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28 février 2015

Le Mois du Cœur de Saint Joseph

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Le Mois du Cœur de Saint Joseph

Le Cœur de Saint Joseph ouvert à ceux qui l'implorent

 

« Prenez donc Saint Joseph pour le premier de vos patrons, pour le plus intime de vos amis, pour le plus puissant de vos protecteurs » (Jean Gerson)

 

Déclaration de l'auteur

 

En vertu d’un décret du pape Urbain VIII, l'auteur déclare qu'en qualifiant de Bienheureux et même de Saint des personnages non encore reconnus pour tels par le Saint Siège, il ne le fait que pour se conformer à l’usage reçu parmi les fidèles, qui donnent ces titres aux personnes recommandables par leur vertu, et qui après leur mort, ont laissé au monde une grande réputation de sainteté. Ainsi donc, il ne prétend déroger en rien au respect et à la vénération dus aux Souverains Pontifes.

 

Introduction

 

Culte et fête de Saint Joseph

 

La dévotion à Saint Joseph, l'auguste Epoux de la Mère de Dieu, fait tous les jours de nouveaux progrès dans l’Église, comme pour vérifier la prophétie que le patriarche Jacob adressa, sur son lit de mort, au premier Joseph qui était la figure de notre aimable Saint : « Mon fils Joseph croît sans cesse, disait-il; sa gloire et sa puissance vont toujours augmentant ». Les écrivains Joséphistes ont donné divers motifs du silence presque absolu de l’Église sur ce grand Patriarche durant les quatre premiers siècles de l'ère chrétienne. Le vénérable Henri-Marie Boudon, si éclairé des lumières divines, qu’on ose dire qu’elles égalaient celles des Anges, l'attribue à l'amour que saint Joseph eut toujours, quand il vivait en ce monde, pour la vie intérieure et cachée. Il sera tellement caché, dit ce docteur, que, quinze cents ans se passeront, et les hommes penseront à peine à lui. Et pourtant ce Patriarche est le plus grand de tous les Saints, après Marie sa sainte et chère Épouse, et le plus grand ami de Dieu qui fut jamais. D'autres écrivains de grande autorité, veulent que la cause en fût dans la crainte qu’aurait eue l’Eglise en célébrant Saint Joseph, de fournir involontairement aux hérétiques un sujet de calomnies et d’attaques. Ou ce serait parce qu’on le comptait encore parmi les justes de l'ancien Testament, morts avant la promulgation de la nouvelle Loi ; ou que l'on eût appréhendé que sa commémoration trop fréquente, ne donnât aux personnes simples et peu intelligentes des pensées trop humaines de l’enfantement d’une Vierge, de la naissance d'un Dieu incarné et soumis à un homme comme à son père. J’accepte toutes ces opinions, mais j'incline plus volontiers pour celle du vénérable Marie Boudon. C’est pourquoi on peut croire pieusement que la sainte Église par Son long silence sur le Saint Patriarche, a voulu principalement prouver son grand amour de la vie cachée, qui est bien le trait caractéristique des plus grands Saints ; même de ceux non encore canonisés. En ce qui regarde cette sorte d’oubli de Saint Joseph et de sort culte dans l’Église latine durant tant de siècles, la foi n'y était nullement intéressée, et, quand au motif de cet oubli, chacun peut en penser ce qu’il voudra. Proportion gardée, le culte de la très sainte Vierge Marie était bien moins vivant, bien moins universel à l’origine du christianisme. Durant les premiers siècles de l’Eglise, il était à peine cultivé sous une forme réglée. Un grand nombrè de fêtes que l'Eglise célèbre aujourd’hui, avec tant de solennité, pour honorer cette Vierge Immaculée. n’étaient pas encore établies. C'est que tout d’abord il fallait que les Saints Apôtres et leurs successeurs fissent connaître, aimer et adorer partout le Christ-Jésus, et arborer par les peuples divers l’auguste étendard de sa Croix.

On demande, dit l'Isolmo, pourquoi les anciens n’ont pas célébré la fête du Divin Joseph ? On répond que les fondateurs de notre sainte Église se sont dévoués de toute leur âme à faire connaître au peuple la nature du Seigneur Jésus, en brisant contre la pierre de la foi les innombrables hérésies qui s'élevaient de divers côtés contre sa divinité... Le même auteur fournit un autre motif. On pensait aussi que les fêtes de la Nativité du Sauveur, de la Circoncision, de l’Adoration des mages, de la Présentation au Temple et du Retour de l'Egypte étaient des fêtes consacrées à Jésus-Christ et à saint Joseph. Ces fêtes suffisaient à ceux qui vénéraient Joseph, le saint du Seigneur. Cette raison est excellente. En effet, il est impossible implicitement parlant, de célébrer l’une de ces fêtes de Notre Seigneur, sans que la pensée chrétienne ne se reporte en même temps vers saint Joseph qui a eu une si large part à l'accomplissement des mystères qui sont honorés. La Providence divine qui, par une sagesse admirable, dispose de toutes choses avec nombre, poids et mesure, avait ses vues particulières qui tendaient à procurer enfin à saint Joseph une gloire d'autant plus universelle et plus éclatante, qu’elle avait été jusque la plus cachée aux mortels. Suivons rapidement le fil du culte de notre Saint bien aimé. On a essayé vainement de prouver que le culte de Saint Joseph aurait été très-répandu dans l’Occident et surtout.en France avant le quinzième siècle, les faits, ou plutôt le silence de la tradition prouverait le contraire ; de sorte que l'assertion du très saint Archidiacre d'Evreux, Boudon, « que durant quinze siècles saint Joseph a été très peu connu et honoré », est l’expression de la plus exacte vérité. Sans doute les Pères et les commentateurs des Livres Saints, ont parlé et écrit de Saint Joseph, mais comme en passant et en traitant des questions relatives à Jésus-Christ et à Marie. Le Bienheureux Albert le Grand donna un sermon sur saint Joseph ; des communautés, et des particuliers, quelques Eglises mêmes honoraient le Saint. Mais son culte et sa dévotion étaient loin d’être répandus. Les nombreux auteurs modernes que j’ai lus à ce sujet sont loin d’ailleurs de s’accorder. C’est pourquoi je vais suivre un instant celui de tous qui paraît le plus complet, le mieux renseigné, le plus célèbre depuis le père de Barry, depuis l’Isolano, je veux dire le Père Patrignani, italien, et de la compagnie de Jésus, dans son beau livre la Dévotion à Saint Joseph ; je parle des éditions authentiques très nombreuses, et non de quelques récentes édition tronquées, où l’auteur est défiguré d’un bout à l’autre, pourquoi, pour un motif vraiment ridicule. « Si nous en croyons Gerson, dit le très savant Patrignani, la dévotion à Saint Joseph naquit à l’occasion de l'extrême nécessité où se trouva l’Eglise, lorsqu’elle vit s’élever dans l’Occident cet horrible schisme qui, semblable à un vent furieux, l’ébranlait et la déchirait de toutes parts. On tint un Concile à Constance pour essayer demeure fin au schisme. Alors Gerson, dans un discours qu’il prononça devant cette auguste Assemblée, parmi d’autre moyens propres à calmer la tempête et à opérer la réforme des mœurs, proposa d’invoquer spécialement saint Joseph et de propager son culte, dans l’espérance que cette nouvelle dévotion (notez bien toutes les expressions), serait comme un astre avant-coureur de paix et de sainteté. Il ajouta : « Que ce grand Saint ayant été le gardien et comme le tuteur de Jésus-Christ, il le serait sans doute aussi du Christianisme. Il s'étendit ensuite avec beaucoup de zèle sur les glorieuses prérogatives de saint Joseph. Son discours fut écouté avec plaisir et hautement approuvé par le Concile entier ; Mais le Saint-Esprit ne l'approuva-t-il pas lui-même, en inspirant aux peuples de l’Occident la pensée d’honorer Saint Joseph d'un culte particulier, dans la persuasion que ses prières et ses mérites éloigneraient les maux qui menuçaient la foi catholique et attireraient une multitude de grâces et de faveurs sur les fidèles ? Ainsi. conclut le Saint Jésuite, s’exprime Isidore de l'lsle, pieux et savant dominicain.

Tous les écrivains qui parlent de Gerson à cette occasion, s’accordent tous à dire avec M. Le Chanoine Bourassé, a qu’on doit le compter parmi les écrivains les plus dévots à saint Joseph, et un de ceux qui contribuèrent le plus fortement à l'extension de son culte dans l’Église... Et encore qu’aucun autre n'est plus connu que.le Chancelier Gerson pour son zèle à propager le culte de saint Joseph. Ce grand écrivain si solide dans ses expressions, ne sera pas, je pense, taxé par certains intolérants, d’exagération. Des milliers d’autres disent comme lui et conviennent qu’aucun n'a surpassé Gerson dans la dévotion à saint Joseph, et n’a dit des choses plus belles et plus exactes à la gloire du Père nourricier de Jésus. Ces citations ont ici leur importance. Le pieux Patrignani compare les onze principaux écrivains les plus signalés par leurs vertus aux onze étoiles qui adorèrent l'ancien Joseph. « Ces onze étoiles, dit-il, se réunissent autour de notre Saint, non pour l’éclipser, mais bien plutôt pour augmenter son éclat et la ceinture d'une auréole de gloire. La première de ces étoiles qui parut sur l’horizon fut (c’est toujours l’éminent Patrignani qui parle), comme nous l’avons dit ailleurs, l’illustre Chancelier Gerson. Aussitôt qu’il fut en état de parler et d’écrire, il consacra à la gloire de saint Joseph sa plume et sa voix, son zèle et sa science, qui déjà le plaçait au-dessus de tous les docteurs de son siècle.le ouvrit ainsi la carrière à ceux qui devaient venir après lui, et fit connaître au monde une mine riche d’autant de perles précieuses qu’il signala de célestes prérogatives dans la personne de Joseph. Ce fut encore lui qui, le premier, exhorta de tout son pouvoir les ecclésiastiques à en célébrer solennellement la fête, à en réciter l’office, et qui, dans cette vue composa lui-même une Messe, des hymnes et des panégyriques du Saint. Son zèle ne se borna point à ces efforts: non content d’avoir essayé de faire passer sa dévotion chérie dans le, cœur des princes, des prélats et des docteurs, par des lettres aussi solides que ferventes, chargé de prêcher devant le Concile de Constance, le jour de la Nativité de la Sainte Vierge, il consacra une bonne partie de son discours aux louanges de son Auguste Epoux, et il en parla avec tant d’énergie qu’il laissa cette grande assemblée pénétrée d’admiration pour l’Orateur et de dévotion pour le Saint. En un mot, Gerson ne cessa durant toute sa vie, qui fut longue, de travailler à la gloire de son héros. A la vérité, les peines qu'il prit à ce sujet ne donnèrent pas de sitôt les fruits qu’il avait droit de s’en promettre, puisque ce ne fut qu’environ cent ans après que la dévotion à Saint Joseph commença à se propager. Mais ce délai ne lui ôtera pas, aux yeux des Anges et des hommes, le mérite d'avoir découvert la source si longtemps cachée de ce fleuve de grâces, qui aujourd’hui inonde et fertilise le champ de l’Eglise Catholique. Je n’invente pas, je cite à dessein un des plus grands organes de l’illustre Compagnie de Jésus, qui écrivait ces choses en Italie même, au cœur de l'Eglise Catholique.

Le célèbre et illustre chancelier de l’église de Paris fut décoré, soixante-seize ans après sa mort, des titres de bienheureux et de saint, par l'Archevêque métropolitain de la province de Lyon et les évêques ses suffragants, qui alors pouvaient encore décerner ces honneurs à ce serviteur de Dieu, sauf à les faire sanctionner par le Souverain Pontife. Le premier promoteur du culte de Saint Joseph eut jadis un autel, qui fut détruit par les Calvinistes, et un culte privé à Lyon même, dans l’Église Saint Paul, où reposaient ses restes, que Dieu a glorifiés en trois diverses fois par des miracles signalés et constatés. Or, ce Jean Gerson que la postérité a qualifié de Docteur très-chrétien, pour avoir si bien défendu les vérités évangéliques ; de Docteur de la consolation pour avoir composé le livre de l’Imitation ; de Docteur incomparable, comme l’appelle Mgr Guillon « honorait donc d'une dévotion toute particulière Saint Joseph », comme s’exprime l’un des plus grands Pontifes, Benoît XIV. Or, il semble que ce bienheureux Docteur, dans lequel la Science et la vertu ont brillé d’un si vif éclat, a été très particulièrement suscité par la divine Providence pour donner le premier grand mouvement à l’établissement de la dévotion du Culte et de la fête de saint Joseph en Occident, et principalement en France, où, selon l’expression du père Patrignani, il « y répandit les premiers germes de la dévotion à Saint Joseph, à une époque où partout ailleurs son nom était depuis des siècles peu connu, et pour ainsi dire oublié ». Et si cette première semence ne germa pas sur-le-champ, c’est qu’il lui arriva ce qu’on voit arriver au froment qui, pendant la saison des frimas, reste enseveli sous la terre, mais qui. au retour du printemps, croît avec vigueur et pousse un grand nombre de rejetons.

 J’ai dit que Gerson avait donné le premier grand mouvement à la dévotion, au culte et à l’établissement de la fête de Saint Joseph, car un siècle après Gerson, vint Isidore de l'Isle, Saint Bernardin, Saint Pierre d’Alcantara et Surtout sainte Thérèse,qui propagea rapidement le culte de Saint Joseph dans tout l’ordre du Carmel et même dans l’Église. Ecoutons l’un des plus puissants oracles du monde Catholique. « Parmi les écrivains, dit Benoît XIV, qui ont le plus contribué à étendre le culte de saint Joseph, nous nous garderons bien d'omettre les deux qui ont été suivis par tous les autres, Jean Gerson, chancelier de Paris, et lsidore lsolano, théologien de l’ordre des Prêcheurs ». A Gerson donc la palme ; il est des Pères et des Docteurs de l'Église le premier qui ait écrit ex professo sur la vie et les grandeurs de saint Joseph. En outre, des fragments cités précédemment où respirent la tendre piété et la plus vive onction dont, au rapport du bienheureux Alexis de Salo, il était une admirable source, il nous a laissé un délicieux poème latin, intitulé Josephina, divisé en douze livres, et qui renferme deux mille neuf cents trente-six vers. Le chanoine Bourassé le considère comme le principal monument de sa piété... aussi remarquable par le fond que par la forme, et dont les historiens de notre Saint Patriarche, dit-il, s’accordent à faire le plus grand éloge. L’éminent écrivain ne juge cet ouvrage qu’en connaisseur, puisqu'il en traduit au même lieu plusieurs vers avec une grâce charmante, et que Mgr Guérin a reproduit dans les Petits Bollandistes, au 19 mars. De plus, Gerson nous a encore laissé quatre-vingt-douze considérations sur le saint Epoux de Marie, en vieux français sans doute, mais qui, par le fait, a un intérêt aussi grand pour les bibliologistes par la naïveté du style, la fraîcheur des images et les expressions d'une langue encore informe, et qui veut se dégager des langes de l’enfance, que pour les âmes chrétiennes sincèrement affectionnées à saint Joseph sur lequel le saint Chancelier, « type de douceur et perle de bonté de son siècle », révèle tant de belles choses ! On a aussi de Gerson des sermons sur Saint Joseph, des lettres qu’il écrivit à des prélats et à des princes, relatives à l’établissement de la fête du glorieux Epoux de la Vierge Immaculée, et bien d’autres écrits sur le Saint qui, sans doute, ont été perdus, comme le donnerait à entendre le frère même de Gerson, prieur des Célestins de Lyon, car il a composé un très-grand nombre d’ouvrages sur l’Ecriture sainte, la Théologie morale, dogmatique et mystique, dont il nous reste à peine trois cents.

Donc, pour rappeler les faits et serrer les preuves à l’appui, seize ans avant le Concile de Constance, ce dévot Gerson, ce Gerson tant admiré de notre grand Bossuet, si souvent cité en chaire par l’éloquent Jésuite Bourdaloue, s’était déjà fait l’avocat, pour ainsi dire, de saint Joseph avec lequel, dit un grand écrivain, M. Charles Barthélemy, il devait avoir plus d’un point de ressemblance par son humilité, son exil, et sa vie cachée. Le 13 août 1400, il écrivait à toutes les églises, surtout à celles dédiées en l’honneur de la très sainte et glorieuse Marie, toujours Vierge. (La Mère de Dieu ne compte pas un serviteur plus fidèle ni plus dévoué que le saint Chancelier de Paris. « Le plus indigne des Zélateurs de Marie, je voudrais qu’un jour spécial fut consacré en l’honneur de cette Vierge et du pieux Joseph son époux témoin et gardien de sa pureté immaculée,... et le reste que l’on peut lire au tome IV de ses œuvres in folio. Les motifs qu’il allègue pour l’établissement surtout d’une fête universelle en l‘honneur de saint Joseph, lui inspirèrent de louer hautement ce Saint Patron, et lui firent composer avec les propres paroles des Saintes Ecritures un Office de Saint Joseph, avec les trois leçons des matines, en outre des proses de sa main, et qui nous ont été conservées, comme le démontre au long Benoît XIV qui affirme « qu'il composa lui-même cet Office ». Voici à quelle occasion, comme nous l'assure le même Souverain Pontife. « Un certain chanoine de Chartres, dit-il, mort dans le quinzième siècle, marqua dans son testament qu’il voulait que le chapitre fit solennelle mémoire de saint Joseph au jour anniversaire de son décès, parce qu'il avait connaissance que l'honneur rendu à saint Joseph contribuait au culte rendu à Marie. Jean Gerson, Docteur et chancelier de Paris, connu par sa dévotion particulière envers saint Joseph, proposa d’accomplir le sainte vierge avec saint Joseph. En même temps, il en composa l’Office. A la page 742, du tome IV des Œuvres de Gerson, sur la foi de deux manuscrits, dit encore le grand Pontife, nous lisons que le légat du Pape ordonna la célébration de cet Office. Certainement, l'Eglise de Chartres ou la contrée qui était soumise à cette légation dut obéir à cet ordre ? Plus tard les souverains Pontifes étendirent cette fête aux Frères Mineurs, ensuite à toutes les Eglises des États ecclésiastiques, et enfin à l’Église universelle. Cette fête se célèbre le 23e jour de janvier.

Ce que voulait le saint Chancelier, c'était que saint Joseph fut honoré d’un culte public et solennel, et que sa fête eut lieu universellement dans l‘Église. C’est sur quoi il insista avec force en s’adressant au duc de Berri, un des oncles du roi Charles Vl, en l'exhortant a demander et obtenir qu’on solennisât la fête de 1'Epoux de Marie. Mais c’est surtout en 1416, en présence des Pères du concile général de Constance, le jour de la fête de la Nativité de la très sainte Vierge, que le très pieux Gerson, que le Cardinal Zarabella, italien, qui siégeait à côté du Pape, appela devant l’auguste assemblée le plus excellent Docteur de l'Église, prononça un beau sermon où il établit victorieusement les raisons pour lesquelles saint Joseph doit être honoré d’un culte public et solennel, car dit-il : « Louer Joseph, c‘est louer Marie ». Dans le même Concile, il soutint que saint Joseph fut sanctifié dans le sein de sa mère ayant été purifié du péché originel par le baptême de feu. Après le dévot Jean Gerson, l’Isolano et aussi saint Bernardin de Sienne, s’inspirant de son zèle, contribuèrent à la diffusion rapide du culte de saint Joseph ; le premier composa un magnifique ouvrage intitulé « Somme de saint Joseph », qu’il dédia au Pape Adrien VI ; le second nous laissa des sermons pleins de force et d’éloquence souvent cités. Mais à cette époque de foi, nul, après le Docteur très-Chrétien, n'égalât Sainte Thérèse pour sa dévotion envers saint Joseph, et son zèle à avancer sa gloire. Elle contribua beaucoup à faire que la fête proprement dite de Saint Joseph, célébrée en divers lieux de la chrétienté, devint générale. « L'expérience que j’avais des grâces que Dieu accorde par l’intercession de ce grand Saint, dit-elle, me faisait souhaiter de pouvoir persuader à tout le monde d’avoir une grande dévotion pour lui, et je n’ai connu personne qui en ait eu une véritable et la lui ait témoignée par ses actions, qui ne se soit avancé dans la vertu... Je ne me souviens point de lui avoir, depuis quelques années, rien demandé au jour de sa fête que je n’aie obtenu... » La séraphique Sainte fut merveilleusement secondée par son Saint Directeur, le très dévôt Pierre d'Alcantara, et elle fit fleurir la dévotion à saint Joseph, dans tout l’ordre du Carmel de la bienheureuse Vierge, sur lequel saint Joseph a toujours depuis répandu les effusions miraculeuses de son très saint Cœur.

Quant aux fêtes de saint Joseph, écoutons un instant le chanoine Bourassé : Jean Gerson et Pierre Dailly, (le cardinal Pierre Dailly, natif de Compiègne), prononcèrent sur le même sujet (saint Joseph) des discours qui eurent un retentissement considérable, exercèrent une grande influence. Sixte IV, qui avait embrassé la règle des Cordeliers, Pape de 1471 à 1484, institua ou renouvela dans le bréviaire la fête de saint Joseph... Pie V, en refermant le bréviaire romain après le Concile de Trente, régla que l'office de saint Joseph (pour la fête du 19 mars) serait celle des Confesseurs non Pontifes.... En 1621, Grégoire XV rendit cette fête de précepte ; en 1642, Urbain VIII renouvela cette obligation ; mais cette loi n’a jamais été en vigueur en France. Il a été parlé précédemment de la fête des Fiançailles de saint Joseph avec Marie. Mais il est une autre fête de saint Joseph bien chère à tous les vrais chrétiens, fête qui est la plus vive expression des miséricordes et des faveurs de son béni Cœur sur nous, c’est celle appelée du « Patronage de saint Joseph ».

Depuis le saint dominicain lsidore de l’Isle, qui, le premier, qualifia saint Joseph de Patron de l’Église militante, un grand nombre de savantes plumes, la plupart de la Compagnie de Jésus, si illustre à tous égards, se mirent au service de saint Joseph. Le Père de Barry si plein de l‘esprit de Dieu, si dévot à Marie et à saint Joseph ; les Pères Binet, Suarez, le bienheureux Pierre Canisius, et à une époque plus rapprochée, le docte et pieux Patrignani, aussi jésuites, propagèrent avec une ardeur infatigable, à l’exemple de leur glorieux Père saint Ignace, la dévotion à saint Joseph et son culte. Déjà la fête du Patronage fut établie et fixée au troisième dimanche après la Pentecôte, par la Congrégation des Rites, en 1680. Depuis lors, la dévotion au saint Patriarche s'accrut considérablement dans les cœurs fidèles. Et tout récemment, d'après des instances nombreuses et réitérées de la part des fidèles de tous les. pays, un grand nombre d’évêques et de théologiens, réunis à Rome pour le Concile du Vatican, demandèrent au souverain Pontife, que saint Joseph fut déclaré Patron de l’Église universelle, et que sa fête fut élevée au degré de double de première classe. Pie IX, accorda solennellement l’une et l'autre demande par un décret de la Congrégation des Rites, en date du 8 décembre 1870. Ainsi Sa Sainteté consolait l’Église affligée par tant d'épreuves, et le monde broyé sous le poids des calamités de tous genres. Oh ! quel bonheur eut éprouvé Gerson, s’il avait pu être le témoin sur la terre de toutes ces fêtes en l’honneur de saint Joseph auquel il fût toujours si dévoué !

Deux objets précieux s’offrent encore à la piété des fidèles, c'est la sanctification de saint Joseph dans le sein de sa mère. Gerson qui insista fort sur ce point dans son sermon au Concile de Constance, émet à titre de pieuse croyance cette opinion qu’ont adoptée non-seulement un grand nombre d'auteurs mystiques, mais plusieurs docteurs de l'Église. C'est en outre le Cœur très saint du bienheureux Joseph. D’après des Pères et des Docteurs de l’Église, compris notre grand Gerson, saint Joseph est maintenant au Ciel en corps et en âme. Or, quel inconvénient y aurait-il d’associer le Cœur très pur de Joseph au Cœur immaculé de Marie et au Cœur sacré de Jésus ? Cette dévotion est de toutes celles qui concernent notre bien-aimé Saint, la plus redoutée de l'enfer, la plus propre à nous consoler dans tous nos maux, la plus puissante pour incliner saint Joseph vers nous et la plus efficace pour nous aider à vivre chrétiennement et à mourir saintement. Le saint chancelier Jean Gerson semblait présager cette dévotion si belle, lorsqu’il y a cinq siècles, il écrivait au duc de Berri ces paroles, qui étaient le conseil qu’il donnait à plusieurs : « Prenez donc saint Joseph pour le premier de vos patrons, pour le plus intime de vos amis, pour le plus puissant de vos protecteurs ». Implorons le Cœur Très Saint du bienheureux Joseph dans tous nos besoins, et nos prières seront vite exaucées.

 

Jean Darche, en la Fête de la Purification de la Très Sainte Vierge Marie, 1873

 

Le cœur de Saint Joseph ouvert à ceux qui l'implorent

 

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Premier jour

L’Église aux pieds de Saint Joseph

 

Quand des pères et des docteurs, quand des écrivains, des orateurs et des saints de tous les âges ne viendraient pas prouver, prêcher, publier l‘efficacité du pouvoir immense de notre Saint auprès du Christ, il suffirait bien du témoignage que lui rend la sainte Eglise catholique, toujours infaillible dans sa conduite, comme dans ses enseignements. L’Église, colonne et base de la vérité, montre bien ce qu’elle pense du crédit de saint Joseph dans le ciel, lorsqu’elle demande par son intercession ce qu'elle ne pourrait obtenir par elle-même. Et dans l'oraison de la fête du patronage du même Saint, l'Église demande que nous méritions d'avoir pour intercesseur dans le ciel, saint Joseph que nous vénérons comme notre protecteur sur la terre. Pourtant l’Eglise est l’épouse du Christ, qu'il s’est acquise par son sang, que ne peut-elle pas obtenir de lui ? Mais il est des grâces et des faveurs de choix, dont Jésus-Christ a laissé la libre dispensation à Marie et à Joseph, comme pour les honorer et remercier par là des services qu’ils lui ont rendus sur la terre. C’est ce que l’Eglise reconnaît, ce qu’elle veut nous apprendre, afin que nous comprenions, pour notre avantage, la portée de ses expressions. Elle se glorifie avec raison, d’avoir pour patron et protecteur saint Joseph. Déjà au commencement du seizième siècle, l’Isolano, inspiré par le grand Gerson, appelait notre bon saint Patron de l’Eglise militante.

A la veille des grandes tribulations que devait souffrir l’Eglise, Pie IX seconda merveilleusement les vues miséricordieuses de la Providence, en appelant au secours du troupeau confié à sa houlette pastorale le grand protecteur saint Joseph. En 1867, sa Sainteté étendit la fête du patronage de ce Saint à toute l’Église, c’était par la même le déclarer le protecteur universel de cette sainte épouse mystique du Christ : ainsi fut accomplie la prophétie de l'illustre écrivain de saint Joseph, l’lsolano. « Le Vicaire du Christ sur la terre ordonnera par l'inspiration de l'Esprit-Saint, que la fête du Père putatif du Christ, de l’Époux de la Reine du monde soit célébrée dans toute l’étendue de l’Église militante ». Certes, rien n’était plus convenable que d'établir saint Joseph le protecteur universel de l’Eglise et de l'honorer comme tel. Car, si notre religion encore au berceau dans la personne du Sauveur, fut confiée à la garde et aux soins de saint Joseph, n’est-il pas croyable gué, selon les différents états où elle se trouve, Dieu veuille quelle croisse, se fortifie, fleurisse, et que ses membres soient sauvés par les mérites d’un Saint qui eut dans ses mains la clef pour fermer les portes de la loi ancienne, ouvrir celles de la loi nouvelle et obtenir du Dieu qui est riche en miséricorde, tous les biens spirituels et temporels qu’il est permis de désirer.

« Alors, dit Isaïe, c’est-à-dire sous le règne de Jésus-Christ, on chantera, ce cantique dans la terre de Juda : « La ville de Sion est pour nous une ville impérissable, Dieu y a posé un mur et un anti-mur ». Le sage l’avait dit dans les Proverbes : « Le nom du Seigneur est une tour très forte : le juste s’y réfugie, et il sera protégé ». Jérémie sanctifié, dès le moment qu'il est conçu et choisi pour aller annoncer le nom du Seigneur, devient par le don de prophétie duquel il est rempli « une ville forte, une colonne de fer, un mur d’airain ». Saint Jérôme dit que la foi est le mur de l’Église et que les bonne œuvres en sont le rempart. Saint Grégoire en parle en ces termes : « Notre-Seigneur Jésus-Christ est un mur pour nous dans la sainte Eglise, et ses prophètes sont le rempart, par la protection qu’il leur accorde : les paroles des prophètes ont servi aussi beaucoup à établir la foi ». Mais il paraît, ajoute Saint Aignan, de Beauvais, qu’Isaïe parle ici de la Jérusalem céleste que rien ne peut ébranler, et encore moins détruire, parce que le Sauveur du monde qui nous en a frayé le chemin par ses souffrances et sa mort, en est lui-même le mur et le rempart qui la défend. C’est là aussi le sentiment du docteur Thiébaut. Saci entend le texte de l’Église et de chaque âme en particuliers.

Pour appliquer ce texte magnifique et consolateur à saint Joseph, je dis que l’Eglise catholique est notre ville, la ville dont parle Isaïe ; c’est en elle que nous trouvons le salut et la sainteté par Jésus-Christ, une protection efficace par Marie qui en est le mur et saint Joseph qui en est le boulevard ou l'ami-mur. Après le Christ Notre-Seigneur et la Bienheureuse Vierge, écrit Moralès, le très saint Joseph est pour nous dans toutes nos affaires le très fidèle et puissant intercesseur et avocat, étant le père spirituel de tous les fidèles, de même qu’il est le père nourricier du Christ et l’époux de Marie. A la vue de tant de marques de protection que le monde chrétien a reçues depuis quelques siècles, surtout par saint Joseph, il est évident que l’Eglise a bien fait de choisir ce grand Saint comme son Patron et son glorieux protecteur. Qui dit Patron, dit à la fois père, chef, protecteur, pilote, modèle, or incontestablement, pour l'Eglise universelle aussi bien que pour chacun de ses enfants les plus humbles, le père nourricier de Jésus, l’époux de Marie est tout cela. Un Patron est un père, et quel cœur de père doit posséder pour les hommes celui qui a été jugé digne d’être nommé le père du Sauveur et qui en a si bien rempli les qualités et les fonctions. Patron, c’est aussi chef ; et quel meilleur chef, quel plus sûr guide, quel plus aimable conducteur a pu nous donner Jésus que son père adoptif, qui l'a conduit et dirigé lui-même. Patron, c’est protecteur ; et de quels riches trésors n'est pas dépositaire celui qui a possédé le plus grand des biens, la source de toutes les grâces et de tout don excellent, Jésus, la richesse du monde.

Patron, c’est Pilote, titre non moins frappant dans saint Joseph. Aussi l’Eglise le considère-t-elle ainsi pour, elle-même en le prenant pour Patron universel ? Il est du moins assuré que les grands saints moderne du christianisme lui ont confié la barque de leur âme et qu’il a su la conduire tranquillement par les voies de la perfection au milieu des tempêtes et des orages de la vie, sur la mer de ce monde, au port du salut. Rappelons cette séraphique sainte Thérèse qui s'abandonnait si aveuglément à la conduite du Patriarche des deux Testaments, et qui lui. avait remis avec la plus entière confiance le soin de tous ses intérêts temporels et éternels. C’est principalement ce titre de Patron considéré comme modèle qui me parait très bien approprié et convenable et tous les membres de l'Eglise. quelque soit leur rang, leur fonction ou leur âge. Cette sainte mère veut leur,donner dans notre saint Joseph un modèle parfait à copier et à suivre le plus près possible, car, patron veut dire autant modèle à imiter que protecteur a invoquer ; d’où il suit que ceux qui veulent que saint Joseph les favorise de sa protection doivent s’appliquer à lui être agréables par l’imitation. C’est, je crois, la pensée, le motif et le but de l'Eglise en donnant saint Joseph pour Patron à tous ses enfants.

Il est le Patron des grands, puisque le sang royal de David a coulé dans ses veines ; des pauvres et des petits, puisqu'il a travaillé toute sa vie, comme le dernier des ouvriers, pour entretenir le Fils et la Mère d’un Dieu. Il est le Patron des enfants et des jeunes personnes, puisqu’il a été le gardien, le protecteur de l'Enfant Jésus et en quelque sorte le Sauveur du Sauveur lui-même. Il est le Patron des mères de famille qui se plaisent à lui consacrer leurs petits enfants, afin qu’il les dirige constamment, comme il a fait de Jésus, dans la voie de la piété et qu'il les soustraie à la fureur des Hérodes spirituels, de ceux qui voudraient tuer leurs âmes par leurs mauvais conseils, et leurs exemples pervers. Il est le Patron des pères, puisqu'il a été, comme chef de la maison, à la tête de la sainte Famille de Nazareth. Ah ! plût à Dieu que, par sa puissante intercession, il obtint à ces chef de maison la grâce de marcher sur les traces de ses saints exemples! Alors on verrait régner dans les familles, la paix, l’union, l'édification, la pratique des devoirs religieux, comme dans celle de Joseph. Il est le Patron comme le modèle des âmes contemplatives et des âmes intérieures, par son amour pour la retraite et l’oraison, par son union continuelle avec Dieu, au milieu des occupations de son état. Il est le Patron des bons maîtres, des bonnes maîtresses d’école, puisqu’il a eu le bonheur d’être l'instituteur, le précepteur, le gouverneur de l’Enfant-Dieu. Il est encore le patron des prêtres, car il leur est donné de tenir à l'autel, entre leurs mains, ce même Jésus qu’il a porté lui-même dans ses bras et qu'il a pressé si souvent contre son chaste Cœur. Enfin, outre qu’il est pour tous le modèle parfait d’une vie sainte, il est universellement reconnu et invoqué comme le Patron de la bonne mort, puisqu’il lui a été donné de rendre sa belle âme à Dieu, entre les bras de Jésus et de Marie, dans l’extase du plus ardent amour. C’est sous ces formes si diversifiées et sous bien, d'autres, que nous contemplerons le Cœur très saint et très compatissant de ce glorieux Patriache, qui est toujours ouvert à tous et qui n'est jamais fermé à personne.

 

Exemple

 

Saint Jean Gabriel Perboyre, missionnaire lazariste, martyrisé en Chine le Il septembre 1840, avait une grande confiance en saint Joseph, qu’il honorait d’un culte tout particulier. Ce qu’il admirait le plus en lui, c'était son abandon entre les mains de Dieu, son amour pour le silence, pour la retraite et la vie cachée ; et c’étaient les vertus qu’il s’efforçait le plus d'imiter, afin de se rendre semblable à un si beau modèle. Il recommandait fréquemment cette dévotion, et s'il donnait un souvenir à quelqu’un, c'était pour l'ordinaire un petit traité sur les vertus de ce glorieux patriarche, ou bien le Mois de saint Joseph ; il avait fortement à cœur la gloire de ce grand Saint. Voici ce que rapporte à ce sujet un missionnaire qui fit son noviciat sous sa direction : « Quoiqu’il fût d’une douceur inaltérable, je le trouvai presque sévère dans le ton qu’il prit avec moi au sujet de saint Joseph. J’avais lu dans le Manuel des ordinands de belles litanies composées en l’honneur de ce Saint, avec des paroles de l’Ecriture ; et, comme il me semblait qu’on lui attribuait des qualités qui ne pouvaient convenir qu’à notre Seigneur, je lui en fis l'observation. Pensant que je voulais ôter quelque chose de sa gloire à ce grand Saint, il se mit à défendre tous les titres glorieux qu'on lui donnait dans les litanies, à exalter les vertus qu’il avait pratiquées et les privilèges singuliers dont le Seigneur l'avait favorisé. Il parlait avec feu et une animation que je ne lui avais jamais vue, et qui me faisait comprendre combien il aimait et admirait saint Joseph. Il nous exhortait à l’invoquer avec confiance : « Allez à Joseph », nous disait-il ; et il partageait le sentiment de sainte Thérèse sur le crédit de ce grand Saint auprès de Dieu. Non content de l’invoquer, il s’appliquait a l’imiter surtout comme le modèle delà vie intérieure et retirée ». (Vie du Vénérable Perboyre).

 

Supplications à saint Joseph pour l’Église

 

Grand Saint, qui voyez du haut des cieux les besoins de l’Église que Jésus-Christ, dont vous fûtes le père nourricier, s’est acquise par son sang, soyez propice à nos prières. Ayez pour ceux qui la gouvernent une partie de la tendresse que vous eûtes pendant tant d’années pour Jésus Christ qu’ils représentent. Obtenez pour Notre Saint Père le Pape, pour les évêques, pour le clergé, les lumières de l’Esprit divin dont ils ont besoin pour nous conduire avec zèle et avec sagesse. Éloignez de la bergerie les loups ravissants qui voudraient la détruire. Faites que la paix et la concorde règnent parmi les princes chrétiens, afin qu’étant unis entre eux, ils défendent le troupeau de Jésus-Christ contre les hérétiques et les infidèles. Priez encore pour que tous les enfants de l'Église lui soient respectueux, soumis, et attachés comme à leur mère, et toujours prêts à la défendre au prix de leur sang, s'il le fallait. Ainsi soit-il.

 

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28 février 2015

Le Carême avec la Vénérable Benoîte Rencurel

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Le Carême avec la Vénérable Benoîte Rencurel

 

Mgr René Combal, actuel chapelain et ancien recteur du sanctuaire Notre-Dame du Laus, nous propose de vivre le Carême en compagnie de la Vénérable Benoîte Rencurel. A l'occasion de l'année jubilaire du 350e anniversaire des premières apparitions, afin de vivre le Carême, retrouvez, chaque jour de la sainte quarantaine, une méditation pour vous plonger dans la Grâce du Laus.

 

Deuxième semaine de Carême

 

Deuxième Dimanche de Carême

Dimanche 1er mars

La Transfiguration

 

L’Evangile que nous prendrons en ce deuxième dimanche de carême est celui de la Transfiguration : « Jésus prend avec Lui Pierre, Jacques et Jean et il les emmène à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; Son visage devint brillant comme le soleil et ses vêtements blancs comme la lumière ».

Les apparitions de Marie à Benoîte sont un reflet de la Transfiguration du Seigneur. La Vierge glorieuse de l’Assomption apparaît toute lumineuse à Benoîte et transfigure cette dernière. Le prêtre Jean Peythieu après avoir bien observé la voyante nous dit : « Elle la voit toujours de la même façon : de ses habits et de son visage sortent tant de lumière qu’elle n’en n’a pu bien remarquer les traits… Les effets de cette extase sont qu’elle s’oublie de ce qu’elle faisait, du lieu où elle était, de l’heure qu’il est. Mais l’extase dure fort peu quand elle revient, sa face paraît embrasée : elle se met à genoux et invite ceux qui sont autour à remercier Dieu et sa Sainte Mère »…

À Pindreau, après les quatre mois des apparitions au Vallon des Fours, « elle y voit sa souveraine princesse, les délices de son âme, sa toute aimable, sur le haut de ces messieurs, plus éclatante que le soleil », écrit Pierre Gaillard. Il est dit autre part dans les Manuscrits qu’après les apparitions, Benoîte était comme un soleil. Les similitudes avec le texte évangélique de la Transfiguration sont indéniables.

 

Deuxième semaine de Carême

Lundi 2 mars

La première apparition au Vallon des Fours

 

Nous restons cette semaine dans la lumière de la Transfiguration à travers les apparitions de Dame Marie à Benoîte. C’est le récit rajouté par l’ermite Aubin sur un cahier de Peytieu qui nous détaille cet événement. En voici le texte : « Le lendemain [de la montée à Saint-Maurice], Benoîte va dans le vallon où son souhait fut accompli… C’est au pied du bois de Saint Etienne, où il y a du côté gauche en montant un petit antre vis-à-vis, où elle récite son chapelet en gardant ses moutons. Tout à coup elle voit une belle Dame sur la roche, qui tient un petit enfant par la main, d’une beauté singulière. « Belle Dame ! Lui dit-elle, que faites-vous là-haut ? Venez-vous acheter du plâtre ?… (après ?) Voudriez-vous gouster avec moy : j’ai un peu de bon pain, nous le tremperions dans la fontaine ! ». La Dame sourit de sa simplicité, et ne lui dit mot. « Belle Dame ! Vous plairait-il de nous donner cet enfant, qui nous réjouirait tant ». La Dame sourit encore sans répondre ». Peytieu l’explicite ainsi : « Ce bel objet qui la surprit lui fait glisser tant de douceurs et de joye qu’elle n’en pouvait plus perdre l’idée. Il l’embrasa tellement de son amour, que la nuit lui était une année, et, le jour lui était trop court à la vue de cette Dame ».

Soulignons ici les deux expressions : « une belle damoiselle » et « ce bel objet » : nous retrouvons là deux termes dont usera Bernadette à Lourdes pour décrire ce qu’elle contemple. Toutes deux auront aussi la même attirance invincible pour retrouver cette vision. Peytieu note en effet : « Elle n’en revenait avec son troupeau qu’aux étoiles, et elle y retournait le matin — à moins que son maître l’en empeschât — aux étoiles. Cette faveur dura presque quatre mois sans qu’elle sent qui estait cette belle Dame ». Gaillard rajoute une précision importante : « Elle est tellement charmée à cette vue que plusieurs fois au gros de la nuit, elle se lève en dormant, prend son troupeau, s’en va toute en chemise et à nus-pieds, le mène droit au lieu où elle voit la Dame. S’éveillant, se voyant en chemise, toute honteuse, qu’elle est s’en retourne avec son troupeau, le ramène à l’estable, se va coucher jusqu’au point du jour. Puis elle y retourne toujours plus empressée de voir la Dame. Elle n’a point de plus grand plaisir que d’être dans ce vallon, sans se soucier de boire et de manger ». À la Transfiguration, les trois Apôtres, comme Benoîte, ressentent une grande joie et ne veulent plus repartir. « Pierre alors prit la Parole et dit à Jésus : « Seigneur il est heureux que nous soyons ici ! Si Tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, une pour Elie ».

 

Deuxième semaine de Carême

Mardi 3 mars

9 août 1664, dernière apparition au Vallon des Fours

 

Le témoignage du Juge Grimaud : « Sur l’advis qui m’avait été donné de cette procession, d’autant que j’avais donné l’ordre de bien observer toutes choses, je ne manquai point de m’y rendre pour voir s’il y arriverait quelque chose de singulier, qui nous fit cognaistre que Dieu prend plaisir ; que la Sainte Vierge fût honoré en ce lieu… » Voilà un fonctionnaire qui se sent responsable au double titre de représentant de l’ordre public, et de chrétien soucieux des volontés divines.

« Je trouvai la procession au-devant de l’antre, qui chantait les Litanies de la Sainte Vierge, et tout le monde dans de grandes constrictions [perplexités], pour savoir ce que ce pouvait être. Je dis au sieur prieur de se retirer avec tout le monde, et d’agréer que Benoîte demeurât seule avec nous audit lieu. Mais comme plusieurs personnes s’arrestaient ça et là pour voir ce que nous ferions, Benoîte qui était demeurée au-devant de l’antre, à quelques pas de nous, me dit que la Demoiselle lui disait — sans la voir néanmoins — de me dire de faire retirer tout ce monde, ce que je fis. (...) M’estant rapproché de notre bergère, sur le visage de laquelle paraissait une joye et satisfaction incomparables, je lui demandai si elle voyait la Demoiselle, qu’elle était accoutumée de voir. Laquelle me répondit nettement qu’elle ne voyait alors rien, bien qu’elle l’ait vue en arrivant avec la procession. Comme j’avais une passion très grande de découvrir une si importante affaire, je dis à notre bergère de prier Dieu à genoux devant l’antre, tandis que je m’écarterais à quelques pas d’elle pour prier aussi, moy en particulier Dieu et sa sainte Mère de me faire connaître leur volonté. Je luy donnai l’ordre, si elle voyait quelque chose, de m’avertir pour m’y rendre promptement ».

 

Deuxième semaine de Carême

Mercredi 4 mars

Saint Joseph

 

Nous parlerons aujourd’hui de Saint Joseph, « le serviteur fidèle et avisé que le Seigneur a établi sur sa famille », nous dit la prière d’ouverture de la messe. « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. » C’est la parole de l’Ange qui est apparu en songe à Joseph, nous dit l’évangile de Matthieu. La proximité de Joseph avec Marie évoque la proximité de Benoîte avec la Mère de Dieu. L’évangile nous apprend qu’ « à partir de ce jour, Joseph la prit chez lui ». C’est ce qu’a fait saint Jean après la mort de Jésus. C’est ce qu’a fait Benoîte qui n’a cessé de vivre en contact avec Marie et dans son rayonnement maternel.

Il était donc normal que saint Joseph apparût à Benoîte. Pierre Gaillard nous dit donc dans sa grande histoire qu’en l’année 1669 : « Saint Joseph est apparu six fois à Benoîte, lui disant de prendre bien patience en gardant son troupeau, de le bien suivre sans se fâcher.» Dans son texte sur les éclipses du Laus, il mentionne une autre apparition de saint Joseph : « Saint Joseph apparaît à Benoîte et lui dit que parce que le père Aubin parle toujours de la dévotion, on veut le mettre en prison »… Il nous dit aussi que c’est le jour de la Saint-Joseph, le 19 mars 1689, que mourut Jean Peythieu.

 

Deuxième semaine de Carême

Jeudi 5 mars

L’apparition de la Vierge à la cathédrale d’Embrun le jour de la Fête Dieu, le 8 juin 1670

 

Voici le texte du prêtre Jean Peythieu : « Presque durant toute la prédication elle s’extasia à la vue d’un si admirable objet ; ceux qui en avaient soin crurent que c’était une pâmoison. La Mère de Dieu lui dit de ne s’estonner, et que les ennemis du Laus seraient confondus ». Gaillard complète ce récit à l’aide des souvenirs de Benoîte : « Elle eut l’honneur de voir la divine Marie, pendant qu’on disait la Grand-Messe, habillée en reine, une couronne sur la teste, toute éclatante de lumière. Quand on commença à jouer de l’orgue, ce qui surprend Benoîte, la Mère de Dieu lui apparaît, et lui dit de n’avoir pas peur, que ce sont de petits instruments pour honorer son très cher Fils, dont c’était la plus grande fête, la marque de son amour infini… et quantité d’autres belles choses dont elle ne se souvient plus, et qu’on n’a pas eu le soin d’escrire, mais que j’ai su depuis que ce lieu lui serait bien contraire à la dévotion du Laus, mais qu’il fallait avoir bon courage, bien prier son très cher Fils, faire toujours de bonnes œuvres, souffrir très patiemment tout ce qu’on ferait contre elle et contre le Laus ; mais tous les ennemis de ce saint lieu seront un jour confondus ».

 

C’est le vendredi après-midi que la bergère reçoit enfin la permission de quitter Embrun. « Benoite, nous dit Pierre Gaillard, prend congé du grand Vicaire, va avec sa mère à Savines à pied sans boire ni manger encore. Très embrasée de l’amour de Dieu après sa vision, elle s’occupe continuellement à la prière dans les chemins et partout ». Elle arrive dans la soirée au Laus, se rend à la chapelle de Bon Rencontre demeurant près d’une heure en extase.

 

Deuxième semaine de Carême

Vendredi 6 mars

La vision du Paradis

 

« Le jour de l’Assomption de Notre-Dame 1698, notre Reine entre à la chambre de Benoîte sur les sept à huit heures du soir ; elle disait ses Litanies et eut une joye extraordinaire de voir sa bonne Mère portée par quatre Anges en forme de petits enfants d’un an, que Benoîte appelle des « angeons ». La divine Marie lui dit : « Ma fille suivez-moi, et vous réjouissez : je vais vous faire voir des choses que vous, n’avez jamais vues ». Aussitôt deux Anges prennent Benoîte de chaque côté, et la portent après la Sainte Vierge. Quand elle fut beaucoup élevée en l’air, elle entendit quantité d’Anges, qui chantaient les Mystères de la Passion de Jésus, disant : « Jésus méprisé ! Jésus passé par le larron ! Jésus crucifié ! », et ainsi du reste, ne se souvenant pas de tout ce qu’ils disaient. Les odeurs suaves et embaumantes de la Sainte Vierge et des Anges l’enveloppaient.

Pour montrer sa grande simplicité : montant toujours, elle pensait : « Où vas-tu ? Où est-tu ? Tu es si grosse et pesante ! Si ces deux petits angeons n’avaient pas la force de te porter… en quel précipice tomberais-tu ? ». La Sainte Vierge la rassura : « Ma fille, vous ne tomberez pas ! ». Par le grand éclat de la divine Marie, elle voyait plus clair qu’en plein midi. Quand la Sainte Vierge fut aux portes du Paradis, un homme habillé de rouge lui ouvre la porte, et la salue avec un profond respect. Étant entrée dans le Ciel ses deux Anges la quittent, et ceux de Benoîte aussi : elle suit à pied sa bonne Mère sans savoir où elle était, où elle allait, ce qu’elle faisait, éblouie de tant d’éclat, de splendeur et de gloire, qu’elle voyait de part et d’autre, de quelque côté qu’elle se tourne.

Quand elle fut un peu avancée dans le Paradis, elle vit les Bienheureux plus resplendissants que le soleil, chacun dans son siège, d’une beauté et d’un esclat qu’elle n’a sû exprimer, tous découverts, d’une chevelure blonde, tous jeunes, lui semblait-il, et tous d’un même âge, qui tantôt s’asseyaient, tantôt se tenaient debout. Ils chantaient des cantiques à la louange de Dieu et souriaient tous en la vouant passer. »

Nous sommes toujours dans la lumière de la Transfiguration : « Son visage devint brillant comme le soleil et son vêtement blanc comme la lumière ».

 

Deuxième semaine de Carême

Samedi 7 mars

Suite de la vision du Paradis

 

Nous avons vu hier Benoîte transportée au Paradis par la Sainte Vierge et les Anges, éblouies de tant d’éclat, de splendeur et de gloire, elle voit les bienheureux plus resplendissants que le soleil. « Elle vit Messieurs Peytieu, M. Hermitte, sa mère qui la saluent souriants vers elle ; elle vit beaucoup de personnes connues : parents, amis et autres. Comme elle voulait s’approcher de ces deux Messieurs, la Vierge lui dit : « Suivez-moi, ma fille ! ». La suivant elle vit de grandes tribunes toutes parsemées de pierreries, dont l’éclat l’éblouissait : elles étaient élevées les unes sur les autres, de degré en degré. […] La Sainte Vierge lui dit. « Ma fille, le plus haut degré de ces trois, ce sont les Martyrs habillés de rouge ; après les Vierges non martyrs en blanc ; au plus haut degré les « chancelantes » [autres élus lumineux] habillées de diverses couleurs. Les Bienheureux qu’elle voit aussi loin que sa vue peut s’étendre chantaient les louanges de Dieu, les mains jointes. Benoîte ne les connaissant pas disait en son cœur : « Que feras-tu ici, estant si éloignée de ceux de ta connaissance ! Au moins si tu étais proche de tes deux confesseurs et des autres que tu connais, tu serais plus contente. […] Je ne les saurais trouver à présent ! ». La Mère de Dieu pour la rassurer lui dit de n’appréhender rien, qu’Elle la retournerait où Elle l’avait prise.

Étant beaucoup avancée dans le Paradis, elle vit un Trosne rond tout parsemé de pierreries, élevé pardessus tous les autres, d’un brillant et d’une splendeur inestimables, dont l’éclat lui ôtait la vue. À l’entour du trône une infinité d’Anges tout rayonnants de gloire. La Sainte Vierge passant devant Celui qui était au Trône lui fit une profonde révérence et l’adora, sans que Benoîte scut qui c’était. Quand la Mère de Dieu passait, tous les bienheureux se levaient de leur siège et la saluaient.

Au milieu du Paradis elle vit un grand arbre, fort épais et étendu : les feuilles et les branches étaient d’or, lui semblait-il, et quantité de belles pommes. Elle avait grande envie d’en prendre une, mais par respect elle ne l’osa faire. Elle dit à la Mère de Dieu : « Voilà un bel arbre ! ». « C’est l’Arbre de Vie », lui répondit la bonne Mère. N’ayant vu que quelques prêtres dans le Paradis, parmi cette foule innombrable, elle dit : « Je n’y vois guère de prêtres ! ». La Bonne Mère lui dit qu’elle ne les lui a pas voulu monstrer, parce qu’elle en aurait trop de déplaisir ».

Elle poursuivit cette visite toute le nuit et se retrouva au point du jour au pied de la descente du Laus. Il y a de quoi nous surprendre.

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24 février 2015

Le Carême avec la Vénérable Benoîte Rencurel

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Le Carême avec la Vénérable Benoîte Rencurel

 

Mgr René Combal, actuel chapelain et ancien recteur du sanctuaire Notre-Dame du Laus, nous propose de vivre le Carême en compagnie de la Vénérable Benoîte Rencurel. A l'occasion de l'année jubilaire du 350e anniversaire des premières apparitions, afin de vivre le Carême, retrouvez, chaque jour de la sainte quarantaine, une méditation pour vous plonger dans la Grâce du Laus.

 

Cinquième semaine de Carême

 

Cinquième dimanche de Carême

Dimanche 22 mars

La résurrection de Lazare et les guérisons pendant l’éclipse du Laus

 

En ce cinquième dimanche de carême, l’Évangile nous raconte la résurrection de Lazare. Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois tu verras la gloire de Dieu ». À Notre-Dame du Laus, « il ne faut qu’avoir la foi » nous dit le chanoine Pierre Gaillard en présentant un tableau évocateur des infirmités qui continuent à être guéries même pendant la période d’hostilité, dans les années 1700.

Neuf cas sont signalés de 1701 à 1703, dont deux par l’onction d’huile de la lampe pour l’année 1703. Aucun fait précis, mais un long tableau des infirmités qui sont guéries au Laus : « ceux qui ont mal aux yeux offrent des cœurs d’argent après leur guérison ; ceux qui sont guéris de chancre au nez, au sein, au visage, offrent aussi des présents. De même beaucoup sont guéris des jambes ou d’autres infirmités corporelles, mais la plupart ne sont pas notées, les prêtres étant trop occupés les jours de fêtes pour le faire. Ils le disent en se confessant, on les prie d’attendre pour qu’on les écrive après leur confession. Mais, pour différentes raisons, ils s’en vont et ne reviennent pas. Et puis il y en a d’autres qui n’osent pas parler de leurs infirmités, surtout quand ce sont des maux héréditaires, comme les écrouelles et qui s’en vont sans dire mots, ou par sauvagerie, ou parce qu’ils n’osent pas. Combien de sourds, de muets, guérissent !

En un mot, on y guérit de toute sorte de maux, et des plus incurables, inconnus des médecins : ainsi, une fille qui avait les yeux fondus à la tête, incapable de voir normalement, être guérie à la fin de sa neuvaine et avoir les yeux aussi beaux qu’auparavant. Combien de maux de tête, de maux internes, où l’on ne connaît rien et qui guérissent au Laus ! Combien qui sont guéris de toutes sortent d’indispositions en prenant de l’huile de la lampe de la chapelle. Chacun en porte à son pays et en donne aux voisins qui guérissent sans qu’on en sache rien au Laus ! Il ne faut qu’avoir la foi et se mettre en état de grâce pour guérir. Mais tous ne rapportent pas les effets miraculeux de leur guérison. »

 

Cinquième semaine de Carême

Lundi 23 mars

La femme adultère et la conversion de Madame Rolland

 

L’Évangile nous présente l’épisode de la femme adultère : « Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en train de commettre l’adultère. Ils veulent la lapider, Jésus leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché qu’il soit le premier à lui jeter la pierre » ; ils s’en allèrent l’un après l’autre en commençant par les plus âgés. Jésus reste seul avec la femme en face de lui. Il se redresse et lui demande : « Femme, où sont-ils donc ? Alors personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit « Personne, Seigneur ». Et Jésus lui dit : « Moi non plus je ne te condamne pas, va , et désormais ne pèche plus. » »

Madame Rolland chez qui Benoîte travaillait pour garder son troupeau, était une femme de mauvaise vie. Elle va se trouver en contact avec la Belle Dame au Vallon des Fours. Voici le récit du chanoine Pierre Gaillard : « Sa maîtresse ne vivant pas comme elle le souhaitait, Benoîte prie la Dame de se faire voir à elle et de changer son cœur. Sa maîtresse était surprise de tout ce que cette fille faisait, et de sa vertu et de ses visions, de tout ce qu’on disait d’elle : elle n’y croyait pas.

Elle se rend un matin à l’insu de Benoîte, près du lieu de l’apparition, au Vallon des Fours. Sitôt que Benoîte arrive, elle voit la Dame qui lui dit : « Votre maîtresse est cachée sous la roche. »  « Elle n’y est pas Madame, je l’ai laissée dans le lit. Belle Dame, qui le sait mieux de nous ? » « Elle y est, répond la Vierge,vous la trouverez sous la roche ; avertissez-la de ne pas jurer sur le nom de Jésus, que si elle continue il n’y a pas de paradis pour elle, que sa conscience est en très mauvais état, qu’elle fasse pénitence… »

Cette femme l’entendit, fut touchée d’une douleur très sensible, et d’un repentir extrême d’avoir offensé Dieu : elle pleure, soupire, gémit. Benoîte s’approche en entendant les pleurer et lui dit : « Vous m’avez fait dire un mensonge à la dame. Je vous croyais au lit ». « J’ai entendu tout ce que la Dame vous a dit, je me corrigerai ». Ce changement si prompt donna beaucoup de consolation à cette bonne fille, et encore davantage par la suite quand elle vit sa maîtresse ne jurant plus, jeûnant et donnant aux pauvres autant que ses facultés le permettaient. Elle vécut le reste de ses jours fort chrétiennement, fréquentant les sacrements. »

 

Cinquième semaine de Carême

Mardi 24 mars

Le serpent de bronze et la chapelle du Précieux Sang

 

Nous méditerons aujourd'hui sur le livre des Nombres, qui nous présente le serpent de bronze. « Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet d’un mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il conservait la vie. » Dans l’Évangile, Jésus déclare : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’Homme, alors vous comprendrez que moi, Je SUIS ».

Benoîte, à cinq reprises, a vu le Christ crucifié sur la Croix d’Avançon, que nous pouvons continuer à regarder et à contempler dans la chapelle du Précieux Sang. Cette chapelle unique, qui a été inaugurée le 16 octobre 1862, restaurée et bénie récemment par Monseigneur Jean-Michel di Falco Léandri, est un véritable reliquaire : la croix est suspendue au dessus de l’autel où la messe est célébrée durant l’été tous les vendredis. Là de nombreux pèlerins reçoivent des grâces extraordinaires qui proviennent de l’expérience spirituelle que Benoîte a vécue en ce lieu. Elle venait y prier pieds nus des heures entières, été comme hiver, les mercredis, vendredis et samedis, jours où elle jeûnait. Tournons-nous aussi vers la Croix Glorieuse d’où jaillissent l’eau et le sang de Jésus par lesquels nous avons été régénérés.

 

Cinquième semaine de Carême

Mercredi 25 mars

La vérité vous rendra libre

 

Jésus déclare dans l’Évangile : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, alors vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libre. »

Un homme, Monsieur Blanchard, était prisonnier d’une grave obsession. Il retrouve la liberté grâce à Benoîte qui lui révèle la vérité sur son mal. Monsieur Peythieu revient six fois sur le cas de cet avocat, dont la maladie avait étonné toute la Provence : cet homme, très estimé dans la région, était soudain devenu gravement malade de scrupule. Cela après une confession générale suivie d’une communion où il avait cru entendre une voix citant un texte vengeur des psaumes contre les pécheurs qui ne se convertissent pas. Cette parole l’obsédait et il était tombé dans une neurasthénie fort agitée. Les siens devaient parfois le lier avec des cordes pour qu’il ne coure pas à travers toute la ville.

Son confesseur, un Récollet, nommé François Piémond le décide à se rendre au Laus en septembre 1684, lui conseillant de ne pas parler de confession. Il vient au Laus. Benoîte le rencontre et l’aide à découvrir le mal qui est au fond de son âme : il était effrayé par de mauvaises communions faites autrefois et était resté jaloux de sa femme. Il se confesse, se réconcilie avec son épouse. Il est complètement guéri faisant l’admiration de la ville par sa piété retrouvée et sa générosité envers les malades et les affligés. Il revient en mai 1685 pour rendre grâce. Cette guérison est vraiment révélatrice du charisme d’accompagnement psycho-spirituel de Benoîte.

 

Cinquième semaine de Carême

Jeudi 26 mars

Il ne verra jamais la mort

 

En effet, dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous dit : « Amen, amen je vous le dis : si quelqu’un est fidèle à ma parole, il ne verra jamais la mort. »

Benoîte éduquée par Marie a été fidèle jusqu’au bout à la Parole de Dieu. C’est pourquoi au-delà de sa mort, elle est toujours présente à Notre-Dame du Laus. Elle continue mystérieusement à accueillir les pèlerins, à les réconforter, à les aider à voir clair dans leur conscience, à les préparer à la confession, à prier pendant qu’ils se confessent, à les aider à bien participer à l’Eucharistie et à la Communion avec les meilleures dispositions.

« Après la mort de la bergère, écrit Aubin dans sa copie authentique, on aurait pu croire que les gens qui avaient pour elle une vénération particulière cesseraient de venir au Laus et que ce saint lieu serait bien moins fréquenté. Mais Dieu qui s’était servi de cette humble fille pour établir cette dévotion en l’honneur de sa Sainte Mère. Il lui avait fait assurer par l’Ange que ce pèlerinage serait plus florissant après sa mort que de son vivant et avait suscité de saints prêtres pour continuer et perfectionner  cette bonne œuvre. » Ainsi on y voit encore venir les mêmes processions et la même affluence du peuple. La Très Sainte Vierge y accorde la même protection. On y reçoit toujours de nouvelles grâces, soit des guérisons, soit des conversions éclatantes.

 

Cinquième semaine de Carême

Vendredi 27 mars

« Toi qui scrutes l’homme juste, toi qui vois les reins et les cœurs »

 

Le Prophète Jérémie nous dit que Dieu scrute l’homme juste, et voit les reins et les cœurs. C’est une occasion pour nous de parler du charisme de Benoîte qui touche les cœurs et a le don de lire dans les consciences. Pierre Gaillard écrit : « Combien de personnes ont dit que le Laus est le refuge des pécheurs. En ce lieu, Dieu leur inspire de faire de bonnes confessions, lève la honte de ceux qui n’osent pas les dire, assistés de l’avis de Benoîte qui leur découvre tout leur intérieur. 

« Quand je vois quelqu’un, déclare Benoîte à Gaillard, je connais d’emblée tout ce qu’il est et ce qu’il a sur la conscience. C’est comme dans une glace : on voit ce qui est au dedans, tout à la fois. C’est ce qui me permet de donner les avis nécessaires au salut de ceux que je juge capable d’en profiter. » Monseigneur Hervé, évêque de Gap, rencontre Benoîte qui prie Dieu dans l’église : « Elle lui parle plus de deux heures et lui décrit tout ce qu’il vit dans son intérieur, ce qu’il avait fait, ce qu’il allait faire, ce qui plairait ou non à Dieu. » Ainsi, tous sans distinction, bénéficient, et encore aujourd’hui, du don que Dieu a accordé à Benoîte comme au Curé d’Ars pour entrer dans la grâce de Miséricorde et de conversion du sanctuaire de Notre-Dame du Laus.

 

Cinquième semaine de Carême

Samedi 28 avril

« Je vais les rassembler de partout et je les purifierai »

 

Le prophète Ezékiel annonce que Dieu va rassembler son peuple et le purifier. C’est bien ce que la Vierge a voulu en fondant avec Benoîte le sanctuaire de Notre-Dame du Laus : rassembler beaucoup d’hommes et de femmes pour qu’ils se purifient par le sacrement de la réconciliation.

Le juge François Grimaud dans la « Relation Véritable » qu’il adresse à l’Archevêque d’Embrun, Monseigneur d’Aubusson de la Feuillade, écrit : « Les miracles que Dieu a opérés en ce lieu par l’intercession de Benoîte se déroulent dans l’affluence innombrable du peuple qui y est venu de toutes parts... par un miracle particulier, cette nouvelle a été répandue dans toute la province du Dauphiné et autres lieux du Royaume, et jusque dans les capitales de l’Espagne et du Piémont mais avec tant de succès et de fruits, que depuis les fêtes de la Pentecôte 1665 jusqu’en janvier 1667, on peut assurer avec vérité qu’il y est venu plus de 130.000 personnes. » Ainsi se réalisent dès les premiers temps, l’annonce prophétique de la Mère de Dieu : « Beaucoup de pécheurs et de pécheresses viendront ici pour se convertir. »

 

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21 février 2015

Le Carême avec la Vénérable Benoîte Rencurel

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Le Carême avec la Vénérable Benoîte Rencurel

 

Mgr René Combal, actuel chapelain et ancien recteur du sanctuaire Notre-Dame du Laus, nous propose de vivre le Carême en compagnie de la Vénérable Benoîte Rencurel. A l'occasion de l'année jubilaire du 350e anniversaire des premières apparitions, afin de vivre le Carême, retrouvez, chaque jour de la sainte quarantaine, une méditation pour vous plonger dans la Grâce du Laus.

 

Premier dimanche de Carême

22 février

La Tentation de Jésus

 

En ce cinquième jour de Carême, qui est le Premier Dimanche de Carême, l’Église nous propose la tentation de Jésus au désert. « Jésus, après son baptême, fut conduit au désert par l’esprit pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours, Il eut faim… Ensuite le diable l’emmène à la ville sainte et le place au sommet du temple. Enfin, il l’emmène encore sur une très haute montagne. »

Nous sommes amenés à relire et à méditer le texte intégral de cet Evangile de Saint Matthieu qui est proclamé à la messe de ce jour. L’évangile de Luc ajoute : « Ayant ainsi épuisé toutes les formes de la tentation, le diable s’éloigne de lui pour revenir au temps favorable ». Benoîte a été tentée par le diable de beaucoup de manières. Elle s’est sentie de nombreuses fois transportée physiquement dans les montagnes. Est-ce de véritables transports corporels ? Est-ce uniquement des transports imaginaires sous formes de cauchemars ? Nous ne saurons jamais. Mais ce que nous savons c’est que Benoîte a été malmenée par l’esprit du mal. La servante de Dieu vit un terrible combat spirituel. Le but qui transparaît à travers ces événements est toujours le même : désespérer Benoîte, l’écarter du Laus et de sa mission. Nous aussi nous sommes tentés chacun à notre manière.

Saint Ignace de Loyola écrit dans ses Exercices Spirituels que l’ennemi de la nature humaine se conduit comme un chef de guerre. Il attaque par le point le plus faible. Saint Augustin à son tour écrit : « Dans le Christ, c’est toi qui es tenté par le diable… Si c’est en Lui que nous sommes tentés, c’est en Lui que nous dominerons le diable. Reconnais que c’est toi qui es tenté en Lui et alors reconnais que c’est toi qui es vainqueur en Lui ».

 

Première semaine de Carême

Lundi 23 février

Conversion

 

« Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » C’est la parole que le prêtre a prononcé en nous imposant les Cendres. À travers le prêtre, c’est le Christ lui-même qui s’adresse à nous. Oui, le carême est vraiment le temps de la conversion ; et comme nous l’avons déjà rappelé dès le premier jour : le Laus est un lieu de conversion, la grâce du Laus que nous pensons recevoir à distance est une grâce de conversion. Pourquoi ce mouvement de conversion que l’on constate au Laus depuis les origines jusqu’à nos jours ?

Le manuscrit de Gaillard nous donne la réponse : « Combien qui ont oui une infinité de sermons de prédicateurs fort pathétiques et persuasifs, qui ne les ont point touchés ! Ils le font de quelques paroles que leur dit un confesseur en ce saint lieu, se convertissant entièrement, quittant leurs mauvaises habitudes ; ils vivent à la suite en chrétiens réguliers, bien mieux qu’auparavant comme nous l’avons su ensuite de plusieurs. D’où vient ce prompt changement qui se fait en un instant ? D’une grâce victorieuse et efficace qu’ils reçoivent en se saint lieu, et qui triomphe de leur volonté sans les contraindre. Les attraits de cette grâce sont si puissants qu’elle porte la douceur dans le cœur, les sanglots et les soupirs sur les lèvres, les larmes aux yeux ; ils sont pris d’une si vive douleur d’avoir offensé Dieu qu’ils ont de la peine à l’énoncer. Joie et tristesse qui produisent un même effet : la conversion. »

 

Première semaine de Carême

Mardi 24 février

Exemples de conversion

 

Voici maintenant quelques exemples de conversion qui sont relatés dans les Manuscrits du Laus et qui sont susceptibles de nous stimuler aujourd’hui pour nous aider à une nouvelle conversion. Voici le texte de Gaillard : « Deux de ces religieux allaient à Guillestre chercher du bois pour bastir. Ils entrent à l’église (du Laus) au moment où Benoîte venait de voir la Vierge. Quand elle fût revenue de son extase, ces Pères lui demandent si elle pouvait leur donner quelque avis pour leur dessein. — « J’ai ordre de vous dire, de la part de notre bonne Mère, que la mésintelligence qui règne parmi vous, a fait que la dévotion de Notre Dame des Anges s’est relâchée de beaucoup ; mais si vous vous entendez mieux, que vous travaillez avec grand zèle pour le salut du prochain, la dévotion se rétablira dans votre église », puis elle les assura du succès de leur recherche du bois de construction. Ils la remercient, et profitent de ses avis, car « elle a su depuis que la dévotion s’est beaucoup augmentée dans cette église ».

Un capitaine dont la compagnie séjournait en 1677 auprès de Gap, et qui désirait « se divertir de façon coupable », apprend l’existence d’un lieu souvent visité, qui se nomme le Laus. Il s’y rend tout excité, mais à peine arrivé il entre dans l’église, et est soudain bouleversé par ses mauvaises intentions. Lui qui ne s’était pas confessé depuis quarante ans, il demande à Peytieu ce service, et repart après des aveux « pleins d’extrême repentir ». Son valet dira ensuite à ce confesseur que « cet homme violent qui aurait tiré un coup de pistolet pour la moindre chose » est soudain changé en agneau, et passe son quartier d’hiver en bon chrétien. Il mourut peu après. Peut-être était-il de la compagnie de dragons « du Sieur Chevalier Bayard », qui séjourna à Gap en février 1677, et dont l’avocat Grimaud alla se plaindre à Grenoble, à cause de la mauvaise tenue des officiers.

 

Première semaine de Carême

Mercredi 25 février

Exemples de conversion (suite)

 

Nous continuons à énumérer d’autres exemples de conversion relatés par les Manuscrits du Laus. Deux autres cas sont moins édifiants : un jeune marchand de Grasse arrive de Gap par la montagne en mai 1678 avec un père et sa fille. Ce père indigne a choisi le Laus pour donner sa fille à ce marchand, mais Benoîte veille, leur découvre leur mauvais dessein et leur fait une « terrible réprimande ». Le jeune homme vivement touché par ces paroles, écarte l’occasion, et passe une nuit de combat à se demander s’il va s’en confesser. Au matin à l’Angélus il s’y décide et clame ensuite sa joie devant les pèlerins : « J’étais venu pour faire le mal, et j’ai trouvé ici mon salut ! »

Benoîte n’hésite pas devant les plus grands sacrifices matériels pour sauver les âmes. Ainsi pour cette adolescente que son père pensait à prostituer dans son extrême pauvreté, et qui passe au Laus. La Voyante lui révèle son intention, lui en montre la gravité et lui dit : « Tenez ! voilà quatre éminés de bled que j’ai pour passer mon hiver. Prenez-les ! Dieu m’en donnera d’ailleurs s’il lui plaît ». Confus, le bonhomme ne peut en croire ses oreilles ». « Oui ! Oui ! répond Benoîte, c’est du meilleur de mon cœur ! Mais à condition que vous fassiez pénitence de votre intention déshonorante « . « Ah ! Ma sœur ! je souffrirai plutôt la mort, et que nous mourrions tous de faim plutôt que d’y penser… » Et il repart avec sa fille toute émue, emmenant la charge de blé qui s’élevait à 110 kilos environ : cadeau royal de notre héroïque bergère !

 

Première semaine de Carême

Jeudi 26 février

Conversion du Régiment de Touraine

 

Le séjour de ce régiment à Gap mérite une mention spéciale. Il s’agit de dix compagnies d’infanterie du régiment de Touraine, qui arrivent les 11 et 13 septembre 1684, pour ne repartir que les 25 et 26 février suivant. Le nouvel évêque de Gap s’entend avec le colonel pour organiser à Gap une mission et une retraite pour l’ensemble de la troupe. À la suite de la retraite, tout le régiment est envoyé en pèlerinage à Notre Dame du Laus. Nous sommes en novembre 1684.

Voici ce que nous écrit Jean Peythieu sur les effets de ce pèlerinage : M. Peytieu y fait allusion au début du Journalier, de 1685 : « Nous avons passé l’hyver à recueillir les fruits d’une Mission que Mgr d’Hervé a fait donner dans sa ville de Gap, et d’une retraite qu’il fit faire aux soldats du Régiment de Turaine (sic), qu’il envoya en procession à Notre Dame du Laus. Il faut advouer que je ne vis rien de plus édifiant ». Il décrit alors l’arrivée de la troupe, qui eut lieu probablement le 8 décembre. (...) Nous leur fusmes à la rencontre avec une autre procession de 600 personnes, venues en dévotion. Ces pauvres soldats furent si touchés de ce saint lieu qu’ils firent résolution d’y venir les uns après les autres, faire leurs confessions générales : ce qu’ils ont exécuté. Ils y venaient de 6 à 6, de 7 à 7, et ils ont si bien profité des grâces à Notre Dame du Laus, qu’ils ont quitté jurements et blasphèmes, et autres vices d’habitude, jusques à se rendre la plupart hommes d’oraison. Beaucoup d’entre eux, à la veille de leur départ, sont venus même la nuit remercier la très digne Mère de Dieu des faveurs spirituelles qu’Elle leur avait obtenues. Ç’a été notre grande préoccupation pendant 3 mois. (...) C’étaient des hommes bien faits, et qui ne craignaient pas le mauvais temps. Ils nous ont écrit d’Agen, pour qu’on fit faire quelques prières particulières, et pour continuer les avertissements qu’on leur avait donnés dans ce saint lieu ».

Peytieu précise aussi qu’une délégation de dix soldats avait remercié les Pères du Laus de leur bon accueil. Dans un autre passage, il écrit : « En l’an 1684, 2 soldats venant de Pignerol abordèrent Benoîte, en lui demandant de leur découvrir leur cœur. Elle leur répondit : « Vous êtes deux grands pécheurs, et vous êtes obstinés ; mais vous qui avez perdu la vue d’un œil, si vous vous convertissez, vous guérirez. Il se confessa et fut guéri ».

 

Première semaine de Carême

Vendredi 27 février

Un premier miracle qui en annonce une infinité d’autres

 

« Dieu qui veut se manifester en ce saint lieu, fait un miracle en présence de tous ceux de la procession de Lazer ». Pierre Gaillard, lorsqu’il relate ce premier miracle entre 1707 et 1712 alors qu’il a plus de 87 ans, sait que ce premier miracle est le premier parmi une infinité d’autres qu’il est en train de relater dans son manuscrit. Une infinité d’autres qui couvre la période de 1665 jusqu’à la fin de 1711 où Gaillard achève d’écrire. C’est le premier miracle qui a lieu en avril 1665 au cours du premier pèlerinage de la paroisse de Lazer. C’est un estropié qui lâche ses béquilles retrouvant l’usage normal de ses jambes en s’écriant : « Miracle ! Miracle ». Depuis près de quarante-sept ans Gaillard constate les événements et les merveilles du Laus et leur signification profonde qu’il exprime dès ce premier miracle : « C’est Dieu qui se veut manifester en ce saint lieu. Pour le démontrer il opère des miracles ».

Dès le départ, si Dieu opère ce miracle c’est pour se manifester en ce saint lieu et c’est pour la même raison qu’il va en opérer une infinité d’autres. Grimaud termine son manuscrit par ces quelques lignes : « Il y a une infinité d’autres personnes qui ont reçues des grâces très singulières, et desquelles on n’a pu encore avoir connaissance, et surtout grande quantité de boiteux et estropiés qui ont laissé leur potence sans y avoir bien voulu dire par humilité ou autrement, qu’on tâchera de savoir pour les ajouter à la présente relation ». (CA G. 489 [535]).

Jean Peytieu, dans son rapport à l’archevêque d’Embrun, Charles Brulard de Genlis, insiste sur l’importance des miracles et des guérisons pour attester l’authenticité des apparitions. Mais c’est surtout dans son journalier des merveilles de Notre Dame du Laus, commencé le 12 août 1684, qu’on signale pour ainsi dire au jour le jour, le nombre des miracles. Il relate un miracle le 4, le 5, le 10 septembre, le 17 septembre deux autres miracles ; un miracle le 27, un autre le 29, un autre encore le 30 septembre. Le 2 octobre beaucoup de personnes viennent rendre grâce. En octobre 1684, Peytieu note une plus grande quantité de miracles qui ne sont pas seulement des guérisons mais d’autres types de miracles dont nous parlerons ultérieurement.

 

Première semaine de Carême

Samedi 28 février

La Charité

 

La prière d’ouverture de la messe de ce onzième jour de carême nous fait demander à Dieu une vie remplie de charité. « Dieu éternel, Notre Père, daigne tourner vers Toi notre cœur, afin que nous soyons tout entier à ton service, dans la recherche de l’unique nécessaire et une vie remplie de charité ». L’évangile lui aussi est un appel à la charité : « Vous avez appris qu’il est dit : tu aimeras ton prochain comme toi-même et tu haïras ton ennemi. Et moi je vous dis : aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient, afin d’être les fils de votre père qui est aux cieux… »

Nous avons déjà mentionné la Charité de Benoîte à l’égard des enfants de sa patronne madame Astier. Elle leur donne toute sa nourriture pendant la semaine où elle travaille chez elle. Nous avons vu son attitude à l’égard du père qui venait livrer sa fille à la prostitution ; elle lui donne tout le blé qu’elle avait pour passer l’hiver. Le prêtre Jean Peythieu dans son rapport à l’archevêque Monseigneur Brulard de Genlis écrit : « Il faut que je dise que Benoîte a beaucoup de charité, comme on le connaît par sa dévotion, et par la distribution qu’elle fait des aumônes qu’elle reçoit et de ce qui serait nécessaire pour sa subsistance ; elle a une adresse merveilleuse pour le cacher aux yeux des hommes ». Le Père Jean Baptiste Royère écrivant à Francis Malleval, aveugle et savant, mystique et grande figure de Marseille, parle de la « charité sans bornes de Benoîte, donnant tout ce qu’elle avait pour soulager les pauvres, ne se plaignant point de leur importunité, soufflant leur grossièreté sans jamais leur témoigner la moindre peine ; se faisant toute à tous… » Nous aurons l’occasion de parler encore ultérieurement de la Charité héroïque de Benoîte.

 

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17 février 2015

Le Carême avec la Vénérable Benoîte Rencurel

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Le Carême avec la Vénérable Benoîte Rencurel

 

Mgr René Combal, actuel chapelain et ancien recteur du sanctuaire Notre-Dame du Laus, nous propose de vivre le Carême en compagnie de la Vénérable Benoîte Rencurel. A l'occasion de l'année jubilaire du 350e anniversaire des premières apparitions, afin de vivre le Carême, retrouvez, chaque jour de la sainte quarantaine, une méditation pour vous plonger dans la Grâce du Laus.

 

Mercredi des Cendres

18 février 2015

Réconciliation

 

« Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Ce texte est tiré de la deuxième lecture de ce mercredi des Cendres, qui est le premier jour du Carême. Nous vous proposons cette année, à l’occasion de l’année jubilaire des 350 années des apparitions de Notre Dame du Laus, de vivre ce Carême avec la Vénérable Benoîte Rencurel et dans la grâce du Laus, comment ne pas remarquer que cet appel de Saint Paul coïncide avec l’appel de la Vierge Marie à Benoîte ?

« J’ai destiné ce lieu pour la conversion des pêcheurs… Beaucoup viendront ici se convertir. » Se convertir, n’est-ce pas se réconcilier avec Dieu ? C’est la raison des apparitions de la Mère de Dieu à Benoîte. Tous les jours de ce Carême, nous essaierons d’éclairer les textes de l'Ecriture à la lumière de la grâce du Laus et de l’expérience de Benoîte. Tout au long de sa vie, Benoîte a travaillé au service de la conversion et de la réconciliation sous la conduite de Marie. Dès ce premier jour, mettons-nous avec Benoîte sous la conduite de Marie et laissons-nous toucher par cet appel à la réconciliation.

 

Jeudi après les Cendres

19 février

Aumône

 

Dans l’Evangile du Mercredi des Cendres que nous reprenons en ce deuxième jour de carême, Jésus nous dit : « Quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi comme ceux qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues pour se faire valoir devant les hommes. Vraiment je le déclare, ceux-là ont touché leur récompense. Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fais ta main droite, afin que ton aumône reste invisible. Ton Père voit ce qui est invisible, il te le revaudra ».

Quand Benoîte travaillait chez la veuve Astier, qui avait six enfants en bas âge, elle partageait tous les jours sa nourriture aux enfants de sa patronne à l’insu de leur mère, disant que c’était assez qu’elle mange la semaine suivante chez son autre maître… Ce qu’elle fait auprès des enfants de sa maîtresse, elle l’a pratiqué aussi en d’autres temps avec ses compagnes, leurs portant le pain qu’elle portait en gardant ses moutons ». Le prêtre Jean Theyssier, son confesseur écrit : « Il faut que je dise que Benoîte a beaucoup de charité, comme on le connaît… par la distribution qu’elle fait des aumônes qu’elle reçoit et qui serait nécessaires pour sa subsistance : elle a une adresse merveilleuse pour les cacher aux yeux des hommes ». Que Benoîte nous aide à vivre, à notre manière, comme elle, le partage discret pendant ce carême.

 

Vendredi après les Cendres

20 février

Prière

 

En ce troisième jour de Carême, dans le même évangile du Mercredi des Cendres, à la suite de l’aumône, Jésus nous invite à vérifier notre manière de prier. « Et quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle : quand ils font leurs prières, ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et les carrefours pour se montrer aux hommes. Vraiment je le déclare, ceux-là ont touché leur récompense. Mais toi quand tu pries, retire toi dans ta chambre, ferme la porte et prie ton père qui est là, invisible ; ton père voit ce qui est invisible, il te le revaudra ».

« Dans le commencement de la dévotion, écrit le chanoine Pierre Gaillard dans son manuscrit, Benoîte passait souvent toute la nuit en prière dans la petite chapelle… Elle se cachait, parfois, dans un champ de blé pour prier. » Durant l’hiver 1664-1665, après la première apparition à la chapelle de Bon Rencontre, elle montait chaque jour à la chapelle du Laus, y restant deux à trois heures, toute seule avec la Vierge. Elle prie parfois des nuits entières en simple chemise sur le sol de sa chambre. Durant trente ans, elle va prier pendant la nuit à la chapelle de la Croix d’Avançon, nu-pieds, même en hiver, y restant de trois à quatre heures, trois fois par semaine. Qu’elle nous aide à mieux vivre la prière pendant ce temps de carême.

 

Samedi après les Cendres

21 février

Le jeûne

 

En ce Samedi après les Cendres, quatrième jour de ce temps de Carême, nous continuons à méditer sur le même Evangile du Mercredi des Cendres. C’est une invitation à nous interroger sur notre manière de jeûner. « Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle ; ils se composent une mine défaite pour bien faire connaître aux hommes qu’ils jeûnent ; Vraiment, je vous le déclare : ils ont touché leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume toi la tête et lave toi le visage : ainsi ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton père qui est là, invisible ; ton Père voit ce qui est invisible, il te le revaudra ».

Benoîte fait parfois des jeûnes de six à huit jours pour ramener des pécheurs à la pénitence. Son repas solitaire est souvent un peu de pain dans sa soupe, quelques noix et un peu de fruit. Ses directeurs lui ordonnent en 1710 de prendre un peu de vin à cause de la faiblesse de son estomac. Elle jeûne surtout les mercredis, vendredis et samedis. Aux jeûnes d’obligation elle prend pain et eau, parfois un peu de soupe, mais parfois elle ne se contente que de l’eau, parce qu’elle a donné son pain à des pauvres. Les jours d’affluence, elle reste de l’aube à la nuit à parler aux uns et aux autres sans prendre le temps de manger. Et pourtant, les pèlerins étaient marqués par la sérénité qui émanait de son visage. Quand la Vierge lui apparaissait, elle était comme un soleil, nous disent les manuscrits.

L’exemple de Benoîte ne nous invite pas forcément à l’imiter mais à trouver notre manière de jeûner, compte tenu de notre santé et de nos moyens, « car l’homme ne se contente pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Le Droit Canon nous indique (canon 1249) que tous les fidèles sont tenus de faire pénitence chacun à sa façon… (canon 1251). L’abstinence et le jeûne seront observés le mercredi des Cendres et le vendredi de la Passion et de la Mort de Notre Seigneur Jésus Christ. L’abstinence de viande ou d’une autre nourriture tous les vendredis de carême.

 

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