Les Saints Ancêtres de Notre Seigneur Jésus-Christ
Les Saints Ancêtres de Notre Seigneur Jésus-Christ
24 décembre
En cette veille de la Nativité de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ, nous célébrons la mémoire du Patriarche Abrabam, le Père des croyants, et de sa lignée : les Ancêtres selon la chair de notre Sauveur.
Issu de la terre des Chaldéens idolâtres, le Patriarche Abraham n'hésita pas un instant à quitter son pays, sa maison, sa famille et ses biens, à rappel de Dieu, pour se rendre vers la terre de Canaan que le Seigneur lui donna en héritage, en lui promettant une glorieuse postérité et une alliance éternelle. Le fruit de cet acte de foi fut Isaac, que Dieu lui accorda dans sa vieillesse. Puis d'Isaac naquit Jacob, et de Jacob sortirent les douze Patriarches, pères des douze tribus d'Israël. C'est finalement de la tribu de Juda que, conformément aux Ecritures, devait naître le Christ, l'aboutissement des promesses, et la plénitude de l'alliance et de l'union entre Dieu et les hommes.
Par l'intermédiaire des Saints Ancêtres et Patriarches, notre Seigneur Jésus-Christ est donc en quelque manière lui aussi le fruit de la foi d'Abraham. C'est pourquoi, lorsque pour chacun d'entre nous, Dieu fait entendre sa voix alors que nous sommes encore dans la terre étrangère des passions et des vanités de ce monde, il nous faut, comme Abraham, abandonner sans hésitation ce qui est nôtre et suivre avec foi l'appel divin jusqu'à la Terre Promise, où nous pourrons à notre tour donner naissance, de manière spirituelle, au Christ. Car planté en nous par la Foi et le Baptême, Il doit croître et grandir en nous par les saintes vertus, afin de resplendir dans la lumière de la contemplation.
Devenus « fils de Dieu » par le don du Saint-Esprit, nous devons donc voir le Christ se former en nous, les descendants d'Abraham : « Tous en effet, vous êtes fils de Dieu par la foi au Christ Jésus, car vous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ (...) Vous tous, en effet, vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus. Mais si vous appartenez au Christ, vous êtes donc descendance d'Abraham, héritiers aux termes de la promesse ». Devenons donc à notre tour ancêtres du Christ en persévérant dans la foi, afin de célébrer sa Nativité en disant : « Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi ! »
Evangile selon Saint Matthieu (Mt 1, 1-17)
« Généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham :
Abraham engendra Isaac ;
Isaac engendra Jacob ;
Jacob engendra Juda et ses frères ;
Juda engendra de Thamar Pharès et Zara ;
Pharès engendra Esrom ;
Esrom engendra Aram ;
Aram engendra Aminadabv ;
Aminadab engendra Naasson ; Naasson engendra Salmon ;
Salmon engendra Boaz de Rahab ;
Boaz engendra Obed de Ruth ;
Obed engendra Isaï ;
Isaï engendra David.
Le roi David engendra Salomon de la femme d’Urie ;
Salomon engendra Roboam ;
Roboam engendra Abia ;
Abia engendra Asa ;
Asa engendra Josaphat ;
Josaphat engendra Joram ;
Joram engendra Ozias ;
Ozias engendra Joatham ;
Joatham engendra Achaz ;
Achaz engendra Ézéchias ;
Ézéchias engendra Manassé ;
Manassé engendra Amon ;
Amon engendra Josias ;
Josias engendra Jéchonias et ses frères, au temps de la déportation à Babylone.
Après la déportation à Babylone, Jéchonias engendra Salathiel ;
Salathiel engendra Zorobabel ;
Zorobabel engendra Abiudv ;
Abiudv engendra Éliakim ;
Éliakim engendra Azor ;
Azor engendra Sadok ;
Sadok engendra Achim ;
Achim engendra Éliud ;
Éliud engendra Éléazar ;
Éléazar engendra Matthan ;
Matthan engendra Jacob ;
Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.
Il y a donc en tout quatorze générations depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations depuis David jusqu’à la déportation à Babylone, et quatorze générations depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ.
Saint Valéry de Leuconaüs
Saint Valéry de Leuconaüs
v.550-622
12 décembre
Saint Valéry, en latin Walaricus ou Galaricous, naquit en Auvergne, d'une famille pauvre et obscure. On ignore le lieu précis de son origine mais on sait qu'il passa sa jeunesse à garder les troupeaux. Il avait un grand désir de s'instruire, et les moyens lui manquaient. Un jour, étant à la garde des brebis de son père, il entendit parler de quelques écoles du voisinage, où les enfants des nobles familles étaient élevés dans l'étude il soupira dès lors après le bonheur de participer au même bienfait. Il alla prier un de ces maîtres de la jeunesse de vouloir bien lui tracer les figures des lettres, et de lui apprendre à les connaître ce à quoi celui-ci se prêta volontiers. Valéry, revenu à la garde de son troupeau, repassa dans sa mémoire ce qu'on venait de lui enseigner, et, à l'insu de ses parents, développa avec tant d'assiduité ces premières notions, qu'il parvint en peu de temps à savoir lire et écrire. Le premier usage qu'il fit de ces connaissances fut de transcrire le Psautier, qu'il apprit en entier par cœur. Il commença dès lors à fréquenter plus assidûment l'église, à suivre les chants du chœur peu à peu, la grâce de Dieu agissant, il sentit son âme s'enflammer des choses célestes. C'était, sans doute, dans quelque église de monastère qu'il se rendait ainsi on en peut présumer que l'aspect de religieux édifiants éveilla en lui ce goût de recueillement et de solitude, qui le domina toute sa vie.
Un oncle qu'il avait, se rendant un jour au monastère d'Autumon ou d'Autoin (1), Valéry l'y accompagna. Il y passa quelque temps ; son désir d'entrer dans la vie religieuse devint alors tellement vif, qu'il ne fut plus possible de le décider à en sortir. Son père vint inutilement le prier de rentrer chez lui Valéry répondit qu'il ne reverrait plus jamais la maison paternelle. L'abbé et tous les religieux réunirent leurs instances à celles du père ils ne purent triompher de sa résolution. Ni la douceur, ni la sévérité, ni les jeûnes rigoureux qu'on lui imposa, ni même la menace de châtiments corporels, ne le firent fléchir il se souvenait, dit l'historien, de ces paroles de Jésus-Christ : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n'est pas digne de moi ». À la fin, l'abbé, reconnaissant qu'une vocation aussi ferme ne pouvait venir que du ciel, dit à ses frères : « Ne rejetons pas le don de Dieu ». Selon toute apparence, le père lui-même se rendit à ces signes évidents de la volonté divine, et consentit à se séparer de son fils car, peu de jours après, il était présent au monastère, quand l'abbé d'Antoin, donnant la tonsure cléricale à Valéry, l'engageait irrévocablement au service du Seigneur.
Le jeune novice fit de rapides progrès dans la vertu, au point de devenir bientôt le modèle de ses frères. On ne se lassait pas d'admirer sa patience, son amour de la mortification, sa prudence, sa douceur, son angélique piété. On le trouvait toujours prêt pour les œuvres de charité ; aussi était-il universellement aimé. Du reste, la grâce intérieure semblait chez lui se refléter au dehors, et répandre sur ses traits je ne sais quoi d'aimable qui charmait tous les regards. Une maturité au-dessus de son âge s'adjoignait à ces hautes vertus il devenait visible que Dieu le destinait à quelque grand dessein. Bientôt, en effet, Valéry, initié de si bonne heure aux secrets de la piété, sentit le besoin d'agir et de verser au dehors le feu qui le consumait. Il était, d'ailleurs, trop près de ses parents : comme les illustres solitaires de cette époque, il sentit que le détachement ne peut être parfait tant que l'on vit au sein de sa patrie.
Il partit donc pour Auxerre. La renommée lui avait appris que l'évêque Aunachaire (2) avait établi, sous l'invocation de saint Germain, un monastère dans le faubourg de cette ville, qu'il y habitait lui-même et y donnait l'exemple de toutes les vertus. Valéry s'y rendit, et fut accueilli avec bonté par le prélat. Dans cette nouvelle retraite, plus libre et plus dégagé de tout lien terrestre, il se livra avec une nouvelle ardeur aux exercices de la pénitence, aux veilles, aux jeûnes et à l'oraison : en sorte qu'il semblait moins mener la vie d'un homme que celle d'un ange.
Sa réputation s'étendit bientôt au loin. Un seigneur nommé Bobon, aussi riche qu'illustre, entendit parler de notre jeune religieux, et voulut le voir. A peine eut-il abordé Valéry, qu'il se sentit gagné par la douceur de sa parole et la bonne odeur de ses vertus. Les instructions du jeune moine pénétrèrent si avant dans l'âme du seigneur, que celui-ci se sentit pressé de renoncer au monde, pour se donner tout à Dieu. Il ne retourna pas même chez lui, se dépouilla entièrement de sa fortune, et embrassa la pauvreté évangélique.
La célébrité qui s'attache aujourd'hui aux savants était alors réservée aux saints. Un personnage illustre par ses vertus devenait comme le point de mire vers lequel tous les yeux se portaient. Saint Colomban était un de ces hommes que le ciel donne en spectacle à la terre. Ses prédications dans les Gaules, ses grandes vertus, les miracles qu'il opérait, le nombre de ses disciples et la régularité qui régnait parmi eux : tout était propre à exciter le désir de le voir, de l'entendre, de servir Dieu sous ses ordres. Valéry espérait surtout trouver en lui de nouvelles lumières ou de plus puissants exemples ; il résolut de partir pour Luxeuil. Bobon voulut le suivre. Leur attente ne fut pas trompée : Colomban était l'homme qu'ils cherchaient. Le spectacle des communautés qu'il dirigeait les édifia au plus haut degré. Ils virent une société d'hommes étrangers au monde, morts à la vie des sens, n'ayant rien en propre, unis par la plus étroite charité, et se succédant perpétuellement pour chanter les louanges de Dieu. Valéry et Bobon, au comble de leurs vœux, demandèrent et obtinrent place dans cette brillante communauté. C'était vers l'an 594.
D'après la règle de saint Colomban, le travail de la terre faisait partie de l'occupation des religieux les novices, en particulier, devaient soigner le jardin. Valéry fut appliqué à cet emploi, destiné surtout à inspirer la vertu d'humilité ; mais, comme rien n'est petit pour un serviteur de Dieu, il sut relever cet office par l'esprit de piété dont il l'animait ; et Dieu lui-même se plut à manifester par un prodige combien cet esprit lui était agréable. Cette année-là, quantité d'insectes dévoraient les herbes et les fruits ; or, il arriva que la portion de jardin cultivée par l'humble moine fut entièrement épargnée par le fléau. Saint Colomban fut surpris d'y voir partout la fraîcheur et la verdure, les légumes sains et intacts, et il l'attribua à l'humilité et à l'obéissance de son fervent disciple. Celui-ci, au contraire, attribuait tout au mérite de ses frères ; car, ce qu'il redoutait le plus après le péché, c'était la louange. Bien qu'il ne fût novice que depuis peu, Colomban l'admit parmi les profès, estimant qu'il n'y avait pas lieu de soumettre à de plus longues épreuves celui que le ciel même honorait ainsi de ses faveurs.
Un jour le saint Abbé, expliquant à ses moines le sujet de la lecture, sentit tout à coup comme une odeur céleste remplir l'appartement. Il demanda quel était le religieux qui venait d'entrer et, comme on lui répondit que c'était Valéry, saisi d'un pieux transport, il s'écria : « Ô mon bien-aimé, c'est vous qui êtes le véritable seigneur et abbé de ce monastère ».
Il serait difficile de préciser le temps que Valéry passa sous la direction de saint Colomban on peut cependant présumer que ce fut environ quinze ou seize ans (594-610). Il était encore à Luxeuil quand le roi Thierry contraignit le saint Abbé de quitter son monastère. Témoin de la désolation que le départ de l'illustre fondateur causait à ses enfants, il sentit son cœur se déchirer en adressant à son maître vénéré un dernier adieu. Nul doute qu'il n'eût volontiers accompagné le glorieux exilé mais les ordres de Thierry étaient formels les Irlandais et les Bretons pouvaient seuls suivre Colomban. Cependant un religieux, nommé Waldolène, avait demandé la permission d'aller au loin prêcher l'Evangile. Tel était le zèle qui consumait alors les moines dans leur solitude les monastères n'étaient guère que des ruches fécondes, où se formaient des ouvriers évangéliques. Colomban ayant consenti à cette demande, Waldolène sollicita la faveur d'emmener Valéry, à qui une vive affection l'unissait. Colomban, qui aimait aussi ce fidèle disciple, répondit à Waldolène : « Le but que vous vous proposez est bon mais sachez que le compagnon que vous demandez est un grand serviteur de Dieu. Gardez-vous donc de lui causer la moindre peine, de peur de vous exposer à des regrets ». Pour des raisons que nous ne connaissons pas, le départ des deux missionnaires n'eut pas lieu alors et le monastère y gagna un secours utile, dans les circonstances difficiles où il se trouvait.
En effet, à peine Colomban était-il parti, que l'abbaye devint, pour ainsi dire, la proie de ses ennemis. Par les ordres, ou au moins du consentement de Thierry, des séculiers envahirent ses possessions, et jusqu'à ses bâtiments, où des bergers n'avaient pas craint d'établir leur domicile. Saint Eustaise, élu abbé, s'efforça de repousser ces injustes agressions, et fut puissamment secondé par Valéry. Une partie des religieux voulaient recourir aux moyens violents : Eustaise et Valéry s'y opposèrent. Ce dernier, rentrant un jour d'une excursion au désert, où il aimait à se retirer, à l'exemple de saint Colomban, trouva le lieu saint même occupé par les étrangers. Saisi d'un saint transport de zèle il implore le secours de Dieu, et réussit à faire cesser le scandale. Sa douceur et son éloquence persuasive, ainsi que celle d'Eustaise, décidèrent peu à peu les usurpateurs à se retirer, et le monastère recouvra ses possessions et sa tranquillité. Seulement, un des moines, emporté par un faux zèle, voulut employer la violence, malgré la défense d'Eustaise ; s'étant fait suivre de quelques frères, il engagea un combat, où il reçut une blessure dont il garda la trace toute sa vie, en signe de sa désobéissance.
Il semble que le départ de saint Colomban aurait dû déterminer Waldolène et Valery à exécuter leur projet. Cependant, si l'on en croit un auteur, Eustaise l'aurait retardé encore, en confiant à Valéry le gouvernement de l'abbaye, durant le voyage qu'il fit à Bobbio pour tenter d'en ramener saint Colomban.
Mais la paix une fois rétablie dans le monastère, les deux Saints résolurent de donner carrière à leur zèle apostolique. Ils prêchèrent dans différentes provinces environ deux années, opérant partout de nombreuses conversions. Arrivés en Neustrie, ils demandèrent au roi Clotaire la permission de se fixer dans ses Etats. Ce prince, qui aimait et favorisait Luxeuil, les accueillit avec bienveillance, et leur permit de s'établir où ils voudraient. Ils se dirigèrent du côté d'Amiens.
Comme ils arrivaient à Gamaches (Wahmago), un seigneur appelé Sigobard tenait, suivant l'usage du temps, des assises où il jugeait les gens de ses domaines. Il venait de condamner un homme à mort, et déjà la sentence s'exécutait. En voyant de loin le patient suspendu à la potence, Valéry sent ses entrailles émues ; il court de toutes ses forces vers le lieu du supplice, mais il arrive trop tard : le condamné venait d'expirer. Les bourreaux mêmes défendent au Saint d'approcher et de toucher le cadavre ; lui, sans les écouter, coupe la corde, reçoit le mort dans ses bras, le dépose à terre ; puis, se couchant sur lui face contre face, il prie avec ferveur et répand d'abondantes larmes. Le Seigneur exauça le vœu d'une si ardente charité à la grande stupéfaction de tous ceux qui étaient là, la vie rentre dans les membres du supplicié, et bientôt il se lève plein de force et de santé. Le miracle était évident Valéry supplie Sigobard de laisser libre celui qu'il vient de rendre à la vie. Mais le cruel seigneur refuse, et ordonne qu'on pende de nouveau le criminel. Alors Valéry s'écrie : « Vous avez déjà exécuté votre sentence, et si cet homme vit encore, c'est par un miracle de la miséricorde divine. Vous ne me l'arracherez pas, ou vous me ferez mourir avec lui. Que si vous dédaignez de prêter l'oreille à un humble serviteur du Christ, souvenez-vous que le Dieu créateur ne méprise pas ceux qui l'invoquent, il nous exaucera parce que nous combattons pour ses lois ». Sigobard se laissa fléchir par ces prières, et fit grâce au coupable, qui vécut encore de longues années après. On montrait, jusque dans ces derniers temps, une chapelle élevée à Amiens, sur le lieu même où, d'après la tradition, ce miracle s'était opéré.
Une pieuse dame, nommée Bertille, offrit un asile aux deux Saints. Elle reconnut bientôt dans Valéry un homme privilégié du ciel. Dès lors elle ne le considérait plus qu'avec une sorte de vénération. Un jour, elle le pria en grâce de lui permettre de l'ensevelir, s'il mourait avant elle. Confus et étonné qu'on le jugeât digne du moindre honneur, le Saint éluda la demande en répondant : « C'est à Dieu d'agir en cela qu'il fasse selon son bon plaisir ! » Il s'estimait au-dessous de toutes les créatures.
Cependant les deux Solitaires cherchaient le coin de terre où ils pourraient se fixer, pour vaquer à la contemplation. L'évêque d'Amiens, Berchond, avait coutume de se retirer dans un lieu désert, pour se soustraire aux bruits du monde ce lieu, d'un sol riche et fertile, entouré de forêts, baigné d'un côté par la mer, de l'autre par la Somme, et couronné au fond par des rochers à pic, s'appelait Leuconaüs (Leuconay). Il conseilla à Valéry d'aller s'y établir ; Valéry céda au conseil de l'évêque. Retrouvant son Dieu dans la solitude, il s'adonna avec plus d'ardeur encore à la prière, au jeûne, et à tous les exercices de la pénitence. Son unique ambition était d'échapper à tous les regards, pour se perdre en Dieu. Mais déjà le bruit de sa sainteté s'était répandu au loin le miracle qu'il avait opéré devant tant de témoins avait révélé en lui ce qu'il eût tant désiré cacher. Bientôt une foule de disciples vinrent se mettre sous sa direction. Le désert de Leuconaüs changea tout à coup d'aspect là où régnait naguère une profonde solitude, connue seulement d'un saint évêque, s'élevaient de nombreuses cellules et un temple là où les hurlements des bêtes fauves avaient seuls trouvé un écho, retentissaient jour et nuit les louanges du Seigneur. Tel fut le commencement de l'abbaye de Leuconaüs ou Saint Valéry, si célèbre dans l’Église. Fondée vers 613, c'est-à-dire trois ans après l'expulsion de saint Colomban, elle fut établie sous la règle de ce grand serviteur de Dieu.
Valéry n'avait pu se refuser à recevoir les fidèles qui venaient se ranger autour de lui mais, prévoyant les distractions que lui occasionnerait inévitablement le soin d'une communauté, il songea à se créer une nouvelle retraite, une solitude au milieu de la solitude. Il se construisit donc une cellule à part, où il se tenait isolé, pendant que ses religieux vivaient en commun. Il n'en était pas moins le guide et comme l'âme de son monastère. Le roi Clotaire, dont la bienveillance avait suivi nos Saints, apprit avec joie la nouvelle de cette fondation, et se chargea de pourvoir à la subsistance des moines, en leur envoyant des vivres.
Valéry ayant ainsi trouvé l'objet de ses vœux, s'appliqua avec un soin particulier à sa propre perfection. Il pouvait enfin se livrer sans obstacle à ce goût sublime de la contemplation, dont il était épris. Mais plus il s'efforçait de se cacher aux hommes, plus Dieu se plaisait à faire éclater sa sainteté. Il fut favorisé du don des miracles ; et, quelque soin qu'il prît de contenir, en quelque sorte, la vertu qui opérait en lui, il ne pouvait l'empêcher de se faire jour. De là lui venait une célébrité, importune à son humilité, mais à laquelle il ne lui était plus donné de se soustraire.
Un habitant des bords de l'Oise, nommé Blitmond, était affligé d'une faiblesse de membres si grande, qu'il ne pouvait se tenir debout. Il vint trouver Valéry, sur le bruit de sa sainteté, et se recommanda à ses prières. Touché de son triste état, le pieux solitaire se mit en oraison, puis lui imposa les mains, en levant les yeux au ciel. Il toucha ensuite les membres malades, et partout où sa main passait, les plus vives douleurs se faisaient sentir. Mais en même temps la vie y renaissait avec la force bientôt Blitmond fut rendu à une parfaite santé. Les nombreux témoins de ce miracle en rendirent hautement grâces à Dieu, et Blitmond lui-même ne crut pouvoir mieux en témoigner sa reconnaissance qu'en se rangeant parmi les disciples du Saint. Il se fixa à Leuconaüs, où Valéry prit de lui un soin particulier, et profita si bien des leçons et des exemples de son maître, qu'il mérita de lui succéder dans la direction du monastère. L’Église l'honore comme saint.
Valéry délivra un grand nombre de possédés du démon. Pour cette sorte de guérison, il avait, selon le conseil du divin Maître, recours au jeûne et à la prière, aussi était-il la terreur des esprits impurs, qui s'écriaient en sa présence : « Cet homme nous tourmente Valéry est notre ennemi ». Il fut aussi honoré du don de prophétie. Plus d'une fois, il réprimanda en public des fautes qui avaient été commises dans le secret ; il en résulta que, pour éviter cette humiliation, ses religieux s'empressaient de lui avouer ce qu'ils avaient de plus caché, convaincus que rien n'échappait à l'œil divinement éclairé de leur maître. C'est ainsi encore qu'un jour de Saint Martin il reprit deux frères pour avoir bu avant la messe et, une autre fois, un autre homme qui avait commis la même faute, avant d'assister au sacrifice du dimanche, car dans les premiers siècles de l’Église on devait entendre la messe à jeûn. Les coupables se jetèrent à ses genoux, demandèrent pardon, et promirent de se corriger. Une dame pieuse lui ayant envoyé des vivres par son fils, celui-ci succomba à une tentation de gourmandise, et cacha une partie de ce qu'il portait, pour le reprendre au retour. Le Saint lui dit : « Nous rendons grâces à Dieu des biens qu'il nous envoie par vos mains. Quant à vous, mon fils, prenez garde de manger du pain et de boire du flacon que vous avez cachés en venant car un serpent est caché dans ce vase, et ce pain est empoisonné ». L'enfant, épouvanté, retourna vers le lieu où ses provisions étaient enfouies, et reconnut la vérité de ce que le serviteur de Dieu lui avait dit. Il revint tremblant se jeter à ses pieds, et lui demander pardon de sa faute.
Si une foi ardente était nécessaire dans notre Saint pour opérer ces prodiges, elle ne l'était pas moins dans ceux qui en étaient les objets. Un jour, un homme, atteint à l'œil d'une pustule fort dangereuse, vint trouver Valéry. Celui-ci se contenta de faire sur lui le signe de la croix, et lui ordonna de s'en retourner à l'ouvrage. Le malade hésitait à obéir, ne pouvant sans doute se persuader qu'une guérison miraculeuse se fît à si peu de frais. Valéry, le voyant balancer, lui dit : « Vous doutez ? Eh bien retournez chez vous et refusez tout remède, même celui que votre femme vous présentera. Sinon, vous guérirez de cette infirmité, mais vous en porterez la marque toute votre vie ». Ce qui était prédit arriva. Cet homme à la foi chancelante reçut de la main de sa femme la potion qu'elle lui présentait, et s'appliqua encore d'autres remèdes, dans l'espoir de guérir son mal. Il échappa en effet à la mort mais il resta borgne toute sa vie. « On ne finirait pas, ajoute l'historien, si on voulait raconter combien il guérit de malades en faisant sur eux le signe de la croix, ou en les frottant de sa salive ».
Le goût de la solitude n'éteignait point chez Valéry le zèle apostolique. L'idolâtrie régnait encore dans quelques contrées des bords de l'Océan. Le Saint voyait avec une extrême douleur des populations entières adonnées à de grossières erreurs il s'appliqua à les en délivrer. À mi-chemin entre le monastère et la ville d'Eu, à Ouste-Marais, dépendance de Meneslies (canton d'Ault), non loin de la Bresle, se trouvait, près de cette rivière, un chêne énorme, sur lequel on avait tracé une foule d'images païennes, devenues un objet de culte pour les peuples circonvoisins. Passant un jour par là, Valéry se sent enflammé d'un saint zèle, et ordonne à un jeune moine qui l'accompagnait de renverser cet arbre. Le disciple, qui était chaque jour témoin des prodiges opérés par son maître, n'hésite pas un seul instant il touche l'arbre du doigt, et aussitôt celui-ci tombe avec fracas, comme s'il eût été frappé de la foudre. Cet événement jette dans la stupeur les païens qui sont présents ; mais bientôt ils passent de la surprise à la fureur, et se précipitent, armés de haches et de bâtons, sur le Saint, en qui ils s'apprêtent à venger l'outrage fait à leurs divinités. Valéry, sans s'émouvoir, dit : « Si c'est la volonté de Dieu que je meure, rien ne pourra leur résister ». Mais tout à coup une force invisible retient les bras de ces furieux, l'épouvante les saisit, et le Saint est sauvé. Profitant alors de la circonstance, il leur parle avec force de leur aveuglement, et les exhorte à quitter leurs idoles pour le vrai Dieu. Sa parole pénétra ces cœurs aveugles ; tous se convertirent, et plus tard, sur ces lieux mêmes, c'est-à-dire à Ponts, qui touche à Oust-Marais, une basilique s'éleva, sous l'invocation de saint Valéry, au-dessus de la fontaine où la tradition porte que le Saint s'était lavé. Beaucoup de miracles s'y opérèrent dans la suite.
Un jeune enfant, nommé Ursin, proche parent de Mauronte, l'un des premiers dignitaires du palais, avait à la cuisse une blessure qui mettait sa vie en danger. Le père de cet enfant avait peu de foi à la vertu divine mais ses parents l'apportèrent à l'abbé de Leuconaüs, qui le délivra aussitôt de son infirmité. Un autre seigneur lui présenta également son fils, tourmenté d'un mal affreux et rebelle à tous les remèdes, le priant, s'il ne voulait le guérir, d'avoir au moins la bonté de l'ensevelir. Le Saint répondit :« Celui qui a tiré du tombeau Lazare mort depuis quatre jours, peut certainement rendre la santé à cet enfant ». Aussitôt il le touche, et le mourant reprend vie et force, et demande à manger. Audebert, c'était son nom, vécut longtemps après, et servit Dieu fidèlement.
Valéry, du sein de sa solitude, répandait ainsi au loin la bonne odeur de Jésus-Christ. Apôtre zélé, il se portait tour à tour sur les différents points de la contrée, évangélisant les pauvres, tonnant contre les vices, semant partout la bonne doctrine : il se faisait ordinairement suivre d'un ou plusieurs disciples, qu'il exerçait ainsi au ministère de la parole. C'était le genre d'apostolat le plus usité alors, et le mieux approprié aux besoins de la société. Il fallait, pour convertir les populations grossières, adonnées aux plus stupides erreurs, des spectacles frappants et quoi de plus frappant que ces moines austères, enfoncés dans la solitude, ne vivant que d'herbes sauvages, priant jour et nuit, et ne sortant de leurs retraites que pour annoncer les oracles du ciel ? À travers leurs instincts grossiers, les barbares de cette époque sentaient qu'une puissance surhumaine agissait dans ces hommes extraordinaires. Ajoutons que presque toujours les missionnaires étaient favorisés du don de miracles en sorte que ceux qui avaient résisté à l'action de la parole s'inclinaient devant la force du prodige. Convenons cependant qu'il y avait encore des endurcis, comme Valéry l'éprouva dans une circonstance que son biographe raconte en ces termes :
« Il revenait un jour de Caldis (3) au monastère, en compagnie de quelques-uns de ses disciples. La rigueur du froid l'obligea à demander asile à un prêtre qui logeait sur la route. Par hasard, le juge du lieu se trouvait là ; mais, au lieu d'accueillir avec les égards convenables le saint missionnaire qui leur demandait l'hospitalité, ces indignes personnages se laissèrent aller à des propos malhonnêtes et à d'obscènes plaisanteries. Valéry leur fit de sages remontrances sur l'inconvenance de ce procédé, et leur rappela le compte sévère que nous devons rendre un jour de toute parole oiseuse, à plus forte raison de tout discours licencieux. Cet avertissement ne toucha point ces libertins, qui n'en donnèrent que plus libre cours à la malice de leurs cœurs. Alors le Saint s'écria : « Je vous demandais un abri d'un moment contre les rigueurs du froid mais vos affreux discours m'obligent à me passer de ce soulagement ». Et il sortit en secouant la poudre de ses pieds. Aussitôt la Justice divine prit soin de venger l'injure faite à son serviteur. De ces deux misérables, l'un, le prêtre, perdit la vue, et l'autre fut affligé d'une horrible maladie. Ils reconnurent la main qui les frappait, et supplièrent le Saint de revenir sur ses pas et de rentrer pour se réchauffer mais il ne le voulut point. Le prêtre resta aveugle toute sa vie, et le juge périt misérablement du mal honteux qui l'avait atteint ».
Les Saints n'ont dû qu'à leurs éminentes vertus, l'empire dont ils jouissaient sur la nature. Or, sous ce point de vue, Valéry peut être cité comme un modèle accompli. Toutes les vertus chrétiennes se rencontraient dans sa belle âme. Sa chasteté était si parfaite, que jamais une pensée impure ne le souilla. Chaque fois qu'il se mettait en prière, ou qu'il assistait au chœur ou même qu'il prêchait à ses disciples, des larmes abondantes inondaient ses joues, tant sa dévotion était tendre. Souvent, il passait la nuit entière en oraison ; souvent aussi, il se retirait dans l'épaisseur des bois ou dans le creux des rochers, ou s'enfermait dans sa cellule pour vaquer à la contemplation des choses saintes, et dérober aux regards des hommes les saintes extases dont le ciel l'honorait. Sa mortification était extraordinaire : il n'avait pour couche qu'une claie d'osier, pour vêtement qu'une grossière tunique surmontée d'une capuche il s'interdisait l'usage du lin. Il ne prenait de nourriture qu'une fois la semaine, le dimanche. Il n'usait ni de vin, ni de bière, ni d'aucune liqueur enivrante seulement, lorsque quelque étranger venait au monastère, il en buvait un peu par complaisance pour ses hôtes. Chaque jour il récitait deux offices complets celui du monastère et celui de l'église de France le reste de son temps il l'employait à la prédication, à la lecture, à l'oraison ou au travail des mains. Ses journées ainsi remplies, il ne lui restait que peu d'instants pour le sommeil. Sa charité envers les pauvres n'était égalée que par sa confiance en Dieu. Plus d'une fois il se dépouilla de son propre vêtement, pour en revêtir quelque membre souffrant de Jésus-Christ et tant qu'il restait quelque chose au monastère, il donnait aux mendiants, sans s'inquiéter du lendemain. Et quand il s'élevait là-dessus quelque murmure parmi les religieux, il répondait doucement : « Mes enfants, tenez pour certain que celui qui donne de bon cœur son nécessaire à ceux qui le lui demandent, ne sera jamais abandonné de Dieu ». Ces paroles ne furent pas démenties une main inconnue venait toujours à point réparer les vides faits par la charité.
Les animaux eux-mêmes étaient l'objet de ses soins, nous dirions presque de sa tendresse. Il aimait, comme plus tard on a vu saint François d'Assise, à nourrir les petits oiseaux, qui venaient familièrement voltiger autour de lui, se poser sur ses épaules et manger dans sa main. Si par hasard un des frères approchait et épouvantait ces petites bêtes, il le faisait retirer en disant : « Laissez ces innocentes créatures manger en paix leur petit grain ».
La douceur semble avoir plus particulièrement caractérisé ce grand Saint. Toute sa vie est comme empreinte de cette admirable vertu il n'a rien de cette sorte d'âpreté que le séjour de la solitude imprimait quelquefois aux moines de cette époque. Formé à une école où la rigidité formait le fondement de la règle, Valéry n'en avait pris que l'huile de Fonction. Il demandait à la douceur ce que d'autres auraient cru devoir obtenir par la fermeté. Son historien atteste qu'il s'efforçait sans cesse d'atténuer la rigueur de la discipline, mais dans la mesure prescrite pour ne rien lui ôter de son nerf. Sa bonté à l'égard des jeunes gens surtout était extrême bien que vivant sous la règle de saint Colomban, il n'appliquait que rarement les sévères punitions exigées par le Pénitentiel. Quand un moine avait encouru quelque peine corporelle, il le faisait venir, et lui disait avec douceur : « Voyez, mon fils, quel est le châtiment que vous venez de mériter. Rentrez en vous-même, rougissez de votre faute, et que pour cette fois votre honte soit votre unique punition ». Par ce moyen, ajoute le biographe, il ramenait les délinquants plus facilement et plus sûrement que par la sévérité.
Son aspect physique concordait, du reste, avec ce caractère de douceur et de bienveillance qui lui était propre. Une aimable sérénité brillait toujours sur son visage, sa parole était grave et mesurée, sa taille élevée, mais grêle il avait, ajoute l'historien, les yeux d'une beauté remarquable, et la physionomie gracieuse, malgré la pâleur et l'extrême maigreur de sa figure, causées par ses mortifications excessives. L'amour divin et l'énergie de sa volonté soutenaient si bien ses forces, que jamais il ne manqua à aucun des devoirs de sa charge. Quand il devait opérer la guérison de quelque maladie, ou révéler l'avenir ou quelque chose d'inconnu, ses joues s'enflammaient et son visage resplendissait d'un éclat particulier signe évident de l'esprit surnaturel qui agissait en lui. Du reste, sa pureté était si grande, qu'il garda sa virginité sans tache jusqu'à sa mort.
C'est dans l'exercice de ces vertus que s'écoulait cette précieuse existence. Il y avait six ans, selon les uns, neuf ans, selon les autres, qu'il habitait Leuconaüs, quand le Seigneur jugea à propos de l'appeler à lui. Une révélation particulière l'avertit que sa mort était proche. Un jour de dimanche, comme il rentrait au monastère, en passant sur la hauteur de la butte du cap Rornu, où il se retirait souvent pour prier, il s'arrêta au pied d'un arbre, prit deux branches qu'il fixa en terre, et dit aux religieux qui l'accompagnaient : « C'est ici que vous m'ensevelirez, quand il aura plu au Seigneur de terminer ma carrière mortelle ». Une révélation divine lui avait sans doute appris que le saint évêque Berchond avait coutume de suspendre à cet arbre les reliques des Saints, lorsqu'il venait y prier. Dès ce moment, ses frères comprirent qu'il ne tarderait pas à les quitter. En effet, peu de temps après, un jour de dimanche encore, il rendit paisiblement son âme à Dieu, le 1er avril 619. On l'enterra au lieu qu'il avait désigné, et où l'on a érigé depuis une chapelle. Bientôt son tombeau devint célèbre par de nombreux miracles. On éleva plus tard une basilique en son honneur, sur l'emplacement même de l'arbre consacré aux idoles, qu'il avait miraculeusement renversé.
On lui a donné pour attribut des oiseaux qui volettent sur ses épaules ou qu'il réchauffe dans ses mains. Sa tête est rasée. La longue robe des Bénédictins descend en plis gracieux jusque sur ses pieds.
Cultes et reliques de Saint Valéry
Après sa mort, la communauté qu'il dirigeait, obligée de fuir devant d'injustes oppresseurs, se dispersa ; et Leuconaüs redevint un aride désert. Alors Berchon, affligé que le corps du Saint ne fut plus entouré des honneurs qui lui étaient dus, forma le projet de le transporter dans sa cathédrale d'Amiens. Mais on essaya vainement de l'enlever de son tombeau : une puissance irrésistible paralysa tous les efforts ; on ne put venir à bout de le soulever de terre le bienheureux Valéry témoignant par là qu'il voulait encore habiter après sa mort les lieux qu'il avait honorés par ses vertus.
Cependant, quelques années après, l'orage étant passé, Blitmond, autrefois miraculeusement guéri par le Saint, et retiré à Bobbio depuis la mort de son maître, demanda à l'abbé Attale la permission de revenir à Leuconaüs. Celui-ci résista longtemps. À la fin, averti par une vision que telle était la volonté du ciel, il permit à son disciple d'exécuter son projet. Blitmond revint donc à Leuconaüs vers l'an 627, et y vécut une année en simple ermite. Puis il obtint du roi Clotaire et de l'évêque d'Amiens la permission d'y construire un vaste monastère et une magnifique église, qui devint bientôt le but de nombreux pèlerinages. Héritier du zèle de son maître, il combattit et détruisit les restes du paganisme dans ces contrées, et mérita d'être le second abbé de Leuconaüs. On ignore combien de temps il dirigea ce monastère ; mais ses vertus l'ont mis an rang des Saints, et une localité voisine a perpétué son nom. Ainsi, l'œuvre de notre Bienheureux ne périt point ; pendant bien des siècles, son intercession et son souvenir enfantèrent des Saints à l’Église.
Le nom de Valéry devint bientôt populaire ; on a recueilli le souvenir de quelques-uns des nombreux miracles opérés à son tombeau. Une ville se forma même autour, qui prit le nom du Saint (4). Vers l'an 980, Arnoul le Vieux, comte de Flandre, désireux d'avoir des corps saints, fit enlever violemment celui de saint Valéry, que l'on déposa d'abord à Montreuil, puis à Sithiü. Mais le duc Hugues (plus tard roi de France) le fit rendre aux moines de Leuconaüs. C'est même depuis ce temps-là que le monastère de Leuconaüs prit le nom de Saint Valéry.
Peu après, Ingelramme, abbé de Saint Riquier, composa des chants en l'honneur de notre Saint et de l'archevêque Ulframme. Un autre monastère du nom de Saint Valéry existait aussi en Auvergne. Un chroniqueur, antérieur au XIIe siècle, en écrivait : « Là repose le corps du saint confesseur, et les habitants du pays attribuent à sa présence d’être souvent délivrés des dangers ». Mais il est probable que ce monastère est celui où Valéry entra dans la vie religieuse, ou simplement un monument élevé à sa mémoire. car il est certain que ses reliques n'y ont jamais été transférées.
En 1197, le roi Richard, instruit que des vaisseaux sortis d'Angleterre portaient des vivres à ses ennemis et les déposaient à Saint-Valéry-sur-Somme, s'en vengea en mettant le feu à la ville, en dispersant les moines et en faisant transporter les reliques du Saint en Normandie, probablement dans la Bourgade qui, depuis, a pris le nom de Saint-Valéry-en-Caux, entre Dieppe et Fécamp. Mais plus tard elles furent rapportées au monastère de Saint-Valéry-sur-Somme, dévolu dans la suite à la congrégation de Saint Maur, et s'y sont conservées jusque dans ces derniers temps.
Il parait, du reste, probable que saint Valéry a évangélisé le pays de Caux et tout le littoral de la Manche telle est du moins la tradition (5).
Avant la Révolution de 1793, le corps de saint Valéry était renfermé dans une châsse magnifique, de la forme et de la grandeur d'un tombeau. Cette châsse était entièrement recouverte d'une lame d'argent qui lui donnait une certaine valeur intrinsèque. C'était plus qu'il n'en fallait pour provoquer la cupidité et l'impiété des sacrilèges révolutionnaires de cette lamentable époque. Aussi cette châsse fut-elle enlevée, et les reliques du Saint brûlées et réduites en cendres an milieu même du chœur de l'église.
Le pavé sur lequel s'est accompli cet acte de sauvage impiété en garde encore les traces et a été soigneusement conservé jusqu'à ce jour.
Toutefois, un ossement assez considérable, grâce à la piété courageuse d'une femme, a échappé à la destruction. Cette relique, la seule qui reste, avait été distraite du reste du corps et placée dans le soc du buste du corps de saint Valéry, recouvert d'argent, comme était autrefois sa châsse, pour être honorée et vénérée dans la chapelle dédiée au Saint, et où il avait été inhumé. La place du tombeau est soigneusement marquée dans ladite chapelle.
La dévotion à saint Valéry est toujours bien vive dans le pays. La chapelle, qui est hors des murs de la ville, reste ouverte tous les jours depuis le matin jusqu'au soir, et il est rare de n'y pas rencontrer des personnes en prière. On y vient en pèlerinage des pays voisins et autres plus éloignés. On aime à faire célébrer le saint Sacrifice de la messe sur le tombeau de notre Saint, et on y fait brûler un grand nombre de cierges.
Saint Valéry est le patron de toute la ville. Sa fête se célèbre du rit de première classe, le 12 de décembre. Depuis le Concordat, la solennité en est renvoyée au troisième dimanche d'Avent, quand la fête ne tombe pas ce jour-là (6).
Saint Valéry est mentionné dans le martyrologe romain (1er avril) et dans ceux d'Usuard et d'Adon. Trithemius, du Saussay, H. Menard, Bucelin, Molanus, Chatelain, etc., lui donnent unanimement place dans leurs calendriers. Les mariniers le considèrent comme leur patron. Près du monastère qui portait son nom, est une chapelle où il aimait à se retirer pendant sa vie, et où il fut enseveli c'est là que les marins vont se mettre sous sa protection, avant de s'embarquer. Guillaume le Conquérant, sur le point de partir pour l'Angleterre, fit porter hors de la chapelle et exposer au grand jour le corps du Saint, afin d'obtenir par son intercession un vent favorable. Le ciel exauça ses vœux au rapport de Guillaume de Malmesbury et de Matthieu de Paris.
Les Saints de Franche-Comté, Besançon, 1854 ; et notes locales.
Notes
(1) Il y a eu deux établissements de ce nom : Autoin, à quatre lieues d'Issoire, prieuré du diocèse de Saint Flour, dépendant du monastère de Soucillanges ; et Antoin, à une lieue d'Issoire, et dépendant des Pères Carmes du faubourg de Clermont. (Acta Sanctorum ord. Bened., t. V, addit. et corr., p. 628).
(2) Ou Aunaire. Il siégea de 571 à 605.
(3) Aujourd’hui Cayeux, village à quelque distance à l'ouest de Saint-Valéry. (Mab., note, p. 86).
(4) Saint-Valéry-sur-Somme (Picardie).
(5) Eglises d'Yvetot, par le savat abbé Cochet.
(6) M. Colamaire, curé-doyen de Saint-Valéry-sur-Somme, a bien voulu nous transmettre ces renseignements.
Texte extrait du 4e volume des Petits Bollandistes, Abbé Guérin, Paris, 1876
Saint Fort de Bordeaux
Saint Fort
Premier évêque de Bordeaux
Fête le 16 mai
De longues et sérieuses recherches sur la vie de ce saint ont fini par aboutir et arriver à un résultat assez heureux, je crois, pour fournir sur saint Fort des documents qui ne manquent pas d'intérêt et que les fidèles des paroisses qui l'ont pour patron liront avec plaisir.
Un livre du plus haut mérite, honoré d'un bref de Pie IX, et qui est l'ouvrage de Mgr Cirot, camérier de Sa Sainteté, chanoine de Bordeaux, Origines chrétiennes de Bordeaux, ou histoire de la basilique de Saint Seurin de Bordeaux, répand de grandes lumières sur la vie de saint Fort. L'auteur de cet ouvrage donne pour premier évêque de Bordeaux saint Fort. Rien de mieux soutenu, rien de plus pieux que cette tradition.
Saint Martial, l'un des soixante-douze disciples, suivit à Rome son parent et chef, l'apôtre saint Pierre. Là, il en reçut, avec saint Alpinien et saint Austriclinien, la mission d'évangéliser les Gaules, et, peu de jours après, le bâton pastoral dont le contact rendit la vie à Austriclinien, mort à Colle, en Toscane, en travaillant à sa mission.
Saint Martial, s'avançant par les voies romaines ouvertes devant lui, parvint en Aquitaine, en parcourant les villes qui gardent les monuments authentiques de son passage, débarqua à Soulac, et, par le Médoc, arriva à Bordeaux. Il y fonda au lieu de Saint Seurin le premier oratoire chrétien, y établit le premier évêque, baptisa grand nombre d'infidèles, et, glorieux de vertus et de miracles, retourna rendre son âme à Dieu dans son église de Limoges. En 1854, Pie IX a, par un décret de la congrégation des rites, reconnu le culte immémorial qui lui est rendu sous le titre d'Apôtre de l'Aquitaine.
Sainte Véronique fut associée à son apostolat. Cette pieuse femme, après la faveur insigne qu'elle reçut de la part du Sauveur montant au Calvaire, prit rang parmi les saintes femmes qui suivaient Jésus et Marie sa mère, au temps de la Passion.
Véronique vint à Rome avec l'image vénérée dont le contact guérit l'empereur Tibère de la lèpre, et l'y laissa comme un trésor qui devait rester à l'Eglise universelle. Elle est gardée à Saint-Pierre, au Vatican, parmi les plus précieuses reliques, et on voit au Panthéon le coffre avec inscription dans lequel elle fut transportée.
Cette première mission remplie, notre sainte femme s'attacha au ministère de saint Martial. On la voit avec lui à Colle en Toscane, puis abordant à Soulac, où ils élevèrent un oratoire à la très sainte Vierge. Sainte Véronique y fixe son séjour; là elle meurt pleine de jours et de mérites, l'an 66 de l'ère chrétienne.
Sainte Véronique ne fut pas seule à aider de ses prières et de ses services l'apostolat de saint Martial, elle eut pour noble émule dans cette œuvre, Bénédicte, épouse de Sigebert, nom germanique qui veut dire fort, comte de Bordeaux. La pieuse comtesse, munie du bâton de saint Martial, rendit la santé à son mari, arrêta une tempête sur le fleuve, un incendie dans la cité, et par ces prodiges amena la conversion au christianisme de Sigebert ou Fort (puisque c'est le même), suivi de plusieurs milliers de Bordelais.
Dès lors s'établit la première cathédrale de la cité, près de laquelle se forma le monastère où résida l'évêque saint Amand au Ve siècle, où il reçut saint Seurin qui voulut y être enseveli, d'où partirent les clercs porteurs des correspondances de saint Delphin et de saint Paulin, où vinrent, au IXe siècle, se convertir et reposer après leur mort les guerriers de Charlemagne.
Le cardinal de Sourdis, qui mérita la pourpre pour ses hautes qualités dans les sciences et surtout par ses vertus, et qui reçut des marques distinguées d'estime et d'amitié du pape dans ses voyages à Rome, a consacré ces souvenirs dans une ordonnance solennelle : « Ce n'est pas seulement par le bruit public et l'opinion générale que nous avons appris que l'église de Saint Seurin fut autrefois le siège métropolitain, mais nous en avons eu la preuve par les monuments les plus antiques et les plus certains... C'est l'église que saint Martial, disciple du bienheureux apôtre Pierre, d'un vieux temple autrefois dédié au Dieu inconnu, consacra la première en Aquitaine à la gloire du Dieu tout-puissant, à la bienheureuse Marie et au protomartyr saint Etienne, et où il sacra archevêque Sigebert (ou Fort), auparavant prêtre des idoles » (1). »
C'est en considération de cette antiquité que le cardinal de Cheverus attacha à la collégiale le titre de chanoine honoraire et que Sa Sainteté Pie IX, par lettres apostoliques du 27 juin 1873, lui a conféré le titre et tous les privilèges de basilique. Ces privilèges comprennent, outre les indulgences spéciales, le rang d'archiprêtre et autres droits honorifiques pour le titulaire.
L'église souterraine, ou la crypte de la basilique de Saint Seurin, est consacrée à saint Fort, aussi porte-t-elle le nom de crypte de Saint Fort. C'est dans ce lieu surtout que le saint est invoqué par des milliers de pèlerins. Son culte a éclipsé celui même de saint Seurin ; il a traversé les révolutions, et ramène chaque année à sa crypte une foule immense persistant dans sa dévotion et sa grande confiance à saint Fort.
Le vocable de la crypte, les sculptures, peintures, vitraux au chiffre du saint, ne peuvent laisser aucun doute sur la personnalité de saint Fort. Il est celui que saint Martial déclare avoir établi premier évêque de la cité dans son épître aux Bordelais, dont un manuscrit du xe siècle a été retrouvé à la Bibliothèque nationale. Il est le martyr dont la décapitation est représentée dans une peinture murale, visible encore sous les panneaux du chœur, et où se montrent encore une niche munie d'une porte avec ses ferrures et le guichet à travers lequel on apercevait le bras de saint Fort. On y lit : « Saint Fort, priez pour nous ». Ce n'est que par ces titres que l'on peut expliquer plusieurs églises et monuments qui lui sont dédiés.
Cette crypte de Saint Fort est une véritable église composée de trois absides et de trois nefs séparées par des colonnes, avec leurs chapiteaux, pris, d'un édifice romain. Au fond de l'abside principale se font remarquer plusieurs tombeaux avec deux vases renfermant des cendres d'enfants. Celui de saint Fort occupe le centre et fut, au XVIIe siècle, surmonté du mausolée à six colonnes qu'on remarque aujourd'hui. Dans une châsse d'or et à jour, repose le corps de saint Fort, en majeure partie, moins le bras droit, sur lequel se faisaient les serments, et qui a disparu dans la révolution. Dans une des verrières on remarque plusieurs sujets très intéressants qui ont rapport à saint Fort. On admire surtout sa châsse d'or, son image en habits pontificaux, et dans les panneaux latéraux les diverses classes de pèlerins qui accourent à son tombeau, et notamment le maire qui prête serment sur son bras sacré.
Parmi plusieurs ouvrages de décoration dont la boiserie de l'autel pontifical est enrichie, qui attirent l'admiration des visiteurs, et que M. de Montalembert, dans son livre du Vandalisme, considère comme le monument le plus précieux de cette église, nous devons surtout nous arrêter devant la scène merveilleuse où saint Martial, paré de tous ses insignes pontificaux, remet à la comtesse Bénédicte, qui sollicite son pouvoir auprès de Dieu pour la guérison de son mari, le bâton de saint Pierre devenu le sien. Dans la partie intérieure du même compartiment, Sigebert (ou Fort), couché, reçoit de son épouse le bâton qui lui rend la santé. Reconnaissant de ce bienfait, Sigebert (ou Fort), avec plusieurs milliers de ses soldats, embrasse le christianisme, et saint Martial se dispose à les baptiser. Dans le compartiment joignant, on remarque le martyre de saint Fort. Ici comme dans la peinture murale dont il a été parlé plus haut, des remparts et une porte de ville, des soldats romains, un prêtre décapité et d'autres agenouillés qui attendent leur tour, un autel, une lampe, indiquent les catacombes où ils ont été saisis, le lieu où ils ont été traînés pour leur martyre, leur genre de supplice et l'époque où il s'accomplit ; tout cela convient à saint Fort, premier évêque de Bordeaux. En terminant notre récit, fixons nos yeux sur la rosace des saints patrons de la Basilique. C'est comme le résumé des autres verrières. Notre Dame de la Rose occupe le centre : autour d'elle se placent saint Fort, saint Seurin, saint Amand, saint Martial, saint Etienne, sainte Véronique tenant la sainte face, sainte Rose de Lima, patronne d'une confrérie de jardiniers, sainte Bénédicte.
(1) Une monnaie mérovingienne du cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale ne permet pas de doute sur cette question. Elle porte : « Eglise Saint Etienne, à Bordeaux », et constate en sa faveur le droit de battre monnaie, réservé aux églises épiscopales.
Prière à Saint Fort
Très illustre saint Fort, qui dès les premiers jours de l’Église naissante avez suivi saint Etienne dans la voie glorieuse du martyre, et qui avez reçu de Dieu un si grand pouvoir dans le ciel et sur la terre, surtout en faveur de ceux qui vous invoquent avec confiance pour les besoins du corps et de l'âme, et pour la guérison des enfants malades ; protégez-nous, grand saint, dans toutes les maladies et les dangers de cette vie ; secourez-nous dans tous les combats du salut, et obtenez-nous de Dieu d'augmenter dans sa grâce à mesure que nous avançons dans la vie, et d'arriver un jour au Ciel pour y partager votre bonheur et y glorifier Dieu pendant l'éternité. Ainsi soit-il.
Imprimatur
Vesunt, die 9 aprilis 1879.
Boilloz, vic. gen.
Texte et prière extraits de Saint Fort, Abbé Ballot, impr. de Jacquin, Besançon, 1879
Pour approfondir
Saint Fort, premier évêque de Bordeaux
Saint Mommolin
Saint Mommolin
Abbé de Fleury
+ au VIIe siècle
Fête le 8 août
Mommolin, ou Mommole, que l'on appelle ordinairement saint Momble, naquit de parents riches et pieux qui l'élevèrent chrétiennement et le firent instruire. L'année et le lieu de sa naissance sont indéterminés. L'auteur de sa vie (1) nous apprend seulement qu'il vivait dans le septième siècle, et qu'il était natif du « pays d'Orléans en France » (2). Son enfance fit pressentir sa vie tout entière. Dégoûté du monde avant d'en avoir goûté les perfides douceurs, il gagna la solitude et consacra à Dieu, avec les prémices d sa jeunesse, toutes les aspirations de son âme, tous ses rêves d'avenir.
L'ancien monde romain venait de se dissoudre ; une ère nouvelle était commencée. Les barbares, instruments de la divine Providence, quittaient leurs forêts séculaires, châtiaient par le fer et le feu les peuples trop longtemps amollis par de honteuses voluptés, et vengeaient le sang des martyrs. La civilisation disparut, mais elle fut remplacée par un esprit nouveau qui s'ouvrit aux pures illuminations du christianisme. Le monde, ébranlé par mille secousses, chancelait encore sur ses bases, quand fut crée par saint Benoît un asile sanctifié par la prière, où pouvaient venir se réfugier pour toujours les cours las du siècle ou ambitieux de pénitences et d'austérités. La grande famille monastique était alors représentée tout entière sur le Mont Cassin par les disciples de Benoît, comme autrefois le genre humain sur une montagne d'Arménie par les habitants de l'arche. Le spectacle d'une si haute perfection sous une forme si nouvelle, mais si naturelle, réveilla partout un vif désir d'imitation et de sainte émulation. Benoît, sollicité de toutes parts, mais en particulier par saint Innocent, évêque du Mans, envoya en France saint Maur, auquel il donna pour compagnons Simplice, Constantinien, Antoine et Fauste. Saint Maur fonda en France grand nombre de monastères, entre autres celui de Saint Aignan, à Orléans. C'est dans cette sainte solitude que Mommolin fit son noviciat sous la conduite de Léodebede ou Léodebunde qui en était abbé. « Léodebunde était un homme signalé en science, richesse et sainteté de vie, moribus et scientiâ senex. » A l'école d'un tel maître, Mommolin, que la nature avait doué d'une manière très heureuse, s'éleva rapidement à une haute perfection. Ayant appris à obéir, il fut bientôt jugé digne de commander, et fut mis à la tête d'un monastère nouvellement fondé.
Après la conquête des Gaules, les Romains bâtirent, dans les lieux les plus agréables, des châteaux de plaisance ; les bords enchantés de la Loire fixèrent particulièrement leur attention. À quelques lieues d'Orléans, une vallée que ses agréments et ses productions avaient fait surnommer la Vallée d'or, vallis aurea, embellit ces délicieux rivages. La beauté des fleurs, la magie du paysage, le ciel serein, la bienfaisance de l'air semblent dire au voyageur : arrête-toi là. Les Romains, peuple si sensuel, après avoir été si austère et si belliqueux, y élevèrent un château, qu'ils décorèrent du nom de Floriacum, Fleury, comme s'ils avaient voulu rivaliser par les magnificences de l'art avec les merveilles de la nature. Ce monument appartint plus tard à Jean Albon, seigneur puissant qui avait renoncé à la cour de l'infâme Brunehaut, reine d'Austrasie, et voulait, loin du monde, travailler à son salut. Il fit une œuvre plus utile que les Romains, en fondant une église, à qui il donna, peut-être à dessein, le nom d'un martyr, saint Sébastien, pour faire oublier par la doctrine de l'immolation chrétienne les grossières concupiscences des maîtres du monde. Quelque temps après (620), il se retira avec son fils au monastère de Saint Aignan, auprès de Leodebunde. En embrassant la vie monastique, il donna tous ses biens à cette abbaye, à la condition expresse que son château de Fleury serait converti en monastère. Le pieux abbé posa bientôt à Fleury la première pierre de l'église, en permettant à Albon d'en diriger les travaux, et la consacra à saint Pierre, Prince des Apôtres. L'église donna son nom au monastère, qui fut peuplé des Bénédictins envoyés de celui de Saint Aignan. Foucauld fut le premier abbé de Saint Pierre de Fleury. Rigomar fut le second. Le troisième fut Mommolin, qui dut céder aux ordres de Léodebunde et faire le sacrifice de sa tranquillité personnelle pour venir prendre le gouvernement de cette maison naissante. C'était vers l'an 650.
De cette époque datent les progrès de cette célèbre abbaye, que Léon VII appelait plus tard le premier et le chef de tous les monastères : Caput ac primum omnium cænobiorum, et dont l'abbé, par un privilège d'Alexandre II, avait la qualité de premier des abbés de France.
Mommolin agrandit les bâtiments du monastère et y établit « une publique académie de vertu et de bonnes lettres ». Dans les temps de la barbarie, les cloîtres ont été le refuge des sciences, « palestres d'honneur, séminaires des prélats et docteurs de l’Église ». Les personnages les plus remarquables vinrent se ranger sous la houlette du pieux et savant abbé. Dans cette pléiade d'esprits éminents, formés par ses soins, nous distinguons « le noble Hugon d'Aquitaine, dont le scavoir et bonnes mœurs a donné lustre et réputation à l'abbaye de Solignac en Limousin ; et saint Gyldas, qui ne mangeoit durant le cours de sa vie que trois fois la semaine et fort sobrement », et qui illustra plus tard l'académie d'Iren en Angleterre. L'immortel Gerbert ou Sylvestre II, premier Pape français (999), à qui la science doit l'introduction en Europe des chiffres arabes, avait été moine de Fleury.
Le plus grand événement de la vie de notre Saint est celui que nous allons raconter. Le monastère du Mont Cassin, l'aîné de tous les monastères en Occident, le berceau de l'Ordre Bénédictin, avait été détruit par les Lombards. Mommolin, averti par un Ange, veut arracher à la profanation des barbares les reliques de saint Benoît. Il confie cette héroïque mission à l'un de ses moines, natif de Blois, nommé Aygulphe. La longueur et les périls du voyage n'effraient point le serviteur de Dieu ; il part en compagnie de quelques chrétiens du Mans qu'une vision surnaturelle invitait à aller rechercher le corps de sainte Scholastique, la bienheureuse sœur du patriarche des moines d'Occident, pour le remettre entre les mains de leur évêque Bérarius. Les pieux pèlerins se rendent à Rome. Là, Aygulphe se détache de ses compagnons, arrive au Mont Cassin et découvre au milieu des ruines les dépouilles sacrées de saint Benoît et de sainte Scholastique. Il s'en empare et les emporte. On le poursuit ; mais la joie d'une bonne action donne force et courage. Qui pourrait arrêter l'innocent ravisseur ? Il vole plutôt qu'il ne marche sous son précieux fardeau, échappe, Dieu aidant, à tous les pièges, traverse l'Italie et rentre en France par la Savoie. Pendant que les bénédictions des peuples accompagnent ses pas, tout-à-coup Dieu fait éclater sa puissance. Aygulphe s'était arrêté à Orléans, à un endroit nommé Bony, in prædio Bonodio, où l'on bâtit dans la suite une église sous le titre de Saint Benoît du Retour. Un aveugle de naissance est guéri au seul contact de la caisse qui contenait les reliques, un estropié recouvre l'usage de ses membres. Mommolin accourt au-devant d’Aygulphe avec une immense multitude. C'était le 11 juillet 660, c'est-à-dire 117 ans après la mort de saint Benoît. La joie brille sur tous les fronts, l'allégresse et les chants de triomphe se confondent avec les témoignages du respect et de la vénération. « On passe allègrement tout le reste de ce jour avec hymnes et louanges au Seigneur ».
Il ne fut bruit longtemps que de cette translation et de deux résurrections opérées par les saintes reliques. Dans ces âges de naïve croyance, un ossement sacré était un trésor pour tout un peuple. On faisait un voyage pour le vénérer et on prenait les armes pour le garder. Que de reliques nous sont arrivées en France par les sacrifices que s'imposaient les Croisés pour les acquérir, ou bien même par le droit de conquête ?
L'hagiographie nous fournit d'autres exemples de semblables translations de reliques. Dans le VIIIe siècle, les ossements des saints Abdon et Sennen, princes Persans, martyrisés à Rome, pendant la persécution de Déce, furent exhumés des catacombes et accordés à la pieuse sollicitation des Bénédictins et des habitants d'Arles-sur-Tech (Pyrénées-Orientales), dans le but d'éloigner les fléaux qui désolaient le pays. Ces reliques furent mystérieusement portées dans cette ville, cachées dans des barils pleins d'eau, qui reposent aujourd'hui sur l'autel qui leur a été consacré dans une des chapelles de l'église. Ces instruments d'une pieuse fraude nous attestent avec quel dévouement nos pères professaient le culte des reliques, puisque tant de précautions étaient nécessaires quand il était question d'en déplacer quelqu'une, même avec un légitime consentement. Fière et heureuse de posséder ces deux Saints, la ville en a fait ses patrons, et garde avec respect un sarcophage de marbre qui contenait autrefois leurs ossements, et d'où coule aujourd'hui une source qui n'a jamais tari.
Dans le XVe siècle, tel était l'enthousiasme des peuples pour saint Roch, le patron des pestiférés, que Venise, plus exposée que les autres villes à la contagion, à cause de son commerce avec l'Orient, envoya à Montpellier des marchands audacieux qui s'emparèrent furtivement du corps du Saint et l'emportèrent dans leur pays, avec l'assurance que la peste n'aurait plus de puissance meurtrière chez eux.
On sait que vers la fin du XVIe siècle une dispute fameuse s'éleva entre les religieux du couvent de Saint Antoine de Viennois et les Bénédictins de l'abbaye de Mont-Majour d'Arles (Bouches du Rhône), sur la possession des reliques de saint Antoine du désert. Les députés de toute la province y prirent part, et deux Papes intervinrent dans les débats. Des querelles de cette nature peuvent dégénérer en abus ; mais elles illustrent un peuple qu'on peut encore passionner en lui montrant une relique. Les croisades, qui ont ébranlé l'Europe, n'avaient d'abord pour but que de reconquérir un tombeau.
Si, à une époque assez rapprochée de notre marasme religieux, on était encore capable de tant de foi, qui pourrait peindre les transports qui durent accueillir les reliques de saint Benoît ?
Mais les joies d'ici-bas ont un terme. À ce pieux concert de bénédictions et de louanges, à cette effervescence d'une foi toute démonstrative succéda enfin le calme raisonné de la piété silencieuse. Mais il fallut se résigner à séparer les corps de ces « bessons » qui avaient dormi plus d'un siècle dans le même tombeau. Les reliques de sainte Scholastique furent concédées à la ville du Mans, qui les sollicitait avec de nouvelles instances. Elles y furent reçues avec d'ineffables transports, dont le souvenir se perpétua par une fête annuelle fixée au 11 juin. Saint Benoît fut retenu par Mommolin. Il devint le patron, non-seulement d'une église érigée sous son vocable, mais encore de l'abbaye qui perdit dès lors son nom romain de Fleury (Floriacum) et ne fut plus connue que sous celui de son glorieux hôte transalpin. Le Saint eut bientôt des autels, des sanctuaires partout. Son nom déjà cher à la chrétienté, son image vénérée, son patronage puissant, lui acquirent une renommée universelle, une popularité à nulle autre pareille. La « médaille de saint Benoît », si connue au XVe siècle, et portée encore aujourd'hui, transmettra aux siècles les plus reculés le nom et le culte de ce grand Saint.
L'abbaye, dépositaire des saintes reliques et foyer de la vénération des peuples, participa à tant de gloire. Les fidèles l'enrichirent de leurs dons, les rois y firent éclater leur munificence, et la comblèrent de privilèges. Bozo, « hault et puissant seigneur qui embrassa volontairement la simplicité monastique » et fut ensuite élu abbé, l'an 825, « employa de grosses sommes de deniers à faire une châsse d'or pur, du poids de soixante-dix mares, artistement élaborée, dans laquelle les cendres de cest archimandrite furent enserrées. Elle fust enrichie d'une escarboucle d'inestimable prix, dont la lueur servoit de lumière aux moynes, qui psalmodioient en chœur durant les ténèbres de la nuit ». Telle était la réputation de sainteté dont jouissait l'abbaye, qu'un roi de France, Philippe Ier, voulut y être enterré. On y admire encore aujourd'hui son tombeau.
Que devint Aygulphe, à qui la France doit, après Dieu et saint Mommolin, les reliques de saint Benoît ? Il fut appelé à gouverner le monastère de Lérins, fondé par saint Honorat, et eut le bonheur de souffrir pour Jésus-Christ avec trente-deux autres moines, l'an 672. On leur coupa la langue, on leur arracha les yeux et on leur trancha la tête. L’Église honore leur mémoire le 3 septembre ; le peuple l'invoque sous nom de saint Ayoul.
Dieu exalte ceux qui s'abaissent. Mommolin, qui ne portait en guise de croix pastorale qu’un reliquaire en bois, ne put se soustraire complètement à l'admiration de ses contemporains.
« Sa douce conversation et délectable familiarité attirait un chacun à l'aymer, exempt de tout dol, sans ire ny fiel, et qu'on n'a jamais veu en cholere ». Esprit toujours « doux et modéré, tousjours un et esgal à soy-mesme, d'une vie innocente et très facile, d'une simplicité pleine de confiance, rejettant tout soupçon, desgagé des affections terrestres, avec un désir incroyable destre uny à Dieu. Tousjours mesme visage, mesme teneur de vie et d'actions. Homme rare et de saintes mœurs, qui sembloit estre l’unique et sans exemple, de vie immaculée, d'esprit admirable, de profonde révélation. Son visage estoit si calme et serein, son parler si benin et affable, sa contenance doucement grave, et sa conversation si gracieuse et aymable, qu'il estoit capable d'aprivoiser les cœurs durs, féroces et cruels » (Darnal, Narré Véritable de la vie, etc., de saint Mommolin).
Le divin Maître avait versé dans le cœur de Mommolin tant de douceur et de mansuétude, qu'il faut traverser dix siècles et arriver jusqu'à saint François de Sales pour rencontrer son rival. Le siècle porta envie au cloître et reconnut dans cette vertu surhumaine les merveilleuses opérations de la grâce.
Mommolin jouissait, au milieu de ses heureux disciples, de la béatitude promise sur cette terre à la douceur chrétienne. Il avait déjà fourni une longue carrière sous un ciel sans nuages et avait amassé de nombreux mérites. Il avait aimé et fait aimer Dieu, dont il était ici-bas l'image la plus accomplie, et ne pouvait plus attendre que la gloire céleste. Mais un jour, cet ange de la solitude conçoit une pensée, un désir, un projet. Qui le croirait? Le saint vieillard veut aller visiter les maisons de son Ordre. Il part, conduit par la Providence et s'arrête à Bordeaux au monastère de Sainte Croix (3), qui dépendait, ainsi que celui de La Réole, de l'abbaye de Saint Benoît sur Loire. Sa présence réjouit les religieux, autant qu'elle les édifie. Depuis sept jours déjà il partage leurs prières et leurs saints Sacrifices. Mais Dieu a jeté sur son serviteur un regard de complaisance et veut l'appeler dans une patrie meilleure. Mommolin, épuisé de travaux et de fatigues, chéri de Dieu et des hommes, plein de jours et de mérites, s'endort du sommeil des justes et rend à Dieu sa belle âme, le 8 août.
L'histoire n'a conservé de ses derniers moments qu'une seule parole. « Je ne me suis jamais laissé aller à la colère ». Le Saint faisait par cet aveu son propre panégyrique et léguait aux témoins de son dernier soupir une des plus belles leçons qui puissent sortir de la bouche d'un mortel. Certains auteurs, trompés par les abréviations de son épitaphe, lui donnent une vieillesse fabuleuse et placent dans le VIIIe siècle l'époque de sa mort. Hierosme Lopes, dans son ouvrage de l’Église métropolitaine et primatiale Saint-André de Bourdeaux, et Bernadau, dans le Viographe bordelais, la fixent à l'année 643 ; l'auteur des Vies des saints du diocèse de Bordeaux, à l'an 652 ; le R. P. Proust, religieux Célestin, né à Orléans, mort à Verdelais en 1722, et auteur des Vies des saints, la fixe à l'année 660 ; et le Propre des Saints du diocèse de Bordeaux, à l'an 677. Les auteurs ecclésiastiques n'osent préciser aucune date.
« Après sa mort, le public demeura plus de trois jours comblé d'ennuis et de regrets, plorant la perte qu'il avoit faicte de cest exemplaire de piété et de doctrine ». Le Saint fut enterré dans un sépulcre neuf, au milieu « de la principale des trois nefs voûtées de l'église », et on lui érigea un mausolée que Darnal décrit ainsi :
« Un tombeau de pierre dure, relevé au-dessus du pavé de deux pieds, sur six pilastres posés sur leur piédestal, et le chapiteau à la Chorinthe. La couverture est embossée, faicte en creste ou en dos d’asne, taillée en oscailles ». Le tombeau de saint Fort dans la crypte de saint Seurin peut nous donner, par quelques-uns de ses caractères, une idée de celui de saint Mommolin.
Le Saint appartenait désormais à l'Aquitaine par son tombeau. Les populations ne tardèrent pas à venir vénérer ses restes mortels, et les faveurs les plus signalées encouragèrent leur empressement. « Sa chapelle était d'ordinaire garnie de membres et de corps de cire, offerts en action de grâces, par ceux qui avaient été guéris à la prière de notre patron ». On l'invoquait surtout en faveur des énergumènes, des possédés, des paralytiques et de ceux qui souffrent de violents maux de tête. Les fidèles se disposaient à la célébration de sa fête par la prière, des hymnes et cantiques spirituels. Le jour de la fête, on allait en procession au tombeau du Saint. Son image vénérée ouvrait la marche et était l'objet des démonstrations les plus affectueuses et les plus dévouées. Le supérieur du monastère présidait à l'office, et les diacres portaient les reliques enchâssées en un bras d'argent. Les lampes et autres luminaires resplendissaient en si grand nombre autour de l'autel du Saint et devant sa statue à « cape noire et à amples manches pendantes en bas », qu’un religieux était chargé d'en régler l'ordonnance et de prévenir le désordre. La statue elle-même était ornée « de festons, chapeaux de fleurs et guirlandes ». Mais autant on cherchait à honorer le Saint, autant on s'humiliait soi-même. « Nous avons, dit dom Darnal, retenu ceste coustume de la vénérable antiquité, d'humilier nos testes passant entre les piliers estroitement soubs cesto bière, ayants en mains chandelles allumées ». Ce qui se pratique encore de nos jours au tombeau de saint Fort trouve donc sa justification dans l'exemple de nos pères. Il n'y a pas de superstition à incliner son front sous la pierre d'un sépulcre qui nous prêche notre néant. Malheur à qui ne comprend point les enseignements de la tombe !
La popularité du culte de saint Mommolin, les miracles opérés sur son tombeau, déterminèrent le Souverain Pontife à ouvrir le trésor spirituel de la sainte Église en faveur des fidèles. Clément V, la gloire du pays Bazadais, accorda à tout chrétien en état de grâce, in charitate existenti, un an et quarante jours d'indulgence, à la condition de visiter l'église Sainte Croix, « és jours des solennités de l'invention et exaltation de la vraye Croix de Jésus-Christ et és festes du bienheureux patriarche des moines saint Benoist et saint Mommolin ; de plus, cent jours d'indulgence à ceux qui feront leurs dévotions et stations esdits lieux durant les octaves des célébrités susmentionnées » : la bulle fut expédiée à Villandraut, le 12 des calendes de décembre 1309.
Ces privilèges étaient la consécration de la confiance des peuples en saint Mommolin. L'enthousiasme alla toujours croissant et fit inscrire le nom du saint abbé dans les Litanies des Saints du diocèse de Bordeaux, entre ceux de saint Maixant et de saint Romain. Le R. P. Proust l'appelle le « patron des Bordelais ». Une confrérie, qui s'organisa pour perpétuer son culte, était encore florissante du temps de notre auteur. Sa réunion à celle de saint Jean-Baptiste nous donne la mesure de la prédilection des Bordelais pour saint Mommolin, qu'ils voulaient honorer à l'égal du saint Précurseur (4).
Le culte du Saint se propagea dans toute la province. « Le monastère Saint-Pierre de la Réolle en Bazadois », que le Saint, selon quelques auteurs, avait visité et réformé, lui érigea un autel (qui n'existe plus aujourd'hui), et célébrait sa fête de la manière la plus solennelle. De l'autre côté de la Garonne, Barie, l'un des plus riches pays de France, lui voua un culte particulier qui dure encore (5).
Bordeaux aime et honore encore saint Mommolin, autant par reconnaissance que par tradition. Les révolutions, qui ont jeté aux vents tant de cendres vénérées, ont fait disparaître jusqu'à la trace de son tombeau. Mais le « Seigneur qui garde tous les os des justes, n'a point permis la dispersion et la profanation de ses restes sacrés. Ils sont déposés dans une châsse moderne, qui est un des monuments et des trésors de l'antique église de Sainte Croix (6). On leur a donné pour asile la chapelle des fonts baptismaux, sur un autel dont le tableau, universellement estimé, représente le Saint guérissant un énergumène. La fête du saint abbé s'y célèbre le 8 août avec grande pompe. Heureuse l'église qui peut se glorifier de si précieuses reliques! Heureuse la cité que protègent les ossements des Saints ! (J.-B. Pardiac).
Notes
(1) Darnal, Narré Véritable de la vie, etc., de saint Mommolin.
(2) A cette époque et longtemps plus tard encore, la France n'était pour nous, Vascons ou Aquitains, que par delà la Loire, Saint Abbon, trentième abbé de Saint-Benoît-sur Loire, était venu visiter, l'an 1004, le monastère de Squirs de La Réole, dans le dessein d'y établir une réforme devenue nécessaire. Il fut victime de son zèle et fut blessé mortellement dans une émeute suscitée par les moines révolté Il fut enterré dans l'église du monastère ; mais les gestes de son martyre disent qu'après sa mort, virga ejus remissa est in Franciam, son bâton abbatial fut renvoyé en France.
(3) L'abbaye de Sainte Croix de Bordeaux, et celle de Saint Front, de Périgueux, avaient été fondées vers la même époque, dans le VIIe siècle. Elles suivaient la Règle de Saint Benoît. Peu après ce lieu servit d'asile aux réfugiés de Saint Domingue. En 1803, Napoléon Ier, passant à Bordeaux, en fit don à la commission des hospices, pour y fonder un hospice de vieillards.
(4) Cette Confrérie avait « ses règles et ses statuts escrits en gascon sur velin en feuilles, distingués en 39 articles, datlés du 20 juin 1315 ». Chaque année, il fallait élire un comte et un boursier, qui s'engageaient par serment à bien s'acquitter de leurs charges. « Par article exprès la mesdisance est desfendue et la détraction du prochain ; ce que expressément y est adjousté en ratifiât les dittes ordonnances le premier jour de l'an 1370. Finalement a esté statuté que les cenfraires des deux sexes seront confessés et communiès ès jours de festes de S. Jean-Baptiste et de S. Mommolin ». L'illustre cardinal de Sourdis, archevêque de Bordeaux, confirma ces statuts le 2 août 1600. Il octroya, le 20 juin 1618, cent jours d'indulgences aux membres de la Confrérie, toutes les fois qu'ils se confesseraient et communieraient ; trente jours d'indulgence seulement, quand ils soutiendraient le « poisle ou pavillon, accompagnans les prestres qui porteront le sainct Sacrement aux malades » ; enfin, cent jours à l'article de la mort. Dès l'année 1550, le catalogue des noms des confrères formait deux gros volumes en parchemin. Des cardinaux, des archevêques, des évêques, des abbés, des présidents, des conseillers, des magistrats, des officiers du roi, « étaient corolés en qualité de confraires ».
(5) Les populations voisines viennent y fêter chaque année le Saint dans de joyeuses réunions, et rentrent le soir dans leurs foyers avec l'espérance de se réunir le surlendemain à Puybarban, qui honore pour patron saint Laurent. Le rapprochement de ces deux fêtes a donné naissance à ce proverbe bazadais : « En revenant de Saint Mommolin, je trouve Saint-Laurent sur mon chemin ». Si perverti ou préoccupé qu'il soit par les maximes de la philosophie ou les calculs de la cupidité, le peuple n'a pas encore oublié le culte qu'il tient des ancêtres. Les fêtes des Saints étaient autrefois son unique calendrier, de même qu'elles étaient ses plus douces distractions.
(6) On en a détaché, il y a peu d'années, quelques parcelles assez considérables en faveur de l'abbaye bénédictine de Solesmes (Sarthe).
(Texte extrait de Grande Vie des Saints, Collin de Plancy, t. XV, Paris, 1874)
Prière à Saint Mommolin
Saint Mommolin
+ vers 679
8 août
Les traditions rapportent qu’en 660, suite à un songe, l'abbé Mommolin, né dans l’Orléanais, partit en toute hâte afin de transférer les restes de Saint Benoît de Nursie et de Sainte Scholastique, de l'abbaye du Mont Cassin (Italie) à l'abbaye de Fleury, actuelle Saint Benoît sur Loire. En 679, Mommolin se rendit à La Réole, pour y implanter la Règle de Saint Benoît. À son retour, passant par Bordeaux, il est accueilli par les moines de Sainte Croix dans un grand état d’épuisement, avant d'y mourir le 8 août 679, entouré d’une grande réputation de sainteté.
Très rapidement, les bordelais lui attribuèrent toutes sortes de bienfaits et notamment celui de guérir les maladies psychologiques. Son culte commença à se répandre aussitôt après sa mort et s'est poursuivi jusqu'à nos jours. Pendant des siècles, saint Mommolin a été l'objet de la dévotion populaire. Il était et est encore l'un des patrons les plus aimés des Bordelais, qui venaient en pèlerinage à son tombeau. On a longtemps dit à son sujet qu’il n’y avait dans la cité Bordelaise, que Saint Fort qui pouvait l’égaliser en vénération.
Prière à Saint Mommolin
O Saint Mommolin, illustre fils et disciple de Saint Benoît, grand témoin de la Foi honoré à Bordeaux, dans notre abbatiale Sainte Croix, depuis plus treize siècles, nous t’en supplions, écoute la prière que nous t’adressons. Aide-nous à choisir le Christ et à accueillir sa grâce par les sacrements.
Toi qui, autrefois, a écouté et qui a obéi à l’Ange, te demandant de te rendre en Italie, afin d’y sauver les reliques de Saint Benoît de la profanation et de la destruction à laquelle elles étaient promises, apprends-nous à écouter la voix du Seigneur et à être dociles à sa Parole.
Toi qui implanta la Règle de Saint Benoît dans nos contrées, aide-nous à devenir des témoins de l’Evangile, à devenir de bons sarments pour la vigne du Seigneur afin de bâtir la civilisation de l’amour.
Toi qui, en toute circonstance restait joyeux, doux, et serein, aide-nous à toujours garder confiance dans le Seigneur et à ne jamais nous laisser troubler par les bruits futiles de ce monde qui passe.
Toi, qui, depuis ta mort à Bordeaux, n’a jamais cessé de soulager les innombrables détresses spirituelles des personnes qui recourent à toi, intercède pour (…) que nous confions à ton intercession. Par l'Esprit de Jésus, étends la main sur toutes ses blessures intérieures. Et, s'il est nécessaire, éloigne de (...) toutes les obsessions, les persécutions et infestations des mauvais esprits, et romps tous liens qui ont pu être tissés avec eux.
Ô Saint Mommolin, viens enfin déposer la Paix de Dieu dans tous les cœurs troublés, viens redonner la force et le goût de la vie à ceux qui n'en peuvent plus, qui sont découragés ; viens soulager les dépressifs et guérir toutes les personnes souffrantes de difficultés psychiques.
Ô Saint Mommolin, uni par la communion des saints à la Bienheureuse Vierge Marie Reine du Ciel et de la Terre, à Saint Michel Archange, à Saint Benoît, à Saint Maur et à tous les saints du Ciel et à tous les anges, que ton action puissante dans nos vies, manifeste la victoire de Dieu, lui qui a envoyé son Fils pour que les hommes aient la vie, et qu'ils l'aient en abondance. Amen.
Abbatiale Sainte Croix de Bordeaux
Pl. Pierre Renaudel
33800 Bordeaux
Relations de grâces
Paroisse du Sacré Cœur de Bordeaux
117, Rue Billaudel
33800 Bordeaux
Mail: scbordeaux33@gmail.com
Litanies des Saints Justes de l'Ancienne Alliance
Les Saints Ancêtres de notre Seigneur Jésus-Christ
Le martyrologe romain fait mémoire, le 24 décembre, des « saints ancêtres de Jésus-Christ ». La veille de la Nativité du Christ, l’Eglise commémore en effet « tous les saints ancêtres de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham, fils d’Adam », qui plurent à Dieu et furent trouvés justes et fermes dans la foi jusqu’à la mort, sans aucun compromis. Des modèles pour l’Année de la foi…
C’est d’eux en effet qu’est né dans notre histoire le Christ selon la chair, lui qui est « au-dessus de tous, Dieu béni dans les siècles ».
Les évangiles selon saint Matthieu (1, 1-17) et selon saint Luc (3, 23-38) proposent chacun une généalogie du Christ dont le sens est d’abord théologique. Saint Matthieu lui confère une importante particulière en la plaçant en tête de son récit. Il y introduit quatre noms de femmes: Thamar, dont la Bible dit qu’elle fut « juste »; Rahab, la prostituée par qui passe le salut du peuple élu; Ruth, qui s’attacha aux coutumes et au Dieu d’Israël, bien qu’issue des Nations; la femme d’Urie, mère de Salomon, qui relie le Messie à la royauté davidique.
La réalisation du salut promis avance de génération en génération en dépit des obstacles et du péché. Elles sont toutes les quatres estimées dans la tradition juie pour avoir permis au salut de Dieu de passer par elles, en dépit des vicissitudes de l’histoire et de leurs vies.
La généalogie matthéenne s’achève par ce verset étonnant: « Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle naquit Jésus que l’on appelle Christ » (v. 16). C’est la paternité légale de Joseph qui est ainsi mise en valeur. Mais aussi la nature extraordinaire de la naissance du Christ « de Marie ».
Litanies des Saints Justes de l'Ancienne Alliance
(Tirées du Directoire de la dévotion à l'Enfant-Jésus)
Seigneur, ayez pitié de nous.
Christ, exaucez-nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
Christ, écoutez-nous.
Christ, exaucez-nous.
Père Céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, ayez pitié de nous.
Sainte Vierge, promise au paradis terrestre pour écraser la tête du serpent et donner à l'homme son Sauveur, priez pour nous.
Saint Joseph, uni par le plus chaste mariage à la future Mère immaculée de Jésus, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, Précurseur du Messie, priez pour nous.
Saint Joachim et Sainte Anne, parents de la très-pure Vierge Marie, priez pour nous.
Saint Zacharie et Sainte Élisabeth, parents du Saint Précurseur, priez pour nous.
Saints Justes des premiers âges (1), Abel (2), Seth, Enoch (3), Noé, priez pour nous.
Saint Abraham, père des croyants, priez pour nous.
Saint et mystérieux Melchisédech, Pontife du Très-Haut, figure du Christ le Prêtre éternel, priez pour nous.
Saints Patriarches, Isaac (4), Loth, Jacob, Joseph, Job, Obed, vous tous, Saints Patriarches et Justes, priez pour nous.
Saints conducteurs et chefs du peuple de Dieu, Moïse, Josué, priez pour nous.
Saints Prophètes, qui avez scellé les divins oracles de votre sang par le martyre, Isaïe, Ézéchiel, Jérémie, Baruch, Amos, Zacharie, priez pour nous.
Saints Prophètes, dont la parole inspirée étincelait comme la flamme, pour la divine gloire, Élie, Élisée, Daniel, Osée, priez pour nous.
Vous tous, qui vous êtes sanctifiés en annonçant les volontés du Seigneur à Israël, priez pour nous.
Saints jeunes hommes Ananie, Mizaël, Azarie, jetés pour le nom du Seigneur dans la fournaise ardente, priez pour nous.
Saints Machabées, (les 7 frères) avec votre glorieuse Mère et le vénérable Éléazar, priez pour nous.
Saints Machabées, qui défendiez de votre épée, avec un courage indomptable, la ville, le temple et le peuple, Mathatias, Judas, Éléazar, Jonathan, Simon, priez pour nous.
Vous tous, saints guerriers, pour qui de solennelles prières furent ordonnées, quand vous fûtes immolés dans les combats, priez pour nous.
Saints prêtres, et sacrificateurs, et réédificateurs du Temple, Aron, Zacharie, Onias, Esdras, Néhémie, priez pour nous.
Saint Juges, Barac, Gédéon, Samson, Samuel, priez pour nous.
Saints Rois, David, Ézéchias, Josias, priez pour nous.
Vous qui avez recueilli la palme de la sainteté comme prêtres, lévites et sacrificateurs, priez pour nous.
Comme Juges, comme Rois, priez pour nous.
Comme membres des collèges (loués par l'Écriture) des Nazaréens, des pieux et obéissants Réchabites et autres, priez pour nous.
Saintes Femmes, Sara, Rébecca, Débora, Judith, Suzanne, Esther, Holda, priez pour nous.
Vous tous, Saints et Saintes du premier Testament, priez pour nous.
Vous qui attendîtes avec d'impatients désirs, dans les limbes, la venue du Messie libérateur, priez pour nous.
Vous qui tressaillîtes d'amour et de joie, en voyant sa sainte âme descendre jusqu'à vous, et changer vos ténébreuses prisons en paradis de délices, priez pour nous.
Vous qui montiez triomphants au ciel avec lui, le jour de son Ascension, priez pour nous.
Vous que saint Jean, sans son Apocalypse, vit en si grand nombre autour du trône de l'Agneau, priez pour nous.
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, écoutez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Oraison
Ô Dieu, qui avez animé de votre esprit le cœur des Justes de l'Ancien Testament, qui nous les faites regarder, à juste titre, comme nos pères dans la foi, car ils croyaient en Jésus-Christ avant sa venue, comme nous croyons en lui depuis sa venue sur la terre, nous vous prions de répandre, par eux, en nous, le trésor de vos grâces et de vos consolations célestes, et de nous conduire dans la voie du salut éternel, que nous a mérité, à tous, notre Sauveur adorable. Ainsi soit-il.
Autre Oraison
Apprenez-nous, Seigneur, à profiter des grands exemples que les Patriarches, les Prophètes et tous les Justes de l'ancienne Loi nous ont laissés par leur fidélité à vous servir, à invoquer votre nom, à marcher en votre présence, quand le monde presque tout entier vous abandonnait. Vous leur aviez révélé de merveilleux mystères, et surtout celui de l'avènement de votre Fils Jésus pour notre salut. Combien de soupirs et de vœux enflammés n'ont-ils point fait monter vers cet Agneau divin, qui devait naître de notre chair et de notre sang, pour effacer nos péchés et renouveler la face de la terre !
Ah ! c'est en vue et par les mérites de l'Enfant-Dieu, que leur vie sainte les approchait de vous, mon Dieu, et leur a fait acquérir tant de grâces, jusqu'à devenir les ancêtres de Jésus-Christ.
Quelle n'était pas leur innocence, leur simplicité, leur mortification, leur charité ! Déjà leur cœur laissait entrevoir, comme dans une lueur anticipée, les vertus que l'Emmanuel voulait montrer au monde, et plusieurs sont morts avec une force généreuse, en annonçant son sacrifice, pour les intérêts de votre gloire. Accordez-nous de les aimer, de les connaître, de les louer, de les imiter ; faites qu'après les avoir pris pour modèles pendant la vie, nous soyons assistés d'eux, à la voix de l'Église et du prêtre, dans nos derniers moments ; car nous désirons sortir de ce monde fortifiés par leurs soins, consolés et réjouis par leurs bienheureuses invocations qui nous sont précieuses, Seigneur, puisqu'elles vous sont agréables. Ainsi soit-il.
Notes
(1) Adam et Ève réclameraient ici, les premiers, la confiance. Aucun des saints Pères n'a douté de la sainteté de nos premiers parents ; et l'Esprit-Saint déclare, au chapitre de la sagesse, que Dieu les a retirés de leur péché. Aussi les Grecs les honorent- ils le dimanche qui précède Noël, et quelques martyrologes latins en font mémoire le 24 avril. Néanmoins, leurs invocations publiques (comme on peut le voir dans le Rituel romain aux prières de la Recommandation de l'âme Litanies) ne sont point admises par les traditions les plus consacrées, en souvenir des maux qu'ils ont attirés sur leurs descendants.
(2) 28 décembre. Nous placerons ainsi, à côté de chaque Juste, le jour désigné par les martyrologes catholiques pour lui rendre hommage. Ceux qui n'auront pas cette indication sont les saints Remères, c'est-à-dire ceux dont le jour spécial du culte n'est point fixé. — De pieux et graves auteurs disent que l'Église honore ensemble tous les saints de l'ancienne Loi au temps de la Sexagésime, en rappelant leur histoire dans ses offices.
(3) 3 janvier. On célèbre le saint enlèvement d'Enoch, comme les carmes celui d'Élie.
(4) 25 mars. C'est l'Immolation d'Isaac qui est marquée, ce jour-là, par les Latins, comme un sujet de fête.
Source : le Petit Sacristain
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La Servante de Dieu Chiara Corbella Petrillo
La Servante de Dieu Chiara Corbella Petrillo
1984-2012
Chiara Corbella naît à Rome le 9 Janvier 1984. Avec sa sœur Elisa, de deux ans son aînée, elle grandit dans une famille qui lui apprend à s’approcher de la foi depuis toute petite. Grâce à sa mère Maria Anselma, à partir de l’âge de cinq ans, Chiara fréquente une communauté du Renouveau dans l’Esprit. Ce parcours, où elle apprend à s’adresser à Jésus comme à un ami, lui enseigne surtout à partager la foi avec ses frères en chemin. Avec les années, grandit en elle une certaine autonomie qui la rend plus déterminée dans ses choix. Son tempérament est tranquille, non rebelle, et se révèle dans le service auprès des autres.
Ses fiançailles avec Enrico
Durant l’été 2002, Chiara passe des vacances en Croatie avec quelques amies du lycée. Vu que sa sœur est à Medjugorje (en Bosnie Herzégovine), et qu’elle s’en trouve proche, elle pense la rejoindre. C’est là que, le 2 août, elle rencontre Enrico Petrillo, un garçon romain de vingt-trois ans, qui est en pèlerinage avec sa communauté de prière du Renouveau charismatique. Chiara, qui a dix-huit ans et n’a jamais été fiancée, a l’intuition de se trouver devant son futur mari.
De retour à Rome, les deux jeunes se fréquentent, se connaissent et se fiancent. C’est une relation, pour certains aspects, tout à fait ordinaire, marquée de disputes, de ruptures et de réconciliations. Pendant les six années de leurs fiançailles, le Seigneur met à dure épreuve la foi de Chiara et les valeurs en lesquelles elle pense croire. Si bien qu’elle parlera de cette période comme celle la plus difficile qu’elle a eu à affronter, plus dure que celle de la maladie.
« Après 4 années, nos fiançailles ont commencé à chanceler jusqu’au point que nous nous sommes quittés – a écrit Chiara dans ses notes personnelles –. Dans ces moments de souffrance et de révolte contre le Seigneur, car je pensais qu’Il n’écoutait pas mes prières, j’ai participé à un Cours Vocationnel (NDLR : semaine de réflexion et de discernement sur sa propre vocation) à Assise, et là j’ai retrouvé la force de croire en Lui. J’ai essayé à nouveau de fréquenter Enrico et nous avons commencé à nous faire aider par un Père spirituel, mais les fiançailles n’ont pas marché ! Jusqu’au moment où j’ai compris que le Seigneur ne voulait rien m’enlever mais au contraire qu’Il me donnait tout, et que Lui seul savait avec qui je devais partager ma vie ; de mon côté, en fait, je n’avais encore rien compris ! »
Le mariage, la naissance de Maria Grazia Letizia et de Davide Giovanni
Ayant dépassé les peurs, Chiara et Enrico se marient à Assise le 21 septembre 2008. celui qui célèbre leur mariage, c’est le père Vito, frère mineur (franciscain) et guide spirituel des deux fiancés. De retour de leur voyage de noces, Chiara découvre qu’elle est enceinte. Les écographies montrent cependant une grave malformation. On diagnostique à l’enfant, à qui sera donné le nom de Maria Grazia Letizia, une encéphalite. Chiara et Enrico choisissent de poursuivre la grossesse et la petite fille, qui naît le 10 juin 2009, meurt une demi d’heure plus tard. Quelques jours plus tard, ses funérailles sont vécus avec la même paix qui avait accompagné les mois d’attente pour la naissance et qui se communique aussi aux personnes présentes, à qui est donnée la grâce de faire l’expérience de quelque chose de la vie éternelle.
Quelques mois après, Chiara est de nouveau enceinte. On diagnostique malheureusement à ce petit enfant, qui sera nommé Davide Giovanni, une grave malformation viscérale au bassin et l’absence des membres inférieurs. Lui aussi mourra peu après sa naissance, le 24 juin 2010. Ses funérailles seront vécus comme une fête.
« Au cours de notre mariage – écrit Chiara dans ses notes personnelles –, le Seigneur a voulu nous donner deux enfants spéciaux : Maria Grazia Letizia et Davide Giovanni, mais Il nous a demandé de les accompagner seulement jusqu’à leur naissance. Il nous a permis de les embrasser, de les baptiser et de les remettre dans les mains du Père dans une sérénité et une joie bouleversante ».
Francesco et le dragon
Il n’y a pas de relation entre les deux pathologies des enfants, ce qu’ont démontré les résultats des tests génétiques auxquels Chiara et Enrico se soumettent, en cédant à la pression de la part d’amis et de la famille. Surtout que le troisième enfant du couple, Francesco, est parfaitement sain ! Cette grossesse arrive peu après la naissance au Ciel de Davide Giovanni. Une semaine après avoir découvert d’être enceinte, Chiara s’aperçoit d’avoir une lésion à la langue. Après avoir compris qu’il s’agit d’un cancer, le 16 mars 2011, Chiara doit faire face, pendant sa grossesse, à la première des deux phases d’une intervention pour enlever la tumeur sur la langue. Pour la deuxième phase de l’opération, il faut attendre que Francesco soit né. Ayant eu la confirmation qu’il s’agit d’un carcinome à la langue, qu’elle appellera le dragon, Chiara choisit de reporter les soins pour ne pas faire de mal au bébé qu’elle porte dans son ventre. Elle choisit même le médecin qui la suit en fonction du temps qu’il lui accorde avant de déclencher l’accouchement.
« Pour la plupart des médecins – écrit Chiara -, Francesco n’était qu’un fœtus de sept mois. Et celle qui devait être sauvée, c’était moi ! Mais moi, je n’avais aucune intention de mettre en danger la vie de Francesco pour des statistiques, en rien certaines, qui voulaient me démontrer que je devais faire naître mon fils prématurément afin de pouvoir m’opérer ».
Francesco Petrillo naît le 30 mai 2011. Finalement, le 3 juin, Chiara, qui se trouve déjà à l’hôpital, fait face à la deuxième phase de l’intervention commencée en mars. De retour à la maison, elle commence, dès que possible, la chimiothérapie et la radiothérapie, mais le cancer est désormais étendu aux ganglions lymphatiques, aux poumons, au foie et jusqu’à son œil droit, que Chiara couvrira avec un bandeau pour limiter les difficultés visuelles.
La naissance au Ciel
La photo de Chiara souriante, avec son bandeau, est extraordinaire si l’on considère qu’elle a été prise en avril 2012, dix jours après avoir découvert qu’elle était une malade en phase terminale. Dans les semaines suivantes, Chiara vit avec son mari à l’écart, loin de Rome, dans la maison de famille à côté de la mer, et elle se prépare à la rencontre avec son Epoux. Soutenus par les sacrements célébrés chaque jour par le père Vito, qui partage avec eux ce temps intense, Chiara et Enrico sont plus que jamais forts de la fidélité de Dieu, qui les a toujours accompagnés dans une joie mystérieuse.
Chiara meurt à midi, le 13 juin 2012, après avoir salué sa famille et ses amis, un par un, et après avoir dit à tous : Je t’aime.
Ses funérailles sont célébrées à Rome, le 16 juin 2012, dans l’église Santa Francesca Romana all’Ardeatino. Les personnes présentes sont très nombreuses. Le cardinal Agostino Vallini, présent à la célébration, déclare : « ce que Dieu a préparé au travers de Chiara, c’est quelque chose que nous ne pouvons pas perdre ». Comme pour les funérailles de ses deux enfants, cette célébration devient aussi le témoignage chrétien du début d’une nouvelle vie. Chiara est inhumée au cimetière Verano de Rome.
Ouverture de la cause de Béatification de Chiara Corbella Petrillo
Le 13 juin 2017, le temps d’attente dont l’Eglise a besoin pour vérifier si l’enthousiasme qui accompagnait les funérailles de Chiara Corbella Petrillo, et l’intérêt suscité par la façon dont elle a vécu sa brève et intense existence, ont été remplies un feu de paille ou de feu allumé par l’Esprit de Dieu pour réchauffer et éclairer la vie de ses enfants. La cause de béatification de Chiara Corbella Petrillo a été ouverte le 21 septembre 2018 dans le diocèse de Rome.
Le bien qui continue de recevoir les nombreux fidèles qui, de la manière la plus inattendue, viennent à connaître le témoignage chrétien de Chiara sont un signe clair de sa réputation de sainteté. Pour cela, nous nous préparons, en contact étroit avec le vicariat de Rome, à ouvrir la cause de la béatification et de la canonisation de Chiara.
« La chose importante dans la vie n’est pas de faire quelque chose mais de naître et de se laisser aimer ». (Chiara Corbella Petrillo)
« … le Seigneur le dit, la vérité, en chacun de nous. Et il n’y a aucune possibilité de malentendu » (Chiara Corbella Petrillo)
« Le but de notre vie est d’aimer et d’être toujours prêt à apprendre à aimer les autres comme Dieu seul peut vous l’enseigner. » (Chiara Corbella Petrillo)
Lettre de Chiara Petrillo à son fils Francesco
« Si Dieu t’enlève quelque chose, c’est pour te donner davantage »
écrite une semaine avant sa mort
« Nous sommes nés un jour, et nous ne mourrons plus jamais. Quoi que tu fasses dans la vie, ne te décourage jamais, mon enfant : si Dieu t’enlève quelque chose, c’est pour te donner davantage. Il est beau d’avoir des exemples de vie qui te rappellent qu’on peut atteindre le maximum de bonheur, déjà sur cette Terre, en laissant Dieu nous conduire. L’Amour est la seule chose qui compte. Le but de notre vie sur terre est le paradis, et donner sa vie par amour est quelque chose de si beau. Je m’en vais au Ciel m’occuper de Maria et de David ; toi, tu restes avec Papa. De là-haut, je prierai pour vous. Francesco, le Seigneur t’a voulu depuis toujours et Il te montrera la route à suivre si tu Lui ouvres ton cœur. Fais-Lui confiance, cela en vaut la peine. Chiara, ta maman. »
« Ô Vierge Marie, accueille aujourd’hui mon désir de me consacrer à Toi »
Prière que récitaient chaque jour Chiara et Enrico Petrillo
« Ô Vierge Marie, Toi qui es ma Mère, qui m’aime tant de la part de Dieu, accueille aujourd’hui mon désir de me consacrer à Toi. Je Te donne toute ma personne et toute ma vie, je Te donne mon corps, mes pensées et ce qui m’est cher, ma capacité profonde d’aimer et de connaître la vérité. Tout ce que j’ai est à Toi et T’appartient. Je Te le donne pour pouvoir ainsi appartenir totalement au Christ, Vie de ma vie. Avec confiance et amour je Te le répète : Étoile du Matin qui me mènes vers Jésus, Totus Tuus. Amen. »
Prière pour demander la Béatification de Chiara Corbella Petrillo
« Dieu infiniment bon, qui, dans ta grande miséricorde, as choisi Chiara comme ta fille bien-aimée et qui l’as guidée avec sagesse sur le chemin de l’Evangile, en lui enseignant, à travers Marie, à prendre soin de ton Fils avec un amour passionné et à Le suivre comme épouse et mère sur le chemin de la croix avec une confiance inébranlable, fais que la lumière de l’Evangile du Christ, qui resplendit en Chiara, ravive la certitude de la vie éternelle dans l’âme de nos frères. Par son intercession, accorde-nous la grâce que nous te demandons… et, si c’est ta volonté, fais que Chiara soit proclamée bienheureuse, pour notre bien et la gloire de ton Nom. Par le Christ Notre Seigneur. Amen. »
Avec approbation ecclésiastique
Les personnes qui recevraient des grâces sont invitée à le faire savoir à la Postulation générale
Pour plus d’information
Site de la cause de béatification de Chiara Corbello Petrillo
www.chiaracorbellapetrillo.it/fr/
Bibliographie : « Nous sommes nés et ne mourrons jamais plus : l'histoire de Chiara Corbella Petrillo » Cristiana Paccini et Simone Troisi, aux Editions Artège, Paris, 2015.
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Petit Office de Saint Joseph
Petit Office de Saint Joseph
A Matines
Je vous salue, Joseph, gloire des Patriarches, économe de la sainte Eglise de Dieu, à qui vous avez conservé le pain de vie et le froment des élus !
V. Seigneur, vous ouvrirez mes lèvres,
R. Et ma bouche annoncera vos louanges.
V. O Dieu, venez à mon aide ;
R. Seigneur, hâtez-vous de me secourir.
Gloire soit au Père, au Fils, et au Saint-Esprit;
Comme elle était au commencement, comme elle est maintenant, et comme elle sera dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Hymne
Grand saint Joseph, fils de David, le ciel vous donna comme protecteur à cette Vierge-Mère, qui elle-même vous appelait Père de notre Seigneur Jésus-Christ.
Fidèle serviteur de Dieu, constitué chef de sa Famille chérie, je vous conjure de prendre, comme un bon père, un soin particulier de moi, votre enfant.
Ant. Le Seigneur l’a établi prince de sa maison et maître de son domaine.
V. Priez pour nous, bienheureux Joseph ;
R. Afin que nous soyons faits dignes des promesses de Jésus-Christ.
Oraison
Assistez-nous, s’il vous plaît, Seigneur, par les mérites de l'Epoux de votre très Sainte Mère, afin que ce qu’il ne nous est pas possible d'obtenir de nous-mêmes nous soit accordé par son intercession. Ô vous qui vivez et régnez avec Dieu le Père dans l’unité du Saint-Esprit, pendant les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
V. Seigneur, écoutez ma prièrent
R. Et que mes cris s’élève jusqu’à vous.
V. Bénissons le Seigneur ;
R. Rendons grâces à Dieu.
V. Et que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles trépassés reposent en paix.
R. Ainsi soit-il.
A Laudes
Je vous salue, Joseph, gloire des Patriarches, économe de la sainte Église de Dieu à qui vous avez conservé le pain de vie et le froment des élus.
Ô Dieu, venez à mon aide, etc.
Gloire au Père, etc.
Hymne
Je vous salue, Père nourricier du Sauveur; je vous salue, gardien du Rédempteur, Joseph, trois fois aimable.
Telle est l’excellence de votre dignité, que jamais elle ne fut conférée à un autre mortel par l‘auteur de la grâce.
Ant. Marie, Mère de Jésus, ayant épousé Joseph, conçut, par l'opération du Saint-Esprit.
V. Priez pour nous, etc.
A Prime
Comme au Laudes, excepté :
Hymne
Lorsque vous vites la chaste Marie mère d’un enfant dont vous saviez n’être pas le père, votre cœur éprouva un sentiment d’anxiété.
Mais bientôt une parole du ciel suffit pour dissiper votre doute. Joseph, faites que la joie succède ainsi à toutes mes épreuves.
Ant. Joseph, fils de David, ne craignez point de garder Marie votre épouse, car l’enfant béni qu’elle porte est le fruit de l’Esprit-Saint.
À Tierce
Comme aux Laudes, excepté :
Hymne
Dans l’étable de Bethléem où vous cherchiez un asile avec la sainte Vierge, un Dieu se fit homme et devint notre égal.
Intercédez pour moi auprès de ce Jésus que vous avez adoré sur la paille et qui est maintenant élevé dans les cieux.
Ant. Joseph, quittant Nazareth, en Galilée, se rendit à Bethléem, cité de David, dans la Judée, avec Marie son épouse.
À Sexte
Comme aux Laudes, excepté :
Hymne
Averti par un Ange, vous trompâtes la cruauté d’Hérode, en conduisant en Egypte la Mère et son petit Enfant.
Par les souffrances que vous avez endurées dans cet exil, je vous en prie, venez à mon secours , lorsque les tristesses de la mort m‘accableront.
Ant. Levez-vous, prenez l’Enfant et sa Mère, fuyez en Egypte, et demeurez-y jusqu’à ce que je vous avertisse ; car il arrivera qu'Hérode cherchera l’Enfant pour le faire mourir.
À None
Comme aux Laudes, excepté :
Hymne
Tandis qu’au sortir de l’Egypte vous vous disposiez à pénétrer en Galilée, vous dirigeâtes vos pas vers Nazareth, qui vous offrait un asile plus sûr.
Là, vous aimiez à introduire Jésus dans le jardin toujours fleuri de votre cœur. Faites aussi que le mien s’embellisse, pour lui plaire, et de fleurs et de fruits.
Ant. Joseph, se levant, prit l’Enfant et sa Mère, et vint sur les terres d’Israël, où il habita la ville de Nazareth.
À Vêpres
Comme aux Laudes, excepté :
Hymne
Oh ! Quelle douleur était la vôtre, lorsque vous cherchiez Jésus à l'âge de douze ans ! Mais aussi combien lut grande votre joie, lorsque vous l’eûtes retrouvé dans le Temple !
Faites-moi la grâce de ne jamais perdre Jésus, la lumière de mes yeux. Que mon âme toujours pure jouisse en paix de sa douce présence.
Ant. Mon fils, pourquoi en avez-vous agi ainsi envers nous ? Voilà que votre père et moi nous vous cherchions tout affligés.
À Complies
Je vous salue, Joseph, gloire des Patriarches, économe de la sainte Eglise de Dieu, à qui vous avez conservé le pain de vie et le froment des élus.
V. Convertissez-nous, ô Dieu, notre Sauveur ;
R. Et détournez de nous votre colère.
V. O Dieu, venez à notre aide ;
R. Seigneur, hâtez-vous de nous secourir.
Gloire au Père , etc.
Hymne
Vous rendîtes saintement l’esprit entre les mains sacrées de Jésus et de Marie ; et maintenant vous siégez près d’eux dans le ciel.
Oh ! prenez avec eux ma défense, lorsque la mort me citera, tout saisi d’effroi, au tribunal suprême.
Ant. Je dormirai en paix, et je reposerai tranquille, parce que c’est vous, Seigneur, qui m‘avez établi dans une solide . espérance.
V. Priez pour nous, etc.
Prions
Saint Joseph, l’office de votre dévoué client est terminé. Je vous ai adressé mes vœux et mes prières; comblez-moi, en retour, de vos bienfaits ; accordez-moi votre patronage à la fin de cette vie, et faites que je puisse couler avec vous , dans le palais du ciel, des jours éternellement heureux. Ainsi soit-il.
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Les cinq Psaumes de Saint Joseph
Les cinq Psaumes de Saint Joseph
Parmi les nombreuses dévotions à saint Joseph, il existe celle dite des "Cinq psaumes", que l’on trouve dans un recueil de prières du début du XIXe siècle intitulé Raccolta. Dite avec confiance, elle assure « la protection efficace de saint Joseph dans la vie ». En 1809, le Pape Pie VII autorise la prière des « Cinq psaumes » afin « d’encourager les chrétiens à pratiquer cette dévotion à saint Joseph pour qu’ils obtiennent sa protection efficace dans la vie, mais plus encore dans la mort ». Il s’agit pour cela de dire les antiennes et psaumes suivants, dans l’intention d’honorer saint Joseph. Cette dévotion à saint Joseph est assez peu connue. N’hésitez pas à la prier pour vous inspirer de son exemple et invoquer son aide : c’est un excellent intercesseur auprès de Dieu.
I Psaume 99
Antienne : Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
servez le Seigneur dans l'allégresse,
venez à lui avec des chants de joie !
Reconnaissez que le Seigneur est Dieu :
il nous a faits, et nous sommes à lui,
nous, son peuple, son troupeau.
Venez dans sa maison lui rendre grâce,
dans sa demeure chanter ses louanges ;
rendez-lui grâce et bénissez son nom !
Oui, le Seigneur est bon, éternel est son amour,
sa fidélité demeure d'âge en âge.
Gloire au Père…
Antienne : Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.
II Psaume 46
Antienne : C’était Joseph, de la maison de David et cette Vierge s’appelait Marie.
Tous les peuples, battez des mains,
acclamez Dieu par vos cris de joie !
Car le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable,
le grand roi sur toute la terre,
celui qui nous soumet des nations,
qui tient des peuples sous nos pieds ;
il choisit pour nous l'héritage,
fierté de Jacob, son bien-aimé.
Dieu s'élève parmi les ovations,
le Seigneur, aux éclats du cor.
Sonnez pour notre Dieu, sonnez,
sonnez pour notre roi, sonnez !
Car Dieu est le roi de la terre :
que vos musiques l'annoncent !
Il règne, Dieu, sur les païens,
Dieu est assis sur son trône sacré.
Les chefs des peuples se sont rassemblés :
c'est le peuple du Dieu d'Abraham.
Les princes de la terre sont à Dieu
qui s'élève au-dessus de tous.
Gloire au Père…
Antienne : C’était Joseph, de la maison de David et cette Vierge s’appelait Marie.
III Psaume 128
Antienne : Joseph, son mari, étant juste, et ne voulant pas la déshonorer.
Que de mal ils m'ont fait dès ma jeunesse, à Israël de le dire
que de mal ils m'ont fait dès ma jeunesse : ils ne m'ont pas soumis !
Sur mon dos, des laboureurs ont labouré et creusé leurs sillons ; *
mais le Seigneur, le juste, a brisé l'attelage des impies.
Qu'ils soient tous humiliés, rejetés, les ennemis de Sion ! *
Qu'ils deviennent comme l'herbe des toits, aussitôt desséchée !
Les moissonneurs n'en font pas une poignée, ni les lieurs une gerbe, *
et les passants ne peuvent leur dire : « La bénédiction du Seigneur soit sur vous ! »
Au nom du Seigneur, nous vous bénissons.
Gloire au Père…
Antienne : Joseph, son mari, étant juste, et ne voulant pas la déshonorer.
IV Psaume 80
Antienne :Joseph, fils de David, ne craignez point de prendre Marie pour votre épouse.
Criez de joie pour Dieu, notre force, acclamez le Dieu de Jacob.
Jouez, musiques, frappez le tambourin, la harpe et la cithare mélodieuse.
Sonnez du cor pour le mois nouveau,
quand revient le jour de notre fête.
C'est là, pour Israël, une règle, une ordonnance du Dieu de Jacob ;
Il en fit, pour Joseph, une loi quand il marcha contre la terre d'Égypte.
J'entends des mots qui m'étaient inconnus : +
« J'ai ôté le poids qui chargeait ses épaules ;
ses mains ont déposé le fardeau.
« Quand tu criais sous l'oppression, je t'ai sauvé ; +
je répondais, caché dans l'orage,
je t'éprouvais près des eaux de Mériba.
« Écoute, je t'adjure, ô mon peuple ; vas-tu m'écouter, Israël ?
Tu n'auras pas chez toi d'autres dieux,
tu ne serviras aucun dieu étranger.
« C'est moi, le Seigneur ton Dieu, +
qui t'ai fait monter de la terre d'Égypte !
Ouvre ta bouche, moi, je l'emplirai.
« Mais mon peuple n'a pas écouté ma voix,
Israël n'a pas voulu de moi.
Je l'ai livré à son coeur endurci :
qu'il aille et suive ses vues !
« Ah ! Si mon peuple m'écoutait, Israël,
s'il allait sur mes chemins !
Aussitôt j'humilierais ses ennemis,
contre ses oppresseurs je tournerais ma main.
« Mes adversaires s'abaisseraient devant lui ;
tel serait leur sort à jamais !
Je le nourrirais de la fleur du froment,
je te rassasierais avec le miel du rocher ! »
Gloire au Père...
Antienne :Joseph, fils de David, ne craignez point de prendre Marie pour votre épouse.
V Psaume 86
Antienne : Joseph, s’étant éveillé, fit ce que l’Ange lui avait ordonné.
Elle est fondée sur les montagnes saintes. +
Le Seigneur aime les portes de Sion
plus que toutes les demeures de Jacob.
Pour ta gloire on parle de toi, ville de Dieu ! *
« Je cite l'Égypte et Babylone entre celles qui me connaissent. »
Voyez Tyr, la Philistie, l'Éthiopie : chacune est née là-bas. *
Mais on appelle Sion : « Ma mère ! »
car en elle, tout homme est né.
C'est lui, le Très-Haut, qui la maintient. +
Au registre des peuples, le Seigneur écrit :
« Chacun est né là-bas. » *
Tous ensemble ils dansent, et ils chantent :
« En toi, toutes nos sources ! »
V/ Le Seigneur l’a établi sur sa maison,
R/ Et lui a donné l’autorité sur tout ce qu’Il possède.
Prions
Ô Dieu, qui par une providence ineffable, avez daigné choisir le bienheureux saint Joseph pour être l’époux de votre très sainte Mère ! Faites que nous méritions d’avoir pour intercesseur dans le ciel ce grand patriarche, que nous honorons sur la terre comme notre protecteur. Vous qui étant Dieu, vivez et régnez avec votre Fils dans l’unité du Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Amen.
Conclure avec l’hymne de Saint Joseph :
Vous qui voulez passer vos jours en paix et terminer avec joie le cours de votre vie, implorez l’assistance de saint Joseph.
Époux de la Vierge immaculée, Père nourricier de Jésus, le juste, le fidèle, l’intègre, il obtient tout ce qu’il demande par ses prières.
Vous qui voulez, etc.
Il adore le divin Enfant couché sur la paille, et le console ensuite dans son exil ; il le perd plus tard à Jérusalem, mais le retrouve enfin après d’inquiètes recherches.
Vous qui voulez, etc.
Le puissant Créateur du monde est nourri par son travail, et le Fils du Père éternel lui est soumis et obéissant.
Vous qui voulez, etc.
Au moment de sa mort, il voit à ses côtés Jésus et Marie, et c’est dans leurs bras qu’il s’endort avec joie dans la paix du Seigneur.
Vous qui voulez, etc.
Gloire soit au Père , etc.
Vous qui voulez, etc.
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Prier avec Sainte Gertrude de Hefta
Prier avec Sainte Gertrude de Hefta
Prières extraites des Exercices
Prière à l’Ange Gardien
Salut, saint Ange de Dieu, gardien de mon âme et de mon corps; par le très doux coeur du Fils de Dieu Jésus-Christ, pour l’amour de Celui qui t’a créée et moi aussi, pour l’amour de Celui qui m’a confiée à toi lors de mon Baptême, reçois-moi en la garde de ta très fidèle paternité : afin que par ton aide, je traverse le torrent de cette vie sans souiller mes pieds, jusqu’à ce que j’arrive avec toi joyeuse à la vue de cette face d’où découle le miel, face que tu vois, toi; à la vue très réjouissante de cette suprême Divinité, dont la douceur surpasse toute suavité. (Exercice 1)
Pour renouveler la grâce de son baptême
O Jésus, fontaine de vie, fais-moi boire en toi la coupe d’eau vive, afin qu’ayant goûté de toi éternellement je n’aie plus soif de rien sinon de toi. Plonge-moi tout entière dans la profondeur de ta miséricorde. Baptise-moi dans la pureté sans tache de ta mort précieuse. Renouvelle-moi dans ton sang, par lequel tu m'as rachetée. Dans l'eau de ton côté très saint, lave toutes les taches dont j'ai pu souiller l'innocence de mon baptême. Remplis-moi de ton Esprit pour la vie éternelle. (Exercice 1).
Signe de croix
Par l'amour de ton amour, fais-moi porter sur mes épaules, et toujours, le joug suave et le fardeau léger de tes commandements ; fais-moi porter sur mon coeur, et toujours, le serment de la sainte foi, comme. un bouquet de myrrhe, afin que toi qui as été crucifié pour moi, tu demeures à jamais fixé dans mon coeur. Amen. (Exercice 1)
Prière de l’Amen
Que le Dieu fidèle, le vrai Amen qui ne défaille jamais, me fasse avoir une soif ardente de ce cher Amen, par lequel il nous fait aimer ; qu’il me fasse goûter suavement ce doux Amen par lequel il nous conforte ; qu’il me fasse être heureusement consommée en cet Amen salutaire, par lequel il nous béatifie, afin qu’en l’éternité je mérite d’un vrai mérite de goûter l’Amen éternel et très suave, par lequel je crois que je verrai le vrai Amen lui-même, Jésus le Fils de Dieu, lequel seul suffit à qui l’aime, et ensemble avec le Père et le Saint Esprit donne tous ses biens, et ne dédaigne pas ceux qu’il a créés. Amen. Amen. Amen. (Exercice II).
Prière à la Trinité
O Dieu, Trinité sainte, fontaine d’éternelle lumière, par ta divine toute-puissance soutiens-moi, par ta divine sagesse conduis-moi, par ta divine bonté fais-moi selon ton coeur.
Prière au Bon Pasteur
De grâce, Jésus, bon Pasteur, fais-moi entendre et reconnaître ta voix. Lève-moi sur ton bras. Fais-moi reposer sur ton sein, moi ta brebis, fécondée du Saint-Esprit. Là enseigne-moi à te craindre. Là apprends-moi à t’aimer. Là instruis-moi à te suivre. Amen.
Extrait de Litanies
O Abraham, mon père, obtiens-moi cette foi, cette obéissance, qui t’a conduit à l’amitié au Dieu vivant.
O Moïse, cher à Dieu, obtiens-moi cet esprit de. douceur, de paix et de charité, qui t’a rendu digne de parler face à face avec la majesté du Seigneur.
O David, vénérable roi-prophète, obtiens-moi cette parfaite fidélité, résolution et humilité, qui a fait de toi un homme selon le coeur de Dieu, afin que tu fusses vraiment cher et agréable - au Roi qui est Dieu.
Louange au Verbe Incarné
Sois béni pour avoir pris notre humanité, ce qui m’a appelée en la société de ta divinité.
Sois béni par cet exil de 33 ans que tu as enduré pour moi, afin de ramener mon âme qui était perdue, à la fontaine de la vie éternelle.
Sois béni par tous les travaux, les douleurs et les sueurs par lesquels tu as sanctifié toutes mes angoisses, mes souffrances et mes maladies.
Sois béni par ton abondante dilection, par laquelle tu es devenu de mon âme la précieuse rédemption.
Sois béni par toutes et chacune des gouttes de ton très précieux sang, par lesquelles tu as donné la vie à mon âme, et tu m’as rachetée à un si haut prix.
ô Amour !
Ô Amour, l’ardeur de ta flamme divine m’a ouvert le coeur très doux de mon Jésus.
Ô coeur, source de douleur !
Ô coeur regorgeant de miséricorde !
Ô coeur surabondant de Charité !
Ô coeut distillant de suavité !
Ô coeur plein de tendresse !
Fais-moi mourir d’amour et de dilection pour toi, ô très cher coeur.
Ô très chère perle de mon coeur, invite-moi à ton festin vivifiant. (Exercice VI).
Ces prières de Sainte Gertrude dont ses Exercices foisonnent dans la traduction de Dom Emmanuel, Olivétain, 1915
(Pour lire l'intégralité des Exercices de Sainte Gertrude, cliquer ICI)
Prières extraites du hors série de Parole et prière « Mon Avent avec Sainte Gertrude de Hefta publié en 2014
Téléchargez le texte de ces prières (pdf) en cliquant ici