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27 mai 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

Bretagne20-001

Vingt-huitième jour

Notre Dame de Bon Garant

 

La contrée qui s’étend au nord-ouest de Nantes, et qu’occupait jadis la vaste forêt dont j’ai parlé déjà, compte beaucoup de sanctuaires consacrés à Marie et dont l’origine se perd dans la nuit des temps. (le culte y fut-il porté par les premiers chrétiens que la persécution forçait à s‘y réfugier ? Fut-il un moyen employé pour vaincre les druides dont les pratiques superstitieuses y trouvaient un asile impénétrable ? Nul ne le sait, nul sans doute ne le saura jamais. Ce qui est certain, c’est que Marie possède sur ce territoire plusieurs chapelles vénérées depuis de longs siècles : à Nantes, N. D. de Miséricorde ; à Orvault, N. D. des Anges ; à Treillières, N. D. des Dons ; à Grandchamp. N. D. des Fontaines ; au Temple, N. D. de Toutes Vertus ; à Sautron, N.-D. de Bon Garant. Et une légende populaire prétend que jamais le tonnerre ne tombe dans le triangle formé par N. D. des Anges, N. D. des Dons, et N.-D. de Bon Garant. C‘est de celle-ci que je viens vous parler ce soir.

Les druides ont habité ce pays, et les monuments en témoignent. Les Romains y sont venus après eux et ils y avaient porté le culte de leurs fausses divinités. Où le diable avait été honoré, les chrétiens voulurent honorer le vrai Dieu.

Les traditions rapportent que de pieux ermites s‘y sanctifièrent : ce qui les confirme, c’est que, dans le champ de l‘Ermitage, les paysans heurtent encore du sec de leur charrue les débris d'un très antique monument, et que, dans la chapelle actuelle on vénère toujours la tombe anonyme d'un ermite, mort, il y a bien des siècles, en odeur de sainteté.

Les Normands, vous le savez, avaient saccagé Nantes. Au milieu du XIe siècle, leurs ravages n’étaient pas tous réparés. L'église de Saint Cyr et de Sainte Julitte, située entre la préfecture et le cours Saint-André, restait en ruines. Pour la relever, Budic, comte de Nantes, et sa femme Adoïs donnèrent aux religieuses qui vivaient à l’ombre de ce sanctuaire désolé la terre de Bois Garant. Bientôt Saint-Cyr et Bois Garant passèrent entre les mains des religieuses de N.-D. du Ronceray, à Angers ; le second devint un prieuré.

Une chapelle, si elle n’existait déjà, y fut fondée, et un chapelain ne tarda pas à y accueillir le peuple chrétien. Celui-ci, en effet, aimait la petite chapelle ; le Bois Garant était devenu le Bon Garant, et, encouragé par ce nom plein de promesses, on y venait prier Notre Dame. Marie récompensa par d’éclatants et nombreux miracles, c’est un duc de Bretagne qui en témoigne, la confiance de ses fidèles, et le concours s’en accrut encore. Mais la chapelle était antique, trop étroite et maltraitée parle temps, indigne de Marie par conséquent. Un plus bel édifice allait lui succéder.

Non loin de Sautron, dans le bourg même de Couëron, s’élevait le château ducal de la Gazoire, où François II aimait à résider. La forêt voisine de Sautron était aussi propriété des ducs, et François, ami des fêtes et des plaisirs, y déployait souvent le luxe de ses chasses princières. À deux pas de Bon Garant, il possédait un rendez-vous de chasse, l’antique manoir de Bois-Thoreau. J’ai dit déjà qu’il était très religieux ; non content d’avoir rebâti quelques années auparavant N. D. des Dons, il voulut aussi relever de ses ruines la chapelle de Bon Garant. Était-ce à la suite d’un vœu, comme le rapporte la tradition, et pour remercier Marie de l’avoir garanti à la chasse d’un terrible danger ; et faut-il croire que le taureau sauvage auquel il échappa, grâce à la protection de la Vierge, donna son nom au manoir voisin ? Était-ce, connue l‘affirme un vieil auteur, messire Vincent Charron, pour obtenir de la Vierge qu’elle garantit sa Bretagne contre les entreprises des Français ? Ce qui est incontestable, c’est qu'il fit les choses princièrement. Il rebâtit la chapelle en belles pierres de granit, et il y ajouta, pour le prêtre chargé de la desservir, un manoir qui existe encore. La dédicace de l’église se fit solennellement : le duc, la duchesse, toute la cour étaient la, déployant leurs riches costumes sous les yeux de la foule émerveillée ; et l’évêque de Sinople, coadjuteur de Rennes, procéda à la consécration.

Après ces fêtes, le pèlerinage prit un essor plus grand. Le duc allait a Bon Garant entendre la sainte messe avant de partir pour la chasse : c’était la chapelle ducale, et la tribune réservée à la cour, ainsi que les armoiries et les hermines bretonnes, en témoignent encore. François d‘ailleurs l’aimait beaucoup et lui-même, dans un acte qui subsiste, parle de sa « singulière dévotion » pour elle.

Les pèlerins y accouraient en grand nombre et laissaient de généreuses offrandes. Le chapelain, messire Jehan Charette, les recueillait et, dans sa charité, il voulut en faire bénéficier les pauvres. Il construisit un vaste asile pour héberger les pèlerins et recevoir gratuitement les pauvres gens qui venaient de fort loin invoquer Marie. Le duc lui-même ne dédaignait pas d’y descendre avec les seigneurs de sa suite « toutes et quantes fois » qu’il venait à sa chère chapelle, et le chapelain s’empressait à honorer le prince bienfaiteur. Aussi François, à sa prière sans doute, pour aider les pèlerins « qui y affluent et abondent » à cause des merveilleux et innumérables miracles qui s’accomplissent en ces lieux ; « pour l‘honneur et révérence de Dieu et de la benoiste Vierge Marie Notre Dame » ; pour participer « aux mérites, oraisons, pèlerinages et prières » de la foule chrétienne ; et aussi pour la « singulière dévotion » qu’il éprouve envers ce petit sanctuaire, exempte d'impôts à perpétuité l'asile charitable bâti par le bon prêtre.

Après l’avoir assidûment visitée durant les jours de sa prospérité, François put saluer encore sa chère chapelle a la veille de mourir. Vieilli parle chagrin plus que par les années, attristé par les menaces de la France, et les inquiétudes de l'avenir, le prince s'était retiré avec ses deux filles au château de la Gazoire. Bien que malade et épuisé, il chassait encore dans la forêt de Sautron. Un jour, sans doute, suivant sa coutume, il avait entendu la messe à Bon Garant, il fit une chute de cheval. On le transporta dans son manoir du Bois-Thoreau, d’où il put jeter un dernier regard sur sa chapelle tant aimée, et de là à la Gazoire. Quelques jours plus tard, il y mourait chrétiennement.

Bon Garant ne devait plus voir de ducs ni de cortèges princiers à ses fêtes. Marie cependant continua d’y recevoir les hommages de ses fidèles. Chaque année, le 2 juillet, fête de la Visitation, les paroisses d’alentour s’y rendaient en procession, et l’on comptait ordinairement plus de 15 000 pèlerins. Malheureusement des désordres s’y glissèrent et l’évêque les interdit. Les voisins du moins ne cessèrent pas de visiter la chapelle ; la paroisse de Sautron garda l’usage d’y faire la procession du mois, et chaque vendredi on y célébrait la sainte messe.

Au XIVe siècle, la première chapelle avait essuyé sans dommage le feu des canons anglais (1381) ; et les paysans avaient accumulé dans un Coin du monument, comme un singulier ex-voto, les boulets recueillis aux alentours. La Révolution les transporta à l’arsenal de Nantes, mais là se bornèrent ses déprédations. Et si l’antique pèlerinage n’a plus l’éclat d’autrefois, si le chapelain n’occupe plus son manoir, si l’asile charitable n’est plus ouvert aux pauvres gens, la chapelle subsiste cependant, soigneusement restaurée dans le goût du XVe siècle, et les chrétiens du voisinage y vont toujours prier Notre Dame de Bon Garant.

Le chanoine Vincent Charron écrivait au XVIIe siècle : « Cette chapelle commença dés lors à être fréquentée des peuples non seulement circonvoisins, mais aussi des lieux les plus éloignés de la province, et fut nommée Nostre-Dame de Bon Garant, tant pour ce que le duc François demandait à la Vierge qu’elle le garantit des courses des Français, contre lesquels il avait guerre pour lors, que parce qu’elle garantissait et défendait tous ceux qui la réclamaient sous ce nom-là ».


Marie, gardienne de la patrie, Marie, bouclier des chrétiens contre les dangers qui les menacent, voilà ce que signifiait autrefois Notre Dame de Bon-Garant, voilà à quels titres nous devons encore l’invoquer aujourd’hui. Vous connaissez, mes Frères, le texte du Psalmiste : « Si le Seigneur ne protège un état, c'est en vain qu’ils veillent ceux qui sont chargés de sa garde ». C’est la religion qui est la sauvegarde des Etats ; c’est Dieu seul qui est capable de les sauver. Marie partage cette charge avec lui, et elle protège les peuples qui se réclament de sa protection. Il en est un qu’elle aime par dessus tous les autres. Nous sommes toujours les fils aimants de la Bretagne ; mais nous sommes aussi les fils de la France : et c’est la France qui est la plus aimée de Marie, la France dont on a dit qu’elle est sur terre le royaume de la très sainte Vierge, regnum Galliæ, regnum Mariæ. Ne l’oublions pas, mes Frères, et dans ces jours inquiets, jours de transformations sociales, de dangers extérieurs, de dissensions intimes, aimons à invoquer, comme autrefois François Il, le père d’Anne de Bretagne, deux fois reine de France, Notre Dame de Bon Garant.

Si la patrie court des dangers, nous aussi nous sommes exposés parfois à des malheurs, à des accidents terribles et de toute nature. Pourquoi n'imiterions-nous pas nos pères ? Quand grondait le tonnerre, ils invoquaient sainte Barbe ; quand la peste jetait partout l’épouvante, ils se vouaient à Notre Dame des Langueurs, à Saint Roch, ou bien encore à Saint Sébastien d’Aigne ; dans les dangers de toute sorte, ils recouraient a Notre Dame de Bon Garant : et souvent leur confiance naïve était récompensée. La foudre gronde toujours et, malgré nos paratonnerres, elle fait de nombreuses victimes ; la contagion sévit très souvent encore, et les sérums ne suffisent pas à la rendre inoffensive ; les chemins de fer et les automobiles n’ont pas supprimé les périls des voyages ; la vapeur n’a guère diminué le nombre des naufrages; les fusils n’ont fait qu’augmenter les dangers de la chasse... Comme autrefois, nous courons des dangers, comme autrefois nous sommes exposés à des accidents, comme autrefois mettons notre confiance en Notre-Dame de Bon-Garant.

ND de Nantes

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