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26 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

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Vingt-septième jour

L'Angélus et Notre-Dame du Puy

 

Voici un nouveau titre de gloire en l'honneur de Notre-Dame du Puy. C'est au Puy que le pieux usage de sonner l'Angélus, à midi, a pris son origine.

L'origine de l'Angélus, dans sa forme première, se perd dans la nuit des temps. Comme les architectes de nos merveilleuses cathédrales qui ont caché leur nom sous le voile de l'humilité, l'auteur de l'Angélus est inconnu. De cette admirable prière il faut dire avec Tertullien: « Sa source est dans la tradition, l'usage la confirme et la foi la pratique ».

L'Angélus est une prière instituée par l’Église pour honorer le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu, par conséquent la maternité divine de Marie, ainsi que la rédemption du genre humain. Cette prière rappelle donc à toutes les générations les immenses bienfaits dont ce mystère a été, et dont il continue d'être la source. On l'appelle Angélus, parce qu'elle commence par ce mot. Elle se compose de trois antiennes ou versets et de trois Ave Maria, suivis d'un quatrième verset, d'un répons et d'une oraison dans laquelle on demande à Dieu sa grâce et le salut éternel par les mérites de Notre-Seigneur Jésus-Christ. L'Angélus se récite trois fois le jour : le matin, à midi et le soir, au son de la cloche que l'on tinte trois fois.

Cette prière, faite au son de la cloche, constitue une création complètement inconnue du monde païen et que le monde chrétien n'admirera jamais assez. Mais ce n'est que par degrés que cette prière est arrivée à cette forme complète sous laquelle nous la connaissons et nous la pratiquons aujourd'hui. Primitivement l'Angélus ne se sonnait et ne se récitait que deux fois le jour, le matin et le soir. Un savant bénédictin du seizième siècle, Arnold Vion, raconte que ce fut le Pape Urbain II qui, en 1090, ordonna pour la première fois de réciter l'Ave Maria de cette manière. C'était au moment du Concile assemblé à Clermont pour la première Croisade. Le Pape, sachant qu'il était impossible que les prières d'un grand nombre ne soient pas exaucées, ordonna, qu'à partir du jour où l'armée chrétienne se mettrait en campagne pour recouvrer la Terre sainte, le soir et le malin, dans toutes les églises du monde chrétien, tant cathédrales qu'abbatiales, trois coups de cloche invitassent les fidèles à la récitation de l'Ave Maria. L'intention du pape Urbain II était d'obtenir de Dieu qu'à ce signal il daignât, par sa bonté, rendre l'armée chrétienne victorieuse de ses ennemis ; comme aussi d'obtenir miséricorde à ceux qui, dans une entreprise si pieuse, seraient morts en sacrifiant leurs biens et leur vie pour la défense de la foi.

À la voix du Saint-Père, la récitation de l'Angélus, le matin et le soir, devint aussitôt populaire. Il en fut ainsi jusqu'au commencement du treizième siècle (1239). À cette époque, le Pape Grégoire IX, de glorieuse mémoire, s'apercevant d'un certain ralentissement dans la récitation de l'Angélus, et se voyant, d'autre part, attaqué violemment par l'empereur d'Allemagne Frédéric II, ordonna de nouveau que la triple salutation angélique serait récitée dans tout le monde, matin et soir, à genoux et au son de la cloche.

Quatre ans plus tard (1243), le Concile de Cologne renouvelle cette ordonnance, mais il ajoute en outre cette prescription : tous les vendredis, à midi, on sonnera et on récitera l'Angélus, en mémoire de la Passion de Notre-Seigneur. C'est la première fois où il est question, dans l'histoire, de l'Angélus de midi ; et, comme on le voit, la récitation et la sonnerie de cet Angélus sont réservées au seul vendredi.

En 1262, le grand docteur saint Bonaventure, général des Franciscains, prescrivit aux enfants de saint François, répandus alors dans les différentes parties du monde, de propager en tous lieux la pieuse pratique de l'Angélus, et d'exhorter partout les peuples à saluer Jésus et Marie par la récitation de l'Ave Maria faite le soir au son de la cloche. Saint Bonaventure ne fait pas mention ici de l'Angélus du matin.

En 1318, le pape Jean XXII recommande, à son tour, la récitation de l'Angélus, au son de la cloche ; il y attache même, pour la première fois, dix jours d'indulgence ; mais comme saint Bonaventure, il ne fait mention, lui aussi, dans sa Bulle, que de l'Angélus du soir.

En 1346, un Concile tenu à Paris, sous la présidence de l'archevêque de Sens, publia un décret ordonnant aux fidèles d'observer inviolablement la récitation de l'Ave Maria, à l'heure du couvre-feu, conformément à la prescription du Pape Jean XXII, de sainte mémoire, et ce Concile attache à cette récitation cinquante jours d'indulgence.

En 1369, le Concile de Béziers reprend et recommande la récitation de l'Angélus au point du jour, et y attache vingt jours d'indulgence.

Mais c'est au Puy-Sainte-Marie que nous voyons s'établir, pour la première fois, l'usage de réciter et de sonner l'Ave Maria, non seulement le matin et le soir, mais aussi tous les jours, à midi. Voici comment nos chroniques racontent ce fait :

« En 1449, une pieuse veuve du Puy, nommée Agnès Montel, par zèle pour la gloire de la Mère de Dieu, commença à constituer une rente perpétuelle pour que le matin, à midi et le soir, on avertit le peuple au son de la cloche, que c'était l'heure de se recommander à la Vierge, et de la saluer avec l'ange, en mémoire de l'Incarnation du Fils de Dieu ». Cette pratique se répandit bientôt du Puy dans toute l'Eglise, et, cinq ans plus tard (1455) le Pape Calixte III en consacra définitivement l'usage par une Bulle qu'il accompagna de très riches indulgences.

En 1476, le roi de France, Louis XI, étant venu en pèlerinage au Puy, fit également publier, en cette ville, des lettres apostoliques qu'il avait obtenues du Pape Sixte IV, par lesquelles le Souverain-Pontife accordait trois cents jours d'indulgence à tous ceux qui réciteraient, en l'honneur de la sainte Vierge, l'Angélus de midi. Il se fit même, au Puy, à cette occasion, une procession générale. Depuis lors jusqu'à maintenant, l'usage de l'Angélus le matin, à midi et le soir, n'a plus jamais varié.

Grand honneur pour la cité du Puy-Sainte-Marie, d'avoir, la première, pratiqué, dans sa forme actuelle et définitive, une coutume aussi belle, aussi pieuse et aussi répandue que la prière de l'Angélus.

Hélas ! le zèle de nos pères pour la récitation de cette prière, tend à s'affaiblir, même dans notre religieux et catholique Velay. On ne voit plus, comme autrefois, les populations chrétiennes se découvrir et se signer respectueusement au son de l'Angélus, suspendre leur travail et se recueillir un instant pour saluer avec l'ange Celle à qui nous sommes redevables des deux plus grands bienfaits du monde : l'Incarnation et la Rédemption !

Siècles de prière et de foi, qu'êtes-vous devenus !

Les vieillards se souviennent et racontent encore qu'autrefois, dans nos contrées, l'Angélus se récitait publiquement par tout le monde et sans nul respect humain. Rien de plus édifiant, que le spectacle que présentaient jadis les grands marchés de la ville du Puy, au moment où sonnait l'Angélus de midi : les rues et les places publiques avaient beau être encombrées de marchands, d'acheteurs et de curieux ; les offres, les refus et les conditions de vente avaient beau se faire suivant l'usage, en criant plutôt qu'en parlant : au milieu de ce bruit de la foule et de ce brouhaha général, quand l'Angélus de midi sonnait au clocher de la Cathédrale, un silence absolu s'établissait soudain sur tous les points de la ville ; un même son de cloche faisait naître, à la même minute, un même sentiment dans mille coeurs divers ; les montagnards du Velay ôtaient leurs larges chapeaux et s'inclinaient appuyés sur leurs bâtons ferrés ; les marchands espagnols, qui se trouvaient toujours en grand nombre à nos célèbres marchés, retiraient respectueusement leurs bonnets ou leurs bérets ; dans les rues et sur les places publiques, hommes, femmes et enfants s'arrêtaient, se taisaient, se découvraient, prenaient l'attitude de la prière, et récitaient tout bas leur Angélus. Cette prière achevée, le marché recommençait aussitôt avec la même animation ! mais un mouvement de coeur s'était fait vers le ciel, un sourire de Marie en était descendu, et, au milieu de ses préoccupations matérielles, l'homme s'était souvenu un instant des intérêts sacrés de son âme et de sa patrie du ciel ! Admirable spectacle ! nous n'en connaissons point de plus moral, de plus noble et de plus beau !

Hélas ! tout cela a maintenant disparu ! Dans beaucoup de paroisses et pour beaucoup de familles vellaviennes, c'est vainement que la cloche de l'Angélus invite à la prière. Le son de la cloche n'éveille plus aucun sentiment de foi ; il n'éveille, le plus souvent, que des appétits grossiers ! Oui, pour bien des personnes qui se disent chrétiennes, la sonnerie de l'Angélus ne sert qu'à indiquer le moment des repas. N'est-ce pas là du matérialisme le plus abject ? Et le matérialisme qui dégrade l'homme au niveau de la bête n'est-il pas un immense malheur ?

Ah ! Disons-le dans le cours de ce mois de Marie, il n'est que temps de réagir contre le matérialisme avilissant qui nous oppresse et nous envahit de toutes parts ! il n'est que temps de revenir aux traditions si nobles et si spiritualistes de nos aïeux ! Oui, reprenons les vieilles coutumes et les belles pratiques religieuses de nos pères. Découvrons-nous et agenouillons-nous comme eux au son de l'Angélus ! Comme eux invoquons Marie aux principales heures du jour. Et Marie en retour nous bénira du haut du ciel ! Ainsi soit-il !

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Prière

 

Ô Marie, vous saluer chaque jour avec l'ange, après avoir adoré le Tout-Puissant, sera désormais pour nous notre premier devoir. Nous comprenons maintenant, mieux que dans le passé, l'efficacité de cette prière, véritable colloque céleste où vous daignez vous associer en priant Dieu avec nous !

Les paroles si simples de l'Angélus, exprimant des vérités pures et sublimes comme la source d'où elles émanent, ne sauraient être désormais gravées trop profondément dans nos coeurs, et monter trop souvent à nos lèvres, pour s'élever jusqu'il votre trône, ô Marie!

Nous serons donc fidèles à vous saluer dorénavant, trois fois le jour, le matin, à midi et le soir, avec tout l'univers catholique.

Sainte Mère de Dieu, nous avons à chaque instant besoin, ici-bas, que vous priiez pour nous, et que vous intercédiez sans cesse en notre faveur auprès de votre divin Fils. Que l'accent ému de notre prière montant au Ciel avec le son pieux de l'Angélus, incline doucement votre coeur vers nous, ô Vierge sainte ! Et que par votre protection, notre âme puisse sortir saine et sauve des dangers si nombreux et si redoutables de ce monde !

Mais, c'est surtout à l'heure de notre mort, ô Marie, que nous aurons besoin de votre assistance, et que votre aide nous deviendra indispensable ! Voilà pourquoi nous ne manquerons jamais plus de vous dire trois fois le jour : « Sainte Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort ! » Oui, la grâce de bien vivre et de bien mourir, voilà ce que nous demandons à Dieu par vous ?

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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25 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-sixième jour

Des diverses Confréries et chapelles de Notre Dame du Puy établies en France et jusqu'à l'étranger

 

La Confrérie de Notre-Dame du Puy, dont nos chroniqueurs et nos anciens historiens font tous mention, était une Association établie dans le but d'honorer la sainte Vierge, par des prières et autres actes de piété, et de célébrer ses louanges par des oeuvres, soit artistiques, soit poétiques.

Cette Confrérie existait déjà au Puy, au douzième siècle. Elle n'a été anéantie que par la grande Révolution française. Elle figurait, avec honneur, aux grandes processions des Jubilés et des fêtes de Notre-Dame. Son organisation était presque militaire, et lui donnait pour officiers un capitaine, un lieutenant et un porte-enseigne.

Nous possédons le livre de ses statuts ou règlements imprimés en 1684, lors de sa réorganisation, par Mgr de Maupas. Ce petit livre nous apprend que cette Association avait été approuvée et confirmée par les Souverains-Pontifes, qui l'avaient enrichie de grandes et nombreuses indulgences.

Dix-sept Papes, parmi lesquels Clément IV, jadis évêque du Puy, s'étaient plu à ennoblir et à combler de privilèges cette célèbre Confrérie. Aussi était-elle en grand honneur dans le Velay et dans la France entière.

Cette Confrérie, où la religion s'alliait si bien à la poésie et aux arts, pour honorer la sainte Vierge, se répandit bientôt en divers lieux de France, particulièrement en Artois, en Normandie, en Picardie, en Flandre et jusqu'en Angleterre. Cette diffusion se comprend facilement. On sait, en effet, quel immense concours de peuple la confiance et la dévotion envers Marie amenaient autrefois à Notre-Dame du Puy. Chaque année, aux principales fêtes de la sainte Vierge, de nombreux pèlerins y affluaient de toutes les parties de la France. Mais c'est surtout aux grandes solennités jubilaires, que la foule des pieux visiteurs devenait véritablement innombrable. Tous ces pèlerins qui accouraient alors au Puy de tous les pays d'Europe, devaient certainement emporter dans leurs foyers, un souvenir aussi vif que durable de notre célèbre pèlerinage. Quoi d'étonnant, après cela, que les populations enflammées par le récit qu'on leur faisait de tant de choses extraordinaires, de tant de merveilles, de tant de miracles dont le pèlerinage du Mont-Anis était le théâtre, aient voulu avoir aussi chez elles des sanctuaires et des chapelles dédiées à Notre-Dame du Puy ? Quoi d'étonnant aussi qu'elles y aient placé quelques-unes de ces statues que les pèlerins apportaient du Puy, et qu'on y taillait alors, qu'on y fondait, qu'on y sculptait, qu'on y vendait par milliers, comme nous l'avons vu faire de notre temps, lors de l'inauguration de Notre-Dame de France, comme cela se fait encore tous les jours pour Notre-Dame de Lourdes.

Les Confréries et les chapelles de Notre-Dame du Puy, élevées en divers lieux de la France, s'expliquent donc très bien ; et quant à ces luttes et à ces compositions poétiques de sonnets, de chants et d'hymnes qui s'y faisaient en l'honneur de la sainte Vierge, elles n'étaient pas autre chose qu'une réminiscence et une imitation de ce que les pèlerins avaient vu faire si souvent sur le Mont-Anis, dans les tournois littéraires de notre Université de Saint-Mayol, qui faisait alors la gloire de notre Velay, où de célèbres troubadours avaient pris naissance et où la poésie était en si grand honneur.

Après cette explication, la diffusion, en divers lieux de la France, des Confréries et des chapelles de Notre-Dame du Puy, devient toute naturelle. La première de ces Confréries et chapelles que nous trouvons établie hors de notre ville, est celle d'Amiens. Voici son origine : En l'an 1181, de grandes querelles et inimitiés éclatèrent en la ville d'Amiens ; un pauvre charpentier de cette ville, qui était venu en dévotion au Puy, en rapporta une image de Notre-Dame, qu'à son retour chez lui il plaça dans un petit oratoire. Ayant invité ses concitoyens à faire des prières et des voeux devant cette sainte image, ceux-ci se virent délivrés, par son intercession, des troubles et des dissensions qui les affligeaient. C'est pourquoi, par reconnaissance, ils dédièrent dans leur cathédrale, une belle chapelle à Notre-Dame du Puy, et établirent en son honneur, dans leur ville, une Confrérie qui portait son vocable et qui existe encore aujourd'hui, mais sous la forme altérée d'une Association uniquement artistique et littéraire. Une des plus belles salles du musée d'Amiens porte encore actuellement le nom de salon de Notre-Dame du Puy, et contient un grand nombre d'oeuvres artistiques provenant de cette célèbre Confrérie. On y voit des calices ciselés, des croix et des lampes d'argent, des chasubles de brocart, des peintures, des statues, des bas-reliefs sculptés, et quantité d'autres chefs d'oeuvre religieux, dont la dite Confrérie avait rempli autrefois la cathédrale d'Amiens.

De pareilles Associations existaient également à Abbeville, à Rouen, à Caen, à Dieppe, à Valenciennes, à Limoges, à Arras, à Douai, etc. Toutes avaient pour commune origine, l'Eglise angélique de Notre-Dame du Puy. Leur fête patronale à toutes, était également, comme au Puy, le jour de l'Assomption de la très sainte Vierge.

À Bourganeuf, dans la Creuse, on honore encore aujourd'hui, sous le nom de Notre-Dame du Puy, une statue de la sainte Vierge, qui remonte à l'époque des Templiers, et qui est toujours, de la part des habitants, l'objet d'une grande vénération.

Mais c'est surtout dans les malheurs publics, qu'éclataient en France la dévotion et la confiance envers la Vierge du Mont-Anis. Des épidémies, des famines, des fléaux venaient-ils à s'abattre sur les cités, immédiatement on décidait, par acclamation, un voeu, un pèlerinage, une offrande à Notre-Dame du Puy. C'est ce qui eut lieu à Limoges, en 1461. La peste ravageait cruellement cette ville. Aussitôt ses habitants tournent leurs regards vers la puissante Reine du Mont-Anis, et font vœu d'aller offrir cent livres de cire à son autel. Sans plus tarder, ils établissent une Confrérie en son honneur, et envoient en même temps leurs magistrats déposer leur offrande à ses pieds. Marie exauça leur prière et la contagion fut aussitôt chassée. « Depuis lors, dit Gissey, la dévotion des habitants de Limoges, s'est tant accrue envers la sainte Vierge, qu'il n'y a pas de contrée de laquelle il vienne plus de pèlerins ». Du reste, le Chapitre de Notre-Dame accueillit avec honneur les députés Limousins, et pour gage de ses sentiments, il envoya par eux, à la nouvelle Confrérie, une bannière de tafetas qui représentait d'un côté la patronne du Velay, et de l'autre saint Martial, apôtre et patron de Limoges. De son côté, la députation de cette ville rapporta du Puy une statue de Marie à laquelle les Limousins reconnaissants se hâtèrent d'élever un sanctuaire où elle est encore aujourd'hui en grand honneur.

En 1447, une statue de la sainte Vierge fut également apportée du Puy-en-Velay, en l'île de France, à Sigy, près Montereau, par Antoine Du Roux, écuyer, originaire du Velay, échanson du roi Charles VII. Cette statue est encore maintenant l'objet de la vénération des fidèles, sous le nom de Notre-Dame du Puy. Elle est placée actuellement dans un délicieux monument, érigé naguère, dans l'Eglise de Sigy, par les soins de Mlle Marie Du Haut, fille du petit-neveu et héritier du dernier des Du Roux.

À Beaugé, dans l'Anjou, sur le théâtre de la première victoire qui releva les espérances de Charles VII, et mit un terme aux longues prospérités de l'Angleterre, s'èlève encore, de nos jours, une chapelle en l'honneur de Notre-Dame du Puy, que le maréchal de Lafayette fit élever en ce lieu, en reconnaissance de la victoire qu'il avait remportée sur les Anglais. Cette chapelle, sous le nom de Puy-Notre-Dame, devint un pèlerinage qui a été rétabli par Mgr Freppel, à la suite des derniers désastres de la France.

En Espagne, dans la Cathédrale de Valence, se trouve actuellement encore une chapelle placée sous l'invocation de Nuestra Senora del Puig, Notre-Dame du Puy. (1)

Enfin, il n'est pas jusqu'en Angleterre, où la dévotion et la Confrérie de Notre-Dame du Puy n'aient été en honneur. Nous voyons, en effet, cette pieuse Association s'établir entre des marchands, à Londres même, à la fin du treizième ou au commencement du quatorzième siècle.

Ajoutons un dernier trait à tout ce que nous venons de dire : D'après Vincent de Beauvais, les Maures d'Espagne,pour obtenir de bonnes récoltes ou la cessation de quelque fléau, envoyaient des offrandes à Notre-Dame du Puy, et les chrétiens de ce pays appelaient notre Vierge du nom glorieux qu'elle porte de nos jours : « Nuestra Senora de Francia ! Notre-Dame de France ! »

On voit assez par là combien était puissante l'influence qu'exerçait alors, non seulement en France, mais même à l'étranger, la célébrité du sanctuaire de Notre-Dame du Puy.

 

(1) Note communiquée par M. Antonio Pitarch, espagnol, originaire de la province de Valence, et organiste de la Cathédrale du Puy. Le même M, Pitarch assure avoir vu, dans la ville de Valence et aux alentours, des portraits de notre Vierge noire, dont plusieurs remontent à 1600, et dont quelques uns sont même des siècles précédents.

 

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Prière

 

Ô Marie, les pieuses confréries établies sous votre auguste patronage ont fait, de tout temps, les délices et la sécurité de vos enfants. À l'exemple de nos aïeux, nous voulons, désormais, nous unir à vous par des liens sacrés, et faire partie de quelqu'une des congrégations établies en votre honneur. Rien de plus conforme, du reste, aux intérêts de notre âme, que de faire partie de ces pieuses associations que l'Eglise encourage par tant de faveurs : c'est là, en effet, que l'on trouve surtout une assistance, un guide et des conseils spirituels ; c'est là que l'on rencontre des frères ou des soeurs charitables dont les saints exemples nous portent à pratiquer la vertu ; c'est là aussi que l'on entend des prédications touchantes qui excitent à aimer Dieu, et que l'on assiste à des fêtes et à des cérémonies religieuses qui stimulent le zèle et la dévotion ; c'est là enfin, que l'on sent le besoin et que l'on prend la salutaire habitude de s'approcher, à certaines époques, de ces sacrements salutaires de Pénitence et d'Eucharistie sans lesquels l'âme défaille bientôt et tombe si vite dans le péché !

Ô Marie, si vos confréries sont un gage de bonne et sainte vie pour ceux qui on font partie, elles sont surtout aussi un gage de bonne et sainte mort ! Un de vos dévots serviteurs, disait, au moment de mourir, que sa plus grande consolation, dans ce redoutable instant, était d'avoir fait partie de la congrégation de la Très Sainte Vierge. Vous ne sauriez, en effet, ô Mère de Jésus, abandonner dans ce dernier passage, ceux qui ne vous ont jamais abandonnée pendant les jours de leur vie mortelle, C'est dans cette douce espérance, ô Marie, que selon notre état, notre sexe, notre âge et notre condition, nous nous enrôlerons dans l'une des confréries établies en votre honneur. Daignez, en retour, ô Marie, nous assister sans cesse pendant notre vie, et nous obtenir un jour la grâce de mourir saintement entre vos bras. Notre-Dame du Puy, priez pour nous. Ainsi soit il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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24 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-cinquième jour

Les rois de France et Notre-Dame du Puy

 

Précédemment nous avons vu comment Charlemagne ouvrit la série des pèlerinages des rois de France à Notre-Dame du Puy. Son fils Louis le Débonnaire, roi d'Aquitaine, vint au Puy, du vivant de son père (795). Et Marie ne dut pas regarder, sans intérêt, ce jeune prince de dix-sept ans, prosterné et recueilli devant ses autels. Il y revint, plus tard, deux autres fois (832 et 833), avec Judith son épouse, pour implorer le secours de la divine Mère dans les afflictions qui troublaient sa vie domestique. Ce prince, ainsi que son fils, l'empereur Charles, s'occupèrent beaucoup des affaires de l'abbaye du Monastier, voisine du Puy. Plusieurs Chartes de cette abbaye en font foi et prouvent qu'ils étaient les protecteurs du plus grand monastère du Velay.

En 877, Charles le Chauve, roi de France et empereur d'Allemagne, s'en vint en pèlerinage au temple angélique, avec l'impératrice Richilde, son épouse. Guy Ier, évêque du Puy, l'accueillit avec la pompe due à son rang, et l'accompagna jusqu'à Lyon.

En 892, le roi Eudes vint à son tour prier Marie au sanctuaire du Mont-Anis. C'était à l'époque des invasions normandes pendant lesquelles la ville du Puy, grâce à son pèlerinage, joua un rôle extrêmement glorieux et important ; ce pèlerinage, connu alors de la France entière, décida le roi Eudes à choisir le Puy-Sainte-Marie pour y organiser la défense nationale. Mais homme de foi profonde, comme le prouve le cadeau qu'il fit à Brioude au tombeau de saint Julien, il dut implorer bien des fois au Puy la céleste patronne du Velay. Pouvait-il, en effet, oublier aux pieds de notre montagne d'Anis, la protection toute puissante de Celle qu'avaient invoquée, avant lui, dans le même lieu, Charlemagne, Louis le Débonnaire et Charles le Chauve.

En 1029, la dévotion amena également le roi Robert aux pieds de Notre-Dame du Puy.

En 1146, Louis VII, dit le Jeune, ayant pris la croix à la persuasion de saint Bernard, ne voulut pas se mettre en route sans avoir accompli le voeu qu'il avait fait à la très sainte Vierge de venir dans son sanctuaire du Mont-Anis, mettre sous sa puissante protection le succès de son entreprise. Cet acte de piété de Louis VII fut imité par son fils Philippe-Auguste, qui, lui aussi, avant d'entreprendre le voyage d'Outre-Mer, s'en vint, comme son père, implorer le secours de Notre-Dame du Puy (1188).

On sait, par le récit que nous en avons fait dans un chapitre précédent, comment saint Louis, en 1254, apporta d'Egypte au Puy, la miraculeuse statue de la Vierge noire. Le saint roi resta trois jours dans la cité de Notre-Dame. Il était accompagné de sa vertueuse épouse, Marguerite de Provence. Et tandis que le pieux monarque dotait l'Eglise angélique de la statue miraculeuse de Marie, la reine détachait le diadème orné de pierres précieuses qui parait son front, et le déposait sur l'autel de Notre-Dame, en signe d'hommage et de dépendance. Ce pèlerinage était le second fait par saint Louis au sanctuaire du Mont-Anis, où il était déjà venu une première fois en 1245.

Philippe III et Philippe IV imitèrent le saint roi. Le premier (1283) vint acquitter le vœu qu'il avait fait sur les plages d'Afrique, d'aller en pèlerinage à Notre-Dame du Puy, si le ciel le rendait à sa patrie et à son peuple. En témoignage de reconnaissance, il offrit à la sainte Vierge une croix d'or, enrichie d'une parcelle de la vraie croix et d'une partie de l'éponge imbibée de fiel et de vinaigre qui fut présentée au Sauveur par ses bourreaux. Quant à Philippe IV, dit le Bel (1285), il fit présent à Notre-Dame d'un magnifique calice d'or.

En 1394, le roi Charles VI visita également la sainte Basilique. On sait dans quel état de démence une frayeur subite avait jeté ce pauvre roi. Désireux de trouver un remède aux accès de frénésie auxquels il était souvent sujet, il s'en vint à Notre-Dame du Puy, accompagné des ducs de Berry et de Bourgogne, ses oncles. Il assista, le soir même, à Complies, qui furent célébrées avec grande pompe, tant à cause de sa présence, qu'à raison de la fête de l'Annonciation, dont la solennité tombait le lendemain. Il fit, ce jour-là, ses dévotions dans l'église de la très sainte Vierge, et, selon le privilège que l'on croit divinement accordé aux rois de France, il toucha, pour les guérir, les pauvres malades atteints des écrouelles. À son départ, la ville lui fit présent d'une statue d'or de Notre-Dame de la valeur de 550 livres. Deux autres statues, plus petites, furent offertes aux ducs de Bourgogne et de Berry. Charles VI, en récompense de ce riche présent, exempta les habitants de tailles pendant trois ans. Il autorisa aussi les six consuls de la ville à remplacer le drap bleu de leur robe par une étoffe écarlate.

Nous ne dirons rien de Charles VII, à qui nous avons consacré un chapitre spécial. Nous rappellerons seulement, en passant, que ce roi de France vint jusqu'à cinq fois en pèlerinage à l’église angélique à qui il fit don de deux étendards conquis sur les Anglais.

Voici venir, maintenant, le roi Louis XI qui accomplit trois fois le pèlerinage du Mont-Anis. La première lois, c'était en 1434, il était tout jeune alors, et accompagnait son père. Il revint en 1475 et 1476. Il inclinait alors rapidement vers la tombe, [et on sait en quelles étranges frayeurs le jetait la vue ou même la pensée de la mort. Aussi voulut-il venir à Notre-Dame du Puy en véritable pèlerin. Il arriva le 7 mai 1475 à Fix, petit bourg éloigné de la ville d'environ trois lieues et demie.

Malgré la longueur du chemin qu'il avait à parcourir, il voulut, le lendemain, faire le reste de la route à pied, et toutes les observations de ses courtisans ne purent changer ses résolutions à cet égard. Les rues de Pannessac et de Raphaël, par lesquelles il fit son entrée en ville, ne laissaient pas que d'être magnifiquement ornées et décorées. Parvenu sous le portique de Saint-Jean, il trouva le doyen qui le revêtit d'un surplis et d'une chape comme les portaient les chanoines. Le prince s'avança en ce costume vers la Basilique. Mais, sous le porche, il demanda dispense du vœu qu'il avait fait de ne paraître dans l'Eglise que nupieds. Et comme il était fort las, il se contenta, ce jour-là, de faire une courte prière à l'autel de la Sainte-Vierge, sur lequel il laissa, en se retirant, une bourse de 300 écus d'or. Le lendemain, qui était un samedi, il entendit trois messes, et offrit, à chacune d'elles, 30 écus d'or. Il en fit autant les deux jours suivants. Le lundi soir, jour de son départ, il remit, en s'éloignant, entre les mains du sacristain, un vase de cristal, richement orné de pierreries, avec ordre d'y faire graver son nom. Ce vase devait servir pour donner la communion aux fidèles, les jours de grandes solennités. En même temps, il fit rembourser au Chapitre une somme considérable qu'il lui avait empruntée dans les disgrâces de sa jeunesse, confirma tous ses privilèges, ainsi que ceux de l'Université de Saint-Mayol, et laissa 30 pièces d'or pour l'église de Saint-Michel et 15 pour l'Hôpital. Enfin, il n'y eut ni couvent, ni famille pauvre qui n'eut sa large part des largesses royales. De retour à Paris, il envoya 1,200 écus en argent et 100 marcs en lingots d'or, pour qu'on fabriquât une niche plus belle à la statue de la sainte Vierge, ce que fit immédiatement François Guibert, maître-orfèvre du Puy. Le Chapitre ne manqua pas de remercier publiquement Louis XI. À cet effet, il lui députa un de ses membres, l'abbé de Saint-Vosy, qu'il chargea d'offrir au roi une petite Notre-Dame d'or. Le roi l'accepta avec un pieux empressement, la baisa plusieurs fois, et la fit attacher à son chapeau, témoignant le désir d'en avoir une seconde pour la reine. Cependant la santé de Louis XI dépérissait chaque jour. Néanmoins, malgré son excessive faiblesse, sa dévotion le ramena au Puy le 28 juin 1476, et cette fois il y fit une neuvaine entière qu'il accompagna encore de nombreuses et abondantes largesses. Enfin, avant de quitter la ville, il l'exempta de tout impôt pendant dix ans.

En 1470, le roi René d'Anjou vint visiter, en pèlerin, le sanctuaire de Notre-Dame du Puy. Il avait pour escorte, dit Médicis « un certain nombre de Maures, habillés de moult étrange façon et qui faisaient moult beau voir ».

En 1495, Charles VIII, revenant de l'expédition qu'il avait faite en Italie pour se rendre maître du royaume de Naples, se transporta, au mois d'octobre, de Lyon à Notre-Dame du Puy, afin de remercier la sainte Vierge des dangers auxquels il avait échappé par sa puissante protection.

Chacun sait comment François Ier fut battu et fait prisonnier par les Espagnols à la malheureuse bataille de Pavie. Du fond de sa prison où le chagrin l'avait rendu gravement malade, ce roi de France, se voyant en danger de mort, se souvint de Notre-Dame du Puy qui avait toujours été si favorable à ses aïeux, et lui promit, s'il guérissait, de se rendre en pèlerinage au sanctuaire du Mont-Anis. Rendu à la liberté en 1526, il fut sept ans sans pouvoir acquitter son vœu. Enfin, au commencement de l'été de 1533, se voyant heureusement relevé de ses revers, il se mit en route vers l'Eglise angélique, où il clôtura brillamment la série des Pèlerinages des rois de France à Notre-Dame du Puy.

Depuis lors, aucun des successeurs de François Ier n'a gravi le Mont-Anis.

En vérité, nul autre sanctuaire, en France, n'a vu passer sous ses voûtes une pareille suite de rois ; et, en évoquant aujourd'hui ce défilé si glorieux pour l'Eglise angélique, on peut bien dire, sans exagération, que le pèlerinage de Notre-Dame du Puy est un pèlerinage national et royal !

 

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Prière

 

Ô Marie, souvenez-vous que la France vous fut consacrée, en partie, par les] Druides, avant même votre venue sur la terre, et intégralement depuis par les rois qui ont régné sur elle. Vous êtes donc la puissante patronne de notre patrie. L'histoire nous apprend et des faits indubitables nous montrent que vous lui avez souvent donné des marques visibles de votre efficace protection, que vous l'avez préservée de dangers imminents et terribles et que vous l'avez même sauvée du naufrage, Voilà pourquoi tant de rois de France sont venus vous prier sur votre montagne et dans votre sanctuaire du Mont-Anis. Ô Marie, souvenez-vous de l'antique consécration qui vous fut faite de notre belle patrie, et de l'ancienne protection dont vous n'avez jamais cessé de l'entourer. La France, il est vrai, a pu oublier ses devoirs envers vous. Elle a, dans un siècle d'aveuglement, chassé le Christ, votre Fils, de ses institutions et de ses lois ; elle a péché, mais au milieu de ses égarements, elle a rencontré l'humiliation et la douleur, son orgueil est brisé ! Du fond de sa misère, comme l'enfant prodigue, elle se redresse aujourd'hui, dans un noble élan de repentir et de confiance. Toute meurtrie par sa chute, elle crie vers vous et fait appel à votre secours. Ô Marie, mère de miséricorde, ne méprisez pas la douleur de vos enfants ; ne dédaignez pas cet immense cri de détresse et d'amour qui s'élève, pendant ce mois, de tous les coeurs et de tous les sanctuaires français. Ayez pitié de nous, ayez pitié de notre patrie !

 

Dirigez ses gouvernants, éclairez ses législateurs, convertissez son peuple, fortifiez sa foi, purifiez ses mœurs, sauvez-là enfin, en lui rendant sa glorieuse mission de fille aînée de l'Eglise et de soldat du Christ !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour la France. Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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23 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-quatrième jour

Quels saints sont venus en pèlerinage à Notre Dame du Puy ?

 

Le sanctuaire de Notre-Dame du Puy attirait les âmes saintes comme la ruche attire les abeilles. C'est une procession magnifique, que celle qui a été faite à travers les âges, par la foule des saints venus en pèlerinage au Mont-Anis. Nous allons rappeler ici le souvenir de quelques uns d'entre eux et l'offrir à Marie comme une de ses plus glorieuses couronnes.

Dès le commencement du Christianisme, nous voyons saint Martial, l'apôtre de l'Aquitaine, sur le bruit du miracle qui s'était produit au Mont-Anis, venir visiter notre montagne sainte, où Marie avait daigné apparaître et opérer des guérisons. Il désigna lui-même la place de l'autel que l'on devait y élever, et, en souvenir de son pèlerinage, il laissa, en relique, un soulier de la sainte Vierge,qui se trouve encore dans le trésor actuel des reliques de la Cathédrale.

Vers la fin du septième siècle, saint Calmilius fondateur de la célèbre abbaye du Monastier, vint plus d'une fois invoquer, dans son sanctuaire Notre-Dame du Puy, et mettre sous sa protection l'établissement qu'il avait fondé dans nos montagnes.

Le commencement du huitième siècle vit également venir souvent à l'Eglise angélique du Mont-Anis, saint Eudes, premier abbé du Monastier, que certains auteurs font naître en Velay, d'une noble et riche famille de notre pays.

Saint Théofrède ou saint Chaffre, neveu de saint Eudes et son successeur dans le gouvernement de l'abbaye du Monastier, ne fut pas moins dévôt que son oncle envers Notre-Dame du Puy. Maintes fois, en effet, il se plût à la visiter sur sa sainte montagne, et mérita de finir ses jours par le martyre que les Sarrasins, qui avaient envahi le Velay, lui firent méchamment subir le 19 octobre 728.

Dans la seconde moitié du dixième siècle, vers 960, saint Mayol, abbé de Cluny, vint aussi en pèlerinage au Puy-Sainte-Marie. Ce saint était, depuis 948, le chef du plus grand monastère des Gaules. Il exerçait sur le monde chrétien un tel empire, que plus tard il fut supplié, mais en vain, d'accepter le souverain pontificat. Ses vertus et ses lumières en faisaient un véritable dictateur spirituel de l'Eglise.

Quand il vint au Puy, la ville entière se porta à la rencontre de l'illustre pèlerin. Chacun voulait recevoir sa bénédiction et entendre les paroles qui sortiraient de cette bouche éloquente. Le peuple, les grands et le clergé étaient accourus en foule. Des louanges et des applaudissements universels se faisaient entendre sur son passage, et tous saluaient à l'envi, avec une pieuse vénération, cette grande gloire de Dieu. Le saint, accompagné de cette foule immense, se dirigea vers l’église angélique, au sortir de laquelle il guérit un aveugle.

En souvenir de ce miracle, la mémoire de saint Mayol est restée en grande bénédiction au Puy, où l'Université de la Cathédrale l'avait choisi pour son patron, et où sa fête était solennellement célébrée le onzième jour de mai.

À l'exemple de saint Mayol, saint Odon ou Odilon vint souvent, lui aussi, prier Notre-Dame dans son sanctuaire du Mont-Anis, Ce saint, de la famille des barons de Mercoeur, si honorablement connue dans le Velay, fut d'abord élevé au Puy, où il possédait même une dignité ecclésiastique, et devint ensuite chanoine à Brioude. Saint Mayol, étant venu dans cette ville, témoigna beaucoup d'affection au jeune chanoine, et lui persuada de quitter son canonicat pour embrasser l'état plus parfait de la vie monastique. Odilon entra à Cluny en 991, et succéda à saint Mayol en 994. La renommée de ses vertus et son amour pour Notre-Dame du Puy, lui ayant fait offrir l'évêché de cette ville, il s'honora aux yeux de Dieu et des hommes, en refusant d'accepter ce siège, par amour de la solitude et par humilité. Sur son refus, Etienne de Mercoeur, son neveu, fut fait évêque à sa place en 1030.

Au commencement de cet épiscopat, Notre-Dame du Puy reçut une visite non moins illustre, dans la personne de saint Robert. Ce saint, après avoir fait le pèlerinage de Rome pour connaître la volonté de Dieu sur lui, en priant au tombeau des saints apôtres, se sentit pressé de recourir encore plus particulièrement à Marie, et vint en pèlerinage au sanctuaire du Mont-Anis. Peu de temps après, deux chanoines du Puy lui ayant concédé un terrain, il y fonda le célèbre monastère de La Chaise-Dieu, où il mourut en 1067, après avoir réuni, dans son abbaye, plus de trois cents moines.

Après saint Robert, c'est saint Hugues, évêque de Grenoble, qui vient à deux reprises (1087 et 1130), offrir à Notre-Dame du Puy le tribut de ses hommages et de ses prières. La dernière fois qu'il y vint, ce fut à l'occasion du Concile qui se tint dans l'Eglise angélique. Quoique nonagénaire, il voulut s'y rendre pour décider entre les deux prétendants à la Papauté, Anaclet et Innocent II. Il ne contribua pas peu à faire excommunier le premier et à faire reconnaître le second pour véritable chef et pasteur suprême de l’Église de Jésus-Christ.

Quelque temps auparavant, 1127, un autre personnage non moins distingué par ses vertus, saint Etienne, fondateur de l'Ordre de Grammont, vint également en pèlerinage à Notre-Dame du Puy.

Mais un des plus illustres visiteurs de notre sanctuaire, fut sans contredit Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, qui, marchant sur les traces de ses devanciers, s'estima heureux de pouvoir, comme saint Mayol et saint Odilon, vénérer dans son Eglise angélique, celle qui a donné le Sauveur au genre humain.

Pierre le Vénérable vint plusieurs fois au Puy. La première fois, c'était en 1138. Le bruit de ses hauts mérites l'avait précédé, et sa réputation de sainteté lut confirmée par un miracle éclatant qui eut lieu dans le sanctuaire même du Mont-Anis, où il délivra un paysan qui avait avalé une couleuvre pendant qu'il dormait dans les champs, ce qui faisait endurer au pauvre malheureux des souffrances insupportables.

Pierre le Vénérable nous apprend lui-même, dans ses lettres, qu'il revint une seconde fois au sanctuaire du Mont-Anis, au moment où s'y trouvait le roi Louis VII (1146), avant son expédition pour la Syrie, et il donna au Puy le surnom de cour royale, non point comme on pourrait le croire à cause de la présence d'un roi de la terre dans l'enceinte de cette ville, mais par honneur pour la Reine du ciel qui s'en est déclarée la glorieuse patronne.

À ce long défilé de saints, il faut joindre encore Benoît-Joseph Labre. Cet illustre et dévot pèlerin ne pouvait manquer de visiter le sanctuaire de Notre-Dame du Puy. Il y vint, en effet, et c'est à la porte de l'ancien monastère de la Visitation, que le bienheureux mendiant allait demander, pendant son séjour au Puy, le peu de nourriture qu'il n'accordait à son corps que dans la proportion absolument nécessaire pour ne pas mourir de faim.

Il est impossible d'énumérer ici tous les saints qui sont venus prier la sainte Vierge dans son célèbre sanctuaire du Mont-Anis. Mais le peu que nous avons dit, prouve bien qu'une secrète attraction attirait au Puy toutes les âmes véritablement éprises de l'amour de Jésus et de Marie. L'on peut donc dire en toute vérité que notre illustre pèlerinage a été, pendant de longs siècles, le pieux rendez-vous des saints.

 

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Prière

 

Notre-Dame du Puy, vénérée par tant de saints, priez pour nous !

 

Ô Marie, la terre du Velay est une terre sainte. Elle a été en quelque sorte sanctifiée par le passage des saints venus en dévotion à votre célèbre pèlerinage. Votre sanctuaire du Mont-Anis, en particulier, a été pendant de longs siècles le rendez-vous préféré de la sainteté. C'est là que vos fidèles serviteurs sont venus en si grand nombre épancher à vos pieds, leur prière et leur coeur. Ô Marie, nous ne sommes pas dignes, après eux, de fouler de nos pieds, ni même de baiser de nos lèvres, le pavé de votre temple : nos pieds ont tant couru dans les sentiers du mal, que c'est une profanation d'oser poser l'empreinte de nos pas sur les traces des saints qui sont venus s'agenouiller ici ! Nos lèvres aussi ont été si souvent l'instrument du péché qu'elles ne méritent même pas d'essuyer le parvis sacré de votre temple, ni de faire monter, jusqu'à votre trône, des paroles de prières ! Cependant, ô Marie, si vous ne tenez compte que de notre indignité, si vous ne prenez pas pitié de nous, comment pourrons-nous donc cesser d'être pécheurs ? Nous voulons bien ne plus offenser Dieu et nous convertir : mais comment le ferons-nous, si vous ne nous aidez pas à sortir de l'abîme du péché ! Ô Notre-Dame du Puy, au nom de tous les saints qui vous ont prié dans votre sanctuaire du Mont-Anis, tendez-nous aujourd'hui une main secourable. Voyez l'ardent désir que nous avons de vous aimer, de vous servir et de vous honorer comme les saints. Ô Marie, convertissez-nous, purifiez-nous, sanctifiez-nous, afin qu'après vous avoir rendu hommage ici-bas par la sainteté de notre vie, nous méritions un jour d'aller goûter, auprès de vous, le bonheur du ciel ! Ainsi soit-il !

 

Reine de tous les saints, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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22 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-troisième jour

De quelques faveurs extraordinaires obtenues par l'intercession de Notre-Dame du Puy

 

Il n'est point, en France, de sanctuaire que Marie ait honoré d'une protection aussi constante et aussi spéciale que l'Eglise angélique de Notre-Dame du Puy. Nous n'entreprendrons point de raconter ici toutes les faveurs plus ou moins signalées qu'ont obtenues ceux qui l'ont visitée, ou qui, ne pouvant s'y transporter en personne, l'ont envoyé visiter en leur nom, ou même qui ont simplement invoqué son souvenir. Beaucoup de ces faveurs n'ont jamais été connues que de ceux qui en ont été l'objet, car la piété même la plus reconnaissante a quelquefois sa pudeur et sa timidité. Un grand nombre de ces grâces miraculeuses se sont perdues et devaient se perdre dans la nuit des temps. Néanmoins on en avait recueilli beaucoup. Les premières histoires de Notre-Dame du Puy parlent fréquemment de procès-verbaux, d'attestations, de recueils, de registres gardés dans la sacristie. Mais tous ces documents ont été lacérés ou brûlés en 1793. Heureusement que les historiens nous ont conservé le récit de quelques faits miraculeux parmi lesquels nous allons choisir les principaux traits suivants :

Pendant un hiver rigoureux, un habitant du Midi conduisait au Puy la troupe de ses mulets richement équipée et chargée de vins et autres denrées. Après avoir passé le village de Costaros, au lieu de suivre la route la plus directe, il s'égara pendant une tourmente et alla tomber dans les glaces qui couvraient le lac du Bouchet. Lorsqu'il fut au milieu de ce lac, la glace s'entr'ouvrit tout à coup sous les pieds de ses mulets. Il allait être englouti avec eux, mais, en présence d'un péril aussi imminent, ce pieux serviteur de Marie éleva ses mains suppliantes vers Notre-Dame du Puy, en la conjurant de le sauver, et lui promettant de lui donner le plus beau de ses mulets, qui, orné d'un beau panache rouge et d'un élégant collier de grelots dorés, se trouvait à la tête du convoi. Les vœux du pieux muletier furent exaucés, il fut assez heureux pour sortir sain et sauf de ce gouffre, et pour se rendre au Puy aux pieds de la Vierge. En 1842, une tradition populaire montrait encore, sous le grand arceau de l'escalier et près de la porte de la Cathédrale, quatre fers de cheval que l'on prétendait avoir été placés là pour perpétuer la mémoire de cette miraculeuse délivrance.

Vers les fêtes de Noël, 1320, un petit clerc de Notre-Dame s'en allait gaîment par les rues du Puy en chantant un des cantiques qu'on lui avait appris à l'école. Arrivé dans la rue des Farges, près de laquelle habitaient les juifs, il se mit à entonner de sa plus belle voix ce verset pris dans l'office de l'Avent et ainsi conçu : « Erubescat judoeus infelix, qui Christum natum dicit de viri semine ! Que le malheureux juif rougisse, lui qui prétend que la naissance de Jésus-Christ n'est pas différente de celle des autres hommes ! ». À ce verset, il ajouta ensuite quelques couplets en l'honneur de l'Enfant-Jésus et de sa très sainte Mère. Un méchant juif qui l'entendit, s'en irrita comme d'une insulte personnelle, et jura de tirer vengeance de l'innocent enfant. À la faveur des ténèbres de la nuit, il parvient à attirer le petit clerc chez lui, l'enferme, l'égorgé cruellement et l'ensevelit en secret dans un coin de son habitation.

Plusieurs mois s'écoulèrent ; les chanoines, ne voyant plus leur petit clerc revenir à Notre-Dame, crurent qu'il s'était sans doute enfui pour vagabonder, ce dont ils eurent grand chagrin. Mais le dimanche des Rameaux suivant, comme la procession passait près de la fontaine des Farges, non loin de laquelle le meurtre avait été commis, voici que l'enfant dont la disparition était restée un mystère, s'élance subitement hors de la maison du juif, en chantant, d'une voix claire et mélodieuse, l'antienne : « Gaude Maria Virgo, cunctas hoereses sola interemisti in universo mundo. Réjouis-toi, Marie ! seule tu as abattu dans le monde entier toutes les hérésies ! » Il raconte alors les circonstances de l'horrible meurtre dont il avait été victime, et finit en déclarant qu'il vient d'être ressuscité par la Vierge du Mont-Anis. A ce récit, la foule se précipite furieuse dans la maison du meurtrier, s'empare de ce misérable, le tue sans pitié, et traîne ensuite son cadavre sanglant et mutilé dans les égouts de la ville. Cette exécution sommaire de la justice du peuple fut suivie de l'expulsion immédiate de tous les juifs.

En 1588, au collège de la Compagnie de Jésus, à Billom, le P. Jean de Villars, atteint de la peste, fut miraculeusement guéri par Notre-Dame du Puy, bien que son état fut désespéré au point qu'on avait déjà creusé sa fosse pour l'enterrer. En 1608, les régents du même collège de Billom attestèrent qu'un de leurs écoliers revint des portes de la mort en faisant vœu d'entrer dans la congrégation de la Sainte-Vierge et de se rendre au Puy pour la visiter.

En 1624, Madeleine Delmas, de la paroisse d'Ussel en Vivarais, fut prise, à l'âge de huit ans, d'un mal si étrange, que ses genoux s'étaient repliés contre son estomac. Étant dans l'impossibilité de prendre aucune nourriture, elle était consumée par la faim, et ses chairs émaciées laissaient percer les os de tous côtés. Cette pauvre orpheline, qui n'avait d'autre ressource au monde qu'une tante qui l'avait prise à sa charge, fut bientôt délaissée par les médecins qui déclarèrent ne rien connaître dans leur art qui fut capable de la soulager. Mais un vœu que la pauvre enfant fit à Notre-Dame du Puy, montra, par une éclatante et subite guérison, que Marie, plus puissante que les hommes, a des remèdes qui échappent à toute la science des médecins.

En 1513, un des membres de la célèbre famille des d'Apchier de Vabres, dut la vie à l'invocation de Notre-Dame du Puy. Une énorme poutre qui tomba sur le corps de ce noble chevalier, ne lui laissait aucun espoir de conserver ses jours. Dans cet état désespéré, il eut recours à Notre-Dame du Puy et fut aussitôt guéri, au grand étonnement de tous ceux qui avaient été témoins de cet accident épouvantable. On voit encore aujourd'hui, près de la porte de la sacristie, le tableau que ce seigneur, après sa guérison, fit mettre en ex voto dans le sanctuaire de Notre-Dame.

En 1690, un couvreur du Puy, nommé Jean Giraud, réparant à Clermont le clocher de l'église Saint-Pierre, sentit avec effroi se rompre la corde avec laquelle il s'était élevé jusqu'à la flèche. Mais la pensée de Notre-Dame du Puy s'étant présentée à son esprit, son coeur se tourna vers elle, et une main invisible le soutint dans les airs de manière à ce qu'il ne se fit aucun mal.

Des volumes ne suffiraient pas pour reproduire seulement la liste de tous les prodiges opérés par la médiation de Notre-Dame du Puy. Autant vaudrait, dit un chroniqueur, compter les fleurs des prairies et les étoiles du ciel ! Mais c'est surtout au milieu des épidémies et des calamités publiques que la Reine du Mont-Anis fit éclater sa puissance et sa commisération.

En 1461, la peste désolait Limoges et les pays circonvoisins. Les habitants s'empressèrent de recourir à Notre-Dame : ils établirent une confrérie en son honneur et envoyèrent au Puy une députation chargée d'offrir à Notre-Dame cent livres de cire, et aussitôt la peste fut chassée.

En 1494, le même fléau sévissait à Bordeaux avec tant de violence que les bras manquaient pour enterrer les morts. Les citoyens se souvinrent enfin de Notre-Dame du Puy et firent célébrer, en son honneur, une messe à la fin de laquelle ils promirent de lui envoyer un cierge de cinquante livres. Immédiatement le fléau s'arrêta tout court, et dans leur reconnaissance, au lieu du cierge de cinquante livres, les Bordelais en envoyèrent un de deux cents que leurs délégués vinrent offrir à Notre-Dame en chemise et les pieds nus.

En 1588, Toulouse étant également désolée par la peste, se voua à Notre-Dame du Puy et lui envoya un beau cierge orné de ses armes et pesant un quintal. Ce qui lui obtint immédiatement de la bonne Vierge une complète délivrance.

Deux fois Lyon implora solennellement le secours de la patronne du Velay contre une affreuse mortalité qui la décimait. En 1563, le fléau s'y était déjà déclaré depuis plus d'un an et y faisait de nombreuses victimes. Au nom de la ville, le jésuite Edmond Auger, un des grands prédicateurs de ce temps-là, vint présenter à l'autel de Notre-Dame les dons qui lui avaient été voués, et Marie, qui semblait n'attendre que cet acte de piété, mit aussitôt fin à la redoutable contagion.

Une autre fois, en 1629, la même ville de Lyon, en proie depuis cinq mois à une épidémie épouvantable, eut recours de nouveau à Notre-Dame du Puy qui la délivra aussitôt du fléau dont elle était atteinte. Dans cette circonstance, ce fut un capucin du Puy qui fut chargé, par les Lyonnais, d'acquitter auprès de Notre-Dame leur dette de reconnaissance.

Un siècle plus tard, 1723, la petite ville de Langogne, menacée de la peste qui était déjà à ses portes, implora la protection de Notre-Dame du Puy et lui voua un pèlerinage solennel. Ce vœu obtint son effet. La paroisse de Langogne fut respectée par le fléau alors que toutes les paroisses environnantes en furent cruellement atteintes. Un des rares tableaux qui ont été sauvés du vandalisme de 1793 nous a conservé ce souvenir.

Enfin on cite également les villes de Montferrand, de Saint-Chamond et de Feurs, comme ayant été délivrées aussi de la peste par la protection de Notre-Dame du Puy.

Nous n'en finirions pas si nous voulions continuer l'énumération des différentes grâces miraculeuses obtenues le long des siècles par l'intercession de Notre-Dame du Puy. Celles que nous venons de citer donnent au moins une idée des autres. Mais de tout ce chapitre, il faut conclure que nulle part la sainte Vierge ne s'est mieux montrée qu'au Puy, le refuge des pécheurs, le secours des malheureux, la consolation des affligés, le salut des infirmes, la mère de tous les chrétiens.

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Prière

 

Ô Marie, votre puissance n'a d'égale que votre bonté, et nous venons de voir comment vous daignez mettre l'une et l'autre au service de ceux qui vous implorent et qui vous aiment. Heureux donc, dirons-nous en vous appliquant les paroles de la sainte Ecriture, heureux, ô Marie, ceux qui placent en vous leur confiance ! Oui, il est bon de se confier en vous, plutôt que de se reposer sur la protection des hommes, d'espérer en vous plutôt que de mettre son espérance dans les puissants du monde ! Bien convaincus de cette vérité, c'est à vous désormais, ô Vierge secourable, que nous nous adresserons dans tous nos maux !

Oui, si la maladie nous étend sur un lit de douleur, si quelque danger vient à menacer des personnes qui nous sont chères, c'est à vous, ô Marie, que nous nous adresserons pour obtenir, tout en nous conformant à la volonté de Dieu, le soulagement de nos souffrances, la guérison de nos infirmités ou la conservation des êtres qui nous sont chers. Nous vous dirons comme il fut dit autrefois à Jésus : « Celui que vous aimez est malade ! » et, comme Jésus, votre coeur, à cette simple prière, sera touché de compassion, et vous guérirez, s'il plaît à Dieu, ceux qui vous aiment !

Si les passions se révoltent dans notre coeur comme des bêtes farouches, si les tentations s'élèvent dans notre âme comme d'impétueuses tempêtes, si notre faiblesse et notre fragilité nous exposent à de tristes chutes, c'est encore vers vous, ô Marie, que nous tournerons nos regards avec d'autant plus de confiance que nous saurons plus certainement que nos demandes ne peuvent manquer de vous plaire : nous vous dirons alors la prière que saint Pierre disait un jour à Jésus, pendant la tempête : « Salva nos, perimus ! Sauvez-nous, car nous périssons » Et, comme Jésus, vous nous sauverez aussi, en délivrant notre âme des étreintes du démon !

Enfin, si, ce qu'à Dieu ne plaise, le péché s'empare de notre âme et nous fait des blessures mortelles, au lieu de nous livrer au découragement et au désespoir, nous nous souviendrons, ô Marie, que vous êtes le refuge des âmes égarées ; nous vous prierons avec une nouvelle ardeur; nous nous écrierons du fond de notre misère : « O Vierge clémente, qui avez tiré tant de pauvres âmes de l'abîme du péché, ayez pitié de nous, et n'abandonnez pas notre âme à l'enfer ! » Et, puisque vous en avez le pouvoir, ô Marie, vous nous convertirez, et vous nous obtiendrez la même grâce que Jésus fit au bon larron, la grâce d'être un jour en Paradis avec vous et avec votre divin Fils. Ainsi soit-il !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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21 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-deuxième jour

Du couronnement de la statue de Notre-Dame du Puy

 

C’est Mgr de Morlhon, de digne et sainte mémoire, qui conçut le premier le projet d'ajouter à la Cathédrale du Puy, un lustre qu'aucune autre Eglise de France ne pouvait réclamer avec des titres plus nombreux et plus authentiques. Nous voulons parler du couronnement de sa célèbre vierge noire !…

Quelle statue méritait mieux cet hommage ? N'est-ce pas de son sanctuaire angélique que le pape Léon IX disait déjà au onzième siècle : « Dans cette église du mont Anis ou du Velay, qui est appelée le Puy Sainte-Marie, la mère de Dieu est honorée, aimée et vénérée par tous les habitants de la France entière, d'un culte plus spécial, d'un amour plus fervent qu'en aucune autre Eglise élevée en son honneur... » Le pape Pie IX ne pouvait donc refuser à Notre-Dame du Puy un hommage qui n'était que la consécration de l'estime particulière dont elle avait toujours été l'objet de la part des Souverains Pontifes, ses prédécesseurs. L'honneur d'un couronnement solennel fut donc accordé par Pie IX à la vierge du mont Anis, et Mgr de Morlhon fut délégué pour cette sublime fonction.

La grande place du Breuil fut choisie pour être le théâtre de cette auguste cérémonie. À cet effet, une magnifique estrade de vingt mètres de face sur dix de profondeur, fut dressée avec un grand autel, surmonté d'un riche pavillon. De chaque côté de l'autel, des places furent ménagées pour la statue, les couronnes, les évêques et les principales autorités.

Dès la veille au soir, selon les prescriptions du programme, un clergé très nombreux se réunit à la Cathédrale devant l'autel de la Sainte Vierge, pour le chant solennel de l'Ave Maris Stella et des Litanies. Conformément au cérémonial, la sainte Image avait été placée sous un riche baldaquin dans le sanctuaire. Huit grosses torches brûlaient devant elle sur des chandeliers de bronze doré. A droite et à gauche, sur de riches coussins de velours brodé d'or étaient les couronnes. La sainteté du lieu pouvait seule contenir la foule des spectateurs qui se pressaient contre les grilles du choeur et contre la table de communion pour se rassasier de ce magnifique spectacle. Mais ce qui attirait surtout l'attention, après les éclatants diadèmes tout scintillants du feu. des pierreries et des diamants, c'était le brancard sur lequel était posée la statue et qui devait, le lendemain, servir à sa marche triomphale. L'oeil se perdait dans cette profusion de bijoux qui le ravissaient au premier aspect, par leur éblouissante richesse ; mais le goût exquis qui avait présidé à leur disposition, la légèreté, la grâce de ce monument de fleurs, d'or, d'émail, de perles et de diamants, faisaient admirer les pieuses et habiles mains qui l'avaient dressé, plus encore que toutes les magnificences qu'il étalait. Ce chef-d'oeuvre de grâce et de bon goût était l'ouvrage des religieuses de l'Hôtel-Dieu.

Le lendemain, dès la première aube, le gros bourdon de la Cathédrale, auquel répondaient tous les autres clochers, annonçait à la ville le jour béni qui commençait à luire. Mais il ne la réveillait pas. On avait été sur pied toute la nuit pour compléter les dispositions qui avaient occupé les jours précédents. Dès quatre heures, la Cathédrale était remplie d'une affluence qui ne cessa qu'au signal de la procession. C'était au point que, des communautés entières, des congrégations d'hommes et de femmes qui s'étaient proposé de recevoir la communion dans la Basilique, ne purent y pénétrer, pas plus qu'une foule de particuliers qui furent obligés d'aller dans d'autres églises satisfaire leur dévotion.

Cependant, comme par un coup de baguette magique, les rues de la ville s'étaient soudainement transformées en bosquets et en jardins, en fraîches et odorantes allées. Rien de plus gracieux, de plus pittoresque et de plus grandiose tout à la fois.

Depuis le rez-de-chaussée jusqu'aux dernières mansardes, et jusque sur le sommet des toits, les murs avaient disparu sous la verdure et les fleurs, ainsi que sous les oriflammes multicolores toutes couvertes de chiffres, de devises et d'inscriptions en l'honneur de Marie. A chaque pas c'étaient des effets nouveaux, des surprises ménagées avec un art infini !

La procession fut splendide, et la beauté du spectacle qu'elle présenta sur la place du Breuil dépasse véritablement toute imagination. Le temps, qui jusqu'alors avait été pluvieux et froid, devint ce jour-là d'une admirable sérénité. Un soleil pur et radieux éclairait la fête. De milliers de bannières et d'oriflammes, de guidons et de labarums, avec leur or, leur argent, leur soie, leur moire aux couleurs blanche, rouge, rose ou bleue, flottaient joyeusement au souffle de la brise. Les musiques et les chants, les tambours et les clairons, tantôt s'alternant, tantôt se confondant, étaient comme l'expression de toutes les ardeurs et de toutes les prières qui s'échappaient de cette multitude de coeurs dont se composait le cortège triomphal de Marie. Après que la procession se fut rangée avec ses spirales infinies dans l'immense place du Breuil, trop étroite ce jour-là pour contenir la foule, un roulement de tambours annonça le commencement de la messe pendant laquelle se firent entendre les harmonies des six corps de musique espacés çà et là dans les rangs de l'assistance. Après l'Evangile, le R. P. Nampon prononça un discours magnifique. Puis, la messe terminée, Mgr de Morlhon procéda au couronnement de la statue. Les évéques de Valence, de Mende et de Saint-Flour l'assistaient dans cet acte qui s'accomplit au milieu d'un calme solennel.

Et quand la sainte Vierge et le divin Enfant apparurent enfin sous les emblèmes, l'un de son éternelle royauté, l'autre de sa miséricordieuse puissance, les cloches sonnèrent soudain à toutes volées, les tambours battirent aux champs, les fanfares firent entendre leurs plus beaux airs de victoire. Tous les yeux étaient mouillés de larmes. Mais l'émotion augmenta encore quand on vit Monseigneur, la tête nue et agenouillé devant la Reine couronnée, lui faire la consécration de sa personne et de son diocèse.

La cérémonie était accomplie. Après une courte et admirable allocution de Monseigneur, la procession reprit le chemin de la Cathédrale. Chemin faisant, sur la place du Martouret, la Vierge noire reçut les hommages de la municipalité qui offrit à la statue couronnée un cierge monumental du poids de vingt-cinq livres. Après quoi les prélats, d'un commun accord et d'une commune voix, donnèrent leur bénédiction à la ville qui faisait ce triomphe à Marie.

Il était trois heures et demie lorsque la procession rentra dans l'église ; on était donc resté sur pied près de six heures. Mais personne ne se plaignait de la fatigue. Personne même n'y pensait.

Le soir clôtura dignement cette fête du couronnement de la Vierge. Jamais la ville du Puy n'avait été plus splendidement illuminée. Jamais ses rues, d'ordinaire si solitaires et si silencieuses après l'heure du couvre-feu, n'avaient été sillonnées par une foule aussi nombreuse, aussi digne d'attitude, et d'un maintien aussi recueilli et aussi décent. La nuit commençait à peine, qu'un feu d'artifice s'allumait comme par enchantement sur la plate-forme du mont Corneille. Sous un ciel d'une clémence et d'une pureté parfaites, les fusées s'élançaient triomphalement dans les airs pour retomber en pluie d'étoiles d'or, de pourpre et d'azur. Toutes les crêtes des hauteurs environnantes étaient embrasées de feux multicolores. La façade de la cathédrale était également en feu, et son vieux clocher, décoré de lanternes vénitiennes, se détachait dans la nuit comme un doigt lumineux mystérieusement levé vers le ciel. La ville, de son côté, était véritablement éclairée à jour. La lumière ruisselait de tous les balcons et de toutes les fenêtres. La plus humble mansarde, la plus pauvre demeure avait son lumignon. Dans un des quartiers les plus pauvres, un riche rentier avait eu la pieuse pensée de distribuer un nombre considérable de luminaires de tout genre, « afin, disait-il, qu'il n'y eut pas un seul habitant du Puy, si misérable fût-il, qui n'eût aussi sa part dans l'illumination ». Touchante et délicate attention inspirée par l'amour de Marie, et qu'il sied bien de rappeler ici pour l'édification des âges futurs.

Cependant les corps de musique, les choeurs de chant occupaient les postes qui leur avait été répartis, et ne contribuaient pas peu, par leurs joyeuses fanfares ou l'harmonie de leurs concerts, à entretenir et à augmenter l'entrain général. Les séminaristes s'étaient établis sur l'estrade du Breuil, et leur riche répertoire de motets et de cantiques attirait autour d'eux une foule énorme. Même empressement, malgré l'heure avancée de la nuit, autour des musiques d'Espaly, de la Chartreuse, de Monistrol et des pompiers qui s'étaient installés sur les boulevards et places publiques. La musique du Pensionnat des Frères, perchée sur la cime du mont Corneille, envoyait elle aussi à la ville de lointains échos d'harmonie interrompus par les explosions des fusées et des pièces d'artillerie.

Bref, il était plus de minuit, lorsque le besoin du repos força enfin à la retraite, et termina cette soirée, digne complément d'une sainte et immortelle journée.

 

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Prière

 

Vous avez été solennellement couronnée reine du Velay ; la royauté dix-huit fois séculaire que vous aviez exercée sur notre, pays, la sainte Eglise l'a confirmée par la couronne d'or qu'elle a déposée sur votre tète, aux acclamations du peuple Vellavien tout entier. Désormais, par un titre formel et authentique, vous êtes constituée la patronne et la souveraine de nos montagnes, et le Velay maintenant est devenu votre domaine spécial. C'est un droit de plus que nous avons acquis à votre sainte protection. Mais il est, ô Marie, une couronne bien plus précieuse à vos yeux que le riche diadème qui a été déposé au Puy sur votre front, le jour de votre joyeux couronnement : c'est cette couronne spirituelle d'Ave Maria, dont vous avez instamment réclamé l'hommage à Lourdes, lors des miraculeuses apparitions que vous y avez faites. Ah ! cette couronne mystique, nous vous l'offrirons désormais, chaque jour. Oui, tous les jours, par la pieuse récitation du chapelet, nous vous tresserons le diadème qui vous est agréable par-dessus tous les autres. Ce diadème, nous le composerons, par nos prières, de roses et de lis. Chaque Pater, dit par nous à vos pieds, sera comme un beau lys, chaque Ave Maria une belle rose que nous déposerons avec bonheur sur votre front. Puisse cet hommage vous plaire, ô Marie ! et puissions-nous, en retour, recevoir de votre main, après cette vie, la couronne de gloire réservée à tous vos fidèles serviteurs. Ainsi soit-il !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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20 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-et-unième jour

Comment la statue miraculeuse de Notre Dame du Puy fut brûlée pendant la Terreur. La nouvelle statue qui l'a remplacée

 

On était à cette phase de la grande Révolution française connue sous le nom de régime de la Terreur ! régime abominable, dont l'histoire est tout entière écrite avec du feu, des larmes et du sang !

Comme toutes les autres provinces de France, le Velay eut alors sa page lugubre et sanglante. Dans nos montagnes, non seulement beaucoup de prêtres, mais aussi de nombreux fidèles de tout âge, de tout sexe et de toute condition furent immolés en haine de la foi catholique.

Notre-Dame du Puy voulut, ce semble, s'associer en quelque sorte à la glorieuse troupe de ces martyrs dont elle est d'ailleurs la Reine : Regina martyrum ! Elle permit donc que sa statue, vénérée depuis si longtemps dans l'Eglise du Mont-Anis, fut traînée au bûcher par les mêmes bourreaux qui conduisaient à la mort les fidèles et les prêtres du Velay. Elle voulut être brûlée à la môme place où le sang des martyrs coulait presque sans interruption. Voici le récit authentique de ce crime à jamais lamentable :

Le 30 nivose, an II de la République (19 janvier 1794), la statue de Notre-Dame du Puy, après avoir été dépouillée de ses richesses par des misérables, fut arrachée du maître-autel de la Cathédrale et transférée, pour faire place à la déesse Raison, aux archives de la Cathédrale. Plus tard, les officiers municipaux prirent la détermination de la faire brûler. En conséquence, le 8 juin 1794, fête de la Pentecôte, sur les cinq ou six heures du soir, le représentant du peuple Guyardin, le maire, ses municipes et quelques membres du Directoire du département, assistés par des canonniers, des gendarmes et par un piquet de troupes de ligne, allèrent prendre la statue, la mirent sur la charrette du déboueur de la ville, un canonnier se permettant toute sorte d'horreurs contre elle. Quand on fut à l'Hôtel de Ville, des curieux, ou plus vraisemblablement des gens bien intentionnés, la firent porter dans une des salles de la mairie. Là, d'un coup de sabre, un canonnier lui ayant coupé le nez, elle fut reconnue pour être en bois de cèdre par M. Bertrand-Morel qui, pour la sauver sans doute, proposa de la porter au musée comme objet de curiosité. Malheureusement, sa proposition ne prévalut point. On traîna donc la Vierge à la place du Martouret et on la livra aux flammes avec un grand nombre de tableaux, de statues d'église et de papiers précieux, aux cris répétés de : « Vive la République ! » Quand la statue fut brûlée d'un côté, un soldat prenant une perche : « À présent que tu t'es rôtie d'un côté, dit cet impie, il faut que tu te brûles de l'autre ». Le feu ayant alors consumé les charnières d'un coffret qui se trouvait au bas de la statue, il en sortit un petit rouleau qu'on jugea être du parchemin, mais qui fut jeté au feu par les vandales.

Le même soir, le déboueur enleva les cendres de la statue, et les porta dans un champ situé sous la Roche-Arnaud, où, de peur qu'on ne les recueillit, elles furent dispersées aux quatre vents du ciel ! Crime abominable ! dont le récit fait aujourd'hui encore monter le rouge de la honte aux fronts des fidèles, et devant lequel les anges qui composent la cour de la sainte Vierge durent alors se voiler la lace en Paradis !…

Mais hâtons-nous de le dire pour l'honneur de notre ville, ce crime impie ne fut le fait que d'un petit nombre de misérables. Toute la population, si éminemment catholique de notre cité, fut véritablement consternée de ce sacrilège attentat. Du reste, les malheureux qui participèrent à ce sacrilège attentat moururent, paraît-il, d'une mort tragique ou misérable. Puissent la sainte Vierge et son divin Fils leur avoir fait miséricorde à tous !

Hélas ! la destruction à jamais déplorable de cette précieuse statue laissera à toutes les âmes religieuses, et môme aux amis de l'antiquité, un éternel regret. Mais une consolation reste à notre foi, et cette consolation paraîtra bien grande aux esprits sages et réfléchis. C'est que, si cette image était une des gloires de l'Eglise du Puy, elle n'était, ni l'unique, ni même la principale. La dévotion à Notre-Dame du Puy était attachée, en effet, au sanctuaire même du Mont-Anis, et non à cette précieuse statue, qui n'avait été apportée chez nous qu'au treizième siècle. La splendeur première et la renommée principale du pèlerinage de Notre-Dame du Puy viennent donc de cette Chambre angélique, que la tourmente révolutionnaire a heureusement respectée, et qui existait longtemps avant que la statue miraculeuse n'enrichit notre Cathédrale. Or, dans cette auguste Basilique, Marie reçoit encore, comme par le passé, et recevra toujours, espérons-le, les hommages et les supplications de son peuple bien aimé.

D'ailleurs, pour consoler notre foi et raviver notre dévotion, une reproduction a été faite, aussi exacte que possible, de la statue miraculeuse, détruite sous la Révolution, et cette copie fidèle de l'image si chère et vénérée a été placée à l'endroit même qu'occupait autrefois la statue donnée par saint Louis.

Il y a là, pour les âmes de foi, un adoucissement à leurs regrets, en même temps qu'un motif et une occasion de faire, par leur amour, amende honorable à Marie du crime commis au Puy envers elle il y a plus de cent ans.

Rapportons donc à la nouvelle statue les hommages et la vénération dont l'ancienne fut si longtemps l'objet de la part de nos aïeux ! Et rappelons-nous d'ailleurs que, quelle que, soit l'image qui nous représente les traits de la Mère de Dieu, nos prières et nos vœux n'en montent pas moins vers Marie, et que Marie ne les agrée et ne les exauce pas moins !

C'est, du reste, ce qu'on a très bien compris, non seulement au Puy et dans le Velay, mais aussi dans la France entière. Le concours des fidèles qui, depuis la Révolution, continuent d'affluer au Mont-Anis, en est la preuve. Comme au temps passé, la nouvelle statue a été portée plusieurs fois, en triomphe, dans les rues de notre ville ; notre siècle, issu de la Révolution, a revu les processions triomphales des siècles précédents. Comme autrefois, les populations sont accourues en foule sur le passage de la Vierge noire, et l'ont saluée de toute la vivacité de leur foi et de tout l'amour de leur coeur !

Énumérons rapidement ces marches triomphales dont la nouvelle statue de Marie a été de nos jours l'objet. La première fois que cette statue parcourut, processionnellement les rues de notre ville, ce fut à l'occasion du Jubilé de 1853. L'on n'estime pas à moins de 200,000, le nombre des pèlerins qui se rendirent au sanctuaire du Mont-Anis. C'est au milieu de cette magnifique escorte que la nouvelle image de Marie fit sa première apparition dans sa bonne ville du Puy, reprenant ainsi la suite interrompue des triomphes, qui, pendant cinq siècles, avaient été décernés à la statue dont elle était la copie fidèle.

Trois ans après, 8 juin 1856, eut lieu une cérémonie magnifique, qui fut, en quelque sorte, comme le sacre définitif de la nouvelle statue. Je veux parler du couronnement dont elle fut honorée, au nom du Souverain-Pontife. 60,000 pèlerins accoururent à cette fête. Trois prélats, les évêques de Valence, de Mende et de Saint-Flour, assistaient à la cérémonie.

Pour la seconde fois, la statue de la Vierge noire fut portée en triomphe dans les rues de la ville, et couronnée solennellement sur la place du Breuil par Mgr de Morlhon. Au retour de la procession, sur la place du Martouret où avait été brûlée la première Vierge noire, la nouvelle statue reçut l'hommage officiel de sa ville de prédilection. M. le Maire, assisté de ses adjoints et de son Conseil municipal, vint offrir à la sainte Vierge un cierge monumental du poids de vingt-cinq livres, portant sur une plaque de cuivre les armes de la ville avec cette inscription : Couronnement de Notre-Dame du Puy — 8 juin 1856. — Admirable et juste réparation des outrages qui avaient été faits à Marie, à] pareil jour, sur cette même place du Martouret, soixante-deux ans auparavant !

Huit ans plus tard, le Jubilé de 1864, fut, pour la statue de la Vierge noire, l'occasion d'un troisième triomphe. Plus de 100,000 pèlerins saluèrent, de leurs acclamations et de leurs vivats, l'image ressuscitée de Notre-Dame du Puy.

En 1870, une grande sécheresse désolait la contrée. Dans leur détresse, les habitants du Velay adressèrent à Mgr Le Breton, une supplique pour lui demander l'autorisation de porter processionnellement la Vierge noire. Monseigneur s'empressa d'accéder à une demande si pieuse et si légitime, et le la août, Marie fut portée en triomphe pour la quatrième fois.

On était alors au commencement de la guerre contre la Prusse. Chacun pressentait instinctivement de grands malheurs, et beaucoup de pauvres mères, qui avaient leurs enfants sous les drapeaux, suivaient, en priant et en pleurant l'image vénérée de la consolatrice des affligés.

En 1873, un grand souffle chrétien passa sur la France. De tous côtés se produisirent des pèlerinages nationaux aux principaux sanctuaires de notre Patrie. Dans ce réveil et cet élan de foi, le sanctuaire du Mont-Anis ne pouvait être oublié. C'est pourquoi, le 19 octobre, vit accourir au Puy une foule immense de pèlerins. Une magnifique procession eut lieu, dans laquelle la Vierge noire fut portée en triomphe pour la cinquième fois. Par une heureuse coïncidence, ce pèlerinage, véritablement national, s'ouvrit le jour même de la clôture du Concile provincial qui se tenait alors au Puy. Aussi tous les évêques de la Province, sous la présidence de leur illustre métropolitain Mgr de La Tour d'Auvergne, archevêque de Bourges, assistèrent-ils à la procession de notre Vierge noire, ce qui ne contribua pas peu à donner de l'éclat à cette cérémonie.

On le voit, la nouvelle statue de Notre-Dame du Puy n'est pas moins vénérable et vénérée que l'ancienne. Et rien ne manque plus maintenant à sa consécration et à sa gloire.

 

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Prière

 

Ô Marie, que nos âmes sont tristes de la perte irréparable de votre miraculeuse statue ! et combien nous déplorons le crime dont quelques malheureux, au siècle dernier, se rendirent coupables envers vous, en détruisant, par le feu, votre antique et vénérable image ! Nous vous faisons aujourd'hui, de tout notre coeur, amende honorable de ce sacrilège attentat, nous vous promettons de le réparer autant qu'il dépendra de nous, en entourant de notre vénération et de notre amour la nouvelle statue qui est la fidèle reproduction de votre ancienne image. Il reste encore d'elle, dans notre pays, un grand nombre de médailles, de gravures et d'effigies peintes ou sculptées : nous les entourerons également de notre respect, nous nous opposerons de tout notre pouvoir à leur profanation, et s'il en est qui nous appartiennent, nous leur donnerons une place d'honneur dans nos maisons. Nous saluerons aussi pieusement les vieilles statues de pierre ou de bois qui ornent encore les angles de quelques-unes de nos rues, nous rappelant que nos pères les avaient placées là afin d'être toujours sous le regard et la bénédiction de leur auguste protectrice.

Ô Marie, dès ce jour, nous vouons à toutes vos images un culte et une dévotion dont la ferveur ne se ralentira jamais ! Nous placerons votre portrait dans nos demeures à côté de celui de votre divin Fils. Nous porterons toujours aussi avec nous, outre votre scapulaire, une de vos médailles. Puissiez-vous avoir pour agréables ces honneurs et cet amour rendus à votre personne auguste.

Enfin, nous reproduirons surtout en nous l'image de vos vertus, nous nous attacherons de toutes nos forces à imiter votre pureté, votre humilité, votre obéissance, votre patience et votre charité ! Ô Marie, bénissez-nous ! Protégez-nous pendant tout le cours de cette misérable vie, et quand viendra l'heure de notre mort, faites-nous la grâce d'aller vous voir éternellement avec les anges en Paradis. Amen.

 

Salve Regina !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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19 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingtième jour

Des processions où l'on portait en triomphe la statue miraculeuse de la Vierge noire

 

À peine le pieux roi saint Louis eut-il déposé la statue de Marie sur l'autel de la Cathédrale du Puy, que la renommée de cette précieuse relique se répandit au loin. L'inauguration de cette célèbre statue fut fixée au 3 mai 1255, jour où l'Eglise célèbre la fête de l'Invention de la sainte Croix. En action de grâces de l'heureux retour du monarque, on décida que la Vierge noire serait portée, pour la première fois, en triomphe dans une procession solennelle. Or, il s'assembla à cette occasion une telle multitude de peuple, que par suite de l'encombrement qui se produisit, il y eut jusqu'à quatorze cents pèlerins étouffés dans la foule devant la porte des Farges !...

Depuis cette catastrophe, la statue de Marie ne fut portée, dans les rues, qu'à de rares intervalles et dans des occasions extraordinaires. Mais toujours sa sortie du temple attira un grand concours de pèlerins.

Plus d'un siècle s'était écoulé sans qu'on l'eût produite hors de son sanctuaire. Mais, en 1374, au milieu d'une disette affreuse, qui menaçait de s'étendre à l'année suivante, on eût recours, pour la seconde fois, à cette pratique de dévotion, et l'historien Odo de Gissey nous apprend que le temps changea presque aussitôt, et que les craintes ne tardèrent pas à se dissiper.

En 1404, la statue de la Vierge noire fut portée pour la troisième fois en procession. Les temps étaient bien durs à celte époque. On avait d'abord beaucoup à souffrir de l'intempérie des saisons. Puis l'Eglise était désolée par le grand schisme d'Occident. Enfin, la triste démence du roi Charles VI, les intrigues du duc d'Orléans, son frère, et de ses deux oncles les ducs de Berry et d'Anjou, ainsi que les coupables manoeuvres de la reine Isabeau de Bavière, réduisaient la France à la plus lamentable situation. Emu de tant de maux, l'évêque Elie de Lestrange ordonna de faire, avec la sainte Image, une procession qui détourna du Velay une partie des fléaux qui le menaçaient, et obtint à cette contrée privilégiée d'avoir, moins que toute autre, à souffrir des guerres sanglantes qui désolèrent alors la France.

La quatrième procession eut lieu en 1421. La France alors semblait toucher à sa ruine. La guerre civile s'était jointe à la guerre étrangère.

L'Anglais, soutenu par la faction des Bourguignons, avait envahi nos plus belles provinces. On appela en aide Notre-Dame du Puy. Le dimanche 14 septembre, la statue de la Vierge noire fut portée de nouveau en procession. Arrivée à la porte Saint-Robert, elle fut placée « regardant vers France » disent naïvement les chroniques, « et tout le dévot populaire plorait là à chaudes larmes devant ce dévot image, demandant affectueusement à la Vierge Marie qu'elle impétrât paix et concorde au royaume de France ». Tant de prières et de supplications obtinrent, enfin, leur effet. Jeanne d'Arc, envoyée du ciel, abattit l'orgueil de l'Angleterre ; par son aide, Charles VII fut sacré roi à Reims, et il ne resta bientôt plus aux Anglais, sur le continent, que la ville de Calais. Convaincu par l'exemple de son père, du pouvoir de Notre-Dame du Puy, Louis XI, dès les premiers temps de son règne, ordonna, le 10 juillet 1468, de faire, pour la cinquième fois, dans les rues de notre ville, une procession solennelle de la Vierge noire, afin d'obtenir le rétablissement de la concorde dans la famille royale. Ce que Marie se plut à accorder bientôt après.

Un an plus tard, 11 juillet 1469, sur les instances du même roi Louis XI, eut lieu au Puy une sixième procession de la sainte Vierge, à l'effet d'obtenir d'elle un héritier pour le roi de France qui s'affligeait depuis longtemps de n'en pas avoir. Cette procession eut lieu le jour de la Dédicace de la Cathédrale, avec une pompe extraordinaire. La procession obtint son effet. Douze mois après, 30 juin 1470, Charlotte de Savoie, reine de France, mit au monde un bel enfant qui fut plus tard Charles VIII.

L'an 1480, la statue de la Vierge noire fut portée pour la septième fois en procession, à l'occasion de la peste qui faisait alors de grands ravages dans le Velay et dans l'Auvergne. Quelque grand et redoutable que fut le fléau qui sévissait, il ne put arrêter la dévotion des fidèles, qui accompagnèrent en foule l'image de Marie ; et, grâce aux prières qui furent faites, par la protection de la toute puissante Mère de Dieu, le fléau disparut.

Vingt-trois ans après 1503, la peste fit de nouveaux ravages dans le Velay. La ville du Puy surtout avait été frappée. La plupart des citoyens et des magistrats étaient morts ou s'étaient enfuis. Le consul Jean Ayraud, aidé de quelques prêtres, réunit le peu d'habitants qui restaient. Ils allèrent ensemble chercher, dans son sanctuaire, la statue miraculeuse de Marie, la portèrent en procession pour la huitième fois, et Marie, en passant dans les rues de la ville, en chassa si bien la peste, que la cité tout entière fut instantanément délivrée de cette contagieuse infection.

Le 11 juillet 1512, une neuvième procession eut lieu à l'occasion des malheurs des temps. L'historien Médicis, qui y assistait, dit simplement dans ses chroniques : « Cette procession fut bien dévote ! Dieu l'ait prise en gré, et nous donne la grâce d'être toujours ses bons zélateurs ! »

Sept mois après, 2 février 1513, les temps se faisant de plus en plus mauvais et menaçant encore de devenir pires, on eut recours à une dixième procession de la Vierge noire. On invita, particulièrement à cette fête, les seigneurs de Montlaur, d'Apchier et de Polignac, ainsi que le baron de Saint-Vidal, et les sieurs de Lardeyrol et de Loudes, dont les ancêtres, en pareil cas, s'étaient toujours honorés de servir d'escorte à Notre-Dame. La procession fut « très belle, noble, sainte et dévote », disent les chroniques Aussi, par la grâce de Dieu et l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, il ne tarda pas à faire temps doux et tranquille.

La statue de Marie fut promenée pour la onzième fois, dans les rues de la ville, durant la captivité de François Ier, 1525. A cette époque, il n'était pas, dans le Velay, de quenouille qui ne filât pour la rançon du roi. Il n'était, de même, pas une âme qui ne priât pour sa délivrance, qui eût lieu bientôt après.

En 1575, le Velay était en proie au double fléau de la peste et de la guerre civile. L'évêque, Antoine de Senectère, espéra qu'une procession solennelle fléchirait le ciel. On porta donc en triomphe, pour la douzième fois, la statue miraculeuse de Marie. Deux chanoines portaient la Vierge. Les six consuls de la ville portaient le drap d'or qui surmontait le brancard, à leur côté se tenaient six hommes en chemise, la tête et les pieds nus, portant chacun une haute torche aux armes de la ville. Touchant spectacle, qui montre bien la foi et la piété de nos pères, et l'ardente confiance qu'ils avaient en la sainte Vierge.

En 1629, la peste se déclara de nouveau au Puy. Elle y fit de nombreuses victimes, surtout dans les mois de juillet et d'août, où il mourut plus de dix mille personnes. Mais le fléau ayant disparu au commencement de 1630, on célébra cette délivrance par une nouvelle procession, où l'on porta, pour la treizième fois en triomphe, la statue miraculeuse de la Vierge. Un grand et magnifique tableau que l'on voit encore appendu à l'un des murs latéraux de la Basilique, rappelle cette procession, et en montre toute l'ordonnance. On y lit au bas, en vers latins, l'inscription suivante, que nous traduisons : « O Vierge, recevez ce tableau, qui vous est consacré. Souvenez-vous du pays d'Anis. Éloignez de lui les fléaux et venez-lui toujours en aide dans ses malheurs. Ainsi soit-il ! »

Le Chapitre avait député seize de ses membres, pour porter successivement le brancard de la Vierge au-dessus duquel les six consuls soutenaient un dais de damas rouge, semé de fleurs de lys. Derrière la Vierge, marchait le doyen du Chapitre qui remplaçait l'Evêque alors absent, et qui donna la bénédiction en touchant pieusement la statue de sa main, qu'il étendit ensuite sur la foule agenouillée à ses pieds.

Dans les premières années du siècle suivant, la France fut cruellement éprouvée. Le trop célèbre hiver de 1709 vint ajouter ses horreurs aux maux de la longue guerre qu'amena la succession d'Espagne. Presque toutes les semences périrent sous les glaces. Il fallut généralement en confier de nouvelles à la terre. On s'effrayait, à bon droit, de l'avenir. Pour rassurer les esprits et attirer les bénédictions du Ciel, l'évêque du Puy, Claude de la Roche-Aymon, ordonna une procession générale, où la statue de la Vierge noire fut portée en triomphe pour la quatorzième fois.

Enfin, le 2 mai 1723, après que la grande peste qui désola Marseille et qui fit trembler tout le midi de la France, eut étendu ses ravages jusqu'aux portes de la ville du Puy, qu'elle respecta complètement, Mgr de Conflans, pour rendre grâce à Marie d'une protection si sensible, fit porter une quinzième fois, en procession, la statue miraculeuse de la sainte Vierge.

Ce fut là le dernier triomphe de notre Vierge noire. Depuis cette époque, la statue, donnée au Puy par saint Louis, ne sortit plus de la Basilique, que pour être brûlée ignominieusement sur la place publique du Martouret, le 8 juin 1794.

 

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Prière

 

Ô Marie, en jetant un si vif éclat sur la statue dont saint Louis enrichit votre sanctuaire du Mont-Anis, vous n'avez pas eu seulement pour but de glorifier cette antique et vénérable image, mais vous vous êtes proposé surtout de répandre parmi les fidèles une pieuse confiance et une tendre dévotion envers votre divin Fils et envers vous-même. Nous venons de voir, ô Marie, comment vous aimaient nos aïeux. Et bien, nous voulons, nous aussi, vous aimer dorénavant comme eux. Prenez donc notre coeur, nous vous le donnons ! Gardez-le ! Qu'il soit désormais à vous et que votre amour et celui de votre divin Fils y dominent et y règlent toutes les autres affections !

Jésus, Marie ! Vos deux noms, dès ce jour, resteront inséparablement unis dans notre âme. Votre nom, ô Jésus, y viendra en première ligne, et celui de votre Mère immédiatement après. Ces deux noms se feront mutuellement écho dans notre coeur ! Ils s'expliqueront et se compléteront l'un l'autre, Jésus nous faisant aimer Marie, et Marie nous faisant aimer Jésus !

O Jésus, ô Marie, conformément aux règles de la véritable affection, nous vous promettons désormais de penser plus souvent à vous qui ne nous oubliez jamais ! Oui, nous penserons à vos vertus et à vos exemples pour les imiter ; nous vous demanderons souvent : que feraient, que penseraient, que diraient en telle et telle circonstance Jésus et Marie ? et nous nous appliquerons ensuite à agir, à penser, à parler comme vous.

Jésus, Marie, accordez-nous la grâce de rester dorénavant parfaitement unis avec vous, non seulement de coeur et d'esprit, mais aussi de volonté. Partout et toujours, quoi qu'il arrive, dans les événements heureux ou malheureux, dans toutes nos actions et dans toutes nos démarches, faites que nous n'ayons plus d'autre volonté que la vôtre ! Que votre bon plaisir soit le trait-d'union qui nous relie et nous enchaîne constamment à vous ! Mais, en retour de de cette exacte conformité à votre sainte volonté, puissions-nous, ô Jésus, ô Marie, goûter sur cette terre les délices de la paix intérieure, et mériter enfin d'aller consommer un jour dans le ciel notre union commencée ici-bas avec vous ! Ainsi soit-il !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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18 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Dix-neuvième jour

Histoire admirable de la statue miraculeuse de Notre Dame du Puy

 

Nous voici arrivés à un récit merveilleux où la légende est tellement mêlée à l'histoire, qu'il est extrêmement difficile de discerner bien exactement où finit l'une et où commence l'autre.

Un fait cependant nous paraît absolument certain : c'est qu'il y eut d'abord, au Puy, une statue primitive de Marie, antérieure de plusieurs siècles à la statue de la Vierge noire qui fut brûlée sous la Révolution. Nous en trouvons la preuve dans ce fait qu'en l'année 864, Raymond Ier, comte de Toulouse, fonda, à perpétuité, l'entretien d'une lampe devant l'image de Notre Dame du Puy. D'où provenait celle première statue ? Quelle main l'avait offerte ? Quelle en était l'origine ? L'histoire est muette sur ce point, et l'on en est réduit à de simples conjectures. Peut être cette image primitive de Marie fut-elle donnée au sanctuaire de Notre Dame par Dagobert Ier, Clovis II ou Charlemagne, trois monarques à qui certains historiens attribuent faussement la donation, à l'Eglise du Puy, de la statue miraculeuse connue sous le nom de Vierge noire. Peut-être aussi cette première statue, vénérée au Puy, est-elle celle que Saint Georges plaça à Ruessium dans le premier temple qu'il dédia à la sainte Vierge et que Saint Vosy dût apporter avec lui, lors du transfert du siège de l'évéché du Velay, de Saint Paulien à Anicium. Quoiqu'il en soit de ces diverses conjectures, il est bien établi que, jusqu'au milieu du treizième siècle, le sceau du Chapitre de Notre Dame portait en effigie l'image d'une statue primitive, toute différente de celle de la Vierge noire.

Au treizième siècle (1254), cette première statue fut remplacée par une seconde, devenue, depuis lors, extrêmement célèbre sous le nom de statue miraculeuse de la Vierge noire. D'où provenait cette deuxième statue ? Certains auteurs en attribuent le don à Louis VII dit le jeune, d'autres à Philippe-Auguste. Mais c'est à tort ! il est certain, en effet, que ce fut saint Louis qui l'apporta au Puy, lors de son retour d'Egypte, en 1254. Voici, d'ailleurs, ce que la légende et l'histoire nous apprennent à ce sujet :

Le prophète Jérémie, s'étant réfugié en Egypte, annonça aux idolâtres de ce pays qu'un jour viendrait où leurs idoles seraient renversées par le fils d'une mère Vierge. Et pour mieux perpétuer le souvenir de cette prédiction, il sculpta, dit-on, en bois de cèdre, l'image future de Jésus et de Marie, que les prêtres du pays placèrent dans le plus beau de leurs temples, où ils lui rendirent un culte particulier.

Cette mystérieuse statue sculptée par Jérémie, représentait l'Enfant-Dieu assis sur les genoux de la sainte Vierge. Au dire de graves historiens arabes, celte statue était en vénération dans les trois Arabies. Du temps de Mahomet on l'y vénérait encore. Ce faux prophète la fit enlever, et au treizième siècle, elle faisait partie du trésor du Soudan d'Egypte. Or, on sait qu'à cette époque, le roi saint Louis s'en alla en Egypte combattre pour la foi de Jésus-Christ (1251). Après avoir pris Damiette, il voulut s'emparer également du Caire. Malheureusement les eaux du Nil enveloppèrent ses troupes au moment le plus imprévu, et il fut fait prisonnier, avec ses deux frères, et tous les autres chefs de son armée. Conduit au Caire, il y demeura quelques mois. Pendant ce temps, il sut inspirer tant d'admiration à son vainqueur, que lorsque sa rançon fut réglée, celui-ci le pria de choisir dans son trésor l'objet qui lui serait le plus agréable, afin qu'il l'emportât en souvenir en lui. Saint Louis fixa son choix sur une statue en bois de cèdre, peinte et arrangée à la façon des momies d'Egypte ; et, bien que le Soudan attachât un grand prix à cette image, tant à cause de la vénération dont elle avait été autrefois entourée, que parce qu'elle avait été sculptée, disait-il, par le prophète Jérémie ; il consentit néanmoins, pour prouver son estime au roi de France, à s'en dessaisir en sa faveur.

« Prince ! Lui dit saint Louis en le remerciant, je vous donne ma parole de roi qu'en arrivant dans mon royaume, je placerai cette précieuse statue en un lieu où perpétuellement on la révérera ». En effet, dès son retour en France (1254), le saint roi se rendit au Puy, et fit hommage à Notre Dame de ladite Vierge noire.

Cette statue était en bois de cèdre, avons-nous dit, sa hauteur était de deux pieds trois pouces. Elle représentait la sainte Vierge, assise sur une espèce de tabouret, et tenant sur ses genoux l'Enfant-Jésus dans la posture d'un petit enfant qui cherche à s'asseoir sur le giron de sa mère. Cette double image était environnée, dans toutes ses parties, de bandelettes fortement serrées à la manière des momies d'Egypte. Ces voiles entouraient même les visages, les pieds et les mains, de telle sorte que les pieds ne laissaient apercevoir aucun vestige des doigts, qui se trouvaient, au contraire, très fortement caractérisés dans les mains, singulièrement remarquables par leur étendue et leur roideur. C'est sur cette enveloppe qu'on avait jeté une couche de blanc sur laquelle on avait peint, à la détrempe, non pas à la manière de nos Indiennes, mais avec des couleurs épaisses et solides, différents genres d'ornements. La draperie était grossièrement sculptée et sans plis ; l'habillement, sculpté lui aussi, se composait d'une robe jetée sur une tunique intérieure dont l'extrémité était ornée d'une broderie ; cette robe formait, sur la poitrine entièrement plate, une pointe encadrée dans une bordure rehaussée d'Arabesques et qui descendait des épaules jusqu'aux pieds. Les manches, peintes en rouges, ne dépassaient pas le coude, ou elles se terminaient en manchettes évasées sur l'une desquelles on distinguait des caractères mystérieux demeurés jusqu'ici inconnus. Le corsage jusqu'à la ceinture était peint d'un fond vert tirant sur le bleu, parsemé de petits ornements d'un blanc jaunâtre. Une large bande, en forme de galon, de couleur également jaune, courait du sein jusqu'aux pieds et tournai t encore autour de la robe comme une frange. Sur la tête, enserrée étroitement par des bandelettes qui ont toujours empêché de la contempler à découvert, était placée une couronne, travaillée à jour,dont la forme étrange se rapprochait assez de celle d'un casque, et dont deux portions mobiles se prolongeaient comme des espèces d'oreillettes et tombaient presque jusqu'aux épaules. Ce diadème, de cuivre doré, portait enchâssé dans ses contours, plusieurs camées antiques extrêmement curieux et dont quelques-uns ont excité l'admiration des connaisseurs. Les sujets qu'ils représentaient avaient trait à des scènes du paganisme. Ils étaient sans doute un sacrifice de l'erreur offert à la mère de l'éternelle vérité. La forme du visage présentait un ovale extrêmement allongé, où les règles du dessin n'avaient été nullement suivies. La face, dit Gissey, était longuette. Il aurait dû, reprend Faujas, qui l'avait considérée à loisir et de très près, il aurait dû plutôt l'appeler longissime. Le nez surtout était d'une longueur démesurée. La bouche, au contraire, était petite, le menton raccourci et rond, la partie osseuse supérieure de l'oeil fort saillant, et l'oeil, malgré cela, très petit.

Il y avait, néanmoins, dans cette image sacrée un heureux mélange de singularité et de noblesse, qui inspirait tout à la fois le respect et la confiance. Le visage de la sainte Vierge était d'un noir foncé, qui jouait le poli de l'ébène, aussi bien que celui de l'Enfant-Jésus, dont, par un contraste bizarre, les mains étaient blanches ainsi que celles de sa Mère. Le divin Enfant portait une robe faite en forme de tunique, dont la couleur était d'un rouge très foncé et que décoraient çà et là de petites croix grecques et argentées. Une ceinture dorée qui la rattachait, laissait retomber sur le devant ses deux extrémités, qui rendaient assez bien l'effet d'une riche dentelle.

Cette double image, peinte et sculptée comme nous venons de le décrire, était habituellement couverte de riches étoffes, comme à Rocamadour et à Lorette, en sorte que l'on n'apercevait que les deux têtes de Jésus et de Marie et l'extrémité de leurs pieds.

Telle était la statue mystérieuse qui, pendant cinq cent trente-neuf ans, attira de toutes les parties de l'Europe, tant de pèlerins au Mont Anis.

Pendant plus de cinq siècles, cette statue fut la sauvegarde et la richesse du Velay. Cette raison seule aurait dû, ce semble, la protéger contre toute profanation. Mais, hélas ! Jusqu'où ne va pas le vandalisme de l'impiété déchaînée. Arrachée de l'autel pour être jetée dans la charrette aux immondices, on vit un jour de 1794, une populace, stupide et forcenée, se ruer avec une joie de cannibales autour du bûcher qui consumait un objet si vénéré, et applaudir à la destruction de cette relique sacrée de la science et de la foi !… Mais n'anticipons pas sur les événements. Avant de raconter la haine idiote et brutale dont fut l'objet à la fin du siècle dernier, la statue miraculeuse de Notre-Dame du Puy, il nous faut énumérer les grands témoignages d'amour et de vénération qui lui furent rendus par nos aïeux pendant plus de cinq siècles. Ce sera le sujet du chapitre suivant.

 

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Prière

 

O Marie, lorsque autrefois, dans votre sanctuaire du Mont Anis, les pèlerins vénéraient votre ancienne statue de bois de cèdre, ils ne pouvaient, disent nos chroniques, détacher leurs regards de votre image miraculeuse, et leurs yeux ne se lassaient point de vous contempler. Ah ! C'est que pour eux, la mystérieuse parole que la sainte Ecriture applique à l'épouse des cantiques : « Nigra sum, sed formosa. Je suis noire, mais belle ». Cette parole s'appliquait parfaitement à vous. Oui, vous étiez noire par le bois de cèdre dont était faite votre statue, mais vous étiez belle aussi par les souvenirs que vous rappeliez : vous étiez, en effet, la statue prophétique dont Jérémie s'était servi pour répandre à l'avance, parmi les tribus égyptiennes, la connaissance du grand mystère de l'Incarnation. Grâce à cette image sculptée, de pauvres idolâtres vous avaient connue et vénérée six siècles avant votre naissance, et ils avaient salué en vous la glorieuse Vierge qui devait enfanter le divin Rédempteur. La vue de votre image rappelait tout cela à vos pieux pèlerins ; elle leur rappelait aussi le souvenir du plus saint de nos rois, et vous étiez tout à la fois un monument religieux et national. Mais ce qui faisait surtout votre beauté aux yeux des foules qui venaient s'agenouiller à vos pieds, c'est que vous étiez l'instrument dont Dieu se servait pour répandre à profusion la grâce et le miracle. O Notre Dame du Puy, qui dira toutes les guérisons et toutes les conversions que Dieu s'est plu à opérer par vous, dans le sanctuaire du Mont-Anis ! Hélas ! Votre statue miraculeuse a été anéantie dans un jour de crime et d'abomination... mais, ô Marie, votre bras est toujours aussi puissant que par le passé. Vous pouvez, si vous le voulez, renouveler dans notre pays les merveilles d'autrefois. Nous vous en prions, ô Notre Dame ! rendez-nous vos antiques faveurs ! Et, pour commencer, convertissez nos âmes pécheresses, détachez-les du mal, ouvrez nos yeux à la lumière de la vérité, donnez-nous une foi vive et ardente, faites pénétrer dans nos coeurs la douceur de votre amour, rendez-nous enfin, ô Marie, dignes de vos bienfaits !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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17 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Dix-huitième jour

Notre Dame du Puy et l'Ordre de Saint-François d'Assise

 

L'Ordre de Saint-François a joué un rôle si considérable dans notre pèlerinage, que ce n'est pas trop d'un chapitre à part, pour raconter les rapports étroits des Franciscains avec Notre Dame du Puy.

Ce fut du vivant même de saint François, sous l'évêque du Puy, Etienne de Chalencon, que les Franciscains s'établirent au Puy (1223). Saint François, qui aimait tant la sainte Vierge, ne pouvait manquer d'établir, dans notre ville, quelques-uns de ses enfants. Leur couvent était situé avenue de Vals, derrière le musée actuel. Ce monastère prit dès son début un rapide essor. L'illustre thaumaturge, saint Antoine de Padoue, mort en 1231, y fut deux ans gardien, et y enseigna la théologie. Au XVIIIe siècle on montrait encore sa cellule.

A peine installés au Puy, les Franciscains y établirent un centre florissant d'apostolat. Du treizième au quinzième siècle surtout, leur monastère fut la vivante incarnation des idées religieuses dont notre ville était alors l'un des principaux foyers.

Les Franciscains avaient un intérêt de premier ordre à répandre au loin la renommée et la popularité de notre pèlerinage. Le Grand Pardon ou Jubilé de notre Eglise angélique associait, en effet, les deux dates les plus chères au coeur des enfants de saint François : Le Vendredi-Saint et l'Annonciation de la sainte Vierge, c'est-à-dire le commencement et la fin de la rédemption du monde. La passion dont saint François avait porté visiblement sur son corps les glorieux et douloureux stigmates, et qui lui avait fait préposer ses enfants à la garde périlleuse des Lieux saints, la Passion, on le sait, était la fête franciscaine par excellence ; d'autre part, la solennité de l'Annonciation était aussi en grand honneur dans l'ordre Franciscain. Aussi les Franciscains, si nombreux, si actifs, si bienvenus des foules, adoptèrent-ils notre pèlerinage comme une oeuvre tout à fait en rapport avec l'esprit de leur institut, et se complurent-ils à répandre, en tous lieux, la renommée de notre sanctuaire et la date de ses grands et salutaires Jubilés.

Sous Charles VII, notamment, lors de l'invasion anglaise, les Franciscains contribuèrent beaucoup à faire de Notre-Dame du Puy un sanctuaire national. On sait qu'au commencement du quinzième siècle, le Puy et le Velay prirent tout à coup une importance hors ligne dans la lutte de nos Pères contre l'invasion anglaise. A partir de 1417, on vit notre province devenir le centre d'une ligne défensive, le point de ralliement et la base d'opération principale de la défense de l'intégrité nationale. Le Velay étant, en effet, la clef des défilés du Languedoc, se trouvait être par là-même la clef de ce qui restait de possessions au pauvre petit roi de Bourges. Les Franciscains, à cette occasion, se firent les chevaliers errants de la patrie malheureuse.

De 1407 à 1430, les preuves abondent de cette propagande franciscaine au nord, comme au midi et au centre de la France, et tout démontre que le sanctuaire de Notre Dame du Puy était le foyer d'où rayonnaient sur la France ces missionnaires de l'indépendance et de la nationalité françaises. Chez ces âmes religieuses et patriotiques, le pèlerinage de la Vierge d'Anis devint l'un des meilleurs instruments de la rédemption nationale. Et quand sonna le Jubilé de 1418, quand se produisit la rencontre mystérieuse des deux grandes fêtes franciscaines : la Passion et l'Annonciation, les enfants de saint François, répandus dans toute la France, montrèrent aux foules notre Vierge noire comme la Notre Dame des Victoires de la patrie en danger, et convièrent partout les populations au Grand Pardon de Notre Dame du Puy, en annonçant que son patronage porterait bonheur aux pauvres lys si tristement courbés et agités par la tempête. Aussi, grâce aux Franciscains, aucune cité de France, aucune province, aucun village même n'ignorait la gloire de Notre Dame du Puy et la date de ses célèbres Jubilés. Cette dévotion de l'ordre de Saint François pour Notre Dame du Puy engagea sans doute sainte Colette à venir fonder dans cette ville un couvent de Clarisses.

L'illustre franciscaine, usant de l'ascendant souverain qu'elle exerçait sur dame Claude de Rousillon, veuve du vicomte Armand de Polignac, pria cette châtelaine de vouloir bien lui choisir un emplacement au Puy, aux pieds du célèbre sanctuaire de Notre Dame. En conséquence, la vicomtesse acheta, dans un coin de la cité, près des fortifications, un groupe de jardins et de maisons où fut bâti, après bien des obstacles et des difficultés, l'humble couvent actuel des pauvres Clarisses (1432).

Quelques années plus tard (1451), le frère Basile, franciscain de l'observance, étant venu prêcher au Puy, y obtint de tels succès de conversion que l'on vit les femmes de la ville venir déposer entre ses mains tous les vains ornements de leurs parures mondaines, et les hommes lui remettre tous les mauvais livres, les dés et les jeux de cartes qu'ils possédaient ; en sorte, dit la chronique, que le missionnaire franciscain en avait amassé la charge de plusieurs mulets. A un jour donné, il convoqua tout le peuple sur la place du Breuil, et là, en face du sanctuaire de Notre Dame, il livra impitoyablement aux flammes d'un immense bûcher, tous ces objets de luxe et de perversion.

En 1609, les Franciscains de la nombreuse et austère réforme des Capucins, vinrent à leur tour s'établir au Puy, sous l'égide de Notre Dame du Mont Anis. Parmi ces dignes fils de saint François, le B. P. Théodose de Bergame se distingua entre tous par sa dévotion pour la sainte Vierge. Contre l'usage des autres prédicateurs, il prêchait tous les samedis en son honneur, afin de propager la gloire de cette grande Reine du ciel et de la terre. Il s'efforçait d'établir partout la dévotion du saint Rosaire, que, de concert avec les Dominicains, il rendit familier à tous les habitants du Velay. Son amour et son dévouement pour Notre Dame du Puy l'engagèrent dans de laborieuses recherches sur les anciennes dévotions et les miracles éclatants relatifs à ce saint pèlerinage. Il en composa même un ouvrage, introuvable aujourd'hui, mais dont le texte a servi de base à l'ouvrage du père jésuite Odo de Gissey, qui n'a fait qu'augmenter et perfectionner le travail de son vénérable devancier.

Hélas ! Du couvent des Franciscains et des Capucins, il ne reste plus rien aujourd'hui. La Révolution a tout détruit ! seul, le couvent de Sainte Claire, fondé par sainte Colette, existe encore et continue nuit et jour de monter silencieusement sa garde d'honneur aux pieds du sanctuaire de Notre Dame du Puy.

 

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Prière

 

Ô Marie, nous venons de voir quels magnifiques hommages l'Ordre de Saint François vous a rendus dans le Velay. Hélas ! Qui nous rendra ces âges de foi, où les ordres religieux prospéraient librement dans notre patrie, pour la plus grande gloire de Dieu et de sa sainte Mère, pour le plus grand bien aussi de la société civile et religieuse ! En ce temps-là, il y avait des asiles pour tous les coeurs épris de la beauté et de la sagesse éternelles. Les cloîtres étaient ouverts à toutes les âmes avides de solitude, de silence et d'amour de Dieu. On pouvait se choisir une famille entre toutes les nombreuses familles monastiques pour y servir le Père céleste dans la prière et le travail. Et même, lorsque quelqu'un ne pouvait aller au cloître, le cloître venait à lui par le Tiers-Ordre. En ce temps-là, l'empire de la peur ne dominait pas les consciences comme aujourd'hui ; on ne craignait pas de se montrer chrétien ; on n'avait pas fait, du mot bien innocent de clérical et de congréganiste, un ridicule épouvantail qui arrête les meilleurs. On se faisait gloire d'appartenir à l’Église et aux associations religieuses. On eût cru n'être pas complètement chrétien, si on n'eût appartenu au Tiers-Ordre Franciscain. Tout en restant dans le monde, on portait les armes de cette belle chevalerie, on combattait sous sa bannière, le bon combat de la vie, et l'on mourait heureux, ceint de la corde et revêtu du pauvre habit de bure de Saint François. Le monde chrétien était ainsi une immense confrérie, dont l'amour de Dieu unissait tous les membres.

Hélas ! Que les temps sont changés !... Les cloîtres sont aujourd'hui fermés, les religieux dispersés, et les âmes nombreuses que Dieu appelle, chaque jour, à la vie monastique, sont condamnées à errer dans le monde, souffrantes, découragées et sans vocation ! Triste nécessité que celle-là ! mais il est un remède à ce mal. Si les couvents des grands ordres sont fermés, le Tiers-Ordre est ouvert à tous! et le Souverain Pontife Léon XIII a déjà, à deux reprises, exhorté vivement les âmes à s'enrôler dans la grande association franciscaine. Ô Marie, qui êtes la glorieuse patronne du Tiers-Ordre de Saint-François, attirez à vous les âmes qui se perdent, et par le Tiers-Ordre Franciscain, suivant le désir de son séraphique fondateur, faites-les toutes aller en Paradis. Ainsi soit-il !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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16 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

St Jeanne d'Arc

 

Dix-septième jour

Comment Jeanne d'Arc, sur le point de délivrer la France, envoya sa mère au Jubilé du Puy pour recommander à notre Vierge noire le succès de sa mission.

 

Nous voici arrivés au point le plus glorieux et le plus émouvant des annales de Notre Dame du Puy. Nous avons dit hier, comment sous Charles VII, les Anglais se trouvaient maîtres de la moitié du sol sacré de notre patrie. L'heure de la délivrance de la France vint enfin sonner avec le Jubilé de 1429. Ce Jubilé fut un événement considérable et heureux entre tous. Il se lie d'une manière intime avec la mission de Jeanne d'Arc. Nous allons essayer de le démontrer, non sans émotion patriotique et sans légitime fierté.

C'était la troisième fois, depuis le commencement du quinzième siècle, que survenait cette conjonction mystérieuse et bénie du Vendredi Saint et de l'Annonciation de la très Sainte Vierge. Les peuples d'alors avaient un vague pressentiment que quelque chose de grand allait se passer à cette occasion. De fait, le salut de la France était proche, et le Ciel allait intervenir pour chasser les Anglais de notre chère et malheureuse patrie.

Le 6 mars 1429, dimanche de Laetare, Jeanne d'Arc, obéissant aux voix d'en haut, arrive à Chinon pour trouver le roi, et lui faire part de la mission dont elle est chargée par Dieu, auprès de lui. Cette mission est étrange chez une jeune fille : Avec ses mains qui n'ont jamais manié que la quenouille de fileuse et la houlette de bergère, Jeanne ne prétend rien moins qu'à remettre, au front du roi de France, la couronne de Clovis et de Charlemagne, si douloureusement humiliée et tombée dans les sanglants désastres de Verneuil, d'Azincourt, de Poitiers et de Crécy. Mais ce que voulait Jeanne, Dieu le voulait aussi, et dès lors il n'y avait plus d'impossibilité.

Admise, quatre jours après son arrivée, à l'audience royale, Jeanne va droit au roi, qui se cachait derrière ses familliers, et lui dit : « Gentil Dauphin, j'ai nom Jehanne la Pucelle, et vous mande le Roi des cieux par moi, que vous serez sacré et couronné dans la ville de Reims ». Elle ajouta ensuite ces paroles dont le Ciel seul pouvait lui avoir inspiré l'admirable à-propos : « Je vous dis aussi de la part de Messire Dieu, que vous êtes vrai héritier de France et fils de roi ».

Cette révélation fut un trait de lumière pour Charles VII. Quelque temps auparavant, il avait eu, en effet, dans son oratoire, une pensée pleine de trouble et d'angoisse : Un doute mortel était venu tout à coup étreindre son âme. Se souvenant de l'infamie de sa mère, il se demandait s'il était bien le fils de Charles VI, le légitime héritier du trône de saint Louis. Jeanne venait de mettre fin à ce doute cruel. Dieu seul pouvait avoir donné à cette jeune fille le don de lire ainsi dans les plus secrètes pensées du roi. À dater de ce moment, Charles VII crut à la mission de Jeanne d'Arc, et s'abandonna à ses surnaturelles inspirations.

Mais avant de s'élancer sur les champs de bataille, et de courir sus aux Anglais, Jeanne voulut mettre son entreprise sous la protection de Notre Dame du Puy. On était au mois de mars, le grand Jubilé qui avait été annoncé par toute la France allait s'ouvrir le 25 du même mois. Or, Jeanne avait marqué d'avance ce célèbre Jubilé comme devant être le point de départ de la rédemption française. Dans l'idée de l'héroïne, c'était au moment où la prière de la France entière retentirait sous les voûtes du sanctuaire du Mont Anis, que la sainte Vierge manifesterait son intervention miraculeuse en faveur de notre patrie. Telle était, à cet égard, la conviction de Jeanne d'Arc, qu'avant de brandir son épée, ne pouvant venir elle-même en pèlerinage au Puy, retenue qu'elle était par les docteurs de Poitiers, qui lui faisaient subir un examen d'orthodoxie, elle se fit représenter à notre Jubilé par sa mère, et par plusieurs chevaliers qui lui avaient servi d'escorte dans son voyage de Vaucouleurs à Chinon. Nous avons de ce fait un témoignage absolument authentique et digne de foi, celui du Franciscain, frère Jean Pacquerel, l'aumônier et le confesseur de Jeanne d'Arc. D'après la déclaration de ce religieux faite sous la foi du serment, au cours du procès de réhabilitation de la Pucelle, il résulte que le frère Jean Pacquerel eut, pour la première fois, connaissance de la mission de Jeanne d'Arc et de sa venue à la cour, au Jubilé du Puy de 1429, où il se rencontra avec la mère de Jeanne et quelques-uns de ceux qui avaient amené la Pucelle vers le roi. On lia connaissance, et la mère et les compagnons de Jeanne prièrent instamment le Franciscain de se rendre avec eux vers la jeune fille. Cédant à leurs instances, il s'en vint avec eux jusqu'à Chinon et de là jusqu'à Tours, où Jeanne se trouvait alors. Arrivés auprès d'elle, ils lui dirent : « Jeanne, nous vous amenons ce bon Père dont vous serez très satisfaite ». Elle répondit qu'elle était fort contente en effet, qu'elle avait entendu parler déjà du nouvel arrivant, et qu'elle voulait, dès le lendemain, lui parler et se confesser à lui. Effectivement, le lendemain, frère Jean Pacquerel confessa Jeanne, lui chanta la messe, et, depuis ce moment, ce religieux ne quitta plus notre héroïne, qu'il accompagna partout jusqu'à Compiègne où elle fut faite prisonnière.

Ainsi, il est donc certain que Jeanne d'Arc assista, par sa mère, au Jubilé qui s'ouvrit au Puy, le 25 mars 1429.

Certes, les gloires de notre sanctuaire ne se comptent plus ; mais nous sera-t-il permis de le dire, nous n'en savons pas qui égale l'arrivée dans nos murs de la mère de Jeanne d'Arc, au moment le plus critique de notre existence nationale. Cette pauvre femme du peuple, Isabelle Romée, cette humble visiteuse à peine échappée de son village, et qui vint, en cette heure solennelle, verser aux pieds de notre Vierge, l'âme de la France, nous touche plus, nous, fils du Velay, que les plus fiers potentats et les plus illustres monarques. Nous oublions, en face de cette pèlerine de notre bien-aimée Lorraine, Charlemagne, Urbain II et saint Louis lui-même. Quelles invocations sortirent de ce coeur simple et fidèle, lorsque à genoux sur le parvis de notre cathédrale, et confondue dans la foule pieuse, Isabeau Romée tendit ses mains suppliantes vers cette sainte image qui avait entendu tant de prières à travers les siècles ? Elle pleura, elle pria sans doute, la noble paysanne, pour sa petite Jeannette, la chère créature qu'avaient portée ses entrailles... Pauvre Isabeau Romée ! Qui ne voudrait connaître, dans la basilique, le lieu qu'elle arrosa de ses brûlantes larmes ! Quel coeur français n'y verserait les siennes ! Je la vois, cette pauvre mère, répandant silencieusement ses pleurs aux pieds de la Vierge noire, se relevant, essuyant son visage, et mêlée à la foule des pèlerins, se diriger vers le sanctuaire de l'Aiguilhe-Saint-Michel, et là, implorer encore le secours de l'Archange par lequel sa pauvre enfant se disait dirigée et soutenue.

Scène attendrissante ! Souvenirs émouvants, combien l'on a de peine à s'arracher à vous !

Cependant la France n'avait pas invoqué en vain Notre Dame du Puy. L'heure de la délivrance était venue. Le Jubilé de 1429 dut finir le 2 ou le 3 avril. Or, le 30 du même mois, Jeanne d'Arc entrait dans Orléans, et forçait les Anglais à se réfugier dans les bastilles qu'ils avaient établies au midi de la Loire. Le 8 mai, elle les en déloge complètement, s'emparant de leurs munitions et de leurs bagages, de leurs malades et d'un grand nombre de prisonniers. Mais il y avait encore loin d'Orléans à Reims où devait être sacré le roi. Tout le pays était occupé par l'ennemi. La route était partout hérissée de forteresses gardées par de fortes garnisons, et, chose triste à dire, la plupart des populations qui étaient tombées sous le joug des Anglais, avaient déjà pris leur parti de la domination étrangère. Jeanne triompha de tous les obstacles, et le 17 juillet 1429, le jour môme de l'octave de la Dédicace de Notre Dame du Puy, Charles VII était enfin sacré à Reims et couronné roi de France.

Vive le Christ qui aime les Francs ! Vivat Christus qui diligit Francos ! Tel est le cri qui s'échappe de notre poitrine en terminant ce glorieux chapitre. Ah ! Puisque l'occasion s'en présente, recueillons et étudions les enseignements qui découlent de cette intervention du Ciel dans les destinées de notre chère patrie. La patrie, sachons-le bien, c'est Dieu qui l'a faite ; par conséquent c'est lui seul qui l'ôte, c'est lui seul aussi qui peut la rendre. La patrie est le composé sacré des autels et des foyers d'un peuple. Nul peuple ne perd sa patrie que par suite de quelque mystérieux châtiment ; et c'est pourquoi, pour la recouvrer, il ne suffit pas de combattre avec une épée, mais il faut surtout prier, lever les yeux et les coeurs au ciel, trouver des hosties et des immolations, et envoyer à Dieu, à travers la fumée des batailles, par les lèvres pures des vierges et des petits enfants, la grande prière des peuples vaincus : « Seigneur, rends-nous la patrie, rends-nous la liberté ! »

C'est cette prière que Jeanne d'Arc fit par sa mère aux pieds de la statue de Notre Dame du Puy, et c'est à la suite de cette prière qu'il fut donné à Jeanne-la-Lorraine de délivrer la France !

 

 

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Prière

 

O Marie, qui avez autrefois délivré la France des Ariens, des Musulmans, des Albigeois et des Anglais, ne permettez pas qu'elle tombe maintenant sous le joug de ces Allemands qui nous menacent sans cesse d'une nouvelle invasion ! Songez que ces ennemis de la France sont vos pires ennemis, puisqu'ils sont infectés pour la plupart de l'hérésie protestante !… O vous qui avez suscité Jeanne d'Arc au quinzième siècle, pour délivrer votre royaume de l'invasion Anglaise, ne permettez pas que cette terre, qui est vôtre, soit violée de nouveau par la Prusse hérétique ! Rendez à la Mère-Patrie l'Alsace et la Lorraine, ces deux filles bien-aimées de la France qui lui ont été si violemment et si injustement ravies !… Mettez, par votre protection, des bornes infranchissables à nos frontières menacées ! Et si, ce qu'à Dieu ne plaise, de nouveaux combats étaient nécessaires pour le salut et l'honneur de la France, alors, ô Marie, combattez avec nous, et donnez la victoire à vos enfants ! Si Maria pro nobis, quis contra nos ? Si vous êtes pour nous, ô Marie, qui sera contre nous ? Oui, nous en avons la ferme confiance, ô Notre-Dame, aux heures du péril, vous viendrez aux secours de la patrie en danger. Et le vieux cri de nos pères restera toujours vrai : regnum Galliae, regnum Mariae, nunquam peribili ! la France qui est le royaume de Marie, ne périra jamais ! Notre Dame du Puy, priez pour la France. Amen.

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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15 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Seizième jour

Notre Dame du Puy et le roi Charles VII

 

Il fut un jour dans notre histoire, où, d'après la teneur des traités dûment signés, la France avait diplomatiquement cessé de s'appartenir et d'être la France. Le 21 mai 1420, les Anglais étant maîtres d'une partie du royaume, et le roi de France, Charles VI, étant devenu fou, un traité fut conclu, à Troyes, entre Henri, roi d'Angleterre, et la reine de France, Isabeau de Bavière, par lequel, à la mort de Charles VI, la France deviendrait province anglaise. La reine de France, mère et femme dénaturée, déshéritait du même coup son fils, le dauphin Charles VII, vendait sa fille en mariage au roi d'Angleterre, et livrait notre patrie à l'étranger.

C'est à ce moment critique de notre histoire nationale, que Charles VII vint pour la première fois en pèlerinage à Notre Dame du Puy. Ce pauvre dauphin, poursuivi par la haine implacable de sa mère, trahi par la victoire, pressé par ses ennemis, abandonné des siens, refoulé jusqu'au fond des montagnes qui avoisinent la source de la Loire, voulut remettre entre les mains de la puissante Vierge du Mont Anis, sa cause alors presque désespérée. Tout le peuple et toute la noblesse du Puy s'étaient réunis pour le recevoir. Les consuls et les magistrats allèrent à sa rencontre, précédés de la bourgeoisie sous les armes. L'évêque du Puy, qui était alors Guillaume III de Chalencon, l'attendait avec son Chapitre, à la porte du cloître. A son entrée dans l'église, le prince baisa le crucifix qui lui fut présenté par le prélat, et reçut de lui l'eau bénite pour se marquer du signe de la Croix. Ensuite, revêtu du surplis et de l'aumusse par les soins du doyen et du prévôt, il demeura quelque temps en oraison dans le sanctuaire.. Puis, comme on allait commencer le chant des premières vêpres de l'Ascension, le prince voulut y assister, dans une stalle, à côté des chanoines. Le lendemain, il entendit, à la même place, la messe pontificale chantée par l'Evêque, et communia de ses mains. Et quand le dernier évangile fut fini, il créa chevaliers le comte de Pardiac, les barons de Chalencon, d'Apchier, de Latour-Maubourg et de la Roche, ainsi que les seigneurs de Vergézac et du Roussel qui venaient de se signaler en défendant la ville contre les partisans des Anglais. Il partit le lendemain, vers les quatre heures, et les habitants, épris pour lui de la plus vive affection, l'accompagnèrent, en faisant retentir les airs des accents de leur joie et de leurs enthousiastes acclamations.

Hélas ! Deux ans après 1422, son père, l'infortuné Charles VI étant mort, l'odieux traité de Troyes, qui dépossédait Charles VII au profit du roi d'Angleterre, eut aussitôt son commencement d'exécution. Le roi d'Angleterre, Henri V, fut reconnu et proclamé roi de France par le Parlement et l'Université, par le premier prince du sang, Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, et par la reine Isabeau de Bavière. Chose incroyable et triste à dire, Paris, l'île de France, la Picardie, l'Artois, la Flandre, la Champagne, la Normandie, c'est-à-dire presque tous les pays au nord de la Loire, et la Guyenne au sud de ce fleuve, se rangèrent sous le joug de l'étranger et lui obéirent pendant plusieurs années... La cause du dauphin Charles VII semblait désespérée et presque à jamais perdue !

Dans cette extrémité, le malheureux Charles VII se souvint une seconde fois de Notre Dame du Puy. Dès qu'il eut appris la mort de son père au château de Mehun-sur-Yèvre, en Berry, où il se trouvait alors, il accourut au sanctuaire du Mont Anis, pour demander une seconde fois aide et protection à la Vierge Marie, en qui il avait mis toute sa confiance.

C'est alors qu'au fond des montagnes du Velay, dans le petit manoir épiscopal d'Espaly, aux portes même de la cité du Puy Sainte-Marie, quelques chevaliers français, réunis autour du dauphin, déployèrent la bannière royale en s'écriant : « Vive le roi Charles, septième du nom, par la grâce de Dieu, roi de France ! »

A cette époque, Charles VII était un jeune homme de dix-neuf ans, faible de corps, pâle de figure, fort ami du plaisir et des chevaux, d'un caractère dont la bonté faisait le fond, mais qui paraissait alors aussi léger, qu'il fut plus tard sage et vaillant. La nationalité française étant personnifiée dans ce jeune fils de roi, si indignement exclu du trône par sa mère, tout ce qui portait un coeur vraiment français faisait des vœux pour lui.

Le jeune prince, sentant tout le besoin qu'il avait du secours d'en haut, était donc venu au Puy, implorer, avec quelques fidèles, l'aide efficace de Notre Dame. Dans l'extrême impuissance où il se trouvait réduit, sa foi lui disait que la patronne, si célèbre de notre diocèse, était seule assez puissante pour rompre l'odieux contrat qui lui enlevait la couronne et la livrait au roi d'Angleterre, le plus mortel ennemi de la France.

La foi du roi de France ne devait pas être trompée, mais elle devait passer auparavant par bien des épreuves.

Deux ans plus tard — janvier 1424 — après la fatale défaite de Verneuil, qui semblait consommer la ruine de la royauté et de la patrie françaises, nous voyons encore Charles VII, pour ne pas perdre toute espérance, accourir une troisième fois auprès de Notre Dame du Puy. Il y revient pour la quatrième fois en décembre 1425, accompagné de la reine Marie d'Anjou son épouse. Il y passe alors plus de six semaines ; et, tous les jours, disent les chroniques, malgré le froid rigoureux de la saison, on voyait le jeune roi sortir du château d'Espaly qui lui servait de résidence, et gravir les hauteurs escarpées du sanctuaire du Mont Anis, pour implorer le secours de Notre Dame du Puy. Ah ! C'est qu'il y avait, à cette époque, grande pitié au royaume de France, et l'intervention de Marie devenait de plus en plus urgente !

Cependant l'année 1429 arriva. C'était une des années jubilaires du Puy. Par un secret pressentiment, les multitudes restées françaises, mais à bout de forces, et toutes haletantes entre les transes de la veille et les espoirs du lendemain, saluèrent partout cette année comme l'aurore de la délivrance de la patrie. Le Grand Pardon du Puy leur apparaissait, dans leur détresse, comme le phare au milieu de la tempête. Du fond des provinces restées fidèles, tous les yeux et tous les coeurs se tournèrent avidement vers Notre Dame du Puy, comme vers le palladium sacré de France. Le roi Charles VII lui-même, tressaillit d'espérance à l'annonce du précieux Jubilé. Le Chapitre de Notre Dame lui avait envoyé, à cette occasion, un de ses membres, pour le prier d'intervenir auprès du Pape, afin d'obtenir la prolongation de la célèbre indulgence, et de permettre par là à plus de monde de la gagner. Charles écrivit, en effet, au Souverain-Pontife, et sur sa prière, Martin V daigna prolonger le Jubilé jusqu'au dimanche de Quasimodo.

Or, ce Jubilé de 1429 fut un pèlerinage véritablement national. Il montre bien quelle espérance le peuple et le roi de France fondaient sur Notre Dame du Puy. De toutes les parties de la France et même de l'étranger, les fidèles se précipitèrent en foule vers ce sanctuaire où se cachait l'infini trésor des miséricordes et des grâces. Tant de confiance en Marie allait être enfin récompensée. Une intervention miraculeuse se produisit ; Jeanne d'Arc apparut, et la France lut miraculeusement sauvée.

Charles VII ne fut pas ingrat envers la sainte Vierge. Après avoir repris une à une, et réuni sous son sceptre les provinces envahies par les Anglais, il se fit un devoir de venir remercier solennellement Notre Dame du Puy, qui avait daigné bénir ses armes, et il vint dans son sanctuaire lui faire hommage de ses triomphes. C'était la cinquième fois que le pieux roi venait en pèlerinage au Mont Anis. En vérité notre célèbre pèlerinage avait pris des proportions véritablement nationales, et nous démontrerons, demain, quelle influence il eut dans l'oeuvre miraculeuse du salut de la France.

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Prière

 

Sainte Mère de Dieu, ô Marie, dont le divin Fils a dit à ses disciples : « Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix », obtenez de Notre Seigneur Jésus Christ qu'il fasse descendre cette paix souveraine dans notre pays si troublé, si agité, si cruellement déchiré par les révolutions et les guerres. Faites régner la concorde non seulement entre tous les princes et tous les chefs de la chrétienté, mais aussi entre tous les enfants de la France !... Faites enfin lever sur la terre, suivant la prédiction de vos prophètes, l'aurore de cette époque tant désirée, où les nations soumises au Dieu de la paix, ne tireront plus le glaive et ne s'exerceront plus au combat ! Qu'elle luise bientôt sur nous cette aurore des temps nouveaux, durant lesquels le fer des lances et l'acier des épées seront changés en socs de charrues et en faucilles de moissonneurs !

Ô mon Dieu, quelque indignes et coupables que nous puissions être, faites-nous miséricorde au nom de Jésus-Christ votre Fils, au nom aussi de la Vierge immaculée, sa Mère. Nos péchés, nous le reconnaissons, crient vengeance contre nous et réclament des flots de sang expiatoire… Mais que le sang du Christ couvre nos fautes ! Ô Dieu, Père tout-puissant et miséricordieux, souvenez-vous que Jésus-Christ a prié pour nous, que Jésus-Christ est mort pour nous, et, en considération des souffrances et des mérites de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par l'intercession de Notre Dame du Puy, faites grâce à la France coupable et détournez bien loin d'elle le redoutable fléau de la guerre. Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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14 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Quinzième jour

Notre Dame du Puy et la Bienheureuse Mère Agnès de Jésus

 

De toutes les âmes religieuses dévouées à Notre Dame du Puy, la Bienheureuse Mère Agnès de Langeac fut certainement une de celles qui lui témoignèrent le plus d'amour et de dévotion. On en jugera par ce qui suit :

Agnès naquit au Puy, un jour de dimanche, 17 octobre 1602. Ses parents, Pierre Galand et Guillaumette Massiot, exerçaient dans notre ville l'humble profession de couteliers. Ils étaient pauvres en biens, mais riches en vertus. Agnès, instruite par leur exemple, se montra bientôt la digne fille de si vertueux parents. Élevée dans l'amour de Notre Dame du Puy, c'est devant la statue de notre Vierge noire qu'elle conçut, encore enfant, les premiers sentiments de cette piété, qui devait l'élever dans la suite à une si haute perfection.

Dès l'âge de cinq ans, on la voyait, avec ses petites compagnes, vêtues de robes blanches, se diriger en procession vers l'église de Notre Dame, où cette troupe enfantine et angélique accomplissait ses petites dévotions avec une admirable modestie. En vain, des esprits mal faits, prenant en mauvaise part cette ferveur naissante, voulurent-ils disperser cette innocente réunion par des menaces et des voies de fait, la violence ne découragea point cette enfant de bénédiction, qui rassembla de nouveau sa faible escorte, et l'anima si bien par l'ardeur de ses paroles, que la jalousie et la malice vaincues furent obligées de céder à sa persévérance.

A peine âgée de six ans, elle se donna à la sainte Vierge dans son temple, sans réserve et sans partage. Elle était occupée à entendre la sainte messe dans l'église de Notre Dame, lorsque après l'élévation, elle fut saisie d'un doux ravissement, une voix se fit entendre au fond de son coeur, elle lui disait : « Rends-toi esclave de la sainte Vierge, et elle te protégera contre tes ennemis ! » Revenue, après la messe, de cette extase mystérieuse, elle se plaça devant l'autel où reposait l'image auguste de la Mère de Dieu : « Vierge sainte, lui dit-elle, puisque vous daignez vouloir que je sois à vous, dès ce moment je vous consacre tout ce que je suis, et vous promets de vous servir toute ma vie en qualité d'esclave ».

Après cet acte de consécration, elle rentre dans la maison de son père, cherche et trouve, comme par une disposition particulière de la Providence, une chaîne de fer qu'elle attache sur sa chair autour des reins, en témoignage de sa servitude. Pendant huit ans elle porta, sans le quitter, cet instrument de pénitence ; et quand au bout de huit ans, il lui fut expressément ordonné par son confesseur de le retirer, on ne put le faire sans effusion de sang.

On doit croire que ce sacrifice attira sur elle des bénédictions abondantes pour le reste de sa vie. Du reste, son exemple ne fut pas moins utile aux autres qu'à elle-même ; car plusieurs bonnes âmes furent excitées par là à s'enrôler dans la confrérie établie à ce dessein dans la basilique de Notre Dame du Puy. Trois jours après avoir déposé, par obéissance, sa sanglante chaîne de fer, elle retourna au sanctuaire consacré par le ministère des anges, et là, poussée par un mouvement secret du Saint Esprit, elle renouvela, entre les mains de Marie, le vœu de virginité perpétuelle qu'elle avait prononcé, peu de temps auparavant, dans l'église de Saint François.

Sa dévotion pour Notre Dame du Puy ne dura pas seulement pendant les années qu'elle demeura dans la ville ; mais, devenue religieuse dominicaine, et plus tard supérieure du monastère de Langeac, elle ne manquait jamais, chaque matin en se levant, d'ouvrir la fenêtre de sa petite cellule et de se mettre à genoux, la face tournée du côté du Puy, pour adresser ses hommages à la mère de Dieu, dans son église angélique du Mont Anis. C'est ainsi que Daniel priait lui aussi, le regard tourné du côté de la ville de Jérusalem. Et tandis qu'Agnès priait ainsi, elle voyait souvent, disent ses biographes, une belle étoile scintillante étinceler comme un diamant au-dessus de la cité de Notre-Dame. Vision mystérieuse, dans laquelle Agnès voyait et saluait celle que l'Eglise appelle si poétiquement, dans les Litanies, l'Etoile du matin. Stella matutina.

D'autrefois, c'était la sainte Vierge elle-même qui lui apparaissait en personne, et conversait avec elle de façon à la faire défaillir de douceur et d'amour...

Ce lui était un contentement indicible de chanter les louanges de Marie. Un jour qu'elle chantait la belle antienne d'Adhémar, évêque du Puy, le Salve Regina, ses compagnes virent se poser sur sa tête un tout petit oiseau, qui accompagna tout le temps Sœur Agnès du plus délicieux ramage qu'il soit possible d'imaginer.

Rien ne plaisait tant à Agnès que de parler ou d'entendre parler de Notre Dame. Elle avait sans cesse sur les lèvres le nom béni de Marie ainsi que celui de son divin Fils ; ces deux noms lui étaient, selon l'expression de saint Bernard, plus doux que le miel, plus mélodieux qu'aucune harmonie, plus délicieux au coeur qu'aucune jubilation. Elle disait qu'on ne pouvait rien faire de plus agréable à la sainte Vierge que de s'entretenir de sa pureté sans tâche, de sa profonde humilité ou de l'amour ardent qu'elle avait eu pour Dieu, amour incomparablement plus grand, disait-elle, que celui des Séraphins, des Chérubins, et de tous les esprits de la cour céleste.

Un jour, Marie dit à Agnès que ses mérites lui avaient acquis une riche couronne en Paradis, et en même temps, elle lui en offrit une de roses d'une beauté admirable. Mais Agnès la refusa, disant qu'elle ne méritait point encore une telle récompense, et à la suite de ce refus, la cellule de l'humble religieuse exhala pendant plus de deux jours le plus suave parfum.

Telles étaient les tendres et ineffables relations de la Sainte Vierge Marie et de la Mère Agnès de Jésus. Cette humble enfant du Puy avait un amour tout filial pour celle qu'elle avait appris, dès sa plus tendre enfance, à aimer et à prier dans son église angélique du Mont Anis. Elle portait jour et nuit son image sur son coeur, et son coeur, à ce contact, devint le coeur d'une sainte.

 

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Prière

 

Ô Marie, le lys est votre symbole ; et, parce que sa fleur est blanche et immaculée, elle représente la pureté dont vous êtes le plus parfait modèle et le plus sublime idéal. C'est vous en effet qui êtes le lys par excellence, le véritable lys sans tâche ; et à l'exemple de votre divin Fils, vous vous plaisez au milieu des lys, c'est-à-dire, vous aimez, comme Jésus, à vous entourer d'âmes innocentes et pures dont vous composez votre cour ici-bas comme au ciel !

Ô Marie, heureuses les âmes dignes de s'épanouir et de fleurir sous vos yeux comme autant de beaux lys !... Parmi ces âmes privilégiées, les religieux et les religieuses sont au premier rang. C'est pour cela sans doute, ô Marie, que vous avez fait de la terre de France la terre des lys par excellence, en y faisant naître en tout temps une prodigieuse quantité de vierges qui vous consacrent le lys de leur virginité… Chaque province française vous fournit des milliers de ces pieuses vestales, et naguère encore, la seule province du Velay en comptait à elle seule plus de quatre mille ! Cela se conçoit, car le lys enfante d'autres lys ; et c'est en France, ô Marie, que vous avez pour ainsi dire planté le lys de votre immaculée conception ; c'est en France enfin que vous l'avez fait pleinement s'épanouir en vous proclamant vous-même à Lourdes « Immaculée » !

Ô Marie, bénissez les communautés religieuses que l'on attaque en ce moment d'une façon si injuste dans le monde ! Conservez à la France cette immense pépinière de saints et de saintes, si utiles à notre Patrie non seulement au point de vue surnaturel et chrétien, mais encore au point de vue national et humain. Gardez en particulier à ce diocèse du Puy qui est le vôtre, ô Marie, sa magnifique floraison de vocations religieuses ; et que cette province du Velay qui vous est si chère et si dévouée, produise à profusion, comme autant de beaux lys de sainteté et de pureté, des âmes de la beauté et de la perfection de la vénérable mère Agnès de Jésus ! Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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5 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Sixième jour

Notre Dame du Puy et l'empereur Charlemagne

 

Charlemagne fut le premier à tracer à ses successeurs le chemin du Mont Anis, et à venir incliner, devant la glorieuse Vierge, un front si souvent couronné par la victoire. Le huitième siècle, en effet, n'était pas terminé, lorsque Charles, encore simple roi de France, vint en pèlerinage à Notre Dame du Puy. Il fut reçu avec la plus grande magnificence par l'évêque Rorice II, qui appartenait, par sa naissance, à l'une des plus puissantes familles du royaume. Le religieux empereur revint une seconde fois au Puy, lorsqu'il eut reçu à Rome, des mains du Pape, la couronne impériale. L'histoire ne nous a conservé aucun détail sur ce dernier pèlerinage, ni sur les riches dons que le pieux monarque se plut sans doute à offrir à la sainte Vierge. Lacune regrettable, dont nos chroniques offrent malheureusement trop d'exemples, et que nous aurons plus d'une fois l'occasion de déplorer dans le cours de cet ouvrage. Quoi qu'il en soit, on voyait autrefois dans notre Cathédrale, près des reliques, un tableau commémoratif de la dernière visite de l'empereur, entouré des rois, ses enfants, et d'une suite nombreuse de princes et de princesses. Ce tableau était connu sous le nom de tableau des neuf preux.

Les deux pèlerinages qu'il fit à notre sanctuaire, laissèrent une impression profonde dans l'âme de Charlemagne. Il prit même notre église en si grande estime, que, voulant établir un siège épiscopal à Girone, ville d'Espagne, qu'il venait de conquérir sur les Sarrasins, il choisit le premier évêque de cette ville, parmi les chanoines du Puy, et lui adjoignit plusieurs choriers du même chapitre, pour composer le chapitre nouvellement institué. Le litre d'érection porte que l'empereur entendait que ces deux cathédrales fussent, à perpétuité, unies de coeur et associées ensemble. C'est là l'origine de la touchante fraternité qui a régné, pendant tant de siècles, entre les deux églises. Depuis cette époque, en effet, les églises vellave et catalane contractèrent une étroite alliance qui subsista fidèlement jusqu'à la grande Révolution française. Entre Girone et le Puy, il y eut, dès lors, comme une sainte Hermandad ou fraternité religieuse.

Pour en revenir à Charlemagne, outre la grande vénération que cet empereur eut toute sa vie pour le sanctuaire du Mont Anis, il conçut aussi,à la suite des visites qu'il y fit, une amitié profonde pour Rorice, évêque du Puy et comte du Velay. Il voulut même qu'il l'accompagnât dans une de ses expéditions, afin d'être mieux à portée de son affection et de ses conseils.

Pour assurer le service du sanctuaire du Mont Anis et pourvoir à la majesté et à la splendeur du culte, Charlemagne ajouta aux soixante chanoines qui composaient déjà le chapitre de Notre Dame, dix autres chanoines inférieurs dont la principale fonction était de se rendre ponctuellement au choeur et d'en soutenir la psalmodie. Il y eut ainsi, autour de l'autel de Marie, tout un sénat vénérable, occupé à chanter les louanges de la Mère de Dieu et à desservir son auguste sanctuaire. L'institution de ces dix chanoines, par Charlemagne, donna naissance à la fameuse Université de Saint Mayol, où l'on apprenait à de jeunes clercs les sept arts libéraux, et dont la renommée s'étendit bientôt dans toute la France. Rien n'est beau à lire comme la Charte par laquelle le grand empereur créa ces dix canonicats dans notre basilique du Mont Anis. Qu'on nous permette d'en donner lecture ici ; aussi bien y verra-ton quels sentiments Charlemagne professait pour Notre-Dame du Puy, et comment il affirmait hautement l'apostolicité de l'Eglise du Puy :

« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, est-il dit dans le diplôme d'institution dont on a la copie, Charles, empereur couronné de Dieu, par la miséricorde divine, roi des Français, à tous les fidèles présents et à venir, faisons savoir que nous avons visité dernièrement la basilique ou très sainte et angélique Eglise de la bienheureuse Marie, de la ville d'Anicium, autrement dite du Puy-Sainte-Marie, fondée et construite par Vosy, premier évêque du Puy. Cette Eglise a reçu la foi catholique dès les premiers temps du christianisme, et conserve, depuis les siècles apostoliques jusques à nos jours, sans tâche et sans aucun mélange d'hérésie, cette foi que lui apporta Georges, envoyé par les Apôtres dans les régions avoisinant la Loire, préférablement à tant d'autres contrées de la Gaule.

« Dans cette basilique à jamais vénérable par sa consécration, on rend un culte très grand aux reliques de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de plusieurs saints. Nous avons fait un pèlerinage à ce sanctuaire pour y vénérer ces reliques. Afin d'obtenir la miséricorde de Dieu et de Notre Seigneur Jésus-Christ, nous sommes venus, pieds nus, nous prosterner, le corps et la face contre terre, dans ce temple de la bienheureuse Vierge Marie, adressant de nombreuses prières au Roi des rois, qui donne et enlève, à son gré, tous les royaumes du monde à qui il veut et comme il veut, sans considération des mérites personnels, afin qu'il voulût bien nous conserver la vie, l'empire et le royaume de France, et surtout afin que les peuples qui nous sont confiés, égalant en nombre les sables de la mer qu'on ne peut compter, restent dans la foi catholique et romaine qui fait seule notre espérance, lui demandant tout cela par l'intercession de la très bonne et très miséricordieuse Marie, sa Mère.

« En outre, pour l'accroissement du culte et du service divin, dans une si sainte basilique où les fidèles de toutes les parties du monde viennent implorer le secours de Dieu et sa miséricorde par l'intercession de la très clémente Marie, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ, en vertu de l'autorité royale et impériale que nous tenons de Dieu, nous voulons créer et créons, maintenant et pour toujours, dix chanoines pauvres dans la communauté et l'église du Puy, choisis parmi les clercs qui servent déjà dans cette Eglise. Ils seront dans le choeur avec les autres chanoines de la même communauté et de la môme Eglise, priant pour nous et pour nos enfants, pour l'augmentation et la dilatation de toute l'Eglise apostolique et romaine, et chantant dans cette Eglise les louanges de Dieu avec ces mômes chanoines. Et pour que cette création, de dix chanoines pauvres, dans les dites église et communauté, soit ferme et stable devant Dieu et persévère longtemps dans l'avenir, nous avons statué et ordonné qu'elle serait signée de notre main, et scellée de notre anneau. Signé : Charles, empereur ».

Un tel langage se passe de commentaires. Outre cette institution de dix chanoines, Charlemagne établit encore au Puy une oeuvre dont l'institution restera l'un des plus beaux titres de gloire de notre sanctuaire : nous voulons parler de l'OEuvre du denier de Saint-Pierre.

Après avoir été sacré empereur par le Pape Léon III, Charlemagne, voulant témoigner sa reconnaissance et sa dévotion envers le Saint Siège, recommanda instamment les besoins de l'Eglise romaine à la générosité de tous ses sujets. Il autorisa à cet effet, dans tous ses états, la levée d'offrandes et de dons volontaires, et il choisit spécialement, pour centre de perception de ces aumônes, trois villes de son empire : Aix-la-Chapelle, Saint-Gilles sur le Rhône et le Puy-Sainte-Marie. Ces trois villes, d'importance fort inégale, étaient alors célèbres par les précieuses reliques qu'elles contenaient et l'affluence des pèlerins qui se pressaient dans leurs murs. Le choix que Charlemagne fit du Puy en particulier, pour résidence des collecteurs du denier de Saint-Pierre, lui fut certainement inspiré par l'impression qu'avait laissée dans son âme le souvenir de ses deux pèlerinages à la Vierge d'Anis. Grand honneur pour notre ville qu'un tel choix dont elle s'est, du reste, montrée toujours digne ; car la cité du Puy-Sainte-Marie n'a pas dégénéré : elle est encore aujourd'hui un des plus généreux soutiens de l'OEuvre, dix fois séculaire, fondée dans ses murs par Charlemagne. Oui, entre tous les diocèses de France, celui du Puy, étant donné sa pauvreté relative, est peut être celui qui se montre le plus aumônier et le plus charitablement prodigue envers le Père commun des fidèles. Du reste, les besoins de l'Eglise ne sont pas moins pressants aujourd'hui que du temps de Charlemagne ; ils sont même devenus bien plus urgents, depuis surtout que le Souverain-Pontife s'est vu dépouiller injustement, par la force, de ses états temporels : on le sait dans nos montagnes, et voilà pourquoi, bien que l'or y soit plus rare qu'ailleurs, et le pays relativement pauvre, on s'y montre généreux envers le Pape, à l'envi des plus riches provinces de France. C'est justice, après tout : Quand l'un de nos plus grands rois, qui a laissé à la postérité ce mot célèbre : « tout est perdu, fors l'honneur ! » vaincu par son ennemi, fut jeté dans une prison étrangère, il n'y eut fille ou femme en France, qui ne filât sa quenouille pour la rançon du roi. Eh bien ! l'Eglise aussi est une reine qui a tout perdu, fors l'honneur ! C'est la reine de nos âmes. Il est donc juste qu'aujourd'hui comme autrefois, il n'y ait partout en France, et surtout dans notre catholique Velay, ni fille ni femme chrétienne, qui ne filent leur quenouille pour la rançon de l'Eglise. Nous avons donc la ferme et douce confiance que, dans l'avenir non moins que dans le passé, notre religieux diocèse ne faillira jamais à ce noble devoir de piété filiale et de tendre charité envers le Saint-Siège. Puisse-t-il en être ainsi par le secours et la protection de Notre Dame du Puy ! Amen.

 

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Prière

 

Ô Marie, en lisant les glorieuses annales de votre pèlerinage du Mont Anis, comme on se sent fier d'appartenir à ce noble pays du Velay que vous avez chéri entre tous les autres, qu'illustra et aima Charlemagne, et qui fut le siège et le foyer de tant de bonnes et grandes œuvres !... Mais si c'est une véritable noblesse que d'appartenir à une contrée si privilégiée, cette noblesse nous oblige à nous en montrer dignes.

De tout temps, ô Marie, le Velay s'est distingué par son zèle à orner votre temple auguste, non seulement de richesses matérielles, mais aussi et surtout de saints prêtres, qui sont le meilleur et le plus digne ornement de vos temples. C'est ainsi que, grâce aux fondations de Charlemagne,on put admirer longtemps, dans la Basilique du Mont Anis, un sénat de soixante vénérables ecclésiastiques, occupés à desservir le sanctuaire et à chanter pieusement les louanges de Marie. Hélas ! quelle pénurie a fait place aujourd'hui à cette abondance d'autrefois ! Tandis que les rois de la terre ont autour d'eux toute une nombreuse cour, la Reine de tous les rois du monde possède à peine quelques prêtres à son service. O Marie, comme le psalmiste, nous voulons aimer dorénavant la gloire de votre demeure, Dilexi decorem domus tuae. Nous l'embellirons non seulement de nos dons et de nos offrandes, mais nous l'embellirons surtout en consacrant à votre service ceux de nos enfants qui seront capables de vous honorer et de faire partie de votre cour dans les rangs de votre clergé.

Enfin, comme nos aïeux, ô Marie, nous serons zélés pour l'oeuvre du denier de Saint-Pierre que Charlemagne fonda lui-même dans notre ville, il y a plus de mille ans. Nous viendrons, de notre mieux, au secours du Père commun de tous les fidèles. Et puisque les méchants l'ont injustement dépouillé de ses états temporels, qui lui assuraient,avec l'indépendance, les ressources nécessaires au gouvernement des âmes dont il a reçu la charge, nous tâcherons, par nos aumônes, de subvenir aux besoins de son gouvernement spirituel, et nous lui fournirons, selon notre pouvoir, les moyens matériels de remplir son divin mandat. Telles sont, ô Marie, les résolutions que nous prenons aujourd'hui à vos pieds : Bénissez-les et faites-nous la grâce d'y être désormais fidèles ! Notre Dame du Puy, priez pour nous. Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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2 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Troisième jour

Ce qu'il y avait au Mont-Anis avant que la sainte Vierge y apparût

 

Entrons un instant dans le domaine des découvertes historiques et scientifiques qui sont venues apporter une gloire et un intérêt de plus aux origines de notre célèbre pèlerinage. Qu'y avait-il sur le Mont Anis avant que la sainte Vierge y apparût ?

Sur le sommet du Mont Anis, au point même où fut érigé l'autel de la sainte Vierge, se trouvait un dolmen ou grande pierre plate phonolitique. C'était un bloc brut, immense, noir et dur comme du fer, et dont la nature géologique paraissait être complètement étrangère aux roches du pays. Cette pierre, dont, il reste encore aujourd'hui un énorme débris encastré au haut du pavé de l'escalier extérieur de la Cathédrale, cette pierre était l'autel sacré sur lequel les Druides du Velay accomplissaient les principales cérémonies de leur culte national. Cette destination religieuse primitive explique très bien la vénération immémoriale que les habitants de notre pays attachaient à cette pierre à l'époque où la sainte Vierge y apparut. Le Mont Anis, avec la solitude et le silence que lui faisaient les forêts dont il était environné, se prêtait admirablement, en effet, aux mystères des Druides ; et ceux-ci, en établissant leur culte dans un site aussi favorable, consacrèrent ainsi d'avance le lieu que Marie devait plus tard choisir pour son sanctuaire ; car les Druides honoraient, sans la connaître, la Vierge qui devait enfanter. Virgini pariturae ! Et l'Eglise s'est toujours plu à élever ses autels à la place de quelque autel païen, autant pour perpétuer que pour réparer le sacrifice.

Au dolmen druidique du Mont Anis succéda, lors de la conquête romaine, un temple gallo-romain. Il existe à l'appui de cette assertion, des témoignages lapidaires tels que le doute ici n'est plus possible. Toutefois, en substituant leur culte à celui des Druides, les Romains se gardèrent bien de froisser le sentiment religieux de nos pères, et, tout en élevant un temple sur le Mont Anis, ils eurent bien soin de respecter la grande pierre du dolmen qui s'y trouvait alors et qui s'y trouve encore aujourd'hui à peu de distance de son emplacement primitif. Car elle est toujours là, la grande table de l'autel druidique : respectée par les Romains elle l'a été également par les chrétiens, pour qui elle est devenue la pierre sacrée, la pierre aux guérisons et aux miracles. Seulement, ce vieux dolmen qui a toute une histoire, a subi certaines vicissitudes qu'il importe de faire connaître ici :

Primitivement, la pierre druidique se trouvait placée au pied du maître-autel. Elle y resta longtemps ; mais on finit par l'éloigner, parce que les nombreux malades qui venaient s'y coucher pour être guéris, troublaient le service religieux. On la transporta alors du côté de l'Evêché, derrière le Jubé, aujourd'hui disparu, qui coupait l'intérieur de la Cathédrale en deux. C'est là que la foudre la brisa un jour en quatre morceaux formant une croix. Ce coup de foudre eut quelque chose de mystérieux et de surnaturel qui frappa alors tous les esprits d'une religieuse terreur.

L'historien Vincent de Beauvais raconte, à ce sujet, qu'un archevêque de Lyon, dont il ne nous a pas conservé le nom, se trouvait au Puy lorsque le tonnerre tomba sur la Cathédrale et brisa la pierre druidique. Il ajoute que cet archevêque, racontant ensuite ce fait à un religieux dominicain, lui disait : « Cet effroyable coup de tonnerre produisit un si horrible fracas que toute la ville en demeura plusieurs jours dans l'effroi... J'en étais moi-même tout terrifié, et je me demande encore comment il peut se faire qu'un lieu si renommé par les faveurs du ciel, et que les Sarrasins eux-mêmes ont honoré de leurs présents, ne l'instrument de la colère divine, que l'effet des causes naturelles ».

Le religieux répondit à l'archevêque qu'il avait appris, par expérience, que ces chutes du tonnerre, sur les églises, étaient souvent un châtiment de Dieu qui voulait purifier ainsi, par le feu, les péchés commis dans ses sanctuaires. Or, la suite justifia bien cette opinion du religieux dominicain ; car quelque temps après, le môme archevêque de Lyon, ayant fait un second voyage à Notre Dame du Puy, engagea l'évêque, qui gouvernait alors cette église, à venir avec lui visiter, au monastère de la Séauve-Bénite, une religieuse célèbre par sa sainteté, que la sainte Vierge avait guérie d'un mal incurable, et qui avait coutume de tomber, tous les samedis, dans de longues extases où Dieu se plaisait à lui dévoiler les mystères les plus cachés. Cette religieuse cistercienne, nommée Marguerite de la Séauve, dont la canonisation est en ce moment pendante en cour de Rome, interrogée par l'archevêque sur la cause de cette épouvantable chute de tonnerre, dont il avait été témoin au Puy, déclara que cet événement était la punition d'un grand péché commis par deux pèlerins dans le sanctuaire de Notre Dame ; ce que l'évêque du Puy confirma aussitôt, en assurant que le fait en question lui avait été dévoilé par l'aveu même des coupables. Grand exemple qui montre bien quels sentiments et quelle pureté la sainte Vierge exige de tous ceux qui pénètrent dans son temple.

Après que la pierre druidique eût été ainsi brisée et purifiée par le feu du ciel, les malades continuèrent à venir s'y coucher comme par le passé, surtout dans la nuit du vendredi au samedi.

Depuis les dernières restaurations de la Cathédrale, la miraculeuse pierre sert de marchepied à l'autel de Marie qui se trouve sous le milieu de la Cathédrale, sur le palier qui fait suite à la cent deuxième marche du grand escalier. Cette pierre, malgré ses dimensions énormes, n'est cependant que le quart de l'ancien dolmen druidique. Les trois autres parties disparurent lors des divers remaniements que subit la basilique vers la fin du siècle dernier, sous l'épiscopat de Mgr de Galard. Tel quel, cependant, le fragment qui nous reste n'en est pas moins digne de respect et de vénération. Autrefois, et naguère encore, le pèlerin qui gravissait les degrés de la sainte Basilique, ne manquait jamais de s'agenouiller pieusement sur ce dolmen et même de le baiser dévotement. Cet hommage se comprend, et nous regrettons que l'usage s'en soit perdu ; car, pareil au grand peulvan gaulois, surmonté d'une croix, que l'on trouve enchâssé sur le devant du portail de la Cathédrale du Mans, notre vieux dolmen, christianisé et sanctifié par l'apparition de la sainte Vierge au Mont Anis, est devenu le témoignage irrécusable et impérissable de la victoire remportée par le Christianisme sur l'idolâtrie en Velay.

Cette victoire ne devint, chez nous, définitive qu'au quatrième siècle, entre 350 et 380. A cette époque, le déclin des institutions romaines, l'envahissement de nos contrées par les bandes allemaniques, sous la conduite de Crocus, et, par suite, la ruine de Ruessium, déterminèrent les autorités vellaves à venir se réfugier sur le Mont Anis, dont la défense était très facile à assurer. C'est alors que saint Vosy transféra le siège de l'évêché des Vellaves de Saint-Paulien au Puy. Alors aussi le Christianisme triomphant détruisit le temple païen du Mont Anis. La plupart des débris, provenant de cette destruction, sont restés enfouis dans le sol d'où l'on en a exhumé beaucoup. D'autres, en assez grand nombre, ont été employés aux fondations et aux constructions de la Basilique de Notre Dame.

Les traditions religieuses locales nous ont conservé un souvenir bien précieux au sujet du renversement, par le Christianisme, du temple païen du Mont-Anis. Il y avait autrefois, dans notre ville, près de l'antique église de Saint Vosy, proche le Grand Séminaire actuel, une grande croix dont le piédestal, extrêmement remarquable et tout recouvert de figures d'animaux, remontait à une très haute antiquité. Or, chaque année, au jour de la Dédicace de Notre Dame, le clergé de la Cathédrale se rendait solennellement en procession à cet endroit, pour célébrer la victoire de la religion chrétienne sur le paganisme. Arrivé devant la croix, un petit enfant de choeur montait sur le piédestal et sonnait trois fois d'un cor de chasse en terre cuite, par allusion aux prêtres des faux dieux qui, du haut du rocher de Corneille, sonnaient du cor pour convoquer à leurs sacrifices, nos ancêtres idolâtres. Cela fait, l'enfant de choeur brisait et jetait à terre son instrument pour marquer que le paganisme était entièrement détruit.

Mentionnons encore, en finissant, un dernier souvenir qui a trait au sujet qui nous occupe. Quelques années avant la grande Révolution, Mgr de Galard, qui avait recueilli au Puy une grande quantité d'inscriptions et de bas-reliefs antiques, provenant des murs de la vieille église de Saint Vosy qui avait été construite en grande partie avec des débris de monuments romains, les fit transporter dans le parc du château épiscopal de Monistrol, où il en forma une sorte de petit temple sur le fronton duquel il avait fait mettre ces vers :

 

« Cessez, folles erreurs ! idoles, temple, autel,

Que tout croule et s'abîme aux pieds de l'éternel ! »

 

Il ne reste plus de trace aujourd'hui de ce précieux édicule. La Révolution détruisit tout : le petit temple, les pierres antiques et la pieuse inscription. Mais ce fait, rapproché des autres que nous venons de rapporter, prouve bien qu'il y avait un temple païen sur le Mont Anis, avant que la sainte Vierge y apparût.

 

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Prière

 

Notre Dame du Puy, priez pour nous ! Ô Marie ! Ce n'est pas une de vos moindres gloires que celle d'avoir triomphé du paganisme dans nos contrées. Mais, hélas ! Ce paganisme renversé, il y a dix-huit cents ans, par votre culte et celui de votre divin Fils, tend à reparaître aujourd'hui plus coupable, plus vivace et plus puissant que jamais !

Paganisme dans les mœurs ! Paganisme dans l'instruction et dans l'éducation ! Paganisme dans la loi civile ! Paganisme dans la famille et dans la société, c'est une résurrection complète de l'ancien monde païen, où le mal régnait en maître, et où le bien n'était plus qu'un vain mot ! Ô Marie, prenez en pitié ceux qui détruisent en France l'oeuvre dix-huit fois séculaire de votre divin Fils. Il avait converti la France par ses apôtres, et vous l'avait ensuite donnée en héritage et en royaume : convertissez-là à votre tour, et rendez-la lui repentante et plus chrétienne que jamais !

À ceux qui renient Jésus-Christ et qui vous renient avec lui, ô Marie, obtenez la même grâce qu'à saint Pierre le renieur, dont Dieu fit le chef de son Eglise.

Aux furieux qui blasphèment et persécutent la religion, procurez, ô Marie, la même grâce de conversion qu'à Saul, dont la miséricorde divine daigna faire le grand saint Paul.

Des libertins et des adultères, faites comme Jésus d'autres Madeleines et d'autres Augustins, d'autres Thaïs et d'autres Marie l'Egyptienne. Que les très pures ardeurs de l'amour de Dieu remplacent dans tous les coeurs corrompus, les flammes de l'impudicité.

De tous ceux enfin, si nombreux aujourd'hui, que perd la fièvre de l'or et l'amour de l'argent, faites des hôtes et des amis de Jésus, comme il fit du publicain Mathieu et du publicain Zachée. En un mot, ô Marie, convertissez notre patrie et rendez-là de nouveau le soldat et l'apôtre de Jésus-Christ.

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous. Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

  

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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1 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Deuxième jour

De l'amour de Dieu et de la sainte Vierge pour les montagnes,

et du miracle par lequel le Mont Anis fut désigné pour servir d'emplacement à l’Église de Notre Dame du Puy

 

Bien que toute la terre appartienne au Seigneur qui l'a faite, et qu'il la remplisse toute entière de sa présence et de son immensité — Domini est terra et plenitudo ejus—il est cependant des lieux choisis qu'il aime et où il se manifeste de préférence aux autres. Ces lieux sont généralement des montagnes. La raison de ce choix est facile à comprendre : Dieu aime par-dessus tout la pureté ; or, on trouve comme un sentiment de pureté morale répandu sur ces hauteurs que le pied de l'homme souille rarement, au milieu de ces plantes qui ne fleurissent que pour embaumer la solitude. David avait vu de près les sommets du Liban quand il s'écriait : « Le Seigneur est admirable sur les lieux hauts ! Mirabilis in altis Dominus ». Il est certain, en effet, que la corruption du péché atteint moins les sommets solitaires des montagnes que le reste de la terre, Sur la croupe des monts, la nature est vierge pour ainsi dire ; l'air y est plus pur, les fleurs plus simples et plus suaves ; je ne sais quoi de tranquille et de recueilli règne sur les hauteurs, et fait que l'on se sent plus près de Dieu, plus près du ciel… C'est pour cela que le psalmiste s'écrie : Deus… in altis habitat, Dieu habite de préférence les hauteurs — Altitudines montium ipsius sunt. Les sommets des montagnes sont plus particulièrement à lui, dit-il encore. Enfin, il en fait l'escabeau de ses pieds, ajouterons-nous, en empruntant le langage de la sainte Ecriture.

Aussi, voyons-nous dans l'ancien comme dans le nouveau Testament, Dieu se manifester toujours de préférence sur les montagnes : c'est sur les monts d'Arménie que s'arrêta l'arche après le déluge, requievit arca super montes Armenioe. C'est sur une montagne que Noë offrit à Dieu le premier sacrifice d'action de grâces ; c'est sur la montagne de la vision qu'Abraham reçut l'ordre d'immoler son fils, auquel, par un second ordre divin, il substitua une autre victime, symbole du Christ qui devait s'immoler en ces lieux ; c'est sur le mont Sinaï que Dieu donna la loi à son peuple. C'est des hauteurs du mont Nebo que Moïse jette un regard sur cette terre promise dont l'entrée ne devait pas lui être accordée, et c'est là qu'il rend son dernier soupir ; c'est sur le Carmel que priait le prophète Elie ; c'est sur le sommet des monts que Jérémie faisait entendre ses lugubres lamentations, c'est là aussi que la fille de Jephté allait pleurer sa mort imminente et prématurée. Enfin, c'est sur la cime du mont Moriah que s'élevait le temple fameux de Jérusalem ; c'est sur la colline de Sion qu'habitait le saint roi David ; et c'est sur le mont Garizim que se dressait le temple de Samarie.

De même, dans le nouveau Testament, c'est du haut d'une montagne que Notre-Seigneur Jésus-Christ prononça le sermon des Béatitudes, fondement de la perfection évangélique ; c'est sur le Tabor qu'il découvrit quelques rayons de sa gloire ; c'est sur le plus haut des monts de Galilée qu'il nomma ses apôtres ; c'est sur le mont des Oliviers qu'il avait coutume d'aller prier seul ; c'est sur la montagne de Sion qu'il institua l'adorable sacrement de l'Eucharistie ; enfin, c'est sur le Calvaire qu'il daigna se laisser crucifier pour nous racheter.

Cet attrait pour les montagnes, qui éclate si visiblement en Dieu le Père et en Notre Seigneur Jésus-Christ, n'est pas moins prononcé chez la sainte Vierge. En effet, cette très pure et très blanche colombe se complaît, elle aussi, dans le voisinage des rochers et des torrents ; elle aime les forêts suspendues au flanc des montagnes, les dentelures sévères qui découpent l'horizon, les teintes roses et les ombres bleues dont le soleil couchant colore les pics lointains recouverts de neige. Aussi, remarque-t-on que la plupart des sanctuaires établis en l'honneur de la mère de Dieu, se trouvent également sur des montagnes. Pour ne parler que de la France, Notre Dame de Lourdes, Notre Dame de la Salette, Notre Dame du Laus, Notre Dame de Rocamadour, Notre Dame de la Garde, Notre-Dame de Fourvières, sont toutes situées sur des hauteurs. Il ne pouvait en être autrement de Notre Dame du Puy, le pèlerinage le plus ancien, le plus célèbre et le plus vénéré de la France entière. Aussi, c'est sur le Mont Anis que la sainte Vierge a voulu être honorée dans le Velay, dès le premier siècle du christianisme. Voici ce que la légende nous rapporte à ce sujet :

Une pieuse veuve qui avait été baptisée par saint Front et qui habitait dans les environs de Ruessium, un lieu appelé Vila, près la rivière de Borne, souffrait depuis longtemps d'une fièvre qu'aucun remède ne pouvait guérir. N'obtenant pas de soulagement de la part des hommes, elle s'adressa à la sainte Vierge qui lui fit entendre ces paroles : « Levez-vous, ma fille, du lit où vous ne sauriez trouver la santé, et allez la chercher sur le Mont-Anis où elle vous sera rendue ». Docile à cette voix, la malade se fit aussitôt porter par ses domestiques au lieu indiqué. En y arrivant, elle remarqua une grande pierre noire et carrée en forme d'autel sur laquelle elle se reposa et s'endormit. Durant son sommeil elle vit une troupe d'anges entourant une Dame rayonnante de clartés, et vêtue d'habits royaux. Troublée d'abord à cette vue, mais bientôt rassurée, elle s'enhardit à demander qu'elle était cette reine : « C'est, répondit un des esprits célestes, l'auguste Mère du Sauveur, qui, entre tous les lieux du monde, s'est choisi spécialement cet endroit, pour y être servie et honorée jusqu'à la fin des siècles ; et afin que vous ne preniez pas ce que vous voyez pour un vain songe, sachez que la guérison que vous désirez vous est accordée ». A ces mots, la vision disparut au milieu d'une douce harmonie, et la malade se réveilla dans toute la vigueur de la santé.

Son premier soin, comme on le pense, fut d'aller trouver saint Georges pour lui faire part du miracle qui venait d'avoir lieu. À cette nouvelle, le saint Evêque accourt sur le Mont Anis ; mais quel n'est pas son étonnement de voir le sommet de ce mont, qui formait un petit plateau, entièrement couvert de neige, quoiqu'on fût alors au 11 juillet, et qu'il fit extrêmement chaud. Ce n'est pas tout : sous les yeux du saint émerveillé, voici qu'un cerf s'élance tout à coup dans la neige, et trace ainsi, dans sa course rapide, l'enceinte d'une église, dont Georges, inspiré d'en haut, prédit dès lors la gloire future. Mais trop dénué de ressources ou trop occupé alors pour élever l'édifice sacré, il se contente d'entourer l'enceinte d'une haie d'aubépine. Le lendemain la neige avait disparu, et, autre miracle peu connu, l'aubépine en fleur s'épanouissait sur la montagne comme une couronne virginale.

Le bruit de ces prodiges parvint bientôt jusqu'aux oreilles de saint Martial, qui évangélisait les pays voisins. L'apôtre de l'Aquitaine voulut à son tour visiter la montagne bénie. Il désigna la place de l'autel, et, en souvenir de son pèlerinage, il laissa, comme relique, un soulier de la sainte Vierge, qui se voit encore aujourd'hui dans le trésor de la Cathédrale. Les deux apôtres ne tardèrent pas à se séparer. Saint Georges, adonné tout entier au salut des âmes, étendit dans tout le Velay les conquêtes de la Foi, et le nombre des chrétiens dans notre pays s'éleva bientôt à plus de quinze mille. Épuisé de fatigues et accablé par l'âge, le saint Evêque vint enfin mourir à Ruessium, l'an 84 de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C'en était fait : le pèlerinage du Mont Anis était désormais fondé !

 

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Prière

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous. Ô Marie, que de belles choses nos chroniques racontent de vous ! Gloriosa dicta sunt de te, o Maria ! Ah ! Nous comprenons la dévotion et la piété de nos pères envers vous ! Nous voulons désormais vous aimer et vous vénérer comme eux ! Oui, comme eux, nous lèverons souvent nos regards du côté de votre montagne sainte pour implorer votre secours et demander votre protection : levavi occulos meos ad montes, unde veniet auxilium mihi ! Le lieu où vous avez daigne apparaître est une terre sainte : terra sancta est ! Le sanctuaire que l'on vous y a élevé est véritablement la maison de Dieu et la porte du ciel : hic est Domus Dei et porta coeli ! Nous désirerions pouvoir y faire notre demeure habituelle. Mais, ne pouvant en gravir les degrés aussi souvent que nous le voudrions, nous y viendrons du moins bien souvent épancher, en esprit, notre prière et notre coeur aux pieds de votre autel ! Puissions-nous en retour, ô Marie, voir s'ouvrir un jour devant nous ce beau Paradis, dont vous êtes la porte mystérieuse ! Janua coeli, ora pro nobis ! Porte du ciel priez pour nous ! Ainsi soit-il !

 

Regina Vellaviae, ora pro nobis !

Reine du Velay. priez pour nous.

 

Salve Regina

  

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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30 avril 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Premier jour

Comment le Christianisme et le culte de Marie s'introduisirent dans le Velay

 

Quarante-cinq ans après l'incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sous le règne de l'empereur Claude, saint Pierre, qui depuis deux ans avait transporté son siège d'Antioche à Rome, envoya plusieurs de ses disciples prêcher la foi dans les Gaules. Voici, tels que la tradition nous les a conservés, les noms et la destination de quelques-uns d'entre ceux qui vinrent alors évangéliser la France, et y furent nos Pères dans la foi : Saint Martial fut envoyé à Limoges, saint Denis à Paris, saint Julien au Mans, saint Sixte à Reims, saint Trophime à Arles, saint Savinien à Sens, saint Saturnin à Toulouse, saint Austremoine à Clermont, saint Front à Périgueux et saint Georges au Velay.

Saint Georges et saint Front partirent ensemble pour se rendre au lieu de leur mission. Mais au bout de trois jours de marche, comme ils approchaient de la ville de Bolsena, ville de Toscane, qui tirait son nom du lac sur les bords duquel elle était située (1), saint Georges fut saisi par une maladie soudaine qui le fit mourir presque subitement.

Désolé d'avoir ainsi perdu son frère et son compagnon de route, saint Front, après avoir rendu les derniers devoirs à saint Georges, revient en toute hâte sur ses pas, et va retrouver saint Pierre à qui il raconte en pleurant le triste début de son voyage :

« Ne pleurez plus, mon fils, lui dit saint Pierre, il n'y a point de mal en tout cela : Dieu n'a permis ce trépas que pour sa gloire et pour la conversion d'un grand nombre d'âmes. Comme assurance de ce que je vous dis, prenez mon bâton pastoral, allez-le poser sur la tombe de votre compagnon, et dites : « Georges, serviteur du Dieu vivant, au nom de Jésus et de la part de Pierre, son vicaire en terre, je vous adjure de quitter présentement le tombeau où vous êtes, afin que votre âme, ayant rejoint son corps, vous puissiez achever le voyage que vous avez commencé ». A ces simples paroles et au contact de ce bâton, Georges ressuscitera certainement, ajouta saint Pierre, et vous pourrez aller de compagnie illuminer de la clarté de l’Évangile, maintes pauvres âmes, qui, parmi les Gaules, croupissent dans les ténèbres de l'idolâtrie ».

Tout joyeux de cette réponse, saint Front reçut le bâton de l'apôtre saint Pierre et revint en toute hâte, au lieu où le corps de saint Georges gisait inanimé. Une grande multitude d'infidèles des deux sexes s'était réunie là pour voir ce qui allait advenir. Alors, en présence de tous ces spectateurs, saint Front s'approche du tombeau, y dépose le bâton de l'apôtre, et, invoquant le nom de Jésus-Christ, commande au mort de ressusciter. Soudain, au contact du bâton apostolique, et à l'invocation du nom de Jésus-Christ, Georges, comme un autre Lazare, sort du tombeau plein de vie et de santé. Aussitôt la multitude pousse des cris de triomphe en l'honneur du Christ ; à la vue d'un tel miracle, un grand nombre d'infidèles se convertissent au Seigneur, et saint Front eut le bonheur d'administrer le baptême à plusieurs milliers d'idolâtres.

La moitié du bâton miraculeux de saint Pierre, dont il est ici question, se conservait encore au dix-septième siècle, dans l'église collégiale de Saint-Paulien, où le P. Odo de Gissey assure l'avoir vue et maniée souvent. Ce bâton paraît avoir été, dans cette église, l'objet de la vénération des fidèles jusqu'en 1793. Après le rétablissement du culte, il fut remis à M. le curé de Saint-Paulien, qui le donna ensuite aux Dames de l'Instruction du Puy, qui le possèdent encore aujourd'hui. Quant à l'autre moitié du bâton apostolique que possédait autrefois l'église de Périgueux, il paraît qu'elle est malheureusement perdue.

Cependant, après avoir instruit et évangélisé pendant quelque temps leurs nouveaux disciples, nos deux saints reprirent bientôt leur chemin vers les Gaules, traversèrent les Alpes et arrivèrent enfin à la capitale du Velay, qu'on appelait alors Ruessium et qu'on nomme aujourd'hui Saint-Paulien. Là, saint Front convertit d'abord une dame veuve qui habitait dans les environs de la ville et que l'on croît être la veuve d'un des premiers seigneurs de Polignac. Cette néophyte fut bientôt imitée par toute sa famille, et, de proche en proche, les conversions se multiplièrent à tel point, qu'au bout d'un an le pays comptait déjà plusieurs milliers de chrétiens. Mais, sur ces entrefaites, saint Front dut se séparer de saint Georges pour aller à Périgueux, qui était le lieu que saint Pierre lui avait spécialement assigné pour mission.

Saint Georges, resté seul au Velay, s'adonna avec le plus grand zèle à la conversion des idolâtres. Partout où il trouvait l'occasion de se faire entendre, dans les rues, sur les places publiques et jusque dans l'enceinte du prétoire où l'on rendait la justice, partout il prêchait courageusement la parole de Dieu. Et le Saint-Esprit donnait à sa parole une éloquence si persuasive, son accent de foi touchait et convainquait si bien les âmes, qu'en peu de temps il eut baptisé un grand nombre d'idolâtres.

Cela ne faisait pas l'affaire du démon qui, jusqu'alors, avait régné sans partage sur cette contrée. On vint dire au gouverneur de la ville qu'un étranger assemblait partout le peuple et lui prêchait une doctrine inconnue, qui ne tendait à rien moins qu'à combattre et à détruire la doctrine établie dans le pays. Le gouverneur, ayant voulu se rendre compte par lui-même de ce qu'on lui avait rapporté, fut si offensé de la liberté toute évangélique avec laquelle saint Georges prêchait la doctrine chrétienne, qu'il incita le peuple à lui faire un mauvais parti. Aussitôt la populace se rue contre le pauvre saint, les insultes et les coups de pierre pleuvent sur lui ; on s'empare de sa personne, on le renverse à terre, on le foule aux pieds et on l'eût cruellement mis à mort, si sa patience et sa douceur merveilleuses n'eussent fini par déconcerter et par apaiser la rage de tous ces forcenés. Vaincus par sa mansuétude et sa résignation, ils lui font grâce de la vie et lui rendent la liberté. Alors, Georges, s'armant du signe de la Croix, pénètre dans un temple païen dédié au Soleil et devant lequel avait eu lieu la scène que nous venons de raconter. La multitude l'y suit avec précipitation. Mais à peine le saint eût-il mis le pied dans le temple, que les démons invisibles, dont ce lieu était rempli, se mirent à pousser des cris et des hurlements épouvantables. Mais Georges, s'armant alors du signe de la Croix, commanda à tous les démons qui étaient là de quitter immédiatement les statues qu'ils occupaient. Aussitôt on vit se détacher, des statues qui ornaient le temple, d'horribles ombres noires qui jetaient des flammes par la bouche et par les yeux, et rugissaient comme des lions au grand épouvantement de tout le peuple qui se serait enfui, si le saint n'eut ordonné à tous ces méchants esprits de rentrer immédiatement dans les abîmes de l'enfer. On entendit alors un fracas épouvantable, pareil à celui d'une montagne qui s'écroule. C'était le bruit que tous ces monstres infernaux faisaient en disparaissant et en rentrant dans leurs demeures.

Terrifiés par tout ce qu'ils venaient de voir, en même temps que touchés par la grâce de Dieu, les prêtres des idoles et tous les païens qui étaient là se jetèrent aux pieds du saint, lui demandèrent pardon de tous les mauvais traitements qu'ils lui avaient fait subir, et lui protestèrent qu'ils voulaient renoncer à leurs erreurs et embrasser la foi chrétienne. Ce qu'ils firent, en effet. Saint Georges les catéchisa, leur administra le baptême, et après avoir purifié le temple d'où il venait de chasser les Démons, il le dédia au service du vrai Dieu, sous le nom et en l'honneur de l'auguste Reine du ciel. C'est ce temple qui fut connu depuis à Saint-Paulien sous le nom de Notre-Dame du haut Solier.

Telle fut l'introduction du culte de Marie dans les montagnes du Velay. Un antique sanctoral de l'église angélique de Notre-Dame du Puy porte ces belles paroles : « A genoux ! peuple du Velay, honore Marie, la mère de Dieu, que Georges, ton premier pasteur, t'apprit à révérer ! » Pour répondre à cette pieuse invitation, tombons à genoux, et remercions Jésus et Marie de la grâce qu'ils firent au Velay, il y a dix-huit siècles, par le ministère de saint Georges !

 

(1) Le lac de Bolsena, près de la ville de ce nom, est à une centaine de kilomètres de Rome. Il mesure quinze kilomètres de long sur dix de large, et envoie, par la Marta, ses eaux dans la Méditerranée.

 

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Prière à Jésus et à Marie

 

O Jésus qui, entre toutes les nations de la terre, avez daigné choisir la France pour l'appeler, l'une des premières, à la connaissance et à l'amour de votre nom, gardez toujours à notre chère Patrie cette vieille foi catholique, grâce à laquelle elle fut si longtemps la première nation du monde. Ne permettez titre de soldat de Dieu et de fille aînée de l’Église ! Qu'elle ne cesse point de justifier son antique devise : « Vivat Christus, qui diligit Francos ! Vive le Christ qui aime les Francs ! » Et puis qu'entre toutes les autres provinces de France, la province du Velay a eu le bonheur et l'insigne honneur, ô Jésus ! de vous connaître et de vous aimer une des premières, faites aussi qu'elle vous garde toujours son cœur et sa foi ! Oui, que votre nom et celui de votre sainte Mère, soient à jamais bénis et honorés dans nos montagnes et par toute la terre, comme ils sont bénis et honorés dans le Ciel !

Et vous, ô Marie, qui avez été également aimée et vénérée en France dès les temps apostoliques, n'abandonnez pas non plus notre chère Patrie. Malgré toutes ses fautes et toutes ses erreurs, nulle nation au monde vous aime et vous honore comme elle : voyez, nos villes et nos campagnes sont toutes parsemées de vos chapelles et de vos statues. Il n'est pas une seule de nos habitations où votre douce image ne préside et ne soit en honneur. Il n'est pas non plus une famille où votre nom béni ne soit pieusement invoqué ou dévotement porté... O Marie, non, la France n'a pas cessé de vous aimer ; elle vous aime encore, elle vous aimera toujours, et notre Patrie, malgré tout, ne cessera jamais d'être votre royaume, Regnum Galiae, regnum Mariae ! Mais, entre toutes les contrées de notre chère France, il en est une, ô Marie, bien petite en étendue, mais infiniment riche en cœur, et qui surpasse toutes les autres en amour et en vénération pour vous. Cette contrée, c'est le Velay ! Bénissez cet humble petit coin de terre, ô Vierge immaculée ! Gardez-lui votre amour et votre pendant ce mois, comme pendant toute la vie, régnez toujours dans le cœur de ses habitants.

 

Regina Vellaviae, ora pro nobis !

Reine du Velay. priez pour nous

 

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Salve Regina

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ;

ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre douceur et notre espérance, salut !

Nous élevons nos cris vers vous, pauvres exilés que nous sommes et malheureux enfants d'Eve nous soupirons vers vous,

gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Céleste avocate, tournez donc vers nous vos regards miséricordieux, et après l'exil de cette vie,

montrez-nous enfin, Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô compatissante, O douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

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25 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

ND du Laus

 

Vingt-sixième jour

Le Pèlerinage de Notre-Dame du Laus

 

I. Notre-Dame du Laus doit son origine à une simple bergère nommée sœur Benoîte, du Tiers Ordre séculier de Saint Dominique. Rien de plus suave, de plus édifiant, de plus délicieux, que la vie de cette pieuse bergère. Depuis l'âge de treize ans, jusqu'à l'époque de sa mort, elle fut favorisée des apparitions presque journalières de la très Sainte Vierge, qui fut sa divine institutrice dans les voies de la perfection ; aussi quelque chose de céleste s'unissait au charme de la candeur de Benoîte et ses paroles avaient une extraordinaire puissance. Citons quelques faits de sa gracieuse et poétique histoire.

Marie avait daigné apparaître à sa jeune servante pendant qu'elle gardait ses troupeaux dans le vallon du Laus. Dès lors le cœur de la pieuse bergère ne fut plus à elle. Pareille à la blanche pâquerette qui, au lever du soleil, ouvre sa riante corolle à l'astre qui la réjouit et la féconde, l'humble enfant reste immobile et muette devant la radieuse Étoile qui s'est levée sur elle et livre toute son âme aux mystérieuses influences de la vision qui l'éclaire, l'échauffe et la réjouit. Voir. voir toujours ce qu'elle voit, c'est sa nourriture, sa prière, son repos et sa vie. Le pain, le temps, le troupeau, tout, jusqu'au Rosaire est oublié... Les étoiles la surprirent à la même place... le bêlement de ses brebis vint la rappeler à elle et l'avertir qu'il était temps de se retirer. Pendant quatre mois, chaque jour, il lui est donné de contempler celle dont la vue lui fait un paradis sur la terre. Pendant la nuit, seul temps qui sépare l'heureuse bergère de l'objet de son amour, elle en rêve, et tout en rêvant elle se lève pour aller la voir. Elle se surprend alors au milieu des ténèbres courant sur les rochers, les pieds nus et à peine vêtue; c'est que, pendant qu'elle dort, son cœur veille, et l'amour du cœur entraîne le corps.

C'est dans une de ses apparitions que Marie déclara un jour à Sœur Benoîte qu'elle voulait être honorée au Laus et qu'on lui élevât là une chapelle où elle répandrait ses faveurs à pleines mains. « Mais, lui répondit Benoîte, qui connaissait la misère du pays, où prendra-t-on de l'argent pour bâtir cette église ? » « Soyez sans inquiétude, reprit la sainte Vierge, l'argent ne manquera point, et je veux que ce soit celui des pauvres ». Et voilà qu'à la voix de l'humble bergère, et attirés par les miracles qui se succédaient au Laus, une multitude de pèlerins s'y acheminaient. Le sanctuaire commencé en 1667 était achevé l'année suivante. Les pèlerins apportaient chacun une pierre pour concourir à la construction de l'édifice où il s'opérait chaque jour des conversions et des guérisons remarquables. La très Sainte Vierge avait promis qu'un des signes de sa présence au Laus serait une odeur céleste. Voici comment un vicaire général de Gap s'explique sur ces suaves effluves du ciel : « Les odeurs de Marie sont si délicieuses, et d'une si grande consolation, que celui qui les sent croit déjà jouir des avant-goûts du ciel. À mesure qu'elles frappent l'od0rat, elles enlèvent l'âme et toutes ses puissances, et remplissent le cœur de joie ; les parfums des fleurs ne sont rien en comparaison de ceux-ci. Si les hommes experts dans la distillation des plantes aromatiques et la préparation des baumes, respiraient ceux du Laus, ils en seraient pâmés de consolation. Ils ne sauraient ni, les connaître, ni en parler, parce qu'ils sont des écoulements de la divinité ». (Histoire des merveilles de N. D. du Laus).

Sœur Benoîte, qui respirait à leur source les doux parfums de la Rose mystique, et dont les sens, épurés par le travail de la sainteté, étaient plus exquis, en était toute transformée. Chaque fois qu'elle revenait d'auprès de sa tendre Mère, son visage paraissait lumineux, et son âme était tellement enivrée de consolation, que semblable aux bienheureux, elle ne pouvait ni boire, ni manger, ni dormir... Ses vêtements étaient aussi tout imprégnés de la bonne odeur, et la conservaient plusieurs jours. À ces signes, on connaissait qu'elle avait vu la Reine des anges ; ainsi l'abeille, chargée des parfums et de la poudre d'or du lys, laisse deviner qu'elle sort du sein de la Reine des fleurs.

Les bonnes odeurs étaient donc, pour la foule qui ne voyait pas la Mère de Dieu, une preuve d'autant plus sensible de sa présence, que ces odeurs paraissaient moins être une grâce particulière qu'un attribut de la nature céleste de Marie, en sorte qu'il eût fallu un acte de sa puissance pour les retenir.

Tout ce qui appartenait à la sainte bergère était parfumé, sa bute, son voile, sa main, son haleine, tout ce qu'elle touchait, et l'air qu'elle traversait. Lorsqu'elle parlait,le souffle de ses lèvres prévenait délicieusement l'odorat avant d'aller remuer le cœur. On se trouvait si bien auprès d'elle qu'on n'eût jamais voulu la quitter. Lorsque son cœur avait encore été échauffé par une communion, une extase, une vision, elle enivrait tous ceux qui l'approchaient, car ces fragrantes émanations avaient un flux réglé sur celui de l'amour. L'amour était le foyer intérieur qui volatilisait les arômes de son corps pur ; plus le foyer était ardent, plus il dégageait de parfums.

Si donc Benoîte ne porte pas l'or et les perles de la souveraine qu'elle représente, à la place elle répand de célestes parfums. Ce signe de sa mission n'est pas moins concluant que celui de la pénétration de son regard dans les ténèbres des consciences. Les parfums de Jésus-Christ, de la sainte Vierge, des Anges, et de sœur Benoîte composent ce que la tradition a nommé les bonnes odeurs du Laus, mots magiques, dont le charme subsiste encore, car les bonnes odeurs sont sensibles pour plus d'une âme privilégiée.

Lorsque l'église du Laus fut achevée, la sainte Vierge y envoya des Anges pour en célébrer l'inauguration, qui eut lieu le 25 décembre, après la messe de minuit. Benoîte était dans l'église, et suivait le cortège angélique dans sa procession. Du dehors, en apercevait par les fenêtres une grande lumière à l'intérieur, et de suaves parfums s'échappaient de toutes parts, quoique l'église fut fermée.

Sœur Benoîte est enterrée à l'entrée même de la chapelle miraculeuse, et sur sa tombe on lit cette simple inscription : « Tombeau de la, sœur Benoîte, morte en odeur de sainteté, le 28 décembre 1718 ».

 

II. Ô Marie, qui aimez à vous manifester aux âmes simples et innocentes, et qui avez daigné apparaître si souvent à notre sœur Benoîte sur la montagne du Laus, conversant si familièrement avec elle, qu'elle ne vous nommait que sa Bonne Mère, souffrez que je me mette sous votre protection, et daignez me faire sentir aussi les effets de votre maternelle bonté. Dites à mon cœur de ne plus aimer que ce qui peut plaire à votre divin Fils et à Vous, aidez-moi à accomplir mes bonnes résolutions ; attirez-moi dans le chemin de la perfection par l'odeur de vos parfums. Si, comme sœur Benoîte, je ne suis pas digne de la faveur de vous voir d'une manière sensible. Ah ! du moins, faites-moi éprouver la force et la douceur de votre puissante protection et alors je pourrai vous imiter, vous aimer, vous servir tous les jours de ma vie, et après ma mort vous contempler dans le ciel sur le trône de votre gloire. Amen.

 

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24 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

 

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Vingt-cinquième jour

 

Des Pèlerinages aux églises de Marie

 

 

 

« Qu'ils sont utiles aux pêcheurs les lieux consacrés par la piété a la très Sainte Vierge ! » (Mr Olier)

 

« Quand on est arrivé à un lien de pèlerinage, il faut rendre avec ferveur ses vœux et ses respects à Dieu, à la Vierge, ou au saint; demander instamment les grâces dont on a besoin, et surtout celle d'une parfaite conversion ». (Père Ducos).

 


I. Les oratoires qui, dès les commencements de l'Église, avaient été consacrés à la très Sainte Vierge, devinrent souvent, par la suite des temps, des lieux de pèlerinage à cause des miracles qui s'y opéraient. Mais pour que les pèlerinages soient utiles à nos âmes, il faut les faire comme les faisaient les saints, réfléchir sur la sainteté du but qu'on se propose, sur la sainteté du lieu qu'on veut visiter, sur les grâces à demander, sur la conduite à tenir et sur le mal à éviter pendant le voyage, et en offrir d'avance à Marie les fatigues et les privations; se mettre en état de grâce avant de partir, pour rendre méritoires les fatigues inséparables d'un long voyage, et ne pas risquer d'être surpris par les accidents auxquels on peut être exposé pendant le trajet ; se mettre sous la protection de la sainte Vierge, dont on va visiter le sanctuaire ; réfléchir sur les voyages que Notre-Seigneur faisait sur la terre pour le salut du monde, sur les voyages que les saints ont faits pour la gloire de Dieu et le salut des âmes sur le grand, important et décisif voyage que nous faisons du temps à l'éternité.

 

Notre glorieux Père saint Dominique nous donna le premier l'exemple de la dévotion aux pèlerinages de Marie. Notre Dame de Rocamadour, vieux sanctuaire dédié à la Bienheureuse Vierge Marie, dans une solitude sauvage et escarpée du Quercy, se souvient encore du pèlerinage que fit Saint Dominique avant de se rendre à Paris. Ce fut en sortant de Rocamadour qu'il accomplit un de ses plus éclatants miracles.

 

Tous les enfants de notre bienheureux Père l'imitèrent dans sa dévotion pour les pèlerinages de Marie, où le souvenir de leur passage est encore vivant.

 

Le vénérable Père Antoine Lequien n'alla jamais à Rome, voyage qu'il fit plusieurs fois, sans passer par Lorette, afin de vénérer Marie d'une manière plus particulière dans ce lieu qui lui est spécialement consacré ; il était cependant obligé pour cela de se détourner de plus de quarante lieues de sa route. Pendant un des séjours qu'il fit à Lorette, tandis qu'il priait Dieu dans la petite chambre de la Sainte Vierge, il vit qu'on se disposait à la balayer. Il sollicita comme une précieuse faveur la permission de remplir lui même cette fonction ; il s'en acquitta en effet avec beaucoup de respect et de ferveur. Cependant, ayant, par mégarde, heurté une des lampes suspendues dans la chapelle, l'huile se répandit sur sa tête ; il l'essuya promptement et la conserva toujours depuis comme une sorte de relique, que sa foi et sa piété lui rendaient précieuse. Pendant qu'il priait dans cette Sainte chapelle, il remarqua que les pèlerins déposaient dans le tronc des aumônes plus ou moins considérables. Son complet dénuement ne lui permettant pas de les imiter, il voulut cependant faire l'offrande qui était en son pouvoir, et qui, sans doute, ne fut pas la moins agréable à la divine Mère. Il écrivit sur un petit morceau de papier un acte de consécration et de donation entière de lui-même à Marie dans les termes les plus tendres et les plus dévoués, et l'ayant roulée étroitement, il le jeta dans le tronc, pour lui servir d'offrande.

 

Dans ce célèbre sanctuaire, il célébrait la Sainte Messe avec les sentiments de la plus profonde dévotion, et baisait respectueusement les petits ustensiles qu'on y conserve avec soin comme ayant servi à l'enfant Jésus et à sa sainte Mère.

 

Lorsqu'il arrivait à Paris, sa première visite était pour Notre Dame, qu'il prenait pour son aide et son soutien dans les affaires dont il était chargé. Dans un voyage dans le midi, il se détourna de sa route pour aller visiter une église dédiée à la sainte Vierge, sous le titre de Notre Dame de Grâce. Il visitait de même tous les lieux saints qui se trouvaient sur son chemin pendant ses voyages, pour remercier Dieu des grâces qu'il lui avait faites. Pour obtenir la victoire sur une pénible tentation, il ne craignit pas de faire deux lieues, pieds nus, pour invoquer Marie dans une chapelle plus spécialement consacrée à son honneur, et il en reçut le secours qu'il espérait.

 

« Au commencement du XIVe siècle, nous voyons parmi la foule des pèlerins de Notre Dame d'Einsiedeln, Sainte Elisabeth, fille d'André III, roi de Hongrie ; cette vertueuse princesse était entrée chez les Dominicaines de Toes, près Winterthur, et sous la direction spirituelle du Bienheureux Henri Suso, elle arriva bientôt à un haut degré de perfection. Élisabeth étant tombée dangereusement malade, les médecins lui ordonnèrent d'aller prendre les eaux de Bade, et ses supérieurs y donnèrent leur consentement. Mais sa confiance en Marie l'emporta sur les avis des médecins, elle vint à l'ermitage de Saint Meinrad, elle s'agenouilla devant l'image miraculeuse de Celle que l'Église appelle le salut des infirmes, elle pria longtemps avec espoir et foi, et quand elle se releva, elle était guérie ». (Chronique d’Einsiedeln).

 

L'abbé Olier avait une grande dévotion pour aller en pèlerinage aux divers sanctuaires de Marie. Toutes les fois qu'il avait quelque grâce spirituelle a demander c'était là sa grande ressource, et il retirait de ses pieux voyages les avantages les plus précieux. Pendant qu'il était à Rome pour étudier l'hébreu, il éprouva un affaiblissement de la vue qui lui rendit l'étude impossible, tous les remèdes furent employés sans aucun succès. Le pieux jeune homme eut alors recours à la Sainte Vierge, et fit vœu d'aller à Notre Dame de Lorette. Il se mit en route à la fin de mai, par une chaleur excessive, à pied, et couvert de ses vêtements d'hiver. Il fit environ cinquante lieues. Chemin faisant, il récitait le Rosaire, ou bien il chantait ou composait de pieux cantiques. Le plus souvent il méditait sur Jésus et Marie, et ces saintes occupations lui faisaient oublier la fatigue du voyage ; mais elle n'existait pas moins, et la nature fut près d'y succomber.

 

Il fut attaqué par une violente fièvre qui l'abattit sans l'arrêter néanmoins. Il se traînait lentement, et plus il approchait de Lorette, plus il goûtait de consolations intérieures, et plus sa confiance en Marie augmentait. Dès qu'il fut arrivé, on voulut qu'il allât consulter un médecin, mais il s'y refusa et alla de suite se prosterner aux pieds de la Madone miraculeuse. Son empressement et sa dévotion furent récompensés ; au même instant, il se trouva parfaitement guéri, et son âme fut inondée des plus suaves consolations et d'un grand désir de la perfection. Ce fut la, disait-il, qu'il reçut le coup le plus puissant, et qui de son entière conversion. Marie lui obtint plus qu'il ne lui avait demandé. Il fut guéri de la fièvre et de la faiblesse de sa vue pour le reste de sa vie, et de plus les yeux de son âme furent ouverts ; il reçut les grâces les plus particulières, et entre autres un si grand attrait pour la prière qu'il passa la nuit entière en oraison dans la sainte chapelle, et en sortit un homme nouveau.

 

Les pèlerinages aux sanctuaires de Marie étaient aussi le moyen que le même serviteur de Dieu employait pour se préparer aux fêtes de Marie.

 

En 1632, il fit le pèlerinage de Notre Dame de Liesse, pour se préparer à la fête de l'Assomption et aussi pour demander le succès d'un sermon qu'il devait faire ce jour-là. A cette époque, il éprouvait en montant en chaire une agitation extraordinaire, qui paralysait ses facultés. Ce jour-là, la mémoire lui manqua entièrement au milieu de son sermon, mais il s'abandonna à Marie en toute sincérité et humilité; il continua à parler et à dire tout ce qui lui venait sur les lèvres et il se trouva qu'il avait dit précisément tout ce qu'il avait préparé. Son sermon produisit d'heureux fruits.

 

Parmi les nombreux sanctuaires consacrés à Marie, il y en a plusieurs qui rappellent de grands souvenirs dominicains, et qui, pour cette raison, doivent nous être particulièrement chers. Le premier est sans contredit Notre Dame de Prouilhe. Notre glorieux Père puisait surtout dans sa tendre dévotion à Marie les forces dont il avait besoin pour accomplir la rude tâche qu'il s'était imposée. L'histoire, d'accord avec la tradition, nous montre le sanctuaire de Prouilhe comme le lieu où les faveurs de Marie se répandaient sur son serviteur d'une manière particulière, et nous regardons Prouilhe comme le berceau des principales institutions dominicaines.

 

Nous avons déjà vu que l'illustre patriarche commença par y établir le premier couvent des sœurs de son Ordre. Il vit fondre sur cet endroit un globe de feu, qui manifestait la volonté divine. Le sanctuaire de Prouilhe vit également germer, sous les bénignes influences de la Reine des cieux, le premier Ordre des Frères Prêcheurs. L'institution du Rosaire et celle du Tiers Ordre de la Pénitence, ces autres œuvres saintes de Dominique, ne sont pas étrangères non plus au sanctuaire de Prouilhe. Ah ! Sans doute, plus d'une fois, prosterné devant l'autel chéri de Notre Dame de Prouilhe. il y reçut des inspirations vives, des enseignements lumineux sur la dévotion si salutaire du Rosaire.

 

Quant au Tiers Ordre, selon toute vraisemblance, l'idée, le plan, la forme de cette institution nouvelle ont été souvent l'objet des préoccupations pieuses du serviteur de Dieu durant les longues veilles qu'il passait aux pieds de Notre Dame de Prouilhe. Ne nous étonnons pas du tendre intérêt que porte toute la famille dominicaine à ce lieu sacré ; il est bien légitime. À Prouille, la famille dominicaine a été conçue ; c'est là qu'elle a été engendrée. Saint Dominique en fut le Père, et elle reconnaît dans la Bienheureuse Vierge Marie sa Mère mystique.

 

À Avignonnet, non loin de Prouilhe, se trouve Notre Dame des Miracles qui rappelle aussi de grands souvenirs dominicains sur lesquels je m'étendrai un des jours suivants. Nous avons encore dans le diocèse de Toulouse Notre-Dame des Grâces de Brugnières, dans le diocèse de Fréjus, à Tavernes (Var), Notre-Dame de Bellevue et de Consolation ; dans le diocèse de Gap (Hautes-Alpes), Notre Dame du Laus, etc., etc...

 

 

 

II. Je vous remercie, Vierge sainte, d'avoir bien voulu manifester dans tant de lieux-dits vers votre puissance et votre miséricorde par un si grand nombre de miracles éclatants. Ô Vierge, je Vous conjure de daigner secourir toujours ceux qui vous invoqueront dans vos sanctuaires privilégiés ; soyez touchée de nous voir gémir sous le poids d'afflictions diverses dans cette vallée de larmes, et étendez la main pour nous secourir. Si vous m'accordez, ma, bonne Mère, la grâce de visiter quelqu'un de vos sanctuaires privilégiés, faites que je profite de tout ce que je verrai, de tout ce que j'entendrai le long de mon chemin, pour élever mon cœur vers Dieu, et qu'arrivée aux pieds de votre image bénie, je prenne sous vos auspices tous les moyens de profiter de la grâce que vous m'avez ménagée. Obtenez-moi enfin qu'après mon triste pèlerinage sur cette terre d'exil, vous m'ouvriez les portes du ciel, ma seule et véritable patrie. Amen.

 

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23 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Vingt-quatrième jour

Diverses pratiques de dévotion en l’honneur de la très sainte Vierge Marie

 

« Si la dévotion à la sainte Vierge est nécessaire a tous les hommes pour faire simplement leur salut, elle l'est encore beaucoup plus à ceux qui sont appelés à une perfection particulière ». Saint Louis-Marie Grignion de Montfort).

 

I. « Quand le printemps venait, que les fleurs commençaient à paraître, je m'abstenais, dit le bienheureux Henri Suso, d'en cueillir jusqu'à ce que j'eusse fait une belle et brillante couronne à la Mère de mon Dieu. Je me mettais à cueillir des fleurs avec toutes sortes de pensées d'amour pour Marie ; j'allais dans la chapelle poser ma couronne sur la tête de la Sainte Vierge, cette fleur joyeuse de mon cœur, la priant de ne pas dédaigner les prémices que son serviteur lui offrait ».

Un jour qu'il avait ainsi honoré la sainte Vierge, il lui sembla que le ciel était ouvert; il voyait les anges descendre vers lui, et les entendait chanter à la louange de Marie un hymne si ravissant qu'il en mourait de plaisir. Le bienheureux unit sa voix à celles des esprits célestes, et son âme fut inondée de délices et d'amour pour Dieu. Une autre fois, au commencement du mois de mai, il avait dévotement offert, selon sa coutume, une couronne de roses à la Reine du ciel, lorsqu'il se crut transporté au milieu d'un concert céleste. Lorsqu'il fut terminé, la sainte Vierge s'avança vers lui, et lui commanda de chanter ce verset : « O vernalis rosula... » il obéit avec joie, et aussitôt des anges, dont les voix étaient plus admirables et plus ravissantes que tous les instruments de musique réunis, accompagnèrent son chant et le continuèrent longtemps encore après qu'il eut fini le saint cantique.

Le Père François Alain, du couvent de Notre Dame de Bonne Nouvelle à Rennes, eut une grande réputation de sainteté pendant sa vie et après sa mort. Il mérita, par son zèle et son assiduité à faire honorer la sainte Vierge, la qualité de « dévot de Marie et de père du saint Rosaire ».

Un grand nombre de nos saints et de nos saintes jeûnaient au pain et à l'eau la veille de toutes les fêtes de la Sainte Vierge. La Bienheureuse Marguerite de Hongrie, la veille de ces fêtes et pendant leur octave, servait Marie avec un redoublement de ferveur. Elle commença ces pieux exercices dès sa plus tendre enfance. Quand la maîtresse des novices l'envoyait avec les autres à la récréation, elle les engageait à venir avec elle à la chapelle chanter des hymnes à la Reine des Anges.

La Bienheureuse Hélène des Tourelles avait toujours été très dévouée à la sainte Vierge, avant d'entrer au couvent, elle fit bâtir une chapelle en son honneur et y attacha des rentes pour l'entretien du culte divin ; les cloches de cette chapelle sonnèrent toutes seules au moment de sa mort.

La tendre piété de Saint Albert-le-Grand lui mérita de la part de la Vierge Marie, qui récompense au centuple ce que l'on a fait pour Elle, toutes les grâces dont sa longue carrière fut remplie. Marie était à la fois sa mère, sa directrice et son amie. Si l'obéissance à ses supérieurs, la charité pour le prochain et les obligations de sa charge le lui eussent permis, il n'eût voulu faire qu'aimer Marie. Il entonnait ses louanges cent fois par jour, il poussait vers Elle de tendres soupirs, et quand ses devoirs lui laissaient quelque liberté, il allait se jeter avec effusion à ses pieds. Souvent on l'entendait, au milieu de ses promenades solitaires, chanter à sa céleste amie des hymnes ravissantes qu'il avait composées pour Elle, il mêlait souvent à ses chants autant de soupirs qu'il y avait de notes, et de larmes qu'il y avait de paroles. Mais il ne se plaisait pas seulement à parler de Marie, à chanter ses louanges, il faisait toutes ses actions en vue de lui plaire. Il lui offrait ses travaux, ses souffrances et ses consolations. S'agissait-il de donner un conseil, d'écrire, d'enseigner, de prêcher, c'était Marie qu'il appelait à son aide ; partout et toujours il la prenait pour modèle de sa vie, comme à toute heure elle était l'objet de ses affections.

Le Vénérable Père Antoine Lequien s'occupait avec ardeur de l'œuvre si difficile de la réforme des couvents de sa province ; mais bien convaincu que rien ne pouvait lui être plus utile dans cette circonstance que d'intéresser Marie à sa cause, il redoubla de supplications en récitant plusieurs fois par jour le saint Rosaire, pratique pour laquelle il avait une singulière dévotion. Sa confiance envers Dieu et Marie était sans bornes, des plus touchantes et des plus profondes ; aussi obtint-il par ce moyen les grâces les plus signalées. « J'étais, dit-il, convaincu de cette pensée, que Dieu se sert de nos infirmités pour faire réussir ses desseins, pourvu qu'on soit pénétré de confiance en Lui ». Le cœur de ce vertueux Père était plein d'une grande reconnaissance envers Dieu et Marie pour les bienfaits qu'il en recevait. Dès qu'il avait été exaucé, on le voyait aussitôt commencer des neuvaines d'actions de grâces envers Dieu et la sainte Vierge.

Non content de s'acquitter lui-même de ce devoir, il exhortait sans cesse ses religieux à la reconnaissance, leur recommandant surtout de la faire consister dans une plus grande et plus inviolable fidélité pour le service de leur divine bienfaitrice. L'abbé Olier avait un si grand amour pour Marie qu'il s'estimait heureux d'être né d'une mère qui s'appelait Marie, et dans une rue de Paris qui portait le nom de Notre Dame. Dès ses premières études, il ne manquait jamais d'invoquer la Vierge avant de prendre son livre, et il avouait plus tard qu'il ne pouvait rien apprendre qu'à force d'Ave Maria. Dès lors il avait l'habitude qu'il conserva toute sa vie, de lui offrir tout ce qu'il avait de neuf ; il n'aurait osé se servir d'un vêtement sans le lui avoir consacré ; il la priait instamment de ne pas permettre qu'il offensât son divin Fils tant qu'il le porterait. Il ne voulait user qu'en son nom de tout ce qu'il possédait. Quand il se levait ou se couchait, quand il sortait de sa chambre ou y rentrait, il ne manquait jamais de demander à la Sainte Vierge sa bénédiction, et, s'il entreprenait un voyage hors de Paris, il allait la lui demander dans l'église Notre Dame. Au retour, c'est à Elle qu'il allait rendre ses premiers devoirs. Toutes les fois qu'il entreprenait une chose considérable, il allait la lui recommander.

Le Père Schaffhausser, mort en 1860, ne quittait jamais sa cellule sans avoir prié la sainte Vierge de le bénir, en lui adressant à genoux avec ferveur cette invocation : « Nos cum prole pia benedicat Virgo Maria ! » Il aimait Marie comme un enfant aime sa mère, il lui redisait tous les jours quelques-unes des prières composées en son honneur, et dans ses promenades, pendant son noviciat à Châlais, son plus grand bonheur était de charmer les échos des montagnes en chantant des cantiques à Marie. Après le culte de Jésus, le Rosaire était sa dévotion privilégiée; il connaissait toute la puissance de cette prière sur le cœur de Dieu et sur celui de Marie pour obtenir de leur miséricorde la transformation des âmes ; aussi, non content de réciter le Rosaire, il en faisait souvent le sujet de ses prédications.

Parmi les mille moyens donnés par les auteurs de la vie spirituelle, en voici un peut être peu connu, mais dont les résultats sont efficaces ; c'est d'écrire à Marie ! Oui, écrire à Marie, surtout quand approchent ses fêtes, lui écrire et laisser parler son cœur ; lui exprimer avec naïveté nos misères, nos désirs et nos bons sentiments ; lui faire lire jusqu'au fond de notre âme, et quand arrivera un jour de fête ou de communion, placer cette lettre sur son cœur, et conduit par les mains de Marie, s'approcher de la sainte Table avec amour, afin de sceller par le sang de Jésus les promesses faites à notre divine Madone. La lecture de cette lettre soigneusement conservée, produit dans l'âme les plus heureux effets, et cette lettre doit être répétée plusieurs fois pendant le mois ou la semaine. Ainsi agissait un pieux jeune homme dont nous avons déjà parlé. Battu par la tempête, en proie à la rage de l'enfer, il ne se contentait pas de pousser des cris vers Marie, d'arroser de ses larmes le pied de ses autels, mais il lui exprimait par lettres, en caractères de feu, ce qui se passait dans son cœur, et ce moyen, comme il l'avoue lui-même, a été pour beaucoup dans sa vocation religieuse. Ce moyen, nous le répétons, l'avait puissamment aidé à vaincre le monde et les passions : sous l'habit religieux, il l'employait encore, pour se maintenir dans une continuelle ferveur. Pourquoi n'agirions-nous pas de même ? Notre cœur, habituellement si glacé, notre âme si faible pour le bien, trouveraient là un aliment de vie et de forces inconnues jusqu'à ce jour ». (Couronne de Marie, décembre 1860).

 

II. Vierge sainte, obtenez-moi que, par mes pratiques de dévotion en votre honneur, je moissonne de nombreux mérites pour la vie éternelle que votre Jésus m'a préparée ; que je moissonne la foi, l'espérance, la charité, la patience, la douceur, la persévérance, une sainte mort ! Divine Vierge, nous sommes tous des fleurs plantées sur cette terre, et que Dieu cueille en son temps, un peu plus tôt, un peu plus tard. Autre est la rose empourprée, autre est le lis virginal, autre l'humble violette; mais avec votre puissante protection, Vierge Marie, nous nous efforcerons tous, selon le parfum ou l'éclat qui nous est donné, de plaire à Jésus, le divin jardinier des âmes. Amen.

 

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