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6 mai 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

Notre Dame de Bethléem de Saint Jean-Boiseau

Septième jour

Notre Dame de Bethléem

 

Nous avons étudié précédemment un vocable qui rappelle la plus belle des vertus de Marie, celle qui attira sur la pure jeune fille les regards de Dieu : je voudrais ce soir en étudier un autre qui rappelle sa principale grandeur, source de toutes celles qui suivirent.

Le voyageur qui se dirige du Pellerin a Saint Jean de Boiseau ne tarde pas a rencontrer, sur sa gauche, une fort jolie chapelle. Abritée contre les vents du Nord par le coteau de la Combe, presque cachée sous la feuillée, elle n’attire pas l’attention ; et pourtant c’est un bijou architectural du XVe siècle. Les paysans du voisinage, tout ignorants qu’ils sont des principes de l’art, se montrent fiers de leur chapelle. Ils disent volontiers qu’elle surpasse Saint Pierre de Nantes et que c’est le même architecte qui l’a construite.

Cette dernière assertion, si elle n’est pas prouvée, est du moins vraisemblable, car la chapelle, ai-je dit, date du XVe siècle, et elle n’est pas indigne de ce Mathurin Rodier, maître maçon, comme il s’intitulait, qui a donné a Nantes la façade de sa cathédrale et le choeur de Saint Antoine de Fade.

Je n’essaierai point de décrire les beautés de ce charmant édifice. Disons seulement que des fondations mêmes s’échappe une source limpide au-dessus de laquelle l’artiste a sculpté une jolie grotte ; et que, dans l’intérieur, on lit ces mots,gravés en lettres gothiques, sur une clé de voûte : « Templum Virgini dicatum Bethleem ». C’est le nom même de la chapelle : Notre Dame de Bethléem.

Quelle est l’origine de ce sanctuaire ? Est-ce, comme la légende le rapporte, le vœu d’un chevalier, ramené de la croisade par la protection de Marie, et qui voulut immortaliser ainsi le souvenir de son pèlerinage au berceau du Sauveur ? Est-ce, comme le conjecture un érudit, le zèle éclairé d’un pasteur qui voulut faire disparaître des pratiques superstitieuses, en honorant Notre-Dame de Bethléem, sur l’emplacement occupé par une idole celtique, dont le nom de « Bétélian », « Pierre folle », est resté aux champs voisins ? Je n’en sais rien. Ce qui paraît plus certain, c’est que l’édifice actuel a été construit par les Goheau, seigneurs de Saint ignan, et est dû surtout a la piété magnifique de l’un d’eux, abbé de Geneston. Cette noble famille n’était pas à ses débuts dans la générosité, et, dès le XIIe siècle, elle avait déjà donné à Sainte Marie de Geneston cette terre de la Pierre folle, Petra stella, sur laquelle frère Jehan Goheau devait lui élever plus tard ce splendide monument.

De tous ces détails retenons seulement que le culte de Marie dans ce lieu date au moins de sept siècles. Nous pouvons ajouter qu’il n’est point déchu. Les curés de Saint Jean ont restauré la chapelle, sans pouvoir, hélas ! lui rendre sa splendeur d’antan, et l’entretiennent avec amour. Chaque année, le mardi de Pâques, c’est grand pardon au pays : on va en procession à la chapelle, les femmes prennent part à la communion générale, les plus mécréants parmi les hommes franchissent ce jour-là le seuil du vieux et cher sanctuaire, et retrouvent dans leur mémoire quelques-unes des prières d’autrefois. Et savez-vous comment le peuple explique cette date du mardi de Pâques choisie pour le pardon ? C’est que le pèlerinage a pour but de consoler Marie de toutes les tristesses qu’elle a éprouvées pendant la Passion de son Fils. N’est-ce pas à la fois touchant et gracieux ?

Nantes avait aussi, et c‘était encore sur la paroisse de Saint Nicolas, son pèlerinage de Notre Dame de Bethléem. Faute de détails, contentons-nous de le nommer. C’était un simple autel érigé sous ce vocable, dans la chapelle Sainte-Catherine. Les Nantais cependant ne manquaient pas d’y aller prier, et nous avons vu que, en 1487, ils y firent une procession solennelle.

Mais si, dans les siècles passés, notre ville n’avait érigé qu’un autel à Notre Dame de Bethléem, elle lui a construit de nos jours une chapelle et tout un vaste établissement. Mieux que moi sans doute, vous connaissez l’histoire intéressante et simple de cette création. C’était… à l’époque où le choléra jetait la terreur a Nantes, principalement dans les quartiers populaires, en 1854. Dans la pauvre et toute récente paroisse de Saint Félix. le fléau avait fait dix orphelins. Il y avait la un vicaire au cœur d’or, M. l’abbé Gilbert Bauduz, qui s’est éteint pieusement, il y a quelques années, et que vous avez tous connu. Il prit les orphelins a sa charge. Le nombre s’en accrut rapidement, et il fallut, pour les loger, bâtir une vaste maison. Le bon M. Bauduz, sachant peut être que la propriété voisine de la Houssinière avait possédé jadis une chapelle dédiée à Notre Dame de Bethléem et dans laquelle, chaque dimanche, on célébrait une messe fondée par de pieux chrétiens, voulut donner ce même nom a son établissement. C’était d’ailleurs un nom plein de promesses et admirablement choisi : M. Bauduz n’ignorait pas que Bethléem veut dire maison du pain, et que la Mère de Jésus, émue par le souvenir des angoisses de la nuit de Noël, servirait de mère à ses pauvres orphelins et saurait bien leur procurer du pain. Vous savez le reste, et que, depuis cinquante ans, des milliers d’enfants ont dû la vie du corps et la vie de l’âme, le pain matériel et le pain céleste à Notre Dame de Bethléem.

 

Notre Dame de Bethléem ! Quel mystère ineffable nous rappelle ce nom ! Relisons l’Evangile selon Saint Luc : « Vers cette époque parut un édit de César Auguste ordonnant d’opérer le dénombrement universel de la population. Ce dénombrement, qui était le premier, fut exécuté par Cyriuus, gouverneur de Syrie. Chacun devait aller en son lieu d’origine se faire enregistrer sur les rôles. Joseph qui était de la tribu et de la Famille de David partit donc de Nazareth, ville de la Galilée, pour monter au pays de Judée et se rendre a Bethléem, la cité de David, afin d’y être inscrit avec Marie, son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu’elle était a cet endroit, il advint que le moment d’enfanter arriva ; et elle mit au monde son Fils premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une crèche ; car, pour eux, il n’y avait pas de place a l’hôtellerie ».

Quelques pauvres bergers, convoqués par les anges, accourent aussitôt ; ils adorent Jésus, le Fils de Dieu devenu le Fils de Marie; ils vénèrent aussi la Mère après avoir adoré l’Enfant : les premiers, ils rendent leurs pieux hommages à Notre-Dame de Bethléem. Des mages, guidés par l’étoile mystérieuse, viennent à leur tour du fond de l’Orient : eux aussi adorent le Dieu fait homme ; eux aussi vénèrent la Mère en même temps qu’ils adorent l’Enfant : après les pauvres les riches, après les ignorants les savants rendent leurs hommages à Notre Dame de. Bethléem.

Depuis ce temps, la grotte de la Nativité est devenue un lieu de pèlerinage pour les chrétiens : qu’y vont-ils faire ? Ah ! Sans doute, tout d’abord et principalement, comme les bergers et les mages, ils vont adorer Jésus, le Dieu fait homme, le Sauveur du Monde ; mais ils vont aussi vénérer sa Mère. Aujourd’hui l’on voit dans la grotte une étoile d’argent éclairée par seize lampes, qui se détache sur le marbre blanc dont les parois sont revêtues, et une inscription commémorative : « Hic de Virgine Maria Jesus Christus natus est : Ici de la Vierge Marie est né Jésus Christ » C’est l’Enfant-Dieu, c'est Jésus-Christ que l’on y vient adorer; mais on y vénère en même temps la Vierge sa mère, Notre Dame de Bethléem.

Voilà la signification de ce vocable ; il rappelle la plus grande gloire de Marie, principe de toutes les autres, qu’elle est la Mère de Jésus, la Mère de Dieu! C’est de son sang virginal que le corps de l’Homme-Dieu a été façonné, c’est dans son sein qu’elle l'a porté, c‘est dans ses bras qu’elle l’a reçu. Comme Adam, apercevant pour la première fois la femme que Dieu lui donnait pour compagne, Marie peut dire en contemplant Jésus : « Voici l'os de mes os et la chair de ma chair ! » Oui, Marie est mère de Jésus, Marie est mère de Dieu !

Mais elle est aussi notre mère a nous, et l’on peut dire c’est la doctrine exposée récemment par Pie X, que Marie, dès là qu’elle est mère de Jésus-Christ est nécessairement mère des hommes. Il y a en Jésus comme une double manière d’être, l’une physique, l’autre morale. Il y a Jésus, Fils du Père Eternel ; et il y a Jésus, chef de l’humanité régénérée, attirant a lui, en se communiquant a eux, tous les membres de l’humanité pour ne faire avec eux qu’un seul corps dont lui est la tête et dont ils sont, eux, les membres. Mais ces deux manières d’être sont inséparables en Jésus, et Marie, mère du Christ, Fils de Dieu, est par là-même mère du Christ, chef de l’humanité, mère du Christ dans ses membres, mère de tous ceux qui surnaturellement ne font qu’un avec le Christ. On ne peut donc séparer en Marie la Mère de Dieu et la Mère des hommes. Jésus n’a fait que proclamer cette doctrine quand il a jeté, du haut de sa croix, ces mots que l’humanité a pieusement recueillis et qui alimentent la piété catholique depuis dix neuf siècles : « Voilà votre Fils ! Voilà votre Mère ! »

Il n’est rien de plus propre a fortifier notre confiance que cette belle doctrine catholique de la double maternité de Marie. Il n’est donc pas de vocable plus doux que celui qui nous la rappelle : Notre Dame de Bethléem.

 

ND de Nantes

 

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