Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Images Saintes
Archives
Newsletter
Derniers commentaires
Images Saintes
  • La beauté élève l'âme... Par ces images volontairement sélectionnées, ainsi que par la récitation de ces prières, puissiez-vous avoir le désir de parvenir à Jésus et à la sainteté, but ultime de toute vie...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
22 octobre 2008

Hommage à Soeur Emmanuelle

Soeur_Emmanuelle

Sœur Emmanuelle

un siècle d'amour

1908-2008

Les chiffonniers du Caire l’appelait Ableti, « grande sœur ». Son prénom ? Madeleine. Mais le monde entier connaît mieux celui que cette perpétuelle révoltée s’est choisi à 22 ans : Emmanuelle. Toute sa vie, la religieuse vêtue de sa sempiternelle blouse de nylon gris s’est battu contre la misère et l’exclusion. Notre biographie. Sœur Emmanuelle s'est éteinte comme une étoile. En laissant un immense rayon de lumière. Une disparition ressentie par tous : à qui n'était-elle pas devenue familière ? Foulard et blouse grise, tennis usés, on reconnaissait sans peine la silhouette. Le visage ridé comme par un appétit de vie et de soleil, le regard bleu scintillant derrière de larges lunettes, et toujours le sourire aux lèvres. Une femme totalement disponible aux autres : « Si on ne s'intéresse pas aux autres, la vie devient monotone », confiait-elle un jour à Paula Boyer. Chacun avait compris depuis son retour d'Egypte que le mot retraite lui était étranger. Elle n'avait jamais semblé aussi présente. Auprès de ses amis de l'association Asmae bien sûr, mais aussi à la télévision et à la radio, dans les écoles, les paroisses, les prisons. Mais encore, et toujours, près des pauvres, des exclus. Les SDF de l'association Paola à Fréjus, par exemple. Certes, elle goûtait la compagnie des religieuses de la maison de retraite du Pradon, dans le village de Callian, au pied de l'Esterel. Elle aimait bavarder de jardinage, mais on la sentait toujours sur le départ, vaillante sur ses pieds ou calée dans un fauteuil roulant, prête à monter dans une voiture, un car ou un train. « Il faut qu'elle aille jusqu'au bout de ce qu'elle peut donner », expliquait un jour sœur Jeanne-Bernadette.

Jusqu’au bout, être utile et efficace

Inaction : autre mot banni de son vocabulaire. La gamine insupportable, la jeune religieuse frondeuse, la révoltée du Caire : comment effacer un tel caractère ? Jusqu'au bout, elle entendait dire ce qu'elle pensait, secouer les dormeurs, ne pas rester les bras croisés. Etre encore utile et efficace, avec cet optimisme qui en désarmait plus d'un, et cette façon de mettre un terme au doute : « C't'évident, non ? » Ne jamais laisser s'éteindre la flamme de l'espérance. Yalla ! Qui n'a perçu l'infatigable volonté derrière cette interjection souvent répétée d'une voix à la fois fluette et ferme ? Le charisme de sœur Emmanuelle reposait sur un sens inné du contact. Tutoyant tout le monde - sauf le pape...-, dotée d'une mémoire d'éléphant pour les noms, elle marquait toujours un intérêt sincère pour celui qu'elle rencontrait. Avec le même égard, mais aussi le même culot, qu'il soit puissant ou misérable. Dans les échanges, elle savait avec intuition ce qu'il fallait dire et faire à chaque instant. Et elle affichait une force de conviction inaltérable : « J'ai opté pour l'amour universel », disait-elle, expliquant que ce n'était pas la pauvreté qu'elle aimait, mais les pauvres ; la justice plus que la charité. On comprend que, dans ses vœux prononcés, le plus dur aura été celui d'obéissance. Et celui de chasteté ? Celle qui fut une jeune fille coquette effaçait d'une pirouette les remords : « Je n'aurais pas pu me consacrer à un seul homme ». A un autre que Dieu.

Au sommet des sondages

Tout le monde s'inclinait devant son obstination et admirait cette femme heureuse de vivre. Elle séduisait, fascinait, ou déroutait avec sa gouaille et son franc-parler. Avouant ses péchés mignons - les glaces à la vanille, les moules-frites, les polars d'Agatha Christie-, rabrouant des ministres dans des directs télévisés, et gardant même sa liberté vis-à-vis du pape. Ce caractère bien trempé, si peu sensible aux normes et aux institutions, partageait pourtant bien des traits communs avec celui de Jean-Paul II. Mais... « il a sa manière de voir et moi la mienne », affirmait-elle. Ce tempérament robuste n'a jamais freiné sa popularité. Au baromètre annuel, elle caracolait, première femme derrière l'Abbé Pierre et les Zidane, Sardou, Noah et Belmondo. Pas de quoi s'enivrer : « Quand j'arriverai devant le Seigneur, il ne me demandera pas quelle place j'ai occupée dans les sondages », écrivait-elle. Toujours les pieds sur terre, en somme, devant l'éphémère. Mais sœur Emmanuelle savait user habilement de ce succès médiatique pour défendre sa cause. Le public français l'avait découverte en 1977, sur Europe 1 avec Philippe Gildas. Elle fut invitée régulièrement par la suite dans les grands rendez-vous des ténors de l'audiovisuel : chez Drucker, Poivre d'Arvor, Cavada, Giesbert ou Fogiel. Tous dressèrent le même constat : sa maîtrise naturelle de l'outil télévisuel. Même en fin de soirée, elle pouvait faire grimper l'audimat. Les qualificatifs n'ont pas manqué : énergique, brillante, drôle, ironique, charmeuse. Mais surtout sincère. Elle disait ce qu'elle pensait, et se moquait de sa popularité. Car telle est la clé du personnage : son authenticité. Personne ne s'y est trompé. Elle avait puisé dans son parcours une harmonie. L'action n'empêchait pas la méditation : elle n'a raté la messe quotidienne « que trois ou quatre fois ». La foi identifiée avec le cœur, pour suivre le philosophe Pascal, ne l'incitait à aucune arrogance. « Avant, je pensais avoir le monopole de la vérité du fait que j'étais catholique, disait-elle ; aujourd'hui, je sais qu'il y a beaucoup de demeures dans la maison du Seigneur.»Sa supérieure à Istanbul interdisait le prosélytisme, mais encourageait les religieuses à « transpirer le Christ ». Sœur Emmanuelle aura été un exemple, tout simplement un témoin. « Je ne suis qu'une petite goutte dans un océan de misère. » Cette goutte vaut de l'or.

slide04

Soeur Emmanuelle en quelques dates


16 novembre 1908
: naissance à Bruxelles de Madeleine Cinquin, d’une mère Belge et d’un père français. Ses parents étaient commerçants en confection et en lingerie fine. Sa grand-mère maternelle était née d’un père juif et d’une mère chrétienne. Sa fille a épousé un protestant suisse. A 6 ans, elle voit son père se noyer : « Je me suis raccrochée à Dieu, et Dieu s’est accroché à moi. »

1929 : Elle rentre dans la congrégation Notre-Dame-de-Sion, à Paris, rue Notre-Dame-des-champs. Le 10 mai 1931 elle prononce ses vœux et prend le nom de Sœur Emmanuelle. Diplômée en philosophe et lettres, elle enseignera successivement en Turquie (1932-1954 puis 1959-1963), en Tunisie (1954-1959) et en Egypte (1963-1971).

1971 : elle s’installe dans un bidonville au Caire. Elle va partager la vie des chiffonniers pendant 22 ans. « Mes 22 ans dans le bidonville ont été l’accomplissement de ma vie. »

1977 : Ouverture du centre Salam. Le centre offre un dispensaire, des ateliers professionnels et de couture, un club social, un jardin d'enfants, une maternité. Le centre Salam est inauguré par Jehane Sadate, épouse du président égyptien Sadate.

1978 : tournée en Europe et aux Etats-Unis : Soeur Emmanuelle et Soeur Sara collectent des fonds aux Etats-Unis et en Europe pour améliorer le sort des chiffonniers. Jardin d'enfants, école et dispensaire voient le jour.

1980 : Elle reçoit l’Ordre du Mérite à Paris et fonde ASMAE "Agir, Soutenir, Mobiliser pour l'Avenir des Enfants". L'association est laïque. Aujourd'hui, elle intervient dans huit pays et auprès de 74000 enfants.

1991 : Tandis qu'elle célèbre ses noces de diamant de vie religieuse avec les chiffonniers du Caire, l'épouse du président Moubarak lui confère la nationalité égyptienne.

1993 : à la demande de ses supérieures, elle rentre en France et rejoint sa communauté en Provence. Toujours au service des plus démunis, elle se rend régulièrement dans les prisons et auprès des SDF. Active, elle donne des conférences et visite les projets ASMAE dans le monde entier.

28 janvier 2002 : elle est promue au grade de commandeur de la Légion d’Honneur.

25 avril 2005 : elle reçoit les honneurs belges en obtenant les insignes de Grand Officier de l'Ordre de la Couronne.

20 octobre 2008 : Soeur Emmanuelle s'éteint

ciric101862

Soeur Emmanuelle

Elle ne possède ni l'éloquence de Raoul Follereau pour défendre les malheureux ni la fougue emplie de défi et de provocation de l'Abbé Pierre vis-à-vis de tous ceux qui vivent égoïstement. Pourtant, elle peut aussi être rangée dans la lignée des grands prophètes, même si, comme une journaliste l'a dit, elle possède une charité " politiquement correcte ", c'est-à-dire qu'elle ne s'attaque pas de front aux gouvernements et aux institutions publiques ou privées comme l'ont fait les deux célèbres personnages précités, mais plutôt à tous ceux qui possèdent de la haine dans leur cœur. Elle ne risque donc probablement pas d'être prise à partie par des multinationales ou certains responsables politiques du fait de déclarations fracassantes. La seule chose que l'on pourrait lui reprocher, pensent certains, c'est de lutter contre la misère, certes avec conviction, mais de le faire avec trop de douceur, le sourire aux lèvres. Or, cette douceur et ce sourire presque continuels, au moins lorsqu'on est en sa présence ou lorsqu'elle s'exprime à la radio ou la télévision, trompent. Ils ne sont pas le signe de manque de passion, de naïveté ou de timidité, mais ils proviennent de son âme, c'est-à-dire d'une immense spiritualité et, par conséquent, d'un amour d'autrui qui lui permet, en fonction de l'Evangile qu'elle vit constamment, d'une part d'être en communion, dans l'humilité, avec les plus faibles et d'autre part d'aimer son prochain quel qu'il soit, riche ou pauvre. Voilà les qualités qui caractérisent Sœur Emmanuelle et lui procurent sa vraie force et sa joie évidente.


C'est exactement ce que j'ai ressenti lorsque, le 2 avril 1989, j'ai eu la chance de pouvoir rencontrer " la chiffonnière du Caire ", comme on l'appelle aussi. Ce nom lui vient de son travail principal, dans la banlieue de la capitale égyptienne, avec des chiffonniers vivant de détritus triés dans la chaleur étouffante pour les revendre ou en faire de l'engrais, les bénéfices étant reconvertis dans toutes sortes de constructions et d'activités sociales pour rehausser l'hygiène et la santé, scolariser et éduquer enfants et adultes, loger les habitants du bidonville et créer des emplois.


Je l'ai d'abord entendue donner son témoignage dans la petite église du village touristique de Crans (Valais/Suisse), pleine à craquer. Elle y évoqua son travail avec ses amis les pauvres, mais aussi ses voyages sur les routes du monde et du Soudan, en particulier, pour sauver les enfants qui fuient la guerre et la faim. Ce jour-là, j'ai compris, grâce à quelques paroles dont j'ai été le témoin direct, pourquoi l'espérance l'habitait toujours, malgré la misère partagée,. En effet, à la fin de son exposé, son visage, momentanément assombri par la citation des catastrophes et des malheurs qui assaillent les pays du tiers monde, mais aussi nos populations des pays riches, redevenait soudain radieux : " Il nous faut faire passer le Christ dans les autres, ne serait-ce que par un sourire. Notre mesquinerie, notre faiblesse se transforment alors en amour. Chacun de nous est capable de l'exprimer. L'amour doit vaincre la haine. Il est plus fort que la mort."


Et puis, le soir, ce fut ma rencontre personnelle avec elle à la cure de Montana, non loin de Crans. Là, Sœur Emmanuelle évoqua l'apparition que la célèbre voyante Anne-Catherine Emmerich a eue de la Vierge et conclut : " Ce ne sont pas les détails de cette vision qui sont importants, mais bien la lumière dans laquelle baignait Marie. J'aime beaucoup cela. " Et comme si elle s'était imbibée de cette lumière, elle s'en est allée, une fois encore, un sourire sur les lèvres.


Mais quel a bien pu être le détonateur, pour ainsi dire, qui a conduit Sœur Emmanuelle sur ce chemin des Béatitudes au milieu des pauvres, sans se relâcher, sans perdre courage, les défendant sans cesse? J'ai cherché longtemps dans les livres que je possède sur elle les secrets de cette destinée. Je les ai, je crois, trouvés dans ses propres révélations très claires, sous forme d'au moins deux aspects.


D'abord, dans son livre " Chiffonnière avec les chiffonniers ", elle consacre, à la fin, un court mais très important chapitre au chapelet de sa mère qui risque presque de passer inaperçu. Et là, elle dit ceci : " Une chère figure me revient à la mémoire : celle de ma mère à qui je dois le meilleur de moi-même. " Puis, citant quelques petits incidents qui ont marqué sa jeunesse, elle en arrive à un " soir de trouble ", comme elle dit, où elle rencontre, alors qu'elle marche lentement, oppressée dans la nuit, un individu qui la prend par le bras et lui conseille amicalement de rentrer chez elle. A la maison, après cette aventure, elle trouve sa mère - qui est déjà veuve avec trois enfants - endormie, le chapelet entre ses doigts. Il vaut la peine de citer in extenso ce qu'elle écrit :


" J'ai souvent pensé plus tard à ce soir de trouble. Je crois profondément que les grains du chapelet de ma mère glissaient, invisibles, entre cet individu et moi. Une voix murmurait: priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant…Sans savoir qu'il y répondait, l'homme m'a dit : Rentrez chez vous, ma petite. Cet homme-là, dans ma reconnaissance, j'ai souvent prié pour lui. Je le rechercherai dans l'autre monde pour le remercier.


Comment expliquer que, à travers tant de vents contraires qui ont déraciné des cèdres puissants, mon pauvre petit arbuste soit resté debout ? J'en sais rien, moi, la raison. Les racines étaient fortes. Tant qu'elle en a été capable, ma mère s'est rendue tous les jours à l'église, elle y communiait pour ses enfants. Elle m'avait dit : Tu veux vraiment entrer au couvent ? Alors, sois une bonne religieuse. Chaque matin, elle m'en envoyait la force. Ces chiffonniers, comme elle les aurait aimés, comme elle les aime plutôt ! Je sais qu'elle est là, dans mon sourire qui était le sien quand elle allait vers l'autre…

Merci, mon Dieu, de me l'avoir donnée pour mère. "

Il y a aussi ce passage dans son dernier livre " Richesse de la pauvreté " qui révèle la raison de son choix décisif de la pauvreté : " C'est que l'expérience que j'en ai faite reste une des dates importantes de ma vie : le 5 mai 1929, je me suis dépouillée des beaux atours d'une fille coquette pour revêtir la pauvre robe noire d'une petite novice. Ce geste représentait la libération des futilités qui m'asservissaient. Soudain, j'étais devenue légère. J'entrais dans une vie qui deviendrait de plus en plus passionnante. Je renonçais à une humanité égocentrique pour entrer dans une humanité fraternelle. Soixante-douze ans ont passé, j'en goûte encore la richesse. "


Enfin, on peut certainement y ajouter la rencontre qu'elle a faite en 1965 à l'occasion d'un voyage au Caire avec les filles de sa classe de philosophie de l' établissement des sœurs de Notre-Dame de Sion à Alexandrie. Elle raconte : " Dans le train, je fus frappée par des spectacles de misère que je n'avais jamais vus en Turquie : des enfants en haillons, une foule de mères chargées de leurs marmots. "

La famille, les racines, la perception de la misère et de la souffrance et, dans ce contexte, la maman. C'est ce dont nous avons besoin nous aussi et qui peut nous former pour toute la vie. Chaque père et chaque mère de famille devraient en être conscients et se nourrir de la foi et surtout de l'Eucharistie qui nous permet de recevoir en nous Jésus " la lumière du monde ", afin de la transmettre à nos enfants dès leur plus jeune âge. Nous pourrons alors ouvrir leurs cœurs aux autres, particulièrement aux malheureux et aux blessés de toutes sortes, en nous inspirant de l'exemple de Sœur Emmanuelle et nous consacrer, comme elle, à trois choses primordiales.


D'abord ne pas négliger, sous forme d'un secours matériel direct quand nous le pouvons, ceux qui, autour de nous ou ailleurs, sont les moins privilégiés. Mais je ne m'étendrai pas sur le sujet, cette fois-ci, même si cette condition est vitale et si tous les prophètes nous renvoient sans cesse à l'aide concrète au prochain. J'ai déjà développé cet aspect de la charité à maintes reprises, aussi du fait de mon activité sociale durant plus de cinquante années auprès des déshérités et des lépreux..

Ensuite, porter en soi le Christ, " la lumière du monde ", et disséminer dès qu'on le peut une parole, un sourire…J'ai aussi eu la chance dans ce domaine de pouvoir en expérimenter la valeur lors de dizaines de rencontres dans les avions, les trains et les transports en commun, les plus significatives ayant été celles que j'ai eues avec des handicapés, quelques-uns dans le bus qui me conduit de mon quartier en ville. Chaque fois que nous nous revoyons, la joie est de mise dans nos conversations, même lorsqu'un d'entre eux me fait signe ou me parle à haute voix en faisant retourner les têtes et en provoquant même des grimaces ou des étonnements parmi les voyageurs. Chaque fois, j'en rapporte un immense appui et un enrichissement intérieur considérable qui durent souvent des heures.


Enfin, savoir discerner, à côté du péché - auquel nous sommes tous confrontés - aussi les choses magnifiques qui nous entourent, dons du Créateur : les arbres, les fleurs, les montagnes, les gens qui se dévouent pour les autres. Ainsi, Sœur Emmanuelle a écrit : " Quand je tombe dans la ruelle sur un chien crevé, ou des boyaux de porc couverts de mouches, je regarde plus loin les gosses qui se poursuivent en riant. "


Par la prière, demandons à Dieu et à Marie, sa mère, de nous envoyer les grâces qui conduisent à ce chemin de simplicité et de dévotion. En renonçant à nos manières égocentriques et en nous libérant des convenances imposées par la mode, le marché ou les médias, nous entrerons comme Sœur Emmanuelle dans " une humanité fraternelle ", malgré les soucis et les difficultés inhérentes à la vie sur terre. Et puis, finalement, nous aussi nous percevrons de plus en plus le vrai bonheur, celui que Dieu seul peut nous donner et qui se reflète dans une rencontre, dans l'amour profond d'un être ou dans un geste désintéressé vers l'autre.


Marcel Farine

ciric120052

"Il faut être heureux"

interview avec Soeur Emmanuelle

La voix jeune, l’esprit toujours aussi vif, parfois même espiègle, dans un entretien qu'elle avait donné à Pèlerin, Soeur Emmanuelle revient sur sa vie, évoque sa foi, parle sans détours de la vieillesse et rappelle la force de l’amour. Extraits.

Comment vous sentez-vous, sœur Emmanuelle ?


Pas mal pour 99 ans ! Je crois être lucide, ce dont je remercie le Seigneur. La marche est difficile, mais tout le reste va bien.


C'est difficile à accepter, cette moindre mobilité ?


Se lamenter ne sert rigoureusement à rien. Et puis, je n'ai pas le caractère à regretter. J'ai appris à accepter les choses telles qu'elles viennent, elles ont toujours un côté positif. Il faut regarder ce côté et laisser tomber le négatif. C'est ce que j'ai fait toute ma vie, de telle sorte que je suis contente de ma vieillesse. Bien sûr, je ne peux plus voyager comme avant, je suis forcée de rester dans ma chambre. Maintenant, j'ai beaucoup de temps pour prier.


Vous priez beaucoup ?


Je prie toute la journée ! Comme je suis très fatiguée, je ne peux plus me concentrer comme avant, pour la prière. Dieu merci, j'ai mon chapelet ! Je dis le rosaire. J'ai le temps, c'est très beau, et ça ne me fatigue pas de murmurer : « Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous... » Je le répète tout simplement, mais chaque dizaine de « Je vous salue Marie » renvoie à un mystère de la vie de la Vierge et de Jésus. Par exemple, je commence par l’Annonciation de l’ange qui vient dire à Marie qu’elle sera la mère de Jésus. Alors, pendant que je dis le « Je vous salue Marie », je vois cette œuvre du peintre Fra Angelico où l’ange est prosterné au pied de la Vierge qui sourit doucement et je me remémore cette conversation. Ainsi chaque dizaine. Après c’est la Visitation. Marie va voir sa cousine Elisabeth déjà âgée et pourtant enceinte de six mois. Elle trotte, trotte pour voir sa cousine. Alors, moi, je la vois trottant sur la route… C’est très joli ! C’est ravissant de prier comme cela du matin au soir avec le chapelet. Je dis ces prières pour tous ceux que j'aime, pour tous ceux qui viennent me voir, et pour toute l'humanité. Je trouve que c'est très beau, très vivifiant même, de terminer ainsi ma vie. La vieillesse, c'est une grâce que Dieu permet à l'homme. Vous laissez tomber ce qui vous encombre.


Quand on approche, comme vous, les 100 ans, sait-on un peu mieux qui est Dieu ?


Ah, on ne peut pas tout savoir ! Mais avec le temps, la relation avec Dieu Amour se fait de plus en plus intime, douce, profonde. Cela donne du tonus à la vie, c'est comme du champagne, ça fuse ! C'est beau, c'est bon, c'est doux ! Il n'y a rien de meilleur sur terre que la relation d'amour avec Dieu. Et comme disait Thérèse de l'Enfant-Jésus, je reçois d'une main du Seigneur et je donne de l'autre main. Tout ce que Dieu me donne d'amour, j'essaie de le verser sur les hommes et les femmes qui m'écrivent, qui viennent me voir, et puis sur l'humanité entière.


Vous n'avez jamais douté ?


Si, bien sûr ! J'ai eu des années terriblement difficiles... A Istanbul, pendant la guerre de 1939-1945, j'étais enseignante. A l'époque, j'avais seulement l'équivalent du bac en Belgique. Comme je ne pouvais pas aller étudier à Paris, à la Sorbonne, à cause de la guerre, j'ai fréquenté l'université d'Istanbul. Là, j'ai connu des professeurs musulmans et juifs d'une très haute teneur spirituelle, intellectuelle, morale et religieuse. Ils puisaient beaucoup de lumière et de force dans leur religion. C'est alors que j'ai commencé à m'interroger. Je me suis mise à étudier toutes les religions. J'ai trouvé des lumières dans chacune. Arrivée à la religion chrétienne, j'ai trouvé un soleil resplendissant, l'amour du Christ qui est allé jusqu'à la mort pour sauver les hommes. C'était magnifique. Mais quelles preuves avais-je qu'il était « Dieu, né de Dieu, lumière, née de la Lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu », comme le dit le credo ? Quelle preuve avais-je que Jésus était le fils de Dieu ? Je n'en avais aucune. Alors, j'ai commencé à douter, c'était très difficile parce que j'étais « embarquée », comme dit Pascal, j'étais religieuse. Cette période de doute a duré des années.  La guerre finie, j'ai eu la grande chance de pouvoir étudier à la Sorbonne, à Paris. J'ai eu Pascal au programme. C'est lui qui m'a sauvée. Pascal, qui est infiniment croyant, dit que Dieu n'est pas sensible à l'intelligence mais au cœur. Le cœur, c'est le lieu le plus intime de l'homme. Avec l'aide de Pascal, je suis arrivée à la conclusion que tous les biens matériels ne valent pas une seule pensée, que toutes les découvertes scientifiques ne valent pas un seul acte de charité, d'amour gratuit. Grâce à Pascal, j'ai compris que c'est au plus profond de moi-même que je devais chercher Dieu et non pas en lisant les textes des savants et des philosophes. Plus tard, quand je vivais au Caire, j'ai reçu une très grande lumière, une nuit, dans le bidonville. Ce soir-là, comme il faisait très froid, j'avais fermé ma porte, lorsque j'ai entendu une mélopée. C'était ma voisine, Fauzeya, une femme très misérable, qui chantait. J'ai entrouvert ma porte et l'ai vue, assise par terre. Son fils faisait ses devoirs. Nous avions obtenu, elle et moi, qu'il aille à l'école, ce qui était extraordinaire dans le bidonville. Elle faisait du feu avec de vieux cartons. Son mari, qui savait un peu lire, déchiffrait l'Evangile. Quand il s'arrêtait, Fauzeya reprenait la phrase de l'Evangile et la chantait doucement. Son visage était illuminé. Je ne reconnaissais pas cette pauvre malheureuse, souvent battue. Elle n'avait pas étudié comme je l'avais fait, mais elle avait confiance. Elle était sûre que Jésus aiderait son fils à sortir du bidonville. Elle était sûre que Jésus aiderait la petite Teresa qu'elle avait au sein à devenir une femme plus heureuse qu'elle. Dans ma cabane, j'ai demandé au Seigneur de me donner un cœur comme Fauzeya. C'est ainsi que j'ai pu me retremper dans la foi toute simple des enfants et jouir de l'amour de Dieu dont, finalement, je reste sûre. Maintenant, avec le Seigneur, on se comprend. On s'aime, c'est tout.


Voici quatre ans, vous avez publié un ouvrage intitulé Vivre, à quoi ça sert ? Quelle est votre réponse à cette question ?


Vivre, ça sert à aimer ! Et, quand on est vieux, c'est un avantage, on a plus de temps pour aimer, c'est-à-dire pour donner aux autres le meilleur de soi-même en suppliant le Seigneur de les aimer, de les aider. Maintenant, j'ai évidemment plus de temps qu'avant !


Vous avez souvent dit que vous aimiez beaucoup les jeunes. Pourquoi ?


J'ai toujours aimé la jeunesse, parce que c'est l'espoir, l'enthousiasme. Les jeunes, quand on sait leur parler, ils sont passionnants. Quand j'allais dans les écoles, les lycées par exemple, ils restaient vraiment suspendus à ce que je disais. Tout simplement parce que je m'adressais autant à leur cœur qu'à leur intelligence. Les jeunes comprennent très bien qu'il faut s'aider. Malheureusement, une partie de notre jeunesse est sans repère, certains font des bêtises ; à leur place, j'en aurais peut-être fait aussi.


Parce que la société actuelle ne donne pas assez de repères ?


Aujourd'hui, chacun fait ce qu'il veut. Bien sûr, il faut faire ce que l'on veut, mais il faut aussi vouloir le bonheur. Dieu nous veut heureux.


Qu'entendez-vous par là ?


C'est vivre en harmonie. Qu'est-ce que l'harmonie ? C'est regarder les autres avec son cœur, pas avec sa tête, établir des relations simples. Et pour moi, la source est en Dieu. Je vois l'amour qu'il porte aux hommes. Je suis en harmonie avec Dieu, avec les autres et avec moi-même, c'est tout simple.Les jeunes comprenaient très bien lorsque je leur expliquais, exemples à l'appui, qu'aimer, c'est une pratique. Evidemment, beaucoup ne connaissent pas Dieu. Ils ne savent pas ce qu'est aimer parce qu'on ne leur a jamais appris. Il faut savoir aimer. Mais ça s'apprend... Il faut l'apprendre aux jeunes parce qu'ils veulent être heureux.


Comme parler de Dieu et d’Amour aux non croyants qui sont si nombreux dans une société ?


Il suffit d’aimer. Les non croyants comprennent cela très très bien. Quand je parle à des jeunes, je ne leur dis pas d’aller se confesser, cela ne me regarde pas. Ils sont libres. Je leur dis que la vie est passionnante lorsque l’on sait aimer. Et ça ils le comprennent tellement bien. Je leur donne des exemples de gens qui avait tout perdu mais qui n’avaient pas perdu l’amour. Dans des pays très ravagés, j’ai rencontré des tas de gens qui faisaient tout pour aider les autres à en sortir. Ces gens étaient donc passionnés et passionnants.


L'heure tourne. Le jour commence à tomber. Isabelle allume une lampe de chevet qui donne une lumière douce. Elle s'installe au pied du lit de sœur Emmanuelle, lui retire ses chaussures, ses bas, et commence à lui masser les pieds, tout doucement.


A plusieurs reprises, vous avez déclaré : « La religion ne m'intéresse pas, c'est Dieu qui m'intéresse. » Pouvez-vous m'expliquer ?


La religion ne m'intéresse pas en tant que telle. Elle est un moyen, pas un but. La religion, c'est quelque chose qu'on a dans la tête, d'abord. Mais, moi, ce n'est pas la tête qui m'intéresse le plus, c'est le cœur. J'ai des amis athées, j'ai des amis juifs, beaucoup d'amis musulmans. Je ne discute pas religion avec eux ! A mes amis athées, je dis que ce qui compte, c'est qu'ils savent partager leur temps, leur cœur, leur bourse. Je leur dis aussi que s'ils ne connaissent pas Dieu, Dieu les connaît. Qu'ils n'aient pas peur ! Au jour de leur mort, le Seigneur leur dira : « Viens. Quand j'ai eu faim, quand j'ai eu soif, quand j'étais malade, quand j'étais en prison, tu es venu vers moi. » C'est cela, savoir aimer. Ce n'est pas simplement croire.


C'est finalement beaucoup plus exigeant ?


Oh oui, c'est vraiment exigeant, mais c'est passionnant. Quand on sait aimer, on fait de sa vie une aventure merveilleuse.


Si vous deviez faire un bilan de votre vie, quel serait-il ?


Ma vie a été passionnante. Elle l'a été évidemment parce que Dieu m'a permis, partout où je suis passée, d'aimer les autres, de les aimer vraiment, d'essayer de les aider, de sorte que ma vie a été une suite d'actions d'amour. C'est pour cela que je suis ravie d'avoir vécu ce que j'ai vécu et d'être vieille maintenant.


N'avez-vous pas quelques regrets, cependant ?


Non ! Le jour où je suis entrée au couvent, chez les sœurs de Notre-Dame de Sion, j'ai été libérée ! Avant, je n'avais jamais assez d'argent pour mes toilettes. Je voulais aussi danser avec de beaux garçons. Je voulais voyager. Tout cela m'attirait irrésistiblement mais, à la fin, il me restait le vide. A quoi tout cela servait-il ? Il me manquait l'absolu de Dieu et, à la minute où j'ai changé ma robe de jeune fille coquette contre la robe noire de religieuse qui, à l'époque, tombait jusqu'à terre, avec aussi un petit bonnet attaché sous le cou comme une veuve, j'ai été libérée de tout, des garçons, de l'argent et aussi de ma propre volonté. Dès lors, j'ai eu une supérieure à qui j'obéissais et c'était tout.


Vous obéissiez sans difficulté ? Pourtant, vous avez un caractère bien trempé !


J'ai toujours obéi. Même quand je vivais chez les chiffonniers du Caire. Quand j'ai eu 80 ans, mes supérieures m'ont demandé de rentrer en France. J'ai obtenu un délai. Lorsque j'ai eu 85 ans, elles m'ont dit de revenir absolument. Sincèrement, je me suis demandé quoi faire, obéir ou non ? Laisser les chiffonniers qui n'ont rien pour m'installer dans une maison de retraite où j'aurais tout ? Mais sœur Sarah était déjà là et avait toutes les qualités pour prendre la suite. J'ai compris qu'il ne fallait pas rester contre le gré de mes supérieures, j'ai obéi, je ne l'ai pas regretté.


Tout de même, n'avez-vous pas rencontré quelque épreuve ?


Quand j'étais jeune religieuse, j'ai eu un problème. J'étais dans l'enseignement, et il y avait un professeur très intelligent, très bien de sa personne, il savait énormément de choses et en parlait très brillamment, profondément aussi. Un beau jour, je me suis rendu compte qu'il commençait à m'intéresser un peu trop, le professeur ! Alors, je suis allée voir une vieille mère, je lui ai dit que je ne me sentais pas bien du tout. Tout d'abord, elle m'a dit que je pouvais écrire à Rome pour demander à être relevée de mes vœux de célibat. Mais ce n'était pas ce que je voulais. Alors, elle m'a conseillé de ne pas rester braquée sur mon problème, mais de visiter les malades, les pauvres, tous ceux qui souffrent. Petit à petit, m'a-t-elle dit, vous vous rendrez compte que beaucoup sont plus à plaindre que vous. Et puis, naturellement, vous direz le chapelet. Elle m'a donné une planche de salut. Maintenant, je conseille à ceux qui sont en souffrance de s'intéresser aux autres plus qu'à eux-mêmes, c'est radical. Le fait est que, par la grâce de Dieu, j'en suis sortie.


C’est extraordinaire, à presque 100 ans, de se souvenir que vous avez été amoureuse...


Pas un peu, j’ai été terriblement amoureuse. Ca a été vraiment terrible !


Où cela s’est-il passé ? A Istanbul ?


Ca, je ne vous le dirai pas ! Peu importe d’ailleurs. Le fait est que, par la grâce de Dieu, j’en suis sortie. Je suis d’ailleurs persuadée que si, dans les ménages en difficulté, on savait s’arrêter, essayer de résoudre les problèmes au lieu de laisser s’ouvrir la faille, on éviterait bien des divorces.


Mais notre société n’encourage pas ce genre d’effort…


C'est vrai, et nous n’en sommes pas heureux ! Vivre, c’est lutter. Tant qu’on n’a pas lutté dans sa vie, on ne sait pas ce que c’est. Mais quand on arrive à se prendre en main, alors tout change. La vie devient passionnante parce qu’elle est à base d’amour. Ce n’est pas difficile d’aimer. Il suffit de s’attarder, de regarder, d’admirer ce qu'il y a de positif chez les autres et de positif dans les événements qui se succèdent.


Vous avez décidé de publier un livre testament après votre mort. Pourquoi seulement après ?


Ce livre s'appelle Confessions d'une religieuse. J'y parle de moi d'une manière plus intime. Tant que je serai sur terre, je ne veux pas que les gens sachent. J'ai surtout voulu montrer à quel point l'amour de Dieu est quelque chose de merveilleux qui transforme tout dans la vie.


Vous arrive-t-il de penser à la mort ?


Oui, beaucoup, maintenant. Mourir, ce n'est pas triste. Mourir, pour un chrétien, devrait être le plus beau jour de la vie. C'est le jour où l'enfant tombe dans les bras de son père, le jour où la fiancée voit enfin en face celui qu'elle aime. La mort ne me fait pas peur, c'est l'agonie qui me fait peur.


Isabelle, une jeune femme que je prends pour la kinésithérapeute, est avec nous dans la chambre. Sœur Emmanuelle est allongée sur son lit. Isabelle masse les pieds de sœur Emmanuelle, intervient alors :


Mais, vous ne serez pas seule !


Sœur Emmanuelle : La Vierge, que je prie tous les jours avec mon chapelet, sera là et elle m'aidera, ça, je me le dis souvent. Je ne serai pas seule, comme le dit justement Isabelle.


Quelquefois, le passage est facile...


Sœur Emmanuelle : C'est vrai, quand on lâche, c'est plus facile...


Isabelle : Quelquefois, j'ai accompagné des personnes qui sont parties doucement. Ce qui est dur, c'est quand les personnes ne se laissent pas aller. Alors il y a agonie, peur de mourir... Mais si on est accompagné à ce moment-là, si on n'est pas seul, c'est plus facile...


Si vous aviez un message-testament, quel serait-il, sœur Emmanuelle ?


Mon message ? Il faut être heureux, il faut chanter, aussi. Pour cela, il suffit d'aimer. Le dernier mot de tout, c'est l'amour. L'amour vrai, gratuit, ouvert, qui ne va pas s'arrêter à des défauts. Car des défauts, nous en avons tous, c'est évident ! Mais si on s’arrête aux défauts, la vie devient pénible, dure. Si au contraire, on regarde les qualités des autres, la vie est passionnante. Même dans les pires situations, il y a toujours des aspects positifs.


Vous voyez des aspects positifs dans la souffrance ?


Eh bien, la souffrance nous libère un peu de notre égoïsme. Je sais, ce n’est pas facile. Mais c’est peut être libérateur. Surtout quand on s'offre avec le Christ pour les autres. Alors, cela devient très beau de souffrir parce qu’on n’est pas seul. On souffre avec Jésus, on prend la Vierge avec soi et on sait qu’on participe au salut de l’Humanité. Ca c’est passionnant, vous savez.


Vous êtes célèbre dans le monde entier, il y a quelques années, vous passiez à la télévision comme une vedette et maintenant, vous êtes sous assistance respiratoire, abandonnée dans les mains d'Isabelle qui vous masse. Ce n'est pas difficile à vivre, cet abandon ?


Ce n'est pas difficile. Parce que je ne vis plus que d'Amour. Je me laisse couler en Dieu.


Pourtant, vous avez eu une vie exceptionnelle, extrêmement féconde, vous avez vécu avec les chiffonniers du Caire, avec votre association, Asmae, vous avez aidé des milliers d'enfants dans le monde...


Oui, d'une certaine manière j'ai eu 70 000 enfants dans huit pays !


A ce moment-là, Isabelle prend la parole pour faire une « petite parenthèse » . Non, elle n'est pas kinésithérapeute. Elle fait « du massage de réconfort ».

Isabelle : Il s'agit de faire sentir à l'autre, en le touchant avec respect qu'il est unique, qu'il a de la valeur. Ce toucher avec les mains, mais aussi par le regard, par le sourire, est un acte d'amour. Ici, c'est une rencontre intime loin des flashs et des projecteurs. C'est toute la réalité de la vie qui est là sur ce lit. Et la réalité de la vie, c'est l'amour.

Sœur Emmanuelle : Elle est très gentille, Isabelle ! Oh, vous savez, la vie, c'est passionnant, passionnant, passionnant...

ciric120063

Les hommages rendus à Soeur Emmanuelle

"Elle montrait d’une manière absolue que l’amour envers le prochain, quel qu’il soit, est la valeur essentielle du christianisme. Avec elle, dans les bidonvilles d’Egypte, du Soudan ou du Liban, le Christ devenait présent. Source de dons sans frontière, Soeur Emmanuelle a inspiré ma vie et ma prière." Emile Shoufani, curé de Nazareth.

Marc-Olivier Fogiel, journaliste et animateur


"Sœur Emmanuelle a répondu plusieurs fois à mon invitation, pour mon émission « On ne peut pas plaire à tout le monde ». Elle n’avait pas d’œillères : elle ne faisait pas de distinction entre les émissions « fréquentables » et les autres. Quand on s’est connu un peu mieux, elle me donnait des conseils, du genre : « Tu es quelqu’un de bien, pourquoi laisses-tu paraître cette image rude de toi à la télévision ? » Elle était soucieuse du décalage entre mon image et la réalité qu’elle connaissait. J’avoue que je n’ai guère fait d’effort en ce sens. Si je me suis arrondi, c’est plutôt à cause du temps qui passe... Mais c’est grâce à ce genre de rencontre qu’on mesure le privilège de faire ce métier de journaliste. Et, surtout, que l’on s’interroge de temps en temps sur le sens de ce qu’on fait. Après l’émission que j’ai faite sur RTL, il y a un an, pour ses 99 ans, elle me disait : « Tu sais, je vais bientôt partir. Je sais bien que les médias en feront tout un plat. Mais je ne voudrais pas qu’on oublie les amis de l’association qui travaille, au Caire ou ailleurs sur le terrain. C’est sur eux qu’il faudrait mettre la lumière."


Le Père Guy Gilbert


"On s'écrivait tous les mois. je lui disais souvent : "Plus tu vieillis, plus ton témoignage est resplendissant." Il existait une convergence entre sa foi et ses actes. Dans le monde d'aujourd'hui, il n'y a rien de plus beau. Elle avait un charisme extraordinaire, un charisme de témoin. Elle vivait avec les souffrants, et ce "paquet" qu'elle portait lui donnait une légitimité énorme. Quand elle parlait, elle apportait une grande lumière parce qu'en l'écoutant, on était obligé de se situer au-delà des débats qui agitent l'Eglise. "


Patrick Poivre d’Arvor, journaliste


"J’ai rencontré sœur Emmanuelle pour la première fois, il y a une trentaine d’années, à l’occasion d’un reportage pour Antenne 2, sur les chiffonniers du Caire. A l’époque, elle était encore peu médiatique. Pourtant, elle avait déjà presque 70 ans. Comme elle le faisait toujours, elle m’a tutoyé d’emblée. Et je me suis tout de suite senti en harmonie. J’ai alors découvert cet être d’un optimisme exceptionnel, dont le seul contact rendait heureux. Elle a beaucoup contribué à faire aimer Jésus et la religion catholique.  Nous sommes restés proches. Elle a su être présente aux moments difficiles de mon existence. A la disparition de mes filles, elle était là. Elle gardait toujours près d’elle une photo de Solenn. Souvent, elle se comportait comme la grand-mère que l’on rêve tous d’avoir. Il lui est arrivé de me morigéner parce qu’il y avait longtemps que je n’avais pas appelé mes parents."


Trao Nguyen, président de l’Association Sœur Emmanuelle

"Je ressens un grand vide à l’annonce de la disparition de Sœur Emmanuelle. Nous abordions souvent son départ et elle en parlait avec une grande sérénité. Depuis un accident de santé qu’elle avait eu il y a trois ans, en Belgique, elle avouait redouter la souffrance et l’agonie. Elle s’est éteinte tranquillement, dans son sommeil, comme elle le souhaitait. Pour elle, la mort n’était qu’un passage. Maintenant, elle doit être dans la joie. La dernière fois que je l’ai vu, c’était mardi 14 octobre, lors d’un entretien qu’elle avait accordé à France 3 pour l’émission de Jean-Yves Serrand « Comme un vendredi » consacrée à la solidarité. Sœur Emmanuelle était très fatiguée, aussi essayions nous de la ménager, mais elle insistait pour répondre aux nombreuses sollicitations des médias. Elle tenait à être encore utile, à témoigner. Le 16 novembre, elle aurait eu 100 ans. Un sujet sur lequel nous plaisantions souvent. « Il faut que vous battiez votre sœur (morte à 102 ans, NDLR) », lui disais-je en souriant. « Si tu as le numéro de téléphone du Seigneur, passe le moi, je lui demanderai le jour et l’heure. », me répondait-elle sur le même ton. En fait, elle n’aimait pas beaucoup qu’on lui parle de cet anniversaire. « A mon âge, chaque jour compte », expliquait-elle. De même, elle se fichait pas mal de son image, du fait que depuis des années elle figurait au palmarès des personnalités les plus aimées des Français. « Est-ce que tu crois que lorsque j’arriverai là-haut, mon Seigneur me demandera ma place au classement ? », se moquait-elle. En réalité, la seule chose qui lui tenait vraiment à cœur, c’était son combat pour les plus pauvres et les plus démunis. Le plus beau cadeau que l’on puisse lui faire aujourd’hui et de reporter tout l’amour que nous lui portions sur les gens, en particulier les enfants, dont elle s’est occupé tout au long de sa vie."


Martin Hirsch, haut commisaire aux Solidarités actives


"Le combat de sa vie était de venir au soutien des plus déshérités. Elle l’a fait avec une énergie et un entrain spectaculaires, aussi forts que sa silhouette était frêle. Son message a d’autant plus de sens dans le contexte actuel. Soeur Emmanuelle savait convaincre qu’il y avait beaucoup à apprendre des plus pauvres. Elle répétait inlassablement que ce qu’ils avaient à nous dire devait inciter à modifier le cours d’une société qui faisait la part belle à l’argent facile et aux richesses indécentes. Soeur Emmanuelle avait noué une très forte complicité avec l’abbé Pierre. Ils avaient plaisir à unir leur voix pour porter la cause la plus noble à laquelle ils avaient chacun consacré leur vie, celle de la guerre contre la pauvreté."


Cardinal André Vingt-Trois, Archevêque de Paris, Président de la Conférence des évêques de France


"Sœur Emmanuelle a rejoint le Seigneur. Femme de cœur et d'action, elle nous manquera, tout comme elle manquera aux religieuses de sa congrégation et aux bénévoles des associations qu’elle a créées. Sœur Emmanuelle a su mobiliser ses contemporains en faveur des plus déshérités par son franc-parler et sa simplicité. Jusqu’à son dernier souffle, elle a fait preuve, inlassablement, d’une immense énergie et d’une inébranlable foi. Je pense tout particulièrement aux nombreux enfants et familles qu'elle a accompagnés tout au long de sa vie, d'abord comme enseignante, puis en vivant parmi les pauvres des bidonvilles du Caire, enfin dans sa prière quotidienne. Il me revient en mémoire ce propos qu'elle tenait dans l'un de ses ouvrages : « Je garde, quant à moi, une immense reconnaissance pour tous ceux qui (…) m'ont appris que l'amour est plus fort que la mort et porte en lui une semence d'éternité » . À notre tour, nous lui sommes infiniment reconnaissants du témoignage d'amour que fut sa vie, entièrement consacrée à Dieu et aux autres. Suivant son exemple, vivons dans l’Espérance et ne cessons pas d’agir pour les plus pauvres et de témoigner de l'amour de Dieu pour les hommes."


Sylvain Augier, journaliste et animateur radio et télévision


"C'est triste parce que c'est une amie qui nous quitte. Je l’ai rencontrée pour la première fois, en 1993, à son retour du Caire (Egypte), pour la radio. J’avais rendez-vous avec elle, j'étais en retard, et je fonçais sur mon scooter. Tout d’un coup, j’ai vu une religieuse avec des baskets aux pieds qui courait dans la rue. Je lui ai proposé de monter et nous avons fait connaissance comme ça. J'ai été envoûté, pris par son charme. Nous sommes restés amis. Je suis allé la voir plusieurs fois dans sa maison de retraite, avec mes enfants. C’est quelqu’un qui m’a énormément marqué. Nous discutions de tout. Elle m'a fait découvrir la philosophie de Pascal. Un jour, je lui ai demandé : « Madeleine, est-ce qu’on peut vraiment croire en Dieu ? » Elle m'a répondu« Si tu ne l’avais pas déjà trouvé tu ne le chercherais pas » . Elle m’a donné beaucoup de lumière."


Emile Shoufani, curé de Nazareth


"Je l’avais rencontrée en France, il y a cinq ans quand elle donnait encore des conférences. Elle avait choisi de consacrer sa vie à Jésus, et le retrouvait dans chaque visage de ces chiffonniers du Caire, parmi lesquels elle vivait. Elle montrait d’une manière absolue que l’amour envers le prochain, quel qu’il soit, est la valeur essentielle du christianisme. Avec elle, dans les bidonvilles d’Egypte, du Soudan ou du Liban, le Christ devenait présent. Source de dons sans frontière, Soeur Emmanuelle a inspiré ma vie et ma prière."


Xavier Emmanuelli, président fondateur du Samu social de Paris


Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général de l’ONU


"Les éboueurs étaient des petits enfants qui venaient avec des voitures tirées par des ânes. Ils ramassaient les ordures qui servaient de nourriture aux cochons. Ces “zabalines” sont tous des chrétiens coptes, car les musulmans ne s’occupent pas des cochons. Les zabalines étaient des oubliés de Dieu, les damnés de la terre. Nous, la bourgeoisie égyptienne, nous ne nous rendions pas compte à l’époque. Les autorités égyptiennes n’aimaient pas que sœur Emmanuelle montre ce visage misérable de l’Egypte. Elles étaient persuadées, au début, qu’elle faisait du prosélytisme. Or, elle n’a pas essayé de convertir. Le grand problème pour moi est que le fossé entre monde riche et monde pauvre s’élargit. Et l’intérêt que porte le Nord à l’égard du Sud diminue. On a donc besoin d’acteurs non étatiques, avec une spiritualité aussi grande que sœur Emmanuelle, pour essayer de rappeler au monde riche qu’il existe un monde pauvre."


Bernard Kouchner, Ministre des Affaires étrangères


"Je retiens d’elle une formidable jeunesse. Elle avait ce don extraordinaire de secouer tout le monde, y compris elle-même. Elle était très ouverte. Elle ne plaçait pas les gens dans des catégories. Elle ne disait pas : “Qui es-tu ?”, mais : “Qu’est-ce que tu fais ?” Elle ne se baladait pas une Bible à la main, puisqu’elle était la Bible. Elle était respectueuse de l’Eglise mais ne s’intéressait pas à sa hiérarchie. Seul, peut-être, le pape trouvait grâce à ses yeux. Elle était très spontanée dans ses refus. Elle a dû bousculer toutes les hiérarchies et enjamber toutes les convenances sociales pour pouvoir s’occuper des misérables. Elle dérangeait. Elle n’était ni dogmatique ni doctrinaire. C’était une contestatrice, pas un trublion, une agitatrice, pas un casseur. Si vous ne bougez pas, personne ne vous emm… La loi du tapage, c’est l’Abbé Pierre qui l’a inventée."


Pierre Lunel auteur de "Soeur Emmanuelle - la biographie" chez Anne Carrière et Robert Laffont

Pour une Église servante et pauvre

le Testament spirituel de Soeur Emmanuelle


Si je devais résumer l’essentiel de mon engagement religieux pour le transmettre aux jeunes générations, je dirais que j’ai toujours milité pour une Église servante et pauvre. Dans ma jeunesse, un tel idéal allait contre les idées reçues. Je me souviens d’avoir scandalisé les personnes présentes lorsque, en 1931, à vingt-trois ans, devant le monumental escalier du siège parisien de notre ordre, j’ai demandé à une mère du conseil de Notre-Dame-de-Sion : « Devrons-nous toujours passer par cet imposant escalier de marbre ? » La réponse à ma jeune impertinence fut : « Vous voulez faire sauter cet escalier à la dynamite ? » Et il a fallu attendre des années pour qu’un promoteur rénove tout l’immeuble, déposant le magnifique escalier afin d’aménager des appartements moins somptueux mais plus fonctionnels. Durant le concile Vatican Il, la cause d’une Église servante et pauvre a commencé d’émerger. Elle correspondait au voeu d’une partie de l’Église préoccupée des manifestations de richesse qui existent malheureusement encore ici et là dans l’Église, à côté d’une authentique pauvreté que certains, dont moi, voudraient universelle. Il existe des palais épiscopaux trop fastueux, des monastères trop privilégiés. Mais j’ai aussi visité des évêques dans des HLM, qui avaient voué leur demeure aux oeuvres du diocèse. Et nombre de religieux habitent de modestes appartements dans des quartiers défavorisés. À Rome, comme j’évoquais avec un cardinal les richesses des musées du Vatican, je reçus cette réponse : « Ma soeur , le président Mitterrand a-t-il le droit de vendre la Vénus de Milo ? » Je comprends très bien que, tout comme le Président français – pour lequel j’ai voté en 1981 – n’a pas le droit de vendre les chefs-d’oeuvre du Louvre, le Pape n’a pas non plus le droit de vendre les trésors accumulés par l’Église pendant des siècles grâce aux donations des fidèles. Mais – et c’est ce que je suggérai à mon interlocuteur – le Pape ne peut-il déléguer, par exemple à I’Etat italien, la gestion de ses musées, à charge pour lui de reverser chaque année une somme convenue qui aiderait les pays pauvres ? Le cardinal ne rejeta pas ma suggestion : « Ce n’est pas impossible, dit-il. Prions pour cela, soeur Emmanuelle ! » Le 15 août 2004, j’ai eu la très grande joie de parler une dernière fois à Jean-Paul Il, à Lourdes. Je lui ai lu une supplique que j’ai ensuite remise à son secrétaire. Ma requête était que Jean-Paul II veuille bien écrire une Encyclique insistant sur le fait qu’une Église servante et pauvre serait le plus authentique et le meilleur message à transmettre au monde. Je me trouvais auprès du Pape après la très longue Messe de l’Assomption où il avait été chaleureusement ovationné par plus de cent mille jeunes. Mais il était alors épuisé, trop faible pour parler. II m’a écoutée, puis m’a adressé un sourire, faisant un signe amical de la main. Je ne saurai jamais si c’est seulement sa santé déficiente qui l’a empêché d’écrire cette Encyclique. Cependant je garde espoir et je confie à la jeunesse, afin qu’elle le réalise, mon idéal d’une Eglise servante et pauvre, une Eglise rayonnant l’amour évangélique pour qu’advienne enfin un monde plus juste et plus fraternel.


Soeur Emmanuelle, 15 août 2005

Prières de Soeur Emmanuelle

ciric78214

Prière pour une journée

Seigneur, accorde-moi cette Grâce : que rien ne puisse troubler ma paix en profondeur, mais que j'arrive à parler santé, joie,prospérité à chaque personne que je vais rencontrer, pour l'aider à découvrir les richesses qui sont en elle. Aide-moi surtout, Seigneur, à savoir regarder la face ensoleillée de chacun de ceux avec qui je vis. Il m'est parfois si difficile, Seigneur, de dépasser les défauts qui m'irritent en eux, plutôt que de m'arrêter à leurs qualités vivantes, dont je jouis sans y prendre garde. Aide-moi aussi, Seigneur, à regarder ta Face ensoleillée, même en face des pires événements : il n'en est pas un qui ne puisse être source d'un bien qui m'est encore caché, surtout si je m'appuie sur Marie. Accorde-moi, Seigneur, la Grâce de ne travailler que pour le bien, le beau et le vrai, de chercher sans me lasser, dans chaque homme, l'étincelle que Tu y as déposée en le créant à ton image. Accorde-moi encore d'avoir autant d'enthousiasme pour le succès des autres que pour le mien, et de faire un tel effort pour me réformer moi-même que je n'aie pas le temps de critiquer les autres. Je voudrais aussi, Seigneur, que tu me donnes la Sagesse de ne me rappeler les erreurs du passé que pour me hâter vers un avenir meilleur. Donne-moi, à toute heure de ce jour, d'offrir un visage joyeux et un sourire d'ami à chaque homme, ton fils et mon frère. Donne-moi un coeur trop large pour ruminer mes peines, trop noble pour garder rancune, trop fort pour trembler, trop ouvert pour le refermer sur qui que ce soit. Seigneur,mon Dieu, je Te demande ces Grâces pour tous les hommes qui luttent aujourd'hui comme moi, afin que diminue la haine et que croisse l'amour, car depuis ta Résurection, la haine et la mort ont été vaincues par l'Amour et la Vie. Ouvre mes yeux à l'invisible pour que rien n'arrive à ébranler l'optimisme de ceux qui croient en Toi
et qui espèrent en l'Homme. Amen.


Soeur Emmanuelle

emmenuelle

Prière des Epoux

Seigneur, nous te confions notre amour pour qu'il ne meure jamais. Fais que sa source soit en toi pour que chacun de nous cherche à aimer plus qu'à être aimé, à donner plus qu'à recevoir. Fais que les jours de joie ne nous enlisent pas dans l'indifférence au reste du monde. Fais que les jours de peine ne nous désemparent pas mais cimentent notre amour. Seigneur, toi qui es la Vie, donne-nous de ne jamais refuser la vie qui voudra naître de notre amour. Seigneur, toi qui es la Vérité, donne-nous de ne jamais refuser la vérité mais de rester transparents l'un à l'autre. Seigneur, toi qui es le Chemin, donne-nous de ne jamais nous alourdir la marche mais d'avancer la main dans la main.

Prière des Bidonvilles

Tu sais bien que les hommes ont besoin d’amis. Qu’ils ne peuvent pas vivre seuls. Alors, Seigneur, veux-tu être mon ami ? Pour cela, chaque jour, je viendrai m’asseoir près de toi. Je te regarderai, tu me regarderas. Il y a tant de choses dans un simple regard ! Tu sais bien que moi, je ne sais pas parler, pas même à toi. C’est tellement embrouillé et compliqué ce qu’il y a dans mon coeur . Apprends-moi seulement à t’écouter dans le silence de mon coeur. Apprends-moi aussi que pour toi, je suis unique au monde. Tu sais bien Seigneur que j’ai besoin de toi pour vivre. Mon coeur a tellement besoin d’amour, Alors accroche-le bien fort au tien parce que toi aussi, tu veux avoir besoin de moi.Et puis, Seigneur, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Je serai pour-toi unique au monde, Tu seras pour moi unique au monde. Partout où j’irai je te trouverai, ce sera merveilleux. J’irai vers les hommes avec toi, ils seront tous mes amis, Tu m’apprendras à les aimer comme toi tu les aimes et j’aurai besoin d’eux parce que toi, tu veux avoir besoin de moi et comment pourrai-je t’aimer si ce n’est à travers eux ! Je serai pour toi unique au monde et tu seras pour moi, unique au monde Si tu m’apprivoises, chaque homme deviendra pour moi unique au monde parce qu’il est pour toi unique au monde. Son étoile, ce sera pour moi une de tes étoiles. J’aimerai les regarder le soir et si je sais bien regarder, avec mon coeur, je verrai qu’aucune ne se ressemble parce que chacune a sa place dans ton ciel et elles seront toutes mes amies. Seigneur, pour que chaque homme devienne pour moi unique au monde, tu m’as donné ton grand secret. Le voici : ’’On ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux.’’Seigneur, apprivoise-moi, veux-tu ?

photo_1224649259703_1_0

Prière d’espérance

Seigneur, accorde-moi aujourd’hui Cette grâce que rien ne puisse Troubler ma paix en profondeur, Mais que j’arrive à parler joie, Prospérité, à chaque personne Que je vais rencontrer, pour l’aider A découvrir les richesses qui sont en elle. Aide-moi aussi, seigneur, A regarder ta face ensoleillée Même en face des événements difficiles : Il n’en est pas un qui ne puisse être source de bien encore caché Donne-moi, à toute heure de ce jour, D’offrir un visage joyeux et un sourire d’ami A chaque homme, ton fils et mon frère. Donne-moi un cœur trop large Pour ruminer mes peines, Trop noble pour garder rancune, Trop fort pour trembler, trop ouvert Pour le refermer sur qui que ce soit. Seigneur je te demande ces grâces Pour tous les hommes qui luttent aujourd’hui Afin que diminue la haine Et que croisse l’amour. Ouvre nos yeux à l’invisible, Pour que rien n’arrive à ébranler L’optimisme de ceux qui croient en Toi Et qui croient en l’homme, Qui espèrent en Toi et espèrent en l’homme.

ciric120821

Elle avait une présence, un contact extrêmement direct avec les gens de la rue qui se sont mis à l’adorer. Elle avait une authenticité, une vérité qui ne trompe pas les gens qui ont tout perdu. Elle n’usait pas de mots compliqués. Elle comprenait et savait ce que valent les hommes. Elle était sans jugement et elle se donnait sans barrières à être découverte. Elle a voulu montrer que l’exclusion, ce n’est pas le grand Autre, seulement là-bas, au loin. Nous vivons une époque où les discours n’ont pas grande audience, parce qu’il y a un bruit de fond où chacun fait de la surenchère : plus humanitaire que moi, tu meurs. Par sa présence dans les médias, elle a montré qu’aujourd’hui le missionnaire y trouve la seule manière de se faire entendre. Chaque fois que quelqu’un s’engage, il doit lutter contre les institutions qui ont tendance à le formater. Il faut être subversif soi-même. »

ciric120056

"Il y a une trentaine d’années, j’ai passé des semaines avec elle dans le bidonville du Mokattam, au Caire (Egypte) pour écrire sa biographie. Lors de mon premier séjour, j’étais révulsé par la pauvreté, les rats, les odeurs et la saleté. Un chiffonnier nous avait invité. En voyant la couleur de l’eau de cuisson des pâtes, j’ai refusé de manger. J’ai prétexté une fatigue. Soeur Emmanuelle s’est alors tournée vers moi en me disant d’un ton sec: «Si tu ne manges pas, va-t’en ! Tu n’as rien a faire ici.» Elle m’avait donné une vraie leçon, que je n’ai jamais oubliée."

ciric107288

Téléchargez une image Souvenir de Soeur Emmanuelle (pdf),

en cliquant sur le lien suivant: imageSrEmmanuelle

Téléchargez le Livret des obsèques de Soeur Emmanuelle (pdf),

en cliquant sur le lien suivant: Prions_Soeur_Emmanuelle

Publicité
Commentaires
A
soit bénie ma sœur que Dieu t'accueille dans son paradis céleste ,que votre exemple porte du fruit sur toutes les sœurs du monde entier et que de là haut vous priez pour nous les vivants à mieux aimer le Christ a travers nos frères et sœurs,que le nom du Seigneur soit béni.
Répondre
Publicité
Publicité