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25 mars 2017

Le Carême avec Saint François et Sainte Claire d'Assise

Le Carême avec Saint François et Sainte Claire d'Assise

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Quatrième Dimanche du Carême

 

Méditation

 D'un François à l'autre...

 

« Les créatures de ce monde ne peuvent pas être considérées comme un bien sans propriétaire : « Tout est à toi, Maître, ami de la vie » (Sg 11, 26). D’où la conviction que, créés par le même Père, nous et tous les êtres de l’univers, sommes unis par des liens invisibles, et formons une sorte de famille universelle, une communion sublime qui nous pousse à un respect sacré, tendre et humble. Le sentiment d’union intime avec les autres êtres de la nature ne peut pas être réel si en même temps il n’y a pas dans le cœur de la tendresse, de la compassion et de la préoccupation pour les autres êtres humains. L’incohérence est évidente de la part de celui qui lutte contre le trafic d’animaux en voie d’extinction mais qui reste complètement indifférent face à la traite des personnes, se désintéresse des pauvres, ou s’emploie à détruire un autre être humain qui lui déplaît. Ceci met en péril le sens de la lutte pour l’environnement. Ce n’est pas un hasard si dans l’hymne à la création où saint François loue Dieu pour ses créatures, il ajoute ceci : « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux qui pardonnent par amour pour toi ». Tout est lié. Il faut donc une préoccupation pour l’environnement unie à un amour sincère envers les êtres humains, et à un engagement constant pour les problèmes de la société ». (Pape François, Encyclique Laudato Si, n) 89, 91).

 

Quatrième semaine du Carême

Saint François Sr Esther

Lundi

Humilité de François

 

François se considère comme pécheur. L'humilité, qui peut être considérée comme pauvreté de soi-même, l'obsède autant que la pauvreté. Il se dévalorise pour ne pas sombrer dans l'orgueil. L'humiliation est pour lui une joie, alors que le compliment le chagrine. Ainsi, à la surprise de tous, il démissionne de sa charge de supérieur, préférant obéir plutôt que de commander. Au Cardinal d'Ostie, protecteur de son ordre, il écrit : « Seigneur, si mes frères ont reçu le nom de petits (mineurs), c'est pour qu'ils n'aspirent jamais à devenir grands. (…) ne leur permettez jamais d'accéder aux dignités ecclésiastiques ».

 

À l'école de Saint François

 

Que les frères se gardent bien de recevoir, sous aucun prétexte, ni églises, ni humbles demeures maisons, ni tout ce que l'on construit pour eux, si cela n'est conforme à la pauvreté que nous avons promise dans la Règle ; qu'ils y séjournent toujours comme des hôtes de passage, comme des étrangers, des pèlerins. (François d'Assise, Testament, 24).

Parole de Dieu : « L'orgueil précède l’effondrement, et la prétention, la chute. Mieux vaut être humble parmi des gens modestes, que partager un butin avec des orgueilleux ». (Proverbes 16, 18-19).

 

Dans ma vie

 

L'humilité n'est pas vraiment au goût du jour. L'a-t-elle vraiment été ? L'heure est plutôt à la compétition, au gravissement des échelons, et de la hiérarchie, quitte à se servir de l'autre et à l'écraser. L'humble se veut petit, conscient de ne rien posséder qui ne lui aurait été confié par Dieu. L'humble travaille, donne tout de sa personne pour le bien commun, pour son frère, non pour accéder à la première place. L'humble n'attend rien en retour, pas même un merci : ce qu'il fait, il l'offre, et quand c'est offert, cela ne lui appartient plus. L'humble est prêt à être malmené... parce qu'il est humble !

Effet de conversion : Aujourd'hui, je ne cherche pas à passer devant les autres ni en actes, ni en paroles. Je m'efforce d'être un marchepied pour mes frères... au nom du Christ.

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Mardi

Claire aux commandes de la barque

 

Trois ans durant, les Sœurs de Claire, et François lui-même, souhaitent que leur fondatrice devienne leur abbesse. Par grande humilité, Claire résiste et tient bon dans son refus. Au prix de l'obéissance, elle finit par s'y soumettre. La crainte prend l'ascendant sur la joie : l'obéissance était plus confortable que la responsabilité et la tenue du gouvernail. Se sentant davantage redevable, Claire s'ingénie à servir ses Sœurs en tout : elle échange son habit avec celle qui en a un moins bon, s'assoit la dernière à table, lave les pieds au retour des sorties... Claire préfère exécuter elle-même les tâches plutôt que de les ordonner.

 

À l'école de Sainte Claire

 

« Je prie aussi celle qui sera chargée des sœurs, de s’étudier à être la première par la vertu et la sainteté de sa vie plus que par sa charge (...). Qu’elle ait pour ses sœurs la prévoyance et le discernement d’une mère pour ses filles, (...). Qu’elle soit en outre si bienveillante et si avenante pour toutes, que les sœurs puissent en toute sécurité s’ouvrir à elle de leurs nécessités et recourir à elle à chaque instant avec confiance, (...) ». (Claire d'Assise, Testament, 19).

Parole de Dieu : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave ». (Matthieu 20, 26-27).

 

Dans ma vie

 

Dans une apparition à Sœur Faustine, Jésus lui demande une chose qu'elle ne peut mettre en œuvre car sa Supérieure s'y oppose. Jésus console Faustine attristée : son obéissance à sa Supérieure a porté plus de fruits que si elle avait désobéi. L'obéissance n'est cependant pas réservée aux religieux et consacrés. En tant que baptisé, j'obéis à l’Église et au Pape, même si je ne suis pas d'accord : je n'ai pas toutes les cartes en main pour tout comprendre. J'obéis aussi à l'Etat, sans frauder, etc. par respect pour mes frères. Quant aux lois iniques (avortement, euthanasie...) je peux (dois?) m'y opposer... en restant dans la Charité, l'amour et le respect du prochain.

Effet de conversion : Respecter la loi par égard pour les autres. Je commence par exemple en respectant les limitations de vitesse... et je relis les dix commandements.

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Mercredi

Claire et la pauvreté

 

Dès les débuts de sa vocation, la pauvreté est l'apanage de Claire. Elle vend ses biens, hérités de son père. Le fruit de la vente n'est bien sûr ni a son bénéfice, ni même à celui de son monastère. Elle les distribue directement aux miséreux. Les couvents de ses Sœurs ne doivent pas être trop confortable, à l'image de la Crèche accueillant le Fils de Dieu. Le Pape Innocent III octroie à l'Ordre de Claire l'étendard de la pauvreté. Son successeur Grégoire IX tente bien de lui proposer quelques propriétés pour assurer la subsistance à son ordre. C'est peine perdue : Claire s'en tient à son premier vœu.

 

À l'école de Sainte Claire

 

« La voilà, cette perfection qui, dans les palais des cieux, scellera ton union avec le Roi (…)  : cette perfection a consisté pour toi à mépriser les grandeurs d'un royaume terrestre ; à juger indignes, en comparaison, les propositions d'un mariage avec l'empereur ; à pratiquer la très sainte pauvreté et, avec tout l'élan de ton amour et de ton humilité, à suivre les traces de Celui aux noces duquel tu as mérité d'être conviée ». Claire d'Assise, Deuxième Lettre à Agnès de Prague 5-7).

Parole de Dieu : « Ce qui est prestigieux pour les gens est une chose abominable aux yeux de Dieu ». (Luc 16, 15).

 

Dans ma vie

 

Tenir bon dans sa vocation ! Tenir bon dans ses résolutions ! Parfois la tentation peut même venir de personnes de l’Église comme Grégoire IX qui propose à Claire d'alléger la pauvreté qu'elle impose à son ordre. Cela part d'une bonne intention. Ne dit-on pas que « l'enfer est pavé de bonnes intentions » ?! Parfois, c'est moi qui tente les autres en leur disant que telle ou telle chose ne vaut pas la peine, etc. Carême est un temps de combat pendant lequel je dois tenir bon, mais pas tout seul : Dieu Trinité, Marie, les Saints, mon Ange Gardien sont là (et vraiment là!) pour m'aider.

Effet de conversion : À ce stade du Carême, je ressens des difficultés à tenir mes résolutions. Je fais le point sur ce qui m'est facile et difficile. Je relis le passage de l'Evangile de Saint Luc 4, 1-13.

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Jeudi

François et le sultan

 

François éprouve une sainte jalousie pour les martyrs. Il veut prêcher la Foi Chrétienne chez les Sarrasins. La Syrie puis le Maroc se refusent à lui : cela semble être la Volonté de Dieu. Un troisième essai aboutir, le conduisant chez le sultan de Babylone. La guerre y fait rage entre chrétiens et sarrasins, avec promesse d'or à qui amènera une tête de chrétien. Fait prisonnier, François est amené auprès du sultan, impressionné par la Foi et la ferveur de sa prédication. Sans adhérer pour autant, le sultan estime l'homme, en fait son hôte et le couvre de présents... qu'il refuse, accroissant encore l'estime du sultan.

 

À l'école de Saint François

 

« Les frères qui, sous l'aspiration de Dieu, voudront aller chez les Sarrasins et autres infidèles en demanderont la permission à leur ministre provincial. Les ministres, eux, ne le permettront qu'à ceux qu'ils jugeront capables de cette mission ». (François d'Assise, Deuxième Règle 12).

Parole de Dieu : « De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : « Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir ». »

 

Dans ma vie

 

Pourquoi notre cher François à eu la vie sauve alors qu'il cherchait à mourir pour sa Foi et être semence pour l'avènement du Royaume dès ici-bas ? Pourquoi d'autres, inconnus, n'ont-il pas eu cette « chance » de garder la vie sauve ? Le Seigneur sait ce dont chaque cœur a besoin et ce dont il est capable. Il sait ce dont a besoin une terre pour être fertile. Nous n'avons pas connaissance de ces données. Laissons-le donc guider nos vies. Ouvrons-nous toujours à l'Esprit-Saint et accueillons les événements.

Effet de conversion : Ai-je un projet de vie ? Où en suis-je de ce projet ? Je relis ma vie, mes échecs et mes réussites et j'essaie d'y voir la main de Dieu qui m'a relevé ou guidé...

Benedizione di pane

Vendredi

Claire et la multiplication du pain

 

Sœur Cécile est désespérée : l'heure du repas s'annonce et il ne reste qu'un seul pain. Inquiète, elle s'empresse d'en informer Claire. Confiante, la mère abbesse demande à Sœur Cécile de partager le pain en deux : une moitié pour les Frères qui sortent mendier quelques dons pour les Pauvres Dames, et l'autre pour les Sœurs. Dans la moitié du pain des Sœurs, Cécile devra couper 50 morceaux, un pour chaque Sœur du monastère. Comment faire avec un si petit morceau de pain ? « Va, ma fille, et fais en paix ce que je t'ai dit », assure Claire. Cécile obtempère... et chaque Sœur mange à sa faim.

 

À l'école de Sainte Claire

 

« Avec quel soin donc, avec quel élan passionné du corps et de l'âme ne devons-nous pas accomplir ce que nous demande Dieu notre Père, afin qu'avec sa grâce nous puissions lui rendre multiplié le talent que nous en avons reçu ! Multiplié, car ce n'est pas seulement pour les autres que Dieu nous a destinées à être des modèles et des miroirs, mais aussi pour chacune de nos sœurs afin qu'elles soient à leur tour des modèles et des miroirs pour ceux qui vivent dans le monde ». (Claire d'Assise, Testament, 6).

Parole de Dieu : « Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule ». (Luc 9, 16).

 

Dans ma vie

 

Être missionnaire et faire des disciples peut ne pas demander d'effort physique ou de déplacement exorbitant. Quand je vis de la Vie du Christ, je rayonne de Son Amour autour de moi. Cela interpelle mes frères et sœurs et les incite à suivre eux-mêmes Celui qui veut notre bonheur – et qui le fait déjà sur terre en vue du Ciel. Tout mon travail de conversion est de vouloir ressembler en tout ce qui m'est possible au Christ. Lui ressembler, c'est déjà Le servir. C'est aussi servir mes frères, puisque je leur offrirai de voir en partie le Visage du Christ, ce qui devrait les inciter à le suivre à leur tour.

Effet de conversion : Aujourd'hui, je m'efforce d'avoir une « tête de ressuscité » plutôt qu'une « tête de Carême » ! Je m'efforce de sourire et d'être agréable, même si cela me coûte énormément.

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Samedi

Claire et le jeûne

 

Claire ne s'épargne aucun sacrifice, en offrande sainte à Celui en les mains duquel elle a remis sa vie. Ainsi, Claire dort à même le sol, une paillasse ou un morceau de bois lui servant d'oreiller. Le jeûne est, pourrait-on dire, son aliment préféré. Lors du Carême, elle se contente de pain et d'eau,, véritable festin comparé aux trois jours hebdomadaires de jeûne total. Par souci de santé, François et l'évêque d'Assise usent de leur autorité et interdisent à Claire le jeûne total, l'obligeant à prendre au moins « une once et demie de pain ».

 

À l'école de Sainte Claire

 

« Sauf pour les malades et les sœurs particulièrement fragiles (auxquelles saint François nous a bien recommandé et ordonné de procurer avec le plus grand dévouement possible tous les aliments sans considération d'interdiction de règle), aucune de nous, pourvu qu'elle soit saine et valide, ne devrait jamais suivre un autre régime que celui du carême, et cela aussi bien les jours de fête que les fériés ; le jeûne devrait être perpétuel, sauf le dimanche et le jour de Noël » (Claire d'Assise, Troisième Lettre à Agnès de Prague 31-33).

Parole de Dieu : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». (Matthieu 22, 39).

 

Dans ma vie

 

Le jeûne alimentaire est une chose admirable qui porte du fruit, c'est à n'en pas douter. Le jeûne est cependant un choix personnel. Je ne dois pas regarder l'autre de travers parce qu'il a choisi de ne pas jeûner ou parce qu'il ne le peut pas... ou même parce qu'il succombe et finit par manger. Chacun son Carême ! Ni intransigeance (il fait savoir lâcher du lest, y compris envers soi-même, surtout si la santé l'exige), ni intolérance. Il y a tellement de façon de jeûner...

Effet de conversion : Aujourd'hui, je fais un effort (offert au Seigneur) sur mon alimentation : jeûne intégral ou partiel (pain et eau par exemple). J'offre à manger à un mendiant ou je fais don du montant de ma privation à une association caritative.

 

Texte extrait du hors série de Parole et Prière « Mon Carême avec Saint François et Sainte Claire d'Assise », publié en 2016

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Téléchargez ces méditations (pdf) en cliquant ici

 

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18 mars 2017

Le Carême avec Saint François et Sainte Claire d'Assise

Le Carême avec Saint François et Sainte Claire d'Assise

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Troisième Dimanche du Carême

 

Méditation

 D'un François à l'autre...

 

« Si nous nous approchons de la nature et de l’environnement sans cette ouverture à l’étonnement et à l’émerveillement, si nous ne parlons plus le langage de la fraternité et de la beauté dans notre relation avec le monde, nos attitudes seront celles du dominateur, du consommateur ou du pur exploiteur de ressources, incapable de fixer des limites à ses intérêts immédiats. En revanche, si nous nous sentons intimement unis à tout ce qui existe, la sobriété et le souci de protection jailliront spontanément. La pauvreté et l’austérité de saint François n’étaient pas un ascétisme purement extérieur, mais quelque chose de plus radical : un renoncement à transformer la réalité en pur objet d'usage et de domination. D’autre part, saint François, fidèle à l’Écriture, nous propose de reconnaître la nature comme un splendide livre dans lequel Dieu nous parle et nous révèle quelque chose de sa beauté et de sa bonté : « La grandeur et la beauté des créatures font contempler, par analogie, leur Auteur «  (Sg 13, 5), et « ce que Dieu a d’invisible depuis la création du monde, se laisse voir à l’intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité » (Rm 1, 20). (Pape François, Encyclique Laudato Si, 11-12).

 

Troisième semaine du Carême

Giotto

Lundi

François et les animaux

 

Frère François est admiratif de la bonté et de la création de Dieu. Il n'a de cesse de louer le Seigneur pour toutes les merveilles, petites et grandes, qu'il rencontre. Il a une réelle proximité avec les animaux : les hirondelles gazouillant à ne plus s'entendre pendant ses homélies se taisent sur son ordre ; les moutons lui font la fête quand il passe près d'eux et les salue ; une biche, offerte un jour, entre dans l'église quand chantent les Frères, fléchissant les genoux ou se prosternant lors de l'élévation pendant la sainte messe... sans oublier le célèbre loup de Gubbio que François convertit !

 

À l'école de Saint François

 

Loué sois-tu, mon Seigneur, dans toutes tes créatures, spécialement messire le frère Soleil, qui fait le jour et par qui tu nous illumines ; il est beau, rayonnant d'une grande splendeur ; de Toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole. (…) Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre qui nous porte et nous nourrit, qui produit la diversité des fruits, et les fleurs diaprées et les herbes ». (François d'Assise, Cantique de Frère Soleil ou « des Créatures »).

Parole de Dieu : « Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres ! Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom. Comme par un festin je serai rassasié ; la joie sur les lèvres, je dirai ta louange ». (Psaume 62 4-6).

 

Dans ma vie

 

Dans ma vie tourbillonnante d'activités, qu'elles soient professionnelles, familiales, ludiques ou autres, je me demande souvent quelle place donner à a la prière. Je peux, et même je devrais, lui accorder une vraie place dans mon emploi du temps. Je peux aussi faire de chaque respiration, de chaque battement de cils une prière de louange et d'action de grâce envers Dieu mon créateur. Ainsi peuvent jaillir de mon cœur et de ma bouche de très courtes prières à tout moment. C'est cela l'oraison jaculatoire.

Effet de conversion : Je relis le Cantique des Trois Enfants (Daniel 3, 52-90) et me l'approprie en apprenant par cœur le verset qui me touche le plus. Je le ruminerai le plus souvent dans la journée.

 

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Mardi

La vie austère de François

 

« Ceux qui appartiennent au Christ on crucifié leur chair avec ses vices et ses concupiscences ». La parole de Saint Paul aux Galates marque profondément François. Il s'impose alors une vie austère dans le seul but de garder corps et âme purs. Ainsi privait-il ses aliments de goût, couchait-il à même le sol avec sa tunique pour couverture, considérait-il l'oisiveté comme un réservoir de mauvaises pensées... Sur la légèreté de son habit lors des hivers rigoureux, il répondait simplement : « Si nous brûlions de ce feu intérieur qu'est la patrie céleste, nous supporterions allègrement le froid extérieur ! »

 

À l'école de Saint François

 

« Il y en a beaucoup qui sont férus de prières et d'offices, et qui infligent à leur corps de fréquentes mortifications et abstinences. Mais pour un mot qui leur semble un affront ou une injustice envers leur cher « moi », ou bien pour tel ou tel objet qu'on leur enlève, les voilà aussitôt qui se scandalisent et perdent la paix de l'âme. Ceux-là n'ont pas le véritable esprit de pauvreté : car celui qui a le véritable esprit de pauvreté se hait lui-même, et chérit ceux qui le frappent sur la joue ». (François d'Assise, Admonitions, 14).

Parole de Dieu : « Nous apprenons que certains d’entre vous mènent une vie déréglée, affairés sans rien faire. À ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné ». (2 Th. 3, 11-12).

 

Dans ma vie

 

« Le progrès ne vaut que s'il est partagé par tous », disait Aristote avant d'être repris par une grande entreprise française ! C'est peut-être bien ce qui manque au progrès depuis que l'homme est devenu un « chercheur de mieux être » : être partagé par tous. Cela explique peut-être pourquoi des hommes et des femmes refusent la moindre parcelle de luxe et se retirent dans une vie austère. Le progrès détourne de Dieu, car l'homme en veut toujours plus et se prend pour Dieu, puisqu'il sait améliorer les choses par lui-même. Mais ce progrès ne profite qu'à peu de gens. Est-il alors vraiment progrès ?

Effet de conversion : J'essaie de me priver d'un « luxe » : marcher plutôt que prendre la voiture, dormir sans oreiller, prendre un repas sans dessert... : « Je vis ces privations dans la joie et l'offrande à l'amour de Dieu ».

 

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Mercredi

Claire affronte sa famille

 

La « fugue » de Claire exacerbe les passions familiales. Aussi sa famille se déplace-t-elle, tentant de raisonner et de ramener à la maison la jeune fugueuse. Claire les reçoit dans la chapelle, agrippée à l'autel. Plus saintement entêtée que jamais, elle leur fait momentanément entendre sa raison. François déplace ses protégées à l'Abbaye bénédictine de Saint-Ange. Agnès, 15 ans, sœur de Claire, la rejoint, déclenchant l'ire de sa parenté, notamment un oncle qui réunit une douzaine de cavaliers en vue de ramener la jeune cadette chez les siens. Agnès ne doit son salut de rester auprès de Claire que par intervention divine.

 

À l'école de Sainte Claire

 

« Louange et Gloire, à toi, pour la Très Sainte Plaie de Ton pied droit, Seigneur Jésus-Christ, doux comme le miel. Par cette Plaie Sacrée, accorde-moi de faire digne pénitence pour mes péchés. Et par Ta Mort très pieuse, je T'en supplie : garde-moi jour et nuit, moi ta servante, dans Ta Volonté, arrache-moi à toute adversité de l'âme et du corps, reçois mon âme au jour redoutable dans Ta Foi et Ta Miséricorde et conduis-moi aux joies éternelles. Amen. » (Claie d'Assise, Prière aux Cinq Plaies).

Parole de Dieu : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi ». (Mt 10, 37-38).

 

Dans ma vie

 

Aller contre la volonté de ses parents, de sa famille, ce n'est pas facile. Surtout quand on a 15 ans ! Obéir est une belle et grande vertu qui donne beaucoup de fruit. Cependant, lorsque je suis sûr de la Volonté de Dieu, et toujours après un véritable et saint discernement, je peux m'engouffrer corps et âme sur ce chemin. Et quand bien même je dois malgré tout obéir à mes parents (ou aux contraintes imposées par ma vie actuelle, par mes engagements), en déposant tout dans les mains du Seigneur, j'aurai la conviction de réponde à son appel, et je serai l'âme.

Effet de conversion : Toute décision en faveur de Dieu et à l'encontre de l'obéissance parentale doit se prendre en respectant son père et sa mère. Je regarde mon passé et, le cas échéant, je demande pardon à mes parents.

 

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Jeudi

Claire : Installation à Saint Damien

 

Riche année que celle de 1212 ! François établit ses protégées à Saint Damien, dans l'église qu'il à relevée suite à la demande entendue du Seigneur. Éclairé par l'Esprit-Saint, il avait prophétisé : « Venez et aidez-moi dans l'oeuvre de Saint Damien, car ici viendront beaucoup de saintes femmes qui glorifieront grandement le Père Céleste par la perfection de leur vie ». En effet : Claire se sent bien dans ce lieu qu'elle estime propice à la prière, à l'épanouissement de sa vocation. Les monastère des Pauvres Dames, les premières Clarisses, est né. Claire y passera le reste de ses années terrestres.

 

À l'école de Sainte Claire

 

« Nous avons donc bien sujet de considérer là l’immense bonté de Dieu à notre égard : dans sa bonté et son amour surabondants il a fait proclamer par son saint le choix qu’il porterait sur nous et l’appel qu’il nous adresserait. Et ce n’était pas seulement de nous que notre bienheureux Père prophétisait ainsi, mais encore de toutes celles qui nous suivront dans cette vocation sainte à laquelle le Seigneur nous a appelées ». (Claire d'Assise, Testament, 5).

Parole de Dieu : « Nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu'ils sont appelés selon le dessein de son amour ». (Rm 8, 28).

 

Dans ma vie

 

L'appel que le Seigneur nous adresse est incessant. De tout temps et en tout lieu, Dieu appelle les hommes à répondre à leur vocation. Il est donc important de prier pour les vocations, non pas tant pour que le Seigneur appelle des hommes et des femmes à le servir et à servir leurs frères. Cette prière pour les vocations doit être bien orientée : « Seigneur, ouvre les oreilles à tes appelés et ouvre les cœurs afin qu'ils te répondent librement oui, sans restriction ! » Marie, elle qui s'est donnée en acceptant tout lors de l'Annonciation, peut intercéder avec succès pour nos prières.

Effet de conversion : Je prends un temps de prière pour les vocations sacerdotales, religieuses, consacrées, familles chrétiennes vivant de leur foi... J'ouvre mon cœur pour accepter la, mienne et celle de mes proches.

 

14

Vendredi

François et les miracles

 

De son vivant, François est un thaumaturge. Il se fait l'instrument de Dieu en multipliant la nourriture, en guérissant des malades, en transformant l'eau en vin, en apparaissant à des endroits ou il ne peut logiquement pas de trouver : (« bilocation »). Il est véritablement « à l'image du Christ ». Par exemple, une nuit, accompagné d'un Frère ils se retrouvèrent entre Pô et marais, bloqués par l'obscurité et risquant la noyade. François se met en prière et Dieu l'exauce : une lumière miraculeuse illumine route et environs, leur permettant d'atteindre leur destination sans encombre.

 

À l'école de Saint François

 

« Où règnent charité et sagesse, il n'y a ni crainte ni ignorance. Où règnent patience et humilité, il n'y a ni colère ni trouble.(...) Où règnent paix intérieure et méditation, il n'y a ni désir de changement ni dissipation. Où règne crainte du Seigneur pour garder la maison, l'ennemi ne peut pratiquer nulle brèche pour y pénétrer. Où règnent miséricorde et discernement, il n'y a ni luxe superflu ni dureté du cœur ». (François d'Assise, Admonitions, 27).

Parole de Dieu : « Ceux que, d’avance, il connaissait, il les a aussi destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d’une multitude de frères ». (Rm 8, 29).

 

Dans ma vie

 

Les miracles de Jésus servent, en principe, à renforcer ma Foi, ils donnent des éléments à ma raison de croire Dieu fait homme. En Jésus, tout a été révélé : il n'y a plus rien a ajouter. Alors à quoi servent les miracles des Saints ? « (…) les miracles du Christ et des saints, les prophéties, la propagation et la sainteté de l’Église, sa fécondité et sa stabilité « sont des signes certains de la Révélation, adaptés à l’intelligence de tous », des « motifs de crédibilité » qui montrent que l’assentiment de la foi n’est « nullement un mouvement aveugle de l’esprit ». » (Catéchisme de l’Église Catholique, n° 156).

Effet de conversion : Raison et foi... Je cherche le bon équilibre. Aujourd'hui, je médite le Credo et le prie à plusieurs moments de la journée.

 

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Samedi

L'aura de Claire

 

De toutes parts, proches et lointaines contrées, la renommée de Claire se répand. De nombreuses femmes la rejoignent, souhaitant suivre l'exemple de ses vertus. Sa manière d'être, plus que ses actions, attire. Viennent à elle des jeunes filles désirant garder leur virginité, des veuves, et riches et nobles dames, des épouses se séparant par consentement mutuel (l'époux se mettant à la suite de François). Si des femmes ne peuvent rejoindre Claire, leurs vies sont bouleversées par elle, passant du vice à la vertu, ou bien érigeant des monastères ou chapelles... Claire et ses disciples deviennent de véritables exemples de sainteté.

 

À l'école de Sainte Claire

 

« Mais le chemin qui mène à la vie est étroit, et la porte qui nous y donne accès est étroite elle aussi ; c’est pourquoi il y en a peu qui empruntent ce chemin. Et parmi ceux qui, durant un certain temps, y ont cheminé, il y en a encore bien moins qui y persévèrent. Mais, bienheureux ceux auxquels il a été donné d’y marcher et d’y persévérer jusqu’à la fin ! » (Claire d'Assise, Testament, 21).

Parole de Dieu : « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » .Mc 10, 21)

 

Dans ma vie

 

Dans la vie on a souvent besoin d'un modèle, d'un mentor, d'une personnes que l'on admire et à qui l'on veut ressembler. Claire à trouvé François, qui a trouvé Jésus. François mène Claire à Jésus... Je dois rester vigilant, ne pas me tromper de modèle. Si je décide de suivre un intermédiaire du Christ, il ne doit pas me mener à lui-même et à ses propres intérêts : j'aurai alors affaire à un gourou. Prêtre, supérieur, fondateur de communauté... s'effacent devant Jésus. Comme Marie : elle n'est pas une déesse, sorte de « quatrième personne de la Trinité » ! Elle nous mène à Son Fils qui seul est le chemin, la vérité, la vie.

Effet de conversion : Je réfléchis à la (ou les) personne(s) que j'ai pris pour modèle. En ai-je fait une idole ? Je me recentre sur Jésus et en chaque acte ou parole je me demande : « Qu'aurait fait Jésus à ma place ? »

 

Texte extrait du hors série de Parole et Prière « Mon Carême avec Saint François et Sainte Claire d'Assise », publié en 2016

François et Claire

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11 mars 2017

Le Carême avec Saint François et Sainte Claire d'Assise

Le Carême avec Saint François et Sainte Claire d'Assise

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Deuxième Dimanche du Carême

 

Méditation

D'un François à l'autre...

 

« Pour proposer une relation saine avec la création comme dimension de la conversion intégrale de la personne, souvenons-nous du modèle de saint François d’Assise. Cela implique aussi de reconnaître ses propres erreurs, péchés, vices ou négligences, et de se repentir de tout cœur, de changer intérieurement. Les Évêques australiens ont su exprimer la conversion en termes de réconciliation avec la création : « Pour réaliser cette réconciliation, nous devons examiner nos vies et reconnaître de quelle façon nous offensons la création de Dieu par nos actions et notre incapacité d’agir. Nous devons faire l’expérience d’une conversion, d’un changement du cœur ». Cependant, il ne suffit pas que chacun s’amende pour dénouer une situation aussi complexe que celle qu’affronte le monde actuel. Les individus isolés peuvent perdre leur capacité, ainsi que leur liberté pour surmonter la logique de la raison instrumentale, et finir par être à la merci d’un consumérisme sans éthique et sans dimension sociale ni environnementale. On répond aux problèmes sociaux par des réseaux communautaires, non par la simple somme de biens individuels (…). La conversion écologique requise pour créer un dynamisme de changement durable est aussi une conversion communautaire. (Pape François, Encyclique Laudato Si, 218-219).

 

Deuxième semaine du Carême

 

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Lundi

François et Bernard, les pionniers

 

Bernard, attiré par son enseignement et sa vie, est le premier disciple de François. Après avoir prié pour connaître de quelle manière ils doivent vivre, ils ouvrent par trois fois (en l'honneur de la Sainte Trinité) les Evangiles. Trois passages leur indiquent la voie à suivre : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres », « Ne prenez rien pour la route », et « Si quelqu'un veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive » (Matthieu 19, 21 ; Luc 9, 3 ; Matthieu 16, 24). « Voilà notre vie, voilà notre règle et celle de tous ceux qui voudraient venir avec nous ».

 

À l'école de Saint François

 

« La règle de vie des Frères Mineurs est la suivante : observer le saint Evangile de notre Seigneur Jésus-Christ, en vivant dans l'obéissance, sans avoir rien en propre et dans la chasteté. Le frère François promet obéissance et respect au Seigneur Pape Honorius et à ses successeurs canoniquement élus, et à l'Eglise romaine. Les autres frères sont tenus d'obéir au frère François et à ses successeurs ». (François d'Assise, Deuxième Règle 1).

Parole de Dieu : « Éloigne de moi mensonge et fausseté, ne me donne ni pauvreté ni richesse, accorde-moi seulement ma part de pain ». (Proverbes 30, 8).

 

Dans ma vie

 

Si je comprends le message de l’Église, je crois qu'être riche n'est pas bon, qu'il faut absolument être pauvre. Le péché n'est pas dans la richesse (« Si vous amassez des richesses, n'y mettez pas votre cœur » (Psaume 61, 11), mais dans l'orgueil : penser que tout est à moi, gagné par la seule force. Gardons à l'esprit que tout est grâce, don de Dieu. Ainsi le partage sera plus aisé ! Il y aura toujours des riches et des pauvres ! En disciples du Christ, mettons de l'amour dans ce monde en ne gardant pas les biens pour nous-mêmes. Plus il y aura de chrétiens riches, plus il y aura de partage des richesses !

Effet de conversion : Riche ou pauvre, je peux et dois partager si je me mets à la suite du Christ. Que représentent 10% de mon salaire ? J'y réfléchis sérieusement et je prévois de faire un don dès aujourd'hui ?

 

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Mardi

François à Rome

 

Ils sont maintenant douze Frères. François, souhaitant alors la reconnaissance de l’Église, part avec des disciples à Rome rencontrer le Pape Innocent III. La première rencontre est impromptue, dans les jardins du Latran : le Souverain Pontife renvoie l'inconnu (François) qui tente de l'aborder. Suite à un songe, il le fait chercher dans toute la ville. François présente un projet. Un cardinal l'appuie : « Soutenir que c'est folie de pratiquer la perfection de l'Evangile, c'est blasphémer contre le Christ ». Le Saint Père adhère, approuve la Règle, appelle François et ses compagnons à prêcher, et les tonsure.

 

À l'école de Saint François

 

« A tous mes frères clercs et laïcs je prescris fermement, en vertu de l'obéissance, de ne faire de gloses ni sur la Règle ni sur ces paroles en disant : Voici comment il faut les comprendre ! Mais de même que le Seigneur m'a donné de dire et d'écrire la Règle et ces paroles purement et simplement, de même vous aussi, simplement et sans glose, vous devez jusqu'à votre dernier jour les comprendre et les mettre en pratique par de saintes actions ». (François d'Assise, Testament).

Parole de Dieu : « Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle ». (Matthieu 16, 18).

 

Dans ma vie

 

Être chrétien, c'est faire partie de l’Église du Christ. Je ne peux pas être chrétien tout seul et je ne peux œuvrer dans l’Église Catholique sans son accord ou sa reconnaissance officielle. Même si cette Eglise semble me décevoir par certains côtés, parce qu'elle est humaine, cela ne remet en cause ni ma Foi, ni ma confiance en Dieu, en l’Église de son Fils et en l'Esprit Saint qui la dirige. Si je ne suis pas toujours d'accord avec ses décisions, ses conseils de vie, je me dis que c'est sûrement parce que je n'ai pas toutes les clés en main. Mais je m'attache à lui rester fidèle et obéissant.

Effet de conversion : Souvent, les propos de l'Evangile sont déformés par ceux qui en parlent. Aujourd'hui je me mets en quête de textes de l’Église à lire pour mieux comprendre son message.

 

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Mercredi

Claire et l'idéal de François

 

Claire entend parler d'un certain François qui s'est converti tout récemment. Il a embrassé la vie religieuse et érigé e idéal évangélique la pauvreté. Il veut ramener dans le monde la perfection évangélique. Ce François prêche à qui veut l'entendre la Bonne Nouvelle de l'Evangile. Claire en est transportée de joie et caresse désormais le doux espoir de rencontrer cet homme qui incarne ce qu'elle recherche, de lui ouvrir son cœur et de partager avec lui le bonheur, déjà palpable ici-bas, de vivre avec et pour le Bon Dieu.

 

À l'école de Sainte Claire

 

« Or, le Fils de Dieu s’est fait lui-même notre Voie et le bienheureux Père saint François, son amant authentique et son imitateur, nous l’a montrée et enseignée par sa parole et par ses exemples. Nous devons donc (...), considérer les immenses bienfaits dont Dieu nous a comblées, mais surtout ceux dont il a daigné nous favoriser par l’intermédiaire de son serviteur (...) François, non seulement après notre entrée au monastère mais lors même que nous étions encore dans les vanités du monde ». (Claire d'Assise, Testament 2-3).

Parole de Dieu : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père ». (Jean 14, 6-7).

 

Dans ma vie

 

Il n'y a pourtant qu'une seule digne d'être suivie : Jésus. Je peux avoir mes préférences pour les célébrations (lieu, prêtre...), mais cela ne doit pas entraver mon amour du Christ, et surtout, cela ne doit pas empêcher mon rendez-vous amoureux dominical avec celui qui s'est donné sans compter pour me montrer qu'il m'aime et me sauver. Un prêtre que j'apprécie, même le plus fidèle à l’Église et l'Evangile, ne remplacera jamais Jésus, mais me conduira à lui. C'est Jésus que je dois suivre... dans l’Église ! Claire l'a compris : elle suit le Christ en se mettant à la suite de François.

Effet de conversion : Je me penche aujourd'hui sur mon amour de l'Eucharistie. Je me mets en condition pour voir en le Prêtre un instrument et ne regarder que Jésus au cours des messes auxquelles je participe.

 

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Jeudi

François : l'Ordre naissant

 

La vie des Frères est travail, dénuement, prière intérieure... Pauvreté de leur prière : le crucifix est leur livre, puisqu'ils n'en ont pas ! François apprend à ses Frères à louer Dieu en sa création, à respecter les Prêtres et prier pour eux... Devant chaque calvaire ou église, on prie un pater suivi de : « Nous vous bénissons parce que vous avez racheté le monde pas votre Sainte Croix ». Les Frères s'installent définitivement à la Portioncule où laïcs (célibataires ou mariés) et clercs les rejoignent, formant les deux premières branches de l'Ordre.

 

À l'école de Saint François

 

« Le Seigneur m'a donné et me donne encore, à cause de leur caractère sacerdotal, une si grande foi aux prêtres qui vivent selon la règle de la sainte Église romaine, que, même s'ils me persécutaient, c'est à eux malgré tout que je veux avoir recours (…). Je veux les respecter, les aimer et les honorer comme mes seigneurs. Je ne veux pas considérer en eux le péché ; car c'est le Fils de Dieu que je discerne en eux (…) ». (François d'Assise, Testament).

Parole de Dieu : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés ». (Matthieu 6, 7).

 

Dans ma vie

 

Le Prêtre est à l'image du Christ... comme tout baptisé, pour autant qu'il s'en donne ma peine. Je ne respecte pas davantage le Prêtre que les autres parce qu'il est Prêtre ! Je le respecte comme tout être humain, et parce qu'il a donné sa vie à Dieu dans le Sacerdoce... tout comme moi je l'ai donnée à Dieu dans mon état de vie. Chaque vocation est sacrée, belle et nécessaire : des prêtres pour les Sacrements, des religieux et consacrés pour la prière interrompue et des familles pour la vie chrétienne dans le monde ainsi que le renouvellement des générations.

Effet de conversion : Je prie pour un Prêtre, pour mon évêque et pour le Pape François. J'offre pour eux un petit sacrifice, une privation...

 

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Vendredi

Claire rencontre le Poverello

 

Claire aspire à réunir d'autour d'elle des jeunes filles vierges afin de poursuivre son idéal évangélique. En 1210, vers l'âge de 16 ans, un matin de Carême, elle entend François prêcher. Le feu de ses paroles embrase le cœur de Claire. Elle n'y tient plus et parvient à le rencontrer, lui exposant son projet de vie : abandonner le monde et servir Dieu dans la chasteté. Tout à sa joie d'entendre le récit d'une telle vocation, François décide néanmoins d'éprouver Claire : elle devra se revêtir d'un sac et parcourir la ville en mendiant son pain. De bonne grâce, elle s'exécute.

 

À l'école de Sainte Claire

 

« Après que le très haut Père des cieux eut daigné, par sa bonté et par sa grâce, projeter en mon cœur ses lumières et m’inspirer de faire pénitence selon l’exemple et l’enseignement de notre bienheureux Père François (c’était peu de temps après sa propre conversion), accompagnée des quelques sœurs que le Seigneur m’avait données dès le début de ma vie pour Dieu, je fis volontairement le vœu d’obéissance entre ses mains ». (Claire d'Assise, Testament 7).

Parole de Dieu : « Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Luc 1, 38).

 

Dans ma vie

 

Dans l'esprit de beaucoup il est important de laisser une trace en ce monde, d'avoir une descendance. Certaines civilisation considèrent que les enfants permettent à l'âme de leurs ancêtres de continuer à vivre en eux. Une espèce de vie éternelle en quelque sorte. Mais je dois ne poser la question de ce qui est est pérenne, de ce qui porte du fruit, de ce que sont la paternité et la maternité. La création seule est appelée à être pérenne en Dieu. Ce qui donne du fruit, c'est le don de soi, de sa vie, intégralement. Être père ou mère, c'est amener des enfants au Dieu d'amour.

Effet de conversion : Suis-je prêt à me donner librement pour ceux que j'aime, pour Jésus ? Je commence à me mettre dans cet état d'esprit : dès que quelqu'un m'appelle, j'abandonne toute activité personnelle et me mets à son service.

 

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Samedi

Les vœux de Claire

 

Devant l'insistance de Claire, François lui propose de venir le soir du Dimanche des Rameaux 1212 à la Portioncule (à 4 km d'Assise). Entouré de ses compagnons Frères Mineurs, et après qu'elle a revêtu l'habit religieux, la ceinture faite d'une grosse corde et le voile blanc et noir fait de tissu rude et grossier posé sur ses cheveux fraîchement coupé, il reçoit les vœux de celle qui se donne à Dieu. Devant l'Autel de Notre Dame des Anges, Claire s'offre à la pauvreté, la chasteté, l'obéissance et la clôture perpétuelle. François la conduit chez les Bénédictines du monastère de Saint Paul.

 

À l'école de Saint François

 

« Puisque, par inspiration de Dieu, vous avez voulu devenir filles et servantes du très haut et souverain Roi, le Père des cieux, et puisque vous vous êtes données comme épouses à l'Esprit-Saint, je veux, et j'en prends l'engagement, avoir toujours, par moi-même et par mes frères, pour vous comme pour eux, un soin attentif et une affection toute spéciale ». (François d'Assise, écrits pour les Soeurs de Sainte Claire).

Parole de Dieu : « Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » (Luc 19, 5).

 

Dans ma vie

 

Claire, François... et bien d'autres après eux ont trouvé leur vocation et ont dit oui. Cette acceptation a aussi donné lieu à des renoncements : une situation sociale, un bien-être matériel, etc. Sans pour autant faire un choix aussi radical que le leur, je dois bien prendre conscience que « choisir, c'est mourir ». En effet, toute décision en faveur que quelque chose est forcément l'abandon d'autre chose. Comme le dit le dicton populaire : « On ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre ! » D'où l'importance d'un bon discernement en toutes choses.

Effet de conversion : Je décide aujourd'hui de faire preuve de sagesse en ne prenant pas de décision hâtive. Je prie l'Esprit-Saint de m'éclairer en tout.

 

Texte extrait du hors série de Parole et Prière « Mon Carême avec Saint François et Sainte Claire d'Assise », publié en 2016

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8 mars 2017

Le Mois du Coeur Agonisant de Jésus

Le Mois du Cœur agonisant de Jésus

Père Blot

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 Vingt-deuxième jour

Le Cœur agonisant

 

Pour la fête de l'oraison de Notre Seigneur sur le mont des Oliviers, l'introït de la messe commence ainsi : « Cor meum conturbatum est in me, mon Cœur s'est troublé en moi, et la crainte de la mort est tombée sur moi » (Psaume 37, 11). C'est donc spécialement au Cœur, que se rapportent les souffrances de Jésus agonisant.

 

Méditation

 

I. Le Cœur du bon Maître endura seul des souffrances plus nombreuses et plus acerbes, que toutes les autres parties de son corps prises ensemble ; l'état de ce Cœur adorable, livré à toutes les sévérités de la justice divine, était bien plus lamentable que l'état de ce corps mortel, déchiré par la cruauté des bourreaux ; la passion intérieure fut plus poignante que la passion extérieure. Voyez ce Cœur délaissé, abandonné de tous, chargé de tous les péchés des hommes. Il est réduit à dire au Père céleste : « Vous avez détourné de moi votre face, et j'en suis tout troublé » (Psaume 19, 8). Dieu semble en effet s'être éloigné, il livre à lui-même ce Cœur innocent devenu victime pour nous, il ne lui donne ni vues, ni lumières, ni goûts. Tout rebute ce pauvre Cœur, tout contribue à lui faire sentir le poids de sa peine. En quel abattement il tombe ! Quel ennui le saisit et le désole ! Quelles sombres réflexions l'inquiètent et le tourmentent ! Il a beau prier, le ciel est fermé pour lui ; la nature et les sens ne cessent de lui dire : « Où donc est ton Dieu ? » (Psaume 41, 4). Il éprouve toutes les agonies, il ressent toutes les souffrances morales, pour nous aider à les sanctifier. Hâtons-nous donc de prendre tous ses sentiments. Il faut que le Cœur agonisant du divin Maître batte en quelque sorte dans mon cœur affligé, pour que je participe à sa soumission, à son énergie, à son dévouement. Cœur admirable, soyez mon modèle, mon amour et mon soutien !...

II. Jésus s'était séparé de la plus grande partie de ses amis, et de sa Mère elle-même, en quittant le cénacle ; il s'était séparé de huit apôtres, en entrant dans Gethsémani ; enfin dans le jardin, il se sépare des trois disciples qu'il aime le plus. Ils s'endorment, pendant que Judas veille pour le trahir, et que nous veillons tous pour l'offenser. Nos péchés sans nombre, de hideux fantômes, de cruels démons peuplent seuls sa solitude. Son Cœur devient le confluent de toutes les souffrances, à cause des iniquités qui débordent de tous nos cœurs. Dans le Cœur agonisant du Sauveur tombent tous les crimes du monde, comme les fleuves entrent dans la mer avec la fange qu'ils charrient : de là des tristesses, des angoisses, des agitations, des tempêtes excitées parla colère même de Dieu irrité contre nous. Ah ! que ne puis-je arrêter le torrent de nos iniquités ? D'où vient que je le grossis encore par mes propres péchés ?...

III. De ce même Cœur, de cet océan de douleur et d'amour, sortent des gémissements, des prières, des actes répétés de résignation, des vapeurs sanglantes qui forment des nuages bienfaisants, pour répandre au loin une rosée salutaire. Par un flux et reflux continuel de miséricorde et d'expiation, il bat tous les rivages, il atteint tous nos cœurs, durs, secs, froids, stériles et insensibles comme des rochers ; puis il se replie sur lui-même, en soupirant, mais pour nous bénir encore et préparer notre salut. Voilà jusqu'où va sa douleur, voilà jusqu'où va sa bonté, dans le plus complet isolement. Pauvre Cœur abandonné, votre agonie n'a plus de bornes., et vos souffrances sont sans mesure. L'infinité de nos péchés vous accable, et notre ingratitude y met le comble en vous délaissant. Moi, du moins, je vous tiendrai compagnie, j'essuierai votre sueur, je m'unirai à votre prière, je partagerai vos afflictions et vos peines...

Lisez dans l'Agonie de Jésus, liv. I, ch. VIII, Jésus agonisant chef des pénitents.

 

Pratique : Résignons-nous à être, autant qu'il plaira au Seigneur, dans le trouble, dans l'inquiétude, dans la tristesse, dans la crainte, dans le dégoût et l'ennui. Ne cherchons pas à échapper à l'agonie du cœur par l'acceptation de l'agonie, en imitant ces âmes égoïstes qui veulent trouver dans leur résignation même quelque goût ou plaisir spirituelle calme, la paix, le contentement. Travaillons avec zèle à l'extension de l'archiconfrérie et de la communauté du Cœur agonisant.

 

Exemple

 

On obtient chaque jour de très nombreuses conversions, en invoquant le Cœur agonisant de Jésus, en plaçant son image dans la chambre du malade, sa médaille sur la poitrine ou sous l'oreiller du moribond. Dans presque tous les hôpitaux tenus par des religieuses on pourrait dire, comme les religieuses de Saint Alexis de Limoges : « Depuis que nous ayons embrassé la dévotion au Cœur agonisant de Jésus et au Cœur compatissant de Marie, elle a été une source de grâces précieuses et abondantes, d'abord pour nous-mêmes, ensuite pour les pauvres malades de notre vaste hôpital, que nous n'avons plus la douleur de voir mourir sans recevoir les derniers sacrements. Avons-nous affaire aux âmes les plus endurcies, dès que nous implorons pour elles les Cœurs sacrés de Jésus et de Marie, nous sommes exaucées ». On obtient de même des guérisons. Le 26 mai 1872, on écrivait de Lavaur (Tarn) : « Marie Cany, épouse de Jean Raynaud, en proie à d'atroces souffrances et abandonnée des médecins, appliqua une médaille, le 7au matin, sur le point le plus douloureux. Aussitôt la douleur se calma, et à deux heures le bien était complet ; il s'est maintenu. Nous espérons que cette faveur excitera de plus en plus la dévotion au Cœur agonisant, et ranimera le zèle des associés ». La pieuse médaille préserva de la mort un grand nombre de soldats, durant la guerre de1870-1871.

 

Vingt-troisième jour

Agonisons avec Jésus

 

De la grotte de l'agonie, l'Homme-Dieu nous dit : « Mon Cœur n'a attendu que des outrages et de la misère, improperium expectavit Cor meura et miseriam. J'ai été dans l'attente de quelqu'un qui s'affligerait avec moi, et il n'y en a point eu ; j'ai espéré des consolateurs, et je n'en ai point trouvé » (Psaume 78, 21). Voulons-nous le consoler ? Partageons ses souffrances et son agonie, avant de partager sa gloire et sa couronne (Romains 8, 17).

 

Méditation

 

I. La première manière d'agoniser avec le Sauveur, c'est de souffrir avec lui. Mais qui se présente pour partager l'état de Jésus agonisant dans Gethsémani ? Qui veut éprouver comme lui la crainte, l'ennui, le dégoût, la tristesse mortelle ? Qui veut suer sang et eau ? Qui se plaît à rencontrer un Judas parmi ses amis ? Qui est heureux d'adresser au Seigneur de longues prières, sans les voir exaucées ? Il est surtout un trait que nous n'imitons guère : c'étaient les péchés des hommes qui mettaient Jésus à l'agonie. Or, nous n'avons aucun empressement à partager cette agonie de douleur et de confusion, pour nos propres péchés, moins encore pour les péchés des autres. Il faut ordinairement que Dieu frappe à coups redoublés, que son bras s'appesantisse sur nous, pour que nous nous décidions à expier nos fautes ; encore nous bornons-nous alors à faire des afflictions qui nous sont envoyées une salutaire expiation. Mais nous n'allons pas au-devant, comme le divin Maître, comme les religieux pénitents ou contemplatifs qui embrassent volontairement un genre de vie, qu'ils savent être la plus large participation aux agonies du Sauveur. Quand donc serons-nous les compagnons de Jésus dans ses humiliations et ses souffrances !...

II. Une autre manière de lui tenir compagnie, d'agoniser avec lui, c'est d'avoir patience avec nous-mêmes, c'est de nous résigner aux tourments que nous causent notre imagination et notre sensibilité. N'est-ce pas exprès, tout exprès, que le Fils de Dieu a voulu s'abandonner à l'excès de sa sensibilité, comme aux sombres prévisions de son imagination ? A-t-il donc failli ? Non, il nous a sauvés par ces souffrances intérieures recherchées à dessein, autant que par les tortures extérieures infligées par ses bourreaux. Réduit à l'agonie par la vivacité de son imagination qui prévient les événements, et par la sensibilité de son Cœur qui aime éperdument des ennemis, il console et rassure ces âmes pieuses, qui s'entendent reprocher souvent de porter dans leur cœur la cause de leurs afflictions. Et ne portons-nous pas dans notre corps la cause de nos maladies ? Nos infirmités corporelles n'en peuvent pas moins être très-méritoires, si nous savons faire de nécessité vertu. Lors donc qu'une âme est torturée par la prévision ou l'exagération de ses maux, par l'excès de sa délicatesse ou de sa sensibilité, qu'elle laisse mille personnes la charger de reproches ou de mépris, et qu'elle considère Jésus-Christ seul en son agonie. Jésus lui reste, et c'est assez ; car il lui reste avec la force, avec la lumière, avec la consolation de ses souffrances et de ses exemples

III. Une troisième manière d'agoniser avec le Sauveur, c'est d'endurer comme lui notre dernière agonie, c'est de prier, d'agir, de souffrir pour sanctifier l'agonie des autres. Qu'elles sont affreuses les angoisses des pauvres moribonds, lorsque le remords de la conscience, la crainte du jugement qui s'approche et l'incertitude du salut éternel se réunissent, pour remplir leur âme de trouble et de frayeur ! L'enfer, qui n'a plus qu'un peu de temps (Apocalypse 12,1 2), redouble sa rage et fait un effort suprême, pour saisir au passage cette proie qui va lui échapper. Pour ce dernier combat, le démon qui d'ordinaire tendait des embûches à l'âme durant son pèlerinage, ne se contente pas de venir seul à la charge, mais il appelle à son aide des légions innombrables d'esprits infernaux. L'Église a donc bien raison de convoquer ses fidèles et ses ministres, d'appeler même les anges du ciel, auprès du plus humble agonisant qui va quitter la terre, pour opposer les saintes phalanges de la lumière et de l'amour aux infernales phalanges des ténèbres et de la haine. Secondons-nous de tous nos efforts les pieux desseins de notre mère ? Invoquons-nous Jésus agonisant pour chaque moribond, comme fait le prêtre qui l'assiste ?...

Lisez dans l'Agonie de Jésus, liv. I, ch. VII, Jésus agonisant, soutien des affligés.

 

Pratique : Laissons le Seigneur nous immoler en paix et sans bruit, sur le calvaire du cœur ou dans le jardin de l'agonie. Confortons les affligés, comme l'ange consolateur conforta Jésus. Engageons les cœurs qui souffrent à recourir au Cœur agonisant du divin Maître, pour qu'il sanctifie leur agonie par l'exemple et le mérite de la sienne. Prions tous les jours pour les mourants.

 

Exemple

 

On raconte de saint André Avellin, qu'au moment de sa mort son lit fut entouré de milliers de démons, et que pendant son agonie il eut un combat si terrible à soutenir contre l'enfer, que tous les religieux qui l'assistaient en furent saisis d'épouvante. On vit le visage du saint se décomposer, et prendre une couleur livide ; il tremblait de tous ses membres ; les larmes coulaient de ses yeux en abondance : autant d'indices du violent assaut qu'il avait à repousser. Un pareil spectacle arrachait des pleurs à tous les assistants : chacun redoublait de prières, chacun tremblait pour soi en voyant qu'un saint mourait de la sorte. Une seule chose consolait ces religieux ; c'était que le moribond tournait souvent ses regards vers une image de la très sainte Vierge, comme pour demander du secours. On se souvenait qu'il avait dit plus d'une fois, durant sa vie, que Marie serait son refuge à l'heure de la mort : « Ora pro nobis, in hora mortis ». Ce fait est cité par Saint Alphonse de Liguori.

 

Vingt-quatrième jour

La sueur sanglante

 

Durant son agonie et sa longue prière, Jésus sua du sang, sudor ejus sicut guttœ sanguinis decurrentis in terram (Luc 22, 44). Le sang et la sueur ordinaire ayant paru presque en même temps sur son corps, le sang s'y figea bientôt, et fut entraîné jus- qu'à terre par la fluidité de la sueur, qui lui servait comme de véhicule ; ou bien la sueur de sang étant très abondante coula jusqu'à terre, aidée à prendre ce cours par l'humidité que la sueur laissa sur la peau.

 

Méditation

 

I. Le péché se forme dans le cœur, avant de se consommer à l'extérieur par l'action, et il consiste dans la détermination de la volonté, plutôt que dans l'acte matériel. Il faut donc que le pécheur, avant d'offrir à Dieu le sacrifice de son corps au moyen de la satisfaction, lui offre le sacrifice de son cœur au moyen de la contrition. Caution des pécheurs, Jésus allait offrir le sacrifice de son corps sur le Calvaire, en satisfaisant surabondamment à la justice divine ; mais il commence par offrir, au jardin des Oliviers, le sacrifice de son Cœur par une indicible contrition. Sur le Calvaire la présence des bourreaux, faisant violence au Sauveur, empêchera les Juifs de croire que cette mort sanglante soit libre et volontaire du côté de la victime. Mais au jardin, la sueur de sang met en évidence cette liberté du sacrifice, qui importe tant à notre salut. Ici point de tourments ni de coups ; aucune blessure extérieure ne force le sang à jaillir des veines. Ici le Fis de Dieu, tout à la fois prêtre, autel et victime, ouvre lui-même, par son propre vouloir, ses veines sacrées. Profitons-nous aussi de notre liberté, pour multiplier nos sacrifices, les rendre plus saints et plus complets ?...

II. Quel supplice ne cause pas à toutes les parties du corps de Jésus agonisant, la rupture subite de tant de fibres délicates, dont le moindre dérangement nous cause de si excessives douleurs ! Mon sacrifice serait imparfait, disait le Fils de Dieu, s'il n'était celui d'un esprit abattu et d'un cœur brisé, spiritus contribulatus, cor contritum (Psaume 50, 19). Et mon âme, plus excellente que mon corps, doit être plus accablée par la crainte et la douleur, que mon corps ne le sera par les coups redoublés qui tomberont sur lui. Je ne trouve donc maintenant d'autre consolation que de consentir à m'affliger, puisque vous voulez que je souffre, ô mon Père ! Cette nuit est pour moi aussi douloureuse que le sera ma croix. Tous mes os sont comme arrachés de leur place, tous mes nerfs sont mis à la torture, mon Cœur est devenu semblable à la cire qui se fond (Psaume 21, 15), et mes artères sont agitées par un mouvement si violent, qu'elles s'entr'ouvrent et répandent du sang par tous mes pores. Avons-nous souffert, avons-nous combattu, avons-nous seulement résisté jusqu'au sang ?...

III. J'ai foulé le pressoir, avait dit le Sauveur par la bouche du prophète, je l'ai même foulé seul, car personne n'était avec moi, et mon vêtement a été couvert de sang (Isaïe 63, 3). Dans Gethsémani, qui signifie pressoir, sa chair a été foulée comme sous un pressoir, et le sang en est sorti, comme le suc sort du raisin en rougissant les habits de ceux qui le pressent. C'était Jésus lui-même qui, sans le secours d'aucun bourreau, pressait ainsi sa chair très sainte pour en exprimer le sang. Il pouvait dire : « Aucun homme de cœur n'est avec moi », car aucun gentil, aucun juif ne partageait son agonie, ne le soutenait dans cette lutte, n'essuyait sa sueur. Exposé à cette juste colère de Dieu, qui est comparée à un pressoir (Apocalypse 19, 15), et pour ainsi dire vendangé par le Seigneur (Thren. 1, 12) en punition de nos crimes, le Cœur du bon Maître ressemblait à un raisin foulé avec violence sous le pressoir, pour qu'un vin généreux en jaillisse de toutes parts. Jésus, c'est moi qui ai mis votre Cœur sous le pressoir pour en faire jaillir le sang. Puisse une goutte de ce sang tomber sur mon cœur refroidi, pour l'animer, l'échauffer, et le rendre tout brûlant du feu sacré de votre amour !...

Lisez dans l'Agonie de Jésus, liv. XI, ch. X, Fins et significations de la sueur de sang.

 

Pratique : Voulons-nous satisfaire à Dieu pour nos péchés ? Prenons pour modèle Jésus suant sang et eau, et implorons son secours. Mon Sauveur, qui avez sué volontairement du sang pour moi, changez la délicatesse de mon cœur en un vif désir de souffrir quelque chose pour vous.

 

Exemple

 

Sainte Madeleine de Pazzi éprouvait une indicible compassion pour le Sauveur en sa sueur de sang. Un jour, dans une extase, l'ayant vu tout sanglant au jardin des Oliviers, elle en conçut tant de douleur que de moment en moment elle tombait par terre, comme si elle eût été morte. Puis poussant les soupirs les plus enflammés, elle s'écria : « Mon Jésus, vous avez sué du sang ! Ah ! que ne puis-je enchaîner toutes les volontés des créatures, et les amener à vous !... Je ne puis plus, ô mon amour, vous appeler le plus beau des enfants des hommes, comme faisait le prophète (Psaume 44, 3), puisque je vois tout votre visage plein de sang. Tous vos apôtres dorment ; je m'étonne qu'ils ne se lèvent pas pour considérer votre face ensanglantée... » La sainte voyait tomber des gouttes de sang du visage de Jésus-Christ jusqu'à terre ; elle s'écriait avec une grande stupeur : « Il sue du sang ! mon amour, ne suffit-il pas que vous suiez du sang de tous les membres de votre corps ? Faut-il encore que je vous voie répandre par vos yeux des gouttes de sang, au lieu de larmes ? mon amour, que n'ai-je été moi-même la terre qui recevait ce sang !... Oh ! Si je pouvais recevoir quelques gouttes de votre sang, qui sont comme autant de rubis précieux tombant sur la terre ! Oh ! Si mon cœur était cette terre qui les reçoit, qu'il serait riche, qu'il serait heureux ! Il aurait en lui-même un trésor suffisant pour acheter mille mondes ».

 

Vingt-cinquième jour

Le sommeil

 

Durant sa prière, Jésus agonisant se leva plusieurs fois pour visiter ses apôtres privilégiés ; mais il les trouva toujours dormants, invenit eos dormientes (Matthieu 26, 40). Combien ce lâche sommeil fut poignant pour le Cœur du bon Maître ! Combien notre cœur à nous-mêmes ne souffre-t-il pas du sommeil ou de l'indifférence de nos amis, pendant que le vent de l'adversité souffle sur nous !

 

Méditation

 

I. Dans le présent Jésus lisait l'avenir, et il se disait : Ce sommeil de mes disciples m'est plus dur que la cruauté de mes bourreaux. Je vois que mon corps mystique, par la somnolence de mes pontifes et de mes prêtres, sera dans la suite assailli et maltraité, autant de fois que les successeurs des apôtres les imiteront dans leur sommeil, plus que dans leur courage. On verra dans les champs de l'Évangile, ensemencés par ma parole, arrosés par mon sang, croître les germes funestes de l'ivraie ou de la zizanie, les doctrines licencieuses, les hérésies manifestes, parce que mes apôtres dorment et que leurs successeurs dormiront encore. On verra les églises non respectées, les sacrements non fréquentés, les autels sans ornements, les mœurs sans pureté, la religion sans prestige,parce que mes apôtres dorment et que leurs successeurs dormiront encore. Ah ! mon Cœur en éprouve une agonie de tristesse et de dégoût ! Ne contribuons-nous point a endormir dans la tiédeur et la mollesse quelques âmes, des fidèles et même des prêtres ?...

II. Le sommeil de nos amis était aussi représenté dans le sommeil des amis de Jésus. Quel désappointement cruel pour nous, quand nous sommes forcés, durant nos épreuves, de comparer nos amis à ces oiseaux de passage, qui ne s'arrêtent en nos climats qu'autant que l'air en est doux et tempéré, et qui s'envolent aussitôt que l'hiver approche ! Alors notre sensibilité se retourne contre elle-même, et le développement qu'elle avait acquis par l'amitié, ne sert plus qu'à augmenter notre tourment. Heureux, mille fois heureux, Seigneur, l'homme qui tend vers vous les bras de son affection, et qui met en vous seul tout son amour, toute sa confiance ! Car vous seul peuplez réellement pour lui toutes les solitudes, vous seul ne lui manquez jamais, vous seul lui êtes un appui toujours prêt et toujours puissant, vous seul faites refleurir pour lui les sentiers de la vie, vous seul lui ouvrez à la mort les portes du ciel. Vous seul, ô Dieu fait homme, Jésus agonisant, victime du sommeil de vos amis, vous êtes pour nous un ami qui jamais ne sommeille réellement...

III. Dieu lui-même semble dormir quelquefois à notre égard : sommeil apparent, mais néanmoins douloureux pour nous, qui nous écrions alors avec David : Quare obdormis, Domine ? pourquoi dormez-vous, Seigneur ? Pourquoi oubliez-vous notre indigence et notre tribulation ? (Psaume 43, 23-26) ? Il nous répond : « Je dors, mais mon Cœur veille, Cor meum vigilat » (Cantique 5, 2). Mon sommeil ne ressemble-t-il pas à celui d'une mère, auprès du berceau de son enfant ? Lors même que ses sens paraissent le plus endormis, son cœur veille, et le moindre cri poussé par l'objet de son amour, la retrouve prête à lui prodiguer ses soins. Ainsi, malgré mon sommeil apparent sous le voile des espèces sacramentelles, mon Cœur eucharistique est toujours veillant et priant pour vous. Oui, mon Dieu, vous êtes l'ami qui veille pour les amis mêmes qui s'endorment ; vous êtes celui qu'au sortir de leur sommeil, interrompu parle malheur, ils trouvent toujours prêt à leur prodiguer ses conseils, ses secours et son sang. Ai-je recouru à ce Cœur divin qui veille nuit et jour près de moi, toutes les fois que je me suis senti malheureux et délaissé ?...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. IX, ch.I, Le sommeil de nos amis.

 

Pratique : Rougissons d'abandonner nos amis dans le malheur, ou de nous montrer indifférents à leurs souffrances. Si nous sommes nous-mêmes abandonnés de nos amis, ne nous en plaignons qu'à Dieu, et versons toutes les tristesses de notre cœur dans le Cœur agonisant ou dans le Cœur eucharistique de Jésus, en attendant de lui seul notre meilleure consolation.

 

Exemple

 

Saint Jean Eudes, fondateur des prêtres de Jésus et Marie, et des Religieuses de Notre-Dame de charité, vit ses meilleurs amis s'éloigner de lui, tant sa réputation fut attaquée par d'atroces calomnies. Ceux mêmes qui l'avaient exhorté à entreprendre l'établissement de sa Congrégation, l'abandonnèrent dans le malheur, à l'exception de trois; la reine-mère refusa de l'admettre à se justifier ; le vertueux baron de Renty fut lui-même ébranlé. Mais le P. Eudes ne se montra jamais plus tranquille et plus satisfait, que lorsqu'on le traita plus indignement. Un jour, dans les rues de Caen, une femme applaudie par la populace le chargea des injures les plus grossières. Il ne songea seulement pas à se dérober aux insultes, et on ne s'aperçut qu'il avait senti cette brutalité, que lorsqu'étant rentré au séminaire il dit à celui qui l'accompagnait : « Allons, mon frère, allons remercier Notre-Seigneur de la grâce qu'il nous a faite, de vouloir bien partager avec nous ses humiliations ». Dans ce même temps il écrivit : « Où trouvera-t-on un ami fidèle ? C'est la chose du monde la plus facile. Aimons Jésus fils de Marie, et Marie mère de Jésus ; mettons toute notre confiance en eux, et ils feront paraître leur puissance et leur bonté ». Ces deux amis célestes lui ramenèrent, en effet, la confiance et l'estime de tous, avec le succès de ses œuvres.

 

Vingt-sixième jour

Le réveil

 

Les deux premières fois que le Sauveur visita ses apôtres endormis, il leur adressa des reproches pour les réveiller : « Est-ce donc ainsi que vous tenez vos promesses ? Quoi ! vous n'avez pu veiller une heure avec moi ! » Mais dans la troisième visite il leur dit : « Dormez maintenant et reposez-vous » (Marc 14, 41). Néanmoins il ajouta aussitôt : « C'est assez, levez-vous ! »

 

Méditation

 

I. Le bon Maître réveille ou corrige ceux qu'il aime le plus parmi ses disciples, et c'est même au premier d'entre eux qu'il adresse d'abord ses reproches : « Simon, dormis ! Simon, tu dors ! » (Marc 14, 37). Il avait plus promis que les autres, il était leur chef ; n'était-il pas plus obligé à veiller ? Pour qu'il sente mieux sa faute, il reçoit ici le nom du vieil homme, le nom de l'humble et obscur pêcheur, Simon ; il ne reçoit pas du tout le nom de l'homme nouveau, du pontife suprême, du fondement de l'Église, Pierre. De même après notre conversion, après des jours de ferveur, si nous commençons à nous endormir, la voix de notre conscience nous adresse de légers reproches, et nous rappelle aussi notre humiliant passé. L'écoutons-nous ? Secouons-nous notre torpeur ?...

II. Jésus agonisant dit ensuite aux trois apôtres ensemble : « Sic non potuistis una hora vigilare mecun ? Ainsi vous n'avez pu veiller une heure avec moi ? » (Matthieu 26, 40). Ainsi se rapporte à ce que tous avaient dit après leur chef : « Quand même il me faudrait mourir avec vous, je ne vous nierai point » (Matthieu 26, 35). Voilà donc, leur dit le Sauveur, voilà donc comme vous êtes préparés à mourir avec moi, vous qui n'avez pas même pu veiller avec moi pendant une heure ! Une heure signifie ici un moment, par une figure dont le Maître se sert, pour faire ressortir toute la négligence de ses disciples. Par sa brièveté ce reproche unit la force à la douceur. Avec moi rend le reproche plus grave Jésus veillait lui-même, il veillait pour ses disciples, il veillait en présence de ses disciples, il gardait ses disciples comme un père garde ses petits enfants, comme un pasteur arde ses timides brebis : les trois disciples n'avaient donc point à s'effrayer de leur solitude, et, sous les yeux du divin Maître, leur indolence ou leur lâcheté devenait moins excusable et plus honteuse. Nous-mêmes nous ne sommes jamais seuls, le Seigneur est toujours avec nous, comme le prêtre nous le souhaite et l'affirme souvent. Dominus vobiscum ! Pourquoi donc sommes-nous si facilement découragés, abattus ?...

III. Les apôtres préférés, et pourtant si faibles, fie savaient que répondre aux justes reproches que le Fils de Dieu leur adressait, ignorabant quid responderent ei (Marc 14, 40). Les yeux de leur âme étaient appesantis, comme ceux de leur corps, leur intelligence était elle-même obscurcie par la sensualité, par le péché. L'ignorance est un sommeil. L'ignorance volontaire, causée par la paresse de l'esprit, est parfois en nous un sommeil coupable, dont nous rendrons un compte sévère. Les disciples écoutèrent avec une humble confusion les reproches du Maître, et ne cherchèrent point à se justifier. Ce silence est digne d'éloges : l'imitons-nous, nous qui sommes toujours si prompts à trouver des excuses ? Mais ils n'en retombèrent pas moins dans le sommeil : combien nous aussi nous profitons peu des avertissements qui nous sont donnés ! Combien nous restons endormis au service de Dieu !...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. IX. ch. IV, Le repos permis.

 

Pratique : Réveillons-nous à l'approche du carême, et par nos prières, nos actes, nos exemples, faisons en sorte que la sainte parole réveille les âmes endormies. Venons nous-mêmes toujours, et amenons les autres au pied de la chaire de vérité, afin de produire cette édification du nombre, qui est un réveil et un entraînement pour toute une paroisse.

 

Exemples

 

Dans l'histoire des Saints, on voit quelles admirables industries le Seigneur leur inspire pour réveiller les âmes. Saint François-Xavier, après avoir vainement exhorté un grand pécheur à se confesser, l'invite à faire avec lui une promenade sur une montagne voisine. Dès qu'ils sont seuls et à l'écart, l'apôtre saisit des chardons, s'en fait une discipline, se dépouille et se frappe rudement, en répétant à son compagnon : « C'est pour vous, c'est pour apaiser la colère de Dieu qui va tomber sur vous ! » Le sang qui sort des épaules de l'innocent rejaillit sur le coupable ; vaincu par un tel exemple de charité, le pécheur tombe aux pieds du saint, se confesse et se corrige.

Du vivant de saint Ignace, un Frère de la Compagnie de Jésus, fort tenté sur sa vocation, résolut de quitter Dieu pour retourner au monde. Le saint fondateur, ayant découvert que la cause de ce trouble venait d'un péché dont ce Frère ne voulait pas se confesser, alla le trouver et lui raconta toute sa vie passée, combien il avait été acharné au faux amour des créatures, afin de lui ôter la honte, et de lui donner une meilleure impression de la miséricorde divine. Heureux l'homme qui, dans la voix terrible des révolutions et des malheurs publics ou privés, reconnaît la voix du divin Maître lui donnant une leçon sur la vanité des choses humaines, pour le réveiller de son assoupissement et rattacher on cœur à Dieu !

 

Vingt-septième jour

N'entrons pas dans la tentation

 

Aux reproches, Notre-Seigneur ajouta un précieux conseil : « Veillez et priez, dit-il aux trois apôtres, afin que vous n'entriez point en tentation » (Marc 14, 38). De quelle tentation parle-t-il ? de toute tentation, principalement de la tentation de l'abandonner lui-même, comme les apôtres vont le faire dans sa passion, parce qu'ils n'ont ni assez veillé ni assez prié.

 

Méditation

 

I. Nous sommes tous éprouvés par quelque espèce de tentation. L'Homme-Dieu fut tenté, et sa tentation s'étend à tous les chrétiens ; elle se fit sentir aux apôtres et se fait sentir à chacun de nous, elle se fera sentir à ceux qui viendront après nous. Aussi ne dit-il pas : « Veillez et priez pour n'être point tentés » ; il dit seulement : « Veillez et priez pour ne pas entrer dans la tentation, ut non intretis in tentationem » (Matthieu 26, 41), pour n'être pas vaincus par la tentation, pour qu'elle ne vous prenne ni ne vous retienne dans ses filets. Nous ne pouvons pas empêcher le démon de nous tendre des pièges, des filets, des embûches, mais nous pouvons ne jamais y tomber ; nous sommes tentés malgré nous, mais nous n'entrons dans la tentation que de notre gré. Tenons-nous donc sur nos gardes, et prévoyons le danger, l'occasion, la tentation, pour n'y pas entrer...

II. Qu'est-ce que d'entrer dans la tentation ? C'est entrer dans les sentiments qu'elle suggère, en suivre l'attrait, en subir la violence ; c'est entrer dans le courant de nos passions, et nous laisser entraîner ou submerger. Entrer en tentation, c'est appliquer notre esprit à ce qui nous est subitement suggéré de mauvais, c'est nous en occuper. On veut voir ce que c'est, on s'entretient quelque temps avec le serpent, on ne veut pas le chasser sans savoir ce qu'il dit, et l'on pénètre ainsi plus ou moins rapidement dans la tentation, où l'on ne tardera pas à périr. Car toutes les tentations ont un commencement, qui mène fort loin quand il est négligé. Mais il serait aisément vaincu, si on ne lui laissait pas le temps de se fortifier, soit par une espèce d'engourdissement et de paresse, soit par une mauvaise curiosité, soit par une présomption téméraire. Nous entrons d'autres fois dans la tentation par plaisir ou par faiblesse, parce que nous négligeons la prière, et que nous nous laissons amorcer par le moindre appât, comme le poisson qui entre dans le filet ou mord à l'hameçon. N'est-ce point là l'explication de nos chutes ?...

III. En disant tous les jours à Dieu : « Et ne nos inducas in tentationem, ne nous induisez point en tentation, ne nous laissez pas succomber à la tentation (Matthieu 6 , 13), nous ne refusons pas d'être tentés, nous demandons la force de résister aux tentations, une force qui soit proportionnée au péril. Nous prions notre Père céleste de régler tellement, à notre égard, tous les événements dont il est le maître absolu, qu'aucun ne devienne pour nous une tentation trop forte, subite ou imprévue. Nous demandons qu'il nous inspire la vigilance et la fidélité, pour réprimer les plus légers commencements de la séduction ou de la crainte ; nous demandons qu'il fasse cesser la tentation, avant que notre patience et notre fermeté soient abattues. Si néanmoins nos tentations se multiplient, tâchons de nous en consoler et de nous en réjouir. Comme la fumée précède le feu, la tentation précède la gloire : et comme l'or s'épure dans le creuset, l'homme se perfectionne dans les épreuves. Ne nous laissons-nous point aller, au contraire, à la tristesse et au découragement ?...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. XI, ch. IX, N'entrez pas dans la tentation.

 

Pratique : Pour ne point entrer dans la tentation ou pour en sortir victorieux, veillons par la pratique des bonnes œuvres, prions par la fréquentation des sacrements. Augmentons même souvent alors nos charités, nos oraisons et nos austérités. Pour faire de toutes nos tentations autant de sources de grâces, demandons instamment à Dieu la prudence et le courage.

 

Exemple

 

Au temps de saint Vincent de Paul, un célèbre docteur en théologie fut soumis à une terrible épreuve. Son esprit s'obscurcit, sa foi s'ébranla, la prière sur ses lèvres se changea en blasphème, et le désespoir lui soufflait de continuelles tentations de suicide. Après de vains efforts pour le guérir, Vincent s'offrit à Dieu en victime, et consentit à prendre sur lui la tentation du docteur. Cet héroïque sacrifice fut accepté dans toute son étendue. Pendant que la lumière, l'espérance et l'amour affluaient dans l'âme du docteur, le saint était cruellement tenté, malgré ses larmes et ses bonnes œuvres. Alors il écrivit son Credo, et l'appliqua comme un remède sur son cœur. Puis, il convint avec Dieu que sa main, posée sur ce papier, serait un désaveu de la tentation et un acte de foi. De plus, il se fit une loi de contredire en tout les suggestions de l'ennemi, dans ses pensées, ses paroles et ses actes, s'appliquant à suivre toujours l'esprit de foi, à ne proférer que son langage, et à ne produire que les œuvres de la divine charité. Ce fut alors qu'il multiplia ses visites et ses services dans les hôpitaux. Cependant trois ou quatre années se passèrent dans ce rude exercice, et la tentation durait toujours. Dieu voulait encore quelque chose de son serviteur. Un jour qu'il était plus désolé que de coutume, il tomba à genoux et voua a vie à Jésus Christ dans la personne des pauvres. Il se releva libre et consacré apôtre de la charité.

 

Vingt-huitième jour

Promptitude et faiblesse

 

En recommandant la vigilance et la prière, Jésus en donna ce motif : « Spiritus quidem promptus est, caro autem infirma » (Matthieu 26, 41), parce que l'esprit est prompt à s'élever vers l'avenir, et à former de beaux projets, mais la chair est faible à les réaliser, et à tenir nos meilleures résolutions. Une trop grande confiance dans la promptitude de l'esprit, doit nous faire craindre d'autant plus la faiblesse de la chair.

 

Méditation

 

I. Le Verbe incarné, pendant sa vie mortelle, avait eu la promptitude de l'esprit, et il avait vivement désiré sa passion ; mais à peine l'heure de souffrir est-elle venue, qu'il éprouve la faiblesse de la chair et tombe en agonie. De même nous concevons dans la joie, mais nous enfantons dans la douleur, et peut-être ne participons-nous jamais mieux à l'agonie du Sauveur, qu'au moment d'accomplir, comme lui, ce qui doit contribuer à la gloire de Dieu et au salut des âmes. Si notre esprit est généreux, comme le sien, à vouloir ce qui est saint et utile, prompt à trouver les moyens de le faire, notre chair est faible dans l'exécution ; elle sent la peine et la fatigue, elle nous force à dire quelquefois : ah ! Qu'il en coûte pour faire le bien ! Sommes nous alors courageux, comme Jésus, pour aller au-devant des difficultés ?...

II. Les apôtres avaient prouvé la promptitude de leur esprit, quand ils avaient dit : « Nous mourrons avec vous » (Marc 14, 31) ; maintenant ils prouvent l'infirmité de leur chair, en se livrant au sommeil précurseur du renoncement ou de l'abandon. Nous-mêmes ne prouvons-nous pas cette promptitude de l'esprit dans les moments de ferveur ? par exemple, lorsque, dans la joie d'une première communion, nous renouvelons nos promesses du baptême ? Mais vienne l'adversité, vienne la tentation, nous ne montrons plus que la faiblesse de la chair. Cette promptitude et cette faiblesse, en un même sujet, nous causent parfois une sorte d'agonie. L'agonie est un abaissement de la vie : notre vie ne s'abaisse-t-elle pas par la faiblesse de la chair ? L'agonie est un combat : le combat, ne se ranime-t-il pas en nous par la promptitude de l'esprit ? Chacun de nous peut dire : Il y a deux hommes en moi, l'homme de l'esprit et l'homme de la chair ; et ces deux hommes se font souvent la guerre. Puisse cette lutte intérieure m'apprendre à être plus indulgent pour le prochain, plus miséricordieux dans mes jugements !...

III. Le tour de phrase dont se servit le divin Maître, attirait l'attention de ses disciples sur la faiblesse de là chair, plus que sur la promptitude de l'esprit, et la leur présentait comme ce qui les exposait le plus à entrer dans la tentation ; car l'esprit est prompt à la vérité, mais la chair est bien faible. Saint Paul insistera aussi davantage sur cette infirmité de la partie animale de notre être, puisqu'il en gémira souvent dans ses épîtres. Le principal motif de cette insistance est, sans doute, que la faiblesse de la chair n'est pas une simple absence de forces, quelque chose de purement négatif, mais une résistance positive à l'esprit par la violence des désirs contraires. Cette faiblesse de la chair n'est point semblable à la débilité d'un malade ou d'un enfant, qui n'est capable d'aucun effort ; on doit la comparer à la résistance d'un homme sain et robuste, d'un athlète ferme et vigoureux, combattant contre un autre qui prétend l'assujettir. Que faisons-nous pour diminuer cette résistance de la chair aux mouvements de l'esprit ? Nous imposons-nous des privations ou quelques macérations, comme le grand apôtre qui châtiait son corps pour le réduire en servitude (1 Corinthiens 9, 27) ?...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. IX,ch. XI, Promptitude de l'esprit et faiblesse de la chair en nous-mêmes.

 

Pratique : Gardons-nous d'accroître la fragilité de la chair, en prenant les habitudes d'un siècle sensuel, où chacun cherche ses aises et veut trouver partout le confortable. Défions-nous de l'ardeur même de l'esprit, qui peut devenir pour nous un danger, parce qu'elle naît quelquefois de l'orgueil et engendre la présomption. A la mortification unissons toujours l'humilité.

 

Exemple

 

Saint Thomas d'Aquin, à peine âgé de seize ans, s'enfuit de sa famille qui s'opposait à sa résolution d'entrer chez les dominicains. Surpris en route, il fut ramené au château d'Aquin et resserré dans une étroite prison. Une courtisane fut même introduite dans sa chambre. Aussitôt, prenant un tison enflammé, il repousse et poursuit la misérable. Puis, avec le même tison, il trace une croix sur le mur, tombe à genoux et renouvelle le vœu qui le consacrait entièrement au Seigneur. Pendant qu'il priait, un doux sommeil s'empara de lui. Les anges le visitèrent dans cette extase de la virginité, et ceignirent ses reins d'une ceinture, en lui disant : « Nous venons à toi, de la part de Dieu, te conférer le don de virginité perpétuelle ». Le cordon miraculeux que Thomas avait reçu des anges, et qu'il porta jusqu'à la fin de sa vie, fut donné à la maison des dominicains de Verceil, en Piémont. Sur ce modèle furent faits d'autres cordons semblables, qui devinrent la marque distinctive d'une nouvelle association, nommée la Milice Angélique, dont le but était de conserver ou de reconquérir le trésor de la pureté. Cette légion sainte, armée pour le triomphe de l'esprit sur la chair, se répandit avec une merveilleuse rapidité dans toutes les contrées de l'Europe, et s'est perpétuée jusqu'à nos jours. Les riches et les pauvres, les rois et les reines se firent gloire, pendant plus de cinq siècles, de porter le cordon de saint Thomas et de la sainte Vierge ; il devint surtout en usage parmi les étudiants de toutes les universités.

 

Vingt-neuvième jour

Prière répétée

 

Jésus agonisant se tourna trois fois vers son Père pour demander grâce, et trois fois il parut repoussé. Il s'approcha trois fois de ses plus chers disciples, comme pour en recevoir un peu de consolation, et trois fois il les trouva endormis. Comment cette réitération des mêmes efforts, toujours infructueux en apparence, n'aurait-elle pas aggravé l'agonie du chef, puisqu'elle aggrave tous les jours l'agonie des membres, nos luttes et nos souffrances morales ?

 

Méditation

 

I. Le Sauveur au jardin des Olives fit trois fois la même prière, oravit tertio eumdem sermonem dicens (Matthieu 26, 44). Il répéta les mêmes choses, et presque les mêmes paroles. Cette répétition peut se rapporter au transeat, au calice dont il demandait l'éloignement, et dans ce cas l'identité des termes n'excluait point la variété des intentions. Par ce calice, le divin agonisant ne pouvait-il pas indiquer tantôt une chose, tantôt une autre ? Cette répétition peut s'entendre du fiat, c'est-à-dire de la résignation qui, dans l'expression comme dans le sentiment, était générale et s'étendait à tout, mais qui pouvait admettre quelque variété dans les termes : « Que votre volonté soit faite et non la mienne (Luc 22, 42), non ce que je veux, mais ce que vous voulez (Marc 14, 36), comme vous voulez et non pas comme je veux (Matthieu 26, 39). Toutes les prières ne sont-elles pas résumées ou renfermées dans celles-là? Et n'est-ce pas cette partie de sa prière que Notre-Seigneur répéta surtout ? Est-ce aussi ce que nous aimons à répéter le plus, fiat ! Fiât !? D'ordinaire nous ne répétons volontiers que le transeat de la répugnance : loin de moi cette épreuve, loin de moi ce mépris, loin de moi cette douleur ! Notre parfait modèle l'a dit en son agonie, mais en ajoutant chaque fois le fiat de la soumission. L'imitons-nous ?...

II. Cette répétition se rapporte à l'ensemble, et s'entend de toute là prière de Notre-Seigneur. Il la répéta plusieurs fois intégralement, et voulut nous apprendre ainsi à persévérer dans nos demandes, à les renouveler même avec une constance toujours plus grande. Car notre insistance finit par obtenir ce qui pourrait être refusé à notre indignité. Cette importunité réjouit merveilleusement notre Père céleste. S'il diffère de nous accorder ses dons, son motif ordinaire est de nous les faire demander lus souvent et plus instamment. La foi, l'humilité, le respect et la confiance préparent les grâces, mais c'est la persévérance qui nous les obtient. Nous obstinons-nous dans la même prière, dans la même demande ?...

III. Le bon Maître voulait aussi nous montrer qu'une première résignation, une première acceptation du calice, ne suffit pas de notre part, et que nous devons réitérer souvent les protestations de notre obéissance, avec les prières qui peuvent seules nous obtenir cette conformité. Le Fils de Dieu ne s'était-il pas pleinement soumis dès la première fois, et son sacrifice n'avait-il pas été sans réserve ? Cependant il réitère les mêmes instances, pour s'entretenir dans ces heureuses dispositions. Pourquoi donc nous, qui sommes si changeants et si faibles, ne réitérerions- nous pas les mêmes exercices de piété, la méditation, l'examen, la confession, la visite et la communion ? L'Église le fait, comme son divin Époux. C'est la manne qui tombe toujours la même dans le désert de cette vie, mais qui a tous les goûts et toutes les délices (Sagesse 16, 20). Sommes- nous fidèles à la recueillir ?...

 

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. IX, ch. XIV, Répétition des mêmes prières.

 

Pratique : Combattons la paresse de l'esprit, qui met obstacle à notre persévérance dans les mêmes prières, à nos progrès dans l'oraison, à notre perfection dans la vie contemplative. Tenons-nous en garde contre la manie de changer ou de multiplier les pratiques de dévotion, parce qu'elle n'est qu'une pure impatience de notre nature, qui veut toujours courir à cent choses, et qui n'aime rien tant que la nouveauté.

 

Exemple

 

La charité de saint Paul était un vaste et profond océan ; il donnait quelque soulagement à l'impétuosité de ses flots, en multipliant ses prières, en réitérant ses instances pour les enfants d'Israël. Pour eux l'affection de mon cœur, écrivait-il. et pour leur salut ma prière à Dieu (Romains 10, 1).La charité divine fut toujours le foyer du plus ardent patriotisme, et, en vivant ou en mourant pour Jésus-Christ, les saints priaient très souvent pour leur patrie. Ils prient encore pour elle comme pour leur famille, comme pour lEghse, et ils ajoutent à la prière le sacrifice. Pour décider le Seigneur à donner des grâces de choix, les religieuses du Cœur agonisant réitèrent chaque jour leur vœu d'immolation. Il les oblige au jeûne hebdomadaire et cette pratique extérieure de mortification a pour but de leur rappeler abattement corporel, auquel la sueur de sang réduisit le divin Maître. Il les oblige à l'exercice quotidien d'intercession, et cet exercice répond à la prière prolongée que fit l'Homme-Dieu dans le jardin des Oliviers. Quoi de plus éloquent que le cri de miséricorde poussé par toutes ces épouses du Sauveur, qui viennent au pied de l'autel s'associer à son sacrifice, unir leur prière à sa Prière, leur agonie à son agonie ! Des faits nombreux ont prouvé qu'elles obtiennent les grâces variées et puissantes, surtout des pensons inespérées, des conversions sincères, des morts édifiantes. Mais elles laissent à Dieu le soin de révéler ces faits. Leur vif désir est de rester elles-mêmes dans l'ombre et l'oubli, pour mieux imiter Jésus agonisant, dont la prière et le sacrifice sur le mont des Oliviers se firent dans le silence de la nuit.

 

Trentième jour

Les prévisions

 

Après avoir réveillé une troisième fois ses disciples, le divin Maître leur dit : « Il suffit, l'heure est venue, voici que le Fils de l'homme va être livré aux mains des pécheurs, Ecce Filius hominis tradetur. Levez-vous donc et allons. Voici que celui qui va me livrer est proche » (Marc 14, 41-42). Ces mots nous révèlent en Notre Seigneur cette prévision des épreuves, qui est souvent en nous une cause d'agonie, de souffrance, d'accablement.

 

Méditation

 

I. Les dernières paroles de Jésus agonisant à ses trois apôtres préférés, nous apprennent l'efficacité d'une résignation parfaite secondée de la grâce : il n'est rien de si pénible qu'elle ne nous fasse endurer ou entreprendre avec intrépidité ; elle réveille et fortifie toutes les puissances de L'âme. Notre Seigneur avait tremblé, avait été accablé de tristesse, s'était étendu sur la poussière et avait répandu une sueur de sang ; mais depuis qu'il s'est résigné pleinement à la volonté de son Père, il est plein d'ardeur pour affronter les redoutables épreuves qu'il prévoit, et il s'écrie lui-même : « En avant ! Venit hora », voici l'heure attendue depuis tant de siècles, voici l'heure que j'ai toujours regardée depuis le premier instant de ma vie, voici l'heure de ma détention et de votre affranchissement. Voici l'heure d'offrir aux hommes un suprême exemple de courage et de force, afin que, dans les occasions où ils se verront assaillis de difficultés, ils se souviennent de moi et surmontent tout généreusement, comme ils m'auront vu faire. Et pour qui va-t-il le faire ? pour qui court-il au-devant des souffrances prévues ? pour des indifférents, pour des ingrats, pour ses bourreaux eux-mêmes. Le Cœur agonisant de Jésus est un immense brasier d'amour ; le vent de l'ingratitude en rend la flamme plus vive et plus ardente. Ah ! Je veux en approcher mon cœur, pour qu'il s'embrase aussi et lui devienne semblable...

II. Les pécheurs désignés par la parole de Notre-Seigneur, in manus peccatorum, sont les Romains idolâtres, les Juifs déicides et Judas le traître. Cette connaissance anticipée de la trahison, de l'arrestation, de tous les détails de la passion, rendit plus douloureuse pour son Cœur toute sa vie mortelle, et en particulier son agonie. Dès son entrée en ce monde, il était homme pour sentir cette peine dans toute son étendue, et Dieu pour la prévoir dans toutes ses circonstances. Durant la passion, il y eut peu d'intervalle entre les différents supplices, à peine lui donnait-on le loisir de respirer ; néanmoins il ne les souffrit pas tous à la fois, au lieu qu'au jardin ces maux vinrent en foule assaillir son âme désolée : elle découvrit d'une seule vue toute cette longue et tragique histoire. Or tel qui pourrait résister en détail à tous ces malheurs, est accablé par la multitude. Le Sauveur fut d'abord abattu, mais avec quelle énergie il se releva ! Ainsi la grâce corrige et complète la prévision naturelle, qui souvent exagère les maux à venir, et nous abat plus qu'elle ne nous relève ; la grâce en fait la prévoyance chrétienne, qui prie avec Jésus, se mortifie avec Jésus, et se relève avec Jésus en face des difficultés réelles, pour les affronter de grand cœur...

III. Notre âme a deux facultés qui multiplient pour nous les douleurs et les épreuves. La mémoire et la prévoyance ne sont-elles pas en nous comme deux échos, qui répètent tous les sons lamentables, ou comme deux miroirs qui réfléchissent toutes les images sombres et attristantes ? Nous oublions plus facilement nos joies que nos douleurs, et nous sommes plus prompts à prévoir la peine que le plaisir. Cette prévision nous sert-elle toujours à augmenter nos mérites, en multipliant nos actes de résignation ? C'était dans sa prière que le Fils de Dieu prévoyait et acceptait toutes ses épreuves ; le temps de nos exercices de piété n'est il pas aussi le plus favorable à la prévoyance, et à l'acceptation de nos croix ? L'oraison du matin et la retraite annuelle sont des actes de prévoyance pour toute une journée, pour toute une année. La vie spirituelle est une continuelle prévoyance, et les saints furent les plus prévoyants de tous les hommes. Sous ce rapport, sommes-nous les enfants des saints ?...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. XI, ch. I, Prévoir les épreuves.

 

Pratique : Étendons notre prévoyance jusqu'au dernier instant de notre vie, afin que la mort ne puisse nous surprendre, quand même elle serait subite. Propageons la confrérie de la Bonne-Mort, et les associations de prières pour les défunts. Si nous le pouvons, consacrons un jour par mois à l'exercice de la préparation à la mort.

 

Exemple

 

Mademoiselle de Saint-Légier de la Sauzaye avait le zèle des malades. Ce fut à leur chevet qu'elle reçut l'inspiration d'établir une œuvre spéciale pour les aider à bien mourir, et pour préparer l'habitation de l'indigent à la visite du suprême consolateur. Bientôt, avec le concours d'une autre pieuse demoiselle, vouée comme elle au service de Notre-Seigneur dans la personne des pauvres, elle fonda l' Œuvre du Saint-Viatique. Elle put en constater les heureux fruits, mais elle mourut avant de la voir érigée en archiconfrérie. Cette érection date du 13 avril 1874, et le siège de l'archiconfrérie est la basilique de Saint Pierre à Saintes (Charente Maritime, France). Les associés commencent par remplir auprès des malades le ministère d'anges de paix, de bon conseil et de pieuse assistance ; ils leur inspirent des sentiments de foi et de confiance en Dieu, ils les disposent à se confesser, puis à communier ; ils ornent la chambre, et y portent toute une petite chapelle. Ils accompagnent le Saint-Viatique, et après que le prêtre s'est retiré ils n'abandonnent pas le mourant : ils l'exhortent à unir ses souffrances à celles du Sauveur, et prient avec lui et pour lui. « Quelle consolation pour le prêtre, écrivait-on, de trouver des chrétiennes au cœur brûlant d'amour pour Jésus, qui mettent leur bonheur à préparer les âmes, et à faire oublier aux pauvres le dénuement de leur mansarde, lorsque Dieu vient les visiter ! Aussi je désire vivement que l'OEuvre s'établisse partout ».

 

Trente-et-unième jour

Le Cœur compatissant de Marie

 

On croit que la Vierge-Mère eut le privilège de savoir ce que son Fils endurait, et d'unir son Cœur compatissant au Cœur agonisant de l'Homme-Dieu. Plusieurs âmes d'élite ont même pensé que Marie fut corporellement présente auprès de Jésus agonisant dans le Jardin, comme elle se tint debout auprès de Jésus mourant sur le Calvaire.

 

Méditation

 

I. La prévoyance avait fait de la vie de la Mère, comme de la vie du Fils, une longue agonie, et tout ce que les prévisions de Jésus avaient de plus douloureux, s'était réfléchi dans les prévisions de Marie, comme dans un miroir fidèle, afin d'augmenter sa participation aux souffrances qui devaient nous sauver. Marie fut ainsi, après Jésus, le plus parfait modèle de la résignation dans la prévoyance, et afin que sa résignation fût plus méritoire, sa prévoyance s'étendait au delà de ses maux personnels, à tous les maux de celui qu'elle aimait plus qu'elle-même. Elle n'aurait pu supporter un tel poids de douleurs, s'il n'avait été tempéré par de fréquentes consolations. Le Cœur agonisant de Jésus appelait donc le Cœur compatissant de Marie, et comme c'est au jardin que l'un fut le plus agonisant, c'est alors que l'autre fut le plus compatissant. L'agonie du Fils causa l'agonie de la Mère, et celle-ci à son tour rendit celle-là plus cruelle. Les honorons-nous toutes deux, par un pieux souvenir et une efficace compassion ?...

II. Pour aller du cénacle au jardin des Oliviers, pour courir à la mort, le Sauveur avait dû s'éloigner de sa Mère ; mais il ne s'en était séparé que de corps : il lui laissa tout entier son Cœur, et demeura toujours avec elle par la pensée et l'affection. L'amour qu'il avait pour sa Mère, fut un clou qui lui perça le Cœur, et l'attacha à une croix intérieure. Il voyait Marie présente à tous les mystères de sa passion, il voyait toutes les plaies de son corps se réunir et se ramasser dans le Cœur virginal de cette Mère bien-aimée : la compassion qu'elle avait ainsi de sa mort, le faisait plus souffrir que sa mort même. Voilà comment, rapprochés par un amour sans bornes, les Cœurs sacrés de Jésus et de Marie s'embrasaient de plus en plus l'un pour l'autre, et leurs flammes en s'unissant rendaient plus ardente la compassion réciproque pour leurs communes douleurs. Chaque coup qui frappait l'un ou l'autre de ces deux Cœurs, loin de trancher le nœud de leur amour, le resserrait davantage. En est-il ainsi de nous ?...

III. Venez donc, ô Marie, venez essuyer la sueur sanglante de Jésus. Et si vous n'avez pas de linge, essuyez, comme Madeleine, avec vos propres cheveux (Luc. vu, 38). Que de fois, lorsqu'il était encore enfant, vous avez essuyé ses larmes, en lui témoignant un souverain respect et une singulière dévotion ! Que de fois, le Cœur débordant de tendresse, vous lui avez donné un baiser ! Ce soir encore essuyez-le, baisez-le ! Non, vous ne pouvez être de corps auprès de lui, vous savez seulement ce qu'il endure dans son agonie. Mais cette connaissance suffit à déchirer votre Cœur, autant que si vous éprouviez vous-même ses angoisses. Votre Cœur est aussi brûlant que s'il était dans une ardente fournaise, et le feu de l'affliction vous pénètre tout entière. Durant cette triste nuit quelles paroles jaillirent de votre Cœur comme des étincelles ! « Ô mon Fils, disiez-vous, qui me fera la grâce de souffrir tous vos tourments, de mourir en votre place ? Ô Jésus, unique consolation de mon Cœur pourquoi ne me permet-on pas du moins de mourir avec vous ?... »N 'oublions-nous point ces gémissements de notre Mère ? (Eccle. 7, 29) Sommes-nous dans les sentiments où était Jésus (Philip, II, 5), où était Marie ?...

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. XII, ch. VI, L'agonie de Marie.

 

Pratique : Imitons Notre-Dame du Mont des Oliviers, et invoquons son Cœur compatissant pour les affligés, les pécheurs et les moribonds. Dans le même but, répandons cette série non interrompue d'hommages, qu'on nomme Supplication perpétuelle au Cœur compatissant de Marie.

 

Exemple

 

Une noble veuve, très-zélée à répandre en Angleterre la dévotion qui nous occupe, offrait à Dieu tous ses efforts comme une prière pour des grâces nouvelles, comme un témoignage de reconnaissance pour les faveurs déjà obtenues. Une de ses parentes, ayant reçu une grande grâce par l'intercession de Notre-Dame des Victoires, voulait envoyer à Paris un riche ex-voto en métal. « N'y dépensez plutôt qu'une somme modique, lui dit la pieuse veuve, et faites offrir beaucoup de messes en action de grâces, en priant les prêtres que vous en chargerez, d'en remettre les mérites aux mains de la très sainte Vierge, pour qu'elle en fasse elle-même l'application aux âmes des agonisants, qui devront ce jour-là paraître devant Dieu. Ces âmes sauvées par la vertu du saint sacrifice, seront un ex-voto vivant et éternel, qui sera plus agréable au Cœur agonisant de Jésus et au Cœur compatissant de Marie ». Ce conseil fut suivi, comme on peut le voir dans les Annales de l'archiconfrérie du très saint et immaculé Cœur de Marie, numéro de décembre 1872. Combien de prêtres et de fidèles reconnaissants voudront aussi contribuer, par l'oblation du sacrifice de la messe, au salut des agonisants de chaque jour ! Les âmes ainsi sauvées deviendront dans le ciel autant d'ex-voto vivants, qui rendront éternellement témoignage de notre gratitude, pour les grâces dont nous sommes comblés ici-bas. Adressons-nous donc au Cœur compatissant de Marie, pour qu'il applique aux moribonds tous nos mérites et les mérites du sang de Jésus-Christ.

 

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4 mars 2017

Le Carême avec Saint François et Sainte Claire d'Assise

Le Carême avec Saint François et Sainte Claire d'Assise

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Premier Dimanche du Carême

 

Méditation

D'un François à l'autre...

 

La vocation de garder, cependant, ne nous concerne pas seulement nous les chrétiens (…). C’est le fait de garder la création tout entière, la beauté de la création, comme il nous est dit dans le Livre de la Genèse et comme nous l’a montré saint François d’Assise : c’est le fait d’avoir du respect pour toute créature de Dieu et pour l’environnement dans lequel nous vivons. C’est le fait de garder les gens, d’avoir soin de tous, de chaque personne, avec amour, spécialement des enfants, des personnes âgées, de celles qui sont plus fragiles et qui souvent sont dans la périphérie de notre cœur. C’est d’avoir soin l’un de l’autre dans la famille : les époux se gardent réciproquement, puis comme parents ils prennent soin des enfants et avec le temps aussi les enfants deviennent gardiens des parents. C’est le fait de vivre avec sincérité les amitiés, qui sont une garde réciproque dans la confiance, dans le respect et dans le bien. Au fond, tout est confié à la garde de l’homme, et c’est une responsabilité qui nous concerne tous. Soyez des gardiens des dons de Dieu ! Et quand l’homme manque à cette responsabilité, quand nous ne prenons pas soin de la création et des frères, alors la destruction trouve une place et le cœur s’endurcit. (Pape François : Homélie de la messe d'inauguration du Pontificat, 19 mars 2013, solennité de Saint Joseph).

 

Première semaine du Carême

 

3 Francis Kisses the Leper

Lundi

Début de la conversion de François

 

La conversion de François commence à s'opérer : prière, souci du pauvre, mépris des choses terrestres. Le lépreux ne l'effraie plus : il descend de cheval pour subvenir à ses besoins et le soigner. Il se détache des obligations requises par son travail après de son père et vient même à distribuer les biens paternels au tout-venant. Tandis qu'il demande des lumières sur sa vocation à son Père des Cieux, son père terrestre est fou de rage. Une vision du Christ en croix transforme François et il ne peut plus penser à la Passion sans verser de larmes.

 

À l'école de Saint François

 

« Voici comment le Seigneur me donna, à moi frère François, la grâce de commencer à faire pénitence. Au temps où j'étais encore dans les péchés, la vue des lépreux m'était insupportable. Mais le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux; je les soignai de tout mon cœur ; et au retour, ce qui m'avait semblé si amer s'était changé pour moi en douceur pour l'esprit et pour le corps. Ensuite j'attendis peu, et je dis adieu au monde ». (François d'Assise, Testament 1-3).

Parole de Dieu : « Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». (Matthieu 16, 24).

 

Dans ma vie

 

La maladie fait peur. Bien souvent, au jour de l'An, on entend : « Bonne année ! Et surtout, bonne santé ! La santé c'est le plus important ! » C'est vrai qu'il est plus confortable d'être en bonne santé, de « mourir en bonne santé » ! Et l'hôpital aussi me fait peur ! Tous ces gens malades, toutes ces personnes âgées dans les maisons de retraites, les unités Long Séjour... Je redoute même d'aller voir cette grand-mère ou ce grand-père, ce grand-oncle... C'est trop difficile ! Pourtant, ça ne me prendrait qu'un peu de temps, alors que lui restera après ma visite, dans ces murs (in)hospitaliers !

Effet de conversion : Je prends la ferme résolution de rendre visite à quelqu'un de ma famille dans un hôpital, une maison de retraite... Je peux aussi prendre contact pour rejoindre une équipe de visiteurs hospitaliers.

 

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Mardi

Claire et le mariage

 

De noble condition, très logiquement, les parents de Claire souhaitent lui trouver de préférence une alliance intéressante pour la famille. Beauté, intelligence, grâce, sagesse, douceur, discrétion, humilité... sont autant de qualités qui feront d'elles une épouse parfaite, tenant dignement son rang, et que le mari sera fier d'exhiber, tel un joyau, à son bras lors des réceptions mondaines. Son papa décédé, toute la famille s'attelle à lui faire accepter une des nombreuses demandes en mariage. Mais Claire ne s'y résout pas, s'étant déjà donnée exclusivement à Jésus dans la prière.

 

À l'école de Sainte Claire

 

« Alors que vous auriez pu jouir de toutes les flatteries et de tous les honneurs du monde, et accéder même à la plus haute gloire en devenant l'épouse légitime de l'illustre empereur (…) vous avez renoncé à tout et vous avez opté, de tout l'élan de votre âme et de votre cœur, pour la très sainte pauvreté et pour le dénuement ; vous avez choisi un époux de race plus noble encore : notre Seigneur Jésus-Christ, qui gardera pure et intacte votre virginité (...) ». (Claire d'Assise, première lettre à Agnès de Prague 5, 6-7).

Parole de Dieu : « Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises ». (Galates 5, 24).

 

Dans ma vie

 

Pourquoi donc le pouvoir où les places hautes de la société seraient-ils à fuir ? Il faut bien des personnes pour occuper ces postes à responsabilité ! Est-ce vraiment mal d'être l'épouse d'un homme riche ou le mari d'une héritière aisée ? Il y a du mal à tout cela si je ne suis pas capable de rester dans l'amour de Dieu et de mon prochain. Il est évident que les chrétiens doivent eux aussi investir les instances dirigeantes. C'est pour cela qu'existe la Doctrine Sociale de l’Église ! Bien sûr, que je peux être marié(e) à quelqu'un de riche, pourvu que l'amour soit le socle de mon couple.

Effet de conversion : Je prends un temps de réflexion pour regarder si oui ou non, dans mon travail, ma foi est en accord avec mon attitude à l'égard de mes subordonnés. J'étudie les façons de changer d'attitude s'il y a lieu.

 

4 God Speaks to Francis

Mercredi

François le bâtisseur

 

Sorti méditer dans la campagne, les pas de François le portent à l'église délabrée de Saint Damien. Seul, en prière devant le crucifix, il entend : « François, va et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruines ». Il souhaite donc relever ce bâtiment. Il court à Assise, prend des marchandises chez son père et s'empresse de les vendre, de même que son cheval. Il offre ensuite l'argent au prêtre desservant l'église Saint Damien, qui le refuse, mais accepte la proposition de reconstruction. Recherché, François se cache pendant un moi, puis décide d'affronter ses concitoyens et son père qui le frappe et l'enchaîne.

 

À l'école de Saint François

 

« Dieu très haut et glorieux, viens éclairer les ténèbres de mon cœur ; donne-moi une foi droite, une espérance solide et une parfaite charité ; donne-moi de sentir et de connaître, afin que je puisse l’accomplir, ta volonté sainte qui ne saurait m’égarer. Amen ». (François d'Assise, prière devant le Crucifix).

Parole de Dieu : « Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres » (Luc 6, 13).

 

Dans ma vie

 

Quelle chance a-t-il ce François ! Le seigneur lui a parlé en direct ! Ainsi sait-il quelle est exactement (ou à peu près...) la volonté de Dieu pour lui. Le résumé de son histoire donne l'impression que François se précipite dès cette convocation divine reçue. Il pourrait tomber dans un piège du démon ! Beaucoup de saints ont eu affaire aux attaques du Malin tentant de les détourner de leur appel en se faisant passer pour Dieu. François est homme de prière. Il est donc plus probable qu'il a discerné en priant et a reçu confirmation d'un appel véritable de Dieu.

Effet de conversion : Pas facile de discerner ! Je peux m'en donner les moyens par la prière, mais surtout en ne restant pas seul : je cherche un accompagnateur spirituel (si possible un prêtre... pour le Sacrement de Réconciliation) qui me suivra dans ma conversion perpétuelle.

 

Basilica sup Assisi Giotto, «La rinuncia agli averi», part

Jeudi

François sous le manteau de l’Église

 

Son père absent, Dame Pica libère François de ses entraves. Il profite de l'aubaine pour retrouver la solitude, bénissant le Seigneur de cette libération salutaire. De retour, son père tente de le ramener à la maison sinon à la raison. La fermeté de François pousse messire Bernardone à traduire don fils au tribunal de l'évêque, afin qu'il renonce à ses droits d'héritier et rende ce qu'il possède encore. François obtempère et rend tout, depuis son bel habit jusqu'aux chausses : le voici nu comme un vert ! Le prélat le couvre de son manteau avant de le vêtir du manteau de bure d'un de ses fermiers, habit de sa nouvelle vie.

 

À l'école de Saint François

 

« O Seigneur, que je ne cherche pas tant d'être consolé que de consoler, d'être compris que de comprendre, d'être aimé que d'aimer. Car c’est en se donnant que l’on reçoit, c’est en oubliant qu’on se retrouve soi-même, c’est en pardonnant que l’on obtient le pardon, c’est en mourant que l’on ressuscite à l'éternelle Vie ». (François d'Assise, Prière pour la paix).

Parole de Dieu : « Quant à eux, quittant le Conseil suprême, ils repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus ». (Actes des Apôtres 5, 41).

 

Dans ma vie

 

Ce passage de la vie de François est tout un symbole : il quitte le monde – celui de l'opulence, des moyens financiers permettant de tout avoir, le monde des excès de la fête, etc. –, il abandonne tous ses biens jusqu'à la moindre parcelle de tissu, pour rejoindre l’Église qui le couvre et le protège – le manteau de l'Evêque représente cette protection – dans sa volonté de changer de vie et de suivre l'Evangile du Christ. Le vieil homme laisse la place au nouveau. François cesse d'avoir raison pour enfin être. Sa conversion, déjà amorcée, entame sa course finale.

Effet de conversion : Mon désir de conversion radicale au Christ (en conservant mon état de vie : il ne s'agit pas de quitter son foyer pour entrer dans les ordres!) ne va pas aussi vite que je le pensais. Je prie avec confiance pour obtenir la grâce de la patience.

 

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Vendredi

François : la conversion définitive

 

François quitte Assise tel un va-nu pieds, mendiant sa subsistance. Il fait l'aumône, est hébergé chez des amis ou dans des monastères, rejoint les lépreux et se met à leur service. Enfin, il s'attache à répondre à l'appel reçu et reconstruit l'église Saint Damien grâce aux dons providentiels. Puis c'est au tour de l'église Saint Pierre à quelques kilomètres de la ville. Enfin, il rebâtit l'église du sanctuaire marial de Sainte Marie des Anges à la Portioncule. Sa dévotion pour la mère du Christ et son respect pour les anges l'incitent à se poser en ce lieu béni. Ces trois année de reconstruction marquent sa conversion définitive.

 

À l'école de Saint François

 

« Salut, Dame sainte, Reine très reine, mère de Dieu, ô Marie, et vierge perpétuellement, choisie par le très saint Père du ciel, consacrée par lui comme un temple avec son Fils bien-aimé et l'Esprit Paraclet ; Vous en qui fut et demeure toute plénitude de grâce et Celui qui est tout bien (...) ». (François d'Assise, Salutations à la Vierge).

Parole de Dieu : « Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment ». (Saint Jean 2, 17).

 

Dans ma vie

 

Les églises tombant en ruine sont encore pléthore aujourd'hui. Comment se motiver à les reconstruire, à les restaurer si c'est pour qu'elles ne soient jamais remplies ? Je ne dois pas perdre espoir et il me faut sans cesse remonter les manches, car le travail ne manque pas. Saint François s'est trompé (mais ne devait-il pas passer par là?) et a confondu église et Eglise. Comme lui je ne dois pas me tromper de combat et revenir à ma mission première de baptisé : construire l’Église du Christ jour après jour en lui « amenant » sans cesse des âmes. Jésus a une grande soif des âmes !

Effet de conversion : Je me décide à proposer mes services à la paroisse, dans la mesure de mes compétences et de mes possibilités, et sans m'imposer. Il y aura toujours une place pour moi : si ce n'est pas maintenant, je dois savoir patienter.

 

23 I Vangeli

Samedi

François et la Volonté de Dieu

 

François prie pour connaître la Volonté de Dieu quant à sa vie. Lors d'une messe pour la fête d'un apôtre (probablement Saint Matthias), François est bouleversé par l'Evangile dans lequel Jésus envoie ses disciples prêcher avec pour consigne : « Ne vous procurez ni or ni argent, ni monnaie de cuivre à mettre dans vos ceintures, ni sac pour la route, ni tenue de rechange, ni sandales, ni bâton ». Rempli de joie il s'écrie : « Voilà ce que toute mon âme désire ! » Il abandonne tout et remplace sa ceinture par une corde. Fort de l'Esprit Saint, François se met en route, prêchant la paix du Christ par monts et par vaux.

 

À l'école de Saint François

 

« Lorsque mes frères vont par le monde, (...) je leur recommande en notre Seigneur Jésus-Christ d'éviter les chicanes et les contestations, de ne point juger les autres. Mais qu'ils soient aimables, apaisants, effacés, doux et humbles, déférents et courtois envers tous dans leurs conversations. (...) En quelque maison qu'ils entrent, qu'ils disent d'abord : Paix à cette maison ! Et, conformément au saint Evangile, qu'il leur soit permis de manger de tout ce qu'on leur présente ». (François d'Assise, Deuxième Règle 3).

Parole de Dieu : En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. » Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » (Luc 57-58).

 

Dans ma vie

 

Partir sans rien, en remettant tout son avenir, sa subsistance quotidienne entre les mains de Dieu, cela peut paraître suicidaire pour certains ! Il y a pourtant dans la Bible de très nombreux exemples de personnes qui reçoivent tout de Dieu, à commencer par le peuple élu, dans le désert... Aujourd'hui encore, des hommes et des femmes vivent de la Providence, et ça marche ! Mais la réussite n'est pas dans l'attentisme. Il est nécessaire de se bouger, d'agir et de mettre Dieu au cours de sa vie et au premier plan de son action : « Aide-toi et le Ciel t'aidera ! ».

Effet de conversion : La Providence intervient dans les besoins vitaux matériels, alimentaires et spirituels. Mais je dois lui laisser la possibilité d'agir. Je cherche comment la laisser œuvrer dans ma vie.

 

Texte extrait du hors série de Parole et Prière « Mon Carême avec Saint François et Sainte Claire d'Assise », publié en 2016

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1 mars 2017

Le Mois du Coeur Agonisant de Jésus

Le Mois du Cœur agonisant de Jésus

Père Blot

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Quinzième jour

La paternité divine

 

Le premier mot de la prière du Sauveur est, Mon Père, Pater mi (Matthieu 26, 39). Ce doux nom de Père excite en Jésus, au milieu même de ses plus poignantes douleurs, une confiance vraiment filiale : il n'hésite pas à se jeter entre les bras de Dieu, tant il est sûr d'en être exaucé comme un fils par un bon père. Pour la manière et la mesure, il s'en repose absolument sur sa providence paternelle.

 

Méditation

 

I. Jamais avant l'ère chrétienne, l'homme malheureux, l'homme suppliant, en s'adressant à la Divinité, n'avait osé lui donner le nom de Père. Mais le Sauveur le lui prodigue, même quand il en est le plus abandonné. Au jardin des Oliviers, il est accablé sous le poids d'une mortelle tristesse, et il dit : « Mon Père, que ce calice passe loin de moi » (Matthieu 26, 39). Sur le Calvaire, il est attaché à la croix, et quelle est sa première parole ? « Père, pardonnez-leur » (Luc 23, 34). Quelle est sa dernière parole ? « Père, je remets mon âme entre vos mains (Luc 23, 46). Voilà cet amour filial qui est le propre de la loi nouvelle. Que d'amour le Cœur agonisant met dans ces deux mots : « Mon Père » ! Que d'amour les saints, au milieu des plus grandes tribulations, n'ont-ils pas mis dans chacune des prières qu'ils faisaient à leur Père céleste ! Quel amour y mettons-nous ?...

II. C'était comme homme que Notre-Seigneur adressait à Dieu une prière proprement dite, et c'était comme homme qu'il disait : « Le Père est plus grand que moi » (Jean 14, 28). Alors le nom de Père désignait la Trinité entière. Mais dans la prière il pouvait désigner seulement la première personne, Jésus pouvait la prier seule, comme nous la prions nous-mêmes souvent, comme nous prions aussi la seconde et la troisième. On peut croire que, durant son agonie, le Sauveur pria tour à tour la Trinité entière et la première personne seulement ; qu'il désignait toute la Trinité, quand il disait simplement : « Père, Pater » ; mais qu'il s'adressait à la première personne, lorsqu'il disait en spécifiant : « Mon Père, Pater mi ». Or, comme les fleuves retournent à l'Océan d'où ils sont sortis, ainsi Jésus agonisant, par le sentiment filial qui correspond à cette double expression, retournait dans le sein de son Père, pour y trouver un abri contre les maux qui le poursuivaient. De même Isaac avait appelé Abraham son père, Pater mi, au moment où il allait être sacrifié par lui (Genèse 22, 7). Est-ce aussi dans le malheur et l'affliction, que nous faisons éclater notre piété filiale envers Dieu ?...

III. Trois témoignages, la soumission, les larmes et la sueur sanglante, se réunissent dans le jardin des Oliviers, pour attester la piété filiale de Jésus, et l'immensité de la douleur à laquelle il s'abandonne, afin de mieux glorifier son Père. Quand Pierre tirera le glaive pour le défendre, il l'arrêtera par ces mots : « Ne boirai-je donc pas le calice que mon Père m'a donné ? » (Jean 18, 11) La souffrance est le don d'un Père, la persécution est une coupe d'honneur, que Jésus nous apprend à recevoir avec reconnaissance et amour. Hélas ! Nous voulons presque toujours un autre calice, que celui qui a été choisi pour nous par notre Père céleste. Nous ne voudrions aucune épreuve, ou du moins nous ne voudrions que celle de notre choix...

 

Lisez dans L'Agonie de Jesus, Liv. VII, ch. V, La paternité de Dieu dans nos épreuves.

 

Pratique : Souffrons patiemment, dans un silence d'adoration, en baisant la main divine et paternelle qui nous frappe. Il faut vingt vertus pour ne point abuser des charmes de la prospérité ; il n'en faut qu'une seule pour profiter des coups de l'adversité, la résignation à la volonté de notre Père qui est dans les cieux.

 

Exemple

 

Dieu prend un soin paternel des innocents persécutés ; sa sollicitude va jusqu'au miracle. Saint Macaire d'Egypte vit un jour se réfugier, dans sa pauvre cellule, un homme accusé de meurtre, et poursuivi par ceux qui avaient ordre de l'arrêter. Le saint demanda où l'on avait enterré le mort, s'y rendit avec les accusateurs, pria quelques instants, puis appela le mort par son nom et lui dit : « Je vous conjure par Jésus-Christ de déclarer si cet homme qu'on accuse, est celui qui vous a ôté la vie ? » Du fond du sépulcre, le mort répondit d'une voix fort intelligible : « Non, ce n'est pas lui qui m'a tué! » Les assistants se jetèrent aux pieds du saint, et l'innocent fut sauvé. Un autre jour, sciant du blé, Macaire. vit une pauvre femme, qui glanait après lui et pleurait continuellement. Il voulut savoir la cause de ses larmes, « On avait confié, dit-elle, un trésor en dépôt à mon mari, et parce qu'il est mort subitement sans dire où il l'avait mis, celui auquel il appartenait veut nous avoir pour esclaves, mes enfants et moi ». Le saint se fait conduire à l'endroit où le mari est enterré, appelle le mort et l'invite à déclarer où est le trésor dont il était dépositaire. « Il est dans ma maison, répond-il, on le trouvera caché au pied du lit ». La veuve l'y trouva en effet, le rendit au créancier et dégagea ses enfants.

 

Seizième jour

Que ce calice passe !

 

Jésus agonisant dit à son divin Père : « Que ce calice passe loin de moi, transeat a me calix iste ! » (Matthieu 26, 39). L'expression de calice est une figure qui désigne les souffrances, les ignominies, toute la passion du Sauveur. Elle paraît empruntée à l'usage de présenter, à tous les convives, une même coupe pleine de vin, dont chacun buvait à son tour.

 

Méditation

 

I. Le pronom démonstratif « iste », employé par les trois évangélistes, prouve que le divin Maître ne refuse pas tous les calices, mais seulement une espèce particulière. Il en repousse un, à cause de ses lamentables conséquences ; mais il en demande tacitement un autre, plus amer peut-être, afin d'opérer un bien plus universel ; il demande à souffrir en lui-même et en nous, dans son corps réel et dans son corps mystique, pour notre plus grand bien, comme pour la plus grande gloire de Dieu. Jusqu'à la fin des temps le calice de l'agonie, le calice de la douleur, fera donc le tour delà table, au banquet de la grâce, et s'arrêtera devant chacun des convives, pour que nous en buvions tous à la ronde. C'est notre Père céleste qui nous le présente, et l'impression des lèvres de Jésus y demeure. Ah ! buvons-en généreusement notre part, à l'exemple des grandes âmes qui se sont enivrées du vin de la croix...

II. Le mot calice signifie parfois un grand bonheur (Psaume 15, 5 ; 22, 5), et il peut désigner ici la coupe désirée par celui qui est prêt à tout souffrir, pour sauver l'objet de son amour. Parce qu'une charité infiniment libre lui faisait prendre notre place, Jésus agonisant regardait comme une coupe délicieuse, comme un calice enivrant, tout ce qu'il lui faudrait souffrir pour nous réconcilier avec son Père. N'avait-il pas déjà exprimé le désir de recevoir au plus tôt le sanglant baptême de sa passion ? (Luc 12, 50) Son amour n'était-il pas le plus cruel et le plus impatient de ses bourreaux ? Trois heures de retardement sont pour le Rédempteur un supplice, tant il est pressé d'accomplir son œuvre. Ah ! S'écrie-t-il, je veux éloigner ce calice en le vidant, en le vidant promptement, en le vidant jusqu'à la lie. Viens vite, ô calice tant désiré, approche-toi de mes lèvres, et passe ensuite rapidement loin de moi ! Avons-nous cette soif de souffrances, pour gagner des âmes à Dieu ?..

III. Quand il considérait notre intérêt, le Sauveur demandait que chacun de nous bût généreusement, après lui, le calice des peines et des afflictions de cette vie. Selon saint Hilaire, il disait : « Que ce calice passe loin de moi, non sans que je le boive, mais après que je l'aurai bu; qu'il soit bu par tous les autres, après avoir été bu par moi ». Que tous les convives assis comme moi au banquet de la douleur, dans la suite des siècles, boivent après moi cette coupe d'honneur avec courage et confiance. Du moins, ô mon Père, pour que les hommes profitent de ma passion, transmettez-leur une partie de mes souffrances, faites que l'horreur que j'ai de leurs péchés passe de mon Cœur innocent dans leurs cœurs coupables, et pour que ce calice leur soit plus salutaire, faites qu'ils le boivent avec moi ! Avons-nous la sainte ambition de souffrir, pour expier nos péchés et les péchés d'autrui ?...

 

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. VII, ch. IX. Le calice d'amertume.

 

Pratique : Nous pouvons conjurer notre Père céleste de faire passer le calice de la mort, loin de ceux dont la vie est précieuse à la famille, à la patrie, à l'Église. Mais prions-le plus encore d'éloigner des âmes qui nous sont chères la mort spirituelle du péché. Imitons ces mères vertueuses qui, à la pensée du péché mortel où leur enfant pouvait tomber, s'écriaient : « Que ce calice d'amertume passe loin de moi ! Mon Dieu, plutôt la mort de mon enfant que la perte de son innocence ! »

 

Exemple

 

Souvent une personne pieuse et dévouée offrit à Dieu sa propre vie, pour la conservation d'une vie qui lui paraissait plus importante ; souvent aussi le Seigneur accepta cette offrande, et réalisa cet échange. Dans la nuit du 23 au 24 décembre 1823, le pape Léon XII était mourant, et venait même de recevoir le saint Viatique. Près de lui se tenait debout le vénérable Vincent Strambi, passionniste, ancien évêque de Macérata et de Tolentino. Il était environ une heure après minuit. Tout à coup ce prélat, inspiré de Dieu, demande au souverain Pontife la permission d'aller offrir le saint sacrifice de la messe, pour le rétablissement de sa santé. Il l'obtient, et en se retirant il dit : « Courage, Saint Père ! Il y a une personne qui présente à Dieu l'immolation de sa vie, pour la conservation de la vôtre ». La messe fut célébrée avec une ferveur, qui toucha profondément les assistants, et Dieu agréa l'offrande de Vincent ; car il rendit presque instantanément la santé à l'auguste malade, au grand étonnement de tous ceux qui se trouvaient présents. Vincent, à quelques jours de là, le 1er janvier 1824, payait son tribut à la mort. Combien de retours à Dieu, à la santé de l'âme, sont dus à l'immolation volontaire d'une personne, qui offre ses larmes et sa vie à cette intention, comme avait fait sans doute la mère de l'enfant prodigue, comme fit Monique pour Augustin !

 

Dix-septième jour

Que Votre Volonté soit faite

 

Notre-Seigneur nous avait appris à dire à notre Père céleste : « Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Matthieu 6, 10). Lui-même nous en donne l'exemple dans son agonie : « Mon Père, s'écrie-t-il, si vous voulez, éloignez de moi ce calice (Luc 22, 42). Mais s'il ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté soit faite, fiat voluntas tua » (Matthieu 26, 42). On ne demande pas que Dieu fasse ce qu'il veut : car qui pourrait s'opposer à lui pour l'empêcher de le faire ? Mais nous demandons sa grâce et son secours, pour faire nous-mêmes ce qu'il veut.

 

Méditation

 

I. La volonté du Seigneur est miséricordieuse : il veut que tous les hommes soient sauvés (1 Timothée 2, 4), il ne veut pas qu'un seul des plus petits périsse (Matthieu 18, 14). Sa volonté réunit toutes les perfections, par conséquent l'amour et la providence qui s'étendent à tout. Elle nous est cachée en certains détails, et suit parfois des routes qui nous paraissent contraires à ce qu'elle prétend, soit afin de ne point nous rebuter dès le commencement, soit afin de nous faire attendre plus patiemment l'issue. Mais soyons convaincus que, tant que nous serons en cette vie, tout ce qui nous arrivera par la volonté ou la permission de Dieu, n'arrivera que pour notre bien, même les persécutions, les injures, la pauvreté ou la maladie. N'est-il pas écrit qu'il fallait que Jésus lui-même souffrît pour entrer dans sa gloire (Luc 24, 26) ? Prenez donc mon cœur, ô mon Dieu, comme vous prîtes le Cœur agonisant de Jésus, pour le presser fortement par diverses épreuves, ainsi qu'un fruit mûr et choisi, afin d'en exprimer le suc délicieux de la résignation !...

II. Le plus souvent, la volonté de Dieu est médiate, se manifeste et nous atteint par des intermédiaires. Comme pour nous donner l'existence et le bonheur, il se sert du ministère des créatures ; de même pour nous envoyer des épreuves, il emploie ordinairement des messagers. Dans le second cas, notre soumission doit descendre à tous ses intermédiaires, comme dans le premier cas notre reconnaissance doit monter jusqu'à lui-même. En se cachant ainsi, il resserre les liens de la société humaine, il rend plus méritoires notre obéissance et notre gratitude, il fait de nos douleurs autant d'acheminements au tombeau. Savons-nous, comme le Verbe fait chair, descendre chaque jour par la soumission, et monter par la reconnaissance ?...

III. Jésus agonisant voit la volonté de son Père jusque dans la volonté de ses ennemis, il étend la volonté de Dieu jusqu'à la volonté des hommes. C'est le traître Judas, c'est le lâche Pilate, ce sont les Juifs, que le Père éternel a chargés d'exécuter sur son Fils incarné les arrêts de sa divine justice. Que votre volonté soit faite signifie donc, dans la bouche du Rédempteur : « Que la volonté de Judas, que la volonté de Pilate, que la volonté de mes persécuteurs et de mes bourreaux soit accomplie ! Que ce qu'ils veulent soit fait, que tout se passe comme ils l'entendent ! » Mon doux Maître, quelle opposition entre ma conduite et la vôtre ! Pour vous soumettre à la mort, aux plus horribles supplices, par amour pour moi, il vous suffit que les plus méchants des hommes le veuillent. Et pour me soumettre au plus petit mal, à la plus faible contrariété, à l'inégalité d'humeur des personnes chères qui vivent avec moi, il ne me suffit pas toujours que Dieu l'ordonne !...

 

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. VIII, chap. IV, La résignation.

 

Pratique : Dans nos souffrances et nos malheurs, ne considérons et n'accusons ni l'avarice de ce parent, ni l'inconstance de cet ami, ni l'infidélité de ce serviteur, ni la méchanceté de ce concurrent. Mais allons jusque dans le sein de la divinité chercher le principe de nos peines. Car, encore que Dieu ne soit pas l'auteur du péché commis dans l'injustice qui nous est faite, il permet et il veut que nous en tirions un grand profit spirituel.

 

Exemples

 

Saint Vincent de Paul, dans toutes ses lettres, ne recommandait rien tant aux supérieurs de sa congrégation que la conformité au bon plaisir de Dieu. Il disait que Notre-Seigneur est une communion continuelle aux âmes vertueuses, qui se tiennent fidèlement et constamment unies à sa très sainte volonté, qui ont un même vouloir et un même non-vouloir avec lui. Il ajoutait que se conformer en toutes choses à la volonté de Dieu, et y prendre tout son plaisir, c'est vivre sur la terre d'une vie tout angélique, et même de la vie de Jésus-Christ.

Un des plus illustres otages de la Commune reconnut et bénit la volonté divine, qui faisait pour lui de la captivité une grâce de conversion. Le président Bonjean se confessa au P. Clerc, jésuite, le jour même où ils furent fusillés ensemble, le 24 mai 1871. Quelques instants auparavant il avait dit : « La crise que nous traversons me rappelle les dangers que j'ai courus sur mer. J'ai vu, dans la violence de la tempête, le gouvernail échapper aux mains du pilote, et le navire se balancer sur les abîmes. La main seule de Dieu le soutenait, et l'empêchait de sombrer. Voilà notre situation pour le moment. Qu'il fait bon alors s'abandonner à la conduite de Dieu, qui dirige tout à sa gloire et pour notre bien ! Comme cette pensée repose le cœur ! Comme elle me console quand je songe à l'affliction de ma famille ! ».

 

Dix-huitième jour

« Non ma volonté »

 

« Non ma volonté, non mea voluntas ! » (Luc 22, 42), s'écrie le Sauveur en sa prière, pour redresser notre volonté trop souvent tortueuse. Il commence par exprimer nos sentiments propres, et finit par nous faire exprimer les siens. En soumettant sa volonté en mon nom, il m'a mérité la grâce de soumettre aussi la mienne et de dire : « Ni ce que je veux, ni comme je veux, mais ce que vous voulez et comme vous voulez, ô mon Père ! »

 

Méditation

 

I. Pendant que la volonté supérieure ou de raison, en Jésus agonisant, adorait la volonté du Père céleste et s'y soumettait sans réserve, la volonté inférieure éprouvait une répugnance extrême à souffrir, parce qu'elle envisageait seulement ce que les souffrances avaient de contraire à la nature. Notre-Seigneur montrait ainsi une certaine volonté particulière d'homme, dans laquelle il figurait la nôtre, parce qu'il est notre chef. De même ses disciples ont parfois une volonté particulière, ils veulent quelque chose qui convient à leur intérêt, à l'affaire du moment. Mais dès qu'ils ont compris et reconnu que Dieu veut autre chose, ils préfèrent à leur volonté, à leurs désirs, à leurs répugnances, la volonté de celui qui est meilleur que nous tous; ils s'empressent de dire : « Non quod ego volo, sed quod tu, non ce que je veux, mais ce que vous voulez » (Marc 16, 36). Avons-nous cet Empressement à préférer la volonté de Dieu à la nôtre ?...

II. Notre-Seigneur s'attristait d'une mort, que Dieu voulait et ordonnait ; néanmoins il ne péchait pas, il ne cessait pas même d'être parfait. En lui, tous les mouvements de la volonté humaine qui ne tendaient pas à ce que Dieu voulait, n'étaient que des velléités ; de même qu'ils ne sont en nous que des velléités, quand nous disons : « Je voudrais bien que tel malheur ne m'arrivât pas, mais que la volonté de Dieu soit faite ! » De telles velléités ne sont pas des péchés, parce qu'elles ne nous font pas sortir du cercle, que le divin vouloir a tracé autour de nous ; on n'en sort, on ne pèche qu'en désirant, parlant ou agissant contre cette auguste volonté, parfaitement connue et déclarée par un précepte. Nous pouvons donc demander à Dieu le retour à la santé pour un malade, le retour à la paix et à la joie pour un affligé. Nous pouvons même faire de ces désirs et de ces prières des actes méritoires, en pratiquant la chanté ou la piété filiale. Il suffit que nous disions alors à notre Père céleste, comme son Verbe fait chair : Pourtant, non comme je veux, mais comme vous voulez, verumtamen non sicut ego volo, sed sicut tu » (Matthieu 26. 39). Le disons-nous sincèrement et du fond du cœur ?...

III. Rien n'est fort comme la volonté de l'homme unie à celle de Dieu. L'Écriture ne dit-elle pas : « Vir obediens loquetur victoriam (Proverbes 21, 28) ? L'homme qui obéit, c'est-à-dire qui soumet et conforme sa volonté à celle de Dieu, aura toujours des victoires à raconter, victoires sur l'enfer et sur le monde, victoires sur la fragilité de la chair et sur la paresse de l'esprit. Mais la volonté n'est jamais qu'avec l'amour, nous voulons ce que nous aimons, ce qui nous fait plaisir, et nous avons ordinairement en horreur ce qui nous cause quelque peine. D'où donc viendra la générosité dans nos actes, et la sublimité dans nos sentiments ? De l'amour de Dieu, et de la soumission à sa très sainte volonté. Le bon Maître souffrait comme le malade, qui consent à être amputé ou brûlé pour guérir, et qui supporte courageusement l'opération, bien qu'il n'aime ni l'amputation ni la brûlure, qu'il en ait même une grande frayeur. Mais Jésus agonisant aurait voulu souffrir plus encore, tant il désirait prouver à son Père son obéissance, et aux hommes son désir de leur salut. De même les martyrs ont souffert contre leur volonté naturelle les douleurs et les tourments ; mais ils étaient heureux de vaincre cette répugnance par amour pour Notre Seigneur, et d'accroître ainsi leurs mérites. Foulons donc aux pieds toutes les répugnances, pour nous soumettre à la volonté de Dieu ; nous nous élèverons plus haut dans la perfection et la félicité...

 

Lisez dans l'Agonie de Jésus, Liv. VIII, ch. V, La conformité.

 

Pratique : Goûtons le repos du cœur, en voulant tout ce que Dieu veut. Tâchons de connaître, en tout ce qui nous regarde, la volonté divine, et d'y conformer la nôtre. Pour nous consoler et nous soutenir dans nos épreuves, disons souvent : « Dieu l'a voulu ! ».

 

Exemples

 

Saint Ignace de Loyola avait un si ardent désir de voir Dieu, qu'il pleurait de joie en pensant à sa mort. « Néanmoins, disait-il, si on me donnait le choix de sortir à l'instant de ce monde, et d'aller au ciel jouir de Dieu, ou de rester sur la terre sans être assuré de persévérer dans la vertu, mais en rendant un service notable à la majesté divine, je préférerais demeurer en cette vie, ne regardant que Dieu, sans me soucier du péril » . Sainte Catherine de Sienne s'écriait : « Seigneur, il serait bon pour moi que tous lussent sauvés, et que moi seule, en gardant toujours votre charité, j'endurasse les peines de l'enfer, parce qu'il y aurait là pour vous un plus grand honneur et une plus grande gloire. Et si, en vous restant unie par l'amour, j'étais placée sur la bouche de l'enfer, pour fermer cet abîme de telle sorte que personne n'y tombât plus, j'en aurais une très-grande joie ». Durant trente-huit ans, pauvre, seule, abandonnée, en proie à toutes les maladies et à toutes les afflictions, sainte Lidwine ne demandait rien à Dieu, si ce n'est qu'il augmentât ses douleurs pour épargner les coupables et les convertir.

 

Dix-neuvième jour

Le Fiat dans le sacrifice

 

Jésus agonisant dit à son divin Père : « Fiat, fiat (Matthieu 26, 42 ; Luc 22, 42). Il avait déjà dit, et chacun de nous peut répéter après lui : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé » (Jean 4, 34). Un fiat sera donc pour les disciples, comme pour le Maître, un aliment aussi délicieux que fortifiant. Il embaume la bouche qui le prononce, il nourrit l'âme qui le médite, il est le pain quotidien de tout cœur qui tend à la perfection.

 

Méditation

 

I. Un seul fiat dans nos peines vaut mieux que mille actions de grâces dans nos joies. C'est le plus grand hommage que nous puissions rendre à Dieu, parce que c'est l'aveu le plus significatif de sa souveraineté sur toutes les créatures. Immoler notre volonté, ce n'est pas seulement un sacrifice plus excellent, parce qu'elle l'emporte en dignité sur notre corps, autant que celui-ci sur les biens extérieurs ; mais c'est encore un sacrifice plus étendu, un sacrifice universel, un holocauste, puisque c'est par la volonté que nous nous servons de tout le reste, et que donner notre volonté c'est tout donner. C'est donner l'écorce, c'est donner la moelle, c'est donner l'arbre entier avec ses fruits ; c'est offrir et sacrifier à Dieu tout ce que nous avons, tout ce que nous sommes. Étendons-nous jusque là notre fiat ?...

II. L'incarnation du Verbe exposait la Vierge-Mère aux plus rudes épreuves. Son fiât généreux l'éleva en dignité, répara la désobéissance d'Eve, et donna au monde un Sauveur. Ce qui nous élève aussi et ce qui nous sauve, c'est le fiât répété dans la souffrance et le sacrifice. Combien de fois même une épreuve, supportée avec résignation, a-t-elle préparé une conversion, enfanté Jésus dans une ou plusieurs âme ? Dans la maladie, nous pensons parfais à ce que nous ferions pour Dieu et pour le prochain, si nous étions en santé. Unissons plutôt nos douleurs aux douleurs de Jésus-Christ, notre volonté à la volonté de Dieu. Cette union vaudra mieux que toutes les mortifications, que toutes les pratiques de piété, que toutes les œuvres de zèle. On ne glorifie jamais plus le Seigneur, qu'en faisant mieux sa volonté. Pour cela même on le sert plus sûrement en souffrant qu'en agissant. En sommes-nous convaincus ?...

III. Aux approches de la mort surtout, un fiat qui l'accepte avec ses rigueurs et ses suites, est l'acte d'une charité très parfaite, qui suffit certainement pour effacer tous les péchés de la vie. et pour mériter la gloire du ciel. Jésus agonisant n'est-il pas le modèle de tous les moribonds ? En éprouvant notre répugnance naturelle à mourir, il voulut la sanctifier ; en la surmontant il voulut nous communiquer sa résignation. Lorsque de pieux moribonds sont tranquilles et souriants en face du trépas, c'est que le Cœur agonisant du bon Maître les fait participer aux merveilleux effets de sa prière et de son fiât. mon Dieu, dès aujourd'hui j'accepte la mort, comme mon Sauveur l'accepta, produisant par sa grâce, et en union avec lui, cet acte d'obéissance entière et de soumission parfaite, dont il me donna l'exemple. Vous me commandez de mourir en punition de mes fautes, j'obéis, je meurs, et je meurs content parce que je meurs obéissant comme mon Jésus....

 

Lisez dans l'Agonie de Jésus, Liv. VIII, ch. VII, Le fiat de l'agonie.

 

Pratique : Ne souhaitons notre sanctification même que dans la mesure de la grâce, que le Seigneur a résolu de nous donner, Faisons plus de cas de son bon plaisir et de sa divine volonté, que de toute la perfection et de toute la sainteté possible. Pour les malades et les mourants que nous visitons, faisons en sorte que le fiât revienne sans cesse dans leur cœur et sur leurs lèvres. Invoquons pour eux le Cœur agonisant de Jésus, et tâchons qu'ils en prennent tous les sentiments.

 

Exemples

 

Saint François de Sales, frappé d'apoplexie et mourant, entendit un religieux lui faire cette question : « Si telle était la volonté de Dieu, ne voudriez-vous pas bien mourir en ce moment ? » « Si Dieu le veut, répondit le saint malade avec un doux sourire, je le veux aussi ». « Monseigneur, lui dit le Père Maniglier, jésuite de ses amis, qui était accouru près de lui dès qu'il avait appris l'accident, dites : Transeat a me calix iste, que ce calice passe à côté de moi sans que je le boive ». « Oh ! Non, répondit-il, il vaut mieux dire : « Mon Dieu, que votre volonté se fasse et non la mienne ».

Le roi Louis XIII, près d'expirer au château de Saint-Germain-en-Laye, demandait à Vincent de Paul quelle était la meilleure manière de se préparer à la mort. « Sire, répondit le saint, c'est d'imiter celle dont Jésus-Christ se prépara à la sienne, et de se soumettre entièrement et parfaitement, comme il fit, à la volonté du Père céleste : Non mea minutas, sed tua fiat ! » « Jésus, reprenait le religieux monarque, je le veux aussi de tout mon cœur. Oui, mon Dieu, je le dis et le veux dire jusqu'au dernier soupir de ma vie : Fiat voluntas tua ! » Puis il parlait gaiement de son dernier voyage. Un de ses médecins lui ayant dit qu'il avait encore tout au plus deux ou trois heures à vivre, le prince joignit les mains, regarda le ciel, et s'écria sans montrer d'altération : « Eh bien, mon Dieu, j'y consens et de bon cœur ».

Le 19 mai 1818, le pape Pie VII accorda une indulgence de cent jours à la récitation de cet acte de conformité une fois le jour : « Fiat, Que la très juste, la très haute et très aimable volonté de Dieu soit faite, louée et éternellement exaltée en toutes choses ».

 

Vingtième jour

L'ange qui fortifie

 

Durant, son oraison, Notre-Seigneur vit un ange du ciel lui apparaître pour le conforter, angélus de cœlo confortans eum (Luc 22, 43). N'est-ce pas aussi durant la prière, n'est-ce pas souvent par le ministère d'un ange, ou d'une âme qui en a l'innocence et la charité, que les fidèles malheureux reçoivent la force et la consolation ?

 

Méditation

 

I. L'Évangile ne dit pas que l'ange ait consolé Jésus ; il dit seulement qu'il le fortifia, confortans eum. Il fut comme l'écuyer céleste du divin chevalier, il l'arma en quelque sorte pour cette lutte, pour ce combat, pour ce duel terrible qui devait se terminer par une complète victoire de la miséricorde et de la vie, par le salut du monde. Nous, hélas nous n'estimons la consolation qu'autant qu'elle peut nous soustraire à la lutte, à la fatigue, à l'ennui, à la douleur, à la croix, à la mort du vieil homme, ou du moins apporter à la partie inférieure un peu d'adoucissement et de relâche. Cœur agonisant de Jésus, apprenez-nous à n'estimer, à ne désirer, à n'accepter que la consolation qui accroît notre patience en proportion de nos épreuves, et qui nous donne des forces nouvelles pour nous préparer à de nouveaux combats !...

II. L'ange ne fortifie pas Notre-Seigneur en lui communiquant quelque vertu, ou quelque force, qui ne fût pas auparavant en lui ; toute la force divine est toujours restée dans le Dieu fait homme. Mais la partie inférieure de l'âme du Sauveur était, dans sa passion, comme abandonnée de la supérieure et privée de ses influences, afin de souffrir tout ce qu'elle pouvait souffrir. C'est pourquoi l'ange le fortifie, en faisant à cette partie inférieure de son âme une vive représentation du grand fruit de sa passion et de son sang, en lui mettant devant les yeux tant d'âmes dont il serait le salut et la vie, en le relevant par là de l'abattement où l'avait mis la vue de tant d'autres âmes, qui rejetteraient le prix de son sang, dont il serait par leur faute la perte et la ruine. L'envoyé céleste l'encourage et le conforte, en lui faisant voir toute la gloire qui suivra sa mort, la conversion des peuples, l'établissement de l'Église, la joie et le courage de tant de millions de martyrs, l'innocence de tant de justes, la pénitence de tant de coupables. Cœur agonisant de mon Sauveur, n'êtes- vous pas en effet consolé et ranimé par la joie, que vos anges eux-mêmes vous témoignent de la conversion des pécheurs ? Et toi, mon âme, pauvre enfant prodigue, par ton retour as-tu consolé ton Sauveur et ton Père ?...

III. Outre les consolations dont le motif nous est personnel, n'y a-t-il pas des consolations dont le motif se puise dans un généreux dévouement ? Un père, à la mort, se console en pensant à l'heureux avenir de ses enfants, lorsqu'il lui est donné de l'entrevoir. Moïse put s'affliger pour lui-même, mais il se réjouit certainement pour son peuple. De même Jésus goûta des consolations vraiment paternelles, pendant que l'ange déroulait devant lui le tableau de l'heureuse et sainte postérité, qui naîtrait de ses souffrances et de sa mort. Le céleste esprit lui montrait les fruits de sa passion, pour lui donner de la force, et non pour lui ôter l'amertume de sa douleur. Une telle consolation suffirait-elle à notre égoïsme ? Sommes-nous réjouis et fortifiés au récit, ou à la vue du bien accompli par d'autres ?...

 

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. X, ch. IV, Les fruits de l'apparition.

 

Pratique : Ne cherchons pas notre consolation dans les nouveautés même pieuses ; mais soyons réservés à l'égard des apparitions et des prophéties, que l'autorité ecclésiastique n'a point encore approuvées. Que Jésus seul soit toujours pour nous l'ange des grandes consolations ; puisons les dans son Cœur agonisant ou dans son Cœur eucharistique.

 

Exemple

 

En l'honneur de l'ange consolateur, les Religieuses du Cœur agonisant ont un exercice spécial, où elles font cette prière : « Jésus, qui avez voulu être triste jusqu'à la mort au jardin des Oliviers, et qui, dans cet excès d'abattement, n'avez pas craint d'être soutenu et fortifié par un ange, ne rejetez pas le faible soulagement que vous offre, avec tout le respect, et tout l'amour dont elle est capable, la plus indigne de vos servantes. Permettez qu'après avoir uni ma prière à votre prière, mon sacrifice à votre sacrifice, pour expier mes ingratitudes et pour sauver les âmes des pauvres mourants, je me joigne, pour vous consoler, à l'auge consolateur de votre agonie. Permettez-moi de rester avec vous dans cette grotte solitaire, d'être témoin de vos angoisses, d'y compatir, de les partager, de boire avec vous jusqu'à la lie le calice d'amertume, que vous envoie votre Père céleste.

Glorieux ministre du Très-Haut, qui avez eu la sublime mission de consoler, de réconforter un Dieu, souffrez qu'avec vous je tienne fidèlement compagnie à mon Sauveur. Ah ! Que ne puis-je comme vous apporter quelque soulagement aux tristesses profondes de sa sainte âme, à l'agonie mortelle de son aimable Cœur ! Donnez-moi votre force, votre courage, votre amour, pour que je puisse prier avec Jésus, souffrir avec Jésus, mourir avec Jésus. Ainsi soit-il ».

 

Vingt-et-unième jour

La crise ou l'agonie

 

Depuis qu'il est au jardin des Oliviers, notre Libérateur n'a cessé de combattre pour nous par la prière et la souffrance. Mais un messager de son divin Père est venu lui montrer les fruits de la victoire : aussitôt il engage la lutte suprême, factus in agonia (Luc 22, 43), et entre dans une agonie qu'on a comparée souvent à une crise.

 

Méditation

 

I. Le mot crise signifie au propre l'effort que fait la nature dans les maladies, effort lui est d'ordinaire indiqué par une sueur ou par quelque autre symptôme, et qui produit un changement subit et marqué en bien ou en mal. Il signifie au figuré le moment périlleux ou décisif d'une affaire, n'est-ce pas ce que nous voyons dans l'Agonie du Sauveur, après qu'un ange est venu le fortifier ? Tous les mouvements des passions contraires, réprimés les uns par les autres, se brisent dans le Cœur agonisant de Jésus, et y font comme une crise d'amour qui lui fait rejeter le sang, que la crainte lui envoie pour le soutenir dans sa défaillance. La sueur de sang fut plutôt une suite de la crise, que la crise elle-même. Ce mot convient d'autant mieux ici, qu'employé seul il est ordinairement pris en bonne part, et restreint à signifier les crises salutaires. Ce n'est pas le Fils de Dieu qui est malade, c'est la pauvre humanité ; mais il daigne éprouver en soi la crise qui doit nous sauver tous. Avons-nous une telle charité ? Au moment décisif, pour assurer une conversion, redoublons-nous nos macérations et nos actes de patience ?...

II. Cette agonie, cette crise était entièrement libre en Jésus-Christ. Nous, nous entrons en agonie sans le vouloir, et c'est à contre-cœur que nous traversons une crise, un temps où la nature va faire effort pour produire un changement, qui sera peut-être notre ruine et notre perte. L'Homme-Dieu ne fut point saisi par l'agonie ; il entra plutôt en agonie, comme le soldat se présente au combat, après l'avoir désirée, après l'avoir cherchée. Tout homme a dans sa vie des moments plus pénibles, des moments plus périlleux, des moments plus décisifs et plus critiques. Quelquefois même, pour que nous ayons une plus grande ressemblance avec Jésus agonisant, le symptôme de cette crise, de cette lutte intérieure, est l'insomnie, l'agitation, la pâleur du visage, la sueur qui coule de tous les membres. Si alors nous ne ressemblons pas au Sauveur par la liberté, ressemblons-lui du moins par l'assiduité à la prière. Il priait davantage, prolixius orabat (Luc. 22, 43) : prolongeons aussi nos prières, aux heures de crise ou d'agonie de l'âme. Le faisons-nous ?...

III. Plus il priait et souffrait librement, plus notre divin Sauveur exprimait vivement et méritoirement en lui notre dernière agonie, cette crise suprême que nous subirons tous, et qu'il voulait tout à la fois adoucir et sanctifier. Comme cette crise est la plus importante, puisqu'elle va décider de notre éternité, c'est elle principalement qu'il veut représenter en soi, de manière à vérifier cette parole de saint Paul : Pour nous tous Jésus a goûté la mort, gustaret mortem (Hebreux, 9). Les autres agonisants, comme si leurs sens étaient déjà morts, ne peuvent plus goûter l'amertume du trépas. Mais au jardin des Oliviers, les sens du divin agonisant étaient pleins de vie, et les facultés de son âme avaient toute la liberté de leur exercice. Voulons-nous comme lui goûter, sentir, savourer toute l'amertume de la souffrance, pour qu'elle soit aux autres plus douce et plus profitable ?..

 

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. XI, ch. V, La crise.

 

Pratique : Pour mener une vie nouvelle, commençons par recevoir un baptême de souffrances, et prenons un bain d'humiliations, un bain de douleurs et d'épreuves. Ayons le courage d'agoniser pour la conversion d'un pécheur, pour la sanctification d'un juste, pour la conservation de la foi dans notre patrie, pour la prospérité de l'Église universelle.

 

Exemples

 

Sainte Madeleine de Pazzi, pour hâter le retour des enfants prodigues, aurait voulu souffrir et ne pas mourir, être immortelle dans la souffrance. Elle demandait instamment les infirmités corporelles les douleurs morales, les persécutions du dehors, et même tous les châtiments que les pécheurs avaient mérités par leurs fautes, sans en excepter toutes les peines du purgatoire. Par zèle pour le salut des âmes, elle s'offrit même à rester en enfer, au milieu des tourments, à la seule condition de ne haïr ni blasphémer jamais la divine majesté. On l'entendit s'écrier : « Quelle souffrance pour moi que de ne pas souffrir ! Je voudrais mourir mille fois dans les tourments, pour donner mille fois ma vie. Que ne puis-je à toute heure et à tout instant endurer le martyre, pour ramener les âmes à leur Créateur ! Mais ce ne serait plus pour moi un martyre, ce serait un paradis. Verbe de Dieu, pourquoi ne me faites-vous pas goûter les peines de l'enfer, afin d'apaiser, au moins en partie, la colère de votre Père ! ».

Sœur Madeleine Orsini trouvant ses tribulations trop longues, Jésus crucifié lui apparut. « Ah ! Lui dit-elle, vous n'avez été que trois heures en croix, tandis que je suis dans la peine depuis plusieurs années ». « Ignorante, repartit le Sauveur, depuis le premier moment de ma conception, je souffris dans mon Cœur tout ce que j'endurai plus tard sur la croix ! ».

 

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