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23 décembre 2022

Les Saints Ancêtres de Notre Seigneur Jésus-Christ

Arbre de Jessé - Redimensionnée

 

Les Saints Ancêtres de Notre Seigneur Jésus-Christ

24 décembre

 

En cette veille de la Nativité de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ, nous célébrons la mémoire du Patriarche Abrabam, le Père des croyants, et de sa lignée : les Ancêtres selon la chair de notre Sauveur.

Issu de la terre des Chaldéens idolâtres, le Patriarche Abraham n'hésita pas un instant à quitter son pays, sa maison, sa famille et ses biens, à rappel de Dieu, pour se rendre vers la terre de Canaan que le Seigneur lui donna en héritage, en lui promettant une glorieuse postérité et une alliance éternelle. Le fruit de cet acte de foi fut Isaac, que Dieu lui accorda dans sa vieillesse. Puis d'Isaac naquit Jacob, et de Jacob sortirent les douze Patriarches, pères des douze tribus d'Israël. C'est finalement de la tribu de Juda que, conformément aux Ecritures, devait naître le Christ, l'aboutissement des promesses, et la plénitude de l'alliance et de l'union entre Dieu et les hommes.

Par l'intermédiaire des Saints Ancêtres et Patriarches, notre Seigneur Jésus-Christ est donc en quelque manière lui aussi le fruit de la foi d'Abraham. C'est pourquoi, lorsque pour chacun d'entre nous, Dieu fait entendre sa voix alors que nous sommes encore dans la terre étrangère des passions et des vanités de ce monde, il nous faut, comme Abraham, abandonner sans hésitation ce qui est nôtre et suivre avec foi l'appel divin jusqu'à la Terre Promise, où nous pourrons à notre tour donner naissance, de manière spirituelle, au Christ. Car planté en nous par la Foi et le Baptême, Il doit croître et grandir en nous par les saintes vertus, afin de resplendir dans la lumière de la contemplation.

Devenus « fils de Dieu » par le don du Saint-Esprit, nous devons donc voir le Christ se former en nous, les descendants d'Abraham : « Tous en effet, vous êtes fils de Dieu par la foi au Christ Jésus, car vous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ (...) Vous tous, en effet, vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus. Mais si vous appartenez au Christ, vous êtes donc descendance d'Abraham, héritiers aux termes de la promesse ». Devenons donc à notre tour ancêtres du Christ en persévérant dans la foi, afin de célébrer sa Nativité en disant : « Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi ! »

 

Evangile selon Saint Matthieu (Mt 1, 1-17)

 

« Généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham :

Abraham engendra Isaac ;

Isaac engendra Jacob ;

Jacob engendra Juda et ses frères ;

Juda engendra de Thamar Pharès et Zara ;

Pharès engendra Esrom ;

Esrom engendra Aram ;

Aram engendra Aminadabv ;

Aminadab engendra Naasson ; Naasson engendra Salmon ;

Salmon engendra Boaz de Rahab ;

Boaz engendra Obed de Ruth ;

Obed engendra Isaï ;

Isaï engendra David.

Le roi David engendra Salomon de la femme d’Urie ;

Salomon engendra Roboam ;

Roboam engendra Abia ;

Abia engendra Asa ;

Asa engendra Josaphat ;

Josaphat engendra Joram ;

Joram engendra Ozias ;

Ozias engendra Joatham ;

Joatham engendra Achaz ;

Achaz engendra Ézéchias ;

Ézéchias engendra Manassé ;

Manassé engendra Amon ;

Amon engendra Josias ;

Josias engendra Jéchonias et ses frères, au temps de la déportation à Babylone.

Après la déportation à Babylone, Jéchonias engendra Salathiel ;

Salathiel engendra Zorobabel ;

Zorobabel engendra Abiudv ;

Abiudv engendra Éliakim ;

Éliakim engendra Azor ;

Azor engendra Sadok ;

Sadok engendra Achim ;

Achim engendra Éliud ;

Éliud engendra Éléazar ;

Éléazar engendra Matthan ;

Matthan engendra Jacob ;

Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.

 

Il y a donc en tout quatorze générations depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations depuis David jusqu’à la déportation à Babylone, et quatorze générations depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ.

 

 

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23 décembre 2022

L'Avent avec les Saints du Carmel

L'Avent avec les Saints du Carmel

 

Repose-toi ô mère

 

Samedi 24 décembre 2022

 

Auprès de la Vierge Marie, vivre de la présence de Dieu,

aujourd’hui et chaque jour de nos vies

 

Ça y est, nous approchons du but de notre route ! Depuis combien de jours Joseph et Marie ont-ils quitté leur village de Nazareth pour aller se faire recenser à Bethléem, la ville de David, d’où Joseph est originaire ? L’évangéliste saint Luc, dont le récit est proclamé au cours de la Messe de la nuit de Noël, ne nous donne pas ce détail. Mais ce qu’il souligne nettement, c’est que la naissance du Sauveur va avoir lieu alors que Marie et Joseph, comme n’importe lesquels de leurs contemporains, accomplissent cet acte civique de se faire recenser.

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.

Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime » (Lc 2, 1-14).

Pour nous aussi, le Sauveur ne se rend présent nulle part ailleurs que dans l’ordinaire de notre vie, tandis que nous accomplissons fidèlement et humblement les tâches qui nous incombent, dans notre vie familiale, notre vie professionnelle… Quand nous nous approchons de la Crèche où Marie vient de déposer son Enfant premier-né, nous voyons de nos yeux que la venue de Dieu dans notre vie est à la fois inouïe et très simple. Depuis neuf mois, Marie laissait son enfant prendre chair de sa propre chair. Il n’y avait pour elle rien de plus mystérieux mais aussi rien de plus réel que cette vie qui grandissait en elle. Quant à nous, notre foi nous assure que la présence de Dieu en nous est la réalité la plus cachée et la plus vraie, la plus mystérieuse et la plus simple de notre existence. Agenouillés devant l’Enfant de la Crèche, nous découvrons que pour accueillir la présence de Dieu, nous n’avons qu’à faire silence, et à recevoir Celui qui nous tend les bras : « Le Sauveur est un enfant qui nous attire à lui1 ».

Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître. »

Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.

Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé (Lc 2, 15-20).

À la Messe de l’aurore, le matin de Noël, la suite de l’Évangile est proclamée : les bergers arrivent à Bethléem, trouvent le Nouveau-né annoncé par les anges, racontent ce qu’ils ont vécu, puis s’en vont, en chantant les louanges de Dieu. Un moment entouré d’un joyeux brouhaha, le berceau de l’Enfant est à nouveau enveloppé de silence. Et Marie nous offre l’attitude spirituelle qui, le jour de Noël et tous ceux qui suivront, va nous aider à recueillir le fruit de notre retraite et à le laisser irriguer notre vie entière : « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ». Auprès de la Crèche, faisons mémoire de ce que le Seigneur nous a donné de vivre pendant notre retraite. Vraisemblablement, peu de choses ‘sensationnelles’, mais sans doute nous a-t-il rendus plus attentifs au discret passage de son Esprit Saint dans notre vie : c’est sa présence agissante, toujours là au cœur de nos vies. Rendons-lui grâce et gardons vif le désir de vivre chaque instant de notre existence en demeurant ‘branchés’ sur la Présence de Dieu toujours là, et d’en témoigner auprès de ceux qui nous entourent.

 

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Joyeux Noël !

 

 

fr. Anthony-Joseph Pinelli, ocd (Paris)

 

1 Hymne liturgique « C’est le temps de la joie » (T. : fr. David, osb).

 

16 décembre 2022

L'Avent avec les Saints du Carmel

L'Avent avec les Saints du Carmel

 

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Quatrième Semaine

Enseignés par saint Joseph, accueillir le don inouï de Celui qui vient

 

Sous le patronage de saint Joseph

 

Tandis que nous approchons de la nuit de Noël, la liturgie nous fait entendre les récits des événements qui ont immédiatement précédé la naissance du Sauveur. Ce dimanche, l’évangéliste Matthieu nous rapporte l’annonce reçue par saint Joseph. Cette « annonce à Joseph » nous est peut-être moins familière que celle reçue par la Vierge Marie, racontée par saint Luc, et commémorée lors de la solennité de l’Annonciation, ainsi que chaque jour, par la prière de l’Angelus. C’est pour nous l’occasion de nous laisser rejoindre, sur notre chemin d’Avent, par saint Joseph, lui que la tradition spirituelle du Carmel affectionne particulièrement.

À son sujet, sainte Thérèse d’Avila affirmait notamment : Je ne vois pas comment on peut penser à la Reine des anges et à tout ce qu’elle eut à souffrir en compagnie de l’Enfant-Jésus, sans remercier saint Joseph de les avoir si bien assistés l’un et l’autre. Ceux qui ne trouvent pas de maître pour leur enseigner l’oraison n’ont qu’à prendre ce saint pour guide et ils ne feront pas fausse route (Livre de la Vie 6, 8). C’est donc au nom du réalisme de l’incarnation – et d’un bon sens élémentaire ! – que sainte Thérèse nous encourage à nous tourner vers saint Joseph. À la suite de sainte Thérèse, à la fin du XVIIe siècle, les Carmes déchaux instaurèrent une fête du « patronage de saint Joseph », pour célébrer leur Protecteur. Ne pourrions-nous pas nous aussi vivre cette dernière semaine de l’Avent sous le patronage de saint Joseph, en le choisissant comme guide ? Pour ce faire, commençons par nous mettre à l’écoute du récit évangélique de « l’annonce à Joseph » :

Voici comment fut engendré Jésus Christ :

Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.

Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».

Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse (Mt 1, 18-24).

 

Face aux imprévus…

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette annonce est déroutante pour Joseph. Accueillir la venue du Fils de Dieu dans sa vie, cela va le conduire à renoncer à son projet personnel, ou plutôt à renoncer à la forme qu’il avait légitimement envisagée pour la réalisation de son projet personnel. Certainement, il sent dans son cœur l’appel à être époux et père. Cependant, après la visite de l’ange du Seigneur, il va recevoir de Dieu lui-même la façon dont se réaliseront ses désirs : il sera époux et père, mais d’une manière bien différente de ce qu’il avait imaginé, d’une manière encore plus belle et féconde que ce qu’il avait imaginé.

Pour ce qui nous concerne, tout au long de notre retraite, notre désir de la venue du Fils de Dieu a grandi, notre confiance en sa venue certaine s’est affermie. Mais aussi, soyons bien sûr qu’il viendra à nous de la manière qu’il voudra et non pas forcément de la manière que nous imaginons. Alors, en cette dernière semaine, il nous est bon de nous laisser enseigner par saint Joseph : pour cela, voyons comment Joseph lui-même parvient à consentir à l’inouï qui est en train de se produire dans sa vie.

D’abord, comme l’ange l’y encourage, il fait confiance à Dieu : « Ne crains pas ». Peut-être nous demandons-nous quelle pourrait bien être la peur qui menace Joseph, lui dont l’évangéliste saint Matthieu nous dit qu’il est « un homme juste » ? Sans doute celle d’un fiancé amené à renoncer à ses projets les plus chers, et même à son projet de vie. En effet, l’irruption inouïe du Fils de Dieu dans la vie de sa fiancée amène Joseph à consentir à renoncer non pas à un élément de sa vie, mais de renoncer à sa vocation profonde, ou tout au moins à l’image qu’il en avait jusque-là. C’est une plongée dans l’inconnu qui peut susciter un véritable effroi : il lui est demandé d’accepter une paternité si différente de ce qu’il avait légitimement prévu.

Nous aussi, nous pouvons connaître des remises en cause, petites et grandes, de nos projets personnels. Évidemment, il importe que nous soyons des acteurs responsables de notre vie, que nous ne nous laissions pas ballotter au gré des événements. Mais quand l’inattendu surgit dans notre vie, Joseph nous invite à ne pas craindre, à faire confiance, afin de pouvoir accueillir, même dans ce que nous n’avions pas prévu, le dessein d’amour de Dieu.

Ensuite, le messager divin demande à Joseph : « Prends chez toi Marie ton épouse ». Rendu capable d’accueillir la nouveauté du projet du Seigneur, Joseph est appelé à collaborer à l’œuvre de Dieu. En effet, « prendre chez lui » son épouse, ce n’est pas seulement accueillir celle-ci dans une maison, c’est prendre soin d’elle, veiller sur elle et sur l’Enfant qu’elle porte : Joseph sera le responsable, le gardien de la Sainte Famille, le garant de l’accomplissement de la vocation divine de Marie et de son Fils.

Nous aussi, à travers les circonstances parfois déroutantes de nos vies, nous sommes appelés à découvrir comment nous allons participer à la croissance du Royaume de Dieu en notre monde, comment nous allons soutenir nos frères et sœurs afin qu’ils grandissent dans l’accomplissement de leur propre vocation. Joseph nous montre le chemin du véritable amour du prochain : avec discrétion et discernement, prendre dans notre cœur, dans notre prière, dans la sollicitude de notre action, ce soin de la relation d’autrui avec Dieu.

Enfin, saint Matthieu nous rapporte que, une fois réveillé, « Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit ». Tel est Joseph qui, sans bruit, agit selon la parole du Seigneur, dans l’humilité de celui qui ne cherche pas de bonnes raisons pour accomplir sa volonté propre à la place de celle du Seigneur mais trouve sa joie à agir, dans la silencieuse confiance, selon la Parole d’un autre. Très bien ! mais nous, comment ferons-nous ce que le Seigneur attend de nous ? dans quel songe entendrons-nous la voix d’un ange qui nous dira sur quels chemins marcher ? Allons, restons éveillés ! nous ne sommes pas moins bien lotis que saint Joseph : si nous ne portons pas dans nos bras l’Enfant-Jésus comme il l’a fait, nous recevons dans nos mains le Corps eucharistique du Christ ; si nous n’entendons pas en rêve la voix des anges, nous écoutons la Parole de Dieu dans le silence de notre prière. Et cela suffit – ô combien ! – pour que nous nous levions et que nous fassions ce que le Seigneur attend de nous.

 

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Saint Joseph dans l’iconographie carmélitaine

 

Pour vivre cette semaine sous le patronage de saint Joseph, nous pouvons aussi nous laisser instruire par l’iconographie carmélitaine du « patronage de saint Joseph ». Nous en voyons un exemple au centre de la façade du carmel de Saint-Joseph d’Avila, le premier carmel fondé par sainte Thérèse : la statue de saint Joseph et l’Enfant-Jésus, de Giraldo de Merlo (1574-1629). En fait, au Carmel, dès la fin du XVIe siècle, le patronage de saint Joseph a été l’occasion du développement d’une iconographie spécifique, marquée par deux nouveautés importantes dans la façon de représenter saint Joseph avec l’Enfant-Jésus.

La première nouveauté tient dans le fait que Joseph est peint ou sculpté avec les traits d’un homme jeune, et non plus ceux d’un vieillard comme dans l’iconographie inspirée par les évangiles apocryphes. Sainte Thérèse elle-même, déjà, a aimé et promu ces représentations, encore au nom du réalisme de l’Incarnation : puisque sa mission est de prendre soin d’une épouse et d’un enfant, d’affronter des circonstances difficiles, il est clair que saint Joseph devait être dans la force de l’âge pour pouvoir assumer au mieux cette responsabilité.

Ensuite, dans ces représentations iconographiques, saint Joseph ne porte pas l’Enfant dans ses bras, mais ils marchent côte à côte, la main dans la main. Joseph est ainsi celui qui apprend à marcher à cet enfant, celui qui veille sur ses premiers pas et est prêt à le relever s’il tombe, celui qui s’émerveille et se réjouit de la croissance et de l’apprentissage de l’autonomie de ce fils, celui qui sera capable de le laisser aller sur son propre chemin. Mais bien sûr, par cette image, Joseph ne nous montre pas seulement qu’il prend soin de l’enfant, il nous montre comment il vit dans la présence de Jésus : en se mettant lui-même sous la conduite de Jésus. Ainsi, il nous enseigne que, pour chacun de nous, la vie spirituelle, la communion avec Dieu, consiste essentiellement à tenir la main de Jésus et à nous laisser guider par lui, pas à pas, à travers un chemin que nous ne connaissons jamais d’avance.

Vivre dans la présence de Jésus, marcher main dans la main avec Jésus, comme saint Joseph et à son exemple, sous son patronage, faire confiance au chemin sur lequel Jésus lui-même nous conduit, ce n’est évidemment pas une jolie image bucolique. C’est le chemin de la foi, et de la foi qui témoigne de son amour par ses œuvres plus que par des grands sentiments. Comme le souligne le Pape François, en saint Joseph, nous voyons le reflet, le modèle et le patron, de « tous ceux qui, apparemment, sont cachés ou en "deuxième ligne" [mais qui] jouent un rôle inégalé dans l’histoire du salut » car il est « l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée » (Lettre apostolique Patris corde).

À ce titre, saint Joseph nous rappelle de manière lumineuse, dans l’ombre, que la sainteté à laquelle nous sommes appelés, c’est d’abord la sainteté que le Pape François a appelée « la sainteté de la porte d’à-côté » (cf. Gaudete et exsultate n. 7), c’est-à-dire la sainteté de l’humble accomplissement de notre devoir d’état, de nos engagements petits et grands ; la sainteté de l’attention aux autres, spécialement les plus petits et les plus fragiles, dans le quotidien de la vie, là où nous sommes et pas là où nous rêverions d’être ; la sainteté du courage et de la persévérance, de la créativité en temps de crise. Telle est la sainteté de la vie dans la présence de Dieu, au moyen de l’écoute patiente, croyante, de la Parole de Dieu, et de la mise en œuvre humble et déterminée des appels reçus de Dieu, comme Joseph qui, quand il se réveilla, « fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit ».

 

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Marcher main dans la main avec Jésus

 

Maintenant, c’est à notre tour ! Pendant cette semaine, nous pouvons notamment suivre les pistes suivantes :

- je me rends attentif aux « petits services » que je peux rendre aux personnes que je rencontre –celles qui me sont les plus proches, ou bien celles que je croise « par hasard » : en faisant pour elles ces « petits riens », je sème et récolte déjà quelque chose de la joie de Noël.

- je cherche à reconnaître les attentions dont je suis le bénéficiaire : rien de banal, chacun de ces petits gestes est l’écho de la main de Dieu, qui vient prendre soin de moi.

- face à une situation déroutante ou inattendue, je demande la grâce de reconnaître à quelle ouverture cela m’appelle peut-être. Il ne s’agit pas d’accepter des choses inacceptables, mais d’être disponible pour modifier librement le regard que je porte sur les choses, les événements, les personnes, afin de voir plus large.

Ne le sentons-nous pas ? Déjà l’Enfant de la Crèche s’approche de nous et nous tend la main : « C’est lui qui nous donne la joie d’entrer déjà dans le mystère de Noël pour qu’il nous trouve, quand il viendra, vigilants dans la prière et remplis d’allégresse » (Préface n°2 des messes du temps de l’Avent).

 

Bonne préparation à Noël !

 

fr. Anthony-Joseph Pinelli, ocd (Paris)

 

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Prier chaque jour de la semaine avec saint Joseph

 

Lundi 19 décembre

Prier les mains vides

 

« Je voudrais persuader toutes les âmes qu’elles doivent porter de la dévotion à ce glorieux saint Joseph. Une longue expérience, en effet, m’a montré les grâces qu’il nous obtient de Dieu. » Sainte Thérèse d’Avila, Vie 6, 7

« Mets dans le Seigneur ta réjouissance : il t’accordera plus que les désirs de ton cœur. Remets ton sort au Seigneur, compte sur lui, il agira… » (Ps 37,4-5)

Comme un pauvre, je mendie aujourd’hui la grâce de la joie spirituelle.

 

Mardi 20 décembre

Devenir serviteur

 

« Saint Joseph va devenir un grand contemplatif du Verbe de Dieu, un contemplatif aussi de la Vierge Marie, son épouse. » Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, La Vierge Marie toute Mère.

« Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1,38)

Je cherche aujourd’hui à rendre service à mon prochain et en remerciant le Seigneur.

 

Mercredi 21 décembre

Choisir l’action de grâces

 

« Ma consolation fut grande. Aussi, je ne me lassais pas de rendre grâces à Dieu et à mon glorieux père saint Joseph. » Sainte Thérèse d’Ávila, Vie 30, 7

« Le juste aura sa joie dans le Seigneur et son refuge en lui ; ils s'en loueront, tous les cœurs droits. (Ps 64, 11)

Que saint Joseph m’aide à devenir plus juste devant Dieu en apprenant à rendre grâces chaque jour pour tous les dons reçus.

 

Jeudi 22 décembre

Développer notre intimité avec Jésus

 

« Marie et Joseph avaient fait l’expérience d’une vie seul à seul avec Dieu, et avaient été préparés pour leur mission particulière… Dans les chants de louange qui nous ont été transmis, s’exprime leur adoration émerveillée devant les merveilles divines. » Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, Source cachée n° 244

« Moi, je prends appui sur ton amour ; que mon cœur ait la joie de ton salut ! Je chanterai le Seigneur pour le bien qu’il m’a fait. » (Ps 13,6)

Quels moyens ai-je pris en cet Avent pour être plus proche du Seigneur ?

 

Vendredi 23 décembre

Se confier à la Sainte Famille

 

« Quand l’épreuve sera finie / Nous en avons le doux espoir : / Près de la divine Marie, / Saint Joseph, nous irons vous voir. » Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Poésie 54

« Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère. » (Mt 2, 13)

Je confie ma propre famille à la sainte famille de Nazareth.

 

Samedi 24 décembre

Au creux de Ses bras


« Ne vous traînez plus à ses pieds, suivez ce ‘premier élan qui vous entraîne dans ses bras. C’est là votre place.’ » Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, LT 261

« Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux. » Is 66, 11-12

Le Seigneur nous invite à nous laisser aimer en cette veille de Noël : goûtons cette joie !

 

St Joseph nativité

 

Téléchargez les textes de cette semaine (pdf) en cliquant ici

 

 

10 décembre 2022

Saint Valéry de Leuconaüs

Saint Valéry de Leuconay

 

Saint Valéry de Leuconaüs

v.550-622

12 décembre

 

Saint Valéry, en latin Walaricus ou Galaricous, naquit en Auvergne, d'une famille pauvre et obscure. On ignore le lieu précis de son origine mais on sait qu'il passa sa jeunesse à garder les troupeaux. Il avait un grand désir de s'instruire, et les moyens lui manquaient. Un jour, étant à la garde des brebis de son père, il entendit parler de quelques écoles du voisinage, où les enfants des nobles familles étaient élevés dans l'étude il soupira dès lors après le bonheur de participer au même bienfait. Il alla prier un de ces maîtres de la jeunesse de vouloir bien lui tracer les figures des lettres, et de lui apprendre à les connaître ce à quoi celui-ci se prêta volontiers. Valéry, revenu à la garde de son troupeau, repassa dans sa mémoire ce qu'on venait de lui enseigner, et, à l'insu de ses parents, développa avec tant d'assiduité ces premières notions, qu'il parvint en peu de temps à savoir lire et écrire. Le premier usage qu'il fit de ces connaissances fut de transcrire le Psautier, qu'il apprit en entier par cœur. Il commença dès lors à fréquenter plus assidûment l'église, à suivre les chants du chœur peu à peu, la grâce de Dieu agissant, il sentit son âme s'enflammer des choses célestes. C'était, sans doute, dans quelque église de monastère qu'il se rendait ainsi on en peut présumer que l'aspect de religieux édifiants éveilla en lui ce goût de recueillement et de solitude, qui le domina toute sa vie.

Un oncle qu'il avait, se rendant un jour au monastère d'Autumon ou d'Autoin (1), Valéry l'y accompagna. Il y passa quelque temps ; son désir d'entrer dans la vie religieuse devint alors tellement vif, qu'il ne fut plus possible de le décider à en sortir. Son père vint inutilement le prier de rentrer chez lui Valéry répondit qu'il ne reverrait plus jamais la maison paternelle. L'abbé et tous les religieux réunirent leurs instances à celles du père ils ne purent triompher de sa résolution. Ni la douceur, ni la sévérité, ni les jeûnes rigoureux qu'on lui imposa, ni même la menace de châtiments corporels, ne le firent fléchir il se souvenait, dit l'historien, de ces paroles de Jésus-Christ : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n'est pas digne de moi ». À la fin, l'abbé, reconnaissant qu'une vocation aussi ferme ne pouvait venir que du ciel, dit à ses frères : « Ne rejetons pas le don de Dieu ». Selon toute apparence, le père lui-même se rendit à ces signes évidents de la volonté divine, et consentit à se séparer de son fils car, peu de jours après, il était présent au monastère, quand l'abbé d'Antoin, donnant la tonsure cléricale à Valéry, l'engageait irrévocablement au service du Seigneur.

Le jeune novice fit de rapides progrès dans la vertu, au point de devenir bientôt le modèle de ses frères. On ne se lassait pas d'admirer sa patience, son amour de la mortification, sa prudence, sa douceur, son angélique piété. On le trouvait toujours prêt pour les œuvres de charité ; aussi était-il universellement aimé. Du reste, la grâce intérieure semblait chez lui se refléter au dehors, et répandre sur ses traits je ne sais quoi d'aimable qui charmait tous les regards. Une maturité au-dessus de son âge s'adjoignait à ces hautes vertus il devenait visible que Dieu le destinait à quelque grand dessein. Bientôt, en effet, Valéry, initié de si bonne heure aux secrets de la piété, sentit le besoin d'agir et de verser au dehors le feu qui le consumait. Il était, d'ailleurs, trop près de ses parents : comme les illustres solitaires de cette époque, il sentit que le détachement ne peut être parfait tant que l'on vit au sein de sa patrie.

Il partit donc pour Auxerre. La renommée lui avait appris que l'évêque Aunachaire (2) avait établi, sous l'invocation de saint Germain, un monastère dans le faubourg de cette ville, qu'il y habitait lui-même et y donnait l'exemple de toutes les vertus. Valéry s'y rendit, et fut accueilli avec bonté par le prélat. Dans cette nouvelle retraite, plus libre et plus dégagé de tout lien terrestre, il se livra avec une nouvelle ardeur aux exercices de la pénitence, aux veilles, aux jeûnes et à l'oraison : en sorte qu'il semblait moins mener la vie d'un homme que celle d'un ange.

Sa réputation s'étendit bientôt au loin. Un seigneur nommé Bobon, aussi riche qu'illustre, entendit parler de notre jeune religieux, et voulut le voir. A peine eut-il abordé Valéry, qu'il se sentit gagné par la douceur de sa parole et la bonne odeur de ses vertus. Les instructions du jeune moine pénétrèrent si avant dans l'âme du seigneur, que celui-ci se sentit pressé de renoncer au monde, pour se donner tout à Dieu. Il ne retourna pas même chez lui, se dépouilla entièrement de sa fortune, et embrassa la pauvreté évangélique.

La célébrité qui s'attache aujourd'hui aux savants était alors réservée aux saints. Un personnage illustre par ses vertus devenait comme le point de mire vers lequel tous les yeux se portaient. Saint Colomban était un de ces hommes que le ciel donne en spectacle à la terre. Ses prédications dans les Gaules, ses grandes vertus, les miracles qu'il opérait, le nombre de ses disciples et la régularité qui régnait parmi eux : tout était propre à exciter le désir de le voir, de l'entendre, de servir Dieu sous ses ordres. Valéry espérait surtout trouver en lui de nouvelles lumières ou de plus puissants exemples ; il résolut de partir pour Luxeuil. Bobon voulut le suivre. Leur attente ne fut pas trompée : Colomban était l'homme qu'ils cherchaient. Le spectacle des communautés qu'il dirigeait les édifia au plus haut degré. Ils virent une société d'hommes étrangers au monde, morts à la vie des sens, n'ayant rien en propre, unis par la plus étroite charité, et se succédant perpétuellement pour chanter les louanges de Dieu. Valéry et Bobon, au comble de leurs vœux, demandèrent et obtinrent place dans cette brillante communauté. C'était vers l'an 594.

D'après la règle de saint Colomban, le travail de la terre faisait partie de l'occupation des religieux les novices, en particulier, devaient soigner le jardin. Valéry fut appliqué à cet emploi, destiné surtout à inspirer la vertu d'humilité ; mais, comme rien n'est petit pour un serviteur de Dieu, il sut relever cet office par l'esprit de piété dont il l'animait ; et Dieu lui-même se plut à manifester par un prodige combien cet esprit lui était agréable. Cette année-là, quantité d'insectes dévoraient les herbes et les fruits ; or, il arriva que la portion de jardin cultivée par l'humble moine fut entièrement épargnée par le fléau. Saint Colomban fut surpris d'y voir partout la fraîcheur et la verdure, les légumes sains et intacts, et il l'attribua à l'humilité et à l'obéissance de son fervent disciple. Celui-ci, au contraire, attribuait tout au mérite de ses frères ; car, ce qu'il redoutait le plus après le péché, c'était la louange. Bien qu'il ne fût novice que depuis peu, Colomban l'admit parmi les profès, estimant qu'il n'y avait pas lieu de soumettre à de plus longues épreuves celui que le ciel même honorait ainsi de ses faveurs.

Un jour le saint Abbé, expliquant à ses moines le sujet de la lecture, sentit tout à coup comme une odeur céleste remplir l'appartement. Il demanda quel était le religieux qui venait d'entrer et, comme on lui répondit que c'était Valéry, saisi d'un pieux transport, il s'écria : « Ô mon bien-aimé, c'est vous qui êtes le véritable seigneur et abbé de ce monastère ».

Il serait difficile de préciser le temps que Valéry passa sous la direction de saint Colomban on peut cependant présumer que ce fut environ quinze ou seize ans (594-610). Il était encore à Luxeuil quand le roi Thierry contraignit le saint Abbé de quitter son monastère. Témoin de la désolation que le départ de l'illustre fondateur causait à ses enfants, il sentit son cœur se déchirer en adressant à son maître vénéré un dernier adieu. Nul doute qu'il n'eût volontiers accompagné le glorieux exilé mais les ordres de Thierry étaient formels les Irlandais et les Bretons pouvaient seuls suivre Colomban. Cependant un religieux, nommé Waldolène, avait demandé la permission d'aller au loin prêcher l'Evangile. Tel était le zèle qui consumait alors les moines dans leur solitude les monastères n'étaient guère que des ruches fécondes, où se formaient des ouvriers évangéliques. Colomban ayant consenti à cette demande, Waldolène sollicita la faveur d'emmener Valéry, à qui une vive affection l'unissait. Colomban, qui aimait aussi ce fidèle disciple, répondit à Waldolène : « Le but que vous vous proposez est bon mais sachez que le compagnon que vous demandez est un grand serviteur de Dieu. Gardez-vous donc de lui causer la moindre peine, de peur de vous exposer à des regrets ». Pour des raisons que nous ne connaissons pas, le départ des deux missionnaires n'eut pas lieu alors et le monastère y gagna un secours utile, dans les circonstances difficiles où il se trouvait.

En effet, à peine Colomban était-il parti, que l'abbaye devint, pour ainsi dire, la proie de ses ennemis. Par les ordres, ou au moins du consentement de Thierry, des séculiers envahirent ses possessions, et jusqu'à ses bâtiments, où des bergers n'avaient pas craint d'établir leur domicile. Saint Eustaise, élu abbé, s'efforça de repousser ces injustes agressions, et fut puissamment secondé par Valéry. Une partie des religieux voulaient recourir aux moyens violents : Eustaise et Valéry s'y opposèrent. Ce dernier, rentrant un jour d'une excursion au désert, où il aimait à se retirer, à l'exemple de saint Colomban, trouva le lieu saint même occupé par les étrangers. Saisi d'un saint transport de zèle il implore le secours de Dieu, et réussit à faire cesser le scandale. Sa douceur et son éloquence persuasive, ainsi que celle d'Eustaise, décidèrent peu à peu les usurpateurs à se retirer, et le monastère recouvra ses possessions et sa tranquillité. Seulement, un des moines, emporté par un faux zèle, voulut employer la violence, malgré la défense d'Eustaise ; s'étant fait suivre de quelques frères, il engagea un combat, où il reçut une blessure dont il garda la trace toute sa vie, en signe de sa désobéissance.

Il semble que le départ de saint Colomban aurait dû déterminer Waldolène et Valery à exécuter leur projet. Cependant, si l'on en croit un auteur, Eustaise l'aurait retardé encore, en confiant à Valéry le gouvernement de l'abbaye, durant le voyage qu'il fit à Bobbio pour tenter d'en ramener saint Colomban.

Mais la paix une fois rétablie dans le monastère, les deux Saints résolurent de donner carrière à leur zèle apostolique. Ils prêchèrent dans différentes provinces environ deux années, opérant partout de nombreuses conversions. Arrivés en Neustrie, ils demandèrent au roi Clotaire la permission de se fixer dans ses Etats. Ce prince, qui aimait et favorisait Luxeuil, les accueillit avec bienveillance, et leur permit de s'établir où ils voudraient. Ils se dirigèrent du côté d'Amiens.

Comme ils arrivaient à Gamaches (Wahmago), un seigneur appelé Sigobard tenait, suivant l'usage du temps, des assises où il jugeait les gens de ses domaines. Il venait de condamner un homme à mort, et déjà la sentence s'exécutait. En voyant de loin le patient suspendu à la potence, Valéry sent ses entrailles émues ; il court de toutes ses forces vers le lieu du supplice, mais il arrive trop tard : le condamné venait d'expirer. Les bourreaux mêmes défendent au Saint d'approcher et de toucher le cadavre ; lui, sans les écouter, coupe la corde, reçoit le mort dans ses bras, le dépose à terre ; puis, se couchant sur lui face contre face, il prie avec ferveur et répand d'abondantes larmes. Le Seigneur exauça le vœu d'une si ardente charité à la grande stupéfaction de tous ceux qui étaient là, la vie rentre dans les membres du supplicié, et bientôt il se lève plein de force et de santé. Le miracle était évident Valéry supplie Sigobard de laisser libre celui qu'il vient de rendre à la vie. Mais le cruel seigneur refuse, et ordonne qu'on pende de nouveau le criminel. Alors Valéry s'écrie : « Vous avez déjà exécuté votre sentence, et si cet homme vit encore, c'est par un miracle de la miséricorde divine. Vous ne me l'arracherez pas, ou vous me ferez mourir avec lui. Que si vous dédaignez de prêter l'oreille à un humble serviteur du Christ, souvenez-vous que le Dieu créateur ne méprise pas ceux qui l'invoquent, il nous exaucera parce que nous combattons pour ses lois ». Sigobard se laissa fléchir par ces prières, et fit grâce au coupable, qui vécut encore de longues années après. On montrait, jusque dans ces derniers temps, une chapelle élevée à Amiens, sur le lieu même où, d'après la tradition, ce miracle s'était opéré.

Une pieuse dame, nommée Bertille, offrit un asile aux deux Saints. Elle reconnut bientôt dans Valéry un homme privilégié du ciel. Dès lors elle ne le considérait plus qu'avec une sorte de vénération. Un jour, elle le pria en grâce de lui permettre de l'ensevelir, s'il mourait avant elle. Confus et étonné qu'on le jugeât digne du moindre honneur, le Saint éluda la demande en répondant : « C'est à Dieu d'agir en cela qu'il fasse selon son bon plaisir ! » Il s'estimait au-dessous de toutes les créatures.

Cependant les deux Solitaires cherchaient le coin de terre où ils pourraient se fixer, pour vaquer à la contemplation. L'évêque d'Amiens, Berchond, avait coutume de se retirer dans un lieu désert, pour se soustraire aux bruits du monde ce lieu, d'un sol riche et fertile, entouré de forêts, baigné d'un côté par la mer, de l'autre par la Somme, et couronné au fond par des rochers à pic, s'appelait Leuconaüs (Leuconay). Il conseilla à Valéry d'aller s'y établir ; Valéry céda au conseil de l'évêque. Retrouvant son Dieu dans la solitude, il s'adonna avec plus d'ardeur encore à la prière, au jeûne, et à tous les exercices de la pénitence. Son unique ambition était d'échapper à tous les regards, pour se perdre en Dieu. Mais déjà le bruit de sa sainteté s'était répandu au loin le miracle qu'il avait opéré devant tant de témoins avait révélé en lui ce qu'il eût tant désiré cacher. Bientôt une foule de disciples vinrent se mettre sous sa direction. Le désert de Leuconaüs changea tout à coup d'aspect là où régnait naguère une profonde solitude, connue seulement d'un saint évêque, s'élevaient de nombreuses cellules et un temple là où les hurlements des bêtes fauves avaient seuls trouvé un écho, retentissaient jour et nuit les louanges du Seigneur. Tel fut le commencement de l'abbaye de Leuconaüs ou Saint Valéry, si célèbre dans l’Église. Fondée vers 613, c'est-à-dire trois ans après l'expulsion de saint Colomban, elle fut établie sous la règle de ce grand serviteur de Dieu.

Valéry n'avait pu se refuser à recevoir les fidèles qui venaient se ranger autour de lui mais, prévoyant les distractions que lui occasionnerait inévitablement le soin d'une communauté, il songea à se créer une nouvelle retraite, une solitude au milieu de la solitude. Il se construisit donc une cellule à part, où il se tenait isolé, pendant que ses religieux vivaient en commun. Il n'en était pas moins le guide et comme l'âme de son monastère. Le roi Clotaire, dont la bienveillance avait suivi nos Saints, apprit avec joie la nouvelle de cette fondation, et se chargea de pourvoir à la subsistance des moines, en leur envoyant des vivres.

Valéry ayant ainsi trouvé l'objet de ses vœux, s'appliqua avec un soin particulier à sa propre perfection. Il pouvait enfin se livrer sans obstacle à ce goût sublime de la contemplation, dont il était épris. Mais plus il s'efforçait de se cacher aux hommes, plus Dieu se plaisait à faire éclater sa sainteté. Il fut favorisé du don des miracles ; et, quelque soin qu'il prît de contenir, en quelque sorte, la vertu qui opérait en lui, il ne pouvait l'empêcher de se faire jour. De là lui venait une célébrité, importune à son humilité, mais à laquelle il ne lui était plus donné de se soustraire.

Un habitant des bords de l'Oise, nommé Blitmond, était affligé d'une faiblesse de membres si grande, qu'il ne pouvait se tenir debout. Il vint trouver Valéry, sur le bruit de sa sainteté, et se recommanda à ses prières. Touché de son triste état, le pieux solitaire se mit en oraison, puis lui imposa les mains, en levant les yeux au ciel. Il toucha ensuite les membres malades, et partout où sa main passait, les plus vives douleurs se faisaient sentir. Mais en même temps la vie y renaissait avec la force bientôt Blitmond fut rendu à une parfaite santé. Les nombreux témoins de ce miracle en rendirent hautement grâces à Dieu, et Blitmond lui-même ne crut pouvoir mieux en témoigner sa reconnaissance qu'en se rangeant parmi les disciples du Saint. Il se fixa à Leuconaüs, où Valéry prit de lui un soin particulier, et profita si bien des leçons et des exemples de son maître, qu'il mérita de lui succéder dans la direction du monastère. L’Église l'honore comme saint.

Valéry délivra un grand nombre de possédés du démon. Pour cette sorte de guérison, il avait, selon le conseil du divin Maître, recours au jeûne et à la prière, aussi était-il la terreur des esprits impurs, qui s'écriaient en sa présence : « Cet homme nous tourmente Valéry est notre ennemi ». Il fut aussi honoré du don de prophétie. Plus d'une fois, il réprimanda en public des fautes qui avaient été commises dans le secret ; il en résulta que, pour éviter cette humiliation, ses religieux s'empressaient de lui avouer ce qu'ils avaient de plus caché, convaincus que rien n'échappait à l'œil divinement éclairé de leur maître. C'est ainsi encore qu'un jour de Saint Martin il reprit deux frères pour avoir bu avant la messe et, une autre fois, un autre homme qui avait commis la même faute, avant d'assister au sacrifice du dimanche, car dans les premiers siècles de l’Église on devait entendre la messe à jeûn. Les coupables se jetèrent à ses genoux, demandèrent pardon, et promirent de se corriger. Une dame pieuse lui ayant envoyé des vivres par son fils, celui-ci succomba à une tentation de gourmandise, et cacha une partie de ce qu'il portait, pour le reprendre au retour. Le Saint lui dit : « Nous rendons grâces à Dieu des biens qu'il nous envoie par vos mains. Quant à vous, mon fils, prenez garde de manger du pain et de boire du flacon que vous avez cachés en venant car un serpent est caché dans ce vase, et ce pain est empoisonné ». L'enfant, épouvanté, retourna vers le lieu où ses provisions étaient enfouies, et reconnut la vérité de ce que le serviteur de Dieu lui avait dit. Il revint tremblant se jeter à ses pieds, et lui demander pardon de sa faute.

Si une foi ardente était nécessaire dans notre Saint pour opérer ces prodiges, elle ne l'était pas moins dans ceux qui en étaient les objets. Un jour, un homme, atteint à l'œil d'une pustule fort dangereuse, vint trouver Valéry. Celui-ci se contenta de faire sur lui le signe de la croix, et lui ordonna de s'en retourner à l'ouvrage. Le malade hésitait à obéir, ne pouvant sans doute se persuader qu'une guérison miraculeuse se fît à si peu de frais. Valéry, le voyant balancer, lui dit : « Vous doutez ? Eh bien retournez chez vous et refusez tout remède, même celui que votre femme vous présentera. Sinon, vous guérirez de cette infirmité, mais vous en porterez la marque toute votre vie ». Ce qui était prédit arriva. Cet homme à la foi chancelante reçut de la main de sa femme la potion qu'elle lui présentait, et s'appliqua encore d'autres remèdes, dans l'espoir de guérir son mal. Il échappa en effet à la mort mais il resta borgne toute sa vie. « On ne finirait pas, ajoute l'historien, si on voulait raconter combien il guérit de malades en faisant sur eux le signe de la croix, ou en les frottant de sa salive ».

Le goût de la solitude n'éteignait point chez Valéry le zèle apostolique. L'idolâtrie régnait encore dans quelques contrées des bords de l'Océan. Le Saint voyait avec une extrême douleur des populations entières adonnées à de grossières erreurs il s'appliqua à les en délivrer. À mi-chemin entre le monastère et la ville d'Eu, à Ouste-Marais, dépendance de Meneslies (canton d'Ault), non loin de la Bresle, se trouvait, près de cette rivière, un chêne énorme, sur lequel on avait tracé une foule d'images païennes, devenues un objet de culte pour les peuples circonvoisins. Passant un jour par là, Valéry se sent enflammé d'un saint zèle, et ordonne à un jeune moine qui l'accompagnait de renverser cet arbre. Le disciple, qui était chaque jour témoin des prodiges opérés par son maître, n'hésite pas un seul instant il touche l'arbre du doigt, et aussitôt celui-ci tombe avec fracas, comme s'il eût été frappé de la foudre. Cet événement jette dans la stupeur les païens qui sont présents ; mais bientôt ils passent de la surprise à la fureur, et se précipitent, armés de haches et de bâtons, sur le Saint, en qui ils s'apprêtent à venger l'outrage fait à leurs divinités. Valéry, sans s'émouvoir, dit : « Si c'est la volonté de Dieu que je meure, rien ne pourra leur résister ». Mais tout à coup une force invisible retient les bras de ces furieux, l'épouvante les saisit, et le Saint est sauvé. Profitant alors de la circonstance, il leur parle avec force de leur aveuglement, et les exhorte à quitter leurs idoles pour le vrai Dieu. Sa parole pénétra ces cœurs aveugles ; tous se convertirent, et plus tard, sur ces lieux mêmes, c'est-à-dire à Ponts, qui touche à Oust-Marais, une basilique s'éleva, sous l'invocation de saint Valéry, au-dessus de la fontaine où la tradition porte que le Saint s'était lavé. Beaucoup de miracles s'y opérèrent dans la suite.

Un jeune enfant, nommé Ursin, proche parent de Mauronte, l'un des premiers dignitaires du palais, avait à la cuisse une blessure qui mettait sa vie en danger. Le père de cet enfant avait peu de foi à la vertu divine mais ses parents l'apportèrent à l'abbé de Leuconaüs, qui le délivra aussitôt de son infirmité. Un autre seigneur lui présenta également son fils, tourmenté d'un mal affreux et rebelle à tous les remèdes, le priant, s'il ne voulait le guérir, d'avoir au moins la bonté de l'ensevelir. Le Saint répondit :« Celui qui a tiré du tombeau Lazare mort depuis quatre jours, peut certainement rendre la santé à cet enfant ». Aussitôt il le touche, et le mourant reprend vie et force, et demande à manger. Audebert, c'était son nom, vécut longtemps après, et servit Dieu fidèlement.

Valéry, du sein de sa solitude, répandait ainsi au loin la bonne odeur de Jésus-Christ. Apôtre zélé, il se portait tour à tour sur les différents points de la contrée, évangélisant les pauvres, tonnant contre les vices, semant partout la bonne doctrine : il se faisait ordinairement suivre d'un ou plusieurs disciples, qu'il exerçait ainsi au ministère de la parole. C'était le genre d'apostolat le plus usité alors, et le mieux approprié aux besoins de la société. Il fallait, pour convertir les populations grossières, adonnées aux plus stupides erreurs, des spectacles frappants et quoi de plus frappant que ces moines austères, enfoncés dans la solitude, ne vivant que d'herbes sauvages, priant jour et nuit, et ne sortant de leurs retraites que pour annoncer les oracles du ciel ? À travers leurs instincts grossiers, les barbares de cette époque sentaient qu'une puissance surhumaine agissait dans ces hommes extraordinaires. Ajoutons que presque toujours les missionnaires étaient favorisés du don de miracles en sorte que ceux qui avaient résisté à l'action de la parole s'inclinaient devant la force du prodige. Convenons cependant qu'il y avait encore des endurcis, comme Valéry l'éprouva dans une circonstance que son biographe raconte en ces termes :

« Il revenait un jour de Caldis (3) au monastère, en compagnie de quelques-uns de ses disciples. La rigueur du froid l'obligea à demander asile à un prêtre qui logeait sur la route. Par hasard, le juge du lieu se trouvait là ; mais, au lieu d'accueillir avec les égards convenables le saint missionnaire qui leur demandait l'hospitalité, ces indignes personnages se laissèrent aller à des propos malhonnêtes et à d'obscènes plaisanteries. Valéry leur fit de sages remontrances sur l'inconvenance de ce procédé, et leur rappela le compte sévère que nous devons rendre un jour de toute parole oiseuse, à plus forte raison de tout discours licencieux. Cet avertissement ne toucha point ces libertins, qui n'en donnèrent que plus libre cours à la malice de leurs cœurs. Alors le Saint s'écria : « Je vous demandais un abri d'un moment contre les rigueurs du froid mais vos affreux discours m'obligent à me passer de ce soulagement ». Et il sortit en secouant la poudre de ses pieds. Aussitôt la Justice divine prit soin de venger l'injure faite à son serviteur. De ces deux misérables, l'un, le prêtre, perdit la vue, et l'autre fut affligé d'une horrible maladie. Ils reconnurent la main qui les frappait, et supplièrent le Saint de revenir sur ses pas et de rentrer pour se réchauffer mais il ne le voulut point. Le prêtre resta aveugle toute sa vie, et le juge périt misérablement du mal honteux qui l'avait atteint ».

Les Saints n'ont dû qu'à leurs éminentes vertus, l'empire dont ils jouissaient sur la nature. Or, sous ce point de vue, Valéry peut être cité comme un modèle accompli. Toutes les vertus chrétiennes se rencontraient dans sa belle âme. Sa chasteté était si parfaite, que jamais une pensée impure ne le souilla. Chaque fois qu'il se mettait en prière, ou qu'il assistait au chœur ou même qu'il prêchait à ses disciples, des larmes abondantes inondaient ses joues, tant sa dévotion était tendre. Souvent, il passait la nuit entière en oraison ; souvent aussi, il se retirait dans l'épaisseur des bois ou dans le creux des rochers, ou s'enfermait dans sa cellule pour vaquer à la contemplation des choses saintes, et dérober aux regards des hommes les saintes extases dont le ciel l'honorait. Sa mortification était extraordinaire : il n'avait pour couche qu'une claie d'osier, pour vêtement qu'une grossière tunique surmontée d'une capuche il s'interdisait l'usage du lin. Il ne prenait de nourriture qu'une fois la semaine, le dimanche. Il n'usait ni de vin, ni de bière, ni d'aucune liqueur enivrante seulement, lorsque quelque étranger venait au monastère, il en buvait un peu par complaisance pour ses hôtes. Chaque jour il récitait deux offices complets celui du monastère et celui de l'église de France le reste de son temps il l'employait à la prédication, à la lecture, à l'oraison ou au travail des mains. Ses journées ainsi remplies, il ne lui restait que peu d'instants pour le sommeil. Sa charité envers les pauvres n'était égalée que par sa confiance en Dieu. Plus d'une fois il se dépouilla de son propre vêtement, pour en revêtir quelque membre souffrant de Jésus-Christ et tant qu'il restait quelque chose au monastère, il donnait aux mendiants, sans s'inquiéter du lendemain. Et quand il s'élevait là-dessus quelque murmure parmi les religieux, il répondait doucement : « Mes enfants, tenez pour certain que celui qui donne de bon cœur son nécessaire à ceux qui le lui demandent, ne sera jamais abandonné de Dieu ». Ces paroles ne furent pas démenties une main inconnue venait toujours à point réparer les vides faits par la charité.

Les animaux eux-mêmes étaient l'objet de ses soins, nous dirions presque de sa tendresse. Il aimait, comme plus tard on a vu saint François d'Assise, à nourrir les petits oiseaux, qui venaient familièrement voltiger autour de lui, se poser sur ses épaules et manger dans sa main. Si par hasard un des frères approchait et épouvantait ces petites bêtes, il le faisait retirer en disant : « Laissez ces innocentes créatures manger en paix leur petit grain ».

La douceur semble avoir plus particulièrement caractérisé ce grand Saint. Toute sa vie est comme empreinte de cette admirable vertu il n'a rien de cette sorte d'âpreté que le séjour de la solitude imprimait quelquefois aux moines de cette époque. Formé à une école où la rigidité formait le fondement de la règle, Valéry n'en avait pris que l'huile de Fonction. Il demandait à la douceur ce que d'autres auraient cru devoir obtenir par la fermeté. Son historien atteste qu'il s'efforçait sans cesse d'atténuer la rigueur de la discipline, mais dans la mesure prescrite pour ne rien lui ôter de son nerf. Sa bonté à l'égard des jeunes gens surtout était extrême bien que vivant sous la règle de saint Colomban, il n'appliquait que rarement les sévères punitions exigées par le Pénitentiel. Quand un moine avait encouru quelque peine corporelle, il le faisait venir, et lui disait avec douceur : « Voyez, mon fils, quel est le châtiment que vous venez de mériter. Rentrez en vous-même, rougissez de votre faute, et que pour cette fois votre honte soit votre unique punition ». Par ce moyen, ajoute le biographe, il ramenait les délinquants plus facilement et plus sûrement que par la sévérité.

Son aspect physique concordait, du reste, avec ce caractère de douceur et de bienveillance qui lui était propre. Une aimable sérénité brillait toujours sur son visage, sa parole était grave et mesurée, sa taille élevée, mais grêle il avait, ajoute l'historien, les yeux d'une beauté remarquable, et la physionomie gracieuse, malgré la pâleur et l'extrême maigreur de sa figure, causées par ses mortifications excessives. L'amour divin et l'énergie de sa volonté soutenaient si bien ses forces, que jamais il ne manqua à aucun des devoirs de sa charge. Quand il devait opérer la guérison de quelque maladie, ou révéler l'avenir ou quelque chose d'inconnu, ses joues s'enflammaient et son visage resplendissait d'un éclat particulier signe évident de l'esprit surnaturel qui agissait en lui. Du reste, sa pureté était si grande, qu'il garda sa virginité sans tache jusqu'à sa mort.

C'est dans l'exercice de ces vertus que s'écoulait cette précieuse existence. Il y avait six ans, selon les uns, neuf ans, selon les autres, qu'il habitait Leuconaüs, quand le Seigneur jugea à propos de l'appeler à lui. Une révélation particulière l'avertit que sa mort était proche. Un jour de dimanche, comme il rentrait au monastère, en passant sur la hauteur de la butte du cap Rornu, où il se retirait souvent pour prier, il s'arrêta au pied d'un arbre, prit deux branches qu'il fixa en terre, et dit aux religieux qui l'accompagnaient : « C'est ici que vous m'ensevelirez, quand il aura plu au Seigneur de terminer ma carrière mortelle ». Une révélation divine lui avait sans doute appris que le saint évêque Berchond avait coutume de suspendre à cet arbre les reliques des Saints, lorsqu'il venait y prier. Dès ce moment, ses frères comprirent qu'il ne tarderait pas à les quitter. En effet, peu de temps après, un jour de dimanche encore, il rendit paisiblement son âme à Dieu, le 1er avril 619. On l'enterra au lieu qu'il avait désigné, et où l'on a érigé depuis une chapelle. Bientôt son tombeau devint célèbre par de nombreux miracles. On éleva plus tard une basilique en son honneur, sur l'emplacement même de l'arbre consacré aux idoles, qu'il avait miraculeusement renversé.

On lui a donné pour attribut des oiseaux qui volettent sur ses épaules ou qu'il réchauffe dans ses mains. Sa tête est rasée. La longue robe des Bénédictins descend en plis gracieux jusque sur ses pieds.

 

Cultes et reliques de Saint Valéry

 

Après sa mort, la communauté qu'il dirigeait, obligée de fuir devant d'injustes oppresseurs, se dispersa ; et Leuconaüs redevint un aride désert. Alors Berchon, affligé que le corps du Saint ne fut plus entouré des honneurs qui lui étaient dus, forma le projet de le transporter dans sa cathédrale d'Amiens. Mais on essaya vainement de l'enlever de son tombeau : une puissance irrésistible paralysa tous les efforts ; on ne put venir à bout de le soulever de terre le bienheureux Valéry témoignant par là qu'il voulait encore habiter après sa mort les lieux qu'il avait honorés par ses vertus.

Cependant, quelques années après, l'orage étant passé, Blitmond, autrefois miraculeusement guéri par le Saint, et retiré à Bobbio depuis la mort de son maître, demanda à l'abbé Attale la permission de revenir à Leuconaüs. Celui-ci résista longtemps. À la fin, averti par une vision que telle était la volonté du ciel, il permit à son disciple d'exécuter son projet. Blitmond revint donc à Leuconaüs vers l'an 627, et y vécut une année en simple ermite. Puis il obtint du roi Clotaire et de l'évêque d'Amiens la permission d'y construire un vaste monastère et une magnifique église, qui devint bientôt le but de nombreux pèlerinages. Héritier du zèle de son maître, il combattit et détruisit les restes du paganisme dans ces contrées, et mérita d'être le second abbé de Leuconaüs. On ignore combien de temps il dirigea ce monastère ; mais ses vertus l'ont mis an rang des Saints, et une localité voisine a perpétué son nom. Ainsi, l'œuvre de notre Bienheureux ne périt point ; pendant bien des siècles, son intercession et son souvenir enfantèrent des Saints à l’Église.

Le nom de Valéry devint bientôt populaire ; on a recueilli le souvenir de quelques-uns des nombreux miracles opérés à son tombeau. Une ville se forma même autour, qui prit le nom du Saint (4). Vers l'an 980, Arnoul le Vieux, comte de Flandre, désireux d'avoir des corps saints, fit enlever violemment celui de saint Valéry, que l'on déposa d'abord à Montreuil, puis à Sithiü. Mais le duc Hugues (plus tard roi de France) le fit rendre aux moines de Leuconaüs. C'est même depuis ce temps-là que le monastère de Leuconaüs prit le nom de Saint Valéry.

Peu après, Ingelramme, abbé de Saint Riquier, composa des chants en l'honneur de notre Saint et de l'archevêque Ulframme. Un autre monastère du nom de Saint Valéry existait aussi en Auvergne. Un chroniqueur, antérieur au XIIe siècle, en écrivait : « Là repose le corps du saint confesseur, et les habitants du pays attribuent à sa présence d’être souvent délivrés des dangers ». Mais il est probable que ce monastère est celui où Valéry entra dans la vie religieuse, ou simplement un monument élevé à sa mémoire. car il est certain que ses reliques n'y ont jamais été transférées.

En 1197, le roi Richard, instruit que des vaisseaux sortis d'Angleterre portaient des vivres à ses ennemis et les déposaient à Saint-Valéry-sur-Somme, s'en vengea en mettant le feu à la ville, en dispersant les moines et en faisant transporter les reliques du Saint en Normandie, probablement dans la Bourgade qui, depuis, a pris le nom de Saint-Valéry-en-Caux, entre Dieppe et Fécamp. Mais plus tard elles furent rapportées au monastère de Saint-Valéry-sur-Somme, dévolu dans la suite à la congrégation de Saint Maur, et s'y sont conservées jusque dans ces derniers temps.

Il parait, du reste, probable que saint Valéry a évangélisé le pays de Caux et tout le littoral de la Manche telle est du moins la tradition (5).

Avant la Révolution de 1793, le corps de saint Valéry était renfermé dans une châsse magnifique, de la forme et de la grandeur d'un tombeau. Cette châsse était entièrement recouverte d'une lame d'argent qui lui donnait une certaine valeur intrinsèque. C'était plus qu'il n'en fallait pour provoquer la cupidité et l'impiété des sacrilèges révolutionnaires de cette lamentable époque. Aussi cette châsse fut-elle enlevée, et les reliques du Saint brûlées et réduites en cendres an milieu même du chœur de l'église.

Le pavé sur lequel s'est accompli cet acte de sauvage impiété en garde encore les traces et a été soigneusement conservé jusqu'à ce jour.

Toutefois, un ossement assez considérable, grâce à la piété courageuse d'une femme, a échappé à la destruction. Cette relique, la seule qui reste, avait été distraite du reste du corps et placée dans le soc du buste du corps de saint Valéry, recouvert d'argent, comme était autrefois sa châsse, pour être honorée et vénérée dans la chapelle dédiée au Saint, et où il avait été inhumé. La place du tombeau est soigneusement marquée dans ladite chapelle.

La dévotion à saint Valéry est toujours bien vive dans le pays. La chapelle, qui est hors des murs de la ville, reste ouverte tous les jours depuis le matin jusqu'au soir, et il est rare de n'y pas rencontrer des personnes en prière. On y vient en pèlerinage des pays voisins et autres plus éloignés. On aime à faire célébrer le saint Sacrifice de la messe sur le tombeau de notre Saint, et on y fait brûler un grand nombre de cierges.

Saint Valéry est le patron de toute la ville. Sa fête se célèbre du rit de première classe, le 12 de décembre. Depuis le Concordat, la solennité en est renvoyée au troisième dimanche d'Avent, quand la fête ne tombe pas ce jour-là (6).

Saint Valéry est mentionné dans le martyrologe romain (1er avril) et dans ceux d'Usuard et d'Adon. Trithemius, du Saussay, H. Menard, Bucelin, Molanus, Chatelain, etc., lui donnent unanimement place dans leurs calendriers. Les mariniers le considèrent comme leur patron. Près du monastère qui portait son nom, est une chapelle où il aimait à se retirer pendant sa vie, et où il fut enseveli c'est là que les marins vont se mettre sous sa protection, avant de s'embarquer. Guillaume le Conquérant, sur le point de partir pour l'Angleterre, fit porter hors de la chapelle et exposer au grand jour le corps du Saint, afin d'obtenir par son intercession un vent favorable. Le ciel exauça ses vœux au rapport de Guillaume de Malmesbury et de Matthieu de Paris.

 

Les Saints de Franche-Comté, Besançon, 1854 ; et notes locales.

 

Notes

 

(1) Il y a eu deux établissements de ce nom : Autoin, à quatre lieues d'Issoire, prieuré du diocèse de Saint Flour, dépendant du monastère de Soucillanges ; et Antoin, à une lieue d'Issoire, et dépendant des Pères Carmes du faubourg de Clermont. (Acta Sanctorum ord. Bened., t. V, addit. et corr., p. 628).

(2) Ou Aunaire. Il siégea de 571 à 605.

(3) Aujourd’hui Cayeux, village à quelque distance à l'ouest de Saint-Valéry. (Mab., note, p. 86).

(4) Saint-Valéry-sur-Somme (Picardie).

(5) Eglises d'Yvetot, par le savat abbé Cochet.

(6) M. Colamaire, curé-doyen de Saint-Valéry-sur-Somme, a bien voulu nous transmettre ces renseignements.

 

 

Texte extrait du 4e volume des Petits Bollandistes, Abbé Guérin, Paris, 1876

 

10 décembre 2022

L’Avent avec les Saints du Carmel

L’Avent avec les Saints du Carmel

 

Troisième Semaine

 

Éclairés par sainte Thérèse de Lisieux,

discerner dans nos vies l’action de Celui qui vient

 

St Jean Baptiste

 

Se réjouir dans le Seigneur

 

Le troisième dimanche de l’Avent est appelé « dimanche de Gaudete ». Gaudete : ce mot latin, qui signifie « Réjouissez-vous ! », est le premier mot de l’antienne d’ouverture de la messe de ce dimanche, elle-même tirée de la Lettre de saint Paul aux Philippiens : Gaudete in Domino semper : iterum dico, gaudete ! « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie ! » (Ph 4, 4). Telle est donc l’invitation que nous lance, ce dimanche, la liturgie de l’Avent : Réjouissez-vous ! Dans la première lecture de la messe dominicale, la prophétie d’Isaïe est à l’unisson, mais de quelle joie s’agit-il ?

Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! La gloire du Liban lui est donnée, la splendeur du Carmel et du Sarone. On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu.

Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. »

Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. Ceux qu’a libérés le Seigneur reviennent, ils entrent dans Sion avec des cris de fête, couronnés de l’éternelle joie. Allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuient (Is 35, 1-6a.10).

La joie dont nous parle le prophète Isaïe nous situe dans un entre-deux : l’appel à se réjouir est pour aujourd’hui, mais la cause de notre joie est encore à venir. Cet entre-deux, c’est le temps de l’espérance, qui nous invite à discerner dès maintenant la présence de Dieu dans nos vies : Dieu est peut-être caché, mais il est vraiment agissant. Bien sûr, Isaïe n’est pas un doux rêveur, il est tout à fait conscient de la présence de la souffrance dans nos vies et dans notre monde : qu’ils soient des personnes handicapées concrètes, ou bien qu’ils représentent ici, symboliquement, d’autres formes de souffrance – physiques, psychiques, spirituelles – les aveugles, les sourds, les boiteux, les muets sont nommés. Avec eux sont aussi discrètement évoqués les prisonniers : dans le contexte de l’Ancien Testament, il s’agit des membres du peuple élu, captifs et exilés loin de la Terre promise. Aujourd’hui, il s’agit également de tous ceux qui sont opprimés ou ne disposent pas de conditions de vie décentes. Bref, un large panorama de souffrances de toutes sortes est évoqué et à toutes ces personnes en détresse sont promises la joie et l’allégresse !

Malgré tout, l’allégresse et la joie ne sont pas encore venues, n’est-ce pas ? C’est exact, mais Isaïe exhorte ses interlocuteurs à mettre en œuvre deux attitudes spirituelles, qui sont valables aussi pour nous qui espérons la joie de Noël. La première, c’est de nous réjouir déjà, d’être dans la joie dès maintenant : Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! Il ne s’agit pas là d’autosuggestion ni d’illusions pour adoucir la vie par des moyens à bon marché. Être dans la joie dès maintenant, cela revient à manifester notre confiance en Dieu qui nous promet la joie de sa venue, cela revient à dire à Dieu : « Je crois en la vérité de ta promesse, parce que je crois que tu es fidèle ; ainsi, quand tu me promets quelque chose, je suis dans la joie comme si je l’avais déjà reçu, car la réalisation de ta promesse est tout à fait certaine ». Bien sûr, cette joie n’annule pas les souffrances et les angoisses de notre quotidien. Mais au fond de notre cœur, rien ne peut étouffer la source de la présence divine.

 

Renouveler son engagement

 

Si nous croyons que Dieu est déjà mystérieusement présent et agissant dans notre vie, nous ne pouvons pas rester les bras croisés : l’expérience de la joie nous conduit à un engagement renouvelé. Telle est la seconde attitude spirituelle à laquelle nous invite Isaïe : Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » De quel engagement s’agit-il ? qui sont ces personnes dont les mains défaillent et dont les genoux fléchissent ? D’abord, c’est peut-être nous-mêmes, lorsque notre confiance en Dieu s’affaiblit et que nous sommes menacés par le découragement. Et puis, ce sont nos frères et sœurs en humanité, à commencer par ceux qui nous sont les plus proches par les liens amicaux ou familiaux, par les circonstances de la vie, du travail. Nous avons une mission vis-à-vis d’eux, nous avons tous une mission les uns vis-à-vis des autres : nous encourager les uns les autres, nous affermir mutuellement, afin que nous gardions vive notre foi en la venue de Dieu. Nous ne le ferons pas forcément toujours par des paroles, mais notre simple attitude paisible pourra rayonner sur les autres, et redire silencieusement : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » Vengeance ? Revanche ? Au fait, est-ce que ces mots guerriers conviennent bien pour parler de la venue du Dieu de l’Évangile ? Oui, car, s’il est bien sûr qu’il n’y a nulle violence en Dieu, il est aussi vrai qu’il nous donne de prendre notre revanche sur tout ce qui nous détournait de lui et nous faisait marcher sur des chemins de mort. La revanche de Dieu, c’est de nous faire gagner la partie contre le péché et la mort !

 

Discerner la présence de Dieu

 

Et Jean le Baptiste, aurait-il oublié sa lecture du prophète Isaïe ? En effet, dans l’Évangile que nous méditons ce dimanche, la joie semble être bien loin du cœur du Précurseur. Il semblerait même que le doute le taraude : ce Jésus qu’il a désigné comme l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde, qu’il a annoncé comme le Messie attendu… est-ce vraiment lui ? ou bien faut-il en attendre un autre ?

En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! » (Mt 11, 2-6).

Bien sûr, nous ne sommes pas scandalisés par la question que pose Jean le Baptiste, car elle peut aussi certains jours habiter notre propre cœur. En effet, nous aussi, nous pouvons parfois demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Et peut-être nous répond-il de la même manière qu’il répondit au Baptiste : Jésus ne cherche pas à se justifier lui-même, il ne nous communique pas des raisonnements au sujet de sa personne. Il nous invite plutôt à discerner les effets de sa présence : « Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle ». Il nous appelle à reconnaître, en nous et autour de nous, la vie qui grandit, qui se renouvelle, qui se transmet, spécialement dans la fragilité et la pauvreté. Une situation de fragilité où pourtant la vie est donnée : cela ressemble tellement, déjà, à la Crèche de Bethléem… alors, nous pouvons le croire : là, Jésus est bien présent et agissant ! Il est vrai que cela est souvent imperceptible, et que notre regard n’est pas immédiatement exercé à discerner ces surgissements de vie au sein de la fragilité. Il est vrai aussi que, sous le flot des soucis, des souffrances, des difficultés, il n’est pas aisé de repérer la vie qui surgit, aussi humblement et obstinément – quasi miraculeusement ! – que la végétation est capable de repousser, un jour, sur un terrain qui a été dévasté par les flammes.

 

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Le regard de foi de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus

 

Au Carmel de Lisieux, à la fin du XIXe siècle, une jeune moniale vit une expérience spirituelle paradoxale. Il s’agit de Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus, sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897). Alors que la prière, en particulier l’oraison silencieuse, tient une place si importante au Carmel, ce que Thérèse en goûte est, pour l’essentiel, très aride. À l’aune de cette seule expérience, Thérèse aurait pu souvent demander à Jésus, comme le Baptiste : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? ». Et pourtant, dans ses Manuscrits autobiographiques, elle nous fait part de la présence lumineuse de Jésus tout au long de ses jours :

Je comprends et je sais par expérience « Que le royaume de Dieu est au-dedans de nous. » Jésus n’a point besoin de livres ni de docteurs pour instruire les âmes, Lui le Docteur des docteurs, il enseigne sans bruit de paroles... Jamais je ne l’ai entendu parler, mais je sens qu’Il est en moi, à chaque instant, Il me guide, m’inspire ce que je dois dire ou faire. Je découvre juste au moment où j’en ai besoin des lumières que je n’avais pas encore vues, ce n’est pas le plus souvent pendant mes oraisons qu’elles sont le plus abondantes, c’est plutôt au milieu des occupations de ma journée... (Histoire d’une âme, Ms A 83 v°).

Rien de magique dans ce que Thérèse nous raconte. C’est son regard de foi qui lui permet de discerner à chaque instant la présence de Jésus dans sa vie, et de choisir d’agir en communion avec lui. Quand elle nous confie qu’elle « sent » que Jésus est en elle et la guide, elle ne nous parle pas d’un sentiment extérieur, mais d’une conviction intime, une conviction de foi qui l’anime, qui lui permet de discerner la présence de Jésus en elle, dans les personnes qui l’entourent et dans les événements qui se produisent. Sûre de cela, elle peut s’engager, pauvrement et véritablement, pas à pas, en s’unissant à Jésus qui est là, présent.

 

Se réjouir dans le Seigneur

 

Éclairés par la Parole de Dieu et les témoins de cette semaine – Isaïe, Jean le Baptiste, Thérèse –, nous pouvons, nous aussi, nous exercer à discerner la présence de Dieu qui agit en nous, à travers nous et autour de nous. Par exemple, en prenant, chaque soir de cette semaine, un temps de recueillement pour regarder la journée écoulée, je peux me demander :

- « Réjouissez-vous ! » : aujourd’hui, qu’est-ce qui a été source de joie pour moi et pour ceux avec qui j’ai partagé des instants de vie ? Comment est-ce que je peux y reconnaître la présence de Dieu ?

- « Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : "Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu !" » : au milieu des occupations, voire des difficultés, de cette journée, quels encouragements et quels soutiens ai-je pu recevoir ou donner ? Peut-être que je réalise qu’il y a des gestes ou des paroles d’aide que j’aurais pu donner et que je n’ai pas mis en œuvre : je m’efforcerai de les donner effectivement demain !

- « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue… » : de quelles transformations, de quels progrès – petits ou grands – ai-je été témoin aujourd’hui, en moi ou autour de moi ? Comment est-ce que je peux y reconnaître la présence agissante du Sauveur qui vient ?

Jésus… Jamais je ne l’ai entendu parler, mais je sens qu’Il est en moi, à chaque instant, Il me guide, m’inspire ce que je dois dire ou faire. Que telle soit la source de notre humble joie ! Réjouissons-nous ! Bonne suite de retraite !

 

fr. Anthony-Joseph Pinelli, ocd (Paris)

 

Thérèse de Lisieux


Prier chaque jour de la semaine avec Thérèse de Lisieux

 

Lundi 12 décembre

Larguer les amarres !

 

« [Ce père] me lança à pleine voile sur les flots de la confiance et de l’amour qui m’attiraient si fort, mais sur lesquels je n’osais avancer. » Ms. A 80v

« Crois-moi femme, l’heure vient – et maintenant elle est là - où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. » Jn 4, 23

Comment avancer vers Dieu dans la confiance absolue de son Amour pour moi ? Je peux méditer le « Je crois en en Dieu ».

 

Mardi 13 décembre

Prendre le temps d’aimer

 

« Jésus veut nous donner gratuitement…ce qui lui plaît c’est de me voir aimer ma petitesse et ma pauvreté, c’est l’espérance aveugle que j’ai en sa miséricorde. Voilà mon seul trésor. » LT197

« Nous avons tout laissé pour saisir l’espérance proposée. Elle est comme une ancre de l’âme, bien fermement fixée, qui pénètre au-delà du voile… » He 6, 19

Aujourd’hui j’offre un peu de mon temps pour prier avec Jésus dans le silence.

 

Mercredi 14 décembre

Avec Jean de la Croix, s’appuyer sur Dieu seul

 

« Appuyée sans aucun appui / Sans lumière et dans les Ténèbres / Je vais me consumant d'Amour... » (Poésie 23 reprise de Jean de la Croix)

« Moi, je prends appui sur ton amour ; que mon cœur ait la joie de ton salut ! Je chanterai le Seigneur pour le bien qu’il m’a fait. » (Ps 13,6)

Quels moyens ai-je pris en cet Avent pour trouver mon appui en Dieu ?

 

Jeudi 15 décembre

La charité dans nos actes

 

« La Foi bientôt déchirera son voile / Mon Espérance est de te voir un jour / La charité enfle et pousse ma voile / Je vis d’Amour » Poésie 17, 9

« La foi, l’espérance et la charité demeurent toutes les trois mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité. » 1 Co 13,13

A l’approche de Noël, je décide d’offrir gratuitement à mon prochain, un sourire, une écoute, un soutien …

 

Vendredi 16 décembre

Invoquer l’Esprit-Saint

 

« Il faut consentir à rester pauvre et voilà le difficile. » LT197

« Heureux les pauvres de cœur le royaume des cieux est à eux. » Mt 5, 3

Rester pauvre, c’est reconnaître que nous sommes incapables d’un acte bon sans l’action secrète de l’Esprit Saint en nous.

 

Samedi 17 décembre

Aimer Jésus de tout son cœur

 

« J’ai senti que l’unique chose nécessaire était de m’unir de plus en plus à Jésus et le reste me serait donné par surcroît… jamais mon espérance n’a été trompée. » Ms C 22v

« Cherchez d’abord le Royaume et tout cela vous sera donné par surcroît. » Rm 11, 32

Bien que nous sommes imparfaits, nous pouvons Lui témoigner notre amour et notre désir de l’approcher un peu plus chaque jour.

 

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Téléchargez les textes de cette semaine (pdf) en cliquant ici

 

 

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2 décembre 2022

L'Avent avec les Saints du Carmel

 

Accueillir la présence de Dieu dans nos vies

à l’école des Saints du Carmel

 

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Deuxième Semaine

Stimulés par saint Jean de la Croix, nous laisser convertir pour accueillir Celui qui vient

 

À l’écoute du Précurseur

 

Si le maître-mot de la liturgie du premier dimanche de l’Avent était : « Veillez ! », l’appel qui résonne à nos oreilles aujourd’hui, en ce deuxième dimanche de l’Avent, est : « Convertissez-vous ! » C’est Jean le Baptiste qui nous interpelle aujourd’hui avec ces mots : puisqu’il est le Précurseur du Messie, celui qui annonce et prépare sa venue, il est bien normal qu’il accompagne notre marche vers Bethléem. Écoutons-le !

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés. Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit digne de la conversion. N’allez pas dire en vous-mêmes : "Nous avons Abraham pour père" ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas ». (Saint Matthieu 3,1-12).

Il faut l’avouer, l’habillement et le menu adoptés par Jean le Baptiste sont impressionnants : vêtement de poils de chameau pour se couvrir, sauterelles et miel sauvage pour se nourrir ! En fait, ils doivent nous aider à reconnaître en lui un prophète, à la manière d’Élie, que Dieu a promis d’envoyer à son peuple à la veille de la venue du Messie, pour ramener « le cœur des pères vers leurs fils, et le cœur des fils vers leurs pères » (Malachie 3, 24). Mais c’est comme si Jean le Baptiste se méfiait de ce qu’il pouvait lui-même susciter chez ceux qui l’écoutent, comme s’il voulait être sûr que ses auditeurs seront attentifs à son message plus qu’à son apparence. En effet, s’il invective aussi rudement les pharisiens et les sadducéens qui viennent à lui, c’est peut-être parce qu’il discerne que ces derniers viennent le voir pour s’acheter une conversion à bon marché. Or, me donner bonne conscience en ayant été en contact avec un phénomène religieux pittoresque – même s’il s’agit d’un authentique prophète, à la parole de feu et à l’ascèse radicale – cela ne me sert de rien, si cela ne me conduit pas à une conversion intérieure de mon propre cœur.

 

La conversion authentique

 

L’enjeu est bien là, et Jean le Baptiste le crie à nos oreilles : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche ». Or, la conversion, ce n’est pas seulement vivre des actes religieux, aussi saints soient-ils ; la conversion, c’est surtout rencontrer le Seigneur qui est tout proche, et le laisser transformer mon cœur. Les prophètes, comme Jean, sont là pour nous aider à prendre conscience de l’appel de Dieu, à nous rendre compte de la proximité du royaume des Cieux. Toutes nos pratiques religieuses, quelles qu’elles soient, n’ont leur raison d’être que dans cela : contribuer à nous faire grandir dans la communion avec Dieu. Le Précurseur donne le coup de grâce à ses interlocuteurs – et à nous ! – lorsqu’il affirme : « N’allez pas dire en vous-mêmes : "Nous avons Abraham pour père" ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham ». Autrement dit : même le fait d’être enfant d’Abraham, « notre père dans la foi », ne me sert de rien si la foi ne devient pas une réalité vivante dans mon cœur, une réalité qui me fait grandir dans l’intimité avec Dieu.

Et nous, cette semaine, recevons-nous la proclamation de Jean le Baptiste comme une bonne nouvelle ? Allez, posons-nous même cette question : n’aurions-nous pas presque préféré qu’il nous laisse poursuivre notre chemin d’Avent tranquillement, quitte à le vivre de façon un peu légère voire superficielle ? Peut-être, mais cela ne correspondrait pas, cela ne serait pas à la hauteur de ce qui nous a mis en route au début de notre retraite : un grand désir de rencontrer Dieu de façon renouvelée. Alors, malgré l’effet dérangeant que ses paroles peuvent avoir sur nous, remercions le Baptiste, et restons attentifs à ce qui est le cœur de sa prédication :

D’abord : notre conversion, notre rencontre renouvelée avec le Sauveur ne se fera pas sans nous. Elle ne se fera pas sans un engagement vigoureux de notre part pour repérer ce qui entrave notre marche à la suite du Christ. Elle ne se fera pas non plus « à bon marché », c’est-à-dire de façon superficielle, comme on repeint un mur sans avoir d’abord pris la peine de colmater les fissures qui le lézardent. Autrement dit : « Convertissez-vous ! »

Ensuite : s’il importe que nous nous engagions sans réserve sur le chemin de la conversion, nous n’obtiendrons pas cette conversion à la force du poignet : les mains ouvertes, nous la recevrons comme une grâce de Dieu qui est là, tout près de nous. Autrement dit : « Le royaume des Cieux est tout proche » … Comment en serons-nous davantage conscients ? comment l’accueillerons-nous un peu plus cette semaine ?

 

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Une prise de conscience salutaire avec saint Jean de la Croix

 

Dans son Cantique spirituel, saint Jean de la Croix (1542-1591) chante la quête amoureuse de l’âme (c’est-à-dire chacun de nous) à la recherche de son Bien-Aimé, qui est Dieu. Sa méditation a de quoi nous inspirer, car au début de notre retraite, c’est l’amour de Dieu qui nous a mis en marche vers Bethléem, le lieu de la naissance du Sauveur. Voici l’exclamation de l’âme qui décide de partir à la rencontre de Celui qu’elle aime :

L’âme, prenant conscience de ce qu’elle doit faire, voit que brève est la vie, étroit le sentier de la vie éternelle, que le juste a bien du mal à se sauver, que les choses du monde sont vaines et trompeuses, que tout a une fin et s’épuise comme l’eau qui court. Les temps sont incertains, les comptes à rendre rigoureux ; la perdition est très facile, le salut très difficile. Elle reconnaît, d’autre part, la grande dette qu’elle a envers Dieu qui l’a créée pour lui seul, ce pour quoi elle doit le servir sa vie entière. Au seul prix de lui-même, il l’a rachetée, pour cela elle lui doit tous ses efforts et la correspondance d’amour de sa volonté. Elle reconnaît mille autres bienfaits pour lesquels elle se sait l’obligée de Dieu dès avant sa naissance. Une grande partie de sa vie s’en est allée en fumée et de tout cela elle doit rendre compte et raison, du premier acte jusqu’au dernier, sans faire grâce d’un centime, quand Dieu scrutera Jérusalem avec des flambeaux allumés. Déjà il est tard et peut être est-ce la fin du jour. Pour porter remède à tant de maux et de dommages, et surtout parce qu’elle sent que Dieu s’irrite et se dérobe à elle qui, parmi les créatures, a tant voulu l’oublier, frappée jusqu’au cœur de douleur et d’effroi à la vue d’une telle ruine et d’un si grand péril, elle renonce à toute chose, laisse de côté toute autre affaire, sans tarder ni d’un jour, ni d’une heure. Avec un désir ardent et un gémissement jailli de son cœur déjà blessé d’amour de Dieu, elle se met à implorer son Bien-Aimé, en lui disant :

 

Où t’es-tu caché, Bien-Aimé ?

Tu m’as abandonnée dans les gémissements ;

comme le cerf tu as fui

m’ayant blessée.

Je sortis à ta poursuite en criant, et tu étais parti (Cantique spirituel B 1, 1).

 

Avec un style beaucoup plus lyrique que Jean le Baptiste, saint Jean de la Croix nous livre un enseignement spirituel très proche de celui du Précurseur. Notre conversion commence par une prise de conscience : Dieu est là. Dieu est là, et moi je suis ailleurs. Dieu est là et il m’attend, mais moi je me laisse attirer et polariser par d’autres réalités. Cette prise de conscience peut être douloureuse, comme lorsque l’on réalise qu’on s’est longtemps trompé sans même s’en rendre compte. Mais la douleur ne doit pas nous conduire au découragement, notre douleur ne peut pas avoir le dernier mot. Elle est comme un aiguillon qui nous met en marche. Et notre chemin de conversion se poursuit par un cri, un appel que nous adressons à Dieu : « Viens à mon aide ! »

Pour Jean de la Croix, cette prise de conscience de notre dispersion – Dieu est là, et moi je suis ailleurs – va de pair avec la prise de conscience de nos attachements désordonnés. Les attachements désordonnés, ce sont nos manières de nous rapporter aux personnes, aux choses, aux événements, aux idées, qui nous empêchent d’être libres. Toutes ces réalités peuvent être bonnes en elles-mêmes, mais je peux entretenir avec elles une relation qui m’empêche d’être libre. Pour illustrer cette difficulté et les conséquences néfastes qu’elle a sur la vie spirituelle, le mystique castillan prend l’image d’un oiseau qui aurait un fil à la patte : il ne pourra pas voler vers le Ciel de la présence de Dieu.

Ces imperfections habituelles sont par exemple : l’habitude de parler beaucoup, un petit attachement à une chose qu’on n’en finit jamais de vouloir supprimer, soit à une personne, à un vêtement, à un livre, à une cellule, à tel genre de nourriture, à certains petits bavardages, à certaines petites satisfactions qu’on éprouve à goûter les choses, à écouter et à savoir et autres choses semblables (…) En effet, tant que durera cet attachement, il est évident que l’âme ne pourra avancer en perfection, même si l’imperfection est minime. Peu importe qu’un oiseau soit attaché par un fil ténu ou par un gros fil parce que, même si le fil est mince, l’oiseau restera attaché par lui comme par le gros fil tant qu’il ne le rompra pas pour voler. Il est vrai que le fil mince est plus facile à rompre mais, pour facile que ce soit, si l’oiseau ne le rompt pas il ne volera pas. L’âme qui est attachée à quelque chose est dans le même cas et quoi qu’il en soit de sa vertu, elle ne parviendra pas à la liberté de l’union divine (Montée du Mont Carmel I, 11, 4).

 

S’engager sur un chemin de liberté

 

Alors, en compagnie de Jean le Baptiste et de Jean de la Croix, en cette deuxième semaine de notre retraite, demandons à Dieu la grâce de voir ce qui nous entrave sur le chemin de la communion plus grande avec lui. En faisant cela, ce que nous recherchons, ce n’est pas d’être satisfaits de nous-mêmes, mais c’est d’être plus disponibles à la présence agissante de Dieu dans notre vie. Quelques pistes concrètes peuvent nous guider :

- Peu importe qu’un oiseau soit attaché par un fil ténu ou par un gros fil parce que, même si le fil est mince, l’oiseau restera attaché par lui comme par le gros fil tant qu’il ne le rompra pas pour voler : quelles sont dans ma vie, les réalités auxquelles je suis tellement attaché qu’elles peuvent m’empêcher d’être attentif à la présence de Dieu ou aux nécessités de mes frères et sœurs ?

- « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche » : au début de la semaine, je prends un temps de recueillement pour demander au Seigneur la grâce de repérer un point de conversion qu’il m’appelle à vivre. Après avoir choisi ce point de conversion, je lui demande chaque jour la grâce de m’aider à progresser sur ce point, et je me détermine chaque jour à faire ce qui dépend de moi pour m’amender, sans me décourager si cela est difficile.

- comme la semaine dernière, je nourris mon attention à la présence de Dieu tout au long de la journée en me tournant intérieurement vers lui, par exemple en lui adressant, dans le silence de mon cœur, un verset de l’Écriture que j’ai préalablement choisi.

 

Bonne suite de retraite ! « Le royaume des Cieux est tout proche ! »

 

fr. Anthony-Joseph Pinelli, ocd (Paris)

 

 

St Jean de la Croix (2)

 

Prier chaque jour de la semaine avec saint Jean de la Croix

 

Lundi 5 décembre

Aimer Dieu comme il veut l’être

 

« Au soir, c’est sur l’amour qu’on t’examinera. Apprends à aimer Dieu comme Dieu veut être aimé et abandonne ta manière d’agir. » (Parole de Lumière et d’Amour 59)

« Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ? » (Mt 25, 44)

J’ouvre les yeux sur les occasions d’être attentif aux besoins auxquels je peux répondre, ne serait-ce que par un sourire, une parole bienveillante.

 

Mardi 6 décembre

« Heureux les doux »

 

« Si toi, ô bon Jésus, tu n’adoucis pas l’âme dans ton amour, elle persévèrera toujours dans sa dureté naturelle. » (PLA 30)

« Est-ce donc la mort du méchant que je désire, déclare le Seigneur, n’est-ce pas plutôt qu’il se détourne de sa conduite et qu’il vive ? » (Ez 18, 23)

Est-ce que je demande à Dieu la grâce de la douceur (qui n’est pas de la mollesse) ?

 

Mercredi 7 décembre

Scruter les Ecritures

 

« Cherchez en lisant et vous trouverez en méditant ; appelez en priant et on vous ouvrira par la contemplation. » (PLA 157)

« Vous scrutez les Ecritures parce que vous pensez trouver en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui me rendent témoignage. » (Jn 5, 39)

Quel temps est-ce que je consacre à la lecture et à la méditation de la Parole de Dieu ?

 

Jeudi 8 décembre

Immaculée Conception

 

« Telles étaient les prières et les œuvres de la très Glorieuse Vierge, Notre Dame. Elevée dès le début de son existence à un état si haut, elle n’eût jamais imprimé dans son âme aucune forme créée qui la détournât de Dieu, et elle ne se portait d’elle-même à quoi que ce fût : toujours elle était mue par l’Esprit Saint. » (Montée du Carmel III, 2,10)

« Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. » Lc 1, 28

Je fais mienne la parole de la Vierge : ‘Que tout se passe pour moi selon ta parole’.

 

Vendredi 9 décembre

Le souvenir de Dieu

 

« Efforcez-vous d’avoir toujours Dieu présent et gardez en vous la pureté que Dieu vous enseigne. » (PLA 141)

« Garde-toi de jamais oublier ce que tes yeux ont vu ; ne le laisse pas sortir de ton cœur un seul jour. » (Dt 4,9)

Comment est-ce que je veille sur mon cœur, sur les pensées qui l’habitent ? Je ravive en moi le souvenir de Dieu.

 

Samedi 10 décembre

De la bonne nourriture

 

« Jésus-Christ, en cette vie, n’eut pas d’autre plaisir, et ne voulut pas en avoir d’autre, que de faire la volonté de son Père qu’il appelait sa nourriture et son repas. » (I MC 13, 4)

« Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. » (Jn 4, 34)

Quels sont les élans intérieurs qui me guident pour agir ? Mon plaisir ou le goût de faire plaisir à Dieu ?

 

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Téléchargez les méditations de cette semaine (pdf) en cliquant ici

 

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