Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte
Trentième et dernier jour
Trentième rayonnement
L'Ascension
« Latentur cæli et exultet terra » (Ps. 95, 11)
Pendant les quarante jours qui sui virent sa Résurrection, Jésus-Christ avait consolé les siens par ses visites et ses enseignements. Il leur avait apparu avec son corps glorifié, exempt de l'infirmité humaine et que ses Disciples considéraient avec plus d'amour et de respect. Ce corps lumineux et beau, quelques-uns l'avaient contemplé sur le Tabor dans sa splendeur ; mais depuis, la souffrance de la Passion y avait imprimé une gloire plus touchante encore. Il y avait une gratitude infinie dans le regard que ces hommes simples jetaient sur leur Maître crucifié pour eux, et ressuscité. Ceux qui avaient douté virent Jésus s'incliner vers Thomas, lui montrer de tout près la blessure de son Cœur, ses pieds et ses mains percés et dire : « Regarde, Thomas, et mets ton doigt dans mes mains et dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais fidèle ». La blessure du côté restée grande ouverte brillait surtout comme un soleil resplendissant. Ce grand Cœur qui n'avait pu contenir tant d'amour sans s'ouvrir par une violente blessure, rayonnait sur ses Disciples, les emplissant tous de sa divine lumière.
Cependant le Seigneur allait quitter ses fidèles, sa Mère et ses amis. Il avait parachevé son œuvre, le noyau de l'Église était formé, les Apôtres avaient reçu l'onction sainte du sacerdoce ; Pierre était la tête et les Disciples les membres fidèles. Il ne restait plus que la Confirmation du Saint Esprit, ce Consolateur promis qui devait leur communiquer la force et le talent nécessaire à ce grand œuvre : la conversion du monde.
Le Christ apparut une dernière fois aux siens dans la grande salle du Cénacle ; il partagea leur repas, et prenant congé d'eux il leur dit de monter au sommet du Mont des Oliviers et de l'attendre. Tandis qu'ils étaient là-haut, rassemblés au nombre de cent vingt, Jésus se trouva au milieu d'eux.
Regardez-les, ô pèlerin, au sommet de cette belle montagne qui se dresse à l'Orient de Jérusalem, couverte alors d'une luxuriante verdure, nouveau dernier Tabor ! Voyez les Disciples qui se pressent autour de leur Seigneur, saisis d'une frayeur soudaine de le perdre, pressentant déjà la séparation à cause des paroles qu'il leur avait dites : « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, encore un peu et vous me reverrez ».
C'était en effet l'heure de l'adieu ! Soudain, Jésus levant les yeux vers le ciel, s'éleva de terre et lentement comme l'aigle qui s'envole, il monta, monta, les bénissant dans les airs, jusque dans les profondeurs des cieux.
On eût dit qu'il quittait la terre à regret, car il la quittait avec lenteur, le doux Seigneur bénissant !... Une nuée le déroba enfin aux regards de ses fidèles, voilant le dernier rayonnement visible de son Cœur !
Admirez, ô pèlerin, comme Jésus doucement attire et oriente nos cœurs vers le ciel, c'est là désormais qu'il faut le chercher : Sursum corda ! Mais, je vous en prie, jetez un regard de compassion sur ces pauvres désolés qui lèvent les mains vers le ciel en jetant des cris et des sanglots ; sur cette Mère affligée qui voit partir son Fils unique, la laissant seule en exil sur la terre ! Comment consoler tous ces exilés ? Que dire, en effet, à celui qui, loin de sa patrie, voit le soleil se coucher et disparaître sur sa terre natale ? Il pleure en pensant qu'il a perdu l'espérance avec la lumière et rien ne le console ?… Jésus-Christ était leur divin Soleil, et ils se sentaient seuls sur une terre étrangère depuis qu'ils avaient vu son humanité sainte disparaître dans l'infini.
Ils regardaient et pleuraient si long temps que les Anges étonnés vinrent leur dire : « Hommes de Galilée, pourquoi regardez-vous ainsi vers les cieux ? Ce Jésus qui vous a quittés s'est élevé au ciel et viendra un jour de la même manière que vous l'y avez vu monter ». Ces Anges, envoyés par le divin Maître pour les consoler, rendirent le courage et l'espoir à leur âme abattue. En effet, ô hommes de Galilée, pourquoi pleurez-vous, vous n'avez pas tout perdu, Jésus-Christ ne vous quitte pas, il est présent parmi exil vous par son Sacrement et par l'amour tous de son Cœur. Souvenez-vous de la Cène et des admirables promesses de votre Maître !
Et puis ne va-t-il pas implorer là-haut grâce et pardon pour nous, pauvres pécheurs, en montrant à son Père son saint Corps tout couvert des blessures reçues pour le salut du monde ? Il est désormais notre Messager, notre Médiateur…
Et ils descendirent de la montagne pleins de joie, retournèrent à Jérusalem plus forts contre l'épreuve, plus ardents à prêcher Jésus partout, prêts à donner leur vie pour son nom. La douce Mère de Dieu, elle, dont le cœur habitait le ciel, s'en alla aussi toute fortifiée.
Et vous, ô pèlerin, regardez le ciel avec eux ; « il est si beau, le ciel, dit saint François de Sales, maintenant que Jésus y sert de soleil et que son Cœur est une source d'amour dans laquelle les bienheureux viennent boire à souhait. Chacun va se regarder dedans ce Cœur et y voit son nom écrit d'un caractère d'amour, que le seul amour peut lire, que le seul amour a gravé ».
Jésus, en quittant la terre, avait donné aux siens un dernier gage d'amour : l'empreinte de ses pieds vainqueurs sur le rocher qui s’amollit au contact divin. Mais surtout, il leur laissait et nous laissait à tous le plus précieux héritage : son Cœur sacré. Ce Cœur, foyer de son éternel amour, restera réellement présent avec nous jusqu'à la fin des siècles, dans le Sacrement par excellence, l'ineffable Eucharistie !
Invocation
Quand donc, ô divin Sauveur, quand donc suivrons-nous de nos aspirations, de nos désirs ardents cette route glorieuse que, vous nous tracez par votre Ascension ! « Qui me donnera les ailes de la colombe ! et j'irai et je me reposerai en vous ! » Ascende superius ! En haut, montez plus haut ! C'est l'appel que vous nous faites entendre, ô divin Maître ; et de même que l'aimant attire le fer, que votre Cœur attire les nôtres vers Lui, qu'il soit notre Guide, notre Boussole et nous oriente toujours vers la céleste Jérusalem ! Ainsi soit-il.
Consécration au Cœur de Jésus
Je vous adore, Cœur sacré de Jésus, source de la vie éternelle, fournaise ardente du divin amour, et je vous consacre mon cœur ; soyez à jamais mon asile et le lieu de mon repos ; c'est dans votre Cœur que je veux habiter, là que je veux aimer. Ce Cœur deviendra la règle de mes pensées, mon Guide dans les passages difficiles de la vie, ma force, ma lumière, ma véritable consolation.
Ô Cœur de Jésus, que mon cœur soit l'autel de votre amour, que tout mon être soit occupé à vous servir, à publier votre ineffable bonté. Vous nous avez tout donné, ô Jésus, il est bien juste que je vous donne ma volonté et mon cœur. Faites que mon esprit médite vos perfections adorables, que ma mémoire se souvienne de vos bienfaits, et que mon cæur, tout uni au Vôtre, soit prêt pour vous à tous les sacrifices.
Ô Seigneur, que j'ai tardé à vous aimer, que j'ai tardé ! Aussi je veux vous consacrer tous les instants qui me restent à passer sur la terre, je ne veux plus vivre que pour vous, heureux si je pouvais mourir en vous aimant et vous glorifier pendant toute l'éternité. Ainsi soit-il.
Fin du Mois du Sacré Cœur
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