Le Mois du Sacré Cœur de Jésus
Le Mois du Sacré Cœur de Jésus
Union habituelle que l'âme fidèle doit entretenir avec son divin cœur
Voix de Jésus
« Je t'ai déjà montré, ô mon fils, les principaux caractères du vrai Chrétien, caractère que tu dois t'efforcer d'imprimer en toi-même pour que ton cœur soit digne du Mien: tu as pu comprendre ce que tu dois avoir de détachement du monde, de douceur, de résignation pieuse dans les afflictions, de Miséricorde, de zèle pour la justice et la perfection, de pureté de cœur, d'amour de la paix, de généreuse fermeté au milieu de la persécution endurée pour la justice. Si tu accomplis fidèlement ces devoirs, tu Me seras agréable, tu deviendras un membre chéri de Mon Corps Mystique, un des bien-aimés de Mon Divin Cœur. Mais Je veux encore t'apprendre comment les âmes pieuses s'appliquent à entretenir leur union habituelle avec Moi, comment un cœur tout dévoué au Cœur de Jésus nourrit sans cesse par ses soupirs la Flamme Céleste qui Le dévore. Dans ses discours il s'unit à Mes discours, et il se plaît à parler de Mon Amour incomparable; dans ses repas il se souvient de Mes jeûnes, de Mes mortifications; il s'unit à la tempérance, à la réserve et à la modestie qui présidaient, en Ma Divine Personne, aux tables où Je daignais M'asseoir; dans le sommeil il s'unit à la paix, à l'innocence, à la Sainteté de Mon repos; dans la veille, il agit avec Moi, sanctifiant ce qu'il fait par ce que J'ai fait de semblable sur la terre; il agit comme Moi, s'efforçant d'imiter en tout Ma perfection; il agit par Moi, sous l'impulsion de Ma Grâce et de Mon Amour; il agit pour Moi, ne cherchant d'autres avantages que Ma Gloire et le bon plaisir de Mon Divin Cœur. S'il est seul, il s'unit à la solitude de son Jésus qui, loin du monde, et se séparant même de Ses chers Disciples, passait les nuits en prière sur la montagne. S'il se trouve au milieu des agitations du siècle, il s'unit à Moi conversant avec les enfants des homme, et répandant sur eux des paroles de grâce et de vérité. Mais c'est surtout dans ses exercices de piété qu'il s'unit à Moi plus intimement comme à l'auteur et au consommateur de la Foi, comme au principe, à l'objet, au but et au terme de toute la religion; comme à la source inépuisable des mérites qui seuls peuvent faire monter vers le Ciel les élans de sa dévotion en odeur de suavité: ainsi, il ne prie jamais qu'en Mon Nom, et en offrant au Père céleste la médiation toute-puissante de l'Agneau toujours immolé, toujours vivant. Regarde et fais selon ce modèle, ô mon fils! »
Réflexion
Cette vie d'union intime au Cœur de Jésus serait à la fois et un beau témoignage d'amour pour Lui, et la source la plus abondante de grâces et de bénédictions pour mon âme. Vivre avec Jésus, vivre comme Jésus, vivre par Jésus, vivre pour Jésus, quelle belle et douce vie, et de quelle riche moisson de gloire et de félicité éternelle une telle vie me serait le gage ! Pour cela, sans doute, il faut de l'application, il faut des efforts, ou plutôt il faut de l'amour, un amour généreux qui fixe les affections et toutes les puissances de l'âme au cœur du divin Maître Mais aussi ne serai-je pas amplement récompensé de cette application, de ces efforts, de cet amour, même dès ce monde, par la douce consolation d'être tout à celui qui seul a un droit souverain sur mon cœur; par le bonheur de penser que, si je suis en état de grâce, chacune des actions qui partagent ma vie, faites en union avec le Divin Médiateur, m'assurent autant de degrés d'une récompense éternelle? Récompense tellement précieuse que l'œil de l'homme n'a rien vu, que l'oreille de l'homme n'a rien entendu, que le cœur de l'homme n'a pu rien sentir qui en approche!
Pratique
1° Quand vos regards viendront à se porter sur une image du cœur de Jésus, qu'un tendre soupir d'amour resserre le nœud sacré qui doit lier votre cœur pour jamais à celui de votre aimable Sauveur. 2° Habituez-vous à vous unir intimement, dès votre réveil, à ses adorables dispositions, et renouvelez cet acte d'union au commencement et à la fin de vos actions principales. Pour qui sait aimer, il y a bien de la douceur dans ces pieux élans d'un cœur chrétien qui s'efforce de ressembler à son divin modèle.
Bel exemple d'union habituelle de l'âme avec le Divin Maître
Rien de plus édifiant que les dispositions intérieures d'Armelle Nicolas, pieuse servante morte à Vannes, en 1671, comblée des grâces et des bénédictions du ciel. « Le divin amour, disait-elle au sujet de l'emploi qu'elle faisait habituellement de sa journée, le divin amour m'avait appris à l'avoir si continuellement en vue, que, depuis le matin jusqu'au soir, je n'avais d'autre objet en ma pensée; et si parfois j'en étais tant soit peu distraite, aussitôt je me remettais en la sainte présence de mon Dieu. Dès mon réveil, je me jetais entre les bras de mon divin Sauveur, comme un enfant entre ceux d'un père tendrement chéri; je me levais pour le servir et pour travailler à lui plaire. Si j'avais du temps pour vaquer à l'oraison, je me tenais à genoux et je lui parlais comme si je l'eusse vu de mes propres yeux. Là, je m'offrais toute à lui; je le priais qu'en moi fussent accomplies toutes ses volontés, qu'il ne permit pas que je l'offensasse en la moindre chose. Souvent je n'avais pas le loisir de réciter une courte prière dans toute la journée; mais mon cœur était aussi satisfait de travailler pour Dieu que de le prier, parce qu'il m'avait appris que tout ce qui est fait pour son amour est une véritable oraison. En m'habillant, je me tenais toujours en son adorable présence, et j'aimais à penser que c'était son amour qui me fournissait de quoi me vêtir. Quand ensuite j'allais au travail, mon Jésus ne me laissait point, ni moi non plus je ne le quittais pas, et je me trouvais aussi unie à lui que lorsque j'étais à la prière. Si je prenais mes repas, il me semblait que chaque morceau m'était présenté par sa divine Providence, et que lui-même prenait soin de me nourrir: ma reconnaissance en était accrue d'autant et enflammait de plus en plus mon amour. Quand les hommes me persécutaient par leurs paroles et leurs mauvais traitements, et les démons par leurs tentations et leurs vains artifices, aussitôt je m'adressais à mon aimable Sauveur; il me semblait le voir me montrer son cœur transpercé, ses plaies ouvertes pour m'y renfermer et m'y conserver en assurance; je m'y cachais comme dans une citadelle, et j'y étais plus forte que tout l'enfer. Le soir venu je m'endormais comme un enfant sur le sein de sa mère, en louant et en bénissant mon père céleste; et souvent le doux sentiment de l'amour me réveillait si fort, que je passais les nuits sans dormir, et les employais tout entières à aimer une bonté si aimable, qui ne m'abandonnait jamais, qui veillait toujours attentive à moi, sa chétive créature... O bonté infinie de mon Dieu, que votre amour est grand! Quelle union que celle qui ne s'interrompt jamais! Mon Dieu, ce n'est plus moi qui vis, c'est vous qui daignez vivre en moi ». (Vie des Justes dans les humbles conditions de la société, par l'abbé Carron.)
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