Neuvaine à Saint Ghislain
Saint Ghislain
Abbé, Evangélisateur et Thaumaturge
+ vers 681-685
Fête le 9 octobre
Le nom de saint Ghislain est, sans contredit, un des plus illustres entre tous ceux des apôtres étrangers qui vinrent prêcher la Foi dans la Gaule Belgique. Il reçut le jour dans l'Attique, de parents nobles selon le monde et également distingués par leur vertu. Tous les auteurs sont d'accord sur le lieu de sa naissance, et quoique son nom paraisse plutôt d'origine franque que grecque, ils disent qu'il faut supposer ou que saint Ghislain le changea quand il arriva dans ce pays, ou bien qu'il descendait d'un de ces Francs qui, pendant les invasions barbares, s'établirent dans la Grèce, où ils avaient été envoyés comme ambassadeurs par les premiers chefs mérovingiens. Son heureux naturel lui fit faire de bonne heure de rapides progrès dans les études, et plus encore dans la piété, vers laquelle le portait son coeur innocent. Il paraît que plus tard on l'envoya suivre les cours d'Athènes qui, bien que déchue de son ancienne splendeur, était toujours la mère des arts et des belles-lettres dans la contrée. Le jeune étudiant y continua les beaux exemples qu'avaient donnés, quelques siècles auparavant, saint Grégoire de Nazianze et saint Basile. Comme eux il savait pratiquer la vertu malgré les séductions qui l'environnaient, et vivre d'une manière irréprochable au milieu de jeunes gens livrés au vice. Ne trouvant auprès des docteurs de ces écoles, au lieu de la vérité qu'il cherchait, qu'une sagesse toute terrestre, il résolut de s'attacher uniquement à Dieu et embrassa la vie religieuse dans un monastère de l'Ordre de Saint-Basile. On reçut avec joie ce jeune disciple qui portait l'innocence empreinte sur le front et dont toute la conduite annonçait un homme rempli de l'esprit de Dieu. Saint Ghislain eut promptement justifié cette haute opinion qu'on avait de son mérite: à peine fut-il admis dans la communauté, qu'on vit briller en lui les plus belles qualités unies aux plus rares vertus. D'une foi vive et inébranlable, d'une humilité qui le portait à se mettre au-dessous de tous ses frères, il était toujours disposé à leur rendre les services de la plus affectueuse charité. Ses paroles respiraient l'amour de Dieu, et tous ceux qui l'approchaient trouvaient dans sa personne un charme innocent qui les attachait et les enflammait d'ardeur pour l'imiter. Aussi le nouveau religieux faisait-il la consolation de ses frères dans le monastère. Lui-même remerciait sans cesse la Providence qui lui avait inspiré la pensée salutaire d'embrasser un si saint état. Il trouvait ce que son coeur avait souvent demandé à Dieu, une vie réglée et conforme en tout à Ses volontés adorables. Semblable à une industrieuse abeille, il cachait dans son coeur le miel composé des plus précieuses vertus, et offrait dans toute sa conduite d'admirables exemples d'obéissance et d'humilité. Ce doux parfum qui embaumait son âme lui permettait de dire comme le Roi-prophète : "Vos paroles sont douces à ma bouche, Seigneur, elles sont plus douces que le miel et son rayon". Une sainteté si éminente, dans un âge encore peu avancé, fit impression sur l'esprit des supérieurs, qui ne pouvaient douter que Dieu n'eût sur le jeune Ghislain de grands desseins. Ils jugèrent qu'il était digne d'être promu au sacerdoce, auquel, malgré toutes les résistances de son humilité, il dut se préparer. Des auteurs pensent même qu'il fut placé, quelques années plus tard, sur le siége épiscopal d'Athènes.
On peut voir dans
les "Acta Sanctorum Belgii", la discussion de cette
particularité de la vie de saint Ghislain sur laquelle les critiques
sont fort partagés. Les raisons qu'apporte le docte J. Ghesquière,
qui croit que saint Ghislain n'était point évêque, sont
incontestablement très-fortes; d'un autre côté, des auteurs d'un
grand poids soutiennent l'opinion contraire, et c'est celle de toutes
les Eglises qui font l'Office du Saint de temps immémorial. S'ils ne
peuvent répondre à toutes les questions qui leur sont faites, ne
semble-t-il pas qu'il serait bien difficile aussi de renverser les
raisons et la tradition sur lesquelles ils s'appuient? Quoi qu'il en
soit de cette circonstance de sa vie sur laquelle les hagiographes ne
s'accordent pas, saint Ghislain ne gouverna pas longtemps cette
église. Un jour qu'il était en prière, une vision lui fit
connaître qu'il devait aller à Rome rendre ses hommages aux saints
Apôtres. Il ne paraît pas que cette révélation lui eût indiqué
dès lors le pays de Hainaut où il vint ensuite. Plein de confiance
en Dieu et de soumission à Sa volonté, il se hâta d'obéir à cet
ordre du Ciel; et ayant pris avec lui un certain nombre de ses
disciples, il se dirigea vers Rome avec les sentiments d'un digne
pèlerin. Arrivé à Rome, prosterné au pied du tombeau des apôtres
saint Pierre et saint Paul, il leur rendit tous les témoignages du
plus filial attachement. C'est là que le Seigneur lui manifesta de
nouveau Sa volonté, en lui disant de passer les Alpes et les autres
pays au nord de ces montagnes, jusqu'à ce qu'il rencontrât une
province appelée Hainaut, où il fixerait sa demeure. Soumis aux
desseins de Dieu, le saint Apôtre renvoya alors dans leur pays tous
les disciples qui l'avaient accompagné, à la réserve de Lambert et
Bellère, avec qui il se dirigea vers les lieux que le Seigneur lui
avait indiqués. En arrivant dans les contrées voisines du Hainaut,
saint Ghislain entendit prononcer le nom d'un serviteur de Dieu dont
l'éloge était sur toutes les lèvres. C'était saint Amand, alors
évêque de Maastricht, homme admirable par les travaux qu'il avait
déjà accomplis et les nombreux monastères qu'il fondait en tous
lieux. Frappé de tout ce qu'on disait de lui, saint Ghislain se
dirigea avec ses disciples vers ce saint évêque, qu'il trouva dans
sa ville épiscopale. Après avoir conversé ensemble et s'être
édifiés et encouragés mutuellement, saint Ghislain se retira et
alla dans le Hainaut commencer un monastère à l'endroit où l'on
voit aujourd'hui la ville qui porte son nom. Ce lieu était alors
appelé Ursidongus, Ursidongue (retraite de l'ours ou de l'ourse).
Ses vertus attirèrent bientôt auprès de lui des habitants du pays,
à qui il enseignait les principes de la vie Chrétienne. On ne
pouvait assez admirer sa profonde humilité, son inaltérable
douceur, sa prière presque continuelle, et son infatigable ardeur au
travail. Déjà plusieurs personnes, touchées de sa sainteté,
voulaient s'attacher à lui et vivre sous sa conduite: tous se
réjouissaient en voyant s'élever dans la contrée un monastère qui
serait dirigé par cet homme de Dieu. Sa réputation ne tarda pas à
parvenir jusqu'aux oreilles de saint Aubert, évêque de Cambrai,
dont ce lieu dépendait. Aubert voulut connaître le pieux étranger
qui instruisait et édifiait ainsi ses ouailles. Il le fit prier de
venir auprès de lui. Saint Ghislain, dont les désirs étaient
prévenus par cette demande, eut hâte de se rendre près du
vénérable évêque. S'étant mis en route, il arriva le soir dans
un village appelé Roisin, entre les villes actuelles de
Saint-Ghislain et du Quesnoy. Là, après avoir cherché quelque
temps, il trouva un homme de bien qui s'empressa de lui donner
l'hospitalité. Le matin, au moment où il se disposait à continuer
sa route, son hôte lui dit: « Mon Père, je reconnais que vos
oeuvres sont agréables à Dieu; je vous supplie donc de vouloir bien
revenir chez moi lorsque vous aurez terminé votre visite auprès de
l'évêque ». Cette demande, où se révélait la piété de
cet homme simple et droit, fut accueillie de saint Ghislain avec
joie. Dieu plus tard la récompensera par une guérison inespérée.
Arrivé à Cambrai, saint Ghislain fut présenté à saint Aubert qui
lui adressa ces paroles: « Mon frère, dites-moi qui vous êtes
et quelle est votre dignité? » « Je suis Grec de nation,
répondit saint Ghislain, et Chrétien par le caractère: je suis né,
j'ai été baptisé et élevé à Athènes. C'est de cette ville que,
par l'ordre de Dieu, je suis venu d'abord à Rome, puis vers ce pays.
Dans un lieu placé sur la rivière de Haine et qu'on appelle
Ursidongus, j'ai entrepris de construire, en l'honneur de Dieu, un
oratoire dédié à saint Pierre et à saint Paul, et votre bonté a
prévenu l'intention que j'avais de me rendre auprès de vous, pour
vous demander la permission d'achever cette oeuvre que j'avais
commencée ». Ces paroles si sages firent impression sur le
coeur du saint évêque de Cambrai, qui se sentit aussitôt pénétré
de respect et d'affection pour le vertueux étranger. Il l'encouragea
beaucoup dans son entreprise, et lui promit qu'il irait le visiter et
bénir son oratoire aussitôt qu'il serait achevé. Comblé de joie
par cette promesse, saint Ghislain se mit en chemin pour revenir à
Ursidongus. Selon la parole qu'il avait donnée, il s'arrêta à
Roisin chez l'hôte charitable qui l'avait reçu à son passage; mais
cet homme, dont l'épouse commençait à ressentir les douleurs de
l'enfantement, chercha dans le voisinage et procura à l'homme de
Dieu une habitation plus convenable pour y passer la nuit. A peine
était-il rentré dans sa demeure, qu'il accourut tout éperdu auprès
de saint Ghislain: « Serviteur de Dieu, s'écrie-t-il, venez au
secours de mon épouse qui va mourir; daignez prier Dieu pour elle ».
Touché jusqu'au fond de l'âme par cette voix suppliante, le Saint
lui répondit avec bonté: « Cessez de vous livrer à la
tristesse, car quand vous rentrerez chez vous, vous trouverez votre
épouse en pleine santé, et elle vous aura donné un fils ».
Le Saint lui donna sa ceinture pour être placée en forme de
baudrier autour du corps de la mère (de là, dit-on, le nom de
Baudry que portèrent tous les aînés de cette noble famille de
Roisin). La parole de l'homme de Dieu eut sur-le-champ son
accomplissement; ce qui causa une joie inexprimable dans toute la
famille et le village. Le Saint baptisa lui-même l'enfant, et le
père, afin de témoigner sa reconnaissance, donna une partie de ses
biens pour l'achèvement de l'église de Saint-Pierre et de
Saint-Paul dans le nouveau monastère.
Revenu auprès de
ses disciples, saint Ghislain acheva avec joie les travaux si
heureusement commencés. Puis, quand tout fut préparé pour la
consécration, il envoya un message au vénérable évêque de
Cambrai. « Père, lui disait-il, le temps approche où, comme
vous l'avez promis à votre serviteur, vous daignerez venir donner
votre bénédiction à son oeuvre ». Saint Aubert, accompagné
de saint Amand, qui avait repris sa vie apostolique, se rendit avec
lui à Ursidongus. Ce lieu prit dès lors le nom de Cella ou La
Celle. Tous furent reçus avec le plus profond respect par saint
Ghislain et les disciples réunis auprès de lui. Au milieu d'un
immense concours de peuple accouru pour assister à la cérémonie,
ils consacrèrent à Dieu, sous les auspices de saint Pierre et de
saint Paul, cette nouvelle maison de prière, autour de laquelle
s'éleva dans la suite la ville de Saint-Ghislain. Parmi les nombreux
assistants présents à cette solennité, on remarquait surtout le
comte Mauger, époux de sainte Waudru, qui prit alors la résolution
de se séparer du siècle pour s'attacher uniquement au service de
Dieu - le futur saint Vincent de Soignies. Le Bienheureux Ghislain,
témoin de cette conversion éclatante, l'encouragea de toutes les
manières. Il fut aussi quelque temps après d'un grand secours à
sainte Waudru pour l'exécution d'un semblable dessein. Cette sainte
femme, qui nourrissait en son coeur le désir de vivre dans le
silence et la prière, et qui n'avait pas été étrangère à la
détermination de son époux, profita de la facilité que lui offrait
sa retraite pour se réfugier elle-même dans quelque solitude. Saint
Ghislain lui donna les moyens d'accomplir cette résolution, et ses
sages conseils, en même temps qu'ils firent avancer sainte Waudru
dans la pratique des plus sublimes vertus, augmentèrent encore dans
le coeur d'Aldegonde, sa soeur, le désir de l'imiter. Ce bonheur fut
en effet accordé à cette Sainte quelque temps après, quand elle
alla bâtir le monastère de Maubeuge, où elle se renferma avec les
filles de sainte Waudru.
On ne connaît
point le détail des rapports qu'eurent ensemble jusqu'à la fin de
leur vie ces saintes âmes, si ce n'est par quelques faits détachés
qui montrent combien Dieu se plaisait à répandre sur elles Ses
faveurs. Les auteurs qui citent la révélation, dans laquelle sainte
Aldegonde aperçut l'âme du bienheureux Amand, s'envolant au Ciel
sous la forme d'un beau vieillard environné d'une multitude joyeuse
et triomphante, ajoutent qu'elle rapporta cette vision à sa soeur
sainte Waudru et à saint Ghislain. Celui-ci lui dit alors: « Si
vous avez mérité de voir le Dieu du Ciel couronner Son serviteur
Amand, c'est pour votre bien; car sachez que la fin de votre vie
approche. Demandez au Seigneur de vous envoyer quelque infirmité qui
achève de vous purifier, et vous prépare à recevoir la récompense
dont jouit déjà le bienheureux Amand ». Jusque dans la plus
extrême vieillesse, saint Ghislain allait de temps en temps
converser de choses spirituelles avec la vénérable sainte Waudru;
et lorsque les infirmités de l'âge ne permirent plus à l'un et à
l'autre de faire tout le trajet qui séparait les monastères de
Celle et de Mons, ils bâtirent, d'un commun accord, un petit
oratoire en l'honneur du saint martyr Quentin, dans un lieu appelé
Quaregnon. C'est là qu'ils se rendirent quelquefois à l'exemple de
saint Benoit et de sa soeur sainte Scholastique, dont ils
reproduisaient parfaitement la conduite et la sainteté. Telle fut la
vie de saint Ghislain, ornée de toutes sortes de vertus. Il répandit
dans toute la contrée la bonne odeur de Jésus-Christ et se montra
son véritable disciple par sa charité envers les pauvres, son amour
pour Dieu, et par l'accomplissement fidèle de tous les devoirs de la
vie religieuse. Il mourut en paix dans un âge avancé, et fut
enterré par ses disciples dans l'église de son monastère. On peint
fréquemment près de lui une ourse avec son ourson: nous avons
indiqué la raison de cette caractéristique.
Culte et
reliques
Son corps reposa
dans l'église de son monastère, jusqu'à l'époque où Charlemagne
chargea l'abbé Eléfaut d'en construire une autre plus spacieuse et
plus magnifique. Halitgaire, évêque de Cambrai, la consacra, l'ais
818, sous le règne de Louis le Débonnaire. Le corps saint y fut
alors porté et bientôt après oublié cause des invasions des
Normands et du découragement général qui abattait tous les
esprits. Le monastère lui-même resta en ruine jusqu'à ce que, en
929, un aveugle, averti pendant son sommeil, se rendit auprès de ces
décombres pour prier et y recouvra la vue. Il fit faire aussitôt
des recherches pour retrouver les reliques du Saint dont le culte
reçut une nouvelle extension. En 933, le monastère fut relevé,
mais 5 ans plus tard un incendie le réduisit encore en ruines :
heureusement les reliques furent épargnées.
Ces reliques furent
portées le 22 septembre 1023 à la consécration de l'église de
Saint-André, du Cateau, faite par l'évêque Gérard de Florines ;
en 1030, à la consécration de la cathédrale de Cambrai; en 1063, à
celle de l'église du monastère de Saint-Sépulcre, sous le
bienheureux Liébert, et en 1070 à celle de l'église des apôtres
saints Pierre et Paul, à Hasnon. Tous ces faits prouvent d'une
manière éclatante le respect et la dévotion que l'on avait au
11ième siècle pour ce grand serviteur de Dieu. On en trouve
d'autres témoignages dans les siècles suivants : en 1101, la 6
juin, les reliques de saint Ghislain sont portées à Maubeuge pour
assister à la translation solennelle de celles de sainte Aldegonde ;
en 1180, elles sont placées dans une nouvelle châsse par Roger,
évêque de Cambrai ; en 1491, le 15 janvier, l'évèque de Cambrai,
Henri de Berghes, les visite et en sépare un bras pour être
présenté à la vénération publique. Ce bras ayant disparu dans
les guerres du 16ième siècle, l'archevêque de Cambrai, Louis de
Berlaymont, le remplaca, en 1588, par l'autre bras qui fut exposé à
la piété des lidèles. En 1626, le jour de Saint-Luc, François
Vander-Burgh, aussi archevêque de Cambrai, plaça dans une nouvelle
châsse, préparée à cet effet, une grande partie des reliques de
saint Ghislain, et en 1628, le jour de Saint-Jean l'évangéliste,
l'abbé de Crespin mit la tête du Saint dans une fierte
particulière.
Enfin, une
confrérie, appelée confrérie de la Charité, fut érigée en
l'onneur de saint Ghislain, confirmée en 1120 par Burchard, évêque
de Cambrai. On l'appela plus tard la confrérie de Saint-Ghislain.
Beaucoup de seigneurs et de personnes nobles voulurent en faire
partie, entre autres Philippe IV, roi d'Espagne, et son épouse. Les
élèves du collège du Lys, en l'université de Louvain, avaient
adopté saint Ghislain pour leur patron et célébraient chaque année
sa fête avec solennité. Aujourd'hui encore, dans l'église
métropolitaine de Cambrai, il existe une confrérie de
Saint-Ghislain que la piété des fidèles a rendue célèbre.
Peut-être quelques documents authentiques permettraient-ils de la
rattacher à celle qui fut confirmée en 1120 par l'évêque
Burchard. Avant la révolution de 1793, elle appartenait à la
paroisse de Saint-Nicolas; mais cette église avant été détruite,
les reliques du Saint ainsi que l'association furent transportées à
la métropole. Cette confrérie est double; l'une est
particulièrement destinée aux jeunes enfants, l'autre aux grandes
personnes. Ces enfants, quelque temps après leur naissance, sont
apportés dans l'église par leurs parents et recommandés à la
protection du Saint, afin qu'il les délivre des maladies et des
dangers auxquels ils sont exposés à cet âge. Si quelques-uns
d'entre eux meurent dans les premières années de l'enfance,
l'association fait chanter une Messe dite « des Anges ».
Quant aux grandes personnes, qui se mettent aussi dans cette
confrérie afin d'être délivrées d'accidents et surtout de
certaines maladies, comme le mal caduc et autres semblables, leur
nombre est aussi très-considérable. A la mort de chaque associé on
fait célébrer une Messe pour le repos de son âme. De plus, le
mercredi de chaque semaine, on chante un salut en l'honneur du saint
patron, et le second dimanche d'octobre, sa Fête est célébrée
avec solennité. Pendant l'octave qui la suit, une foule de pèlerins
de la ville et des villages voisins viennent rendre leurs hommages à
leur digne protecteur et se recommander à sa puissante intercession.
Le village de
Roisin est devenu un lieu de pèlerinage à saint Ghislain pour les
femmes dont les couches approchent. Elles y vont même quelquefois
après, quand elles ont été heureusement délivrées. La ville de
Saint-Ghislain est aussi un lieu de pèlerinage très-fréquenté.
Les pauvres mères qui craignent pour la vie de leurs chers
nourrissons, les portent à Saint-Ghislain. Le prêtre récite sur
eux l'Evangile, leur fait toucher les reliques du Saint, et souvent,
après ce pieux voyage, les hideuses convulsions et les frayeurs
naturelles aux jeunes enfants, surtout à l'époque de la première
dentition, se trouvent apaisées: touchant bienfait de la divine
clémence qui récompense la foi naïve des mères par le Salut de
leurs enfants!
Texte extrait des Petits Bollandistes Volume 12
Neuvaine à Saint Ghislain
Premier
jour
Saint
Ghislain qui, pour apporter à nos pères tes lumières de
l'Evangile, avez quitté votre patrie et êtes venu planter la Croix
de Jésus-Christ dans les sombres forêts, encore païennes, des
Gaules, écoutez l'humble prière de vos serviteurs qui mettent en
vous leur confiance. Donnez-nous l'esprit de Foi. Ne permettez pas
que jamais nous nous laissions envahir par l'indifférence ou le
respect humain. Ecartez de nous tout ce qui pourrait devenir un
danger pour nos croyances. Que, fiers de notre glorieux nom de
Chrétiens, nous ne rougissions jamais de nous montrer zélés
disciples du Christ et ardents défenseurs de la Sainte Eglise.
Notre Père, je Vous salue Marie, Gloire au Père
Deuxième jour
Saint
Ghislain, qui, avant d'entreprendre vos courses apostoliques, avez
voulu retremper votre foi auprès du représentant de Jésus-Christ
sur la terre; Saint Amand, évêque de Maastricht, sous la direction
duquel vous avez voulu organiser votre entreprise; Saint Pierre et
Saint Paul, colonnes de Notre Mère la Sainte Eglise, auxquels vous
avez voulu dédier votre premier sanctuaire; inspirez-nous le plus
grand respect pour la Parole de Jésus-Christ; rendez-nous dociles à
la voix de nos évêques; pénétrez-nous de respect pour tous ceux
que la Providence a chargés du soin de nos âmes.
Notre Père, je Vous salue Marie, Gloire au Père
Troisième jour
Saint
Ghislain, qui, dans l'exercice de votre mission apostolique, avez
connu les épreuves de la persécution et de la calomnie; donnez-nous
la grâce du courage et de la résignation Chrétienne aux jours de
l'épreuve. Ne permettez pas que l'esprit du mal profite de notre
trouble pour nous écarter des voies de la charité. Saint Aubert,
Evêque de Cambrai, qui avez soutenu Saint Ghislain contre la
méchanceté de ses ennemis, soyez le défenseur de notre faiblesse
maintenant et surtout à l'heure de notre mort.
Notre Père, je Vous salue Marie, Gloire au Père
Quatrième jour
Saint
Ghislain, qui avez été inspiré de remettre votre baudrier au
châtelain de Roisin pour arracher miraculeusement sa vertueuse
épouse au danger d'une mort imminente, exaucez toute mère qui vous
invoque à son heure critique. Et puisqe votre baudrier sauva en même
temps le nouveau-né, sauvez encore nos petits enfants, menacés de
convulsions et autres maux de leur âge. L'expérience nous a appris
que votre miraculeux pouvoir s'étend aussi à toute personne
souffrant de maladies nerveuses. Soulagez tous ceux qui ont recours à
vous dans leurs douleurs.
Notre Père, je Vous salue Marie, Gloire au Père
Cinquième
jour
Saint
Ghislain, qui, en sauvant du péril de mort la châtelaine et
l'enfant de Roisin, avez appris aux mères Chrétiennes à mettre
leur confiance en la divine Providence, inspirez le sentiment de la
sublimité de leur vocation à celles auxquelles vous réservez les
honneurs de la maternité. Faites-leur comprendre qu'en trahissant
leurs devoirs, elle contrecarrent les desseins de Dieu; elles
méprisent les honneurs d'une coopération à l'oeuvre divine de la
création; elles foulent aux pieds le sang de Jésus-Christ, elles
restreignent les fruits de la Rédemption, elles se préparent
d'inévitables et terribles châtiments sur terre et dans l'éternité.
Notre Père, je Vous salue Marie, Gloire au Père
Sixième
jour
Saint
Ghislain, qui, en rendant la vie à l'enfant de Roisin, l'avez
associé, avec sa famille, à votre gloire immortelle; faites
comprendre à nos mères qu'une situation n'est jamais désespérée
mais que la divine Providence se joue des prévisions humaines et
peut, si Elle le veut, nous faire trouver la prospérité là où
nous n'attendions que l'épreuve. Donnez à ces vaillantes victimes
du devoir, la grâce d'un saint abandon entre les mains de Dieu. Ne
permettez pas qu'égarées par de fausses maximes, elles s'obstinent
à se préparer les plus amères désillusions en disposant en dehors
de Dieu, d'un avenir qui n'appartient qu'à Lui.
Notre Père, je Vous salue Marie, Gloire au Père
Septième
jour
Saint
Ghislain, dont le zèle se répandit autour de vous par la parole et
par l'action : prédicateur zélé, ouvrier apostolique, fondateur
d'abbayes, faites-nous partager votre amour pour le bien. Faites de
nous des apôtres, dans nos familles, au sein de notre entourage,
près de ceux que la Providence a mis sous notre direction.
Rendez-nous fidèles à notre vocation et aidez-nous à réaliser
tout ce que Dieu attend de notre bonne volonté.
Notre Père, je Vous salue Marie, Gloire au Père
Huitième
jour
Saint
Ghislain, dont la reconnaissance fut si vive à l'égard du Seigneur
si hospitalier de Roisin, remplissez-nous de pareille gratitude
envers nos bienfaiteurs. Accordez-nous la grâce, pleine de
consolations, d'une charité sans borne et s'étendant à toutes les
misères d'ici-bas. "C'est à ce signe qu'on reconnaîtra si
vous êtes véritablement mes disciples", dit Notre
Seigneur, "si vous vous aimez les uns les autres".
Rendez-nous surtout charitables envers ceux qui souffrent comme vous
avez eu pitié de nos pères plongés dans les ténèbres du
paganisme.
Notre Père, je Vous salue Marie, Gloire au Père
Neuvième
jour
Saint
Ghislain, dont le célèbre miracle de Roisin provoqua la confiance
des femmes Chrétiennes qui implorent le secours du Ciel en prévision
d'un évènement dont l'attente les glace d'effroi, calmez ces
appréhensions exagérées par l'esprit mauvais. Bénissez leur
confiant abandon en la puissance de votre intercession; exaucez leurs
voeux; comblez-les de vos faveurs pour que celui ou celle dont elles
attendent la délivrance, deviennent après avoir été l'objet de
leur consolation ici-bas, le motif de leur gloire dans le Ciel.
Ainsi-soit-il.
Notre Père, je Vous salue Marie, Gloire au Père
Consécration des enfants par leurs parents
Seigneur
Jésus, qui lorsque vous étiez sur la terre, attiriez à vous les
petits pour les bénir et qui avez promis le Ciel à ceux qui leur
ressemblent, nous vous consacrons aujourd'hui nos enfants, afin
qu'étant vôtres avant d'être à nous, Vous nous aidiez à les
rendre forts de corps et d'âme pour Votre gloire et notre
consolation.
Saint
Ghislain, protégez-nous. (trois fois)
Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles trépassés reposent en paix. Amen.
Saint Ghislain bénissez nos enfants; accordez-leur la santé du corps, la pureté de l'âme, l'innocence du coeur.
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