observateur de toutes les lois, paraît avoir depuis quelque temps payé le second impôt. De nouveaux curieux sont aussi venus de Bethléem pour voir l’Enfant. Il s’est laissé prendre tranquillement par quelques uns et s’est détourné des autres en pleurant.

Pour la sainte Vierge, elle est parfaitement établie dans son nouveau logement, qui était arrangé commodément. Son lit était contre la paroi. L’Enfant Jésus était près d’elle dans une longue corbeille faite d’écorce, qui reposait sur des fourches. Le lit de Marie et le berceau de l’Enfant Jésus qui était a côté, étaient séparés du reste par une cloison en clayonnage. Le jour, quand elle ne voulait pas être seule, elle était assise en avant de cette cloison, ayant l’Enfant auprès d’elle. Saint Joseph reposait dans une partie éloignée de la grotte, qui était aussi séparée du reste.

Le jeudi d‘après, au soir, commençait un jour de jeûne. Tous les aliments étaient préparés pour le jour suivant ; le feu était couvert et les ouvertures voilées ; enfin, tous les ustensiles servant aux travaux manuels avaient été éloignés. Sainte Anne était arrivée avec son second mari, la sœur aînée de la sainte Vierge et une servante. Ces visiteurs devaient passer la nuit dans la grotte de la Crèche ; c’était pour cela que la sainte Famille s’était retirée dans la grotte latérale. Aujourd‘hui Marie a mis l’Enfant dans les bras de sa mère : celle-ci était profondément touchée. Anne avait apporté des couvertures, des linges et des provisions de bouche. Elle dormit à l‘endroit où Elisabeth avait reposé, et Marie lui raconta avec beaucoup d’émotion tout ce qui s’était passé. Anne pleura avec la Sainte Vierge, et tout ce récit fut interrompu par les caresses de l’Enfant Jésus.

Le vendredi, la sainte Vierge revint dans la grotte de la Crèche et y couche de nouveau le petit Jésus dans la crèche. Quand Joseph et Marie sont seuls près de l'Enfant, on les voit souvent l’adorer. Sainte Anne se tint aussi ce jour-là près de la crèche avec la Sainte Vierge dans une attitude respectueuse, et contemple l’Enfant Jésus avec un grand sentiment de dévotion et de ferveur.

Outre ce qu’Anne avait apporté pour la Mère et pour l’Enfant, Marie avait déjà reçu bien des choses depuis qu’elle était ici ; mais tout autour d‘elle présente l’image de la pauvreté, parce qu‘elle donne tout ce dont elle peut se passer à la rigueur.

Ce même jour, la sainte Vierge annonça à Anne que les rois de l’Orient viendraient bientôt et que leur visite ferait un grand effet. Pendant le séjour des rois, Sainte Anne ira à trois lieues d'ici chez sa sœur et elle reviendra plus tard.

Le lendemain soir, après la clôture du sabbat, sainte Anne, avec ceux qui l’accompagnaient, quitta la sainte Vierge pour un certain temps. Elle s’en alla à trois lieues de là, dans la tribu de Benjamin, chez une sœur cadette qui y était mariée. L’endroit où elle demeurait, et qui consistait seulement en quelques maisons dans une plaine, était à une demi-lieue de la dernière station de la sainte Famille dans son voyage à Bethléem, auprès de l’endroit où demeuraient les parents de saint Joseph.

 

Considération

Saint Joseph d’après un auteur belge

 

Cet auteur anonyme était toujours un grand dévot à saint Joseph. On ne parle pas ainsi, quoiqu’en un langage plein de simplicité et de naïveté, du saint Patriarche, sans être pénétré pour lui d‘un véritable amour et de la plus tendre piété. On sent qu’il est à son aise pour parler de son saint de prédilection. On sent, qu‘on nous permette de le dire, que c’est un enfant de cette Belgique qui s’est toujours distinguée entre les autres pays catholiques par sa grande dévotion au saint Epoux de la Reine des vierges, et qui l’a choisi depuis des siècles pour son Patron particulier. Et ce que nous voulons ajouter, nous nous demandons si ce n’est point au patronage de notre grand Saint que ce petit pays a dû d’être épargné jusqu’alors dans la tourmente révolutionnaire qui secoue toute l’Europe, et malgré le travail des sociétés secrètes et de la démagogie qui s’opère dans son sein. S’il en était ainsi, puisse l’auguste Epoux de Marie veiller toujours, ne fût-coque pour l’exemple des autres nations, sur ce pays, que l’on peut appeler son royaume, et y conserver, malgré les efforts incessants de l’impiété, la pureté de la foi et des mœurs !

Et nous voyons donc ce que notre pieux auteur dit des grandeurs du saint Patriarche dans son livre intitulé l’Alliance de saint Joseph, imprimé à Bruxelles sans autre date que celle de l’approbation, qui est de 1737.

« Saint Joseph, dit-il, a été choisi de toute éternité par la sainte Trinité pour être le chef de la famille de Dieu sur la terre, l’Ange gardien et l’Epoux de la Reine des Anges, le Père nourricier du Messie.

Il a eu l’honneur de gouverner la Famille de Jésus pendant près de trente ans, de vivre si longtemps parmi les innocentes caresses de l‘Enfant Sauveur, parmi la réserve, la retenue, l‘honnêteté de sa jeunesse, parmi les actions, les exemples et les instructions de son âge parfait, en la compagnie de la princesse la plus accomplie et la plus sainte qui fût jamais.

Huit jours après le divin enfantement, Joseph circoncit Jésus en l’étable de Bethléem, selon saint Jérôme et saint Bernard. Il lui donna l’auguste nom de Jésus, au jour de la Circoncision, selon l’ordre qu‘il en avait reçu de Dieu par le ministère d’un Ange. Il nourrit à la sueur de son corps celui qui nourrit tout ce qui est animé, et qui couvre de duvet les petits oisillons à peine éclos. Il eut le bonheur d’habiller souvent celui qui prend plaisir a vêtir les lys et les roses, et à les parer de riches et riantes couleurs. Il fut le sauveur de son Sauveur, le retirant des mains d’Hérode, tandis que les petits Innocents, à sa place, achetaient par leur sang la palme du martyre. Jésus, qui tient dans sa main tous les princes de la terre, à qui les Anges se font gloire d’obéir, lui a rendu tous les devoirs d’une parfaite soumission et d’une exacte obéissance, ne prenant mouvement que du clin de son œil et du son de sa voix.

L’extérieur de Joseph était noble, ravissant et digne ; son port plein d’une douce majesté, et son visage beau comme celui de son Fils, le plus beau d’entre les enfants des hommes, comme celui de sa sainte Epouse, la plus belle des créatures. Jeanne des Anges, religieuse Ursuline, après la vision qu’elle eut de saint Joseph, lorsqu’il la guérit miraculeusement, étant interrogée des peintres qui voulaient savoir comment il fallait représenter ce grand saint, leur dit : « Faites-le aussi beau que vous le pourrez ; jamais vos couleurs matérielles n’atteindront la sainte pudeur de son front, la gracieuse modestie de ses yeux, la douceur de ses lèvres, la majesté de tout son être ».

Joseph a aimé la sainte Vierge d’une affection naturelle, fondée sur ses rares et éminentes qualités ; d’une affection acquise et accrue par de continuels services et par tous les témoignages d’un chaste attachement ; d’une affection surnaturelle, en considération des grâces et des faveurs dont le ciel avait comblé sa belle âme. Lui et la sainte Vierge furent les premiers qui firent promesse, à Dieu de vivre en perpétuelle virginité. C’est la remarque du bienheureux Albert le Grand. On croit que la sainte résolution qu‘ils en avaient prise leur fut respectivement révélée. Ils renouvelèrent leur vœu d‘un commun accord après leur mariage.

Il possédait toutes les vertus. Passant sa vie avec la plus humble de toutes les créatures, il était humble comme elle ; il aimait sa pauvreté ; il était diligent en son travail ; il pratiquait le silence ; recueilli en lui-même, il possédait un cœur détaché du monde, et occupé du seul amour de Dieu. Lorsqu’il vit la grossesse de la sainte Vierge et qu‘il songea a se retirer, il était conduit par un sentiment d’humilité et de respect, se jugeant indigne, dit saint Basile, de servir un Dieu incarné.

Sa vie ne fut qu’un ravissement et une continuelle vision de Dieu. Ses prières au ciel sont puissantes. Les autres chanter aux Anges, et un psaume d‘actions de grâces. Quand ils voulurent se retirer, la sainte Vierge leur donna le petit Jésus, qu’ils tinrent tour a tour dans leurs bras, puis ils le lui rendirent en pleurant, et quittèrent la grotte. Sa vie ne fut qu’un ravissement et une continuelle vision de Dieu. Ses prières au ciel sont puissantes. Les autres saints, abaissant devant le trône de Jésus leurs palmes et leurs couronnes, demandent en recommandant ; mais Joseph fait ses demandes comme père, dit Origène, et Jésus les lui accorde comme fils.

Le pieux P. Suarez croit qu‘il est au ciel en corps et en âme, qu’il y monta le jour de la glorieuse et triomphante Ascension de son adorable Fils, et qu’il tient le premier rang en ce séjour de gloire, après Jésus et Marie ».

 

Pratique

Médailles de saint Joseph

 

Les médailles, outre qu’elles nous rappellent le souvenir des Saints, semblent nous mettre avant tout sous leur protection. Aussi trouvent elles accès auprès de toute sorte de personnes : des enfants, qui sont toujours heureux de les recevoir et de les porter ; des mères, qui y voient un gage de bénédiction pour leurs enfants et pour elles-mêmes ; des hommes faits, qui n’y trouvent que des avantages, en les acceptant souvent par pure complaisance pour une épouse, une mère, une sœur, une amie ; des vieillards, à qui elles procurent s0uvent une bonne fin de vie. Et combien de fois les pécheurs ont-ils rencontré dans la simple acceptation de ces médailles leur conversion et leur salut ! Et cela, quelquefois même lorsque de pieuses mains les leur avaient glissées à leur insu.

Combien de fois encore le port de ces médailles, comme celui des scapulaires, a-t-il préservé et sauvé des plus grands dangers et de la mort ! Et nos derniers désastres n’en ont-ils pas multiplié les exemples ?

Mais, après les médailles de la sainte Vierge, ce sont celles de saint Joseph, le tout-puissant auprès de Jésus, que nous devons préférer à toutes les autres. Portons donc toujours les nôtres avec respect, et ayons-en aussi sur nous pour pouvoir les distribuer à l‘occasion. Quelques bonnes paroles, quelques traits de la protection de saint Joseph, venant accompagner la distribution de ces médailles, doubleront leur puissance et ouvriront le cœur de ceux à qui nous parlerons.

C’est ainsi que nous nous assurerons pour nous et pour les autres la protection plus particulière du bon Père.

 

Prière des Fidèles pour les Prêtres

 

Grand saint Joseph, dont le cœur fut consumé d’amour pour Jésus et pour sa gloire, quelle tendre affection ne devez-vous pas ressentir pour ceux que ce divin Sauveur a honorés de son sacerdoce et revêtus de sa puissance et de son autorité, en les chargeant de continuer ici-bas sa céleste mission, de prêcher sa doctrine, d‘enseigner sa loi sainte, et de répandre partout ses grâces et ses bienfaits ! Mais ils ont, de plus, comme vous, le droit de commander à Jésus, et chaque jour Jésus leur obéit, en descendant à leur voix sur l’autel. Comme vous, ils ont l’honneur de le toucher de leurs mains, de le porter dans leurs bras, de manger et vivre avec lui, de se dévouer et travailler pour lui, de souffrir pour le défendre et conserver sa vie dans les âmes. Comme vous, enfin, ils ont le soin de garder, de protéger, de consoler Marie dans la personne des mères, des vierges chrétiennes, et de ceux qui, dans la vie religieuse, ont choisi le Seigneur pour leur unique partage.

Nous vous en conjurons donc. prenez-les tous, Souverain Pontife, Evêques et Prêtres, sous l’égide de votre puissante protection. Soutenez-les au milieu des dangers, des périls, des attaques de leurs nombreux ennemis, comme dans les travaux, les obstacles, les fatigues de leur pénible ministère. Demandez pour eux une vie sainte, toujours conforme à la sublimité de leur caractère, la dignité de leurs fonctions, la grandeur de leurs obligations et de leurs devoirs. Obtenez-leur l’humilité de saint Jean-Baptiste, la foi de saint Pierre, le zèle de saint Paul, la piété de saint Jean, la douceur de saint François de Sales, la charité de saint Vincent de Paul, et l’esprit de recueillement et d’oraison que vous avez si bien pratiqué vous-même, afin qu’après avoir été, sur la terre, de fidèles dispensateurs des mystères de votre Fils adoptif, ils reçoivent dans le ciel la récompense promise aux bons prêtres, et que nous espérons bien que vous nous ferez obtenir à tous. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

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15 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Seizième jour

Circoncision

 

Pendant le Sabbat, plusieurs personnes vinrent à la grotte de la Crèche, et le soir, après la clôture, les Esséniennes et la servante de Marie apprêtèrent un repas dans une cabane de feuillage, à l’entrée de la grotte. Joseph l'avait dressée avec l’aide des bergers. Il avait aussi vidé la chambre située dans l’entrée de la grotte, y avait étendu des couvertures par terre, et avait tout arrangé comme pour une fête, autant que le comportait sa pauvreté. Il avait ainsi disposé les choses-avant l’ouverture du Sabbat ; car le lendemain était le huitième j0ur depuis la naissance du Christ, lequel devait être circoncis ce jour-là, conformément au précepte divin.

Joseph était allé vers le soir à Bethléem, et il en avait ramené trois prêtres, un homme âgé et une femme qui paraissait une sorte de garde ou d‘assistante, employée ordinairement dans cette cérémonie. Elle apportait un siège dent on se servait en pareille circonstance, et une pierre plate, fort épaisse et de forme octogone, qui renfermait les objets nécessaires. Tout cela fut placé sur des nattes, à l’endroit où la cérémonie devait se faire, c‘est-a-dire à l’entrée de la grotte, entre le réduit de saint Joseph et le foyer. Le siège était un coffre avec des espèces de tiroirs, qui mis à la suite les uns des autres, formaient comme un lit de repos avec un appui d’un côté : on y était plutôt étendu qu'assis. La pierre octogone avait plus de deux pieds de diamètre ; au milieu était une cavité également octogone, recouverte d’une plaque de métal, et qui renfermait, dans des compartiments séparés, trois boites et un couteau de pierre. Cette pierre fut placée a côté du siège, sur un petit escabeau à trois pieds, qui jusqu’alors était toujours reste sous une couverture à la place où le Sauveur était né.

Quand on eut fait ces arrangements, les prêtres saluèrent la sainte Vierge et l’Enfant ; ils s’entretinrent amicalement avec Marie, et ils prirent dans leurs bras 1’Enfant, dont la vue les toucha. Le repas se fit ensuite dans la cabane de feuillage, et une quantité de pauvres gens, qui avaient suivi les prêtres, comme il arrivait toujours dans de semblables occasions, entourèrent la table, et, pendant le repas, reçurent des présents de saint Joseph et des prêtres, en sorte que tout fut bientôt distribué. Cependant le soleil s’était couché, et, en s‘abaissant à l'horizon, il avait laissé pénétrer ses rayons jusque dans la grotte par la porte ouverte.

Pendant la nuit, des lampes furent allumées dans la grotte, et l’on y pria beaucoup et chanta longtemps. La circoncision eut lieu au lever du jour. La Sainte Vierge était attristée et inquiète. Elle avait apprêté elle-même les linges destinés à recevoir le sang et à bander la plaie ; elle les tenait devant elle dans un pli de son manteau. La pierre octogone fut recouverte par les prêtres d'un drap rouge et d‘un autre drap blanc par-dessus, avec différentes prières et cérémonies ; puis l’un des prêtres s’appuya plutôt qu’il ne s’assit sur le siège, et la Sainte Vierge, qui se tenait voilée au fond de la grotte, avec l’Enfant sur les bras, le donna à la servante avec les linges destinés au pansement. Saint Joseph le reçut des mains de la servante, et le donna à la garde qui était venue avec les prêtres. Celle-ci plaça l’Enfant recouvert d’un voile sur la couverture de la pierre octogone.

On fit encore des prières ; puis cette femme ôta à l’Enfant ses langes et le remit sur les genoux du prêtre qui était assis. Saint Joseph se pencha par-dessus les épaules du prêtre et tint l’Enfant par le haut du corps. Deux prêtres s’agenouillèrent à droite et à gauche, tenant chacun un de ses petits pieds : celui qui devait accomplir la cérémonie s’agenouilla devant lui. On découvrit la pierre octogone et on enleva la plaque de métal pour avoir sous la main les trois boîtes où il y avait des eaux vulnéraires et de l’onguent. Le manche et la lame du couteau étaient de pierre. Le manche, brun et poli, avait une rainure où l’on faisait rentrer la lame ; celle-ci, qui était de couleur jaunâtre, ne paraissait pas très affilée. L’incision se fît avec la pointe recourbée du couteau. Le prêtre fit aussi usage de l’ongle tranchant de son doigt, exprime le sang de la blessure, et y mit du vulnéraire et d’autres ingrédients de même nature qu’il prit dans les, boites. La garde prit alors l’Enfant, et, après avoir bandé la plaie, lui remit ses langes. Cette fois, on emmaillota aussi ses bras qui étaient libres auparavant, et en roula autour de sa tête le voile dont on l’avait couvert. Il fut placé de nouveau sur la pierre octogone, et en fit encore des prières.

L’Ange avait dit à Joseph que l’Enfant devait s’appeler Jésus ; mais le prêtre n’agréa pas d’abord ce nom, et se mit en prière pour consulter le Seigneur. Un Ange alors lui apparut et lui montra le nom de Jésus sur un écriteau, pareil à celui qui surmonta la croix sur le Calvaire. Puis, tout ému, il écrivit ce nom sur un parchemin, comme en cédant a une impulsion d’en-haut. L’Enfant Jésus pleure beaucoup après la cérémonie de la circoncision. Saint Joseph le reprit et le mit dans les bras de la Sainte Vierge, qui était restée au fond de la grotte avec deux femmes. Elle le prit en pleurant, se retira dans le coin où était;la crèche, s’assit, couverte de son voile, et apaise l’Enfant en lui donnant le sein. Saint Joseph lui remit aussi des linges teints de sang. On pria de nouveau et l’on chanta des cantiques. La lampe brûlait encore, quoiqu’il fît alors tout à fait jour. Bientôt la sainte Vierge revint avec l’Enfant et le posa de nouveau sur la pierre octogone. Les prêtres lui croisèrent alors les mains au-dessus de la tête de l’Enfant, et lui dirent qu’elle pouvait l’emporter.

Avant de retourner à Bethléem, les prêtres mangèrent quelque chose avec saint Joseph et deux bergers qui, pendant la cérémonie, étaient restés à l’entrée de la grotte, dans la cabane de feuillage. Il a été constaté que tous ceux qui avaient assisté à la sainte cérémonie étaient des gens de bien, et que les prêtres, plus tard, embrassèrent la doctrine du Sauveur. Toute la matinée, on fit encore des distributions aux pauvres qui venaient à la porte. Pendant la cérémonie, l’âne était resté attaché à l’écart.

Ce même jour encore, beaucoup de mendiants fort sales, portant des paquets et venant de la vallée des Bergers, passèrent devant la grotte de la Crèche. Ils semblaient aller à Jérusalem pour une fête. Ils demandèrent l’aumône très insolemment et proférèrent des malédictions et des injures près de la crèche, parce qu'ils ne trouvaient pas que Joseph leur eût donné assez.

La nuit suivante, l’Enfant fut souvent privé de sommeil par la douleur qu’il ressentait : il pleurait beaucoup. Marie et Joseph le prirent tour a tour sur leurs bras et le promenèrent autour de la grotte, en essayant de le calmer.

Le lendemain soir, Elisabeth arriva de Jutta a la grotte de la Crèche, montée sur un âne que conduisait un vieux domestique. Joseph la reçut très amicalement ; Marie et elle s’embrassèrent avec des sentiments de joie indicible. Elle pressa l’Enfant Jésus sur son cœur en versant des larmes. On lui prépara une couche près de la place où Jésus était né. Devant cette place il y avait un tréteau élevé, comme une espèce de tréteau de scieur, sur lequel était un petit coffre où l’on mettait souvent l’Enfant Jésus. Ce devait être une chose habituelle p0ur les enfants, car, déjà chez Sainte Anne, Marie, dans sa première enfance, avait reposé sur un tréteau semblable.

Mais, une fois arrivée, Elisabeth et Marie, assises à côté l’une de l'autre, ne se lassaient pas de s’entretenir affectueusement. La sainte Vierge raconta a sa cousine tout ce qui lui était arrivé jusqu’alors ; et quand elle parla de ce qu’elle avait souffert en cherchant un logement à Bethléem, Elisabeth pleura amèrement. Elle lui raconte, aussi beaucoup de choses touchant la naissance de Jésus. Elle dit qu’au moment de l’Annonciation elle avait été ravie en esprit pendant dix minutes et qu’elle avait eu le sentiment que son coeur devenait double et qu’un bien inexprimable entrait en elle et la remplissait tout entière. Au moment de la Nativité, elle avait eu aussi un ravissement avec le sentiment que les Anges la portaient en l’air agenouillée, et il lui semblait que son coeur était divisé en deux et qu’une moitié se séparait de l’autre. Elle avait perdu dix minutes l’usage de ses sens ; puis ressentant un vide intérieur et un désir immense d’un bien infini qu’elle avait eu jusque là au dedans d’elle et qui n’y était plus, elle avait vu devant elle une éclatante lumière dans laquelle son Enfant avait semblé croître sous ses yeux. Elle l’avait alors vu remuer et entendu pleurer ; puis revenant à elle, l’avais pris sous sa couverture et pressé contre son sein. Car au commencement il lui avait semblé qu’elle rêvait, et elle n’avait pas osé prendre l’Enfant au sein de la lumière où il était plongé. Elle dit aussi qu’elle n’avait pas eu la conscience du moment ou l’Enfant s’était séparé d’elle. Élisabeth lui dit : « Vous avez eu dans votre enfantement des grâces que n’ont pas les autres femmes ; celui de Jean a aussi été plein de douceur, mais les choses se sont passées bien autrement ».

Bien des personnes sont venues visiter la Sainte Vierge et l’Enfant. L’on vit aussi passer plusieurs fois de ces mendiants insolents qui se retiraient l’outrage à la bouche. Saint Joseph ne leur a plus rien donné.

Un autre jour, Marie se cacha encore avec l’Enfant Jésus et Elisabeth dans la grotte latérale, voisine de la grotte de la Crèche. Elles y restèrent toute la nuit. Marie s’y décida, parce que des gens de distinction de Bethléem venaient en foule à la crèche par curiosité. Elle ne voulut pas se montrer à eux.

Enfin la sainte Vierge, avec l’Enfant Jésus, sortit de la grotte de la Crèche et alla dans une autre grotte placée à droite. L’entrée en était très étroite ; quatorze marches en pente conduisaient d’abord dans un petit caveau, puis dans une chambre souterraine plus spacieuse que la grotte de la Crèche. Joseph la sépara en deux au moyen d’une couverture suspendue en l’air. La partie voisine de l’entrée était semi-circulaire ; l’autre partie était carrée. La lumière ne venait pas par en haut, mais par des ouvertures latérales qui traversaient une grande épaisseur de rocher. Les jours précédents, un homme âgé avait enlevé de cette grotte des fagots, des bottes de paille et des paquets de roseaux, comme ceux dont Joseph se servait pour faire du feu. Ce fut un berger qui leur rendit ce service. Cette grotte était plus claire et plus spacieuse que celle de la Crèche. L’âne n’y était pas. L’Enfant-Jésus y fut couché dans une auge creusée dans le roc. Pendent les jours précédents, Marie avait souvent montré aux visiteurs son cher Enfant enveloppé d'un voile et n’ayant sous ce voile d’autre vêtement qu'un linge qui lui entourait les reins. D’autres fois, il était entièrement emmailloté.

De son côté, la garde qui avait assisté à la circoncision est souvent venue visiter l’Enfant. Marie lui donnait presque tout ce qu’apportaient les visiteurs, afin qu’elle le distribuât aux pauvres de Bethléem.

 

Considération

Saint Joseph d’après Bossuet

 

Après et entre les saints et les maîtres de la vie spirituelle, les maîtres de la science et de la parole ont célébré également les louanges de saint Joseph. Le premier qui surgit à l’horizon, c’est leur prince à tous, Bossuet, que l’on a appelé le dernier Père de l’Eglise. C’est à ce titre sans doute que, dans ses Elévations sur les mystères, il a parlé de saint Joseph à la manière des anciens Pères, en exposant le texte sacré. Mais voilà qu’oracle des temps nouveaux, dans un siècle où l‘on ne parlait encore que bien timidement de l’excellence de saint Joseph, il lui consacre deux magnifiques Panégyriques, qui sont en même temps deux de ses plus admirables chefs d'œuvre. Il nous montre, dans le premier, comment saint Joseph a été le juste par excellence, ayant pratiqué à la perfection les trois vertus essentielles de l’homme juste: la simplicité, le détachement, l’amour de la vie cachée. Il aborde, dans le second, avec son coup d’œil d’aigle et sans sourciller, toutes les profondeurs de la théologie relatives au saint Patriarche, sans que son expression fasse jamais défaut à la sublimité de sa pensée.

Il commence cet incomparable panégyrique par établir que trois dépôts furent confiés au juste Joseph par la divine Providence : la sainte virginité de Marie, la personne de Jésus-Christ, et le secret du Père éternel dans l’Incarnation de son Fils. Il montre ensuite comment saint Joseph a gardé ces trois dépôts : le premier, par sa pureté angélique, répondant en quelque sorte à celle de Marie ; le second, par la continuation persévérante de ses soins à Jésus au milieu des persécutions qui l’attaquèrent dès son enfance ; le troisième, par son humilité et son amour de la vie cachée, qui lui firent conserver intact le secret du mystère de l’Incarnation.

Mais il faut l’entendre exposer ce qui regarde le céleste mariage de Marie et de Joseph, dans lequel il trouve, avec saint Augustin, le sacré contrat, l’amour conjugal, et, comme fruit de cette union, le Sauveur Jésus.

Le sacré contrat ! « Car Marie, dit-il, appartient à Joseph, et Joseph à la divine Marie ; si bien que leur mariage est très véritable, parce qu’ils se sont donnés l’un à l’autre. Mais de quelle sorte se sont-ils donnés ? Pureté, voici ton triomphe. Ils se donnent réciproquement leur virginité ; et sur cette virginité, ils se cèdent un droit mutuel. Quel droit ? Celui de se la garder l'un à l’autre. Oui, Marie a droit de garder la virginité de Joseph, et Joseph a droit de garder la virginité de Marie ; ni l’un ni l’autre n’en peut disposer, et toute la fidélité de ce mariage consiste à garder la virginité. Voilà les promesses qui les assemblent, voilà le contrat qui les lie. Ce sont deux virginités qui s’unissent pour se conserver éternellement l'une l’autre, par une chaste correspondance de désirs pudiques.

Qui pourrait, maintenant, nous dire quel devait être l’amour conjugal de ces bienheureux mariés ? Car, ô sainte virginité ! Vos flammes sont d’autant plus fortes, qu’elles sont plus pures et plus dégagées, et le feu de la convoitise qui est allumé dans nos corps ne peut jamais égaler les chastes embrasements des esprits que l’amour de la pureté lie ensemble. Mais où est-ce que cet amour si spirituel s‘est jamais trouvé si parfait que dans le mariage de saint Joseph ? Car dites-nous, ô divin Joseph ! qu’est-ce que vous aimez en Marie ? Ah ! Sans doute, ce n’était pas la beauté mortelle, mais cette beauté cachée et intérieure dont la sainte virginité faisait le principal ornement. C‘était donc la pureté de Marie qui faisait le chaste objet de ses feux ; et plus il aimait cette pureté, plus il la voulait conserver, premièrement en sa sainte épouse, et secondement en lui-même, par une entière unité de cœur ; si bien que son amour conjugal, se détournant du cours ordinaire, se donnait et s’appliquait tout entier a garder la virginité de Marie...

Mais comment le Sauveur Jésus fut-il le fruit sacré de ce saint mariage ? « C’est à cause de sa pureté, dit-il, que Marie a plu au Père éternel ; c’est à cause de sa pureté que le Saint Esprit se répand en elle, et recherche ses embrassements pour la remplir d’un germe céleste. Et, par conséquent, ne peut-on pas dire que c’est sa pureté qui la rend féconde ? Que si c’est sa pureté qui la rend féconde, je ne craindrai plus d‘assurer que Joseph a participé à ce grand miracle ; car si cette pureté angélique est le bien de Marie, elle est le dépôt, et non-seulement le dépôt, mais encore le bien de son chaste époux. Elle est a lui par son mariage, elle est à lui par les chastes soins par lesquels il l’a conservée. Ô féconde virginité ! Si vous êtes le bien de Marie, vous êtes aussi le bien de Joseph. Marie l’a vouée, Joseph la conserve, et tous deux la présentent au Père éternel comme un bien gardé par leurs soins communs. Comme donc il a tant de part a la sainte virginité de Marie, il en prend aussi au fruit qu’elle porte. C'est pourquoi Jésus est son Fils, non pas à la vérité par la chair, mais par l‘esprit, à cause de l’alliance virginale qui le joint avec sa mère ».

Et le reste, que nous n’entreprendrons pas même d’analyser ici.

 

Pratique

Anneau de saint Joseph

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La précieuse relique de l’anneau nuptial que saint Joseph donna à la sainte Vierge, lors de leur angélique mariage, se conserve à Pérouse, où il est l’objet de la pieuse vénération des fidèles, et surtout des époux chrétiens, qui sont trop heureux de pouvoir faire toucher leurs anneaux de mariage a celui de Marie et de Joseph, comme pour attirer sur leur mariage leur protection plus particulière. De là, pour les époux chrétiens de tous les pays, le pieux usage de porter aux doigts des anneaux bénits sous l'invocation du glorieux Patriarche.

Pour les personnes non engagées dans le mariage, elles peuvent aussi porter de ces anneaux, soit en vue de mériter davantage la protection de saint Joseph, soit comme témoignage de leur fidélité à son service, soit comme gage perpétuel de leur saint esclavage.

Tout prêtre peut bénir ces anneaux sans une autorisation spéciale. Voici une formule de bénédiction qui se trouve dans les Bréviaires de l’Ordre du Carmel, et qui est usitée dans les couvents de l’Association des Enfants de saint Joseph :

 

Bénédiction de l’anneau de Saint Joseph

 

V. Adjutorium nostrum, etc. R. Qui fecit, etc.

 

Oremus. Deus, cujus verbe sanctificantur omnia quæ percipimus, effunde, quæsumus, benedictionem tuam super nos et super hunc annulum, ut per intercessionem beatæ Mariæ semper Virginis, ac ejus sponsi Joseph, quæeumque præsentis vitae necessitas postulat, misericorditer cum gratiarum actione assequamùr. Per Christum Dominum nostrum. Amen.

 

Prière

Récitée dans l’Institut de Saint Jean-Baptiste de la salle

 

« Glorieux saint Joseph, qui avez été choisi de Dieu pour être le Père nourricier du Verbe fait chair, le fidèle Epoux et le gardien de la pureté de la très-sainte Vierge, obtenez-nous du Père une parfaite soumission à sa sainte volonté ; du Fils, une application intérieure à ses divins mystères ; et du Saint-Esprit, la pureté du cœur et du corps, ainsi qu’une entière fidélité à ses grâces ».

Telle est la prière, ô bon saint Joseph, que vous adressent tous les jours les pieux Enfants de Saint Jean-Baptiste de la Salle, nos admirables Frères des Écoles chrétiennes, qui savent si bien vous imiter et marcher dans cette voie de la simplicité et de l’humilité que vous avez tracée à la suite de Jésus et de Marie. Mais comme nous avons bien plus besoin qu’eux de ces vertus, qui vous sont chères, et dans le désir de les obtenir plus efficacement, nous nous unissons à eux pour vous les demander également pour nous, afin que, n0us aussi, nous parvenions à vivre, comme eux et comme vous, dans une parfaite soumission ai la sainte volonté de Dieu le Père, dans la vraie application intérieure aux divins mystères du Fils, et dans cette pureté de cœur et de corps que le Saint Esprit seul peut mettre en nous, en nous donnant l’entière fidélité à ses grâces. Obtenez-nous ces vertus, tout-puissant saint Joseph, de Celui qui, vous ayant adopté pour son Père, fait encore dans le ciel toutes vos volontés, comme il les faisait autrefois sur la terre.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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14 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

Nativite-du-Christ

Quinzième jour

Autres adorateurs

 

Les pieux bergers, qui, avertis par l’Ange, étaient venus adorer l’Enfant Dieu, rapportèrent à leurs amis et connaissances ce qu’ils avaient vu et entendu. « Et tous furent dans l’admiration de ce qu’ils apprirent de la bouche des bergers, dit Saint Luc ; et plusieurs de ces derniers vinrent à leur tour adorer le Divin Enfant ».

Pour les trois bergers-chefs, ils étaient restés auprès de Joseph, et l’aidèrent tour à tour à tout disposer plus commodément dans la grotte de la Crèche et dans les grottes latérales. Il y avait aussi, près de la Sainte Vierge, plusieurs femmes pieuses qui lui rendaient divers services. C’étaient des Esséniennes qui demeuraient à peu de distance de la grotte de la Crèche, dans une gorge située au levant de la colline.

Elles habitaient, les unes près des autres, des espèces. de chambres creusées dans le roc à une assez grande hauteur. Elles avaient de petits jardins près de leurs demeures, et instruisaient des enfants de leur secte. C’était saint Joseph qui les avait fait venir. Il connaissait cette association depuis sa jeunesse ; car, lorsque, fuyant ses frères, il se réfugiait dans la grotte de la Crèche, il avait plus d’une fois visité ces pieuses femmes. Elles venaient tour à tour près de la sainte Vierge, apportaient de petites provisions et s’occupaient des soins du ménage de la sainte famille.

Mais le surlendemain de la naissance de l'Enfant, il se passa une scène très touchante dans la grotte de la Crèche : Joseph et Marie se tenaient près de la crèche et regardaient l’enfant Jésus avec un profond attendrissement. Tout à coup l’âne se jeta sur ses genoux et courbe sa tête jusqu’à terre. Marie et Joseph ne purent. retenir leurs larmes.

Le soir, on reçut des nouvelles de sainte Anne. Un homme âgé et la servante de sainte Anne, sa parente éloignée, arrivèrent de Bethléem, apportant à la sainte Vierge différents objets, soit nécessaires, soit utiles. Ils furent extraordinairement touchés à la vue de l’Enfant. Le vieux serviteur versa des larmes de joie. Il se remit bientôt en route pour porter des nouvelles à sainte Anne. La servante resta près de la Sainte Vierge.

Le jour suivant, la sainte Vierge, avec l’Enfant-Jésus et la servante, quitta la grotte de la Crèche, et pendant quelques heures, alla se cacher dans la grotte latérale où avait jailli une source après la naissance de Jésus-Christ. Elle resta environ quatre heures dans cette grotte, où plus tard elle devait passer deux jours. Le matin, de bonne heure, saint Joseph l’avait disposée pour que la sainte Vierge pût s’y tenir sans trop d’incommodité. Elle s’y retira pour obéir hutte inspiration divine, car quelques personnes vinrent aujourd’hui de Bethléem à la grotte de la Crèche. Ce devait-être des émissaires d’Hérode. Par suite des propos des bergers, le bruit s’était répandu que quelque chose de miraculeux avait eu lieu en cet endroit, lors de la naissance d’un enfant. Ces hommes échangèrent quelques paroles avec saint Joseph, qu’ils trouvèrent devant la grotte avec les bergers, et le quittèrent en ricanant, lorsqu’ils eurent vu sa pauvreté et sa simplicité. La Sainte Vierge, après être restée environ quatre heures dans la grotte latérale, revint à la crèche avec le divin Enfant.

Après cela, la grotte de la Crèche jouit d’une déli-cieuse tranquillité. Il n'y vient personne de Bethléem : les bergers seuls sont en rapport avec elle. Du reste, on ne s‘inquiète guère à Bethléem de ce qui s’y passe, car il y a beaucoup de mouvement et d’agitation dans la ville à :cause du grand nombre d'étrangers qui s’y trouvent. On vend et on tue beaucoup d‘animaux, parce que plusieurs étrangers paient leur impôt en bétail. Il y a aussi beaucoup de païens qui sont employés comme domestiques.

Cependant les adorateurs arrivent à la crèche. C’est d’abord l’excellent maître de la dernière hôtellerie où Marie et Joseph ont passé la nuit qui envoie a la grotte un serviteur avec des présents. Lui-même est venu dans la journée pour rendre ses hommages à l‘Enfant. L’apparition de l’Ange aux bergers a l’heure de la naissance de Jésus est cause que tous les braves gens des vallées ont entendu parler du merveilleux Enfant de la promesse ; ils viennent maintenant pour honorer l'Enfant.

Ils se succèdent donc les uns aux autres, et la veille du sabbat, entre autres jours, plusieurs bergers et d’autres braves gens vinrent à la grotte de la Crèche et honorèrent l’Enfant Jésus avec beaucoup d’émotion. Ils étaient en habits de fête et allaient à Bethléem pour le sabbat. Parmi ces gens, était la femme qui, le septième jour du voyage de Nazareth a Bethléem, avait réparé la grossièreté de son mari envers les saints voyageurs en leur offrant l’hospitalité. Elle aurait pu aller pour le sabbat à Jérusalem qui était près de chez elle ; mais elle fit un détour jusqu’à Bethléem, afin de pouvoir honorer l’Enfant et ses bons parents. Elle se sentit toute heureuse de leur avoir donné cette marque d'affection.

L’on vit aussi dans l’après-midi un parent de Saint Joseph près de la demeure duquel la Sainte Famille avait passé lé nuit du neuvième jour, venir à la Crèche et vénérer l’Enfant. C’était le père de Jonadab, qui, lors du crucifiement, porta à Jésus un drap pour se couvrir. Il avait su que Joseph avait passé près de chez lui et avait entendu parler des miracles qui avaient signalé la naissance de l’Enfant, et, comme il allait à Bethléem pour le Sabbat, il était venu à la Crèche apporter des présents. Il salua Marie et rendit hommage à l’Enfant. Joseph le reçut très amicalement, mais il ne voulut rien recevoir de lui ; seulement il lui emprunta de l’argent et lui remit en gage la jeune ânesse, à condition de pouvoir la reprendre quand il le rembourserait. Joseph avait besoin de cet argent pour les présents à faire et les repas à donner lors de la cérémonie de la circoncision de l’Enfant.

Quand tout ce monde fut parti pour la synagogue de Bethléem, Saint Joseph prépara dans la grotte la lampe du Sabbat, qui avait sept mèches, l’alluma, et plaça au-dessous une petite table sur laquelle étaient les rouleaux qui contenaient les prières. Ce fut sous cette lampe qu’il célébra le Sabbat avec la Sainte Vierge et la servante de Sainte Anne. Deux bergers se tenaient un peu en arrière de la grotte. Les Esseniènnes étaient aussi là.

Ce même jour encore, avant le Sabbat, les Esseniènnes et la servante préparèrent des aliments. Elles firent rôtir des oiseaux à une branche placée au-dessus du feu. Elles les roulèrent aussi dans une espèce de farine faite avec des grains qui viennent des épis sur une plante semblable au roseau : on la trouve à l’état sauvage dans les endroits humides et marécageux du pays ; on la cultive dans plusieurs lieux ; elle vient souvent sans culture près de Bethléem et d’Hébron. Les pâtres de la tour des bergers en avaient amené à Joseph. Ces femmes firent aussi avec ces grains une espèce de crème blanche assez épaisse et pétrirent des gâteaux avec de la farine. La Sainte Famille ne garda pour son usage qu’une très petite quantité des nombreuses provisions que les bergers avaient apportés. Le reste fut donné en présents et surtout distribué aux pauvres. Le lendemain surtout l’on doit faire d’abondantes distributions à l’occasion du repas de la Circoncision.

 

Considération

Saint Joseph d’après Monsieur Boudon

 

Le vénérable Monsieur Boudon, gloire de l’Église d’Evreux, voilà encore un grand amant de Saint Joseph, d’autant plus sincère qu’il fut l’un des plus fidèles imitateurs du Saint Patriarche dans sa vie cachée. C’est pour cela qu’il en parle si éloquemment. Malheureusement, nous sommes obligés de beaucoup omettre.

« Tout ce qu’il y a de plus saint dans le ciel, dit-il tout ce qu'il y a de plus grand dans l’Empyrée, tout ce qu’il y a de plus beau dans le Paradis, tout ce qu’il y a de plus éminent dans la gloire, tout ce qu’il y a de plus relevé, de plus glorieux, de plus charmant, de plus éclatant, de plus aimable et de plus admirable dans la belle éternité, est tout ce qu’il y a de plus caché avec Jésus-Christ en Dieu, en telle sorte que c’est une vérité indubitable que ceux-là sont les plus grands en l’autre vie, qui ont été les plus cachés en Dieu avec Jésus, pendant qu'ils vivaient ici-bas sur la terre.... Aussi que l’on dise de saint Joseph qu‘il est le Père putatif de l’adorable Jésus, c’est vrai ; que l’on soutienne qu’il est le chaste Epoux de la très Sainte Mère de Dieu, je l’avoue ; mais si saint Augustin a si bien dit que la glorieuse Vierge a été plus heureuse d‘avoir coupa Jésus dans son cœur que de l’avoir porté dans ses chastes entrailles, je puis avancer avec raison que cette qualité de Père putatif de Jésus aurait servi de peu au glorieux saint Joseph, si sa vie n’avait été cachée encelle de Jésus son Dieu... Sa vie a été cachée avec Jésus en Dieu. Voilà toute la vie de Saint Joseph, voilà toutes ses grandeurs, tous ses mérites. C’est là sa vie véritable... Vie, non de paroles, mais d’oraison et d‘admiration, d‘admiration et d'adoration.

Ô quels profonds secrets et quelles merveilles les esprits de Marie et de Joseph n’ont-ils pas pénétrés et sondés dans les abîmes de cette vie ! Quelles lumières n’ont-ils pas reçues de leur soleil qui leur était toujours présent ! Les âmes allaient en enfer, Jésus était venu pour y remédier, il quittait tout pour se tenir caché avec Marie et avec Joseph. Ce que Jésus pouvait faire en ce temps-là et qu’il n’a pas fait, tous les effets qu’il pouvait opérer et qu’il a suspendus, il les a tous produits ; avec une singulière éminence, en Marie et Joseph et il a amplement compensé en eux toutes les privations et suspensions de ses grandes et saintes opérations ; car il était occupé en eux, les sanctifiant et les élevant, de moment en moment, par de nouveau accroissements de grâce et de sainteté.

Et d’ailleurs, quelles communications mutuelles, quelle rencontre de ces lumières du paradis en se regardant de leur cœur, en s’entretenant de leurs volontés et affections Si la communication d‘’n saint avec Dieu,ou sa très Sainte Mère, nous étonne et nous produit véritablement des effets prodigieux de grâce dans l’âme, que devons-nous penser de celle qu’a eue Saint Joseph avec Jésus continuellement pendant environ trente ans ? Que ne peut point faire un regard de Dieu, une parole ? Par une seule parole de Dieu, tout le monde a été fait. Je vous prie, que n’a point opéré l'entretien de Jésus avec Joseph pendant un si long temps ? Qui pourrait expliquer les chastes embrasements, les saints baisers de saint Joseph avec Jésus, avec un Dieu? Y a-t-il un Séraphin qui puisse nous déclarer la grandeur de saint Joseph qui commande à un Dieu ? Et erat subditus illis. Tout ce que le Saint Esprit déclare de la vie cachée de Jésus est qu‘il était sujet à Marie et à Joseph. Voilà ses merveilles, voilà ses grandeurs, voilà ses miracles, voilà ses opérations, voilà la meilleure partie de la vie d’un Dieu. Joseph appelait Dieu, Jésus répondait ; Joseph commandait, Jésus obéissait ; Jésus était envoyé, et Jésus allait, un Dieu aidant au saint à exercer le métier de charpentier. Il balayait et nettoyait la maison, et faisait quantité d’autres choses domestiques, et tout cela pour moi, pour nous : et un Dieu ? Vous pouvez voir de là la facilité que Saint Joseph avait pour l’oraison et sa grande solitude intérieure au milieu de toutes les choses créées ; car quand il aidait Jésus, qu’il lui apportait quelque morceau de bois, il ne cessait de prier Dieu ; quand il mangeait, quand il se reposait, toujours avec Jésus, Dieu incarné, et avec la Reine de tous les Saints du Paradis. Il recevait par la continuelle présence de Jésus et de Marie, tant de rayons d’éclats de lumière du Saint Esprit et de si grands embrasements d’amour en son âme, qu’il ne pouvait plus vivre ni converser avec les hommes sur la terre, qu’il ne pouvait plus rien voir et aimer de toutes les choses créées. Il était toujours en la présence de Dieu, et c’est ce qui le séparait des créatures… et le mettait dans une telle solitude intérieure, qu’il vivait séparé de tout le reste de ces créatures, qu’aucune n’y pouvait avoir de part. Car, comme en la solitude de Jésus personne n’y entre, à cause des charmes ineffables qui résultent de l’union personnelle : non plus dans celle de la Sainte Vierge, à cause de sa maternité divine ; de même Saint Joseph est incommunicable, à cause des qualités de Père de Jésus et d’époux de la très pure Marie.

Ô vie ineffable et cachée en Jésus ! Joseph possédait Jésus et était possédé de Jésus. »

 

Pratique

Œuvres de piété et de miséricorde

 

Notre Seigneur nous a promis de ne point laisser sans récompense le verre d’eau froide donné en son Nom et pour son amour. Ainsi en est-il de la très Sainte Vierge, avec laquelle ses fidèles serviteurs ne sont jamais sans retour. Ainsi en est-il avec Saint Joseph, qui a souvent récompensé des plus insignes faveurs les moindres œuvres que l’on avait faites pour lui. Si donc nous voulons nous le rendre de plus en plus favorable, ne nous contentons pas de le glorifier et de l’invoquer, mais faisons quelques bonnes œuvres en son honneur, et surtout de ces œuvres, soit de piété, soit de charité, soit de miséricorde, dans lesquelles nous rencontrerons des sacrifices à imposer à notre amour-propre, à notre vanité, à notre paresse, à notre amour de nos aises, à nos satisfactions, des œuvres enfin qui nous coûterons à un point e vie ou à un autre.

C’est sans doute pour encourager cette pratique que Pie VII, par un rescrit du 13 juin 1813, a accordé à celui qui donne à manger à trois pauvres en souvenir de Jésus, Marie et Joseph, une Indulgence de sept ans et sept quarantaines chaque fois, et même une Indulgence plénière, si ce même jour il se confesse et communie.

Ceux de la famille qui contribuent à cette œuvre de miséricorde par leurs service, ou même par leur seule présence, gagnent également cent jours d’Indulgence.

 

Prière

Tirée de Monsieur Boudon

 

Grand Saint, le miracle et l’étonnement de tous les Saints, dont la grandeur de la grâce s’élève en sa hauteur incomparablement au dessus de tout ce qu’il y a de plus éminent parmi les saints. Homme plus qu’homme, homme plus qu'Ange, le sujet des admirations de ces esprits sublimes, de ces pures intelligences du ciel, aussi bien que des âmes les plus élevées de la terre, car où est l’Ange dont on puisse dire qu’il a eu la Mère d‘un Dieu pour épouse ; qu’il a été le Père putatif d’un Dieu-Homme ; qu’il l’a nourri, élevé, porté entre ses bras et sauvé de la mort ; et enfin qu’un Dieu lui a été sujet ?

Mais comment, incomparable Saint, peut-on penser aux assistances que vous avez rendues a la Reine du ciel et au petit Enfant Jésus, sans vous en remercier, sans en être touché ? Comment peut-on penser et à l'amour que vous avez eu pour Jésus et Marie, et à l’amour que Jésus et Marie ont eu pour vous, sans en être tout d’amour pour vous ? Je vous aime donc, ô le grand Saint de ma dévotion, le grand Saint que je désire de tout mon cœur honorer le reste de mes jours par un culte très particulier, et que je voudrais faire connaître a tout le monde comme le non-pareil dans ses faveurs, l‘incomparable dans son crédit auprès de Dieu, l’admirable dans ses bontés et miséricordes. Je vous conjure, bienheureux Saint, par la part que vous avez eue au mystère de l’Incarnation, de m’obtenir un vrai et fidèle amour pour le tout aimable Jésus, un amour qui me lie à cet adorable Sauveur inséparablement et pour jamais. Et pour cette fin, impétrez-moi de ses grandes miséricordes la grâce finale, le don de la persévérance. Je vous demande cette grâce, ô Jésus, par les services que le glorieux saint Joseph, votre Père putatif, vous a rendus autrefois sur la terre.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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13 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

creche

Quatorzième jour

Adoration des Bergers

 

Pendant que tout cela se passait dans la grotte de Bethléem, l’on vit en beaucoup de lieux, jusque dans les pays les plus éloignés, une joie inaccoutumée et un mouvement extraordinaire pendant cette nuit. L‘on vit les cœurs de beaucoup d’hommes de bien animés d’un désir joyeux, et ceux des méchants pleins d’angoisse et de trouble. L’on vit beaucoup d’animaux faire éclater leur allégresse par leurs mouvements, des fleurs relever la tête, des plantes et des arbres reprendre eux comme une nouvelle vie et répandre au loin des parfums. L’on vit aussi des sources jaillir de terre. Ainsi, au moment où le Sauveur naquit, une source abondante jaillit dans la grotte qui était dans la colline au nord de la grotte de la Crèche. Joseph la vit le lendemain et lui prépara un écoulement. Au-dessus de Bethléem, le ciel était d'un rouge blafard, tandis que sur la grotte de la Crèche, sur la vallée voisine de la grotte de Maraha et sur la vallée des Bergers, on voyait se balancer des nuages lumineux qui semblaient chargés d’une rasée bienfaisante.

Dans la vallée des Bergers, à une lieue et demie environ de la grotte de la Nativité, s’élevait une colline où commençaient des vignobles qui s’étendaient jusqu’à Gaza. Contre cette colline étaient les cabanes de trois bergers, qui étaient comme les chefs de tous les bergers de la contrée. A une distance double de la grotte se trouvait ce qu’on appelait la tour des Bergers. C’était une sorte de grand échafaudage pyramidal en charpente, ayant pour base des quartiers de rocher, placé au milieu d’arbres verdoyants, et s’élevant sur une colline isolée au milieu de la plaine. Il était entouré d’escaliers et de galeries, avec des espèces de tourelles couvertes, et le tout était recouvert de nattes. Il avait quelque ressemblance avec ces tours de bois au haut desquelles on observait les astres dans le pays des Mages, et faisait de loin l‘effet d'un grand vaisseau garni de ses mâts et de ses voiles. De cette tour, on pouvait observer tout le pays d’alentour. On voyait Jérusalem et même la montagne de la Tentation dans le désert de Jéricho. Les bergers avaient la des veilleurs pour surveiller la marche des troupeaux et les avertir, en sonnant du cor, dans le cas d’une invasion de voleurs ou de gens de guerre qu’on pouvait voir de là a une grande distance.

Les familles des bergers habitaient dans un rayon de cinq à six lieues, et occupaient des métairies isolées, entourées de jardins et de champs. La tour était le point de réunion : c’était là que se tenaient les gardiens chargés de veiller sur les troupeaux de tous. Il y avait le long de la colline, où la tour s’élevait, un certain, nombre de cabanes, et à quelque distance un grand bâtiment à plusieurs compartiments, où les femmes des gardiens demeuraient et préparaient les aliments. Pendant cette nuit les troupeaux se tinrent près de la tour ; une partie était en plein air ; une autre partie était sous un hangar, près de la colline des trois Bergers.

Au moment où le Sauveur vint au monde, les trois bergers chefs, étonnés de ce que le ciel présentait d’étrange, sortirent de leurs cabanes, portèrent les yeux au ciel en différentes directions et considérèrent avec étonnement l’éclat Extraordinaire. des nuages qui se balançaient au-dessus de la grotte de la Nativité. Les bergers voisins de la tourne furent pas moins surpris, et plusieurs montèrent à leur observatoire et considérèrent la lueur extraordinaire qui régnait au-dessus de la grotte. Mais tandis que les trois premiers bergers avaient les yeux tournés vers le ciel, une nuée lumineuse s’abaisse vers eux. Pendant qu’elle s’approchait, il s’y fit des mouvements, il s’y dessina des formes et des figures, et l’on entendit des chants harmonieux d‘une expression joyeuse, et qui devenaient de plus en plus distincts. Les bergers furent d’abord effrayés, mais un Ange parut devant eux, et leur dit : « Ne craignez rien, car je viens vous annoncer une grande joie pour tout le peuple d’israël : c’est qu’aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et voici à quel signe vous le reconnaîtrez : vous trouverez un Enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche ». Pendant que l’Ange parlait ainsi, la lumière qui l’enveloppait devint plus vive, et l'on aperçut cinq ou sept grandes figures d’Anges, d’une beauté ravissante, qui tenaient dans leurs mains comme une longue banderole où était écrit quelque chose en lettres hautes comme la main, et on les entendit louer Dieu et chanter : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ».

Les bergers de la tour eurent la même apparition, mais un peu plus tard. Les Anges apparurent aussi à un troisième groupe de bergers, près d’une fontaine située à trois lieues de Bethléem, à l’est de la tour des Bergers. Les bergers n‘allèrent pas immédiatement, à la grotte de la Nativité, dont ils étaient éloignés, les uns d‘une lieue et demie, les autres du double ; mais ils se consultèrent pour savoir ce qu’ils porteraient au nouveau-né, et préparèrent leurs présents avec toute la promptitude possible. Ils n’arrivèrent à la crèche qu’à l’aurore.

Ce fut donc aux premières lueurs du crépuscule que les trois chefs des bergers vinrent de la colline a la grotte de la Crèche avec les présents qu’ils avaient préparés. C’étaient de petits animaux qui ressemblaient assez à des chevreuils. Si c’étaient des chevreaux, ils différaient de ceux de notre pays : ils avaient de longs cous, de beaux yeux fort brillants ; ils étaient très gracieux et très légers à la course. Les bergers les conduisaient en laisse attachés avec de simples cordes. Ils portaient aussi sur leurs épaules des oiseaux qu’ils avaient tués, et sons le bras d’autres oiseaux vivants de plus grande taille.

Ils frappèrent timidement a la porte de la grotte, et Joseph vint à leur rencontre. Ils lui répétèrent ce que les Anges leur avaient annoncé, et lui dirent qu’ils venaient rendre leurs hommages à l’Enfant de la promesse et lui présenter leurs pauvres offrandes. Joseph accepta leurs présents avec une humble gratitude, et il les conduisit Et la sainte Vierge, qui était assise près de la Crèche et tenait l’Enfant Jésus sur ses genoux. Les trois bergers, conservant leur bâton à la main, s’agenouillèrent humblement, et restèrent longtemps en silence, absorbés dans un sentiment de joie indicible ; ils chantèrent ensuite le cantique qu’ils avaient entendu chanter aux Anges, et un psaume d’actions de grâces. Quand ils voulurent se retirer, la sainte Vierge leur donna le petit Jésus, qu’ils tinrent tour à tour dans leurs bras, puis ils le lui rendirent en pleurant, et quittèrent la grotte.

Vers le soir, d’autres bergers, avec leurs femmes et leurs enfants, sont venus de la tour des Bergers, qui est à quatre lieues de la crèche. Ils apportaient des oiseaux, des œufs, du miel, des écheveaux de fil de différentes couleurs, de petits paquets qui ressemblaient à de la soie brute, et des bouquets d’une plante ressemblant au joue et qui a de grandes feuilles. Cette plante avait des épis pleins de gros grains. Quand ils eurent remis leurs présents à saint Joseph, ils s’approchèrent humblement de la crèche, près de laquelle la sainte Vierge était assise. ils saluèrent la Mère et l’Enfant, et, s’étant agenouillés, ils chantèrent de très beaux psaumes, le Gloria in excelsis, et quelques cantiques très courts. Dans l’un de ces cantiques se rencontraient ces paroles : « Ô petit Enfant, vermeil comme la rose, tu parais, semblable à un messager de paix ! » Au moment du départ, ils se courbèrent au-dessus de la crèche, comme pour embrasser le divin Enfant.

Cependant, la naissance du Sauveur était miraculeusement annoncée dans toutes les parties du monde, et principalement en Judée, à Rome, en Egypte, et au pays des Mages.

En Judée, elle fut révélée à sainte Anne a Nazareth, à Elisabeth à Jutta, et à Jérusalem à Noémie, maîtresse de la sainte Vierge au Temple ; à Anne la prophétesse, et au saint vieillard Siméon, tandis que dans le Temple les rouleaux des Ecritures des Sadducéens étaient éparpillés et dispersés çà et là.

A Rome, une source d’huile jaillit au quartier des Juifs, et une magnifique statue de Jupiter fut brisée et ensevelie sous les ruines d’un temple qui s‘écroula.

En Egypte, une grande idole qui rendait ordinairement des oracles fut subitement réduite au silence.

Dans le pays des Mages, une grande constellation, qu’ils observaient depuis quelque temps, se montra plus brillante et leur laissa voir un bel arc-en-ciel au dessus du croissant de la lune. Sur cet arc-en-ciel une Vierge était assise. Son genou gauche était légèrement relevé, sa jambe droite plus allongée, et son pied reposait sur le croissant. Du côté gauche de la Vierge, au-dessus de l’arc-en-ciel, était un cep de vigne, et du côté droit un bouquet d’épis de blé. Devant la Vierge s’élevait un calice semblable à celui qui servit dans la dernière cène. De ce calice sortit un enfant, et au-dessus de l’enfant un disque lumineux, pareil à un ostensoir vide, duquel partaient des rayons semblables à des épis. Du côté droit de l’enfant sortit une branche à l’extrémité de laquelle se montra, comme une fleur, une église octogone qui avait une grande porte dorée et deux petites portes latérales. La Vierge, avec sa main droite, fit entrer le calice, l’enfant et l’hostie dans l’église, dont l‘intérieur était d’une grandeur immense. L’on vit aussi dans le fond une manifestation de la Sainte Trinité, puis l’église se transforma en une cité brillante, semblable aux représentations de la Jérusalem céleste. Cette constellation était différente de l’astre que les Mages appelaient l‘étoile de Jacob.

 

Considération

Saint Joseph d'après Monsieur Olier

 

Parmi les auteurs ascétiques si justement estimés du XVIIe siècle, le vénérable fondateur de la congrégation de Saint Sulpice, Monsieur Olier, occupe un des premiers rangs, d’autant plus que les ouvrages de ce grand serviteur de Dieu sont moins le fruit de ses réflexions et de ses recherches que des lumières dont le Saint-Esprit le remplissait dans l’oraison. Il écrivait, pour l'ordinaire, après ce saint exercice, et avec une facilité et une rapidité si extraordinaire, qu'on l’a vu écrire à genoux cinq Ou six heures de suite, sans jamais être incommodé par cette sorte de composition. Sa plume suivait l’impétuosité de l’esprit de Dieu qui l’éclairait, et retraçait sûrement sur le papier ces vérités divines que les dons de sagesse et d’intelligence qu’il avait reçus lui découvraient en foulent tout d’un coup. C’est ainsi qu’il nous a laissé sur saint Joseph des pages sublimes, dont nous ne pouvons que détacher quelques pensées.

L’admirable saint Joseph fut donné à la terre, selon Monsieur Olier, pour exprimer visiblement les perfections adorables de Dieu le Père, sa sainteté, sa fécondité, sa sagesse, sa force, sa prudence, sa simplicité, son amour pour son divin Fils, sa compassion et sa tendresse pour les misères des hommes. Aussi le considère-t-il plus particulièrement comme le patron des âmes cachées et suréminentes, et surtout des Prêtres, dans lesquels Dieu réside en sa plénitude et en sa fécondité pure et vierge. Mais il faut l’entendre nous exposer combien Jésus-Christ a honoré le grand saint Joseph.

« Le Fils de Dieu, dit-il, s’étant rendu visible en prenant une chair humaine, il conversait et traitait visiblement avec Dieu son Père, voilé sous la personne de saint Joseph, par lequel son Père se rendait visible a lui, La très Sainte Vierge et saint Joseph représentaient tous deux ensemble une seule et même personne, celle de Dieu le Père. c’étaient deux représentations sensibles de Dieu, deux images sous lesquelles Jésus adorait la plénitude de son Père, soit dans sa fécondité éternelle, soit dans sa providence temporelle, soit dans son amour pour ce Fils lu-même eet son Eglise. C’était là comme le saint oratoire de Jésus-Christ, dans lequel il voyait en Joseph les secrets de son Père et entendait par la bouche de ce grand Saint la parole même de son Père, dont saint Joseph était l’organe sensible. C’était l’oracle qui lui faisait connaître toutes les volontés de son Père céleste. C’était son horloge qui lui-indiquait tous les moments marqués dans les décrets de Dieu… Heureux Jésus ! Heureux Joseph, de fournir a Jésus le plus juste sujet de ses délices ! Bienheureux, ô Jésus, de trouver en Joseph l’objet de vos plus saintes complaisances ! Les yeux de votre esprit voient en lui l’esprit de votre Père, et les yeux de votre corps voient en lui une image sensible de sa beauté, si bien qu en lui seul vous trouvez votre parfait contentement !

C’est une vie admirable, sans doute, que celle de Dieu le Père dans l’éternité, aimant son Fils, et le Fils par réciproque aimant le Saint Esprit. C’était aussi une admirable vie que celle de Joseph et de Marie, images de Dieu le Père pour Jésus-Christ, son Fils. Quel était leur amour pour Jésus et l’amour de Jésus pour eux ! Notre-Seigneur voyait dans l’un et dans l’autre la présence, la vie, la Substance, la personne et les perfections de Dieu son Père ; et voyant ces beautés, quel amour, quelle joie, quelle consolation ! La sainte Vierge et saint Joseph, voyant de leur côté la personne de Dieu en Jésus, avec tout ce.qu’il est, Fils de Dieu, Verbe du Père, la splendeur de sa vie et le caractère de sa substance, quelle révérence, quel respect, quel absorbement d’amour, quelle adoration profonde ! C'était là un ciel, un paradis sur la terre ; c’étaient des délices sans fin dans ce lieu de douleur, l’abondance de tous les biens au sein de la pauvreté ; c’était une gloire commencée déjà dans la vileté, l’abjection et la petitesse de leur vie.

Ô Jésus, je ne m’étonne pas si vous demeurez trente ans entiers dans cette heureuse maison sans quitter saint Joseph ! Je ne m’étonne pas si vous êtes inséparable de sa personne ! Sa maison seule vous est un paradis, et son sein est pour vous le sein de votre Père, dont vous êtes inséparable et dans lequel vous prenez vos délices éternelles. Hors de cette maison, vous ne trouverez que des objets funestes, que des pécheurs, ces tristes causes de votre mort. Et dans la maison de Joseph, qui est aussi celle de Marie, vous trouverez les objets les plus délicieux de votre joie, les saintes sources de votre vie. Vous ne sortirez jamais de ce saint lieu que pour aller dans le Temple, et le monde se moquait de votre solitude et de votre vie retirée ; mais il ne savait pas que le Temple était une figure morte du sein de votre Père, et que Saint Joseph, comme son image vivante, était le lieu de vos délices et de votre repos.

Qui pourrait dont dire l’excellence de notre Saint, vu le respect que Notre Seigneur avait pour lui, et l’amour fort que la très Sainte Vierge lui portait, Jésus-Christ regardant en lui le Père éternel comme son Père, et la très Sainte Vierge considérant en sa personne le même Père éternel que son époux ? »

 

Pratique

Dévotion aux Douleurs et aux Allégresses

 

Si la dévotion des sept Dimanches est aussi recommandable que nous l’avons dit, c’est que la dévotion aux sept douleurs et aux sept allégresses de saint Joseph lui est infiniment agréable, selon qu’il l’a révélé aux deux saints religieux qui se préoccupaient des moyens de lui témoigner leur reconnaissance. « Si vous voulez faire quelque chose qui me soit agréable, leur dit-il, ne laissez passer aucun jour sans réciter dévotement quelques prières en mémoire des sept douleurs dont mon âme fut affligée, et en considération des sept allégresses dont mon cœur fut souverainement consolé pendant les jours que je passai sur la terre dans la compagnie de Jésus et de Marie ».

Après ces paroles, n’hésitons donc plus à honorer les douleurs et les joies de saint Joseph : 1° au moment où il songea à quitter la sainte Vierge et où l’Ange lui révéla le mystère de l’Incarnation ; 2° au temps de la naissance du Sauveur ; 3° au jour de la Circoncision ; 4° dans la Présentation au Temple ; 5° pendant la fuite en Egypte ; 6° au retour de l'Egypte ; 7° au moment du recouvrement de Jésus dans le Temple.

Pie VII a attaché à la récitation des prières propres à cette dévotion 100 jours, une fois le jour, pour chaque récitation ; 300 jours tous les mercredis de l'année, et chaque jour des deux neuvaines qui précèdent le 19 mars et le 3e Dimanche après Pâques ; et l’Indulgence plénière chacune de ces deux fêtes, et une fois le mois pour ceux qui récitent ces prières chaque jour.

 

Retrouvez le texte des Sept Douleurs et Allégresses de Saint Joseph en cliquant ICI

 

Salutations de Monsieur olier à Saint Joseph

 

Je vous salue, Joseph, image de Dieu le Père, Père du Fils de Dieu, sanctuaire de l’Esprit-Saint, bien-aimé de la Sainte Trinité, coadjuteur très fidèle du grand conseil de Dieu, très digne Epoux de la Vierge Mère, père de tous les fidèles, gardien des saintes vierges, très exact observateur du silence, amant passionné de la pauvreté, exemple de douceur et de patience, miroir d‘humilité et d‘obéissance...

Et bénis soient vos yeux, qui ont vu ce que vous avez vu ; vos oreilles, qui ont entendu ce que vous avez entendu ; vos mains, qui ont touché le Verbe incarné ; vos bras, qui ont porté celui qui porte toutes choses ; votre poitrine, sur laquelle le Fils de Dieu s’est reposé avec délices ; votre cœur, embrasé des ardeurs de son amour...

Ainsi que le Père éternel qui vous a choisi, le Fils qui vous a tant aimé, le Saint Esprit qui vous a sanctifié, Marie, votre Epouse, qui vous a chéri comme un époux et comme un frère, l’Ange qui vous a gardé...

Ainsi que tous ceux qui vous bénissent et vous aiment, vous qui êtes béni entre tous les hommes ; qu’ils soient bénis pendant leur vie, bénis surtout à l’heure de leur mort, afin qu’ils puissent vous bénir à jamais, avec Jésus et Marie, durant le cours de la bienheureuse éternité. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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12 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Treizième jour

Naissance du Sauveur

 

Il était déjà tard quand Joseph et Marie arrivèrent à 'la grotte. La jeune ânesse, qui, depuis qu’ils étaient entrés dans la maison paternelle de Joseph, avait couru de côté et d’autre autour de la ville, vint alors à leur rencontre et se mit à sauter joyeusement auprès d’eux. Alors la sainte Vierge dit à Joseph : « Voyez, c’est certainement la volonté de Dieu que nous entrions ici ». Joseph mit l‘âne sous l’espèce de toit qui était en avant de l’entrée de la grotte, puis, ayant préparé un siège pour la sainte Vierge, elle s’y assit pendant, qu’il se procurait de la lumière et entrait dans la grotte. L’entrée était un peu obstruée par des bottes de paille, et des nattes posées contre les parois. Il y avait aussi dans la grotte même divers objets qui l’encombraient. Joseph la débarrassa de manière à préparer à la sainte Vierge une place commode du côté oriental de la grotte. Il attache une lampe allumée a la paroi, et fit entrer Marie, qui se plaça sur le lit de repos qu’il lui avait préparé avec des couvertures et quelques paquets. Il s’excusa humblement de n’avoir pu lui procurer qu’un si mauvais gîte ; mais Marie, intérieurement, était contente et joyeuse.

Quand elle se fut installée, Joseph sortit avec une outre de peau qu‘il portait avec lui, et alla derrière la colline, dans la prairie où coulait un petit ruisseau. Il remplit l’entre d’eau et la rapporta dans la grotte. Il alla ensuite a la ville pour y acheter un peu de vaisselle, des fruits et du bois à brûler. Le sabbat était proche, et à cause des nombreux étrangers qui avaient à se procurer des provisions, on avait dressé au coin des rues des tables chargées des objets les plus indispensables.

Joseph revint, portant des charbons allumés dans une espèce de boîte grillée. Il les plaça à l’entrée de la grotte, et allume du feu avec un petit fagot de morceaux de bois sec. Il apprêta ensuite un repas qui se composait de petits pains et de quelques fruits cuits. Quand ils eurent mangé et prié, Joseph prépara un lit pour la sainte Vierge ; il étendit sur une litière de jonc une couverture semblable a celles que nous avons vues dans la maison de sainte Anne, et plaça une autre couverture roulée pour appuyer sa tête. Après avoir fait entrer l’âne et l’avoir attaché dans un endroit où il ne pouvait pas gêner, il boucha les ouvertures de la voûte par où l’air venait, et disposa la place où lui-même devait reposer à l’entrée de la grotte.

L’heure du Sabbat étant arrivée, il se plaça avec la sainte Vierge sous la lampe, et récita avec elle les prières du Sabbat. Après quoi ils prirent ensemble leur modeste repas. Puis Joseph repartit pour la ville, et Marie s’enveloppa pour se livrer au repos. Pendant l’absence de Joseph, la sainte Vierge pria à genoux. Elle s’agenouilla sur sa couche ; puis elle s'étendit sur la couverture, couchée sur le côté. Sa tête reposait sur son bras, qui était posé sur l’oreiller. Joseph revint tard. Il pria encore et se jeta humblement sur son pauvre grabat à l’entrée de la grotte.

La sainte Vierge passa le Sabbat dans la grotte de la Crèche, priant et méditant avec une grande ferveur. Joseph sortit plusieurs fois ; il alla probablement à la Synagogue de Bethléem. Ils ne mangèrent ce jour-là que des aliments préparés les jours précédents et, prièrent ensemble. Dans l’après-midi, temps où les Juifs font ordinairement leur promenade du jour du sabbat, Joseph conduisit la sainte Vierge à la grotte du tombeau de Maraha, nourrice d’Abraham. Elle resta quelque temps dans cette grotte, qui était plus spacieuse que celle de la Crèche, et où Joseph lui arrangea un siège ; elle se tint aussi sous l’arbre qui était auprès, toujours priant et méditant, jusqu’après la clôture du sabbat. Marie avait dit à Joseph que la naissance de l'Enfant aurait lieu ce jour même, à minuit ; car c‘était à cette heure que se terminaient les neuf mois écoulés depuis que l'Ange du Seigneur l’avait saluée. Elle l’avait prié de faire en sorte qu’ils pussent honorer de leur mieux, à son entrée dans le monde, l’Enfant promis par Dieu et conçu surnaturellement. Elle l’engagea aussi à prier avec elle pour les gens au cœur dur qui n’avaient pas voulu lui donner l’hospitalité. Joseph offrit a la sainte Vierge de faire venir pour l’assister deux pieuses femmes de Bethléem qu’il connaissait. Elle ne le voulut pas, et lui dit qu'elle n’avait besoin du secours de personne.

Joseph alla à Bethléem avant la fin du sabbat et aussitôt que le soleil fut couché, et y acheta Quelques objets nécessaires, une écuelle, une petite table basse, des fruits et des raisins secs, qu'il rapporta à la grotte de la Crèche. Il alla de la à la grotte de Maraha, et ramena la sainte Vierge à celle de la Crèche, où elle s’assit sur la couvcrture. Joseph prépara encore des aliments. Ils mangèrent et prièrent ensemble. Il établit alors une séparation entre la place qu’il avait choisie pour reposer et le reste de la grotte, à l'aide de quelques perches auxquelles il suspendit des nattes qu’il avait trouvées dans la grotte même. Il donna à manger à l‘âne qui était à gauche de l’entrée, attaché à la paroi de la grotte ; puis il remplit la mangeoire de la crèche de roseaux et d’herbe ou de mousse, et étendit dessus une petite couverture dont les extrémités retombaient sur les côtés.

Comme alors la sainte Vierge lui dit que son temps approchait et l’engagea à se mettre en prière dans sa chambre, il suspendit à la voûte plusieurs lampes allumées, et sortit de la grotte parce qu’il avait entendu du bruit devant l‘entrée. Il trouva là la jeune ânesse qui, jusqu’alors, avait erré en liberté dans la vallée des Bergers. Elle paraissait toute joyeuse, et jouait et bondissait autour de lui. Il l‘attache sous l‘auvent qui était devant la grotte et lui donna du fourrage.

Quand il revint dans la grotte, et qu’avant d’entrer dans son réduit il jeta les yeux sur la sainte Vierge, il la vit qui priait a genoux sur sa couche, lui tournant le dos, et regardait du côté de l’orient. Elle lui parut comme entourée de flammes, et toute la grotte ; semblait éclairée d’une lumière surnaturelle. Il regarda comme Moïse lorsqu’il vit le buisson ardent ; puis, saisi d’un saint effroi, il entra dans sa cellule et S’y prosterna la face contre terre.

Et la lumière qui environnait la sainte Vierge devint de plus en plus éclatante. La lueur de la lampe allumée par Joseph n’était plus visible. Marie, ayant sa large robe sans ceinture étalée autour d’elle. était à genoux sur sa couche, le visage tourné vers l’orient.

Quand vint d’heure de minuit, elle fut ravie en extase. Elle était élevée de terre a une certaine hauteur. Elle avait les mains croisées sur la poitrine. La splendeur allait croissant autour d’elle ; tout, semblait ressentir une émotion joyeuse, même les êtres inanimés. Le roc qui formait le sol et les parois de la grotte paraissaient s’animer dans la lumière. Mais bientôt la voûte ne fut plus visible ; une voie lumineuse, dont l’éclat augmentait sans cesse, allait de Marie jusqu’au plus haut des cieux. Il y avait là un mouvement merveilleux de gloires célestes, qui, s’approchant de plus en plus, se montrèrent distinctement Sous la forme de chœurs angéliques. La sainte Vierge, élevée de terre dans son extase, priait et abaissait ses regards sur son bien dont elle était devenue la Mère, et qui, faible Enfant nouveau-né, était couché sur la terre devant elle. Et Notre Seigneur apparut comme un petit Enfant lumineux, dont l’éclat éclipsait toute la splendeur environnante, couché sur le tapis, devant les genoux de sa Mère. Il semblait qu’il était tout petit et grandissait de plus en plus ; mais tout cela n’était que le rayonnement d‘une lumière ineffable qui échappait, aux regards mortels.

La Sainte Vierge resta encore quelque temps dans son extase. Puis elle mit un linge sur l’Enfant, mais ne le toucha pas, et ne le prit pas encore dans ses bras. Après un certain intervalle, l’Enfant-Jésus commença à se mouvoir et à pleurer ; ce alors que Marie sembla reprendre l’usage de ses sens. Elle prit l’Enfant, l’enveloppa dans le linge dont elle l’avait recouvert, et le tint dans ses bras contre sa poitrine. Elle s‘assit ensuite, s’enveloppa tout entière avec l'Enfant dans son voile, et se mit à l’allaiter. L’on vit alors autour d‘elle des Anges, sous forme humaine, se prosterner devant le nouveau-né et l’adorer.

Il s’était bien écoulé une heure depuis la naissance du Sauveur, lorsque Marie appela saint Joseph, qui priait encore la face contre terre. S’étant approché, il se prosterna plein de joie, d‘humilité et de ferveur. Ce ne fut que lorsque Marie l’eut engagé à presser contre son cœur le don sacré du Très-Haut, qu’ils e leva, reçut l‘Enfant dans ses bras et remercia Dieu avec des larmes de joie.

Alors la sainte Vierge emmaillota le divin Enfant. Marie n‘avait que quatre langes avec elle. Marie et Joseph s‘assirent ensuite par terre l’un pres de l‘autre. Ils ne disaient rien et semblaient tous deux absorbés dans la contemplation. Devant Marie, emmailloté ainsi qu’un enfant ordinaire, était couché le nouveau-né, beau et brillant comme un éclair... Mais quoi ! Ce lieu contenait le salut du monde entier, et personne ne s’en doutait.

Ils placèrent ensuite l‘Enfant dans la Crèche. Ils l’avaient remplie de roseaux et de jolies plantes,v sur lesquels étaient étendue une couverture ; elle était au dessus de l’auge creusée dans le roc, à droite de l’entrée de la grotte, qui s’élargissait là dans la direction du midi. Quand ils eurent mis l’Enfant dans la crèche, tous deux se tinrent à côté de lui, versant des larmes de joie et chantant des cantiques de louange. Joseph arrangea alors le lit de repos et le siège de la sainte Vierge à côté de la crèche. Elle était, avant et après la naissance de son divin Fils, habillée d’un vêtement blanc qui l‘enveloppait tout entière, et elle resta là pendant les premiers jours, assise, agenouillée, debout ou même couchée sur le côté et dormant, mais jamais souffrante ni fatiguée. Quand on venait la voir, elle s'enveloppait encore davantage dans ses vêtements et se tenait assise sur le tapis qui avait reçu le Sauveur à sa naissance.

 

Considération

Saint Joseph d'après le chanoine de Verdun

 

Un pieux auteur du XVIIe siècle, le bon M. Dognon, chanoine de Verdun, a dit des choses délicieuses sur notre saint Patriarche dans un petit ouvrage qu’il publia en 1633, sous ce titre : « Le Modèle du ménage heureux en l'histoire du mariage de saint Joseph ». Entendons-le :

« Dieu, dit-il, tient parfois les grandeurs et les excellences de ses premiers serviteurs cachées sous le sceau de sa providence pendant certain temps et jusqu’à ce que, pour le bien de son service et l’édification de son Église, il les étale et révèle à tout le monde, de l’un en l’un siècle, de l’autre en un autre, et de tous en la saison la plus avantageuse et commode pour l’avancement de sa gloire et de la leur.

Le Saint Esprit, qui a déterminé comme autant d'articles de foi certaines propositions en un siècle, qui au précédent avaient été laissées indifférentes et problématiquement disputées, n’a pas donné une vérité nouvelle à ces propositions, mais a seulement déclaré celles qu’elles contenaient dès le commencement.

Ainsi en est-il, en certain sens, de la gloire d‘aucuns saints, laquelle a demeuré un long temps comme éclipsée et couverte aux hommes jusqu’au jour où il a plu à Dieu la leur découvrir, non comme une excellence dont il les eût nouvellement doués, mais comme un rayon partant naturellement de la gloire qu‘ils possèdent de longtemps et qui était empêchée de se répandre ici-bas, par l'opposition du grand sceau de la sagesse divine pour l’empêcher de nuire en un temps, où il a grandement servi en un autre.

Qui n’avouera que cela est vrai particulièrement au fait de saint Joseph, dont les éminences ayant plusieurs siècles durant été quasi généralement inconnues, viennent nouvellement avec éclat a se manifester tous les jours ; si bien que désormais, avec l’applaudissement de toute l’Eglise, il va être reconnu l’un des premiers chefs d’oeuvre de la nature et de la grâce et le plus élevé de tous les hommes, après la sainte Vierge son Epouse, dans les splendeurs des saints et la gloire des bienheureux au ciel.

Ces prérogatives pourtant que l'on ne fait presque que commencer d’admirer en lui ne sont pas des bienfaits récents de la magnificence de Dieu a son égard. Les perfections qu‘il s’est acquises dans l‘exercice de la vertu et qui servent aujourd’hui à étoffer la couronne de sa gloire, ne lui sont pas des nouveaux acquêts, et le degré de béatitude duquel il jouit à présent est celui même dont le Roi de gloire, son cher nourrisson, le mit en possession dès il y a seize siècles, au jour de Son ascension au ciel.

Ce sont des étoiles qui, quoiqu’elles fussent enchâssées dès le commencement en cette belle contemplation, ont été toutefois (au moins pour la plupart) tenues cachées sous le sceau de Dieu un fort longtemps, ou, si elles ont été aperçues, ce n’a été que par des yeux extraordinairement aigus, forts et pénétrants, de quelque aigles, je veux dire de saint Augustin, de Saint Bernard, de saint Ambroise et autres pareils, qui, levant leur vue et l’arrêtant fixement en la contemplation de ce grand astre, y ont découvert, dès leur temps (mais plus pour leur consolation que pour l’instruction des peuples), beaucoup plus d’étoiles que le commun n’y en voyait. En même façon m‘est-il avis que saint Augustin lui-même dit que ceux qui ont les yeux vifs et perçants font journellement, sans l'emploi des lunettes, de nouvelles découvertes d’un nombre sans nombre d‘étoiles, qui se multiplient et comme se produisent a la foule, à mesure de l’attention et du loisir que l'on prend pendant le serein d‘une belle nuit à les regarder fixement et à les compter.

Mais, comme cette attention et cette force de vue n’a été que pour les aigles, que pour ces grands Docteurs qui ont par la force et la bonté de leur esprit le même avantage sur les autres hommes que l‘aigle sur le reste des oiseaux, aussi ces grandes merveilles de saint Joseph ont-elles été communément inconnues jusqu’à tant que Dieu ait levé le cachet, publié le secret, et rompu le voile (comme parle saint Bernard), pour manifester ces grandeurs à tout le monde...

Dire maintenant pourquoi 1’Eglise a différé si longtemps les honneurs que Jésus-Christ voulait qu’on rendit enfin à son cher nourricier, c‘est un mystère ; duquel nous ne savons pas assurément la raison. L’esprit de Dieu, assistant perpétuel de l’Eglise, le lui ayant ainsi ordonné, parce qu‘ainsi lui a plu et qu’il a jugé meilleur et plus expédient pour la gloire de Dieu et celle de son serviteur qui est avantageusement désintéressé, s’il faut ainsi parler, et reçoit bien les arrérages de ce délai en la grandeur des reconnaissances que l’on a commencées et que l’on continue de lui rendre partout... »

Après quoi le pieux auteur allègue pourtant les raisons de l'honneur de Notre Seigneur et de sa sainte Mère, qui eût pu être compromis, si l’on eût, dans les commencements, tant glorifié saint Joseph, dont il exalte enfin l’excellence, la gloire dans le ciel en corps et et l'âme, l‘estime dans laquelle nous devons le tenir, et les grands biens que nous procure sa dévotion.

 

Pratique

Messes et communions en l’honneur de Saint Joseph

 

La sainte Messe est, comme chacun sait, le sacrifice du Corps et du Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, offert sur la Croix d’abord, mais continué tous les jours sur nos autels pour nous appliquer à tous, jusqu’à la consommation des siècles, les fruits et les mérites de sa rédemption. Ce sacrifice ne s‘offre qu’à Dieu, mais on l‘offre souvent à Dieu en l‘honneur des saints, en le remerciant des grâces qu’il leur a accordées, et lui demandant par leur intercession celles dont nous pouvons avoir besoin. Non, les suffrages des saints n’ajoutent rien à l’infinie vertu du divin sacrifice, mais le parfum de leur mémoire, déjà si précieuse devant Dieu, venant à s‘imprégner de cette vertu infinie, lui devient bien plus agréable, et le dispose à accueillir bien plus favorablement les suppliques que nous lui adressons par leur médiation, médiation d’autant plus efficace, que ces saints occupent dans le ciel un rang plus élevé. Qui dira alors la puissance du saint sacrifice offert soit en l’honneur de la Très Sainte Vierge, soit en l’honneur de saint Joseph ?

Voulez-vous donc vous ménager la puissante intercession de saint Joseph auprès de Dieu, assistez à la sainte messe en son honneur. Assistez-y surtout dans Tes jours qui lui sont spécialement consacrés.

Voulez-vous que cette intercession de saint Joseph devienne encore plus efficace, et, pour ainsi dire, toute-puissante, célébrez ou faites célébrer le saint sacrifice à la même intention. Également, pour plaire à saint Joseph, faites de bonnes et saintes communions a sa gloire.

 

Prières

Récitées dans l’Institut de Saint Vincent de Paul

 

Glorieux saint Joseph, noble rejeton des rois de Juda, héritier des vertus de tous les Patriarches, auguste chef de la sainte famille du Verbe incarné, véritable modèle des âmes intérieures et ferventes, agréez, je vous en supplie, mes vœux et mes hommages. Vous êtes, et vous serez toujours, après Jésus et Marie, l'objet de mes plus profonds respects et de ma plus entière confiance. Je m’unis aujourd’hui à tous ceux qui vous invoquent, qui vous honorent et qui vous aiment, je vous félicite avec eux des grâces et des privilèges dont le Seigneur vous a comblé. Vous êtes mon protecteur et mon père. Je me consacre a votre culte et à votre service, et je veux tous les jours renouveler cette consécration et cet engagement, afin d’obtenir votre puissante intercession pendant,.ma vie, et surtout à l‘heure de ma mort.…

Oui, je vous consacre mon cœur , bienheureux Joseph, céleste Epoux de la Mère de Dieu, Père nourricier de son adorable Fils, confident, imitateur et coopérateur de l’un et de l’autre, mon illustre patron et très parfait modèle, et veux qu’après Jésus et Marie, vous soyez l’objet de mon amour. Que ne puis-je enchaîner mon cœur et celui des autres à votre trône ! Je vous l’offre et le soumets à votre empire. Offrez-le à Jésus et à Marie. Jamais cœur ne fut plus désireux que le vôtre de voir régner leur amour en nous ; enflammez-le dans le mien ; qu’il le possède, qu’il l’embrase, qu’il le consume... Obtenez-moi aussi un cœur contrit, une ferme confiance dans la miséricorde de mon Dieu, l’intelligence de la vie intérieure et du mystère de la Croix. Faites-moi vivre avant tout de l’esprit de Jésus crucifié, et qu’après avoir travaillé par Jésus, avec Jésus, pour Jésus, mes dernières paroles soient : « Jésus, Marie, Joseph ». Ainsi soit-il.

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

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11 mars 2019

Le Mois de Saint Joseph

Le Mois de Saint Joseph

Avec la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

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Douzième jour

La Grotte

 

A l’extrémité méridionale de la colline autour de laquelle tournait le chemin qui conduisait dans la vallée des Bergers, se trouvait, indépendamment de plusieurs autres grottes ou caves creusées dans le roc, la grotte où Joseph chercha un abri pour la sainte Vierge. L’entrée, tournée au couchant, conduisait par un passage étroit à une espèce de chambre, arrondie d‘un côté, triangulaire de l’autre, située dans la partie orientale de la colline. La grotte était creusée dans le roc par la nature ; seulement, du côté du midi, où passait le chemin qui conduisait à la vallée des Bergers, on avait fait quelques réparations au moyen d'une maçonnerie grossière.

De ce côté qui regardait le midi, il y avait une autre entrée ; mais elle était ordinairement bouchée, et Joseph la rouvrit pour son usage. En sortant par là, on trouvait à main gauche une ouverture plus large qui conduisait à un caveau étroit, incommode, placé à une plus grande profondeur et allant jusque sous la grotte de la Crèche. L’entrée ordinaire de la grotte de la Crèche regardait le couchant. On pouvait voir de là les toits de quelques maisons de Bethléem. Si en sortant par la on tournait à droite, on arrivait à l’entrée d‘une grotte plus profonde et plus obscure, dans laquelle la sainte Vierge fut un jour obligée de se cacher.

Il y avait devant l’entrée du couchant un toit de jonc, appuyé sur des pieux, qui se prolongeait aussi au midi jusqu’au dessus de l’entrée qui était de ce côté, en sorte qu'on pouvait être à l’ombre devant la grotte. A sa partie méridionale, la grotte avait dans le haut trois jours grillés par où venaient l'air et la lumière; une ' ouverture semblable se trouvait dans la voûte du rocher. Elle était recouverte de gazon et formait l’extrémité de la hauteur sur laquelle Bethléem était située.

L’intérieur de la grotte était à peu près disposé comme il suit. Du côté du couchant, on entrait par une porte de branches entrelacées dans un corridor de moyenne largeur, aboutissant à une chambre de forme irrégulière, moitié ronde, moitié triangulaire, laquelle s’étendait surtout du côté du midi, en sorte que le plan de la grotte entière pouvait être comparé aune tête reposant sur son cou : le cou figurerait le corridor, et la tête le souterrain proprement dit. Quand on passait du corridor, qui était moins élevé, dans la grotte creusée par la nature, on descendait sur un sol plus bas ; cependant le sol se relevait tout autour de la grotte, qui était entourée comme d‘un banc de pierre de largeur variable. Les parois de la grotte, sans être tout à fait polies, étaient cependant assez unies et assez propres, et avaient quelque chose qui agréait et charmait.

Au nord du corridor se trouvait l’entrée d'une grotte latérale plus petite. En passant devant cette entrée, on arrivait à l’endroit où Joseph allumait le feu ; puis la paroi tournait au nord-est dans l‘autre grotte plus spacieuse et plus élevée. Ce fut la que plus tard fut mis l’âne de Joseph. Derrière cette place était un recoin assez grand pour recevoir l’âne et où il y avait du fourrage.

C’était dans la partie orientale de cette grotte, en face de l’entrée, que se trouvait la sainte Vierge lorsque la Lumière du monde sortit d‘elle. Dans la partie qui s’étendait au midi se trouvait la crèche où l‘on adora l’Enfant Jésus. La crèche n’était autre chose qu’une auge creusée dans la pierre qui servait pour faire boire les bestiaux. Au-dessus était une mangeoire évasée, formée d'un treillage en bois et élevée sur quatre pieds, de façon que les animaux pouvaient prendre commodément l’herbe ou le foin qu’on y avait placé, et n’avaient qu’à baisser la tête pour boire dans l‘ange de pierre qui était au-dessous.

C’était en face de la crèche, au levant de cette partie de la grotte, qu’était assise la sainte Vierge avec 1’Enfant Jésus, quand les trois rois mages offrirent leurs présents. Si, en partant de la crèche, ou tournait à l’ouest dans le corridor qui précédait la grotte, ou passait devant l’entrée méridionale déjà mentionnée, et on arrivait à un endroit dont saint Joseph fit plus tard sa chambre, en le séparant, du reste, avec des cloisons en clayonnage. Il y avait de ce côté un enfoncement où il déposait toute sorte de choses.

En dehors de la partie méridionale de la grotte passait le chemin qui menait à la vallée des Bergers. Il y avait çà et là sur des collines de petites maisons, et dans la plaine quelques hangars avec des toits de roseaux portés sur des pieux. Au-devant de la grotte, la colline s’abaissait dans une vallée sans issue, fermée au nord et large d’environ un demi-quart de lieue.

Il y avait là des buissons, des arbres et des jardins. En traversant une belle prairie oh coulait une source, et en passant sous des arbres rangés régulièrement, on arrivait au côté oriental de cette vallée, où se trouvait, dans une colline faisant saillie, la grotte du tombeau de Maraha, nourrice d’Abraham, qui était aussi appelée la grotte du Laiton de l’Allaitement. La sainte Vierge y séjourna avec l’Enfant Jésus en diverses occasions. Au-dessus était un grand arbre dans les branches duquel on avait pratiqué des sièges. On voyait mieux Bethléem de cet endroit que de l’entrée de la grotte de la Crèche.

Voici l’histoire de cette grotte de Maraha. Abraham avait une nourrice appelée Maraha, qu’il honorait particulièrement et qui atteignit un âge très avancé. Elle le suivait partout dans ses voyages, montée sur un chameau. Elle vécut longtemps près de lui à Succoth. Plus tard, dans ses derniers jours, elle le suivit aussi dans la vallée des Bergers, où il avait dressé ses tentes dans les environs de cette grotte. Ayant dépassé sa centième année, et voyant sa dernière heure approcher, elle demanda à Abraham d’être enterrée dans cette grotte, sur laquelle elle fit des prédictions et à laquelle elle donna le nom de grotte du Lait ou de grotte de la Nourrice.

La grotte était alors un corridor étroit et élevé, creusé dans une matière blanche qui n’était pas très dure. D’un côté était une couche de cette matière qui ne montait pas jusqu’à la voûte. En montant par dessus cette couche, on pouvait arriver a l'entrée d’autres grottes placées plus haut.

La grotte fut agrandie plus tard, parce qu’Abraham y pratiqua dans la partie latérale une excavation pour le tombeau de Maraha. Sur un gros bloc de pierre reposait comme une auge également en pierre, supportée par des pieds courts et épais.

Cette grotte du tombeau de la nourrice avait un rapport prophétique avec la Mère du Sauveur nourrissant son Fils pendant la persécution ; car, dans l’histoire de la jeunesse d’Abraham, il se trouva aussi une persécution figurative, et sa nourrice lui sauva la vie en le cachant dans une grotte. Le roi qui régnait dans la patrie d’Abraham eut un songe où on lui fit une prédiction sur un enfant qui allait naître et qui devait être dangereux pour lui. Il prit des mesures en conséquence, La grossesse de la mère d’Abraham fut tenue secrète, et elle se cacha dans une grotte pour le mettre au monde. Maraha, sa nourrice, l’allaita en secret. Elle vécut comme une pauvre esclave, travaillant dans une solitude près d’une grotte dans laquelle elle nourrissait l’enfant. Ses parents le reprirent plus tard près d’eux ; et, comme il était beaucoup plus grand que son âge ne le comportait, on le fit passer pour un enfant né antérieurement à la prédiction faite au roi. Étant encore enfant, il courut pourtant des dangers à cause de certaines manifestations merveilleuses, et la nourrice le cacha de nouveau, en l’emportant secrètement sous son large manteau. On fit mourir alors plusieurs enfants de sa taille.

Cette grotte, depuis l’époque d’Abraham, était un lieu de dévotion, surtout pour les mères et les nourrices, et il y avait là quelque chose de prophétique, car l'on vénérait dans la nourrice d’Abraham la figure de la sainte Vierge, de même qu’Elie l’avait vue dans la nuée qui apportait la plaie, et lui avait érigé un oratoire sur le Carmel. Maraha avait coopéré, en quelque sorte, à l’avènement du Messie, puisqu’elle avait nourri de son lait l’aïeul de la sainte Vierge. Il y avait là quelque chose comme un puits profond allant jusqu’à la source de la vie universelle, et on y puisa toujours jusqu‘à ce que Marie y montât comme une eau limpide.

L’arbre qui était au-dessus de cette grotte étendait au loin son ombre comme un immense tilleul, large par le bas et pointu par le haut. C’était un térébinthe. Abraham se rencontra avec Melchisédech sous cet arbre. Ce vieil arbre avait quelque chose de sacré pour les bergers et les gens d‘alentour. On aimait à se reposer sous son ombre et à y prier. Il y avait à côté une fontaine dont l'eau était considérée par les bergers, comme ayant des vertus particulières à certaines époques de l’année. Des deux côtés de l’arbre se trouvaient des cabanes ouvertes où l’on pouvait passer la nuit. Tout cela était entouré d'une haie. Sainte Hélène bâtit une église en cet endroit, et on y a dit la messe.

 

Considération

Saint Joseph d’après Marie d'Agreda

 

La Vénérable Marie de Jésus, abbesse du monastère de l’Immaculée Conception de la ville d’Agréda, eut d’admirables et incontestables révélations sur la vie de la très sainte Vierge et sur celle de saint Joseph. Elle les a consignées dans son ouvrage intitulé « La Cité mystique de Dieu », qu’elle conclut ainsi, pour ce qui concerne saint Joseph :

« Béni soit l’auteur de si grandes merveilles, et béni soit aussi le plus heureux des hommes, Joseph, en qui elles furent toutes dignement opérées! Il mérite que toutes les générations le connaissent et le bénissent, puisque le Seigneur n’a fait pour aucun autre d‘aussi grandes choses et n’a manifesté à aucun autre autant d’amour.

De combien de visions sublimes et d’admirables révélations ne l’a-t-il pas favorisé ! L'on ne saurait les rapporter toutes ; mais on peut s’en faire une idée en considérant qu’il eut une profonde connaissance des mystères de Notre Seigneur et de sa très sainte Mère, ayant vécu dans leur compagnie pendant de si longues années, passant pour le Père de ce divin Sauveur, et constitué le véritable Epoux de notre auguste Reine.

Mais, en outre de cela, le Très-Haut lui a accordé, en récompense de sa grande Sainteté, plusieurs privilèges en faveur de ceux qui se mettraient sous son patronage et qui l’invoqueraient avec une vraie dévotion.

Par le premier de ces privilèges, saint Joseph fait obtenir à ceux qui l’invoquent comme il faut la vertu de chasteté et le triomphe sur les dangereuses tentations de la chair.

Par le second, notre Saint procure de puissants secours pour sortir du péché et recouvrer l’amitié de Dieu.

Le troisième privilège, c’est de nous faire obtenir les faveurs de la très Sainte Vierge et la dévotion envers elle.

Le quatrième assure à ses serviteurs une bonne mort et une assistance particulière contre 1e démon à cette dernière heure.

Le cinquième consiste dans la terreur qu’inspire aux démons le nom seul de saint Joseph.

Le sixième privilège fait obtenir la santé du corps et un soulagement dans les divers maux de la vie.

Enfin, l’effet du septième, c’est d’empêcher les familles de s’éteindre, en leur obtenant des héritiers.

Dieu accorde toutes ces faveurs, et bien d’autres encore, à ceux qui les lui demandent comme il faut, par l'intercession de 1’Epoux de notre Reine, le glorieux saint Joseph, et je prie tous les fidèles enfants de la sainte Eglise d'être bien dévots à ce grand Saint et d’être persuadés qu’ils ressentiront les favorables effets de sa protection, s‘ils se disposent dignement à les mériter et à les recevoir ».

Après quoi, Marie d’Agréda termine par cette merveilleuse instruction, qui lui fut dictée par la très sainte Vierge : « Ma fille, lui dit-elle, c’est avec raison que vous avez écrit que mon époux Joseph est le plus illustre parmi les Saints et les Princes de la Jérusalem céleste ; mais c’est en vain que vous essaieriez maintenant de dépeindre son éminente sainteté. Les mortels ne sauraient l’apprécier avant d’être arrivés à jouir de la vue de Dieu, en qui ils découvriront avec admiration, et en louant, le Seigneur, cette grandeur mystérieuse de mon Epoux.

Au dernier jour, quand tous les hommes seront jugés, les réprouvés pleureront amèrement le malheur d’avoir méconnu, à cause de leurs péchés, ce moyen de salut si puissant et si efficace. Ils regretteront d’avoir négligé de s’en servir, comme ils le pouvaient, pour se concilier l’amitié du juste Juge.

Le monde a trop ignoré jusqu’ici les privilèges, les prérogatives accordées par le Très-Haut à mon saint Epoux, et combien son intercession est puissante auprès de la divine Majesté, ainsi qu’auprès de moi. Je vous assure, ma fille, qu’en présence de la justice suprême, parmi les premiers favoris du Seigneur, mon Epoux est un de ceux qui peuvent le plus efficacement détourner son bras de la tête des pécheurs.

Pour vous, qui venez de recevoir des révélations et des lumières sur les grandeurs incompréhensibles de saint Joseph, ayez soin de faire éclater votre reconnaissance pour cette faveur que le Seigneur a daigné vous accorder. Efforcez-vous d’en profiter, en vous excitant à une plus grande dévotion et à une plus tendre affection envers mon saint Epoux, et bénissez le Seigneur de ce qu’il l’a favorisé de dons si magnifiques, ainsi que de la joie que j’éprouve a les contempler.

Dans tous vos embarras, ayez soin de recourir à son intercession. Propagez aussi la, dévotion envers lui, et que vos religieuses en donnent l’exemple ; car ce que mon Epoux demande dans le ciel, le Très-Haut l’accorde sur la terre. Chacune de ses prières, chacune de ses paroles est pour les hommes une source de faveurs, précieuses et extraordinaires, pourvu qu’ils ne se rendent pas indignes de les recevoir.

Tous ces privilèges découlent de la parfaite innocence et des éminentes vertus de cet admirable Saint, parce qu’elles lui ont valu les faveurs de la bonté divine, qui veut déployer à son égard toute sa magnificence, en répandant les trésors de sa miséricorde sur lui et sur ceux qui auront recours à son intercession ».

 

Pratique

Petit Office de saint Joseph

 

Beaucoup de pieux serviteurs de la très Sainte Vierge sont dans l’usage de réciter plus ou moins exactement, soit son Petit Office, soit le Petit Office de l’Immaculée Conception, etc. C’est une pieuse pratique que l’Eglise a encouragée et bénie. Les pieux serviteurs de saint Joseph ont de même adopté le Petit Office du saint Patriarche, lequel consiste dans la récitation, à chaque heure de cet Office, de quelques versets, d’une hymne, d’une antienne et de l’oraison, en l’honneur du Saint.

L’Eglise n'a point accordé de faveurs spéciales à cette récitation ; mais on peut la pratiquer utilement, soit pour honorer plus particulièrement notre grand Saint, soit pour solliciter sa singulière protection dans des circonstances plus difficultueuses, soit pour le remercier de quelque grâce obtenue par Sa médiation. Cette dévotion est facile et agréable à accomplir, et l’on pourrait citer de nombreux exemples des avantages que l’on y a recueillis.

Il en est qui font remonter son origine jusque dans le moyen-âge. Ce qu’il y a de certain, c’est que ce Petit Office était très usité en France au XVIIe siècle. Ne dégénérons pas de nos ancêtres, et récitons-le souvent nous-mêmes.

 

Retrouvez le Petit Office de Saint Joseph en cliquant ICI

 

Prière

Pour tous les besoins

 

Ô saint et fidèle dépositaire des trésors célestes, auguste gardien de Jésus et de Marie, je vous consacre et vous confie tout ce que je suis et tout ce que je possède. Du haut de votre gloire, abaissez un regard de bienveillance sur votre indigne serviteur. Voyez ma pauvreté et ma faiblesse. Grand dispensateur des grâces de Dieu, enrichissez mon indigence. Auguste protecteur de Jésus et de Marie, défendez-moi contre les nombreux ennemis qui assiègent mon âme, ainsi que contre les dangers et les écueils du monde. Faites briller à mes yeux cette divine lumière du soleil de justice qui éclaire mon intelligence et l‘empêche de s’ouvrir aux vanités de la terre. Gardez mon cœur des séductions du siècle et des passions de la chair. Détachez-le de l‘amour trompeur des créatures et de tout ce qui passe. Soyez avec moi, ô saint Protecteur, dans les combats de mon âme ; fortifiez_moi dans mes peines intérieures, et secourez-moi dans mes souffrances corporelles. Soyez mon conseil et mon guide pour la direction de tous mes intérêts spirituels et temporels. Soutenez-moi dans les tentations. Consolez-moi dans les épreuves de cette vie, et surtout dans les difficultés et les angoisses de mes derniers moments. Défendez-moi à cette heure suprême, et obtenez-moi la grâce d’expirer doucement, comme vous, entre les bras de Jésus et de Marie, dans les sentiments de la plus tendre confiance en leur protection et en la vôtre. Ainsi soit-il.

 

Extrait du « Mois de Saint Joseph ou Vie de Saint Joseph d’après Anne-Catherine Emmerich » par C.F. Fouet. Saint Dizier, Paris, 1872

 

 

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