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28 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Vingt-neuvième jour

Marie, Refuge des pécheurs et Consolatrice des affligés

 

« Il ne nous sied pas d’ouvrir la bouche devant le Seigneur que nous avons tant offensé ; mais c’est Marie qui parlera et intercédera pour nous… Vierge Sainte, vous ne pouvez pas mépriser les pécheurs, puisqu’ils sont causes que vous êtes Mère de Dieu » (Saint Albert-le-Grand).

 

I. Marie assura à la bienheureuse Villana, qu'après le titre de Mère de Dieu, il n'en est point dont elle se glorifie davantage que celui d'Avocate des pécheurs.

La confiance que le bienheureux Égidius avait en Marie, refuge des pécheurs et consolatrice des affligés, lui obtint de recouvrer, après sept années de pénitences sévères et de ferventes prières, une donation qu'il avait eu le malheur de faire de lui-même au démon. Cette Vierge sainte, le refuge des pécheurs repentants et la terreur des démons, obtint à Égidius que la cédule impie par laquelle il avait livré son âme à Satan, lui fût rendue. Par ses ruses, l'esprit de ténèbres voulait nuire, non-seulement à Egidius, mais à beaucoup d'autres; mais, par l'intercession de Marie, la miséricorde de Dieu le sauve, le sanctifie et convertit par lui une grande multitude de pécheurs.

« Oh ! Oui, mon Dieu ! Votre miséricorde surpasse toutes vos œuvres... elle donne la vie, elle donne la lumière qui fait connaître votre clémence à toute créature, dans les justes et dans les pêcheurs; elle brille au plus haut des cieux dans vos saints, et si je regarde sur la terre, elle y abonde ». (Dialogue de sainte Catherine de Sienne).

Marie déclara à sœur Benoîte, l'humble bergère du Laus, que son Fils lui avait donné ce lieu pour la conversion des pécheurs ; et comme Benoîte devait être son auxiliaire terrestre dans cette œuvre sublime, on ne la rencontra plus que le Rosaire à la main, et ses yeux innocents exprimaient la gravité de ses pensées.

Mais ce qui augmenta et dilata encore son zèle pour la conversion des pécheurs fut l'apparition de Notre-Seigneur crucifié et couvert de sang : « Ce que vous me voyez souffrir, ma fille, lui dit le Sauveur, n'est pas ce que je souffre à présent ; mais c'est pour vous faire voir ce que j'ai souffert pour les pécheurs et quel est l'amour que je leur porte ! » Cette vue douloureuse lui ôta la parole pendant deux jours et l'eût privée de vie, si elle se fût prolongée.

L'excès des douleurs qu'elle ressentit à cette occasion lui fit comprendre quelque chose de ce que le Fils de Dieu et sa sainte Mère avaient souffert sur le Calvaire, et combien les âmes leur avaient coûté ; la vive compassion qu'elle avait ressentie lui fit éprouver le reste de sa vie, tous les vendredis, une sorte de crucifiement, et elle fut honorée des stigmates de la passion de Jésus. Elle comprit qu'il n'y a point de barrière plus forte contre le péché que le souvenir d'un Dieu expirant, ni de levier plus puissant pour retirer les pécheurs de la fange du vice. La glorieuse Mère du Sauveur lui apparut peu après cette apparition, la consola et l'avertit de prier beaucoup pour la conversion des pécheurs, puisque c'était pour eux que son Fils s'était soumis à une mort si cruelle.

Qui nous dira les nouvelles ardeurs dont ces grâces enflammèrent le zèle de Benoîte pour la conversion des pécheurs ?

Sauver les âmes, les ramener à leur Dieu était la fin de toutes ses pensées, de tous ses entretiens, de toutes ses bonnes œuvres. Pour elles, Benoîte passait les jours et les nuits en prières ; pour elles, elle offrait à Dieu ses communions, ses jeûnes, ses souffrances, ses macérations,et quand, à force de verser des larmes la source en était tarie, de ses yeux coulait du sang.

Elle employait mille pieuses industries pour les toucher et les gagner, et volontiers elle eût acheté le salut d'une seule âme par l'effusion de tout son sang.

Une fois, pendant une extase, la vénérable Mère Hippolyte de Rocaberti vit Notre Seigneur irrité contre le monde coupable et résolu de le châtier ; alors la très Sainte Vierge l'engagea à entrer dans la plaie du côté de Jésus pour le conjurer, par cet amour immense qui lui avait fait supporter tant de souffrances et ouvrir son cœur pour tous les hommes, de daigner leur pardonner leurs péchés.

Un jour qu'elle était affligée par un mal d'yeux qui la rendait presque aveugle, elle pria la Mère de bonté de l'assister dans cette peine ; à l'instant celle-ci lui apparut, et rendit à ses yeux la vue et l'éclat de ceux des colombes.

Une autre fois qu'elle était toute triste et désolée, la Vierge Marie la consola par ces paroles : « Tace, ama, spera, taisez-vous, aimez et espérez ».

Un autre jour que le démon l'inquiétait beaucoup au sujet des livres qu'elle composait lui disant que tout cela n'était qu'orgueil et perte de temps, et que, jamais ils ne verraient le jour, espérant ainsi la détourner d'écrire, elle eut recours à la Consolatrice des affligés, et pendant qu'après matines, elle récitait en son honneur le Rosaire, ce qu'elle faisait exactement chaque jour, ces paroles qu'elle avait dites à matines lui revinrent dans l'esprit : « La crainte et le tremblement m'ont saisie, et je me suis trouvée dans l'obscurité ; j'ai dit : « Qui me donnera des ailes comme à la colombe, et je volerai et je me reposerai ».

Dans le même moment, son esprit et son cœur furent ravis au ciel où elle vit la Mère de Dieu dans une grande gloire. La sainte Vierge lui dit : « Venez dans mon sein, ma colombe, et vous y reposerez ». A peine la, vénérable Mère eut-elle entendu ces paroles, qu'il lui sembla voir son âme introduite dans ce sein virginal où elle jouit longtemps d'une paix et d'un repos ineffable, pendant lequel toutes les craintes que le démon avait voulu lui inspirer s'évanouirent entièrement. Depuis ce temps, toutes les fois que le démon voulait la troubler et lui faire de la peine, elle prononçait humblement et avec ferveur ces paroles : « Quis dabit mihi pennas sicut columbæ, et volabo, et requiescam ? » et soudain elle se sentait transportée près de Marie, sur la montagne de Sion, et hors des griffes de son adversaire infernal.

 

II. Ô Vierge Marie, refuge des pécheurs, consolatrice des affligés, c'est en Vous que j'espère et que j'espérerai toujours ! Lorsque j'élève vers vous mes mains suppliantes et mes yeux noyés de larmes, la douce paix qui ne peut venir que de Dieu, descend dans mon cœur. Le souvenir de mes péchés pourrait-il encore me troubler, quand je vois dans vos mains les grâces que vous êtes toujours prête à répandre sur celles qui, prosternées humblement devant vous, vous implorent, le cœur plein d'angoisse, de tristesse et de repentir ?... Vous qui, chaste et Immaculée colombe, triomphâtes du mal et de la mort, et devîntes le bouclier, le refuge, la forteresse imprenable où nous sommes à l'abri des traits enflammés de nos ennemis ! Amen.

 

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27 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Vingt-huitième jour

Vocations révélées par Marie

 

« Quand Marie a jeté ses racines dans une âme, Elle y produit des merveilles de grâce qu’Elle seule peut produire, parce qu’Elle est seule la Vierge féconde, qui n’a jamais eu sa semblable en pureté et en fécondité » (Saint Louis-Marie Grignion de Monfort).

 

I. « Il nous importe souverainement de rechercher quels sont les desseins de Dieu sur nous ; car si nous entrons dans le chemin qu'il nous destine, nous trouverons tous les jours sous notre main les grâces préparées d'avance pour nos besoins, et nous arriverons sans fatigue au terme de notre pèlerinage. Si, au contraire, nous prenons une voie différente de la voie où Dieu nous appelait, par une juste punition de notre désobéissance insouciante, nous serons semblables à une armée qui s'égare dans un désert, et qui périt peu a peu de fatigue et d'inanition. (De la Vocation religieuse, par le P. Ambroise Potion).

Mon Dieu ! Puisque par tant d'exemples vous m'éclairez aujourd'hui d'une si vive lumière, je veux, sans tarder davantage, examiner devant vous avec l'aide de ma Mère céleste, quel est l'état auquel vous m'appelez ; daignez mettre dans mon cœur les dispositions nécessaires pour une recherche si importante à votre gloire et à mon salut !

Le bienheureux Jourdain de Saxe excitait souvent son ami Henri de Cologne à suivre l'attrait qui l'appelait à la vie religieuse, et il rapporte ainsi son entrée dans l'Ordre de Saint-Dominique : « Je lui disais donc : « Quel plus grand mérite, quelle plus glorieuse couronne, que de nous rendre participants de la pauvreté du Christ et de ses apôtres, et d'abandonner le siècle par amour pour Lui ! » Mais bien que sa raison le fit tomber d'accord avec moi, sa volonté lui persuadait de me résister. La nuit même où nous venions de tenir ce discours, il alla entendre matines, dans l'église de la bienheureuse Vierge, et il y demeura jusqu'à l'aurore, priant la Mère du Seigneur de fléchir ce qu'il sentait de rebelle en lui ; et comme il ne s'apercevait pas que la dureté de son cœur fût amollie par sa prière, il commença à dire en lui-même :

« Maintenant, ô Vierge Bienheureuse, j'éprouve que vous n'avez point compassion de moi, et que je n'ai point ma place marquée dans le collège des pauvres du Christ ! » Il disait cela avec douleur, car il souhaitait la pauvreté, quoiqu'il n'eût pas le courage de l'embrasser de lui-même, et il allait se retirer de l'église de Notre-Dame ; triste de n'avoir point obtenu la force qu'il avait demandée. Mais à ce moment Celui qui regarde d'en haut les humbles, renversa les fondements de son cœur ; des ruisseaux de larmes arrivèrent à ses yeux; toute la dureté qui l'opprimait fut brisée, et le joug du Christ, auparavant si dur à son imagination, lui apparut ce qu'il est réellement, doux et léger. Il se leva dans le transport de sa joie, et courut auprès de Frère Reginald, entre les mains duquel il prononça ses vœux ». (Vie de saint Dominique).

Le jeune et illustre Tancrède, favori de l'empereur Frédéric II, s'adressait fréquemment à la sainte Vierge, la conjurant, par son intercession auprès de Dieu, de lui faire connaître l'état de vie dans lequel il serait le plus agréable au Seigneur, bien résolu de le prendre, quel qu'il pût être. Il y avait quelque temps qu'il persévérait dans sa demande, lorsqu'un soir la Mère de Dieu lui apparut, et lui dit : « Tancrède, vous demandez que je vous montre un état qui soit propre à assurer votre salut : allez donc, et entrez dans mon Ordre ». Puis Elle disparut. Tancréde, fort embarrassé, car il ne savait de quel Ordre la sainte Vierge avait voulu lui parler, s'endort l'esprit rempli de ce qu'il avait entendu. Pendant son sommeil, deux Frères Prêcheurs, dont l'Ordre lui était entièrement inconnu, se présentent à lui, et le plus âgé, lui dit : « Vous avez demandé à Dieu, par l'intercession de la sainte Vierge, de vous enseigner une voie sûre pour votre salut ; levez-vous promptement ; il faut que vous passiez le reste de vos jours avec nous ».

Le lendemain matin, en allant à la messe, Tancrède rencontra le prieur des Dominicains de Bologne, et après l'avoir considéré attentivement, il reconnut avec surprise que c'était bien le religieux qu'il avait vu en songe. Il l'aborde. et lui exposa tout ce qui lui était arrivé. Puis ne doutant plus alors de la volonté de Dieu, il renonça sans regret à tous les avantages que lui offrait le monde, pour se consacrer au Seigneur dans l'Ordre de Saint Dominique, où il vécut et mourut saintement.

Un enfant de bonne famille ressuscité par l'intercession de Saint Dominique, et qui, pendant que son âme était séparée de son corps avait en connaissance de la béatitude des saints et en particulier de la gloire de notre bienheureux Père, résolut, lorsqu'il fut devenu grand, de renoncer au monde pour mener une vie mortifiée et d'entrer dans l'Ordre de Saint Dominique, pour mériter d'avoir part un jour au même bonheur que lui. Il cacha longtemps cette grâce, et ne l'aurait peut-être jamais fait connaître, si la charité ne l'y eût obligé dans l'occasion suivante : Il y avait à Paris dans le même couvent que lui un novice fortement tenté de retourner dans le monde ; il lui parla en secret, et lui dit : « Si vous saviez, mon frère, la grâce que Dieu vous a faite en vous appelant à l'Ordre de Saint-Dominique, non-seulement vous ne chercheriez pas à le quitter ; mais vous en chercheriez plutôt un autre encore plus austère. Je vous découvrirai, pour vous en convaincre, ce que je n'ai encore déclaré à qui que ce soit. J'étais enfant, lorsqu'il plut a Dieu de me retirer de ce monde ; mais pendant le temps que je fus, à ce qu'il me semblait, dans le ciel, je vis de si belles choses, surtout sur la gloire admirable de Saint Dominique que Notre-Seigneur avait fait arbitre de ma résurrection, qu'il n'y a pas de peine au monde que je ne sois prêt à souffrir pour y arriver; c'est pourquoi, je vous en conjure, ayez bon courage, le travail est court, et la gloire éternelle ; mais pour en obtenir la couronne, il faut nécessairement l'obtenir par la victoire dans le combat ». Cet aveu dissipa la tentation du novice, et il persévéra avec ferveur dans l'Ordre toute sa vie. Ce religieux qui l'avait soutenu dans la pratique de la mortification, y excellait lui-même ; il était surtout admirablement silencieux, il ne parlait jamais qu'il n'y fût obligé ou même forcé; mais alors il disait tant de choses admirables sur le paradis, la gloire des saints, celle de la sainte Vierge et la nature des Anges, qu'il embrasait les cœurs de tous ceux qui l'écoutaient, du désir du ciel, et les disposait à souffrir toutes les pénitences possibles, en vue de l'immense récompense qui doit les suivre.

Plusieurs docteurs habiles, parmi lesquels était le confesseur de Sainte Rose de Lima, considérant son aversion pour le monde, son dégoût pour le mariage, son attrait pour la solitude, l'oraison et les macérations, jugèrent qu'elle devait entrer dans un couvent cloîtré, et ménagèrent son entrée dans celui des Augustines. Il ne s'agissait pour Rose que d'échapper à sa famille. Le dimanche suivant fut choisi pour le jour de sa fuite ; elle partit en effet, ce jour-là, accompagnée de son frère, confident de son projet, et à l'insu de ses parents.

En passant près de l'église de Saint Dominique, où était la chapelle du Saint-Rosaire, elle voulut y entrer pour se recommander à la glorieuse Vierge, et lui demander sa bénédiction. Mais à peine eut-elle fléchi les genoux au pied de son autel, qu'elle se sentit comme clouée à terre.

Son frère la pria de partir, lui disant qu'elle prierait tant qu'elle voudrait dans le monastère. Rose, ne voulant pas découvrir à son frère l'empêchement qui la retenait, fit tous ses efforts pour se lever et le suivre, mais inutilement. Celui-ci, revenant pour la troisième fois de la porte de l'église, montra quelque impatience, et lui dit qu'elle courait le risque de retomber entre les mains de ses parente. Contrainte alors d'avouer son impuissance, elle pria son frère de la soulever, ce qu'il entreprit de faire, mais sans aucun succès ; on eut dit un rocher enraciné dans le sol, ou une masse de plomb trop pesante pour être mue par un homme. La sainte comprit ce que ce miracle signifiait : « Ou Dieu n'approuve pas, se dit-elle, que je quitte mes parents, ou bien la retraite que j'ai choisie n'est pas celle qu'il me destinait ». Alors, s'adressant à la Reine des Anges, elle lui dit :

« Je vous promets, auguste Marie, de retourner sur-le-champ auprès de ma mère et de rester près d'elle jusqu'à ce que vous me donniez l'ordre d'en sortir ». À peine eut-elle achevé ces paroles, qu'elle put se lever sans aucune difficulté et retourner chez elle. Les tentatives qu'elle fit pour entrer dans le Carmel furent également sans succès. Marie qui réservait cette Rose de vertus pour l'Ordre de son serviteur Dominique, lui fit comprendre par des signes non équivoques qu'elle devait entrer dans le Tiers Ordre de Saint Dominique.

Un jour que la Bienheureuse Agnès de Jésus demandait avec larmes de sortir promptement de ce monde pour aller se réunir à l'Époux céleste, Notre Seigneur lui dit : « Tu m'es nécessaire pour la sanctification d'une âme qui doit servir à ma gloire ». Peu de temps après, la très Sainte Vierge lui apparut, et lui fit entendre ces paroles : « Prie mon Fils pour l'abbé Olier », Agnès ne connaissait point cet abbé ; mais la recommandation de Marie lui inspira pour cette âme une charité incroyable ; elle consacra trois ans de prières, d'austérités et de larmes à lui mériter la grâce abondante du salut et de la sanctification. Elle joignit à ses pénitences excessives les soupirs ardents de son cœur, et d'abondantes larmes.

Après ces trois années, Dieu fit connaître d'une manière prodigieuse à Agnès l'homme qui était pour elle l'objet d'une si vive sollicitude. L'abbé Olier, fervent serviteur de Marie, s'adonnait alors aux exercices d'une sérieuse retraite dans la maison de Saint Vincent de Paul. Il était dans sa chambre en oraison, lorsque, tout à coup, il voit paraître devant lui une personne revêtue de l'habit de Saint Dominique. C'était Agnès, miraculeusement transportée de Langeac à Paris. Une gravité sainte, une douce majesté embellissaient sa pâle figure ; des pleurs coulaient de ses yeux. D'une main elle tenait un crucifix, et de l'autre un Rosaire. Son Ange gardien, d'une beauté resplendissante, portait l'extrémité de sa chape noire ; il tenait de l'autre côté un mouchoir pour recevoir les larmes dont la figure de la vénérable Mère était baignée ; elle ne lui dit que ces paroles : « Je pleure pour toi », et elle disparut.

Ce langage alla au cœur de l'abbé Olier et le remplit d'une douce tristesse. Dès lors il entrevit les grands desseins que Dieu avait formés sur lui et toute la miséricorde de Marie à son égard. Il regarda, après Elle, la Bienheureuse mère Agnès comme sa mère spirituelle, et lui attribua toutes les grâces particulières qui firent de lui l'ornement et la gloire du clergé de France, l'un des plus saints prêtres de l'Église, et l'homme vraiment apostolique suscité pour réformer le clergé, et par lui, le peuple chrétien.

 

II. Ô Marie, vous que l'Église appelle la Porte du ciel et l'Étoile de la mer, brillez à nos yeux, dissipez les nuages épais qui nous environnent, et laissez luire à nos regards une de ces vives lumières qui indiquent la voie à suivre. Mais par-dessus tout, armez-nous de courage pour correspondre à. la voix intérieure et à la vérité connue, car il y en a plusieurs qui ne voient point et qui n'entendent point, parce qu'ils ne veulent point entendre, et parce qu'ils ne veulent point voir. Dieu frappe à la porte de notre cœur; mais si nous refusons de l'ouvrir, il ne s'est point engagé à nous attendre et à frapper plusieurs fois. C'est pourquoi comme Henri de Cologne, Tancrède et tant d'autres, armons-nous de courage, et si nous entendons sa voix n'endurcissons point nos cœurs, (Ps. 44.).

Parlez, Seigneur, votre servante vous écoute. Que voulez-vous que je fasse, ô Marie ? C'est vers vous que j'élève mes regards ; dirigez, Mère de lumière, dirigez mon cœur vers votre divin Fils, afin que j'entre dans la voie où je dois le servir, et que j'obtienne ainsi la fin pour laquelle j'ai été créée, le bonheur de le voir et de le posséder avec vous pendant l'éternité. Amen.

 

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26 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Vingt-septième jour

Amour envers Marie

 

« Aimons toujours davantage Notre Seigneur ! Aimons Marie ! Aimons Jésus jusqu'à l'ivresse ! Aimons Marie jusqu'à la passion !… » (Lettre du Père Schaffausser)

 

I. Albert le Grand applique à Marie ces paroles de la Sagesse : « Je préviens ceux qui me désirent et je me montre à. eux la première. Oh ! Qu'il est facile, ajoute-t-il, de trouver Marie quand on l'aime ! » Le Saint en avait fait la douce expérience ; on peut dire qu'il ne vivait que de Marie, que pour Marie, qu'avec Marie !

Un matin que le bienheureux Henri Suso était assoupi, il entendit sonner les fanfares qui annonçaient le retour du jour ; il se prosterna aussitôt contre terre en saluant son Étoile d'amour, la Reine souveraine du ciel ; il lui chanta dans son âme un cantique délicieux, avec cette effusion de joie que font paraître pendant l'été les oiseaux des champs quand ils saluent l'aurore. Une voix mélodieuse lui répondit intérieurement par ces mots : « Maria, stella Maris, hodie processit ad ortum ». Alors son allégresse n'a plus de bornes ; il chante avec Marie, qui chante dans son cœur. Il répète les paroles qu'il a entendues, et tout entier à Celle qui lui parle, il s'efforce de s'unir tout à Elle par ses adorations, par ses aspirations les plus fortes et les plus passionnées ; et Marie se penchant avec bonté vers son serviteur lui dit : « Plus tu m'aimeras sur la terre, plus je t'aimerai tendrement dans le ciel, et plus aussi, tu me seras uni au jour de l'éternelle clarté ».

Ces paroles anéantirent d'amour le jeune homme, et de ses yeux coulaient deux fontaines de larmes. Des grâces semblables lui étaient accordées pendant ses prières du matin, lorsqu'à l'aurore il se prosternait trois fois en embrassant la terre et en saluant ainsi l'éternelle Sagesse : « Mon âme a soupiré après vous toute la nuit, et dès le matin mon esprit s'est empressé de vous louer du plus profond de son être ». Ensuite il s'adressait à la chère étoile de lumière et d'amour, à Marie, la Mère du Verbe incarné, et il activait tellement son amour pour Dieu et Marie qu'il devenait comme un foyer d'amour, et que ses paroles étaient des flammes qui embrasaient tous les cœurs.

Le bienheureux Henri de Caltris prit l'habit religieux fort jeune au couvent de Louvain, il avait un grand amour pour la Reine des anges, qui, pendant son noviciat, lui apparut tout étincelante de lumière. Elle lui demanda son cœur, et depuis il eut un si grand amour pour Elle qu'aucun saint ne l'a surpassé dans cet amour. Aussi Marie venait elle à son secours toutes fois qu'il l'invoquait dans ses tentations.

Pendant que la bienheureuse Esprite était en pension, elle se levait ordinairement à minuit et priait pendant une heure devant un tableau de la Vierge qui était prés de son lit. Une de ses compagnes qui l'observait en secret, a dit plus d'une fois qu'Esprite, après avoir récité son chapelet, les litanies de la Mère de Dieu et plusieurs autres prières en son honneur, s'abandonnait à des transports d'amour pour la sainte Vierge, pendant lesquels elle lui donnait les plus tendres noms, l'appelant sa dame, sa maîtresse, sa souveraine, sa protectrice, sa Mère, sa toute belle; toute puissante, tout aimable princesse ; et faisant une inclination à chaque titre d'amour qu'elle lui donnait, elle s'efforçait d'inspirer des sentiments d'amour pour Marie à ses jeunes campagnes ; elle leur parlait sans cesse de ses perfections avec tant de force et d'onction, que ces jeunes coeurs en étaient tout attendris. Elle avait la Mère de Dieu si présente à son souvenir que toutes les fois qu'elle avait à monter les degrés qui conduisent à la tribune intérieure de l'église du monastère, on la voyait s'arrêter à la porte et faire de profondes révérences, accompagnées de ces petites façons que l'on fait à ceux qu'on prie par honneur d'entrer les premiers. Elle avait sans doute dans ce moment une pensée vive de la présence de la Mère de Dieu. et c'était là ce qui l'obligeait à lui rendre ces marques d'honneur et de respect.

Le bienheureux Jacques Salomon, ayant perdu de bonne heure les appuis de son enfance, prit Marie pour mère et lui consacra sa vie entière. « À peine peut-il bégayer quelques syllabes que le nom de Marie est sans cesse sur ses lèvres. Ses délices et sa joie sont de célébrer les louanges de Marie ; la plus précieuse récompense de ses travaux, c'est un regard de Marie ; son repos, son délassement dans les exercices d'une vie austère et pénitente, c'est d'aller répandre son cœur au pied de l'autel de Marie ; l'arme puissante qu'il emploie pour conquérir les âmes, c'est le Rosaire de Marie, et la ferveur des Ave Maria qui sortent de sa bouche fait fleurir en plein hiver les roses des cloîtres de son couvent ; enfin son espérance à l'heure de la mort, c'est Marie Mère de miséricorde qu'il invoque avec l'amour d'un enfant et la foi d'un prédestiné ». (Méditations sur la vie et les vertus des saints et des bienheureux de l'Ordre de saint Dominique).

 

II. Votre gloire immense, Vierge sainte, n'a nul besoin de mes humbles hommages et de mes louanges imparfaites, et si je n'écoutais que le profond sentiment de mon incapacité et de ma misère, je ferais silence, car mon âme ne peut décrire cet amour qu'elle sent si bien. Mille fois j'ai senti que rien ne peut rendre l'immensité de mon amour pour vous, ô Marie !

Je puis décrire l'océan et la vague qui bouillonne et se brise sur le roc, les hautes futaies qui gémissent sous le vent qui tourbillonne, l'éclair qui dissipe une seconde les ténèbres, pour en mieux faire sentir l'horreur ; je puis chanter le parfum des fleurs nouvelles, le ruisseau qui murmure, les pics neigeux qui portent jusqu'au delà des nuages le témoignage de la puissance de Dieu ; la beauté de l'aurore naissante ; mais qu'est auprès de vous, divine Vierge, ravisseuse des cœurs, tout ce que la terre renferme de beau, de suave, de doux !... Mais, ô profond mystère qui nous confond et nous ravit d'amour ; vous nous dites, vous nous prouvez, ô Mère si tendre ! Que vous aimez les louanges et les hommages de vos enfants quand ils sortent d'un cœur tout à vous, et que vous cessez d'écouter l‘harmonieux concert des archanges, pour prêter l'oreille aux humbles accents d'amour de la plus obscure de vos filles. Aussi, mon âme enivrée d'amour et de reconnaissance pour vous, auguste Mère de Dieu, vous offrira toujours ses hommages sur la terre, en attendant qu'elle puisse aller vous aimer sans fin, au ciel avec les esprits bienheureux. Amen.

« Vous êtes, ô ma bien-aimée Marie ! La plus belle de toutes les Vierges ; on ne vit jamais sur la terre une plus pure créature que vous ! Votre visage est un paradis plein de grâce et de pureté ; jamais ne parut ici-bas beauté plus parfaite après celle de Dieu. Vos yeux qui respirent l'amour, sont deux étoiles brillantes et belles; vos regards sont des traits qui blessent les cœurs. Vos mains sont des perles ; en les voyant, on les aime ; elles sont pleines de faveurs et de biens pour les âmes qui sont à vous ! Oh ! quand irai-je vous voir ! quand m'en irai-je vers vous, ô Marie, en soupirant d'amour ». (Couronne de Marie, octobre 1860).

 

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24 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

 

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Vingt-cinquième jour

 

Des Pèlerinages aux églises de Marie

 

 

 

« Qu'ils sont utiles aux pêcheurs les lieux consacrés par la piété a la très Sainte Vierge ! » (Mr Olier)

 

« Quand on est arrivé à un lien de pèlerinage, il faut rendre avec ferveur ses vœux et ses respects à Dieu, à la Vierge, ou au saint; demander instamment les grâces dont on a besoin, et surtout celle d'une parfaite conversion ». (Père Ducos).

 


I. Les oratoires qui, dès les commencements de l'Église, avaient été consacrés à la très Sainte Vierge, devinrent souvent, par la suite des temps, des lieux de pèlerinage à cause des miracles qui s'y opéraient. Mais pour que les pèlerinages soient utiles à nos âmes, il faut les faire comme les faisaient les saints, réfléchir sur la sainteté du but qu'on se propose, sur la sainteté du lieu qu'on veut visiter, sur les grâces à demander, sur la conduite à tenir et sur le mal à éviter pendant le voyage, et en offrir d'avance à Marie les fatigues et les privations; se mettre en état de grâce avant de partir, pour rendre méritoires les fatigues inséparables d'un long voyage, et ne pas risquer d'être surpris par les accidents auxquels on peut être exposé pendant le trajet ; se mettre sous la protection de la sainte Vierge, dont on va visiter le sanctuaire ; réfléchir sur les voyages que Notre-Seigneur faisait sur la terre pour le salut du monde, sur les voyages que les saints ont faits pour la gloire de Dieu et le salut des âmes sur le grand, important et décisif voyage que nous faisons du temps à l'éternité.

 

Notre glorieux Père saint Dominique nous donna le premier l'exemple de la dévotion aux pèlerinages de Marie. Notre Dame de Rocamadour, vieux sanctuaire dédié à la Bienheureuse Vierge Marie, dans une solitude sauvage et escarpée du Quercy, se souvient encore du pèlerinage que fit Saint Dominique avant de se rendre à Paris. Ce fut en sortant de Rocamadour qu'il accomplit un de ses plus éclatants miracles.

 

Tous les enfants de notre bienheureux Père l'imitèrent dans sa dévotion pour les pèlerinages de Marie, où le souvenir de leur passage est encore vivant.

 

Le vénérable Père Antoine Lequien n'alla jamais à Rome, voyage qu'il fit plusieurs fois, sans passer par Lorette, afin de vénérer Marie d'une manière plus particulière dans ce lieu qui lui est spécialement consacré ; il était cependant obligé pour cela de se détourner de plus de quarante lieues de sa route. Pendant un des séjours qu'il fit à Lorette, tandis qu'il priait Dieu dans la petite chambre de la Sainte Vierge, il vit qu'on se disposait à la balayer. Il sollicita comme une précieuse faveur la permission de remplir lui même cette fonction ; il s'en acquitta en effet avec beaucoup de respect et de ferveur. Cependant, ayant, par mégarde, heurté une des lampes suspendues dans la chapelle, l'huile se répandit sur sa tête ; il l'essuya promptement et la conserva toujours depuis comme une sorte de relique, que sa foi et sa piété lui rendaient précieuse. Pendant qu'il priait dans cette Sainte chapelle, il remarqua que les pèlerins déposaient dans le tronc des aumônes plus ou moins considérables. Son complet dénuement ne lui permettant pas de les imiter, il voulut cependant faire l'offrande qui était en son pouvoir, et qui, sans doute, ne fut pas la moins agréable à la divine Mère. Il écrivit sur un petit morceau de papier un acte de consécration et de donation entière de lui-même à Marie dans les termes les plus tendres et les plus dévoués, et l'ayant roulée étroitement, il le jeta dans le tronc, pour lui servir d'offrande.

 

Dans ce célèbre sanctuaire, il célébrait la Sainte Messe avec les sentiments de la plus profonde dévotion, et baisait respectueusement les petits ustensiles qu'on y conserve avec soin comme ayant servi à l'enfant Jésus et à sa sainte Mère.

 

Lorsqu'il arrivait à Paris, sa première visite était pour Notre Dame, qu'il prenait pour son aide et son soutien dans les affaires dont il était chargé. Dans un voyage dans le midi, il se détourna de sa route pour aller visiter une église dédiée à la sainte Vierge, sous le titre de Notre Dame de Grâce. Il visitait de même tous les lieux saints qui se trouvaient sur son chemin pendant ses voyages, pour remercier Dieu des grâces qu'il lui avait faites. Pour obtenir la victoire sur une pénible tentation, il ne craignit pas de faire deux lieues, pieds nus, pour invoquer Marie dans une chapelle plus spécialement consacrée à son honneur, et il en reçut le secours qu'il espérait.

 

« Au commencement du XIVe siècle, nous voyons parmi la foule des pèlerins de Notre Dame d'Einsiedeln, Sainte Elisabeth, fille d'André III, roi de Hongrie ; cette vertueuse princesse était entrée chez les Dominicaines de Toes, près Winterthur, et sous la direction spirituelle du Bienheureux Henri Suso, elle arriva bientôt à un haut degré de perfection. Élisabeth étant tombée dangereusement malade, les médecins lui ordonnèrent d'aller prendre les eaux de Bade, et ses supérieurs y donnèrent leur consentement. Mais sa confiance en Marie l'emporta sur les avis des médecins, elle vint à l'ermitage de Saint Meinrad, elle s'agenouilla devant l'image miraculeuse de Celle que l'Église appelle le salut des infirmes, elle pria longtemps avec espoir et foi, et quand elle se releva, elle était guérie ». (Chronique d’Einsiedeln).

 

L'abbé Olier avait une grande dévotion pour aller en pèlerinage aux divers sanctuaires de Marie. Toutes les fois qu'il avait quelque grâce spirituelle a demander c'était là sa grande ressource, et il retirait de ses pieux voyages les avantages les plus précieux. Pendant qu'il était à Rome pour étudier l'hébreu, il éprouva un affaiblissement de la vue qui lui rendit l'étude impossible, tous les remèdes furent employés sans aucun succès. Le pieux jeune homme eut alors recours à la Sainte Vierge, et fit vœu d'aller à Notre Dame de Lorette. Il se mit en route à la fin de mai, par une chaleur excessive, à pied, et couvert de ses vêtements d'hiver. Il fit environ cinquante lieues. Chemin faisant, il récitait le Rosaire, ou bien il chantait ou composait de pieux cantiques. Le plus souvent il méditait sur Jésus et Marie, et ces saintes occupations lui faisaient oublier la fatigue du voyage ; mais elle n'existait pas moins, et la nature fut près d'y succomber.

 

Il fut attaqué par une violente fièvre qui l'abattit sans l'arrêter néanmoins. Il se traînait lentement, et plus il approchait de Lorette, plus il goûtait de consolations intérieures, et plus sa confiance en Marie augmentait. Dès qu'il fut arrivé, on voulut qu'il allât consulter un médecin, mais il s'y refusa et alla de suite se prosterner aux pieds de la Madone miraculeuse. Son empressement et sa dévotion furent récompensés ; au même instant, il se trouva parfaitement guéri, et son âme fut inondée des plus suaves consolations et d'un grand désir de la perfection. Ce fut la, disait-il, qu'il reçut le coup le plus puissant, et qui de son entière conversion. Marie lui obtint plus qu'il ne lui avait demandé. Il fut guéri de la fièvre et de la faiblesse de sa vue pour le reste de sa vie, et de plus les yeux de son âme furent ouverts ; il reçut les grâces les plus particulières, et entre autres un si grand attrait pour la prière qu'il passa la nuit entière en oraison dans la sainte chapelle, et en sortit un homme nouveau.

 

Les pèlerinages aux sanctuaires de Marie étaient aussi le moyen que le même serviteur de Dieu employait pour se préparer aux fêtes de Marie.

 

En 1632, il fit le pèlerinage de Notre Dame de Liesse, pour se préparer à la fête de l'Assomption et aussi pour demander le succès d'un sermon qu'il devait faire ce jour-là. A cette époque, il éprouvait en montant en chaire une agitation extraordinaire, qui paralysait ses facultés. Ce jour-là, la mémoire lui manqua entièrement au milieu de son sermon, mais il s'abandonna à Marie en toute sincérité et humilité; il continua à parler et à dire tout ce qui lui venait sur les lèvres et il se trouva qu'il avait dit précisément tout ce qu'il avait préparé. Son sermon produisit d'heureux fruits.

 

Parmi les nombreux sanctuaires consacrés à Marie, il y en a plusieurs qui rappellent de grands souvenirs dominicains, et qui, pour cette raison, doivent nous être particulièrement chers. Le premier est sans contredit Notre Dame de Prouilhe. Notre glorieux Père puisait surtout dans sa tendre dévotion à Marie les forces dont il avait besoin pour accomplir la rude tâche qu'il s'était imposée. L'histoire, d'accord avec la tradition, nous montre le sanctuaire de Prouilhe comme le lieu où les faveurs de Marie se répandaient sur son serviteur d'une manière particulière, et nous regardons Prouilhe comme le berceau des principales institutions dominicaines.

 

Nous avons déjà vu que l'illustre patriarche commença par y établir le premier couvent des sœurs de son Ordre. Il vit fondre sur cet endroit un globe de feu, qui manifestait la volonté divine. Le sanctuaire de Prouilhe vit également germer, sous les bénignes influences de la Reine des cieux, le premier Ordre des Frères Prêcheurs. L'institution du Rosaire et celle du Tiers Ordre de la Pénitence, ces autres œuvres saintes de Dominique, ne sont pas étrangères non plus au sanctuaire de Prouilhe. Ah ! Sans doute, plus d'une fois, prosterné devant l'autel chéri de Notre Dame de Prouilhe. il y reçut des inspirations vives, des enseignements lumineux sur la dévotion si salutaire du Rosaire.

 

Quant au Tiers Ordre, selon toute vraisemblance, l'idée, le plan, la forme de cette institution nouvelle ont été souvent l'objet des préoccupations pieuses du serviteur de Dieu durant les longues veilles qu'il passait aux pieds de Notre Dame de Prouilhe. Ne nous étonnons pas du tendre intérêt que porte toute la famille dominicaine à ce lieu sacré ; il est bien légitime. À Prouille, la famille dominicaine a été conçue ; c'est là qu'elle a été engendrée. Saint Dominique en fut le Père, et elle reconnaît dans la Bienheureuse Vierge Marie sa Mère mystique.

 

À Avignonnet, non loin de Prouilhe, se trouve Notre Dame des Miracles qui rappelle aussi de grands souvenirs dominicains sur lesquels je m'étendrai un des jours suivants. Nous avons encore dans le diocèse de Toulouse Notre-Dame des Grâces de Brugnières, dans le diocèse de Fréjus, à Tavernes (Var), Notre-Dame de Bellevue et de Consolation ; dans le diocèse de Gap (Hautes-Alpes), Notre Dame du Laus, etc., etc...

 

 

 

II. Je vous remercie, Vierge sainte, d'avoir bien voulu manifester dans tant de lieux-dits vers votre puissance et votre miséricorde par un si grand nombre de miracles éclatants. Ô Vierge, je Vous conjure de daigner secourir toujours ceux qui vous invoqueront dans vos sanctuaires privilégiés ; soyez touchée de nous voir gémir sous le poids d'afflictions diverses dans cette vallée de larmes, et étendez la main pour nous secourir. Si vous m'accordez, ma, bonne Mère, la grâce de visiter quelqu'un de vos sanctuaires privilégiés, faites que je profite de tout ce que je verrai, de tout ce que j'entendrai le long de mon chemin, pour élever mon cœur vers Dieu, et qu'arrivée aux pieds de votre image bénie, je prenne sous vos auspices tous les moyens de profiter de la grâce que vous m'avez ménagée. Obtenez-moi enfin qu'après mon triste pèlerinage sur cette terre d'exil, vous m'ouvriez les portes du ciel, ma seule et véritable patrie. Amen.

 

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23 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Vingt-quatrième jour

Diverses pratiques de dévotion en l’honneur de la très sainte Vierge Marie

 

« Si la dévotion à la sainte Vierge est nécessaire a tous les hommes pour faire simplement leur salut, elle l'est encore beaucoup plus à ceux qui sont appelés à une perfection particulière ». Saint Louis-Marie Grignion de Montfort).

 

I. « Quand le printemps venait, que les fleurs commençaient à paraître, je m'abstenais, dit le bienheureux Henri Suso, d'en cueillir jusqu'à ce que j'eusse fait une belle et brillante couronne à la Mère de mon Dieu. Je me mettais à cueillir des fleurs avec toutes sortes de pensées d'amour pour Marie ; j'allais dans la chapelle poser ma couronne sur la tête de la Sainte Vierge, cette fleur joyeuse de mon cœur, la priant de ne pas dédaigner les prémices que son serviteur lui offrait ».

Un jour qu'il avait ainsi honoré la sainte Vierge, il lui sembla que le ciel était ouvert; il voyait les anges descendre vers lui, et les entendait chanter à la louange de Marie un hymne si ravissant qu'il en mourait de plaisir. Le bienheureux unit sa voix à celles des esprits célestes, et son âme fut inondée de délices et d'amour pour Dieu. Une autre fois, au commencement du mois de mai, il avait dévotement offert, selon sa coutume, une couronne de roses à la Reine du ciel, lorsqu'il se crut transporté au milieu d'un concert céleste. Lorsqu'il fut terminé, la sainte Vierge s'avança vers lui, et lui commanda de chanter ce verset : « O vernalis rosula... » il obéit avec joie, et aussitôt des anges, dont les voix étaient plus admirables et plus ravissantes que tous les instruments de musique réunis, accompagnèrent son chant et le continuèrent longtemps encore après qu'il eut fini le saint cantique.

Le Père François Alain, du couvent de Notre Dame de Bonne Nouvelle à Rennes, eut une grande réputation de sainteté pendant sa vie et après sa mort. Il mérita, par son zèle et son assiduité à faire honorer la sainte Vierge, la qualité de « dévot de Marie et de père du saint Rosaire ».

Un grand nombre de nos saints et de nos saintes jeûnaient au pain et à l'eau la veille de toutes les fêtes de la Sainte Vierge. La Bienheureuse Marguerite de Hongrie, la veille de ces fêtes et pendant leur octave, servait Marie avec un redoublement de ferveur. Elle commença ces pieux exercices dès sa plus tendre enfance. Quand la maîtresse des novices l'envoyait avec les autres à la récréation, elle les engageait à venir avec elle à la chapelle chanter des hymnes à la Reine des Anges.

La Bienheureuse Hélène des Tourelles avait toujours été très dévouée à la sainte Vierge, avant d'entrer au couvent, elle fit bâtir une chapelle en son honneur et y attacha des rentes pour l'entretien du culte divin ; les cloches de cette chapelle sonnèrent toutes seules au moment de sa mort.

La tendre piété de Saint Albert-le-Grand lui mérita de la part de la Vierge Marie, qui récompense au centuple ce que l'on a fait pour Elle, toutes les grâces dont sa longue carrière fut remplie. Marie était à la fois sa mère, sa directrice et son amie. Si l'obéissance à ses supérieurs, la charité pour le prochain et les obligations de sa charge le lui eussent permis, il n'eût voulu faire qu'aimer Marie. Il entonnait ses louanges cent fois par jour, il poussait vers Elle de tendres soupirs, et quand ses devoirs lui laissaient quelque liberté, il allait se jeter avec effusion à ses pieds. Souvent on l'entendait, au milieu de ses promenades solitaires, chanter à sa céleste amie des hymnes ravissantes qu'il avait composées pour Elle, il mêlait souvent à ses chants autant de soupirs qu'il y avait de notes, et de larmes qu'il y avait de paroles. Mais il ne se plaisait pas seulement à parler de Marie, à chanter ses louanges, il faisait toutes ses actions en vue de lui plaire. Il lui offrait ses travaux, ses souffrances et ses consolations. S'agissait-il de donner un conseil, d'écrire, d'enseigner, de prêcher, c'était Marie qu'il appelait à son aide ; partout et toujours il la prenait pour modèle de sa vie, comme à toute heure elle était l'objet de ses affections.

Le Vénérable Père Antoine Lequien s'occupait avec ardeur de l'œuvre si difficile de la réforme des couvents de sa province ; mais bien convaincu que rien ne pouvait lui être plus utile dans cette circonstance que d'intéresser Marie à sa cause, il redoubla de supplications en récitant plusieurs fois par jour le saint Rosaire, pratique pour laquelle il avait une singulière dévotion. Sa confiance envers Dieu et Marie était sans bornes, des plus touchantes et des plus profondes ; aussi obtint-il par ce moyen les grâces les plus signalées. « J'étais, dit-il, convaincu de cette pensée, que Dieu se sert de nos infirmités pour faire réussir ses desseins, pourvu qu'on soit pénétré de confiance en Lui ». Le cœur de ce vertueux Père était plein d'une grande reconnaissance envers Dieu et Marie pour les bienfaits qu'il en recevait. Dès qu'il avait été exaucé, on le voyait aussitôt commencer des neuvaines d'actions de grâces envers Dieu et la sainte Vierge.

Non content de s'acquitter lui-même de ce devoir, il exhortait sans cesse ses religieux à la reconnaissance, leur recommandant surtout de la faire consister dans une plus grande et plus inviolable fidélité pour le service de leur divine bienfaitrice. L'abbé Olier avait un si grand amour pour Marie qu'il s'estimait heureux d'être né d'une mère qui s'appelait Marie, et dans une rue de Paris qui portait le nom de Notre Dame. Dès ses premières études, il ne manquait jamais d'invoquer la Vierge avant de prendre son livre, et il avouait plus tard qu'il ne pouvait rien apprendre qu'à force d'Ave Maria. Dès lors il avait l'habitude qu'il conserva toute sa vie, de lui offrir tout ce qu'il avait de neuf ; il n'aurait osé se servir d'un vêtement sans le lui avoir consacré ; il la priait instamment de ne pas permettre qu'il offensât son divin Fils tant qu'il le porterait. Il ne voulait user qu'en son nom de tout ce qu'il possédait. Quand il se levait ou se couchait, quand il sortait de sa chambre ou y rentrait, il ne manquait jamais de demander à la Sainte Vierge sa bénédiction, et, s'il entreprenait un voyage hors de Paris, il allait la lui demander dans l'église Notre Dame. Au retour, c'est à Elle qu'il allait rendre ses premiers devoirs. Toutes les fois qu'il entreprenait une chose considérable, il allait la lui recommander.

Le Père Schaffhausser, mort en 1860, ne quittait jamais sa cellule sans avoir prié la sainte Vierge de le bénir, en lui adressant à genoux avec ferveur cette invocation : « Nos cum prole pia benedicat Virgo Maria ! » Il aimait Marie comme un enfant aime sa mère, il lui redisait tous les jours quelques-unes des prières composées en son honneur, et dans ses promenades, pendant son noviciat à Châlais, son plus grand bonheur était de charmer les échos des montagnes en chantant des cantiques à Marie. Après le culte de Jésus, le Rosaire était sa dévotion privilégiée; il connaissait toute la puissance de cette prière sur le cœur de Dieu et sur celui de Marie pour obtenir de leur miséricorde la transformation des âmes ; aussi, non content de réciter le Rosaire, il en faisait souvent le sujet de ses prédications.

Parmi les mille moyens donnés par les auteurs de la vie spirituelle, en voici un peut être peu connu, mais dont les résultats sont efficaces ; c'est d'écrire à Marie ! Oui, écrire à Marie, surtout quand approchent ses fêtes, lui écrire et laisser parler son cœur ; lui exprimer avec naïveté nos misères, nos désirs et nos bons sentiments ; lui faire lire jusqu'au fond de notre âme, et quand arrivera un jour de fête ou de communion, placer cette lettre sur son cœur, et conduit par les mains de Marie, s'approcher de la sainte Table avec amour, afin de sceller par le sang de Jésus les promesses faites à notre divine Madone. La lecture de cette lettre soigneusement conservée, produit dans l'âme les plus heureux effets, et cette lettre doit être répétée plusieurs fois pendant le mois ou la semaine. Ainsi agissait un pieux jeune homme dont nous avons déjà parlé. Battu par la tempête, en proie à la rage de l'enfer, il ne se contentait pas de pousser des cris vers Marie, d'arroser de ses larmes le pied de ses autels, mais il lui exprimait par lettres, en caractères de feu, ce qui se passait dans son cœur, et ce moyen, comme il l'avoue lui-même, a été pour beaucoup dans sa vocation religieuse. Ce moyen, nous le répétons, l'avait puissamment aidé à vaincre le monde et les passions : sous l'habit religieux, il l'employait encore, pour se maintenir dans une continuelle ferveur. Pourquoi n'agirions-nous pas de même ? Notre cœur, habituellement si glacé, notre âme si faible pour le bien, trouveraient là un aliment de vie et de forces inconnues jusqu'à ce jour ». (Couronne de Marie, décembre 1860).

 

II. Vierge sainte, obtenez-moi que, par mes pratiques de dévotion en votre honneur, je moissonne de nombreux mérites pour la vie éternelle que votre Jésus m'a préparée ; que je moissonne la foi, l'espérance, la charité, la patience, la douceur, la persévérance, une sainte mort ! Divine Vierge, nous sommes tous des fleurs plantées sur cette terre, et que Dieu cueille en son temps, un peu plus tôt, un peu plus tard. Autre est la rose empourprée, autre est le lis virginal, autre l'humble violette; mais avec votre puissante protection, Vierge Marie, nous nous efforcerons tous, selon le parfum ou l'éclat qui nous est donné, de plaire à Jésus, le divin jardinier des âmes. Amen.

 

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22 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Vingt-troisième jour

Diverses pratiques de dévotion en l’honneur de la très sainte Vierge Marie

 

« Heureux les saints qui ont imaginé en l'honneur de Marie ces pieuses pratiques adoptées par la dévotion catholique. si conformes d'ailleurs à la nature humaine et en même temps si propres à exercer saintement les sens et à exciter les sentiments et les affections intérieures de la vraie piété ! » P. Contenson, Mariologie, chap.II).

 

I. La Bienheureuse Villana vit un jour, dans une vision céleste, la Mère de Dieu sous l'emblème d'une fontaine où l'on venait en foule pour y puiser l'eau de la grâce ; mais qu'arrivait-il ? Ceux qui portaient des vases intacts conservaient en entier les grâces reçues ; mais ceux qui portaient des vases fêlés, c'est-à-dire des âmes chargées de péchés, ne recevaient les grâces que pour les perdre aussitôt.

Si nous voulons que nos pratiques de dévotion envers Marie lui soient agréables et que les grâces qu'elles nous obtiendront ne s'écoulent sans profit pour nos âmes, comme l'eau d'un vase fêlé, nous devons les soutenir par la pureté de notre vie et l'imitation des vertus de Marie; c'est sur ce fondement qu'il faut établir l'espérance de notre salut, et non sur le seul accomplissement de pratiques extérieures, sans néanmoins mépriser ni négliger ces pratiques, qui sont de puissants moyens d'obtenir les faveurs de Marie.

Le Père Ducos nous dit que « nous pouvons honorer Marie par pensée, par affection, par parole et par œuvre ». (Pasteur Apostolique, p. 444). Nous l'honorons par pensée en portant une grande attention aux prières que nous lui adressons, en considérant sérieusement ses perfections, et en ayant une haute estime de sa personne bénie et pleine de grâce.

Nous l'honorons par affection en l'aimant et en la révérant au-dessus de toutes les pures créatures, en nous réjouissant et en rendant grâce à Dieu de son bonheur, en désirant avec ardeur l’accroissement de son culte, en conservant toujours une confiance filiale dans sa bonté maternelle. C'est principalement dans ces sentiments d'amour et de respect que consiste la dévotion à la sainte Vierge. Prions son divin Fils de nous y faire entrer ; travaillons-y nous-mêmes, en poussant souvent de ces sortes d'affections avec toute la ferveur possible.

Le culte de la parole consiste à parler souvent d'Elle, et de ses grandeurs, à porter les autres à sa dévotion et à leur en enseigner les pratiques, à lui adresser avec respect et confiance des prières vocales. La bouche parle de la plénitude du cœur, ainsi c'est témoigner de l'amour pour la Reine du ciel que de parler d‘Elle, d'exhorter les autres à lui être dévots, de la prier souvent; ce qui se fait en récitant chaque jour ses Litanies. son Rosaire, en disant un Ave Maria chaque fois que l'horloge sonne, en invoquant son saint nom, tant dans nos besoins et surtout nos besoins spirituels, que dans nos tentations : remède qui est quelquefois plus prompt et plus efficace que l'invocation du Saint Nom de Jésus, non parce qu'elle est plus puissante, mais parce que le Fils veut par là honorer sa Mère.

Le bienheureux Alain de la Roche, assailli un jour de violentes tentations, allait succomber et se perdre, faute de s'être recommandé à la très Sainte Vierge, lorsque dans ce danger imminent la Mère de Miséricorde lui apparut, et le frappant doucement sur la joue, lui dit : « Si tu m'avais invoquée, tu ne te serais pas trouvé dans ce péril ! »

Entre toutes les œuvres par lesquelles nous pouvons honorer Marie, la plus excellente consiste à nous corriger de nos vices et à imiter ses vertus.

Jeûner en l'honneur de la Mère de Dieu, le samedi et la veille de ses fêtes, s'approcher avec les dispositions nécessaires des sacrements aux jours de ses solennités, visiter ses chapelles et les lieux consacrés à son culte, faire des aumônes et donner des chapelets pour son amour ; avoir son image dans sa chambre et la saluer par un Ave toutes les fois qu'on en sort et qu'on y rentre, voilà sans doute des œuvres qui lui plaisent beaucoup ; mais nous conformer autant que nous le pouvons à ce parfait modèle d'innocence et de sainteté par une fidèle imitation de ses vertus, voilà ce qui lui est infiniment plus agréable,et ce qui nous est à nous-mêmes très salutaire.

 Nous pouvons suppléer à notre tiédeur et à notre négligence dans le service de la Sainte Vierge, en lui offrant le Cœur de son Fils bien-aimé. Elle enseigna elle-même cette sainte pratique à Sainte Gertrude, un jour que ses infirmités ne lui permirent pas d'assister à une procession où son image était portée.

La pieuse pratique, si facile à imiter, de composer un bouquet de toutes nos bonnes œuvres pour les présenter à Marie, est un excellent moyen de les rendre plus agréables à Dieu, puisqu'elles passeront par les mains d'une si tendre Mère, pour arriver jusqu'à son Fils, qui se plaît, à son tour, à faire passer ses grâces et ses bienfaits par celles de sa Mère. C'est ce que faisait si souvent et d'une manière si fervente le Vénérable Père Antoine Lequien, qu'un volume suffirait à peine pour faire le récit de toutes les preuves de vénération, d'amour et de dévouement qu'il donnait sans cesse à la très Sainte Vierge.

Voici comment il s'exprime lui-même à ce sujet dans un de ses écrits : « Pour la Mère de Dieu, elle a été toute mon espérance, je crois que je lui dois le baptême, l'ayant reçu par une protection spéciale de sa part. C'est pourquoi je la regarde comme ma mère de baptême, ma mère de conversion, ma mère de religion, ma mère de salut, par laquelle j'espère obtenir le paradis ; et aussi je me sens si fort obligé à cette bonne Mère que je lui rapporte toutes les grâces et toutes les faveurs que j'ai reçues et que j'espère recevoir de Dieu, ainsi que toutes les bonnes œuvres que je pourrai faire jusqu'à la fin de ma vie ; je remets tout cela à ses pieds et lui en fais un bouquet. O ma Mère, que je sois avec vous éternellement ! Amen ».

Que dirons-nous de l'amour, de la tendresse du Père Marie-Augustin pour Marie, de toutes les pratiques qu'il exerçait en son honneur ! Le monde connaît ses grands travaux, son zèle infatigable pour l'amour et la gloire de Celle qu'il avait choisie pour sa Mère ; mais ce qu'il ignore, ce sont les délicatesses de l'amour le plus naïf et le plus pur, pour qui les petits riens sont de grandes choses.

Il avait toujours une petite statue de la sainte Vierge avec lui ou près de lui ; il la contemplait, il lui prodiguait les plus tendres baisers, il la donnait à baiser à ses frères et aux autres personnes qui venaient le visiter. Il demandait qu'on la lui fît baiser souvent ; il la faisait reposer sur son cœur. Souvent il lui offrait les prémices de sa boisson, en la faisant boite elle-même dans le vase où il buvait lui-même, ou en le lui faisant bénir. « Ce sont des enfantillages, disait-il, mais, Marie aime ces petits témoignages de la tendresse de son petit enfant ».

Pendant sa dernière maladie, il avait fait vœu, s'il se guérissait, de toujours prêcher sur la Sainte Vierge, ou sur le Rosaire et ses mystères ; se dévouant ainsi à être plus que jamais le serviteur, le prédicateur, l'apôtre de Marie, pour engendrer par Elle les âmes à Jésus son fils. Il fit aussi un pacte avec Marie. C'était dans ses plus mauvais jours, alors qu'il se sentait pour la première fois près de sa fin. « J'ai tout donné à Marie, nous dit-il : mon esprit, mon cœur, ma volonté, mon âme toute entière et mon corps aussi ; je lui ai donné mes œuvres, mes mérites, si j'en ai, et surtout mes péchés, et quant à la coulpe, et quant à la peine : maintenant ma cause est entre ses mains, c'est son affaire ; c'est à elle à me défendre ; pour moi, je ne m'en mêle plus ; j'ai toute confiance en Elle. Elle ne m'abandonnera pas... » Il disait encore en ce moment cette parole qu'il répétera plus tard : « In manus tuas, Domina, commendo spiritum meum ».

Mais c'est quand il parlait de Marie doucement, à quelque Frère penché sur son cœur, qu'il disait des choses admirables de Celle qu'il aimait si tendrement. Il suffisait d'entrer en communication un peu intime avec lui ; aussitôt il parlait de la sainte Vierge avec transport ; son doux Nom mêlé à celui de Jésus était sans cesse sur ses lèvres. Son admirable pureté se serait effrayée de tout, si son confesseur ou son supérieur ne l'eussent rassuré souvent. Et où puisait-il cette grande pureté d'âme ? On le devine bien.

Il avait demandé à Marie « un cœur bien pur pour bien aimer Jésus, pour bien aimer Marie » ; sa prière était exaucée : c'était au contact de son âme avec Marie, c'est dans cette union habituelle avec la plus pure des créatures, la Vierge des Vierges, la Vierge Immaculée, qu'il purifiait sans cesse son cœur virginal, et qu'en le purifiant sans cesse, il aimait sans cesse davantage. (Les derniers moments du P. Marie-Augustin, p. 75 et ss).

 

II. Prière de la Bienheureuse Esprite de Jésus

 

Vierge toute pure, Mère de mon Dieu, je viens à vous, je me mets sous votre protection, recevez-moi au nombre de vos servantes ; je vous promets une fidélité inviolable. Soyez, s'il vous plaît, ma Maîtresse et mon Avocate ; je vous donne mon cœur; ne permettez pas qu'il soit à un autre qu'à votre Fils, qui le rendra pur et chaste. Assistez-moi toujours, et surtout à l'heure de ma mort. Si l'ennemi me trouble, et s'il s'efforce, dans ce dernier moment, de me tenter de désespoir. Mère de mon Dieu ! Dissipez par vos deux regards les brouillards de cet esprit de ténèbres, et ne m'abandonnez pas. Amen.

 

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20 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Vingt-et-unième jour

Le esclavage de Marie

 

« Quand vous voudrez offrir quelque chose à Dieu, ayez soin de l’offrir par les mains très agréables et très dignes de Marie, à moins que vous ne vouliez être rejeté. Le plus grand bien que l’aimable Marie procure à ses fidèles serviteurs, c’est qu’elle intercède pour eux près de son Fils et l’apaise par ses prières. Elle les unit à Lui d’un lien très intime, et elle les y conserve ». (Saint Louis Marie Grignion de Montfort, du T.-O. De Saint Dominique).

« Ô Marie, je veux de tout mon coeur être la petite esclave de Jésus et la vôtre ». (Vénérable Sœur Charlotte de la Résurrection, conv.).

 

I. « La plus parfaite consécration à Jésus Christ n'est autre chose qu'une parfaite et entière consécration de soi-même à la très Sainte Vierge, pour être tout entier à Jésus Christ par Elle. Il faut lui donner 1° Notre corps, avec tous ses sens et ses membres ; 2° notre âme avec toutes ses puissances ; 3° nos biens extérieurs ; 4° nos biens intérieurs et spirituels qui sont nos mérites, nos vertus, et nos bonnes œuvres passées, présentes et futures ; en deux mots, tout ce que nous avons, et tout ce que nous pourrons avoir à l'avenir dans l'ordre de la nature, de la grâce et de la gloire ; et cela, sans aucune réserve, pas même d'un denier, d'un cheveu et de la moindre bonne action, et cela pour toute l'éternité, et cela sans prétendre ni espérer aucune autre récompense de son offrande et de son service, que l'honneur d'appartenir à Jésus Christ par Elle et en Elle, quand cette aimable Maîtresse ne serait pas, comme Elle l'est toujours, la plus libérale et la plus reconnaissante des créatures.

Une personne qui s'est ainsi volontairement consacrée et sacrifiée à Jésus Christ par Marie, ne peut plus disposer de la valeur d'aucune de ses bonnes actions ; tout ce qu'elle souffre, tout ce qu'elle pense, dit et fait de bien appartient à Marie, afin qu'elle en dispose selon la volonté de son Fils et à sa plus grande gloire, sans cependant que cette dépendance préjudicie en aucune manière aux obligations de l'état où on est à présent, et où on pourra être pour l'avenir : par exemple, aux obligations d'un prêtre, qui, par office ou autrement, doit appliquer la valeur satisfactoire et impétratoire de la sainte Messe à un particulier, car on ne fait cette offrande que selon l'ordre de Dieu et les devoirs de son état.

On se consacre tout ensemble à la très Sainte Vierge et à Jésus Christ : à la très Sainte Vierge, comme un moyen parfait que Jésus-Christ a choisi pour s'unir à nous et nous unir à Lui ; et à Notre Seigneur, comme à notre dernière fin, auquel nous devons tout ce que nous sommes. Comme à notre Rédempteur et à notre Dieu ». (Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Traité de la la vraie dévotion à la très Sainte Vierge).

Quelqu'un dira peut-être : « Si je donne à la très Sainte Vierge toute la valeur de mes actions, pour l'appliquer à qui Elle voudra, il faudra peut-être que je souffre longtemps en purgatoire ». Cette objection, qui vient de l'amour-propre et de l'ignorance de la libéralité de Dieu et de sa Sainte Mère, se détruit d'elle-même, une âme fervente et généreuse, qui prise les intérêts de Dieu plus que les siens, qui donne à Dieu tout ce qu'elle a sans réserve, en sorte qu'elle ne peut rien de plus ; qui ne respire que la gloire et le règne de Jésus Christ par sa Sainte Mère, et qui se sacrifie tout entière pour le gagner ; cette âme généreuse, dis-je, sera-belle plus punie dans l'autre monde, pour avoir été plus libérale et plus désintéressée que les autres ? Tant s'en faut : c'est envers cette âme, comme nous le verrons ci-après, que Notre-Seigneur et sa très Sainte Mère sont très généreux et prodigues en ce monde et dans l'autre, dans l'ordre de la nature, de la grâce et de la gloire.

On trouve depuis plus de huit cents ans des marques de cette pratique de dévotion dans l'Église. Saint Odilon, abbé de Cluny, qui vivait environ l'an 1040, a été un des premiers qui l'ait pratiquée publiquement en France. Différents papes ont approuvé cette dévotion, et des milliers de personnes l'ont embrassée.

La Bienheureuse Agnés de Jésus, religieuse dominicaine du couvent de Langeac, en Auvergne, où elle mourut en odeur de sainteté, souffrait de grandes peines d'esprit, quand elle entendit une voix qui lui disait que si elle voulait être délivrée de toutes ses peines et protégée contre tous ses ennemis, elle se fit au plus tôt l'esclave de Jésus et de sa sainte Mère. Aussitôt Agnès se donna tout entière à Jésus et à sa sainte Mère en cette qualité, quoiqu'elle ne sût pas auparavant ce que c'était que cette dévotion ; et ayant trouvé une chaîne de fer, elle se la mit autour du corps et la porta jusqu'à sa mort. Après cette action, toutes ses peines et ses scrupules cessèrent, et elle se trouva dans une grande paix et dilatation de cœur ; ce qui l'engagea à enseigner cette dévotion a plusieurs personnes qui y firent de grands progrès. Un jour la sainte Vierge apparut à la vénérable Agnès et lui mit au cou une chaîne d'or, pour lui témoigner la joie qu'elle avait qu'elle se fût faite l'esclave de son Fils et la sienne : et sainte Cécile, qui accompagnait la sainte Vierge, lui dit : « Heureux sont les fidèles serviteurs de la Reine du ciel, car ils jouiront de la véritable liberté ».

L'abbé Olier, fondateur de Saint Sulpice, voua à Marie une captivité perpétuelle, et en signe de cette heureuse captivité, il portait toujours une petite chaîne d'argent autour du cou. « Ces petits devoirs, disait-il, sont agréables à la sainte Vierge, ils lui plaisent davantage que d'autres plus considérables ».

Le Père de Montfort dit qu'il est très louable, très glorieux et très utile à ceux et celles qui se sont faits les esclaves de Jésus en Marie, de porter pour marque de leur esclavage amoureux de petites chaînes de fer bénites d'une bénédiction propre, chaînes mille fois plus glorieuses et plus précieuses, quoique de fer, que tous les colliers d'or des souverains et des mondains.

 

II. Ô Marie, je vous choisis aujourd'hui en présence de toute la cour céleste pour ma Mère et ma Maîtresse ; je vous livre et vous consacre, en qualité d'esclave, mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions passées, présentes et futures, vous laissant un plein droit de disposer de moi et de tout ce qui m'appartient, selon votre bon plaisir, pour la plus grande gloire de Dieu, dans le temps et dans l'éternité.

Ô Mère admirable, présentez-moi à votre cher Fils, en qualité d'esclave éternel, afin que m’ayant rachetée par Vous, Il me reçoive par Vous.

Ô Mère de Miséricorde, faites-moi la grâce d'obtenir la vraie sagesse de Dieu, et de me mettre pour cela au nombre de celles que vous aimez, que vous enseignez, que vous conduisez, que vous nourrissez et protégez comme vos enfants et vos esclaves.

Ô Vierge fidèle, rendez-moi en toutes choses une si parfaite imitatrice, disciple et esclave de la Sagesse incarnée, Jésus Christ, votre Fils, que je puisse partager un jour sa gloire dans les cieux. Amen.

 

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19 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Vingtième jour

Le samedi

 

« Le samedi tient le milieu entre le jour de la joie qui est le dimanche et le jour de la peine qui est le vendredi ; à ce titre il devait être consacré à Marie qui est la médiatrice entre Dieu qui jouit de la plus entière béatitude et l’homme qui est le jouet de toutes les souffrances » (Père Justin Miechow)

 

I. Dès les temps les plus reculés, le samedi fut comme le Dimanche de Marie ; et au VIIe siècle, il existait déjà un office de la Vierge qu'on aimait à réciter ce jour-là. Au Xe, dit Mabillon, la coutume s'introduisit de faire abstinence le samedi, de dire la messe de Beata, et de réciter l'office de Marie.

Le pape Urbain Il, en 1096, voulut que le samedi fût spécialement consacré à Marie dans l'Église, et qu'on fît son office ce jour-là. Saint Pie V, dominicain, en restreignant l'obligation de réciter le petit office. le conserva pour le samedi, quand il 'ne s'y rencontrerait pas un jour de fête. Saint Pierre Damien, par l'ordre d'Urbain II, composa le petit office quotidien et l'office du samedi en l'honneur de Marie.

Une pieuse tradition porte à croire que le samedi fut le jour béni où Dieu donna Marie à la terre et celui où il l'appela à venir partager au ciel la gloire de son divin Fils.

Ne pourrait-on pas dire aussi que suivant le testament de Jésus mourant sur la croix : « Mère, voilà votre Fils... Fils, voilà votre Mère », le samedi est le jour où, Jésus étant dans le tombeau, nous fûmes, pour la première fois, dans la personne du disciple bien-aimé, l'objet de la sollicitude maternelle de Marie, et où Marie obtint aussi les prémices de notre tendresse filiale ?... Cet usage d'honorer particulièrement Marie le samedi est si ancien dans l'Église, que saint Grégoire le Grand parle dans ses dialogues d'un saint artisan, qui distribuait aux pauvres le samedi tout ce qu'il avait gagné dans sa semaine ; une âme pieuse aperçut en vision un somptueux palais que Dieu préparait au ciel pour ce serviteur de Marie, et qui ne se bâtissait que le samedi.

Marie elle-même sembla accepter le samedi comme le jour privilégié qu'elle choisit pour répandre ses faveurs ; car elle révèle au pape Jean XXII, qu'elle délivrerait des flammes du purgatoire le samedi après leur mort tous ceux qui mourraient revêtus de son scapulaire.

L'Ordre de Saint-Dominique se distingua par sa dévotion à honorer le jour consacré à Marie. Qui ne connaît la dévotion des quinze samedis, pratiquée pendant quinze samedis. consécutifs en l'honneur des quinze Mystères du Rosaire ? Cette dévotion qui prit naissance dans la ville de Toulouse, à la fin de l'an 1600, s'est depuis propagée parmi les fidèles ; l'Église l'a approuvée et enrichie d'indulgences. Des avantages innombrables paraissent attachés à la dévotion des quinze samedis. Par elle, selon des dépositions authentiques, des aveugles ont recouvré la vue, une foule de malades ont été guéris, des pécheurs se sont convertis sincèrement, des affligés ont reçu de douces consolations. On lui doit enfin des vocations extraordinaires à la vie religieuse, la victoire sur ses passions, l'acquisition des vertus, etc.

Le roi saint Louis avait une dévotion si tendre et si vive pour la sainte Vierge, et tant d'amour pour son humilité, qu'afin de l'honorer et de l'imiter, il faisait réunir chaque samedi, jour consacré à Marie, une multitude de pauvres dans son palais. Lorsqu'ils étaient assemblés dans son appartement, il leur lavait les pieds à l'exemple du Sauveur, les essuyait et les leur baisait avec un respect qui faisait bien voir à tous qu'il reconnaissait en eux les membres de Jésus-Christ. Ensuite, pour joindre la charité à l'humilité, il les faisait asseoir à une table copieusement servie, et il les servait de ses mains royales, plus satisfait mille fois de glorifier par là Jésus et sa sainte Mère, que de tous les hommages qu'il recevait de sa cour. Enfin, il distribuait à chacun de ses pauvres convives une riche aumône, toujours en l'honneur de la Reine du ciel et de la terre. Il avait dû la vie à la Sainte Vierge, ayant été donné à sa mère, la reine Blanche, après que celle-ci eût récité et fait réciter par les personnes les plus pieuses le Rosaire, récemment établi par Saint Dominique. Ce saint roi avait désiré mourir un samedi, comme pour couronner par l'hommage de ses derniers soupirs, tous les honneurs qu'il avait rendus à Marie à pareil jour, chaque semaine de sa vie. Il fut exaucé, Marie voulant que ce jour d'honneur pour Elle. fut aussi celui de l'entrée dans la gloire céleste pour son fidèle serviteur.

Le vénérable Père Antoine Lequien jeûnait tous les samedis au pain et à l'eau en l'honneur de Marie. Il prêchait aussi tous les samedis à la même intention, et une foule immense se pressait dans la chapelle du Rosaire pour entendre ses instructions. Un jour qu'il prêchait dans cette chapelle sur les peines de l'enfer, il parla avec encore plus de chaleur et de véhémence qu'à l'ordinaire, et au moment de terminer son discours, il se tourna vers la statue de la Sainte Vierge placée sur l'autel, et s'adressant à elle avec un saint transport, il la pria de bénir elle-même ses auditeurs, afin qu'il n'y en eût aucun de damné. Étant ensuite descendu de la chaire sans donner la bénédiction accoutumée, on vit alors la statue de la sainte Vierge lever les bras et bénir toute l'assemblée.

La très Sainte Vierge fit entendre intérieurement cette parole au vénérable Monsieur Olier : « Fais vœu de dire une messe tous les samedis, pour remercier Dieu de ce qu'Il m'a rendue Mère de son Fils ». Le saint prêtre promit à l'instant. Le samedi était pour lui un jour qu'il sanctifiait comme les fêtes de l'Église, il ne faisait pas même travailler les ouvriers ce jour-là. Son directeur approuva cette pratique, et lui assura qu'elle était très agréable à Marie Tous les premiers samedis du mois, les enfants de la paroisse étaient offerts et consacrés à Marie ; ils assistaient à une messe solennelle, et à une procession en son honneur. Monsieur Olier, dans son ardent amour pour la sainte Vierge, se félicitait d'être né un samedi.

La vénérable Dominica du Paradis allait tous les samedis cueillir les fleurs les plus fraîches pour en faire de belles couronnes, qu'elle offrait à Marie et à son divin Fils. Un samedi matin qu'elle lui offrait des bouquets de roses, en la conjurant de vouloir bien les accepter et les sentir, son admirable et pieuse simplicité fut récompensée par deux miracles: comme elle élevait ses bouquets de roses vers l'image de la Vierge et de son céleste enfant, ils restèrent suspendus en l'air sans soutien naturel, et ensuite Jésus et Marie prirent les bouquets, les odorèrent et les remirent à Dominica, qui, en les baisant à son tour, les trouva embaumés d'une odeur infiniment plus pénétrante et plus délicieuse qu'auparavant.

Un autre samedi que, selon sa pieuse coutume Dominica avait couronné de roses les statues de la très Sainte Vierge et de son divin Fils, ils lui apparurent tous les deux peu après, et eurent avec elle un délicieux entretien qui embrasa son cœur du céleste amour.

Le samedi, la vénérable Hippolyte de Rocaberti offrait à l'honneur de la Mère de Dieu toutes les messes qu'elle entendait. Un samedi qu'elle demandait à Marie avec une grande ferveur ce qu'elle pourrait faire pour être agréable à son divin Fils et à Elle, la divine Vierge lui répondit : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces et de tout votre esprit, et votre prochain comme vous-même ». Elle fut en même temps remplie des plus vives lumières.

Persuadée, d'après une pieuse croyance, que le samedi fut le jour de la Nativité de Marie, la bienheureuse Benvenuta vénérait ce jour avec un respect particulier ; elle récitait deux mille Ave Maria en souvenir de cette joyeuse naissance et une fois elle mérita d'entendre les Anges la célébrer dans leurs chants.

Un Frère Prêcheur d'Allemagne, d'une grande réputation de sainteté, avait une dévotion toute particulière pour la très Sainte Mère du Sauveur, et il honorait d'une manière spéciale ce cœur si pur qui crut dans le Christ, et l'aima plus que toutes les créatures ensemble, ces entrailles virginales qui le portèrent, ces mains qui le servirent avec un si entier dévouement, ce sein qui l'allaita et sur lequel il reposa son enfance divine, en faisant chaque fois une prosternation et en récitant autant d'Ave Maria. Son intention était d'honorer par cette pratique, l'humilité, la charité, la chasteté, la patience, et toutes les vertus qui méritèrent à Marie la grâce de devenir la Mère de Dieu. Par la puissance que lui donne cet auguste titre, il la conjurait de lui obtenir la grâce d'imiter ses vertus. Un samedi, la bienheureuse Vierge lui apparut, et Elle répandit dans son âme les plus suaves délices et en même temps l'arôme de toutes les vertus auxquelles il aspirait si ardemment.

Tous les samedis le Père de Montfort allait communier à Notre Dame de Paris, tant que dura son séjour au Séminaire de Saint Sulpice.

Parmi les pratiques de dévotion que le Père Marie-Augustin recommande en l'honneur de Marie dans la Rose Mystique, il dit : « Consacrez au moins un jour par semaine, le samedi par exemple, pour remercier la sainte Trinité des immenses bienfaits dont Elle a comblé la Sainte Vierge, et faites la sainte communion à cette intention si cela Vous est possible. En suite, remerciez la sainte Vierge elle-même de tout ce qu'elle a fait pour vous, car les cœurs qui sont ingrats sont de bien tristes cœurs ».

Lorsqu'on fit remarquer à la Mère Marie-Dominique. atteinte de sa dernière maladie, qu'elle se mettait au lit un samedi : « Samedi, s'écria-t-elle, ah ! Marie ma Mère, venez me chercher ! »..., et elle disait ces mots en étendait les bras, comme si elle eut entrevu Celle qu'elle appelait de tous les vœux de son cœur. Enfin, patiente, heureuse de beaucoup souffrir comme elle l'avait demandé, désirant même souffrir davantage, elle mourut en s'immolant pour l'Église et les pêcheurs, le samedi 28 septembre 1861.

 

II. Ô Marie, ma bonne Mère, jusqu'ici je vous ai trop peu remerciée des grâces sans nombre que vous m'avez obtenues ; mais je veux, pour réparer mes négligences passées, vous offrir dans mon cœur votre Jésus, le jour qui vous est spécialement consacré chaque semaine, faire chaque samedi une légère aumône en votre honneur ; surtout, ô Vierge sainte, je veux vous donner tout mon amour, mes chants et mes prières. À vous, puissante protectrice, je m'abandonne sans retour. Si le monde m'appelle je lui répondrai : à Celle que Dieu nomme sa Mère, que l'Ange vénère, que le chrétien proclame son secours, à l'Astre des mers, à l'Etoile du matin, au doux rayon du ciel qui brille entre les nues, à l'aurore du soleil de justice, à Celle qui m'a si souvent préservée du naufrage, à Marie enfin, j'ai donné tout mon amour. Je lui donne à jamais mes larmes, mes maux, mes combats, mon âme, mes pensées, mes prières et mon cœur pour que, sur les ailes de l'amour céleste, elle les porte à son Jésus. Amen.

 

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18 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Dix-neuvième jour

L'Onction de la très Sainte Vierge sur le Bienheureux Réginald et le Scapulaire

 

I. « En 1218, il y avait en France un docteur célèbre appelé Réginald, et qui était doyen du chapitre de Saint-Aignan à Orléans. Il était venu à Rome vénérer les tombeaux des saints Apôtres Pierre et Paul, et se préparait à suivre le dessein, sans savoir comment, que Dieu lui inspirait de tout abandonner pour se livrer dans un état de pauvreté volontaire à la prédication de l'Evangile. Ayant ouvert son cœur sur ce sujet à un cardinal, celui-ci lui dit que Saint Dominique était alors à Rome pour établir un nouvel Ordre qui avait pour but d'unir la pratique de la pauvreté à l'office de la prédication. Maître Réginald s'empressa d'aller trouver le saint, et de lui révéler le secret de son âme, et il résolut dès lors d'entrer dans l'Ordre. Sur ces entrefaites il tomba si dangereusement malade, que les médecins désespéraient de le sauver. Saint Dominique, affligé de perdre un enfant dont il n'avait pas même joui, se tourna vers la divine miséricorde, la suppliant de lui accorder la vie de ce fils précieux, au moins pour un peu de temps. Pendant qu'il priait ainsi, la bienheureuse Vierge Marie, accompagnée de deux jeunes filles d'une beauté sans pareille, apparut à Réginald, éveillé et consumé par les ardeurs de la fièvre, et la Reine du ciel lui dit : « Demande-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai ».

Comme il délibérait en lui-même, une des jeunes filles lui suggéra de ne rien demander, mais de s'en remettre à la volonté de la Reine des Miséricordes, ce qu'il agréa volontiers. Alors Celle-ci, étendant sa main virginale, lui fit une onction sur les yeux, les oreilles, les narines, la bouche, les mains, les reins et les pieds. Elle prononçait en même temps des paroles appropriées à chaque onction. Ainsi, en touchant les reins : « Que tes reins soient ceints du cordon de la chasteté ». Et en touchant les pieds : « Joins tes pieds pour la prédication de l'Évangile de paix ». Elle lui montra ensuite l'habit des Frères Prêcheurs, en lui disant : « Voici l'habit de ton Ordre » ; et Elle disparut à ses yeux. Réginald se trouva aussitôt parfaitement guéri, oint qu'il avait été par la Mère de Celui qui a le secret de tout salut. Le lendemain matin, quand Dominique vint le Voir, il lui apprit qu'il n'avait aucun mal, et lui raconta sa vision. Tous deux en rendirent de grandes actions de grâces au Seigneur, et les médecins admirèrent un retour si subit et si inespéré à la santé, ne sachant pas la main qui avait donné le remède.

Trois jours après, Réginald étant assis avec Saint Dominique et un religieux de l'Ordre des hospitaliers, l'Onction miraculeuse fut renouvelée sur lui en leur présence, comme si l'auguste Mère de Dieu eût attaché à cet acte une importance considérable, et qu'elle eût tenu à l'accomplir devant témoins. En effet, Réginald n'était ici que le représentant des Frères Prêcheurs, et la Reine du Ciel et de la terre contractait alliance en sa personne avec l'Ordre entier. Le Rosaire avait été le premier signe de cette alliance et comme le joyau de l'Ordre à son baptême ; l'onction de Réginald, indice de virilité et de confirmation, devait avoir aussi un signe durable et commémoratif. C'est pourquoi la très Sainte Vierge, en présentant au nouveau Frère l'habit de l'ordre, ne le lui présenta pas tel qu'on le portait alors, mais avec un changement remarquable.

En effet, dans l'habit que la Sainte Vierge montra à Réginald, le surplis de lin que les enfants de Saint Dominique portaient alors, était remplacé par un scapulaire de laine blanche. Né au désert d'un sentiment de pudeur, tombant comme un voile sur le cœur de l'homme, le scapulaire était devenu dans la tradition chrétienne le symbole de la pureté, et par conséquent l'habit de Marie, la Reine des vierges. En même temps donc que Marie, dans la personne de Réginald, ceignait les reins de l'Ordre du cordon de la chasteté, et préparait ses pieds à la prédication de l'Evangile de paix, elle lui donnait dans le Scapulaire le signe extérieur de cette vertu des Anges, sans laquelle il est impossible de sentir et d'annoncer les choses célestes. Après cet événement, l'un des plus fameux de l'antiquité Dominicaine, l'Ordre quitta le surplis de lin pour le scapulaire de laine devenu la partie principale et caractéristique de son habillement. Lorsque le Frère Prêcheur fait profession, son scapulaire seul est béni par le prieur qui reçoit ses vœux, et en aucun, cas il ne peut sortir de sa cellule sans en être revêtu même pour aller au tombeau.

En l'an 1220, Réginald, de retour à Paris, était atteint d'une maladie mortelle ; le Prieur du couvent de Saint Jacques vint l'avertir que l'heure du dernier combat approchait, et lui demanda s'il ne voulait pas qu'on fit sur son corps les suprêmes onctions. « Je ne crains pas le combat, répondit Réginald, je l'attends avec joie. J'attends aussi la Mère de Miséricorde, qui m'a oint à Rome de ses propres mains, et en laquelle je me confie ; mais de peur que je paraisse mépriser l'onction ecclésiastique, il me plaît aussi de la recevoir, et je la demande ».

Peu de frères savaient la manière mystérieuse dont Réginald avait été appelé à l'Ordre, car il avait prié saint Dominique de n'en point parler de son vivant ; mais le souvenir de cette insigne faveur se présentant à son esprit à l'instant de sa mort, il ne put s'empêcher d'y faire allusion, et la reconnaissance lui arracha un secret que son humilité avait gardé jusque-là ». (Vie de saint Dominique, par le P. Lacordaire).

Les restes mortels de Réginald opérèrent des miracles, et furent pendant plusieurs siècles l'objet d'un culte constant, dans le monastère de Notre Dame des Champs.

D'une main Marie nous offre donc le saint scapulaire, pour nous servir de « boulevard et de défense contre tous les périls du corps et de l'âme ». (Cérémonial de la vêture du Tiers Ordre). De l'autre, Elle nous présente le Rosaire comme une chaîne sacrée, pour nous lier à son service et y attirer tous nos frères. Sainte Rose de Lima, malade, voulait avoir son scapulaire étendu sur son lit, et au moment de mourir elle le baisait en disant : « Belle livrée blanche, tu me conduis au Ciel ! » Mademoiselle Blanc, qui était cruellement tourmentée par les écrouelles, ayant été présentée par sa mère au Père Antoine Lequien, il posa son scapulaire sur la tête de la malade, et après une courte élévation de cœur vers Dieu, il la rendit à sa mère guérie, et elle n'éprouva jamais depuis aucun retour de cette fâcheuse maladie.

 

II. Sainte Marie, Mère de Dieu, mon cœur n'est plus à moi, il est à vous ! C'est vous, qui m'attirant vers l'Ordre de saint Dominique, m'en ouvrant l'entrée, m'avez revêtue de ce vêtement tutélaire, de cet ornement précieux, de ce symbole de la plus aimable des vertus, de ce saint scapulaire que vous donnâtes au bienheureux Réginald. C'est Vous, Mère chérie, qui, dans votre amour maternel, m'avez revêtue d'un habit protecteur contre tous les dangers auxquels je puis être exposée ici-bas ; c'est vous, qui toujours ménagez à ma profonde misère, à mes besoins sans cesse renaissants des grâces plus abondantes pour me faire éviter le mal et pratiquer la vertu (1). Faites donc encore, ô Marie, qu'à l'ombre de ce vêtement sacré je trouve toujours la fraîcheur contre l'ardeur des passions (Manuel du Tiers Ordre, prière de la prise d'habit), que pendant ma vie, et surtout à l'heure de ma mort, il me serve de boulevard et de défense contre tous les périls du corps et de l'âme. Daignez en outre, Vierge sainte et pleine de miséricorde, oindre, au moins spirituellement, toutes mes puissances et tous mes sens, afin que tout en moi soit purifié et consacré sans réserve et pour jamais, au service de Jésus et au vôtre, douce Mère. Amen.

 

(1). Le Scapulaire signifie le joug de l'Evangile, si doux à ceux qui veulent le porter avec amour. Nous avons désire ce joug toute notre vie ; nous devons avoir toujours pour lui le même amour. Il signifie aussi l'obéissance, à cause de la partie de derrière. Cette partie qui couvre le dos, rappelle l'homme qui s'incline et est prêt à recevoir un fardeau. L'autre partie qui est par devant indique le commandement et la protection. Le dominicain, semblable à un père, entoure des ailes de sa prudente sollicitude ceux qui lui sont soumis. Il signifie que nous devons oublier nos mérites passés pour en acquérir de nouveaux, et que, par la pénitence, nous devons jeter loin de nous nos iniquités, loin d'en garder un souvenir qui nous plaise; autrement notre saint habit ne serait que la couverture d'un cadavre. L'égalité des deux côtés du Scapulaire nous marque combien rarement il est facile de discerner la vraie justice d'avec la fausse. Demain cette partie du Scapulaire qui est aujourd'hui derrière nous pourra être devant. Hélas! que d'hommes, pieux aujourd'hui, demain sont méchants ; ils jettent derrière leur des leurs iniquités ; mais un jour Dieu les remettre devant leur face, et alors ils ne pourront plaire ni à Dieu, quand ils subiront son jugement, ni à eux-mêmes, quand ils souffriront en enfer. Alors plus de conversion possible. Pendant que nous en avons le temps, convertissons-nous donc sincèrement. (Année dominicaine, septembre 1861).

 

Pour se procurer le Scapulaire de Saint Dominique, c’est par ICI

 

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17 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Dix-huitième jour

L’Office de la très Sainte Vierge

 

« La prière de l'Église est essentiellement symbolique. D'abord elle cherche li reproduire les adorations de la cour céleste, et puis elle est comme une peinture expressive de l'âme chrétienne ou plutôt elle nous en fait entendre le véritable cri ; ce cri, c'est celui de l'homme soupirant après le ciel, après les biens de l'amour divin, de la paix, et qui sont comme l'avant-goût et l'image de l'éternelle félicité. retrouvant toujours Notre Seigneur au milieu de toutes les impressions religieuses, les lui offrant, et s'appuyant sur lui. Voilà la double inspiration, la pensée de l’0flice divin ». (Année dominicaine, novembre 1862).

 

I. Il est hors de doute que ce sont les Apôtres qui ont les premiers appliqué à la très Sainte Vierge les admirables passages de l'Ecriture sainte qui se rapportent au Verbe incarné, et chanté ou récité les psaumes de David et les Cantiques sacrés en l'honneur de Marie. Les successeurs des Apôtres continuèrent ces prières et y ajoutèrent eux-mêmes sous l'inspiration de l'Esprit-Saint.

Par la suite, l'Église qui recueillait les anciennes prières liturgiques pour en composer l'office divin connu sous le nom de Bréviaire, recueillit également les prières usitées en l'honneur de Marie, et forma ce que nous appelons l'Office de la Vierge, office qui, pour la substance, remonte aux temps apostoliques, mais dont la forme actuelle est bien moins ancienne. Saint Pie V, pour exciter la ferveur des fidèles pour l'Office de la Vierge, accorda de grandes indulgences à ceux qui le réciteraient.

Où pourrions-nous trouver de plus belles prières que celles qui composent cet office ? C'est la Salutation Angélique par laquelle nous commençons et nous terminons chacune des heures de l'office ; et lorsque cette salutation sort de nos lèvres, Marie tressaille de bonheur et les démons s'enfuient épouvantés.

C'est cet élan d'amour envers la sainte Trinité, ce Gloria Patri sorti du cœur embrasé de Saint Jérôme, et que nous ne nous lassons pas de répéter ; ce sont ces belles et tendres hymnes en l'honneur de l'auguste Vierge : Ave Maris Stella... Ô Gloriosa Domina, etc., etc., les riches versets et capitules tirés de l'Ecclésiaste, des cantiques, et appliqués à Marie ; les belles antiennes qui se succèdent selon les différentes époques de l'année, comme les fleurs de nos prairies selon les différentes saisons ; les ferventes prières que nous adressons à nos saints bien-aimés, pour obtenir par leur intercession la grâce d'imiter les vertus qui les ont conduits à la gloire céleste, car les vertus sont les fleurs que doit produire notre dévotion envers Marie.

Que dirai-je de ces cantiques sacrés, de ces psaumes qui composent encore notre office ? Ce sont des chants inimitables, des poésies immortelles où le Prophète-Roi a créé pour le cœur, l'esprit, l'imagination, comme un océan de beautés sans égales, de pensées sublimes, de sentiments divins. Que dirai-je encore ? Tous les siècles, tous les pays chantent avec nous quand nous chantons les psaumes de David. Pendant que je les récite, ces immortels cantiques se répètent par les voix dominicaines, à Rome, à Paris, à Londres, à Mossoul, au Tonkin sous le glaive du bourreau, en Chine, en Californie, au Chili, etc. Le temple de Salomon, les plaines brûlantes de Babylone et de Memphis, les rives désertes du Jourdain et de l'Euphrate, les grottes de la Thébaïde, les catacombes de Home et de Lyon, les basiliques de Nicée et d'Antioche les ont entendus ! Par combien de bouches plus pures et plus ferventes que la mienne n'ont-ils point passé ! Tobie, pendant son exil, Esther à la cour d'Assuérus, les enfants dans la fournaise, Daniel dans la fosse aux lions, Judas Macchabée à la tête des guerriers d'Israël, les ont répétés ; Antoine et Paul les soupiraient au désert, Chrysostome à Antioche, Augustin à Hippone, Bernard à Clairvaux, Dominique partout où le menait l'esprit de Dieu, Hyacinthe dans les steppes glacées de la Tartarie et au Tibet, Louis IX à Paris, Vincent Ferrier dans ses courses apostoliques, Catherine à Sienne, Rose à Lima, Las Casas à Mexico, etc, et après tant de siècles, après avoir exprimé tant de sentiments divers, ces cantiques sont aussi nouveaux qu'aux jours où, pour la première fois, David les fit retentir sur sa lyre harmonieuse. Et cela ne dirait rien à nos cœurs! cela n'agrandirait pas nos idées, et ne nous ferait pas comprendre toute la beauté, toute la grandeur de ce nom incommunicable de ma Mère l'Église Catholique !

La récitation de l'Office de la Sainte Vierge nous fait accomplir en outre ce précepte de la prière si fort recommandé par le Sauveur ; elle nous fait honorer chaque jour les mystères accomplis en Marie : sa Conception immaculée, sa vie, sa mort dans le temps, sa glorieuse Assomption, son Couronnement dans le ciel, et elle nous fait mériter d'avoir part aux grâces de ces différents mystères et d'obtenir une plus maternelle et plus constante protection de Marie qui daigna plusieurs fois témoigner combien la récitation de son office lui est agréable.

Tauler invite ses frères à réciter les heures de la sainte Vierge avec dévotion, leur promettant que cette divine Reine, par son intercession, leur obtiendra les plus grandes grâces.

Saint Louis, malgré les soucis et les occupations que donne le gouvernement d'un grand royaume, assistait chaque jour à l'Office de la Vierge, ou le récitait dans son particulier. Saint Vincent Ferrier le récitait dès son enfance, et continua jusqu'à sa mort. Ce fut aussi la pratique de plusieurs de nos saintes et bienheureuses.

La Bienheureuse Jeanne, infante de Portugal, dès l'âge de neuf ans, disait tous les jours l'Office de la Vierge, qu'elle se fit traduire en portugais, pour le dire avec plus d'attention et de dévotion. La Bienheureuse Marguerite de Hongrie, dès l'âge de cinq ans, savait par cœur l'Office de la sainte Vierge, et le récitait avec une grande ferveur.

La très Sainte Vierge daigna un jour chanter Complies avec la Vénérable Mère Hippolyte de Rocaberti, et par la douceur et l'harmonie de sa voix, exciter la ferveur et la dévotion de sa servante. Cette sainte religieuse exhortait souvent ses novices à une grande attention, ferveur et modestie pendant les offices divins, et particulièrement celui de la Vierge, voulant que, comme de véritables filles, elles la servissent et l'honorassent comme leur Mère. Un jour qu'elles récitaient son office avec quelque précipitation, elle les arrêta tout court par ces paroles : « Je crois, mes filles, que vous n'avez pas la crainte du Seigneur ». La connaissance qu'elle avait eue du châtiment que Dieu exerce sur ceux qui négligent de se bien acquitter des offices divins, la portait à une grande vigilance sur ce point. Une nuit, elle entendit clairement et distinctement commencer au chœur les psaumes de la pénitence. Plusieurs religieuses les entendirent aussi, et l'une d'elles ayant eu la curiosité et le courage de traverser le chœur fut bien surprise de n'y voir personne, quoique la récitation des psaumes continuât ; alors elle fut saisie d'une telle frayeur, qu'elle tomba comme morte ; les médecins déclarèrent que sa guérison était un miracle qui rendait plus croyable ce qu'elle disait, que ces religieuses faisaient leur purgatoire au lieu même où elles avaient commis leurs fautes. En 1679 on avait vu la même chose dans le couvent de Sainte Croix, à Grenade, où un religieux souffrait dans le Chœur les peines de son purgatoire.

Le Père Vincent Valverd, premier évêque de Cuseo, au Pérou, et martyr, avait une grande dévotion pour Marie. Après lui avoir consacré sa cathédrale, il ordonna en outre que tous les ecclésiastiques de son diocèse récitassent son office les jours de fête.

 

II. Ô Marie, je veux désormais réciter votre saint Office avec toute la ferveur dont je serai capable ; au Venite, je vous saluerai très profondément avec tous les anges et tous les saints. À l'Hymne, je désirerai que vous soyez aimée de tous les cœurs.

Au premier psaume, je me réjouirai de ce ce que le Père Éternel vous a choisie pour sa fille, et je vous supplierai de m'adopter pour votre enfant. Au deuxième psaume, je me réjouirai de ce que le fils de Dieu vous a choisie pour sa Mère, et je vous conjurerai, par cette grâce inestimable, de daigner me regarder comme votre pauvre enfant. Au troisième psaume, je me réjouirai de ce que le Saint Esprit vous a envisagée de toute éternité, pour faire de vous sa digne Épouse, et je vous prierai instamment de m'agréer pour votre humble servante. Aux trois leçons je produirai des actes de foi, d'espérance et de charité, en l'honneur et en union de l'exercice que vous avez fait de ces trois vertus pendant votre vie sur la terre. Enfin, Vierge très pure, je passerai le reste du divin office en m'unissant aux hommages qu'on vous rend dans la cour céleste, en me réjouissant de votre gloire et de votre félicité incomparables, en vous suppliant d'avoir soin de mon âme pour la conduire au terme de Dieu, à l'heure de ma mort. Amen. (Extrait des œuvres de la vénérable mère Françoise des Séraphins).

 

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16 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Dix-septième jour

Le Salve Regina

 

« Ô Clemens ! Ô Pia ! Ô Dulcis Virgo Maria ! »

« Ô Clémente ! Ô Miséricordieuse ! Ô Douce Vierge Marie ! »

 

I. Dans les premiers commencements de l'Ordre des Frères Prêcheurs, sous le généralat du Bienheureux Jourdain de Saxe, successeur immédiat du saint Patriarche Dominique, les démons apparurent à la fois dans plusieurs couvents de l'Ordre, et notamment à Paris et à Bologne. Irrités de voir les grands fruits de sainteté que produisait cet Institut nouveau, furieux d'apprendre chaque jour que les pécheurs se convertissaient, que les justes s'affermissaient, que les saints s'accomplissaient par le zèle de ces nouveaux apôtres, les démons se mirent à faire grand tumulte, afin d'épouvanter les religieux, et à les molester par des visions dangereuses pour la sainte vertu, et par des spectres horribles qui joignaient quelquefois les blessures aux coups et aux menaces.

En apprenant ces explosions de la rage infernale, le bienheureux Père Jourdain, plein de confiance dans la puissance et la protection des Saints Anges, ordonna de chanter après l'office de nuit, au milieu des ténèbres que les démons affectionnent, le neuvième répons de l'office de Saint Michel, prince de la céleste milice. Mais sans se laisser étonner par cette invocation et par ces chants, les démons n'en continuèrent pas moins leurs persécutions et leurs sévices.

Alors le bienheureux général se résolut à chercher un refuge auprès d'une protectrice plus miséricordieuse et plus puissante. Chaque soir, aussitôt après Complies, lorsque la nuit ramène les heures silencieuses où les démons aiment à exercer leur empire, les frères, par l'ordre de leur supérieur, entonnèrent au chœur, à genoux, la belle et dévote antienne : « Salve, Regina, Mater misericordiae ».

Ensuite, précédés par les acolytes en surplis et les cierges allumés, ils sortirent processionnellement dans l'église implorant sur eux la protection de Celle que nous appelons notre avocate, demandant pour toute défense un regard de ses yeux pleins de miséricorde ; et la saluant avec Saint Bernard comme leur très Clémente, très Pieuse et très Douce Mère : « Ô Clemens, ô Pia, ô Dulcis Virgo Maria ! »

À ces invocations suaves, tous les démons s'enfuirent dans leurs abîmes ; et ceux que n'effrayaient point les Saints Anges disparurent aussitôt, épouvantés, dès qu'ils sentirent la présence de leur irréconciliable et toute-puissante ennemie.

Ô Marie, Reine du Ciel ! Les fils de saint Dominique n'ont point laissé périr cette institution de leurs Pères. Tous les soirs encore, lorsque les labeurs de la journée sont à leur terme, lorsque la bénédiction du prélat est descendue pleine de paix sur les têtes inclinées des frères ; tous les soirs nous nous mettons à genoux pour vous saluer comme notre Mère et notre Reine. Nous sortons du chœur, deux à deux, en nous inclinant profondément devant l'autel où brille l'image de votre Fils, crucifié pour nos crimes. Nous nous espaçons dans la longue nef, au milieu de la foule attentive et recueillie des fidèles, et lorsque viennent ces paroles bénies : « Eia, ergo, Advocata nostra... », tous les soirs nous tombons à genoux, en implorant sur nous votre intercession et vos prières. Puis, confiants dans votre bonté, nous nous relevons, pour ajouter comme nos Pères, avec les mêmes accents, avec la même tendresse, avec le même amour : Ô Clemens ! Ô Pia ! Ô Dulcis Virgo Maria !... » Ô Clemens, car nous sommes pécheurs et nous avons besoin de clémence. Ô Pia, car nous sommes tièdes, et nous avons besoin d'ardeur et de piété dans la prière. Ô Dulcis, car nous sommes affligés, et nous avons besoin de ces consolations que vous savez répandre au fond des cœurs, ô très Clémente, ô très Pieuse, ô très Douce Vierge Marie ! C'est pourquoi, Vierge digne de tout éloge, Vierge notre vie, notre douceur, notre espérance ; souvenez-vous sans cesse que depuis six cents ans, nous, vos enfants bien-aimés, nous avons recours à vous notre protectrice et notre Mère. La rage de nos adversaires n'est point éteinte, et s'ils ne peuvent plus, parce que vous avez mis un frein à leur furie, s'ils ne peuvent plus nous attaquer sous des formes visibles, par des tentations extérieures et menaçantes, nous savons qu'ils ne cessent de nous poursuivre jusque dans ces couvents sacrés où règne le silence, où respire la prière, où votre aimable dévotion embaume tout de ses suaves parfums. Mais nous avons confiance que vous êtes, aujourd'hui comme autrefois, notre appui, notre secours, notre victoire. A mesure que les chants sacrés retentissent sous les voûtes de nos églises, les puissances infernales sentent diminuer leur audace ; elles se troublent et s'agitent ; elles s'épouvantent et s'enfuient pleines d'une secrète terreur. Toujours vous êtes victorieuse, ô notre Mère ! Et lorsque nous achevons de chanter cette pieuse antienne que nous avons reçue de nos Pères selon l'esprit, il ne reste plus autour de nous que les anges de lumière, qui, dispersés dans l'église, pleins d'une sainte joie, recueillis, modestes et revêtus comme nous de blanches tuniques, répètent les derniers échos de la céleste mélodie : Ô Clemens ! Ô Piat ! ô Dulci Virgo Maria ! (Année dominicaine, juin 1860).

Si les religieux de l'Ordre de Saint-Dominique sont heureux de chanter ainsi ce cantique de louange à Marie, au déclin de chaque jour, ils ont encore la consolation de l'entendre chanter près d'eux par leurs frères au moment de quitter la vie, au moment d'aller voir de près l'auguste Reine qu'ils ont fait profession d'aimer et de servir.

Le vénérable Guillaume Constet, religieux de la Réforme de Toulouse, fut martyrisé au Japon avec ses compagnons, pendant qu'ils chantaient le Salve Regina (XVII° siècle).

Pendant que la vénérable Mère Hippolyte de Rocaberti écrivait sur le Salve Regina, la très Sainte Vierge lui apparut tous les jours à l'heure où, selon la coutume de l'Ordre, la communauté chantait cette pieuse antienne après les Complies, lui témoignant, par la consolation qu'elle lui donnait, le plaisir qu'elle éprouvait de la voir s'occuper à écrire sur ses perfections et ses vertus. Elle lui promit de l'assister à l'heure de la mort, et de lui envoyer, pour la protéger contre le démon, le chœur des prophètes pour qui elle avait toujours en une dévotion particulière.

La vénérable Paule de Saint Thomas, éprouvée pendant sept années par une tentation des plus tenaces et des plus pénibles. en fut enfin délivrée par la récitation du Salve Regina ; elle disait ensuite n'avoir jamais rien demandé à la sainte Vierge par le moyen de cette antienne sans l'avoir obtenu, quelquefois même avant de l'avoir achevée ; aussi elle en recommandait beaucoup la récitation.

Quelquefois lorsqu'on entonnait le Salve Regina, la vénérable sœur Adélaïde de Rheifnelden, des Unterlinden , semblait hors d'elle-même et s'écriait : « Chantez, mes sœurs, chantez, car la Reine,du Ciel est ici ! »

Un religieux était souvent tenté contre sa vocation, et il était près de succomber à cette tentation, lorsque son Prieur, touché de compassion, ne sachant comment rendre le calme à cette pauvre âme troublée, eut l'inspiration de recourir à Marie. Il va dans la cellule du religieux et lui dit : « Allons,mon frère, ayons recours à notre bonne Mère ; disons un Salve Regina les bras en croix ». Le religieux y consentit avec une certaine difficulté, et récita tant bien que mal le Salve Regina. Quand il fut arrivé à ces mots : « Ô Clemens ! Ô pia ! Ô Dulcis Virgo Maria ! » La douce Vierge qu'il invoquait amollit tellement son cœur, qu'il tomba par terre, et que, baigné dans ses larmes, il s'écria : « C'est assez, mon Père, c'est assez ; je veux persévérer toute ma vie dans la pénitence ». Le Prieur, le relevant, l'embrassa cordialement, en l'exhortant à se souvenir toujours qu'il avait été guéri par l'intercession de la Sainte Vierge, et à lui vouer son amour et une reconnaissance sans bornes.

 

II. Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve. Ad te, clamamus, exules filii Evæ ; ad te, suspiramus, gementes et flentes, in hac lacrymarum valle. Eia ergo, Advocata nostra, illos tues misericordes oculos ad nos converte. Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis post hoc exilium ostende. Ô Clemens ! Ô Pia ! Ô Dulcis Virgo Maria !

 

V. Dignare me, laudare te, Virgo sacrata.

R. Da mihi virtutem contra hostes tuos.

 

Oremus

 

Concede nos famulos tues, quœsumus, Domine Deus, perpetua mentis et corporis salute gaudere ; et gloriosa beatæ Mariæ semper Virginis intercessione, a presenti liberari tristitia, et æterna perfrui lætitia. Per Christum Dominum nostrum. Amen.

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre espérance, salut ! Enfants d'Ève exilés, nous crions vers vous ; Vers vous nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes. Ô vous notre avocate, tournez vers nous vos yeux compatissants. Et, après cet exil, faites-nous voir Jésus, le fruit béni de vos entrailles. Ô clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie ! Amen.

 

V. Rendez-moi digne de vous louer, Vierge sainte.

R. Donnez-moi la force contre vos ennemis.

 

Prions


Dieu de miséricorde, portez secours à notre faiblesse ; faites qu'en évoquant la mémoire de la sainte Mère de Dieu, nous puissions compter sur l'efficacité de son intercession pour nous relever de nos péchés. Par le même Christ notre Seigneur. Amen.

 

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15 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Seizième jour

Le Magnificat

 

« Méditez profondément les paroles du beau cantique que Marie antenne en l'honneur du grand mystère de l'Incarnation. Voyez comme elle y loue l'humilité, comment elle y rabaisse l'orgueil. comment elle y exalte sans mesure la miséricorde, la fidélité et la Providence paternelle de Dieu envers ses élus ». (Vénérable Louis de Grenade).

 

I. « Au discours d'Elisabeth qui exaltait si haut son excellence, que va répondre Marie ? Oh ! c'est ici qu'il faut bien prêter toute notre attention et recueillir religieusement les leçons de notre Reine et de notre modèle. De la voix la plus douce et la plus mélodieuse, la Mère de la sagesse entonna le cantique que nous répète saint Luc : « Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur, de ce qu'il a regardé la bassesse de sa servante, car désormais je serai appelée Bienheureuse dans la durée de tous les siècles. Parce que le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses, et son nom est saint. Sa miséricorde s'étend de génération en génération sur ceux qui le craignent... »

« Il faudrait des livres entiers pour retracer les magnificences de ce cantique, le plus sublime qui fut jamais ; cantique merveilleux auquel le monde chrétien ne peut s'habituer depuis dix-huit siècles qu'il le redit. Cantique fortuné, qui recevra toujours de plus en plus dans les âges futurs sa prédiction : « Et voici que les nations m'appelleront Bienheureuse ». Remarquons toutefois que ce qui fait la majesté et la puissance de ce chant sacré, c'est l'humilité de Celle qui le profère. Où l'humble Vierge a-t-elle pris tous ces transports, ces accents de gloire et de grandeur qui se pressent sur ses lèvres, qui louent le Très Haut comme il ne l'avait jamais été par tous les prophètes à la fois ? Elle les a puisés dans le sentiment de sa faiblesse, joint à celui de la grandeur qu'elle a reçue de Dieu. Ces deux sentiments, inspirés à Marie par la vérité même, personnellement vivante dans son sein, étaient comme deux abîmes qui s'appelaient réciproquement : « La vue de sa bassesse lui donnait le sentiment distinct de la grandeur qu'elle devait à Dieu, et la vue de cette grandeur accroissait le sentiment de sa bassesse ». Marie louait donc Dieu en Elle et se louait à la fois en Dieu dans ces mots : « Il a fait en moi de grandes choses », mais, ne l'oublions pas, Elle se loue comme la servante du Seigneur, Elle ne voit que Lui, Elle ne tressaille de joie qu'en Lui, et si Elle nous invite à le louer, c'est parce qu'il a regardé « sa bassesse ». D'où il suit, que ne pas honorer Marie c'est dés lors ne pas honorer Dieu dans son plus grand sujet créé de louange.

« Il y a donc là un profond enseignement à retenir, à savoir : que l'humilité est le seul et solide fondement que le Seigneur a jeté pour l'élévation de sa créature. « Il a renversé les puissants de leurs trônes, et il a exalté les humbles ». (Nicolas, Études philosophiques sur la Vierge Marie, II° partie).

 « La Bienheureuse Vierge a glorifié le Seigneur, et pour célébrer Celui qu'elle avait conçu, elle a laissé échapper un cantique d'amour. C'est ainsi que l'âme qui porte Dieu en elle, lui chante des hymnes de louanges et d'allégresse, s'efforce de publier les magnificences qu'elle a pu découvrir, met au service de la gloire de Dieu tous ses sentiments les plus intimes et toutes les actions dont elle est capable, et ne savoure d'autre joie que celle .de penser à Dieu et de l'aimer ». (Extrait de La Théologie, du Père Contenson).

La vénérable Mère Françoise des Séraphins donnait à ses religieuses une fort belle et fort sainte explication de tous les versets du Magnificat. Elle y faisait remarquer les élévations merveilleuses de la très Sainte Vierge, et ses vertus très éminentes, particulièrement sa très sincère et très profonde humilité ; et c'est ce qu'elle entreprit d'imiter en elle avec tant d'affection et de confiance, qu'elle n'aimait rien tant que d'être cachée et anéantie en toutes choses, à son exemple.

La Vénérable sœur Paule de Saint Thomas avait un grand désir d'obtenir une profonde humilité, et considérant que la sainte Vierge dans son immortel cantique loue particulièrement la miséricorde de Dieu parce qu'il a regardé sa bassesse, elle la conjurait de lui faire part de cet intime et humble sentiment d'elle-même, et pour obtenir cette grâce qui lui fut accordée, elle se rendit à pied pendant plusieurs jours pour prier Marie devant une de ses images miraculeuses qu'on vénérait hors des portes de Rome.

Dans une extase où le Bienheureux Henri Suso entrevit les délices du ciel, il entendit les Anges chanter le Magnificat, et lorsque ce chant fut terminé, la sainte Vierge s'approcha de lui.

Le Père Grignion de Montfort engage les serviteurs de Marie à réciter souvent le Magnificat pour remercier Dieu des grâces qu'il a faites à la très Sainte Vierge. « C'est la seule prière et le seul ouvrage que la sainte Vierge ait composé, dit-il, ou plutôt que Jésus a fait en Elle, car Il parlait par sa bouche ; c'est le plus grand sacrifice de louange que Dieu ait reçu d'une pure créature ; c'est d'un côté le plus humble et le plus reconnaissant, et de l'autre le plus sublime et le plus relevé de tous les cantiques. La très Sainte Vierge récitait souvent elle-même ce cantique, et particulièrement en actions de grâces après la communion. On rapporte plusieurs miracles opérés par sa vertu, et les diables tremblent et s'enfuient quand ils entendent ces paroles du verset : « Fecit polentiam ». (Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge).

 

II. Magnificat anima mea Dominum.

Et exultavit spiritus meus, in Deo salutari meo.

Quia respexit humilitatem ancillæ suæ ;

ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes.

Quia fecit mihi magna qui potens est, et sanctum nomen ejus.

Et misericordia ejus a progenie in progenies, timentibus eum.

Fecit potentiam in brachia suo ;

dispersit superbos mente cordis sui.

Deposuit potentes de sede et exaltavit humiles.

Esurientes implevit bonis, et divites dimisit inanes.

suscepit israel puerum suum, recordatus misericordiæ suæ,

Sicut locutus est ad patres nostrosi Abraham et semini ejus in secula.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto.

Sicut erat in principio et nunc, et semper, et in secula seculorum Amen.

 

Mon âme exalte le Seigneur,

exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !

Il s’est penché sur son humble servante ;

désormais, tous les âges me diront bienheureuse.

Le Puissant fit pour moi des merveilles ;

Saint est son nom !

Son amour s’étend d’âge en âge

sur ceux qui le craignent.

Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.

Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.

Il comble de biens les affamés,

renvoie les riches les mains vides.

Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,

de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race, à jamais.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit,

pour les siècles des siècles. Amen.

 

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14 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Quinzième jour

Le Rosaire perpétuel

 

« Par le culte de Marie et le Rosaire perpétuel, nous pouvons faire un bien immense dans le monde... Tous les jours, nous apprenons quelques faits miraculeux obtenus par les prières de cette sainte Association. Vive Marie ! » Père Marie-Augustin, Lettre du 22 juin 1860).

 

I. Le Rosaire perpétuel est une association au moyen de laquelle le saint Rosaire se récite jour et nuit sans interruption pour rendre à Marie un perpétuel hommage, et obtenir d'elle un perpétuel secours. Cette association forme ici-bas la garde royale de la Reine des Anges, et les membres s'étant distribué toutes les ‘heures du jour et de la nuit pour la récitation du Saint Rosaire s'honorent du titre glorieux de Chevaliers de Marie (Père Marie-Augustin, Rose Mystique effeuillée).

La première pensée de cette association fut inspirée à un religieux dominicain, il y a plusieurs siècles. Frappé des grandeurs de Marie et de sa toute-puissance auprès de Dieu, ce saint religieux cherchait un moyen de reconnaître ces grandeurs et de mettre à profit cette toute puissante médiation pour obtenir à l'Eglise et au monde des grâces abondantes. Le Saint Rosaire était admirablement propre à remplir cette double fin,car il est tout a la fois une prière et un hymne de louange à Marie. Ce fut donc à cette dévotion plusieurs fois séculaire que recourut ce digne enfant de saint Dominique ; pour accomplir son pieux dessein, il imagina d'organiser le service régulier dont nous parlons, par lequel le Saint Rosaire se réciterait le jour et la nuit sans interruption, par des associés qui, se relevant d'heure en heure, veilleraient comme de fidèles sentinelles pour rendre à Marie un perpétuel hommage et implorer un perpétuel secours.

Cette pieuse pensée fut bénie du ciel ; tous les vrais serviteurs de Marie l'accueillirent avec amour ; sa propagation par le monde fut rapide ; elle devint populaire en peu de temps; les Souverains Pontifes, les cardinaux, les évêques l'embrassèrent eux-mêmes, ainsi qu'un nombre immense de communautés religieuses. Et cependant cette dévotion, comme tant d'autres, avait été emportée par la tourmente révolutionnaire. Les enfants de Saint Dominique, qui lui avaient donné naissance, ont eu la pensée de la faire refleurir et voici à quelle occasion.

Depuis deux ans, les religieux dominicains avaient pris possession de leur couvent de Lyon ; depuis deux ans, le saint Rosaire se récitait régulièrement tous les jours en public dans leur église avec de grands fruits pour les âmes, lorsqu'il leur vint en pensée défaire quelque chose de plus à la gloire de Marie qui les avait protégés d'une manière frappante dans des circonstances difficiles. Marie était attaquée dans leur voisinage, et nous pouvons dire dans le monde entier, avec une recrudescence de rage par les hérétiques et les impies ; ils résolurent donc de rétablir d'une manière régulière et complète l'ancienne dévotion du Rosaire perpétuel pour former autour de la Sainte Mère de Dieu comme une garde royale qui prendrait la défense de son honneur, et la vengerait de ses ennemis. Cette pensée, longuement méditée dans le calme et le silence de la prière fut mise à exécution, et dés le commencement couronnée d'un plein succès. Quelques mots avaient été à peine prononcés en chaire sur le projet de cette œuvre, que les âmes se présentaient en foule, demandant à faire partie de cette sainte association ; deux mois après, l'œuvre était complètement organisée : toutes les heures du jour et de la nuit étaient prises par un grand nombre de personnes de tout âge, de tout sexe, et de toute condition ; des magistrats, des officiers même avaient donné leur nom, heureux de pouvoir faire ici-bas partie de la garde d'honneur de Marie.

Depuis l'inauguration solennelle qui eut lieu à Lyon au couvent des Dominicains, le soir du premier dimanche de juillet 1858, cette œuvre du Rosaire perpétuel est toujours allée en grandissant et en se développant. Lorsque une œuvre chrétienne devient populaire, et que, dès le principe, elle prend un cachet d'universalité, on peut dire que cette œuvre est voulue de Dieu, et qu'elle répond à un besoin ; telle est l'œuvre du Rosaire perpétuel.

Une personne de haute intelligence, émerveillée de ce qu'on lui racontait sur le rétablissement du Rosaire perpétuel, et sur la rapidité de son extension, disait avec admiration : « Quels flots de grâces et de bénédictions doivent résulter de cet immense concert de voix qui chantent perpétuellement les louanges de Marie, de ce courant non interrompu de prières qui s'élèvent sans cesse de la terre vers le ciel ! Si un Ave Maria bien dit a une si grande force sur le cœur de Marie, que sera-ce de ces milliers et milliers de Rosaires qui se récitent, le jour et la nuit, sans interruption, par des âmes ferventes ! Espérons tout de cette œuvre pour notre patrie, car l'histoire est là pour raconter les influences que le saint Rosaire peut exercer sur les destinées des nations ».

Les influences du saint Rosaire se font sentir d'une manière peut-être plus frappante encore dans les âmes en particulier. Nous en avons vu qui ont été véritablement transformées depuis leur affiliation à cette sainte milice.

Ce sont là des grâces bien grandes, et ces grâces ne sont pas rares dans l'Association du Rosaire perpétuel. Dans l'ordre temporel comme dans l'ordre spirituel, nous pourrions citer une multitude de faits bien frappants de l'assistance de la Sainte Vierge (La Rose Mystique, IIe partie).

Saint Dominique offrait à Marie la couronne mystique du Rosaire entier au moins trois fois par jour. Le bienheureux Jean Massias, frère convers, avait aussi cette coutume, dès son enfance. Un Ange en enseigna la pratique à Sainte Catherine de Ricci. Le Bienheureux François de Possadas l'établit à Cordone si universellement, que tous les habitants récitaient le Rosaire entier dans les rues par chœurs alternatifs.

Le Bienheureux Père André de Saint Séverin, du couvent de Saint Dominique à Naples, se distingua par une dévotion singulière envers la très Sainte Vierge. Dès le temps de son noviciat, il s'assujettit, pour l'amour d'elle, à plusieurs pratiques qu'il n'abandonna jamais depuis. Tous les jours il faisait devant ses images plusieurs génuflexions, disant dévotement à chacune : « Je vous salue, Marie, pleine de grâce... ». Tous les jours encore, quelles que fussent d'ailleurs ses occupations, il récitait son Rosaire. Aux veilles des fêtes, pour lui offrir l'image d'un cœur pur dans un corps mortifié, il jeûnait au pain et à l'eau, et se donnait de sanglantes disciplines. Sans cesse il prêchait la dévotion au Saint Rosaire, comme un des plus puissants moyens de sauver les âmes, et il est manifeste, par l'histoire de sa vie, qu'il convertit par là une multitude de pécheurs.

Ce fut à ce zèle pour le Saint Rosaire que les Napolitains durent pendant longtemps leur merveilleuse dévotion pour Notre Dame, ainsi que l'établissement chez eux de la touchante coutume suivante : Par les soins du Père André, les habitants de Naples élevèrent, dans toutes les rues fermées, des autels en l'honneur de la Sainte Vierge, et une personne pieuse fut chargée de les entretenir. Quand venaient les fêtes de Marie, le Père André se rendait à l'un de ces autels ; convoquait le peuple en plein air, lui faisait un petit discours sur l'Évangile, puis commençait le Rosaire ; et tandis que tous le poursuivaient, il s'en allait à un autre autel recommencer ; le même exercice, et successivement à tous les autres, jusqu'à ce que, de tous les quartiers de la ville, la Salutation angélique fût montée vers Marie comme un encens d'agréable odeur.

Peu à peu, le peuple s'affectionna si fort à cette dévotion qu'il en vint à la pratiquer tous les jours, et c‘était chose à faire pleurer de joie, que de voir les habitants de chaque rue s'assembler d'eux-mêmes aux pieds de leur Madone, pour faire résonner, avec une ferveur admirable, l'Ave Maria (Couronne de Marie, mars 1864). La sœur Benoîte du Laus, récitait chaque jour 15 Rosaires et 15 chapelets. Elle fut comblée en retour des grâces les plus abondantes par l'Auguste Reine du ciel.

En Espagne, une petite fille fut attirée à la dévotion du Rosaire par les promesses et les présents d'un enfant inconnu, qui était peut-être un Ange caché sous une forme humaine. Quoi qu'il en soit, elle se forma dès lors à l'habitude de réciter chaque jour le Rosaire en entier, et selon l'opportunité des circonstances elle y ajouta trois fois cinquante coups de discipline. Plus tard, on la maria, mais elle ne discontinua pas de réciter chaque jour son Rosaire. Dieu bénit son union, et lui donna plusieurs enfants. Elle les éleva dans la crainte du Seigneur, et les instruisit avec soin de tout ce qui concerne la dévotion du Rosaire. Un jour un prédicateur renommé vint prêcher dans son pays ; elle alla lui demander des conseils propres à accroître dans son cœur l'amour de Dieu. « Il est surtout une de mes pratiques, dit-elle, à laquelle je désirerais apporter plus de perfection ». « Et quelle est cette pratique ? demanda le prédicateur ; s'il y a quelque chose à ajouter, je vous le dirai ». « La voici, mon Père; je récite les trois parties du Rosaire journellement ; la première en l'honneur de la sainte Vierge, dont j'honore le cœur si plein d'amour pour Dieu, les yeux qui ont considéré Jésus avec tant de douceur, les oreilles qui ont entendu le salut de l'Ange et les paroles adorables du Fils, les lèvres qui se sont enivrées de baisers divins ; en priant de la sorte, je sens merveilleusement couler en mes membres quelque chose des membres de Marie. J'adresse la seconde partie du Rosaire à la douloureuse Passion de Notre-Seigneur. Jésus crucifié est alors l'objet de ma contemplation : j'honore ses cheveux, puis sa couronne d'épines ; et continuant de la sorte, en parcourant ses plaies douloureuses, je descends jusqu'à ses pieds sacrés. En ce moment, je sens une douceur, plus grande encore qu'au premier exercice, passer du cœur de Jésus-Christ dans le mien ; je me change en lui tout entière, il me le semble, et je suis inondée d'amour et de compassion. Je consacre la troisième partie en l’honneur des saints et je la récite devant une de leurs images, soit à l'église, soit à la maison. Je demande à Dieu de rendre ma vie conforme à la leur. Ici je suis absorbée par l'Esprit divin au point d'en perdre souvent l'usage des sens. À tout cela, mon Père, dit-elle en finissant j’ajoute divers jeûnes et des disciplines ».

Le prédicateur fut saisi d'admiration à la vue d'une si haute piété. « Ma chère fille, dit-il, j'ai vu et entendu de grandes choses, je vous l'assure ; mais votre manière de vivre dépasse tout ce que j'ai connu et pratiqué. Dès maintenant, je veux être votre disciple, votre ami, et prétends faire comme vous ». Aussitôt il plaça un Rosaire à sa ceinture, et le lendemain il commença à prêcher cette dévotion ; ce qu'il continua toute sa vie. Le peuple, entraîné par une autorité si grande, s'adonna avec ferveur au culte du Rosaire, et la piété s'en accrut considérablement. Quant à ce prédicateur, devenu évêque, ses vertus prirent une proportion héroïque. Il mérita d'être averti de l'heure de sa mort par la sainte Vierge, et lorsque ce moment fut arrivé, son âme, entourée d'une multitude d'Anges, fut conduite au trône de la gloire (Vie du Bienheureux Alain de la Roche, Ve partie).

 

II. Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, Reine du Rosaire, me voici prosterné a vos pieds pour réparer par mes hommages les outrages que vous recevez, vous et votre Divin Fils, et implorer vos miséricordieuses bontés pour les prévaricateurs des lois divines.

Vous avez eu pitié du monde, ô Marie, quand saint Dominique a paru sur la terre : alors vous avez préservé l'univers d'une ruine imminente, en implorant votre divin Fils et en nous dotant de la céleste pratique du Rosaire. Vous avez en pitié de l'Église au temps de saint Pie V, et par cette même dévotion vous l'avez empêchée de tomber entre les mains sanguinaires des barbares. Ayez encore aujourd'hui pitié de nous ; sauvez de nouveau le genre humain, sauvez encore une fois l'Église par votre Rosaire.

Je n'ignore pas, Vierge bénie, le plaisir ineffable que donne à votre Cœur très pur la récitation du Rosaire, votre couronne de prédilection ; je m'engage à vous en présenter tous les jours le pieux tribut. Daignez, je vous en supplie, accepter ce témoignage de mon dévouement à votre service, et en retour daignez me protéger durant cette vie, m'assister à l'heure de la mort, recueillir mon âme au dernier jour, la présenter accompagnée de votre puissante intercession au Souverain Juge, et l'introduire dans la gloire. Amen. (Manuel du très Saint Rosaire, Père Pradel).

 

 

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13 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Quatorzième jour

Le Rosaire

 

« Les fidèles récitateurs du Rosaire mourront munis des Sacrements de l’Église, et ils ne perdront ni la parole, ni la présence d’esprit avant de les avoir reçu » (La très Sainte Vierge au Bienheureux Alain de la Roche).

 

I. « L'âme tressaille d'allégresse à ce doux nom de Marie ; le cœur s'épanouit comme une fleur au souffle matinal d'une brise embaumée. Ah ! C'est qu'il nous rappelle de si grands mystères d'amour.

Il nous rappelle l'Incarnation du Verbe divin pour le salut du monde. Il nous rappelle le sacrifice d'une Mère au pied de la croix. Il nous rappelle la douce consolatrice des affligés, l'avocate des pécheurs, la protectrice de l'innocence, le refuge assuré de tout ce qui souffre ici-bas.

Marie !... N'est-elle pas notre Mère, notre médiatrice, notre espérance, notre amie, notre bonheur, notre tout après Jésus? N'est-ce pas d'Elle, comme d'une source intarissable, que découlent nos joies et notre salut? Elle est la Mère du Sauveur. N'est-ce pas d'Elle, comme d'un vase précieux, que se répand toute grâce qui convertit et qui sanctifie? Elle est la trésorière de Dieu. C'est bien Elle aussi qui adoucit nos maux, qui essuie sur nos fronts la sueur de l'agonie, nous montrant le ciel dont Elle est la porte éblouissante : Fulgida cœli porta... Ô Mère plus précieuse et plus puissante que toutes les créatures, plus douce que l'harmonie des cieux, plus gracieuse que la grâce elle-même, que votre nom suave et parfumé comme les senteurs de l'Orient soit toujours sur nos lèvres pour les rafraîchir, et votre souvenir au fond de nos cœurs pour les soutenir et les consoler.

Marie !... Les Anges dans le ciel la révèrent, les Archanges et les Trônes sont ses messagers fidèles ; les Dominations devant Elle déposent leurs couronnes, et les Chérubins se font gloire de célébrer ses grandeurs. Sur la terre, les grands génies planant bien haut dans le monde des intelligences, comme l'aigle dans la nue, ont voulu la chanter. Les Augustin, les Bernard, les Thomas d'Aquin et mille autres ont entonné à sa gloire des hymnes d'une ravissante harmonie. D'autres plus petits et plus modestes, comme la fauvette sur l'églantine fleuri, ont cherché à bégayer aussi quelque cantique d'amour. Tous sentaient au fond de leur cœur un entraînement irrésistible qui les portait à chanter Marie. Le chant n'est-il pas le langage de l'amour, et l'amour de Marie, comme celui de Jésus, n'est-ce pas le pain des hommes comme le pain des Anges? Nous aussi, nous voulons chanter Marie, nous aussi nous voulons mêler notre voix, quoique faible, à ce concert solennel qui, depuis dix-huit siècles, s'élève à la gloire de la Vierge Immaculée. Nous la chanterons en effeuillant son Rosaire nous la chanterons en montrant à ses enfants les richesses et les beautés contenues dans cette Rose Mystique que la sainte Église nous fait saluer dans ses litanies : Rosa Mystica, ora pro nobis.

Le Rosaire, c'est la couronne de saphirs qui resplendit autour de votre front, ô Marie ! Le Rosaire, c'est le diadème royal aux diamants précieux qui repose sur votre tête auguste, ô Marie ! Le Rosaire, c'est le vêtement aux mille couleurs qui descend en plis ondoyants de vos épaules saintes, ô Marie ! Le Rosaire, n'est-ce pas la guirlande de roses qui relie le cœur de vos enfants à votre cœur maternel ? N'est-ce pas l'échelle mystérieuse de Jacob qui conduit au ciel ? Le Rosaire, n'est-ce pas la chaîne mystérieuse qui relie la terre au ciel, et dont les mystères sont les anneaux ? N'est-ce pas la harpe sainte du roi David sur laquelle nous chantons vos louanges en méditant votre Rosaire ? Le Rosaire, qu'est-ce encore,qu'est-il dans son essence ? La sainte Église, nous parlant de Marie, lui donne le nom de Rose Mystique, Rosa Mystica.

Cette Rose Mystique, comme toutes les roses, a un cœur qui en forme l'excellence et la beauté, et le cœur divin de cette Rose Mystique, c'est Jésus. Cette Rose Mystique, Marie, s'épanouit en quinze feuilles ou pétales : cinq sont d'une blancheur éclatante comme le lys de la vallée ; elles se nomment : Annonciation, Visitation, Nativité, Purification, et Recouvrement au Temple. Ce sont les mystères joyeux.

Cinq sont tachetées de sang comme la rose empourprée ; elles se nomment : Agonie, Flagellation, Couronnement d'épines, Portement de croix, Crucifiement. Ce sont les mystères douloureux.

Les cinq dernières sont dorées comme les épis d'une moisson que le soleil a mûrie ; elles se nomment : Résurrection, Ascension,Descente du Saint-Esprit, Assomption de Marie et son Couronnement dans le ciel. Ce sont les Mystères glorieux. Voilà donc le Rosaire. Il n'est autre chose dans son essence que l'épanouissement de cette Rose Mystique, dont le divin cœur est Jésus.

Aux quinze Mystères correspondent quinze dizaines d'Ave Maria ; et réciter le saint Rosaire, c'est effeuiller cette Rose Mystique en parcourant de cœur les Mystères, pendant que nos lèvres prononcent les Ave Maria.

Le Rosaire est donc quelque chose de grand, puisque c'est Jésus et Marie s'épanouissant dans le monde en quinze Mystères, et le développement de ces quinze Mystères forme le christianisme tout entier. Méditer votre Rosaire, c'est donc vous honorer, ô Marie! c'est donc célébrer vos grandeurs et chanter vos vertus, divine Reine des Anges (La Rose Mystique effeuillée, par le Père Marie-Augustin). Bénissez-nous donc, ô Mère bien-aimée, et avec nous tous les enfants du Rosaire ! »

 

Nos cum prole pia benedicat Virgo Maria !

 

II. Le jour de la Pentecôte, dans les églises de l'Ordre, ou bénit des roses pour les distribuer aux fidèles, conformément à un ancien usage qui s'observe encore à Saint Jean de Latran et dans plusieurs autres églises. Cette bénédiction a pour objet : 1° De rendre grâces à Dieu du don qu'il a fait continuellement à l'Église de son esprit d'amour. 2° Elle signifie que ce fut.surtout par Marie, la Rose Mystique, que les Apôtres obtinrent en ce jour, avec tant d'abondance, les dons de l'Esprit Saint. 3° Elle nous rappelle enfin que nous obtiendrons l'esprit d'amour, si nous sommes agrégés et dévoués au saint Rosaire, symbolisé par ces roses.

La très Sainte Vierge elle-même révéla au Bienheureux Alain que des volumes entiers ne suffiraient pas pour enregistrer tous les miracles obtenus par la récitation du saint Rosaire. Des volumes pourraient aussi être remplis des témoignages de la dévotion des enfants de Saint Dominique pour le Rosaire, qui lui fut enseigné par l'Auguste Reine du Ciel, et dont il se servit pour renouveler la face de la terre et obtenir miséricorde en faveur d'un monde coupable.

Un jour que saint Louis Bertrand venait de débarquer sur une plage déserte, il se mit de suite à genoux en oraison. Le capitaine de vaisseau qui l'accompagnait, lui dit : « Venez donc, mon Père, chercher un abri ; que faites-vous là ? » « Je prie, dit-il, Notre Dame du Rosaire, qu'elle nous préserve de l'inondation qui se prépare ». À l'instant, les nuages s'ouvrirent, et les eaux tombèrent avec tant de violence qu'en un instant tout le pays fut inondé ; mais le saint et ses compagnons ne reçurent pas une goutte d'eau. Saint Louis Bertrand fit aux Indes un grand nombre de miracles avec son Rosaire ; quand il revint à Valence, il le donna à une personne distinguée, en lui disant : « Gardez bien ce trésor ! Dieu s'est servi de ce Rosaire pour convertir beaucoup de pécheurs, pour guérir des malades et ressusciter des morts ».

C'était sous le titre de Notre Dame du Rosaire qu'il invoquait le plus souvent Marie, parce que sous ce titre sont compris presque tous ses mystères, ses vertus héroïques et ses grandeurs incomparables. C'était le sujet ordinaire de ses plus douces méditations, de ses prédications et de ses entretiens familiers, car il tâchait de porter tous ceux qui l'écoutaient à cette dévotion, par laquelle il obtenait pour lui-même et pour les autres mille faveurs singulières. Après sa mort, l'attouchement de son Rosaire opéra plusieurs guérisons miraculeuses.

Saint Martin de Porrès se montra toujours un des plus dévots serviteurs de Marie, dont il désirait ardemment se montrer en toutes choses le plus aimant et le plus tendre fils. Non content des pratiques ordinaires et des témoignages de vénération qu'ont coutume de lui rendre conformément aux règles de l'Ordre tous ceux qui lui appartiennent, il se réjouissait grandement d'honorer d'un culte spécial Celle qui daigna, depuis le commencement, s'en intituler la Protectrice et Dame particulière. Il portait un Rosaire au cou, un autre à la ceinture ; il le tenait très souvent en main, répétant à la louange de Marie la prière qui lui est si chère. Après avoir récité avec les Pères, dans le dortoir commun, le petit office de la Vierge, il se rendait à l'église, et là, seul, dans la chapelle du Rosaire, il se prosternait à genoux, se tenant plusieurs heures immobile devant l'image de Notre Dame, l'invoquant avec une douce affection.

La très Sainte Vierge faisait pleuvoir sur lui de nombreuses et remarquables faveurs pour récompenser ses reconnaissants respects. Comme au temps du grand saint Dominique, et du premier-né d'entre ses saints fils Hyacinthe, la Reine des Anges avec son céleste enfant daigna souvent, dans de très joyeuses apparitions à l'heureux Martin de Porrès le favoriser de tendres caresses, et lui donner ainsi un avant-goût des joies du ciel.

Dès sa quatrième année, la bienheureuse Esprite de Jésus commença à honorer les vertus de Marie ; elle récitait son Rosaire avec beaucoup de ferveur, et elle enseignait à ses petites amies à le réciter de même. Elle continua à le réciter toute sa vie avec la plus tendre dévotion, et ses sœurs ont affirmé que les grains de son chapelet étaient tout usés, tellement ils avaient souvent passé entre ses doigts. Elle se préparait à la récitation du Saint Rosaire comme elle aurait pu se préparer à la réception de l'adorable Eucharistie. Elle produisait divers actes de contrition et versait des larmes, afin de parler avec des lèvres toutes pures à la Reine de pureté. Une autre pratique importante est celle que suivait Esprite, d'après l'ordre exprès de son céleste Époux. Un jour, en effet, Notre Seigneur lui dit de faire la Communion spirituelle à chaque dizaine du Rosaire ; Esprite persévéra toujours dans cette sainte pratique, sans jamais la négliger. Qu'est-ce, en effet, que la dévotion du Rosaire si ce n'est une communion spirituelle à tous les mystères de Jésus et de Marie ? En communiant ainsi d'après les désirs de son Bien-Aimé, Esprite entrait pleinement dans l'esprit du saint Rosaire.

Un jour que la Bienheureuse Agathe, de la Croix, pensait à ce qu'elle pourrait faire pour plaire à à Dieu et le servir, elle entendit une voix qui lui dit distinctement : « Prends mon Rosaire ». La Bienheureuse Cécile, religieuse dominicaine, avait le Rosaire en main pendant toute la journée, et après sa mort on remarqua que ses doigts exhalaient l'odeur des roses.

Le Rosaire a empêché la France, au XVIe siècle, de devenir entièrement protestante. Cette nation généreuse accueillit avec empressement la fête du Rosaire, instituée à cette époque, et elle mérita, par la protection de la très Sainte Vierge, de conserver la foi catholique. Plus tard, Louis XIII, par la prise de La Rochelle, abattit la puissance politique des huguenots. Son triomphe fut regardé comme un miracle du Rosaire par tous, et en particulier. par l'Université de Paris, qui en formula une déclaration expresse. Le roi fit bâtir à cette occasion l'église aujourd'hui si célèbre de Notre Dame des Victoires. Aussi pouvons-nous dire en quelque sorte que l'Archiconfrérie du très Saint et Immaculé Cœur de Marie est une fille du Rosaire, d'autant plus que son vénérable fondateur, l'abbé Dufriche Desgenettes, appartenait au Tiers-Ordre de Saint-Dominique.

 

III. Ô Marie, Reine du Rosaire, mère et modèle des Vierges, formez-moi à ces vertus et à cette perfection qui sont le cachet des âmes vraiment intérieures, des fervents apôtres de Jésus, des vraies filles de saint Dominique ; faites-moi produire, durant ce mois, des actes continuels d'union, de dévotion, de sacrifice et d'abandon à Dieu. Faites-moi, à votre exemple. embrasser la vie de renoncement. Apprenez-moi à n'aimer que ce qui plaît à votre Fils, et à prendre en dégoût tout ce qui ne tend pas à cette fin. Oh ! Que je goûte à votre suite l'onction de la croix et le bonheur du sacrifice !...

Notre Dame du saint Rosaire, à cette heure terrible où mon âme faible et isolée paraîtra avec toutes ses misères devant le Dieu qu'elle a si souvent offensé, si peu connu, si mal servi, à cette heure où aucun coupable ne sera, épargné, où le juste sera à peine sauvé, où chacun recevra la peine ou la récompense due équitablement à ses œuvres, où les actions et les pensées seront examinées scrupuleusement, soyez alors mon aide et ma défense contre tous les ennemis réunis pour m'accuser et m'entraîner dans les abîmes éternels. Rappelez-vous, Notre-Dame du Rosaire, combien de fois je vous ai dit : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour moi, pauvre pécheresse, maintenant et à l'heure de ma mort », et quand cette heure redoutable sera venue, lorsque je serai en présence de mon Juge, daignez prendre ma défense, paraissez en qualité de Mère, montrez à votre divin Fils le sein qui l‘a porté, demandez et obtenez grâce pour nous, pauvres pécheurs. Amen. (Manuel du très Saint Rosaire, par le Père Pradel).

Permettez-moi, ô Vierge Immaculée, Reine du très Saint Rosaire, de vous prendre aujourd'hui pour ma Mère, ma patronne, mon asile, ma protection ; je veux vous donner mon corps, mon âme, et après Dieu vous aimer par-dessus toutes choses. Je me dévoue donc à votre service, et vous promets une fidélité inviolable.

Ô Reine du très Saint Rosaire, prenez possession de tout mon être, et commandez-y en souveraine. Bannissez de mon corps et de mon âme tout ce qui vous y déplaît ; sanctifiez mon cœur, redressez ses inclinations perverses, et purifiez ses intentions ! Oui, désormais je veux suivre vos inspirations, vivre sous votre regard maternel et n'agir que pour vous plaire. (Rose Mystique effeuillée).

Ô Mère bien-aimée, veuillez me permettre de vous demander en ce moment spécialement trois choses : 1° un cœur bien pur pour vous aimer et bien aimer Jésus ; 2° un jour qui vous soit consacré pour mourir entre vos bras, en prononçant des actes parfaits d'amour ; 3° la grâce de faire partie du chœur privilégié qui dans le Ciel, aux pieds de votre trône, doit à jamais chanter vos louanges. Divine Reine du saint Rosaire, la place d'un chevalier de votre garde royale n'est-elle pas à vos pieds, au ciel comme sur la terre ? Vous me protégerez donc durant cette vie, vous m'assisterez à l'heure de ma mort, vous recueillerez mon âme à son dernier soupir, et vous l'introduirez dans les tabernacles éternels où elle vous aimera et vous louera à jamais, en union avec les Anges et les saints. Amen.

 

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12 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Treizième jour

Sur l'Ave Maria

 

« Saluons Marie souvent et sagement souvent, afin que jamais son souvenir ne s'éloigne de notre cœur. et sa louange de nos lèvres ; sagement, afin que notre conduite réponde aux vertus de Celle que nous louons ; car il est convenable que la Vierge ne soit honorée que par une âme vierge, et que cette humble Marie ne soit aimée que par un cœur humble. (Saint Albert le Grand).

 

I. « L'Ange a dit : « Je vous salue, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre toutes les femmes ». Sainte Elisabeth a dit : « Le fruit de vos entrailles est béni ». L'Église a ajouté aux paroles de l'Ange : « Marie ». L'Ange n'avait pas prononcé ce nom sacré, dont l'interprétation, du reste, s'accorde on ne peut mieux avec le salut qu'il adressait à la Vierge de Nazareth.

« Depuis la plus haute antiquité, c'était une grande chose que l'apparition des Anges aux hommes. Mais qu'un Ange eût rendu honneur à un homme, jamais on ne l'avait ouï raconter, jusqu'au moment où Gabriel salua la Bienheureuse Vierge Marie, en lui disant humblement : « Je vous salue ».

« L'Ange ne pouvait s'incliner devant l'homme, avant que la nature humaine eût un représentant doué des dons célestes à un plus haut degré que l'Ange. Ce représentant a été la Bienheureuse Vierge Marie, et l'Ange a voulu reconnaître sa prééminence en lui rendant hommage, et en lui disant : « Je vous salue, pleine de grâces ». Aucun des Esprits célestes ne possède la grâce avec la même plénitude que la Bienheureuse Vierge Marie, et l'Ange Gabriel nous insinue cette vérité lorsqu'il la salue pleine de grâces, comme s'il disait : « Voici pourquoi je vous vénère : c'est parce que votre plénitude de grâce surpasse la mienne ». Or, la très Sainte Vierge a été pleine de grâces. comblée de la plénitude de sa grâce, quant à son âme, pour fuir le mal et pratiquer le bien. La très-Sainte Vierge a aussi été pleine de grâces quant au rejaillissement de son âme sur son corps. L'amour du Saint Esprit consumait si passionnément son âme, qu'il opérait des merveilles jusque dans sa chair, tellement que de cette chair naquit le Dieu-Homme : « L'Etre infiniment saint qui naîtra de Vous s'appellera le Fils de Dieu ». Enfin la très Sainte Vierge est pleine de grâces, quant à la diffusion de sa grâce sur tous les hommes. Point de péril dans la glorieuse Vierge ne puisse vous sauver(Cant. 4, 4), pas d'acte de vertu pour lequel Vous ne puissiez obtenir d'elle une aide. C'est pourquoi Elle dit d'Elle-même : « J'ai en moi tout espoir de vie et de vertu ». (Eccl. 24, 23).

« Le Seigneur est avec Vous ». Marie surpasse les Anges par sa familiarité avec Dieu, et Gabriel le reconnaît en lui disant : « Le Seigneur est avec Vous ».Voici pourquoi je vous vénère ; c'est parce que vous êtes plus familière avec Dieu que moi ; car le Seigneur est avec Vous... » « Le Seigneur est avec Vous ! » Nulle parole plus magnifique ne pouvait lui être adressée. Ah ! l'Ange a raison de vénérer la Vierge qui est la Mère de son Seigneur. Cette Vierge est sa Dame ; Elle est notre Dame, selon l'étymologie de ce nom de Marie qui lui convient si bien ! Enfin Marie surpasse les Anges, par la dignité de sa nature, à cause de son admirable pureté. Marie n'était pas seulement pure en Elle-même, elle communiquait encore la pureté aux autres.

« Vous êtes bénie entre toutes les femmes ». Marie a été exempte de la malédiction portée contre la race humaine ; par conséquent elle est bénie entre toutes les femmes. Seule elle a écarté la malédiction, et apporté la bénédiction ; seule elle a ouvert les portes du Paradis, et c'est pourquoi ce nom de Marie, qui signifie Étoile de la Mer, lui convient. Marie dirige les chrétiens à la gloire, comme l’Étoile de la mer dirige les navigateurs vers le port. « Et le fruit de vos entrailles est béni ». Les Anges soupirent après la vue du Fils des entrailles de Marie. Il est le plus beau des enfants des hommes, et cela parce qu'il est la splendeur de la gloire de son Père. Ce que nous désirons, cherchons-le donc dans ce fruit béni des entrailles de Marie. Fruit béni de Dieu, qui l'a rempli de toute grâce, afin qu'il la transmît à ceux qui l'honoreraient dignement. Bénie soit donc la très Sainte Vierge, mais béni soit davantage le fruit de ses entrailles ! » (Extrait de l'Opuscule de saint Thomas d'Aquin sur la Salutation angélique).

Pour ce qui est de la conclusion de la Salutation angélique, saint Thomas d'Aquin ne la commente pas. L'usage ne l'avait point encore adoptée à l'époque à laquelle il vivait. Elle date de loin cependant, du concile d’Éphèse, et Saint Cyrille en est l'auteur. Le pape Célestin 1er ordonna qu'elle terminerait la Salutation angélique ; ce fut le pape dominicain, saint Pie V, qui l'inséra le premier au Bréviaire romain. Le nom adorable de Jésus n'a été ajouté à la Salutation angélique que par le pape Urbain IV, mort en 1274. lorsque saint Thomas avait déjà composé son commentaire. Ce pape accorda une indulgence de 30 jours à ceux qui ajouteraient à la Salutation angélique les mots Jesus Christus.

Quelle prière, après l’Oraison Dominicale, pourrait être comparée à la Salutation angélique ? La Salutation angélique a été commencée dans les splendeurs du ciel par la très Sainte Trinité elle-même ; elle a été ensuite apportée à la terre par un Archange, Gabriel, la force de Dieu ; elle a été complétée par sainte Élisabeth, mère de saint Jean-Baptiste, et par l'Église. Saint Jacques, frère germain du Seigneur, l'avait insérée dans sa liturgie. et plusieurs Pères de l'Église firent de même. Les apôtres, si nous en croyons le « Mariale » de Canisius, la prononçaient avant de consacrer ; et un dévot serviteur de Marie nous assure, pour l'avoir appris sans doute par révélation, que Notre Seigneur Jésus-Christ aimait, en revenant vers sa Mère, à lui dire ces douces paroles : « Je vous salue, pleine de grâces ».

Saint Thomas d'Aquin était encore entre les bras de sa nourrice, lorsqu'un jour on s'aperçut qu'il tenait serrée dans sa main une toute petite feuille de papier, sans qu'on pût s'expliquer où il l'avait trouvée. Malgré toute la résistance qu'il fit, on ;la lui enleva ; elle ne contenait que ces deux mots : « Ave Maria ! » le salut adressé à la Reine des Vierges ! Ainsi cet enfant prédestiné s'élançait, avant de se connaître lui-même, vers la Vierge Immaculée. Une tendre impulsion dirigea toujours ses vœux et ses soupirs vers la Reine des Vierges, et toute sa vie il fut fidèle à la dévotion du Rosaire qui est en même temps celle des plus hautes intelligences et celle des plus simples enfants de Dieu. Cet amour de saint Thomas pour Marie reçut dès ici-bas sa récompense. Celle qui est appelée le Siège de la Sagesse, la Mère de la Chasteté, se montra à Thomas d'Aquin, ce génie si lumineux et si pur. La Reine du Rosaire daigna dévoiler ses traits divins aux regards de son fidèle serviteur, et faire entendre à son oreille ravie le son de sa divine voix.

À peine sainte Catherine de Sienne commença-t-elle à parler, qu'on lui apprit à prier Dieu et Marie. À cinq ans, elle savait la Salutation angélique, et la récitait presque sans cesse. Quand elle montait ou descendait les escaliers, elle faisait une génuflexion à chaque marche en disant un Ave Maria. Marie, qui ne se laisse jamais vaincre en générosité, récompensa par des faveurs sans nombre les fervents saints que lui adressait la jeune sainte. À l'âge de dix ans elle lui inspira la pensée de choisir Jésus pour le seul époux de son cœur, et plus tard la Bienheureuse Mère de Jésus-Christ présida à ce mariage qui fut célébré miraculeusement.

La ferveur des Ave Maria qui sortaient de la bouche du Bienheureux Jacques Salomon faisait fleurir en hiver les roses du cloître de son couvent. L'arme puissante qu'il employait pour conquérir les âmes était la récitation de l'Ave Maria.

Jésus et Marie apprirent au vénérable Père Michel de Benavidès, troisième archevêque de Manille, à commencer toutes ses actions par la récitation de la Salutation angélique.

Dès l'âge de sept ans, la bienheureuse Bienvenue disait tous les jours, en l'honneur de la très Sainte Vierge 1,000 Ave Maria, le samedi 2,000, et le jour de l'Annonciation 5,000.

La B. Jeanne, infante de Portugal, ne sortait et ne rentrait jamais dans sa cellule sans saluer Marie par l'Ave Maria, qu'elle récitait encore à chaque marche d'escalier.

La sœur Guyomard du Rosaire, qui avait une dévotion très remarquable au Rosaire, vit un jour, à chaque Ave Maria qu'elle récitait, éclore à ses pieds une belle rose.

La sœur Heilrade, des Unterlinden, trouvait une douceur particulière au Pater et à la Salutation angélique ; elle les récitait au moins mille fois par jour, et leur découvrait toujours un charme nouveau. La Vénérable mère Catherine de sainte Marie avait la même pratique.

La très Sainte Vierge dit au Bienheureux Alain de la Roche : « Sache, mon fils, et fais-le connaître à tous, qu'un signe probable et prochain de la damnation éternelle est d'avoir de l'aversion, de la tiédeur, de la négligence à dire la Salutation angélique, qui a réparé tout le monde. Ceux et celles qui ont d'ailleurs de grandes marques de prédestination aiment, goûtent et récitent avec plaisir l'Ave Maria, et plus ils sont à Dieu, plus ils aiment cette prière ».

 

II. « Je ne sais comment cela se fait, dit Saint Louis-Marie Grignon de Montfort ; mais je n'ai pas un meilleur secret pour connaître si une personne est de Dieu, que d'examiner si elle aime à dire l'Ave Maria et le chapelet ».

« Âmes prédestinées, apprenez que l'Ave Maria est la plus belle de toutes les prières après le Pater, c'est le plus parfait compliment que vous puissiez faire à Marie, parce que c'est le compliment que le Très-Haut lui envoya faire par un Archange, pour gagner son cœur, par les charmes secrets dont il est plein, et la décider à donner son consentement à l'Incarnation du Verbe, malgré sa profonde humilité ; c'est par ce compliment aussi que vous gagnerez infailliblement son cœur, si vous le dites comme il faut ». (Traité de la vraie dévotion à. la sainte Vierge).

Ave, Maria, gratia plena, Dominus tecum, benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui Jesus. Sancta Maria, Mater Dei, ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis nostræ. Amen.

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11 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Douzième jour

Dévotion à l’Assomption de Marie

 

« Parmi toutes les fêtes que l’Église à instituées en l’honneur de Marie, on peut dire que l’Assomption est sa fête par excellence » (Père Louis de Grenade).

 

I. Parmi les nombreuses fêtes que la sainte Église consacre à honorer sous divers titres la Mère de Dieu, il est certain que, dans tous les siècles, celui qui est célébré avec le plus de joie et de dévotion, est le, jour de sa glorieuse Assomption. Les fidèles, selon un ancien usage, avaient coutume de se disposer et de se préparer à cette grande fête par des jeûnes et par d'autres saints exercices. Catherine de Sienne ne négligeait pas de se conformer à cet usage, et un jour, quelque temps avant la solennité, la Reine des Anges lui apparut et l'admit à l'honneur de voir comment dans le royaume du ciel, elle était assise sur un trône de gloire magnifique, à côté de son divin Fils. Cette expression à côté, signifie dans les saintes Écritures, la grandeur de la gloire destinée par le Christ à sa très pure Mère. Dans cette vision, elle vit clairement, entre le Fils et la Mère, s'élever une croix teinte de sang. Le jour de la fête arrivé, Catherine se trouva fort malade pour aller à l'église ; cependant le Seigneur voulut la consoler, car il lui fit voir les murs de la grande église qui porte le nom de l'Assomption, et ces murs ne pouvaient sans un miracle être vus de l'endroit où elle se trouvait. Catherine, à cette vue, leva les mains au ciel, rendit grâce au Seigneur d'avoir bien voulu la consoler en lui montrant l'église qu'elle ne pouvait visiter. Mais la bonté divine ne s'arrêta pas à cette faveur, elle lui fit entendre ; malgré l'éloignement, les harmonies des chants sacrés, qui, dans ces jours de fête, rendent plus joyeuses et plus magnifiques nos saintes cérémonies ; et lorsqu'elle entendit, comme si elle avait été présente, le prêtre chanter ces paroles : « Et le in Assumptione Beatæ Mariæ », elle fut tout à coup ravie en extase, et elle vit la bienheureuse Vierge, Notre Dame, qui l'admit à ses doux entretiens. (Vie de sainte Catherine de Sienne, par le Bienheureux Raymond de Capoue).

La très Sainte Vierge daigna aussi se montrer à la même sainte, ainsi qu'à sainte Catherine de Ricci, avec le même cortège d'esprits bienheureux qui l'accompagna au séjour de la gloire, et leur dévotion pour le mystère de l'Assomption s'en accrut grandement.

Le Bienheureux Aymon Taparelli avait toute sa vie honoré l'Assomption de Marie d'un culte spécial, Marie lui accorda la grâce de mourir le jour de cette fête, et il vit sa Souveraine, la divine Vierge, qui venait à sa rencontre, et il s'élança à sa suite pour prendre part à son glorieux triomphe.

À Arles, en 1240, il y avait un religieux nommé Guillaume, qui avait une grande dévotion à l'Assomption de Marie. Il tomba malade au commencement d'août, et son prieur le visitant avec les autres religieux, il leur dit avec une assurance et une confiance admirables : « Je sais bien que je mourrai de cette maladie la veille de l'Assomption ; mais je ne serai pas seul ; le Père Jean,n ce religieux était alors alité, me rejoindra le lendemain de la fête ». « Mais, comment le savez-vous, demanda le prieur ? » « C'est, répondit-il, qu'il me semblait que j'étais dans une grande barque avec d'autres religieux vêtus de blanc, qui me passaient dans l'autre monde. Alors je vis le Père Jean qui courait après moi. en me disant : « Attendez-moi, très cher Père, parce que je dois aller avec vous ». Cela s'accomplit en effet exactement comme il l'avait dit.

En 1698, le jour de l'Assomption, Benoîte Rencurel récitait pieusement dans sa chambre les litanies de la sainte Vierge, lorsqu'elle vit tout à coup apparaître, portée par quatre Anges, l'auguste Mère de Dieu. Pendant qu'elle la contemplait avec un extrême bonheur, elle l'entendit lui dire : « Ma fille, réjouissez-vous ; je vais vous faire voir de belles choses ». En même temps, deux Anges vinrent prendre Benoîte qui se sentit enlevée dans l'espace à la suite de sa bonne Mère. Comme saint Paul elle montait au ciel avec ou sans son corps. Elle ne put le dire... Marie était éblouissante et embaumait les airs, pendant que les Anges chantaient des cantiques ; les litanies de la passion trouvèrent place aussi dans leurs chants. Après un temps qu'elle ne put évaluer, Benoîte était au ciel : elle nageait dans les flots de lumière ; elle entendait d'enivrants concerts, en traversant les phalanges des bienheureux. Ceux- ci étaient tous vêtus de jeunesse, de beauté et de gloire. Ils se levaient par intervalles et se rasseyaient sur leur sièges magnifiques, en chantant les louanges de l'Eternel. Lorsque la Reine du ciel passait prés d'eux, ils la saluaient avec amour, en s'inclinant, et souriaient à sa compagne. Parmi ces bienheureux, Benoîte reconnut les deux directeurs qu'elle avait perdus, et qui venaient de temps en temps la visiter sur la terre. Elle eut aussi le bonheur de contempler dans sa gloire sa pieuse mère, qui la regardait avec une ineffable tendresse. La vue de ces âmes si chères lui fit éprouver le désir d'arrêter sa marche un instant ; elle voulait leur parler, mais Marie l'entraîna plus loin. Bientôt elle vit trois rangs de sièges ruisselants de lumière, et étagés les uns au-dessus des autres. Au rang le plus élevé sont les martyrs vêtus de rouge, lui dit sa divine conductrice ; viennent ensuite les vierges vêtues de blanc; et les couleurs variées distinguent au rang inférieur les autres bienheureux.

Plus loin et au centre du paradis, autant qu'elle put en juger, car tant de splendeurs l'éblouissaient, elle vit un trône plus élevé que tout le reste, et si éclatant, qu'elle ne put distinguer Celui qui y était assis... Marie s'arrêta devant ce trône, qu'une multitude d'Anges entouraient ; elle fit une profonde inclination, adora un moment en silence, et continua sa route dans les régions éternelles. Benoîte vit encore beaucoup de choses admirables, mais elle ne sut comment les exprimer. Cependant la nuit sur la terre touchait à son terme. Le même cortège qui avait enlevé au Laus sa sainte bergère la lui rendit. Benoîte rentra dans sa cellule un instant avant l'aube ; elle était tellement enivrée de consolations qu'elle passa quinze jours sans prendre aucune espèce de nourriture. Sa joie était trop vive pour qu'elle ne fût pas remarquée ; chacun se demandait quelle grande grâce elle avait reçue ; on la suppliait, mais en vain, de s'expliquer, lorsque son directeur, pour la gloire de Dieu, l'obligea de parler. Elle raconta alors, non sans beaucoup d'hésitation et d'embarras, ce qu'on vient de lire. (Vie de Soeur Benoîte).

Marie, à chaque anniversaire de sa glorieuse Assomption, accorde beaucoup de grâces à ses enfants vivants et morts. La veille de l'Assomption, la mère du vénérable M. Dufriche Desgenettes lui apparut et lui dit : « Sois tranquille sur mon sort, Desgenettes ; Dieu m'a fait grâce aujourd'hui. Les saints sacrifices que tu as offerts pour moi à l'heure de ma mort, m'ont beaucoup servi devant Dieu ».

A l'exemple de Saint Dominique, Saint Hyacinthe était un fervent serviteur de la glorieuse Vierge Marie. Prosterné devant son image nuit et jour, il ne cessait d'appeler ses bénédictions sur ses travaux par de ferventes supplications et d'abondantes larmes. Or il arriva qu'un jour il priait avec une dévotion extraordinaire devant l'image de sa bonne Mère, le jour de l'Assomption, dans l'église de Cracovie. Ravi en esprit, le saint contemplait avec bonheur la grandeur du Mystère de ce jour, et la gloire incomparable de l'auguste Mère de Dieu. Inondé de joie et de larmes, il laissait son esprit s'égarer pieusement dans la méditation, et son cœur s'enflammait du désir de l'éternelle béatitude. Pendant que, entraîné par un redoublement de ferveur, il supplie d'une voix mêlée de sanglots la divine Miséricorde de l’admettre au partage de la gloire des élus, tout à coup il voit descendre, du ciel sur l'autel de la Vierge, une éblouissante clarté. Au milieu de cette lumière céleste, le Reine du ciel lui apparaît et lui dit: « Hyacinthe, mon fils, réjouis-toi, car tes prières sont favorablement reçues de mon Fils, le Sauveur des hommes, et tout ce que tu lui demanderas en mon nom, il te l'accordera par mon intercession ». À ces mots, la divine Messagère fut élevée au ciel aux accords de la mélodie des Anges, laissant après elle l'écho d'une suave harmonie et l'odeur d'un parfum exquis, que la langue de l'homme, étrangère aux joies de l'éternité, est impuissante à redire. Profondément réjoui de cette vision céleste et des douces paroles de la sainte Vierge, le bienheureux Hyacinthe sentit sa confiance en Marie grandir d'une manière prodigieuse, à tel point qu'il obtenait de Dieu, sur-le-champ, tout ce qu'il lui demandait. Le saint révéla cette vision à deux de ses frères, sous le sceau du secret, les invitant à une grande dévotion envers la glorieuse Vierge, leur assurant qu'elle est la protectrice de l'Ordre et la consolatrice spéciale des enfants de saint Dominique.

Hyacinthe avait atteint sa soixante-douzième année ; tous ses désirs ne tendaient plus qu'à voir bientôt la dissolution de son corps, pour être avec Jésus Christ. Marie vint elle-même l'assurer qu'il mourrait, selon son désir, le jour de sa glorieuse Assomption, et que, par les mérites de sa sainte mort, elle éloignerait de lui les rigueurs de la condamnation portée contre tous les enfants d'Adam. Le jour de Saint Dominique, il tomba malade ; les progrès du mal furent rapides; la veille de l’Assomption il fit venir près de lui tous ses religieux et leur dit : « Mes bien-aimés fils, demain je vous quitterai pour aller où Dieu m'appelle. Les paroles que j'ai recueillies de la bouche de notre Père Saint Dominique, je vous les lègue comme un héritage sacré. Gardez la douceur du cœur et la mansuétude de l'esprit ; embrassez la charité et la dilection mutuelle, pratiquez la pauvreté ; c'est la le testament de l'éternel héritage. Puis il se tut. Le lendemain, il voulut assister à la récitation des heures canoniales et reçut les sacrements de l'Église, au milieu de tous ses frères qui pleuraient et adressaient à Dieu de ferventes prières.

Le saint avait les yeux fixés au ciel. Arrivé au verset de l'office : « Seigneur, j'ai espéré en vous, je ne serai pas confondu pour l'éternité ». Il versa une grande abondance de larmes, et son âme, pleine de joie et d'amour, s'envola au ciel, soutenue du secours puissant de Marie. Ainsi mourut celui que l'histoire a appelé l'Apôtre du Nord, le thaumaturge de son siècle.

 

II. La foi vive de Saint Hyacinthe lui faisait voir l'entrée glorieuse de Marie au ciel ; il entendait les saints et les esprits célestes s'écrier à sa vue : « Qui est celle-ci, qui s'élève du désert, si brillante de grâces et de vertus, et qui s'avance, appuyée sur son bien-aimé ? » (Cantique des Cantiques). Il voyait toutes les hiérarchies du ciel, tous les patriarches, les prophètes, les martyrs, les vierges, et tous les saints déposer à ses pieds leurs couronnes immortelles, en proclamant sa grandeur et ses louanges ; il voyait Dieu le Père l'appeler à partager sa puissance, le Fils sa sagesse, le Saint-Esprit son amour, et la sainte Trinité couronnant son front pur et radieux d'un diadème de douze étoiles, la proclamer Reine du ciel et de la terre, et ordonner aux Anges et à toutes les créatures de la reconnaître pour telle. Il contemplait dans un transport d'amour et de reconnaissance Marie Reine, mais Reine de clémence et de miséricorde, médiatrice du genre humain après Jésus-Christ et avec Jésus-Christ, intercédant sans cesse pour nous, plaidant pour nous, puisant à pleines mains dans les célestes trésors, et distribuant avec largesse les pardons, les bénédictions et les grâces. Et nous aussi, au souvenir de la gloire et de la puissance accordées à Marie, réjouissons-nous d'avoir au ciel une Mère si bonne et si puissante en même temps, et implorons-la avec une entière confiance. Mais n'oublions point que si la dignité de Mère de Dieu fut quelque chose de bien grand, ce ne fut point la ce que Dieu couronna dans Marie, mais sa fidélité à correspondre aux grâces qu'elle avait reçues ; voilà le moyen par lequel Elle est parvenue à un si haut degré d'honneur et de gloire : et si Saint Hyacinthe reçut de Marie des grâces si particulières, c'est qu'il fut avant tout un fidèle imitateur des vertus de Marie. Marchons sur ses traces, et alors nous pourrons demander à la Reine du ciel et de la terre, avec la certitude d'être exaucés, de nous secourir de tous les besoins de notre âme, de nous obtenir une bonne mort, et que nous quittions notre exil le jour de sa glorieuse Assomption, comme Elle l'a accordé à Saint Hyacinthe et à plusieurs autres Saints de notre Ordre.

Vierge puissante et miséricordieuse, demandez pour tous les grâces célestes ; demandez-les en particulier pour l'Ordre de Saint Dominique et pour votre indigente et indigne servante ; répandez dans mon âme toutes les vertus qui font aujourd'hui votre gloire. Faites que j'aime la vie cachée ; que je devienne humble, douce, modeste, pleine de piété ; que le divin amour possède de plus en plus mon cœur, qu'il le perfectionne, qu'il le sanctifie, et que j'expire dans ces saintes ardeurs. Faites enfin, ma divine Mère, que reçue par Vous dans la cité céleste, je puisse chanter à jamais : « Gloire, honneur, puissance, bénédiction à ma Mère pour jamais ! Amen ».

 

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10 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

 

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Onzième jour

Dévotion au très Saint Coeur de Marie

 

« Ô Mère toute clémentes, que les blessures cruelles de votre tendre Coeur m’obtiennent une contrition sincère de tous mes péchés, mais surtout que votre Coeur désolé m’enseigne à fuir, à mépriser, à détester tout amour terrestre et passager ! » (Bienheureux Henri Suso).

 

I. Le vénérable abbé Dufriche-Desgenettes, du Tiers-Ordre séculier de Saint Dominique, avait une tendre dévotion au saint Cœur de Marie, et elle lui fit pour ainsi dire opérer des miracles. Nommé à la cure de Notre Dame des Victoires, dite des Petits Pères, située au milieu du quartier le plus affairé de Paris et le plus plongé dans les intérêts matériels, il éprouvait un vif chagrin de Voir son église déserte, les sacrements abandonnés ; car il n'y a rien de plus douloureux pour un zélé pasteur des âmes que de voir les efforts de son zèle paralysés par des dispositions sourdes d'impiété ou de malveillance, par l'opposition prononcée de quelques cœurs corrompus et la profonde indifférence religieuse des masses. Le vénérable pasteur, voyant l'inutilité complète de ses efforts, depuis quatre ans qu'il était dans cette paroisse, pensait à la quitter. Malgré lui, cette pensée occupait un jour son esprit en célébrant la Sainte Messe, lorsqu'il entendit ces paroles prononcées d'une voix solennelle : « Consacre ta paroisse au très Saint et Immaculé Cœur de Marie ! » Lorsqu'il eut fini de célébrer la Messe, le souvenir des paroles qu'il avait entendues lui revint, et craignant d'être le jouet de quelque hallucination, il s'efforça de l'écarter de son esprit, pensant que c'était une illusion, puis il s'agenouilla. Au moment même, - il était seul dans la sacristie, - il entend de nouveau prononcer bien distinctement ces paroles : « Consacre ta paroisse au très Saint et Immaculé Cœur de Marie ». Sa première impression fut un mouvement de stupéfaction : c'étaient les mêmes paroles, la même manière de les entendre, le même son. Pourtant il voulait encore essayer de douter de ce qu'il avait entendu, mais le sens intime lui disait : « Tu ne peux douter, tu as entendu deux fois ». Il prit la résolution de ne plus s'occuper de ce qui venait de lui arriver, de tâcher de l'oublier. Mais ces paroles : « Consacre ta paroisse au très Saint et Immaculé Cœur de Marie », se présentaient sans cesse à son esprit. Il rentra dans son appartement, et pour obéir à la pensée qui le poursuivait, il se mit à composer les statuts de l'Association de l'Archiconfrérie du très Saint Cœur de Marie. À peine eut-il tracé les premiers mots, que le sujet s'éclaircit à ses yeux et les statuts ne tardèrent pas à être rédigés. Quand la nouvelle association fut établie, M. Desgenettes eut la douloureuse satisfaction de la voir soumise à l'épreuve qui n'a jamais manqué aux œuvres vraiment entreprises pour la gloire de Dieu.

De toutes parts ou se déchaîna contre lui. Il n'ignorait rien de toutes ces attaques, et n'opposait à tous les obstacles qu'une invincible patience.

« Qu'on dise de moi ce qu'on voudra, disait-il souvent, peu importe ; ce n'est pas de moi qu'il s'agit ; ce n'est pas ici mon œuvre, c'est celle de la sainte Vierge, et elle saura bien la faire malgré eux ». S'il n'avait que du dédain pour les attaques qui lui étaient personnelles, il n'en était pas de même de celles qu'on dirigeait contre son œuvre. Son indignation trouvait alors des accents énergiques pour la défendre.

Les privilèges et nombreuses indulgences qu'elle a reçus des Souverains Pontifes, l'extension prodigieuse qu'elle a prise si rapidement dans toute la catholicité, les fruits immenses qu'elle a produits de toutes parts, jusque dans les pays les plus lointains, suffiraient pour y montrer le doigt de Dieu, si d'ailleurs elle ne portait tous les caractères d'une œuvre sainte qu'a suscitée la divine Providence pour réveiller, dans notre siècle si indifférent, la foi, l'espérance et surtout la charité des peuples, par la dévotion à Marie.

Peu de jours avant la mort de M. Desgenttes, un prêtre lui disait : « Vous aimez bien la Sainte Vierge, n'est-ce pas, monsieur le curé ? » Il répondit : « À juste titre ! » - « Vous avez beaucoup fait pour elle », - « Non, non, pas tout ce que j'aurais dû ». Il fut déposé dans un caveau creusé devant l'autel de la Sainte Vierge, juste à l'endroit où il avait entendu ces paroles : « Consacre ta paroisse au Saint et Immaculé Cœur de Marie ».

Il était un des premiers entré dans le Tiers Ordre de Saint-Dominique. Ses frères d'adoption lui payèrent le tribut d'une charitable et religieuse affection, en le revêtant après sa mort de ses habits sacerdotaux et du du Tiers-Ordre et en se relayant nuit et jour pour prier auprès de son lit, et dans la chapelle ardente. (Annales de l’Archiconfrérie de Notre Dame des Victoires, mois d’août 1834).

Le 15 janvier 1844, le Père Lacordaire voulut faire une consécration solennelle de son Ordre renaissant à la bienheureuse Vierge Marie, pour laquelle il éprouvait les sentiments de la plus filiale confiance. Après avoir célébré avec sa piété habituelle le saint sacrifice à l'autel de Notre Dame des Victoires, entouré de tous les frères du Tiers-Ordre, il offrit, plein de joie, à la sainte Vierge, un cœur d'argent où étaient gravés ces mots : « Consécration à Notre Dame des Victoires du rétablissent de l’Ordre et du Tiers-Ordre de Saint Dominique », le 15 janvier 1844. Avant d'être relaté dans la vie du Père Lacordaire, ce fait si touchant tub inséré dans les Annales de l'Archiconfrérie en août 1844. Le numéro de ces Annales qui en contenait le récit me tomba sous les yeux, à moi, pauvre jeune fille isolée dans les bruyères de la Bretagne. Cette lecture, qui me fit connaître le Tiers-Ordre de Saint Dominique, me fut, non-seulement une révélation, mais une lumière forte et soudaine qui me montrait avec une puissance irrésistible quel devait être désormais le but de ma vie. Des obstacles qui eussent été insurmontables pour ma seule faiblesse se dressaient de toutes parts devant moi ; mais Dieu combattait pour sa pauvre et faible créature, et d'une manière tout à fait imprévue, mais où son doigt divin se montra visiblement. Il arriva qu'après avoir servi sept ans comme Jacob, j'obtins ce qui pour moi était plus que Rachel pour Jacob, la ceinture si désirée du Tiers-Ordre, le 15 décembre 1851. Ô Cœur de Marie, toujours et toujours tous les biens me sont venus par vous, aussi toujours et toujours je veux vous aimer, dans le temps et dans l'éternité.

Le Père Marie-Augustin avait la plus touchante dévotion au saint Cœur de Marie ; il y faisait sa demeure habituelle, et c'est là sans aucun doute qu'il puisa toutes les admirables vertus qui brillèrent en lui d'un si vif éclat. Pendant sa dernière maladie qui l'enleva si prématurément a l'affection de tous ceux qui le connaissaient, il se réfugiait dans le saint Cœur de sa bonne Mère, et y devenait comme insensible aux cuisantes douleurs qui torturaient son corps. Lorsqu'on était bien loin de penser à sa fin, un de ses frères lui avait dit : « Vous, quand vous serez mort, on vous ensevelira auprès de l'autel de la sainte Vierge, tout près de votre bonne Mère ». Ces paroles se trouvèrent une prophétie ; Marie, non-seulement obtint à son dévoué serviteur de mourir le jour d'une de ses fêtes, mais encore d'aller se reposer au ciel sur son Cœur maternel le jour où l‘Église de la terre célèbre la fête de son Cœur très pur ; et par une disposition particulière de la Providence, le cœur du Père Marie-Augustin repose dans sa chapelle du Rosaire ; et ces deux cœurs qui se sont tant aimés ne seront plus séparés ni sur la terre, ni dans le ciel.

 

II. Permettez, mon Dieu, que la divine Marie ouvre son cœur à tous les enfants de Saint Dominique ; que tous y prennent part avec ses fidèles serviteurs ; qu'ils y goûtent la douceur de ce saint Cœur, source de paix, de miséricorde et d'amour ; que par l'imitation de ses vertus, ils louent et bénissent sur la. terre et pendant l'éternité votre puissance infinie qui a fait. le cœur de Marie si grand, si saint, si charitable, si admirable... Cœur très Saint de Marie Immaculée, Cœur le plus saint, le plus pur, le plus parfait que la main toute-puissante de Dieu ait formé dans une pure créature, Cœur qui avez aimé Dieu plus que tous les Séraphins, les Anges et les Saints ensemble, vous serez mon refuge dans mes afflictions, ma consolation dans mes peines, mon secours dans mes besoins ; vous m'obtiendrez, ainsi qu'à tous les enfants de Saint Dominique, d'accomplir en toutes choses les volontés de Jésus et les vôtres, avec courage et constance afin que nous méritions de paraître à vos yeux et à ceux de tous, des disciples de votre Cœur très Saint. Amen.

Notre Dame des Victoires, obtenez-nous la victoire contre tous nos ennemis ; victoire contre tous les maux temporels, victoire surtout contre nos passions, contre tous les ennemis de notre salut !

L'Église vous appelle la Vierge puissante, et qui pourrait douter de l'étendue de votre puissance près du Très-Haut, en voyant les grâces sans nombre dont vous êtes la dispensatrice ? Tour de David, vous êtes l'honneur et la gloire de la maison de David, vous êtes la puissance, la force et le rempart qui défendez à jamais l'Église de Jésus-Christ, votre divin Fils ; vous êtes le centre fortifié, le bastion imprenable d'où l'Église combattra victorieusement ses ennemis, jusqu'à la fin des temps.

Ô Marie, à cette heure solennelle, où les ennemis de l'Église redoublent de haine et d'astuce contre elle ; à ce moment de danger où tout semble prêt à s'écrouler dans l'abîme, ah ! nous portons nos espérances vers l'autel privilégié de votre Cœur Immaculé. Que votre puissante bonté détourne les coups de la justice céleste ; que les fléaux fuient loin de nous ; que les rois et les peuples ne tremblent plus devant les méchants, parce que vous avez le pouvoir d'anéantir leurs mauvais desseins et d'arrêter leurs triomphes ; et alors ceux que vous aurez sauvés s'écrieront dans le transport de leur joie : gloire à Notre Dame des Victoires !

 

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9 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Dixième jour

Dévotion aux douleurs de la très Sainte Vierge Marie

 

« Ô Vierge bénie, comme l’amertume de la mer surpasse toute amertume, ainsi votre douleur surpasse toutes les autres douleurs » (Cardinal Hugues de Saint Cher)

 

I. Pour avoir la gloire du martyre, dit saint Thomas, il suffit qu'on obéisse jusqu'à s'offrir à la mort. Tauler a écrit que Marie passa sa vie dans une continuelle douleur, son cœur n'étant rempli que de tristesse et de peine. Entre autres significations, dit Saint Albert le Grand, le nom de Marie Signifie mer amère.

Autant l'âme est plus noble que le corps, autant la douleur de Marie surpassa celle des autres martyrs, ainsi que Jésus-Christ le déclara à sainte Catherine de Sienne. En outre, saint Antonin dit que les autres martyrs souffrirent en sacrifiant leur vie propre, au lieu que la sainte Vierge souffrit en sacrifiant celle de son Fils, qu'elle aimait encore plus que la sienne propre. Saint Albert dit en conséquence, que, comme nous sommes obligés à Jésus-Christ, à raison de sa passion soufferte pour l'amour de nous, ainsi nous sommes tous obligés envers Marie, à raison du martyre qu'elle voulut spontanément endurer pour notre salut, à la mort de son Fils.

Quand saint Vincent Ferrier parlait en chaire de la passion du Sauveur et des douleurs de Marie, la profonde émotion qu'il éprouvait rendait sa voix sympathique, et lui donnait une douceur qui attendrissait les cœurs et faisait verser des larmes. Ses paroles tristes et plaintives, entrecoupées de soupirs et quelquefois de sanglots excitaient une piété profonde, et une vive compassion.

Un jour, dans un sermon du saint sur la Passion, arrivé à ce moment où il est coutume dans l'Ordre de saluer Marie, il s'écria : « Ô Marie, nous ne vous saluons pas, car il ne convient pas de saluer une personne affligée ; la saluer serait augmenter sa douleur. Si nous vous saluions, vous nous diriez : « Pourquoi me saluer ? Pourquoi me dire bénie entre toutes les femmes et en compagnie de mon divin Fils ?... Hélas ! Je n'ai plus le bonheur de le posséder ; ils me l'ont pris, ils me l'ont crucifié, et la douleur la plus amère est au fond de mon âme ! » Alors le saint s'adressait au Fils au lieu de s'adresser à la Mère désolée.

Le jour de la Compassion, Marie apparut plusieurs fois au bienheureux François de Possadas, abîmée dans la douleur, telle qu'elle était au pied de la croix.

Le bienheureux Henri Suso méditait sans cesse sur la passion de Jésus, et il aimait à unir les douleurs de la Mère à celles du Fils. Il pensait que c'était un moyen de se rendre très agréable à Marie, car celui qui souffre se plaît à voir ses amis compatir à ses douleurs. Dans ses ferventes méditations, après avoir vu passer en esprit le cortège funèbre qui menait Jésus au Calvaire, il fixait ensuite ses regards sur la sainte Vierge ; quand il voyait passer devant lui cette pauvre Mère, et qu'il avait contemplé son visage tout bouleversé et abattu, sa pâleur, ses gestes attendrissants, le déluge de ses larmes, ses profonds soupirs et ses gémissements déchirants, il se prosternait par terre et embrassait la trace de ses pas, en disant : « Salve Regina, Mater misericordiæ ». Et, il la laissait passer ; puis se relevant il rejoignait Notre Seigneur, et montait avec Lui au Calvaire. Il se représentait Marie au pied de la croix, plaintive, inondée de larmes, et, par compassion pour ses mortelles angoisses, il lui tenait compagnie. Il lui semblait qu'en l'aimant il apporterait quelque soulagement à ses larmes amères. Il croyait que l'invoquer quand elle tient sur ses genoux Jésus descendu de la croix et qu'elle le voit mort pour nous, c'était un moyen infaillible d'obtenir d'elle toutes sortes de grâces.

Après les funérailles de Jésus-Christ, notre bienheureux imaginait le soir, pendant le Salve Regina des complies, un autre voyage spirituel pour consoler Marie, la ramener du Calvaire et la conduire à sa maison. « Ô bonne et tendre Mère ! lui disait-il pour la consoler, souvenez-vous que c'est par cette voie douloureuse que vous êtes parvenue au royaume d'amour où vous êtes maintenant une Reine toute-puissante, une Mère pleine de miséricorde, notre vie, notre douceur et notre espérance ! » Arrivée à la porte de Jérusalem, il contemplait Marie entrant dans la ville, tombant en défaillance, tout inondée du sang qui avait découlé des plaies de son Fils crucifié. Son imagination le conduisait jusqu'à la porte de la maison de Marie, il la saluait encore humblement par ces paroles : « Ô clemens ! Ô pia ! Ô dulcis Virgo Maria ! » il la suppliait de vouloir bien le défendre des assauts de l'ennemi et le sauver à l'heure de la mort. Après avoir ainsi loué la clémence, la bonté, la douceur de cette Mère de toutes les grâces, il lui disait adieu, et la laissait se retirer dans sa maison.

La dévotion qu'avait pour les douleurs de Marie le Père de Montfort ne lui permettait pas de voir sans un vif chagrin l'état de dégradation dans lequel se trouvait une chapelle dédiée à Notre Dame de Pitié. Par ses soins elle fut restaurée ; derrière le tabernacle il éleva une grande croix, au pied de laquelle il mit un beau tableau de la sainte Vierge, tenant le corps mort de son divin Fils sur ses genoux. Il entoura l'autel d'une balustrade sur laquelle il plaça les statues des saints qui ont assisté à la passion de Jésus Christ. Cette image de la sainte Vierge est très remarquable ; personne ne put savoir d'où elle était venue. On la porte tous les lundis de la, Pentecôte dans une procession solennelle.

La fête de la Compassion, ou des douleurs de Marie, se célébrait dans l'Ordre avant même qu’elle fût universellement étendue à toute l'Église, par le pape Benoît XIII, dominicain.

On peut dire que l'Ordre des Servites, consacré particulièrement à honorer les douleurs de Marie, doit sa naissance à l'Ordre de Saint Dominique ; car saint Philippe Benizi, s'étant retiré dans une solitude, et ignorant encore les desseins de Dieu sur lui, la très Sainte Vierge apparut à saint Pierre, martyr dominicain, et lui ordonna d'aller trouver Philippe et de l'engager à fonder un Ordre destiné à honorer spécialement ses douleurs, et nul doute que saint Pierre n'ait guidé Philippe dans cette entreprise.

Mgr Melchior Garcia San Pedro, de l'Ordre de Saint Dominique, évêque du Tongkin central, où il a souffert un cruel martyre le 28 juillet 1858, à l'âge de 37 ans, avait la plus tendre dévotion pour la sainte Mère de Dieu, et il estimait cette dévotion plus que toutes les autres. En vrai enfant de saint Dominique, il récitait tous les jours, malgré ses accablantes occupations, le saint Rosaire, en méditant sur les quinze mystères qui le composent ; chaque jour, en outre, il méditait pendant deux heures sur les humiliations du Fils de Dieu. « Rien ne me donne plus de consolations, disait-il, que la vue de mon Dieu devenu homme de douleurs et victime de propitiation pour nos péchés. Il passait plusieurs heures la nuit dans l'exercice de la contemplation. Il honorait le saint nom de Marie par la récitation des cinq psaumes consacrés à son honneur ; ce nom si doux était répété dans toutes ses lettres. Lorsqu'il prêchait, il ne manquait jamais d'exhorter son auditoire à la dévotion envers la Mère de Dieu, et Marie était le principal sujet de ses conversations. Mais ce qui attendrissait particulièrement son cœur, c'était le souvenir des douleurs de cette divine Mère ; chaque jour il récitait le chapelet de ses sept douleurs ; dans sa ferveur, il aurait voulu arracher le glaive qui transperçait le cœur Immaculé de Marie pour en percer le sien et partager ainsi la douleur et l'amertume de cette tendre Mère. Marie prêta l'oreille à l'héroïque prière de son serviteur et l'exauça. Il termina sa vie au milieu des plus cruels tourments, et versa tout son sang pour l'amour de Jésus et de Marie. (Annales de la Propagation de la Foi).

 

II. Qui pourra donner à mes yeux autant de larmes amères qu'il faudrait de mots et de lettres pour raconter dans quel océan de douleurs fut plongée Marie lors de la Passion de son divin Fils ? Ô Reine du ciel et de la terre, versez au moins dans mon cœur pour en amollir la dureté, une de ces larmes brûlantes que vous répandiez à flots au pied de la croix, pendant l'agonie de votre divin Fils. Que je m'attendrisse que j'éprouve, que je partage votre douleur, car pour comprendre la douleur, il faut l'éprouver et la ressentir soi-même. Si je vous regarde au pied de la croix, pauvre Mère, je vois votre âme accablée d'une immense tribulation ; mille glaives traversent votre cœur virginal ; jamais il n'y eut un spectacle plus pénible ; jamais n'ont retenti des cris plus lamentables, plus déchirants. Dans le Fils, dans la Mère, je trouve des angoisses incomparables. La douleur de la Mère tourmente le Fils, et la mort du Fils tue la Mère. Le Fils regarde la Mère et la console ; la Mère lève les bras au ciel et demande à Dieu de mourir avec son Fils. Qui a plus souffert ? Qui a ressenti les plus grandes peines intérieures ? Ô Jésus, ô Marie, moi je ne puis répondre ; mais, que votre Père qui frappait du haut du ciel, le dise Lui-même... Venez donc, ô mères, compatir aux larmes et aux douleurs de la Mère de Dieu ; venez, ô vierges, pleurer le sang de Jésus qui baigne et couvre encore le visage de la première Vierge du Paradis ; et vous, cœurs affligés, qui êtes accablés de douleurs, rappelez-vous qu'aucune douleur ne ressemble et ne peut être comparée à la douleur de Jésus et de Marie. Et vous, les imitateurs et les amis de Jésus et de Marie, ne vous étonnez pas si en les contemplant votre cœur succombe à la peine, puisque cette douleur de Jésus et de Marie fut si grande que la nature entière y compatit ; les rochers se fendirent et se brisèrent, la terre tremble et le soleil fut obscurci !...

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Prière du Bienheureux Henri Suso à Marie au pied de la Croix

 

Consolez-vous, ô Vierge sainte, et reprenez courage. N'est-ce pas par ce sang précieux que vous devenez l'avocate, la protectrice de tous les fidèles ? Au nom de cette scène douloureuse, au nom de Jésus crucifié, mort et déposé sur vos genoux, jetez un regard bienveillant sur mon âme, et quand elle sortira du corps qui l'emprisonne, présentez-la au doux, au tendre Jésus, à Jésus mon Rédempteur, à Jésus le fruit béni de votre sein maternel. Amen.

 

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8 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Neuvième jour

Dévotion à la Purification de la très Sainte Vierge

 

« En souvenir de cette fête, vous vous offrirez, avec la Mère et le Fils au Père Eternel, pour être entièrement dévouées à sa gloire » (Lettre du Père Lequien).

 

I. La très Sainte Vierge Marie daigna plusieurs fois mettre l‘Enfant Jésus entre les bras de sainte Catherine de Ricci ; cela lui arrivait surtout à la fête de la Purification. Dans ces occasions, la sainte ne se lassait pas de témoigner son amour à son Bien-Aimé, et ne l'aurait pas rendu, si la glorieuse Vierge ne le lui avait redemandé.

Le bienheureux Jourdain de Saxe vit un jour de la Purification la très Sainte Vierge qui, avec son divin Enfant, bénissait tous les religieux, pendant qu'ils chantaient à l'église l'office divin.

Le bienheureux Pierre de Ruffia obtint la plus belle récompense de ses travaux, la couronne du martyre, le jour de la Purification. Heureux d'unir son sacrifice à celui que Jésus offrit alors dans le temple de Jérusalem à Dieu son Père !

Un jour de la Purification, pendant que le Père de Montfort prêchant dans l'église des Dominicains de la Rochelle, parlait des grandeurs de Marie, son visage exténué devint tout d'un coup lumineux et rayonnant ; et ses meilleurs amis ne purent en ce moment le reconnaître qu'à la voix. C'était un indice de la gloire céleste qui devait bientôt récompenser ses vertus et ses travaux.

Au temps de la Purification de la Vierge, pour se préparer dévotement à la recevoir dans le Temple, le bienheureux Henri Suso choisissait les trois jours qui précédaient cette fête, et il honorait symboliquement la virginité, l'humilité, la maternité de Marie en faisant brûler un cierge à trois branches et en récitant chaque jour trois Magnificat. Le matin de la solennité, avant que le peuple vint à l'église, il allait se prosterner devant le maître-autel, et il y méditait les gloires de Marie jusqu'au moment où Elle vint apporter son cher Fils au Temple ; alors il se levait, et s'imaginant qu'Elle était arrivée à la porte de l'église, il appelait tous les amis de Dieu et allait avec eux jusqu'à la porte, et sur la place, au-devant de la très Sainte Vierge. Quand il l'avait trouvée, il la priait de vouloir bien s'arrêter un peu avec son cortège pour entendre le cantique que son cœur voulait lui chanter dans le silence de son âme, avec l'aide de tous ceux qui l‘aimaient, et il entonnait avec tendresse cet hymne spirituel : « Vous êtes pure, vous êtes chaste et sans tache, ô Marie ! Aussi vous êtes devenue la porte éblouissante du ciel. Recevez le pieux tribut de nos louanges, ô Vierge compatissante, qui seule avez conservé votre pureté ! » À ces dernières paroles, il baissait humblement la tête, et suppliait Marie d'avoir compassion de son cœur, si pauvre et si chargé de péchés ; puis il se levait, et, se dirigeant vers l'autel, il la suivait en tenant son cierge, dont il faisait brûler la clarté mystérieuse pour demander à Marie qu'elle ne laissât jamais éteindre dans son cœur la lumière de l'éternelle sagesse et la flamme du divin amour. Il s'adressait à tous les amis de Dieu, les engageant à chanter avec lui l'hymne « Adorna thalamum »... et à recevoir le Sauveur et sa Mère avec les sentiments les plus vifs d'amour et de louanges.

Arrivé à l'autel, au moment où Marie allait offrir son cher Fils au vieillard Siméon, il la suppliait, humblement prosterné à terre, les yeux et les mains levés au ciel, de lui montrer son enfant, de lui permettre d'embrasser ses pieds, ses mains, de le confier un instant. à son âme. Marie consentait, et Frère Henri, tout tremblant de joie et d'amour. prenait Jésus dans ses bras, le pressait sur son cœur, l'embrassait et l'embrassait encore, comme s'il l'eût réellement possédé ; il contemplait avec bonheur ses yeux éblouissants, son visage pur comme le lait, sa bouche ravissante, ses petites mains, son corps blanc comme la neige, ses membres enfantins et divinisés par quelque chose de céleste. Dans son ravissement et son extase, il était tout étonné et tout ému de voir le Créateur de toutes choses à la fois si grand et si petit, si beau et si sublime dans le ciel, si faible et si pauvre sur la terre.

C'était au milieu de ses chants, de ses pleurs, de ses actions de grâces qu'il rendait le divin enfant à Marie, et qu'il l'accompagnait au chœur et dans les cérémonies de la fête.

 

II. Vierge sainte et généreuse, je veux aujourd'hui, comme le bienheureux Henri, vous considérer, venant dans le temple de Jérusalem, offrir au Seigneur le plus complet des sacrifices. Il ne vous suffit pas de vous être consacrée à Lui dès votre enfance, et Lui avoir fait l'hommage de votre virginité ; le Seigneur vous a enrichie de dons nouveaux ; il faut que ces dons retournent à leur auteur. Qu'elle est grande et digne de Lui l'offrande que vous lui présentez le jour de votre Purification ! C'est Jésus, le Fils de votre amour dont vous faites une victime pour le salut de tous ; c'est votre pureté, plus éclatante que celle de tous nos Esprits célestes, que vous soumettez à une purification qui n'est pas ordonnée pour vous ; c'est votre maternité divine que vous voilez sous les dehors d'une maternité commune et ordinaire ; c'est votre très Saint Cœur que la parole de Siméon transperce comme d'un glaive…

Ô Marie, pourquoi donc tant de sacrifices, tant de renoncements? Ah ! Combien il faut que vous ayez d'amour pour le Seigneur, puisque c'est le zèle de sa gloire qui vous porte à Lui immoler ainsi tout ce que vous avez de charité pour les hommes ! Puisque c'est pour leur salut que vous offrez votre Jésus, et que vous joignez votre sacrifice à celui de ce Fils adorable. Ô la plus soumise des vierges, vous avez prévu toutes les suites de l'offrande que vous faisiez et rien n'a arrêté votre courage ; vous avez vu de loin le sanglant sommet du Golgotha, et dès cet instant, vous avez fait le sacrifice de Jésus ; la victime a été agréée, et la terre réconciliée avec le ciel.

O ma divine Mère ! Votre exemple enflamme mon courage, et m'anime d'une sainte ardeur. Donnez-moi votre générosité, et joignez mon sacrifice à celui que vous avez offert dans le temple de Jérusalem. Offrez-moi et immolez-moi avec votre Jésus au Seigneur. Immolez lui mon corps, et que le glaive de la chasteté le sépare de tout ce qui flatte les sens. Immolez lui ma volonté, et que le glaive de l'obéissance le pénètre jusqu'à la division de l'âme. Immolez lui mon cœur, et que le glaive de la mortification le fasse mourir à toutes les joies de la terre, à toute affection dont Dieu seul ne serait pas le principe et la fin. Ô Marie, le souvenir de votre charité excite la mienne, je veux, avec Jésus, avec vous, avec tous les saints travailler à la gloire du Seigneur, expier les péchés du monde, et correspondre à toutes les grâces que j'ai reçues de Dieu.

Vierge sainte, offrez aussi au Seigneur, comme des victimes choisies, tous les enfants de Saint Dominique ; embrasez-les de cette charité qui peut seule donner l'amour du sacrifice, et qu'après avoir glorifié Dieu sur la terre par leurs vertus, ils soient glorifiés en Lui et en Vous, pendant toute l'éternité. Amen.

 

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6 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Septième jour

Dévotion à la maternité divine de Marie

 

« Marie, en devenant Mère de Dieu, et a raison de cette union étroite avec un bien infini, reçut en quelque sorte une grâce infinie » (Saint Thomas d'Aquin).

« La dignité de Mère de Dieu vient immédiatement après celle de Dieu et en conséquence Marie ne peut être plus unie à Dieu qu'elle ne le fut, à moins de devenir Dieu elle-même ». (Saint Albert le Grand).

 

I. « De même que la femme est la mère de tout l'homme, composé de corps et d'âme, bien que l'âme vienne de Dieu seul ; ainsi, bien que Notre Dame n'ait pas produit la Divinité, elle est véritablement la Mère de Dieu fait homme, puisqu'en effet ce divin composé est le terme de sa génération ; et c'est cette maternité qui la relève infiniment plus que tout ce qu'elle possède de grâce et de gloire, comme étant d'une dignité infinie : on juge, dit Saint Albert le Grand, de l'excellence de l'arbre par l'excellence du fruit. Ayant, dit saint Thomas, pour son terme un être infini en perfection, elle l'est aussi en grandeur ; de sorte que la dignité incomparable de Mère de Dieu contient en éminence toutes les dignités des Anges et des hommes ; elle les fait disparaître par son éclat, comme le soleil cache par sa splendeur la clarté des étoiles ; il n'est point d'esprit créé qui la puisse comprendre; les plus sublimes intelligences sont frappées d'étonnement et saisies de frayeur à sa vue ; à peine osent elles l'envisager.

« La même maternité a été pour la Vierge une source de prérogatives incomparables, savoir : 1° d'avoir été conçue sans péché, et enrichie au premier instant de son Immaculée Conception de la plénitude de la grâce ; 2° d'avoir produit dans le temps le même Fils que le Père Éternel engendre dans l'Eternité ; de l'avoir produit sans rien perdre de sa pureté virginale, comme le Père Éternel ne perd rien de sa divinité ; 3° d'avoir eu un pouvoir légitime de commander au Maître absolu de toutes les créatures, puisque c'est un droit que la nature donne aux mères, droit auquel a bien voulu se soumettre Celui qui était venu pour accomplir la loi, et non pour la violer ; mais ce droit est si glorieux à Marie que saint Bernard ne sait s'il est plus digne d'admiration que l'obéissance de Jésus ; car, dit-il, qu'un Dieu obéisse à une femme, c'est une humilité sans exemple ; mais qu'une femme commande à un Dieu, c'est une élévation sans pareille ; 4° d'avoir été l'Êpouse du Saint Esprit d'une manière infiniment plus noble que les autres vierges, puisque les autres méritent à peine d'être alliées à ce divin Époux, quant à l'âme, tandis qu'elle l'a été quant au corps, et de la manière du monde la plus chaste ; d'ailleurs, l'alliance des autres avec le Saint Esprit ne sert qu'à produire des actions de vertu, et la sienne a produit d'une manière ineffable le Seigneur des vertus ; 5° d'avoir été comme l'achèvement et le couronnement de la très Sainte Trinité, car elle a produit le plus excellent fruit de sa fécondité au dehors, c'est-à-dire un Homme-Dieu ; elle lui a donné un sujet capable de lui rendre tout l'honneur qu'elle mérite, ce qui était impossible à toutes les créatures jointes ensemble ; elle l'a honorée elle-même d'un culte tout particulier ; 6° d'avoir été faite Reine et Dame de toutes les créatures en mettant au monde leur Roi et leur Seigneur » (Père Ducos, « Pasteur apostolique »).

Oh ! Que de raisons nous obligent à honorer la Mère de Dieu, et qu'elles sont puissantes ! Oh ! Si nous considérions ce qu'elle est, ce que nous lui devons et ce qu'elle peut faire pour nous, que nous aurions de vénération, d'amour et de reconnaissance pour Elle, et que notre confiance en son secours serait ferme et cordiale !

Car 1° Qu'est-ce que la Mère de Dieu ? C'est un firmament où toutes les vertus brillent avec plus d'éclat que les étoiles dans le ciel ; c'est un soleil qui paraît à nos yeux toujours plus lumineux et plus beau ; c'est un océan où l'on ne peut mesurer les abîmes de grâces. Si Dieu a trouvé à propos de créer les Anges dans sa grâce, il ne faut pas douter qu'il n'ait créé aussi dans sa grâce l'incomparable Marie, et avec un privilège d'autant plus grand que sa dignité est relevée au-dessus de toutes les leurs. Pour être digne Mère de Dieu, telle que le Saint Esprit l'a rendue, il faut qu'elle ait surpassé en grâce et en mérite tous les Anges et tous les saints, et que la seule sainteté de son Fils adorable ait de l'avantage au-dessus de la sienne. Ainsi, comme après Jésus rien n'est comparable à la grandeur, à la sainteté, à la charité et à la beauté merveilleuse de sa très digne Mère, il faut qu'après Jésus, il faut que nous ayons plus de respect et plus d'amour pour Elle seule que pour tout ce qu'il y a de vénérable et d'aimable au ciel et sur la terre.

2° Que devons-nous, ou plutôt que ne devons-nous point à la Mère de Dieu ! Nous lui devons toutes choses, puisque nous lui devons Jésus-Christ Notre-Seigneur ! Cet adorable Fils de Dieu s'est voulu faire notre pain, et c'est du sang virginal de Marie que le Saint Esprit a pétri ce pain du ciel. Son corps très pur a été comme le four mystérieux où il a été consumé par le feu de la divine charité. Quand nous prenons donc cet aliment des Anges par la communion, une partie de nos remerciements en sont dus à cette Mère d'amour, qui allaite d'une manière si douce et si sainte les enfants de l'Église ; et toutes les fois que nous pensons, comme nous devons le faire très souvent, que notre grand Jésus nous est tout en toutes choses, nous devons nous ressouvenir, avec de très-grands sentiments de reconnaissance, que c'est du sein du Père Éternel et puis du sein de Marie, que nous est venu cet unique trésor de nos cœurs.

3° Enfin, que ne peut point faire pour nous la Mère de Dieu? Elle a droit, en quelque sorte, sur les diverses missions du Saint Esprit, c'est-à-dire sur les divers effets de grâce que ce Dieu d'amour produit dans les âmes. Elle continue sans cesse à l'attirer sur l'Église, ainsi qu'elle commença de le faire dans le Cénacle le jour de la Pentecôte. Comme il est certain que celle qui néglige de recourir à Elle ne va jamais loin dans la piété, pas une âme aussi, de celles qui implorent son secours avec confiance, ne manque d'expérimenter son merveilleux pouvoir auprès de Dieu... » (Père Ducos, « Pasteur apostolique »).

 

II. Parmi tous les noms divins et merveilleux que la tradition catholique a donnés à la Vierge Immaculée, quel est donc le plus auguste ? C'est le nom de Mère de Dieu !

Être la Mère de Dieu ! c'est un honneur inexplicable, et pourtant la Vierge Marie est vraiment la Mère de Dieu !... Mère de Dieu ! C'est le cantique du ciel! mais c'est aussi le Cantique de la terre. Ne faut-il pas commencer à balbutier dès ici-bas les hymnes saints qui doivent nous réjouir pendant toute l'éternité ? Ne faut-il pas nous consoler un peu de nos tristesses. en prenant part, quoique de loin, à ces concerts de l'autre vie ?

Écoutez de toutes parts les voix des anges du saint Rosaire... Dans cette obscure demeure, voyez cette jeune fille, comme accablée sous le poids du travail de chaque jour. Autour d'elle tout est bien pauvre, et pourtant sur son front paraît la joie ; son visage respire la paix. Que dit-elle, et quelles paroles, toujours les mêmes, reviennent sur ses lèvres, tandis que ses doigts parcourent son Rosaire ? « Sainte Marie, Mère de Dieu ! Mère de Dieu ! priez pour nous ! » Ces mots suffisent pour la consoler dans ses fatigues.

Là, c'est une maison plus riche, dont le pauvre sait le chemin, car bien souvent il a trouvé près de ses portes l'aumône dont il a besoin pour vivre et faire vivre sa famille. Comment donc la maîtresse de ces lieux garde-t-elle, au milieu des dangers de la richesse, une âme candide et pure, un air paisible, un cœur joyeux ? Voulez-vous saisir le secret de ses vertus ? voyez-la dans son oratoire, elle tient en main le saint Rosaire, et tandis que ses doigts suivent les grains, entendez-la répéter : « Mère de Dieu, sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous ! » D'où vient à cette âme prête à franchir le redoutable passage qui sépare le temps de l'éternité le calme et la paix qui brillent sur son visage, ah ! c'est que bien souvent elle a répété : « Mère de Dieu, priez pour nous maintenant et à l'heure de notre mort », et Marie qu'on n'invoque jamais en vain, écarte, d'une main, d'auprès de sa couche funèbre les malins esprits qui voudraient l'attaquer dans ce moment suprême, et de l'autre, lui montre le ciel pour l'animer à combattre vaillamment son dernier combat.

Écoutons ces bruits confus, qui sur la terre s'élèvent de toutes parts, et qui montent vers le ciel ; bruits d'intérêts vains et terrestres ! Bruits d'avarice et de luxure ! Bruits d'indifférence ou de blasphème ! Bruits de terreur ou de souffrance ! Bruits d'angoisses ou de folie ! Bruits de crime ou de désespoir !

Mais au milieu de tous ces cris qui se confondent, écoutez cette pure mélodie... Quelles sont ces voix, si douces, qui chantent l'une après l'autre, qui, toujours sans se lasser, recommencent et continuent le concert ? Ah ! Reconnaissez le saint Rosaire... les heures passent et s'enfuient, le jour vient après la nuit, la nuit succède au jour, mais toujours les voix se succèdent et jamais l'hymne sacré ne s'interrompt.

Entendez ces doux accents qui pénètrent jusqu'à nos cœurs... « Mère de Dieu, disent les voix, sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous ! » N'est-ce pas le même chant que les Anges et les saints répètent pleins d'allégresse ! Sans cesse unissons-nous donc avec les Anges pour chanter la Mère de Dieu, car elle est, après Jésus son divin Fils, le principal des liens qui joignent la terre au ciel ».(Père Potton, Mois du Rosaire).

Le Père Mariano le Vieux vénérait avec une affection extraordinaire les neuf mois que le Verbe Incarné demeura dans le sein de Marie, et ce fut le premier qui introduisit à Palerme, dans son couvent, l'usage de célébrer, par une neuvaine,les jours qui précèdent la fête de Noël. Cette neuvaine se fit, pour la première fois, dans l'église de la Minerve, par le Père Jacques Cotta, en 1618. Depuis, cette dévotion s'est étendue à tous les couvents de l'Ordre. et Sa Sainteté Pie VII a accordé à cette dévotion une indulgence plénière le premier et le dernier jour de la neuvaine pour tous les fidèles qui visiteront une église de l'Ordre des Frères Prêcheurs, et y assisteront aux exercices pieux, aux prières ou aux sermons qui se feront à cet effet dans leurs églises, et une indulgence de sept ans et de sept quarantaines à tous les autres jours de la neuvaine.

Le Père Léodat de Montpellier avait une grande dévotion à la Mère de Dieu. Celle-ci lui étant apparue un jour, il ne pouvait croire à l'excès de son bonheur, et lui dit : « Qui êtes-vous ? » « Je suis la Mère de Dieu », lui répondit la sainte Vierge. « Si vous êtes la Mère de Dieu ne me laissez pas dans cette vallée de misères », lui dit le Père. Alors la divine Mère de Jésus l'assura de son salut éternel, lui dit qu'Elle était la protectrice de l'Ordre des Frères Prêcheurs, et le conduisit au ciel.

Ô Vierge Marie, vous que l'Église supplie de vous montrer notre Mère, daignez être tout particulièrement la mienne ; veillez sur moi, et apprenez-moi à me conduire comme votre enfant. Et vous, enfant Jésus, qui avez voulu naître, pour devenir notre frère, je suis bien faible, bien imparfaite, bien ignorante, bien délaissée ; mais Vous, Enfant Jésus, qui êtes la science, la bonté et la lumière infinie, enseignez-moi à connaître votre sainte volonté et à l'accomplir. Amen.

 

Prière de Saint Albert le Grand

 

Soyez bénie, ô humanité de mon Sauveur. qui avez été unie à la divinité, dans le sein d'une Mère Vierge ! Soyez bénie, ô sublime et éternelle divinité. qui avez voulu descendre jusqu'à nous sous l'enveloppe de notre chair. Soyez bénie à jamais, vous qui avez été unie à une chair virginale par la vertu de l'Esprit Saint ! Je vous salue, vous aussi, ô Marie, Vous en qui la plénitude de la Divinité a fait sa demeure ! Je vous salue, ô Vous en qui habite la plénitude de l'Esprit-Saint ! qu'elle soit bénie à jamais également la très pure humanité du Fils qui, sacré par le Père, est sorti de vous ! Je vous salue, virginité sans tache, élevée maintenant au-dessus de tous les chœurs des Anges. Réjouissez-vous, Reine du monde, d'avoir été jugée digne de devenir le temple de la très pure humanité du Christ ! Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, Vierge des vierges, dont la très pure chair servit à l'union de la Divinité avec cette très pure humanité ! Réjouissez-vous, ô Reine des cieux, dont le très chaste sein procura une digne demeure à cette très sainte humanité ! Réjouissez-vous, et soyez dans l'allégresse, ô fille des saints Patriarches, qui avez été digne de nourrir et d'allaiter, sur votre chaste sein, cette sainte humanité ! Je vous salue, Virginité féconde et à jamais bénie, qui nous avez rendus dignes d'obtenir de fruit de la vie et les joies du salut éternel. Amen.

 

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