Le Mois de Saint François d’Assise
Le Mois de Saint François d’Assise
Vingt-deuxième jour
La Portioncule
Prélude : Saint François priait une nuit dans sa cellule, voisine de l'église de la Portioncule, quand il fut révélé que dans l'église même étaient Notre Seigneur Jésus-Christ et sa Sainte Mère, avec une grande multitude d'anges. À cette nouvelle, pénétré d'une joie indicible, il se leva, et, plein d'un religieux respect, il entra dans l'église. Dès qu'il aperçut la majesté et la gloire ineffable du Fils de Dieu, il se prosterna en sa présence et l'adora avec la soumission et la dévotion la plus profonde. Notre-Seigneur Jésus-Christ, abaissant sur lui un regard plein de bonté, lui dit de demander quelques grâces pour le salut des hommes. Alors saint François, aidé du patronage de Marie qu'il avait invoquée avec ferveur, demanda que tous ceux qui viendront en ce lieu et visiteront cette église obtinssent pardon de tous leurs péchés, après s'en être confessés. Le Seigneur répondit à saint François que cette demande lui était agréable, mais il lui ordonna en même temps d'aller trouver son vicaire pour lui demander cette indulgence en son nom. Le Souverain Pontife fit d'abord quelques difficultés, mais il finit par accéder à cette demande.
Réflexions
Saint François avait obtenu cette indulgence au mois d'octobre de l'année 1221. Le jour auquel les fidèles pouvaient la gagner n'avait point été fixé. Or, quinze mois plus tard, pendant une de ces longues nuits d'hiver si propres à la contemplation, le saint patriarche priait dans sa cellule près de l'église de la Portioncule. Le démon lui suggéra de ne pas tant veiller et de ne pas tant prier, parce qu'à l'âge où il se trouvait, le sommeil était nécessaire. Aussitôt le saint reconnaît le tentateur et se souvient du moyen employé par saint Benoît pour le vaincre. Sortant donc de sa cellule, il va dans le plus épais du bois, ôte son habit, déchire son corps à travers les ronces et les épines, voit couler son sang de ses nombreuses plaies et s'écrie : « Il vaut mille fois mieux pour moi endurer ces douleurs avec Jésus-Christ que de suivre les conseils de l'ennemi qui me flatte ». En ce moment, une vive lumière remplit le bois. François s'arrête, étonné et ravi. Les ronces étaient transformées en roses rouges et en roses blanches, quoique l'on fut dans la saison la plus rigoureuse. Ces rosiers toujours verts et sans épines donnent encore des fleurs en toute saison ; on les appelle les rosiers de Saint François.
Pendant qu'il admire ce prodige, plusieurs anges éclatants de blancheur et de gloire l'entourent, et l'un deux lui adresse les mêmes paroles qui lui furent portées du Ciel, quinze mois auparavant : « François, allez à l'église, Jésus-Christ vous y attend avec sa sainte mère ». En même temps, il se voit revêtir miraculeusement d'un habit blanc ; et suivant l'inspiration qui le presse d'en agir ainsi, il cueille douze roses rouges et douze roses blanches, et les porte à l'église dont le chemin lui semble richement orné. En y entrant, il se prosterne et dit, avec une grande expression de foi et de confiance : « Père très saint, Seigneur du ciel et de la terre, Sauveur du genre humain, daignez, par votre grande miséricorde, déterminer le jour de l'indulgence que votre infinie bonté a bien voulu accorder en ce saint lieu ». Notre Seigneur lui répondit : « Je veux que ce soit depuis le soir du jour où l'apôtre saint Pierre fut délivré de ses liens, jusqu'au soir du lendemain ». Et comme saint François demanda encore de quelle manière cette indulgence devait être publiée, et si on ajouterait foi à sa parole, Notre Seigneur lui ordonna d'aller trouver son vicaire, de lui porter quelques roses rouges et blanches comme preuve de la vérité du fait, et d'emmener avec lui quelques-uns de ses frères, qui rendraient témoignage de ce qu'ils avaient entendu. Les anges entonnèrent ensuite le Te Deum, et la vision disparut.
Saint François prit trois roses de chaque couleur, en l'honneur des trois personnes de la Très Sainte Trinité, et il choisit, dans la même pensée, trois de ses religieux, pour l'accompagner à Rome. Dès le lendemain, il se mettait en marche avec eux. Arrivé à Rome, il rendit compte au Souverain Pontife des merveilles qui venaient de se passer à N.-D. des Anges, et lui présenta pour preuve les roses miraculeuses conservées dans toute leur fraîcheur, malgré la longueur de la route. Le Pape, surpris de voir des roses si belles, si fraîches et si odorantes, dans une saison si rigoureuse et après une si longue marche, reconnut la vérité de ces témoignages ; et, après avoir pris l'avis des cardinaux, il confirma l'indulgence et ordonna à sept évêques de la contrée de se réunir à Assise le 1er août de la même année, pour la publier solennellement à Sainte-Marie des Anges.
Au jour marqué, les évêques s'y assemblèrent ; le concours des fidèles était immense. Saint François prêche avec une ferveur et une onction angéliques. Les évêques ne voulaient pas que cette indulgence fut accordée à perpétuité. Ils jugeaient qu'une concession aussi extraordinaire ne pouvait être dans la pensée du Pape ; ils résolurent donc de ne l'annoncer que pour dix ans. L'évêque d'Assise se leva le premier pour publier l'indulgence ; mais il la déclara perpétuelle, sans qu'il lui fut possible d'y mettre aucune restriction. Les autres évêques essayèrent successivement de l'annoncer pour dix ans, mais, par une permission particulière de Dieu, ils furent obligés de publier une Indulgence perpétuelle, ils reconnurent ainsi la volonté manifeste de Dieu.
Cette indulgence, nous devons le remarquer, n'est point, comme les autres, une simple concession faite par le Souverain-Pontife, elle a l'inappréciable avantage d'avoir été accordée par Jésus-Christ lui-même, sur la demande de sa divine Mère. Depuis sa promulgation solennelle, vit affluer chaque année, à N.-D. des Anges, un immense concours de fidèles qui venaient participer au grand pardon d'Assise. Les pèlerins étaient obligés de loger sous des tentes dressées dans la campagne, autour de l'auguste sanctuaire. Le nombre en est encore très considérable, malgré les désastres que la révolution a accumulés dans ces pays qu'elle a envahis.
Toutefois, quelque immense que fut le nombre des pèlerins de la Portioncule, dès l'origine de cette indulgence, c'était peu auprès des fidèles qui, répandus sur toutes les parties du monde, ne pouvaient participer à cette grâce précieuse. Persuadés que cette sublime expansion de la miséricorde divine était un bienfait général et que ce pardon s'adressait à tous les fidèles, plusieurs Souverains Pontifes ont étendu cette indulgence à toutes les églises de l'ordre de saint François.
Quand une église a été abandonnée par les Franciscains. elle perd ce privilège. Il y a néanmoins une exception pour la France. Le Pape Pie VII a concédé de nouveau ce privilège à toutes les églises ayant appartenu aux Franciscains ou aux Franciscaines. L'indulgence de la Portioncule a l'insigne privilège de ne pas être suspendue par l'année du Jubilé. On peut la gagner autant de fois qu'on visite l'église à laquelle elle est attachée, depuis l'heure des premières vêpres jusqu'au soir du 2 août, après le coucher du soleil.
Pour y participer, il faut trois choses, outre la visite de l'église : 1° la confession, 2° la communion, 3° prier aux intentions du Souverain Pontife. Pour la confession, on suit la règle ordinaire des autres indulgences. La communion peut se faire dans quelque église que ce soit. On croit que la récitation du Miserere ou cinq Pater et cinq Ave suffit pour les prières aux intentions du Souverain Pontife. On peut s'appliquer une de ces indulgences, et même plusieurs dans le cas où on ne les aurait pas gagnées plénières, et appliquer les autres, par la voie de suffrage, aux âmes du Purgatoire.
Pratique : Bénissons la Reine des Anges qui nous a obtenu de son divin Fils une grâce si précieuse. Rendons nos actions de grâces à Notre-Seigneur qui met à notre disposition un moyen si facile de payer nos dettes à sa divine justice, de nous racheter du Purgatoire et de recouvrer l'innocence baptismale. Coopérons à tant de grâces, devenons meilleurs et enrichissons-nous pour le Ciel.
Invocation : Saint François, notre bon père, obtenez-nous la grâce de Jésus.
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