Le Mois de Saint François d’Assise
Le Mois de Saint François d’Assise
Seizième jour
Sur le mont Alverne
Prélude : Suivons François, gravissant les pentes de l'Alverne, où l'attire la grâce du ciel, parce que, sur ce mont, s'accompliront pour lui de grandes merveilles.
Réflexions
L’Alverne est aux confins de la Toscane et s'élève au-dessus des autres montagnes de l'Apennin. Deux rivières passent à ses pieds. Par trois côtés, elle présente des rochers si droits et si unis qu'on les prendrait pour des murailles. À la cime de ce mont, un pieux gentilhomme avait fait élever un modeste couvent pour les enfants de saint François, et ceux-ci en parlaient souvent à leur père, lui vantant le silence et le calme de cette retraite. François s'y rendit et le couvent de l’Alverne ſui plut beaucoup.
Aussitôt, il se mit à parcourir la montagne, pour découvrir les endroits les plus favorables à la contemplation. Il en vit un, où il y avait de grandes ouvertures dans le rocher, de grosses masses suspendues, des cavernes profondes, des gouffres affreux ; et ce qui lui parut plus singulier, une roche fendue de telle manière, que le dedans était comme une chambre, avec un plancher uni et une espèce de plafond, d'où le jour pénétrait par une petite ouverture. Un ange lui apprit que cette disposition des lieux datait de la mort du Sauveur, lorsque la terre trembla et que les pierres se fendirent. Cette circonstance fut un nouvel attrait qui rendit le mont Alverne encore plus cher au serviteur de Jésus crucifié. Depuis, il ne pouvait regarder ces ouvertures, sans penser aux douleurs endurées par son divin Maître sur la croix et sans désirer que la compassion fendît son cœur, comme ces rochers semblaient lui en donner l'exemple. Dès lors, la prière continuelle à laquelle il se livra lui fit éprouver plus fréquemment encore les douceurs de la divine contemplation ; aussi, très souvent, il se trouvait tellement ravi en Dieu, que ses compagnons le voyaient corporellement élevé au- dessus de terre, et dans une extase qui le mettait hors de lui-même. Dans ces extases, Dieu lui révélait l'avenir, et lui donnait la connaissance des plus secrètes pensées et inclinations des frères.
À la prière du bon saint, le propriétaire du Mont Alverne, le comte Orlando, qui avait déjà en grande estime et affection les Frères Mineurs, fit construire, adossée à un hêtre fort élevé, une petite chapelle avec une cellule. Le modèle de cette chapelle fut donné au comte Orlando par saint François, qui confia à ses intimes que la Très Sainte Vierge, saint Jean-Baptiste et saint Jean l'Evangéliste, avaient daigné lui apparaître et lui avaient donné le plan de cette humble église.
À tous ces titres, la retraite du Mont Alverne parut à saint François comme un lieu sacré et il la considérait comme second Calvaire, où il résolut de venir, quand la volonté divine le lui permettrait, méditer et pleurer sur la passion et la mort de Jésus-Christ.
Pratique : Aimer à faire souvent l'exercice si salutaire du Chemin de la Croix.
Invocation : Saint François, parfait contemplateur de Jésus crucifié, imprimez profondément dans mon âme les plaies du Sauveur.
Fioretti
La prison du frère Loup
Un des sommets de l'Alverne était occupé par de dangereux voisins, dont le comte Orlando n'avait jamais pu se défaire. C'était une bande de scélérats, dont le chef, surnommé le Loup à cause de ses brigandages, répandait au loin la terreur. Ce Loup vint trouver un jour l'agneau de Jésus-Christ pour lui intimer l'ordre de quitter l’Alverne, où sa présence le gênait. Saint François le reçut avec tant de douceur et de bonté, la vie angélique des pauvres religieux qui étaient là auprès du saint lui fit une telle impression, qu'il se sentit tout changé ; il demanda la permission de demeurer quelques jours en leur compagnie, après quoi, se jetant aux pieds du bienheureux et fondant en larmes, il le supplia de le recevoir à la vie de pénitence, et de lui obtenir de Dieu le pardon de ses crimes. Le bon saint François, admirant la toute-puissance de la grâce, recueillit amour ce pénitent d'un nouveau genre ; sans tarder davantage, il le revêtit de l'humble habit de la pauvreté, et, avec cette naïveté charmante qui caractérisait sa sainteté, il donna au Loup ravisseur le doux nom de frère Agneau. Le frère Agneau, merveilleusement converti, changea le repaire de ses brigandages en une retraite de prières et de mortification ; et le rocher, presque inaccessible, où il vécut depuis lors et où il mourut très saintement, se nomme encore vulgairement la prison du frère Loup. (Le séraphique saint François, par Mgr de Ségur).
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