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23 mai 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

Bretagne17

Vingt-quatrième jour

Notre Dame des Dons

 

Le pauvre sanctuaire dont je viens vous entretenir ce soir, et dont le nom n’est peut-être pas même venu jusqu’à vous, peut se glorifier d’une origine princière. Il date des derniers temps de l’indépendance bretonne; il fut construit, en l’honneur de Notre Dame, par François Il, notre dernier duc. Léger, insouciant, trop ami, hélas ! Des plaisirs coupables, ce prince était bon cependant et son peuple l’aimait. Il était aussi, comme tous les ducs de la maison de Montfort profondément religieux et, même au milieu de ses désordres, il multiplia les marques de sa foi et fit un très grand nombre de fondations pieuses. Il eut à cœur surtout d’honorer la très sainte Vierge. Peut-être subissait-il sur ce point l’entraînement des saintes princesses qui l’entouraient. Il y avait alors à Nantes quatre duchesses de Bretagne, et toutes étaient fort pieuses : Marguerite de Bretagne, femme du duc régnant ; Isabeau d’Ecosse, veuve de François 1er ; Catherine de Luxembourg, veuve d’Arthur III, et surtout la sainte veuve de Pierre II, Françoise d’Amboise. Peut-être voulait-il se faire pardonner ses désordres. Peut-être aussi sentait-il son trône menacé et voulait-il ménager la protection du Ciel a sa patrie et à sa race. C’est lui qui fit bâtir l’aile droite de Notre Dame ; c’est lui qui fit élever, dans les jardins de son château ducal, cette belle chapelle de Saint-Antoine de Pade, où vous allez prier maintenant l’Immaculée-Conception ; c’est lui qui releva splendidement Notre Dame de Bois Garant, dont je vous parlerai bientôt ; c’est lui enfin qui fit reconstruire, un fond d'un bocage solitaire, à trois kilomètres du petit bourg de Treillières, la chapelle de Notre Dame des Dons.

Ce n’était, ai-je dit, qu’une reconstruction : le pèlerinage existait depuis longtemps déjà. Depuis quand ? Nul ne le saurait dire ; mais le duc ne fit que relever et embellir un sanctuaire désigné à sa piété parla piété du peuple.

A partir de cette réédification (1460), l’antique pèlerinage devint plus célèbre encore, et l’on vit les princes et les princesses se mêler aux flots du menu peuple pour solliciter les bienfaits de Notre Dame des Dons.

C’est Marguerite de Bretagne, l’épouse délaissée de François ; qui donne la première l'exemple, c’est, du moins, son nom que nous trouvons tout d’abord dans les archives de la chapelle. Que. vient-elle y demander ? Des joies pour son pauvre cœur blessé ? Un sourire du Ciel pour ses yeux lassés de pleurer ? Peut-être ; peut-être aussi des leçons de patience et de résignation a la Mère des douleurs et des larmes.

Un peu plus tard, sans doute en un jour de repentir, c’est la malheureuse, cause première de ces larmes, qui vient s‘agenouiller à son tour là-même où avait prié sa douce et pure victime.

Plus tard encore, c’est François lui-même qui conduit a la petite chapelle, qu’il avait reconstruite, sa nouvelle épouse, Marguerite de Foix. Les archives rapportent que le but de ce pèlerinage fut d’obtenir, par l’intercession de Marie, le don d’une postérité. Le don que leur octroya la sainte Vierge, ce fut Anne, la bonne duchesse, deux fois reine de France.

C'est Pierre Landays, le néfaste favori de François, qui vient aussi lui, comme pour témoigner que tous les grands personnages de la cour de Bretagne devaient s‘agenouiller devant Notre-Dame des Dons.

C’est enfin Anne de Bretagne. Elle était aux débuts de la guerre avec la France, la lutte suprême de l’indépendance. Menacée par l’ennemi, elle quitte Rennes et vient se réfugier à Nantes. Le maréchal de Rieux, voulant la contraindre a un mariage dont elle ne veut pas, s’efforce de soulever la ville contre elle. Anne l’apprend, mais confiante dans l’amour de ses Nantais, poursuit son chemin. Pendant quelques jours, cependant, elle dut s’arrêter à la Pasquelais. C’était tout près de la chapelle des Dons ; la jeune duchesse s’y rendit pour demander aide et protection à Notre Dame. Les desseins de Dieu ne sont pas les nôtres, et il nous accorde souvent autre chose que ce que nous lui demandons: Anne sollicitait la paisible possession de la couronne de Bretagne, Marie lui accorda la couronne de France.

Nantes cessait d’être capitale : la brillante cour du château de la Tour-Neuve s’évanouit ; la gloire du sanctuaire de Notre Dame des Dons s’évanouit du même coup. Cependant, les paysans de la contrée continuèrent d’y invoquer leur puissante protectrice, et, chaque année, le mardi de Pâques, des foules confiantes venaient fidèlement célébrer le pardon de Notre Dame.

Là comme ailleurs, la Révolution a passé, et elle n‘a laissé que des débris. Les biens dépendants de la chapelle furent vendus ; le sanctuaire fut pillé puis délaissé. Désormais, ce n’est plus qu’une ruine lamentable, ouverte à tous les vents, sur. laquelle la nature pieuse a jeté un vert manteau de lierre. C’est à peine si les paysans se rappellent que le petit oratoire, annexé à la grande chapelle, était dédié à sainte Marguerite, la patronne des deux femmes de François II, Marguerite de Bretagne et Marguerite de Foix. C’est a peine si le visiteur peut reconnaître, dans_leurs niches dévastées, les statues de saint François et de sainte Marguerite, les protecteurs célestes des souverains qui élevèrent ces murs aujourd‘hui croulants.

Toutefois l’image de Notre Dame reste à peu prés intacte. Cachée pendant la Révolution, dans le tronc creux d’un des ifs qui ombragent la chapelle, elle y reprit sa place à l‘apaisement, et les fidèles revinrent se prosterner à ses pieds. Plus tard (1815), on la transporta à l’église paroissiale ; mais il fallut attendre la nuit pour commettre ce pieux larcin, et quand les paysans le connurent, leur mécontentement faillit se transformer en émeute. Elle est restée dans cette nouvelle demeure; toutefois, si les habitants viennent l’y vénérer, ils aiment surtout à prier dans la vieille chapelle, et on les voit Souvent a genoux, surtout les soirs du mois de Marie, égrenant dévotement leur chapelet entre ces murailles en ruines qui furent le sanctuaire aimé de Marie. N’ont-ils pas raison de continuer les antiques traditions ? Les murs élevés par un prince s’écroulent lentement ; mais il subsistera longtemps et, il faut l’espérer, toujours le monument élevé, par l’amour, dans les cœurs de ses fidèles, à Notre Dame des Dons.

Le seul pèlerinage dont nous connaissions le motif avait pour but de solliciter une grâce temporelle : François de Bretagne et Marguerite de Foix, son épouse, allèrent demander a N. D. des Dons une postérité : ils obtinrent Anne de Bretagne.


Nous aussi, mes Frères, nous pouvons solliciter de Marie des faveurs temporelles. Dieu est notre Providence, il nous octroie ce qui est nécessaire a nos corps aussi bien que ce qui est nécessaire à nos âmes ; et il ne trouve pas mauvais que nous le lui demandions. Marie est la coadjutrice de la divine Providence : Dieu l’a chargée de dispenser ses faveurs a la terre, et les trésors dont elle dispose sent les biens temporels en même temps que les autres. Rappelons-nous son rôle à Cana : « Vinum non habent, dit-elle, ils n’ont plus de vin ! » et elle obtient de la bonté de son Fils une faveur temporelle pour de pauvres gens dans la peine. Son rôle dans le ciel est identique, et nous pouvons solliciter pour le même objet son intervention, demander la guérison dans la maladie, la joie dans les larmes, le pain dans la pauvreté... Ne craignons donc pas d’exposer nos besoins temporels à Notre Dame des Dons, et soyons sûrs qu’elle ne manquera pas de nous écouter.

Toutefois n‘oublions pas que, s’il nous est permis de demander des faveurs temporelles, nous ne devons jamais perdre de vue nos intérêts éternels, et que les premières ne peuvent être légitimement sollicitées qu‘à condition qu’elles ne soient pas nuisibles aux seconds, mais qu'elles leur soient au contraire utiles. Marie, aux noces de Cana, demandait à Jésus une grâce temporelle, sachant bien qu’elle devait avoir des effets considérables pour les âmes. Et, de fait, le premier miracle de Jésus lui gagna définitivement les disciples qui en furent les témoins, ils crurent en lui. Ne demandons par conséquent à Marie que des choses qui ne soient pas un obstacle à notre sanctification, mais qui puissent au contraire la faciliter. Que de chrétiens, hélas ! qui demandent des faveurs temporelles sans s’inquiéter si elles sont utiles à leur âme ! Que de chrétiens qui demandent des choses dangereuses ! Que de chrétiens même, si triste qu’elle soit, cette aberration n’est point rare , qui demandent des choses nuisibles à leur salut éternel !

Encore une remarque. Au moment de l’invasion française, la duchesse Anne alla prier Notre Dame des Dons. Que lui demanda-t-elle ? Sans doute le succès dans la lutte et l'indépendance de sa chère Bretagne. Marie ne lui accorda point sa demande, car le Ciel ne juge pas à la façon des hommes. Elle jugea plus utile à la Bretagne qu’elle fût unie définitivement à la grande patrie française ; et bientôt Anne montait sur le trône de France. Nous aussi, nous nous méprenons souvent sur nos véritables intérêts, et nous demandons à Marie des faveurs inutiles ou nuisibles. Marie écoute toujours notre prière ; mais souvent et pour notre bien, elle ne nous accorde point ce que nous demandons : elle préfère nous donner à la place des faveurs plus utiles. C’est bien la Mère aimante et sage qui sait, quand il le faut et dans son intérêt, mécontenter son enfant. Nous devrions nous féliciter de cette tendresse vigilante ; combien, hélas ! qui ne comprennent pas ! Combien qui se plaignent et murmurent! Combien qui traitent de marâtre la plus tendre des mères !

Ayons une confiance plus éclairée ; demandons a Marie des faveurs temporelles, mais à condition qu’elles soient utiles pour nos âmes ; ne nous plaignons point de n’être pas exaucés ; acceptons avec reconnaissance ce qu’aura décidé sa maternelle tendresse. Dans ces conditions, nos prières seront toujours les bien venues là haut, et nous serons traités en enfants gâtés par Notre Dame des Dons.

 

ND de Nantes

 

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