Saintes
Marie Jacobé et Marie Salomé
Les
Saintes Maries de la Mer
Vie
des Saintes Maries Jacobé et Salomé
Vocation
et commencement du ministère des saintes Maries
Nous
ne connaissons que très imparfaitement ce qui se rattache aux
premières années des saintes Maries. A quel moment se mirent-elles
à la suite de Notre-Seigneur? De quelle manière s'opéra leur
ministère? C'est ce que nous ignorons. Marie Jacobé, selon
l'opinion communément reçue, était femme de Cléophas, frère de
Saint Joseph, l'époux de la Vierge Marie. Elle fut la mère de deux
apôtres, du premier évêque de Jérusalem, Saint Jacques, et de
saint Jude, qui se déclare lui-même le frère de Saint Jacques dans
sa première épitre. Marie Salomé, ainsi appelée à cause de
Salomé, son père, était cousine germaine de Notre Seigneur. Elle
fut la mère de Saint Jean, le disciple bien-aimé, et de Saint
Jacques, dont les reliques vénérées ont été de tout temps et
sont encore l'objet d'un pèlerinage fréquenté à Compostelle en
Espagne. Pendant la vie publique du Sauveur, ces âmes pieuses,
attirées par la grâce intérieure qu'il répandait dans les cœurs,
le suivirent de très bonne heure, l'assistant de leurs biens et le
servant lorsqu'il annonçait le royaume de Dieu. Leur fidélité ne
se démentit jamais, et, au moment des plus grandes épreuves, leur
amour pour la personne du divin Maître ne fit que s'accroître.
L'Évangile nous les montre avec Marie Madeleine et la Très Sainte
Vierge, sur le Calvaire, au pied de la croix où elles avaient
accompagné Notre Seigneur, malgré les menaces des Juifs, les
mauvais traitements des soldats et les insultes du peuple. C'est là
qu'avec saint Jean et les autres saintes femmes, elles compatirent
aux souffrances de leur Maître et devinrent les témoins du
testament qui a racheté le monde.
Le
jour de la Résurrection, elles se rendirent au sépulcre, dès le
matin, portant dans leurs mains de précieux parfums. Personne
n'ignore la scène qui se passa près du tombeau, les paroles que
l'ange leur adressa et les apparitions dont elles furent favorisées.
Si nous suivons les détails évangéliques, nous les voyons parmi
les cinq cents disciples qui assistèrent à l'Ascension. Nous les
retrouvons aussi au Cénacle; le jour de la Pentecôte, elles
reçoivent le Saint Esprit sous forme de langues de feu; et,
désormais, pleines de force et de courage, elles suivent les
apôtres, comme elles avaient suivi Notre Seigneur Jésus-Christ;
elles prient dans le silence de leur cœur pour le succès de leur
ministère. Après avoir pleuré au pied de la croix, après avoir
assisté à la suprême expiation au Calvaire, elles contemplent avec
bonheur la transformation qui s'opère dans le monde. Les peuples
accourent en foule pour embrasser la religion de Jésus crucifié.
Déjà Jérusalem, la Palestine et les pays les plus éloignés sont
devenus chrétiens. Tout annonce la ruine prochaine du judaïsme et
la fin du règne des idoles. Mais Satan, quoique terrassé au
Calvaire, va essayer de se relever et de réparer sa défaite. C'est
lui qui inspire de toutes parts ces cris barbares qui coûtèrent
tant de sang: « Mort aux Chrétiens! mort aux Chrétiens! »
L'ère de la persécution a commencé pour les amis de Jésus. C'est
l'heure marquée par Dieu, où dans un coin perdu de notre patrie, à
l'extrémité d'un ilot sauvage, sous le ciel de la Provence quelques
persécutés bannis par des ingrats qui cherchent à les faire
mourir, viennent apporter les lumières de la foi et travailler à la
conversion des Gaules.
Exil
des saintes Maries pour Jésus Christ
Transportons-nous,
pour le moment, sur le rivage de cette terre qui a vu mourir le
Sauveur. Le ciel est beau, la mer est calme, tout dans la nature est
tranquille. Une multitude de Juifs, ayant à leur tète les princes
des prêtres et les principaux chefs de la nation, s'agite et
s'avance furieuse. Ses cris de rage font contraste avec le calme des
éléments. Et, au milieu de cette populace effrénée, marche, les
yeux au ciel, un petit groupe d'élus du Seigneur, priant pour les
barbares qui vont les vouer à la mort ou à l'exil. C'est Lazare
avec ses deux sœurs, Marthe et Madeleine. C'est Maximin, ami de
Lazare. Ce sont Marie Jacobé et Marie Salomé, avec leurs deux
servantes, Marcelle et Sara. Ce sont Sidoine, l'aveugle de Jéricho,
et quelques autres disciples. Les Juifs, ayant reconnu en eux des
fervents apôtres de Jésus, veulent s'en défaire. Vont-ils les
soumettre à de cruels supplices? Non! Ils craignent que la constance
qu'ils montreraient à les supporter, ne leur attire de nouveaux
adeptes; ils choisissent un moyen plus lâche: ils les jettent dans
une barque sans rames, sans gouvernail, sans provisions. Déjà ces
méchants se réjouissent dans leur cœur à la pensée de les voir
périr par le naufrage ou par la faim; mais ils ont comptés sans
Celui qui commande aux flots et à qui les vents et la mer obéissent.
Soudain, sous le coup d'une brise fraîche et légère qui vient de
se lever, le bateau, sans voiles ni avirons, guidé par une main
mystérieuse, vogue vers la pleine mer. Une pieuse tradition raconte
qu'un ange s'en fit le pilote et le conducteur; elle nous montre même
Sainte Sara marchant sur les flots, portée sur le manteau de Salomé.
Ainsi disparut l'humble nacelle, s'éloignant à jamais des côtes
inhospitalières de la Palestine, au grand étonnement delà foule,
emportant les nobles fugitifs qui vinrent heureusement aborder près
de l'embouchure du Rhône, sur l'île de la Camargue, où ils
s'illustrèrent bientôt par leur vie chrétienne et attirèrent les
peuples par leurs miracles.
Les
Saintes Maries dans le désert de la Camargue
A
peine les pauvres exilés eurent-ils mis pied à terre que leur
première préoccupation fut de remercier le ciel de la protection
miraculeuse dont ils avaient été l'objet pendant leur traversée.
Un autel en terre pétrie fut élevé par leurs soins sur la plage,
et saint Maximin, avec les autres disciples, y célébra les saints
mystères. Au même instant, pour montrer combien leur religion lui
était agréable, Dieu fit jaillir, pour leur usage, une source d'eau
douce qu'on voit encore de nos jours, dans cet endroit même, où
l'on ne trouvait auparavant que de l'eau salée. Pour perpétuer le
souvenir de ce prodige, ces saints personnages bâtirent en ce lieu
un modeste oratoire qu'ils dédièrent à Dieu, en l'honneur de la
Bienheureuse Vierge Marie. Ce devoir de reconnaissance accompli, les
proscrits se disent que sur cette terre qui leur a donné un refuge,
il doit y avoir des âmes à conquérir. N'écoutant que leur zèle,
ils consentent aux douleurs de la séparation. Saint Lazare se dirige
vers Marseille dont il devient le premier évêque; Saint Maximin se
rend à Aix et fonde bientôt dans cette ville une petite chrétienté.
Sainte Madeleine se retire à la Sainte-Baume où elle vit trente ans
dans la pénitence et dans les larmes. Sainte Marthe va combattre
Terreur sur les bords du Rhône, à Tarascon. Saint Sidoine devient
plus tard le second évoque d'Aix. Les Saintes Maries demeurent avec
leur servante, Sainte Sara, sur le rivage même de l'Ile, où elles
construisent une cellule jointe à l'oratoire.
Cette
ile était alors traversée par quelques rares pêcheurs que des
auteurs regardent comme des colons marseillais. La source d'eau douce
les étonne, le récit de la traversée miraculeuse que font les
Saintes attire leur confiance. Elles en profitent pour leur faire
connaître la religion de ce Jésus qu'elles ont tant aimé. Leurs
paroles et leurs exemples, unis à l'influence intérieure de la
grâce gagnent les cœurs; la plupart se soumettent bientôt aux
enseignements de la foi et demandent le baptême. Saint Trophime,
nous dit la légende, qui avait été laissé à Arles par l'apôtre
Saint Paul, a l'occasion de visiter quelquefois ces nouveaux
chrétiens et de procurer aux Saintes Maries la bonheur de recevoir
la Sainte Eucharistie. C'est au milieu de ces pieuses occupations,
dans la pratique de la contemplation et de la prière que les Saintes
vécurent encore quelques années. Mais le moment était venu où
elles allaient enfin goûter le repos, se réunir à jamais à Dieu,
dans le séjour de la gloire et recevoir leur récompense.
Marie
Jacobé fut avertie la première de sa fin prochaine par une
inspiration divine. Elle eut la consolation de recevoir, pour la
dernière fois, des mains de saint Trophime, la Divine Eucharistie,
au milieu des sanglots des chrétiens qu'elle avait gagnés à Jésus
Christ. Elle les exhorta à persévérer dans leur foi; elle donna à
sa sœur l'assurance que leur séparation ne serait pas de longue
durée; et rendit son âme à Dieu. Son corps fut recueilli par les
insulaires et enseveli avec respect auprès de la fontaine
miraculeuse et de l'oratoire où les fidèles avaient coutume de
venir prier. Salomé, sa sœur, ne lui survécut pas longtemps.
Restée seule, avec Sara, leur servante, toutes ses pensées, toutes
ses affections ne furent que pour le ciel, tous ses désirs étaient
d'être bientôt réunie à sa sœur. Dieu exauça ses prières.
Quelques mois s'étaient à peine écoulés qu'elle s'endormit, elle
aussi, dans le Seigneur, au milieu des mêmes honneurs et des mêmes
regrets. Son corps fut placé à côté de celui de Jacobé. Sara les
suivit bientôt dans la tombe et fut inhumée auprès d'elles. Et
depuis plus de dix-huit siècles, sur un rivage autrefois abandonné,
reposent les dépouilles des Saintes Maries. Les peuples désireux
d'obtenir quelque faveur insigne ne cessent de visiter leur tombeau.
Beaucoup viennent dans l'espérance d'être témoins de quelques unes
de ces merveilles dont ils entendent sans cesse parler. Il n'est pas
rare que ce bonheur leur soit accordé, mais presque toujours ils
obtiennent une grâce mille fois plus précieuse pour eux, celle
d'une entière et éclatante conversion.
Neuvaine
aux Saintes Maries Jacobé et Salomé
Premier
jour
Premières
grâces accordées aux Saintes Maries
Veni
Creator Spiritus
Venez,
Esprit Créateur nous visiter,
Venez
éclairer l'âme de vos fils;
Emplissez
nos cœurs de grâce et de lumière,
Vous
qui avez créé toutes choses avec amour,
Vous
le Don, l'envoyé du Dieu Très Haut,
Vous
Vous êtes fait pour nous le Défenseur;
Vous
êtes l'Amour le Feu la source vive,
Force
et douceur de la grâce du Seigneur.
Donnez-nous
les sept dons de Votre Amour,
Vous
le doigt qui œuvrez au Nom du Père;
Vous
dont Il nous promit le règne et la venue,
Vous
qui inspirez nos langues pour chanter,
Mettez
en nous Votre clarté, embrasez-nous,
En
nos cœurs, répandez l'Amour du Père;
Venez
fortifier nos corps dans leur faiblesse,
Et
donnez-nous Votre vigueur éternelle.
Chassez
au loin l'ennemi qui nous menace,
Hâtez-Vous
de nous donner la paix;
Afin
que nous marchions sous Votre conduite,
Et
que nos vies soient lavées de tout péché.
Faites-nous
voir le Visage du Très-Haut,
Et
révélez-nous celui du Fils;
Et
Vous l'Esprit commun qui les rassemble,
Venez
en nos cœurs, qu'à jamais nous croyions en Vous.
Gloire
à Dieu notre Père dans les cieux,
Gloire
au Fils qui monte des Enfers;
Gloire
à l'Esprit de Force et de Sagesse,
Dans
tous les siècles des siècles.
Envoyez
votre Esprit et tout sera créé
et
Vous renouvellerez la face de la terre
Prions
O
Dieu qui avez instruit les cœurs de vos fidèles par la Lumière du
Saint Esprit, donnez-nous, par ce même Esprit, de goûter ce qui est
bien et de jouir sans cesse de Ses Divines Consolations. Par Jésus,
le Christ, notre Seigneur. Amen.
Notre
Père, je Vous salue Marie, gloire soit au Père.
Considérons
dans les Saintes Maries deux des premières grâces dont elles furent
favorisées. Dieu, dans Ses desseins impénétrables, avait choisi
Sainte Marie Jacobé et Sainte Marie Salomé pour être les parentes
de la Vierge incomparable et Immaculée qui donna au monde le Sauveur
des nations. C'était les désigner pour être aussi les parentes de
Jésus. Est-il sur la terre un plus beau titre de noblesse que celui
d'appartenir à la famille du Roi des rois, du Prince des princes, du
Maître de la terre et des cieux? Les Saintes Maries eurent encore
une grâce non moins précieuse: elles furent appelées à suivre le
Divin Sauveur pendant Sa vie publique. Si les hommes regardent comme
un grand honneur d'être admis quelquefois auprès des grands de la
terre, combien fut grand l'honneur accordé aux saintes Maries!
Louons-les de ces deux privilèges. Pour nous qui avons le bonheur
d'appartenir à la véritable Église, nous participons aux grâces
que les saintes Maries reçurent en partage. Nous sommes de la
parenté de Jésus. Comment oublier, en effet, ce trait de
l'Évangile, où la Mère et les frères du Divin Sauveur vinrent
auprès de Lui et le firent appeler, tandis qu'Il parlait à la
foule. Ceux qui l'entouraient lui dirent: « Votre Mère et vos
frères sont là qui Vous attendent! » Il leur répondit: »
« Qui est Ma mère, et qui sont Mes frères? »Et,
regardant ceux qui étaient assis autour de Lui: «Voilà, dit-il, Ma
mère et Mes frères; car celui qui fait la volonté de Dieu,
celui-là est Mon frère, Ma sœur et Ma mère ». Comment ne
pas nous rappeler aussi cette réponse de Notre Seigneur à ce cri
d'une femme du peuple: « Heureuse la Mère qui vous a donné le
jour! » « Heureux plutôt, dit le Seigneur, ceux qui
gardent la parole de Dieu, et la mettent en pratique ». Jésus
a porté encore plus loin Sa Bonté à notre endroit. Comme les
saintes Maries, Il nous a appelés à Sa suite; bien plus Il a voulu
vivre avec nous. Et, au commencement de cette neuvaine, Il se tient à
la porte de notre cœur pour nous dire: « Mon fils, ouvrez-Moi
votre cœur... Mes délices sont d'être avec vous ». Ne
résistons pas à une invitation si consolante et si douce. Nous le
savons, ce qui ferma à Jésus la porte de notre cœur, c'est le
péché. Pleurons jusqu'aux moindres de nos fautes, et nous pourrons
répondre, avec le Roi-prophète: « Comme le cerf soupire après
tes eaux, de même mon âme soupire vers Vous, ô mon Dieu ».
Jésus se rendra avec empressement à nos désirs, Il s'établira un
trône dans nos cœurs. Là nous pourrons Lui parler, comme un ami
parle à son ami, Lui faire partager nos peines et Lui demander
toutes ses faveurs. Rien ne nous privera de ces entretiens avec notre
Dieu. L'exemple de sainte Catherine de Sienne doit nous en
convaincre. Privée par ses parents d'aller prier dans l'église,
elle s'était fait un tabernacle dans son Cœur, où, malgré ses
occupation de la journée, elle pouvait toujours contempler Dieu, Lui
parler, l'adorer.
O
grandes Saintes Maries, faites-nous comprendre la dignité de notre
titre de Chrétiens. Ramenez dans le sein ds l'Église les hérétiques
qui ont le malheur d'en être séparés. Donnez-nous de voir la
laideur du péché, de prier Dieu dans le secret de notre cœur et de
nous offrir tout entiers à Lui. Unissez vos prières aux nôtres,
nous obtiendrons, dès aujourd'hui, le pardon de nos offenses et nous
mériterons ainsi plus de grâces. Ainsi soit-il.
Magnificat
Mon
âme exalte le Seigneur,
exulte
mon esprit en Dieu, mon Sauveur!
Il
s'est penché sur son humble servante;
désormais,
tous les âges me diront bienheureuse.
Le
Puissant fit pour moi des merveilles;
Saint
est Son Nom!
Son
Amour s'étend d'âge en âge
sur
ceux qui le craignent.
Déployant
la force de Son bras,
il
disperse les superbes.
Il
renverse les puissants de leurs trônes,
il
élève les humbles.
Il
comble de biens les affamés,
renvoie
les riches les main vides.
Il
relève Israël, son serviteur,
Il
se souvient de Son Amour.
De
la promesse faîte à nos pères,
en
faveur d'Abraham et de sa race, à jamais.
Gloire
soit au Père et au Fils et au Saint Esprit,
au
Dieu qui est qui était et qui vient, pour les siècles et les
siècles. Amen.
Litanies
des Saintes Marie Jacobé et Salomé
Seigneur,
ayez pitié de nous.
Christ,
ayez pitié de nous.
Seigneur,
ayez pitié de nous.
Jésus-Christ,
écoutez-nous.
Jésus-Christ,
exaucez-nous.
Père
céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils,
Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit
Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité
Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte
Vierge Marie, Immaculée Mère de Jésus, priez pour nous.
Sainte
Marie Jacobé, sœur de la Vierge Marie, priez pour nous.
Sainte
Marie Salomé, Mère de Jacques et de Jean, disciples de Jésus,
Saintes
Maries, qui avez assisté, sur la terre, le Sauveur Jésus,
Saintes
Maries, qui avez suivi sur le Calvaire le Sauveur Jésus,
Saintes
Maries, qui avez été au Sépulcre pour embaumer le corps de Jésus,
Saintes
Maries, qui avez consolé dans la tristesse la Mère de Jésus,
Saintes
Maries, qui avez souffert la persécution pour l'amour de Jésus,
Saintes
Maries, qui avez été exposées aux périls de la mer pour la Foi de
Jésus,
Saintes
Maries, qui par vos prières et vos miracles avez converti les
peuples à Jésus,
Saintes
Maries, qui êtes mortes dans la Foi et l'amour de Jésus,
Saintes
Maries, qui dans le Ciel intercédez pour nous conserver la Foi de
Jésus,
Saintes
Maries, port assuré des matelots,
Saintes
Maries, salut de ceux qui sont dans le danger,
Saintes
Maries, consolatrices des affligés,
Soyez-nous
propices, pardonnez-nous Seigneur.
Soyez-nous
propices, exaucez-nous, Seigneur.
Par
l'intercession des Saintes Marie Jacobé et Salomé, délivrez-nous,
Seigneur.
De
tout péché,
Du
naufrage et des inondations,
De
la rage,
De
la peste et de la famine,
De
tout mal épidémique,
De
la mort éternelle,
Fils
de Dieu,
Agneau
de Dieu, qui enlevez le péché du monde, pardonnez-nous
Seigneur,
Agneau de Dieu, qui enlevez le péché du monde,
exaucez-nous, Seigneur,
Agneau de Dieu, qui enlevez le péché du
monde, ayez pitié de nous.
Christ,
écoutez-nous.
Christ,
exaucez-nous.
Prions
Faites,
ô Seigneur Jésus Christ, que nous ressentions les effets de la
protection des Saintes Maries Jacobé et Salomé, qui ont brûlé du
zèle le plus pur à Vous servir pendait votre vie, et à Vous rendre
leurs pieux devoirs après votre mort. Vous qui vivez et régnez
maintenant et toujours et pour les siècles et les siècles. Amen.
Deuxième
jour
Les
Saintes Maries suivent Jésus dans ses courses apostoliques
Réciter
le Veni Creator Spiritus
(voir
au premier jour)
Considérons
les Saintes Maries répondant à l'appel de Jésus et marchant à sa
suite pour écouter ses divins enseignements, et se consacrer tout
entières à son service. Oh! si la sainte Vierge avait gravé dans
son Cœur les paroles que les bergers avaient entendues prononcer par
l'ange, au sujet du Sauveur naissant dans l'étable de Bethléem, les
Saintes Maries ne devaient-elles pas conserver dans leur âme cette
parole divine qui s'échappait des lèvres de Jésus Lui-même, et
qui faisait dire aux Juifs: « Jamais homme n'a parlé comme
celui-là »? Mais surtout ne devaient-elles pas être heureuses
de témoigner au Sauveur leur vive gratitude, en lui prodiguant leurs
soins? Aussi, non contentes d'avoir donné chacune à Jésus deux
fils pour Apôtres, elles se donnent elles-mêmes. Saint Mathieu nous
les montre, suivant le divin Maître, de la Galilée jusqu'à
Jérusalem. Les mêmes paroles qui faisaient la joie des Saintes
Maries, et qu'elles recueillaient avec tant de respect, de Foi et
d'amour, nous sont annoncées. Dans toutes nos paroisses, elles
tombent du haut de toutes les chaires. Qu'il est pénible alors aux
pasteurs, à la vue de tant d'âmes indifférentes, de se rappeler
cette menace du Sauveur. « Celui qui vous méprise, me méprise,
et je ne le reconnaîtrai point au dernier jour ». Qu'il leur
est pénible de penser à la parabole du mauvais riche. Le riche
demande que Lazare aille avertir ses cinq frères, pour leur faire
éviter l'enfer. Dieu lui répond: « Ils ont Mes prophètes,
qu'ils les écoutent; s'ils n'ajoutent point foi à leurs paroles,
ils ne croiraient pas mieux les morts que je pourrais envoyer vers
eux ». Qu'il leur est pénible de pleurer avec Notre Seigneur,
sur la Jérusalem nouvelle qui ne veut pas répondre à l'affection
qu'ils lui portent! Oh! n'ayons pas d'indifférence pour la Parole
Divine, si nous ne voulons point être condamnés! Rappelons-nous
plutôt cette image qui nous en est donnée dans les psaumes.
« Seigneur! qu'elle est douce Votre Parole; elle surpasse même
la douceur du miel. C'est la Lumière qui dirige mes pas et qui me
montre ma route ». Nous aurons à cœur de la connaître, et
nous comprendrons mieux la pensée de Saint Augustin: « Celui
qui méprise la Parole de Dieu est aussi coupable que celui qui
prendrait dans ses mains la Sainte Eucharistie, la jetterait dans la
boue, la foulerait aux pieds ». Jésus ne nous a pas seulement
laissé les Ministres de sa parole, mais Il nous a donné aussi des
représentants de Sa Pauvreté; et c'est en servant les pauvres que
nous le servirons Lui-même. N'a-t-Il pas pris la forme de ce petit
lépreux que Sainte Élisabeth de Hongrie recueillit autrefois sur
son passage et emporta dans son lit? N'est-il pas dit dans les Livres
Saints: « Celui qui a pitié du pauvre, prête au Seigneur à
intérêt; le Seigneur lui rendra ce qu'il a prêté ». Oh!
aimons les pauvres, servons en eux Notre Seigneur. Si nous avons
conservé dans nos familles la pieuse habitude de lire tous les soirs
une page de la vie des Saints, nous remarquerons qu'ils nous en
donnent, presque à chaque page, l'exemple.
O
Saintes Maries, donnez-nous l'amour de la Parole Divine et l'amour
des pauvres. Faites que nous puissions nous entendre dire, au dernier
jour: « J'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu
soif, et vous m'avez donné à boire; j'ai été dans l'indigence, et
vous m'avez secouru; venez posséder le royaume qui vous a été
préparé depuis le commencement du monde ». Ainsi soit-il.
Réciter
ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir
au premier jour)
Troisième
jour
Les
Saintes Maries au pied de la Croix
Réciter
le Veni Creator Spiritus
(voir
au premier jour)
Considérons
les Saintes Maries debout sur le Calvaire, mêlant leurs larmes à
celles de la Sainte Vierge, et contemplant Jésus crucifié; tachons
de pénétrer jusqu'au fond de leur âme, et devoir les sentiments
qui les animaient à ce moment de si cruelle angoisse. Comme le péché
dut leur paraître hideux, puisque c'est lui qui avait amassé sur
leur Divin Maître tant d'injures, tant d'outrages, tant de
souffrances! Qu'elles durent pleurer sur l'ingratitude des Juifs
envers le Sauveur mourant qui leur pardonnait, tandis qu'ils
tournaient la tête en signe de mépris! Comme elles durent bien
comprendre que la seule voie qui conduise au ciel, c'est celle de la
croix, suivant l'a vérité de ces paroles de Notre Seigneur: « Si
quelqu'un veut Me suivre, qu'il prenne sa croix, et qu'il se renonce
soi-même ». Mettons-nous au pied de notre crucifix, et
disons-nous: C'est pour nos péchés que Jésus-Christ a enduré tant
de tourments. Arrosons les pieds de notre Divin Maître de ces larmes
salutaires qui obtinrent un généreux pardon à la pécheresse de
l'Évangile. Prenons la résolution de détester le péché, et de le
détruire dans nos cœurs. Portons, en même temps, nos regards sur
ce qui se passe autour de nous. Combien d'ingrats qui osent encore
injurier le Sauveur! Combien de pécheurs aveuglés se font pour
ainsi dire, un devoir de renouveler la scène douloureuse du
Calvaire! Conjurons le Sauveur de leur pardonner, car, comme les
Juifs, hélas! ils ne savent ce qu'ils font; ils ne connaissent point
la noirceur de leur faute. Ils ne savent pas tout l'amour que le
Sauveur a pour eux. N'oublions pas surtout que la voie du Ciel n'est
autre que la voie de la Croix. Oui, sans doute, il est dur, nous dit
l'auteur de l'Imitation, d'entendre cette maxime: « Renoncez à
vous-mêmes et portez votre croix; mais il sera bien plus dur encore
d'entendre cette condamnation: « Retirez-vous de moi, maudits,
allez au feu éternel ». Quelques croix que le Bon Dieu nous
réserve, supportons-les avec résignation, et, pour nous encourager
dans nos faiblesses, ayons souvent devant les yeux ce Saint qui,
paralysé de tous ses membres, était porté tous les jours par sa
mère et son frère à la porte de l'église de Saint-Clément de
Rome. Là il sollicitait la compassion des fidèles. Ses infirmités
ne l'attristaient point; il était toujours heureux; il se faisait
apprendre les chants de l'Église, et les redisait avec un suprême
bonheur. Aussi mérita-t-il de s'écrier à ses derniers moments:
« Faites silence; n'entendez-vous pas cette douce mélodie qui
résonne dans les cieux! » et, en achevant ces paroles, il
quittait la terre pour aller chanter avec les anges.
O
Saintes Maries, inspirez-nous la haine du péché, convertissez les
pécheurs. Embrasez-nous de l'amour de la Croix, afin qu'après avoir
partagé les souffrances du Sauveur sur cette terre, nous méritions
d'avoir une part à Sa gloire dans les cieux, selon cette parole de
saint Paul: « Si nous souffrons avec Jésus, nous partagerons
son triomphe ». Ainsi soit-il.
Réciter
ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir
au premier jour)
Quatrième
jour
Les Saintes Maries au Cénacle
Réciter
le Veni Creator Spiritus
(voir
au premier jour)
Considérons
les Saintes Maries en prière au Cénacle, avec les Apôtres et les
Disciples de Jésus. Le Sauveur venait de s'élever vers le ciel, en
présence de cinq cents Disciples; Il avait promis aux siens de leur
envoyer l'Esprit Consolateur, et leur avait dit de l'attendre à
Jérusalem. Les apôtres vont se préparer à la venue de l'Esprit
Saint. Ils choisissent de préférence la salle qui avait été
témoin de l'Institution de l'Eucharistie, ou le Sauveur était venu
les visiter quelquefois, après la résurrection. Les Saintes Maries
étaient avec eux. Comme leurs prières durent être ferventes! Comme
les anges du Ciel devaient contempler, avec bonheur, toutes ces âmes
d'élite qui passaient des journées entières dans les entretiens
avec Dieu! Et, au jour de la Pentecôte, admises à participer aux
grâces qu'apportait à la terre un Dieu consolateur, quelle ne fut
pas leur joie! Pour nous, nous avons aussi un Cénacle où les
paroles de la Cène sont souvent répétées et produisent les mêmes
merveilles. Dieu s'immole tous les jours dans nos églises; Il prend
les apparences du pain et du vin pour descendre et habiter parmi
nous. Allons prier dans ces nouveaux Cénacles! Et ne nous contentons
pas de prier seulement dans nos églises, mais prions encore dans nos
familles. Prions toujours, suivant le conseil de Notre Seigneur
Lui-même: « Il faut toujours prier, et ne jamais se lasser ».
Pour cela offrons foutes nos occupations, tous nos instants, toutes
nos pensées à Jésus, dès notre lever. C'est là le gage de la
paix, le secret du bonheur et la source des plus nombreux mérites.
Dans nos tristesses, rappelons-nous cette pensée du curé d'Ars:
« Nos peines, disait-il, fondent devant la prière, comme la
neige, devant le soleil ». Dans nos découragements, méditons
ce trait de la vie de Jésus: Il priait, lorsqu'un de ses Disciples
s'approche: « Seigneur, dit-il, enseignez-nous à prier ».
Le Maître contenta ses désirs, et lui enseigna la prière que nous
connaissons tous: le Notre Père. Et, pour montrer combien on devait
être constant dans la prière, Il ajouta : « Un homme pauvre,
mais hospitalier, reçut, au milieu de la nuit, un voyageur; il court
aussitôt frapper à la porte de son ami. Prêtez-moi trois pains,
lui dit-il, car un hôte m'arrive, et je n'ai rien à lui offrir.
Mais l'ami est couché, la maison est close; il refusa de se lever.
Le solliciteur ne se rebute pas, il frappe, frappe toujours jusqu'à
ce qu'on lui donne les trois pains. Et Moi aussi, je vous le dis,
poursuit le Seigneur, demandez et on vous donnera. Quel est celui
d'entre vous qui, demandant du pain à son père, en reçoit une
pierre; si vous demandez un poisson, vous donnera-t-il un serpent? si
vous désirez un œuf, vous offrira-t-il un scorpion? Comment votre
Père céleste pourrait-il vous refuser le bien que vous lui
demandez ».
O
grandes Saintes, gravez dans nos cœurs, ces comparaisons du divin
Maître. Mettez sur nos lèvres, autant que dans notre âme, cette
demande du disciple: « Seigneur, enseignez-nous à prier ».
Nous serons sûrs ainsi de contempler un jour notre Père céleste,
d'avoir place dans son royaume et de partager la gloire qu'il réserve
à ses élus. Ainsi soit-il.
Réciter
ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir
au premier jour)
Cinquième
jour
Les
Saintes Maries éprouvées dans leur Foi par la persécution
Réciter
le Veni Creator Spiritus
(voir
au premier jour)
Considérons
les Saintes Maries, éprouvées dans leur foi. Le jour de la
Pentecôte, l'Esprit Saint a donné trois mille conversions à la
parole de Saint Pierre. Quelques jours après, cinq mille nouveaux
convertis grossissent les rangs de l'Église naissante. Les miracles
opérés par les apôtres, leurs prédications entraînent les
foules. Mais bientôt les Juifs s'irritent de ce succès, et la
persécution commence. Les saintes Maries quittent Jérusalem. Elles
sont avec Lazare, Marthe, Madeleine, Maximin et d'autres disciples.
Les Juifs voudraient leur faire abjurer leur foi; mais elles ne
sauront pas même en rougir, et les menaces de mort les trouveront
inébranlables. La mer va être leur tombeau? Non! Non! Dieu se
servira de la persécution pour faire éclater sa gloire: il réserve
ces âmes d'élite pour la terre privilégiée des Gaules! Louons
Dieu qui s'est montré si généreux pour notre patrie! Aurons-nous
la gloire d'être persécutés pour le Nom de Jésus? Ah! si une
telle grâce nous était donnée, demandons à Dieu la force d'imiter
les Saintes Maries. Il est toutefois une persécution à laquelle
nous n'échapperons pas. Nous avons un ennemi sans cesse irrité
contre nous, et à tout moment, selon l'expression de Saint Pierre,
prêt à fondre sur nous, comme un lion sur sa proie; résistons-lui
sans crainte, espérons en Dieu, c'est lui qui le terrasse, comme il
terrasse les persécuteurs. Ils ont beau se lever contre nous, nos
ennemis; Dieu les voit du haut du ciel, suivant la pensée de David,
il se joue de leurs efforts, il n'a qu'à dira un mot pour les
réduire en poussière. Il est des épreuves qui pourraient mettre en
péril notre foi, et nous faire douter de là Bonté divine. Au lieu
de dire, comme plusieurs, que Dieu nous a abandonnés, ou qu'il
paraît trop sévère, disons, avec l'auteur de l'Imitation: « Il
est bon pour nous que des contrariétés nous affligent; elles
rappellent à l'homme qu'il est sur une terre d'exil et qu'il ne doit
pas placer son espérance ici-bas ». Un infirme avait une
dévotion particulière à Saint Thomas de Cantorbery; il alla prier
sur son tombeau pour obtenir sa guérison. Sa demande fut exaucée.
Bientôt après, il se dit qu'il avait eu tort, peut-être, de
demander cette grâce; l'infirmité n'était-elle pas plus nécessaire
à son salut! Il retourne une seconde fois au tombeau du saint; il le
prie de demander à Dieu pour lui, ce qui lui serait le plus
avantageux. Dieu lui envoya sa première infirmité; le chrétien la
reçut avec la plus vive consolation.
O
Saintes Maries, augmentez notre Foi. Faites que nous ne nous
laissions pas vaincre par le respect humain, la fausse honte ou les
épreuves. Faites que Dieu pardonne aux persécuteurs de son Église
et que, s'il les terrasse, ils puissent se relever, comme Saint Paul,
amis de Jésus et passionnés pour Sa gloire. Faites aussi que nous
combattions toujours les bons combats pour avoir un jour la palme de
la victoire! Ainsi soit-il.
Réciter
ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir
au premier jour)
Sixième
jour
Les saintes Maries confiantes en la Providence
Réciter
le Veni Creator Spiritus
(voir
au premier jour)
Considérons
les Saintes Maries exposées à la fureur des vagues sur un frêle
esquif. Vont-elles s'attrister de se voir sans cesse à la veille de
périr? S'inquièteront-elles du lendemain, éclateront-elles en
gémissements et en larmes? Maudiront-elles leurs persécuteurs? Oh!
Non! elles prient pour ceux qui les ont poursuivies de leur haine;
elles se rappellent, sans doute, que Jésus autrefois apaisa la,
tempête sur le lac de Génésareth; elles se disent qu'il aura la
même puissance sur la mer qui les porte, et, pleines de confiance,
s'abandonnent entre ses mains. Leur confiance est agréable au
Seigneur qui envoie un Ange à leur secours, et leur prépare une
terre hospitalière en Camargue. Nous sommes sur la mer du monde,
encore plus agitée que celle que traversent les saintes Maries; des
écueils nous environnent de toutes parts. Peut-être manquons-nous
de confiance. Relisons cette belle page de l'Évangile qu'aucune
parole humaine ne saurait égaler: « Votre Père du ciel sait
ce qui vous est nécessaire, avant que vous le lui demandiez. Aussi,
ne soyez pas en peine du lendemain. Voyez les oiseaux du ciel; ils ne
sèment point, ils ne moissonnent point, ils n'amassent rien dans
leurs greniers; mais votre Père céleste les nourrit; ne lui
êtes-vous pas beaucoup plus chers. Voyez comment croissent les lys
des champs; ils ne travaillent point, ils ne filent point; et
cependant je vous déclare que Salomon, dans toute sa gloire, n'a
jamais été vêtu comme l'un d'eux. Si donc Dieu a soin de vêtir
ainsi une herbe des champs qui vit aujourd'hui et demain sera jetée
au feu, combien aura-t-il plus de soin pour vous ». Ayons
pleine confiance dans le Seigneur, et suivons ce conseil qui résume
toute sa doctrine: « Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et Sa
Justice, et tout vous sera donné par surcroît ». Écoutons
Jésus qui nous dit dans le beau livre de l'Imitation: « Mon
fils, laissez-Moi vous diriger comme Je le voudrai, Je sais ce qui
vous convient »; et répondons-lui: « Si Vous voulez que
je sois dans les ténèbres, soyez béni; si Vous voulez que la
lumière m'éclaire, soyez béni; si Vous me jugez digne de
consolation, soyez béni ». Saint Dominique priait pour la
guérison d'un de ses amis qui lui avait demandé d'entrer dans son
ordre, et était tombé gravement malade. La sainte Vierge visita le
malade, et lui dit: « Que voulez-vous que Je fasse pour vous?
Je viens savoir ce que vous désirez ». Le malade se trouble,
il est saisi de crainte et de respect. Une des Saintes qui
accompagnent la sainte Vierge l'engage à ne rien demander. « Mon
fils, ajouta-t-elle, abandonnez-vous entre les mains de la Mère de
Dieu; Elle sait mieux que vous ce qui vous est nécessaire ».
Il suivit un conseil si sage, et, s'adressant à la sainte Vierge:
« Je ne demande rien, dit-il, je n'ai pas d'autre volonté que
la Vôtre ». Et la sainte Vierge, heureuse de cette confiance,
le guérit aussitôt.
O
Saintes Maries, apprenez-nous à mettre notre confiance dans le
Seigneur! Donnez-nous l'intelligence de ces paroles de l'Imitation:
« Ne placez pas votre confiance dans l'homme mortel et
périssable. Celui qui est pour vous aujourd'hui, demain sera contre
vous. Placez toute votre confiance dans le Seigneur ». Oh! oui,
ô Saintes Maries, c'est en Lui seul que nous voulons nous confier,
pour suivra le conseil que l'Esprit Saint nous donne par son
Prophète: « Abandonnez au Seigneur le soin de tout ce qui vous
regarde; Lui-même vous nourrira, Il ne laissera pas le juste dans
une éternelle agitation ». Ainsi soit-il.
Réciter
ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir
au premier jour)
Septième
jour
Les Saintes Maries à leur arrivée sur la
terre de Provence
Réciter
le Veni Creator Spiritus
(voir
au premier jour)
Considérons
les Saintes Maries abordant miraculeusement sur la terre de Provence.
Comme autrefois les Hébreux sortis des flots de la mer Rouge, elles
vont entonner un cantique d'action de grâces. Elles ne diront pas
avec Moïse et les enfants d'Israël: « Chantons des hymnes au
Seigneur, parce qu'il a fait éclater sa grandeur et sa gloire, et
qu'il a précipité dans la mer le cheval et le cavalier ».
Elles ont une hymne d'action de grâces plus belle et plus puissante.
Elles dressent un autel. Lazare, Maximin célèbrent les Saints
Mystères. C'est Jésus qui est offert, et la reconnaissance des
Saintes Maries s'élève jusqu'au trône du Tout-Puissant, portée
par les Anges qui, pour la première fois, sont venus adorer, sur
cette terre des Gaules, le Dieu Rédempteur de l'Eucharistie. Le
miracle de Mara va se renouveler, mais plus éclatant encore. Les
Juifs entrèrent, en chantant les louanges du Seigneur, dans le
désert de Sur; ils avaient marché pendant trois jours, ils
n'avaient point trouvé d'eau. Seules, des eaux amères s'offraient
pour apaiser leur soif. Dieu fait éclater sa puissance et en adoucit
l'amertume. Ici, il ne faut pas des journées entières pour trouver
cette eau douce qui semble faire défaut; elle est donnée par une
source qui jaillit même auprès de l'autel où s'est offerte la
Victime Sainte. Oh! si nous jetons un regard sur le passé, nous
verrons que Dieu nous a fait échapper, nous aussi, à bien des
périls, et nous pourrons peut-être nous dire: « Hélas! si, à
tel âge, Dieu ne m'avait pas arraché au danger qui me menaçait, je
serais dans un océan de flammes, et pour toujours! Si Dieu ne
m'avait donné un ange gardien pour me montrer la route, je me serais
égare et jeté dans quelque précipice. Si je n'avais, été appelé
loin de cette ville coupable, je serais maintenant privé des
consolations que j'éprouve ». Oh! chantons aujourd'hui, avec
toute l'ardeur dont nous sommes capables, le cantique de
reconnaissance de Marie. Assistons avec plus de piété à la Sainte
Messe. Quelles sont bien vraies ces paroles de l'Imitation: « Il
est amer de voir que le Sacrifice de la messe, qui réjouit le Ciel
et sauve le monde, trouve tant d'indifférents. S'il n'était offert
que dans un seul lieu de la terre, et par un seul Prêtre, quel désir
n'aurions-nous pas de visiter ce lieu, et d'unir nos prières à
celles de ce Prêtre! » Sortons de notre tiédeur, et nous
aurons le bonheur de nous désaltérer à cette source d'eau vive que
Jésus fit connaître à la Samaritaine: « Ah! lui disait-Il,
si vous connaissiez le don de Dieu! si vous saviez Celui qui vous
demande à boire, vous le Lui demanderiez vous-même, et Il vous
donnerait de l'eau vive. Celui qui boira de l'eau de ce puits aura
encore soif; mais celui qui boira de l'eau que Je donne, sera
désaltéré pour toujours ». Nous connaissons quelle est cette
eau vive, nous pouvons la recevoir, c'est la grâce; et, Dieu l'a dit
à saint Paul: « La grâce vous suffit ». Demandons-là
au Saint Sacrifice de la Messe, et elle jaillira de l'Autel pour
venir se répandre dans nos âmes.
O
Saintes Maries, rendez-nous plus reconnaissants envers le Ciel.
Faites que nous assistions toujours au Saint Sacrifice avec la plus
grande ferveur. Aidez-nous à dire avec fruit cette prière de la
Samaritaine: « Seigneur, donnez-nous l'eau vive, afin que nous
ne soyons plus altérés ». Ce sera le gage de notre bonheur
ici-bas et de notre félicité au ciel. Ainsi soit-il.
Réciter
ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir
au premier jour)
Huitième
jour
Les
Saintes Maries travaillent à la conversion de l'ile qui leur sert de
refuge
Réciter
le Veni Creator Spiritus
(voir
au premier jour)
Considérons
les Saintes Maries travaillant à la conversion de l'Ile de la
Camargue. Elles ont obtenu des grâces; elles veulent les rendre
fécondes. Leurs exemples, leur vie sainte sont une prédication. Le
charme de leur parole, toute empreinte des maximes et Jésus, va
jusqu'aux cœurs les plus froids et les plus endurcis. Elles se
retirent souvent dans leur petit oratoire. Là, elles prient; et le
Seigneur se communique à elles, et dans ce doux entretien Il leur
donne les plus sûrs moyens de Le faire connaître, servir et aimer.
Louons les Saintes Maries de leur zèle pour le salut des âmes.
Comme elles, pourquoi ne prêcherions-nous pas nous-mêmes par le bon
exemple! Que de mérites nous seraient réservés, si nous le
donnions dans nos paroisses, en assistant assidûment aux Saints
Offices, dans nos familles, en remplissant fidèlement nos devoirs
religieux; auprès de nos amis, en les entraînant dans la voie du
Salut. Pourquoi n'emploierions-nous pas le secours de la parole? Nous
aimons Jésus, et nous ne parlerions jamais de Sa Bonté, de Sa
Puissance, de Sa Miséricorde! Nous souhaitons le Ciel, et toutes nos
paroles seraient pour la terre! Nous verrions l'ingratitude des
hommes pour leur Sauveur, et nous ne saurions en gémir! Que cette
parole de l'Évangile nous condamne: « Là où se trouve votre
trésor, là est aussi votre cœur ». Pourquoi, surtout,
n'aurions-nous pas recours à la prière. Nous passons souvent devant
nos églises; il serait si agréable au Seigneur que nous allions Lui
consacrer quelques minutes, Lui offrir nos adorations! Nous aurions
dans la journée plusieurs heures de loisir, et nous ne passerions
pas quelques instants auprès du tabernacle! Oh! Non! allons auprès
de Jésus qui nous appelle, tombons à Ses pieds et là, pensons aux
pauvres malades. Demandons à Dieu qu'Il leur donne le courage de
supporter patiemment leurs douleurs et de les sanctifier. C'est là
une œuvre de zèle. Pensons aux pécheurs qui l'affligent le plus.
Rappelons-nous qu'il peut d'un seul mot briser la glace de leur cœur,
et les amener dans le devoir, selon cette comparaison des Livres
Saints: « II parlera, et la glace se fondra ». Pensons à
nos frères défunts qui gémissent dans les flammes du Purgatoire;
demandons la fin de leurs souffrances. En un mot, pensons à ceux qui
nous sont chers.
O
Saintes Maries, embrasez nos cœurs des flammes de ce feu divin qui
vous consumait et vous portait à étendre partout le Règne de Dieu!
Donnez-nous le zèle du bon exemple, le courage de la parole et la
persévérance de la prière, afin que nous puissions contribuer à
augmenter le nombre des serviteurs de Jésus, pour mériter
nous-mêmes d'être un jour Ses élus. Ainsi soit-il.
Réciter
ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir
au premier jour)
Neuvième
jour
Les
Saintes Maries sur le point de se séparer ici-bas pour se retrouver
bientôt au ciel
Réciter
le Veni Creator Spiritus
(voir
au premier jour)
Considérons
les Saintes Maries prêtes à se dire adieu sur cette terre d'exil.
Sainte Marie Jacobé vient d'apprendre que sa fin est proche, fille a
entendu ces paroles du ciel que le prophète avait dites autrefois au
roi Ezéchias: « Votre temps est fini, vous allez mourir ».
Une dernière fois, Sainte Marie Jacobé aura la consolation de
revoir son Sauveur. Ah! comme elle dut être fervente, cette
communion dernière! Comme elle dût être heureuse, Sainte Marie
Jacobé, en voyant Jésus venir à elle pour l'assister dans son
voyage de cette vie d'exil à la véritable patrie! Quelle ne dut pas
être sa reconnaissance! Elle va quitter la terre sans regret. Elle a
son Dieu dans son cœur. Elle le contemplera bientôt dans sa gloire.
Toutes ses pensées sont pour le ciel; elle appelle Marie Salomé,
lui montre, de sa main défaillante, le séjour des élus: « Là,
dit-elle, nous nous retrouverons un jour », et ses yeux se
fermèrent à la pâle lumière de ce monde, pour aller voir Dieu
dans toute Sa Gloire. Demain nous aurons le bonheur de recevoir Jésus
dans la Sainte Communion. Faisons naître en nous les dispositions
qu'avait Sainte Marie Jacobé sur son lit de mort. Regardons cette
Communion comme si elle devait être la dernière. Dès notre lever,
saluons le beau jour qui va luire pour nous. Méditons cette page qui
ouvre le quatrième Livre de l'Imitation, elle fera naître en nous
les plus doux sentiments: « Et quoi! Seigneur, Vous m'appelez,
et qui suis-je pour oser m'approcher de Vous. Cependant, plein de
confiance en Votre Bonté et Votre grande Miséricorde, je m'approche
de Vous, Seigneur: malade, je viens à mon Sauveur; consumé de faim
et de soif, je viens a la source de vie; pauvre, je viens au Roi du
ciel ». Allons ensuite vers notre Sauveur, avec l'empressement
des Saintes Maries. Les Anges accompagneront Jésus à la table
sainte. Ils ne nous diront pas: « Celui que vous cherchez n'est
pas ici ». Ah! ils nous diront plutôt: « Réjouissez-vous,
soyez dans une sainte allégresse: Jésus vient vers vous, Il va
descendre dans vos cœurs ». Lorsque le moment viendra de dire
adieu au sanctuaire des Saintes Maries, rappelons-nous que notre
tente n'est pas ici-bas dressée pour toujours. Portons nos regards,
nos pensées, nos espérances vers le Ciel. Avancerions-nous vers la
patrie en téméraires? Ne nous préparerions-nous pas une place dans
le Royaume où règnent les saintes Maries? Tous les soirs, avant de
nous livrer au sommeil, pensons que le repos que nous allons prendre
sera peut-être le repos de la mort. Demandons pardon à Dieu de nos
fautes; notre sommeil sera paisible; ainsi la mort ne saura nous
surprendre.
O
Saintes Maries, disposez nos cœurs à recevoir Jésus. Il va nous
apporter les grâces que vous avez obtenues pour nous. Faites que
rien en nous n'attriste Son Cœur sacré. Donnez-nous l'intelligence
de cette parole de l'Imitation: « Si aujourd'hui je ne suis pas
prêt à quitter la terre, le serai-je mieux demain? aurai-je plus de
soin pour m'y préparer? » Ah! n'ayons qu'un désir, celui de
vivre comme si nous n'avions qu'une heure, un instant qui nous
séparent de l'éternité bienheureuse. Ainsi soit-il.
Réciter
ensuite le Magnificat puis les Litanies des Saintes Maries
(voir
au premier jour)
Texte
intégralement extrait du livre « Manuel pour le Pèlerinage
des Saintes Maries de Provence », Abbé Lamoureux, Nimes, 1881
Téléchargez
le texte de cette neuvaine (pdf) en cliquant ici