Le Mois de la Passion
Le Mois de la Passion
ou la Science du Crucifix
Dixième jour
Sur la Charité fraternelle
I. Quiconque aime le Père, qui a donné la vie, dit Saint Jean, aime aussi les enfants qui l’ont reçue. Il suit de là que quiconque aime Jésus-Christ qui donne la vie de la grâce à tous les chrétiens, aime aussi tous les chrétiens, qui doivent leur génération spirituelle au Sang Précieux de Jésus-Christ. Il suit encore que quiconque n’aime pas ses frères, qui sont enfants, de Dieu et membres de Jésus-Christ, n’aime pas Jésus-Christ Lui-même. Si quelqu’un me dit, ajoute le même Apôtre : j’aime Dieu, et que j’aperçoive qu’il hait son frère, je dis qu’il est un menteur ; car s’il n’aime pas son frère qu’il voit, et dont les besoins viennent frapper ses yeux, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas, et dont les perfections infiniment aimables ne tombent pas sous les sens ?
II. Tout ce que je fais à mon prochain soit bien, soit mal, c’est à Jésus-Christ que je le fais. Saint Martin couvre de la moitié de sa cape la nudité d’un pauvre, et Jésus-Christ se montre à lui revêtu de cet habit. Saul poursuit les chrétiens pour les faire périr, et Jésus-Christ lui dit en le terrassant : « Saul, Saul, pourquoi Me persécute-tu ? » Toutes les fois dira Jésus-Christ au jugement dernier et à ses élus et aux réprouvés, toutes les fois que vous avez rendu un bon ou mauvais office à un seul de mes frères et même au plus petit d’entre eux, c’est à Moi que vous l’avez rendu. Je ne verrai donc que Jésus-Christ dans mes frères ; je les aimerai, quoiqu’ils n’aient rien d’aimable en eux-mêmes ; je les aimerai, parce qu’ils sont les enfants de notre père commun, parce que Jésus-Christ est leur Sauveur et le mien, et que ma propre indignité ne l’empêche pas de me supporter et de m’aimer. Je les aimerai et mon amour sera un écoulement de celui que j’ai pour mon Dieu et mon Sauveur. Ainsi j’aimerai mon Sauveur de toutes les manières dont il peut et dont Il veut être aimé, et dans Lui-même, et hors de Lui-même ; c’est-à-dire, dans ses images vivantes, et dans les membres de ce corps mystique dont Jésus-Christ est le chef.
III. Jésus-Christ n’a promis à son jugement dernier le bonheur du Ciel qu’aux âmes compatissantes et charitables ; il ne condamne aux tourments de l’enfer que les coeurs durs et sans compassion pour leurs frères. On dirait que la Charité est la seule vertu du Christianisme. C’est que la Charité toute seule renferme toutes les autres vertus et couvre la multitude des péchés. C’est que par les œuvres de Charité on est assuré de toucher et de gagner le coeur de Dieu et d’en obtenir le centuple de tout ce que nous faisons en faveur de nos frères, le centuple de nos aumônes et de tout ce qu’il nous en coûte pour les assister et les soulager, la récompense au centuple et des peines que nous prenons pour les instruire et les sanctifier, et de notre patience à supporter leurs défauts, et de notre générosité à pardonner leurs injures et à leur rendre le bien pour le mal. Donnez, dit notre Divin Maître, et l’on vous donnera. Montrez-vous patients, indulgents, bienfaisants et généreux envers vos frères et Dieu se montrera tel à votre égard et pour quelques bien temporels dont vous serez dépouillés, et quelques légers sacrifices que vous aurez faits à la Charité, il versera dans votre sein des trésors de biens spirituels dont la mesure sera pleine, comble, surabondante, et en quelque sorte excessive.
IV. Les Saints n’ont trouvé le secret d’amasser d’immenses trésors de mérites qu’en imitant la patience, le zèle et la Charité de leur Divin Maître. Les pécheurs n’en ont pas d’autres de se réconcilier avec Dieu qui renonce à ses droits en ferveur de nos frères. Qu’un pécheur pénitent, après des œuvres de Charité, après avoir étouffé un ressentiment, après avoir pardonné une injure en vue de Jésus-Christ, se jette aux pieds du Crucifix ; la grâce qui en découlera, répandra en son coeur la plus douce confiance dans la Miséricorde Divine. Le jeune Gualbert éprouva cette faveur. Touché d’un vif sentiment de religion, il pardonna à son ennemi qu’il était sur le point d’immoler, et qui implorait sa clémence en lui présentant les bras en forme de croix. Il entre ensuite dans une église et prie devant un crucifix qui incline la tête en signe d’approbation. Cette œuvre de Charité fut le principe de sa conversion et d’une sainte vie qui lui a mérité les honneurs de l’Église.
V. Que me dit la Foi, lorsque je suis aux pieds du Crucifix ? Elle me dit que j’étais un malheureux esclave, chargé de crimes et destiné à la mort éternelle, que comme je ne pouvais ni calmer la juste colère de mon Souverain, ni acquitter mes dettes, son Fils unique touché de compassion en ma faveur, a pris ma place : qu’il a satisfait pour moi ; qu’il a donné sa vie pour me sauver de la mort éternelle et moi, je poursuivrais dans mes frères qu’il a rachetés comme moi, les plus légères offenses ! Et tandis que j’éprouve tant d’indulgence et de compassion, je n’aurai pour mes frères que dureté et insensibilité ! Ô Croix de Jésus, je me rends indigne de vous, je vous outrage toutes les fois que je livre mon coeur à l’animosité, et que je le ferme à la patience et à la compassion.
Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean
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Le Mois de la Passion
Le Mois de la Passion
ou la Science du Crucifix
Neuvième jour
Le Crucifix nous apprend à aimer notre prochain
I. « Mes enfants, disait le Disciple bien-aimé, aimons-nous les uns les autres ». La Charité fraternelle est le caractère qui distingue les enfants de Dieu. Comment connaissons-nous les excès de l’amour dont Dieu nous a prévenus ? C’est qu’Il a donné sa vie pour nous tous. Nous devons donc aimer nos frères et leur sacrifier dans le besoin jusqu’à notre vie. C’est dans le sein de Jésus-Christ, c’est dans Ses Plaies que Son Apôtre avait puisé cette céleste doctrine ; écoutons Jésus-Christ attaché à la Croix pour le Salut de tous les hommes : la voix de Son Sang plus éloquente encore que celle des ses apôtres, nous annoncera les devoirs de la Charité fraternelle.
II. Nous étions tous frères dans l’ordre de la nature, et c’était une raison suffisante de nous aimer les uns les autres. Dans l’alliance que Jésus-Christ a scellée de Son Sang, notre fraternité est ennoblie. Nous ne sommes pas seulement enfants d’Adam ; nous sommes enfants de Dieu, frères de Son Fils unique, héritiers de Son Royaume. Nous devons donc nous aimer comme les enfants du même père : et ce père étant Dieu Lui-même, quelle doit être la sincérité, le zèle et la pureté de notre amour ? Et Jésus-Christ, le premier-né d’une si grande famille, qui s’est immolé pour le Salut de tous, et même des plus grands pécheurs, étant notre modèle, est-il un de nos frères que nous ne devrions tendrement aimer, quelque méchant qu’il soit ? Est-il dans quelque ce soit de nos frères de misères auxquelles nous ne devrions compatir, des soins que nous ne devions soulager selon notre pouvoir, des injures que nous ne devions être disposés à pardonner ? La haine que nous porterions à nos semblables, se tournerait contre Dieu même et contre Jésus-Christ. Nous haïrions les enfants de Dieu, nous haïrions les frères de Jésus-Christ qu’Il a aimés jusqu’à répandre Son Sang pour eux.
III. Depuis qu’un excès de Charité a attaché Jésus-Christ à la Croix pour sauver tous les hommes, toute la Loi divine semble renfermée dans le précepte de la Charité fraternelle. C’est le seul qu’il dit être le sien, et qu’il annonce comme son précepte par excellence. Je vous fais, disait-il à ses disciples, un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres de la manière que Je vous aime Moi-même. Je vous aime comme mes frères, comme enfants de mon Père, comme membres d’un corps dont Je suis chef, et Je vous aime, jusqu’à Me sacrifier pour Votre Salut. C’est ainsi que vous devez vous aimer, et c’est en vous aimant ainsi que vous vous ferez reconnaître de tout le monde comme Mes véritables disciples. Le précepte qui M’est propre, le précepte distinctif de Mon alliance, c’est que vous vous aimiez les uns les autres comme Je vous ai aimés ; et je ne puis vous témoigner plus d’amour qu’en Me livrant à la mort pour vous.
IV. Que de raisons ne nous présente pas la Croix de Jésus-Christ, de nous aimer les uns les autres et de faire triompher la Charité des répugnances de la nature ? Par le bienfait de Sa rédemption nous ne sommes pas seulement appelés, nous sommes en effet les enfants de Dieu ; et les enfants du même père et d’un père tel que Dieu ; ne doivent-ils pas s’aimer, se secourir, se souffrir les uns les autres et imiter l’indulgence de leur Père céleste, qui fait lever son soleil sur les méchants comme sur les bons ? Le Sang de Jésus-Christ a formé de tous les chrétiens un corps dont chacun d’eux est membre, et dont Il est chef, et tous les membres d’un même corps ne doivent-ils pas s’intéresser l’un à l’autre ? Ne voit-on pas la tête et la main s’abaisser vers le pied pour arracher l’épine qui le blesse. Chrétiens sans foi et indignes du nom que vous portez, réfléchissez et tremblez. Lorsque la haine vous divise, lorsque vous vous entre-déchirez, c’est le corps de Jésus-Christ Lui-même que vous déchirez. Pourquoi Jésus-Christ rassemble-t-il tous ses membres à la même table et les nourrit-il du même pain en leur donnant à tous Son Corps et Son Sang, qu’Il a répandu pour eux tous ? c’est pour les réunion à leur chef dans le même esprit, et entretenir dans leur coeur le feu de la Charité qu’Il est venu allumer sur la terre.
V. Jésus-Christ qui nous a ordonné de nous aimer comme Il nous a aimés Lui-même, est mort pour le Salut des plus grands pécheurs. Il a reçu avec bonté le baiser de Judas ; Il a jeté sur Pierre, au moment qu’il le reniait, un regard de compassion ; Il a offert Son Sang pour les méchants qui le répandaient ; Il ne s’est vengé de leurs cruautés, Il n’a répondu à leurs injures et à leurs blasphèmes, qu’en demandant grâce pour eux et en les excusant. Voilà notre modèle. Nous excuserons-nous de ne pas aimer nos frères, parce que nous n’en sommes pas aimés, parce qu’ils nous haïssent et nous persécutent, parce que leurs défauts et leur mauvais caractère les rendent indignes de notre amour ?
VI. Que rendrons-nous à Jésus-Christ pour tous les biens que nous avons reçus ? Comment reconnaîtrons-nous le bienfait de notre rédemption ; et le paierons-nous du Sang qu’Il a répandu pour nous ? Il nous en offre Lui-même un moyen facile. Aimons nos frères, comme Il nous a aimés ; faisons pour eux ce qu’Il a fait pour nous. Ils sont ses membres et Il regardera comme fait à Lui-même tout ce que nous ferons pour eux. « J’ai eu faim, dira-t-il à ses élus au Jugement dernier, et vous M’avez donné à manger ; J’ai eu soif, et vous M’avez donné à boire ; J’étais étranger, et vous M’avez accueilli ; J’étais nu, et vous M’avez revêtu ; J’étais infirme, et vous M’avez visité ; J’étais en prison, et vous êtes venu Me soulager ». Si Jésus-Christ nous sait tant de gré de ces bons offices auxquels la seule humanité porte les infidèles mêmes, quel gré ne nous saura-t-il pas de notre indulgence a supporter les défauts de nos frères, de notre courage à souffrir leurs mauvais traitements et à pardonner leurs injures, de notre zèle à contribuer à leur sanctification, et des sacrifices que nous ferons pour leur Salut ?
Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean
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Le Mois de la Passion
Le Mois de la Passion
ou la Science du Crucifix
Huitième jour
Sur l’importance du Salut
I. Sauvons notre âme à quelque prix que ce soit. Dans la guerre continuelle que nous avons à soutenir ici-bas, exposons nos biens au pillage ; prodiguons notre santé, n’épargnons ni notre corps, ni nos vies, ni rien de ce qui est périssable : mais nos âmes, ces images vivantes de la divinité, sauvons-les en sacrifiant tout le reste. Notre Divin Maître nous a ordonné de ne pas craindre la rage de ceux qui ne peuvent nous ôter que la vie du corps, mais de craindre et de craindre uniquement celui qui veut précipiter le corps et l’âme dans l’enfer. Imitons Joseph : laissons à nos ennemis nos manteaux pour sauver notre innocence. Souffrons la privation des biens de la terre pour obtenir les biens du Ciel. Sacrifions, s’il le faut, une vie périssable pour mériter la jouissance d’une vie éternelle.
II. Ne jugeons pas de notre âme par la bassesse de notre corps où elle est renfermée, comme un prince chargé de fers et couvert de haillons dans un cachot ténébreux. La pauvreté, les afflictions, les maladies peuvent rendre le corps hideux sans que l’âme perde de sa noblesse. C’est un diamant d’un prix inestimable caché dans un amas de fumier. Le prince sortira du cachot où il languissait, et n’en paraîtra qu’avec plus de gloire. Le diamant sera tiré de l’ordure qui l’obscurcissait, en n’en brillera qu’avec plus d’éclat.
III. Jésus-Christ a vécut sur la terre dans l’état le plus pauvre et le plus humble. Il a paru parmi les hommes comme le dernier d’entre eux. Il est né dans une étable, il a vécu sous un humble toit du travail de ses mains ; son corps a été maltraité jusqu’à ne rien conserver de la figure humaine. Qui aurait dit, en ne jugeant de Lui que par le rapport des sens, que sous ces viles apparences était caché le Roi des Anges, le Sauveur des hommes et le Dieu de Majesté ? Qui dirait de même, sur le rapport trompeur de nos sens, que dans de faibles enfants, qui ont à peine le souffle de la vie ; que dans ces pauvres qui sont couverts de haillons et d’ordures ; que dans ces malades qui pourrissent dans la misère ; que sous ces images hideuses, et dans des corps si misérables, il y eût des âmes plus grandes que dans le Ciel et la terre, et qui ont été estimées aussi précieuses que la vie même de l’Homme-Dieu ? Est-il un malheur égal à celui de la perdre éternellement ?
IV. Cette considération réglera, l’estime que je dois faire de mon corps, qui est périssable et dois rentrer à la terre d’où il est sorti, et de mon âme qui est immortelle et doit retourner à Dieu, qui est son principe. Les richesses, les biens de la terre qui flattent les sens, la pompe des grands, l’éclat des honneurs, tout cela est pour le corps, et ne mérite pas plus d’estime que lui. La Charité, la patience, l’humilité, la parole de Dieu, les Sacrements qui sont la source de la vie, voilà les biens de l’âme ; voilà ce que je rechercherai, ce que j’aimerai, au mépris de tout ce qui ne peut qu’éblouir nos yeux et flatter mes sens.
V. Si Jésus-Christ montre tant d’inquiétude pour le Salut de mon âme, ne dois-je pas m’en inquiéter moi-même ? Ne doit-elle pas m’être encore plus chère qu’à lui ?
Hélas ! Si je la perds, tout est perdu pour moi. Que dis-je, tout est perdu ? Je ne me prive pas seulement d’un bonheur éternel, je m’attire un malheur infini et dans sa rigueur et dans sa durée. Si j’avais deux âmes, le salut de l’une pourrait me dédommager de la perte de l’autre ; mais je n’en ai qu’une, et il dépend de moi de la rendre heureuse ou éternellement malheureuse.
VI. Avons-nous jamais compris quel est le malheur d’une éternelle damnation ? Tâchons de le comprendre en méditant au pied de la Croix ces paroles de notre Divin Maître : « Que servira à l’homme de gagner le monde entier, s’il a le malheur de perdre son âme ? Que peut-il prétendre, s’il s’attire la mort éternelle ? Ou que donnera-t-il pour se racheter, qu’aura-t-il pour se dédommager quand il aura perdu son âme ? » Méditez cette vérité, vous qui connaissez si bien le prix des choses périssables et qui, de tout ce qui vous intéresse, ne négligez que le soin de votre âme.
VII. Quand nous voyons les heureux du siècle au comble des richesses et des honneurs nager dans les plaisirs et les délices, gardons-nous d’admirer ou d’envier leur prospérité. Ce n’est qu’un songe que la mort dissipera bientôt, et dans l’éternité ils seront dépouillés de tout, et plongés dans l’abîme du malheur. Si nous avons part à la pauvreté de Jésus-Christ ; si nous participons à ses souffrances et à ses opprobres, réjouissons-nous : nos maux seront bientôt passés, et la bienheureuse éternité qui nous attend ne passera pas.
VIII. Ô éternité ! Qui me donnera de pénétrer ta profondeur ? Qui me fera comprendre l’importance d’un bonheur ou d’un malheur éternel ? Je ne trouve rien ni dans ce monde ni dans tous les biens ni dans tous les maux du monde qui soit capable de m’en donner l’idée. Croix de mon Sauveur, vous seule pouvez me l’apprendre. Que le bonheur du Ciel est grand puisque pour l’acheter il a fallu tout le Sang de l’Homme-Dieu répandu sur la Croix ? Que la damnation est horrible, que l’enfer est affreux, puisqu’il a fallu que l’Homme-Dieu se chargeât de la malédiction de la terre et du Ciel pour en fermer l’entrée et nous sauver !
Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean
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Le Mois de la Passion
Le Mois de la Passion
ou la Science du Crucifix
Septième jour
Le crucifix nous apprend quelle est la grandeur et le prix d’une âme
I. Juge, mon âme, de ta dignité et de la grandeur de ta dignité par le prix dont tu as été rachetée. Jette les yeux sur la Croix où ton Sauveur a été attaché. C’est pour toi qu’Il s’est réduit à ce triste état. C’est pour ton salut que ses yeux se sont remplis de larmes, sa bouche de prières, son coeur de sanglots. C’est pour t’arracher à la mort éternelle et t’assurer le bonheur du Ciel qu’Il a satisfait à la Justice Divine. Sa vie et la tienne ont été mises sur la Croix comme dans une balance, et tu l’as emporté ; et par un jugement de la Sagesse divine, il a paru plus convenable qu’un Homme-Dieu perdit la vie que ton Salut et la vie éternelle.
II. Pour juger du prix d’une âme, il faudrait comprendre quel est le mérite de la vie d’un Homme-Dieu, laquelle a été le prix de notre rédemption. Ceux qui sont menacés d’un naufrage, jettent à la mer les marchandises les plus précieuses et s’estiment heureux de racheter leur vie à ce prix : Jésus-Christ, pour nous racheter à la vie, a été jeté dans les abîmes de la mort. Ô vie infiniment précieuse ! Tu seras désormais infiniment chère. Que tu dois être heureuse puisque tu es le prix du Sang d’un Dieu ! Je sacrifierai tout pour te conserver, et que me servirait de gagner le monde entier, si je venais à perdre mon âme, une âme que Dieu a jugée digne de Lui, une âme capable de le glorifier dans les siècles des siècles, une âme que le Fils de Dieu a rachetée de la mort éternelle, en livrant la sienne et en satisfaisant pour moi à la Justice Divine ?
III. Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance, dit le Seigneur au commencement des choses ; et Il forma son corps de terre et de boue, et produisit son âme spirituelle et immortelle par le souffle de Son Esprit Divin. C’est notre âme qui est l’image de la divinité. En animant et vivifiant notre corps, elle y répand des traits frappants de cette ressemblance. Sa dignité éclate à travers ces masses terrestres et le voile de notre corps ; Sa Majesté se peint sur nos visages et inspire une sorte de crainte et de respect aux bêtes même les plus farouches. On voit, dit Saint Augustin, de faibles enfants mener et commander des troupeaux entiers de bêtes dont une seule suffirait pour les écraser : il faut donc que la dignité de leur âme se peigne sur leur front, et qu’il sorte de leurs yeux je ne sais quoi qui inspire le respect et la crainte. Ô homme ! Tu t’estimes trop, et trop peu. Tu te glorifies de ce qu’il y a en toi de vil et de périssable, des avantages d’un corps formé de terre et sujet à la corruption ; et ton âme, cette image vivante de la divinité, cette substance immortelle, sortie du sein de Dieu, tu la négliges, tu n’en fais aucun cas.
IV. Jugeons de la différence de l’âme et du corps par les différents aliments que Dieu leur a préparés. Il nourrit nos corps des fruits de la terre et de la chair des animaux : Sa Parole, les lumières de Sa Sagesse, le Corps et le Sang de Son Fils servent de nourriture à nos âmes. Ô mon âme ! Que ta vie est précieuse ! Quelle est divine, si pour te nourrir tu as besoin d’aliments divins ! Que tu as peu de Foi ; que tu es misérable avec tant de grandeur, si tu préfères à cette vie céleste et divine la vie grossière de ton corps !
V. Si tu veux connaître, ô mon âme, quelle est l’estime que Dieu même fait de toi et de ton Salut, considère Jésus-Christ, Son Fils unique, attaché à la Croix. Nous étions devenus esclaves du démon ; nous avions été vendus à l’enchère, selon l’expression de Saint Paul, sous la malédiction du péché ; et le Fils de Dieu s’est offert à la mort pour nous sauver la vie ; pour racheter nos âmes, il a livré la sienne. Ô âme, d’un prix infini, puisqu’il a fallu que le Fils d’un Dieu devient ta rançon ! Ô vie de l’âme, le prix que le Fils de Dieu a payé pour toi t’a rendue, pour ainsi dire, une vie divine.
VI. On pourrait dire que le Fils de Dieu s’est estimé plus riche en gagnant une âme qu’en jouissant de la vie. Âme précieuse, illustre conquête, tu as été capable de combler les désirs d’un Homme-Dieu. Ton salut l’a dédommagé de la perte de sa vie. Ah ! Que ne peut-on te voir des yeux du corps ! Pourquoi faut-il que ta beauté soit cachée sous le voile d’une chair mortelle ? Tu es préférable à mille mondes, puisque le monde n’est fait que pour servir à ton bonheur, et pour être l’escabeau de tes pieds. Le Seigneur du Ciel et de la terre daigne te chercher ; ses délices sont d’être avec toi et de te communiquer sa gloire. Que la Croix de ton Sauveur t’a rendue précieuse ! Ce n’est pas au prix de l’or et de l’argent qu’il t’a rachetée, c’est au prix de son sang qu’il a répandu pour toi, comme un Agneau pur et sans tache.
VII. Si nous connaissons le prix de notre âme, avec quel soin conservions-nous en elle le don de Dieu, cette vie divine que Jésus-Christ lui a méritée par sa mort ! Exposerions-nous si facilement ce don précieux aux dangers et à la séduction du monde ? Ne le tiendrions-nous pas caché en Dieu avec Jésus-Christ, comme un trésor inestimable que nous voudrions dérober à l’avidité des voleurs qui nous environnent ? Ma mère, disait un pécheur nouvellement converti, qui s’est réfugié dans une solitude pour y mettre son salut en sécurité, je veux sauver mon âme : serez-vous sa caution, si cédant à vos sollicitations, je l’expose continuellement aux dangers du monder où elle avait déjà péri ?
VIII. Ah ! Que Saint Paul connaissait bien le prix d’une âme, lorsqu’il disait aux Corinthiens : « Quel est le Chrétien infirme dans la Foi, dont je ne partage l’infirmité ? Quel est le fidèle qui fait un faux pas, dont la chute ou le péril ne me pénètre de douleur ? » Ce grand apôtre connaissait le prix d’une âme rachetée par le Sang de Jésus-Christ. Il aurait consenti à devenir anathème pour en sauver une seule.
Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean
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Le Mois de la Passion
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ou la Science du Crucifix
Sixième jour
De la dignité du Christianisme
I. Hélas ! Que notre aveuglement est déplorable ! Nous nous glorifions des fragiles avantages que le monde nous procure, nous nous enorgueillissons des vains titres de noblesse dont la vanité a décoré notre naissance selon la chair, et nous ne connaissons pas la dignité à laquelle nous sommes élevés comme chrétiens et membres de Jésus-Christ. Par le bienfait de Sa Croix, nous sommes devenus, comme dit Saint Pierre, une race choisie, consacrée par un sacerdoce divin, une nation appelée à la sainteté, dont le chef est le Roi des rois, et dont tous les sujets sont héritiers d’un royaume ; un peuple saint dont Jésus-Christ a fait la conquête au prix de Son Sang, pour le faire passer des ténèbres et la région de la mort dans les splendeurs de sa gloire ; et par une étrange stupidité nous aimons notre esclavage, nous préférons les ténèbres de la mort aux lumières de la vie, desquelles Jésus-Christ nous environne. Toutes nos œuvres, si nous étions animés de son esprit, seraient teintes de Son Sang et ennoblies de ses mérites, et nous étouffons les impressions de cet Esprit Divin pour nous livrer à l’esprit du monde ; et des œuvres que sa grâce devrait diviniser, n’ayant rien de commun avec Lui, deviendraient des œuvres de mort.
II. Nous ne sommes presque pas un moment sans recevoir quelque influence de la vie de Jésus-Christ. Si nous résistons aux tentations, c’est la force de Son Sang qui réside avec nous. Si nous nous purifions par la pénitence, ce sont Ses Plaies qui guérissent les nôtres. Si nous sommes éclairé des lumières célestes, c’est de Son Sang que sortent des rayons de lumière. Si nous réprimons la colère et la vengeance, si nous étouffons nos passions, c’est la mort qui nous fait mourir à nous-mêmes, et qui devient en nous le germe d’une vie céleste et divine. Ne devrions-nous pas nous attacher à Sa Croix, baiser Ses Plaies salutaires, nous y plonger comme dans la source unique de la vie ? Ne devrions-nous pas, à l’exemple de Saint Paul, faire consister notre bonheur à porter dans nos corps la mortification de Jésus-Christ, et nous glorifier de porter dans nos humiliations et nos peines les glorieux stigmates d’une mort qui nous fait triompher tous les jours de la mort du péché ?
III. Jésus-Christ ne s’est pas contenté de nous mériter les grâces qui nous sont nécessaires pour pratiquer les vertus chrétiennes, ni en devenant notre chef, de diviniser nos bonnes œuvres dans sa personne, Il a encore voulu être Lui-même notre modèle ; Il a voulu marcher le premier dans la voie difficile qui doit nous conduire au Ciel. Pour nous encourager à souffrir avec soumission, Il a souffert le premier. Il a été doux et humble de Coeur pour nous apprendre à le devenir. Il a vécu dans la pauvreté pour nous apprendre à mépriser les richesses. Les injures qu’Il a pardonnées, les outrages qu’Il a permis qu’on Lui fit, la mort sanglante qu’Il a bien voulu souffrir, ce sont, autant de leçons éloquentes qu’Il a confirmées par Ses exemples. Pour adoucir l’amertume du calice qu’Il nous présente, Il l’a bu le premier jusqu’à la lie ; le premier Il a pratiqué l’Evangile, afin d’animer Ses Disciples à suivre Ses traces. Ayant des secours si abondant dans Sa Croix et Son Sang, et des encouragements si puissants dans Ses exemples, quelles seront nos excuses, si nous manquons de courage pour imiter notre Divin Modèle et nous conformer à notre chef.
IV. Si quelqu’un veut être Mon disciple, à dit Jésus-Christ, marcher après Moi et Me suivre, il fait qu’il se renonce à lui-même, qu’ll soit prêt à sacrifier ses intérêts les plus chers ; il faut que tous les jours il porte sa croix et qu’il s’y laisse attacher après moi. Ce n’est qu’à ce prix qu’on M’appartient. On ne donne des maîtres illustres et des gouverneurs de grandes conditions qu’aux enfants des princes et des rois ; jugeons de la grandeur de notre conditions par la grandeur de Celui qui, étant de toute éternité dans le sein de Dieu, la splendeur de Sa Gloire et l’Image substantielle de Sa Divinité, a bien voulu se faire homme comme nous, pour être notre Maître et notre modèle.
Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean
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ou la Science du Crucifix
Cinquième jour
Sur l’excellence des vertus et l’esprit du Christianisme
I. Dieu dispense avec une sorte de prodigalité les biens terrestres et périssables, la santé, les plaisirs, les richesses et les honneurs. Sa providence en accorde la jouissance aux plus indignes ; et les hommes qui n’entrent pas dans la profondeur de ses jugements, regardent ces sortes de biens comme les faveurs d’une fortune aveugle. Ils sont trop vils, et la Sagesse Divine en fait trop peu d’estime pour les faire acheter bien cher.
Il n’en est pas ainsi des biens de la grâce, de ces secours surnaturels, de ces lumières célestes, de ces vertus qui rendent l’homme semblable à Dieu. Dieu a voulu que le Sang de Son Fils en fut le prix, et, quelles ne fussent communiquées qu’à ceux qui Lui sont unis comme les membres à leur chef. Quelle est donc la grandeur et la dignité des œuvres chrétiennes qui reçoivent leur mérite de Jésus-Christ et sont pour ainsi dire, divinisées en Lui.
II. Jésus-Christ est le tronc d’un grand arbre, les chrétiens en sont les branches. La branche ne peut d’elle-même porter le fruit, si elle n’est incorporée au tronc ; ainsi nous ne pouvons faire aucune œuvre salutaire, aucune action qui soit digne des récompenses du Ciel, si nous ne sommes unis à notre chef divin. Je suis la vigne, disait Jésus-Christ à ses disciples, et vous êtes les branches. Celui qui demeure en Moi et en qui Je demeure, produira beaucoup de fruits. Qui n’y demeure pas, est un sarment inutile et une branche infructueuse ; il sera jeté dehors comme une branche stérile ; il deviendra sec et aride : on le ramassera, on le livrera en proie à un feu dévorant. Nous ne pouvons donc avoir aucune vertu ni mérite qui ne découle du Coeur de Jésus-Christ avec Son Sang précieux. Pour être doux, patients, mortifiés, nous devons être revêtus de Lui et transformés en Lui ; et comme dans l’état de grâce nous ne vivons pas, c’est Lui qui vit en nous, les œuvres produite en cet état sont ses œuvres plus tôt que les nôtres.
III. Voilà ce qui fait dire à Saint Paul que nous sommes tous mort à l’égard des biens de ce monde, et que la vie que nous avons acquise est cachée en Dieu avec Jésus-Christ ; c’est à dire que la vie que nous tenons de Jésus-Christ, cette vie surnaturelle, cette vie de Charité, de patience et d’humilité, est tout intérieure et voilée aux yeux des hommes. Elle est cachée en Dieu, parce qu’elle nous détache des créatures pour nous unir et nous attacher à Dieu seul. Elle est cachée avec Jésus-Christ, parce que la vie nous vient de Lui, que nous n’avons de force et de vigueur que celle qui nous vient de la Croix, et nous est inspirée par notre Chef qui opère secrètement en nous pour nous faire opérer comme Lui.
IV. Cette précieuse vérité se montre encore mieux dans le Sacrement adorable que Jésus-Christ a institué pour unir les membres à leur Chef. Je suis, dit-il, le Pain qui donne la vie au monde ; quiconque mangera de ce pain recevra le germe de l’immortalité et le gage d’une vie éternellement heureuse. Ce pain est Ma Chair qui sera immolée pour le Salut du monde. Celui qui mange Ma Chair et boit Mon Sang demeure en Moi, et Je demeure en lui. Nous demeurons l’un dans l’autre pour une société intime de sentiments, par une Charité mutuelle et par une affection réciproque. Comme Mon Père, qui est le Dieu vivant, m’a envoyé, et que Je vis pour Lui, celui qui mange Me mange vivra aussi pour moi ; nous ne serons qu’un sur la terre, et nous commencerons à nous unir pour l’éternité.
Jésus-Christ, dans le Sacrement de Son Amour est donc à nos âmes ce que la nourriture matérielle est à nos corps : avec cette différence que cette nourriture se transforme en nous, et que Jésus-Christ nous transforme en Lui. Il est moins la nourriture que la vie de nos âmes ; Il est le principe de tout ce que nous faisons d’agréable à Dieu, et les actions produites dans une union si sainte sont moins nos actions que les siennes. Tout ce que nous faisons de bien est son ouvrage. Si nous sommes patients et charitables, si nous sommes chastes et patients, c’est Lui qui, comme notre Chef, est chaste, patient, humble et charitable en nous. Ô dignité du Christianisme, qui élève si haut de viles créatures, et donne un si grand prix à des œuvres que les sages du monde ne jugeraient pas dignes de leur estime !
V. Puisque toutes les actions des membres vivants de Jésus-Christ se rapportent à Lui comme à leur chef, et qu’elles tirent de Lui leur mérite, ne soyons pas étonnés que Dieu promette une récompense immortelle à celles qui sont en elles-mêmes les moins considérables. Qu’est-ce que donner un verre d’eau ? Si quelqu’un le donne comme membre vivant de Jésus-Christ, c’est Jésus-Christ Lui-même qui le donne ; c’est Lui qui souffre, qui est humble et obéissant dans ses membres, et ses mérites seront la règle et la mesure de leur récompense. Serait-il étonnant que les Anges de Dieu eussent les yeux ouverts sur toutes les démarches et tous les mouvements d’un chrétien, comme on rapporte qu’un ange comptait les pas d’un ermite qui par mortification allait puiser de l’eau ? Saint Paul n’a-t-il pas raison de nous recommander de rapporter à la gloire de Dieu nos moindres actions ? Soit que vous buviez ? Soit que vous mangiez, soit que vous fassiez quelque autre action que ce puisse être, faites-le en vue de Dieu et pour Sa gloire. C’est que Jésus-Christ ennoblit nos moindres actions, et qu’elles participent aux mérites du Sang Précieux qu’Il a répandu pour nous.
VI. Que la Croix de Jésus-Christ d’où découle tout le mérite de nos œuvres, règle donc le jugement que nous devons en porter. Les hommes estiment les richesses et les biens que la terre produit ; et ce n’est qu’un amas de pourriture qui rentre bientôt dans la poussière d’où il est sorti. Ils admirent les actions des héros du monde, les prodiges de la valeur, de la sagesse, de la grandeur humaine, et rien de tout cela n’a de suite au-delà de cette vie ; et toutes ces belles actions, mortes, aux yeux de Dieu s’ensevelissent dans le tombeau de ceux qui les ont produites. Au lieu que les moindres actions que Jésus-Christ aura cultivées et arrosées de son Sang, les vertus chrétiennes les plus obscures, seront immortelles ; elles triompheront du temps ; elles sortiront de la ruine des siècles, où on les croyait ensevelies, pour recevoir de Dieu une récompense éternelle. C’est alors que ces humbles chrétiens, qui se revêtissent de la mortification de leur Chef, ces chrétiens pauvres et sans aucune distinction aux yeux du monde, seront comblés de bonheur et de gloire, et entreront dans l’héritage des enfants de Dieu.
Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean
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Le Mois de la Passion
Le Mois de la Passion
ou la Science du Crucifix
Quatrième jour
Le Crucifix nous enseigne l’excellence et l’importance des vertus
I. Pour te détromper, mon âme, des faux jugements du monde sur la pratique des vertus chrétiennes ; pour connaître quelle est l’excellence de l’humilité, de la patience, les yeux sur Jésus-Christ attaché à la croix. C’est là qu’Il tient son école ; c’est là qu’il prêche à ses disciples avec une éloquence divine, la pratique de la perfection chrétienne.
Il y prêche la patience : un voleur crucifié à son côté est le premier qui en reçoit des leçons qui le convertissent et le sauvent. Il y prêche l’humilité, en se rassasiant Lui-même d’injures et d’opprobres ; et tandis qu’Il expire comme le plus vil et le plus méchant des hommes, le soleil en perdant sa lumière, et la terre en tremblant rendent un illustre témoignage à sa grandeur et à son innocence. Il y prêche la douceur et la Charité ; Il n’ouvre la bouche que pour prier en leur faveur, et ce spectacle attendrit et convertit ces barbares ; ils reconnaissent, ils confessent hautement et en se frappant la poitrine, qu’Il est véritablement le Fils de Dieu.
II. Vois, ô mon âme, avec quelle force Jésus-Christ te prêche sur la Croix la pauvreté, le dénuement et la mortification. Il est dépouillé de tout ; il n’a pas même de vêtements pour couvrir sa nudité. Il n’a sous les yeux que des objets d’affliction, une mère dont le coeur est percé d’un glaive de douleur ; un seul de ses disciples dont la présence Lui rappelle la trahison et la fuite de tous les autres ; des ennemis furieux qui le déchirent, qui se repaissent de ses tourments, qui ajoutent à la cruauté les insultes et les blasphèmes. Son Père paraît l’avoir abandonné. Il ne se montre sensible à la consolation que lorqu’Il voit enfin sa destinée remplie et son Sacrifice consommé.
III. Jésus-Christ ne nous a pas donné des leçons stériles. En pratiquant Lui-même ce qu’Il nous a enseigné, Il nous a obtenu la grâce de le pratiquer, d’être humbles, patients, charitables à son exemple. Pour nous rendre capables de produire des actes qui sont au-dessus de nos forces naturelles ; il a fallu que Son Sang passât de ses veines dans notre coeur ; il a fallu qu’Il nous communiquât son esprit et sa vie. Notre Sauveur et notre Maître est en même temps l’auteur de toute sainteté. Nos vertus relèvent de sa Croix, elles doivent à ses plaies un éternel hommage ; elles doivent retourner comme à leur source.
Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean
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Le Mois de la Passion
Le Mois de la Passion
ou la Science du Crucifix
Troisième jour
Le Crucifix nous donne une idée de la gloire et du bonheur du Ciel
I. Quel est le bonheur que Dieu prépare à ses élus dans le Ciel ? C’est un bonheur, dit Saint Paul, que l’oeil n’a point vu, que l’oreille n’a point entendu, que l’esprit de l’homme ne peut concevoir. Jugeons-en parce qu’il en a coûté au Sauveur du monde pour nous l’assurer. Il s’est anéanti, Il a souffert la mort, Il a répandu tout Son Sang pour nous arracher à l’enfer et nous assurer le bonheur du Ciel. Quel bonheur que celui qui n’a de proportion qu’avec des mérites infinis !
II. Jugeons du bonheur du Ciel par la prière fervente que Jésus-Christ, avant d’accomplir son sacrifice sanglant, fit à Son Père pour nous obtenir. Ô mon Père, disait-il, sauvez pour la gloire de Votre Nom, les hommes que Vous m’avez chargé de racheter. Je ne Vous prie pas seulement pour les disciples que J’ai rassemblés, je Vous prie pour tous ceux qui croiront en Moi par leur ministère. Sauvez-les de la corruption du monde ; et accordez-leur le Salut et la vie éternelle. Vous Me les aviez confiés ; Je Vous les rends en mourant ; placez-les dans le Ciel à côté de Votre Fils, et qu’ils aient part à Son bonheur. C’est pour cela que Je me soumets aux rigueurs de Votre Justice ; c’est pour cela que Je vais mourir sur la Croix et consommer Mon Sacrifice. Ô bonheur du Ciel, que Tu dois être grand, ayant été racheté à un si grand prix !
III. Si nous prenions pour juge notre faible raison, il nous paraîtrait incroyable que le bonheur du Ciel, qui est la jouissance de Dieu même, la participation de sa gloire et se son infinie félicité, soit préparé à de viles créatures, à des pécheurs même souillés de tous les crimes. Je jette les yeux sur le crucifix, et j’y vois un mystère plus incroyable encore, le Fils unique de Dieu livré pour le Salut des pécheurs aux opprobres de la mort.
La Miséricorde et la Bonté de Dieu pour moi éclatent bien plus sur la Croix que dans le Ciel même. Si l’on me dit que c’est trop prétendre pour une vile créature et un misérable pécheur d’espérer que je verrais Dieu face à face, que je Lui serai uni par un amour éternel, que j’entrerai en participation de son bonheur et de sa gloire : je dirai que Dieu a fait en ma faveur quelque chose de plus étonnant, lorsqu’il a voulu que Son Fils se chargeât de mes péchés et les lavât dans Son Sang.
Qu’y-a-t-il de plus étonnant que Jésus-Christ ait reçu avec bonté le baiser du traître Judas, ou qu’il veuille me donner dans le Ciel le baiser d’une paix éternelle ? Qu’Il soit mort pour moi entre deux voleurs, ou qu’Il veuille me faire vivre éternellement avec Lui dans la société de Ses membres ?
Croix de mon Sauveur, vous confirmez ma Foi, vous fortifiez mon espérance, vous embrasez mon amour, vous m’êtes un gage assuré du bonheur céleste qui m’est préparé.
IV. Depuis la Rédemption du genre humain par Jésus-Christ, la libéralité de Dieu semble ne pas connaître de bornes. Il accorde le bonheur du Ciel à ceux qui ont visité les prisonniers, qui ont soulagé les affligés, qui ont assisté les pauvres ; il l’accorde à ceux mêmes qui ont donné un verre d’eau en Son Nom. Une légère tribulation, dit Saint Paul, produit un poids infini de gloire. C’est que Jésus-Christ en s’immolant pour nous, a mérité le Ciel et la vie éternelle : nous sommes ses membres, et si grâce nous unit à Lui, Il donne à nos moindres œuvres un mérite divin. Le Ciel sans doute est trop pour moi, mais il n’est pas trop pour Lui. Tout ce qu’il aura de moi, de grandeur et de délices, n’approche pas de ses mérites, pourquoi n’aurais-je point de part au bonheur céleste qu’Il a mérité pour en faire part à tous ses membres ?
V. Je vais, disait Jésus-Christ à ses apôtres, vous préparer une place. Je vous placerai auprès de moi dans le Ciel ; vous participerez à Ma Gloire et à Mon Bonheur. Étant devenus par l’adoption divine enfants de Dieu et frères de Jésus-Christ, nous sommes, dit Saint Paul, les héritiers de Dieu et les cohéritiers de Son Fils. Si comme premier né, il a pris possession du Ciel, n’avons-nous pas droit d’y être reçus nous-mêmes comme ses membres et ses cohéritiers. Chrétiens, que notre destinée en grande ! qu’elle est glorieuse, si vous vous tenez inséparablement uni à votre Chef !
VI. Que les infidèles sont à plaindre ! Ils sont étrangers à l’égard de Jésus-Christ, ils n’ont aucune part à ses mérites, et l’espérance d’une meilleure vie ne les console pas comme nous, des misères de celle-ci. Que sont tous les maux du monde pour un chrétien fidèle, dans l’attente du bonheur du Ciel ? Au milieu des privations il jouit des richesses de la grâce ; au milieu des traverses et des tribulations il goûte une paix délicieuse et l’espérance d’entrer bientôt dans la joie de son Dieu lui donne le lieu même de son exil, un avant-goût du bonheur ineffable que Dieu lui prépare. Je souffre, dit-il avec Job, mais ce n’est pas sans consolation. Dans cette chair même, ou mon âme est assujettie à tant d’infirmités et de misères, je verrai mon Seigneur et mon Dieu.
VII. Chrétiens insensés, plus à plaindre encore que les infidèles, pour des amusements frivoles, pour des biens misérables, pour des plaisirs honteux, pour assouvir des passions qui vous tiennent dans l’esclavage et vous déchirent le coeur vous perdez l’héritage des enfants de Dieu ! Hélas ! Il vous est acquis ; Jésus-Christ l’a acheté au prix de Son Sang. Il s’agit moins pour vous de le mériter que de ne pas vous en rendre indignes, et vous souffrez qu’il vous soit enlevé et donné à d’autres !
Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean
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Le Mois de la Passion
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ou la Science du Crucifix
Deuxième jour
Le Crucifix nous apprend combien est terrible la vengeance que Dieu tire du péché
I. Nous étions les ennemis de Dieu, dit Saint Paul ; nous étions menacés des derniers châtiments ; il nous a réconciliés avec Lui par la mort de Son Fils. Que signifient ces paroles ? Que l’injure faite à Dieu par le péché étant infinie, elle ne pouvait être réparée que par les mérites d’un Homme-Dieu ; qu’il a fallu que le Fils de Dieu fût humilié pour rendre à Dieu la gloire que le péché lui avait ravie ; qu’il a fallu qu’Il mourût dans les plus affreux tourments, pour racheter l’homme pécheur de la mort éternelle.
II. Hélas ! Nous ne savons pas ce que nous faisons, quand nous offensons l’infinie Majesté de Dieu. Sa Bonté est si grande, qu’elle ne souffrirait pas qu’il nous arrivât le moindre mal, si Sa Justice ne le lui arrachait des mains. Que Sa Justice est terrible, puisque pour l’accorder avec Sa Bonté, Il a voulu que Son Fils fût déchiré de plaies, et mourût en Croix pour nous réconcilier avec Lui !
III. Dieu n’a pas épargné Son propre Fils ; pour nous sauver tous, Il l’a livré à la mort. Le bois vert a été consommé par le feu de la colère divine : que deviendra le bois sec et aride ? Quand Dieu punit le péché, comme il le mérite, il n’y a rien qui puisse arrêter ou calmer son courroux. Il le fait éclater son Son propre Fils, parce qu’Il a voulu se charger des péchés des hommes. Que deviendront donc les pécheurs mêmes qui, par leur impénitence, n’auront aucune part aux expiations du Sauveur : ne pouvant jamais assez souffrir pour leurs péchés, ils souffriront éternellement. Ô péché, que tu es effrayant, quand on te considère dans tes suites !
Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean
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ou la Science du Crucifix
Premier jour
Le Crucifix nous apprend combien est terrible la vengeance que Dieu tire du péché
I. Ce sont les péchés des hommes qui ont attaché Jésus-Christ à la Croix. Les Juifs n’ont été que les instruments de la Justice Divine. Il s’était chargé des péchés du monde ; et Dieu, oubliant, pour ainsi dire, qu’Il était Son Fils bien-aimé, a épuisé en Lui toutes les rigueurs de Sa Justice. Il l’a livré à la mort. Il a été frappé, dit le Prophète, de la main de Dieu, à cause de nos péchés. Il a fallu qu’il les portât et qu’il les expiât sur la Croix.
Si Jésus-Christ, pour expier des péchés qu’Il n’avait pas commis, n’a trouvé dans son propre Père aucune miséricorde, que deviendront les pécheurs mêmes, si une mort impénitente les fait tomber entre les mains de Dieu ? Si, Comme l’a dit le Sauveur Lui-même, la plus affreuse rigueur s’est exercée sur l’arbre fertile et sur le bois vert, que fera-t-on du bois sec et de l’arbre stérile et infructueux ?
II. Le moindre sentiment de douleur, la plus légère humiliation aurait été dans le Fils de Dieu un mérite infini : cependant il a fallu, pour expier nos péchés, qu’il passât par tous les genres de douleurs et d’opprobres : il a fallu qu’il épuisât jusqu’à la lie le calice de la colère divine. Où donc une vile créature, coupable devant Dieu, trouvera-t-elle des douleurs et des tourments infinis, et des forces pour les porter, afin de satisfaire à l’infinie la gravité de ses offenses ?
III. Les satisfaction d’une créature coupable envers Dieu étant bornées et sans proportion avec sa grandeur infinie, la Justice divine prendra l’infinité de ses vengeances sur l’éternité qui n’aura pas de fin. Il en sera de cette redoutable Justice comme de la Miséricorde Divine : celle-ci est infinie parce que nous l’éprouvons dans les mérites infinis du Fils de Dieu, notre Sauveur : celle-là sera infinie parce que les rigueurs n’auront jamais de fin. C’est donc une chose horrible et effroyable de tomber entre les mains d’un Dieu vivant.
IV. Le Calvaire est pour nous un théâtre où éclatent ces grandes vérités. Nous y voyons la Justice infinie de Dieu dans la terrible vengeance qu’Il tire de Son propre Fils. Nous y voyons Sa Miséricorde infinie dans l’acceptation qu’Il fait du Sacrifice de Sa Vie pour l’expiation de nos péchés. Si, faute de nous laver dans le Sang précieux de Notre Seigneur, nous ne devenons pas les objets de Sa Miséricorde, attendons-nous à l’être de Sa Justice dont les rigueurs seront infinies, du moins dans leur durée.
Texte extrait du Mois de la Passion ou la Science du Crucifix, aux Editions Saint Jean
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