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9 mai 2012

Le Mois de Marie de Notre-Dame de Lourdes

Le Mois de Marie de Notre-Dame de Lourdes

Henri Lasserre

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Dixième jour

Bernadette et le Curé de Lourdes, preuve demandée, apparition du 24 février 1858, récit de M. Estrade

 

I. M. l'abbé Peyramale, tout en étant pleinement pénétré, en fidèle et pieux enfant de l'Église, de la possibilité des Apparitions, avait quelque peine à croire à la réalité divine de cette Vision extraordinaire qui, au dire d'une enfant, se manifestait sur les rives du Gave, dans la Grotte, naguère inconnue, des Rochers Massabielle. l'aspect de l'extase l'eût convaincu sans doute; mais il n'avait rien vu de toutes ces choses que par des yeux étrangers, et de grands doutes étaient en lui, d'abord sur la réalité même des Apparitions, et ensuite sur leur caractère divin. L'Ange de ténèbres se transforme en effet par moments en Ange de Lumière, et une certaine inquiétude est légitime en ces matières. Il jugeait d'ailleurs nécessaire d'éprouver par lui-même la sincérité de la coyante. Aussi accueillit-il Bernadette avec une défiance assez brusque dans l'expression et allant même jusqu'à sévérité. Quoiqu'il se fût tenu, comme nous l'avons dit, à l'écart des événements et qu'il n'eût, de sa vie, parlé à Bernadette, si nouvelle d'ailleurs parmi ses ouailles, il la connaissait pourtant de vue, quelques personnes la lui ayant montrée, la veille ou l'avant-veille, alors qu'elle passait dans la rue.

« N'est-ce pas toi qui es Bernadette, la fille de Soubirous, le meunier? » lui dit-il, dès que, après avoir traversé le jardin, elle se présenta devant lui. Le prêtre éminent, dont nous avons fait le portrait, était avec ses paroissiens familier comme un père, et il avait coutume de tutoyer de la sorte tous les petits enfants de son troupeau. Seulement ce jour-là, le ton du père était sévère. « Oui, c'est moi, Monsieur le Curé », répondit l'humble messagère de la Vierge. « Eh bien, Bernadette, que me veux-tu?... Que viens-tu faire ici? » reprit-il non sans quelque rudesse, et en arrêtant sur l'enfant un regard dont la froide réserve et la sévère inquisition étaient faites pour déconcerter une âme peu sûre d'elle-même. « Monsieur le Curé, je viens de la part de la « Dame » qui m'apparaît à la Grotte de Massabielle.... » « Ah oui! fit le Prêtre en lui coupant la parole, tu prétends avoir des Visions et tu fais courir tout le pays avec tes histoires. Qu'est-ce que tout cela? Que t'est-il arrivé depuis quelques jours? Qu'est-ce donc que ces choses extraordinaires que tu affirmes et que rien ne prouve? » Bernadette était peinée, surprise peut-être en son innocence, par l'attitude sévère et le ton presque dur qu'avait pris en la recevant M. le curé Peyramale, habituellement si bon, si paternel et si doux avec ses paroissiens et en particulier avec les humbles et les petits. Bernadette, le cœur un peu serré, mais sans nul trouble et avec la paisible assurance de la vérité, raconta tout simplement ce que le lecteur connaît déjà.

L'homme de Dieu savait être supérieur à ses préventions personnelles. Accoutumé par une longue pratique à lire dans le fond des cœurs, il admirait en lui-même, tandis qu'elle parlait, le caractère étonnamment vrai de cette petite paysanne, racontant en son rustique langage des événements aussi merveilleux. À travers ces yeux limpides, derrière ce candide visage, il apercevait l'innocence profonde de cette âme privilégiée. Il était impossible à sa noble et droite nature d'entendre un tel accent de vérité et de regarder ces traits harmonieux et purs, où tout était bon, sans se sentir intérieurement porté a croire en la parole de l'enfant qui parlait. Les incrédules eux-mêmes, nous l'avons expliqué, n'accusaient déjà plus la sincérité de la Voyante. Dans ses extases, la Vérité semblait sortir de sa personne et rayonner, réchauffant les cœurs, et dissipant, ainsi que de vains nuages, les confuses objections de l'esprit. Cette enfant extraordinaire avait, en un mot, autour de son front, comme une auréole de sincérité, visible aux yeux des âmes pures, et même à d'autres, et sa parole avait le don de chasser le doute.

Quelque inébranlable et arrêté que fût le caractère de M. Peyramale, quelle que fût sa fermeté d'âme et d'esprit, quelque vive que fût sa défiance, son cœur fut étrangement remué par une émotion, en apparence inexplicable, aux accents de cette Bernadette dont on parlait tant et qu'il entendait pour, la première fois! Cet homme si fort se sentait vaincu par cette toute-puissante faiblesse. Toutefois il avait trop d'empire sur lui-même, trop de prudence, pour se laisser aller à une impression qui, après tout, aurait pu le tromper. Simple particulier, il eût peut-être dit à l'enfant: « Je te crois ». Pasteur d'un vaste troupeau, préposé à la garde de la vérité, il avait résolu de ne se rendre qu'aux preuves palpables et visibles. Aucun muscle de son visage ne trahit son agitation intérieure. Il eut la force de garder envers l'enfant sa physionomie rude et sévère: « Et tu ne sais pas le nom de cette Dame? » « Non, répondit Bernadette. Elle ne m'a point dit qui elle était ». « Ceux qui te croient, reprit le prêtre, s'imaginent que c'est la sainte Vierge Marie. Mais sais-tu bien, ajouta-t-il d'une voix grave et vaguement menaçante, que si tu prétends faussement la voir dans cette Grotte, tu prends le chemin de ne la jamais voir dans le ciel? Ici, tu te dis seule à la voir. Là-haut, si tu mens en ce monde, les autres la verront, et toi tu seras, pour ta tromperie, à jamais loin d'Elle, à jamais dans l'enfer ». « Je ne sais point si c'est la sainte Vierge, Monsieur le Curé, répondit l'enfant, mais je vois la Vision comme je vous vois; et Elle me parle comme vous me parlez. Et je viens vous dire, de sa part, qu'Elle veut qu'on lui élève une chapelle aux Roches de Massabielle où Elle m'apparaît ».

Le Curé regarda cette petite fille, lui intimant avec une si entière assurance cette demande formelle; et, malgré son émotion d'auparavant, il ne put, devant l'humble et enfantine apparence de l'ambassadrice du ciel, s'empêcher de sourire de cet étrange message. L'idée que cette enfant était dans l'illusion succéda dans son esprit à l'émotion de son cœur, et le doute reprit le dessus. Il fit répéter à Bernadette les termes mêmes qu'avait employés la Dame de la Grotte. « Après m'avoir confié le secret qui me concerne et que je ne puis révéler, elle a ajouté: « Et maintenant, allez dire aux prêtres que je veux que l'on me bâtisse ici une chapelle ». Le prêtre garda un instant le silence. « Après tout, songeait-il, c'est possible! » Et cette pensée que la Mère de Dieu lui envoyait, à lui pauvre prêtre inconnu, un message direct, le remplissait d'agitation et de trouble. Puis, il arrêtait ses yeux sur l'enfant et se demandait: « Où donc est la garantie de cette petite fille, et qu'est-ce qui me démontre qu'elle n'est pas le jouet d'une erreur? » « Si la « Dame », dont tu me parles est vraiment le Reine du Ciel, répondit-il, je serai heureux, dans la mesure de mes forces, de contribuer à lui faire élever une chapelle ; mais ta parole n'est pas une certitude. Rien ne m'oblige à te croire. Je ne sais qui est cette Dame, et avant de m'occuper de ce qu'elle désire, je veux savoir si elle y a droit. Demande-lui, par conséquent, de me donner quelque preuve de sa puissance ». La fenêtre était ouverte et le regard du prêtre, plongeant sur le jardin, apercevait la végétation arrêtée et la mort momentanée que donnent aux plantes les frimas de l'hiver. « L'Apparition, me racontes-tu, a sous ses pieds un rosier sauvage, un églantier qui sort des Roches. Nous sommes au mois de février. Dis-lui de ma part que, si elle veut la Chapelle, elle fasse fleurir le rosier ». Et il congédia l'enfant.

II. On n'avait pas tardé à savoir dans tous ses détails le dialogue qui venait d'avoir lieu entre Bernadette et le prêtre, vénéré de tous, qui était, à cette époque, Curé de la ville de Lourdes. « Il l'a mal reçue », disaient avec joie les philosophes et les savants: il a trop, de raison pour croire aux rêveries d'une hallucinée, et il s'est tiré avec infiniment d'esprit d'une situation difficile. D'un côté, donner son assentiment à de telles folies était impossible pour un homme de son intelligence et de sa portée; de l'autre, opposer à tout cela une négation pure et simple, c'était se mettre à dos toute cette multitude fanatisée. Au lieu de tomber dans ce double écueil, au lieu de se laisser prendre dans les cornes de ce dilemme, il s'échappe tranquillement de la difficulté et, sans aller directement contre la croyance populaire, il demande très finement une preuve visible, palpable, certaine, de l'Apparition, un Miracle en un mot, c'est-à-dire l'impossible. Il condamne le mensonge ou l'illusion à se réfuter d'eux-mêmes, et, avec l'épine d'un rosier sauvage, il fait crever ce gros ballon. C'est fort bien trouvé! Le Commissaire, le Procureur impérial et leurs amis se réjouissaient de cette mise en demeure signifiée à l'Être invisible de la Grotte. « L'Apparition est sommée, de montrer son passe-port », était un mot qu'on répétait en riant dans les parages officiels. « L'églantier fleurira », disaient les plus fermes parmi les croyants, ceux qui étaient encore sous l'impression du spectacle de Bernadette. en extase. Les uns et les autres attendaient avec impatience la journée du lendemain.

III. Parmi ceux qu'un dédain transcendant de la superstition avait empêches jusque-là de se mêler, pour examiner les choses, aux flots de la multitude, plusieurs résolurent de se rendre désormais à la Grotte, afin d'assister à la déception populaire. L'un d'eux était M. Estrade, ce Receveur des Contributions Indirectes dont nous avons parlé et qui avait assisté, chez le Commissaire, à l'interrogatoire de la Voyante. Il avait été alors, on s'en souvient, vivement frappé par l'étrange accent de Bernadette, et, ne pouvant mettre en doute la bonne foi de l'enfant, il avait attribué son récit aux suites d'une hallucination. Parfois, cependant, cette impression première s'éloignant, il inclinait vers la solution de Dominique, lequel continuait à ne voir là dedans qu'une comédie très-habile et un miracle de fourberie. Rien, tout d'abord, ne distingua cette Vision des précédentes. Il faut dire seulement que la transfiguration de la Voyante fut telle, que ce spectacle suffit à convertir M. Estrade.

« Devant la transfiguration inouïe ; a-t-il écrit lui-même, toutes mes préventions antérieures, toutes mes objections philosophiques, toutes mes négations préconçues, tombèrent tout à coup et firent place à un sentiment extraordinaire qui s'empara de moi, malgré moi. J'eus la certitude, j'eus l'irrésistible intuition qu'un être mystérieux se trouvait la. Mes yeux ne le voyaient point; mais mon âme, mais celle des innombrables spectateurs de cette heure solennelle le voyaient comme moi avec la lumière intime de l'évidence. Oui, je l'atteste, un être divin était là. Subitement et complètement transfigurée, Bernadette n'était plus Bernadette. C'était un ange du ciel plongé dans d'inénarrables ravissements. Elle n'avait plus le même visage : une autre intelligence, une autre vie, j'allais dire une autre âme s'y peignait. Elle ne se ressemblait plus a elle-même, et il semblait que ce fût une autre personne. Son attitude, ses moindres gestes, la manière, par exemple, dont elle faisait le signe de la Croix, avaient pris une grandeur plus qu'humaine. La présence de la Vierge était si évidente, que je fus, comme mille autres, terrassé à la façon de saint Paul ». A un certain moment, Bernadette s'avança en marchant sur ses genoux du point où elle priait, c'est-à-dire des bords du Gave, jusques au fond de la Grotte. Il y a environ quinze mètres. Pendant qu'elle montait cette pente un peu abrupte, les personnes qui étaient sur son passage l'entendirent très-distinctement prononcer ces paroles: « Pénitence! pénitence! pénitence! » Quelques instants après elle se leva, et, mêlée à la la foule, elle reprit le chemin de la ville. Au lieu d'une créature transfigurée, ce n'était qu'une pauvre fille en haillons qui semblait n'avoir eu que la part commune à ce spectacle surprenant.

Durant toute cette scène cependant le rosier sauvage n'avait point fleuri. Ses branches dénudées et sans charme serpentaient immobiles le long du rocher, et c'était en vain que la multitude avait attendu le miracle embaumé et charmant qu'avait demandé le premier pasteur de la ville. Circonstance digne de remarque! la croyance des fidèles en fut peu ébranlée; et, malgré cette apparente protestation de la nature inanimée contre toute puissance surnaturelle, plusieurs hommes considérables, se sentirent convertis à la foi par le spectacle inouï de la transfiguration de l'enfant. La foule, comme toujours, examinait la Grotte en tous sens après la fin de l'extase et le départ de Bernadette. M. Estrade l'explora, ainsi que tout le monde, avec le plus grand soin. Chacun cherchait à y voir quelque chose d'extraordinaire; mais rien n'y frappait les yeux. C'était une cavité vulgaire dans une roche dure et sur un sol partout desséché, sauf à l'entrée et à l'ouest quand, par les temps de pluie, le vent y faisait pénétrer une humidité fugitive.

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Prière pour demander l'esprit de pénitence

 

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Notre-Dame de Lourdes, avant de dire votre Nom et de commencer au lieu désert où vous apparaissiez, l'étonnante série de ces Miracles sans nombre qui devaient retentir dans tout l'univers, vous avez voulu rappeler à la terre la grande parole que le Précurseur de votre Fils criait jadis sur les bords du Jourdain: « Pénitence! pénitence! pénitence! » Vous avez voulu faire comprendre à notre sensualisme endurci que le repentir, l'expiation et la réparation des fautes commises sont le plus urgent besoin de notre siècle coupable et la préparation la plus salutaire aux grâces miraculeuses et aux bienfaits du Ciel. A qui vous demande, hors de sa saison, la fleur parfumée du rosier, Vous répondez, ô Marie, en rappelant la nécessité des épines. Obtenez-nous, ô toute-puissante Mère de Dieu, l'esprit de pénitence, l'esprit qui consiste à mourir à soi-même pour ressusciter en la vie nouvelle, en la vie même de Jésus-Christ. Et. cela faisant, ô Notre-Dame de Lourdes, vous nous donnerez, dans l'hiver de ce monde, la fleur anticipée de l'éternel printemps; car la joie du cœur et sa paix embaumée naissent toujours infailliblement des aspérités et des pointes aiguës de la pénitence, comme germe et s'épanouit la rose sur les épines et sur les piquants de sa tige. Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous. Ainsi soit-il.

 

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