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mois de marie
7 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

P5110011

 

Huitième jour

Parallèle entre Notre Dame du Puy et Notre Dame de Lourdes

 

Notre Dame du Puy et Notre Dame de Lourdes ! Quels noms augustes nous venons d'évoquer ici, et comment dire leur prestige et leur puissance sur les âmes religieuses ! Ces deux grands noms, dont l'écho a retenti par toute la terre, dont le souffle a soulevé les foules comme le vent soulève les sables du désert, dont le charme attractif enfin, a amené des quatre coins du monde tant et tant de pèlerins aux pieds de la Vierge Marie, ces noms bénis ont entre eux, dans leur diversité même, une étroite parenté et comme une sorte de fraternité mystérieuse, qui apparaît et éclate dès qu'on les rapproche et qu'on les met en parallèle. Voyez, en effet, les admirables coïncidences qui ressortent de ce parallèle :

Il y a dix-huit cents ans, la sainte Vierge, voulant être honorée sur le Mont Anis, y apparaissait à une pauvre malade et se montrait à elle resplendissante de beauté, toute rayonnante de lumière, revêtue de magnifiques vêtements et entourée d'une multitude d'anges qui l'escortaient comme leur Reine.

Il n'y a pas encore un demi-siècle, Marie, désirant voir aussi s'élever, à Lourdes, un temple en son honneur, y apparut à une pauvre petite bergère nommée Bernadette. Au dire de l'enfant, cette apparition, dans sa simplicité, était belle d'une beauté qu'il est impossible d'exprimer. Marie s'y montrait dans une auréole de lumière. Son vêtement était celui des vierges : robe blanche, voile blanc et ceinture bleu de ciel. Sur chacun de ses pieds nus, blancs comme l'albâtre sans tâche, brillait un ornement symbolique, une rose d'or, emblème de la charité qui conduisait autrefois ses pas sur les montagnes de la Judée et les guidait encore aujourd'hui vers les montagnes de France. Entre ses mains virginales, glissaient les perles blanches d'un chapelet à chaîne d'or, et Marie, dans cette attitude recueillie, écoutait et semblait compter les invocations que lui adressait la petite bergère, agenouillée à ses pieds.

Au Mont Anis, l'apparition de la sainte Vierge eut lieu sur une grande pierre druidique taillée en forme d'autel. Autour du mont sacré, les montagnes environnantes s'étagent à la façon d'un cirque immense, et, selon l'expression de la sainte Ecriture, semblent bondir comme des béliers sous la garde du Mezenc, le roi des Cévennes, qui, pareil à un pasteur géant, élève sa tête dénudée ou fond de l'horizon.

A Lourdes, Marie apparaît également au milieu des roches pyrénéennes, dans un berceau de montagnes et dans le creux d'une grotte renfermant un menhir ou pierre-levée de granit, qui avait autrefois servi d'autel aux Druides.

Au Mont Anis, la malade à qui la sainte Vierge apparut, fut d'abord toute troublée par cette vision miraculeuse. Puis, se rassurant bientôt, elle s'enhardit jusqu'à demander quelle était cette reine ; et l'un des esprits célestes lui répondit : « C'est l'auguste mère du Sauveur, qui entre tous les lieux du monde, s'est choisi spécialement cet endroit pour y être servie et honorée jusqu'à la fin des siècles ».

De même à Lourdes, Bernadette, ravie de ce qu'elle voit, fixe également sur la sainte Vierge de grands yeux limpides et étonnés ; la bouche entr'ouverte, béante d'admiration, elle semble aspirer la grâce divine et la lumière surnaturelle que projette l'apparition. La petite bergère devient toute transfigurée. Un reflet d'une splendeur céleste rejaillit sur son front et sur ses traits comme une auréole lumineuse, et la naïve enfant, s'adressant à l'être mystérieux qu'elle contemple avec ravissement, lui dit en son dialecte d'or : « O Madame, je vous en prie, veuillez avoir la bonté de m'apprendre qui vous êtes et quel est votre nom ! » Et Marie, après s'être laissée prier ainsi cinq fois, Marie, ouvrant alors les bras, abaisse vers le sol ses mains virginales, comme pour envoyer à la terre les bénédictions du ciel ; puis, élevant de nouveau les mains, les joint à la hauteur de la poitrine, et, regardant les cieux avec l'expression d'une indicible gratitude, s'écrie enfin d'un air souriant : « Je suis l'Immaculée-Conception ! »

Réponse mystérieuse, qui nous dit assez que c'est surtout sa pureté sans tache que la sainte Vierge veut voir honorer à Lourdes, tandis qu'au Mont Anis c'est son titre auguste de mère de Dieu qu'elle présente spécialement à nos hommages. En cela apparaît la différence des deux pèlerinages, différence qui se retrouve du reste dans les statues tout à fait dissemblables qu'on y vénère. Mais où la ressemblance éclate de nouveau, c'est lorsque, à Lourdes, Marie dit à Bernadette : « Ma fille, allez dire aux prêtres de me faire bâtir ici une chapelle où l'on devra venir en procession ». Cette demande de Marie est la même que celle qui fut faite aussi par elle à la malade de Ceyssac, lors de la seconde apparition qui eut lieu sur le Mont Anis au quatrième siècle, et au sujet de laquelle nos chroniques rapportent les paroles suivantes de la sainte Vierge : « Ma fille, allez trouver mon serviteur Vosy ; dites-lui de ma part qu'il ne manque pas de jeter ici, au plus tôt, les fondements du sanctuaire que n'ont pu m'y élever ses prédécesseurs ; car j'ai choisi cette montagne entre mille, pour donner une audience favorable à ceux qui viendront m'y présenter leurs demandes et leurs requêtes ».

Encore une fois, quelle merveilleuse coïncidence dans la diversité même de ces deux apparitions ! Et qui ne voit, par tout ce que nous venons de dire, que l'église angélique de Notre Dame du Puy peut revendiquer, hautement et à juste titre, son droit d'aînesse et de suzeraineté sur la basilique de Notre Dame de Lourdes !

En terminant ce chapitre, nous ne pouvons nous empêcher de faire une dernière réflexion. Certes ! nous aimons trop la sainte Vierge, et notre piété est trop éclairée pour être jaloux de la gloire qui a resplendi en ces derniers temps sur un autre sanctuaire de Marie, le sanctuaire de Notre Dame de Lourdes. Mais il est bien permis de le dire, puisque cela est vrai : jamais il n'y a encore eu, à Lourdes, un pèlerinage qui puisse être comparé à ceux qui, depuis tant de siècles, se sont succédé à Notre Dame du Puy ! Disons toute notre pensée : le pèlerinage de Lourdes, grâce aux chemins de fer, s'effectue dans des conditions de bien-être et de confortable inconnus jusqu'à ce jour aux pèlerins du Puy. Nos pères ne faisaient le pèlerinage du Mont Anis qu'au prix de fatigues inouïes, et très souvent même au péril de leur vie. Tandis que l'on va à Lourdes comme l'on va à Paris, en coupé-lit et en train de plaisir !...

Nous le répétons : nous aimons de tout notre coeur, nous prions de toute notre âme, nous révérons de toute notre foi Notre-Dame de Lourdes. La Vierge immaculée qui a apparu au fond des Pyrénées est, après tout, la même créature privilégiée de Dieu, dans le sein de laquelle Notre Seigneur Jésus-Christ a daigné s'incarner. La sainte Vierge apparue à l'angélique Bernadette, il n'y a pas encore un demi-siècle, est la même qui apparut, sur le Mont Anis, à une pauvre malade du Velay, il y aura bientôt deux mille ans. L'une et l'autre sont donc dignes du même amour et de la même vénération. Mais il y a aussi une chose certaine : c'est que si Marie aime beaucoup à être priée à Lourdes, elle n'aime pas moins à être priée au Puy. Si Marie fait beaucoup de miracles et de guérisons à Lourdes, elle n'en a pas moins aussi, pendant de longs siècles, opéré au Puy de grands prodiges, et elle en opérerait encore beaucoup certainement, si l'on savait venir l'y prier comme autrefois. Enfin, si les foules ont raison et sont bien inspirées d'affluer, comme elles le font, au moderne pèlerinage pyrénéen, leur mérite et leur nombre sont loin d'égaler en cela le nombre et le mérite des millions et des millions de pèlerins qui sont venus jusqu'à présent prier Marie dans son antique sanctuaire du Mont Anis. Aucune raison inavouable, aucun sentiment de clocher ne nous portent à parler ainsi. Nous constatons simplement un fait à l'honneur de Notre Dame du Puy.

C'est donc bien justement que Mgr de Morlhon, de digne et sainte mémoire, s'écriait dans un mandement adressé à notre diocèse en 1856 : « Oui, de tous les sanctuaires bâtis en l'honneur de Marie, sur le sol sacré de la France, il n'en est pas dont la fondation remonte à une époque plus reculée ! Aucun n'a eu plus de renom et plus d'éclat ! Aucun n'a attiré un plus grand nombre de pèlerins de tout rang, de tout sexe et de toute condition ! Enfin, dans aucun la Reine du ciel ne s'est plu davantage à répandre ses grâces et ses faveurs sur ceux qui l'invoquent. Encore moins en est-il un autre que les Souverains-Pontifes aient doté de plus de privilèges et enrichi de plus d'indulgences.

N'y eut-il que son célèbre Jubilé ; l’Église angélique pourrait se glorifier d'être dans un rang suréminent parmi toutes les autres églises consacrées à Marie, non seulement en France, mais dans le monde tout entier ! »

Eloquent témoignage qui doit nous faire apprécier de plus en plus l'excellence incomparable du sanctuaire de Notre-Dame du Puy !

 

P5110005

 

Prière

 

Notre Dame du Puy et Notre Dame de Lourdes, priez pour nous !

 

Pentes escarpées du Mont Anis, et vous, montagnes bénies des Pyrénées, quel beau poème vous chantez à la gloire de Marie ! Sainte Basilique de Notre Dame du Puy, vous redites depuis plus de dix-huit siècles, sous les voûtes mystérieuses de votre choeur angélique, les louanges de la maternité divine de la Très Sainte Vierge ! Et vous, ô basilique de Notre-Dame de Lourdes, vous exaltez, depuis bientôt un demi-siècle, l'insigne privilège de la conception immaculée de la mère de Dieu ! Vos deux pèlerinages se complètent et n'en font qu'un ! Oh ! qu'ils soient unis dans notre amour et notre dévotion !

A Lourdes, ô Marie, l'Esprit-Saint vous adresse ces paroles du cantique des cantiques : vous êtes toute belle, ô ma bien-aimée, et aucune tâche n'est en vous ! Vous êtes plus belle que la fleur des champs, plus pure que le lys des vallées ! vos yeux sont plus doux que ceux de la colombe, vos lèvres plus onctueuses que le rayon de miel, et le parfum qui s'exhale de votre âme est plus suave que celui du plus pur encens et des fleurs les plus odorantes !

Au Puy, la cour céleste vous salue plus spécialement du titre de mère de Dieu ! Et la voix du ciel semble s'unir à la voix de la terre pour vous redire sans cesse : « Salut, ô pleine de grâces, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni ! »

Oui, bénies soient à jamais votre conception immaculée et votre maternité divine, ô Marie ! Ces deux titres s'appellent l'un l'autre : vous n'avez été conçue immaculée que pour être mère de Dieu, et c'est parce que vous avez été choisie pour être la mère de Dieu, que vous êtes immaculée ! Ces deux titres, ô Marie, justifient, consacrent, canonisent toutes les inventions de notre reconnaissance, tous les élans de notre âme, toutes les inspirations de notre tendresse envers vous ! Gloire, amour, louanges à Marie conçue sans péché et à la vierge mère de Dieu ! Gloire, amour, louanges à Notre-Dame de Lourdes et à Notre-Dame du Puy. Ainsi soit-il !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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6 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Septième jour

Comment le prince Sarrasin Mirat, assiégé par Charlemagne dans la forteresse de Mirambelle, devenue aujourd'hui le château-fort de Lourdes, ne consentit à se rendre à personne qu'à Notre Dame du Puy.

 

Charlemagne était occupé à réduire, dans les Pyrénées, la petite province de Bigorre, où un chef sarrasin, appelé Mirat, s'était fait une sorte de souveraineté indépendante. Ce Mirat était un guerrier au courage intrépide, au caractère chevaleresque, à la volonté de fer. Après avoir vu, malgré sa vaillance, toutes les autres places de sa principauté tomber au pouvoir de l'empereur, il s'était héroïquement renfermé, avec une poignée de troupes, dans la forteresse de Mirambelle, la seule place qui lui restât, et là, après avoir juré de ne se rendre à aucun homme, il avait entrepris une défense désespérée contre l'empereur.

Cette forteresse de Mirambelle, qui existe encore, et dont la position et la structure rappellent assez notre château de Polignac, avait été construite du temps de César. Assise sur un roc escarpé, elle défiait toute surprise et tout assaut. Restée sous la domination des infidèles depuis leur première invasion en France, elle avait été fortifiée avec beaucoup de soins, et elle était imprenable autrement que par la famine. C'est ce qu'éprouvèrent, cinq à six siècles plus tard, le duc d'Anjou et Du Guesclin, qui tentèrent vainement de s'en emparer de vive force.

Vainement aussi, depuis plusieurs mois, Charlemagne en faisait-il le siège. L'empereur, malgré sa puissance, se voyait bel et bien tenu en échec devant cette place avec toute son armée. Espérant amener les assiégés à se rendre, en leur faisant voir que leur perte n'était qu'une affaire de temps, Charlemagne fit cerner étroitement la place de tous côtés : les assiégés n'en continuèrent pas moins à résister. L'empereur offrit alors au prince Sarrasin de capituler à d'honorables conditions : inutile ; aux promesses comme aux menaces, l'obstiné Mirat répondait invariablement qu'il avait juré de ne se rendre à aucun homme, et qu'il tiendrait son serment jusqu'à la mort.

Lassé de ces lenteurs, Charlemagne songea enfin à marcher en avant, après avoir laissé devant Mirambelle, une division suffisamment forte pour en continuer le siège, quand un événement imprévu vint tout à coup changer la face des affaires. L'évêque du Puy, Rorice, devenu l'ami de l'empereur, depuis ses pèlerinages à Notre Dame du Puy, l'accompagnait à cette expédition. Se souvenant de la toute puissance de la Reine de nos montagnes, il eut la pensée de la faire intervenir en cette circonstance. Il la supplia donc d'applanir par quelque miracle les difficultés présentes, et d'illustrer ainsi son nom jusqu'aux extrémités de la France, en réduisant et convertissant elle-même l'héroïque Mirat et son petit peuple Sarrasin. L'intervention de Notre-Dame du Puy ne fut pas invoquée en vain. Voici qu'un aigle, en effet, ayant enlevé dans ses serres un énorme poisson, rencontré sans doute à la surface d'un lac qui avoisinait la forteresse, s'en vint le déposer, tout vivant et sans la moindre égratignure, sur l'endroit le plus élevé du rocher qui sert de base au château-fort. Cet endroit s'appelle encore aujourd'hui la pierre de l'aigle. Qu'on juge de l'étonnement de Mirat ! Toutefois, voyant bientôt le parti qu'il pouvait tirer d'un pareil événement, il expédie le poisson à l'empereur, pour lui faire comprendre que la famine est loin de ceux qui possèdent de pareilles pièces dans leur vivier. Charlemagne demeure stupéfait devant l'étrangeté de ce message, mais l'évêque du Puy lui dit alors : « Sire, ayez confiance ! La Mère de Dieu, Notre Dame du Mont Anis, commence à se mêler de nos affaires d'une manière admirable ». — « Je désire de tout mon coeur qu'il en soit ainsi, répondit le religieux empereur ». Sur ce, l'évêque lui demande et obtient la permission d'aller trouver le Sarrasin. Lorsqu'il fut en présence de Mirat : « Prince, lui-dit-il, vous avez juré de ne vous rendre à aucun homme, soit ! mais rendez-vous donc alors à une Dame, à une Dame très puissante qui vous chérit grandement. Rendez-vous à la Mère de Dieu, à Celle qui règne sur le Mont Anis, et dont l'empereur et moi nous nous glorifions d'être les humbles sujets. Croyez-moi, Prince, le traité que je vous offre vaut mieux qu'une victoire, on en parlera encore quand vos beaux faits d'armes seront oubliés. Allons ! Faites-vous le chevalier de cette Dame, elle vous attend ! »

Ce langage toucha et adoucit subitement le coeur du farouche et inflexible Mirat. Lui, qui jusqu'alors aurait préféré mille fois mourir plutôt que de se rendre, il se sentit fléchir sous l'action de la grâce. « Evêque, répondit-il, je ne me serais jamais rendu à l'armée formidable qui m'entoure, eh bien ! Je me rends à la grande Dame, Mère de Jésus, qui a daigné vous envoyer ici. Elle m'aime, avez-vous dit ; moi aussi je l'aime déjà. En son honneur, je me ferai chrétien et je serai son fidèle chevalier. Oui, je veux tenir et je veux que mes descendants tiennent à jamais, en foi et hommage, de la Dame sainte Marie du Mont Anis, ma seigneurie de Bigorre, exemple de toute autre suzeraineté ».

On devine la joie de l'Evêque en entendant une déclaration si franche et si généreuse. L'entrevue se passait dans une sorte de préau. En habile et dévoué mandataire, l'Evêque du Puy arrache une poignée d'herbes, et les présentant au prince : « Mirat, lui dit-il, tout suzerain doit un hommage à sa suzeraine : voulez-vous me donner ces herbes comme signe de la prise de possession du fief que Marie vient d'acquérir ici ? » — « Oui bien, réplique Mirat, j'y consens et de bon coeur. Mais avant la conclusion, définitive, il importe de savoir ce qu'en pensera l'empereur ». De retour auprès de lui, l'Evêque lui raconte le résultat merveilleux de sa négociation. A ce récit, Charlemagne de s'écrier : « J'approuve, je maintiens, je sanctionne tout ce que vous avez stipulé pour la gloire de Notre-Dame du Mont-Anis ». Dans une seconde visite, l'Evêque reçut Mirat à titre de vassal, au nom de la sainte Vierge, avec toutes les formalités prescrites par l'usage et Charlemagne leva le siège immédiatement.

Peu de jours après, Mirat, accompagné de l'élite de ses braves, faisait le voyage du Velay, et venait ratifier la convention dans l'église angélique. Il était curieux de voir pendiller, au bout des lances des guerriers Sarrazins, de petits faix d'herbe religieusement cueillie dans une prairie du nouveau fief. Quand ils eurent fléchi le genou devant la vénérable statue, chacun d'eux fit une jonchée à Marie, avec les petits faix d'herbe qu'ils avaient apportés. Le saint Evêque était là, il avait quitté l'empereur pour venir assister au triomphe de Notre Dame, triomphe qui récompensait si magnifiquement son zèle, et dont ses diocésains, transportés d'admiration, ne pouvaient assez le féliciter. Les Sarrasins reçurent le baptême avec les plus belles dispositions. Le nom de Mirat, qui signifiait « invincible ou indomptable » fut changé en celui de Lorrus, qui veut dire éclairé ou celui qui a ouvert les yeux à la lumière ».

L'hommage des faix d'herbe, suspendus au bout d'une lance, fut rendu à Notre Dame du Puy par les successeurs de Mirat jusqu'à l'année 1118, où Centulle, comte de Bigorre, remplaça les faix d'herbe par 65 sous de Béarn, payables tous les ans, par lui et les siens, pour l'advenir, à Notre Dame du Puy. En 1266 le roi de Navarre déclara, par un traité avec l'Evêque du Puy, tenir en fiel le château de Mirambelle et le comté de Bigorre. A chaque mutation de fief, la bannière de Notre Dame du Puy devait être hissée sur la tour du château pendant un jour et une nuit. Il en fut ainsi jusqu'au commencement du quatorzième siècle (1307), où Jean de Cumènes, évêque du Puy, céda son droit de suzeraineté sur le comté de Bigorre au roi Philippe-le-Bel, moyennant une rente de 300 livres tournois, à prendre sur le péage du Breuil au diocèse de Clermont. Quant au château-fort de Mirambelle, il existe toujours, avons-nous dit ; mais, depuis l'époque de Charlemagne, il s'appelle d'un autre nom, célèbre aujourd'hui dans le monde entier. Au pied de ce château-fort s'élève une petite ville à qui on a donné le même nom que le château. Les armoiries de cette ville rendent encore témoignage du fait merveilleux de l'aigle et du poisson, dont il est question dans ce chapitre. Elle porte de gueules à trois tours d'or, maçonnées de sable, sur roc d'argent ; la tour du milieu, plus haute que les deux autres, est surmontée d'un aigle de sable éployé, membré d'or, tenant au bec une truite d'argent. Or, la ville et le château dont nous parlons portent aujourd'hui le nom de Lourdes, en souvenir peut-être du nom de Lorus donné au prince Mirat, lors de son baptême au Puy. Admirable coïncidence, qui, mille ans d'avance, fait intervenir miraculeusement Notre Dame du Puy, au lieu même de la célèbre apparition de Notre Dame de Lourdes !

 

P5110007

 

Prière

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous ! Ô Reine du Mont-Anis, quelle admirable histoire est la vôtre ! et quel autre de vos pèlerinages pourrait montrer dans ses annales un tel assemblage de titres honorifiques et de faits merveilleux ? Rien n'est plus doux pour notre coeur que de publier votre gloire, et c'est avec une sainte et légitime fierté que nous exhumons aujourd'hui du passé vos vieilles illustrations et vos antiques splendeurs. O Marie, votre gloire rejaillit sur vos enfants ; mais elle leur impose de grands devoirs : Ces devoirs, nous saurons désormais les accomplir. Oui, désormais, avec la grâce de Dieu, nous nous montrerons dignes de l'illustration que vous avez répandue sur notre pays. Vous nous avez comblés de grâces et d'honneurs : à nous, maintenant, de nous montrer reconnaissants envers vous et de vous faire honneur à notre tour ! Nous vous aimerons donc de tout notre coeur, sainte Patronne du Velay ! nous aurons pour vous la même affection et la même dévotion que vous témoignaient nos aïeux. Nous nous efforcerons surtout de vous honorer par notre sainteté de vie. Loin de nous désormais le péché et toute attache au péché ! Loin de nous tout ce qui pourrait nous rendre indignes de la prédilection que vous avez daigné nous témoigner ! Ô Marie, nous promettons d'être toujours vos sujets fidèles et vos enfants dévoués. Ne désertez pas nos chères montagnes ! Continuez, comme autrefois, à répandre sur nous vos grâces et vos faveurs, En retour, ô reine du Mont Anis, nous publierons partout vos bienfaits et votre gloire, nous proclamerons hautement vos excellences et vos grandeurs ; et, par notre ferveur et notre dévotion, nous contribuerons, de tout notre pouvoir, à rendre à votre pèlerinage son ancienne splendeur. Ainsi soit-il !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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5 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Sixième jour

Notre Dame du Puy et l'empereur Charlemagne

 

Charlemagne fut le premier à tracer à ses successeurs le chemin du Mont Anis, et à venir incliner, devant la glorieuse Vierge, un front si souvent couronné par la victoire. Le huitième siècle, en effet, n'était pas terminé, lorsque Charles, encore simple roi de France, vint en pèlerinage à Notre Dame du Puy. Il fut reçu avec la plus grande magnificence par l'évêque Rorice II, qui appartenait, par sa naissance, à l'une des plus puissantes familles du royaume. Le religieux empereur revint une seconde fois au Puy, lorsqu'il eut reçu à Rome, des mains du Pape, la couronne impériale. L'histoire ne nous a conservé aucun détail sur ce dernier pèlerinage, ni sur les riches dons que le pieux monarque se plut sans doute à offrir à la sainte Vierge. Lacune regrettable, dont nos chroniques offrent malheureusement trop d'exemples, et que nous aurons plus d'une fois l'occasion de déplorer dans le cours de cet ouvrage. Quoi qu'il en soit, on voyait autrefois dans notre Cathédrale, près des reliques, un tableau commémoratif de la dernière visite de l'empereur, entouré des rois, ses enfants, et d'une suite nombreuse de princes et de princesses. Ce tableau était connu sous le nom de tableau des neuf preux.

Les deux pèlerinages qu'il fit à notre sanctuaire, laissèrent une impression profonde dans l'âme de Charlemagne. Il prit même notre église en si grande estime, que, voulant établir un siège épiscopal à Girone, ville d'Espagne, qu'il venait de conquérir sur les Sarrasins, il choisit le premier évêque de cette ville, parmi les chanoines du Puy, et lui adjoignit plusieurs choriers du même chapitre, pour composer le chapitre nouvellement institué. Le litre d'érection porte que l'empereur entendait que ces deux cathédrales fussent, à perpétuité, unies de coeur et associées ensemble. C'est là l'origine de la touchante fraternité qui a régné, pendant tant de siècles, entre les deux églises. Depuis cette époque, en effet, les églises vellave et catalane contractèrent une étroite alliance qui subsista fidèlement jusqu'à la grande Révolution française. Entre Girone et le Puy, il y eut, dès lors, comme une sainte Hermandad ou fraternité religieuse.

Pour en revenir à Charlemagne, outre la grande vénération que cet empereur eut toute sa vie pour le sanctuaire du Mont Anis, il conçut aussi,à la suite des visites qu'il y fit, une amitié profonde pour Rorice, évêque du Puy et comte du Velay. Il voulut même qu'il l'accompagnât dans une de ses expéditions, afin d'être mieux à portée de son affection et de ses conseils.

Pour assurer le service du sanctuaire du Mont Anis et pourvoir à la majesté et à la splendeur du culte, Charlemagne ajouta aux soixante chanoines qui composaient déjà le chapitre de Notre Dame, dix autres chanoines inférieurs dont la principale fonction était de se rendre ponctuellement au choeur et d'en soutenir la psalmodie. Il y eut ainsi, autour de l'autel de Marie, tout un sénat vénérable, occupé à chanter les louanges de la Mère de Dieu et à desservir son auguste sanctuaire. L'institution de ces dix chanoines, par Charlemagne, donna naissance à la fameuse Université de Saint Mayol, où l'on apprenait à de jeunes clercs les sept arts libéraux, et dont la renommée s'étendit bientôt dans toute la France. Rien n'est beau à lire comme la Charte par laquelle le grand empereur créa ces dix canonicats dans notre basilique du Mont Anis. Qu'on nous permette d'en donner lecture ici ; aussi bien y verra-ton quels sentiments Charlemagne professait pour Notre-Dame du Puy, et comment il affirmait hautement l'apostolicité de l'Eglise du Puy :

« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, est-il dit dans le diplôme d'institution dont on a la copie, Charles, empereur couronné de Dieu, par la miséricorde divine, roi des Français, à tous les fidèles présents et à venir, faisons savoir que nous avons visité dernièrement la basilique ou très sainte et angélique Eglise de la bienheureuse Marie, de la ville d'Anicium, autrement dite du Puy-Sainte-Marie, fondée et construite par Vosy, premier évêque du Puy. Cette Eglise a reçu la foi catholique dès les premiers temps du christianisme, et conserve, depuis les siècles apostoliques jusques à nos jours, sans tâche et sans aucun mélange d'hérésie, cette foi que lui apporta Georges, envoyé par les Apôtres dans les régions avoisinant la Loire, préférablement à tant d'autres contrées de la Gaule.

« Dans cette basilique à jamais vénérable par sa consécration, on rend un culte très grand aux reliques de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de plusieurs saints. Nous avons fait un pèlerinage à ce sanctuaire pour y vénérer ces reliques. Afin d'obtenir la miséricorde de Dieu et de Notre Seigneur Jésus-Christ, nous sommes venus, pieds nus, nous prosterner, le corps et la face contre terre, dans ce temple de la bienheureuse Vierge Marie, adressant de nombreuses prières au Roi des rois, qui donne et enlève, à son gré, tous les royaumes du monde à qui il veut et comme il veut, sans considération des mérites personnels, afin qu'il voulût bien nous conserver la vie, l'empire et le royaume de France, et surtout afin que les peuples qui nous sont confiés, égalant en nombre les sables de la mer qu'on ne peut compter, restent dans la foi catholique et romaine qui fait seule notre espérance, lui demandant tout cela par l'intercession de la très bonne et très miséricordieuse Marie, sa Mère.

« En outre, pour l'accroissement du culte et du service divin, dans une si sainte basilique où les fidèles de toutes les parties du monde viennent implorer le secours de Dieu et sa miséricorde par l'intercession de la très clémente Marie, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ, en vertu de l'autorité royale et impériale que nous tenons de Dieu, nous voulons créer et créons, maintenant et pour toujours, dix chanoines pauvres dans la communauté et l'église du Puy, choisis parmi les clercs qui servent déjà dans cette Eglise. Ils seront dans le choeur avec les autres chanoines de la même communauté et de la môme Eglise, priant pour nous et pour nos enfants, pour l'augmentation et la dilatation de toute l'Eglise apostolique et romaine, et chantant dans cette Eglise les louanges de Dieu avec ces mômes chanoines. Et pour que cette création, de dix chanoines pauvres, dans les dites église et communauté, soit ferme et stable devant Dieu et persévère longtemps dans l'avenir, nous avons statué et ordonné qu'elle serait signée de notre main, et scellée de notre anneau. Signé : Charles, empereur ».

Un tel langage se passe de commentaires. Outre cette institution de dix chanoines, Charlemagne établit encore au Puy une oeuvre dont l'institution restera l'un des plus beaux titres de gloire de notre sanctuaire : nous voulons parler de l'OEuvre du denier de Saint-Pierre.

Après avoir été sacré empereur par le Pape Léon III, Charlemagne, voulant témoigner sa reconnaissance et sa dévotion envers le Saint Siège, recommanda instamment les besoins de l'Eglise romaine à la générosité de tous ses sujets. Il autorisa à cet effet, dans tous ses états, la levée d'offrandes et de dons volontaires, et il choisit spécialement, pour centre de perception de ces aumônes, trois villes de son empire : Aix-la-Chapelle, Saint-Gilles sur le Rhône et le Puy-Sainte-Marie. Ces trois villes, d'importance fort inégale, étaient alors célèbres par les précieuses reliques qu'elles contenaient et l'affluence des pèlerins qui se pressaient dans leurs murs. Le choix que Charlemagne fit du Puy en particulier, pour résidence des collecteurs du denier de Saint-Pierre, lui fut certainement inspiré par l'impression qu'avait laissée dans son âme le souvenir de ses deux pèlerinages à la Vierge d'Anis. Grand honneur pour notre ville qu'un tel choix dont elle s'est, du reste, montrée toujours digne ; car la cité du Puy-Sainte-Marie n'a pas dégénéré : elle est encore aujourd'hui un des plus généreux soutiens de l'OEuvre, dix fois séculaire, fondée dans ses murs par Charlemagne. Oui, entre tous les diocèses de France, celui du Puy, étant donné sa pauvreté relative, est peut être celui qui se montre le plus aumônier et le plus charitablement prodigue envers le Père commun des fidèles. Du reste, les besoins de l'Eglise ne sont pas moins pressants aujourd'hui que du temps de Charlemagne ; ils sont même devenus bien plus urgents, depuis surtout que le Souverain-Pontife s'est vu dépouiller injustement, par la force, de ses états temporels : on le sait dans nos montagnes, et voilà pourquoi, bien que l'or y soit plus rare qu'ailleurs, et le pays relativement pauvre, on s'y montre généreux envers le Pape, à l'envi des plus riches provinces de France. C'est justice, après tout : Quand l'un de nos plus grands rois, qui a laissé à la postérité ce mot célèbre : « tout est perdu, fors l'honneur ! » vaincu par son ennemi, fut jeté dans une prison étrangère, il n'y eut fille ou femme en France, qui ne filât sa quenouille pour la rançon du roi. Eh bien ! l'Eglise aussi est une reine qui a tout perdu, fors l'honneur ! C'est la reine de nos âmes. Il est donc juste qu'aujourd'hui comme autrefois, il n'y ait partout en France, et surtout dans notre catholique Velay, ni fille ni femme chrétienne, qui ne filent leur quenouille pour la rançon de l'Eglise. Nous avons donc la ferme et douce confiance que, dans l'avenir non moins que dans le passé, notre religieux diocèse ne faillira jamais à ce noble devoir de piété filiale et de tendre charité envers le Saint-Siège. Puisse-t-il en être ainsi par le secours et la protection de Notre Dame du Puy ! Amen.

 

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Prière

 

Ô Marie, en lisant les glorieuses annales de votre pèlerinage du Mont Anis, comme on se sent fier d'appartenir à ce noble pays du Velay que vous avez chéri entre tous les autres, qu'illustra et aima Charlemagne, et qui fut le siège et le foyer de tant de bonnes et grandes œuvres !... Mais si c'est une véritable noblesse que d'appartenir à une contrée si privilégiée, cette noblesse nous oblige à nous en montrer dignes.

De tout temps, ô Marie, le Velay s'est distingué par son zèle à orner votre temple auguste, non seulement de richesses matérielles, mais aussi et surtout de saints prêtres, qui sont le meilleur et le plus digne ornement de vos temples. C'est ainsi que, grâce aux fondations de Charlemagne,on put admirer longtemps, dans la Basilique du Mont Anis, un sénat de soixante vénérables ecclésiastiques, occupés à desservir le sanctuaire et à chanter pieusement les louanges de Marie. Hélas ! quelle pénurie a fait place aujourd'hui à cette abondance d'autrefois ! Tandis que les rois de la terre ont autour d'eux toute une nombreuse cour, la Reine de tous les rois du monde possède à peine quelques prêtres à son service. O Marie, comme le psalmiste, nous voulons aimer dorénavant la gloire de votre demeure, Dilexi decorem domus tuae. Nous l'embellirons non seulement de nos dons et de nos offrandes, mais nous l'embellirons surtout en consacrant à votre service ceux de nos enfants qui seront capables de vous honorer et de faire partie de votre cour dans les rangs de votre clergé.

Enfin, comme nos aïeux, ô Marie, nous serons zélés pour l'oeuvre du denier de Saint-Pierre que Charlemagne fonda lui-même dans notre ville, il y a plus de mille ans. Nous viendrons, de notre mieux, au secours du Père commun de tous les fidèles. Et puisque les méchants l'ont injustement dépouillé de ses états temporels, qui lui assuraient,avec l'indépendance, les ressources nécessaires au gouvernement des âmes dont il a reçu la charge, nous tâcherons, par nos aumônes, de subvenir aux besoins de son gouvernement spirituel, et nous lui fournirons, selon notre pouvoir, les moyens matériels de remplir son divin mandat. Telles sont, ô Marie, les résolutions que nous prenons aujourd'hui à vos pieds : Bénissez-les et faites-nous la grâce d'y être désormais fidèles ! Notre Dame du Puy, priez pour nous. Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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4 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Cinquième jour

Comment la Basilique de Notre Dame du Puy fut consacrée par les anges

 

Le miracle est le point d'origine de tous les grands pèlerinages, on le trouve à la base de tous les sanctuaires célèbres de la chrétienté, mais il surabonde dans les origines du sanctuaire du Mont Anis ; et, à mesure que se déroule le récit qu'en font nos vieilles chroniques vellaviennes, on constate que dans l'histoire de Notre-Dame du Puy tout tient du prodige, tout y est vraiment miraculeux.

Voici comment les vieux chroniqueurs de notre sanctuaire racontent sa merveilleuse consécration par les Anges.

Le sanctuaire était terminé, et il ne restait plus qu'à procéder à sa consécration. Mais aucune église alors, ne pouvant être consacrée sans permission particulière du Saint-Siège, Vosy et Scutaire se mirent en route pour aller à Rome. Seulement, à peine avaient-ils fait une heure de chemin, qu'ils rencontrèrent sur le bord de la Loire, près d'un lieu appelé Corsac, et à l'endroit même où se trouve aujourd'hui le Petit-Séminaire de la Chartreuse, deux vénérables vieillards marchant solennellement, et portant entre leurs mains deux petits coffres étincelants d'or. Saisis d'étonnement à la vue de ces augustes et mystérieux personnages, Vosy et son compagnon les abordent respectueusement, et leur demandent qui ils sont, d'où ils viennent et où ils vont ainsi parmi ces montagnes et ces forêts. « Fidèles serviteurs de la Mère de Dieu, répond d'une voix grave un de ces vénérables pèlerins, ne poussez pas plus loin votre voyage ; nous sommes envoyés de Rome pour vous remettre ces reliques que vous reconnaîtrez à leurs inscriptions ; retournez les porter, pieds nus, à l'église du Mont Anis, où nous allons vous précéder. Quant à la consécration, n'en soyez plus en peine, la main des hommes ne doit point sacrer le sanctuaire que vous avez élevé à la Reine du ciel. C'est aux Anges qu'est réservé aujourd'hui cet honneur. Telle est la volonté de Dieu. Et, afin que vous ne doutiez pas de mes paroles, sachez qu'au moment où vous vous présenterez devant l'église, les portes s'ouvriront, les cloches sonneront d'elles-mêmes, tout l'intérieur du temple sera resplendissant de flambeaux allumés et de cierges ardents ; vous entendrez une harmonie céleste, et vous sentirez le doux parfum de l'huile sainte qui aura servi à la consécration faite par les Anges.

A ces mots, saint Vosy et saint Scutaire ôtent leur chaussure. Ils se prosternent à genoux pour recevoir les précieuses reliques qui leur sont confiées ; mais les mystérieux vieillards ne les ont pas plutôt déposées entre leurs mains, qu'ils disparaissent subitement, prouvant ainsi qu'ils étaient des Anges et non des hommes.

Cependant le peuple, averti de tout ce qui se passait, accourt en toute hâte. Une procession s'organise ; on gravit en chantant les degrés de la sainte Montagne. Ce ne sont partout que des hymnes de joie et des cantiques d'allégresse. Puis, ô miracle ! à l'approche du temple sacré, les cloches commencent à sonner sans être agitées par des mains humaines, les portes de la basilique s'ouvrent d'elles-mêmes, et l'on aperçoit le sanctuaire resplendissant de la clarté des milliers de cierges qui brûlent, tandis que le céleste parfum de l'huile sainte, dont les murs ont été oints et l'autel arrosé par les Anges, embaume l'église tout entière de son odeur suave.

A ce spectacle, Vosy entonne un cantique d'action de grâces que les assistants poursuivent au milieu des transports de la plus vive allégresse. Les prières finies, on recueillit les flambeaux que l'on conserva religieusement. Deux sont parvenus jusqu'à nous, à travers les bouleversements de la grande Révolution française. On les garde précieusement dans le trésor de la cathédrale, où nous les avons vus et où ils exhalent encore un délicieux parfum. Ces flambeaux présentent tous les caractères d'une très haute antiquité. Ce sont des torches où la flamme avait des foyers multiples. La mèche est faite de moelle de roseau, et l'enveloppe est en toile au lieu de papyrus, comme dans les flambeaux de Saturne, dont on trouve la description dans un passage de l'anthologie grecque.

Dans ce siècle de doute et d'incrédulité, on nous reprochera peut-être d'avoir eu la simplicité de raconter cette légende et d'y avoir ajouté foi. Mais nous nous honorons de notre simplicité, et, sans vouloir donner pour article de foi ce qui est bien loin d'en être un, nous estimons cependant notre croyance assez sérieusement fondée pour braver les railleries et triompher des objections. Comment, en effet, ne pas croire à ce récit, quand la basilique du Mont Anis porte encore le nom de chambre angélique en souvenir de sa consécration miraculeuse. Comment refuser d'y croire, quand à la suite de cette cérémonie furent recueillis par la piété du peuple plus de trois cents cierges dont plusieurs existent encore aujourd'hui. Comment être incrédule enfin quand on voit ce grand événement célébré pendant tant de siècles, dans le pays qui en fut témoin, par un office et une procession solennelle où l'on accourait de toutes les parties de la France et jusques des pays étrangers. Au reste, la consécration de l'église du Puy par les Anges n'est pas un fait unique dans l'histoire. D'autres lieux de pèlerinage réclament aussi cet honneur. Les Souverains Pontifes ont reconnu, en particulier, dans des Bulles formelles et authentiques, que la fameuse basilique de Notre Dame des Ermites à Ensidlein (Suisse) avait été réellement consacrée par les mains de Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, avec l'assistance de saint Pierre et du premier des martyrs saint Etienne.

Dès lors pourquoi ce qui s'est passé dans un endroit, aurait-il été impossible en l'autre ? Et quelle répugnance voit-on à ce que Notre Seigneur Jésus-Christ ait opéré au Puy, par ses Anges, ce qu'il a daigné accomplir lui-même à Ensidlein. Le docteur saint Thomas, qui était un grand saint et un grand génie, n'y voyait pas tant de difficultés et d'impossibilités. Voici ce qu'il dit au sujet de cette question :

« Il faut savoir que de même que Dieu n'a pas tellement attaché sa vertu aux sacrements, qu'il ne puisse sans eux conférer leur effet, de même il n'a pas tellement attaché sa vertu aux ministres de l'Eglise qu'il ne puisse également la communiquer aux anges. Et, parce que les anges sont les messagers de la vérité, s'il arrivait que quelque fonction sacramentelle fut exercée par eux, il faudrait en reconnaître la vérité, comme cela a eu lieu, du reste, dans quelques temples que l'on dit avoir été consacrés par les Anges ».

On croit que saint Thomas faisait ici allusion à la consécration miraculeuse du sanctuaire du Mont Anis.

Certes, après un pareil témoignage et les différentes considérations dont nous l'avons fait précéder, on peut bien, croyons-nous, sans témérité aucune et sans faiblesse d'esprit, ajouter foi à ce que nos légendes racontent sur la consécration de l'Eglise angélique. Ce n'est, après tout, qu'un fait historique parfaitement possible, puisque les Papes affirment qu'il s'est réellement produit ailleurs. Or, sur les faits historiques, la croyance est parfaitement libre, nous le savons ; mais nous trouvons (et bien des âmes seront de notre avis), nous trouvons une grande consolation et une légitime fierté à n'être pas moins crédules sur ce point que nos aïeux et que l'illustre saint Thomas d'Aquin.

 

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Prière

 

Notre Dame Puy, priez pour nous ! Parmi toutes les vertus qui brillent en vous, ô Marie il en est une qui vous est particulièrement chère et que vous désirez surtout voir briller dans nos coeurs : c'est la pureté. C'est par elle principalement que vous aimez et que vous tenez à être honorée par vos enfants. C'est cette vertu que nous prêche éloquemment la consécration, par les anges, de votre sanctuaire du mont Anis. En effet, ô Marie, si vous avez voulu que le temple où vous deviez être spécialement honorée, fut ainsi purifié par les Anges pour être plus digne de vous, à combien plus forte raison désirez-vous que le coeur et l'âme de ceux qui vous invoquent soient purs pour être dignes de vos bienfaits ? Ô Marie, vous nous rappelez par là que nous devons être nous aussi les temples de Dieu consacrés à son amour et à son service en même temps qu'au service et à l'amour de sa sainte Mère. Nous devons donc respecter notre corps et notre âme comme un sanctuaire dans lequel nous devons vivre dans l'intimité de Jésus et de Marie par la pratique de l'aimable et angélique vertu. Reine des cieux qui, par amour de la pureté, avez voulu que votre sanctuaire du Mont Anis fut consacré par la main des Anges, donnez-nous d'aimer et de pratiquer de tout notre coeur cette aimable et angélique vertu. Et de même qu'au jour de leur consécration, l'autel et les murailles de votre Eglise exhalaient une odeur délicieuse, accordez-nous de répandre, nous aussi, la bonne odeur de la pureté. Comme une fleur odorante et suave, faites-la fleurir sans cesse entre notre âme et notre corps, afin que notre être tout entier soit embaumé de son céleste parfum. Regina Angelorum, ora pro nobis. Reine des Anges priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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3 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

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 Quatrième jour

De la construction de la basilique de Notre Dame du Puy

 

Après la mort de saint Georges, l'évêché de Ruessium fut occupé, jusque vers l'année 350, par une suite de saints évêques dont les noms malheureusement ne sont pas tous parvenus jusqu'à nous : nos vieilles chroniques nomment entre autres saint Macaire, saint Marcellin, Rorice, Eusèbe et saint Paulien. Celui-ci fut le dernier qui résida à Saint-Paulien. En mourant il laissa son nom à la vieille métropole, qui n'est plus connue aujourd'hui que sous le nom du saint Evêque, qui l'illustra par sa vie et ses miracles. Malgré le zèle et la piété des différents successeurs de saint Georges, aucun d'eux n'avait pu élever, sur le Mont Anis, le sanctuaire dont la sainte Vierge avait si miraculeusement désigné l'emplacement. Cette gloire était réservée à saint Vosy, successeur immédiat de saint Paulien et premier évêque du Puy. Saint Vosy était un homme d'une grande vertu et d'une fortune considérable. Aussi, à peine fut-il élevé à l'épiscopat,qu'il se préoccupa du soin de construire l'édifice que la pauvreté de ses prédécesseurs ne leur avait pas permis d'élever. Cependant, comme il hésitait encore devant une pareille entreprise, un nouveau miracle de la sainte Vierge, au Mont Anis, vint mettre fin à toutes ses hésitations.

Une dame, originaire de Ceyssac, près le Puy, était attaquée d'une paralysie qui l'empêchait de faire aucun mouvement et d'une fièvre qui lui brûlait les entrailles. Son unique soulagement était la dévotion envers la très sainte Vierge Marie, qu'elle ne cessait d'invoquer avec une entière confiance. Un jour, pendant qu'elle dormait, la sainte Vierge, lui apparut, et lui montrant sur la montagne d'Anis, l'enceinte que Georges avait marquée jadis par une haie, lui ordonna, si elle voulait guérir, de s'y faire immédiatement transporter. A son réveil, la malade n'eut rien de plus pressé que d'obéir. Elle se fit donc déposer sur la grande dalle noire qui était au sommet du mont, et qui déjà, sous saint Georges, avait été l'instrument d'une première guérison. Cette pierre, nous l'avons dit hier, présente aux yeux de l'antiquaire tous les caractères d'un véritable dolmen. Quelques savants ont été jusqu'à penser que ce pouvait être la table d'un autel élevé là jadis, par les païens au Dieu Adidon, génie tutélaire du lieu. Cela n'aurait rien d'étonnant après tout, la sainte Vierge s'étant plu bien souvent à se voir honorée dans les lieux d'où son nom et celui de son divin Fils avaient chassé les fausses divinités. C'est ainsi que la grotte de Lourdes, où Marie est apparue à Bernadette, renferme un menhir ou pierre-levée de granit, qui servait autrefois d'autel aux Druides. Quoiqu'il en soit, c'est sur cette pierre miraculeuse que se fit porter la dame malade de Ceyssac. À peine l'y eût-on déposée, qu'elle s'endormit d'un sommeil mystérieux et qui avait quelque chose d'extatique. Vers le milieu de la nuit, elle se sentit tout à coup éveillée par une harmonie céleste. Une force miraculeuse l'entraîne devant l'humble autel qu'autrefois saint Martial avait érigé en ce lieu, en mémoire de la première apparition que la sainte Vierge y avait faite. En ce moment, une vive clarté illuminait toute la montagne. Notre Dame, entourée d'une légion d'anges et d'un essaim de vierges, resplendissait sur l'autel d'un éclat merveilleux. « Ma fille, dit-elle à la malade, vos prières et vos pleurs sont montés jusqu'au trône de Dieu. C'en est fait, vous êtes guérie ! Allez maintenant trouver mon serviteur Vosy ; dites-lui, de ma part, qu'il ne manque pas de jeter ici au plus tôt les fondements du sanctuaire que n'ont pu m'y élever ses prédécesseurs. C'est ici que, suivant la prédiction qu'en a faite le bienheureux Georges, j'accorderai aux supplications de la piété le soulagement des malades et la consolation des affligés. J'ai choisi cette montagne entre mille pour donner une audience favorable à ceux qui viendront m'y présenter leurs demandes et leurs requêtes ». Ainsi parla la sainte Vierge ; et la malade, subitement rendue à la santé, s'empressa d'aller trouver Vosy.

Informé de cet événement, le saint prélat, pour éviter toute illusion, commença par consacrer, avec tout son peuple, trois jours entiers à la pénitence et à la prière. Dieu, touché de sa bonne volonté, lui envoya un ange pour confirmer ce que la dame de Ceyssac avait vu. Alors Vosy chanta un cantique d'action de grâces, et s'en alla processionnellement au Mont Anis, suivi de son clergé et de son peuple. Là, un nouveau prodige l'attendait : l'enceinte, fermée jadis par une haie vive, était couverte, comme au jour de la première apparition, d'une neige épaisse, tandis qu'on en apercevait à peine quelques flocons à la cime des montagnes les plus élevées. À cette vue, saisi d'un saint transport, l'Evêque se précipite la face contre terre, en s'écriant comme Jacob : « Terribilis est locus iste ! Non est hic aliud nisi Domus Dei et porta coeli ! Que ce lieu est terrible ! ce n'est rien moins que la maison de Dieu et la porte du ciel ! » Puis, inspiré par l'Esprit-Saint, il annonce que ce serait là bientôt le trône de la divine miséricorde, et que de toutes parts on viendrait à ce pèlerinage pour offrir des voeux et recueillir des bénédictions. Il prend même, dès lors, la résolution d'y transporter son siège épiscopal. Mais, pour que cette translation pût être consommée légitimement et pour qu'elle fût acceptée sans contestation par la ville de Saint Paulien qui allait se voir ainsi dépossédée de son titre d'évêché, il fallait le consentement et la sanction du Souverain-Pontife. Dans ce dessein, Vosy vole à Rome, et non seulement le Pape consentit avec joie à ce que le siège de l'évêché du Velay fut transféré de Saint Paulien au Puy, mais il adjoignit encore au saint Evêque, pour rendre son œuvre plus digne du ciel et de la terre, un patricien romain nommé Scutaire, qui était un vertueux personnage et un très habile architecte. Vosy reçut avec reconnaissance celui que lui associait le saint-Père et se bâta de revenir dans le Velay.

Fort, désormais, de l'approbation du Souverain Pontife et de la coopération de l'éminent collaborateur qui lui avait été donné dans la personne de Scutaire, Vosy, à peine revenu de Rome, entreprit généreusement la construction de la cathédrale du Puy. Pour cela, il établit des ateliers sur le Mont Anis, et y fixa sa demeure, afin de surveiller et de presser les travaux. On se mit donc à l'oeuvre ; les coeurs étaient gagnés ; chacun s'associe à l'entreprise ; les riches y contribuent de leur argent, les pauvres et les artisans de leur travail et de leurs sueurs. Marie elle-même, racontent les anciennes légendes, Marie vint souvent encourager, par sa présence, l'ardeur générale. Quelques années suffirent pour consommer cette noble entreprise. Il est vrai que le sanctuaire, tel qu'il se montrait alors aux regards, était loin d'avoir l'étendue qu'il a aujourd'hui ; il ne comprenait que l'abside et la première coupole, c'est-à-dire ce qu'on appelle la chambre angélique. Le reste de la nef et les deux bas-côtés ont été ajoutés beaucoup plus tard, dans les dixième et onzième siècles. Or, à mesure que l'on construisait le sanctuaire, les habitations se groupaient autour de lui et formaient peu à peu sur les pentes escarpées du Mont Anis, les prémices de la ville du Puy. Ville illustre entre toutes, dit un vieux chroniqueur, et qui, déployant ses ailes comme l'aigle des montagnes qu'elle porte en écusson, devait bientôt, par de rapides accroissements, devenir, après Toulouse, la première ville du Languedoc.

 

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Prière

 

O Marie, que votre sanctuaire est vénérable ! et avec quel respect nous devons l'aborder ! C'est ici le lieu de miracle ! et ce temple est né des prodiges et de l'amour de Marie. C'est Marie qui en a tracé, elle-même l'enceinte ! C'est elle qui après avoir été l'inspiratrice de ce pèlerinage, a voulu être pour ainsi dire l'architecte de ce monument sacré, par ses communications aux saints premiers évêques du Puy. Aussi nulle église peut-être n'inspire aux âmes qui y pénètrent un saisissement religieux aussi grand, une plus profonde vénération ; il semble que votre voix, ô Marie, s'y fasse encore entendre, et qu'elle y dise ce que Dieu lui-même disait du temple de Salomon : « Mes yeux seront ouverts et mes oreilles attentives à la voix de celui qui me priera dans ce sanctuaire, j'ai choisi ce lieu pour y tenir toujours ouverts mes yeux et mon coeur sur ceux qui viendront y prier. C'est là que j'exaucerai du haut du ciel les prières qui me seront adressées, c'est là que je pardonnerai les péchés et que je guérirai la société malade » (Office de la Dédicace). O Marie, combien nous aimons votre église du Mont Anis ! Elle est pour nous le vestibule du Paradis, le heu de rendez-vous de notre Mère du ciel à ses enfants de la terre ! Oh ! Que ne pouvons-nous y faire notre demeure ! Mais, ô Marie, ne pouvant venir corporellement dans votre sanctuaire aussi souvent que nous le voudrions, nous voulons au moins y venir tous les jours spirituellement, à l'exemple de la Vénérable Mère Agnès qui, du fond de son pèlerinage de Notre-Dame du Puy. Nous voulons surtout y venir assidûment pendant ce beau mois qui vous est consacré. O Marie, accueillez nos prières, exaucez-les, et sauvez-nous ! Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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2 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Troisième jour

Ce qu'il y avait au Mont-Anis avant que la sainte Vierge y apparût

 

Entrons un instant dans le domaine des découvertes historiques et scientifiques qui sont venues apporter une gloire et un intérêt de plus aux origines de notre célèbre pèlerinage. Qu'y avait-il sur le Mont Anis avant que la sainte Vierge y apparût ?

Sur le sommet du Mont Anis, au point même où fut érigé l'autel de la sainte Vierge, se trouvait un dolmen ou grande pierre plate phonolitique. C'était un bloc brut, immense, noir et dur comme du fer, et dont la nature géologique paraissait être complètement étrangère aux roches du pays. Cette pierre, dont, il reste encore aujourd'hui un énorme débris encastré au haut du pavé de l'escalier extérieur de la Cathédrale, cette pierre était l'autel sacré sur lequel les Druides du Velay accomplissaient les principales cérémonies de leur culte national. Cette destination religieuse primitive explique très bien la vénération immémoriale que les habitants de notre pays attachaient à cette pierre à l'époque où la sainte Vierge y apparut. Le Mont Anis, avec la solitude et le silence que lui faisaient les forêts dont il était environné, se prêtait admirablement, en effet, aux mystères des Druides ; et ceux-ci, en établissant leur culte dans un site aussi favorable, consacrèrent ainsi d'avance le lieu que Marie devait plus tard choisir pour son sanctuaire ; car les Druides honoraient, sans la connaître, la Vierge qui devait enfanter. Virgini pariturae ! Et l'Eglise s'est toujours plu à élever ses autels à la place de quelque autel païen, autant pour perpétuer que pour réparer le sacrifice.

Au dolmen druidique du Mont Anis succéda, lors de la conquête romaine, un temple gallo-romain. Il existe à l'appui de cette assertion, des témoignages lapidaires tels que le doute ici n'est plus possible. Toutefois, en substituant leur culte à celui des Druides, les Romains se gardèrent bien de froisser le sentiment religieux de nos pères, et, tout en élevant un temple sur le Mont Anis, ils eurent bien soin de respecter la grande pierre du dolmen qui s'y trouvait alors et qui s'y trouve encore aujourd'hui à peu de distance de son emplacement primitif. Car elle est toujours là, la grande table de l'autel druidique : respectée par les Romains elle l'a été également par les chrétiens, pour qui elle est devenue la pierre sacrée, la pierre aux guérisons et aux miracles. Seulement, ce vieux dolmen qui a toute une histoire, a subi certaines vicissitudes qu'il importe de faire connaître ici :

Primitivement, la pierre druidique se trouvait placée au pied du maître-autel. Elle y resta longtemps ; mais on finit par l'éloigner, parce que les nombreux malades qui venaient s'y coucher pour être guéris, troublaient le service religieux. On la transporta alors du côté de l'Evêché, derrière le Jubé, aujourd'hui disparu, qui coupait l'intérieur de la Cathédrale en deux. C'est là que la foudre la brisa un jour en quatre morceaux formant une croix. Ce coup de foudre eut quelque chose de mystérieux et de surnaturel qui frappa alors tous les esprits d'une religieuse terreur.

L'historien Vincent de Beauvais raconte, à ce sujet, qu'un archevêque de Lyon, dont il ne nous a pas conservé le nom, se trouvait au Puy lorsque le tonnerre tomba sur la Cathédrale et brisa la pierre druidique. Il ajoute que cet archevêque, racontant ensuite ce fait à un religieux dominicain, lui disait : « Cet effroyable coup de tonnerre produisit un si horrible fracas que toute la ville en demeura plusieurs jours dans l'effroi... J'en étais moi-même tout terrifié, et je me demande encore comment il peut se faire qu'un lieu si renommé par les faveurs du ciel, et que les Sarrasins eux-mêmes ont honoré de leurs présents, ne l'instrument de la colère divine, que l'effet des causes naturelles ».

Le religieux répondit à l'archevêque qu'il avait appris, par expérience, que ces chutes du tonnerre, sur les églises, étaient souvent un châtiment de Dieu qui voulait purifier ainsi, par le feu, les péchés commis dans ses sanctuaires. Or, la suite justifia bien cette opinion du religieux dominicain ; car quelque temps après, le môme archevêque de Lyon, ayant fait un second voyage à Notre Dame du Puy, engagea l'évêque, qui gouvernait alors cette église, à venir avec lui visiter, au monastère de la Séauve-Bénite, une religieuse célèbre par sa sainteté, que la sainte Vierge avait guérie d'un mal incurable, et qui avait coutume de tomber, tous les samedis, dans de longues extases où Dieu se plaisait à lui dévoiler les mystères les plus cachés. Cette religieuse cistercienne, nommée Marguerite de la Séauve, dont la canonisation est en ce moment pendante en cour de Rome, interrogée par l'archevêque sur la cause de cette épouvantable chute de tonnerre, dont il avait été témoin au Puy, déclara que cet événement était la punition d'un grand péché commis par deux pèlerins dans le sanctuaire de Notre Dame ; ce que l'évêque du Puy confirma aussitôt, en assurant que le fait en question lui avait été dévoilé par l'aveu même des coupables. Grand exemple qui montre bien quels sentiments et quelle pureté la sainte Vierge exige de tous ceux qui pénètrent dans son temple.

Après que la pierre druidique eût été ainsi brisée et purifiée par le feu du ciel, les malades continuèrent à venir s'y coucher comme par le passé, surtout dans la nuit du vendredi au samedi.

Depuis les dernières restaurations de la Cathédrale, la miraculeuse pierre sert de marchepied à l'autel de Marie qui se trouve sous le milieu de la Cathédrale, sur le palier qui fait suite à la cent deuxième marche du grand escalier. Cette pierre, malgré ses dimensions énormes, n'est cependant que le quart de l'ancien dolmen druidique. Les trois autres parties disparurent lors des divers remaniements que subit la basilique vers la fin du siècle dernier, sous l'épiscopat de Mgr de Galard. Tel quel, cependant, le fragment qui nous reste n'en est pas moins digne de respect et de vénération. Autrefois, et naguère encore, le pèlerin qui gravissait les degrés de la sainte Basilique, ne manquait jamais de s'agenouiller pieusement sur ce dolmen et même de le baiser dévotement. Cet hommage se comprend, et nous regrettons que l'usage s'en soit perdu ; car, pareil au grand peulvan gaulois, surmonté d'une croix, que l'on trouve enchâssé sur le devant du portail de la Cathédrale du Mans, notre vieux dolmen, christianisé et sanctifié par l'apparition de la sainte Vierge au Mont Anis, est devenu le témoignage irrécusable et impérissable de la victoire remportée par le Christianisme sur l'idolâtrie en Velay.

Cette victoire ne devint, chez nous, définitive qu'au quatrième siècle, entre 350 et 380. A cette époque, le déclin des institutions romaines, l'envahissement de nos contrées par les bandes allemaniques, sous la conduite de Crocus, et, par suite, la ruine de Ruessium, déterminèrent les autorités vellaves à venir se réfugier sur le Mont Anis, dont la défense était très facile à assurer. C'est alors que saint Vosy transféra le siège de l'évêché des Vellaves de Saint-Paulien au Puy. Alors aussi le Christianisme triomphant détruisit le temple païen du Mont Anis. La plupart des débris, provenant de cette destruction, sont restés enfouis dans le sol d'où l'on en a exhumé beaucoup. D'autres, en assez grand nombre, ont été employés aux fondations et aux constructions de la Basilique de Notre Dame.

Les traditions religieuses locales nous ont conservé un souvenir bien précieux au sujet du renversement, par le Christianisme, du temple païen du Mont-Anis. Il y avait autrefois, dans notre ville, près de l'antique église de Saint Vosy, proche le Grand Séminaire actuel, une grande croix dont le piédestal, extrêmement remarquable et tout recouvert de figures d'animaux, remontait à une très haute antiquité. Or, chaque année, au jour de la Dédicace de Notre Dame, le clergé de la Cathédrale se rendait solennellement en procession à cet endroit, pour célébrer la victoire de la religion chrétienne sur le paganisme. Arrivé devant la croix, un petit enfant de choeur montait sur le piédestal et sonnait trois fois d'un cor de chasse en terre cuite, par allusion aux prêtres des faux dieux qui, du haut du rocher de Corneille, sonnaient du cor pour convoquer à leurs sacrifices, nos ancêtres idolâtres. Cela fait, l'enfant de choeur brisait et jetait à terre son instrument pour marquer que le paganisme était entièrement détruit.

Mentionnons encore, en finissant, un dernier souvenir qui a trait au sujet qui nous occupe. Quelques années avant la grande Révolution, Mgr de Galard, qui avait recueilli au Puy une grande quantité d'inscriptions et de bas-reliefs antiques, provenant des murs de la vieille église de Saint Vosy qui avait été construite en grande partie avec des débris de monuments romains, les fit transporter dans le parc du château épiscopal de Monistrol, où il en forma une sorte de petit temple sur le fronton duquel il avait fait mettre ces vers :

 

« Cessez, folles erreurs ! idoles, temple, autel,

Que tout croule et s'abîme aux pieds de l'éternel ! »

 

Il ne reste plus de trace aujourd'hui de ce précieux édicule. La Révolution détruisit tout : le petit temple, les pierres antiques et la pieuse inscription. Mais ce fait, rapproché des autres que nous venons de rapporter, prouve bien qu'il y avait un temple païen sur le Mont Anis, avant que la sainte Vierge y apparût.

 

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Prière

 

Notre Dame du Puy, priez pour nous ! Ô Marie ! Ce n'est pas une de vos moindres gloires que celle d'avoir triomphé du paganisme dans nos contrées. Mais, hélas ! Ce paganisme renversé, il y a dix-huit cents ans, par votre culte et celui de votre divin Fils, tend à reparaître aujourd'hui plus coupable, plus vivace et plus puissant que jamais !

Paganisme dans les mœurs ! Paganisme dans l'instruction et dans l'éducation ! Paganisme dans la loi civile ! Paganisme dans la famille et dans la société, c'est une résurrection complète de l'ancien monde païen, où le mal régnait en maître, et où le bien n'était plus qu'un vain mot ! Ô Marie, prenez en pitié ceux qui détruisent en France l'oeuvre dix-huit fois séculaire de votre divin Fils. Il avait converti la France par ses apôtres, et vous l'avait ensuite donnée en héritage et en royaume : convertissez-là à votre tour, et rendez-la lui repentante et plus chrétienne que jamais !

À ceux qui renient Jésus-Christ et qui vous renient avec lui, ô Marie, obtenez la même grâce qu'à saint Pierre le renieur, dont Dieu fit le chef de son Eglise.

Aux furieux qui blasphèment et persécutent la religion, procurez, ô Marie, la même grâce de conversion qu'à Saul, dont la miséricorde divine daigna faire le grand saint Paul.

Des libertins et des adultères, faites comme Jésus d'autres Madeleines et d'autres Augustins, d'autres Thaïs et d'autres Marie l'Egyptienne. Que les très pures ardeurs de l'amour de Dieu remplacent dans tous les coeurs corrompus, les flammes de l'impudicité.

De tous ceux enfin, si nombreux aujourd'hui, que perd la fièvre de l'or et l'amour de l'argent, faites des hôtes et des amis de Jésus, comme il fit du publicain Mathieu et du publicain Zachée. En un mot, ô Marie, convertissez notre patrie et rendez-là de nouveau le soldat et l'apôtre de Jésus-Christ.

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous. Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

  

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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1 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Deuxième jour

De l'amour de Dieu et de la sainte Vierge pour les montagnes,

et du miracle par lequel le Mont Anis fut désigné pour servir d'emplacement à l’Église de Notre Dame du Puy

 

Bien que toute la terre appartienne au Seigneur qui l'a faite, et qu'il la remplisse toute entière de sa présence et de son immensité — Domini est terra et plenitudo ejus—il est cependant des lieux choisis qu'il aime et où il se manifeste de préférence aux autres. Ces lieux sont généralement des montagnes. La raison de ce choix est facile à comprendre : Dieu aime par-dessus tout la pureté ; or, on trouve comme un sentiment de pureté morale répandu sur ces hauteurs que le pied de l'homme souille rarement, au milieu de ces plantes qui ne fleurissent que pour embaumer la solitude. David avait vu de près les sommets du Liban quand il s'écriait : « Le Seigneur est admirable sur les lieux hauts ! Mirabilis in altis Dominus ». Il est certain, en effet, que la corruption du péché atteint moins les sommets solitaires des montagnes que le reste de la terre, Sur la croupe des monts, la nature est vierge pour ainsi dire ; l'air y est plus pur, les fleurs plus simples et plus suaves ; je ne sais quoi de tranquille et de recueilli règne sur les hauteurs, et fait que l'on se sent plus près de Dieu, plus près du ciel… C'est pour cela que le psalmiste s'écrie : Deus… in altis habitat, Dieu habite de préférence les hauteurs — Altitudines montium ipsius sunt. Les sommets des montagnes sont plus particulièrement à lui, dit-il encore. Enfin, il en fait l'escabeau de ses pieds, ajouterons-nous, en empruntant le langage de la sainte Ecriture.

Aussi, voyons-nous dans l'ancien comme dans le nouveau Testament, Dieu se manifester toujours de préférence sur les montagnes : c'est sur les monts d'Arménie que s'arrêta l'arche après le déluge, requievit arca super montes Armenioe. C'est sur une montagne que Noë offrit à Dieu le premier sacrifice d'action de grâces ; c'est sur la montagne de la vision qu'Abraham reçut l'ordre d'immoler son fils, auquel, par un second ordre divin, il substitua une autre victime, symbole du Christ qui devait s'immoler en ces lieux ; c'est sur le mont Sinaï que Dieu donna la loi à son peuple. C'est des hauteurs du mont Nebo que Moïse jette un regard sur cette terre promise dont l'entrée ne devait pas lui être accordée, et c'est là qu'il rend son dernier soupir ; c'est sur le Carmel que priait le prophète Elie ; c'est sur le sommet des monts que Jérémie faisait entendre ses lugubres lamentations, c'est là aussi que la fille de Jephté allait pleurer sa mort imminente et prématurée. Enfin, c'est sur la cime du mont Moriah que s'élevait le temple fameux de Jérusalem ; c'est sur la colline de Sion qu'habitait le saint roi David ; et c'est sur le mont Garizim que se dressait le temple de Samarie.

De même, dans le nouveau Testament, c'est du haut d'une montagne que Notre-Seigneur Jésus-Christ prononça le sermon des Béatitudes, fondement de la perfection évangélique ; c'est sur le Tabor qu'il découvrit quelques rayons de sa gloire ; c'est sur le plus haut des monts de Galilée qu'il nomma ses apôtres ; c'est sur le mont des Oliviers qu'il avait coutume d'aller prier seul ; c'est sur la montagne de Sion qu'il institua l'adorable sacrement de l'Eucharistie ; enfin, c'est sur le Calvaire qu'il daigna se laisser crucifier pour nous racheter.

Cet attrait pour les montagnes, qui éclate si visiblement en Dieu le Père et en Notre Seigneur Jésus-Christ, n'est pas moins prononcé chez la sainte Vierge. En effet, cette très pure et très blanche colombe se complaît, elle aussi, dans le voisinage des rochers et des torrents ; elle aime les forêts suspendues au flanc des montagnes, les dentelures sévères qui découpent l'horizon, les teintes roses et les ombres bleues dont le soleil couchant colore les pics lointains recouverts de neige. Aussi, remarque-t-on que la plupart des sanctuaires établis en l'honneur de la mère de Dieu, se trouvent également sur des montagnes. Pour ne parler que de la France, Notre Dame de Lourdes, Notre Dame de la Salette, Notre Dame du Laus, Notre Dame de Rocamadour, Notre Dame de la Garde, Notre-Dame de Fourvières, sont toutes situées sur des hauteurs. Il ne pouvait en être autrement de Notre Dame du Puy, le pèlerinage le plus ancien, le plus célèbre et le plus vénéré de la France entière. Aussi, c'est sur le Mont Anis que la sainte Vierge a voulu être honorée dans le Velay, dès le premier siècle du christianisme. Voici ce que la légende nous rapporte à ce sujet :

Une pieuse veuve qui avait été baptisée par saint Front et qui habitait dans les environs de Ruessium, un lieu appelé Vila, près la rivière de Borne, souffrait depuis longtemps d'une fièvre qu'aucun remède ne pouvait guérir. N'obtenant pas de soulagement de la part des hommes, elle s'adressa à la sainte Vierge qui lui fit entendre ces paroles : « Levez-vous, ma fille, du lit où vous ne sauriez trouver la santé, et allez la chercher sur le Mont-Anis où elle vous sera rendue ». Docile à cette voix, la malade se fit aussitôt porter par ses domestiques au lieu indiqué. En y arrivant, elle remarqua une grande pierre noire et carrée en forme d'autel sur laquelle elle se reposa et s'endormit. Durant son sommeil elle vit une troupe d'anges entourant une Dame rayonnante de clartés, et vêtue d'habits royaux. Troublée d'abord à cette vue, mais bientôt rassurée, elle s'enhardit à demander qu'elle était cette reine : « C'est, répondit un des esprits célestes, l'auguste Mère du Sauveur, qui, entre tous les lieux du monde, s'est choisi spécialement cet endroit, pour y être servie et honorée jusqu'à la fin des siècles ; et afin que vous ne preniez pas ce que vous voyez pour un vain songe, sachez que la guérison que vous désirez vous est accordée ». A ces mots, la vision disparut au milieu d'une douce harmonie, et la malade se réveilla dans toute la vigueur de la santé.

Son premier soin, comme on le pense, fut d'aller trouver saint Georges pour lui faire part du miracle qui venait d'avoir lieu. À cette nouvelle, le saint Evêque accourt sur le Mont Anis ; mais quel n'est pas son étonnement de voir le sommet de ce mont, qui formait un petit plateau, entièrement couvert de neige, quoiqu'on fût alors au 11 juillet, et qu'il fit extrêmement chaud. Ce n'est pas tout : sous les yeux du saint émerveillé, voici qu'un cerf s'élance tout à coup dans la neige, et trace ainsi, dans sa course rapide, l'enceinte d'une église, dont Georges, inspiré d'en haut, prédit dès lors la gloire future. Mais trop dénué de ressources ou trop occupé alors pour élever l'édifice sacré, il se contente d'entourer l'enceinte d'une haie d'aubépine. Le lendemain la neige avait disparu, et, autre miracle peu connu, l'aubépine en fleur s'épanouissait sur la montagne comme une couronne virginale.

Le bruit de ces prodiges parvint bientôt jusqu'aux oreilles de saint Martial, qui évangélisait les pays voisins. L'apôtre de l'Aquitaine voulut à son tour visiter la montagne bénie. Il désigna la place de l'autel, et, en souvenir de son pèlerinage, il laissa, comme relique, un soulier de la sainte Vierge, qui se voit encore aujourd'hui dans le trésor de la Cathédrale. Les deux apôtres ne tardèrent pas à se séparer. Saint Georges, adonné tout entier au salut des âmes, étendit dans tout le Velay les conquêtes de la Foi, et le nombre des chrétiens dans notre pays s'éleva bientôt à plus de quinze mille. Épuisé de fatigues et accablé par l'âge, le saint Evêque vint enfin mourir à Ruessium, l'an 84 de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C'en était fait : le pèlerinage du Mont Anis était désormais fondé !

 

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Prière

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous. Ô Marie, que de belles choses nos chroniques racontent de vous ! Gloriosa dicta sunt de te, o Maria ! Ah ! Nous comprenons la dévotion et la piété de nos pères envers vous ! Nous voulons désormais vous aimer et vous vénérer comme eux ! Oui, comme eux, nous lèverons souvent nos regards du côté de votre montagne sainte pour implorer votre secours et demander votre protection : levavi occulos meos ad montes, unde veniet auxilium mihi ! Le lieu où vous avez daigne apparaître est une terre sainte : terra sancta est ! Le sanctuaire que l'on vous y a élevé est véritablement la maison de Dieu et la porte du ciel : hic est Domus Dei et porta coeli ! Nous désirerions pouvoir y faire notre demeure habituelle. Mais, ne pouvant en gravir les degrés aussi souvent que nous le voudrions, nous y viendrons du moins bien souvent épancher, en esprit, notre prière et notre coeur aux pieds de votre autel ! Puissions-nous en retour, ô Marie, voir s'ouvrir un jour devant nous ce beau Paradis, dont vous êtes la porte mystérieuse ! Janua coeli, ora pro nobis ! Porte du ciel priez pour nous ! Ainsi soit-il !

 

Regina Vellaviae, ora pro nobis !

Reine du Velay. priez pour nous.

 

Salve Regina

  

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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30 avril 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Premier jour

Comment le Christianisme et le culte de Marie s'introduisirent dans le Velay

 

Quarante-cinq ans après l'incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sous le règne de l'empereur Claude, saint Pierre, qui depuis deux ans avait transporté son siège d'Antioche à Rome, envoya plusieurs de ses disciples prêcher la foi dans les Gaules. Voici, tels que la tradition nous les a conservés, les noms et la destination de quelques-uns d'entre ceux qui vinrent alors évangéliser la France, et y furent nos Pères dans la foi : Saint Martial fut envoyé à Limoges, saint Denis à Paris, saint Julien au Mans, saint Sixte à Reims, saint Trophime à Arles, saint Savinien à Sens, saint Saturnin à Toulouse, saint Austremoine à Clermont, saint Front à Périgueux et saint Georges au Velay.

Saint Georges et saint Front partirent ensemble pour se rendre au lieu de leur mission. Mais au bout de trois jours de marche, comme ils approchaient de la ville de Bolsena, ville de Toscane, qui tirait son nom du lac sur les bords duquel elle était située (1), saint Georges fut saisi par une maladie soudaine qui le fit mourir presque subitement.

Désolé d'avoir ainsi perdu son frère et son compagnon de route, saint Front, après avoir rendu les derniers devoirs à saint Georges, revient en toute hâte sur ses pas, et va retrouver saint Pierre à qui il raconte en pleurant le triste début de son voyage :

« Ne pleurez plus, mon fils, lui dit saint Pierre, il n'y a point de mal en tout cela : Dieu n'a permis ce trépas que pour sa gloire et pour la conversion d'un grand nombre d'âmes. Comme assurance de ce que je vous dis, prenez mon bâton pastoral, allez-le poser sur la tombe de votre compagnon, et dites : « Georges, serviteur du Dieu vivant, au nom de Jésus et de la part de Pierre, son vicaire en terre, je vous adjure de quitter présentement le tombeau où vous êtes, afin que votre âme, ayant rejoint son corps, vous puissiez achever le voyage que vous avez commencé ». A ces simples paroles et au contact de ce bâton, Georges ressuscitera certainement, ajouta saint Pierre, et vous pourrez aller de compagnie illuminer de la clarté de l’Évangile, maintes pauvres âmes, qui, parmi les Gaules, croupissent dans les ténèbres de l'idolâtrie ».

Tout joyeux de cette réponse, saint Front reçut le bâton de l'apôtre saint Pierre et revint en toute hâte, au lieu où le corps de saint Georges gisait inanimé. Une grande multitude d'infidèles des deux sexes s'était réunie là pour voir ce qui allait advenir. Alors, en présence de tous ces spectateurs, saint Front s'approche du tombeau, y dépose le bâton de l'apôtre, et, invoquant le nom de Jésus-Christ, commande au mort de ressusciter. Soudain, au contact du bâton apostolique, et à l'invocation du nom de Jésus-Christ, Georges, comme un autre Lazare, sort du tombeau plein de vie et de santé. Aussitôt la multitude pousse des cris de triomphe en l'honneur du Christ ; à la vue d'un tel miracle, un grand nombre d'infidèles se convertissent au Seigneur, et saint Front eut le bonheur d'administrer le baptême à plusieurs milliers d'idolâtres.

La moitié du bâton miraculeux de saint Pierre, dont il est ici question, se conservait encore au dix-septième siècle, dans l'église collégiale de Saint-Paulien, où le P. Odo de Gissey assure l'avoir vue et maniée souvent. Ce bâton paraît avoir été, dans cette église, l'objet de la vénération des fidèles jusqu'en 1793. Après le rétablissement du culte, il fut remis à M. le curé de Saint-Paulien, qui le donna ensuite aux Dames de l'Instruction du Puy, qui le possèdent encore aujourd'hui. Quant à l'autre moitié du bâton apostolique que possédait autrefois l'église de Périgueux, il paraît qu'elle est malheureusement perdue.

Cependant, après avoir instruit et évangélisé pendant quelque temps leurs nouveaux disciples, nos deux saints reprirent bientôt leur chemin vers les Gaules, traversèrent les Alpes et arrivèrent enfin à la capitale du Velay, qu'on appelait alors Ruessium et qu'on nomme aujourd'hui Saint-Paulien. Là, saint Front convertit d'abord une dame veuve qui habitait dans les environs de la ville et que l'on croît être la veuve d'un des premiers seigneurs de Polignac. Cette néophyte fut bientôt imitée par toute sa famille, et, de proche en proche, les conversions se multiplièrent à tel point, qu'au bout d'un an le pays comptait déjà plusieurs milliers de chrétiens. Mais, sur ces entrefaites, saint Front dut se séparer de saint Georges pour aller à Périgueux, qui était le lieu que saint Pierre lui avait spécialement assigné pour mission.

Saint Georges, resté seul au Velay, s'adonna avec le plus grand zèle à la conversion des idolâtres. Partout où il trouvait l'occasion de se faire entendre, dans les rues, sur les places publiques et jusque dans l'enceinte du prétoire où l'on rendait la justice, partout il prêchait courageusement la parole de Dieu. Et le Saint-Esprit donnait à sa parole une éloquence si persuasive, son accent de foi touchait et convainquait si bien les âmes, qu'en peu de temps il eut baptisé un grand nombre d'idolâtres.

Cela ne faisait pas l'affaire du démon qui, jusqu'alors, avait régné sans partage sur cette contrée. On vint dire au gouverneur de la ville qu'un étranger assemblait partout le peuple et lui prêchait une doctrine inconnue, qui ne tendait à rien moins qu'à combattre et à détruire la doctrine établie dans le pays. Le gouverneur, ayant voulu se rendre compte par lui-même de ce qu'on lui avait rapporté, fut si offensé de la liberté toute évangélique avec laquelle saint Georges prêchait la doctrine chrétienne, qu'il incita le peuple à lui faire un mauvais parti. Aussitôt la populace se rue contre le pauvre saint, les insultes et les coups de pierre pleuvent sur lui ; on s'empare de sa personne, on le renverse à terre, on le foule aux pieds et on l'eût cruellement mis à mort, si sa patience et sa douceur merveilleuses n'eussent fini par déconcerter et par apaiser la rage de tous ces forcenés. Vaincus par sa mansuétude et sa résignation, ils lui font grâce de la vie et lui rendent la liberté. Alors, Georges, s'armant du signe de la Croix, pénètre dans un temple païen dédié au Soleil et devant lequel avait eu lieu la scène que nous venons de raconter. La multitude l'y suit avec précipitation. Mais à peine le saint eût-il mis le pied dans le temple, que les démons invisibles, dont ce lieu était rempli, se mirent à pousser des cris et des hurlements épouvantables. Mais Georges, s'armant alors du signe de la Croix, commanda à tous les démons qui étaient là de quitter immédiatement les statues qu'ils occupaient. Aussitôt on vit se détacher, des statues qui ornaient le temple, d'horribles ombres noires qui jetaient des flammes par la bouche et par les yeux, et rugissaient comme des lions au grand épouvantement de tout le peuple qui se serait enfui, si le saint n'eut ordonné à tous ces méchants esprits de rentrer immédiatement dans les abîmes de l'enfer. On entendit alors un fracas épouvantable, pareil à celui d'une montagne qui s'écroule. C'était le bruit que tous ces monstres infernaux faisaient en disparaissant et en rentrant dans leurs demeures.

Terrifiés par tout ce qu'ils venaient de voir, en même temps que touchés par la grâce de Dieu, les prêtres des idoles et tous les païens qui étaient là se jetèrent aux pieds du saint, lui demandèrent pardon de tous les mauvais traitements qu'ils lui avaient fait subir, et lui protestèrent qu'ils voulaient renoncer à leurs erreurs et embrasser la foi chrétienne. Ce qu'ils firent, en effet. Saint Georges les catéchisa, leur administra le baptême, et après avoir purifié le temple d'où il venait de chasser les Démons, il le dédia au service du vrai Dieu, sous le nom et en l'honneur de l'auguste Reine du ciel. C'est ce temple qui fut connu depuis à Saint-Paulien sous le nom de Notre-Dame du haut Solier.

Telle fut l'introduction du culte de Marie dans les montagnes du Velay. Un antique sanctoral de l'église angélique de Notre-Dame du Puy porte ces belles paroles : « A genoux ! peuple du Velay, honore Marie, la mère de Dieu, que Georges, ton premier pasteur, t'apprit à révérer ! » Pour répondre à cette pieuse invitation, tombons à genoux, et remercions Jésus et Marie de la grâce qu'ils firent au Velay, il y a dix-huit siècles, par le ministère de saint Georges !

 

(1) Le lac de Bolsena, près de la ville de ce nom, est à une centaine de kilomètres de Rome. Il mesure quinze kilomètres de long sur dix de large, et envoie, par la Marta, ses eaux dans la Méditerranée.

 

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Prière à Jésus et à Marie

 

O Jésus qui, entre toutes les nations de la terre, avez daigné choisir la France pour l'appeler, l'une des premières, à la connaissance et à l'amour de votre nom, gardez toujours à notre chère Patrie cette vieille foi catholique, grâce à laquelle elle fut si longtemps la première nation du monde. Ne permettez titre de soldat de Dieu et de fille aînée de l’Église ! Qu'elle ne cesse point de justifier son antique devise : « Vivat Christus, qui diligit Francos ! Vive le Christ qui aime les Francs ! » Et puis qu'entre toutes les autres provinces de France, la province du Velay a eu le bonheur et l'insigne honneur, ô Jésus ! de vous connaître et de vous aimer une des premières, faites aussi qu'elle vous garde toujours son cœur et sa foi ! Oui, que votre nom et celui de votre sainte Mère, soient à jamais bénis et honorés dans nos montagnes et par toute la terre, comme ils sont bénis et honorés dans le Ciel !

Et vous, ô Marie, qui avez été également aimée et vénérée en France dès les temps apostoliques, n'abandonnez pas non plus notre chère Patrie. Malgré toutes ses fautes et toutes ses erreurs, nulle nation au monde vous aime et vous honore comme elle : voyez, nos villes et nos campagnes sont toutes parsemées de vos chapelles et de vos statues. Il n'est pas une seule de nos habitations où votre douce image ne préside et ne soit en honneur. Il n'est pas non plus une famille où votre nom béni ne soit pieusement invoqué ou dévotement porté... O Marie, non, la France n'a pas cessé de vous aimer ; elle vous aime encore, elle vous aimera toujours, et notre Patrie, malgré tout, ne cessera jamais d'être votre royaume, Regnum Galiae, regnum Mariae ! Mais, entre toutes les contrées de notre chère France, il en est une, ô Marie, bien petite en étendue, mais infiniment riche en cœur, et qui surpasse toutes les autres en amour et en vénération pour vous. Cette contrée, c'est le Velay ! Bénissez cet humble petit coin de terre, ô Vierge immaculée ! Gardez-lui votre amour et votre pendant ce mois, comme pendant toute la vie, régnez toujours dans le cœur de ses habitants.

 

Regina Vellaviae, ora pro nobis !

Reine du Velay. priez pour nous

 

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Salve Regina

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ;

ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre douceur et notre espérance, salut !

Nous élevons nos cris vers vous, pauvres exilés que nous sommes et malheureux enfants d'Eve nous soupirons vers vous,

gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Céleste avocate, tournez donc vers nous vos regards miséricordieux, et après l'exil de cette vie,

montrez-nous enfin, Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô compatissante, O douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

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30 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Trente-et-unième jour

Patronage de la bienheureuse Vierge Marie sur l'Ordre de saint Dominique

(La fête du Patronage de la bienheureuse Vierge Marie sur l'Ordre a été autorisée en 1725, par Benoît XIII et se célèbre le deuxième Dimanche de novembre)

 

« Heureux enfants d'une adoption si tendre, aimons Celle qui est digne de tout amour, Marie, notre Mère, la Mère de Jésus, cette divine plante sur laquelle a été cueillie l'adorable fleur de l'éternité, le Fils unique de Dieu, dont l'odeur délicieuse embaume le ciel ». (Méditations sur la vie des saints et des bienheureux de l'Ordre de saint Dominique).

 

I. Combien il est doux et consolant pour nous, le souvenir de ce jour mémorable et mille fois béni, où Marie, voulant donner à notre glorieux Père l'assurance de sa protection maternelle, lui apparut, bénissant tous ses enfants endormis, et lui dit : « Je suis Celle que vous invoquez tous les soirs. Lorsque vous dites : « Eia ergo, Advocata nostra » ; je me prosterne devant mon Fils pour la conservation de cet Ordre ! »

Puis, comme si cette magnifique promesse n'eût pas suffi à l'immensité d'amour dont son coeur débordait pour son fidèle serviteur, elle voulut recevoir de Jésus lui-même le dépôt sacré et précieux des enfants de Dominique : « J'ai confié ton ordre à ma Mère », dit Notre Seigneur au saint Patriarche ravi au Ciel ; en même temps, il lui montra sous le manteau de la Reine du ciel une multitude de ses fils et de ses filles.

Aussi Notre Seigneur Jésus ayant révélé à notre bienheureux Père l'heure si désirée de son départ pour le ciel, il pria la très Sainte Vierge avec larmes, lui disant : « Marie, Reine du ciel, écoutez la prière que je vous fais : je me confie à Vous, parce que je sais que Vous êtes toute-puissante auprès de Dieu ; prenez sous votre protection mes frères, que j'ai élevés sous l'abri de mon scapulaire ; cachez-les et défendez-les sous l'étendard de votre manteau royal ; conduisez-les et soutenez-les, de peur que l'ancien ennemi n'ait aucun avantage sur eux et ne ruine cette vigne nouvelle que j'ai plantée par la droite de votre divin Fils ; car quelle autre chose, très douce Dame, ai-je voulu représenter par ce petit habit qui leur couvre la poitrine et les épaules, sinon le double esprit dans lequel je les ai nourris, les portant nuit et jour à servir Dieu en toute humilité et tempérance ? Je priais aussi pour eux, afin qu'ils ne désirassent rien de ce monde qui pût, ou déplaire à Dieu, ou obscurcir près des hommes l'éclat de leur piété et de leur modestie. À présent donc que le temps de ma récompense approche, je vous remets mes enfants, afin que vous les receviez et les adoptiez pour les vôtres, et daigniez les supporter comme une bonne et tendre Mère ».

La très Sainte Vierge répondit à cette affectueuse prière : « Mon cher ami Dominique, parce que vous m'avez aimée plus que vous-même, je prends vos enfants sous mon grand manteau pour les défendre et les conduire, en sorte que tous ceux qui persévéreront dans l'observance de votre règle seront sauvés. Mon grand manteau n'est autre chose que ma miséricorde, que je ne refuse à aucun de ceux qui la demandent fidèlement, et dans le sein de laquelle je reçois tous ceux qui la cherchent ». (IIIe Livre des révélations de sainte Brigilte, ch. XVII).

Ce fut ce colloque entre la très Sainte Vierge et le saint Patriarche mourant qui donna lieu aux admirables paroles qu'il adressa au moment de son agonie à ses Frères, et les remplit de consolations.

Marie fut fidèle à la promesse faite à son fidèle serviteur, elle versa sans cesse sur son Ordre une multitude de grâces, et qui essayerait de les énumérer devrait rappeler en même temps la vie de tous les saints et bienheureux qui ont vécu sous la règle et l'habit de notre saint Patriarche. Il n'en est aucun, en effet, qui n'ait aimé Marie comme une Mère, et qui n'ait reçu des marques signalées de sa protection.

Saint Dominique avait pris dans une affection toute particulière le Vénérable Père Paul de Venise, à cause de ses admirables vertus et de sa grande ferveur. Il l’envoya un jour prêcher avec un autre religieux aussi jeune que lui ; la supérieure d'un monastère où ils se présentèrent pour être logés par charité, jugea que la parole de Dieu ne pouvait avoir une grande efficacité dans la bouche d'hommes aussi jeunes, et elle les méprisa ; mais la nuit suivante, elle en fut sévèrement reprise par la Sainte Vierge elle-même, qui lui fit connaître que ces religieux et tous ceux de leur Ordre étaient sous sa protection, et que Dieu, qui s'était servi du jeune Daniel pour corriger le jugement des deux vieillards de Babylone, saurait bien donner le don d'éloquence à ces religieux qui, dans leur jeunesse, renonçaient si généreusement au monde et pratiquaient la perfection la plus sublime ; que c'étaient là proprement ses enfants, et qu'elle se gardât bien d'en avoir une opinion si indigne. La religieuse se repentit de son jugement précipité, et le lendemain fit à ses hôtes l'accueil le plus charitable et le obligeant qu'il lui fut possible. Au moment de la mort de ce jeune religieux, il plut à Notre Seigneur de faire connaître combien sa vie lui avait été agréable, et la récompense qu'il lui destinait.

Un Frère Prêcheur, envoyé chez les Cumans, craignait qu'un tel voyage ne fût inutile à lui-même autant qu'à ce peuple, et troublé dans son âme, il conjura un saint religieux Cistercien d'intercéder en sa faveur près de Dieu. Le religieux, ému de compassion, passa la nuit suivante en prières, et il eut une vision. Il lui semblait voir un grand fleuve, sur le fleuve un pont, et des religieux de divers Ordres passaient le pont, l'allégresse au visage; mais, seuls, les Frères-Prêcheurs, au contraire, luttaient au sein du fleuve, essayant de le franchir à la nage, et chacun d'eux traînait un char couvert d'hommes. Quelques-uns défaillaient sous l'excès de la fatigue ; mais aussitôt la bienheureuse Vierge Marie s’inclinait vers eux, et les soutenant de la main, les conduisait au rivage. Là, Elle les accueillait, ainsi que ceux qu'ils avaient sauvés, et les conduisait tous, ivres de joie, dans des lieux d'une ineffable beauté. Le Cistercien fit part de cette vision au dominicain tenté, qui partit aussitôt pour remplir sa mission. Il comprit que les Frères voués au salut du monde, devaient affronter des travaux plus rudes que ceux des religieux occupés uniquement à leur propre salut ; mais que ces travaux, plus féconds en fruits, gardaient à l'âme d'inénarrables joies, et que la bienheureuse Vierge les partagerait (Vitæ fratrum, lib. I, cap. VI).

 

II. Marie est la mère de tous les chrétiens ; mais Elle est en particulier la mère des Frères Prêcheurs qu'elle a enfantés, nourris, élevés, revêtus, protégés, institués héritiers du saint Rosaire. Ne craignons donc ni pour nous ni pour notre maison, c'est-à-dire pour notre famille spirituelle le grand froid, la neige, ou le souffle glacial du monde et de l'enfer ; car Marie nous a couverts d'un double vêtement, qui est notre scapulaire. Elle a donne' une riche ceinture aux Cananéens, c'est-à-dire le très Saint Rosaire aux Frères Prêcheurs, qui font le commerce des âmes, comme les Cananéens faisaient celui des étoffes précieuses.

Marie a présidé à la naissance de cet Ordre ; Elle en a béni les accroissements, multiplié les rejetons, protégé tous les âges, et ne cessera, jusqu'à la fin des siècles, nous en avons la douce confiance, de conserver en lui, de renouveler, s'il est nécessaire, dans toute sa vigueur, cet esprit primitif du saint patriarche Dominique, sève abondante qui lui fait produire, depuis six siècles, les fruits savoureux qui font la joie des anges et les délices du ciel.

Amour donc ! Oui, amour sans bornes à Marie, la céleste Mère de l'Ordre de saint Dominique ! Amour à ce Lys prédestiné dont le suave parfum nous réjouit et nous fortifie ! Amour à la sainte rosée qui ranime notre âme épuisée, fatiguée par la lutte des passions ! Amour à celle que l'Église appelle l'Étoile du Matin, splendide avant-courrière du soleil de justice, dont le doux éclat nous guide dans notre voie aride ! Que les cieux et la terre chantent la Vierge Marie ! Que les flots bruyants de la mer, l'avalanche qui se détache du rocher avec le bruit du tonnerre, que les vents mugissants dans les grands sapins, joignent leur cantique aux nôtres ! Et toi, petit oiseau qui rases la terre, chante-la aussi bien que l'aigle majestueux qui s'envole vers le soleil ; car, par un prodige d'amour qui nous confond, nous savons que, pendant que des millions d'archanges chantent de cieux en cieux sa gloire, Marie prête une oreille maternelle aux plus humbles louanges de ses enfants, et c'est pour cela que, quoique je ne sois qu'une petite fauvette sans voix et sans mélodie, j'ai essayé de la chanter pendant ces trente et un jours !...

Ô douce Patronne, il s'est écoulé comme un jour ce mois passé à vos pieds bénis, et mon frêle esquif va quitter l'anse tranquille où il était amarré à votre ombre tutélaire, pour reprendre la pleine mer orageuse de la vie ; ah ! permettez qu'il ne s'éloigne que chargé des fruits des méditations et des exemples que mon âme a savourés pendant ce mois.

Sainte Protectrice de notre Ordre, soyez toujours mon phare lumineux ; souvenez-vous, Mère chérie, que je navigue au milieu des écueils, aidez-moi à diriger mon esquif ; que la prudence soit mon gouvernail, l'humilité et la charité mon lest, la soumission à la volonté de Dieu ma boussole, votre protection maternelle, Vierge sainte, mon ancre d'espérance; que malgré les dégoûts et les amertumes qui, comme une mer houleuse, inonderont souvent mon âme, la voile de ma patience ne se déchire jamais, et que, comme l'arche de Noé, je surnage toujours avec persévérance sur les grandes eaux de la tribulation, jusqu'au port du salut éternel. Amen.

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Ad majorem Mariae gloriam

 

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Fin du Mois de Marie Dominicain

 

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29 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Trentième jour

Marie, Reine des Martyrs

 

« La seule présence de Marie sur le Calvaire auprès de son Fils mourant, suffit pour nous montrer quel martyre Elle souffrit, et combien sa patience fut constante et sublime. Ce fut alors que par sa patience, Elle devint notre Mère et nous ses enfants à la vie de la grâce » (Saint Albert-le-Grand).

 

I. Marie n'était pas seulement auprès de la croix, les yeux noyés de larmes, et contemplant les blessures de son Fils, Elle s'y tenait debout !... Les rochers se brisent par morceaux, et Marie ne perd rien de sa force. Son cœur est comme une mer d'amertume dont les vagues montent jusqu'au ciel ; mais elle conserve son calme, résiste à la tempête et ne s'écarte en rien de la volonté du Seigneur. Toutefois cette conformité à la volonté divine ne l'empêche point de sentir une immense douleur quand elle jette les yeux sur son Fils adoré et souffrant. (Vénérable Louis de Grenade, Méditation sur la Passion).

Ah ! Vraiment, Vierge sainte, il n'y a pas de martyre semblable à votre martyre, parce que parmi les créatures, il n'y a pas d'amour semblable à votre amour !

C'est le souvenir de la Passion de Jésus et du martyre de Marie au pied de la croix qui a fait la force de tous les martyrs, et les a rendus supérieurs à la douleur.

Dès l'origine de l'Ordre de Saint Dominique, l'enfer qui prévoyait le grand nombre d'âmes qu'il lui arracherait, se rua sur lui avec tant de rage, que les documents officiels portent à 13 300 le nombre des martyrs de l'Ordre pendant le premier siècle de son existence. Les savants auteurs de l'ancienne Année Dominicaine comptent 26 000 martyrs pendant son quatrième siècle.

À Saint Dominique et à l'arme du Rosaire dont il se servit par l'inspiration de la très Sainte Vierge, appartient la gloire d'avoir perlé à l'hérésie des Albigeois un coup mortel ; mais il fut donné aux religieux de son Ordre d'en éteindre les dernières étincelles dans leur sang généreux. En vingt ans le seul couvent de Toulouse eut l'insigne honneur de fournir douze martyrs à la cause de Jésus-Christ et de sa très Sainte Mère. Les trois derniers furent Guillaume Arnaldi, Bernard de Rochefort et Garcias d'Aure.

Le Bienheureux Guillaume Arnaldi, connu par son zèle pour la foi et le culte de la Sainte Vierge, objet des blasphèmes des hérétiques, avait reçu du pape Grégoire IX l'ordre de s'opposer à leurs tentatives criminelles. Il s'acquitta de ce devoir avec une vigueur apostolique qui fit naître contre lui une haine farouche dans le cœur des sectaires. Un jour qu'il était venu avec Bernard de Rochefort et Garcias d'Aure et trois prêtres à Avignonnet, pour remplir les devoirs de son ministère, ils furent surpris par les perfides hérétiques dans l'église même du lieu. Ils furent massacrés pendant qu'ils chantaient le Te Deum qu'ils avaient entonné en action de grâces de ce qu'ils avaient été jugés dignes de recevoir la couronne du martyre. La cruauté des sectaires s'exerça surtout sur le Bienheureux Guillaume, qui fut criblé de blessures, et à qui les hérétiques arrachèrent cette langue qui avait si souvent proclamé les grandeurs de Marie et les avait si souvent confondus.

À la nouvelle de ce meurtre sacrilège, le pape Grégoire IX frappa d'interdit l'église où il s'était passé. Au bout de quarante années, les habitants, alors tous revenus à la foi catholique, envoyèrent des députés à Rome pour obtenir la levée de l'interdiction. Or, au jour même où cette grâce leur était accordée à Rome, on trouva à Avignonnet l'église miraculeusement ouverte, dès le matin, quoique la porte fût fermée avec d'énormes barres de fer ; et les cloches, muettes depuis si longtemps, sonnèrent d'elles-mêmes, sans aucune impulsion humaine, pendant toute une nuit et un jour.

À l'entrée de l'église, les habitants d'Avignonnet trouvèrent une magnifique statue de la Vierge Marie. La Mère de Dieu, outragée par les hérétiques, défendue par les saints martyrs, manifestait par cette apparition inexplicable et sa propre gloire et celle des intrépides défenseurs de son culte. Depuis lors, les Chrétiens du pays, pleins de reconnaissance pour ce bienfait de Marie, voulurent en perpétuer le souvenir par une fête annuelle, qui se célèbre le premier mardi de juin, et où on porte en triomphe l'image de la Reine du ciel.

Un grand nombre de personnes de toute condition viennent, à cette date, de tous les environs, et, un cierge à la main, parcourent en se traînant sur leurs genoux la nef de l'église jusqu'au tableau du maître-autel, qui représente la glorification des martyrs.

Arrivés là, les pieux pèlerins terminent leur pénible trajet, en baisant une petite image de la Sainte Vierge, que le prêtre leur présente. Cet acte porte le nom de Vœu ; il constitue une double réparation : l'une, envers Marie, horriblement blasphémée par les Albigeois ; l'autre, envers les sains martyrs, dont le sang a été si cruellement répandu dans le lieu même. Les premiers convertis s'engagèrent à cet acte d'expiation en l'honneur de la sainte Vierge et de ses serviteurs. Voilà bientôt six cents ans que leurs enfants sont fidèles à remplir ce vœu de leurs ancêtres.

Un novice du couvent de Sandomir, où le Bienheureux Sadoc était Prieur, lisant, selon l'usage, le martyrologe après les matines, vit, écrites en lettres d'or, ces paroles prophétiques : « À Sandomir, le martyre de quarante religieux de l'ordre des Frères Prêcheurs ».

Le saint religieux et ses frères, saisis d'étonnement, comprirent que Dieu voulait par ce prodige les avertir de se préparer au martyre. En effet, le lendemain, les Tartares prirent la ville d'assaut, se précipitèrent sur le couvent des Frères Prêcheurs et massacrèrent le Bienheureux Sadoc, avec ses religieux, au nombre de quarante, pendant qu'ils chantaient au chœur le Salve Regina, que la fureur impétueuse de leurs bourreaux ne put leur faire interrompre. De là vient, dans l'Ordre de saint Dominique, la coutume de chanter le Salve Regina auprès des religieux mourants.

Un jeune novice, qui s'était caché pour échapper à la mort, entendit une mélodie céleste devenir plus sensible à mesure que les saints confesseurs étaient massacrés. Ne voulant pas perdre sa place dans ce glorieux concert de triomphe et d'amour, il courut rejoindre ses frères et cueillit avec eux la palme du martyre.

Marie est toujours la Reine des martyrs: toujours Elle fortifie et console les martyrs dans leurs tourments ; c'est Elle qui, après son divin Fils, a été la force des nombreux confesseurs de la foi que l'Ordre de Saint Dominique a eu en Cochinchine depuis plusieurs années.

Ces généreux enfants de Marie se réunissaient fréquemment dans les cachots où ils attendaient la mort,pour chanter les louanges de la sainte Vierge et réciter le saint Rosaire, sans que personne, par une permission de Dieu, les en empêchât. Un dominicain indigène, le Père François Du-yet, avait été arrêté par les mandarins qui, après lui avoir fait plusieurs questions, se mirent à vomir les plus horribles blasphèmes contre la pureté virginale de la Mère de Dieu. L'humble religieux, en vrai enfant de Saint Dominique, prit avec courage la défense de la Vierge Marie. L'orgueilleux mandarin, se voyant confondu, le fit fouetter avec cruauté une seconde fois. Le 19 novembre 1859, le défenseur de Marie fut condamné à avoir la tète tranchée ; ce ne fut qu'au septième coup seulement que l'âme du saint martyr quitta son enveloppe pour s'envoler vers son Créateur. Jusqu'au quatrième coup, on l'entendit prononcer les noms de Jésus et de Marie qui faisaient sa force. (Extrait de la persécution du roi Tu-Duc, dans le Tong-King central, par Mgr Valentin Ochoa, dominicain, martyrisé en 1862).

 

II. Pour tous la vie est un combat, pour presque tous un martyre douloureux, plus ou moins long ; aussi élevons-nous tous nos supplications vers Vous, Vierge Marie, qui, par vos douleurs et votre patience au pied de la Croix avez mérité le nom de Reine des martyrs. Rappelez-vous sans cesse que votre divin Fils, pour expier les iniquités du monde, a voulu ressentir toutes les douleurs et les supporter avec une inaltérable patience ! Répétez-nous, ô Marie, que l'acceptation généreuse de la souffrance est une vertu pour l'innocent et la seule voie de salut qui reste au pécheur. Quand, justes ou pécheurs, nous portons notre croix, faites que nos pensées s'élèvent toujours vers la montagne de la grande et sublime expiation !... Et si, en chemin, notre âme si faible, abattue, murmurant sous le poids de son martyre, était prête à succomber, divine Marie, montrez-nous alors la face meurtrie, le corps déchiré, les pieds sanglants et la couronne d'épines de votre Jésus; dévoilez-nous quelques-unes des tortures de votre cœur maternel, et dussions-nous ensuite, comme les martyrs, verser tout notre sang, avec le secours de votre intercession nous le ferons généreusement, et les joies de Jésus, couronné de gloire dans le ciel, deviendront les nôtres, puisque nous aurons partagé sur la terre ses douleurs et les vôtres. Amen.

 

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28 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Vingt-neuvième jour

Marie, Refuge des pécheurs et Consolatrice des affligés

 

« Il ne nous sied pas d’ouvrir la bouche devant le Seigneur que nous avons tant offensé ; mais c’est Marie qui parlera et intercédera pour nous… Vierge Sainte, vous ne pouvez pas mépriser les pécheurs, puisqu’ils sont causes que vous êtes Mère de Dieu » (Saint Albert-le-Grand).

 

I. Marie assura à la bienheureuse Villana, qu'après le titre de Mère de Dieu, il n'en est point dont elle se glorifie davantage que celui d'Avocate des pécheurs.

La confiance que le bienheureux Égidius avait en Marie, refuge des pécheurs et consolatrice des affligés, lui obtint de recouvrer, après sept années de pénitences sévères et de ferventes prières, une donation qu'il avait eu le malheur de faire de lui-même au démon. Cette Vierge sainte, le refuge des pécheurs repentants et la terreur des démons, obtint à Égidius que la cédule impie par laquelle il avait livré son âme à Satan, lui fût rendue. Par ses ruses, l'esprit de ténèbres voulait nuire, non-seulement à Egidius, mais à beaucoup d'autres; mais, par l'intercession de Marie, la miséricorde de Dieu le sauve, le sanctifie et convertit par lui une grande multitude de pécheurs.

« Oh ! Oui, mon Dieu ! Votre miséricorde surpasse toutes vos œuvres... elle donne la vie, elle donne la lumière qui fait connaître votre clémence à toute créature, dans les justes et dans les pêcheurs; elle brille au plus haut des cieux dans vos saints, et si je regarde sur la terre, elle y abonde ». (Dialogue de sainte Catherine de Sienne).

Marie déclara à sœur Benoîte, l'humble bergère du Laus, que son Fils lui avait donné ce lieu pour la conversion des pécheurs ; et comme Benoîte devait être son auxiliaire terrestre dans cette œuvre sublime, on ne la rencontra plus que le Rosaire à la main, et ses yeux innocents exprimaient la gravité de ses pensées.

Mais ce qui augmenta et dilata encore son zèle pour la conversion des pécheurs fut l'apparition de Notre-Seigneur crucifié et couvert de sang : « Ce que vous me voyez souffrir, ma fille, lui dit le Sauveur, n'est pas ce que je souffre à présent ; mais c'est pour vous faire voir ce que j'ai souffert pour les pécheurs et quel est l'amour que je leur porte ! » Cette vue douloureuse lui ôta la parole pendant deux jours et l'eût privée de vie, si elle se fût prolongée.

L'excès des douleurs qu'elle ressentit à cette occasion lui fit comprendre quelque chose de ce que le Fils de Dieu et sa sainte Mère avaient souffert sur le Calvaire, et combien les âmes leur avaient coûté ; la vive compassion qu'elle avait ressentie lui fit éprouver le reste de sa vie, tous les vendredis, une sorte de crucifiement, et elle fut honorée des stigmates de la passion de Jésus. Elle comprit qu'il n'y a point de barrière plus forte contre le péché que le souvenir d'un Dieu expirant, ni de levier plus puissant pour retirer les pécheurs de la fange du vice. La glorieuse Mère du Sauveur lui apparut peu après cette apparition, la consola et l'avertit de prier beaucoup pour la conversion des pécheurs, puisque c'était pour eux que son Fils s'était soumis à une mort si cruelle.

Qui nous dira les nouvelles ardeurs dont ces grâces enflammèrent le zèle de Benoîte pour la conversion des pécheurs ?

Sauver les âmes, les ramener à leur Dieu était la fin de toutes ses pensées, de tous ses entretiens, de toutes ses bonnes œuvres. Pour elles, Benoîte passait les jours et les nuits en prières ; pour elles, elle offrait à Dieu ses communions, ses jeûnes, ses souffrances, ses macérations,et quand, à force de verser des larmes la source en était tarie, de ses yeux coulait du sang.

Elle employait mille pieuses industries pour les toucher et les gagner, et volontiers elle eût acheté le salut d'une seule âme par l'effusion de tout son sang.

Une fois, pendant une extase, la vénérable Mère Hippolyte de Rocaberti vit Notre Seigneur irrité contre le monde coupable et résolu de le châtier ; alors la très Sainte Vierge l'engagea à entrer dans la plaie du côté de Jésus pour le conjurer, par cet amour immense qui lui avait fait supporter tant de souffrances et ouvrir son cœur pour tous les hommes, de daigner leur pardonner leurs péchés.

Un jour qu'elle était affligée par un mal d'yeux qui la rendait presque aveugle, elle pria la Mère de bonté de l'assister dans cette peine ; à l'instant celle-ci lui apparut, et rendit à ses yeux la vue et l'éclat de ceux des colombes.

Une autre fois qu'elle était toute triste et désolée, la Vierge Marie la consola par ces paroles : « Tace, ama, spera, taisez-vous, aimez et espérez ».

Un autre jour que le démon l'inquiétait beaucoup au sujet des livres qu'elle composait lui disant que tout cela n'était qu'orgueil et perte de temps, et que, jamais ils ne verraient le jour, espérant ainsi la détourner d'écrire, elle eut recours à la Consolatrice des affligés, et pendant qu'après matines, elle récitait en son honneur le Rosaire, ce qu'elle faisait exactement chaque jour, ces paroles qu'elle avait dites à matines lui revinrent dans l'esprit : « La crainte et le tremblement m'ont saisie, et je me suis trouvée dans l'obscurité ; j'ai dit : « Qui me donnera des ailes comme à la colombe, et je volerai et je me reposerai ».

Dans le même moment, son esprit et son cœur furent ravis au ciel où elle vit la Mère de Dieu dans une grande gloire. La sainte Vierge lui dit : « Venez dans mon sein, ma colombe, et vous y reposerez ». A peine la, vénérable Mère eut-elle entendu ces paroles, qu'il lui sembla voir son âme introduite dans ce sein virginal où elle jouit longtemps d'une paix et d'un repos ineffable, pendant lequel toutes les craintes que le démon avait voulu lui inspirer s'évanouirent entièrement. Depuis ce temps, toutes les fois que le démon voulait la troubler et lui faire de la peine, elle prononçait humblement et avec ferveur ces paroles : « Quis dabit mihi pennas sicut columbæ, et volabo, et requiescam ? » et soudain elle se sentait transportée près de Marie, sur la montagne de Sion, et hors des griffes de son adversaire infernal.

 

II. Ô Vierge Marie, refuge des pécheurs, consolatrice des affligés, c'est en Vous que j'espère et que j'espérerai toujours ! Lorsque j'élève vers vous mes mains suppliantes et mes yeux noyés de larmes, la douce paix qui ne peut venir que de Dieu, descend dans mon cœur. Le souvenir de mes péchés pourrait-il encore me troubler, quand je vois dans vos mains les grâces que vous êtes toujours prête à répandre sur celles qui, prosternées humblement devant vous, vous implorent, le cœur plein d'angoisse, de tristesse et de repentir ?... Vous qui, chaste et Immaculée colombe, triomphâtes du mal et de la mort, et devîntes le bouclier, le refuge, la forteresse imprenable où nous sommes à l'abri des traits enflammés de nos ennemis ! Amen.

 

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27 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Vingt-huitième jour

Vocations révélées par Marie

 

« Quand Marie a jeté ses racines dans une âme, Elle y produit des merveilles de grâce qu’Elle seule peut produire, parce qu’Elle est seule la Vierge féconde, qui n’a jamais eu sa semblable en pureté et en fécondité » (Saint Louis-Marie Grignion de Monfort).

 

I. « Il nous importe souverainement de rechercher quels sont les desseins de Dieu sur nous ; car si nous entrons dans le chemin qu'il nous destine, nous trouverons tous les jours sous notre main les grâces préparées d'avance pour nos besoins, et nous arriverons sans fatigue au terme de notre pèlerinage. Si, au contraire, nous prenons une voie différente de la voie où Dieu nous appelait, par une juste punition de notre désobéissance insouciante, nous serons semblables à une armée qui s'égare dans un désert, et qui périt peu a peu de fatigue et d'inanition. (De la Vocation religieuse, par le P. Ambroise Potion).

Mon Dieu ! Puisque par tant d'exemples vous m'éclairez aujourd'hui d'une si vive lumière, je veux, sans tarder davantage, examiner devant vous avec l'aide de ma Mère céleste, quel est l'état auquel vous m'appelez ; daignez mettre dans mon cœur les dispositions nécessaires pour une recherche si importante à votre gloire et à mon salut !

Le bienheureux Jourdain de Saxe excitait souvent son ami Henri de Cologne à suivre l'attrait qui l'appelait à la vie religieuse, et il rapporte ainsi son entrée dans l'Ordre de Saint-Dominique : « Je lui disais donc : « Quel plus grand mérite, quelle plus glorieuse couronne, que de nous rendre participants de la pauvreté du Christ et de ses apôtres, et d'abandonner le siècle par amour pour Lui ! » Mais bien que sa raison le fit tomber d'accord avec moi, sa volonté lui persuadait de me résister. La nuit même où nous venions de tenir ce discours, il alla entendre matines, dans l'église de la bienheureuse Vierge, et il y demeura jusqu'à l'aurore, priant la Mère du Seigneur de fléchir ce qu'il sentait de rebelle en lui ; et comme il ne s'apercevait pas que la dureté de son cœur fût amollie par sa prière, il commença à dire en lui-même :

« Maintenant, ô Vierge Bienheureuse, j'éprouve que vous n'avez point compassion de moi, et que je n'ai point ma place marquée dans le collège des pauvres du Christ ! » Il disait cela avec douleur, car il souhaitait la pauvreté, quoiqu'il n'eût pas le courage de l'embrasser de lui-même, et il allait se retirer de l'église de Notre-Dame ; triste de n'avoir point obtenu la force qu'il avait demandée. Mais à ce moment Celui qui regarde d'en haut les humbles, renversa les fondements de son cœur ; des ruisseaux de larmes arrivèrent à ses yeux; toute la dureté qui l'opprimait fut brisée, et le joug du Christ, auparavant si dur à son imagination, lui apparut ce qu'il est réellement, doux et léger. Il se leva dans le transport de sa joie, et courut auprès de Frère Reginald, entre les mains duquel il prononça ses vœux ». (Vie de saint Dominique).

Le jeune et illustre Tancrède, favori de l'empereur Frédéric II, s'adressait fréquemment à la sainte Vierge, la conjurant, par son intercession auprès de Dieu, de lui faire connaître l'état de vie dans lequel il serait le plus agréable au Seigneur, bien résolu de le prendre, quel qu'il pût être. Il y avait quelque temps qu'il persévérait dans sa demande, lorsqu'un soir la Mère de Dieu lui apparut, et lui dit : « Tancrède, vous demandez que je vous montre un état qui soit propre à assurer votre salut : allez donc, et entrez dans mon Ordre ». Puis Elle disparut. Tancréde, fort embarrassé, car il ne savait de quel Ordre la sainte Vierge avait voulu lui parler, s'endort l'esprit rempli de ce qu'il avait entendu. Pendant son sommeil, deux Frères Prêcheurs, dont l'Ordre lui était entièrement inconnu, se présentent à lui, et le plus âgé, lui dit : « Vous avez demandé à Dieu, par l'intercession de la sainte Vierge, de vous enseigner une voie sûre pour votre salut ; levez-vous promptement ; il faut que vous passiez le reste de vos jours avec nous ».

Le lendemain matin, en allant à la messe, Tancrède rencontra le prieur des Dominicains de Bologne, et après l'avoir considéré attentivement, il reconnut avec surprise que c'était bien le religieux qu'il avait vu en songe. Il l'aborde. et lui exposa tout ce qui lui était arrivé. Puis ne doutant plus alors de la volonté de Dieu, il renonça sans regret à tous les avantages que lui offrait le monde, pour se consacrer au Seigneur dans l'Ordre de Saint Dominique, où il vécut et mourut saintement.

Un enfant de bonne famille ressuscité par l'intercession de Saint Dominique, et qui, pendant que son âme était séparée de son corps avait en connaissance de la béatitude des saints et en particulier de la gloire de notre bienheureux Père, résolut, lorsqu'il fut devenu grand, de renoncer au monde pour mener une vie mortifiée et d'entrer dans l'Ordre de Saint Dominique, pour mériter d'avoir part un jour au même bonheur que lui. Il cacha longtemps cette grâce, et ne l'aurait peut-être jamais fait connaître, si la charité ne l'y eût obligé dans l'occasion suivante : Il y avait à Paris dans le même couvent que lui un novice fortement tenté de retourner dans le monde ; il lui parla en secret, et lui dit : « Si vous saviez, mon frère, la grâce que Dieu vous a faite en vous appelant à l'Ordre de Saint-Dominique, non-seulement vous ne chercheriez pas à le quitter ; mais vous en chercheriez plutôt un autre encore plus austère. Je vous découvrirai, pour vous en convaincre, ce que je n'ai encore déclaré à qui que ce soit. J'étais enfant, lorsqu'il plut a Dieu de me retirer de ce monde ; mais pendant le temps que je fus, à ce qu'il me semblait, dans le ciel, je vis de si belles choses, surtout sur la gloire admirable de Saint Dominique que Notre-Seigneur avait fait arbitre de ma résurrection, qu'il n'y a pas de peine au monde que je ne sois prêt à souffrir pour y arriver; c'est pourquoi, je vous en conjure, ayez bon courage, le travail est court, et la gloire éternelle ; mais pour en obtenir la couronne, il faut nécessairement l'obtenir par la victoire dans le combat ». Cet aveu dissipa la tentation du novice, et il persévéra avec ferveur dans l'Ordre toute sa vie. Ce religieux qui l'avait soutenu dans la pratique de la mortification, y excellait lui-même ; il était surtout admirablement silencieux, il ne parlait jamais qu'il n'y fût obligé ou même forcé; mais alors il disait tant de choses admirables sur le paradis, la gloire des saints, celle de la sainte Vierge et la nature des Anges, qu'il embrasait les cœurs de tous ceux qui l'écoutaient, du désir du ciel, et les disposait à souffrir toutes les pénitences possibles, en vue de l'immense récompense qui doit les suivre.

Plusieurs docteurs habiles, parmi lesquels était le confesseur de Sainte Rose de Lima, considérant son aversion pour le monde, son dégoût pour le mariage, son attrait pour la solitude, l'oraison et les macérations, jugèrent qu'elle devait entrer dans un couvent cloîtré, et ménagèrent son entrée dans celui des Augustines. Il ne s'agissait pour Rose que d'échapper à sa famille. Le dimanche suivant fut choisi pour le jour de sa fuite ; elle partit en effet, ce jour-là, accompagnée de son frère, confident de son projet, et à l'insu de ses parents.

En passant près de l'église de Saint Dominique, où était la chapelle du Saint-Rosaire, elle voulut y entrer pour se recommander à la glorieuse Vierge, et lui demander sa bénédiction. Mais à peine eut-elle fléchi les genoux au pied de son autel, qu'elle se sentit comme clouée à terre.

Son frère la pria de partir, lui disant qu'elle prierait tant qu'elle voudrait dans le monastère. Rose, ne voulant pas découvrir à son frère l'empêchement qui la retenait, fit tous ses efforts pour se lever et le suivre, mais inutilement. Celui-ci, revenant pour la troisième fois de la porte de l'église, montra quelque impatience, et lui dit qu'elle courait le risque de retomber entre les mains de ses parente. Contrainte alors d'avouer son impuissance, elle pria son frère de la soulever, ce qu'il entreprit de faire, mais sans aucun succès ; on eut dit un rocher enraciné dans le sol, ou une masse de plomb trop pesante pour être mue par un homme. La sainte comprit ce que ce miracle signifiait : « Ou Dieu n'approuve pas, se dit-elle, que je quitte mes parents, ou bien la retraite que j'ai choisie n'est pas celle qu'il me destinait ». Alors, s'adressant à la Reine des Anges, elle lui dit :

« Je vous promets, auguste Marie, de retourner sur-le-champ auprès de ma mère et de rester près d'elle jusqu'à ce que vous me donniez l'ordre d'en sortir ». À peine eut-elle achevé ces paroles, qu'elle put se lever sans aucune difficulté et retourner chez elle. Les tentatives qu'elle fit pour entrer dans le Carmel furent également sans succès. Marie qui réservait cette Rose de vertus pour l'Ordre de son serviteur Dominique, lui fit comprendre par des signes non équivoques qu'elle devait entrer dans le Tiers Ordre de Saint Dominique.

Un jour que la Bienheureuse Agnès de Jésus demandait avec larmes de sortir promptement de ce monde pour aller se réunir à l'Époux céleste, Notre Seigneur lui dit : « Tu m'es nécessaire pour la sanctification d'une âme qui doit servir à ma gloire ». Peu de temps après, la très Sainte Vierge lui apparut, et lui fit entendre ces paroles : « Prie mon Fils pour l'abbé Olier », Agnès ne connaissait point cet abbé ; mais la recommandation de Marie lui inspira pour cette âme une charité incroyable ; elle consacra trois ans de prières, d'austérités et de larmes à lui mériter la grâce abondante du salut et de la sanctification. Elle joignit à ses pénitences excessives les soupirs ardents de son cœur, et d'abondantes larmes.

Après ces trois années, Dieu fit connaître d'une manière prodigieuse à Agnès l'homme qui était pour elle l'objet d'une si vive sollicitude. L'abbé Olier, fervent serviteur de Marie, s'adonnait alors aux exercices d'une sérieuse retraite dans la maison de Saint Vincent de Paul. Il était dans sa chambre en oraison, lorsque, tout à coup, il voit paraître devant lui une personne revêtue de l'habit de Saint Dominique. C'était Agnès, miraculeusement transportée de Langeac à Paris. Une gravité sainte, une douce majesté embellissaient sa pâle figure ; des pleurs coulaient de ses yeux. D'une main elle tenait un crucifix, et de l'autre un Rosaire. Son Ange gardien, d'une beauté resplendissante, portait l'extrémité de sa chape noire ; il tenait de l'autre côté un mouchoir pour recevoir les larmes dont la figure de la vénérable Mère était baignée ; elle ne lui dit que ces paroles : « Je pleure pour toi », et elle disparut.

Ce langage alla au cœur de l'abbé Olier et le remplit d'une douce tristesse. Dès lors il entrevit les grands desseins que Dieu avait formés sur lui et toute la miséricorde de Marie à son égard. Il regarda, après Elle, la Bienheureuse mère Agnès comme sa mère spirituelle, et lui attribua toutes les grâces particulières qui firent de lui l'ornement et la gloire du clergé de France, l'un des plus saints prêtres de l'Église, et l'homme vraiment apostolique suscité pour réformer le clergé, et par lui, le peuple chrétien.

 

II. Ô Marie, vous que l'Église appelle la Porte du ciel et l'Étoile de la mer, brillez à nos yeux, dissipez les nuages épais qui nous environnent, et laissez luire à nos regards une de ces vives lumières qui indiquent la voie à suivre. Mais par-dessus tout, armez-nous de courage pour correspondre à. la voix intérieure et à la vérité connue, car il y en a plusieurs qui ne voient point et qui n'entendent point, parce qu'ils ne veulent point entendre, et parce qu'ils ne veulent point voir. Dieu frappe à la porte de notre cœur; mais si nous refusons de l'ouvrir, il ne s'est point engagé à nous attendre et à frapper plusieurs fois. C'est pourquoi comme Henri de Cologne, Tancrède et tant d'autres, armons-nous de courage, et si nous entendons sa voix n'endurcissons point nos cœurs, (Ps. 44.).

Parlez, Seigneur, votre servante vous écoute. Que voulez-vous que je fasse, ô Marie ? C'est vers vous que j'élève mes regards ; dirigez, Mère de lumière, dirigez mon cœur vers votre divin Fils, afin que j'entre dans la voie où je dois le servir, et que j'obtienne ainsi la fin pour laquelle j'ai été créée, le bonheur de le voir et de le posséder avec vous pendant l'éternité. Amen.

 

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26 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Vingt-septième jour

Amour envers Marie

 

« Aimons toujours davantage Notre Seigneur ! Aimons Marie ! Aimons Jésus jusqu'à l'ivresse ! Aimons Marie jusqu'à la passion !… » (Lettre du Père Schaffausser)

 

I. Albert le Grand applique à Marie ces paroles de la Sagesse : « Je préviens ceux qui me désirent et je me montre à. eux la première. Oh ! Qu'il est facile, ajoute-t-il, de trouver Marie quand on l'aime ! » Le Saint en avait fait la douce expérience ; on peut dire qu'il ne vivait que de Marie, que pour Marie, qu'avec Marie !

Un matin que le bienheureux Henri Suso était assoupi, il entendit sonner les fanfares qui annonçaient le retour du jour ; il se prosterna aussitôt contre terre en saluant son Étoile d'amour, la Reine souveraine du ciel ; il lui chanta dans son âme un cantique délicieux, avec cette effusion de joie que font paraître pendant l'été les oiseaux des champs quand ils saluent l'aurore. Une voix mélodieuse lui répondit intérieurement par ces mots : « Maria, stella Maris, hodie processit ad ortum ». Alors son allégresse n'a plus de bornes ; il chante avec Marie, qui chante dans son cœur. Il répète les paroles qu'il a entendues, et tout entier à Celle qui lui parle, il s'efforce de s'unir tout à Elle par ses adorations, par ses aspirations les plus fortes et les plus passionnées ; et Marie se penchant avec bonté vers son serviteur lui dit : « Plus tu m'aimeras sur la terre, plus je t'aimerai tendrement dans le ciel, et plus aussi, tu me seras uni au jour de l'éternelle clarté ».

Ces paroles anéantirent d'amour le jeune homme, et de ses yeux coulaient deux fontaines de larmes. Des grâces semblables lui étaient accordées pendant ses prières du matin, lorsqu'à l'aurore il se prosternait trois fois en embrassant la terre et en saluant ainsi l'éternelle Sagesse : « Mon âme a soupiré après vous toute la nuit, et dès le matin mon esprit s'est empressé de vous louer du plus profond de son être ». Ensuite il s'adressait à la chère étoile de lumière et d'amour, à Marie, la Mère du Verbe incarné, et il activait tellement son amour pour Dieu et Marie qu'il devenait comme un foyer d'amour, et que ses paroles étaient des flammes qui embrasaient tous les cœurs.

Le bienheureux Henri de Caltris prit l'habit religieux fort jeune au couvent de Louvain, il avait un grand amour pour la Reine des anges, qui, pendant son noviciat, lui apparut tout étincelante de lumière. Elle lui demanda son cœur, et depuis il eut un si grand amour pour Elle qu'aucun saint ne l'a surpassé dans cet amour. Aussi Marie venait elle à son secours toutes fois qu'il l'invoquait dans ses tentations.

Pendant que la bienheureuse Esprite était en pension, elle se levait ordinairement à minuit et priait pendant une heure devant un tableau de la Vierge qui était prés de son lit. Une de ses compagnes qui l'observait en secret, a dit plus d'une fois qu'Esprite, après avoir récité son chapelet, les litanies de la Mère de Dieu et plusieurs autres prières en son honneur, s'abandonnait à des transports d'amour pour la sainte Vierge, pendant lesquels elle lui donnait les plus tendres noms, l'appelant sa dame, sa maîtresse, sa souveraine, sa protectrice, sa Mère, sa toute belle; toute puissante, tout aimable princesse ; et faisant une inclination à chaque titre d'amour qu'elle lui donnait, elle s'efforçait d'inspirer des sentiments d'amour pour Marie à ses jeunes campagnes ; elle leur parlait sans cesse de ses perfections avec tant de force et d'onction, que ces jeunes coeurs en étaient tout attendris. Elle avait la Mère de Dieu si présente à son souvenir que toutes les fois qu'elle avait à monter les degrés qui conduisent à la tribune intérieure de l'église du monastère, on la voyait s'arrêter à la porte et faire de profondes révérences, accompagnées de ces petites façons que l'on fait à ceux qu'on prie par honneur d'entrer les premiers. Elle avait sans doute dans ce moment une pensée vive de la présence de la Mère de Dieu. et c'était là ce qui l'obligeait à lui rendre ces marques d'honneur et de respect.

Le bienheureux Jacques Salomon, ayant perdu de bonne heure les appuis de son enfance, prit Marie pour mère et lui consacra sa vie entière. « À peine peut-il bégayer quelques syllabes que le nom de Marie est sans cesse sur ses lèvres. Ses délices et sa joie sont de célébrer les louanges de Marie ; la plus précieuse récompense de ses travaux, c'est un regard de Marie ; son repos, son délassement dans les exercices d'une vie austère et pénitente, c'est d'aller répandre son cœur au pied de l'autel de Marie ; l'arme puissante qu'il emploie pour conquérir les âmes, c'est le Rosaire de Marie, et la ferveur des Ave Maria qui sortent de sa bouche fait fleurir en plein hiver les roses des cloîtres de son couvent ; enfin son espérance à l'heure de la mort, c'est Marie Mère de miséricorde qu'il invoque avec l'amour d'un enfant et la foi d'un prédestiné ». (Méditations sur la vie et les vertus des saints et des bienheureux de l'Ordre de saint Dominique).

 

II. Votre gloire immense, Vierge sainte, n'a nul besoin de mes humbles hommages et de mes louanges imparfaites, et si je n'écoutais que le profond sentiment de mon incapacité et de ma misère, je ferais silence, car mon âme ne peut décrire cet amour qu'elle sent si bien. Mille fois j'ai senti que rien ne peut rendre l'immensité de mon amour pour vous, ô Marie !

Je puis décrire l'océan et la vague qui bouillonne et se brise sur le roc, les hautes futaies qui gémissent sous le vent qui tourbillonne, l'éclair qui dissipe une seconde les ténèbres, pour en mieux faire sentir l'horreur ; je puis chanter le parfum des fleurs nouvelles, le ruisseau qui murmure, les pics neigeux qui portent jusqu'au delà des nuages le témoignage de la puissance de Dieu ; la beauté de l'aurore naissante ; mais qu'est auprès de vous, divine Vierge, ravisseuse des cœurs, tout ce que la terre renferme de beau, de suave, de doux !... Mais, ô profond mystère qui nous confond et nous ravit d'amour ; vous nous dites, vous nous prouvez, ô Mère si tendre ! Que vous aimez les louanges et les hommages de vos enfants quand ils sortent d'un cœur tout à vous, et que vous cessez d'écouter l‘harmonieux concert des archanges, pour prêter l'oreille aux humbles accents d'amour de la plus obscure de vos filles. Aussi, mon âme enivrée d'amour et de reconnaissance pour vous, auguste Mère de Dieu, vous offrira toujours ses hommages sur la terre, en attendant qu'elle puisse aller vous aimer sans fin, au ciel avec les esprits bienheureux. Amen.

« Vous êtes, ô ma bien-aimée Marie ! La plus belle de toutes les Vierges ; on ne vit jamais sur la terre une plus pure créature que vous ! Votre visage est un paradis plein de grâce et de pureté ; jamais ne parut ici-bas beauté plus parfaite après celle de Dieu. Vos yeux qui respirent l'amour, sont deux étoiles brillantes et belles; vos regards sont des traits qui blessent les cœurs. Vos mains sont des perles ; en les voyant, on les aime ; elles sont pleines de faveurs et de biens pour les âmes qui sont à vous ! Oh ! quand irai-je vous voir ! quand m'en irai-je vers vous, ô Marie, en soupirant d'amour ». (Couronne de Marie, octobre 1860).

 

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25 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

ND du Laus

 

Vingt-sixième jour

Le Pèlerinage de Notre-Dame du Laus

 

I. Notre-Dame du Laus doit son origine à une simple bergère nommée sœur Benoîte, du Tiers Ordre séculier de Saint Dominique. Rien de plus suave, de plus édifiant, de plus délicieux, que la vie de cette pieuse bergère. Depuis l'âge de treize ans, jusqu'à l'époque de sa mort, elle fut favorisée des apparitions presque journalières de la très Sainte Vierge, qui fut sa divine institutrice dans les voies de la perfection ; aussi quelque chose de céleste s'unissait au charme de la candeur de Benoîte et ses paroles avaient une extraordinaire puissance. Citons quelques faits de sa gracieuse et poétique histoire.

Marie avait daigné apparaître à sa jeune servante pendant qu'elle gardait ses troupeaux dans le vallon du Laus. Dès lors le cœur de la pieuse bergère ne fut plus à elle. Pareille à la blanche pâquerette qui, au lever du soleil, ouvre sa riante corolle à l'astre qui la réjouit et la féconde, l'humble enfant reste immobile et muette devant la radieuse Étoile qui s'est levée sur elle et livre toute son âme aux mystérieuses influences de la vision qui l'éclaire, l'échauffe et la réjouit. Voir. voir toujours ce qu'elle voit, c'est sa nourriture, sa prière, son repos et sa vie. Le pain, le temps, le troupeau, tout, jusqu'au Rosaire est oublié... Les étoiles la surprirent à la même place... le bêlement de ses brebis vint la rappeler à elle et l'avertir qu'il était temps de se retirer. Pendant quatre mois, chaque jour, il lui est donné de contempler celle dont la vue lui fait un paradis sur la terre. Pendant la nuit, seul temps qui sépare l'heureuse bergère de l'objet de son amour, elle en rêve, et tout en rêvant elle se lève pour aller la voir. Elle se surprend alors au milieu des ténèbres courant sur les rochers, les pieds nus et à peine vêtue; c'est que, pendant qu'elle dort, son cœur veille, et l'amour du cœur entraîne le corps.

C'est dans une de ses apparitions que Marie déclara un jour à Sœur Benoîte qu'elle voulait être honorée au Laus et qu'on lui élevât là une chapelle où elle répandrait ses faveurs à pleines mains. « Mais, lui répondit Benoîte, qui connaissait la misère du pays, où prendra-t-on de l'argent pour bâtir cette église ? » « Soyez sans inquiétude, reprit la sainte Vierge, l'argent ne manquera point, et je veux que ce soit celui des pauvres ». Et voilà qu'à la voix de l'humble bergère, et attirés par les miracles qui se succédaient au Laus, une multitude de pèlerins s'y acheminaient. Le sanctuaire commencé en 1667 était achevé l'année suivante. Les pèlerins apportaient chacun une pierre pour concourir à la construction de l'édifice où il s'opérait chaque jour des conversions et des guérisons remarquables. La très Sainte Vierge avait promis qu'un des signes de sa présence au Laus serait une odeur céleste. Voici comment un vicaire général de Gap s'explique sur ces suaves effluves du ciel : « Les odeurs de Marie sont si délicieuses, et d'une si grande consolation, que celui qui les sent croit déjà jouir des avant-goûts du ciel. À mesure qu'elles frappent l'od0rat, elles enlèvent l'âme et toutes ses puissances, et remplissent le cœur de joie ; les parfums des fleurs ne sont rien en comparaison de ceux-ci. Si les hommes experts dans la distillation des plantes aromatiques et la préparation des baumes, respiraient ceux du Laus, ils en seraient pâmés de consolation. Ils ne sauraient ni, les connaître, ni en parler, parce qu'ils sont des écoulements de la divinité ». (Histoire des merveilles de N. D. du Laus).

Sœur Benoîte, qui respirait à leur source les doux parfums de la Rose mystique, et dont les sens, épurés par le travail de la sainteté, étaient plus exquis, en était toute transformée. Chaque fois qu'elle revenait d'auprès de sa tendre Mère, son visage paraissait lumineux, et son âme était tellement enivrée de consolation, que semblable aux bienheureux, elle ne pouvait ni boire, ni manger, ni dormir... Ses vêtements étaient aussi tout imprégnés de la bonne odeur, et la conservaient plusieurs jours. À ces signes, on connaissait qu'elle avait vu la Reine des anges ; ainsi l'abeille, chargée des parfums et de la poudre d'or du lys, laisse deviner qu'elle sort du sein de la Reine des fleurs.

Les bonnes odeurs étaient donc, pour la foule qui ne voyait pas la Mère de Dieu, une preuve d'autant plus sensible de sa présence, que ces odeurs paraissaient moins être une grâce particulière qu'un attribut de la nature céleste de Marie, en sorte qu'il eût fallu un acte de sa puissance pour les retenir.

Tout ce qui appartenait à la sainte bergère était parfumé, sa bute, son voile, sa main, son haleine, tout ce qu'elle touchait, et l'air qu'elle traversait. Lorsqu'elle parlait,le souffle de ses lèvres prévenait délicieusement l'odorat avant d'aller remuer le cœur. On se trouvait si bien auprès d'elle qu'on n'eût jamais voulu la quitter. Lorsque son cœur avait encore été échauffé par une communion, une extase, une vision, elle enivrait tous ceux qui l'approchaient, car ces fragrantes émanations avaient un flux réglé sur celui de l'amour. L'amour était le foyer intérieur qui volatilisait les arômes de son corps pur ; plus le foyer était ardent, plus il dégageait de parfums.

Si donc Benoîte ne porte pas l'or et les perles de la souveraine qu'elle représente, à la place elle répand de célestes parfums. Ce signe de sa mission n'est pas moins concluant que celui de la pénétration de son regard dans les ténèbres des consciences. Les parfums de Jésus-Christ, de la sainte Vierge, des Anges, et de sœur Benoîte composent ce que la tradition a nommé les bonnes odeurs du Laus, mots magiques, dont le charme subsiste encore, car les bonnes odeurs sont sensibles pour plus d'une âme privilégiée.

Lorsque l'église du Laus fut achevée, la sainte Vierge y envoya des Anges pour en célébrer l'inauguration, qui eut lieu le 25 décembre, après la messe de minuit. Benoîte était dans l'église, et suivait le cortège angélique dans sa procession. Du dehors, en apercevait par les fenêtres une grande lumière à l'intérieur, et de suaves parfums s'échappaient de toutes parts, quoique l'église fut fermée.

Sœur Benoîte est enterrée à l'entrée même de la chapelle miraculeuse, et sur sa tombe on lit cette simple inscription : « Tombeau de la, sœur Benoîte, morte en odeur de sainteté, le 28 décembre 1718 ».

 

II. Ô Marie, qui aimez à vous manifester aux âmes simples et innocentes, et qui avez daigné apparaître si souvent à notre sœur Benoîte sur la montagne du Laus, conversant si familièrement avec elle, qu'elle ne vous nommait que sa Bonne Mère, souffrez que je me mette sous votre protection, et daignez me faire sentir aussi les effets de votre maternelle bonté. Dites à mon cœur de ne plus aimer que ce qui peut plaire à votre divin Fils et à Vous, aidez-moi à accomplir mes bonnes résolutions ; attirez-moi dans le chemin de la perfection par l'odeur de vos parfums. Si, comme sœur Benoîte, je ne suis pas digne de la faveur de vous voir d'une manière sensible. Ah ! du moins, faites-moi éprouver la force et la douceur de votre puissante protection et alors je pourrai vous imiter, vous aimer, vous servir tous les jours de ma vie, et après ma mort vous contempler dans le ciel sur le trône de votre gloire. Amen.

 

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24 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

 

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Vingt-cinquième jour

 

Des Pèlerinages aux églises de Marie

 

 

 

« Qu'ils sont utiles aux pêcheurs les lieux consacrés par la piété a la très Sainte Vierge ! » (Mr Olier)

 

« Quand on est arrivé à un lien de pèlerinage, il faut rendre avec ferveur ses vœux et ses respects à Dieu, à la Vierge, ou au saint; demander instamment les grâces dont on a besoin, et surtout celle d'une parfaite conversion ». (Père Ducos).

 


I. Les oratoires qui, dès les commencements de l'Église, avaient été consacrés à la très Sainte Vierge, devinrent souvent, par la suite des temps, des lieux de pèlerinage à cause des miracles qui s'y opéraient. Mais pour que les pèlerinages soient utiles à nos âmes, il faut les faire comme les faisaient les saints, réfléchir sur la sainteté du but qu'on se propose, sur la sainteté du lieu qu'on veut visiter, sur les grâces à demander, sur la conduite à tenir et sur le mal à éviter pendant le voyage, et en offrir d'avance à Marie les fatigues et les privations; se mettre en état de grâce avant de partir, pour rendre méritoires les fatigues inséparables d'un long voyage, et ne pas risquer d'être surpris par les accidents auxquels on peut être exposé pendant le trajet ; se mettre sous la protection de la sainte Vierge, dont on va visiter le sanctuaire ; réfléchir sur les voyages que Notre-Seigneur faisait sur la terre pour le salut du monde, sur les voyages que les saints ont faits pour la gloire de Dieu et le salut des âmes sur le grand, important et décisif voyage que nous faisons du temps à l'éternité.

 

Notre glorieux Père saint Dominique nous donna le premier l'exemple de la dévotion aux pèlerinages de Marie. Notre Dame de Rocamadour, vieux sanctuaire dédié à la Bienheureuse Vierge Marie, dans une solitude sauvage et escarpée du Quercy, se souvient encore du pèlerinage que fit Saint Dominique avant de se rendre à Paris. Ce fut en sortant de Rocamadour qu'il accomplit un de ses plus éclatants miracles.

 

Tous les enfants de notre bienheureux Père l'imitèrent dans sa dévotion pour les pèlerinages de Marie, où le souvenir de leur passage est encore vivant.

 

Le vénérable Père Antoine Lequien n'alla jamais à Rome, voyage qu'il fit plusieurs fois, sans passer par Lorette, afin de vénérer Marie d'une manière plus particulière dans ce lieu qui lui est spécialement consacré ; il était cependant obligé pour cela de se détourner de plus de quarante lieues de sa route. Pendant un des séjours qu'il fit à Lorette, tandis qu'il priait Dieu dans la petite chambre de la Sainte Vierge, il vit qu'on se disposait à la balayer. Il sollicita comme une précieuse faveur la permission de remplir lui même cette fonction ; il s'en acquitta en effet avec beaucoup de respect et de ferveur. Cependant, ayant, par mégarde, heurté une des lampes suspendues dans la chapelle, l'huile se répandit sur sa tête ; il l'essuya promptement et la conserva toujours depuis comme une sorte de relique, que sa foi et sa piété lui rendaient précieuse. Pendant qu'il priait dans cette Sainte chapelle, il remarqua que les pèlerins déposaient dans le tronc des aumônes plus ou moins considérables. Son complet dénuement ne lui permettant pas de les imiter, il voulut cependant faire l'offrande qui était en son pouvoir, et qui, sans doute, ne fut pas la moins agréable à la divine Mère. Il écrivit sur un petit morceau de papier un acte de consécration et de donation entière de lui-même à Marie dans les termes les plus tendres et les plus dévoués, et l'ayant roulée étroitement, il le jeta dans le tronc, pour lui servir d'offrande.

 

Dans ce célèbre sanctuaire, il célébrait la Sainte Messe avec les sentiments de la plus profonde dévotion, et baisait respectueusement les petits ustensiles qu'on y conserve avec soin comme ayant servi à l'enfant Jésus et à sa sainte Mère.

 

Lorsqu'il arrivait à Paris, sa première visite était pour Notre Dame, qu'il prenait pour son aide et son soutien dans les affaires dont il était chargé. Dans un voyage dans le midi, il se détourna de sa route pour aller visiter une église dédiée à la sainte Vierge, sous le titre de Notre Dame de Grâce. Il visitait de même tous les lieux saints qui se trouvaient sur son chemin pendant ses voyages, pour remercier Dieu des grâces qu'il lui avait faites. Pour obtenir la victoire sur une pénible tentation, il ne craignit pas de faire deux lieues, pieds nus, pour invoquer Marie dans une chapelle plus spécialement consacrée à son honneur, et il en reçut le secours qu'il espérait.

 

« Au commencement du XIVe siècle, nous voyons parmi la foule des pèlerins de Notre Dame d'Einsiedeln, Sainte Elisabeth, fille d'André III, roi de Hongrie ; cette vertueuse princesse était entrée chez les Dominicaines de Toes, près Winterthur, et sous la direction spirituelle du Bienheureux Henri Suso, elle arriva bientôt à un haut degré de perfection. Élisabeth étant tombée dangereusement malade, les médecins lui ordonnèrent d'aller prendre les eaux de Bade, et ses supérieurs y donnèrent leur consentement. Mais sa confiance en Marie l'emporta sur les avis des médecins, elle vint à l'ermitage de Saint Meinrad, elle s'agenouilla devant l'image miraculeuse de Celle que l'Église appelle le salut des infirmes, elle pria longtemps avec espoir et foi, et quand elle se releva, elle était guérie ». (Chronique d’Einsiedeln).

 

L'abbé Olier avait une grande dévotion pour aller en pèlerinage aux divers sanctuaires de Marie. Toutes les fois qu'il avait quelque grâce spirituelle a demander c'était là sa grande ressource, et il retirait de ses pieux voyages les avantages les plus précieux. Pendant qu'il était à Rome pour étudier l'hébreu, il éprouva un affaiblissement de la vue qui lui rendit l'étude impossible, tous les remèdes furent employés sans aucun succès. Le pieux jeune homme eut alors recours à la Sainte Vierge, et fit vœu d'aller à Notre Dame de Lorette. Il se mit en route à la fin de mai, par une chaleur excessive, à pied, et couvert de ses vêtements d'hiver. Il fit environ cinquante lieues. Chemin faisant, il récitait le Rosaire, ou bien il chantait ou composait de pieux cantiques. Le plus souvent il méditait sur Jésus et Marie, et ces saintes occupations lui faisaient oublier la fatigue du voyage ; mais elle n'existait pas moins, et la nature fut près d'y succomber.

 

Il fut attaqué par une violente fièvre qui l'abattit sans l'arrêter néanmoins. Il se traînait lentement, et plus il approchait de Lorette, plus il goûtait de consolations intérieures, et plus sa confiance en Marie augmentait. Dès qu'il fut arrivé, on voulut qu'il allât consulter un médecin, mais il s'y refusa et alla de suite se prosterner aux pieds de la Madone miraculeuse. Son empressement et sa dévotion furent récompensés ; au même instant, il se trouva parfaitement guéri, et son âme fut inondée des plus suaves consolations et d'un grand désir de la perfection. Ce fut la, disait-il, qu'il reçut le coup le plus puissant, et qui de son entière conversion. Marie lui obtint plus qu'il ne lui avait demandé. Il fut guéri de la fièvre et de la faiblesse de sa vue pour le reste de sa vie, et de plus les yeux de son âme furent ouverts ; il reçut les grâces les plus particulières, et entre autres un si grand attrait pour la prière qu'il passa la nuit entière en oraison dans la sainte chapelle, et en sortit un homme nouveau.

 

Les pèlerinages aux sanctuaires de Marie étaient aussi le moyen que le même serviteur de Dieu employait pour se préparer aux fêtes de Marie.

 

En 1632, il fit le pèlerinage de Notre Dame de Liesse, pour se préparer à la fête de l'Assomption et aussi pour demander le succès d'un sermon qu'il devait faire ce jour-là. A cette époque, il éprouvait en montant en chaire une agitation extraordinaire, qui paralysait ses facultés. Ce jour-là, la mémoire lui manqua entièrement au milieu de son sermon, mais il s'abandonna à Marie en toute sincérité et humilité; il continua à parler et à dire tout ce qui lui venait sur les lèvres et il se trouva qu'il avait dit précisément tout ce qu'il avait préparé. Son sermon produisit d'heureux fruits.

 

Parmi les nombreux sanctuaires consacrés à Marie, il y en a plusieurs qui rappellent de grands souvenirs dominicains, et qui, pour cette raison, doivent nous être particulièrement chers. Le premier est sans contredit Notre Dame de Prouilhe. Notre glorieux Père puisait surtout dans sa tendre dévotion à Marie les forces dont il avait besoin pour accomplir la rude tâche qu'il s'était imposée. L'histoire, d'accord avec la tradition, nous montre le sanctuaire de Prouilhe comme le lieu où les faveurs de Marie se répandaient sur son serviteur d'une manière particulière, et nous regardons Prouilhe comme le berceau des principales institutions dominicaines.

 

Nous avons déjà vu que l'illustre patriarche commença par y établir le premier couvent des sœurs de son Ordre. Il vit fondre sur cet endroit un globe de feu, qui manifestait la volonté divine. Le sanctuaire de Prouilhe vit également germer, sous les bénignes influences de la Reine des cieux, le premier Ordre des Frères Prêcheurs. L'institution du Rosaire et celle du Tiers Ordre de la Pénitence, ces autres œuvres saintes de Dominique, ne sont pas étrangères non plus au sanctuaire de Prouilhe. Ah ! Sans doute, plus d'une fois, prosterné devant l'autel chéri de Notre Dame de Prouilhe. il y reçut des inspirations vives, des enseignements lumineux sur la dévotion si salutaire du Rosaire.

 

Quant au Tiers Ordre, selon toute vraisemblance, l'idée, le plan, la forme de cette institution nouvelle ont été souvent l'objet des préoccupations pieuses du serviteur de Dieu durant les longues veilles qu'il passait aux pieds de Notre Dame de Prouilhe. Ne nous étonnons pas du tendre intérêt que porte toute la famille dominicaine à ce lieu sacré ; il est bien légitime. À Prouille, la famille dominicaine a été conçue ; c'est là qu'elle a été engendrée. Saint Dominique en fut le Père, et elle reconnaît dans la Bienheureuse Vierge Marie sa Mère mystique.

 

À Avignonnet, non loin de Prouilhe, se trouve Notre Dame des Miracles qui rappelle aussi de grands souvenirs dominicains sur lesquels je m'étendrai un des jours suivants. Nous avons encore dans le diocèse de Toulouse Notre-Dame des Grâces de Brugnières, dans le diocèse de Fréjus, à Tavernes (Var), Notre-Dame de Bellevue et de Consolation ; dans le diocèse de Gap (Hautes-Alpes), Notre Dame du Laus, etc., etc...

 

 

 

II. Je vous remercie, Vierge sainte, d'avoir bien voulu manifester dans tant de lieux-dits vers votre puissance et votre miséricorde par un si grand nombre de miracles éclatants. Ô Vierge, je Vous conjure de daigner secourir toujours ceux qui vous invoqueront dans vos sanctuaires privilégiés ; soyez touchée de nous voir gémir sous le poids d'afflictions diverses dans cette vallée de larmes, et étendez la main pour nous secourir. Si vous m'accordez, ma, bonne Mère, la grâce de visiter quelqu'un de vos sanctuaires privilégiés, faites que je profite de tout ce que je verrai, de tout ce que j'entendrai le long de mon chemin, pour élever mon cœur vers Dieu, et qu'arrivée aux pieds de votre image bénie, je prenne sous vos auspices tous les moyens de profiter de la grâce que vous m'avez ménagée. Obtenez-moi enfin qu'après mon triste pèlerinage sur cette terre d'exil, vous m'ouvriez les portes du ciel, ma seule et véritable patrie. Amen.

 

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23 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Vingt-quatrième jour

Diverses pratiques de dévotion en l’honneur de la très sainte Vierge Marie

 

« Si la dévotion à la sainte Vierge est nécessaire a tous les hommes pour faire simplement leur salut, elle l'est encore beaucoup plus à ceux qui sont appelés à une perfection particulière ». Saint Louis-Marie Grignion de Montfort).

 

I. « Quand le printemps venait, que les fleurs commençaient à paraître, je m'abstenais, dit le bienheureux Henri Suso, d'en cueillir jusqu'à ce que j'eusse fait une belle et brillante couronne à la Mère de mon Dieu. Je me mettais à cueillir des fleurs avec toutes sortes de pensées d'amour pour Marie ; j'allais dans la chapelle poser ma couronne sur la tête de la Sainte Vierge, cette fleur joyeuse de mon cœur, la priant de ne pas dédaigner les prémices que son serviteur lui offrait ».

Un jour qu'il avait ainsi honoré la sainte Vierge, il lui sembla que le ciel était ouvert; il voyait les anges descendre vers lui, et les entendait chanter à la louange de Marie un hymne si ravissant qu'il en mourait de plaisir. Le bienheureux unit sa voix à celles des esprits célestes, et son âme fut inondée de délices et d'amour pour Dieu. Une autre fois, au commencement du mois de mai, il avait dévotement offert, selon sa coutume, une couronne de roses à la Reine du ciel, lorsqu'il se crut transporté au milieu d'un concert céleste. Lorsqu'il fut terminé, la sainte Vierge s'avança vers lui, et lui commanda de chanter ce verset : « O vernalis rosula... » il obéit avec joie, et aussitôt des anges, dont les voix étaient plus admirables et plus ravissantes que tous les instruments de musique réunis, accompagnèrent son chant et le continuèrent longtemps encore après qu'il eut fini le saint cantique.

Le Père François Alain, du couvent de Notre Dame de Bonne Nouvelle à Rennes, eut une grande réputation de sainteté pendant sa vie et après sa mort. Il mérita, par son zèle et son assiduité à faire honorer la sainte Vierge, la qualité de « dévot de Marie et de père du saint Rosaire ».

Un grand nombre de nos saints et de nos saintes jeûnaient au pain et à l'eau la veille de toutes les fêtes de la Sainte Vierge. La Bienheureuse Marguerite de Hongrie, la veille de ces fêtes et pendant leur octave, servait Marie avec un redoublement de ferveur. Elle commença ces pieux exercices dès sa plus tendre enfance. Quand la maîtresse des novices l'envoyait avec les autres à la récréation, elle les engageait à venir avec elle à la chapelle chanter des hymnes à la Reine des Anges.

La Bienheureuse Hélène des Tourelles avait toujours été très dévouée à la sainte Vierge, avant d'entrer au couvent, elle fit bâtir une chapelle en son honneur et y attacha des rentes pour l'entretien du culte divin ; les cloches de cette chapelle sonnèrent toutes seules au moment de sa mort.

La tendre piété de Saint Albert-le-Grand lui mérita de la part de la Vierge Marie, qui récompense au centuple ce que l'on a fait pour Elle, toutes les grâces dont sa longue carrière fut remplie. Marie était à la fois sa mère, sa directrice et son amie. Si l'obéissance à ses supérieurs, la charité pour le prochain et les obligations de sa charge le lui eussent permis, il n'eût voulu faire qu'aimer Marie. Il entonnait ses louanges cent fois par jour, il poussait vers Elle de tendres soupirs, et quand ses devoirs lui laissaient quelque liberté, il allait se jeter avec effusion à ses pieds. Souvent on l'entendait, au milieu de ses promenades solitaires, chanter à sa céleste amie des hymnes ravissantes qu'il avait composées pour Elle, il mêlait souvent à ses chants autant de soupirs qu'il y avait de notes, et de larmes qu'il y avait de paroles. Mais il ne se plaisait pas seulement à parler de Marie, à chanter ses louanges, il faisait toutes ses actions en vue de lui plaire. Il lui offrait ses travaux, ses souffrances et ses consolations. S'agissait-il de donner un conseil, d'écrire, d'enseigner, de prêcher, c'était Marie qu'il appelait à son aide ; partout et toujours il la prenait pour modèle de sa vie, comme à toute heure elle était l'objet de ses affections.

Le Vénérable Père Antoine Lequien s'occupait avec ardeur de l'œuvre si difficile de la réforme des couvents de sa province ; mais bien convaincu que rien ne pouvait lui être plus utile dans cette circonstance que d'intéresser Marie à sa cause, il redoubla de supplications en récitant plusieurs fois par jour le saint Rosaire, pratique pour laquelle il avait une singulière dévotion. Sa confiance envers Dieu et Marie était sans bornes, des plus touchantes et des plus profondes ; aussi obtint-il par ce moyen les grâces les plus signalées. « J'étais, dit-il, convaincu de cette pensée, que Dieu se sert de nos infirmités pour faire réussir ses desseins, pourvu qu'on soit pénétré de confiance en Lui ». Le cœur de ce vertueux Père était plein d'une grande reconnaissance envers Dieu et Marie pour les bienfaits qu'il en recevait. Dès qu'il avait été exaucé, on le voyait aussitôt commencer des neuvaines d'actions de grâces envers Dieu et la sainte Vierge.

Non content de s'acquitter lui-même de ce devoir, il exhortait sans cesse ses religieux à la reconnaissance, leur recommandant surtout de la faire consister dans une plus grande et plus inviolable fidélité pour le service de leur divine bienfaitrice. L'abbé Olier avait un si grand amour pour Marie qu'il s'estimait heureux d'être né d'une mère qui s'appelait Marie, et dans une rue de Paris qui portait le nom de Notre Dame. Dès ses premières études, il ne manquait jamais d'invoquer la Vierge avant de prendre son livre, et il avouait plus tard qu'il ne pouvait rien apprendre qu'à force d'Ave Maria. Dès lors il avait l'habitude qu'il conserva toute sa vie, de lui offrir tout ce qu'il avait de neuf ; il n'aurait osé se servir d'un vêtement sans le lui avoir consacré ; il la priait instamment de ne pas permettre qu'il offensât son divin Fils tant qu'il le porterait. Il ne voulait user qu'en son nom de tout ce qu'il possédait. Quand il se levait ou se couchait, quand il sortait de sa chambre ou y rentrait, il ne manquait jamais de demander à la Sainte Vierge sa bénédiction, et, s'il entreprenait un voyage hors de Paris, il allait la lui demander dans l'église Notre Dame. Au retour, c'est à Elle qu'il allait rendre ses premiers devoirs. Toutes les fois qu'il entreprenait une chose considérable, il allait la lui recommander.

Le Père Schaffhausser, mort en 1860, ne quittait jamais sa cellule sans avoir prié la sainte Vierge de le bénir, en lui adressant à genoux avec ferveur cette invocation : « Nos cum prole pia benedicat Virgo Maria ! » Il aimait Marie comme un enfant aime sa mère, il lui redisait tous les jours quelques-unes des prières composées en son honneur, et dans ses promenades, pendant son noviciat à Châlais, son plus grand bonheur était de charmer les échos des montagnes en chantant des cantiques à Marie. Après le culte de Jésus, le Rosaire était sa dévotion privilégiée; il connaissait toute la puissance de cette prière sur le cœur de Dieu et sur celui de Marie pour obtenir de leur miséricorde la transformation des âmes ; aussi, non content de réciter le Rosaire, il en faisait souvent le sujet de ses prédications.

Parmi les mille moyens donnés par les auteurs de la vie spirituelle, en voici un peut être peu connu, mais dont les résultats sont efficaces ; c'est d'écrire à Marie ! Oui, écrire à Marie, surtout quand approchent ses fêtes, lui écrire et laisser parler son cœur ; lui exprimer avec naïveté nos misères, nos désirs et nos bons sentiments ; lui faire lire jusqu'au fond de notre âme, et quand arrivera un jour de fête ou de communion, placer cette lettre sur son cœur, et conduit par les mains de Marie, s'approcher de la sainte Table avec amour, afin de sceller par le sang de Jésus les promesses faites à notre divine Madone. La lecture de cette lettre soigneusement conservée, produit dans l'âme les plus heureux effets, et cette lettre doit être répétée plusieurs fois pendant le mois ou la semaine. Ainsi agissait un pieux jeune homme dont nous avons déjà parlé. Battu par la tempête, en proie à la rage de l'enfer, il ne se contentait pas de pousser des cris vers Marie, d'arroser de ses larmes le pied de ses autels, mais il lui exprimait par lettres, en caractères de feu, ce qui se passait dans son cœur, et ce moyen, comme il l'avoue lui-même, a été pour beaucoup dans sa vocation religieuse. Ce moyen, nous le répétons, l'avait puissamment aidé à vaincre le monde et les passions : sous l'habit religieux, il l'employait encore, pour se maintenir dans une continuelle ferveur. Pourquoi n'agirions-nous pas de même ? Notre cœur, habituellement si glacé, notre âme si faible pour le bien, trouveraient là un aliment de vie et de forces inconnues jusqu'à ce jour ». (Couronne de Marie, décembre 1860).

 

II. Vierge sainte, obtenez-moi que, par mes pratiques de dévotion en votre honneur, je moissonne de nombreux mérites pour la vie éternelle que votre Jésus m'a préparée ; que je moissonne la foi, l'espérance, la charité, la patience, la douceur, la persévérance, une sainte mort ! Divine Vierge, nous sommes tous des fleurs plantées sur cette terre, et que Dieu cueille en son temps, un peu plus tôt, un peu plus tard. Autre est la rose empourprée, autre est le lis virginal, autre l'humble violette; mais avec votre puissante protection, Vierge Marie, nous nous efforcerons tous, selon le parfum ou l'éclat qui nous est donné, de plaire à Jésus, le divin jardinier des âmes. Amen.

 

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22 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Vingt-troisième jour

Diverses pratiques de dévotion en l’honneur de la très sainte Vierge Marie

 

« Heureux les saints qui ont imaginé en l'honneur de Marie ces pieuses pratiques adoptées par la dévotion catholique. si conformes d'ailleurs à la nature humaine et en même temps si propres à exercer saintement les sens et à exciter les sentiments et les affections intérieures de la vraie piété ! » P. Contenson, Mariologie, chap.II).

 

I. La Bienheureuse Villana vit un jour, dans une vision céleste, la Mère de Dieu sous l'emblème d'une fontaine où l'on venait en foule pour y puiser l'eau de la grâce ; mais qu'arrivait-il ? Ceux qui portaient des vases intacts conservaient en entier les grâces reçues ; mais ceux qui portaient des vases fêlés, c'est-à-dire des âmes chargées de péchés, ne recevaient les grâces que pour les perdre aussitôt.

Si nous voulons que nos pratiques de dévotion envers Marie lui soient agréables et que les grâces qu'elles nous obtiendront ne s'écoulent sans profit pour nos âmes, comme l'eau d'un vase fêlé, nous devons les soutenir par la pureté de notre vie et l'imitation des vertus de Marie; c'est sur ce fondement qu'il faut établir l'espérance de notre salut, et non sur le seul accomplissement de pratiques extérieures, sans néanmoins mépriser ni négliger ces pratiques, qui sont de puissants moyens d'obtenir les faveurs de Marie.

Le Père Ducos nous dit que « nous pouvons honorer Marie par pensée, par affection, par parole et par œuvre ». (Pasteur Apostolique, p. 444). Nous l'honorons par pensée en portant une grande attention aux prières que nous lui adressons, en considérant sérieusement ses perfections, et en ayant une haute estime de sa personne bénie et pleine de grâce.

Nous l'honorons par affection en l'aimant et en la révérant au-dessus de toutes les pures créatures, en nous réjouissant et en rendant grâce à Dieu de son bonheur, en désirant avec ardeur l’accroissement de son culte, en conservant toujours une confiance filiale dans sa bonté maternelle. C'est principalement dans ces sentiments d'amour et de respect que consiste la dévotion à la sainte Vierge. Prions son divin Fils de nous y faire entrer ; travaillons-y nous-mêmes, en poussant souvent de ces sortes d'affections avec toute la ferveur possible.

Le culte de la parole consiste à parler souvent d'Elle, et de ses grandeurs, à porter les autres à sa dévotion et à leur en enseigner les pratiques, à lui adresser avec respect et confiance des prières vocales. La bouche parle de la plénitude du cœur, ainsi c'est témoigner de l'amour pour la Reine du ciel que de parler d‘Elle, d'exhorter les autres à lui être dévots, de la prier souvent; ce qui se fait en récitant chaque jour ses Litanies. son Rosaire, en disant un Ave Maria chaque fois que l'horloge sonne, en invoquant son saint nom, tant dans nos besoins et surtout nos besoins spirituels, que dans nos tentations : remède qui est quelquefois plus prompt et plus efficace que l'invocation du Saint Nom de Jésus, non parce qu'elle est plus puissante, mais parce que le Fils veut par là honorer sa Mère.

Le bienheureux Alain de la Roche, assailli un jour de violentes tentations, allait succomber et se perdre, faute de s'être recommandé à la très Sainte Vierge, lorsque dans ce danger imminent la Mère de Miséricorde lui apparut, et le frappant doucement sur la joue, lui dit : « Si tu m'avais invoquée, tu ne te serais pas trouvé dans ce péril ! »

Entre toutes les œuvres par lesquelles nous pouvons honorer Marie, la plus excellente consiste à nous corriger de nos vices et à imiter ses vertus.

Jeûner en l'honneur de la Mère de Dieu, le samedi et la veille de ses fêtes, s'approcher avec les dispositions nécessaires des sacrements aux jours de ses solennités, visiter ses chapelles et les lieux consacrés à son culte, faire des aumônes et donner des chapelets pour son amour ; avoir son image dans sa chambre et la saluer par un Ave toutes les fois qu'on en sort et qu'on y rentre, voilà sans doute des œuvres qui lui plaisent beaucoup ; mais nous conformer autant que nous le pouvons à ce parfait modèle d'innocence et de sainteté par une fidèle imitation de ses vertus, voilà ce qui lui est infiniment plus agréable,et ce qui nous est à nous-mêmes très salutaire.

 Nous pouvons suppléer à notre tiédeur et à notre négligence dans le service de la Sainte Vierge, en lui offrant le Cœur de son Fils bien-aimé. Elle enseigna elle-même cette sainte pratique à Sainte Gertrude, un jour que ses infirmités ne lui permirent pas d'assister à une procession où son image était portée.

La pieuse pratique, si facile à imiter, de composer un bouquet de toutes nos bonnes œuvres pour les présenter à Marie, est un excellent moyen de les rendre plus agréables à Dieu, puisqu'elles passeront par les mains d'une si tendre Mère, pour arriver jusqu'à son Fils, qui se plaît, à son tour, à faire passer ses grâces et ses bienfaits par celles de sa Mère. C'est ce que faisait si souvent et d'une manière si fervente le Vénérable Père Antoine Lequien, qu'un volume suffirait à peine pour faire le récit de toutes les preuves de vénération, d'amour et de dévouement qu'il donnait sans cesse à la très Sainte Vierge.

Voici comment il s'exprime lui-même à ce sujet dans un de ses écrits : « Pour la Mère de Dieu, elle a été toute mon espérance, je crois que je lui dois le baptême, l'ayant reçu par une protection spéciale de sa part. C'est pourquoi je la regarde comme ma mère de baptême, ma mère de conversion, ma mère de religion, ma mère de salut, par laquelle j'espère obtenir le paradis ; et aussi je me sens si fort obligé à cette bonne Mère que je lui rapporte toutes les grâces et toutes les faveurs que j'ai reçues et que j'espère recevoir de Dieu, ainsi que toutes les bonnes œuvres que je pourrai faire jusqu'à la fin de ma vie ; je remets tout cela à ses pieds et lui en fais un bouquet. O ma Mère, que je sois avec vous éternellement ! Amen ».

Que dirons-nous de l'amour, de la tendresse du Père Marie-Augustin pour Marie, de toutes les pratiques qu'il exerçait en son honneur ! Le monde connaît ses grands travaux, son zèle infatigable pour l'amour et la gloire de Celle qu'il avait choisie pour sa Mère ; mais ce qu'il ignore, ce sont les délicatesses de l'amour le plus naïf et le plus pur, pour qui les petits riens sont de grandes choses.

Il avait toujours une petite statue de la sainte Vierge avec lui ou près de lui ; il la contemplait, il lui prodiguait les plus tendres baisers, il la donnait à baiser à ses frères et aux autres personnes qui venaient le visiter. Il demandait qu'on la lui fît baiser souvent ; il la faisait reposer sur son cœur. Souvent il lui offrait les prémices de sa boisson, en la faisant boite elle-même dans le vase où il buvait lui-même, ou en le lui faisant bénir. « Ce sont des enfantillages, disait-il, mais, Marie aime ces petits témoignages de la tendresse de son petit enfant ».

Pendant sa dernière maladie, il avait fait vœu, s'il se guérissait, de toujours prêcher sur la Sainte Vierge, ou sur le Rosaire et ses mystères ; se dévouant ainsi à être plus que jamais le serviteur, le prédicateur, l'apôtre de Marie, pour engendrer par Elle les âmes à Jésus son fils. Il fit aussi un pacte avec Marie. C'était dans ses plus mauvais jours, alors qu'il se sentait pour la première fois près de sa fin. « J'ai tout donné à Marie, nous dit-il : mon esprit, mon cœur, ma volonté, mon âme toute entière et mon corps aussi ; je lui ai donné mes œuvres, mes mérites, si j'en ai, et surtout mes péchés, et quant à la coulpe, et quant à la peine : maintenant ma cause est entre ses mains, c'est son affaire ; c'est à elle à me défendre ; pour moi, je ne m'en mêle plus ; j'ai toute confiance en Elle. Elle ne m'abandonnera pas... » Il disait encore en ce moment cette parole qu'il répétera plus tard : « In manus tuas, Domina, commendo spiritum meum ».

Mais c'est quand il parlait de Marie doucement, à quelque Frère penché sur son cœur, qu'il disait des choses admirables de Celle qu'il aimait si tendrement. Il suffisait d'entrer en communication un peu intime avec lui ; aussitôt il parlait de la sainte Vierge avec transport ; son doux Nom mêlé à celui de Jésus était sans cesse sur ses lèvres. Son admirable pureté se serait effrayée de tout, si son confesseur ou son supérieur ne l'eussent rassuré souvent. Et où puisait-il cette grande pureté d'âme ? On le devine bien.

Il avait demandé à Marie « un cœur bien pur pour bien aimer Jésus, pour bien aimer Marie » ; sa prière était exaucée : c'était au contact de son âme avec Marie, c'est dans cette union habituelle avec la plus pure des créatures, la Vierge des Vierges, la Vierge Immaculée, qu'il purifiait sans cesse son cœur virginal, et qu'en le purifiant sans cesse, il aimait sans cesse davantage. (Les derniers moments du P. Marie-Augustin, p. 75 et ss).

 

II. Prière de la Bienheureuse Esprite de Jésus

 

Vierge toute pure, Mère de mon Dieu, je viens à vous, je me mets sous votre protection, recevez-moi au nombre de vos servantes ; je vous promets une fidélité inviolable. Soyez, s'il vous plaît, ma Maîtresse et mon Avocate ; je vous donne mon cœur; ne permettez pas qu'il soit à un autre qu'à votre Fils, qui le rendra pur et chaste. Assistez-moi toujours, et surtout à l'heure de ma mort. Si l'ennemi me trouble, et s'il s'efforce, dans ce dernier moment, de me tenter de désespoir. Mère de mon Dieu ! Dissipez par vos deux regards les brouillards de cet esprit de ténèbres, et ne m'abandonnez pas. Amen.

 

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21 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Vingt-deuxième jour

Les images de Marie

 

« La première règle est d’avoir dans votre maison des peintures représentant la sainte enfance de Jésus ou la Vierge. C’est une charmante chose que la Vierge Marie portant sur son bras le divin Enfant » (Bienheureux Jean-Dominique).

 

I. L'Église a pris la défense du culte des images jusqu'à répandre pour sa défense le sang de ses martyrs ; et la divine Marie a montré par mille prodiges combien lui est agréable le culte rendu à ses images ; c'est pourquoi ses fidèles serviteurs les ont toujours vénérées avec une tendre affection. Il y avait à Lima une fort belle statue de la sainte Vierge du Rosaire, apportée par les premiers prédicateurs de la foi, et regardée dans tout le Pérou comme la sauvegarde du royaume. En 1553, les Espagnols, au nombre de 600 hommes, se trouvèrent en face de 200 000 guerriers indiens ; ils allaient infailliblement être écrasés, lorsque quelques Dominicains qui accompagnaient la phalange chrétienne implorèrent Notre Dame du Rosaire.

Aussitôt la divine Marie apparut dans les airs à la vue des deux armées, tenant à la main une verge qu'elle agitait contre les infidèles. Les Indiens effrayés laissèrent tomber leurs armes, et demandant la paix, se soumirent de grand cœur au joug de Jésus Christ. Les Espagnols avaient remarqué que la Vierge avait pris dans cette apparition la forme de la statue de Lima ; aussi cette image devint plus célèbre et plus chère au peuple que jamais. Dès sa plus tendre enfance, Sainte Rose de Lima ressentit pour cette statue un attrait tout particulier, et la chapelle où elle se trouvait devint si l'on peut ainsi dire son domicile privilégié. Toutes les fois que la sainte voulait obtenir quelque grâce pour elle ou pour les autres, elle courait à la chapelle du Rosaire, et là elle priait, en contemplant attentivement le visage de Marie, jusqu'à ce qu'elle y vît une expression favorable. L'expression du visage de la Vierge bénie lui disait sur quoi elle pouvait compter. C'était une opinion générale à Lima que sainte Rose obtenait à coup sûr toutes les grâces qu'elle demandait aux pieds de cette statue. En effet, chaque fois qu'on lui recommandait de prier Notre Dame du Rosaire pour quelque nécessité publique ou particulière, elle consentait sans peine à se charger de la requête, et au sortir du saint lieu, elle promettait la grâce sollicitée d'une manière aussi positive que si elle avait en le diplôme à la main.

Il y avait une autre image pour laquelle Sainte Rose avait une dévotion particulière. Celle-ci était une peinture représentant l'enfant Jésus couché sur les genoux de l'auguste Marie. Un jour que la femme du questeur, dans le parloir duquel était cette image, parlait à quelques-unes de ses amies des merveilles qui s'opéraient dans l'église d'Atocha, où l'image miraculeuse de Marie attirait un concours prodigieux, Rose, dont les yeux étaient fixés sur son tableau chéri, écoutait avec une pieuse avidité la narration, et pria qu'on la continuât.

Elle dit ensuite à la femme du questeur : « Pendant que vous racontiez les miracles de la Vierge d'Atocha, l'auguste Marie manifestait une joie extraordinaire; elle jetait sur nous des regards pleins de bonté, et semblait s'avancer hors de la toile, comme pour nous apporter son Fils endormi. Ne convenait-il pas de continuer une conversation qui paraissait lui être si agréable ? »

Les Tartares assiégeant la ville de Kiev, Saint Hyacinthe, qui était prieur du couvent que les Dominicains y possédaient, prit la résolution de quitter cette ville avec ses religieux ; mais avant de partir, il alla célébrer la Sainte messe pour la dernière fois à l'autel de la sainte Vierge, où se trouvait une grande statue d'albâtre représentant la Reine du ciel, et devant laquelle il avait la pieuse habitude de passer chaque jour plusieurs heures en prière.

A peine le saint avait-il fini sa messe, qu'il entendit la statue de Marie lui adresser ces paroles : « Mon fils, pourquoi me laissez-vous ici ? Voulez-vous donc m'abandonner à mes ennemis ? » Saint Hyacinthe ayant répondu, les larmes aux yeux, qu'il était trop faible pour porter un si pesant fardeau : « Prenez-moi, répliqua la statue, je deviendrai légère entre vos bras ».

Encouragé par cette réponse, le saint s'approcha de l'autel, prit d'une main le saint ciboire, de l'autre la statue de la Mère de Dieu, et sortit avec ses religieux par une porte dont l'ennemi ne s'était point encore emparé. Il traversa, ainsi chargé, la Moscovie, la Lituanie et plusieurs autres provinces, passant les fleuves à pied sec, et arriva enfin à Cracovie où il déposa dans l'église de la Trinité la statue de Notre Dame, qui, par un nouveau prodige, reprit aussitôt sa pesanteur naturelle.

La Bienheureuse Marguerite de Hongrie ne passait jamais devant une image de la Vierge, sans la saluer par un Ave Maria.

Un jour que la Vénérable Madeleine-Angélique priait devant une image de la sainte Vierge, en lui demandant le don de la pureté, l'image s'anima et lui répondit : « Sois assurée, ma fille, que ce que tu demandes te sera accordé ».

La Vénérable Marie de Jésus-Christ avait une dévotion particulière envers la Sainte Vierge, et entre autres honneurs qu'elle lui rendait, elle avait grand soin de tenir une lampe allumée devant une de ses images, et l'huile qui servait à alimenter cette lampe se multipliait miraculeusement dans le vase qui la contenait.

La vue des images de Marie remplissait le cœur de l'abbé Olier de joie et de confiance. Un jour qu'il passait une rivière, il se trouva en grand danger de faire naufrage; mais au moment le plus critique, ayant aperçu sur le rivage une image de Marie attachée a une maison, il dit à son compagnon : « Courage, il n'y a rien à craindre, la Sainte Vierge nous regarde, je ne crains plus. C'est la protectrice des corps et des âmes, la trésorière universelle de tous les biens ». Il saluait avec respect dans les rues les images de Marie qu'il rencontrait, lors même qu'il était entouré de monde. Il y avait alors beaucoup de ces images dans les rues de Paris, l'abbé Olier les connaissait toutes et il choisissait toujours pour son chemin les rues où elles se trouvaient. On connaissait cet usage, et on les appelait les rues de l'abbé Olier.

 

II. Je veux, divine Marie, vous avoir toujours sous les yeux, comme l'Étoile de la Mer, dont la vue rassuré les marins sur les flots orageux. Oui, Marie, votre image sera toujours près de moi ; s'il me vient une tentation, je vous regarderai et je la surmonterai ; s'il faut soutenir un assaut, la vue de ma mère me fera remporter la victoire. Marie, vous serez toujours près de moi ; ma prière du matin passera par vos mains pour s'élever plus agréablement vers le trône de votre divin Fils; quand je quitterai ma cellule, je vous demanderai, ainsi que l'ont fait tant de nos saints, votre bénédiction maternelle, et en rentrant, je vous saluerai encore. Quand la tristesse m'enveloppera de ses sombres Voiles, je jetterai les yeux sur vous, vous me tendrez les bras, vous m'encouragerez, vous me direz : « Courage, ma fille, j'ai souffert bien davantage, courage ! Je suis avec vous, je compte vos soupirs et vos larmes ! » Et quand la maladie m'étendra pour la dernière fois sur mon lit de douleur, ce sera Surtout alors, ô Marie, que je tournerai vers vous mes yeux mourants, que je vous rappellerai combien de fois je vous ai priée de m'assister à l'heure de ma mort ; et j'en ai la douce confiance, vous voudrez bien me tendre les bras pour m'attirer vers Vous, vous remplirez mon âme de force et d'espérance, et je m'endormirai paisiblement dans le Seigneur, en prononçant votre nom béni uni à celui de Jésus votre divin Fils, et de Joseph votre chaste époux. Amen.

 

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20 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Vingt-et-unième jour

Le esclavage de Marie

 

« Quand vous voudrez offrir quelque chose à Dieu, ayez soin de l’offrir par les mains très agréables et très dignes de Marie, à moins que vous ne vouliez être rejeté. Le plus grand bien que l’aimable Marie procure à ses fidèles serviteurs, c’est qu’elle intercède pour eux près de son Fils et l’apaise par ses prières. Elle les unit à Lui d’un lien très intime, et elle les y conserve ». (Saint Louis Marie Grignion de Montfort, du T.-O. De Saint Dominique).

« Ô Marie, je veux de tout mon coeur être la petite esclave de Jésus et la vôtre ». (Vénérable Sœur Charlotte de la Résurrection, conv.).

 

I. « La plus parfaite consécration à Jésus Christ n'est autre chose qu'une parfaite et entière consécration de soi-même à la très Sainte Vierge, pour être tout entier à Jésus Christ par Elle. Il faut lui donner 1° Notre corps, avec tous ses sens et ses membres ; 2° notre âme avec toutes ses puissances ; 3° nos biens extérieurs ; 4° nos biens intérieurs et spirituels qui sont nos mérites, nos vertus, et nos bonnes œuvres passées, présentes et futures ; en deux mots, tout ce que nous avons, et tout ce que nous pourrons avoir à l'avenir dans l'ordre de la nature, de la grâce et de la gloire ; et cela, sans aucune réserve, pas même d'un denier, d'un cheveu et de la moindre bonne action, et cela pour toute l'éternité, et cela sans prétendre ni espérer aucune autre récompense de son offrande et de son service, que l'honneur d'appartenir à Jésus Christ par Elle et en Elle, quand cette aimable Maîtresse ne serait pas, comme Elle l'est toujours, la plus libérale et la plus reconnaissante des créatures.

Une personne qui s'est ainsi volontairement consacrée et sacrifiée à Jésus Christ par Marie, ne peut plus disposer de la valeur d'aucune de ses bonnes actions ; tout ce qu'elle souffre, tout ce qu'elle pense, dit et fait de bien appartient à Marie, afin qu'elle en dispose selon la volonté de son Fils et à sa plus grande gloire, sans cependant que cette dépendance préjudicie en aucune manière aux obligations de l'état où on est à présent, et où on pourra être pour l'avenir : par exemple, aux obligations d'un prêtre, qui, par office ou autrement, doit appliquer la valeur satisfactoire et impétratoire de la sainte Messe à un particulier, car on ne fait cette offrande que selon l'ordre de Dieu et les devoirs de son état.

On se consacre tout ensemble à la très Sainte Vierge et à Jésus Christ : à la très Sainte Vierge, comme un moyen parfait que Jésus-Christ a choisi pour s'unir à nous et nous unir à Lui ; et à Notre Seigneur, comme à notre dernière fin, auquel nous devons tout ce que nous sommes. Comme à notre Rédempteur et à notre Dieu ». (Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Traité de la la vraie dévotion à la très Sainte Vierge).

Quelqu'un dira peut-être : « Si je donne à la très Sainte Vierge toute la valeur de mes actions, pour l'appliquer à qui Elle voudra, il faudra peut-être que je souffre longtemps en purgatoire ». Cette objection, qui vient de l'amour-propre et de l'ignorance de la libéralité de Dieu et de sa Sainte Mère, se détruit d'elle-même, une âme fervente et généreuse, qui prise les intérêts de Dieu plus que les siens, qui donne à Dieu tout ce qu'elle a sans réserve, en sorte qu'elle ne peut rien de plus ; qui ne respire que la gloire et le règne de Jésus Christ par sa Sainte Mère, et qui se sacrifie tout entière pour le gagner ; cette âme généreuse, dis-je, sera-belle plus punie dans l'autre monde, pour avoir été plus libérale et plus désintéressée que les autres ? Tant s'en faut : c'est envers cette âme, comme nous le verrons ci-après, que Notre-Seigneur et sa très Sainte Mère sont très généreux et prodigues en ce monde et dans l'autre, dans l'ordre de la nature, de la grâce et de la gloire.

On trouve depuis plus de huit cents ans des marques de cette pratique de dévotion dans l'Église. Saint Odilon, abbé de Cluny, qui vivait environ l'an 1040, a été un des premiers qui l'ait pratiquée publiquement en France. Différents papes ont approuvé cette dévotion, et des milliers de personnes l'ont embrassée.

La Bienheureuse Agnés de Jésus, religieuse dominicaine du couvent de Langeac, en Auvergne, où elle mourut en odeur de sainteté, souffrait de grandes peines d'esprit, quand elle entendit une voix qui lui disait que si elle voulait être délivrée de toutes ses peines et protégée contre tous ses ennemis, elle se fit au plus tôt l'esclave de Jésus et de sa sainte Mère. Aussitôt Agnès se donna tout entière à Jésus et à sa sainte Mère en cette qualité, quoiqu'elle ne sût pas auparavant ce que c'était que cette dévotion ; et ayant trouvé une chaîne de fer, elle se la mit autour du corps et la porta jusqu'à sa mort. Après cette action, toutes ses peines et ses scrupules cessèrent, et elle se trouva dans une grande paix et dilatation de cœur ; ce qui l'engagea à enseigner cette dévotion a plusieurs personnes qui y firent de grands progrès. Un jour la sainte Vierge apparut à la vénérable Agnès et lui mit au cou une chaîne d'or, pour lui témoigner la joie qu'elle avait qu'elle se fût faite l'esclave de son Fils et la sienne : et sainte Cécile, qui accompagnait la sainte Vierge, lui dit : « Heureux sont les fidèles serviteurs de la Reine du ciel, car ils jouiront de la véritable liberté ».

L'abbé Olier, fondateur de Saint Sulpice, voua à Marie une captivité perpétuelle, et en signe de cette heureuse captivité, il portait toujours une petite chaîne d'argent autour du cou. « Ces petits devoirs, disait-il, sont agréables à la sainte Vierge, ils lui plaisent davantage que d'autres plus considérables ».

Le Père de Montfort dit qu'il est très louable, très glorieux et très utile à ceux et celles qui se sont faits les esclaves de Jésus en Marie, de porter pour marque de leur esclavage amoureux de petites chaînes de fer bénites d'une bénédiction propre, chaînes mille fois plus glorieuses et plus précieuses, quoique de fer, que tous les colliers d'or des souverains et des mondains.

 

II. Ô Marie, je vous choisis aujourd'hui en présence de toute la cour céleste pour ma Mère et ma Maîtresse ; je vous livre et vous consacre, en qualité d'esclave, mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions passées, présentes et futures, vous laissant un plein droit de disposer de moi et de tout ce qui m'appartient, selon votre bon plaisir, pour la plus grande gloire de Dieu, dans le temps et dans l'éternité.

Ô Mère admirable, présentez-moi à votre cher Fils, en qualité d'esclave éternel, afin que m’ayant rachetée par Vous, Il me reçoive par Vous.

Ô Mère de Miséricorde, faites-moi la grâce d'obtenir la vraie sagesse de Dieu, et de me mettre pour cela au nombre de celles que vous aimez, que vous enseignez, que vous conduisez, que vous nourrissez et protégez comme vos enfants et vos esclaves.

Ô Vierge fidèle, rendez-moi en toutes choses une si parfaite imitatrice, disciple et esclave de la Sagesse incarnée, Jésus Christ, votre Fils, que je puisse partager un jour sa gloire dans les cieux. Amen.

 

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19 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Vingtième jour

Le samedi

 

« Le samedi tient le milieu entre le jour de la joie qui est le dimanche et le jour de la peine qui est le vendredi ; à ce titre il devait être consacré à Marie qui est la médiatrice entre Dieu qui jouit de la plus entière béatitude et l’homme qui est le jouet de toutes les souffrances » (Père Justin Miechow)

 

I. Dès les temps les plus reculés, le samedi fut comme le Dimanche de Marie ; et au VIIe siècle, il existait déjà un office de la Vierge qu'on aimait à réciter ce jour-là. Au Xe, dit Mabillon, la coutume s'introduisit de faire abstinence le samedi, de dire la messe de Beata, et de réciter l'office de Marie.

Le pape Urbain Il, en 1096, voulut que le samedi fût spécialement consacré à Marie dans l'Église, et qu'on fît son office ce jour-là. Saint Pie V, dominicain, en restreignant l'obligation de réciter le petit office. le conserva pour le samedi, quand il 'ne s'y rencontrerait pas un jour de fête. Saint Pierre Damien, par l'ordre d'Urbain II, composa le petit office quotidien et l'office du samedi en l'honneur de Marie.

Une pieuse tradition porte à croire que le samedi fut le jour béni où Dieu donna Marie à la terre et celui où il l'appela à venir partager au ciel la gloire de son divin Fils.

Ne pourrait-on pas dire aussi que suivant le testament de Jésus mourant sur la croix : « Mère, voilà votre Fils... Fils, voilà votre Mère », le samedi est le jour où, Jésus étant dans le tombeau, nous fûmes, pour la première fois, dans la personne du disciple bien-aimé, l'objet de la sollicitude maternelle de Marie, et où Marie obtint aussi les prémices de notre tendresse filiale ?... Cet usage d'honorer particulièrement Marie le samedi est si ancien dans l'Église, que saint Grégoire le Grand parle dans ses dialogues d'un saint artisan, qui distribuait aux pauvres le samedi tout ce qu'il avait gagné dans sa semaine ; une âme pieuse aperçut en vision un somptueux palais que Dieu préparait au ciel pour ce serviteur de Marie, et qui ne se bâtissait que le samedi.

Marie elle-même sembla accepter le samedi comme le jour privilégié qu'elle choisit pour répandre ses faveurs ; car elle révèle au pape Jean XXII, qu'elle délivrerait des flammes du purgatoire le samedi après leur mort tous ceux qui mourraient revêtus de son scapulaire.

L'Ordre de Saint-Dominique se distingua par sa dévotion à honorer le jour consacré à Marie. Qui ne connaît la dévotion des quinze samedis, pratiquée pendant quinze samedis. consécutifs en l'honneur des quinze Mystères du Rosaire ? Cette dévotion qui prit naissance dans la ville de Toulouse, à la fin de l'an 1600, s'est depuis propagée parmi les fidèles ; l'Église l'a approuvée et enrichie d'indulgences. Des avantages innombrables paraissent attachés à la dévotion des quinze samedis. Par elle, selon des dépositions authentiques, des aveugles ont recouvré la vue, une foule de malades ont été guéris, des pécheurs se sont convertis sincèrement, des affligés ont reçu de douces consolations. On lui doit enfin des vocations extraordinaires à la vie religieuse, la victoire sur ses passions, l'acquisition des vertus, etc.

Le roi saint Louis avait une dévotion si tendre et si vive pour la sainte Vierge, et tant d'amour pour son humilité, qu'afin de l'honorer et de l'imiter, il faisait réunir chaque samedi, jour consacré à Marie, une multitude de pauvres dans son palais. Lorsqu'ils étaient assemblés dans son appartement, il leur lavait les pieds à l'exemple du Sauveur, les essuyait et les leur baisait avec un respect qui faisait bien voir à tous qu'il reconnaissait en eux les membres de Jésus-Christ. Ensuite, pour joindre la charité à l'humilité, il les faisait asseoir à une table copieusement servie, et il les servait de ses mains royales, plus satisfait mille fois de glorifier par là Jésus et sa sainte Mère, que de tous les hommages qu'il recevait de sa cour. Enfin, il distribuait à chacun de ses pauvres convives une riche aumône, toujours en l'honneur de la Reine du ciel et de la terre. Il avait dû la vie à la Sainte Vierge, ayant été donné à sa mère, la reine Blanche, après que celle-ci eût récité et fait réciter par les personnes les plus pieuses le Rosaire, récemment établi par Saint Dominique. Ce saint roi avait désiré mourir un samedi, comme pour couronner par l'hommage de ses derniers soupirs, tous les honneurs qu'il avait rendus à Marie à pareil jour, chaque semaine de sa vie. Il fut exaucé, Marie voulant que ce jour d'honneur pour Elle. fut aussi celui de l'entrée dans la gloire céleste pour son fidèle serviteur.

Le vénérable Père Antoine Lequien jeûnait tous les samedis au pain et à l'eau en l'honneur de Marie. Il prêchait aussi tous les samedis à la même intention, et une foule immense se pressait dans la chapelle du Rosaire pour entendre ses instructions. Un jour qu'il prêchait dans cette chapelle sur les peines de l'enfer, il parla avec encore plus de chaleur et de véhémence qu'à l'ordinaire, et au moment de terminer son discours, il se tourna vers la statue de la Sainte Vierge placée sur l'autel, et s'adressant à elle avec un saint transport, il la pria de bénir elle-même ses auditeurs, afin qu'il n'y en eût aucun de damné. Étant ensuite descendu de la chaire sans donner la bénédiction accoutumée, on vit alors la statue de la sainte Vierge lever les bras et bénir toute l'assemblée.

La très Sainte Vierge fit entendre intérieurement cette parole au vénérable Monsieur Olier : « Fais vœu de dire une messe tous les samedis, pour remercier Dieu de ce qu'Il m'a rendue Mère de son Fils ». Le saint prêtre promit à l'instant. Le samedi était pour lui un jour qu'il sanctifiait comme les fêtes de l'Église, il ne faisait pas même travailler les ouvriers ce jour-là. Son directeur approuva cette pratique, et lui assura qu'elle était très agréable à Marie Tous les premiers samedis du mois, les enfants de la paroisse étaient offerts et consacrés à Marie ; ils assistaient à une messe solennelle, et à une procession en son honneur. Monsieur Olier, dans son ardent amour pour la sainte Vierge, se félicitait d'être né un samedi.

La vénérable Dominica du Paradis allait tous les samedis cueillir les fleurs les plus fraîches pour en faire de belles couronnes, qu'elle offrait à Marie et à son divin Fils. Un samedi matin qu'elle lui offrait des bouquets de roses, en la conjurant de vouloir bien les accepter et les sentir, son admirable et pieuse simplicité fut récompensée par deux miracles: comme elle élevait ses bouquets de roses vers l'image de la Vierge et de son céleste enfant, ils restèrent suspendus en l'air sans soutien naturel, et ensuite Jésus et Marie prirent les bouquets, les odorèrent et les remirent à Dominica, qui, en les baisant à son tour, les trouva embaumés d'une odeur infiniment plus pénétrante et plus délicieuse qu'auparavant.

Un autre samedi que, selon sa pieuse coutume Dominica avait couronné de roses les statues de la très Sainte Vierge et de son divin Fils, ils lui apparurent tous les deux peu après, et eurent avec elle un délicieux entretien qui embrasa son cœur du céleste amour.

Le samedi, la vénérable Hippolyte de Rocaberti offrait à l'honneur de la Mère de Dieu toutes les messes qu'elle entendait. Un samedi qu'elle demandait à Marie avec une grande ferveur ce qu'elle pourrait faire pour être agréable à son divin Fils et à Elle, la divine Vierge lui répondit : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces et de tout votre esprit, et votre prochain comme vous-même ». Elle fut en même temps remplie des plus vives lumières.

Persuadée, d'après une pieuse croyance, que le samedi fut le jour de la Nativité de Marie, la bienheureuse Benvenuta vénérait ce jour avec un respect particulier ; elle récitait deux mille Ave Maria en souvenir de cette joyeuse naissance et une fois elle mérita d'entendre les Anges la célébrer dans leurs chants.

Un Frère Prêcheur d'Allemagne, d'une grande réputation de sainteté, avait une dévotion toute particulière pour la très Sainte Mère du Sauveur, et il honorait d'une manière spéciale ce cœur si pur qui crut dans le Christ, et l'aima plus que toutes les créatures ensemble, ces entrailles virginales qui le portèrent, ces mains qui le servirent avec un si entier dévouement, ce sein qui l'allaita et sur lequel il reposa son enfance divine, en faisant chaque fois une prosternation et en récitant autant d'Ave Maria. Son intention était d'honorer par cette pratique, l'humilité, la charité, la chasteté, la patience, et toutes les vertus qui méritèrent à Marie la grâce de devenir la Mère de Dieu. Par la puissance que lui donne cet auguste titre, il la conjurait de lui obtenir la grâce d'imiter ses vertus. Un samedi, la bienheureuse Vierge lui apparut, et Elle répandit dans son âme les plus suaves délices et en même temps l'arôme de toutes les vertus auxquelles il aspirait si ardemment.

Tous les samedis le Père de Montfort allait communier à Notre Dame de Paris, tant que dura son séjour au Séminaire de Saint Sulpice.

Parmi les pratiques de dévotion que le Père Marie-Augustin recommande en l'honneur de Marie dans la Rose Mystique, il dit : « Consacrez au moins un jour par semaine, le samedi par exemple, pour remercier la sainte Trinité des immenses bienfaits dont Elle a comblé la Sainte Vierge, et faites la sainte communion à cette intention si cela Vous est possible. En suite, remerciez la sainte Vierge elle-même de tout ce qu'elle a fait pour vous, car les cœurs qui sont ingrats sont de bien tristes cœurs ».

Lorsqu'on fit remarquer à la Mère Marie-Dominique. atteinte de sa dernière maladie, qu'elle se mettait au lit un samedi : « Samedi, s'écria-t-elle, ah ! Marie ma Mère, venez me chercher ! »..., et elle disait ces mots en étendait les bras, comme si elle eut entrevu Celle qu'elle appelait de tous les vœux de son cœur. Enfin, patiente, heureuse de beaucoup souffrir comme elle l'avait demandé, désirant même souffrir davantage, elle mourut en s'immolant pour l'Église et les pêcheurs, le samedi 28 septembre 1861.

 

II. Ô Marie, ma bonne Mère, jusqu'ici je vous ai trop peu remerciée des grâces sans nombre que vous m'avez obtenues ; mais je veux, pour réparer mes négligences passées, vous offrir dans mon cœur votre Jésus, le jour qui vous est spécialement consacré chaque semaine, faire chaque samedi une légère aumône en votre honneur ; surtout, ô Vierge sainte, je veux vous donner tout mon amour, mes chants et mes prières. À vous, puissante protectrice, je m'abandonne sans retour. Si le monde m'appelle je lui répondrai : à Celle que Dieu nomme sa Mère, que l'Ange vénère, que le chrétien proclame son secours, à l'Astre des mers, à l'Etoile du matin, au doux rayon du ciel qui brille entre les nues, à l'aurore du soleil de justice, à Celle qui m'a si souvent préservée du naufrage, à Marie enfin, j'ai donné tout mon amour. Je lui donne à jamais mes larmes, mes maux, mes combats, mon âme, mes pensées, mes prières et mon cœur pour que, sur les ailes de l'amour céleste, elle les porte à son Jésus. Amen.

 

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