Le Mois des Bergers
Le Mois des Bergers
Vingt-sixième jour
La crèche de Bethléem
26 Décembre
« Et voici à quoi vous le reconnaîtrez : vous trouverez un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche ». (Luc 2, 12)
I. Le plus grand événement qui devait se passer pendant les siècles d'existence accordés monde s'est accompli. Le plus grand, le plus puissant et le meilleur des hommes vient de naître. Le Verbe éternel, le fils du Dieu vivant, la seconde Personne de l'indivisible Trinité, s'est incarné ; il a pris un corps et une âme semblables aux nôtres ; une vierge, fille de rois, l'a enfanté. Le Messie promis vient d'apparaître ; les anges l'ont annoncé à la terre du haut des cieux. - Quand donc s'est accompli ce grand événement ? Aujourd'hui même. - Et, ou est né cet homme que nul homme n'égalera jamais ? - À Bethléem, terre de Juda. - Dans quel palais la vierge d'Israël a-t-elle enfanté ce roi ? Elle est voyageuse, et étrangère au pays. - Dans quelle hôtellerie, alors ? Dans une étable. - Où donc trouver cet homme incomparable, ce sauveur, ce Messie, ce Dieu ? À quel signe le reconnaître ? L'ange répond : « Voici à quoi vous le reconnaîtrez : vous trouverez a un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche »... Ô crèche de Bethléem ! crèche de Bethléem ! vous confondez toutes les pensées humaines.... Vous ouvrez à nos méditations un abîme de mystères, à travers lesquels l’Esprit de Dieu peut seul nous conduire et nous guider.
II. Il était naturel de penser, comme les Juifs, que le libérateur de son peuple viendrait dans ce monde avec quelque éclat, pour imposer aux grands mêmes... de croire que la vierge choisie serait prise dans l'une des familles d'Israël les plus riches et les plus répandues.., d'imaginer que l'Emmanuel naîtrait, sinon au milieu des splendeurs célestes, du moins entouré de toutes les magnificences de la terre, et que sa venue serait annoncée et célébrée avec pompe d'un bout à l'autre de l'univers... C'était naturel ; cela s'arrangeait bien avec nos pensées, surtout avec celles que nous nous faisons des grands hommes et de la divinité... Il n'en a rien été cependant. À peine si dans les synagogues on s'était aperçu des signes du temps où le Messie, viendrait. On ne se préoccupait pas davantage de savoir si quelque vierge n'aurait pas reçu de communication céleste ; Bethléem n'étant ni entourée, ni surveillée. Les peuples de la Judée traversaient, indifférents, les jours marqués pour la venue de leur Sauveur. Et pourtant qu'il était lourd le joug qu'ils subissaient ! Jamais la main d'un rédempteur n'avait été plus nécessaire, et l'on ne s'inquiétait nullement des prophéties.... Les enfants d'Israël paraissaient comme orgueilleux et fiers de leur servitude vis-à-vis de Rome..... Qui le croirait ? Le libérateur était venu, le Christ était né, Dieu habitait parmi les hommes, la vierge l'avait enfanté, Bethléem le possédait dans ses murs, et le monde l'ignoraient. les enfants de la promesse eux-mêmes ne s'en doutaient pas... Il est vrai qu'il n'y avait qu'un moyen bien misérable de le reconnaître ; il fallait chercher parmi les étables de la petite ville de Juda, si par hasard il ne s'y trouvait pas un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche. Ô crèche de Bethléem ! est-ce bien vous qui renfermez, dans ce petit enfant que j'y aperçois, mon Seigneur et mon Dieu ?…
III. Les bergers, sur l'indication de l'ange, ne pouvaient, pas se tromper. Il n'y avait pas d'erreur. possible. On ne couche pas les enfants dans une crèche. La plus infortunée des mères a où recevoir et où déposer convenablement son enfant. Pour descendre à cet excès de pauvreté, il faut être la fille de David, la mère du roi des rois, l'épouse du saint Esprit... Pour ne trouver en naissant qu'une crèche pour berceau, au milieu d'une mauvaise étable ; pour n'avoir, comme préservatif contre le froid que le souffle d'un bœuf ou d'une ânesse, il ne faut pas être le fils d'un homme ; non, le plus dénué des pères eût trouvé ou fait un berceau pour son enfant, et lui eût procuré un abri dans cette nuit si froide.... Dans une étable, sur un peu de paille, ô mon Dieu, enveloppé de langes et couché dans une crèche, il ne pouvait se trouver que le fils de Dieu. Quoi d’étonnant que Jésus soit né dans une étable et qu'on l'ait couché dans une crèche ? Ne devait- il pas être le bon pasteur ? N'était- il pas l'Agneau de Dieu ; la brebis qui devait lui être immolée pour le salut des autres brebis ? Mystérieux symboles !... Allez bergers, allez! cherchez dans Bethléem ; et quand vous aurez rencontré un enfant dans une telle condition, « enveloppé de langes et couché dans une crèche », arrêtez-vous, c'est lui ; il ne peut pas y en avoir d'autre, c'est votre sauveur et votre Dieu… Ô crèche de Bethléem ; crèche de Bethléem ! je tombe à deux genoux devant toi, les mains jointes, la tête baissée, les yeux pleins de larmes ; et je réfléchis, je médite, j'adore et j'aime.
Résolution : Je lirai aujourd'hui, avec piété et attention, dans le saint Evangile, selon saint Luc, le récit de la naissance du Sauveur.
Bouquet spirituel : « Oh ! Si quelqu'un pouvait me donner de l'eau de la citerne de Bethléem, qui est près de la porte ! » (Paralipomènes, 11, 17).
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