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31 mai 2014

Le Mois de Saint Pierre

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Le Mois de Saint Pierre

Ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

 

Premier jour

L'Eglise universelle

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous!

 

I. Lorsque l'on considère le Créateur de toute chose, l'Esprit de Dieu planant avec son infinie majesté et sa toute-puissance sur les espaces et les abîmes ; lorsqu'on le voit faisant sortir du néant l'univers entier par la seule force de sa parole féconde, on tombe prosterné devant lui, et on l'adore. Si ensuite, entrant dans les détails de ce chef-d'œuvre, on étudie l'admirable harmonie qu'il a établie entre les différents corps qui le constituent, comment pourrait-on être surpris qu'après avoir créé aussi le monde des esprits, dont la dignité et la noblesse l'emportent autant sur celles du monde matériel que le ciel l'emporte sur la terre, le souverain Maître ait voulu en coordonner également les éléments, et les unir entre eux par un lien indissoluble, le lien divin de la charité ! Ce monde spirituel, ainsi organisé par la main même du Créateur, c'est l'Église universelle.

II. « Que vos œuvres sont magnifiques ! s'écriait le Roi-Prophète en méditant sur les merveilles de la création des êtres matériels : elles portent toutes le cachet de votre sublime sagesse ! » Pour nous, élevons notre âme plus haut encore, et contemplons avec admiration la ravissante ordonnance que Dieu a établie dans cette incomparable société des esprits. Les uns sont sur la terre, chargés encore du poids importun d'une chair rebelle, et s'exercent dans les combats; d'autres souffrent dans un lieu transitoire pour y expier leurs faiblesses ; les autres, enfin, jouissent dans la gloire des cieux du bonheur suprême, fruit de leurs travaux et de leurs victoires. Mais tous ne forment pourtant qu'une seule et même famille, dont Dieu est le Père; tous n'ont qu'un seul et même but qui est d'exalter la gloire du Très-Haut; tous sont unis entre eux par un seul lien, le plus doux et le plus fort, qui est la charité.

III. Que notre âme quitte donc un instant la terre, que notre cœur se dilate, à la pensée de ce royaume des esprits, immense et sans limites, où règne cependant l'ordre le plus parfait ; où se manifestent à la fois toutes les perfections divines de celui qui l'a fondé, sa grandeur, sa toute-puissance, sa sagesse, sa justice et son amour. Prions le Seigneur qu'il nous donne lui-même l'intelligence de cette œuvre de ses mains : car, sans son aide, comment pourrions-nous embrasser cet horizon sans bornes, et comprendre ce céleste ouvrage dont Dieu et l'éternelle béatitude sont l'unique objet et la dernière fin ? Pour contempler les choses divines, il faut un secours divin ; sans lui, notre faiblesse et les liens malheureux qui nous attachent à la terre nous empêcheraient de nous élever assez haut pour entrevoir au moins ces sublimes vérités.

 

Élévation sur l'Église universelle

 

I. Si, du haut des montagnes les plus élevées du globe, je jette un regard autour de moi, quel vaste horizon se déploie sous mes yeux ! et je m'écrie avec admiration : Que vous êtes grand, ô mon Dieu ! Si en parcourant les falaises qui bordent l'immensité des mers, je contemple l'Océan, ma vue s'y égare et s'y perd, je crois avoir une idée de l'infini, je reconnais, Seigneur, votre ineffable majesté, et l'ouvrage de votre toute-puissance. Mais, qu'est-ce que ces imposants spectacles à côté de celui que m'offre l'Église de Dieu, le royaume des esprits ? qu'est-ce que la terre en face de l'immensité des cieux ?

II. Oh non! l'Église n'est pas seulement la réunion de ces âmes fidèles qui combattent sur la terre les combats du Seigneur, ce n'est pas seulement ce Pontife suprême présidant aux destinées éternelles des peuples et du monde entier, à l'aide de cette majestueuse hiérarchie et de ces généreux apôtres qui sont la voix qui prêche dans le désert et qui prépare les voies à la vérité ; ils n'en forment qu'un bien faible élément et la moindre partie. — L'Église! ce n'est pas seulement encore cette assemblée sainte des âmes embellies de toutes les vertus, enrichies des trophées de leurs nombreuses victoires, parvenues à une difficile perfectionnais auxquelles, avant d'entrer dans la gloire, il reste quelques légères taches à effacer, quelques faibles dettes à acquitter par les travaux de l'expiation. C'est bien là un des peuples les plus parfaits qui concourent à former le royaume des esprits, c'est une des plus belles provinces de cet immense empire; mais ce n'est pas encore l'Église universelle.

III. C'est au ciel, ô mon Dieu, que je dois monter; c'est de ces hauteurs que je dois contempler le royaume des âmes, si je veux en avoir au moins une faible idée; c'est jusqu'au pied du trône de votre infinie majesté que je dois m'élever, et de là plonger mon regard sous ces voûtes azurées et resplendissantes de vos divines clartés. Je verrai alors cet innombrable sénat composé des saints de tous les siècles, ce lieu de délices ineffables , récompense des plus généreux combats, espérance suprême des âmes qui n'ont pas achevé de se purifier, ou qui travaillent encore dans la vigne du père de famille. Je serai témoin surtout de ces rapports intimes de la terre avec le séjour de l'expiation, et de l'une et l'autre avec les cieux. Mon œil verra ces légions d'anges qui apportent en foule les messages des pauvres âmes qui gémissent encore sous le poids des souffrances de l'expiation et des labeurs de la vie passagère de l'épreuve, ou qui retournent et descendent vers le lieu de l'exil chargés des secours célestes que la miséricorde infinie daigne répandre par leurs mains sur ceux qui la prient. Saintes et douces communication que la charité divine a établies entre l'Église militante, l'Église souffrante et l'Eglise triomphante pour n'en faire qu'un seul et gigantesque Empire, digne d'être l'oeuvre de sa sagesse et de sa toute-puissance ! Ah ! si le génie de l'homme, surprenant l'un des secrets du Créateur, peut faire parvenir sa pensée jusqu'aux extrémités de la terre avec la rapidité de l'éclair, comment votre toute-puissance, votre ineffable bonté, ô mon Dieu, aurait-elle pu être arrêtée par la distance qui sépare le ciel de la terre ? Soyez mille fois béni. Seigneur, de ces liens étroits que vous avez su former entre eux !

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous!

 

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30 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Trente-et-unième jour

Dernière station à la Grotte

 

Voici, pour cette année du moins, s'il plaît à Dieu, notre dernière station à la Grotte de Lourdes. Nous aurions voulu, n'est-il pas vrai ? Y demeurer toujours. Mais hélas ! Ici-bas tous les lilas meurent et, comme les chants des oiseaux, les Mois de Marie, surtout aux bords du Gave, sont courts...

En choisissant une grotte pour théâtre de ses dix-huit Apparitions, la Dame des Pyrénées n'a fait qu'ajouter dix-huit chapitres glorieux à l'histoire religieuse des Grottes dans le monde. Une grotte, dissimulée, parmi les arbres du Paradis terrestre, aurait servi de retraite à Adam et Eve après leur prévarication... Jacob bénit ses fils chacun selon sa bénédiction. Puis il leur donna cet ordre : « Je vais être réuni à mon peuple ; enterrez-moi avec mes pères dans la grotte qui est dans le champ d'Ephron, le Héthéen, dans la grotte du champ de Macpéla, en face de Mambré, au pays de Canaan : c'est la grotte qu'Abraham a acquise d'Ephron, le Héthéen, avec le champ, pour avoir un sépulcre qui lui appartînt. C'est là qu'on a enterré Abraham et Sara, sa femme, c'est là qu'on a enterré Isaac et Rébecca, sa femme, et c'est là que j'ai enterré Lia.... Lorsque Jacob eut achevé de donner ses ordres à ses fils, ayant retiré ses pieds dans le lit, il expira et fut réuni à ses pères.... Les fils de Jacob firent donc envers leur père comme il leur avait commandé. Ils le transportèrent au pays de Canaan et l'enterrèrent dans la grotte du champ de Macpéla ».

« Et Josué, et tout Israël avec lui, retourna au camp à Galgala. Les cinq rois s'enfuirent et se cachèrent dans la grotte à Macéda. Josué dit : « Roulez de grosses pierres à l'entrée de la grotte, et mettez-y des hommes pour les garder.... Puis Josué dit : « Ouvrez l'entrée de la grotte, faites-en sortir les cinq rois et amenez-les moi ». Ils firent ainsi et lui amenèrent les cinq rois qu'ils avaient fait sortir de la grotte, le roi de Jérusalem, le roi d'Hébron, le roi de Jérimoth, le roi de Ivachis et le roi d'Eglon.... Puis Josué les frappa de l'épée et les fit mourir ; il les pendit à cinq arbres, et ils y restèrent pendus jusqu'au soir. Vers le coucher du soleil, Josué les fit descendre des arbres ; on les jeta dans la grotte où ils s'étaient cachés, et l'on mit à l'entrée de la grotte de grosses pierres qu'on y voit encore aujourd'hui ».

« David monta du rocher de l'évasion et s'établit dans les lieux forts d'Engaddi. Saül prit trois mille hommes d'élite d'entre tout Israël, et il alla à la recherche de David et de ses gens jusque sur les rochers des boucs sauvages. Il arriva au parc des brebis qui étaient près du chemin ; il y avait là  une grotte où il entra pour se couvrir les pieds, et David et ses gens étaient au fond de la grotte.... David se leva, puis coupa à la dérobée le bord du manteau de Saül. Après cela, le cœur lui battit, de ce qu'il avait coupé le pan du manteau de Saül.... Saül s'étant levé pour sortir de la grotte, continua sa route. Alors David se leva et, sortant de la grotte, il se mit à crier après Saül : « O roi, mon seigneur ». Saül regarda derrière lui, et David s'inclina le visage contre terre, et se prosterna, et il dit à Saül : « Vois dans ma main le coin de ton manteau. Puisque j'ai coupé le coin de ton manteau et que je ne t'ai pas tué, reconnais et vois qu'il n'y a dans ma conduite ni méchanceté ni révolte et que je n'ai point péché contre toi »... Et Saül éleva la voix et pleura. Il dit à David : « Tu es plus juste que moi... Maintenant je sais que tu seras roi ».

« Elie se leva, mangea et but, et avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à la montagne de Dieu, à l'Horeb. Là, il entra dans la grotte (et il y passa la nuit.... Jéhovah dit : « Sors, et tiens-toi dans la montagne devant Jéhovah, car Jéhovah va passer. Et il y eut un vent fort et violent qui déchirait les montagnes et brisait les rochers : Jéhovah n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre: Jéhovah n'était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, un feu : Jéhovah n'était pas dans le feu. Et après le feu, le murmure d'une brise légère. Quand Elie l'entendit, il s'enveloppa le visage de son manteau, et étant sorti, il se tint à l'entrée de la  grotte... Et Jéhovah lui dit : « Va, reprenant ton chemin, au désert de Damas, et quand tu seras arrivé, tu oindras Hazaël pour roi de Syrie ; tu oindras Jéhu, fils de Nanisi, pour roi d'Israël, et tu oindras Elisée, fils de Saphat, d'Abel-Méhana, pour prophète à ta place ».

On lisait dans les mêmes écrits, comment le prophète, sur un ordre reçu de Dieu, fit transporter avec lui le tabernacle et l'arche, et qu'il se rendit ainsi à la montagne que gravit Moïse et d'où il contempla l'héritage de Dieu. Arrivé là, Jérémie trouva une habitation en forme de grotte, et il y déposa le tabernacle et l'arche, ainsi que l'autel des parfums, et en boucha l'entrée.

A son tour, Jésus, le Verbe fait chair, naquit dans une grotte, ressuscita Lazare dans une grotte, agonisa, au jardin des Oliviers, dans une grotte, fut enseveli, au Golgotha, dans une grotte... Et, selon l'Apocalypse, quand sera ouvert le sixième sceau, quand se produira le grand tremblement de terre, quand le soleil deviendra noir comme un sac de crin, quand la lune entière paraîtra comme du sang, et que les étoiles tomberont vers la terre, comme les figues vertes tombent d'un figuier secoué par un grand vent, c'est dans des grottes et dans les rochers des montagnes que les rois de la terre, et les grands, et les généraux, et les riches, et les puissants, et tout esclave ou homme libre, se cacheront.

Mais, en attendant, c'est la Grotte de Lourdes, qui, toute resplendissante de lumière, tandis que ses sœurs de l'Evangile et de la Bible sont plongées dans les ombres d'un passé évanoui, continue, depuis un demi-siècle, à abriter en sa puissante image, après l'avoir possédée en personne, Marie, l'Eve nouvelle, la Reine des Patriarches, l'Inspiratrice des Prophètes, l'Espoir des temps antiques, la Mère de l'Adam nouveau, la Consolatrice des affligés, le Secours des chrétiens, la Porte du Ciel, le Tabernacle, l'Arche d'alliance, l'Autel des parfums du second Testament...

On l'appelle Grotte de Massabielle, c'est-à-dire de « Masse vieille », de « vieux rocher ». Son nom évoque son histoire, et son histoire est belle. La Science nous l'apprend. A rencontre des monts voisins dont la cime hautaine atteste les grandes révolutions terrestres qui soulevèrent les Pyrénées, Massabielle demeura disloquée, renversée à demi... Plus tard, disent encore les Savants, le fleuve de glace qui descendit du cirque de Gavarnie inondant la vallée du Gave la couvrit de ses vagues... Elle fut ignorée des hommes, durant de longs siècles,... jusqu'au jour où, le 11 février 1858, cette Grotte, manifestement prédestinée par le Christ pour l'honneur de sa Mère, devint ce qu'elle est encore aujourd'hui : l'abri des justes, le refuge des pécheurs, le tombeau du Mal, le berceau du Bien, l'hôpital des incurables, le laboratoire des Savants honnêtes, le foyer des miracles, l'oratoire des âmes, le rendez-vous des peuples, le sanctuaire de Jésus en son eucharistique présence, le Gethsémani de la Vierge dolente, le Tabor de l'Immaculée-Conception. Car, comme le disait Pie X en l'une de ses audiences de mars 1904, « Je considère les Apparitions de Lourdes avec toutes leurs conséquences si admirables, si opportunes et si salutaires, comme une des grâces les plus insignes qui aient été méritées à l'Eglise par la proclamation dogmatique de l'Immaculée-Conception ».

Des flancs de cette Grotte entre toutes bénie sortent des brises légères, maternelles caresses de Marie sur les âmes ; et, mieux qu'en la grotte d'Horeb, Jéhovah est dans ces brises surnaturellement fécondes... Sur son seuil, expirent les rafales des humaines passions, les commotions de la Politique antireligieuse, les embrasements de l'Anarchie, car Jéhovah n'est point dans ces vents, dans ces tremblements, dans ces feux. Et quand se sont apaisées les insolences haineuses, les justes, tel Elie, se livrent, pour la restauration des vertus dans le monde, à de saintes et royales onctions...

En cette Grotte, règne surtout la Vierge. Impossible de risquer la moindre coupure à son manteau de mérites immense autant qu'indéchirable. Mais, avec l'audace du repentir escomptant la clémence, on peut, d'un bord, d'un pan, d'un pli, si petit soit-il, de ce manteau de notre Reine, enrichir sa personnelle indigence, et se présenter devant Dieu, certain d'être mieux accueilli que David par l'inconstant Saül. Et maintenant, Grotte pyrénéenne, palladium de la France et du monde, après avoir passé, près de ton églantier, devant ta niche, à la lumière des blancs cierges dont la mèche fumante noircit sans cesse les parois de tes excavations, le Mois des fleurs, il nous faut te quitter, pour aller dans nos familles, en souvenir des grâces que tu nous procuras, porter des fruits...

O toi qui fus témoin des larmes de Bernadette en sa dernière visite, avant son départ pour Nevers ! Asile saint dont les délices inspirèrent à l'enfant virginale cette réponse où s'exhalait toute la gratitude de son âme : « A Lourdes, la Grotte était mon Ciel ! » pour nous aussi, durant trente-un jours, tu auras été un coin du Ciel !... Vois nos pleurs, perçois nos battements d'amour, et permets-nous d'adresser à ta royale Hôtesse, tandis que nous jetons sur sa statue un suprême regard, le cri final de l'Eglise, en une de ses Antiennes, pendant le Carême, saison mystique, Cure d'âme de l'année : « Adieu, à la plus belle des créatures, adieu Dame de Lourdes, Reine de notre Mois de Mai trop tôt fini, adieu et priez le Christ, votre Fils, notre divin Sauveur, pour chacun de nous tous : Vale, ô valde decora, et pro nobis Christum exora ! »

 

Examen et résolution

 

Comment avons-nous passé ces cinq semaines ?... Avons-nous scrupuleusement suivi le régime, le traitement du confesseur, médecin de notre conscience ?... Nos stations journalières à la Grotte ont-elles été des moments d'étude religieuse, de prière fervente, de sanctification effective ?... Qu'ont été nos oraisons, nos confessions, nos adorations, nos communions, nos conversations, nos actions ? Nous sentons-nous l'âme mieux portante, plus fraîche? Avons-nous plus de lumières sur Marie, plus d'amour pour cette bonne Mère, plus de confiance en sa miséricorde, plus de zèle pour l'avancement de sa gloire ? De quels défauts nous sommes-nous corrigés ? De quelles vertus nous sommes-nous parés ?... Quelles grâces avons-nous sollicitées, obtenues ?... Qu'espérons-nous encore ?...

Humilions-nous, si nous avons à nous reprocher quelque infidélité. Remercions, si notre programme spirituel, de tous points réalisé, nous a valu un notable amendement.... Et prenons des résolutions en rapport avec nos besoins.... Avons-nous besoin d'être humbles... purs... détachés de quelque créature... charitables dans nos paroles... fidèles à tel exercice de piété depuis quelque temps négligé... mortifiés dans telle fréquentation, en telle lecture ?... Prenons la résolution, non point vague, générale, mais précise, particulière, de le devenir... Et que nos résolutions, au lieu d'être ce que l'on ne tient pas, ce qui partant accuse et aggrave, soient, au contraire, ce que nous tenons, ce qui nous tient et ce qui, devant Dieu, nous sauvera.... Tel ce dernier jour du Mois de Mai, le dernier jour de notre vie arrivera, plus tôt peut-être que nous n'y songeons.... Heureux serons-nous alors, si nous avons pensé à Marie, parlé à Marie, ressemblé à Marie, travaillé, souffert, vécu pour Marie : le dernier jour de notre terrestre existence sera pour nous le premier du Mois de Marie qui, au Ciel, ne finira jamais...

 

Prière

 

O Notre Dame, nous ne saunons mieux clore le cycle de nos invocations quotidiennes qu'en vous adressant la prière composée, le 8 septembre 1903, par le pieux Pie X, en vue de l'année jubilaire de la Proclamation du Dogme de votre Immaculée Conception : « Vierge très sainte, qui, ayant plu au Seigneur êtes devenue sa Mère immaculée de corps et d'esprit, dans la foi et l'amour, regardez avec bienveillance les malheureux qui implorent votre puissant patronage. Le malin serpent, contre qui fut lancée la première malédiction, ne continue que trop à combattre par ses embûches les enfants d'Eve. Ah ! Vous, ô notre Mère bénie, notre Reine et notre avocate qui, dès le premier instant de votre conception, avez écrasé la tête de l'ennemi, exaucez les prières que nous vous conjurons, unis à vous d'un seul cœur, de présenter au trône de Dieu, pour que nous ne tombions jamais dans les pièges qui nous sont tendus, et qu'ainsi nous arrivions tous au port du salut, et qu'à travers tant de dangers, l'Eglise et la société chrétienne entonnent encore une fois l'hymne de la délivrance, de la victoire et de la paix. Ainsi soit-il ».

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

 

Fin du Mois de Marie

 

Prochain Mois de dévotion, le Mois de Saint Pierre, rendez-vous le 31 mai.

 

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Téléchargez l'intégralité des méditations du Mois de Marie à la Grotte de Lourdes (pdf) en cliquant ici

 

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29 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Trentième jour

Dix-huitième Apparition

 

Aussitôt Bernadette se leva et courut chez sa plus jeune tante Basile pour la prier de l'accompagner à Massabielle. L'entrée de la Grotte était alors défendue par ordre de l'autorité administrative, et une palissade en planches fermait le devant des excavations. Pour ne pas tomber sous les coups de l'arrêté préfectoral, Bernadette et sa tante prirent le chemin qui conduit aux prairies dites de la Ribère, et allèrent s'agenouiller sur la rive droite du Gave, en face du rocher des apparitions. En traversant le quartier de Lapaca, elles furent accostées par d'anciennes voisines qui, leur ayant demandé où elles allaient, se mirent à leur faire cortège. Plus loin, sur les pelouses qui se trouvaient en contre-bas de la route de Pau, elles rencontrèrent plusieurs groupes de femmes priant à genoux, tournées vers la niche miraculeuse. Dès que Bernadette apparut, tous ces groupes se levèrent et vinrent s'établir en demi-cercle autour d'elle. On était si heureux de prier à côté de la petite voyante ! Presque aussitôt que l'enfant eut fixé son regard sur le rocher au delà  du Gave, les rayonnements de l'extase éclatèrent sur sa figure, et, dans les transports de son âme ravie, elle s'écria : « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières ».

Ainsi cette dix-huitième Apparition fut comme un suprême encouragement pour la vaillance de Bernadette. Chère enfant ! Elle avait souffert, beaucoup souffert pour sa Dame : on l'avait importunée, ridiculisée, menacée, tentée, de toute manière ; on avait insulté à sa détresse par des offres scandaleuses d'argent ; on n'avait pas craint de la faire passer pour hallucinée, n'ayant pu réussir à l'entacher de folie, au regard du public ; elle avait vu une administration tracassière déployer son autorité, ses violences, ses ruses, pour discréditer l'oeuvre de la Grotte, infirmer les premiers miracles de la Source, et procéder à l'enlèvement des objets de piété entassés par la reconnaissance et la dévotion populaires.

Et maintenant, de la rive droite du Gave, ses yeux attristés, se tournant vers la roche, se heurtaient aux planches de la palissade : cercueil arrogant dressé par l'autoritarisme laïque pour essayer, en vain, une fois de plus le long des siècles, d'y coucher, comme une prétendue morte, la foi nouvellement née des pèlerins. D'autres souffrances devaient, en un proche avenir, visiter Bernadette : elle perdrait sa mère ; il lui faudrait quitter Lourdes, aller à Nevers s'ensevelir vivante dans un cloître. Pour tant d'épreuves, sa vaillance méritait un encouragement : la Dame lui apparut : « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit pardessus les barrières »...

Il fallait aussi encourager les croyants qui, malgré les oppositions administratives, se faisaient les défenseurs, les vengeurs de la Dame, encouraient des critiques, des disgrâces, des procès-verbaux pour elle, et ne cessaient quand même de venir jeter courageusement leurs prières avec leurs offrandes, vers la niche bénie, « par-dessus les barrières ». Il fallait apporter un salut à ces persécutés, faire briller un sourire sur leurs larmes, leur mettre au cœur l'espérance invincible que les planches des fossoyeurs voleraient en éclats, et que la victoire finale appartiendrait à ces deux grandes méconnues des pouvoirs humains : la Religion, la Liberté. Et la Vierge apparut. « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières »...

Les barrières n'ont jamais manqué et ne manqueront jamais aux disciples de Marie et de Jésus. Il y a les barrières légales, les premières planches en furent fabriquées contre Jésus par Hérode, le massacreur des Innocents, et, plus tard, par les Juifs. Dans la suite, les planches pourries ont été remplacées par des neuves, avec des couleurs et des formes différentes. Toujours, il y a eu, quelque part, des lois humaines en insurrection contre la légalité divine : comme si le droit pouvait prévaloir contre le droit ; comme si Dieu, Législateur par excellence, de qui émane éternellement toute autorité, toute justice, pouvait être contrarié dans ses ordonnances par les élucubrations fantaisistes de législateurs humains sans compétence ni durée ! Heureusement, un jour vient où, en dépit de la Force contemptrice du Droit, le Surnaturel réapparaît. « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières »...

Il y a les barrières sociales. Quand la loi divine n'est plus en faveur parmi les lois humaines, une dépression religieuse se produit dans la société. Les amis du Christ sont vus d'un mauvais œil. On n'apprécie que les impôts qu'ils soldent au fisc ; pour tout le reste, on les considère comme taillables et corvéables à merci. Et les barrières sociales doublées des barrières domestiques, à cause des intérêts connexes de la famille, se dressent implacables devant ceux que le Surnaturel attirait sans obstacle autrefois. Heureux les vaillants : la Grâce aura pour eux des saints et des sourires qui les réconforteront. « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières »...

Il y a les barrières diaboliques. On ne les voit pas au dehors, celles-là ; mais on les sent, dans le mystère des vies, au dedans. Mauvaises pensées, désirs corrupteurs, imaginations affreuses, dégoûts du Bien, frénésies du Mal : autant de barrières opposées par le Démon au libre cours de la Vérité et de la Vertu dans les âmes ! Ce ne sont pas les plus faciles à démolir : on n'a point, pour cette besogne, les stimulants extérieurs de l'amour-propre et de la constatation matérielle du succès ; on est seul à seul avec sa conscience et Dieu ; on n'est jamais sûr, tant l'illusion subtile peut se glisser en nous, de les avoir, pour de bon, abattues ; on a peur, et quelquefois non sans raison, qu'elles ne soient, au contraire, consolidées ; elles se redressent avec une rapidité électrique ; c'est toujours, ou presque toujours, à recommencer. De là des appréhensions, des découragements, des marasmes terribles. Heureux qui, en ces occurrences recourt à la prière pour implorer le Christ, au chapelet pour appeler la Dame : le Surnaturel, par ses saints et ses sourires, les consolera et les fortifiera. « Oui, oui, la voilà : elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières »...

Le soleil se couchait cependant à l'horizon, et les ombres de la nuit commençaient à gagner le bassin de Massabielle. La Vierge jeta un dernier et profond regard d'affection sur sa petite privilégiée, puis elle disparut. C'était fini ! Bernadette ne devait plus revoir la Mère de Dieu que dans les splendeurs du paradis.

 

Examen

 

Voyez-vous comment il ne faut pas compter naïvement sur les appuis humains pour la prospérité et la totale liberté des œuvres religieuses ?... Nous avons vu naguère l'administration civile favoriser les rassemblements populaires autour de la Grotte et nous l'avons louée de son attitude... Voici maintenant un arrêté préfectoral interdisant l'accès de Massabielle... voici la palissade !... Les conflits entre les deux pouvoirs existeront tant que le corps en chacun de nous s'insurgera contre l'esprit : l'Etat est le corps d'une nation, la Religion en est l'âme... Avez-vous suivi Bernadette, sa tante et les anciennes voisines sur la rive droite du Gave, pour tourner la difficulté administrative et jouir quand même de la vue de la Dame ?... Il n'y a que les idéologues et les orgueilleux dont l'état mental confine à la folie qui puissent se targuer d'éteindre aux yeux des croyants les lumières du Ciel... Dieu et son Christ regarderont toujours à travers les nuages, par-dessus les barrières.... Et mieux que le soleil, la lune et les étoiles, les divins regards éclaireront le monde...

N'est-elle pas admirable cette dernière Apparition faite d'un salut et de sourires pour la consolation de Bernadette et des persécutés de Lourdes ?... Comme on reconnaît bien la Consolatrice des affligés, le Secours des Chrétiens, la céleste Auxiliatrice des âmes, des familles, des peuples et, en particulier, de la France, car c'est en France que se passaient ces choses.... car c'est en France que nous avons la Sainte Vierge, si en Italie on a la Papauté... Ah ! Si nous nous tournions amoureusement vers Marie, en nos jours de tristesses !... Comme elle nous consolerait !...

Ne sommes-nous pas de ces chrétiens de peu de foi qui, attribuant aux lois humaines une force d' obligation et de durée dont elles sont dépourvues quand elles sont un attentat au droit, se lamentent découragés et ne voient point du côté du Ciel les saluts et les sourires par-dessus les fragiles et grotesques barrières ?... Si quelques membres de nos familles ont perdu leur place ou ont été privés d' avancement parce qu'ils étaient catholiques, mais sans avoir prêté le flanc à une telle mesure par négligence professionnelle ou bravade inutile, avons-nous invoqué la Dame et l'avons-nous adjurée de nous sourire et de nous regarder par-dessus ces barrières sociales ?... Avons-nous cherché à étudier et à combattre notre défaut dominant, avons-nous chassé les tentations obsédantes du Démon, en demandant à la Dame d'avoir pitié de nous et de nous témoigner sa pitié par des saints et des sourires ?...

Est-ce surtout les jours de fête de la Sainte Vierge que, redoublant de dévotion envers elle, nous l'avons suppliée de nous accorder ses maternelles faveurs ?... Elle avait décliné son nom, le jour de la fête de son Annonciation... Et elle sourit par dessus les barrières, le jour de la fête où on l'honore, le 16 juillet, comme la Dame du Mont-Carmel... N'y a-t-il pas dans le choix de ces coïncidences liturgiques comme un indice de la ferveur avec laquelle nous devons célébrer les fêtes de Marie ?... N'y a-t-il pas aussi pour nous une implicite exhortation à porter ou à reprendre le Scapulaire du Mont-Carmel ?...

 

Prière

 

O Notre Dame, puisque nous sommes au terme des Apparitions dont vous avez, à Lourdes, honoré Bernadette et la France, permettez-moi de vous adresser la prière de l'écrivain que je citais avant-hier et auquel vous aurez fait bon accueil, à son entrée dans l'Eternité. Son cri d'âme résume si bien ce que nous avons dit de vous : « Si Vous êtes évidemment Celle qui se promena sous des figures, sous des noms divers dans l'Ancien Testament. Vous êtes, sans crèche et sans croix, la Vierge antérieure aux Evangiles ». Vous êtes la fille de l'impérissable Dessein, la Sagesse qui est née avant tous les siècles.... Vous êtes donc, sous un nouvel aspect, la plus ancienne des Vierges.... L'Immaculée Conception nous ramène à travers la Bible, jusqu'au chaos de la Genèse... et, forcément, je pense à Eve devenue sainte maintenant, et qui, désolée par les douleurs de ses descendants, par ces maladies affreuses qu'ils n'auraient pas connues, sans sa faute, se tient là  près de vous et vous supplie de payer à ses malheureux sa dette, de les guérir ». Et Vous qui ne fîtes point ici-bas de miracles, de votre vivant, Vous en faites maintenant, et pour elle et pour nous. Lumière de bonté qui ne connaît pas les soirs, havre des pleure-misère, Marie des compatissances, Mère des pitiés !

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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28 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-neuvième jour

Première Communion de Bernadette et Récompense

 

Dans l'intervalle du 7 avril au 16 juillet, la Dame n'apparut point. La mission publique de Bernadette était remplie. Il fallait qu'elle rentrât dans la vie privée. D'autant qu'elle avait à se préparer à sa Première Communion. Ayant goûté à la Grotte, et jusqu'au mystique enivrement, les suavités de la Mère de Dieu, le temps lui devait durer de goûter à l'autel les suavités de Jésus, le divin Fils. Elle fut instruite de ses devoirs religieux à la chapelle de l'Hospice, et le 3 juin, en cette même chapelle, elle s'approcha de la Table sainte pour la première fois. A l'occasion de cette douce et sainte fête, on espérait à Lourdes que la petite voyante serait favorisée d'un de ces ravissements angéliques qui faisaient l'admiration des foules aux roches Massabielle. Il n'en fut rien. Bernadette, les mains jointes, s'avança vers l'autel, reçut son Dieu dans son cœur virginal et revint à sa place, sans donner d'autre signe que celui d'une immense et profonde félicité. La sœur de M. Estrade ayant demandé à la première communiante : « Dis-moi, Bernadette, qu'est-ce qui t'a rendue la plus heureuse : ou de recevoir le bon Dieu, ou de converser, à la Grotte, avec la sainte Vierge ? » Bernadette hésita un moment, puis elle répondit : « Je ne sais : ces choses-là  vont ensemble et ne peuvent pas être comparées. Ce que je sais, c'est que j'ai été bien heureuse dans les deux circonstances ».

Le 16 juillet, ce double bonheur lui fut réservé : les deux circonstances se réunirent, comme se réunissent parfois deux arcs-en-ciel, pour verser leurs radiations sur son âme. Elle avait communié le matin, pour la troisième ou quatrième fois, et dans l'après-midi de la même journée, vers le soir, se trouvant en prière dans l'église paroissiale, elle entendit la voix douce de la Vierge Immaculée retentir au fond de son cœur, lui disant de venir à la Grotte. Pourquoi ce retour à l'église, dans la soirée ? Peut-être, pour assister à une de ces Bénédictions du Très Saint-Sacrement qui sont revêtues de tant de poésie céleste et qu'on donne dans les paroisses où la piété est en honneur, au déclin de certains jours... ; sûrement, pour prolonger son action de grâces, au pied de l'autel, dans le voisinage du Sauveur dont, le matin, elle s'était nourrie. Le quart d'heure qui suit la sainte Communion ne suffisant point, selon elle, à la reconnaissance, elle revenait là où était son trésor Et la Vierge, pour la récompenser de sa délicatesse, lui faisait percevoir, à l'oreille du cœur, l'appel connu des Visions... Quelle félicité ! Elle allait passer de l'Autel à la Grotte, du Fils, caché sous le voile du Sacrement, au face à face de la Mère « Ces choses là  vont ensemble », si « elles ne peuvent pas être comparées ».

Les récompenses surnaturelles, décernées par Jésus et Marie aux âmes qui les servent, sont plus nombreuses, en ce monde, que ne l'imaginent les superficiels. Les intimités du Divin sont faites de douceurs sans pareilles. La vie des Saints est pleine de ces gâteries excessives : la Croix a distillé des baumes qui leur ont procuré des surabondances d'allégresse dans les tribulations ; la douleur est devenue leur volupté ; leurs mécontentements ont fait leurs joies. Ceux-là mêmes qui restent étrangers à ces ivresses de la sainteté ne laissent pas, dans la vie ordinaire, que de bénéficier de l'admirable système de compensations institué par Dieu, en faveur de ses serviteurs et de ses servantes, pour leur ménager comme des senteurs de roses parmi les meurtrissures des épines...

C'est surtout dans nos églises, devant le tabernacle, que ces grâces rémunératrices sont départies. Autrefois, le Psalmiste chantait : « Que tes demeures sont aimables, Jéhovah Sabaoth ! Tes autels, Jéhovah Sabaoth, mon roi et mon Dieu ! Heureux ceux qui habitent ta maison ! Mieux vaut un jour dans tes parvis que mille loin de toi. Je préfère me tenir sur le seuil de la maison de mon Dieu, plutôt que d'habiter sous les tentes des méchants, car Jéhovah Dieu est un soleil et un bouclier ; il donne la grâce et la gloire ». Qu'eût dit le chantre d'Israël, s'il avait pu entrevoir, et, mieux encore, savourer l'Eucharistie ?... C'est dans le commerce eucharistique, aux heures d'adoration, de communion, d'actions de grâces, que se font sentir les plus enchanteresses pénétrations de Dieu... La Dame, elle-même, ne nous trouve jamais plus beaux, n'est jamais autant portée à nous bénir, que lorsque, comme Bernadette, elle nous voit dans la posture de la prière, en nos églises paroissiales, sous l'influence directe du Très Saint-Sacrement Passion de l'Eucharistie, quand serez- vous la mienne, comme vous avez été, à partir de son institution, le soir du Jeudi Saint, la passion de Marie ? O manifestations, ô caresses maternelles de la Dame ! Ô Epiphanies, ô donations particulières, ô tendresses du Fils ! « Ces choses-là vont ensemble et ne peuvent pas être comparées ».

 

Examen

 

N'avons-nous pas une piété intermittente, faite d'accès les jours de grande solennité, et de calme plat, sinon de dégoût et d'infidélités, le reste du temps ?... Bernadette aimait et servait également la Dame, quoiqu'elle ne parût point... Attachons-nous à la Première Communion l'importance qu'elle mérite, surtout à une époque et dans une société où la Première Communion devient souvent le seul acte public de religion que l'on fasse en toute sa vie ?...

Comment préparons-nous nos enfants à la Première Communion ? Leur en parlons-nous longtemps à l'avance pour faire miroiter devant leurs yeux cette céleste perspective, pour accélérer les palpitations d'amour de leur cœur innocent ? Les faisons-nous prier avec nous, au pied de leur lit, dans une chambre recueillie et non pas au milieu des conversations de famille, pour obtenir de Dieu et de la Vierge la grâce de les préparer à la venue de ce grand jour ?... Leur faisons-nous, nous-même le catéchisme, leur inspirant le goût de ce livre, leur faisant apprendre, réciter, comprendre leurs leçons ?... Ne sommes-nous pas de ces pères qui ne parlent jamais de Religion devant leurs enfants et qui font croire de bonne heure à leur fils, par leurs criminels exemples, que la Religion n'est bonne que pour les femmes ?... Ne sommes-nous pas de ces mères inintelligentes, volages, qui se déchargent à peu près exclusivement de la question religieuse, pour ce qui regarde leurs enfants, sur les éducateurs et les éducatrices à qui elles les ont confiés ?...

Nous occupons-nous des enfants pauvres pour les habiller, des enfants élevés entièrement dans l'ignorance de Dieu à la mode laïque, pour les instruire ?... Au lieu de gaspiller notre temps et nous plaindre de nos trop longs désœuvrements ou de notre ennuyeuse solitude, ne pourrions-nous pas, ne devrions-nous pas, catéchistes volontaires, adopter des petits garçons, des petites filles, qui sans nous seraient des échantillons du paganisme moderne, pour remplir envers eux nos devoirs de religieuse paternité, maternité... Ignorons-nous qu'on compte par milliers dans nos grandes villes les enfants non baptisés, et les jeunes gens qui, baptisés, n'ont jamais communié ?... Oh ! On se ferait volontiers catéchiste des enfants appartenant à des familles aisées et surtout riches... Mais catéchiste des enfants déguenillés, mal-propres, comme il y en a tant dans nos cités par l'incurie ou la misère des parents !... Bernadette fut instruite à la chapelle de l'Hospice...

Célébrons-nous chaque année l'anniversaire de notre première Communion ? Nous rappelons-nous ce que nous étions alors et ce que nous avons promis ?... Le souvenir de notre première Communion n'est-il pas pour nous accusateur ?... Il l'est sûrement, si nos communions subséquentes ont eu moins de ferveur, au lieu d'en avoir davantage.... La première fois, nous étions nécessairement, à cause de notre âge, des novices de la Communion ; par la répétition des mêmes actes, nous aurions dû devenir, si je puis ainsi dire, des profès : quelle erreur de croire et quelle honte d'être contraint d'avouer que notre première Communion fut la plus belle non seulement à cause de sa poésie, mais encore à cause de nos dispositions !... Comme si à vingt ans, à quarante ans, et plus tard, on ne devrait pas être, religieusement, plus habile, plus parfait qu'à douze ans !...

Communions-nous souvent, selon le désir de Notre-Seigneur et la pressante invitation que vient d'adresser Pie X, son vicaire infaillible ?... Des scrupules entretenus par le Démon qui y trouvera son compte, des paresses spirituelles plus ou moins avouables, ne nous éloignent-ils pas, malgré l'avis contraire de notre confesseur, de la  sainte Table : Que valent nos préparations éloignées et prochaines ?... nos actions de grâces ?... nos visites au Saint Sacrement dans la soirée ?... nos assistances aux Saints ?... Faisons-nous de l'Eucharistie notre divine panacée dans les doutes, dans nos peines, dans nos chutes ?... Marie ne nous attire à elle que pour nous jeter dans le Cœur de Jésus...

 

Prière

 

O Notre Dame, sans vous manifester extérieurement à Bernadette pendant les deux mois qui précédèrent sa Première Communion, vous ne laissâtes pas que de la travailler intérieurement. Et si sa mère se chargea, au foyer, de la robe blanche et du voile dont elle avait besoin, comme première communiante, pour la toilette de son corps, c'est vous sa Mère du Ciel, qui vous occupâtes particulièrement de la parure de son âme. Hélas ! vous savez les épreuves par lesquelles passent aujourd'hui les premiers communiants : aidez les prêtres, les parents, les personnes pieuses qui les préparent, et montrez-vous pour cette jeunesse admise, d'ordinaire en ce mois de Mai, à  l'eucharistique festin la Dame véritable de la première Communion.... C'est aussi l'usage, en ce grand jour, qu'après avoir ratifié, la main sur l'Evangile, ses promesses baptismales, on se consacre à vous ... Acceptez cette consécration de vos enfants de France tout parés de blancheur et, par un attrait plus vif pour le Bien, par une perception plus nette de vos beautés sans tache, donnez-leur, comme récompense, la plus précieuse qu'ils puissent recevoir, d'avoir, pour vous et leur Dieu Jésus-Christ, une fidélité qui ne s'altère point...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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28 mai 2014

Prière à Notre Dame de Rocamadour

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Notre Dame de Rocamadour

 

L'origine de la Vierge Noire de Rocamadour est inconnue. Une légende veut que Zachée (St Luc 19,1-10)  serait venu se retirer à Rocamadour  dans une grotte. Dans sa solitude il aurait sculpté dans un tronc d'arbre une statue de la Vierge. Une autre légende veut que le Saint homme ait ramené avec lui, d'Orient, une statue de couleur noire sculptée par Saint Luc l'évangéliste lui-même. Il est attesté que dès le douzième siècle les pèlerins venaient à Rocamadour pour honorer la Vierge Noire. La statue est nécessairement plus ancienne puisque  la bulle du pape Pascal II mentionne déjà en 1105 le culte à « La Bienheureuse Vierge Noire de Rocamadour ». Il s'agit d'une Vierge en Majesté d'environ 70 cm de haut. De couleur sombre elle aurait eu les mains et le visage recouverts de plaques d'argent. Le bois serait du chêne ou du Noyer. La statue apparaît en même temps que l'époque de la découverte du corps de Saint Amadour. Le succès de Rocamadour vient surtout des miracles attribués non à Saint Amadour mais à la Vierge Noire. Depuis des siècle des millions de pèlerins vinrent tout au long de l’année.  En 1172, les bénédictins qui régentent la vie du sanctuaire rédigent le premier livre des miracles et y authentifient 126 guérisons attribuées à la Vierge.

 

Prière à Notre Dame de Rocamadour

 

Notre Dame de Rocamadour, reine du Quercy, me voici auprès de Vous pour Vous aimer et Vous prier. Je suis comme Jésus, et avec Lui, après de Sa Mère. Vous vouliez bien recevoir Son Amour, recevez le mien. Vous vouliez recevoir son travail et Ses humbles joies, recevez mon travail et mes joies toutes simples. Vous vouliez bien partager ses peines déjà grandes, recevez et partagez mes peines déjà si lourdes. Recevez et acceptez l'amour, les joies, les peines de vos deux enfants. Puis, jetez un regard là où s'en va mon cœur : vers ma maison, mon village, mon église, tous les miens, tous les vivants et tous les morts. Veillez sur Votre Sanctuaire, veillez sur l'Eglise, veillez sur la France. Tout est à Vous, c'est Votre Domaine, Votre Royaume. Soyez toujours et pour tous la Mère et la Reine. Notre Dame de Rocamadour, pour tous les bienfaits d'hier, d'aujourd'hui, de demain : merci. Notre Dame de Rocamadour, soyez avec moi maintenant et à l'heure de ma mort. Notre Dame de Rocamadour, quand cette heure dernière sera venue, prenez-moi par la main et conduisez-moi, près de Votre Divin Fils et près de Vous, dans la Béatitude éternelle. Ainsi soit-il.

 

Téléchargez le texte de cette prière (pdf) en cliquant ici

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27 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-huitième jour

Le Cierge bénit

 

A partir du jour de l'Annonciation, la douce Vision ne reçut plus le nom vague et impersonnel de « la Dame », mais bien le nom plus tendre et mieux déterminé de Notre Dame de la Grotte ou de Notre Dame de Massabielle. Les fêtes de Pâques suivirent de très près le jour où la Dame du rocher s'était déclarée la Mère Immaculée du divin Rédempteur. Heureux et fiers de ce que la Reine du ciel prenait droit de cité parmi eux, les habitants de Lourdes allèrent avec enthousiasme s'asseoir au banquet eucharistique ; à part quelques philosophes sans foi, l'entraînement fut général. Tandis que la ville était dans l'allégresse, la petite fille, objet des prédilections de la Vierge, devrait-elle être mise à l'écart et sevrée des joies de la Résurrection ? Le cœur de la céleste Mère ne put y consentir, et le mercredi de Pâques, 7 avril, nous retrouvons encore Bernadette à la Grotte, contemplant dans les jubilations de l'extase son affectionnée et puissante protectrice. Ce fut la Dix-septième Apparition. Le docteur Dozous qui en fut témoin va s'en faire pour nous le narrateur :

« Bernadette était à genoux, récitant avec une ferveur angélique les prières de son chapelet qu'elle avait à la main gauche, pendant qu'elle tenait de la main droite un gros cierge bénit allumé. Au moment où elle commençait à faire à genoux son ascension ordinaire, il survint tout à coup un temps d'arrêt dans ce mouvement, et sa main droite, se rapprochant alors de la gauche, plaça la flamme du gros cierge sous les doigts de cette main, assez écartés les uns des autres pour que cette flamme pût facilement passer entre eux. Activée en ce moment par un courant d'air assez fort, elle ne parut produire sur la peau qu'elle atteignait aucune altération. Étonné de ce fait étrange, j'empêchai que personne ne le fît cesser et, prenant ma montre, je pus, durant un quart d'heure, l'observer parfaitement. Bernadette, après cet intervalle de temps, toujours en extase, s'avança vers le haut de la Grotte, en déplaçant ses mains et les éloignant l'une de l'autre. Elle fit ainsi cesser l'action de la flamme sur la main gauche. Sa prière terminée et la transfiguration de son visage ayant disparu, Bernadette se leva et se disposa à s'éloigner de la Grotte. Je la retins un moment et je lui demandai de me montrer sa main gauche que j'examinai avec le plus grand soin. Je ne trouvai nulle part la moindre trace de brûlure. M'adressant alors à la personne qui s'était emparée du cierge, je la priai de le rallumer et de me le remettre. Aussitôt, je plaçai plusieurs fois de suite la flamme du cierge sous la main gauche de Bernadette qui l'en éloigna bien vite, en me disant : « Vous me brûlez. »

Trois concupiscences, trois flammes, peuvent nous brûler et nous brûlent trop souvent. La flamme de la sensualité : première concupiscence ! Qui n'en connaît les ravages ? En chacun de nos organes, de la plante des pieds au sommet de la tête, elle est capable de nous faire sentir ses brûlures. Pas n'est besoin qu'elle soit très vive, tant elle est pénétrante, pour nous contraindre de crier, où qu'elle nous atteigne : « Vous me brûlez ! » Elle brûla la pauvre Eve. Elle brûle tous ses imitateurs... Mais elle fut impuissante sur Marie, l'Eve nouvelle, comme elle ne peut rien sur les enfants fidèles de Marie. C'est que pleine de grâce, la femme bénie, entre toutes les femmes, fut pleine aussi de pureté ; or, la pureté reçue, conservée en une âme, frappe d'impuissance la concupiscence de la chair, quelque ardente qu'elle soit... Heureux les cœurs purs : les flammes charnelles ne les brûleront point !... « Je ne trouvai nulle part, disait le docteur Dozous, la moindre trace de brûlure ».

La flamme de la curiosité : deuxième concupiscence ! Elle aussi est destructive. On veut savoir les pourquoi, les comment des choses, pénétrer les arcanes des êtres. On est intrigué surtout par les mystères du Mal : on en subit la fascination. Ayant vu, on a hâte d'apprendre encore, par expérience, ce que la richesse, enviée chez les autres, comporte de jouissances dans l'organisation et la pratique de la Vie. Autant de points d'interrogation qui, piquant l'intelligence et le cœur, comme des pointes de feu, nous obligent à crier : « Vous me brûlez ! ».... Ainsi fut brûlée Eve par le Serpent perfidement interrogateur. Ainsi sont brûlés la plupart de ses fils et de ses filles qui demandent aux conversations imprudentes, aux lectures corruptrices, aux spectacles obscènes, aux acquisitions indélicates, aux vols déguisés ou manifestes, le bonheur illusoire de savoir, de voir, de posséder... Tout autre fut la seconde Eve, la très Sainte Vierge Marie : elle crut à la parole de l'ange, et la foi, annihilant en son âme la curiosité naturelle, elle s'en remit à la puissance, à l'amour, à la fidélité de Dieu. A cette condition seulement, nous pourrons, nous aussi, ressembler à Bernadette. « Je ne trouvai nulle part, disait le docteur Dozous, la moindre trace de brûlure ».

La flamme de la superbe : troisième concupiscence ! Elle est la plus dévastatrice : on la trouve à la racine de tout péché. Sans elle, les sens ne s'insurgeraient point contre l'esprit, de même que les yeux ne s'ouvriraient point aux visions subversives. Mais on a un fonds de vanité qui fait qu'on se pavane, étalant ses qualités, vraies ou supposées, comme le paon, dans les basses-cours ou les parcs, étale les couleurs de sa queue ; on a un fonds d'amour-propre qui fait qu'on se recherche soi-même, avec la persuasion qu'on est ou qu'on pourrait être, en donnant sa mesure, supérieur à tous ; on a un fonds d'orgueil qui fait qu'on s'imagine ne produire que des pensées justes et profondes, à la manière des génies ; que des actes éclatants, à l'instar des héroïnes et des héros. En ce triple fonds gît, chez nous, au sommet de la tête, la superbe, avec ses dédains, ses prurits, ses fièvres. Elle met notre esprit en ébullition permanente, comme la sensualité y met notre corps ; la curiosité, notre cœur. Et ainsi, à chaque instant, est-on contraint de se tourner vers elle pour lui dire, tant elle est échauffante : « Vous me brûlez ! »...

Elle brûla Eve. Elle brûle les ambitieux, les ambitieuses qui travaillent, par tous les moyens possibles, y compris les malhonnêtes, à dominer, à éclipser les rivaux, les rivales... Rien de tel en Marie : de l'humilité pour abattre la superbe, encore de l'humilité, toujours de l'humilité ! Mère de Dieu, elle se définit servante du Seigneur, sans jamais, dans l'Evangile, s'attribuer un autre titre... Quel exemple ! Mais aussi quelle grandeur en cet abaissement ! La superbe fut châtiée en Eve par la révélation immédiate de la bête humaine, substituée à la déesse manquée.... L'humilité, en Marie, fut récompensée par la royauté, terrestre et céleste, décernée à la femme spiritualisée... Si nous ressemblons à la première, orgueilleuse, nous n'échapperons point aux flammes torturantes, et notre tête, comme d'ailleurs notre cœur et notre corps, sera un volcan fertile en éruptions... En ressemblant à la seconde, humble, nous ne connaîtrons que les feux qui, insensibilisant la nature, rendent plus douces les transformations de la grâce... « Je ne trouvai nulle part, disait le docteur Dozous, la moindre trace de brûlure »....

 

Examen

 

N'auriez-vous pas voulu être du nombre de ceux et celles qui, ayant appris de Bernadette, à  Lourdes, la définition, par la Dame, de l'Immaculée-Conception, se rendaient à la Grotte pour dire en des supplications fraîches comme la grande nouvelle : « Notre-Dame de la Grotte, Notre-Dame de Massabielle, priez pour nous » ?... Avez-vous remarqué la relation religieuse du fait des Apparitions avec le regain de vitalité des communions pascales, cette année-là, en l'église de Lourdes ? Là-bas encore, la raison d'être de Marie était Jésus : elle en est le chemin bordé de lys... Vous qui vous plaignez dans vos paroisses de la diminution des Pâques, développez d'abord le culte de Marie : elle est comme le dais odorant sous lequel Jésus, le Très-Saint Sacrement, se plaît à se montrer pour passer parmi nous... Cette apparition de Marie, le mercredi de Pâques, ne vous a-t- elle pas fait songer aux apparitions de Jésus ressuscité ?... La date du 25 mars 1858 était comme la date de la glorieuse Résurrection du culte de Marie pour les temps qui vont venir, et l'Immaculée apparaissait dans l'intimité à Bernadette comme Jésus à ses apôtres ravis de joie en le revoyant...

Savez-vous que le cierge est le symbole de Jésus qu'on offre à Dieu pour être soi-même moins indigne ? La cire représente le corps du Sauveur ; la mèche insérée, son âme ; la lumière, sa divinité. Comprenez- vous dès lors le rôle du cierge ?... Jeanne d'Arc disait à ses juges : « J'ai aussi offert des cierges par la main du prêtre devant l'autel de sainte Catherine, en l'honneur de Dieu, de la Sainte Vierge et de mes deux saintes ; mais je n'en ai jamais allumé autant que j'aurais voulu »... Etonnez-vous des cierges offerts aussi par Bernadette... N'en concluons pas, comme certaines bonnes femmes, que toute la religion consiste à allumer des cierges, que le cierge dispense, par conséquent, tant il tient notre place devant Dieu, de prier, de restituer, de se confesser et de communier... Nous ressemblerions alors, si vous me permettez ce souvenir plaisant, au cocher de fiacre de Paris arborant une tige de buis à la tête de son cheval, le dimanche des Rameaux, et disant d'un air très convaincu : « On a de la religion, dame, ou l'on n'en a pas ! »

Quels sont en nous les sens qui nous font ou voudraient nous faire sentir leur brûlure ?... Si votre pied vous scandalise, a dit Jésus, coupez-le ; si votre main vous scandalise, amputez-la ; si c'est votre œil, arrachez-le... Pratiquons-nous la mortification de la chair pour rester purs ?... N'avons-nous pas, sans la mortifier suffisamment, la concupiscence des yeux ?... Que sont nos curiosités, nos avidités ?... Un jour, il faudra tout quitter et nous quitter nous-mêmes... Comment domptons-nous l'orgueil, la vanité, l'amour-propre, l'instinct de domination ?... Fiers au dehors par parade, ne sommes-nous point, dans l'ombre, les plats valets de l'ambition, sous couleur de dévouement et même de piété, recourant ainsi diplomatiquement aux grandes choses comme à un beau manteau pour cacher nos platitudes ?... Est-ce que, nonobstant nos apparences de santé surnaturelle, un médecin d'âme qui nous ausculterait pourrait rédiger un bulletin analogue à celui, du docteur Dozous pour Bernadette : « Je ne trouvai nulle part la moindre trace de brûlure » ? Dans les âmes même réputées vertueuses, il y à ce qu'on voit avec ses naïvetés de regard et ce qu'elles montrent pour donner le change, et il y a, ensuite et surtout, à l'insu du grand nombre, ce qui est...

 

Prière

 

O Notre Dame, un de vos serviteurs les plus illustres, mort naguère au sein de souffrances chrétiennement supportées, Huysmans, de sa plume parfois malicieuse jusqu'à l'injustice mais toujours originale et artistique, écrivait, à propos des cierges qui brûlent sans intermittence sous les excavations de votre Grotte : « Le spectacle de ces milliers de cierges en ignition est admirable ! Quels navrements désordonnés et quels espoirs troublants ils recèlent ! De combien d'infirmités, de maladies, de chagrins de ménage, d'appels désespérés, de conversions, de combien de terreurs et d'affolements ils sont l'emblème ! Cette grotte, elle est le hangar... où tous les écrasés de la vie viennent s'abriter... le refuge des existences condamnées, des tortures que rien n'allège ; toute la souffrance de l'univers tient condensée en cet étroit espace. Ah ! Les cierges, ils pleurent des larmes désolées de mères... et tous sont fidèles à la mission dont ils furent chargés ; tous, avant d'expirer, se tordent plus violemment, jettent un dernier cri de leurs flammes, devant la Vierge »... Moi aussi, ô Notre Dame, pour le Christ et pour vous, je veux être un cierge. Gardez-moi blanc, droit, rayonnant. Pour que je sois, en quelque manière, inextinguible, à l'encontre du cierge de Bernadette éteint depuis longtemps, donnez à ma flamme mourante d'allumer d'autres cierges : d'autres âmes. Grâce à cette transmission de lumière, quand sera épuisée ici-bas ma provision de cire, je laisserai du moins, en votre honneur, d'autres clartés. Je me survivrai de la sorte à moi-même, et cette survivance terrestre sera, pour votre gloire, un accroissement de ma lumière, au Ciel !

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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26 mai 2014

Infunde Amorem (Répands l'amour)

Infunde Amorem

(Répands l'amour)

Une chanson interprétée par Les Prêtres

Extraite de l'album "Amen"

 

Pater Noster qui es in cœlis

(Notre Père qui es aux Cieux)

 

Infunde amorem cordibus

Pacem pacemque dones protibus

(Répands l'amour dans nos cœurs

et donne-nous la paix aux plus vite)

 

Le Prophète Isaïe dans la Bible le dit :

Les ennemis de toujours sont désormais amis.

Le léopard couchera,

Au milieu des chevreaux

Les veaux et les lionceaux,

Mangeront tous ensemble.

 

Infunde amorem cordibus

Pacem pacemque dones protibus

 

Il est béni le jour,

Où les gens s'aimeront,

Ils combattront toute haine,

Et de l'amour donneront.

 

Le Prophète Isaïe nous l'avait annoncé :

Les ennemis de toujours,

Aujourd'hui sont alliés.

Le nourrisson dormira sur le lit du serpent,

Sur le trou de la vipère,

L'enfant met sa main.

 

Alors les peuples vivront dans la paix,

Domine Deus, Domine (Seigneur Dieu, Seigneur).

Chacun à sa faim pourra mieux manger,

Domine Deus, Domine.

Des peuples meurtris revivront,

Domine Deus, Domine.

Et tous les les espoirs revivront,

Domine Deus, Domine.

 

Seigneur Dieu regarde tes enfants,

Et donne-leur la force pour aimer,

Comme Toi-même les as aimés.

 

Infunde amorem cordibus

pacem pacemque dones protibus

Il n'y a plus ni noir, ni jaune, ni blanc,

Mais un seul peuple de frères

Frères humain.

26 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-septième

« Je suis l'Immaculée Conception ! »

 

Le moment le plus solennel des Apparitions était venu : la grande révélation, sorte de codicile du Nouveau Testament pour la mise en relief de la figure de Marie et les besoins des temps modernes, allait se faire. Recueillons-nous et écoutons Bernadette nous narrer elle-même, elle en est seule capable, ces choses merveilleuses.

« Quand je fus à genoux devant la Dame, je lui demandai pardon de ce que j'arrivais en retard. Toujours bonne pour moi, elle me fit signe de la tête que je n'avais pas besoin de m'excuser. Alors je lui exprimai toutes mes affections, tous mes respects et le bonheur que j'avais de la revoir. Après l'avoir entretenue de tout ce qui me vint dans le cœur, je pris mon chapelet. Pendant que j'étais en prières, la pensée de lui demander son nom se présenta à mon esprit avec une persistance qui me faisait oublier toutes les autres pensées. Je craignais de me rendre importune en réitérant une demande toujours demeurée sans réponse, et cependant quelque chose m'obligeait à parler. Enfin, d'un mouvement que je ne pus contenir, les paroles sortirent de ma bouche, et je priai la Dame de vouloir bien me dire qui elle était.

Comme à mes précédentes questions, la Dame inclina la tête, sourit, mais ne répondit pas. Je ne sais pourquoi, je me sentis plus courageuse, et je revins à lui demander la grâce de me faire connaître son nom. Elle renouvela son sourire et sa gracieuse salutation, mais elle continua à garder le silence. Une troisième fois, les mains jointes, et tout en me reconnaissant indigne de la faveur que je réclamais, je recommençai ma prière. La Dame se tenait debout au-dessus du rosier et se montrait comme elle se montre dans la médaille miraculeuse. A ma troisième demande, elle prit un air grave et parut s'humilier... Elle joignit ensuite ses mains et les porta sur le haut de la poitrine... elle regarda le ciel... puis, séparant lentement les mains et se penchant vers moi, elle me dit, en laissant trembler sa voix : « Je suis l'Immaculée Conception ».

Le grand mystère de la Grotte était enfin manifesté. Or, en répondant à Bernadette : « Je suis l'Immaculée Conception », la Dame faisait entendre au monde la réponse victorieuse des trois hérésies contemporaines. L'hérésie, par la bouche du Naturalisme, avait dit : Il n'est point de Surnaturel. Mystères et miracles sont impossibles : la Nature suffit à tout ; la Raison comprend tout ; la Science, enrichie des modernes découvertes, explique, supplante tout. La Foi, c'est donc l'erreur ; la Grâce, une chimère; la Révélation, un leurre... Et tandis que le Naturalisme parlait si mal et criait si fort, la Vierge est apparue, à Lourdes, à une enfant innocente qui priait ; et l'Apparition, intrinsèquement surnaturelle, historiquement authentique, renouvelée jusqu'à  maintenant seize fois, a montré qu'une fois de plus, selon sa vieille et incorrigible habitude, l'hérésie avait abominablement menti.

De vrai, si Marie est Immaculée dès le premier instant de sa Conception, en vue des mérites du Christ, que s'ensuit-il ? Il s'ensuit que tous les hommes sont maculés dans leur conception, à cause de leur solidarité avec Adam pécheur ; il s'ensuit que nous avions tous besoin d'une Rédemption; il s'ensuit que le Surnaturel déborde le monde par la Foi et la Grâce, jaillies du Cœur du Christ, sur le Calvaire, avec le sang rédempteur ; il s'ensuit que le mystère de toutes parts nous environne, que le miracle est un jeu de la puissance créatrice, une caresse plus chaude du divin amour, et que le Naturalisme, avec ses dénégations tapageuses, n'est qu'un nouveau mode de détraquement du pauvre esprit humain... L'hérésie, par la bouche du Matérialisme, avait dit : « La Matière est la reine du monde ; nous n'avons pas à nous occuper de l'Esprit ; nous ignorons son existence ; en tout cas, il ne peut être que de la matière organisée. Ce qui est palpable, tangible : voilà ce qu'il faut croire, voilà ce qui est beau ! »

Et tandis que le Matérialisme parlait si mal et criait si fort, la Vierge est apparue, à Lourdes, à une enfant innocente qui priait ; et sa figure d'une beauté sans ombre respirait une pureté sans tache. Et elle recommandait la prière et la pénitence pour les pécheurs ; et elle ordonnait la construction d'une chapelle, abri des chastetés humaines ; et elle invitait les âmes plus que les corps à se rafraîchir dans les ondes purificatrices ; et elle prescrivait de manger l'herbe des mortifications qui épurent la vertu, au lieu de s'asseoir aux banquets plantureux qui déchaînent la luxure ; et, à la voyante l'adjurant de décliner son nom, elle répondait : « Je suis l'Immaculée Conception ».

Et cette définition, consécration des symboles, des gestes précédents, a démontré mieux que toutes les argumentations que le Matérialisme n'est qu'une élucubration morbide de la chair et du cœur, et qu'une fois de plus, selon sa vieille et incorrigible habitude, l'hérésie avait abominablement menti. L'hérésie, par la bouche du Libéralisme avait dit : « Ils ne sont plus, les temps où le trône s'appuyait sur l'autel, l'épée sur la croix. D'autres idées mènent le monde. Si respectable soit-elle, la religion catholique ne doit plus être traitée en favorite. Que l'Eglise soit libre dans l'Etat libre ! Qu'on accorde à toutes les confessions religieuses les mêmes droits ; que tous les citoyens jouissent également de la liberté de croire, de penser, d'écrire, de parler, d'agir, et que la Presse, disciplinée, s'il y a lieu, par une censure pourtant large, devienne à travers le monde le véhicule vertigineux des libertés conquises ! L'ultramontanisme est suranné, fini : que le Pape ne s'ingère point dans nos affaires sociales, qu'il s'occupe de spiritualité, tant qu'il voudra, mais qu'il ne s'avise point de se réclamer d'une infaillibilité chimérique pour nous imposer de nouvelles croyances !... »

Et tandis que le Libéralisme parlait si mal en ses insinuations si perfides, la Vierge est apparue, à  Lourdes, à une enfant innocente qui priait ; et, après avoir révélé ses secrets, intimé ses ordres, elle a dévoilé sa céleste identité, en disant : « Je suis l'Immaculée Conception ! » Et cette simple définition a renversé de fond en comble l'édifice du système libéral... Si Marie est seule l'Immaculée Conception, il en résulte que, par contre, nous apportons tous en venant au monde le péché originel, et qu'en butte à la concupiscence, nous naissons devant Dieu, en un état de malédiction, plus enclins à l'Erreur qu'à  la Vérité, au Mal qu'au Bien. Mais si telles sont nos inclinations natives, il s'ensuit que mettre, au point de vue des libertés, l'Erreur et la Vérité, le Mal et le Bien sur un même pied d'égalité, c'est infliger à la Vérité et au Bien un mépris dont personne ne les relèvera, c'est favoriser la prépondérance de l'Erreur et du Mal, c'est s'exposer fatalement à pervertir les masses, et mener les âmes, les familles et les sociétés aux pires cataclysmes...

Au surplus, si Marie est l'Immaculée Conception, et si, pour justifier cette appellation basée sur une prérogative spéciale, elle opère, à Lourdes, dans l'ordre physique, intellectuel et moral, des cures prodigieuses que les moins clairvoyants et les moins sympathiques, pourvu qu'ils soient de bonne foi, sont contraints de constater, il faut conclure logiquement que l'Eglise catholique, qui revendique pour elle, comme il est juste, le bénéfice des Apparitions et des miracles à Massabielle, doit être considérée, non comme une étrangère à qui, par bonté de cœur, on peut concéder la tolérance, mais plutôt comme une Mère et une reine à qui les pouvoirs humains doivent amour, respect, docilité, défense et protection...

Enfin, si cédant à une inspiration du Saint-Esprit et obtempérant aux désirs les plus ardents de la piété chrétienne, le Pape proclame, le 8 décembre 1854, le dogme de l'Immaculée Conception ; et si, quatre ans plus tard, le 25 mars 1858, Marie descend du Ciel pour affirmer elle-même qu'elle est, effectivement, l'Immaculée Conception, il faut en inférer de toute nécessité qu'en matière doctrinale, le Pape est infaillible, puisque ce qu'il définit à Rome se trouve ratifié à Lourdes... Voilà comment la Dame a montré, une troisième fois que, selon sa vieille et incorrigible habitude, l'hérésie libérale avait, elle aussi, abominablement menti !

 

Examen

 

N'êtes-vous pas frappé de l'action de la grâce dans l'âme de Bernadette en prière ?... « La pensée de lui demander son nom se présenta à mon esprit avec une persistance qui me faisait oublier toutes les autres pensées ».... Il est des choses que nous sommes portés à demander fréquemment à Dieu dans nos prières, malgré quelquefois les nombreuses déceptions éprouvées et les efforts que nous faisons pour n'y plus songer du tout... N'y-a-t-il pas là  en nous un travail, un courant mystérieux de la grâce ?... Le Saint-Esprit qui prie en nous est le divin souffleur... Si nous savions l'écouter, lui obéir !... Nous nous plaignons de ne point recevoir pour nos demandes les réponses du Ciel, Nous le croyons fâché contre nous. Erreur : La Dame inclina la tête, sourit, mais ne répondit pas... Que d'étonnements nous aurons dans l'Eternité, quand Dieu nous initiera à ses sourires sans réponse !...

Persévérons-nous comme Bernadette dans nos prières malgré les délais de Dieu à nous exauce ?... Elle recommença jusqu'à trois fois avec des renchérissements de ferveur et d'humilité sa demande... « Une troisième fois, les mains jointes, et tout en me reconnaissant indigne, je recommençai ma prière »... Quand nous avons à décliner notre nom, nos titres, ne lit-on pas sur notre physionomie les satisfactions d'un orgueil plus ou moins raffiné ?... Ne les déclinons-nous pas même sans raison, pour le puéril plaisir de paraître quelqu'un, oubliant parfois que les titres dont nous nous prévalons, au lieu d'être la justification de nos mérites, sont la rançon, indigne sinon sacrilège, de l'argent donné, des cadeaux multipliés, des bassesses commises ?... Nous n'en devrions jamais parler pour nous épargner les rires des malins, les compliments des hypocrite, des faibles ou des sots.... Et nous avons à la langue d'insatiables démangeaisons !... La Dame prit un air grave, parut s humilier et regarda le ciel avant de donner sa réponse...

Remercions-nous la Sainte Vierge de nous faire vivre à une époque où nous la pouvons invoquer sous un vocable nouveau ?... Immaculée, elle l'était, nous le savions, mais nous sommes bien plus sûrs de lui être agréables aujourd'hui, en l'appelant comme elle s'est appelée elle-même... Cette définition fait la gloire de notre siècle et le bonheur des Enfants de Marie dignes de ce beau nom... Quoique notre orthodoxie soit, je le suppose, à l'abri de toute atteinte du hideux Modernisme condamné par l'Eglise, ne nous conduisons-nous pas, sur tel ou tel point, en hérétiques ? Sommes-nous des âmes de Foi ?... La Foi, il faut l'admettre théoriquement, mais il faut aussi la vivre.... Vivons-nous en état de grâce ?... Comptons-nous plus sur la grâce que sur nos personnels efforts ?... Ne sommes-nous pas des Rationalistes à notre manière, ayant toujours peur de faire la part trop large à la Foi, trop petite à la Raison ?... Ne subissons-nous pas les engouements, les griseries, les infatuations de la Science et de la Critique modernes ? Avant d'être un savant, un critique ou mieux, pour être, sans crainte de se fourvoyer, un savant, un critique, il faut être un chrétien docile aux données de la Révélation... N'oublions jamais que nous ne sommes que des roseaux pensants et que, pour ne pas rompre, nous avons besoin de plier devant l'autorité divine et de nous appuyer toujours sur le chêne immortel qu'est l'Eglise...

Ne sommes-nous pas aussi quelque peu Matérialistes, en pratique ?... Pour nous l'âme est-elle plus que le corps ? que sont nos prières, nos mortifications, nos énergies, nos espérances en face des tombeaux ?... Quelle est notre pureté ?... Sous prétexte que tout pouvoir émane de Dieu et qu'il faut obéir aux pouvoirs établis, ne sommes-nous pas des adorateurs des soleils levants, des domestiques du pouvoir civil, des apologistes de la loi, quelle quelle soit, parce qu'elle est la loi ?... Ne prenons-nous pas trop facilement notre parti des humiliations, des rapines, des injustices dont l'Eglise est l'objet, faisant fléchir les principes pour mettre en œuvre les plus honteux expédients ?... N'oublions-nous pas que, depuis le péché originel, la liberté dégénère très vite en licence et qu'il importe pour soi, pour les familles et les peuples, de tenir en laisse les humaines passions ?...

Voyons-nous dans les faits et les miracles de Lourdes une nouvelle preuve, fournie par Marie, de la divinité et de l'éternelle fécondité de l'Eglise catholique dont nous sommes les fils ?... Acceptons-nous avec reconnaissance les encycliques du Souverain. Pontife, qu'elles cadrent ou non avec nos préférences et notre mentalité ?... Il en est qui veulent bien avoir les idées du Pape, mais à condition, admirez leur modestie, que le Pape ait leurs propres idées.... Avons-nous été heureux et fiers des condamnations récentes dont Rome a frappé les agissements de la Politique et les élucubrations de l'Hérésie ?... Ne parlons-nous pas, avec trop de sans-gêne et sans autre compétence que celle que nous attribue l'orgueil, des décisions pontificales ?... La voix de Rome sera toujours la voix de Dieu. Ecouter Pierre c'est écouter Jésus. La Dame, à quatre ans de distance, se fit l'écho du Pape...

 

Prière

 

O Notre Dame, bénie soyez-vous d'avoir condescendu à vous définir vous-même l'Immaculée-Conception ! Vous seule pouviez, en toute vérité, vous décerner un pareil titre. Vous le deviez à Dieu le Père qui, comme Fille privilégiée, vous avait comblée de grâce, à Dieu le Fils qui, comme Mère, vous voulut toute pure, à Dieu le Saint-Esprit qui, comme Epouse, vous para de tous les joyaux de la sainteté la plus étincelante. Vous le deviez à la terre pour y détruire les erreurs. Et comme si ce n'était point assez d'avoir réduit en poudre les affirmations du Naturalisme, du Matérialisme et du Libéralisme d'il y a cinquante ans, vous venez d'inspirer à Pie X, notre bien aimé Pontife, une encyclique qui tuera l'arrogant Modernisme. Car c'est vous, il n'y a pas à en douter, qui, à l'aurore des Noces d'or de vos apparitions aux Pyrénées, avez décidé le Pape à frapper ce grand coup. Ne semble-t-il pas l'insinuer lui-même, quand à la fin de sa Lettre : Pascendi Dominici Gregis, il écrit : « Que la Vierge Immaculée, destructrice de toutes les hérésies, vous secoure de sa prière ». Vous nous secourrez intellectuellement, moralement, socialement, ô Vierge Immaculée, et nous serons sauvés...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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25 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-sixième jour

Préparatifs

 

Du 4 au 24 mars, tous les jours et à chaque heure du jour, un mouvement incessant de va-et-vient était établi sur le chemin du Pont-Vieux, et le dessous de la Grotte ne désemplissait jamais. Le dimanche, en particulier, les travaux des champs étant suspendus, on voyait, sur toutes les routes, de longues files de villageois qui venaient renouveler leurs hommages à la Dame de Bernadette. Quant à l'enfant, ne soupçonnant pas qu'elle pût être l'objet d'une attention quelconque, elle ne mettait aucun soin ni à se cacher, ni à se produire. Quatre fois par jour, comme avant les Apparitions, elle traversait une partie de la ville causant et babillant avec ses camarades d'école...

Souvent, le soir, à la sortie des classes, on apercevait une jeune fille se détacher sans bruit de ses compagnes et prendre en toute hâte la direction de Massabielle. Parvenue sous le rocher elle baisait la terre, jetait un regard ardent sur la niche et répandait son cœur dans une affectueuse prière. Avant que la nuit arrivât, elle se levait souriante, faisait un salut d'adieu et disparaissait avec le même empressement qu'elle était venue... Cette jeune fille n'était autre que Bernadette. Aux jours où l'école était fermée, elle allait passer de longues heures avec Celle qui lui avait promis de la rendre heureuse, non pas en ce monde, mais dans l'autre. Elle ne se présentait plus à la Grotte comme durant la quinzaine des Apparitions, c'est-à-dire accompagnée de la foule et à travers les ovations. Elle arrivait seule, enfoncée dans son capulet et faisant le moins de bruit possible. Soit par un sentiment d'humilité, soit pour ne pas attirer l'attention des assistants, elle franchissait la place qu'elle occupait au temps des visions et allait se réfugier au fond de la Grotte. Là, recueillie, effacée, souvent inconnue, elle se livrait à ses méditations et récitait avec piété son petit chapelet.

L'intérieur de la Grotte avait changé d'aspect. Des mains pieuses y avaient élevé un autel rustique, sur lequel on avait placé une statue de la Sainte Vierge. A cette statue, on avait bientôt ajouté des médailles, des cadres, une foule d'objets de piété, comme en une chapelle livrée au culte. Des cierges en grand nombre y brûlaient jour et nuit, et les voûtes de Massabielle commençaient à retentir du chant de cantiques en l'honneur de la Madone des Pyrénées. Aucun pèlerin ne quittait la Grotte sans jeter sur le sol, et plus tard dans un coffret, une pièce de monnaie destinée à l'érection de la chapelle réclamée par la Dame. Le petit trésor n'était gardé par personne, et jamais aucune main téméraire n'osa y toucher.

Cependant, une opinion, tenace comme une certitude, régnait à Lourdes et dans toute la contrée environnante relativement aux visions : c'était que la Dame de la Grotte n'avait pas dit son dernier mot. Les merveilles des extases, le jaillissement extraordinaire de la fontaine, les récits et les ambassades de la voyante demeuraient, en effet, sans explication suffisante, si l'Apparition continuait à se taire sur son nom et sur le but de ses visites. Or, les personnes qui analysaient les événements se refusaient à croire qu'un drame dont toutes les données étaient célestes, pût se terminer sans laisser dans les esprits autre chose que le souvenir brillant, mais stérile, d'une représentation théâtrale.

La période du 4 au 24 mars s'était néanmoins écoulée et aucun fait nouveau n'était venu dissiper les nuages, ni précipiter le dénouement attendu. En ce dernier jour, veille de l'Annonciation, un souffle du ciel passa dans toute la région, invitant les âmes pieuses à se rendre, le lendemain à la Grotte de Massabielle... Il faut cependant le dire, on ne vit pas à la Grotte, ce jour-là, les grandes foules des Apparitions précédentes. On y remarquait plutôt, avec quelques hommes agenouillés ça et là, une riche couronne de jeunes vierges et de pieuses mères, faisant une garde d'honneur à la Dame cachée. En obéissant à l'impulsion intérieure qu'elles avaient ressentie, toutes ces âmes d'élite s'étaient pénétrées de la pensée que quelque grand événement se préparait à la Grotte. À l'avance, elles se demandaient quel pouvait être cet événement. Bernadette entendit aussi, la veille, un appel intérieur.

Qu'on juge de sa joie quand elle comprit que la divine Mère l'appelait à un nouveau rendez-vous. Auprès de l'âtre de famille, dans la veillée du 24 mars, Bernadette fit part à ses parents de l'avis intérieur qu'elle avait reçu et parla, comme d'une chose assurée, du bonheur qui l'attendait le lendemain à la Grotte. Toute pleine de cette pensée, elle alla se coucher, mais le sommeil ne put arriver à ses paupières. La nuit lui parut longue et bien des Ave Maria du chapelet passèrent sur ses lèvres. C'était la veille d'une grande fête de la Vierge : l'Annonciation, première page de la genèse évangélique ; et cette fête, étant donné l'appel de la Dame, devait ménager à Bernadette des visions, des auditions, des goûts de paradis. Il est plus difficile de deviner ses impressions que de les analyser. Elle n'avait plus vu la Dame depuis trois semaines, et elle la reverrait le lendemain : quelle poésie en une telle perspective ! On comprend son insomnie : les grandes allégresses, comme les grandes douleurs, empêchent de dormir...

Les âmes pieuses perçoivent aussi les appels de la grâce. En la vigile des fêtes, quand les cloches sonnent les premières Vêpres et l'Angélus du soir, la voix de la Dame et de Jésus retentit en notre être religieux : « Va à confesse, prépare ta communion de demain, je t'apparaîtrai, je te visiterai, je t'emplirai de mes intimités ». Bernadette constata une prévenance insolite. Aussitôt que les premières lueurs du jour parurent, elle quitta sa couchette, s'habilla avec diligence, et, sans écouter son asthme, qui se réveillait dans sa petite poitrine, elle prit, d'un pas agile, le chemin de Massabielle. O confusion pour elle ! La niche était déjà  illuminée et la Dame attendait !... « Elle était là, disait Bernadette, paisible, souriante et regardant la foule comme une mère affectueuse regarde ses enfants ».

L'histoire du monde, notre histoire personnelle, sont remplies des prévenances de Dieu et de la Dame : il est nécessaire que l'Etre, la Sainteté, la Science, la Puissance qu'est Dieu, préviennent le néant, la misère, l'ignorance, la faiblesse qu'est l'homme. Nous ne pourrons jamais arriver avant Dieu. Nous souvenant que l'exactitude, politesse des grands, doit être davantage la politesse des chrétiens, à qui le Christ donne audience, nous devons, nous pouvons cependant être rigoureusement exacts à l'heure de la messe et des autres offices qui se célèbrent en nos temples sacrés...

Que d'indélicatesses, de fautes, je n'ose dire de crimes, dont certains catholiques se rendent coupables sur ce point ! D'une ponctualité mathématique, tels des instruments de précision, aux concerts, aux cours des facultés, aux salons pour les visites et les dîners, ils traînent en longueur, quand il s'agit d'assister à une cérémonie liturgique. Certaines vaniteuses se font même comme une spécialité des retards aux messes, aux sermons, aux Saints, pour se ménager dans l'église une entrée plus sensationnelle !... L'autel est tout illuminé, Jésus, la Dame attendent, et nous n'y sommes point ! Ah ! Si nous savions leur amour impatient !...

 

Examen

 

Quelles que soient les joies sensibles dont nous soyons privés devant le Saint-Sacrement ou l'autel de Marie, continuons-nous, autant que cela est compatible avec nos devoirs d'état, à venir faire notre adoration ou notre visite à la Sainte Vierge ?... Souvent le soir, à la sortie des classes, Bernadette se rendait en toute hâte à la Grotte, et cependant la Dame ne lui apparaissait plus... Nous nous dégoûtons si vite quand nous ne sentons plus rien... Le soir ! Quel moment propice pour la visite à l'église ! Ce fut le soir du Jeudi Saint et au soir de sa vie que Jésus institua l'Eucharistie... La tombée de la nuit fait penser à la tombée de cette nuit où personne ne peut plus travailler et qui s'appelle la mort : la vie est un jour, la mort c'est la nuit et demain, si nous sanctifions la veille, c'est le Ciel !...

Profitons-nous de nos loisirs pour prolonger notre présence à l'église ?... Aux jours où l'école était fermée, Bernadette allait passer de longues heures à la Grotte.... Nous nous plaignons parfois de manquer de temps pour nos exercices de piété... et quand le temps abonde, nous ne faisons pas davantage, si nous ne faisons pas moins, pour Dieu et Marie...

Aimons-nous à nous trouver dans l'église, quand il n'y a personne ou peu de monde, afin de tenir compagnie à Notre-Seigneur, à la Vierge, et de prier avec plus de recueillement... Bernadette arrivait seule à la Grotte et restait seule sous la roche... Ah ! Les coins de chapelle obscure, on les recherche quand on sait en éveiller les échos, en utiliser les ombres... Comme la Grotte fut promptement transformée en chapelle rustique !... On a beau voler les Fabriques et chercher à appauvrir le Culte, les dons des fidèles ne manqueront jamais... Quand l'Eglise n'aura plus l'or des Rois de l'Orient, elle aura les présents des bergers... C'est l'éternelle histoire...

Comment sanctifions-nous la veille des fêtes ? La veille c'est l'espérance... Le jour c'est déjà  presque le passé... Obéissons-nous aux appels de Dieu ?... Il nous appelle par la voix de notre conscience, par la vue d'un bon exemple, par le rafraîchissement d'un souvenir, par le son des cloches, par la rencontre d'un prêtre.... Préparons-nous soigneusement la veille au soir notre méditation du lendemain ?... Aspirons-nous en quelque sorte Dieu, en songeant à la messe que nous entendrons, à la communion que nous ferons ?... Bernadette sanctifia tout particulièrement cette veille de l'Annonciation... Ô nuit sainte, ô nuit bienheureuse pendant laquelle l'enfant ne put dormir !... Tardive aurore, devait-elle dire, hâte ton cours...

Que serions-nous sans les prévenances de Dieu ?... Il nous prévient dans notre cœur par les mouvements de sa grâce... Il nous prévient au tabernacle par sa présence perpétuelle... Il ne nous fait jamais attendre.... Il nous attend toujours... Le monde était illuminé par la lumière physique toute vierge, quand Adam fut créé... Notre tête était illuminée par la Foi baptismale, quand la Raison, à l'âge des premiers discernements, nous permit de voir un peu clair... La cathédrale de Reims était illuminée, quand Clovis, au jour de Noël, pour son baptême et celui de ses Francs, y entra... l'illumination de nos autels où se trouvent Jésus et sa Mère : quelle félicité pour des yeux clairvoyants !... Je comprends que le fier Sicambre et tant d'autres aient eu des illusions de Ciel !...

 

Prière

 

O Notre Dame, avec quelle complaisance ne deviez-vous point, à son insu, regarder Bernadette dans la Grotte quand, pleine de votre souvenir, elle venait respirer à Massabielle l'air que vous aviez vous-même respiré !... Elle ne vous voyait point.... Mais elle était bien sûre que vous la contempliez... Est-il besoin de voir pour aimer?... La Foi n'est-elle pas plus illuminatrice que nos yeux?... Faites-nous partager la foi de Bernadette.... Elle n'était point seule l'objet de vos regards : vous les promeniez sur tous ceux et toutes celles qui, à la Grotte, venaient vous invoquer.... Mais aussi immense dut être la joie de cette enfant, quand, la veille, vous lui fîtes part du rendez-vous du lendemain. Et le lendemain, plus diligente qu'elle, comme une Mère impatiente de la revoir et de lui accorder une grâce plus grande, vous l'attendiez dans la niche au milieu d'une apothéose lumineuse. Appelez-nous mystérieusement, à notre tour, prévenez-nous de vos amabilités royales, et que notre passion soit comme en Bernadette de vous voir, de vous prier, d'écouter vos paroles, pour vous servir mieux encore et plus vous admirer !...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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25 mai 2014

Le Chapelet des Saints Martyrs du Japon

Le Chapelet des Saints Martyrs du Japon 

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Les Saints Martyrs du Japon

 

Le japon vit ses premières conversions et baptêmes chrétiens vers 1550. Suite à l'ordre de l'empereur du japon, des chrétiens sont arrêtés en vue de leur exécution : religieux, ou simples baptisés japonais. Il est à noter que dès leur arrestation, ils étaient dans une grande joie de mourir pour le Seigneur, et les quelques enfants et jeunes n'étaient pas en reste pour s'offrir à Dieu dans la mort, bien qu'on leur proposa de l'éviter. Leur fierté, leur enthousiasme étaient tels, que le long du chemin jusqu'à leur lieux d'exécution, ces chrétiens destinés à la mort touchaient de nombreux coeurs dans la foule (qui se devait haineuse) et les amenaient à leur conversion. D'autres chrétiens voulurent se joindre aux futurs martyrs. Le 5 février 1597 marque le jour de la mort des vingt-six chrétiens du japon qui moururent crucifiés et transpercés, en chantant le cantique de Zacharie et le psaume "enfants, louons le Seigneur".

 

Comment le réciter

 

C'est un rapide chapelet qui se fait sur deux dizaines. On commence sur la croix, puis il y a un gros grain, suivi de trois petits. Puis les deux dizaines précédées du gros grain. Ce chapelet fut prié pendant l'Apparition de la Très Sainte Vierge à Pontmain, le 17 janvier 1871.


Sur la Croix :

Acte de foi : « Mon Dieu, je crois fermement toutes les vérités que vous avez révélées et que vous nous enseignez par votre Eglise, parce que vous ne pouvez ni vous tromper, ni nous tromper ».

Acte d'espérance : « Mon Dieu, j'espère avec une ferme confiance, que vous me donnerez, par les mérites de Jésus-Christ, votre grâce en ce monde et, si j'observe vos commandements, le bonheur éternel dans l'autre, parce que vous l'avez promis et que vous êtes fidèle dans vos promesses ».

Acte de charité : « Mon Dieu, je vous aime de tout mon cœur, et par dessus toutes choses, parce que vous êtes infiniment bon et infiniment aimable, et j'aime mon prochain comme moi-même pour l'amour de vous ».


Sur les gros grains :

Père Eternel, je Vous offre le Sang Très-Précieux de Jésus-Christ, en expiation de mes péchés et pour les besoins de la Sainte Eglise.


Sur les petits grains :

Doux Coeur de Marie, soyez mon salut, par Jésus Miséricordieux.

 

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Téléchargez le texte de ce chapelet (pdf) en cliquant ici

24 mai 2014

Le Cantique de Marie en Breton

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Le Cantique de Marie en Breton

(Extrait de l'album "Kan Ar Gedour, le Chant du Veilleur")

 

R. Magníficat, magníficat anima mea Dóminum

 

Mélein e ra m'inéan brasted en Eutru Doué,

d'en Eutru Doué hebkén é laran trugéré.

Ged men Doué, me Salvér, ged nerh é garanté,

ne bad mui me halon, sailh e ra ged er joé. R.

 

Mon âme exalte le Seigneur,

Exulte mon esprit en Dieu mon sauveur.

 

A lein en néañv é sell izélded é vatéh ;

rag-sé é vein galùet eurus ér bed a-béh.

Treù kaer en des groeit dein en hani 'zo ihuél ;

re vo de virùikén mélet é anù santél. R.

 

Il s'est penché sur son humble servante ;

désormais, tous les âges me diront bienheureuse.

Le Puissant fit pour moi des merveilles ;

Saint est son nom !

 

é vadeleh heb par é-kevér er ré vad

o héli heb skuéhein a rummad de rummad.

é-kevér er ré fall é gounnar 'zo spontus ;

én un taol é tismantr o chonjeù randonus.

 

Son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent.

Déployant la force de son bras, Il disperse les superbes.

 

Ged ur gér é tiskar er rouané ihuélañ ;

àr en tron é saù tud ag er stad izélañ.

Rein e ra d'er hêh peur madeù ged larganté,

hag é laosk er pinùig de gouéh ér beuranté.

 

Il renverse les puissants de leur trônes,

Il élève les humbles.

Il comble de biens les affamés,

renvoie les riches les mains vides.

 

Doh Israel é bobl en des añfin trué ;

ag é vadeleheù en des choñj a-neùé.

Choñj en des ag en treù en doé grateit eid mad

d'hon tud a rumm de rumm ha d'Abraham hon tad.

 

Il relève Israël son serviteur,

Il se souvient de son amour,

De la promesse faite à nos pères,

en faveur d'Abraham et de sa race, à jamais.

 

Gloér d'en Tad ha d'er Mab ha d'er Spered Santél,

De Zoué é tri personn re vo gloér peurbadel.

 

Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit,

A Dieu en trois personnes, gloire éternelle.

24 mai 2014

Litanies du Bienheureux Idesbald des Dunes

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Le Bienheureux Idesbald Van der Gracht

vers 1090-1167

Fête le 18 avril

 

Le Bienheureux Idesbald Van der Gracht naquit en Belgique, aux environs de l'an 1090 à Eggewaartskapelle. Descendant d'une excellente famille de la région de Furnes dans les Flandres, il était le fils d'Eggewaart, un gentleman-farmer de la noblesse terrienne, qui érigea une chapelle et l'offrit à l'abbaye Saint Bertin, de Saint Omer. Ainsi se perdait le nom original du domaine « Ter gracht », et le village était appelé Eggewaarstkapelle (chapelle d'Eggewaart), selon le nom du donateur. Quand Idesbald offrit en 1121, pour continuer l'oeuvre pieuse de son père, à l'abbaye Saint Bertin de Saint Omer, une donation d'une partie de son domaine, sa femme et quelques uns de ses enfants étaient morts. Durant 30 ans, Idesbald joue un rôle important dans la région du "Veurne-ambacht". Il reste lié à la cour des Comtes de Flandres, sous le règne du bienheureux Charles-le-bon, Guillaume de Normandie et Thierry d'Alsace. En 1149 il est devenu échevin régional à Veurne (Furnes). A cette époque son nom disparaît des actes comtaux. Le sexagénaire gentleman-farmer et veuf est devenu moine de l'Abbaye-aux-dunes de Koksijde. Cette abbaye a adopté en 1130 la règle des Cisterciens. Saint Bernard y a installé comme abbé son ami le Bienheureux Robert de Bruges. Sous l'autorité de Robert, Idesbald fait son entrée. Il est ordonné prêtre probablement par l'évêque Milon de Thérouanne et devient chantre de l'abbaye. Après la mort de Saint Bernard en 1153, Robert de Bruges lui succède à Citeaux. Son successeur à Ter Duinen, Albero, démissionne en 1155 comme abbé. Les moines élisent, convaincus de sa sainteté, Idesbald, qui compte à peine 6 années de vie monacale, comme successeur d'Albero. Les 12 années de direction d'Idesbald sont une bénédiction pour l'abbaye, au spirituel et au temporel. Il ne marche pas seulement devant ses moines par une vie édifiante et parvient à gagner de nouveaux moines pour l'abbaye, mais il obtient plusieurs héritages pour son abbaye, qui devient le centre économique de la région. Il tint cette charge jusqu'à sa mort survenue en 1167.

Les moines l'avaient en si haute vénération, que contrairement à tous les usages de la communauté, ils déposèrent le corps de leur abbé dans un cercueil en plomb. En 1239, lors de la reconstruction de l'Abbaye des Dunes, la tombe fut mise à jour et au grand étonnement des religieux le corps fut retrouvé flexible incorrompu, répandant un suave parfum. Le nouveau monastère fut saccagé et détruit en 1566 par les gueux et les restes du Bienheureux Idesbald disparurent sous les ruines. Une étrange clarté surnaturelle attira l'attention des marins sur le trésor enfoui en ces lieux. En 1623 les moines nivelèrent l'emplacement ou s'éleva jadis l'abbaye, découvrirent le cercueil en plomb dans lequel le corps du Bienheureux fut retrouvé toujours dans le même état de conservation. En 1894, Idesbald fut officiellement béatifié par le pape Léon XIII et, depuis le 6 avril 1831, son corps repose actuellement en l’église Notre-Dame de la Poterie à Bruges. Le Bienheureux Idesbald est le saint patron des marins, des cultivateurs des polders et de la noblesse flamande. Il est représenté portant sur la main une barque à voile. Les habitants du littoral ont pour lui une dévotion particulière. Il est spécialement invoqué contre la fièvre, les rhumatismes, la goutte.

 

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Litanies du Bienheureux Idesbald des Dunes

 

Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, ayez pitié de nous.

Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.

Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Fils, rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Saint-Esprit, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Trinité, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

 

Sainte Marie, patronne du Bienheureux Idesbald, priez pour nous.

Bienheureux Idesbald, fidèle serviteur de Marie, priez pour nous.

Bienheureux Idesbald, exemple de toutes les vertus,

Bienheureux Idesbald, miroir d'obéissance,

Bienheureux Idesbald, ange de dévotion,

Bienheureux Idesbald, lys de chasteté,

Bienheureux Idesbald, amant de la pauvreté,

Bienheureux Idesbald, ami de la pénitence,

Bienheureux Idesbald, contempteur des vanités du monde,

Bienheureux Idesbald, zélé au service divin,

Bienheureux Idesbald, prêtre selon le Cœur de Dieu,

Bienheureux Idesbald, père des pauvres,

Bienheureux Idesbald, consolateur des affligés,

Bienheureux Idesbald, protecteur des marins,

Bienheureux Idesbald, patron des malades,

Bienheureux Idesbald, à cause de votre Charité, agréable à Dieu et aux hommes,

Bienheureux Idesbald, parfait religieux,

Bienheureux Idesbald, charitable envers vos frères,

Bienheureux Idesbald, élu Abbé à cause de vos vertus,

Bienheureux Idesbald, humble et doux envers vos sujets,

Bienheureux Idesbald, très attaché à Saint Bernard, votre Père spirituel,

Bienheureux Idesbald, éprouvé par Dieu,

Bienheureux Idesbald, plein de soumission à la Volonté de Dieu,

Bienheureux Idesbald, mourant au milieu de vos frères en larmes,

Bienheureux Idesbald, regretté par les nécessiteux,

Bienheureux Idesbald, vénéré par les foules,

Bienheureux Idesbald, élevé dans la gloire divine,

Bienheureux Idesbald, invoqué avec confiance par les croyants,

Bienheureux Idesbald, très puissant auprès de Dieu,

Bienheureux Idesbald, refuge en nos besoins,

 

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.

 

Priez pour nous, Bienheureux Idesbald,

Afin que nous devenions dignes des promesses du Seigneur.

 

Prions

 

Seigneur notre Dieu, qui par votre bonté ineffable, avez retiré du monde le Bienheureux Idesbald, pour qu'il brillât par sa perfection religieuse, nous vous en supplions, faites que par ses mérites et suivant son exemple, nous progressions constamment dans la vertu. Vous qui vivez et régnez en tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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24 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-cinquième jour

La Foule, l'enfant, la Dame

 

Les témoins de l'Apparition du 4 mars purent s'approprier le mot évangélique : « Aujourd'hui nous avons vu des merveilles ». On y vit une merveille de rassemblement populaire. Parmi les personnes éloignées qui avaient projeté le voyage de Lourdes, un grand nombre s'étaient réservées pour le dernier jour de la quinzaine, espérant que la Vierge, ce jour-là, se manifesterait à la Grotte par quelque prodige éclatant. La veille et dans la nuit du 3 au 4 mars, de toutes les parties de la France, mais en particulier des villes et des villages environnants, partirent de petites colonnes de dix, quinze et vingt pèlerins, se dirigeant vers la cité de Marie. Ces caravanes, convergeant vers le même point, se réunirent les unes aux autres comme le ruisseau à la rivière et finirent par créer d'interminables et volumineux courants.

Aux approches de Lourdes, sur les routes de Pau, de Tarbes, de Bagnères et d'Argelès, ces courants humains, vus aux premières lueurs du jour, ressemblaient à quatre grands fleuves, prêts à se heurter les uns contre les autres. Après avoir fait cependant pacifiquement leur jonction sur la place de Lourdes, ils descendaient, en flots précipités et puissants, les pentes abruptes qui se trouvaient derrière la citadelle et allaient se confondre, dans un immense remous, autour de la roche de Massabielle.

Il serait difficile de dire le nombre des spectateurs réunis à la Grotte dans la matinée du 4 mars. Les évaluations les plus modérées le portèrent au chiffre de quinze à vingt mille... Les chemins de fer n'arrivaient pas encore aux Pyrénées, et le concours des pèlerins parut prodigieux. De grand matin, les soldats en tenue de parade, se présentèrent à la mairie et furent échelonnés, l'arme au bras, sur le chemin de Massabielle. Trois ou quatre brigades de gendarmerie appelées du dehors, les unes à pied, les autres à cheval, faisaient circuler dans les rues et les voies que devait parcourir la voyante. La brigade locale, comme un piquet d'honneur, se tenait en faction sous l'arcade de la Grotte. Le maire, l'adjoint et le commissaire de police de Lourdes, ceints de leurs écharpes, se portaient un peu partout, distribuant avec bienveillance les avertissements et les conseils...

Une telle floraison populaire valait infiniment mieux que la floraison du rosier. Là était le miracle. Rien n'est beau comme ces manifestations de la piété publique. Les foules mondaines sont bruyantes, grossières, affolées : il est rare que des désordres, sinon des malheurs, n'assombrissent ou même n'ensanglantent les fêtes du plaisir ; les foules pieuses sont calmes, délicates, dignes ; l'éducation n'est plus la même : elles se ressentent, en leur attitude, du voisinage de la Dame et de Dieu... Pourquoi faut-il que le peuple ait échappé à la Religion, pour se laisser remorquer par l'impiété hâbleuse ? Allons au peuple, obligeons-le à revenir : la Démocratie a besoin de la Dame, comme marraine, pour un baptême divin...

On y vit une merveille de simplicité enfantine. Pendant les préparatifs du dehors et les impatiences de l'attente, que se passait-il à la demeure des Soubirous ? Oh ! Là, rien n'était changé. Le maître et la maîtresse de la maison vaquaient, comme d'habitude, aux petits soins du ménage et se demandaient peut-être comment ils pourraient nourrir leurs enfants pendant la journée. Bernadette, toujours fidèle à ses engagements, sentant l'heure de la vision approcher, se levait prestement et procédait à sa petite toilette. Après s'être agenouillée quelques instants devant le modeste crucifix de cuivre appendu à côté de sa couchette, elle prenait son chapelet du dimanche et partait pour la Grotte.

Dès que la voyante apparut sur le seuil de sa porte, un frémissement, pareil à celui d'une commotion électrique, parcourut les lignes des spectateurs depuis la ville jusqu'au bord du Gave. Chacun se haussait sur les pieds en disant à son voisin : « Bernadette vient », « Bernadette arrive ». L'enfant s'enfonça dans les rangs, sans paraître remarquer la foule des admirateurs et l'appareil déployé sur son passage. Comme s'il eût été question d'une grande dignitaire, deux gendarmes, sabre au clair, vinrent se placer devant elle pour lui tenir le chemin ouvert et la soustraire aux empressements de la multitude. Elle marchait derrière eux, simple, modeste, tranquille et absolument avec la même désinvolture qu'aux jours où elle conduisait son petit troupeau sur les collines de Bartrès...

Aussitôt que Bernadette eut commencé sa prière, la grande voix, la voix tumultueuse qui remplissait le vallon, cessa de se faire entendre. Comme sur un ordre venu du Ciel, toutes les têtes se découvrirent et tous les genoux fléchirent. Saisis d'une secrète terreur, les cœurs battirent d'émotion, et l'on s'attendait à chaque instant à voir éclater, à la Grotte, quelque signe manifeste de la puissance d'en haut. N'était-ce point un signe manifeste, une merveille, de la puissance d'en haut que la tenue de Bernadette : point de mire de tant de regards, objet de tant d'honneurs, cause de tous les tressaillements, centre de toutes les espérances ? Que de femmes soi-disant fortes se seraient évanouies, en route, entre les deux gendarmes, devant un tel spectacle ! Que de reines vaillantes pâlissent d'émotion, tremblent de peur, à la vue des frénétiques enthousiasmes du peuple même qui les aime !.... Les orgueilleuses auraient été guindées, maniérées, fières, stupides. Bernadette était naturelle, parce que son âme était toute surnaturalisée. Le Surnaturel lui donnait le ton, son humilité le prenait.

On y vit une merveille d'intimité surnaturelle. Au cours de l'extase, la voyante s'attendrit jusqu'aux larmes, et l'on crut que la divine apparition lui faisait ses adieux. Quelques instants après cependant, sa figure se rasséréna, s'épanouit et laissa refléter des rayons d'espérance. Quel était le sujet de ce colloque intime où les joies et les tristesses se révélaient tour à  tour ? Rien d'explicite n'a été recueilli à cet égard. Bernadette resta près d'une heure en extase. A l'encontre de ce qu'avaient espéré les pèlerins, aucun signe miraculeux ne se produisit à la Grotte. Pour les habitués de l'observation religieuse, ce tête-à-tête, ce cœur à cœur de l'enfant avec la Dame était un signe miraculeux de premier ordre.

La Vierge n'aurait eu qu'à  faire transparaître, tant soit peu, la buée lumineuse de la niche, qu'à montrer sa blanche robe, sa ceinture bleue, sa figure si belle, qu'à  adresser un mot à la multitude haletante, et les transports d'admiration auraient atteint leur maximum d'intensité et d'éclat, en son honneur. Non. Elle s'enferme, avec une pauvre et ignorante petite fille, dans un insondable mystère. Pour elle seule, les confidences qu'on ne réserve qu'aux intimes, les larmes qu'on ne répand que devant les intimes, les joies qu'on ne manifeste qu'aux intimes, les sourires qui ne fleurissent sur les lèvres qu'en faveur des intimes. Quelle privauté, et quelles leçons en cette privauté !...

 

Examen

 

Constatez-vous la magie souveraine de la Religion sur les foules, mieux encore la secrète influence de la grâce sur elles, car c'est la grâce de Dieu qui les ébranle et les oriente dans la direction du Divin ?... L'homme est un animal religieux : la Religion vraie ou fausse l'attirera toujours. Et quand Dieu trouvera que, les aberrations humaines excédant la mesure, l'animalité submerge la Religion, il fera souffler un grand vent pour emporter les immondices, balayer les nuages et faire reluire dans le ciel des âmes les vérités obscurcies.... Les foules redeviendront croyantes et subiront irrésistiblement l'attraction religieuse, le jour où, dans l'Eglise rajeunie, fortifiée en la sainteté de ses membres, elles assisteront, comme en Bernadette, aux transfigurations du Surnaturel.... Les bergères innocentes renverseront alors de leur trône les infâmes courtisanes, et les meneurs de la Politique antireligieuse verront, pour la joie des sages, leur règne terminé ou, du moins, suspendu.... Sur la foi de Bernadette, une vingtaine de mille pèlerins envahit le vallon désert...

La vue des soldats en tenue de parade, des gendarmes à pied ou à cheval, sur le chemin et jusque sous l'arcade de la Grotte, ne vous a-t-elle pas réjoui ?... Pendant des siècles, l'armée fut en France l'auxiliaire, la noble émule de la Religion pour l'honneur et le bonheur de la Patrie.... Depuis quelques années, que dis-je ? il y a quelques mois à peine, on l'a employée à des besognes honteuses.... Pauvre armée, grande Muette des consignes redoutables, quand reconquerra-t-elle le prestige dont l'impiété l'a dépouillée ?... Quand la Religion et le Patriotisme, déliant sa langue, lui permettront-ils de faire entendre le chant interrompu des gestes héroïques ?...

Ne vous a-t-il pas été agréable aussi de voir le maire, l'adjoint, le commissaire de police favoriser le rassemblement à la Grotte.... Croyez-vous qu'en France on en ferait autant partout aujourd'hui ?... Quelle pitié que l'accord religieux, militaire et administratif, ait été officiellement supprimé !... Oui comptera les chrétiennes ou même libérales municipalités ?... Tous les éléments de la vie nationale ne devraient-ils point servir à honorer Dieu, le Christ, la Vierge ?... Autres temps, autres mœurs... Nous intéressons-nous religieusement et d'une manière pratique, aux ouvriers, aux ouvrières, aux enfants du peuple ?... Quel bien nous pourrions faire !...

« Bernadette vient », « Bernadette arrive », disait-on de toute part.... Ainsi devrait-on désirer, saluer, fêter notre venue !... On fit silence dès que l'enfant commença sa prière... Il est des conversations que l'on devrait cesser, des respects que l'on devrait nous témoigner, dès que nous arrivons.... Et quelquefois tels sont la pusillanimité, le laxisme, le manque total d'influence de certains chrétiens, de certaines chrétiennes, que les propos déplacés se poursuivent, s'ils ne deviennent point plus déplacés encore, malgré leur arrivée.... Où sont ceux, celles qui imposent aux autres, par leur seule présence, une salutaire retenue ?... On fait vite de la camaraderie aujourd'hui !...

Au milieu du monde, vivons-nous dans l'intimité de Marie ?... Nonobstant un immense entourage qui n'a d'yeux, d'oreilles, de langue, d'esprit et de cœur que pour elle, Bernadette s'absorbe dans la Dame.... Pour qui sont nos effusions intimes, nos larmes, nos joies, nos tristesses, nos sourires ?... Là où est l'intimité, là est le cœur... Si nous étions simples, humbles, purs, fervents comme Bernadette, la Vierge, pour ainsi dire, s'absorberait aussi en nous !...

 

Prière

 

O Notre Dame, le peuple de France, jadis le plus chrétien du monde, s'est éloigné de son Dieu, de son Christ et de vous.... Que sont les vingt mille pèlerins à côté des millions d'électeurs approuvant avec des cris de haine la Séparation de l'Eglise et de l'Etat ? Mettez fin aux triomphes numériques du Mal et ramenez dans le giron les masses populaires qui se sont égarées.... Bénissez nos casernes, moralisez nos soldats, sanctifiez leurs chefs et si, malgré les promesses du Pacifisme, par la force des choses, doivent venir des jours de batailles sanglantes, faites qu'à des souffles de victoire flotte notre drapeau.... éclairez aussi tous les représentants de l'autorité civile. Qu'ils se rappellent, afin de régler sagement leur conduite, que l'administration, selon un aphorisme célèbre, doit faire feu pour les plaisirs du peuple, assez pour ses besoins, tout pour ses vertus. Donnez-nous part, enfin, à l'influence sociale dont jouit Bernadette : on se taisait à son approche, on priait à son exemple, on rivalisait avec elle de piété filiale envers vous !...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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23 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-quatrième jour

La dévotion à la Sainte Vierge

 

Le mercredi, 3 mars, fut une journée d'épreuve pour Bernadette : il fallait bien que la Croix marquât son âme apostolique. La Dame attendue n'apparut point. Mais l'apôtre se montra à tous comme un modèle de dévotion à la Dame. La vraie dévotion à la Vierge doit être faite de fidélité aux promesses du passé.

Nous avons tous vu la Dame, par la Foi : consacrés à elle, dès notre baptême, au soir de notre première communion et, plus officiellement encore, lors de notre réception comme enfants de Marie, nous lui avons promis d'être fidèles à certaines pratiques : récitation quotidienne du rosaire, du chapelet ou de quelques dizaines ; port du scapulaire, d'une médaille ; abstinences, mortifications, petit office, les samedis ; communion en chacune de ses fêtes ; fuite de telle occasion dangereuse, correction de tel défaut.... Que faisons-nous de ces promesses ?... Que ne ressemblons-nous à la fidèle Bernadette ? Au matin du 3 mars, elle récita pieusement son chapelet à la Grotte, mais elle ne donna aucun des signes qui caractérisaient ses extases. Elle alla faire sa prière accoutumée sous l'églantier, baisa la terre et revint s'agenouiller à sa place habituelle. Sans regarder davantage au rocher, elle inclina la tête pour se recueillir, demeura quelques instants dans cette attitude ; puis, ayant baisé la terre de nouveau, elle fit le signe de la croix et se leva.

La vraie dévotion à la Vierge doit être faite de résignation aux contrariétés du présent. On comptait sur telle date pour tel événement. On a beaucoup prié et souffert dans ce but : l'événement avorte. La Dame ne paraît pas !... Tombé, depuis quelque temps, en pleine sécheresse spirituelle, on soupirait après une retraite, un pèlerinage, une confession, pour recevoir comme une pluie de grâces. Vaine attente : on reste sec. La Dame ne paraît pas !... Pour peu que ces désappointements se prolongent, on se décourage, on se dégoûte, on se mutine, on lâche tout.... Que n'imitons-nous la sereine Bernadette ? Les personnes qui l'entouraient se mirent à l'interroger comme d'habitude. L'enfant répondit simplement : « La Dame n'est pas venue aujourd'hui ».

La vraie dévotion à la Vierge doit être faite de confiance dans les dédommagements de l'avenir. Dieu a ses raisons de ne pas nous exaucer sur-le-champ. Les événements futurs nous l'apprendront, un peu du moins, si nous savons écouter, comprendre leurs leçons. Mais, en attendant, il faut s'opiniâtrer à croire en sa bonne et intelligente Providence. Il fait le sourd, ne l'est point, et, à son heure, il nous montrera qu'il avait entendu. Vous qui seriez porté, sur les conseils perfides du Malheur, à vous laisser aller à la désespérance en jalousant, jusqu'à  la rage, le bonheur apparent de ceux et celles qui vivent près de vous, gardez votre âme en une sainte patience : Dieu vous témoignera sa compassion. La Dame reviendra... Ainsi se conduisait la confiante Bernadette.

« Peut-être que les apparitions sont finies ? », fit observer l'un des assistants. « Je n'en sais rien, reprit l'enfant, mais en tout cas la quinzaine n'est pas terminée et je reviendrai encore demain ». Comme on le voit, Bernadette ne cherchait jamais à se composer ou à déguiser ce qui se passait à  l'intérieur de la Grotte. Elle acceptait les événements tels qu'ils se présentaient. Sans croire faire de la vertu, elle était toujours soumise et toujours véridique. Ce sont bien là  les traits caractéristiques de la vraie dévotion à la Très Sainte Vierge !...

Cependant le dernier jour de la quinzaine allait luire. On pressentait une manifestation imposante. En prévision des. affluences qui arriveraient en ville le lendemain, le maire de Lourdes adressait, le 3 mars, au capitaine commandant le fort, la réquisition suivante : « La présence considérable d'étrangers que l'on m'annonce pour demain, jour de marché, m'oblige à venir vous demander, dans l'intérêt du bon ordre, de mettre votre troupe à ma disposition. Je vous prie, en conséquence, de vouloir faire que vos soldats disponibles soient rendus demain matin, à six heures, à l'hôtel de la mairie ». Le lendemain, en effet, se produisait la quinzième Apparition.

 

Examen

 

Avons-nous d'abord de la dévotion à la Sainte Vierge ?... Grand serait notre malheur si nous n'avions point de dévotion pour elle ! Nous ressemblerions, en pratique, aux Protestants dont la religion est hélas ! Stérile, parce qu'ils n'ont ni l'arbre, ni le fruit, ni la femme que le Sauveur Jésus a replacés dans le paradis de l'Incarnation : l'arbre, c'est la croix ; le fruit, l'Eucharistie ; la femme, Marie. Sans l'Eve nouvelle, on n'atteint pas à l'arbre ; à plus forte raison ne cueille t-on pas le fruit ! Cette trilogie, divinement réparatrice de la Chute dans l'Eden, est de nécessité dogmatique et morale.... Sans Marie, nous n'aurions plus de Mère, et il y aurait alors les orphelins de la grâce comme il y aies orphelins de la nature...

Notre dévotion à la Sainte Vierge est-elle une dévotion d'esprit avant d'être, ou tout en étant, une dévotion de cœur ? Est-elle raisonnée pour être raisonnable... autant du moins que la raison éclairée par la Foi peut nous permettre de comprendre les sublimités de Marie ?... Avons-nous fait, continuons-nous à faire, une étude approfondie des grandeurs, des fonctions, des beautés de cette Divine Mère ? Connaissons-nous l'histoire de sa vie, telle qu'en des traits saillants et suffisamment révélateurs l'a contée l'Evangile ?... Affectionnons-nous la lecture des livres sérieux qui parlent d'elle ?... Comment devenir convaincu, et la conviction est le premier facteur naturel de toute dévotion, quand on n'a rien étudié, rien appris ? On s'expose à ne faire que de la sentimentalité, et la sentimentalité, fille de l'ignorance, devient logiquement, dès l'irruption de la première épreuve, la mère du caprice.... La crème peut être le dessert du repas spirituel, mais non certes le plat de résistance : les âmes se nourrissent d'idées fortes et se détraquent le tempérament avec les fadaises du cœur...

Ne regardons-nous pas nos consécrations réitérées à Marie comme de pures formalités n'entraînant aucune conséquence de conduite... Ne portons-nous pas le titre d'enfants de Marie comme un titre simplement honorifique qui ne saurait en rien lier la liberté ?... Avons-nous tenu vis-à-vis de la Sainte Vierge nos promesses passées, je n'ose dire nos vœux ?... Qu'avons-nous fait de notre scapulaire, de notre médaille, du supplément d'exercices de piété ou de pratiques de mortification qu'en une heure de ferveur ou d'épreuve sous le coup d'un gros événement contraire, nous nous étions imposés.... Mieux vaudrait ne rien promettre du tout, plutôt que de ne point tenir... On indispose, on afflige ainsi la Vierge au lieu de se concilier ses faveurs et de la réjouir... Quels saints nous serions si nous avions été fidèles à tous nos engagements dans l'ensemble et le détail de notre vie chrétienne !...

Quelle est notre résignation aux contrariétés du présent ?... Il est rare qu'un jour se passe sans que de notre côté, du côté de notre famille ou de la société, nous n'ayons à éprouver quelque déconvenue... Se résigner, d'après l'étymologie latine du terme, c'est signer de nouveau, c'est-à-dire apposer soi-même courageusement sa signature au bas du décret de souffrance que Dieu a permis ou voulu contre nous.... La résignation est la marque caractéristique de l'amour vrai, du dévouement qui, au lieu de se payer de sourires ou de mots, s'affirme par les œuvres...

Encore que nos prières ne soient point exaucées depuis longtemps peut-être, avons-nous toujours foi en notre Etoile, je veux dire en Marie?... Elle n'est point sourde à nos supplications, elle n'a pas cessé d'être puissante et bonne.... Elle reviendra, et son retour, rémunérateur de notre longue et douloureuse attente, nous comblera de joie...

 

Prière

 

O Notre Dame, notre dévotion pour vous doit être une dévotion filiale. Ce mot résume tout : n'êtes-vous pas notre Mère ? Ne sommes-nous pas vos enfants ? Or, entre une mère et son enfant quelles relations existe-t-il ? Il y a identité de vie, communauté de biens, air de famille, échange réciproque de confiance et d'amour. L'identité de vie m'impose donc l'obligation de fuir le péché et de garder la grâce ; la communauté de biens m'oblige à m'enrichir de plus en plus par la pratique des vertus ; l'air de famille m'excitera à rester humble, aimant, innocent comme vous, et la réciprocité de confiance amoureuse deviendra l'enchantement, le soleil sans ombre de ma vie.... Elle m'aime, je l'aime.... Elle me comprend, je la comprends. Qu'importe dès lors qu'elle paraisse, cette Vierge chérie, ou ne paraisse point !... Elle est ma Mère et la sera toujours...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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22 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-troisième jour

Pourquoi les Processions

 

Mais pourquoi la Dame veut-elle des processions ? Ne pourrions-nous pas éclaircir, si peu soit-il, ce mystère de sa volonté ?... Marie veut « qu'on vienne en procession » pour imposer des sacrifices.

« Je veux qu'on vienne ». Mais, pour venir, il faudra traverser des distances plus ou moins longues : de là, un premier sacrifice de déplacement ; les inventions modernes, avec leurs prodigieuses facilités de locomotion, le rendront plus commode, sans réussir à le supprimer. Mais les déplacements sont nécessairement dispendieux, de là, un second sacrifice : l'argent ; les excursions lointaines, même à prix réduit, ne laissent pas, en fin de compte, que de coûter fort cher. Ceux qui voyagent beaucoup se sanctifient rarement, s'il faut en croire l'auteur de l'Imitation ; il aurait pu ajouter qu'à  moins de voyager pour affaires, ils s'enrichissent difficilement... Or, en voyage, si confortablement installé qu'on soit, on se heurte toujours à quelque contrariété, à  quelque surmenage, à quelque lassitude : de là  un troisième sacrifice de gêne, de fatigue ; il n'est point de plaisir, même permis, sans peine.Mais tout cela nécessite une trêve aux occupations journalières, personne n'est, en ce monde, un privilégié de la bilocation : il faut fermer son magasin, son bureau, sa porte, ou pourvoir à son remplacement : de là  un quatrième sacrifice de temps... Enfin, on ne peut aller en pèlerinage, ni figurer dans les rangs d'une procession, sans afficher son catholicisme, sans subir le contrôle des voisins, des spectateurs, sinon des policiers : de là  un cinquième sacrifice de respect humain ; sacrifice quelquefois le plus onéreux de tous, et même héroïque, quand, par exemple, la Religion ne jouissant plus des faveurs, que dis-je des tolérances loyales de l'Etat, il suffit de se montrer catholique, pour être aussitôt traité en ennemi... La Dame, telle une reine, entend faire, à Lourdes, la revue de ses troupes, l'inspection des plus braves d'entre ses sujets, et elle les oblige à accepter ces divers sacrifices : en une phrase laconique comme un ordre souverain, elle mande : « Je veux qu'on y vienne en procession ».

Marie veut « qu'on vienne en procession », pour recevoir des hommages. On sait les triomphes décernés par le peuple de Rome aux Césars victorieux. Les chefs de nation : rois, reines, empereurs, impératrices, ont leurs jours d'apothéoses populaires. Le Sauveur a consenti à avoir sa fête triomphale des Rameaux. Pourquoi la Dame de toutes les Victoires n'aurait-elle pas ses grandioses ovations ? Elle les eut, pendant les siècles où la France fut son royaume : Regnum Gallicae, regnum Mariae : les villes et les villages rivalisèrent d'entrain pour organiser sur les places publiques, à  travers les campagnes, à la saison des fleurs, les plus idéales théories. Mais les mœurs ont changé : les saltimbanques ont la liberté de la rue, les serviteurs de Marie en sont presque partout frustrés... Or, la Dame ne se résigne point à la suppression de ces hommages extérieurs du Culte : pour les recevoir de la part de l'élite des foules, elle choisit, dans le cadre d'un site admirable, un vaste emplacement : « Je veux qu'on y vienne en procession », c'est-à-dire en pèlerin et non en touriste, car la procession, faite dans l'esprit qui la doit animer, est la plus vibrante manifestation de foi, de charité...

Marie veut « qu'on y vienne en procession », pour offrir des réparations. Elle fit la première procession du Très Saint-Sacrement lorsque, avec la célérité de l'amour, elle s'en alla, escortée par les anges, vers les montagnes de Judée, dans la maison de Zacharie, portant, près de son Cœur, vivant ciboire, l'Emmanuel, le Verbe nouvellement incarné. Et, depuis la Visitation, chacune de ses démarches a été comme une procession, en l'honneur de son Fils... Ce Fils aurait voulu la continuation des processions eucharistiques que la Fête-Dieu ramenait jadis si belles en notre pays. Nous n'avons plus voulu : en ces dernières années, les processions, trop souvent, n'étaient guère dans la composition des cortèges, qu'une exhibition de décadence religieuse dans le corps social. Des enfants, des femmes au déclin de l'âge, des veuves, quelques jeunes gens, une poignée d'hommes, débris des fidélités d'autrefois : c'était tout. Dieu a trouvé que ce n'était point assez, et il a permis à l'impiété, laquelle trouvait que c'était encore trop, d'interdire ces pompes du dehors. Moins favorisé que les charlatans et les courtisanes, le Christ, de par la haine, n'avait plus le droit de sortir de ses temples : il fallait qu'il restât captif dans son tabernacle comme en une prison... La Vierge prévoyait cette séquestration, et afin de donner à Jésus un dédommagement, elle ferait de Lourdes un refuge de la liberté, un centre de communions et d'adorations ferventes, un théâtre où se déploieraient, en une physionomie à part, les files variées des plus solennelles processions du Très Saint Sacrement : « Je veux qu'on y vienne en procession ».

Marie veut « qu'on vienne en procession », pour affirmer sa puissance. On devra acheter le terrain, construire une chapelle, frayer des chemins, pratiquer des lacets dans la montagne, reculer le Gave, aménager une esplanade, trouver, pour tant de frais, des monceaux d'or : la Dame, intermédiaire toute-puissante sur les éléments résoudra, comme en se jouant, ces difficultés matérielles... On devra canaliser l'eau de la fontaine, installer des piscines, faciliter les libations, les immersions, mettre en contact direct le mal physique avec l'onde miraculeuse : la Dame toute-puissante sur les corps, rendra, tant qu'elle voudra, la santé aux malades.... Il faudra guerroyer avec l'ennemi du Bien, avec les passions humaines et restituer aux pécheurs la grâce, la vertu : la Dame, toute-puissante sur les démons et les âmes y vaincra les résistances diaboliques, intellectuelles, morales, et multipliera les miracles d'ordre spirituel... Il faudra, enfin, imprimer aux multitudes un mouvement irrésistible et provoquer, à la Grotte, des quatre coins du monde, de merveilleux rassemblements : la Dame, toute-puissante sur les masses, fera circuler en elles je ne sais quel courant d'électricité divine qui les ébranlera et les rassemblera.... Et ainsi le déploiement des processions sera la synthétique et colossale démonstration de sa puissance ! « Je veux qu'on vienne en procession ».

Est-on venu ? Les sacrifices ont-ils été accomplis ? les hommages reçus ? les réparations offertes ? la puissance affirmée ? Les faits se chargent aujourd'hui de répondre, sur quel ton affirmatif ! On est venu, sans entente préalable, de tous les points du globe, en une unanimité dont le Catholicisme seul a le secret ; on vient encore, on continuera, si la Dame le veut, à venir : voilà, avec la plus belle prophétie, le plus grand miracle de Lourdes !...

 

Examen

 

Comprenons-nous pour Dieu la nécessité du sacrifice ?... Pour qui sont nos déplacements... nos dépenses d'argent... nos fatigues... notre temps... nos victoires de respect humain ?... Que de déplacements, de dépenses, de fatigues ne s'impose-t-on pas pour ceux et celles qu'on aime !... Ce n'est jamais trop loin... ce n'est jamais trop cher,... ce n'est jamais trop pénible... On a toujours le temps.... On s'expose à toutes les critiques, à toutes les disgrâces... même pour le mal notoire, on secoue tout préjugé d'honnêteté, on brave, on nargue l'opinion.... Et pour Dieu... pour Jésus... pour la Vierge... que faisons-nous ?... Quels hommages de vénération, de reconnaissances, de louange et d'amour offrons-nous à la Très Sainte Vierge?... S'en sommes-nous pas arrivés à nous contenter avec elle de ces formules obséquieuses que la banalité routinière a vidées de tout sens et que nous trouvons stéréotypées aux dernières lignes de nos lettres, ou au commencement et à la fin de nos visites de cérémonie ?... Avons-nous le sentiment des réparations personnelles, domestiques et sociales que Marie et Jésus attendent de nos cœurs délicats ?... J'ai cherché des consolateurs, des consolatrices, et je n'en ai point trouvé... La vue de la puissance exercée par la Sainte Vierge, à Lourdes, sur le Cœur de Dieu, les éléments, les démons, les corps, les âmes, les multitudes, a-t-elle donné à notre confiance pratique en cette bonne Mère un regain d'actualité ?... Peuple ingrat, auras-tu donc toujours des yeux pour ne point voir !...

Assistons-nous, si elles se font encore dans notre paroisse, aux processions du Saint-Sacrement et de la Sainte Vierge ?... Quand nous ne voulons pas qu'un usage tombe en désuétude ou qu'en nous traite en quantité négligeable, nous devons témoigner de notre attachement à cet usage en en suivant, aussi nombreux que possible, les prescriptions... Ne pas affirmer sa vitalité, c'est être, socialement, près de mourir... En cas d'interdiction municipale, assistons-nous aux processions dans l'église ?... Ce serait le moyen de prendre une pacifique et significative revanche... Dieu permettra que l'impiété ferme les églises, le jour où la piété des fidèles ne saura plus les remplir... Religieusement, on a le pouvoir de se suicider... Pas n'est besoin alors des coups de l'ennemi. Comment assistons-nous aux processions ? Par habitude ?... par esprit de parti politique ?... par vanité ?... par intérêt ?... ou par foncière dévotion.... Ceux qui y assistent doivent être autrement fervents que ceux qui, par curiosité ou impuissance, les voient passer... A l'instar de la Très Sainte Vierge, faisons-nous de chacune de nos visites, de chacun de nos voyages, de tous nos déploiements d'activité, comme une procession en l'honneur de Dieu... en attendant que l'Eglise, au jour de nos funérailles, fasse faire, jusqu'à la paroisse et au cimetière, une procession à notre corps, tandis que notre âme, si elle fut toute pure, fera, escortée par les Anges, son entrée processionnelle en Paradis ?...

 

Prière

 

O Notre Dame, si, d'après le proverbe : « Ce que femme veut, Dieu le veut », à  plus forte raison Dieu veut-il ce que vous voulez ! Vous étiez donc sûrement l'interprète du vouloir divin, lorsque vous disiez : « Je veux des processions ». Vous les avez eues magnifiques en la terre de Lourdes et, pour prouver votre joie d'en contempler les files, vous avez fait, surtout au passage du Très Saint Sacrement, les plus impressionnants miracles. Ainsi avez-vous décerné au culte extérieur, public, qu'on vous rend sur votre demande, une éclatante récompense. Multipliez les prodiges ; nous multiplierons les sacrifices, les hommages, les réparations, les enthousiasmes que la ferveur des processions comporte, jusqu'au jour où, vous ayant honorée ici-bas avec toute la pompe dont nous étions capables, vous nous admettrez près de vous, à la suite de l'Agneau, au défilé des processions du Ciel : Fête-Dieu qui n'aura pas de fin...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

 

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21 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-deuxième jour

Nouvelle démarche chez le Curé de Lourdes

 

La réponse dilatoire du curé de Lourdes appelait une réplique : la Dame la donna, le mardi 2 mars, en la Quatorzième Apparition, sous la forme d'une seconde ordonnance, complément de la première, l'apostolat de la voyante s'accusait de plus en plus. Après l'extase, la tante Basile, qui accompagnait Bernadette ce jour-là à la Grotte, ne tarda pas à s'apercevoir de l'état soucieux de sa nièce. En rentrant en ville, elle lui demanda ce qui la rendait ainsi rêveuse. « Ah ! Répondit l'enfant d'un ton chagrin, c'est que je suis en vérité dans un grand embarras. La Dame m'a chargée de redire à  M. le curé qu'elle voulait avoir une chapelle à Massabielle, et je ne sais comment faire pour me présenter au presbytère ». Se rapprochant ensuite de sa tante et la prenant par le bras, elle lui dit : « Tante, si vous saviez comme vous me feriez plaisir en venant avec moi chez M. le curé ! »

La tante Basile ne demandait pas mieux que d'être agréable à Bernadette, mais elle n'était guère plus brave que sa nièce pour soutenir le regard et la parole un peu rude de l'austère doyen... Toutefois, jugeant des terreurs de sa nièce par les siennes propres, elle consentit à accompagner Bernadette au presbytère. L'accueil du curé fut froid. Aussitôt que les deux visiteuses furent entrées au salon, l'abbé Peyramale se tourna vers Bernadette et lui dit : « Eh bien ! Que viens- tu m'apprendre ? La Dame a-t-elle parlé ? » « Oui, monsieur le curé ; elle m'a chargée de vous répéter qu'elle désire avoir une chapelle à Massabielle ; de plus, elle a ajouté : « Je veux qu'on y vienne en procession ». ». « Ma fille, il ne manquait plus que ce dernier complément à toutes tes histoires. Ou tu mens, ou la Dame qui te parle n'est que le masque de Celle qu'elle veut paraître. Elle exige une procession et pourquoi ? Sans doute, pour faire rire les gens et déconsidérer la religion. Le piège n'est pas habile. Tu lui diras de ma part qu'elle connaît mal les attributions hiérarchiques du clergé. Si elle était réellement Celle dont elle emprunte les traits, elle saurait que je n'ai pas qualité pour prendre l'initiative d'une pareille manifestation. C'est à l'évêque de Tarbes, et non à moi, qu'elle aurait dû t'envoyer ».

« Mais, monsieur le curé, interrompit timidement Bernadette, la Dame ne m'a pas dit qu'elle voulût dès à présent une procession à la Grotte : elle m'a dit simplement : « Je veux qu'on y vienne en procession », et, si j'ai bien compris, c'est de l'avenir, et non du présent, qu'elle voulait parler ». Le curé s'arrêta court à cette réflexion et jeta un regard scrutateur sur l'enfant. Que signifiait l'explication tardive qui arrivait sur les lèvres de la petite messagère ? Est-ce que, sans y prendre garde, lui, curé, se trouvait en présence d'une rusée comédienne qui jetait de la poudre aux yeux par ses airs d'innocence? La nuance qu'elle faisait ressortir dans les désirs de la Dame était plausible et même vraisemblable, mais cette nuance n'était-elle pas une subtilité mise au profit de son rôle, et la petite fille ne s'en servait-elle que pour se tirer adroitement d'embarras ? L'abbé Peyramale sentait revenir ses anciennes préventions, et, craignant d'être trompé, il continuait à regarder l'extatique avec un certain air de défiance. Celle-ci, au contraire, se tenait tranquille sur son siège, ne montrant dans sa physionomie que la sérénité d'une âme qui n'a rien à feindre ni à cacher. Enfin le curé rompit le silence et dit à l'enfant :

« Il est temps de sortir de l'imbroglio dans lequel la Dame et toi vous essayez de m'enchevêtrer. Tu lui diras qu'avec le curé de Lourdes il faut parler clair et net. Elle veut une chapelle ? elle veut une procession ? Où sont ses titres aux honneurs qu'elle réclame? Qui est-elle? D'où vient-elle, et par quels actes s'est-elle recommandée ? Allons droit au but ; si ta Dame est celle dont tu laisses deviner le nom, je vais lui indiquer un moyen de se faire reconnaître et de donner de l'autorité à ses messages. Elle se tient à la Grotte, m'as-tu dit, au-dessus d'un rosier. Eh bien, demande-lui de ma part qu'un de ces jours, en présence de la foule assemblée, elle fasse fleurir subitement le rosier en question. Le matin où tu viendras m' annoncer que ce prodige est accompli, je croirai à ta parole, et je te promets de t' accompagner à Massabielle ». Un sourire de la tante et de la nièce répondit à ce langage ; puis le curé ayant cessé de parler, les deux visiteuses s'inclinèrent et sortirent.

Le prêtre ne saurait trop s'envelopper de prudence dans ses jugements sur des révélations prétendues surnaturelles : les supercheries ne sont point rares ; les mystifications entraînent les plus déplorables conséquences. On est toujours ridiculisé, souvent amoindri, quelquefois annihilé, pour avoir été trop crédule. Le métier de dupe est le plus désastreux des métiers, surtout lorsque, prêtre, on solidarise nécessairement sa personne avec sa fonction. Le curé de Lourdes faisait donc preuve d'une grande sagesse en même temps que de beaucoup d'esprit, en ripostant comme nous l'avons entendu, et en demandant, pour donner sa créance et prêter son concours, la corroboration d'un miracle...

Mais le miracle qu'il spécifiait accusait la légèreté inhérente à tout homme mis en demeure de démêler, en certaines occasions, le Surnaturel. Solliciter la floraison insolite d'un rosier pouvait être piquant; c'était, en l'occurrence, puéril. Le rosier fleuri se fût peu à peu desséché, et n'aurait laissé, que dans quelques mémoires, un poétique souvenir. Beaucoup n'y auraient vu qu'un phénomène de végétation extraordinaire, et les faits de Massabielle n'y auraient rien gagné en certitude, pas plus que les idées, cachées sous ces faits, en clarté. Celle qui venait fleurir surnaturellement les âmes n'avait nul souci de parer miraculeusement un églantier. La grâce ne dépend pas d'une question de botanique...

Ainsi, tout en étant un maître-homme au point de vue humain, on peut n'être, accidentellement, qu'un enfant en face du Surnaturel. Ce fut le cas pour l'abbé Peyramale, ce jour-là ; et c'est avec moins d'excuses et plus de sottise, par conséquent, notre propre cas, dans la plupart de nos appréciations et de nos prières. Nous nous préoccupons, nous nous passionnons pour des bagatelles : il faut réussir dans telle combinaison, obtenir telle faveur temporelle, tel avancement, tel succès tout terrestre. Faisant de l'accessoire le principal, nous avons la hantise même absurde des rosiers en fleurs ; et nous négligeons la culture, l'épanouissement, en nous et autour de nous, du royaume de Dieu et de sa justice : nous sacrifions le devoir à la vanité. Quels enfantillages !

 

Examen

 

Quand les événements nous ont mis en demeure de faire une démarche qui nous coûtait, n'avons-nous pas observé comment la Providence, si nous nous étions confiés à elle dans notre embarras, plaçait près de nous, au moment psychologique, la personne la plus apte à nous secourir ?... Nous venons de voir tante Lucile se mettre à la disposition de Bernadette...

Avons-nous accepté avec politesse, avec esprit de foi, les contradictions, les observations, voire les remontrances de l'autorité ecclésiastique, quand des divergences ou des conflits d'idée entre elle et nous se produisaient ?... En matière religieuse, n'avons-nous pas prétendu en savoir plus long que les prêtres, nous imaginant sottement que chacun peut se faire sa religion... Bernadette était très polie, très déférente pour son curé.... Combien de personnes extérieurement pieuses deviennent, par leur entêtement, leurs fausses illuminations, leurs cabales et leurs incessants coups de langue, les bourreaux de leur curé !... Un fin observateur n'a-t-il pas dit de ces dévotes à rebours qu'elles sont « des anges dans l'église, des perroquets dans les rues, des diables dans leurs maisons » ?... Elles s'érigent volontiers en prêtresses de chapelles particulières.... Plus grande qu'elles, Bernadette se contentait d'être une petite paroissienne...

Remarquez-vous chez le spirituel curé de Lourdes le respect de la hiérarchie, le soin qu'il a de ne point empiéter sur les attributions de son évêque ?... Savoir rester à sa place, c'est le meilleur moyen d'éviter les maladresses et de s'épargner une foule d'ennuis... C'est aussi une excellente façon de s'assurer dans sa conduite le concours si nécessaire des grâces d'état... Ne sommes-nous pas d'une crédulité enfantine pour les horoscopes qu'on tire en inspectant les lignes de notre main, en jouant aux cartes, ou en faisant appel aux sorciers et aux sorcières ?... N'accueillons-nous pas avec la même puérilité le récit de prophéties, de visions, que les naïfs, les malades ou les vils exploiteurs, colportent au préjudice de notre Religion sainte.... Le curé de Lourdes avait raison d'éprouver l'authenticité des dires de Bernadette.... Pour quiconque réfléchit, le Surnaturel authentique a d'ailleurs des signes qui le distinguent du premier coup, de la contrefaçon... Là  où, sous un vernis de religiosité, vous trouverez la recherche de soi, l'orgueil, la légèreté et les satisfactions plus ou moins déguisées de la nature, dites- vous qu'il y a mystification au lieu de mysticité vraie...

N'avons-nous pas un peu le culte des éphémères rosiers ?... Rosier, l'apostolat en surface... Rosier, la multiplicité des prières vocales sans amendement du caractère ni augmentation des vertus... Rosier... le souci humain de l'opinion publique... le désir de plaire aux supérieurs pour capter leurs suffrages et bénéficier de leur protection, après les avoir honteusement flattés... Rosier... les préoccupations exagérées d'argent et d'avenir... Aux floraisons terrestres, il faut préférer les floraisons de Dieu, de Jésus, de la Vierge en nos cœurs... Bernadette préférait la Dame au rosier...

 

Prière

 

O Notre Dame, en envoyant pour la seconde fois Bernadette au presbytère, vous montriez qu'entre toutes les maisons de la paroisse vous aimez la maison curiale... C'est elle qui abrite l'homme de Dieu : c'est vers elle que s'achemine à nouveau, sur votre ordre, la petite ambassadrice. Ainsi autrefois Gabriel avait-il été envoyé de Dieu, à Nazareth, vers la maison qu'embaumait de célestes parfums votre présence !... Vous vous troublâtes devant l'ange ; Bernadette se trouble devant son curé ; à Nazareth, votre réponse fit fleurir pour le monde la tige divine de Jessé ; au presbytère de Lourdes, la demande sacerdotale ne fit point fleurir l'inutile rosier, mais l'ambassade, plus tard comprise, de l'enfant détermina la merveilleuse floraison de la chapelle et des processions auprès de votre Grotte. Tous voulez en nos cœurs une chapelle mystique : il y a longtemps que la grâce et notre dévotion l'ont pour vous construite : embellissez-la pendant ce Mois de Mai, et que le démon ne la ferme et ne la démolisse jamais !... Vous voulez des processions : faites défiler dans notre tête, théorie sans pareille, les innombrables souvenirs de vos bontés, et que ces souvenirs, allumant en nous les flammes de la reconnaissance, replacent sur nos lèvres les cantiques de bénédiction qu'au plus beau temps de nos ferveurs nous chantâmes pour vous !....

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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20 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-et-unième jour

Le Chapelet

 

Le lendemain, 1er Mars, la Treizième Apparition fut marquée par un incident sans conséquence, mais non sans signification. Une personne de Lourdes, désirant attacher un souvenir pieux à son chapelet, l'avait remis à Bernadette avec prière de vouloir bien le réciter à la Grotte pendant l'apparition de la Dame céleste. Bernadette ne fit aucune difficulté pour se rendre au désir de cette personne. Le matin du 1er Mars, en arrivant à la Grotte, la voyante se mit à genoux, et prit, au hasard, le premier chapelet qu'elle rencontra dans sa poche. Quand elle voulut le porter à son front, sa main fut arrêtée, et la Dame lui demanda sur le ton du reproche, ce qu'était devenu son chapelet. Bernadette, étonnée, avança le bras pour montrer celui qu'elle tenait à la main : « Vous vous trompez, lui dit la Dame, ce chapelet n'est pas le vôtre ». Bernadette regarda, et reconnut, en effet, que le chapelet dont elle voulait se servir était le chapelet qu'on lui avait confié. Elle le remit prestement dans sa poche, en retira le sien et le présenta à la Dame en allongeant son bras vers la Grotte. La Dame fit un signe de tête affirmatif et la voyante, dès lors, put commencer sa prière.

Il y avait, en cette observation de la Vierge, une leçon de respect à l'endroit du chapelet matériel. On tient tellement à ses objets de toilette, à ses instruments de travail, à ses bibelots, à ses souvenirs artistiques, qu'on en devient parfois maniaque. On en a le culte comme artiste, collectionneur ou amateur : on s'en réserve l'usage exclusif ; mais, par indifférence ou inintelligent ; calcul, on échangera son chapelet, quand on en a un. On commet ainsi une irrévérence envers un objet de piété que l'on devrait garder pour soi. Afin d'obvier à ces échanges puérils, lorsqu'ils ne sont pas sacrilèges, l'église a dépouillé des indulgences tout chapelet prêté avec l'intention de les faire gagner. La Dame, par sa remontrance à Bernadette, consacre la propriété personnelle du chapelet. A chacun de veiller sur son outil de prière et de l'utiliser... Mais cet hommage de respect au chapelet matériel contient surtout, pour nous, une invitation à le bien réciter. Or, comment le devons-nous réciter ? comme le prêtre, son bréviaire :

Dignement. Ayons d'abord la dignité du maintien. Il est une étiquette des cours : n'y sont admis que ceux qui se conforment aux prescriptions du protocole. Les salons n'ouvrent leurs porte qu'à  ceux et celles qui ont, au moins extérieurement, de la tenue. Mais quelle politesse de manières a-t-on pour Dieu ? La Dame n'est souvent guère mieux respectée, même par nous. Quel vagabondage de regards, quelle désinvolture de mouvements, pendant la récitation du chapelet !... Et la dignité de la prononciation, qu'en fait-on pareillement ? On mange certains mots, on en mutile d'autres, on en saute, on en invente, on improvise des phrases qui sont une insulte sonore à la grammaire et au bon sens ; ou bien, on dit tout exactement, mais avec une déplorable accentuation.

Attentivement. L'attention est l'application de l'esprit à ce qu'on pense, à ce qu'on dit, à ce qu'on fait. La dignité discipline l'extérieur ; l'attention, l'intérieur. L'une et l'autre s'aident réciproquement. Le manque de dignité vient souvent du manque d'attention : le corps est irrespectueux à cause de l'esprit inattentif. Joindre les mains, baisser les yeux, bien articuler, sont autant d'excellents moyens de prévenir, diminuer, chasser les distractions. Or, pour une bonne récitation du chapelet, une triple attention est requise.

Attention aux paroles. Parler sans se rendre compte du sens des termes employés, c'est déchoir de son rang de créature pensante et surtout baptisée. S'il importe de savoir ce qu'on dit aux hommes, à  plus forte raison importe-t-il de savoir ce qu'on dit à la Reine des hommes et à Dieu ! D'autant que les paroles qui composent le chapelet sont les plus vénérables, les plus sanctifiantes, les plus instructives, qu'il soit donné à une bouche humaine de proférer....

Attention à la Dame. Elle mérite que nous soyons particulièrement respectueux. S'il est impoli de parler, fût-ce à un domestique, en affectant des airs distraits, comment qualifier l'attitude de ceux qui, tout en égrenant le chapelet, se laissent envahir, dans leur imagination trop complaisante, par une foule d'étrangères pensées ? Il y a là  un sans-gêne qui, loin de nous concilier la bienveillance de Celle dont nous implorons machinalement la protection, risque de nous faire encourir son dédain, son mécontentement, sinon même son courroux. Il serait bon peut-être de ne pas oublier, à ce point, les distances qui la séparent de nous.

Attention à l'entourage. La Dame nous voit comme elle voyait Bernadette, comme elle voyait, sans leur manifester sa présence, tous les assistants qui la priaient en union avec l'enfant. Mais Marie n'est point seule à nos côtés : Dieu nous voit par son immensité qui embrasse tous les êtres, par sa science à laquelle rien n'échappe, par sa providence qui dirige toutes choses, par sa grâce qui informe divinement nos âmes comme nos âmes informent humainement nos corps ; Jésus nous voit par ses attributs divins et, quand nous prions la Dame à l'église, par son Eucharistie ; le Saint-Esprit nous pénètre, à son tour, de son action sanctificatrice, et nos anges gardiens sont également témoins de nos supplications. Mais, à cet entourage invisible dont nous ne saurions trop respecter la présence, se mêle souvent l'entourage visible des parents, des enfants, des voisins, des amis. Or, cet entourage extérieur n'est point à négliger : nos exemples, jamais neutres, le scandalisent ou l'édifient.

Dévotement. La dévotion est le résultat d'une double chaleur. On regarde la Dame à la lumière de la foi. A mesure qu'on la contemple, on assiste, par la réflexion, au défilé de ses grandeurs. Et de ces grandeurs dont la contemplation, si imparfaite soit-elle, confond notre petitesse, se dégage un arôme de bonté qui attire. Nous la voyons toute grande, mais nous sentons qu'elle est en même temps toute bonne. L'idée que nous nous faisons d'elle se convertit ainsi de lumière en chaleur. C'est d'abord la chaleur de la conviction. Mais cette chaleur de la tête pénètre logiquement dans notre cœur, et c'est alors la chaleur de l'amour : double chaleur dont la vertu fécondante produit dans les âmes, à l'heure de la prière, la dévotion.

 

Examen

 

Avons-nous un chapelet ?... Ne pas en avoir un serait une indélicatesse, une imprudence, une infidélité... Prétendre y suppléer habituellement avec ses dix doigts est une irrévérence et une pitoyable excuse... Portons-nous notre chapelet ?... Ne le laissons-nous pas négligemment dans la poche des vêtements que nous avons quittés, ou en un étui ou sur une table parmi les objets qui composent notre petit musée religieux... Le chapelet surtout est un porte-bonheur... Le faisons-nous réparer en toute hâte en cas de besoin ? Nous en procurons-nous un neuf en cas d'usure ?... Avons-nous à cœur de le faire enrichir de toutes les indulgences dont la libéralité de l'Eglise le rend susceptible...

Comment le récitons-nous ?... Avons-nous la dignité du maintien, de la prononciation ? Quelle est notre intensité d'attention aux paroles, à la Vierge, à  l'entourage ?... Y préludons-nous par un peu de recueillement ?... Choisissons-nous, pour le dire, l'heure, l'endroit le plus propices ?... Nous ressaisissons-nous à chaque dizaine en formulant une intention particulière pour nous, pour les morts ou les vivants ?... Au Credo, pensons-nous aux Martyrs qui ont souffert pour la Foi, aux Apôtres qui l'ont défendue ?... Au Pater, songeons-nous à Jésus qui nous l'a enseigné, à nos mères qui nous l'ont appris?... Aux Ave, nous rappelons-nous dès les premières paroles Gabriel qui les prononça ?... Nous unissons-nous à Sainte Elisabeth qui les compléta ?... Invoquons-nous la Mère de Dieu avec la foi des conciles, la dévotion des aïeux, la sérénité des mourants ?... Aux Gloria Patri, adorons-nous la Trinité Sainte en union avec les anges et les élus du Ciel ?... Le récitons- nous, en partie ou en totalité, chaque jour ? Ainsi faisait la digne, l'attentive, la dévote, la fidèle Bernadette.

 

Prière

 

O Notre Dame, vous tenez tant au chapelet que vous vous montrâtes à Bernadette avec un chapelet aux grains d'albâtre et à la chaîne d'or.... Au surplus, vous ne favorisâtes l'enfant de aucune de vos apparitions sans l'obliger à réciter devant vous cette prière Et, tout à l'heure, nous vous avons vue donner à la voyante distraite la leçon que nous venons de méditer.... Si nous n'avions su que le chapelet vous était agréable, vous vous seriez chargée de nous l'enseigner à la Grotte, magistralement. Merci, ô maternelle Educatrice, de l'enseignement et des exemples que vous nous avez apportés dans la niche bénie.... Nous aimions le chapelet, nous l'aimerons davantage.... Nos mains se plairont à en effeuiller quotidiennement les roses qui pour vous sentent si bon ; et, après vous avoir saluée tant de fois, ici-bas, pleine de grâce, vous nous obtiendrez d'aller, quand nous serons morts, égrener devant votre trône les Ave Matin de la gloire....

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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19 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingtième jour

Intimités

 

Au matin du 28 février, plus de deux mille spectateurs se trouvaient réunis autour du rocher de Massabielle, attendant fiévreusement l'arrivée de la voyante. Bernadette se présenta toute proprette, revêtue de ses modestes habits du dimanche et accompagnée de sa plus jeune tante Lucile... L'entretien mystérieux de la Dame avec sa petite confidente ne donna lieu, en cette douzième Apparition, qu'à des communications intimes et toutes personnelles. Le dessein de la Vierge en ces communications était, semble-t-il, de faire goûter à Bernadette un triple bienfait.

Le bienfait du calme dans le recueillement ! L'apostolat expose aux agitations, aux fièvres du dehors. On finit par s'énerver, par se troubler pour beaucoup de choses, comme disait Jésus à Marthe, son hôtesse. La Dame protège l'enfant contre cette évaporation nuisible à la sérénité. Bernadette devenait de plus en plus un personnage public, elle venait d'être ambassadrice auprès du clergé : autant d'extériorisations qui devaient ou pouvaient l'enfiévrer... Le calme est un agent de première nécessité pour la conduite de la Vie. Il rend maître de soi, et cette maîtrise permet de se connaître à  fond, de se dominer. Il favorise l'audition des voix de la conscience, de la grâce et des événements : la conscience a comme des pudeurs d'intonations que le bruit effarouche et absorbe ; Dieu a des appels discrets que la dissipation empêche de saisir; les événements, même les plus insignifiants, apportent des leçons dont l'écho, pour être nettement perçu, ne peut être recueilli qu'à  tête reposée. Sans calme, on a des légèretés de pensées, des absences de mémoire, des précipitations de jugement, des inégalités d'humeur, des saillies de caractère, des fuites de délicatesse, qui paralysent notre influence, en nous aliénant, plus ou moins, l'estime, la confiance, les sympathies d'autrui. La Dame, voulant faire de Bernadette un modèle de vie à la fois contemplative et active, en faisait une recueillie.

Le bienfait de la lumière dans la réflexion ! On se livre aux autres et, sous couleur de les sanctifier, on se néglige soi-même. L'examen de conscience, fait trop sommairement, ne révèle plus les points faibles qu'il faudrait fortifier, les exercices de piété tronqués, faute de temps, perdent peu à peu, faute d'attention, leurs saveurs primitives. La mortification, sous prétexte de santé à conserver pour faire face aux exigences du labeur quotidien, ne figure presque plus dans notre régime de vie. L'accoutumance conduit à la banalité. Nos œuvres extérieures nous donnent la réputation d'hommes éminents, de femmes remarquables : il est si facile d'être éminent, illustre, aux époques de décadence où les nivellements égalitaires abaissent toutes les toises, tandis que les engouements les relèvent ! Au lieu d'observations que personne n'ose plus nous faire, on reçoit des compliments que tout le monde, j'entends le monde des naïfs ou des intéressés, nous prodigue. Et nous contractons toute sorte de défauts qui font subir autant de déchets à l'oeuvre interne de notre sanctification. La Dame ne veut pas que Bernadette s'imagine être suffisamment sacrée par ses nouvelles fonctions et, pour la prémunir contre une illusion si ravageante, elle la contraint de réfléchir sur soi, par des communications particulières...

Le bienfait de la force dans l'amour ! Notre-Seigneur disait : « Sans Moi, vous ne pouvez rien faire... Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruits ». Il est indispensable d'être toujours uni au Christ pour ne sentir sa faiblesse ni dans les tentations que le Démon suggère, ni dans les luttes que les vertus imposent, ni dans les désappointements que les hommes ménagent. Être uni, surtout avec son Dieu, c'est être fort : l'union fait la force ; c'est aussi aimer : l'union vient de l'amour et l'entretient. Or, cette union génératrice de la force, conservatrice de l'amour, est d'une nécessité encore plus impérieuse, quand croissent les difficultés, compagnes inévitables de toute croissance d'action apostolique. Pour vaincre, il faut redoubler d'intensité et de tendresse dans l'union. Malheur à l'âme qui se relâcherait : elle perdrait sa chaleur de pénétration, sa force, son amour. La fin détruirait l'oeuvre, loin de la couronner... La Dame entend que Bernadette échappe à cette crise, et, pour l'obliger à mener une vie d'union plus amoureuse, elle lui fait de maternelles et toutes spéciales communications, l'ayant déjà  protégée contre toute fièvre par le recueillement, contre toute illusion par des jets de lumière, elle complète l'apostolique éducation de cette enfant, en la munissant d'une plus ample provision de force et d'amour pour la protéger contre tout découragement : rien ne pénètre profondément dans les intelligences, les cœurs et les volontés, comme le caractère personnel, intime, des communications. On se dit tout alors, et on comprend, et on aime, et on accepte tout...

 

Examen

 

Nous présentons-nous toujours propres à l'église ? La propreté est une vertu... Notre corps, temple du Saint-Esprit, doit avoir pour Dieu sa parure... L'Eglise pare magnifiquement le corps de ses ministres à l'autel.... Nous devrions être propres pour nous... pour les autres, mais surtout le dimanche, pour Dieu... Bernadette se présenta proprette le dimanche à la Grotte.... Je sais bien qu'à  certaines Messes, les mondaines apparaissent endimanchées.... Mais leur toilette, au lieu d'être inspirée par la piété, n'est-elle pas provoquée par une vanité sacrilège qui transforme la maison de Dieu en rendez- vous, en salle d'exposition, ou en vitrine de magasins de nouveautés ?... D'autres, au contraire, irréprochables en leur mise quand ils vont en visite, sont d'un négligé humiliant lorsqu'ils se rendent à l'église pour remplir le premier des devoirs...

Quel est notre recueillement ? Ne menons-nous pas une vie presque toute en façade, n'analysant à  peu près jamais nos impressions, ne nous livrant à aucun examen de conscience, à aucun inventaire spirituel, nous dispensant de donner audience aux pensées sérieuses pour ne pas être contraints de regarder en face notre âme et le Bon Dieu ? C'est faire de la piété automatique que de se contenter du culte extérieur : le Royaume de Dieu est au dedans de nous...

Quelle portée ont nos réflexions ? Réfléchissons-nous sur le passé pour le réparer... sur le présent pour le sanctifier... sur l'avenir pour le préparer... sur les droits de Dieu pour le servir... sur la perte des âmes pour les sauver... sur les causes de nos joies pour les épurer, de nos tristesses pour les diminuer, de nos défaillances pour les prévenir.... Peut-être ne réfléchissons-nous que sur les insuccès de notre amour-propre, sur nos mécomptes financiers pour les déplorer, ou sur l'élévation des autres pour les jalouser ?...

Quelles sont nos amours ? Aimons-nous véritablement Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos forces, par dessus toutes choses... Faisons-nous en sorte qu'il soit en nous et autour de nous le plus et le mieux aimé ?

Aimons-nous Jésus comme Dieu, comme Rédempteur, comme Docteur, comme Pasteur, comme Ami, comme Frère ? L'aimons-nous plus que ceux et celles qui nous entourent ?... Ayant plus reçu, nous devons plus aimer... Aimons-nous la Très Sainte Vierge comme le chef-d'oeuvre de Dieu, comme la Mère de Jésus, comme notre Médiatrice, notre Avocate et notre Mère ?... La Mère de Dieu est aussi ma mère... Aimons nous l'Eglise sans laquelle nous ne connaîtrions ni Dieu, ni Jésus, ni Marie, ni l'éternité ? L'aimons-nous pour sa beauté, pour ses bienfaits, pour ses souffrances?... Si jamais je t'oublie, sainte Eglise romaine, que ma droite se sèche et que ma langue s'attache à mon palais !... Aimons-nous les âmes, surtout celles de nos parents, de nos bienfaiteurs, de nos amis, vivants ou morts ? On reconnaît qu'on aime sans illusion à trois signes : la fidélité du souvenir, l'acceptation de la souffrance, le don de soi... Pour qui sont nos pensées, nos douleurs, nos donations ?...

 

Prière

 

O Notre Dame, nous voulons être recueillis, réfléchis, aimants ; faites-nous vos communications. Mais apprenez-nous en même temps à les saisir sans ambiguïté, à  les observer sans inconstance Vous devez avoir, dans l'intimité, tant de choses à nous dire ; si grand est en nous, à défaut du désir, le besoin d'un tenir compte !...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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18 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Dix-neuvième jour

Les Prêtres

 

En confiant à Bernadette la mission dont nous l'avons vue s'acquitter auprès de son curé, que faisait la Dame ? Elle reconnaissait d'abord le droit sacerdotal : « Allez dire aux prêtres ». Le prêtre est l'intermédiaire obligé entre Dieu et l'homme. Personne ne peut se passer de lui : trait d'union vivant, infrangible. Toutes les religions ont eu leurs prêtres ; les prêtres existeront toujours. Lorsqu'on se targuera d'avoir divorcé avec les représentants des sacerdoces authentiques, on s'en ira dans les Loges s'inféoder aux Vénérables. La parodie sera justicière de l'idée outragée. On ne voulait pas de la dignité réelle, on embrassera la mascarade.

« Allez dire aux prêtres », dit la Dame, pour mieux mettre en saillie le droit sacerdotal. Ce droit, elle l'avait reconnu quand, quarante jours après la naissance de Son Divin Fils, elle s'était rendue au Temple pour s'y purifier, comme si la blancheur, en son essence, pouvait devenir plus blanche encore. Ce droit, elle le reconnaît, à nouveau, en s' adressant à Bernadette : il est sacré, imprescriptible, inaliénable ; il ressort de la volonté positive de Dieu, et Jésus Lui-même, grand-prêtre éternel, fondateur du sacerdoce évangélique, l'a respecté ; il envoyait les lépreux aux prêtres, et il ordonna, à Paul, terrassé sur le chemin de Damas, de s'en référer, pour l'oeuvre de sa sanctification, à Ananie. Quiconque voudra se dispenser du prêtre supprimera le grand ressort, le moteur nécessaire, dans le fonctionnement de l'organisme religieux. On ne peut mettre en branle le Surnaturel dans le monde que par les prêtres. Tous les rêves, toutes les tentatives de séparations laïques, ne prévaudront jamais contre ce droit.

Or, tout droit implique un devoir, et nous trouvons, en la parole de la Dame, l'indication du devoir sacerdotal : « Allez dire aux prêtres qu'il doit se bâtir ici... » Bâtir est la mission du prêtre ; démolir, celle facile et grossière, de ses ennemis : le Bien a le génie de la construction ; le Mal, celui de la démolition. En bâtissant, le prêtre ressemble à Dieu qui a bâti toutes choses, et à Jésus qui a été, selon sa propre expression, le bâtisseur de son Eglise : « Tu es Pierre et sur cette pierre Je bâtirai Mon Eglise ». Or, à l'instar de Dieu qui a créé le monde des esprits et le monde des corps, le prêtre bâtit spirituellement et matériellement. Il édifie le temple spirituel avec le dogme, la morale, les sacrements : matériaux divins. Et il est, de la sorte, l'illuminateur, le purificateur, le sanctificateur, qu'on ne remplace point. En bâtissant les âmes, il bâtit, par concomitance, les familles et les peuples. L'Histoire nous l'apprend : de lui sont nés l'organisation française, l'esprit français, la langue française, le cœur français, la conscience française.

« Simon, fils d'Onias, est le grand-prêtre qui pendant sa vie répara la maison du Seigneur, et durant ses jours affermit le Temple. Par lui furent posées les fondations pour porter au double le mur élevé qui soutient l'enceinte du Temple » (Ecclésiastique 50, 1, 2). La construction matérielle continue à incomber au sacerdoce. Jéhovah avait résolu, depuis Salomon, d'habiter, parmi les enfants des hommes, en une maison sainte. Jésus, faisant déborder la mesure d'amour, a voulu assurer jusqu'à  la consommation des âges et multiplier, au gré des chrétiennes et des chrétiens, son eucharistique présence. C'est avec l'or des riches, les oboles des pauvres, les travaux des artistes et les sueurs des tâcherons, que le prêtre édifie le temple matériel dont il est le gardien. Et toujours, en quelque coin du monde, se répercutera, sûre d'être entendue, l'injonction de la Dame : « Allez dire aux prêtres qu'il doit se bâtir ici... »

Tous les emplacements, pour la construction du Surnaturel, ne sont pas propices. Heureux le prêtre à qui la Vierge, pour le récompenser de ses prières et le tirer de ses indécisions, fait dire : « ici ! » La localisation du devoir facilite, en le précisant, son accomplissement. Dans la parole de la Dame, se trouve la garantie de la liberté sacerdotale : « Allez dire aux prêtres qu'il doit se bâtir ici une chapelle ».

Comment sera bâtie cette chapelle, dans quelles proportions, quelle en sera l'organisation matérielle, comment devra y fonctionner le culte ? C'est l'affaire des prêtres : ils sont libres de construire, d'organiser, comme ils l'entendent. L'ordre émane de Dieu, l'exécution, en son ensemble et ses détails, est du ressort des prêtres. La Dame, respectueuse de leur autonomie, ne risque point d'emprisonner leur initiative personnelle, leur liberté d'action, leur ministère. Les dons de Dieu sont sans repentance ; les droits qu'il consent à nous départir ne sont jamais des leurres. Les hommes jaloux, étroits, sont forts pour les empiètements ; Dieu, immensément large, n'entrave aucune spontanéité, maintient, en leurs limites, toutes les tolérances. Seuls, les manoeuvres et les sots retirent en pratique ce qu'ils ont donné en théorie.... Quand donc la liberté mieux comprise permettra-t-elle à chacun de jouir, en toute tranquillité, de sa place au soleil ?.... Les églises appartiennent aux prêtres comme les prétoires aux juges, les tribunes politiques aux parlementaires, les casernes aux soldats : il faut les y laisser. Le caprice mène à la démence ; le despotisme à l'anarchie...

 

Examen

 

Respectons-nous les prêtres ? les nôtres surtout, car la Religion catholique étant la seule vraie ; nos prêtres sont les représentants du seul vrai sacerdoce.... Si les Protestants respectent leurs ministres, les Juifs leurs rabbins, les Musulmans leurs imams, et nous ne saurions trop les en louer, de quel respect ne devons-nous pas entourer nos prêtres !... Voyons-nous en eux les délégués, les mandataires de Jésus-Christ ? Ils remplissent ses fonctions, ils tiennent sa place, ils s'identifient avec sa personne auprès des âmes !... Les écoutons-nous ? leur obéissons-nous ? Les défendons-nous ?... Les persécutions dont on les accable à cause de Jésus nous les devraient rendre plus chers.... Comme les premiers chrétiens persécutés aimaient leurs prêtres !... Les aidons-nous à remplir leur devoir de bâtisseurs... L'impiété a volé leurs biens, mais ils ont gardé leur honneur.... Ce qu'a démoli la Politique haineuse, il faut que la Charité le reconstruise... Elle a démoli l'éducation par la neutralité laïque : à nous de la rebâtir par l'apostolat du Catéchisme.... Elle a démoli la Famille par le divorce, à nous de la rebâtir par l'apologie et indissolubilité... Elle a démoli la société par le bannissement de Dieu : à  nous de la rebâtir par le relèvement des chrétiennes et sociales vertus... Elle a appauvri les églises, en attendant, si elle le peut, de les fermer : à  nous de les doter de nos bonnes œuvres pour y conserver le culte et y tenir le plus grand nombre de cœurs ouverts à Dieu...

N'entravons-nous pas quelquefois, par nos mutineries, nos oppositions ou nos froideurs, la liberté sacerdotale ?... C'est aux prêtres qu'il appartient de mener les paroisses, et on rencontre des paroissiens et des paroissiennes qui, par leurs générosités, leurs ingérences ou leurs intrigues, voudraient mener les prêtres,... Laissons les prêtres libres : Dieu se charge d'asservir ceux qui abuseraient de leur liberté... Dans les églises, il y a, parmi les chapelles latérales ou circulaires, la chapelle de la Vierge : elle est même d'ordinaire le mieux ornée... Dans le temple de notre âme, notre dévotion à la Vierge, telle une chapelle mystique, est-elle l'objet de nos soins particuliers ?... « Je veux, nous dit la Vierge, qu'on bâtisse une chapelle ici » : dans votre cœur... Comment honorons-nous Marie ?... Ne laissons-nous passer inaperçue, sans décoration supplémentaire de notre âme, aucune de ses fêtes ?... Que sont, sous ce rapport, nos samedis ?... Comment sanctifions-nous jusqu'ici son Mois de Mai, déjà  à son déclin ?...

 

Prière

 

O Notre Dame, si, enfant, vous vous montrâtes souverainement respectueuse, au temple, envers les prêtres de la vieille alliance, quel ne doit pas être votre respect pour les prêtres de votre Fils Jésus !... Comme il devait vous tarder, s'il est permis de vous attribuer la plus légitime impatience, de mettre Bernadette en relations avec les prêtres, seuls capables de continuer, après l'enfant, l'oeuvre de votre prédilection, à Lourdes!... Des prêtres, d'aucuns n'en voudraient plus.... Mais vous, vous en voulez, et vous les appelez.... On les maudit, bénissez-les ; on les dépouille, secourez-les ; on les attaque, défendez-les ; si on les expulse, ramenez-les. Les prétendus bâtisseurs de liberté ont donné leur mesure.... Il est temps que, pour sauver la France, vous inspiriez au peuple désabusé la résolution de s'éloigner des exploiteurs et de se rapprocher des prêtres en les chargeant, devant les ruines sociales, de rebâtir ici !...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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18 mai 2014

Saint Yves Hélory de Kermartin

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Saint Yves Hélory de Kermartin

Saint Patron de la Bretagne

1253-1303

Fête le 19 mai

 

Yves Hélory de Kermartin (1253-1303) est l'avocat des humbles et des opprimés. Dès le début de sa vie universitaire à Paris et Orléans, tout le pécule dont le gratifient ses parents sera ms au service des étudiants moins fortunés que lui. Nommé juge ecclésiastique à Rennes en 1280, il bouleverse le Diocèse par son souci de la justice et la vérité ; les revenus de sa charge passent entre les mains des pauvres. Réclamé par l'évêque de Tréguier (son diocèse d'origine), Yves est ordonné prêtre malgré ses réticences et nommé curé de paroisse, tout en conservant ses fonctions de juge diocésain. Il est le plus mal loti des pauvres, à qui il donne tout, même son lit. Il se fait l'avocat des petits et de ceux qui ne peuvent payer un procès et s'en va plaider jusqu'à Tours. En 1283, les Frères Mineurs (Franciscains) qui l'ont marqué à Paris et à Rennes, arrivent à Guingamp. À partir de 1289, Yves est souvent leur hôte. Désormais il va porter, avec la corde et les sandales, un costume assez semblable au leur, sans doute l'habit du Tiers Ordre de Saint François (qui était une sorte de bure de couleur grise cendre pour symboliser la pénitence revêtue en entrant dans le Tiers Ordre, ndlr). À sa mort, le 19 mai 1303, il connaît le même dénuement et la même soif que Saint François d'Assise. « Mon fils, vivez toujours de manière à être un saint », lui avait souvent répété sa mère au temps de sa jeunesse ; devenu adulte, il reconnaissait combien il lui en coûtait de devenir pauvre, frères et serviteur. En 1347, le Pape Clément VI proclame sa canonisation. Et en 1351, le Chapitre général des Frères Mineurs ordonne de l'inscrire au calendrier liturgique Franciscain comme Tertiaire de Saint François.

 

Oraison

 

Dieu de qui vient tout ce qui est juste et bon, Tu as établi Saint Yves comme juge parmi ses frères, et Tu as fait de lui un grand ami des pauvres : accorde-nous, par son intercession, de rechercher passionnément la justice et de communier à ton amour pour les hommes. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

 

(Extraits du Missel Franciscain)

 

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Pedenn da Aotrou Sant Erwan



Aotrou Sant Erwan benniget,
E Breizh ar Patron hollvrudet,
C’hwi, helavar en ho komzoù
Hag hollskouerius en oberoù.

Difennet hoc’h eus ar c’horker
Pa voe taget gant ar piaouer :

Breutait c’hoazh, ni hoc’h asped,
Evit ar paour-kaezh Bretoned,
Ma vo rentet d’o yezh karet
Ar gwir a zo dezhi dleet,
Hag e kanimp meuroberoù

’N Aotrou Doue ’n hon ilizoù.
Ouzh rogentez ar juloded
Gourbannit kaoz ar baloded,
Korkerien dizifenn o yezh.
Bezit o breutaer el Lez,
Ma tassono ar c’hanennoù
A ray tridal hor c’halonoù.

Aotrou Sant Erwan galloudus,
’N em ziskouezit karantezus :
Ar brezhoneg n’eo ket maro :
Gant ho skoazell ec’h advevo,
Hag e kanimp gwitibunan :
’Vel Sant Erwan n’eus ket unan.

 

Prière à Monsieur Saint Yves



Monsieur Saint Yves bienheureux,
En Bretagne Patron illustre,
Vous, éloquent en vos paroles
Et exemplaire en vos actions.

Vous avez défendu les gueux
Mal accusés par les croquants :

Plaidez encore, nous vous prions,
En faveur des pauvres Bretons :
Pour que soit rendu à leur langue
Le droit sacré qui lui est dû ;
Et nous chanterons les merveilles
Du Seigneur Dieu dans nos églises.

Proclamez la cause des petits,
Tels des miséreux sans défense
Devant la morgue des nantis
Soyez avocat à la Cour,
Pour que résonnent ces beaux chants
Qui font tressaillir nos vieux cœurs.

Monsieur Saint Yves très puissant,
Pour nous, montrez-vous très aimant :
La langue bretonne n’est pas morte :
Avec votre aide elle va revivre,
Et nous chanterons tous ensemble :
Il n’en est pas un comme Saint Yves.

 

Nann n'eus ket e Breizh

Cantique traditionnel à Saint Yves

Diskan: 

Nann, n’eus ket e Breizh, nann, n’eus ket unan,

Nann, n’eus ket ur sant, evel sant Erwan,

Nann, n’eus ket ur sant, evel sant Erwan.

Refrain: 

Non, il n’y a pas en Bretagne, non, il n’y a pas un,

Non, il n’y a pas un saint, comme saint Yves,

Non, il n’y a pas un saint, comme saint Yves.

N’eus ket en Argoad, n’eus ket en Arvor,

Koulz ha sant Erwan ’vit an dud a vor,

Koulz ha sant Erwan ’vit an dud a vor.

 

Il n’y a pas en Argoat ni en Arvor,

Aussi bon que saint Yves pour les gens de la mer,

Aussi bon que saint Yves pour les gens de la mer. 

2

Nann, n’eus ket er vro, ’vel ma lavarer,

Hag a ve ken mat ’vit al labourer,

Hag a ve ken mat ’vit al labourer.

 

Non, il n’y a pas dans le pays, partout on le dit,

Qui serait si bon pour le paysan,

Qui serait si bon pour le paysan.

N’eus ket kaeroc’h skouer d’an dud a lezenn 

Evit sant Erwan, skouer ar veleien,

Evit sant Erwan, skouer ar veleien.

Il n’y a pas plus bel exemple pour les gens de loi

Avec saint Yves, prêtre exemplaire,

Avec saint Yves, prêtre exemplaire.

Evel hon Tadoù, int, tud a gredenn,

Lavaromp d’ar Sant, ’n ur gaer a bedenn,

Lavaromp d’ar Sant, ’n ur gaer a bedenn :

Comme nos ancêtres l’étaient, croyants,

Parlons au saint, celui-là est un bon prieur,

Parlons au saint, celui-là est un bon prieur.

Aotrou Sant Erwan, Patron Breizh-Izel,

Bezañ treitour deoc’h, nann, kentoc’h mervel,

Bezañ treitour deoc’h, nann, kentoc’h mervel.

Saint Yves, patron de la Basse-Bretagne,

Être traître envers vous, non, plutôt mourir,

Être traître envers vous, non, plutôt mourir.

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Sant Erwan, pedit evidomp!

Saint Yves, priez pour nous!

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