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29 avril 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

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Ouverture du Mois de Marie

Le culte de la Très Sainte Vierge

« Toutes les générations me proclameront Bienheureuse ». (St Luc,1, 48).

 

J’imagine que si l’un de ces docteurs orgueilleux et suffisants, qui devaient plus tard traîner Jésus Christ au Calvaire, avait entendu ce cri, poussé par une jeune fille de quinze ans, fiancée d’un pauvre charpentier de village, il eut haussé dédaigneusement les épaules et se fut éloigné en esquisse… un sourire de pitié. Pourtant c’était une prophétie, et, pour prouver son accomplissement, il suffit de montrer l’univers catholique pressé au pied des autels dédiés il cette humble femme ; il suffit de prêter l’oreille aux discours et aux chants qui vont, durant ces quatre semaines, redire il tous les échos de la chrétienté ses incomparables grandeurs.

Ce verset du Magnificat appellerait un commentaire, le seul qui lui convienne, l’histoire du culte de la Très Sainte Vierge. Vous m’excuserez de ne point l’entreprendre ; ni le temps dont je dispose ici, ni mes forces ne me le permettent ; il y faudrait plus que la vie d’un homme. Je voudrais cependant apporter une pierre - fut-elle des plus modestes - à ce splendide monument, en étudiant avec vous le culte de Marie dans le diocèse de Nantes. Ce sera le sujet de nos entretiens durant ce mois. En guise d’introduction, disons deux. mots ce soir sur la légitimité du culte de Marie, et sur les avantages de ce que j’appellerai le culte local de Très Sainte Vierge.

Les théologiens, après avoir étudié il fond le mystère de l'Incarnation, et avoir exposé la vie de l’Homme Dieu, ne manquent pas d‘ajouter que la connaissance du Fils sans celle de la Mère serait imparfaite, et que le traité du Verbe incarné doit être suivi de celui de la Trés Sainte-Vierge. D’ailleurs, disent-ils encore, il n'est pas possible de séparer deux êtres si étroitement unis ; il n’est pas possible, quand on parle si longuement du Christ, de garder le silence sur sa divine Mère. C’est ce que le cardinal Mermillod exprimait ainsi familièrement : « La Sainte-Vierge est-elle donc de trop quand on parle de Jésus ? »

Ce que les théologiens disent de l’étude nécessairement simultanée de Jésus et de Marie, il me semble que je puis bien le dire de leur culte. Le culte du Fils, sans le culte de la Mère, serait incomplet; pour honorer pleinement Jésus, il faut honorer Marie. Le culte de la Très Sainte Vierge est, en effet, une conséquence nécessaire et comme le prolongement du culte de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Pourquoi honorons-nous Notre Seigneur Jésus Christ ? Parce qu’il est Dieu. Au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu, dit Saint Jean, et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. Avec les apôtres, dont l’antique symbole résume notre foi Catholique ; avec tous les siècles chrétiens, héritiers et gardiens de leur doctrine, nous croyons que Jésus-Christ est Dieu, et nous tombons a genoux devant lui, disant comme Saint Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».

Eh bien ! Marie est la mère de Jésus, Marie est la mère de Dieu. Marie est mère de Dieu ! Ce sont encore tous les siècles chrétiens qui le proclament; c’est l’Eglise qui le définit aux applaudissements des peuples ; que dis-je ? C’est le ciel qui l’annonce il la terre. C’est sainte Elisabeth qui s’écrie, dans un élan inspiré : « D’où me vient cet honneur que la mère de mon Dieu daigne me visiter ? » C’est l’Archange Gabriel qui dit a la Vierge de la part de Dieu : « Celui qui naîtra de vous sera saint et on l’appellera le Fils du Très Haut : il régnera éternellement sur la maison de Jacob ».

Marie est mère de Dieu ! Savez-vous la conséquence ? La Vierge elle-même va vous la dire. Au seuil de la maison d’Elisabeth, elle entend le cri inspiré de sa cousine : « D’où me vient cet honneur que la mère de mon Dieu daigne me visiter ? ». Alors, dans une sublime extase, elle-même entrevoit l’avenir et à son tour elle s’écrie : « Voici que toutes les générations une proclameront bienheureuse, parce que le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses ». Ces grandes choses accomplies en Marie par la toute puissance de Dieu, c’est la maternité divine, et, a cause de cela en effet, toutes les générations ont proclamé la Vierge bienheureuse ; et à cause de cela toutes les générations se sont prosternées respectueusement devant elle.

N’est-ce pas légitime ? N’est-ce pas nécessaire ? Eh quoi ! La mère d’un prince est exaltée au-dessus de toutes les autres femmes, et la mère de Dieu n’aurait pas droit a plus de respect et d’amour ? Non, non, cela n’est pas possible ; c’est le contraire qui doit être, c’est le contraire qui est. « Je vous salue, disaient Elisabeth et Gabriel, parce que vous êtes bénie au-dessus de toutes les femmes ». Et nous répétons après eux : « Je vous salue, Marie, je vous honore au-dessus de toutes les femmes, au-dessus de tous les saints, au-dessus de tous les anges, parce que vous êtes plus grande qu’eux tous ; parce que vous approchez de plus près le Maître du ciel et de la terre ; parce que vous êtes l’alliée, l’associée, que dis-je ? la mère de Dieu !

Pourquoi honorons-nous Notre Seigneur Jésus-Christ ? Nous l’honorons, non pas seulement parce qu’il est Dieu, mais aussi parce qu’il est homme. Vous connaissez la belle et profonde doctrine de l’lncarnation. Le péché, qui s’attaquait à Dieu, était, d’une certaine manière, infini. Donc, pour apaiser Dieu, pour expierle péché, il fallait une satisfaction infinie. Dieu seul est infini, Dieu seul est capable d’accomplir des actions infinies ; d’un autre côté, l’homme seul est capable de satisfaire et d’expier, parce que seul il est capable de souffrir. La conséquence, c’est que, pour offrir la satisfaction convenable, il fallait un Homme-Dieu. Saint Jean nous donne la solution du problème : « Et le Verbe s’est fait chair ». Le Fils de Dieu a pris notre nature humaine, a revêtu notre chair mortelle, et il a pu souffrir, mourir, apaiser Dieu, expier le péché, racheter le monde, rouvrir a l’homme coupable les portes éternelles. Vous savez ces choses, mes Frères, et tant d’amour vous confond et vous tombez aux genoux de l’Homme Dieu pour le bénir et pour l’adorer.

Mais comment le Verbe de Dieu s’est-il fait Homme ? N’est-ce pas en s’incarnant dans le sein de Marie ? Mais de qui le Verbe de Dieu tient-il cette chair, grâce a laquelle il a pu souffrir et mourir ? N’est-ce pas de sa Mère ? Écoutez, c’est Saint Augustin qui parle : « La chair du Christ est la chair de Marie, et bien qu’elle soit actuellement transfigurée par la gloire de la résurrection, elle reste la même, c’est toujours la chair qu’il a reçue de Marie ». C’est donc à Marie que nous devons ce petit enfant qui vagit à Bethléem, sur la paille d’une crèche ; c’est à Marie que nous devons ce divin ouvrier qui nous donne, il Nazareth, le fécond exemple du labeur humble et méritoire ; c’est à Marie que nous devons cet infatigable prêcheur qui, pendant trois années, parcourt la Palestine, en semant sa parole et ses miracles ; c’est à Marie que nous devons cette sainte et innocente victime qui gravit péniblement le Calvaire, et, pour nos péchés, expire sur la croix ; c’est à Marie que nous devons cette même victime perpétuellement immolée sur l’autel, perpétuellement donnée en nourriture à nos âmes, perpétuellement présente dans nos tabernacles ; c’est à Marie, en un mot, que nous devons, après Dieu, la rédemption du monde. N’est-ce pas ce qui justifie le beau titre de corédemptrice, qui lui a été décerné par les Pères ? N’est-ce pas ce qui justifie en même temps le culte que nous lui rendons ?

C’est pour cela que l’Eglise, appuyée sur l’exemple de l’archange Gabriel et de sainte Elisabeth, a, depuis dix-neuf siècles, prosterné ses fidèles au pied des autels de la Vierge et multiplié les fêtes en son honneur. C’est pour cela que toutes les générations chrétiennes, fières de pouvoir se dire les enfants de Marie, se sont ingéniées en mille façons à lui manifester leur amour. Je le répète, il nous serait impossible de passer en revue devant vous tous les pays et tous les siècles chrétiens, et de vous montrer, même en raccourci, ce qu’ils ont fait pour célébrer leur Mère; nous allons nous borner au culte local, c’est-à-dire, rechercher les honneurs rendus à Marie dans ce coin de terre catholique qui s’appelle le Diocèse de Nantes.

Je ne sais si je me trompe, séduit par mon amour passionné des vieilles choses et des vieux souvenirs de mon pays : il me semble que cette étude historique et religieuse n’est pas seulement curieuse, et qu’elle peut nous être également utile. C’est un moyen, et le meilleur peut-être, de dire la gloire de Marie sur la terre. En voyant comment elle a été honorée et aimée sur un point quelconque de la catholicité, en étudiant les détails de son culte dans un territoire restreint, ce qu’il serait impossible de faire pour des contrées plus vastes, on devine aisément quels honneurs elle a reçus dans l’univers Catholique, car ce qui s‘est fait chez nous s’est aussi fait ailleurs.

C’est un moyen, et l’un des plus doux à notre piété, de dire la gloire de notre petite patrie. Nous sommes fiers de notre foi bretonne, nous exaltons, quelquefois plus que de raison, ce vaste et beau diocèse de Nantes : son amour pour Marie, le soin qu’il a pris de l’honorer, les termes spéciales et multiples dont il s’est servi pour lui témoigner son filial attachement, tout cela est une preuve de notre foi, tout cela nous met en beau rang parmi les Eglises de France et du monde.

Mais ce qui importe davantage, c’est qu’une telle étude est de nature à fortifier notre foi et notre piété. Rien, pour obtenir ce résultat, comme la fidélité aux traditions religieuses d’un pays, la persévérance dans les pratiques pieuses des ancêtres. Les dévotions nouvelles sont bonnes assurément et nous pouvons les adopter quand elles ont été approuvées par l’Eglise. C’est dans l’ordre. Le progrès existe dans la piété comme en toutes choses. Je l’ai dit, les fêtes instituées dans la suite des âges, les pratiques diverses par lesquelles la piété des peuples a voulu honorer Marie sont une de ses gloires. Si l’on a pu les multiplier dans le passé, il est évident qu’on peut les multiplier dans le présent. Mais il y a un écueil : la tendance à embrasser toutes les nouveautés, d’où qu’elles viennent. C’est un signe d’inconstance et qui indique souvent plus de curiosité, d’humeur fantasque, de passion pour le changement et la mode que de fermeté dans la foi, de vivacité dans l’amour, de sérieux dans la piété. Peut être la piété contemporaine n’a-t-elle pas su se prémunir assez contre ce péril, et, en passant ainsi d’une dévotion à une autre, en accueillant, avec transport toute pratique nouvelle et surtout étrangère, a-t-elle montré qu’elle était plus superficielle que profonde. La fidélité aux dévotions anciennes, aux pratiques chères à nos pères, aux sanctuaires qu’ils ont aimés, est un indice de foi plus profonde et de piété plus sûre. Ces dévotions ont leurs racines dans le passé et nous rattachent à lui: la_ fidélité aux pratiques de nos pères entretient et fortifie la fidélité à leur foi.

N’ai-je pas le droit d’ajouter que ces dévotions locales, manifestations le plus souvent spontanées d’amour à Marie, convenaient au tempérament, aux habitudes, aux sentiments, aux mœurs de nos ancêtres ; que toutes ces choses qui constituent le caractère particulier d’une population, d’une province, ne se sont pas tellement modifiées qu’on ne puisse les retrouver chez nous, et que, par conséquent, ce qui plaisait à leur piété doit aussi plaire à la nôtre ? N’ai-je pas enfin le devoir de remarquer qu’un très grand nombre de ces pratiques, de ces dévotions, de ces pèlerinages, nés d’un cri d’angoisse ou d’un hommage de la reconnaissance, inspirés miraculeusement par Marie ou du moins approuvés par elle, sont une dette que nous n’avons pas le droit de protester, en même temps qu’un glorieux héritage dont nous avons le devoir d’être fiers ?

Venez donc, mes Frères, durant tout ce mois, étudier avec nous le culte de Marie au diocèse de Nantes. Sans doute nous ne dirons pas tout, nous ne citerons pas les quatre-vingt dix vocables sous lesquels on l’honorait dans notre pays ; nous n’énumérerons pas les quatre-vingt trois chapelles consacrées à son nom sur le territoire diocésain; nous ne calculerons pas le nombre des statues, ni même des autels qui lui furent dressés par la piété de nos pères ; nous ne cataloguerons pas toutes les congrégations et les confréries qui lui furent érigées ; nous ne signalerons pas toutes les processions qui se déroulaient en son honneur, chaque année, chaque mois, presque chaque semaine, dans les rues de nos villages et de nos villes ; nous ne mentionnerons pas tous ces curieux saluts de la Très Sainte-Vierge, dont le nom, sinon tout a fait la pratique, a disparu chez nous ; enfin nous ne dénombrerons pas les pèlerins qui ont tracé, à travers nos forêts et nos landes, les sentiers menant à nos sanctuaires locaux, pas plus d’ailleurs que ceux qui s’en vont aujourd’hui, emportés parla vapeur, à la Salette, à Pontmain et à Lourdes. J’espère toutefois que nous en dirons assez pour prouver que Nantes a toujours aimé Marie et que Marie le lui a bien rendu ; assez par conséquent pour vous déterminer à l’aimer toujours, et vous convaincre que toujours elle saura vous le rendre.

 

P7270017a

 

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