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22 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-troisième jour

De quelques faveurs extraordinaires obtenues par l'intercession de Notre-Dame du Puy

 

Il n'est point, en France, de sanctuaire que Marie ait honoré d'une protection aussi constante et aussi spéciale que l'Eglise angélique de Notre-Dame du Puy. Nous n'entreprendrons point de raconter ici toutes les faveurs plus ou moins signalées qu'ont obtenues ceux qui l'ont visitée, ou qui, ne pouvant s'y transporter en personne, l'ont envoyé visiter en leur nom, ou même qui ont simplement invoqué son souvenir. Beaucoup de ces faveurs n'ont jamais été connues que de ceux qui en ont été l'objet, car la piété même la plus reconnaissante a quelquefois sa pudeur et sa timidité. Un grand nombre de ces grâces miraculeuses se sont perdues et devaient se perdre dans la nuit des temps. Néanmoins on en avait recueilli beaucoup. Les premières histoires de Notre-Dame du Puy parlent fréquemment de procès-verbaux, d'attestations, de recueils, de registres gardés dans la sacristie. Mais tous ces documents ont été lacérés ou brûlés en 1793. Heureusement que les historiens nous ont conservé le récit de quelques faits miraculeux parmi lesquels nous allons choisir les principaux traits suivants :

Pendant un hiver rigoureux, un habitant du Midi conduisait au Puy la troupe de ses mulets richement équipée et chargée de vins et autres denrées. Après avoir passé le village de Costaros, au lieu de suivre la route la plus directe, il s'égara pendant une tourmente et alla tomber dans les glaces qui couvraient le lac du Bouchet. Lorsqu'il fut au milieu de ce lac, la glace s'entr'ouvrit tout à coup sous les pieds de ses mulets. Il allait être englouti avec eux, mais, en présence d'un péril aussi imminent, ce pieux serviteur de Marie éleva ses mains suppliantes vers Notre-Dame du Puy, en la conjurant de le sauver, et lui promettant de lui donner le plus beau de ses mulets, qui, orné d'un beau panache rouge et d'un élégant collier de grelots dorés, se trouvait à la tête du convoi. Les vœux du pieux muletier furent exaucés, il fut assez heureux pour sortir sain et sauf de ce gouffre, et pour se rendre au Puy aux pieds de la Vierge. En 1842, une tradition populaire montrait encore, sous le grand arceau de l'escalier et près de la porte de la Cathédrale, quatre fers de cheval que l'on prétendait avoir été placés là pour perpétuer la mémoire de cette miraculeuse délivrance.

Vers les fêtes de Noël, 1320, un petit clerc de Notre-Dame s'en allait gaîment par les rues du Puy en chantant un des cantiques qu'on lui avait appris à l'école. Arrivé dans la rue des Farges, près de laquelle habitaient les juifs, il se mit à entonner de sa plus belle voix ce verset pris dans l'office de l'Avent et ainsi conçu : « Erubescat judoeus infelix, qui Christum natum dicit de viri semine ! Que le malheureux juif rougisse, lui qui prétend que la naissance de Jésus-Christ n'est pas différente de celle des autres hommes ! ». À ce verset, il ajouta ensuite quelques couplets en l'honneur de l'Enfant-Jésus et de sa très sainte Mère. Un méchant juif qui l'entendit, s'en irrita comme d'une insulte personnelle, et jura de tirer vengeance de l'innocent enfant. À la faveur des ténèbres de la nuit, il parvient à attirer le petit clerc chez lui, l'enferme, l'égorgé cruellement et l'ensevelit en secret dans un coin de son habitation.

Plusieurs mois s'écoulèrent ; les chanoines, ne voyant plus leur petit clerc revenir à Notre-Dame, crurent qu'il s'était sans doute enfui pour vagabonder, ce dont ils eurent grand chagrin. Mais le dimanche des Rameaux suivant, comme la procession passait près de la fontaine des Farges, non loin de laquelle le meurtre avait été commis, voici que l'enfant dont la disparition était restée un mystère, s'élance subitement hors de la maison du juif, en chantant, d'une voix claire et mélodieuse, l'antienne : « Gaude Maria Virgo, cunctas hoereses sola interemisti in universo mundo. Réjouis-toi, Marie ! seule tu as abattu dans le monde entier toutes les hérésies ! » Il raconte alors les circonstances de l'horrible meurtre dont il avait été victime, et finit en déclarant qu'il vient d'être ressuscité par la Vierge du Mont-Anis. A ce récit, la foule se précipite furieuse dans la maison du meurtrier, s'empare de ce misérable, le tue sans pitié, et traîne ensuite son cadavre sanglant et mutilé dans les égouts de la ville. Cette exécution sommaire de la justice du peuple fut suivie de l'expulsion immédiate de tous les juifs.

En 1588, au collège de la Compagnie de Jésus, à Billom, le P. Jean de Villars, atteint de la peste, fut miraculeusement guéri par Notre-Dame du Puy, bien que son état fut désespéré au point qu'on avait déjà creusé sa fosse pour l'enterrer. En 1608, les régents du même collège de Billom attestèrent qu'un de leurs écoliers revint des portes de la mort en faisant vœu d'entrer dans la congrégation de la Sainte-Vierge et de se rendre au Puy pour la visiter.

En 1624, Madeleine Delmas, de la paroisse d'Ussel en Vivarais, fut prise, à l'âge de huit ans, d'un mal si étrange, que ses genoux s'étaient repliés contre son estomac. Étant dans l'impossibilité de prendre aucune nourriture, elle était consumée par la faim, et ses chairs émaciées laissaient percer les os de tous côtés. Cette pauvre orpheline, qui n'avait d'autre ressource au monde qu'une tante qui l'avait prise à sa charge, fut bientôt délaissée par les médecins qui déclarèrent ne rien connaître dans leur art qui fut capable de la soulager. Mais un vœu que la pauvre enfant fit à Notre-Dame du Puy, montra, par une éclatante et subite guérison, que Marie, plus puissante que les hommes, a des remèdes qui échappent à toute la science des médecins.

En 1513, un des membres de la célèbre famille des d'Apchier de Vabres, dut la vie à l'invocation de Notre-Dame du Puy. Une énorme poutre qui tomba sur le corps de ce noble chevalier, ne lui laissait aucun espoir de conserver ses jours. Dans cet état désespéré, il eut recours à Notre-Dame du Puy et fut aussitôt guéri, au grand étonnement de tous ceux qui avaient été témoins de cet accident épouvantable. On voit encore aujourd'hui, près de la porte de la sacristie, le tableau que ce seigneur, après sa guérison, fit mettre en ex voto dans le sanctuaire de Notre-Dame.

En 1690, un couvreur du Puy, nommé Jean Giraud, réparant à Clermont le clocher de l'église Saint-Pierre, sentit avec effroi se rompre la corde avec laquelle il s'était élevé jusqu'à la flèche. Mais la pensée de Notre-Dame du Puy s'étant présentée à son esprit, son coeur se tourna vers elle, et une main invisible le soutint dans les airs de manière à ce qu'il ne se fit aucun mal.

Des volumes ne suffiraient pas pour reproduire seulement la liste de tous les prodiges opérés par la médiation de Notre-Dame du Puy. Autant vaudrait, dit un chroniqueur, compter les fleurs des prairies et les étoiles du ciel ! Mais c'est surtout au milieu des épidémies et des calamités publiques que la Reine du Mont-Anis fit éclater sa puissance et sa commisération.

En 1461, la peste désolait Limoges et les pays circonvoisins. Les habitants s'empressèrent de recourir à Notre-Dame : ils établirent une confrérie en son honneur et envoyèrent au Puy une députation chargée d'offrir à Notre-Dame cent livres de cire, et aussitôt la peste fut chassée.

En 1494, le même fléau sévissait à Bordeaux avec tant de violence que les bras manquaient pour enterrer les morts. Les citoyens se souvinrent enfin de Notre-Dame du Puy et firent célébrer, en son honneur, une messe à la fin de laquelle ils promirent de lui envoyer un cierge de cinquante livres. Immédiatement le fléau s'arrêta tout court, et dans leur reconnaissance, au lieu du cierge de cinquante livres, les Bordelais en envoyèrent un de deux cents que leurs délégués vinrent offrir à Notre-Dame en chemise et les pieds nus.

En 1588, Toulouse étant également désolée par la peste, se voua à Notre-Dame du Puy et lui envoya un beau cierge orné de ses armes et pesant un quintal. Ce qui lui obtint immédiatement de la bonne Vierge une complète délivrance.

Deux fois Lyon implora solennellement le secours de la patronne du Velay contre une affreuse mortalité qui la décimait. En 1563, le fléau s'y était déjà déclaré depuis plus d'un an et y faisait de nombreuses victimes. Au nom de la ville, le jésuite Edmond Auger, un des grands prédicateurs de ce temps-là, vint présenter à l'autel de Notre-Dame les dons qui lui avaient été voués, et Marie, qui semblait n'attendre que cet acte de piété, mit aussitôt fin à la redoutable contagion.

Une autre fois, en 1629, la même ville de Lyon, en proie depuis cinq mois à une épidémie épouvantable, eut recours de nouveau à Notre-Dame du Puy qui la délivra aussitôt du fléau dont elle était atteinte. Dans cette circonstance, ce fut un capucin du Puy qui fut chargé, par les Lyonnais, d'acquitter auprès de Notre-Dame leur dette de reconnaissance.

Un siècle plus tard, 1723, la petite ville de Langogne, menacée de la peste qui était déjà à ses portes, implora la protection de Notre-Dame du Puy et lui voua un pèlerinage solennel. Ce vœu obtint son effet. La paroisse de Langogne fut respectée par le fléau alors que toutes les paroisses environnantes en furent cruellement atteintes. Un des rares tableaux qui ont été sauvés du vandalisme de 1793 nous a conservé ce souvenir.

Enfin on cite également les villes de Montferrand, de Saint-Chamond et de Feurs, comme ayant été délivrées aussi de la peste par la protection de Notre-Dame du Puy.

Nous n'en finirions pas si nous voulions continuer l'énumération des différentes grâces miraculeuses obtenues le long des siècles par l'intercession de Notre-Dame du Puy. Celles que nous venons de citer donnent au moins une idée des autres. Mais de tout ce chapitre, il faut conclure que nulle part la sainte Vierge ne s'est mieux montrée qu'au Puy, le refuge des pécheurs, le secours des malheureux, la consolation des affligés, le salut des infirmes, la mère de tous les chrétiens.

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Prière

 

Ô Marie, votre puissance n'a d'égale que votre bonté, et nous venons de voir comment vous daignez mettre l'une et l'autre au service de ceux qui vous implorent et qui vous aiment. Heureux donc, dirons-nous en vous appliquant les paroles de la sainte Ecriture, heureux, ô Marie, ceux qui placent en vous leur confiance ! Oui, il est bon de se confier en vous, plutôt que de se reposer sur la protection des hommes, d'espérer en vous plutôt que de mettre son espérance dans les puissants du monde ! Bien convaincus de cette vérité, c'est à vous désormais, ô Vierge secourable, que nous nous adresserons dans tous nos maux !

Oui, si la maladie nous étend sur un lit de douleur, si quelque danger vient à menacer des personnes qui nous sont chères, c'est à vous, ô Marie, que nous nous adresserons pour obtenir, tout en nous conformant à la volonté de Dieu, le soulagement de nos souffrances, la guérison de nos infirmités ou la conservation des êtres qui nous sont chers. Nous vous dirons comme il fut dit autrefois à Jésus : « Celui que vous aimez est malade ! » et, comme Jésus, votre coeur, à cette simple prière, sera touché de compassion, et vous guérirez, s'il plaît à Dieu, ceux qui vous aiment !

Si les passions se révoltent dans notre coeur comme des bêtes farouches, si les tentations s'élèvent dans notre âme comme d'impétueuses tempêtes, si notre faiblesse et notre fragilité nous exposent à de tristes chutes, c'est encore vers vous, ô Marie, que nous tournerons nos regards avec d'autant plus de confiance que nous saurons plus certainement que nos demandes ne peuvent manquer de vous plaire : nous vous dirons alors la prière que saint Pierre disait un jour à Jésus, pendant la tempête : « Salva nos, perimus ! Sauvez-nous, car nous périssons » Et, comme Jésus, vous nous sauverez aussi, en délivrant notre âme des étreintes du démon !

Enfin, si, ce qu'à Dieu ne plaise, le péché s'empare de notre âme et nous fait des blessures mortelles, au lieu de nous livrer au découragement et au désespoir, nous nous souviendrons, ô Marie, que vous êtes le refuge des âmes égarées ; nous vous prierons avec une nouvelle ardeur; nous nous écrierons du fond de notre misère : « O Vierge clémente, qui avez tiré tant de pauvres âmes de l'abîme du péché, ayez pitié de nous, et n'abandonnez pas notre âme à l'enfer ! » Et, puisque vous en avez le pouvoir, ô Marie, vous nous convertirez, et vous nous obtiendrez la même grâce que Jésus fit au bon larron, la grâce d'être un jour en Paradis avec vous et avec votre divin Fils. Ainsi soit-il !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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21 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-deuxième jour

Du couronnement de la statue de Notre-Dame du Puy

 

C’est Mgr de Morlhon, de digne et sainte mémoire, qui conçut le premier le projet d'ajouter à la Cathédrale du Puy, un lustre qu'aucune autre Eglise de France ne pouvait réclamer avec des titres plus nombreux et plus authentiques. Nous voulons parler du couronnement de sa célèbre vierge noire !…

Quelle statue méritait mieux cet hommage ? N'est-ce pas de son sanctuaire angélique que le pape Léon IX disait déjà au onzième siècle : « Dans cette église du mont Anis ou du Velay, qui est appelée le Puy Sainte-Marie, la mère de Dieu est honorée, aimée et vénérée par tous les habitants de la France entière, d'un culte plus spécial, d'un amour plus fervent qu'en aucune autre Eglise élevée en son honneur... » Le pape Pie IX ne pouvait donc refuser à Notre-Dame du Puy un hommage qui n'était que la consécration de l'estime particulière dont elle avait toujours été l'objet de la part des Souverains Pontifes, ses prédécesseurs. L'honneur d'un couronnement solennel fut donc accordé par Pie IX à la vierge du mont Anis, et Mgr de Morlhon fut délégué pour cette sublime fonction.

La grande place du Breuil fut choisie pour être le théâtre de cette auguste cérémonie. À cet effet, une magnifique estrade de vingt mètres de face sur dix de profondeur, fut dressée avec un grand autel, surmonté d'un riche pavillon. De chaque côté de l'autel, des places furent ménagées pour la statue, les couronnes, les évêques et les principales autorités.

Dès la veille au soir, selon les prescriptions du programme, un clergé très nombreux se réunit à la Cathédrale devant l'autel de la Sainte Vierge, pour le chant solennel de l'Ave Maris Stella et des Litanies. Conformément au cérémonial, la sainte Image avait été placée sous un riche baldaquin dans le sanctuaire. Huit grosses torches brûlaient devant elle sur des chandeliers de bronze doré. A droite et à gauche, sur de riches coussins de velours brodé d'or étaient les couronnes. La sainteté du lieu pouvait seule contenir la foule des spectateurs qui se pressaient contre les grilles du choeur et contre la table de communion pour se rassasier de ce magnifique spectacle. Mais ce qui attirait surtout l'attention, après les éclatants diadèmes tout scintillants du feu. des pierreries et des diamants, c'était le brancard sur lequel était posée la statue et qui devait, le lendemain, servir à sa marche triomphale. L'oeil se perdait dans cette profusion de bijoux qui le ravissaient au premier aspect, par leur éblouissante richesse ; mais le goût exquis qui avait présidé à leur disposition, la légèreté, la grâce de ce monument de fleurs, d'or, d'émail, de perles et de diamants, faisaient admirer les pieuses et habiles mains qui l'avaient dressé, plus encore que toutes les magnificences qu'il étalait. Ce chef-d'oeuvre de grâce et de bon goût était l'ouvrage des religieuses de l'Hôtel-Dieu.

Le lendemain, dès la première aube, le gros bourdon de la Cathédrale, auquel répondaient tous les autres clochers, annonçait à la ville le jour béni qui commençait à luire. Mais il ne la réveillait pas. On avait été sur pied toute la nuit pour compléter les dispositions qui avaient occupé les jours précédents. Dès quatre heures, la Cathédrale était remplie d'une affluence qui ne cessa qu'au signal de la procession. C'était au point que, des communautés entières, des congrégations d'hommes et de femmes qui s'étaient proposé de recevoir la communion dans la Basilique, ne purent y pénétrer, pas plus qu'une foule de particuliers qui furent obligés d'aller dans d'autres églises satisfaire leur dévotion.

Cependant, comme par un coup de baguette magique, les rues de la ville s'étaient soudainement transformées en bosquets et en jardins, en fraîches et odorantes allées. Rien de plus gracieux, de plus pittoresque et de plus grandiose tout à la fois.

Depuis le rez-de-chaussée jusqu'aux dernières mansardes, et jusque sur le sommet des toits, les murs avaient disparu sous la verdure et les fleurs, ainsi que sous les oriflammes multicolores toutes couvertes de chiffres, de devises et d'inscriptions en l'honneur de Marie. A chaque pas c'étaient des effets nouveaux, des surprises ménagées avec un art infini !

La procession fut splendide, et la beauté du spectacle qu'elle présenta sur la place du Breuil dépasse véritablement toute imagination. Le temps, qui jusqu'alors avait été pluvieux et froid, devint ce jour-là d'une admirable sérénité. Un soleil pur et radieux éclairait la fête. De milliers de bannières et d'oriflammes, de guidons et de labarums, avec leur or, leur argent, leur soie, leur moire aux couleurs blanche, rouge, rose ou bleue, flottaient joyeusement au souffle de la brise. Les musiques et les chants, les tambours et les clairons, tantôt s'alternant, tantôt se confondant, étaient comme l'expression de toutes les ardeurs et de toutes les prières qui s'échappaient de cette multitude de coeurs dont se composait le cortège triomphal de Marie. Après que la procession se fut rangée avec ses spirales infinies dans l'immense place du Breuil, trop étroite ce jour-là pour contenir la foule, un roulement de tambours annonça le commencement de la messe pendant laquelle se firent entendre les harmonies des six corps de musique espacés çà et là dans les rangs de l'assistance. Après l'Evangile, le R. P. Nampon prononça un discours magnifique. Puis, la messe terminée, Mgr de Morlhon procéda au couronnement de la statue. Les évéques de Valence, de Mende et de Saint-Flour l'assistaient dans cet acte qui s'accomplit au milieu d'un calme solennel.

Et quand la sainte Vierge et le divin Enfant apparurent enfin sous les emblèmes, l'un de son éternelle royauté, l'autre de sa miséricordieuse puissance, les cloches sonnèrent soudain à toutes volées, les tambours battirent aux champs, les fanfares firent entendre leurs plus beaux airs de victoire. Tous les yeux étaient mouillés de larmes. Mais l'émotion augmenta encore quand on vit Monseigneur, la tête nue et agenouillé devant la Reine couronnée, lui faire la consécration de sa personne et de son diocèse.

La cérémonie était accomplie. Après une courte et admirable allocution de Monseigneur, la procession reprit le chemin de la Cathédrale. Chemin faisant, sur la place du Martouret, la Vierge noire reçut les hommages de la municipalité qui offrit à la statue couronnée un cierge monumental du poids de vingt-cinq livres. Après quoi les prélats, d'un commun accord et d'une commune voix, donnèrent leur bénédiction à la ville qui faisait ce triomphe à Marie.

Il était trois heures et demie lorsque la procession rentra dans l'église ; on était donc resté sur pied près de six heures. Mais personne ne se plaignait de la fatigue. Personne même n'y pensait.

Le soir clôtura dignement cette fête du couronnement de la Vierge. Jamais la ville du Puy n'avait été plus splendidement illuminée. Jamais ses rues, d'ordinaire si solitaires et si silencieuses après l'heure du couvre-feu, n'avaient été sillonnées par une foule aussi nombreuse, aussi digne d'attitude, et d'un maintien aussi recueilli et aussi décent. La nuit commençait à peine, qu'un feu d'artifice s'allumait comme par enchantement sur la plate-forme du mont Corneille. Sous un ciel d'une clémence et d'une pureté parfaites, les fusées s'élançaient triomphalement dans les airs pour retomber en pluie d'étoiles d'or, de pourpre et d'azur. Toutes les crêtes des hauteurs environnantes étaient embrasées de feux multicolores. La façade de la cathédrale était également en feu, et son vieux clocher, décoré de lanternes vénitiennes, se détachait dans la nuit comme un doigt lumineux mystérieusement levé vers le ciel. La ville, de son côté, était véritablement éclairée à jour. La lumière ruisselait de tous les balcons et de toutes les fenêtres. La plus humble mansarde, la plus pauvre demeure avait son lumignon. Dans un des quartiers les plus pauvres, un riche rentier avait eu la pieuse pensée de distribuer un nombre considérable de luminaires de tout genre, « afin, disait-il, qu'il n'y eut pas un seul habitant du Puy, si misérable fût-il, qui n'eût aussi sa part dans l'illumination ». Touchante et délicate attention inspirée par l'amour de Marie, et qu'il sied bien de rappeler ici pour l'édification des âges futurs.

Cependant les corps de musique, les choeurs de chant occupaient les postes qui leur avait été répartis, et ne contribuaient pas peu, par leurs joyeuses fanfares ou l'harmonie de leurs concerts, à entretenir et à augmenter l'entrain général. Les séminaristes s'étaient établis sur l'estrade du Breuil, et leur riche répertoire de motets et de cantiques attirait autour d'eux une foule énorme. Même empressement, malgré l'heure avancée de la nuit, autour des musiques d'Espaly, de la Chartreuse, de Monistrol et des pompiers qui s'étaient installés sur les boulevards et places publiques. La musique du Pensionnat des Frères, perchée sur la cime du mont Corneille, envoyait elle aussi à la ville de lointains échos d'harmonie interrompus par les explosions des fusées et des pièces d'artillerie.

Bref, il était plus de minuit, lorsque le besoin du repos força enfin à la retraite, et termina cette soirée, digne complément d'une sainte et immortelle journée.

 

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Prière

 

Vous avez été solennellement couronnée reine du Velay ; la royauté dix-huit fois séculaire que vous aviez exercée sur notre, pays, la sainte Eglise l'a confirmée par la couronne d'or qu'elle a déposée sur votre tète, aux acclamations du peuple Vellavien tout entier. Désormais, par un titre formel et authentique, vous êtes constituée la patronne et la souveraine de nos montagnes, et le Velay maintenant est devenu votre domaine spécial. C'est un droit de plus que nous avons acquis à votre sainte protection. Mais il est, ô Marie, une couronne bien plus précieuse à vos yeux que le riche diadème qui a été déposé au Puy sur votre front, le jour de votre joyeux couronnement : c'est cette couronne spirituelle d'Ave Maria, dont vous avez instamment réclamé l'hommage à Lourdes, lors des miraculeuses apparitions que vous y avez faites. Ah ! cette couronne mystique, nous vous l'offrirons désormais, chaque jour. Oui, tous les jours, par la pieuse récitation du chapelet, nous vous tresserons le diadème qui vous est agréable par-dessus tous les autres. Ce diadème, nous le composerons, par nos prières, de roses et de lis. Chaque Pater, dit par nous à vos pieds, sera comme un beau lys, chaque Ave Maria une belle rose que nous déposerons avec bonheur sur votre front. Puisse cet hommage vous plaire, ô Marie ! et puissions-nous, en retour, recevoir de votre main, après cette vie, la couronne de gloire réservée à tous vos fidèles serviteurs. Ainsi soit-il !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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20 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingt-et-unième jour

Comment la statue miraculeuse de Notre Dame du Puy fut brûlée pendant la Terreur. La nouvelle statue qui l'a remplacée

 

On était à cette phase de la grande Révolution française connue sous le nom de régime de la Terreur ! régime abominable, dont l'histoire est tout entière écrite avec du feu, des larmes et du sang !

Comme toutes les autres provinces de France, le Velay eut alors sa page lugubre et sanglante. Dans nos montagnes, non seulement beaucoup de prêtres, mais aussi de nombreux fidèles de tout âge, de tout sexe et de toute condition furent immolés en haine de la foi catholique.

Notre-Dame du Puy voulut, ce semble, s'associer en quelque sorte à la glorieuse troupe de ces martyrs dont elle est d'ailleurs la Reine : Regina martyrum ! Elle permit donc que sa statue, vénérée depuis si longtemps dans l'Eglise du Mont-Anis, fut traînée au bûcher par les mêmes bourreaux qui conduisaient à la mort les fidèles et les prêtres du Velay. Elle voulut être brûlée à la môme place où le sang des martyrs coulait presque sans interruption. Voici le récit authentique de ce crime à jamais lamentable :

Le 30 nivose, an II de la République (19 janvier 1794), la statue de Notre-Dame du Puy, après avoir été dépouillée de ses richesses par des misérables, fut arrachée du maître-autel de la Cathédrale et transférée, pour faire place à la déesse Raison, aux archives de la Cathédrale. Plus tard, les officiers municipaux prirent la détermination de la faire brûler. En conséquence, le 8 juin 1794, fête de la Pentecôte, sur les cinq ou six heures du soir, le représentant du peuple Guyardin, le maire, ses municipes et quelques membres du Directoire du département, assistés par des canonniers, des gendarmes et par un piquet de troupes de ligne, allèrent prendre la statue, la mirent sur la charrette du déboueur de la ville, un canonnier se permettant toute sorte d'horreurs contre elle. Quand on fut à l'Hôtel de Ville, des curieux, ou plus vraisemblablement des gens bien intentionnés, la firent porter dans une des salles de la mairie. Là, d'un coup de sabre, un canonnier lui ayant coupé le nez, elle fut reconnue pour être en bois de cèdre par M. Bertrand-Morel qui, pour la sauver sans doute, proposa de la porter au musée comme objet de curiosité. Malheureusement, sa proposition ne prévalut point. On traîna donc la Vierge à la place du Martouret et on la livra aux flammes avec un grand nombre de tableaux, de statues d'église et de papiers précieux, aux cris répétés de : « Vive la République ! » Quand la statue fut brûlée d'un côté, un soldat prenant une perche : « À présent que tu t'es rôtie d'un côté, dit cet impie, il faut que tu te brûles de l'autre ». Le feu ayant alors consumé les charnières d'un coffret qui se trouvait au bas de la statue, il en sortit un petit rouleau qu'on jugea être du parchemin, mais qui fut jeté au feu par les vandales.

Le même soir, le déboueur enleva les cendres de la statue, et les porta dans un champ situé sous la Roche-Arnaud, où, de peur qu'on ne les recueillit, elles furent dispersées aux quatre vents du ciel ! Crime abominable ! dont le récit fait aujourd'hui encore monter le rouge de la honte aux fronts des fidèles, et devant lequel les anges qui composent la cour de la sainte Vierge durent alors se voiler la lace en Paradis !…

Mais hâtons-nous de le dire pour l'honneur de notre ville, ce crime impie ne fut le fait que d'un petit nombre de misérables. Toute la population, si éminemment catholique de notre cité, fut véritablement consternée de ce sacrilège attentat. Du reste, les malheureux qui participèrent à ce sacrilège attentat moururent, paraît-il, d'une mort tragique ou misérable. Puissent la sainte Vierge et son divin Fils leur avoir fait miséricorde à tous !

Hélas ! la destruction à jamais déplorable de cette précieuse statue laissera à toutes les âmes religieuses, et môme aux amis de l'antiquité, un éternel regret. Mais une consolation reste à notre foi, et cette consolation paraîtra bien grande aux esprits sages et réfléchis. C'est que, si cette image était une des gloires de l'Eglise du Puy, elle n'était, ni l'unique, ni même la principale. La dévotion à Notre-Dame du Puy était attachée, en effet, au sanctuaire même du Mont-Anis, et non à cette précieuse statue, qui n'avait été apportée chez nous qu'au treizième siècle. La splendeur première et la renommée principale du pèlerinage de Notre-Dame du Puy viennent donc de cette Chambre angélique, que la tourmente révolutionnaire a heureusement respectée, et qui existait longtemps avant que la statue miraculeuse n'enrichit notre Cathédrale. Or, dans cette auguste Basilique, Marie reçoit encore, comme par le passé, et recevra toujours, espérons-le, les hommages et les supplications de son peuple bien aimé.

D'ailleurs, pour consoler notre foi et raviver notre dévotion, une reproduction a été faite, aussi exacte que possible, de la statue miraculeuse, détruite sous la Révolution, et cette copie fidèle de l'image si chère et vénérée a été placée à l'endroit même qu'occupait autrefois la statue donnée par saint Louis.

Il y a là, pour les âmes de foi, un adoucissement à leurs regrets, en même temps qu'un motif et une occasion de faire, par leur amour, amende honorable à Marie du crime commis au Puy envers elle il y a plus de cent ans.

Rapportons donc à la nouvelle statue les hommages et la vénération dont l'ancienne fut si longtemps l'objet de la part de nos aïeux ! Et rappelons-nous d'ailleurs que, quelle que, soit l'image qui nous représente les traits de la Mère de Dieu, nos prières et nos vœux n'en montent pas moins vers Marie, et que Marie ne les agrée et ne les exauce pas moins !

C'est, du reste, ce qu'on a très bien compris, non seulement au Puy et dans le Velay, mais aussi dans la France entière. Le concours des fidèles qui, depuis la Révolution, continuent d'affluer au Mont-Anis, en est la preuve. Comme au temps passé, la nouvelle statue a été portée plusieurs fois, en triomphe, dans les rues de notre ville ; notre siècle, issu de la Révolution, a revu les processions triomphales des siècles précédents. Comme autrefois, les populations sont accourues en foule sur le passage de la Vierge noire, et l'ont saluée de toute la vivacité de leur foi et de tout l'amour de leur coeur !

Énumérons rapidement ces marches triomphales dont la nouvelle statue de Marie a été de nos jours l'objet. La première fois que cette statue parcourut, processionnellement les rues de notre ville, ce fut à l'occasion du Jubilé de 1853. L'on n'estime pas à moins de 200,000, le nombre des pèlerins qui se rendirent au sanctuaire du Mont-Anis. C'est au milieu de cette magnifique escorte que la nouvelle image de Marie fit sa première apparition dans sa bonne ville du Puy, reprenant ainsi la suite interrompue des triomphes, qui, pendant cinq siècles, avaient été décernés à la statue dont elle était la copie fidèle.

Trois ans après, 8 juin 1856, eut lieu une cérémonie magnifique, qui fut, en quelque sorte, comme le sacre définitif de la nouvelle statue. Je veux parler du couronnement dont elle fut honorée, au nom du Souverain-Pontife. 60,000 pèlerins accoururent à cette fête. Trois prélats, les évêques de Valence, de Mende et de Saint-Flour, assistaient à la cérémonie.

Pour la seconde fois, la statue de la Vierge noire fut portée en triomphe dans les rues de la ville, et couronnée solennellement sur la place du Breuil par Mgr de Morlhon. Au retour de la procession, sur la place du Martouret où avait été brûlée la première Vierge noire, la nouvelle statue reçut l'hommage officiel de sa ville de prédilection. M. le Maire, assisté de ses adjoints et de son Conseil municipal, vint offrir à la sainte Vierge un cierge monumental du poids de vingt-cinq livres, portant sur une plaque de cuivre les armes de la ville avec cette inscription : Couronnement de Notre-Dame du Puy — 8 juin 1856. — Admirable et juste réparation des outrages qui avaient été faits à Marie, à] pareil jour, sur cette même place du Martouret, soixante-deux ans auparavant !

Huit ans plus tard, le Jubilé de 1864, fut, pour la statue de la Vierge noire, l'occasion d'un troisième triomphe. Plus de 100,000 pèlerins saluèrent, de leurs acclamations et de leurs vivats, l'image ressuscitée de Notre-Dame du Puy.

En 1870, une grande sécheresse désolait la contrée. Dans leur détresse, les habitants du Velay adressèrent à Mgr Le Breton, une supplique pour lui demander l'autorisation de porter processionnellement la Vierge noire. Monseigneur s'empressa d'accéder à une demande si pieuse et si légitime, et le la août, Marie fut portée en triomphe pour la quatrième fois.

On était alors au commencement de la guerre contre la Prusse. Chacun pressentait instinctivement de grands malheurs, et beaucoup de pauvres mères, qui avaient leurs enfants sous les drapeaux, suivaient, en priant et en pleurant l'image vénérée de la consolatrice des affligés.

En 1873, un grand souffle chrétien passa sur la France. De tous côtés se produisirent des pèlerinages nationaux aux principaux sanctuaires de notre Patrie. Dans ce réveil et cet élan de foi, le sanctuaire du Mont-Anis ne pouvait être oublié. C'est pourquoi, le 19 octobre, vit accourir au Puy une foule immense de pèlerins. Une magnifique procession eut lieu, dans laquelle la Vierge noire fut portée en triomphe pour la cinquième fois. Par une heureuse coïncidence, ce pèlerinage, véritablement national, s'ouvrit le jour même de la clôture du Concile provincial qui se tenait alors au Puy. Aussi tous les évêques de la Province, sous la présidence de leur illustre métropolitain Mgr de La Tour d'Auvergne, archevêque de Bourges, assistèrent-ils à la procession de notre Vierge noire, ce qui ne contribua pas peu à donner de l'éclat à cette cérémonie.

On le voit, la nouvelle statue de Notre-Dame du Puy n'est pas moins vénérable et vénérée que l'ancienne. Et rien ne manque plus maintenant à sa consécration et à sa gloire.

 

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Prière

 

Ô Marie, que nos âmes sont tristes de la perte irréparable de votre miraculeuse statue ! et combien nous déplorons le crime dont quelques malheureux, au siècle dernier, se rendirent coupables envers vous, en détruisant, par le feu, votre antique et vénérable image ! Nous vous faisons aujourd'hui, de tout notre coeur, amende honorable de ce sacrilège attentat, nous vous promettons de le réparer autant qu'il dépendra de nous, en entourant de notre vénération et de notre amour la nouvelle statue qui est la fidèle reproduction de votre ancienne image. Il reste encore d'elle, dans notre pays, un grand nombre de médailles, de gravures et d'effigies peintes ou sculptées : nous les entourerons également de notre respect, nous nous opposerons de tout notre pouvoir à leur profanation, et s'il en est qui nous appartiennent, nous leur donnerons une place d'honneur dans nos maisons. Nous saluerons aussi pieusement les vieilles statues de pierre ou de bois qui ornent encore les angles de quelques-unes de nos rues, nous rappelant que nos pères les avaient placées là afin d'être toujours sous le regard et la bénédiction de leur auguste protectrice.

Ô Marie, dès ce jour, nous vouons à toutes vos images un culte et une dévotion dont la ferveur ne se ralentira jamais ! Nous placerons votre portrait dans nos demeures à côté de celui de votre divin Fils. Nous porterons toujours aussi avec nous, outre votre scapulaire, une de vos médailles. Puissiez-vous avoir pour agréables ces honneurs et cet amour rendus à votre personne auguste.

Enfin, nous reproduirons surtout en nous l'image de vos vertus, nous nous attacherons de toutes nos forces à imiter votre pureté, votre humilité, votre obéissance, votre patience et votre charité ! Ô Marie, bénissez-nous ! Protégez-nous pendant tout le cours de cette misérable vie, et quand viendra l'heure de notre mort, faites-nous la grâce d'aller vous voir éternellement avec les anges en Paradis. Amen.

 

Salve Regina !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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19 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Vingtième jour

Des processions où l'on portait en triomphe la statue miraculeuse de la Vierge noire

 

À peine le pieux roi saint Louis eut-il déposé la statue de Marie sur l'autel de la Cathédrale du Puy, que la renommée de cette précieuse relique se répandit au loin. L'inauguration de cette célèbre statue fut fixée au 3 mai 1255, jour où l'Eglise célèbre la fête de l'Invention de la sainte Croix. En action de grâces de l'heureux retour du monarque, on décida que la Vierge noire serait portée, pour la première fois, en triomphe dans une procession solennelle. Or, il s'assembla à cette occasion une telle multitude de peuple, que par suite de l'encombrement qui se produisit, il y eut jusqu'à quatorze cents pèlerins étouffés dans la foule devant la porte des Farges !...

Depuis cette catastrophe, la statue de Marie ne fut portée, dans les rues, qu'à de rares intervalles et dans des occasions extraordinaires. Mais toujours sa sortie du temple attira un grand concours de pèlerins.

Plus d'un siècle s'était écoulé sans qu'on l'eût produite hors de son sanctuaire. Mais, en 1374, au milieu d'une disette affreuse, qui menaçait de s'étendre à l'année suivante, on eût recours, pour la seconde fois, à cette pratique de dévotion, et l'historien Odo de Gissey nous apprend que le temps changea presque aussitôt, et que les craintes ne tardèrent pas à se dissiper.

En 1404, la statue de la Vierge noire fut portée pour la troisième fois en procession. Les temps étaient bien durs à celte époque. On avait d'abord beaucoup à souffrir de l'intempérie des saisons. Puis l'Eglise était désolée par le grand schisme d'Occident. Enfin, la triste démence du roi Charles VI, les intrigues du duc d'Orléans, son frère, et de ses deux oncles les ducs de Berry et d'Anjou, ainsi que les coupables manoeuvres de la reine Isabeau de Bavière, réduisaient la France à la plus lamentable situation. Emu de tant de maux, l'évêque Elie de Lestrange ordonna de faire, avec la sainte Image, une procession qui détourna du Velay une partie des fléaux qui le menaçaient, et obtint à cette contrée privilégiée d'avoir, moins que toute autre, à souffrir des guerres sanglantes qui désolèrent alors la France.

La quatrième procession eut lieu en 1421. La France alors semblait toucher à sa ruine. La guerre civile s'était jointe à la guerre étrangère.

L'Anglais, soutenu par la faction des Bourguignons, avait envahi nos plus belles provinces. On appela en aide Notre-Dame du Puy. Le dimanche 14 septembre, la statue de la Vierge noire fut portée de nouveau en procession. Arrivée à la porte Saint-Robert, elle fut placée « regardant vers France » disent naïvement les chroniques, « et tout le dévot populaire plorait là à chaudes larmes devant ce dévot image, demandant affectueusement à la Vierge Marie qu'elle impétrât paix et concorde au royaume de France ». Tant de prières et de supplications obtinrent, enfin, leur effet. Jeanne d'Arc, envoyée du ciel, abattit l'orgueil de l'Angleterre ; par son aide, Charles VII fut sacré roi à Reims, et il ne resta bientôt plus aux Anglais, sur le continent, que la ville de Calais. Convaincu par l'exemple de son père, du pouvoir de Notre-Dame du Puy, Louis XI, dès les premiers temps de son règne, ordonna, le 10 juillet 1468, de faire, pour la cinquième fois, dans les rues de notre ville, une procession solennelle de la Vierge noire, afin d'obtenir le rétablissement de la concorde dans la famille royale. Ce que Marie se plut à accorder bientôt après.

Un an plus tard, 11 juillet 1469, sur les instances du même roi Louis XI, eut lieu au Puy une sixième procession de la sainte Vierge, à l'effet d'obtenir d'elle un héritier pour le roi de France qui s'affligeait depuis longtemps de n'en pas avoir. Cette procession eut lieu le jour de la Dédicace de la Cathédrale, avec une pompe extraordinaire. La procession obtint son effet. Douze mois après, 30 juin 1470, Charlotte de Savoie, reine de France, mit au monde un bel enfant qui fut plus tard Charles VIII.

L'an 1480, la statue de la Vierge noire fut portée pour la septième fois en procession, à l'occasion de la peste qui faisait alors de grands ravages dans le Velay et dans l'Auvergne. Quelque grand et redoutable que fut le fléau qui sévissait, il ne put arrêter la dévotion des fidèles, qui accompagnèrent en foule l'image de Marie ; et, grâce aux prières qui furent faites, par la protection de la toute puissante Mère de Dieu, le fléau disparut.

Vingt-trois ans après 1503, la peste fit de nouveaux ravages dans le Velay. La ville du Puy surtout avait été frappée. La plupart des citoyens et des magistrats étaient morts ou s'étaient enfuis. Le consul Jean Ayraud, aidé de quelques prêtres, réunit le peu d'habitants qui restaient. Ils allèrent ensemble chercher, dans son sanctuaire, la statue miraculeuse de Marie, la portèrent en procession pour la huitième fois, et Marie, en passant dans les rues de la ville, en chassa si bien la peste, que la cité tout entière fut instantanément délivrée de cette contagieuse infection.

Le 11 juillet 1512, une neuvième procession eut lieu à l'occasion des malheurs des temps. L'historien Médicis, qui y assistait, dit simplement dans ses chroniques : « Cette procession fut bien dévote ! Dieu l'ait prise en gré, et nous donne la grâce d'être toujours ses bons zélateurs ! »

Sept mois après, 2 février 1513, les temps se faisant de plus en plus mauvais et menaçant encore de devenir pires, on eut recours à une dixième procession de la Vierge noire. On invita, particulièrement à cette fête, les seigneurs de Montlaur, d'Apchier et de Polignac, ainsi que le baron de Saint-Vidal, et les sieurs de Lardeyrol et de Loudes, dont les ancêtres, en pareil cas, s'étaient toujours honorés de servir d'escorte à Notre-Dame. La procession fut « très belle, noble, sainte et dévote », disent les chroniques Aussi, par la grâce de Dieu et l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, il ne tarda pas à faire temps doux et tranquille.

La statue de Marie fut promenée pour la onzième fois, dans les rues de la ville, durant la captivité de François Ier, 1525. A cette époque, il n'était pas, dans le Velay, de quenouille qui ne filât pour la rançon du roi. Il n'était, de même, pas une âme qui ne priât pour sa délivrance, qui eût lieu bientôt après.

En 1575, le Velay était en proie au double fléau de la peste et de la guerre civile. L'évêque, Antoine de Senectère, espéra qu'une procession solennelle fléchirait le ciel. On porta donc en triomphe, pour la douzième fois, la statue miraculeuse de Marie. Deux chanoines portaient la Vierge. Les six consuls de la ville portaient le drap d'or qui surmontait le brancard, à leur côté se tenaient six hommes en chemise, la tête et les pieds nus, portant chacun une haute torche aux armes de la ville. Touchant spectacle, qui montre bien la foi et la piété de nos pères, et l'ardente confiance qu'ils avaient en la sainte Vierge.

En 1629, la peste se déclara de nouveau au Puy. Elle y fit de nombreuses victimes, surtout dans les mois de juillet et d'août, où il mourut plus de dix mille personnes. Mais le fléau ayant disparu au commencement de 1630, on célébra cette délivrance par une nouvelle procession, où l'on porta, pour la treizième fois en triomphe, la statue miraculeuse de la Vierge. Un grand et magnifique tableau que l'on voit encore appendu à l'un des murs latéraux de la Basilique, rappelle cette procession, et en montre toute l'ordonnance. On y lit au bas, en vers latins, l'inscription suivante, que nous traduisons : « O Vierge, recevez ce tableau, qui vous est consacré. Souvenez-vous du pays d'Anis. Éloignez de lui les fléaux et venez-lui toujours en aide dans ses malheurs. Ainsi soit-il ! »

Le Chapitre avait député seize de ses membres, pour porter successivement le brancard de la Vierge au-dessus duquel les six consuls soutenaient un dais de damas rouge, semé de fleurs de lys. Derrière la Vierge, marchait le doyen du Chapitre qui remplaçait l'Evêque alors absent, et qui donna la bénédiction en touchant pieusement la statue de sa main, qu'il étendit ensuite sur la foule agenouillée à ses pieds.

Dans les premières années du siècle suivant, la France fut cruellement éprouvée. Le trop célèbre hiver de 1709 vint ajouter ses horreurs aux maux de la longue guerre qu'amena la succession d'Espagne. Presque toutes les semences périrent sous les glaces. Il fallut généralement en confier de nouvelles à la terre. On s'effrayait, à bon droit, de l'avenir. Pour rassurer les esprits et attirer les bénédictions du Ciel, l'évêque du Puy, Claude de la Roche-Aymon, ordonna une procession générale, où la statue de la Vierge noire fut portée en triomphe pour la quatorzième fois.

Enfin, le 2 mai 1723, après que la grande peste qui désola Marseille et qui fit trembler tout le midi de la France, eut étendu ses ravages jusqu'aux portes de la ville du Puy, qu'elle respecta complètement, Mgr de Conflans, pour rendre grâce à Marie d'une protection si sensible, fit porter une quinzième fois, en procession, la statue miraculeuse de la sainte Vierge.

Ce fut là le dernier triomphe de notre Vierge noire. Depuis cette époque, la statue, donnée au Puy par saint Louis, ne sortit plus de la Basilique, que pour être brûlée ignominieusement sur la place publique du Martouret, le 8 juin 1794.

 

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Prière

 

Ô Marie, en jetant un si vif éclat sur la statue dont saint Louis enrichit votre sanctuaire du Mont-Anis, vous n'avez pas eu seulement pour but de glorifier cette antique et vénérable image, mais vous vous êtes proposé surtout de répandre parmi les fidèles une pieuse confiance et une tendre dévotion envers votre divin Fils et envers vous-même. Nous venons de voir, ô Marie, comment vous aimaient nos aïeux. Et bien, nous voulons, nous aussi, vous aimer dorénavant comme eux. Prenez donc notre coeur, nous vous le donnons ! Gardez-le ! Qu'il soit désormais à vous et que votre amour et celui de votre divin Fils y dominent et y règlent toutes les autres affections !

Jésus, Marie ! Vos deux noms, dès ce jour, resteront inséparablement unis dans notre âme. Votre nom, ô Jésus, y viendra en première ligne, et celui de votre Mère immédiatement après. Ces deux noms se feront mutuellement écho dans notre coeur ! Ils s'expliqueront et se compléteront l'un l'autre, Jésus nous faisant aimer Marie, et Marie nous faisant aimer Jésus !

O Jésus, ô Marie, conformément aux règles de la véritable affection, nous vous promettons désormais de penser plus souvent à vous qui ne nous oubliez jamais ! Oui, nous penserons à vos vertus et à vos exemples pour les imiter ; nous vous demanderons souvent : que feraient, que penseraient, que diraient en telle et telle circonstance Jésus et Marie ? et nous nous appliquerons ensuite à agir, à penser, à parler comme vous.

Jésus, Marie, accordez-nous la grâce de rester dorénavant parfaitement unis avec vous, non seulement de coeur et d'esprit, mais aussi de volonté. Partout et toujours, quoi qu'il arrive, dans les événements heureux ou malheureux, dans toutes nos actions et dans toutes nos démarches, faites que nous n'ayons plus d'autre volonté que la vôtre ! Que votre bon plaisir soit le trait-d'union qui nous relie et nous enchaîne constamment à vous ! Mais, en retour de de cette exacte conformité à votre sainte volonté, puissions-nous, ô Jésus, ô Marie, goûter sur cette terre les délices de la paix intérieure, et mériter enfin d'aller consommer un jour dans le ciel notre union commencée ici-bas avec vous ! Ainsi soit-il !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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18 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Dix-neuvième jour

Histoire admirable de la statue miraculeuse de Notre Dame du Puy

 

Nous voici arrivés à un récit merveilleux où la légende est tellement mêlée à l'histoire, qu'il est extrêmement difficile de discerner bien exactement où finit l'une et où commence l'autre.

Un fait cependant nous paraît absolument certain : c'est qu'il y eut d'abord, au Puy, une statue primitive de Marie, antérieure de plusieurs siècles à la statue de la Vierge noire qui fut brûlée sous la Révolution. Nous en trouvons la preuve dans ce fait qu'en l'année 864, Raymond Ier, comte de Toulouse, fonda, à perpétuité, l'entretien d'une lampe devant l'image de Notre Dame du Puy. D'où provenait celle première statue ? Quelle main l'avait offerte ? Quelle en était l'origine ? L'histoire est muette sur ce point, et l'on en est réduit à de simples conjectures. Peut être cette image primitive de Marie fut-elle donnée au sanctuaire de Notre Dame par Dagobert Ier, Clovis II ou Charlemagne, trois monarques à qui certains historiens attribuent faussement la donation, à l'Eglise du Puy, de la statue miraculeuse connue sous le nom de Vierge noire. Peut-être aussi cette première statue, vénérée au Puy, est-elle celle que Saint Georges plaça à Ruessium dans le premier temple qu'il dédia à la sainte Vierge et que Saint Vosy dût apporter avec lui, lors du transfert du siège de l'évéché du Velay, de Saint Paulien à Anicium. Quoiqu'il en soit de ces diverses conjectures, il est bien établi que, jusqu'au milieu du treizième siècle, le sceau du Chapitre de Notre Dame portait en effigie l'image d'une statue primitive, toute différente de celle de la Vierge noire.

Au treizième siècle (1254), cette première statue fut remplacée par une seconde, devenue, depuis lors, extrêmement célèbre sous le nom de statue miraculeuse de la Vierge noire. D'où provenait cette deuxième statue ? Certains auteurs en attribuent le don à Louis VII dit le jeune, d'autres à Philippe-Auguste. Mais c'est à tort ! il est certain, en effet, que ce fut saint Louis qui l'apporta au Puy, lors de son retour d'Egypte, en 1254. Voici, d'ailleurs, ce que la légende et l'histoire nous apprennent à ce sujet :

Le prophète Jérémie, s'étant réfugié en Egypte, annonça aux idolâtres de ce pays qu'un jour viendrait où leurs idoles seraient renversées par le fils d'une mère Vierge. Et pour mieux perpétuer le souvenir de cette prédiction, il sculpta, dit-on, en bois de cèdre, l'image future de Jésus et de Marie, que les prêtres du pays placèrent dans le plus beau de leurs temples, où ils lui rendirent un culte particulier.

Cette mystérieuse statue sculptée par Jérémie, représentait l'Enfant-Dieu assis sur les genoux de la sainte Vierge. Au dire de graves historiens arabes, celte statue était en vénération dans les trois Arabies. Du temps de Mahomet on l'y vénérait encore. Ce faux prophète la fit enlever, et au treizième siècle, elle faisait partie du trésor du Soudan d'Egypte. Or, on sait qu'à cette époque, le roi saint Louis s'en alla en Egypte combattre pour la foi de Jésus-Christ (1251). Après avoir pris Damiette, il voulut s'emparer également du Caire. Malheureusement les eaux du Nil enveloppèrent ses troupes au moment le plus imprévu, et il fut fait prisonnier, avec ses deux frères, et tous les autres chefs de son armée. Conduit au Caire, il y demeura quelques mois. Pendant ce temps, il sut inspirer tant d'admiration à son vainqueur, que lorsque sa rançon fut réglée, celui-ci le pria de choisir dans son trésor l'objet qui lui serait le plus agréable, afin qu'il l'emportât en souvenir en lui. Saint Louis fixa son choix sur une statue en bois de cèdre, peinte et arrangée à la façon des momies d'Egypte ; et, bien que le Soudan attachât un grand prix à cette image, tant à cause de la vénération dont elle avait été autrefois entourée, que parce qu'elle avait été sculptée, disait-il, par le prophète Jérémie ; il consentit néanmoins, pour prouver son estime au roi de France, à s'en dessaisir en sa faveur.

« Prince ! Lui dit saint Louis en le remerciant, je vous donne ma parole de roi qu'en arrivant dans mon royaume, je placerai cette précieuse statue en un lieu où perpétuellement on la révérera ». En effet, dès son retour en France (1254), le saint roi se rendit au Puy, et fit hommage à Notre Dame de ladite Vierge noire.

Cette statue était en bois de cèdre, avons-nous dit, sa hauteur était de deux pieds trois pouces. Elle représentait la sainte Vierge, assise sur une espèce de tabouret, et tenant sur ses genoux l'Enfant-Jésus dans la posture d'un petit enfant qui cherche à s'asseoir sur le giron de sa mère. Cette double image était environnée, dans toutes ses parties, de bandelettes fortement serrées à la manière des momies d'Egypte. Ces voiles entouraient même les visages, les pieds et les mains, de telle sorte que les pieds ne laissaient apercevoir aucun vestige des doigts, qui se trouvaient, au contraire, très fortement caractérisés dans les mains, singulièrement remarquables par leur étendue et leur roideur. C'est sur cette enveloppe qu'on avait jeté une couche de blanc sur laquelle on avait peint, à la détrempe, non pas à la manière de nos Indiennes, mais avec des couleurs épaisses et solides, différents genres d'ornements. La draperie était grossièrement sculptée et sans plis ; l'habillement, sculpté lui aussi, se composait d'une robe jetée sur une tunique intérieure dont l'extrémité était ornée d'une broderie ; cette robe formait, sur la poitrine entièrement plate, une pointe encadrée dans une bordure rehaussée d'Arabesques et qui descendait des épaules jusqu'aux pieds. Les manches, peintes en rouges, ne dépassaient pas le coude, ou elles se terminaient en manchettes évasées sur l'une desquelles on distinguait des caractères mystérieux demeurés jusqu'ici inconnus. Le corsage jusqu'à la ceinture était peint d'un fond vert tirant sur le bleu, parsemé de petits ornements d'un blanc jaunâtre. Une large bande, en forme de galon, de couleur également jaune, courait du sein jusqu'aux pieds et tournai t encore autour de la robe comme une frange. Sur la tête, enserrée étroitement par des bandelettes qui ont toujours empêché de la contempler à découvert, était placée une couronne, travaillée à jour,dont la forme étrange se rapprochait assez de celle d'un casque, et dont deux portions mobiles se prolongeaient comme des espèces d'oreillettes et tombaient presque jusqu'aux épaules. Ce diadème, de cuivre doré, portait enchâssé dans ses contours, plusieurs camées antiques extrêmement curieux et dont quelques-uns ont excité l'admiration des connaisseurs. Les sujets qu'ils représentaient avaient trait à des scènes du paganisme. Ils étaient sans doute un sacrifice de l'erreur offert à la mère de l'éternelle vérité. La forme du visage présentait un ovale extrêmement allongé, où les règles du dessin n'avaient été nullement suivies. La face, dit Gissey, était longuette. Il aurait dû, reprend Faujas, qui l'avait considérée à loisir et de très près, il aurait dû plutôt l'appeler longissime. Le nez surtout était d'une longueur démesurée. La bouche, au contraire, était petite, le menton raccourci et rond, la partie osseuse supérieure de l'oeil fort saillant, et l'oeil, malgré cela, très petit.

Il y avait, néanmoins, dans cette image sacrée un heureux mélange de singularité et de noblesse, qui inspirait tout à la fois le respect et la confiance. Le visage de la sainte Vierge était d'un noir foncé, qui jouait le poli de l'ébène, aussi bien que celui de l'Enfant-Jésus, dont, par un contraste bizarre, les mains étaient blanches ainsi que celles de sa Mère. Le divin Enfant portait une robe faite en forme de tunique, dont la couleur était d'un rouge très foncé et que décoraient çà et là de petites croix grecques et argentées. Une ceinture dorée qui la rattachait, laissait retomber sur le devant ses deux extrémités, qui rendaient assez bien l'effet d'une riche dentelle.

Cette double image, peinte et sculptée comme nous venons de le décrire, était habituellement couverte de riches étoffes, comme à Rocamadour et à Lorette, en sorte que l'on n'apercevait que les deux têtes de Jésus et de Marie et l'extrémité de leurs pieds.

Telle était la statue mystérieuse qui, pendant cinq cent trente-neuf ans, attira de toutes les parties de l'Europe, tant de pèlerins au Mont Anis.

Pendant plus de cinq siècles, cette statue fut la sauvegarde et la richesse du Velay. Cette raison seule aurait dû, ce semble, la protéger contre toute profanation. Mais, hélas ! Jusqu'où ne va pas le vandalisme de l'impiété déchaînée. Arrachée de l'autel pour être jetée dans la charrette aux immondices, on vit un jour de 1794, une populace, stupide et forcenée, se ruer avec une joie de cannibales autour du bûcher qui consumait un objet si vénéré, et applaudir à la destruction de cette relique sacrée de la science et de la foi !… Mais n'anticipons pas sur les événements. Avant de raconter la haine idiote et brutale dont fut l'objet à la fin du siècle dernier, la statue miraculeuse de Notre-Dame du Puy, il nous faut énumérer les grands témoignages d'amour et de vénération qui lui furent rendus par nos aïeux pendant plus de cinq siècles. Ce sera le sujet du chapitre suivant.

 

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Prière

 

O Marie, lorsque autrefois, dans votre sanctuaire du Mont Anis, les pèlerins vénéraient votre ancienne statue de bois de cèdre, ils ne pouvaient, disent nos chroniques, détacher leurs regards de votre image miraculeuse, et leurs yeux ne se lassaient point de vous contempler. Ah ! C'est que pour eux, la mystérieuse parole que la sainte Ecriture applique à l'épouse des cantiques : « Nigra sum, sed formosa. Je suis noire, mais belle ». Cette parole s'appliquait parfaitement à vous. Oui, vous étiez noire par le bois de cèdre dont était faite votre statue, mais vous étiez belle aussi par les souvenirs que vous rappeliez : vous étiez, en effet, la statue prophétique dont Jérémie s'était servi pour répandre à l'avance, parmi les tribus égyptiennes, la connaissance du grand mystère de l'Incarnation. Grâce à cette image sculptée, de pauvres idolâtres vous avaient connue et vénérée six siècles avant votre naissance, et ils avaient salué en vous la glorieuse Vierge qui devait enfanter le divin Rédempteur. La vue de votre image rappelait tout cela à vos pieux pèlerins ; elle leur rappelait aussi le souvenir du plus saint de nos rois, et vous étiez tout à la fois un monument religieux et national. Mais ce qui faisait surtout votre beauté aux yeux des foules qui venaient s'agenouiller à vos pieds, c'est que vous étiez l'instrument dont Dieu se servait pour répandre à profusion la grâce et le miracle. O Notre Dame du Puy, qui dira toutes les guérisons et toutes les conversions que Dieu s'est plu à opérer par vous, dans le sanctuaire du Mont-Anis ! Hélas ! Votre statue miraculeuse a été anéantie dans un jour de crime et d'abomination... mais, ô Marie, votre bras est toujours aussi puissant que par le passé. Vous pouvez, si vous le voulez, renouveler dans notre pays les merveilles d'autrefois. Nous vous en prions, ô Notre Dame ! rendez-nous vos antiques faveurs ! Et, pour commencer, convertissez nos âmes pécheresses, détachez-les du mal, ouvrez nos yeux à la lumière de la vérité, donnez-nous une foi vive et ardente, faites pénétrer dans nos coeurs la douceur de votre amour, rendez-nous enfin, ô Marie, dignes de vos bienfaits !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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17 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Dix-huitième jour

Notre Dame du Puy et l'Ordre de Saint-François d'Assise

 

L'Ordre de Saint-François a joué un rôle si considérable dans notre pèlerinage, que ce n'est pas trop d'un chapitre à part, pour raconter les rapports étroits des Franciscains avec Notre Dame du Puy.

Ce fut du vivant même de saint François, sous l'évêque du Puy, Etienne de Chalencon, que les Franciscains s'établirent au Puy (1223). Saint François, qui aimait tant la sainte Vierge, ne pouvait manquer d'établir, dans notre ville, quelques-uns de ses enfants. Leur couvent était situé avenue de Vals, derrière le musée actuel. Ce monastère prit dès son début un rapide essor. L'illustre thaumaturge, saint Antoine de Padoue, mort en 1231, y fut deux ans gardien, et y enseigna la théologie. Au XVIIIe siècle on montrait encore sa cellule.

A peine installés au Puy, les Franciscains y établirent un centre florissant d'apostolat. Du treizième au quinzième siècle surtout, leur monastère fut la vivante incarnation des idées religieuses dont notre ville était alors l'un des principaux foyers.

Les Franciscains avaient un intérêt de premier ordre à répandre au loin la renommée et la popularité de notre pèlerinage. Le Grand Pardon ou Jubilé de notre Eglise angélique associait, en effet, les deux dates les plus chères au coeur des enfants de saint François : Le Vendredi-Saint et l'Annonciation de la sainte Vierge, c'est-à-dire le commencement et la fin de la rédemption du monde. La passion dont saint François avait porté visiblement sur son corps les glorieux et douloureux stigmates, et qui lui avait fait préposer ses enfants à la garde périlleuse des Lieux saints, la Passion, on le sait, était la fête franciscaine par excellence ; d'autre part, la solennité de l'Annonciation était aussi en grand honneur dans l'ordre Franciscain. Aussi les Franciscains, si nombreux, si actifs, si bienvenus des foules, adoptèrent-ils notre pèlerinage comme une oeuvre tout à fait en rapport avec l'esprit de leur institut, et se complurent-ils à répandre, en tous lieux, la renommée de notre sanctuaire et la date de ses grands et salutaires Jubilés.

Sous Charles VII, notamment, lors de l'invasion anglaise, les Franciscains contribuèrent beaucoup à faire de Notre-Dame du Puy un sanctuaire national. On sait qu'au commencement du quinzième siècle, le Puy et le Velay prirent tout à coup une importance hors ligne dans la lutte de nos Pères contre l'invasion anglaise. A partir de 1417, on vit notre province devenir le centre d'une ligne défensive, le point de ralliement et la base d'opération principale de la défense de l'intégrité nationale. Le Velay étant, en effet, la clef des défilés du Languedoc, se trouvait être par là-même la clef de ce qui restait de possessions au pauvre petit roi de Bourges. Les Franciscains, à cette occasion, se firent les chevaliers errants de la patrie malheureuse.

De 1407 à 1430, les preuves abondent de cette propagande franciscaine au nord, comme au midi et au centre de la France, et tout démontre que le sanctuaire de Notre Dame du Puy était le foyer d'où rayonnaient sur la France ces missionnaires de l'indépendance et de la nationalité françaises. Chez ces âmes religieuses et patriotiques, le pèlerinage de la Vierge d'Anis devint l'un des meilleurs instruments de la rédemption nationale. Et quand sonna le Jubilé de 1418, quand se produisit la rencontre mystérieuse des deux grandes fêtes franciscaines : la Passion et l'Annonciation, les enfants de saint François, répandus dans toute la France, montrèrent aux foules notre Vierge noire comme la Notre Dame des Victoires de la patrie en danger, et convièrent partout les populations au Grand Pardon de Notre Dame du Puy, en annonçant que son patronage porterait bonheur aux pauvres lys si tristement courbés et agités par la tempête. Aussi, grâce aux Franciscains, aucune cité de France, aucune province, aucun village même n'ignorait la gloire de Notre Dame du Puy et la date de ses célèbres Jubilés. Cette dévotion de l'ordre de Saint François pour Notre Dame du Puy engagea sans doute sainte Colette à venir fonder dans cette ville un couvent de Clarisses.

L'illustre franciscaine, usant de l'ascendant souverain qu'elle exerçait sur dame Claude de Rousillon, veuve du vicomte Armand de Polignac, pria cette châtelaine de vouloir bien lui choisir un emplacement au Puy, aux pieds du célèbre sanctuaire de Notre Dame. En conséquence, la vicomtesse acheta, dans un coin de la cité, près des fortifications, un groupe de jardins et de maisons où fut bâti, après bien des obstacles et des difficultés, l'humble couvent actuel des pauvres Clarisses (1432).

Quelques années plus tard (1451), le frère Basile, franciscain de l'observance, étant venu prêcher au Puy, y obtint de tels succès de conversion que l'on vit les femmes de la ville venir déposer entre ses mains tous les vains ornements de leurs parures mondaines, et les hommes lui remettre tous les mauvais livres, les dés et les jeux de cartes qu'ils possédaient ; en sorte, dit la chronique, que le missionnaire franciscain en avait amassé la charge de plusieurs mulets. A un jour donné, il convoqua tout le peuple sur la place du Breuil, et là, en face du sanctuaire de Notre Dame, il livra impitoyablement aux flammes d'un immense bûcher, tous ces objets de luxe et de perversion.

En 1609, les Franciscains de la nombreuse et austère réforme des Capucins, vinrent à leur tour s'établir au Puy, sous l'égide de Notre Dame du Mont Anis. Parmi ces dignes fils de saint François, le B. P. Théodose de Bergame se distingua entre tous par sa dévotion pour la sainte Vierge. Contre l'usage des autres prédicateurs, il prêchait tous les samedis en son honneur, afin de propager la gloire de cette grande Reine du ciel et de la terre. Il s'efforçait d'établir partout la dévotion du saint Rosaire, que, de concert avec les Dominicains, il rendit familier à tous les habitants du Velay. Son amour et son dévouement pour Notre Dame du Puy l'engagèrent dans de laborieuses recherches sur les anciennes dévotions et les miracles éclatants relatifs à ce saint pèlerinage. Il en composa même un ouvrage, introuvable aujourd'hui, mais dont le texte a servi de base à l'ouvrage du père jésuite Odo de Gissey, qui n'a fait qu'augmenter et perfectionner le travail de son vénérable devancier.

Hélas ! Du couvent des Franciscains et des Capucins, il ne reste plus rien aujourd'hui. La Révolution a tout détruit ! seul, le couvent de Sainte Claire, fondé par sainte Colette, existe encore et continue nuit et jour de monter silencieusement sa garde d'honneur aux pieds du sanctuaire de Notre Dame du Puy.

 

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Prière

 

Ô Marie, nous venons de voir quels magnifiques hommages l'Ordre de Saint François vous a rendus dans le Velay. Hélas ! Qui nous rendra ces âges de foi, où les ordres religieux prospéraient librement dans notre patrie, pour la plus grande gloire de Dieu et de sa sainte Mère, pour le plus grand bien aussi de la société civile et religieuse ! En ce temps-là, il y avait des asiles pour tous les coeurs épris de la beauté et de la sagesse éternelles. Les cloîtres étaient ouverts à toutes les âmes avides de solitude, de silence et d'amour de Dieu. On pouvait se choisir une famille entre toutes les nombreuses familles monastiques pour y servir le Père céleste dans la prière et le travail. Et même, lorsque quelqu'un ne pouvait aller au cloître, le cloître venait à lui par le Tiers-Ordre. En ce temps-là, l'empire de la peur ne dominait pas les consciences comme aujourd'hui ; on ne craignait pas de se montrer chrétien ; on n'avait pas fait, du mot bien innocent de clérical et de congréganiste, un ridicule épouvantail qui arrête les meilleurs. On se faisait gloire d'appartenir à l’Église et aux associations religieuses. On eût cru n'être pas complètement chrétien, si on n'eût appartenu au Tiers-Ordre Franciscain. Tout en restant dans le monde, on portait les armes de cette belle chevalerie, on combattait sous sa bannière, le bon combat de la vie, et l'on mourait heureux, ceint de la corde et revêtu du pauvre habit de bure de Saint François. Le monde chrétien était ainsi une immense confrérie, dont l'amour de Dieu unissait tous les membres.

Hélas ! Que les temps sont changés !... Les cloîtres sont aujourd'hui fermés, les religieux dispersés, et les âmes nombreuses que Dieu appelle, chaque jour, à la vie monastique, sont condamnées à errer dans le monde, souffrantes, découragées et sans vocation ! Triste nécessité que celle-là ! mais il est un remède à ce mal. Si les couvents des grands ordres sont fermés, le Tiers-Ordre est ouvert à tous! et le Souverain Pontife Léon XIII a déjà, à deux reprises, exhorté vivement les âmes à s'enrôler dans la grande association franciscaine. Ô Marie, qui êtes la glorieuse patronne du Tiers-Ordre de Saint-François, attirez à vous les âmes qui se perdent, et par le Tiers-Ordre Franciscain, suivant le désir de son séraphique fondateur, faites-les toutes aller en Paradis. Ainsi soit-il !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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16 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

St Jeanne d'Arc

 

Dix-septième jour

Comment Jeanne d'Arc, sur le point de délivrer la France, envoya sa mère au Jubilé du Puy pour recommander à notre Vierge noire le succès de sa mission.

 

Nous voici arrivés au point le plus glorieux et le plus émouvant des annales de Notre Dame du Puy. Nous avons dit hier, comment sous Charles VII, les Anglais se trouvaient maîtres de la moitié du sol sacré de notre patrie. L'heure de la délivrance de la France vint enfin sonner avec le Jubilé de 1429. Ce Jubilé fut un événement considérable et heureux entre tous. Il se lie d'une manière intime avec la mission de Jeanne d'Arc. Nous allons essayer de le démontrer, non sans émotion patriotique et sans légitime fierté.

C'était la troisième fois, depuis le commencement du quinzième siècle, que survenait cette conjonction mystérieuse et bénie du Vendredi Saint et de l'Annonciation de la très Sainte Vierge. Les peuples d'alors avaient un vague pressentiment que quelque chose de grand allait se passer à cette occasion. De fait, le salut de la France était proche, et le Ciel allait intervenir pour chasser les Anglais de notre chère et malheureuse patrie.

Le 6 mars 1429, dimanche de Laetare, Jeanne d'Arc, obéissant aux voix d'en haut, arrive à Chinon pour trouver le roi, et lui faire part de la mission dont elle est chargée par Dieu, auprès de lui. Cette mission est étrange chez une jeune fille : Avec ses mains qui n'ont jamais manié que la quenouille de fileuse et la houlette de bergère, Jeanne ne prétend rien moins qu'à remettre, au front du roi de France, la couronne de Clovis et de Charlemagne, si douloureusement humiliée et tombée dans les sanglants désastres de Verneuil, d'Azincourt, de Poitiers et de Crécy. Mais ce que voulait Jeanne, Dieu le voulait aussi, et dès lors il n'y avait plus d'impossibilité.

Admise, quatre jours après son arrivée, à l'audience royale, Jeanne va droit au roi, qui se cachait derrière ses familliers, et lui dit : « Gentil Dauphin, j'ai nom Jehanne la Pucelle, et vous mande le Roi des cieux par moi, que vous serez sacré et couronné dans la ville de Reims ». Elle ajouta ensuite ces paroles dont le Ciel seul pouvait lui avoir inspiré l'admirable à-propos : « Je vous dis aussi de la part de Messire Dieu, que vous êtes vrai héritier de France et fils de roi ».

Cette révélation fut un trait de lumière pour Charles VII. Quelque temps auparavant, il avait eu, en effet, dans son oratoire, une pensée pleine de trouble et d'angoisse : Un doute mortel était venu tout à coup étreindre son âme. Se souvenant de l'infamie de sa mère, il se demandait s'il était bien le fils de Charles VI, le légitime héritier du trône de saint Louis. Jeanne venait de mettre fin à ce doute cruel. Dieu seul pouvait avoir donné à cette jeune fille le don de lire ainsi dans les plus secrètes pensées du roi. À dater de ce moment, Charles VII crut à la mission de Jeanne d'Arc, et s'abandonna à ses surnaturelles inspirations.

Mais avant de s'élancer sur les champs de bataille, et de courir sus aux Anglais, Jeanne voulut mettre son entreprise sous la protection de Notre Dame du Puy. On était au mois de mars, le grand Jubilé qui avait été annoncé par toute la France allait s'ouvrir le 25 du même mois. Or, Jeanne avait marqué d'avance ce célèbre Jubilé comme devant être le point de départ de la rédemption française. Dans l'idée de l'héroïne, c'était au moment où la prière de la France entière retentirait sous les voûtes du sanctuaire du Mont Anis, que la sainte Vierge manifesterait son intervention miraculeuse en faveur de notre patrie. Telle était, à cet égard, la conviction de Jeanne d'Arc, qu'avant de brandir son épée, ne pouvant venir elle-même en pèlerinage au Puy, retenue qu'elle était par les docteurs de Poitiers, qui lui faisaient subir un examen d'orthodoxie, elle se fit représenter à notre Jubilé par sa mère, et par plusieurs chevaliers qui lui avaient servi d'escorte dans son voyage de Vaucouleurs à Chinon. Nous avons de ce fait un témoignage absolument authentique et digne de foi, celui du Franciscain, frère Jean Pacquerel, l'aumônier et le confesseur de Jeanne d'Arc. D'après la déclaration de ce religieux faite sous la foi du serment, au cours du procès de réhabilitation de la Pucelle, il résulte que le frère Jean Pacquerel eut, pour la première fois, connaissance de la mission de Jeanne d'Arc et de sa venue à la cour, au Jubilé du Puy de 1429, où il se rencontra avec la mère de Jeanne et quelques-uns de ceux qui avaient amené la Pucelle vers le roi. On lia connaissance, et la mère et les compagnons de Jeanne prièrent instamment le Franciscain de se rendre avec eux vers la jeune fille. Cédant à leurs instances, il s'en vint avec eux jusqu'à Chinon et de là jusqu'à Tours, où Jeanne se trouvait alors. Arrivés auprès d'elle, ils lui dirent : « Jeanne, nous vous amenons ce bon Père dont vous serez très satisfaite ». Elle répondit qu'elle était fort contente en effet, qu'elle avait entendu parler déjà du nouvel arrivant, et qu'elle voulait, dès le lendemain, lui parler et se confesser à lui. Effectivement, le lendemain, frère Jean Pacquerel confessa Jeanne, lui chanta la messe, et, depuis ce moment, ce religieux ne quitta plus notre héroïne, qu'il accompagna partout jusqu'à Compiègne où elle fut faite prisonnière.

Ainsi, il est donc certain que Jeanne d'Arc assista, par sa mère, au Jubilé qui s'ouvrit au Puy, le 25 mars 1429.

Certes, les gloires de notre sanctuaire ne se comptent plus ; mais nous sera-t-il permis de le dire, nous n'en savons pas qui égale l'arrivée dans nos murs de la mère de Jeanne d'Arc, au moment le plus critique de notre existence nationale. Cette pauvre femme du peuple, Isabelle Romée, cette humble visiteuse à peine échappée de son village, et qui vint, en cette heure solennelle, verser aux pieds de notre Vierge, l'âme de la France, nous touche plus, nous, fils du Velay, que les plus fiers potentats et les plus illustres monarques. Nous oublions, en face de cette pèlerine de notre bien-aimée Lorraine, Charlemagne, Urbain II et saint Louis lui-même. Quelles invocations sortirent de ce coeur simple et fidèle, lorsque à genoux sur le parvis de notre cathédrale, et confondue dans la foule pieuse, Isabeau Romée tendit ses mains suppliantes vers cette sainte image qui avait entendu tant de prières à travers les siècles ? Elle pleura, elle pria sans doute, la noble paysanne, pour sa petite Jeannette, la chère créature qu'avaient portée ses entrailles... Pauvre Isabeau Romée ! Qui ne voudrait connaître, dans la basilique, le lieu qu'elle arrosa de ses brûlantes larmes ! Quel coeur français n'y verserait les siennes ! Je la vois, cette pauvre mère, répandant silencieusement ses pleurs aux pieds de la Vierge noire, se relevant, essuyant son visage, et mêlée à la foule des pèlerins, se diriger vers le sanctuaire de l'Aiguilhe-Saint-Michel, et là, implorer encore le secours de l'Archange par lequel sa pauvre enfant se disait dirigée et soutenue.

Scène attendrissante ! Souvenirs émouvants, combien l'on a de peine à s'arracher à vous !

Cependant la France n'avait pas invoqué en vain Notre Dame du Puy. L'heure de la délivrance était venue. Le Jubilé de 1429 dut finir le 2 ou le 3 avril. Or, le 30 du même mois, Jeanne d'Arc entrait dans Orléans, et forçait les Anglais à se réfugier dans les bastilles qu'ils avaient établies au midi de la Loire. Le 8 mai, elle les en déloge complètement, s'emparant de leurs munitions et de leurs bagages, de leurs malades et d'un grand nombre de prisonniers. Mais il y avait encore loin d'Orléans à Reims où devait être sacré le roi. Tout le pays était occupé par l'ennemi. La route était partout hérissée de forteresses gardées par de fortes garnisons, et, chose triste à dire, la plupart des populations qui étaient tombées sous le joug des Anglais, avaient déjà pris leur parti de la domination étrangère. Jeanne triompha de tous les obstacles, et le 17 juillet 1429, le jour môme de l'octave de la Dédicace de Notre Dame du Puy, Charles VII était enfin sacré à Reims et couronné roi de France.

Vive le Christ qui aime les Francs ! Vivat Christus qui diligit Francos ! Tel est le cri qui s'échappe de notre poitrine en terminant ce glorieux chapitre. Ah ! Puisque l'occasion s'en présente, recueillons et étudions les enseignements qui découlent de cette intervention du Ciel dans les destinées de notre chère patrie. La patrie, sachons-le bien, c'est Dieu qui l'a faite ; par conséquent c'est lui seul qui l'ôte, c'est lui seul aussi qui peut la rendre. La patrie est le composé sacré des autels et des foyers d'un peuple. Nul peuple ne perd sa patrie que par suite de quelque mystérieux châtiment ; et c'est pourquoi, pour la recouvrer, il ne suffit pas de combattre avec une épée, mais il faut surtout prier, lever les yeux et les coeurs au ciel, trouver des hosties et des immolations, et envoyer à Dieu, à travers la fumée des batailles, par les lèvres pures des vierges et des petits enfants, la grande prière des peuples vaincus : « Seigneur, rends-nous la patrie, rends-nous la liberté ! »

C'est cette prière que Jeanne d'Arc fit par sa mère aux pieds de la statue de Notre Dame du Puy, et c'est à la suite de cette prière qu'il fut donné à Jeanne-la-Lorraine de délivrer la France !

 

 

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Prière

 

O Marie, qui avez autrefois délivré la France des Ariens, des Musulmans, des Albigeois et des Anglais, ne permettez pas qu'elle tombe maintenant sous le joug de ces Allemands qui nous menacent sans cesse d'une nouvelle invasion ! Songez que ces ennemis de la France sont vos pires ennemis, puisqu'ils sont infectés pour la plupart de l'hérésie protestante !… O vous qui avez suscité Jeanne d'Arc au quinzième siècle, pour délivrer votre royaume de l'invasion Anglaise, ne permettez pas que cette terre, qui est vôtre, soit violée de nouveau par la Prusse hérétique ! Rendez à la Mère-Patrie l'Alsace et la Lorraine, ces deux filles bien-aimées de la France qui lui ont été si violemment et si injustement ravies !… Mettez, par votre protection, des bornes infranchissables à nos frontières menacées ! Et si, ce qu'à Dieu ne plaise, de nouveaux combats étaient nécessaires pour le salut et l'honneur de la France, alors, ô Marie, combattez avec nous, et donnez la victoire à vos enfants ! Si Maria pro nobis, quis contra nos ? Si vous êtes pour nous, ô Marie, qui sera contre nous ? Oui, nous en avons la ferme confiance, ô Notre-Dame, aux heures du péril, vous viendrez aux secours de la patrie en danger. Et le vieux cri de nos pères restera toujours vrai : regnum Galliae, regnum Mariae, nunquam peribili ! la France qui est le royaume de Marie, ne périra jamais ! Notre Dame du Puy, priez pour la France. Amen.

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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13 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Quatorzième jour

Notre Dame du Puy et l'Ordre de Saint Dominique

 

C’était au commencement du treizième siècle : la secte impie des Albigeois infectait la France et l'Italie. Non contents d'altérer la pureté de la morale, ces hérétiques attaquaient les dogmes, défiguraient nos augustes mystères, et tournaient en ridicule les saintes cérémonies du culte public. Ils osèrent porter leur fanatisme jusqu'à vouloir anéantir le saint sacrifice et abolir les sacrements. L'humanité sainte et la divinité de Jésus-Christ ne trouvèrent pas grâce devant eux, et il n'est pas de blasphèmes qu'ils ne proférassent contre l'honneur et les prérogatives de la sainte Vierge. Dans cette seule hérésie des Albigeois, toutes les hérésies semblaient revivre.

On assistait véritablement au triomphe de l'enfer. L'erreur se répandait partout comme le feu d'un incendie. Le vice accrédité, la vertu outragée, les sacrements profanés, le sacerdoce décrié, le zèle calomnié, les temples démolis, tels étaient les trophées de l'hérésie. L'Eglise gémissait nuit et jour aux pieds des autels, elle réclamait de Dieu ses anciennes miséricordes, et le conjurait de prouver à l'univers que son bras puissant n'était pas raccourci. Les Pontifes consternés employaient, mais en vain, toutes sortes de moyens pour trouver un remède efficace à des maux si déplorables.

Tout à coup, au milieu de l'orage, paraît saint Dominique, un de ces hommes extraordinaires que Dieu tient en réserve dans les conseils de sa providence, pour les opposer, comme un mur d'airain, aux passions révoltées. Ce héros de la foi, n'étant encore que chanoine régulier de l'église d'Osma, vint d'Espagne en France, pour travailler à extirper l'abominable hérésie qui désolait alors plus particulièrement la province de Languedoc. Armé de la seule confiance en Marie et de la bénédiction du Souverain-Pontife, Dominique entreprit résolument l'oeuvre de la conversion des hérétiques. Mais n'obtenant pas d'abord tout le résultat et tout le fruit que son zèle était en droit d'attendre, notre saint s'en vint en pèlerinage au célèbre sanctuaire de Notre Dame du Puy, afin de recommander à la sainte Vierge le succès de sa mission. Ce n'est pas en vain qu'on implore celle qui a reçu de Dieu le pouvoir de détruire toutes les hérésies. Pendant qu'il était en prière dans la cathédrale, et qu'il épanchait son âme aux pieds de Marie, la suppliant avec larmes de vouloir bien bénir son ministère, la sainte Vierge apparut soudain à Dominique : elle lui fit comprendre la nécessité de la patience ; elle lui rappela toutes les humiliations et toutes les souffrances de son divin Fils pour le salut des hommes ; elle lui dit que l’Église ne succomberait pas sous les efforts de l'enfer, que ses travaux ne seraient pas stériles, mais que les grâces n'étaient accordées qu'à la persévérance. Puis elle ajouta : « Si vous voulez arrêter le débordement des maux qui affligent en ce moment une portion notable de la sainte Eglise, prêchez sans relâche, aux pauvres égarés, les mystères de leur rédemption, et amenez-les à les méditer, car tout le mal actuel vient de l'ignorance et de l'oubli des vérités de la foi ! » Elle l'engagea dans ce but à établir partout le Rosaire, qui est le rappel constant des grands mystères de notre salut, l'assurant que, de même que la salutation angélique avait été le principe de la rédemption du monde, ainsi cette salutation serait le principe de la conversion des hérétiques. « C'est là, ajouta-t-elle, le gage que je vous donne à vous et à l'ordre dont vous serez bientôt le fondateur, et je vous le donne pour vous témoigner mon affection spéciale ».

Saint Dominique obéit avec joie à cette recommandation de Marie. Guidée par elle, il prend pour symbole le Rosaire, formé de trois chapelets ou de quinze dizaines, y applique autant de mystères, et les prêche désormais, dans toutes ses missions, avec une éloquence irrésistible. Cette méthode lui réussit si admirablement, qu'en peu de temps il fit rentrer dans le sein de l’Église plus de cent mille âmes égarées. Telle fut l'origine du Rosaire.

Saint Dominique vint deux fois au Puy, et y établit lui-même ses religieux dans le mois d'octobre 1221. L'évêque Etienne de Chalencon et son chapitre, leur abandonnèrent l'église de Saint Laurent, le petit hôpital des pèlerins de Notre Dame et quelques possessions contiguës. L'église était paroissiale : on supprima la paroisse et on l'annexa partie à Saint-Georges, et partie à Saint Pierre du Monastier. Le couvent qu'on y bâtit était vaste et beau ; il tenait en France le second rang parmi les maisons de l'Ordre. C'est pourquoi, dans toutes les assemblées, le prieur du Puy avait le privilège de s'asseoir à la gauche du général, tandis que le prieur de Montpellier occupait la droite. La renommée de ce monastère était si grande, que le chapitre général s'y assembla trois fois. A celui de 1447 il ne se trouva pas moins de 1 800 religieux qui furent libéralement hébergés, pendant six jours, par Louis Armand de Chalencon, vicomte de Polignac, qui leur distribua de plus, à chacun, une aumône assez forte au moment de leur départ. Odo de Gissey, qui raconte ce trait, ajoute : « Confraternité y fut contractée entre eux tous et l'Eglise du Puy, se communiquant respectueusement, à perpétuité, les oraisons et bonnes oeuvres des uns aux autres ».

Ce couvent des Dominicains de Saint Laurent fut une véritable pépinière de saints et savants religieux. Au treizième siècle, on y voyait fleurir, sous l'égide maternelle de Notre Dame du Puy, deux fleurs de sainteté dans la personne des vénérables frères Rome Cathelan et Guillaume. Le premier, mort en 1260, aimait tant la sainte Vierge, qu'il avait coutume, en son honneur, de réciter, mille fois chaque jour, la salutation angélique. Aussi son corps, exhumé de terre après cent vingt ans, fut-il trouvé sans corruption et dans un état d'intégrité qui attestait bien son innocence. Quant au frère Guillaume, dont la fin arriva en 1270, il mérita par sa ferveur, de voir, à l'heure de son trépas, une troupe d'anges qui l'attendaient pour le porter en Paradis.

Mais le plus illustre et le plus saint des enfants de saint Dominique, que le couvent du Puy abrita dans son cloître, fut le grand saint Vincent Ferrier. Saint Vincent Ferrier est le type du missionnaire espagnol, un véritable conquérant d'âmes et le précurseur de saint François-Xavier. Né à Valence, le pays du Cid (Valentia del Cid), il évangélisa tout le continent européen et vint mourir à Vannes qui garde encore ses reliques dans une châsse magnifique. Notre Dame du Puy ne pouvait manquer d'attirer à son sanctuaire ce zélé serviteur de son Fils. Saint Vincent arriva, en effet, dans notre cité le 3 octobre 1416, à l'heure des premières vêpres de saint François d'Assise. Devant lui marchaient, nu-pieds et deux à deux, une centaine de religieux, revêtus de sacs de pénitence et précédés de la croix. Le saint suivait sur une mule, à cause de son grand âge et de ses infirmités. Après avoir visité la Vierge du Mont Anis, ils descendirent au couvent des Dominicains où ils furent tous logés. Le lendemain, jour de la fête de saint François, on dressa, sur une estrade, un autel, au fond de la grande prairie du Breuil, près le mur du couvent des Cordeliers, afin que le saint pu dire la messe et prêcher à tout le peuple. L'illustre dominicain y prêcha, pendant quinze jours, avec toute la liberté d'un apôtre et toute l'ardeur d'une âme enflammée de l'amour de Dieu. Pour se faire comprendre de tous ses auditeurs, il usait, dans ses prédications, de la langue vulgaire, c'est-à-dire du roman, qui était l'idiome usité depuis Poitiers jusqu'au fond de la Catalogne, depuis les extrémités de l'Aquitaine française jusqu'aux marches d'Espagne. Les plus illettrés des habitants du Puy ou des montagnes du Velay, suivaient donc aisément les instructions du saint, et en retirèrent de nombreux fruits d'édification et de salut. On venait entendre saint Vincent de dix, de quinze et même de vingt lieues. Les paroles du vieux missionnaire avaient tant d'efficacité, qu'il avait avec lui, pour entendre les confessions, un nombreux cortège de prêtres de différents Ordres, et qu'il se faisait même accompagner par des notaires, chargés de dresser, séance tenante, les actes d'accords sur les procès et les querelles des auditeurs. On peut se rendre compte, après cela, de l'émoi, de la ferveur et de l'attendrissement causés par la venue du saint dans cette ville du Puy Sainte Marie. Heureuse ville qui, grâce à Marie, était ainsi visitée, habitée et évangélisée par des Saints !

 

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Prière

 

Notre Dame du Puy que saint Dominique et ses enfants ont tant aimée et honorée, priez pour nous !

 

Ô Marie, comment, ne pas gémir en voyant les fils de saint Dominique et les religieux des autres ordres, expulsés de leur couvent et dispersés par la force comme une vulgaire association de malfaiteurs, eux qui sont cependant les bienfaiteurs de la société ! La haine de la religion peut seule expliquer de pareils attentats contre la liberté. Ceux qui s'en sont rendus coupables n'en veulent au fond qu'à la religion, et voilà pourquoi, afin de la saper dans ses fondements, ils ont commencé par renverser ces ordres religieux qui sont comme les plus solides remparts, élevés de la main de Dieu, pour la défense de son Eglise.

Ô Marie, prenez en main la cause de la religion persécutée, et venez au secours des pauvres religieux dispersés ! Aidez-les dans leurs épreuves, subvenez à leurs besoins, soutenez-les dans leurs combats, vengez-les des calomnies dont on les accable, en convertissant ceux qui leur font du mal ! Surtout, ô Marie, rendez bientôt aux expulsés les couvents où ils ont juré à Dieu de vivre et de mourir ! Que l'on ne puisse plus dire, à la honte de la France, que les maisons de prière et d'étude, que les asiles sacrés de la vertu sont interdits et fermés de par la loi, alors que les théâtres, les lieux de plaisir et de débauche sont autorisés par elle. Hélas ! Jamais siècle peut-être n'eût plus besoin des exemples de renoncement et de pauvreté, d'obéissance et de chasteté que les religieux donnent au monde.

Ô Marie, ne permettez donc pas que la France reste plus longtemps privée du bienfait de la vie religieuse ! Que les couvents, d'où la prière monte jour et nuit vers Dieu, reprennent et continuent leur œuvre éminemment morale et sociale! qu'ils redeviennent l'asile des belles et grandes âmes, et qu'ils servent de nouveau de paratonnerres à notre coupable patrie ! Notre-Dame du Puy, priez pour les religieux expulsés ! Amen !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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12 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Treizième jour

Comment Adhémar du Monteil, évêque du Puy, institua en l'honneur de Notre Dame le Salve Regina

 

Adhémar du Monteil est l'une des plus grandes figures de l'épiscopat anicien. C'est aussi l'un des personnages qui ont le plus aimé et honoré Notre-Dame du Puy. La maison des seigneurs de Monteil, du nom d'Aymard ou d'Adhèmar, est fort ancienne, et peut prendre rang parmi les plus illustres du Dauphiné. Elle subsistait déjà avec éclat, sous le règne de Charlemagne, puisque vers 814, cet empereur établit duc de Gênes, un de ses membres, Hugues Adhèmar, pour le récompenser d'avoir expulsé les Sarrasins de l'île de Corse. Cette famille était donc puissante, dès le neuvième siècle. Une de ses principales branches possédait en apanage, et avait pour siège la ville et seigneurie de Monteil. De là le nom de Monteil-Aymard ou Montélimart, donné depuis à cette ville. C'est à cette branche qu'appartient notre Adhémar, évêque du Puy.

L'élévation de ce Pontife à l'évêché du Velay, eut lieu vers 1080. Nous avons vu, hier, comment le Pape Urbain II, traversant les Alpes en 1095, s'était dirigé, par Valence, vers le Puy-Sainte-Marie, afin d'y réunir le Concile sous les auspices de Notre-Dame, et d'en appeler à toute la chrétienté pour la délivrance de la Terre sainte. Grande lut la joie dans tous les coeurs vellaviens, quand cette nouvelle se répandit dans notre pays. Grand fut le nombre des pèlerins qui voulurent visiter le sanctuaire angélique, à la fête du mois d'août, lorsqu'on sut la prochaine arrivée du Pontife et la cause de son voyage. Tout ce qu'il y avait de coeurs nobles et généreux dans la province, désirait voir le Pape et entendre ses paroles. Au jour fixé, de chaque manoir féodal comme de chaque village, par les grandes routes et par les rudes sentiers qui conduisaient à la cité d'Anis, accoururent, avec les habitants des campagnes, les châtelains suivis de leurs dames, de leurs enfants et de leurs vassaux.

Nous avons dit avec quelle pompe Adhémar reçut le Souverain Pontife, et comment celui-ci, après avoir pris connaissance de la ville, la trouva trop petite, hélas ! Pour y tenir commodément les grandes assises préliminaires de la Croisade. Le Concile fut donc convoqué à Clermont, où Adhémar se rendit avec un grand nombre de ses diocésains. Là, au milieu d'un auditoire immense et d'un silence profond, le Pape, d'une voie émue, fit une peinture aussi vive que touchante des outrages que les Musulmans, détenteurs et profanateurs des Lieux saints, faisaient subir aux pèlerins et aux sanctuaires de la Palestine. Puis, s'adressant au coeur toujours si noble et si généreux du peuple Français : « Armez-vous donc, mes chers fils, s'écria-t-il, armez-vous du zèle de Dieu ! marchez au secours de vos frères, et le Seigneur sera avec vous ! Tournez contre l'ennemi du nom chrétien, les armes que vous employez injustement les uns contre les autres. Rachetez, par ce service si agréable à Dieu, les crimes qui excluent de son royaume, et obtenez-en, par là, le pardon. Pour nous, plein de confiance en la miséricorde de Dieu et en l'autorité de saint Pierre, nous remettons toute pénitence à ceux qui prendront les armes contre les infidèles, et nous promettons l'éternelle récompense et les infinies bénédictions de Dieu à tous ceux qui combattront pour la délivrance de la Terre sainte ! »

A ces mots, une immense acclamation s'élève du sein de la foule : « Dieu le veult ! Dieu le veult ! » s'écrie-t on de toutes parts. Et le Pape regardant le ciel : « Oui, Dieu le veult, dit-il ; allez ! et que ce soit là votre cri de guerre ! »

A ce moment, un évêque vient se jeter aux pieds du Souverain Pontife, et demande humblement, le premier, la croix d'étoffe rouge qui devait servir de signe de distinction aux Croisés. Cet évêque, c'est Adhémar du Monteil. Le Pape lui impose la croix de sa propre main, et l'institue solennellement son légat en Orient et le chef ecclésiastique de la Croisade. L'exemple d'Ahémar est comme une étincelle électrique qui se communique à toute l'assistance. Tous veulent partir, tous ambitionnent l'honneur d'aller combattre les infidèles. Le nombre de ceux qui réclament les croix d'enrôlement est si grand, que toutes les étoffes rouges de la ville furent bientôt complètement épuisées.

Le Tasse nous apprend, dans son immortel poème de la Jérusalem délivrée, que la ville du Puy, à elle seule, ne fournit pas moins de quatre cents guerriers à la Croisade.

 

Quatro cento guerrier... di Pogio.

 

Quant aux autres Croisés vellaviens, il n'y en eut pas moins de quatre à cinq mille, disent un grand nombre d'historiens. Souvenir à jamais glorieux pour le diocèse et la ville du Puy-Sainte-Marie !

Or, c'est à l'occasion du départ de ces guerriers pour la Terre sainte, que l'évêque du Puy composa l'hymne magnifique, connu sous le nom de Salve Regina. On a émis beaucoup d'opinions différentes sur l'auteur de cette admirable prière. Mais il résulte de l'étude approfondie de cette question que c'est bien véritablement l'évêque du Puy, Adhémar du Monteil, qui composa cet hymne pour en faire le chant de guerre des Croisés. Voilà pourquoi, dès le douzième et treizième siècle, cette sublime invocation était généralement connue sous le nom d'Antienne du Puy, Antiphona de Podio. Saint Bernard lui-même ne l'appelait pas autrement lorsqu'il en parlait, en 1130, à un abbé de Dijon. On croit, et il est probable, que cette Antienne fut chantée, pour la première fois, lorsque Adhémar, avant de partir, réunit dans sa cathédrale, aux pieds de Notre-Dame, tous ceux de ces valeureux diocésains qui avaient pris la croix. Ce n'est pas sans émotion religieuse et sans fierté patriotique, que l'on se figure ces quatre à cinq mille guerriers vellaviens, inaugurant, sous les voûtes sombres de la basilique Anicienne, ce cantique admirable, qu'un élan de saint enthousiasme avait fait jaillir du coeur de leur Evêque, et où leur âme trouvait, magnifiquement rendus, les sentiments d'amour et de vénération qu'ils professaient tous pour la Mère de Dieu, Notre-Dame du Puy. Avec quelle ardente foi et quelle pieuse énergie toutes ces voix mâles et fortes durent lancer vers le ciel les supplications pressantes et les touchantes invocation, dont se compose le Salve Regina. Les anges du Paradis durent certainement applaudir à ce magnifique et formidable concert, et Marie, du haut du ciel, dut bénir tous ces valeureux enfants du Velay. Quoiqu'il en soit de l'inauguration de ce chant, l'historien Darras dit que le Salve Regina fut chanté, au moment du départ, par les cent mille Croisés que Godefroy de Bouillon passa en revue, et qu'Adhémar du Monteil bénit solennellement.

Depuis lors, le Salve Regina est devenu célèbre. Il fait partie de la liturgie romaine, écrin magnifique dont il n'est pas la perle la moins précieuse, et la sainte Eglise, après l'avoir enchâssée ainsi dans son office canonial, le récite tous les jours, depuis la Trinité jusqu'à l'Avent.

Rien de plus suave, au reste, de plus beau et de plus saintement éloquent que le texte de cette admirable prière. Composée par un saint, dit le vénérable Canisius, elle a été propagée par des saints. Son sens fécond, sa profondeur mystérieuse, sa grâce ineffable, nourrissent l'esprit, attendrissent le coeur et embrasent les âmes d'amour pour la Mère de Dieu. Saint Bonaventure, saint Bernard et plusieurs autres mystiques se sont plu à commenter cette antienne. Saint Alphonse de Liguori, dans un de ses ouvrages, en a fait une paraphrase qui fait les délices des âmes pieuses. Il est certain que cette prière renferme, pour l'âme, des trésors cachés de douceur et de consolation. Oh ! qui dira tous les apaisements, toutes les espérances, tous les baumes que cette antienne, inexprimablement belle d'Adhémar du Monteil, a versés, depuis bientôt huit siècles, dans le coeur de tous ceux qui soupirent ici-bas après le bonheur du ciel, et qui, par cette antienne, supplient Marie de leur en ouvrir la porte.

Puisse désormais cette prière monter souvent de notre coeur et de nos lèvres vers Marie, et nous attirer sa toute puissante protection. Ainsi soit-il.

 

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Prière

 

Ô Marie, en union avec tous les fidèles et tous les prêtres de l'Univers, nous réciterons, chaque jour, de tout notre coeur, conformément à la prescription du glorieux Pape Léon XIII, la belle prière anicienne du Salve Regina. La pensée qu'a eue le Souverain Pontife d'en faire désormais la prière quotidienne, obligatoire et universelle de toutes les églises du monde catholique, les trois cents jours d'indulgence qu'il a daigné attacher à la récitation de cette antienne, prouvent bien l'efficacité et l'importance de cette sublime invocation. Nous la réciterons donc dorénavant aux intentions marquées par Notre Saint Père le Pape.

Ô Marie, au milieu des maux si graves qui nous assiègent, et en prévision des maux plus graves encore qui nous menacent, daignez écouter la touchante supplication que fait monter vers vous l’Église Catholique tout entière. Sainte Mère de Dieu, que cet immense concert de louanges, résultant de la récitation universelle du Salve Regina, dispose favorablement votre coeur à intercéder auprès de Jésus pour vos enfants de la terre ! Ô Marie, nous vous invoquons à genoux : venez au secours de la sainte Eglise qui vous prie par notre bouche ! Comme au onzième siècle, que l'hymne d'Adhémar du Monteil soit le chant pacifique de la nouvelle croisade qui s'impose aujourd'hui à tous les fidèles, la croisade contre le démon et les suppôts du démon ! Qu'à l'exemple de ses vénérables prédécesseurs Gélase II, Innocent II et Alexandre III qui, dans la persécution dont ils étaient victimes, vinrent au Mont-Anis, se recommander à Notre-Dame par la prière anicienne du Salve Regina, l'auguste Pontife actuellement régnant, ressente lui aussi les grâces salutaires et les douces influences qui découlent de l'antienne du Puy : et qu'enfin, du Pasteur suprême, ces grâces et ces influences rejaillissent également sur le troupeau tout entier. Ainsi soit-il.

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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11 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

Le Puy-en-Velay - Cathédrale Notre-Dame du Puy (83)

 

Douzième jour

Les Papes et Notre-Dame du Puy

 

Toutes les gloires semblent avoir été réservées au sanctuaire de Notre-Dame du Puy. Aucun hommage ne lui a fait défaut, depuis celui des peuples de tous les pays d'Europe, jusqu'à celui des rois de France et des Souverains Pontifes. Six Papes, en effet, sont venus en pèlerinage au Mont Anis. Il y a là de glorieux souvenirs à évoquer, en l'honneur de Celle pour qui nous écrivons. C'est pourquoi nous avons voulu les rappeler dans un chapitre à part.

Lorsqu'en 1095 le pape Urbain II voulut délivrer la Terre sainte du joug des musulmans, il convoqua d'abord un concile au coeur même de la France, cette terre du dévouement et de la foi. Le projet du Pape français, disent nos chroniqueurs, était de planter la bannière pontificale sur la vénérable basilique de Notre Dame du Puy, que son pèlerinage avait rendue célèbre dans toute la chrétienté et de sonner, du haut de la tour Saint Mayol, le beffroi d'alarme qui devait soulever l'Europe entière.

Urbain II vint en effet au Puy, le 14 août 1095. Il arriva aux portes de la ville, suivi des archevêques de Lyon, de Bourges, de Bordeaux et des évêques de Cahors, de Clermont et de Grenoble.

L'évêque du Puy, Adhémar du Monteil, un des futurs héros de la sainte Croisade, l'introduisit dans l'église angélique, par une porte que l'on pratiqua, à cette occasion, du côté du For, et que, par respect pour le Vicaire de Jésus-Christ, on mura sur-le-champ, pour qu'elle ne s'ouvrit que devant les Papes, ses successeurs. Urbain y célébra avec pompe, la fête de l'Assomption, et passa presque toute la journée au pied de l'autel de Marie, recommandant à Notre Dame du Puy, et plaçant sous son puissant patronage l'entreprise formidable qu'il avait conçue pour la délivrance des saints Lieux.

Malheureusement, la ville lui parut trop petite, et ses abords trop rudes et trop difficiles pour y tenir commodément les grandes assises préparatoires à la prise d'armes contre les Turcs. Le concile fut donc définitivement convoqué et réuni à Clermont, dans la Limagne, au milieu de la plus vaste et de la plus magnifique plaine d'Auvergne. Il y vint treize archevêques, quatre-vingt douze évêques, deux cent cinq abbés et une foule immense de gentilhommes et de peuple. Là, du moins, quel que fut le nombre, on pouvait se compter ; tandis que les multitudes accourues au Puy du Nord et du Midi, se seraient disséminées sans contact à travers les sinueuses et étroites vallées que domine le Mont Anis. Toutefois, et comme témoignage de la pensée et du désir qu'il avait eus de tenir le Concile dans la capitale du Velay, Urbain II data du Puy môme la lettre qui convoquait le Concile à Clermont. De plus, il choisit, pour son vicaire général et pour chef spirituel de la Croisade, notre évêque Adhémar du Monteil, qui se croisa généreusement le premier, avec quatre cents de ses diocésains.

Tel est le glorieux souvenir qui est resté attaché à la visite du premier Pape, venu en pèlerinage à Notre-Dame du Puy. L'histoire, qui procède par grands aspects, n'a tenu compte que du Concile de Clermont, des résolutions qui y furent prises, des scènes grandioses et des frémissements d'enthousiasme et de soulèvement universels dont il fut le théâtre ; mais une bonne et large part de cette gloire revient à notre ville, où la croisade naquit en réalité, se trama, s'organisa et reçut sa première exécution.

Le second Pape qui vint en dévotion au Puy Sainte-Marie, fut Pascal II. Ce Pape qui fit en France un séjour d'environ huit mois, se trouvait au Puy le 14 juillet 1107. Il confirma, par une Bulle, le privilège d'exemption, par lequel ses prédécesseurs, Sylvestre II et Léon IX, avaient mis l'Eglise du Puy sous l'autorité immédiate du Saint-Siège, faveur qui montre bien en quelle estime les Souverains Pontifes tenaient le sanctuaire du Mont Anis.

Le troisième Pape qui visita notre célèbre pèlerinage fut Gélase II, 1118. Obligé de quitter l'Italie, à raison des différents survenus entre lui et l'empereur Henri V, au sujet des investitures, ce Pape se réfugia en France, la terre hospitalière des pontifes romains persécutés. Il débarqua à Saint Gilles sur le Rhône, et vint ensuite d'Alais au Puy, d'où, après avoir passé par différentes villes des pays voisins, il arriva enfin à l'abbaye de Cluny où il mourut.

L'année suivante, 1119, son successeur, Caliste II, vint également en pèlerinage à Notre Dame du Puy, et s'empressa, aussitôt après son couronnement, de venir mettre son pontifical sous la protection de la puissante Reine du Mont Anis.

En 1130, Innocent II, forcé par les intrigues de l'antipape Pierre de Léon, à passer la mer avec une suite peu nombreuse, se rendit à son tour au sanctuaire angélique du Mont Anis, pour supplier la glorieuse patronne qui y préside, de mettre un terme aux divisions de l'Eglise. C'était, d'ailleurs, au Puy que s'étaient réunis, peu de temps auparavant, les évêques d'au-delà de la Loire, pour examiner lequel des deux prétendants devait être canoniquement reconnu comme Pape. Et tandis que saint Bernard faisait proclamer, à Etampes, Innocent, comme véritable pasteur des fidèles, saint Hugues, évêque de Grenoble, lui faisait, par son autorité, décerner dans la capitale du Velay, le même titre et la même obéissance. A son approche, toute la ville s'empressa de voler à sa rencontre. Rien ne lut oublié de ce qui pouvait l'assurer du respect et du dévouement dus à sa haute dignité. La porte papale s'ouvrit devant lui, et Ponce de Tournon, qui occupait alors le siège du Puy, sans avoir égard à la médiocrité de vie qu'il s'était imposée, et malgré la faiblesse de son grand âge, proportionna ses dépenses à la grandeur du noble pèlerin, qu'il avait le bonheur de posséder dans son palais.

Alexandre III ne se montra pas moins jaloux de rendre à Marie ses hommages dans le sanctuaire consacré par les Anges. Contraint à fuir devant l'antipape Victor et devant les armes de l'empereur Frédéric Barberousse, il vint lui aussi chercher un refuge en France. Parti de Montpellier, au mois de juillet, pour aller tenir un Concile à Clermont, il voulut auparavant révérer dans le Velay le célèbre temple du Mont Anis. On alla le prendre en procession à une demi-lieue de la ville, Il était en rochet et en camail, monté sur une haquenée blanche et suivi de sept cardinaux et de quelques évêques, montés également sur des mules et revêtus de la chape romaine. La multitude se prosternait à terre sur son passage ; chacun ambitionnait l'honneur de l'approcher et de toucher ses vêtements. On se pressait, on se précipitait en quelque sorte sur lui. Ces marques de zèle et de dévotion faisaient palpiter son coeur paternel. Il s'arrêtait pour donner à tous sa bénédiction ; il se laissait environner de la foule, sans permettre qu'on la repoussât pour faciliter son passage. Introduit par la porte papale dans le sanctuaire, il y resta plus d'une heure en oraison, et, durant trois jours qu'il demeura dans le pays, il ne manqua pas de célébrer tous les matins les saints Mystères, et de se rendre ensuite avec exactitude à l'office des Vêpres et des Matines. Pierre IV, évêque du Puy, le reçut dans son évêché et le traita avec une juste magnificence. Mais le pieux Pontife l'obligea à retrancher ce qu'il regardait comme un excès et à se renfermer dans les bornes d'une simplicité plus évangélique. C'était au mois d'août 1162 qu'Alexandre III avait offert à Marie ses respectueux hommages. Trois ans après, au mois de juin 1165, il revenait encore épancher son coeur aux pieds de cette sainte patronne, et lui recommander son retour dans la capitale du monde chrétien qui allait bientôt revoir son véritable pasteur.

Ainsi, six Papes sont venus en pèlerinage à Notre Dame du Puy. La renommée sans égale de l'église du Mont Anis, explique seule ces pèlerinages des Souverains Pontifes. C'est qu'ils savaient, en effet, que Marie n'avait pas un pareil sanctuaire dans toute la chrétienté. Dès le milieu du onzième siècle, un de leurs prédécesseurs, le saint Pape Léon IX, l'avait déjà hautement constaté : « Nulle part, dit-il, dans une Bulle restée célèbre, nulle part, dans aucun autre de ses sanctuaires, la très sainte Vierge ne reçoit un culte plus spécial et plus filial de respect, d'amour et de vénération que celui que les fidèles de la France entière lui rendent dans cette église du Mont-Anis, autrement dite du Velay ou du Puy-Sainte-Marie ».

Voici les paroles de la Bulle de Léon IX : « In hac ecclesia Aniciensi, quae et Velanensis seu podium sanctae Mariae dicitur, specialius ac proecordius prae coeteris ecclesiis sibi dicatis, colitur, amatur, veneratur memoria Beatae Mariae Virginis, a cunctis qui circumquaque universa morantur in Gallia ».

Quel titre de gloire pour notre pèlerinage que cette parole de Léon IX, et combien le P. Odo de Gissey avait raison de s'écrier, dans son histoire, « que parmi les sanctuaires dédiés à la Sainte Vierge, celui de Notre-Dame du Puy était le plus privilégié de tous ! »

 

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Prière

 

Notre-Dame du Puy, qui au treizième siècle avez donné un Pape à l'Eglise dans la personne de Clément IV, priez pour le Pape régnant actuellement ! Sainte Mère de Dieu, votre amour, et celui de la Papauté, vont de pair et sont inséparables dans le coeur de vos enfants. En effet, le Souverain Pontife est ici-bas le représentant de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; et de même, ô Marie, que ceux qui vous aiment véritablement ne séparent point dans leur affection Jésus-Christ de sa sainte Mère, de même ils doivent étendre l'amour qu'ils vous portent jusqu'à la personne auguste de celui qui tient ici-bas la place de votre divin Fils. Voila pourquoi nos aïeux reçurent avec tant d'enthousiasme et de vénération les six Papes que la renommée de votre sanctuaire conduisit au Mont Anis. Voila pourquoi aussi, ô Marie, nous inspirant de la grande dévotion de nos Pères pour le Saint-Siège apostolique, nous vous adressons aujourd'hui de tout notre coeur une ardente prière pour le Souverain Pontife. Injustement dépossédée du patrimoine de saint Pierre, que Pépin et Charlemagne lui avaient pieusement constitué avec l'épée de la France, la Papauté, de nos jours, se voit battue en brèche de toutes parts et se trouve livrée, sans aucun secours humain, à tous les assauts de l'impiété.

Ô Marie, étendez votre toute puissante protection sur celui que votre divin Fils a élu pour son lieutenant sur la terre. Assistez-le dans ses luttes et ses combats ; soutenez-le dans ses épreuves ; mettez un terme en particulier aux douloureuses afflictions que la France causa au coeur paternel du Léon XIII, et ne permettez pas que notre patrie soit plus longtemps infidèle à son litre de fille aînée de l'Eglise. Rendez enfin la Papauté victorieuse de ces hommes de ténèbres, qui s'efforcent de la renverser, parce qu'elle est le candélabre sacré qui porte et qui présente aux regards de tons, la lumière même du monde ! Faites, ô Marie, que toutes les intelligences s'éclairent à cette grande lumière du ciel, que toutes les âmes se réchauffent à ce feu sacré et que l’Église répande ses bienfaits sur tous les peuples qui vivent sous le soleil. En un mot, que la sainte. Eglise triomphe, et ce sera la justice! qu'elle règne, et ce sera la paix! qu'elle gouverne, et ce sera l'amour ! Oui, qu'elle triomphe, règne et gouverne, en tout heu, qu'il n'y ait plus désormais qu'un seul troupeau, un seul bercail, un seul pasteur, et ce sera le bonheur retrouvé et comme le Paradis reconquis sur la terre. Ainsi-soit-il.

 

Notre Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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10 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Onzième jour

Le Jubilé ou Grand Pardon de Notre Dame du Puy à partir de la Révolution jusqu'à nos jours.

 

La tourmente révolutionnaire s'était déchaînée sur la France comme un irrésistible ouragan. 93 avait succédé à 89. La religion et la patrie en deuil pleuraient le roi et la reine décapités, les églises fermées, profanées ou détruites, les prêtres exilés, égorgés, ou bien traqués partout comme des bêtes fauves, et obligés de se cacher dans l'ombre, pour exercer, au péril de leurs jours, les fonctions sacrées de leur ministère. Tout était sang et larmes pour l'Eglise de France. Comme Rachel, hélas ! elle voyait assassiner ses enfants et sa douleur était inconsolable. Rachel plorans filios suos et noluit consolari quia non sunt !... C'est dans ces circonstances lamentables que l'arrivée du vingt-troisième Jubilé de Notre Dame du Puy vint, comme la colombe de l'arche, apporter le rameau d'espérance à notre infortunée patrie.

On était en 1796. Mgr de Galard-Terraube était alors exilé en Suisse. Des mains impies et sacrilèges avaient arraché de son trône la statue vénérée de la Vierge noire, l'avaient brûlée sur la place publique et en avaient dispersé les cendres au vent... L'auguste basilique elle-même avait été profanée et pillée. Une créature pécheresse avait osé s'asseoir un jour à la place de l'image de Marie Immaculée, et y avait reçu des hommages idolatriques. Le sanctuaire enfin, découronné de sa gloire, était aux mains des schismatiques et des excommuniés. Dans cette triste conjoncture, Mgr de Galard-Terraube obtint du pape Pie VI, le 29 janvier 1796, une Bulle par laquelle le Vicaire de Jésus-Christ, suspendant la faveur octroyée au sanctuaire angélique par les Papes ses prédécesseurs, accordait lui-même, pour cette fois, un nouveau pardon, qu'on pourrait gagner dans tel temps et tel lieu du diocèse que les circonstances le permettraient, pourvu que ce fut en évitant tout contact avec les schismatiques. Sa Sainteté, voulant aussi faire participer à cette faveur les fidèles, prêtres ou laïques, que la Révolution avait jetés sur la terre d'exil, décréta qu'ils auraient également la faculté de gagner le jubilé à l'étranger, à la seule condition d'accomplir les œuvres de piété qui étaient en leur pouvoir.

Mgr de Galard, avons-nous dit, s'était réfugié en Suisse. Mais il avait laissé, dans son diocèse, un digne représentant dans la personne de M. de Rachat, curé de Tence, dont la foi vive ne faillit jamais, et qui a laissé après lui une mémoire vénérée. Celui-ci déploya le zèle le plus actif pour répandre, parmi les fidèles et les prêtres échappés au glaive révolutionnaire, la connaissance du Bref de Pie VI. La persécution, au lieu d'éteindre la foi, l'avait ravivée dans bien des âmes, et il y en eût beaucoup, qui, à l'occasion du Jubilé, surent tromper la vigilance et déjouer le mauvais vouloir des persécuteurs de la religion.

Cependant le régime révolutionnaire était tombé victime de ses propres fureurs. Un nouvel ordre de choses s'était établi ; un immense besoin de concorde et d'apaisement se manifestait de toutes parts. Bonaparte, en homme de génie qu'il était, comprit qu'il ne pouvait régner sur la France qu'autant que la Société serait replacée sur ses bases religieuses. Par un traité avec le Souverain Pontife, il rétablit donc la religion catholique en France, et réorganisa le culte aboli par la Révolution.

Hélas, une grande épreuve était réservée à ce sujet à notre chère Eglise du Puy. Pour des motifs d'intérêt supérieur, Pie VII usant de la plénitude de sa puissance spirituelle, anéantit les 135 sièges épiscopaux de l'ancienne France ecclésiastique, et créa, à leur place, par un concordat, soixante nouveaux sièges partagés entre dix métropoles.

Dans cette nouvelle circonscription des diocèses, celui du Puy fut complètement supprimé et se trouva englobé dans l'évêché de Saint Flour. C'était là une suppression aussi étrange que malheureuse, contre laquelle tout le Velay protesta ; mais dans la discussion qui eût lieu à cet effet, le corps législatif, tout imbu encore de principes révolutionnaires et de sentiments anti-religieux, déclara cyniquement vouloir détruire ainsi le foyer de superstition et de fanatisme dont le pèlerinage de Notre Dame du Puy, disait-il, avait été la cause non seulement pour le Velay, mais pour toutes les populations du centre de la France.

Pauvres législateurs ! Leur décision si préjudiciable à notre grand pèlerinage, dura jusqu'à ce qu'un décret réparateur vint, sous la Restauration, reconstituer, en l'agrandissant, l'ancien diocèse de Notre Dame du Puy.

Eclipsée un moment par le désastre des circonstances, la gloire du sanctuaire auguste de Marie devait, au bout de quarante-cinq ans, se ranimer et jeter au loin une nouvelle splendeur. Le vingt-quatrième jubilé arriva avec l'année 1842, sous l'épiscopat de Mgr Darcimoles. Depuis la Révolution, c'est-à-dire depuis un demi-siècle, d'autres lois, d'autres moeurs, d'autres tendances avaient remplacé les lois, les moeurs, les tendances anciennes. Il était à craindre que les grandes solennités de l'Eglise angélique ne se ressentissent d'un changement aussi profond ; mais il n'en fut rien. Le dix-neuvième siècle, si différent sous tant d'autres rapports des siècles précédents, a amené la même foule aux pieds de la Vierge du Mont Anis. A ce premier Jubilé on ne compta pas moins de 150,000 pèlerins.

Celui qui fut célébré en 1853 (le 25e) fut bien plus brillant encore. Quoiqu'il se présentât après deux Jubilés consécutifs dont avait joui la chrétienté tout entière, et qu'il s'ouvrit par un temps tellement rigoureux, que les voies restèrent complètement interceptées durant quatre à cinq jours. Il fallut se frayer, à travers les neiges et les frimas, des chemins par lesquels il n'y avait que la confiance en Marie qui pût oser s'aventurer. Toutes les paroisses du diocèse étaient invitées : chacune avait son jour ; ni glaces, ni neiges, ni fatigues, ni dangers ne purent les arrêter. Aucune ne fit défaut.

Il y eut des paroisses qui, pour être fidèles au pieux rendez-vous du Jubilé, furent obligées, tant la neige obstruait les chemins, de faire premièrement marcher devant eux les boeufs de leurs étables. On lançait ces nouveaux pionniers dans les montagnes de neige amoncelées sur la roule. Puis on faisait venir après eux tous les moutons que l'on avait pu rassembler dans le pays, et le piétinement de ces animaux finissait par tracer un chemin praticable. Alors les hommes achevaient ce que les animaux avaient commencé. Les femmes s'avançaient ensuite, et les petits enfants fermaient la marche de ces courageuses caravanes. Il y en eut qui descendirent ainsi de 1,359 mètres d'altitude.

Jamais, aux plus beaux âges du christianisme, l'affluence des pèlerins n'avait été plus considérable. Les calculs qui en furent faits en portent le nombre à 300,000 environ. La veille de la clôture, la ville ne renfermait pas moins de 80,000 étrangers. L'administration fut sérieusement inquiète de tant d'encombrement. Les hôtelleries, les maisons, les granges, tout regorgeait de pèlerins. Il fallut, cette nuit et la nuit suivante, tenir les églises ouvertes, pour donner un abri à ceux qui n'avaient pu en trouver ailleurs.

Enfin un vingt-sixième et dernier Jubilé eut lieu en 1864, sous l'épiscopat de Mgr Le Breton. Il vit se reproduire le même ébranlement de peuples et la même affluence de fidèles. Ce fut par centaines de mille que l'on compta les pèlerins accourus au Puy de l'Orient, de l'Occident, du Midi et de l'Aquilon. Parmi les assistants qui sont ici, beaucoup se souviennent encore avec émotion de ces jours inoubliables de grâce et de salut.

Jours d'allégresse et de bénédiction ! Puisse votre souvenir rester toujours vivant dans notre coeur ! Puissiez-vous aussi revivre pour chacun de nous dans nos futurs Jubilé.

 

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Prière

 

Ô Marie, le dix-neuvième siècle, qui a abusé de tant de grâces, a été condamné à s'éteindre tristement sans revoir, avant de mourir, les splendeurs et les consolations de vos salutaires jubilés !... mais le vingtième siècle sera béni par vous, dès son aurore, ô Vierge sainte, et votre vingt-septième Jubilé s'épanouira joyeusement avec l'année 1910. Heureux ceux d'entre nous qui vivront jusque-là ! Heureux ceux à qui il sera donné de profiter de cette grâce dont le monde aura été privé pendant quarante-six ans ! Puissent les jours mauvais de l'anticléricalisme et de la Révolution n'être plus alors qu'un lointain souvenir ! Mais en attendant, aimons et servons de tout notre coeur Notre Dame du Puy, n'attendons pas le retour de ses jubiles pour lui témoigner notre dévotion et notre amour. La Reine du Mont Anis est toujours en permanence sur son trône pour accueillir nos hommages et nos prières. Tous les temps lui sont bons pour dispenser ses grâces à ses serviteurs, et son sanctuaire renferme pour ceux qui viennent y prier un trésor toujours ouvert et toujours inépuisable de bénédictions spirituelles et temporelles. Sachons donc monde, Marie ne s'est montrée, jusqu'à présent, aussi bonne et aussi secourable aux chrétiens, qu'en sa vieille basilique du Velay. Gravissons souvent avec foi les degrés de son auguste temple ; venons souvent nous agenouiller sur le seuil de cette chambre angélique, témoin de tant de miracles et où se sont opérées tant de merveilles ; et là, contemplons et prions, comme nos pères, celle qui fut, à travers les siècles, leur bienfaitrice et leur mère. Comme eux nous puiserons, dans cette contemplation et dans cette prière, bien des joies et des consolations dans nos épreuves, de bonnes résolutions pour vivre plus saintement, de salutaires inspirations aux heures d'incertitudes et d'angoisses, en un mot d'abondantes faveurs pour le temps et pour l'éternité. Reine du Mont Anis, Notre Dame du Puy, faites qu'il en soit ainsi pour chacun de nous ! Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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9 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Dixième jour

Popularité du Grand Pardon ou Jubilé de Notre Dame du Puy, depuis son institution jusqu'à la grande Révolution française

 

Nous avons vu, hier, quelle fut l'origine du Grand Pardon ou Jubilé de Notre Dame du Puy. Voyons maintenant quelle fut son immense popularité.

Le Grand Pardon ou Jubilé de Notre Dame du Puy, ayant été institué en 992, et ne devant pas se renouveler avant 1910, il s'en suit, d'après les supputations du comput ecclésiastique, que cette précieuse indulgence est arrivée vingt-six fois en neuf cents ans.

Le premier de ces Jubilés sur lequel l'histoire ait enregistré des détails authentiques, est le dixième, qui fut célébré en 1407, sous l'épiscopat d'Elie de l'Estrange. A cette époque, le Jubilé ne durait qu'un jour. Or, il y eut, ce jour-là, au Puy, une telle affluence de pèlerins, que, malgré toutes les précautions de prudence prises par les consuls de la ville, il y eut jusqu'à deux cents personnes étouffées dans la foule. Le coeur se serre à la pensée d'une pareille catastrophe, qui se renouvellera plus d'une fois encore, dans les solennités de l'Eglise angélique. Mais la foi suggère d'autres sentiments que la nature et nous fait presque envier le sort de ces bienheureux pèlerins, à qui le Jubilé de Notre-Dame ouvrit ainsi les portes du paradis.

Le onzième Jubilé eut lieu en 1418, sous le même évêque, Elie de Lestrange. L'expérience du passé fit redoubler les précautions. Sur la prière qui lui en fut faite, le Souverain Pontife prolongea le Jubilé jusqu'au mardi de Pâques. Mais, malgré cela, la foule des pèlerins fut si grande, qu'on eut encore à déplorer la mort de trente-trois personnes qui périrent étouffées dans la presse.

Au douzième Jubilé qui suivit de très près celui-là (1429), on n'eut, cette fois, aucun accident à déplorer. Il est vrai qu'à la demande du roi Charles VII, le Souverain-Pontife avait prorogé l'indulgence jusqu'au dimanche de Quasimodo.

Le treizième Jubilé eut lieu en 1440. La dévotion et l'affluence des pèlerins y furent aussi grandes que de coutume. Mais, grâce aux précautions extraordinaires prises par les autorités civiles et ecclésiastiques, tout se passa sans accident de personne.

Il n'en fut pas de même en 1502 (quatorzième Jubilé). Cette fois, malgré un luxe de précautions inouïes, cent douze pèlerins périrent étouffés. Cette catastrophe provint de ce que l'évêque, Godefroy de Pompadour, croyant que le Jubilé de l'année sainte, qui avait eu lieu deux ans auparavant, dans la chrétienté toute entière, diminuerait considérablement le nombre des pèlerins du Puy, ne crut point devoir recourir au Souverain Pontife comme l'avaient fait ses prédécesseurs, pour obtenir une prolongation du Jubilé. Mais, contre son attente, il y eut, dès le dimanche des Rameaux, une affluence énorme de pèlerins, et cette affluence continua d'une façon si prodigieuse les jours suivants, que les chemins se trouvant trop étroits, les pieux voyageurs furent obligés de se frayer des routes plus larges, à travers les blés et les vignobles, qui furent ainsi endommagés sur une largeur de quatre à cinq toises. On aurait dit que l'Italie, l'Espagne, l'Angleterre, s'étaient épuisées d'habitants ; il se trouva même, parmi la foule des étrangers, plusieurs familles grecques. Depuis les Vêpres du jeudi jusqu'aux Complies du lendemain, les rues furent encombrées d'une multitude tellement pressée, que si quelque objet venait à tomber, personne n'osait ni ne pouvait se baisser pour le ramasser. Les habitants du même pays et les membres d'une même famille tenaient leurs bâtons haussés, avec des enseignes pour se reconnaître ; et la chaleur qu'ils souffraient, quoiqu'en plein air, était si forte, qu'elle les contraignait à supplier, ceux qu'ils voyaient aux fenêtres, de leur verser de l'eau sur la tête pour les rafraîchir, ce que la charité s'empressait de faire en y joignant quelques fruits pour les désaltérer. Les provisions furent loin de suffire, et la cherté devint excessive. Les trois mille confesseurs, dont l'Evêque s'était pourvu, ne pouvant suffire à la multitude, on dut y en ajouter encore un millier. Ils étaient échelonnés dans la basilique ; les églises, les porches, les cimetières en étaient bordés ; plusieurs se tenaient à la porte Saint Gilles ; un plus grand nombre s'étaient établis dans la grande prairie du Breuil. Dans une presse si compacte, il était impossible de n'avoir pas à déplorer quelque accident : quatre-vingt quinze personnes périrent donc étouffées, près la porte Saint Robert, et dix-sept furent écrasées sous les ruines d'un mur qui s'écroula près la porte de Vienne.

Ces cruelles leçons ne furent pas perdues pour l'avenir. On s'entoura de plus de précautions, et, grâce aux nouvelles mesures qui furent adoptées, il n'arriva point de malheur durant le quinzième Jubilé de 1513, quoiqu'il y vint et afflua, disent les chroniques « grand et indicible nombre de peuple ».

Le seizième Jubilé de 1524 s'ouvrit sous d'assez fâcheux auspices. La malveillance des protestants, dont l'hérésie commençait à se répandre dans l'ombre, avait semé au loin des bruits de peste et de guerre. Néanmoins, peu de solennités furent aussi brillantes : « Il y vint des gens et tant, que je ne sais, dit un contemporain, comment plus en fussent venus, ou si plus en eust pu tenir ». Cette fois encore les routes publiques furent trop étroites pour la multitude des étrangers accourus de toutes parts. Les habitants du Puy se distinguèrent plus que jamais, par les bons offices de charité qu'ils rendirent aux pèlerins, et l'ordre fut si parfait, qu'il ne périt qu'un seul homme ; encore fut-il victime de son imprudence.

Le Jubilé de 1622 arriva. C'était le dix-septième, Just de Serres était alors assis sur le siège de saint Vosy. A sa requête, qu'appuya le roi Louis XIII, le pape Grégoire XV prolongea, à perpétuité, pendant l'octave entière, le privilège accordé par ses prédécesseurs pour le seul jour du Vendredi-Saint. Le concours des pèlerins, cette fois, fut singulièrement remarquable ; suivant Théodore, jamais on ne vit en même temps, au Puy, tant de noblesse et de prélats. On était accouru de toute l'Europe, et des manuscrits assurent qu'il n'y vint pas moins de trois cent mille personnes.

Le dix-huitième Jubilé eut lieu en 1633, à peu près dans les mêmes conditions, sauf que le temps, contre l'ordinaire, fut si serein et si beau pendant l'Octave, qu'il semblait, dit le chroniqueur, que mars eut fait vœu d'arrêter ses giboulées, pour ne point empêcher les fidèles de venir rendre leurs vœux à la très sainte Vierge.

Le dix-neuvième Jubilé arriva avec l'année 1644. Cette fois il y avait tant de neige dans les chemins que l'on croyait ne voir arriver que fort peu d'étrangers. Mais il en vint tout autant qu'aux autres Jubilés. On avait fait venir un grand nombre de confesseurs, tant séculiers que réguliers, et il n'y en avait pas moins de cent au seul couvent des Capucins.

Le Grand-Pardon du Puy ne revint, pour la vingtième fois, qu'avec l'année 1701. Cette fois l'affluence des pèlerins n'eut plus de bornes, et l'on peut dire que l'Europe tout entière s'ébranla. L'Allemagne, notamment, rivalisa de zèle avec l'Espagne et l'Italie. On remarqua, en particulier, deux chevaliers de Malte qui, attirés de leur île par la dévotion, marchèrent nu-pieds, depuis la chapelle de Sainte Anne jusqu'au Puy, et montèrent à la Cathédrale, en marquant de leur sang les traces de leur pas. Le temps était horrible. La neige tombait à gros flocons, et les routes étaient presque devenues impraticables. Malgré cela, les confesseurs ne pouvaient suffire à la multitude des pénitents. Pour éviter l'encombrement de la Basilique, il était permis de communier dans n'importe quelle église ou chapelle de la ville. Or, d'après les procès-verbaux qui en furent dressés, on compta jusqu'à quinze mille communions dans l'église des Jésuites. Trois mille dans celle des Cordeliers, six mille aux Carmes, dix mille chez les Capucins et autant, sans doute, chez les Dominicains de Saint Laurent. Pour ces derniers, les procès-verbaux ne donnent pas de chiffres. Quant à la Cathédrale, la foule des pénitents et des communiants était si grande, qu'on lut obligé de poster deux soldats à chaque confessionnal, pour empêcher le peuple de s'étouffer, et donner au confesseur la liberté de respirer. Enfin, on ne cessa, pendant toute l'Octave, de distribuer la communion à la Basilique, depuis le grand matin jusqu'au soir après Vêpres, et même jusqu'à l'entrée de la nuit.

La même chose eut lieu pour le vingt-unième Jubilé de 1712, que le Pape Clément XII, sur la relation de ce qui s'était passé en 1701, prolongea encore jusqu'au dimanche de Quasimodo.

Enfin l'année 1785 vint clore dignement cette magnifique série de Jubilés que nous venons d'énumérer brièvement.

Mgr de Galard-Terraube, un de ces grands et immortels prélats comme la France en comptait beaucoup quand l'impiété se rua sur elle, gouvernait alors le diocèse du Puy. On eut dit qu'au milieu du calme complet dont jouissait notre patrie, on avait, dans le Velay, je ne sais quel vague pressentiment de la tempête qui allait bientôt s'élever. Aussi les populations coururent-elles, en foule, se jeter aux pieds de celle que l’Église salue du titre d'étoile de la mer, et, malgré les ravages que l'impiété voltairienne avait commencé à faire dans toutes les classes de la société, on ne compta pas moins encore de quatre-vingt mille pèlerins à ce vingt-deuxième Jubilé.

Hélas ! Arrêtons-nous ici et fermons ce chapitre. Car, ce fut là le dernier hommage que reçurent avant la Révolution française, l'image et le sanctuaire sacrés de Notre-Dame du Puy.

 

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Prière

 

Ô Marie, quelle triste différence entre la foi de nos aïeux et la nôtre ! Et comment ne pas être confus en comparant notre torpeur et notre froideur actuelles, à l'enthousiasme et au zèle que nos pères manifestaient autrefois pour les choses de Dieu ! Qui nous donnera de vous aimer comme eux, ô Vierge sainte ! Qui nous donnera cet élan de coeur et ce vol de l'âme qui les faisaient s'élancer vers votre Sanctuaire, ô Marie, avec de véritables transports de bonheur et d'amour ! Hélas ! misérables que nous sommes, nous ne savons plus vous aimer ! C'est comme un secret perdu pour nous, nos péchés nous ont fait perdre cette science de l'amour de Dieu et de sa sainte Mère. O Reine du Mont Anis, rendez-nous nos coeurs et nos âmes d'enfants ; rendez-nous ce coeur pur avec lequel nous vous aimions tant autrefois, cette âme innocente avec laquelle nous vous priions jadis avec tant de confiance et de naïf abandon ! Rallumez en nous le flambeau à demi éteint de la Foi et que cette foi ravivée, nous fasse tomber à vos pieds, ô Marie, repentants et fervents comme ces innombrables pèlerins qui, aux jours de vos célèbres Jubilés, montaient, en quelque sorte, à l'assaut de votre angélique sanctuaire. Ô Vierge sainte, comme eux attirez-nous à vous par l'attrait irrésistible de vos grâces et de vos vertus. Trahe nos post te ! In odorem curremus unguentorum tuorum ! Notre-Dame du Puy, priez pour nous ! Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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8 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Neuvième jour

Origine du Grand-Pardon ou Jubilé de Notre Dame du Puy, et privilèges et indulgences attachés à l'Eglise angélique

 

Aux approches de l'an 1000, dans toute la chrétienté, une erreur s'était universellement répandue, par laquelle on croyait que le monde allait périr avec l'échéance du premier millénaire. Cette date apocalyptique de 1000 ans avait pris, aux yeux des multitudes, la valeur d'un chiffre absolu.

D'autre part, le bruit s'était fortement accrédité, à cette époque, que la fin du monde arriverait lorsque la fête de l'Annonciation tomberait un Vendredi-Saint. Or, cette mystérieuse coïncidence devait se produire en l'année 992. C'est pourquoi, à l'approche de cette funèbre échéance, des multitudes immenses se dirigèrent aux lieux de pèlerinages les plus renommés, pour implorer grâce et miséricorde. Le sanctuaire de Notre Dame du Puy, en particulier, attira une telle foule de visiteurs, qu'en mémoire de cet événement, le Saint-Siège y institua un Jubilé solennel pour toutes les années où le Vendredi-Saint se rencontrerait avec le jour de l'Annonciation. On sait que l'Annonciation tombe toujours le 25 mars. Cette date du 25 mars avait toujours été en grand honneur dans l'Eglise. Dans l'origine du christianisme, c'était une opinion communément répandue que Notre-Seigneur s'était incarné dans le sein de Marie et était mort le vingt-cinquième jour du mois de mars. C'est pour cela que l’Église s'est toujours trouvée heureuse de pouvoir, de loin en loin, honorer, en ce même jour, le premier et le dernier jour du Sauveur.

Telle est l'origine du célèbre Jubilé de Notre Dame du Puy. Ce Jubilé, on le voit, est le plus ancien de tous les jubilés du monde ; il est aussi, comme nous le démontrerons dans la suite, le plus populaire et le plus fréquenté de toute la chrétienté.

Outre l'indulgence de ce Grand Pardon, les Souverains Pontifes se sont plu à enrichir le sanctuaire du Mont Anis d'un grand nombre d'autres faveurs, trop oubliées aujourd'hui, et que nous nous faisons un devoir de publier ici, pour ranimer la ferveur et la dévotion des fidèles envers la vénérable basilique de Notre Dame du Puy. En voici le résumé :

En 1245, Innocent IV accorda quarante jours d'indulgence à tous ceux qui visiteraient l’Église angélique aux quatre grandes fêtes de Notre Dame ou durant leur octave. Ces quatre grandes fêtes sont, comme on le sait, l'Annonciation, la Nativité, la Purification et l'Assomption.

En 1254, le Pape Alexandre IV éleva cette première faveur jusqu'à quatre-vingts jours, et l'étendit à toutes les fêtes de la très sainte Vierge.

En 1265, Clément IV, que le Puy avait eu pour évêque avant que la chrétienté le comptât parmi les successeurs de saint Pierre, éleva l'indulgence à un an et un jour pour les quatre grandes fêtes de Marie, l'Ascension et l'Octave de ces fêtes, ainsi que pour les trois jours des Rogations.

En 1291, Nicolas IV étendit cette faveur à toutes les fêtes de la sainte Vierge et aux fêtes de saint Domnin (16 juillet), de sainte Consorte (22 juin) et des saints Innocents (28 décembre), dont les reliques étaient en grand honneur dans l'Eglise angélique.

En 1373, Grégoire XI ajouta encore un an pour l'Assomption de la sainte Vierge, pour l'Ascension et pour les Rogations. Mais c'est surtout au jour de la Dédicace de la sainte Basilique (11 juillet), que la source des bénédictions célestes fut ouverte aux dévots pèlerins. Ils peuvent, en effet, ce jour-là, s'ils sont dans de saintes dispositions, obtenir, avec l'indulgence plénière, la remise totale de toutes les dettes qu'ils ont pu contracter envers la justice de Dieu. Ainsi le décréta Boniface VIII (1294-1303).

Ce dernier Pape, si libéral envers le sanctuaire de Notre Dame du Puy, voulut aussi que les pauvres âmes du Purgatoire se ressentissent des faveurs qu'il accordait à notre pèlerinage. Par son ordre, une chapelle particulière de notre basilique (la chapelle du Saint-Crucifix) reçut donc, en leur faveur, des privilèges quotidiens qui ont été renouvelés en ces derniers temps par le Pape Pie VI, 29 mai 1789. Cette faveur fut publiée de nouveau le 8 novembre 1823, par Mgr Maurice de Bonald, évêque du Puy.

Toutes ces indulgences que nous venons d'énumérer, se gagnent encore aujourd'hui. En outre, une indulgence plénière est aussi accordée à tout fidèle qui visitera l'église angélique, quelque jour de l'année que ce puisse être, pourvu qu'il se soit confessé et qu'il ait communié. Enfin, le Saint Siège a attaché à l'heureux sanctuaire, les privilèges des sept autels ou des stations romaines, en sorte qu'en allant prier à sept autels de Notre Dame du Puy, on gagne les mômes indulgences qu'en allant prier aux sept grandes églises de Rome. Ces sept autels désignés dans la chapelle angélique étaient autrefois ceux de la Vierge noire, du Saint-Crucifix, de Saint-Joseph, de Sainte Anne, de Saint André, des Saintes-Reliques et de Saint François Régis. Après la Révolution, sous l'épiscopat et par ordonnance de Mgr de Bonald, l'autel du Sacré Coeur fut substitué à l'autel des Saintes Reliques. Depuis lors, cet ordre de choses n'a pas été changé.

A toutes ces indulgences, s'ajoutaient encore autrefois des privilèges qui montrent bien l'influence que le pèlerinage du Puy avait pris non seulement en France, mais dans toute la chrétienté.

Le premier de ces privilèges consistait dans la facilité de tester, accordée aux pèlerins s'ils venaient à être surpris par la maladie dans le cours de leur pèlerinage. Partout ailleurs, pour tester validement, il était requis d'avoir sept témoins. Pour les pèlerins du Puy, deux témoins suffisaient, et cela par une prérogative dont on ne saurait dire si la concession vient de la libéralité des Souverains Pontifes ou de la piété de nos rois.

La seconde faveur accordée aux pieux voyageurs qui se dirigeaient vers la chapelle évangélique, était de rencontrer, en certains lieux, des hospices pour les recueillir dans leurs fatigues ou dans leurs maladies. C'est ainsi qu'il y en avait un entre autres, attenant à l'ancienne église Saint Georges, et dont la seule destination était de recevoir les pèlerins de Notre-Dame. Il y avait également un hospice à Toulouse, pour héberger, à leur passage, les pèlerins Espagnols qui se rendaient en grand nombre, chaque année, à Notre Dame du Puy.

Un troisième privilège enfin, était d'offrir aux coupables un moyen non seulement d'expier leurs fautes devant Dieu et d'en obtenir l'indulgence, mais encore de s'acquitter, par un acte religieux, de ce qu'ils devaient d'expiation à la justice humaine. C'est ainsi qu'un arrêt du Parlement de Paris, rendu en 1296, condamna le seigneur d'Harcourt, dont les gens avaient blessé le chambellan de Tancarville, à faire le pèlerinage expiatoire de Notre Dame du Puy.

C'est ainsi encore que par acte passé le quatre septembre 1361, entre Robert et les villes de Flandre d'une part, et de l'autre Philippe, régent des royaumes de France et de Navarre, il fut statué que le comte Robert et ses fils accompliraient dans le délai d'un an le pèlerinage de N. D. du Puy.

En 1324, une sentence des inquisiteurs, en date du six des calendes de mai, condamne Jean de Corozello, hôtelier de Narbonne, coupable d'hérésie, à visiter l'église du Puy.

En 1318, une commutation de peine fut accordée par les cinq inquisiteurs de Narbonne, à vingt-deux hérétiques albigeois, sous obligation d'aller en pèlerinage au Puy.

L'année suivante, 31 juillet 1319, les réformateurs de justice envoyés à Lyon par le roi Philippe V, commuèrent l'amende encourue par un certain Henri de Dijon, en un pèlerinage à Notre Dame du Puy.

Bertrand de Cayres, le meurtrier de l'évêque Robert de Mehun et ses complices, en réparation de leurs crimes, furent condamnés par le pape Honoré III, à se rendre en pèlerinage au Puy-Sainte Marie, couverts de sacs et de cilices, les pieds nus et la têté rasée, à mendier dans les rues de la ville pendant tout un carême et à jeûner au pain et à l'eau deux fois la semaine.

Une ordonnance du roi Charles VI, datée de juin 1381, fait grâce entière à trois frères assassins, à condition que dans un an, ils iront à Notre Dame du Puy offrir chacun un cierge de deux livres de cire.

On trouve dans les archives nationales deux autres ordonnances du même roi semblables à la précédente.

On le voit, le sanctuaire du Mont Anis, fut un des plus privilégiés du monde, et ceux qui y venaient en dévotion y trouvaient des avantages pour le temps aussi bien que des faveurs pour l'éternité.

 

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Prière

 

Quelle est grande la bonté de Dieu, et quelle preuve ce chapitre vient de nous en donner ! Il est de foi, nous le savons, que tout péché doit être puni en ce monde ou en l'autre. Si le péché est mortel, il doit être puni en l'autre vie d'une peine éternelle sans préjudice des peines temporelles. S'il n'est que véniel, il doit être puni d'une peine temporelle ici-bas ou dans le purgatoire. D'autre part, la rémission, dans le sacrement de pénitence, soit du péché véniel, soit du péché mortel, laisse ordinairement subsister une peine temporelle à subir en ce monde ou en l'autre ; car il est rare qu'on ait les dispositions parfaites de repentir et d'amour de Dieu qui excluent toute affection au péché et nous justifient pleinement aux yeux du souverain Juge. Or, en nous ouvrant le trésor des indulgences dont elle a la clef, l'Eglise supplée à l'insuffisance de nos pénitences et de nos expiations, et, grâce à l'application des mérites surabondants de Notre-Seigneur Jésus Christ, de la sainte Vierge et des saints, nous pouvons nous libérer de toutes les peines temporelles duos à nos péchés, et nous justifier pleinement aux yeux de Dieu. Admirable et consolante, doctrine, bien digne du divin Sauveur, qui a daigné mourir pour nous sur une croix, alors qu'il lui suffisait d'une seule larme, d'un seul soupir ou d'un seul acte de sa volonté pour nous racheter !

O Marie, faites-nous comprendre le prix des indulgences attachées à la visite de votre pieux sanctuaire du Mont Anis ! Faites que nous ne le dédaignions plus comme par le passé ! Et quoi ! lorsque Dieu a daigné mettre ainsi à notre portée, et comme entre nos mains, des moyens si certains, si efficaces et si faciles pour nous acquitter envers lui de toutes les dettes que nous avons eu le malheur de laisser s'accumuler, depuis que nous avons l'âge de raison, serions-nous assez mal avisés ou ennemis de nous-mêmes, assez faibles dans la foi ou assez ingrats envers la bonté divine, pour refuser d'en profiter ? Non, ô Marie, désormais il n'en sera plus ainsi ! À l'exemple de nos aïeux, nous visiterons souvent votre vénéré sanctuaire. Nous y viendrons puiser, comme eux, dans les indulgences qui y sont attachées, l'entier pardon de nos péchés. Et quand la mort viendra nous retrancher du nombre des vivants, au lieu d'aller expier et souffrir cruellement et longuement peut-être en Purgatoire, nous entrerons immédiatement en possession du bonheur du ciel ! Qu'il en soit ainsi par votre intercession, ô Notre-Dame du Puy. Amen.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiæ, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evæ ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, præparasti: da ut cujus commemorationo lætamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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7 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Huitième jour

Parallèle entre Notre Dame du Puy et Notre Dame de Lourdes

 

Notre Dame du Puy et Notre Dame de Lourdes ! Quels noms augustes nous venons d'évoquer ici, et comment dire leur prestige et leur puissance sur les âmes religieuses ! Ces deux grands noms, dont l'écho a retenti par toute la terre, dont le souffle a soulevé les foules comme le vent soulève les sables du désert, dont le charme attractif enfin, a amené des quatre coins du monde tant et tant de pèlerins aux pieds de la Vierge Marie, ces noms bénis ont entre eux, dans leur diversité même, une étroite parenté et comme une sorte de fraternité mystérieuse, qui apparaît et éclate dès qu'on les rapproche et qu'on les met en parallèle. Voyez, en effet, les admirables coïncidences qui ressortent de ce parallèle :

Il y a dix-huit cents ans, la sainte Vierge, voulant être honorée sur le Mont Anis, y apparaissait à une pauvre malade et se montrait à elle resplendissante de beauté, toute rayonnante de lumière, revêtue de magnifiques vêtements et entourée d'une multitude d'anges qui l'escortaient comme leur Reine.

Il n'y a pas encore un demi-siècle, Marie, désirant voir aussi s'élever, à Lourdes, un temple en son honneur, y apparut à une pauvre petite bergère nommée Bernadette. Au dire de l'enfant, cette apparition, dans sa simplicité, était belle d'une beauté qu'il est impossible d'exprimer. Marie s'y montrait dans une auréole de lumière. Son vêtement était celui des vierges : robe blanche, voile blanc et ceinture bleu de ciel. Sur chacun de ses pieds nus, blancs comme l'albâtre sans tâche, brillait un ornement symbolique, une rose d'or, emblème de la charité qui conduisait autrefois ses pas sur les montagnes de la Judée et les guidait encore aujourd'hui vers les montagnes de France. Entre ses mains virginales, glissaient les perles blanches d'un chapelet à chaîne d'or, et Marie, dans cette attitude recueillie, écoutait et semblait compter les invocations que lui adressait la petite bergère, agenouillée à ses pieds.

Au Mont Anis, l'apparition de la sainte Vierge eut lieu sur une grande pierre druidique taillée en forme d'autel. Autour du mont sacré, les montagnes environnantes s'étagent à la façon d'un cirque immense, et, selon l'expression de la sainte Ecriture, semblent bondir comme des béliers sous la garde du Mezenc, le roi des Cévennes, qui, pareil à un pasteur géant, élève sa tête dénudée ou fond de l'horizon.

A Lourdes, Marie apparaît également au milieu des roches pyrénéennes, dans un berceau de montagnes et dans le creux d'une grotte renfermant un menhir ou pierre-levée de granit, qui avait autrefois servi d'autel aux Druides.

Au Mont Anis, la malade à qui la sainte Vierge apparut, fut d'abord toute troublée par cette vision miraculeuse. Puis, se rassurant bientôt, elle s'enhardit jusqu'à demander quelle était cette reine ; et l'un des esprits célestes lui répondit : « C'est l'auguste mère du Sauveur, qui entre tous les lieux du monde, s'est choisi spécialement cet endroit pour y être servie et honorée jusqu'à la fin des siècles ».

De même à Lourdes, Bernadette, ravie de ce qu'elle voit, fixe également sur la sainte Vierge de grands yeux limpides et étonnés ; la bouche entr'ouverte, béante d'admiration, elle semble aspirer la grâce divine et la lumière surnaturelle que projette l'apparition. La petite bergère devient toute transfigurée. Un reflet d'une splendeur céleste rejaillit sur son front et sur ses traits comme une auréole lumineuse, et la naïve enfant, s'adressant à l'être mystérieux qu'elle contemple avec ravissement, lui dit en son dialecte d'or : « O Madame, je vous en prie, veuillez avoir la bonté de m'apprendre qui vous êtes et quel est votre nom ! » Et Marie, après s'être laissée prier ainsi cinq fois, Marie, ouvrant alors les bras, abaisse vers le sol ses mains virginales, comme pour envoyer à la terre les bénédictions du ciel ; puis, élevant de nouveau les mains, les joint à la hauteur de la poitrine, et, regardant les cieux avec l'expression d'une indicible gratitude, s'écrie enfin d'un air souriant : « Je suis l'Immaculée-Conception ! »

Réponse mystérieuse, qui nous dit assez que c'est surtout sa pureté sans tache que la sainte Vierge veut voir honorer à Lourdes, tandis qu'au Mont Anis c'est son titre auguste de mère de Dieu qu'elle présente spécialement à nos hommages. En cela apparaît la différence des deux pèlerinages, différence qui se retrouve du reste dans les statues tout à fait dissemblables qu'on y vénère. Mais où la ressemblance éclate de nouveau, c'est lorsque, à Lourdes, Marie dit à Bernadette : « Ma fille, allez dire aux prêtres de me faire bâtir ici une chapelle où l'on devra venir en procession ». Cette demande de Marie est la même que celle qui fut faite aussi par elle à la malade de Ceyssac, lors de la seconde apparition qui eut lieu sur le Mont Anis au quatrième siècle, et au sujet de laquelle nos chroniques rapportent les paroles suivantes de la sainte Vierge : « Ma fille, allez trouver mon serviteur Vosy ; dites-lui de ma part qu'il ne manque pas de jeter ici, au plus tôt, les fondements du sanctuaire que n'ont pu m'y élever ses prédécesseurs ; car j'ai choisi cette montagne entre mille, pour donner une audience favorable à ceux qui viendront m'y présenter leurs demandes et leurs requêtes ».

Encore une fois, quelle merveilleuse coïncidence dans la diversité même de ces deux apparitions ! Et qui ne voit, par tout ce que nous venons de dire, que l'église angélique de Notre Dame du Puy peut revendiquer, hautement et à juste titre, son droit d'aînesse et de suzeraineté sur la basilique de Notre Dame de Lourdes !

En terminant ce chapitre, nous ne pouvons nous empêcher de faire une dernière réflexion. Certes ! nous aimons trop la sainte Vierge, et notre piété est trop éclairée pour être jaloux de la gloire qui a resplendi en ces derniers temps sur un autre sanctuaire de Marie, le sanctuaire de Notre Dame de Lourdes. Mais il est bien permis de le dire, puisque cela est vrai : jamais il n'y a encore eu, à Lourdes, un pèlerinage qui puisse être comparé à ceux qui, depuis tant de siècles, se sont succédé à Notre Dame du Puy ! Disons toute notre pensée : le pèlerinage de Lourdes, grâce aux chemins de fer, s'effectue dans des conditions de bien-être et de confortable inconnus jusqu'à ce jour aux pèlerins du Puy. Nos pères ne faisaient le pèlerinage du Mont Anis qu'au prix de fatigues inouïes, et très souvent même au péril de leur vie. Tandis que l'on va à Lourdes comme l'on va à Paris, en coupé-lit et en train de plaisir !...

Nous le répétons : nous aimons de tout notre coeur, nous prions de toute notre âme, nous révérons de toute notre foi Notre-Dame de Lourdes. La Vierge immaculée qui a apparu au fond des Pyrénées est, après tout, la même créature privilégiée de Dieu, dans le sein de laquelle Notre Seigneur Jésus-Christ a daigné s'incarner. La sainte Vierge apparue à l'angélique Bernadette, il n'y a pas encore un demi-siècle, est la même qui apparut, sur le Mont Anis, à une pauvre malade du Velay, il y aura bientôt deux mille ans. L'une et l'autre sont donc dignes du même amour et de la même vénération. Mais il y a aussi une chose certaine : c'est que si Marie aime beaucoup à être priée à Lourdes, elle n'aime pas moins à être priée au Puy. Si Marie fait beaucoup de miracles et de guérisons à Lourdes, elle n'en a pas moins aussi, pendant de longs siècles, opéré au Puy de grands prodiges, et elle en opérerait encore beaucoup certainement, si l'on savait venir l'y prier comme autrefois. Enfin, si les foules ont raison et sont bien inspirées d'affluer, comme elles le font, au moderne pèlerinage pyrénéen, leur mérite et leur nombre sont loin d'égaler en cela le nombre et le mérite des millions et des millions de pèlerins qui sont venus jusqu'à présent prier Marie dans son antique sanctuaire du Mont Anis. Aucune raison inavouable, aucun sentiment de clocher ne nous portent à parler ainsi. Nous constatons simplement un fait à l'honneur de Notre Dame du Puy.

C'est donc bien justement que Mgr de Morlhon, de digne et sainte mémoire, s'écriait dans un mandement adressé à notre diocèse en 1856 : « Oui, de tous les sanctuaires bâtis en l'honneur de Marie, sur le sol sacré de la France, il n'en est pas dont la fondation remonte à une époque plus reculée ! Aucun n'a eu plus de renom et plus d'éclat ! Aucun n'a attiré un plus grand nombre de pèlerins de tout rang, de tout sexe et de toute condition ! Enfin, dans aucun la Reine du ciel ne s'est plu davantage à répandre ses grâces et ses faveurs sur ceux qui l'invoquent. Encore moins en est-il un autre que les Souverains-Pontifes aient doté de plus de privilèges et enrichi de plus d'indulgences.

N'y eut-il que son célèbre Jubilé ; l’Église angélique pourrait se glorifier d'être dans un rang suréminent parmi toutes les autres églises consacrées à Marie, non seulement en France, mais dans le monde tout entier ! »

Eloquent témoignage qui doit nous faire apprécier de plus en plus l'excellence incomparable du sanctuaire de Notre-Dame du Puy !

 

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Prière

 

Notre Dame du Puy et Notre Dame de Lourdes, priez pour nous !

 

Pentes escarpées du Mont Anis, et vous, montagnes bénies des Pyrénées, quel beau poème vous chantez à la gloire de Marie ! Sainte Basilique de Notre Dame du Puy, vous redites depuis plus de dix-huit siècles, sous les voûtes mystérieuses de votre choeur angélique, les louanges de la maternité divine de la Très Sainte Vierge ! Et vous, ô basilique de Notre-Dame de Lourdes, vous exaltez, depuis bientôt un demi-siècle, l'insigne privilège de la conception immaculée de la mère de Dieu ! Vos deux pèlerinages se complètent et n'en font qu'un ! Oh ! qu'ils soient unis dans notre amour et notre dévotion !

A Lourdes, ô Marie, l'Esprit-Saint vous adresse ces paroles du cantique des cantiques : vous êtes toute belle, ô ma bien-aimée, et aucune tâche n'est en vous ! Vous êtes plus belle que la fleur des champs, plus pure que le lys des vallées ! vos yeux sont plus doux que ceux de la colombe, vos lèvres plus onctueuses que le rayon de miel, et le parfum qui s'exhale de votre âme est plus suave que celui du plus pur encens et des fleurs les plus odorantes !

Au Puy, la cour céleste vous salue plus spécialement du titre de mère de Dieu ! Et la voix du ciel semble s'unir à la voix de la terre pour vous redire sans cesse : « Salut, ô pleine de grâces, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni ! »

Oui, bénies soient à jamais votre conception immaculée et votre maternité divine, ô Marie ! Ces deux titres s'appellent l'un l'autre : vous n'avez été conçue immaculée que pour être mère de Dieu, et c'est parce que vous avez été choisie pour être la mère de Dieu, que vous êtes immaculée ! Ces deux titres, ô Marie, justifient, consacrent, canonisent toutes les inventions de notre reconnaissance, tous les élans de notre âme, toutes les inspirations de notre tendresse envers vous ! Gloire, amour, louanges à Marie conçue sans péché et à la vierge mère de Dieu ! Gloire, amour, louanges à Notre-Dame de Lourdes et à Notre-Dame du Puy. Ainsi soit-il !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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6 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Septième jour

Comment le prince Sarrasin Mirat, assiégé par Charlemagne dans la forteresse de Mirambelle, devenue aujourd'hui le château-fort de Lourdes, ne consentit à se rendre à personne qu'à Notre Dame du Puy.

 

Charlemagne était occupé à réduire, dans les Pyrénées, la petite province de Bigorre, où un chef sarrasin, appelé Mirat, s'était fait une sorte de souveraineté indépendante. Ce Mirat était un guerrier au courage intrépide, au caractère chevaleresque, à la volonté de fer. Après avoir vu, malgré sa vaillance, toutes les autres places de sa principauté tomber au pouvoir de l'empereur, il s'était héroïquement renfermé, avec une poignée de troupes, dans la forteresse de Mirambelle, la seule place qui lui restât, et là, après avoir juré de ne se rendre à aucun homme, il avait entrepris une défense désespérée contre l'empereur.

Cette forteresse de Mirambelle, qui existe encore, et dont la position et la structure rappellent assez notre château de Polignac, avait été construite du temps de César. Assise sur un roc escarpé, elle défiait toute surprise et tout assaut. Restée sous la domination des infidèles depuis leur première invasion en France, elle avait été fortifiée avec beaucoup de soins, et elle était imprenable autrement que par la famine. C'est ce qu'éprouvèrent, cinq à six siècles plus tard, le duc d'Anjou et Du Guesclin, qui tentèrent vainement de s'en emparer de vive force.

Vainement aussi, depuis plusieurs mois, Charlemagne en faisait-il le siège. L'empereur, malgré sa puissance, se voyait bel et bien tenu en échec devant cette place avec toute son armée. Espérant amener les assiégés à se rendre, en leur faisant voir que leur perte n'était qu'une affaire de temps, Charlemagne fit cerner étroitement la place de tous côtés : les assiégés n'en continuèrent pas moins à résister. L'empereur offrit alors au prince Sarrasin de capituler à d'honorables conditions : inutile ; aux promesses comme aux menaces, l'obstiné Mirat répondait invariablement qu'il avait juré de ne se rendre à aucun homme, et qu'il tiendrait son serment jusqu'à la mort.

Lassé de ces lenteurs, Charlemagne songea enfin à marcher en avant, après avoir laissé devant Mirambelle, une division suffisamment forte pour en continuer le siège, quand un événement imprévu vint tout à coup changer la face des affaires. L'évêque du Puy, Rorice, devenu l'ami de l'empereur, depuis ses pèlerinages à Notre Dame du Puy, l'accompagnait à cette expédition. Se souvenant de la toute puissance de la Reine de nos montagnes, il eut la pensée de la faire intervenir en cette circonstance. Il la supplia donc d'applanir par quelque miracle les difficultés présentes, et d'illustrer ainsi son nom jusqu'aux extrémités de la France, en réduisant et convertissant elle-même l'héroïque Mirat et son petit peuple Sarrasin. L'intervention de Notre-Dame du Puy ne fut pas invoquée en vain. Voici qu'un aigle, en effet, ayant enlevé dans ses serres un énorme poisson, rencontré sans doute à la surface d'un lac qui avoisinait la forteresse, s'en vint le déposer, tout vivant et sans la moindre égratignure, sur l'endroit le plus élevé du rocher qui sert de base au château-fort. Cet endroit s'appelle encore aujourd'hui la pierre de l'aigle. Qu'on juge de l'étonnement de Mirat ! Toutefois, voyant bientôt le parti qu'il pouvait tirer d'un pareil événement, il expédie le poisson à l'empereur, pour lui faire comprendre que la famine est loin de ceux qui possèdent de pareilles pièces dans leur vivier. Charlemagne demeure stupéfait devant l'étrangeté de ce message, mais l'évêque du Puy lui dit alors : « Sire, ayez confiance ! La Mère de Dieu, Notre Dame du Mont Anis, commence à se mêler de nos affaires d'une manière admirable ». — « Je désire de tout mon coeur qu'il en soit ainsi, répondit le religieux empereur ». Sur ce, l'évêque lui demande et obtient la permission d'aller trouver le Sarrasin. Lorsqu'il fut en présence de Mirat : « Prince, lui-dit-il, vous avez juré de ne vous rendre à aucun homme, soit ! mais rendez-vous donc alors à une Dame, à une Dame très puissante qui vous chérit grandement. Rendez-vous à la Mère de Dieu, à Celle qui règne sur le Mont Anis, et dont l'empereur et moi nous nous glorifions d'être les humbles sujets. Croyez-moi, Prince, le traité que je vous offre vaut mieux qu'une victoire, on en parlera encore quand vos beaux faits d'armes seront oubliés. Allons ! Faites-vous le chevalier de cette Dame, elle vous attend ! »

Ce langage toucha et adoucit subitement le coeur du farouche et inflexible Mirat. Lui, qui jusqu'alors aurait préféré mille fois mourir plutôt que de se rendre, il se sentit fléchir sous l'action de la grâce. « Evêque, répondit-il, je ne me serais jamais rendu à l'armée formidable qui m'entoure, eh bien ! Je me rends à la grande Dame, Mère de Jésus, qui a daigné vous envoyer ici. Elle m'aime, avez-vous dit ; moi aussi je l'aime déjà. En son honneur, je me ferai chrétien et je serai son fidèle chevalier. Oui, je veux tenir et je veux que mes descendants tiennent à jamais, en foi et hommage, de la Dame sainte Marie du Mont Anis, ma seigneurie de Bigorre, exemple de toute autre suzeraineté ».

On devine la joie de l'Evêque en entendant une déclaration si franche et si généreuse. L'entrevue se passait dans une sorte de préau. En habile et dévoué mandataire, l'Evêque du Puy arrache une poignée d'herbes, et les présentant au prince : « Mirat, lui dit-il, tout suzerain doit un hommage à sa suzeraine : voulez-vous me donner ces herbes comme signe de la prise de possession du fief que Marie vient d'acquérir ici ? » — « Oui bien, réplique Mirat, j'y consens et de bon coeur. Mais avant la conclusion, définitive, il importe de savoir ce qu'en pensera l'empereur ». De retour auprès de lui, l'Evêque lui raconte le résultat merveilleux de sa négociation. A ce récit, Charlemagne de s'écrier : « J'approuve, je maintiens, je sanctionne tout ce que vous avez stipulé pour la gloire de Notre-Dame du Mont-Anis ». Dans une seconde visite, l'Evêque reçut Mirat à titre de vassal, au nom de la sainte Vierge, avec toutes les formalités prescrites par l'usage et Charlemagne leva le siège immédiatement.

Peu de jours après, Mirat, accompagné de l'élite de ses braves, faisait le voyage du Velay, et venait ratifier la convention dans l'église angélique. Il était curieux de voir pendiller, au bout des lances des guerriers Sarrazins, de petits faix d'herbe religieusement cueillie dans une prairie du nouveau fief. Quand ils eurent fléchi le genou devant la vénérable statue, chacun d'eux fit une jonchée à Marie, avec les petits faix d'herbe qu'ils avaient apportés. Le saint Evêque était là, il avait quitté l'empereur pour venir assister au triomphe de Notre Dame, triomphe qui récompensait si magnifiquement son zèle, et dont ses diocésains, transportés d'admiration, ne pouvaient assez le féliciter. Les Sarrasins reçurent le baptême avec les plus belles dispositions. Le nom de Mirat, qui signifiait « invincible ou indomptable » fut changé en celui de Lorrus, qui veut dire éclairé ou celui qui a ouvert les yeux à la lumière ».

L'hommage des faix d'herbe, suspendus au bout d'une lance, fut rendu à Notre Dame du Puy par les successeurs de Mirat jusqu'à l'année 1118, où Centulle, comte de Bigorre, remplaça les faix d'herbe par 65 sous de Béarn, payables tous les ans, par lui et les siens, pour l'advenir, à Notre Dame du Puy. En 1266 le roi de Navarre déclara, par un traité avec l'Evêque du Puy, tenir en fiel le château de Mirambelle et le comté de Bigorre. A chaque mutation de fief, la bannière de Notre Dame du Puy devait être hissée sur la tour du château pendant un jour et une nuit. Il en fut ainsi jusqu'au commencement du quatorzième siècle (1307), où Jean de Cumènes, évêque du Puy, céda son droit de suzeraineté sur le comté de Bigorre au roi Philippe-le-Bel, moyennant une rente de 300 livres tournois, à prendre sur le péage du Breuil au diocèse de Clermont. Quant au château-fort de Mirambelle, il existe toujours, avons-nous dit ; mais, depuis l'époque de Charlemagne, il s'appelle d'un autre nom, célèbre aujourd'hui dans le monde entier. Au pied de ce château-fort s'élève une petite ville à qui on a donné le même nom que le château. Les armoiries de cette ville rendent encore témoignage du fait merveilleux de l'aigle et du poisson, dont il est question dans ce chapitre. Elle porte de gueules à trois tours d'or, maçonnées de sable, sur roc d'argent ; la tour du milieu, plus haute que les deux autres, est surmontée d'un aigle de sable éployé, membré d'or, tenant au bec une truite d'argent. Or, la ville et le château dont nous parlons portent aujourd'hui le nom de Lourdes, en souvenir peut-être du nom de Lorus donné au prince Mirat, lors de son baptême au Puy. Admirable coïncidence, qui, mille ans d'avance, fait intervenir miraculeusement Notre Dame du Puy, au lieu même de la célèbre apparition de Notre Dame de Lourdes !

 

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Prière

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous ! Ô Reine du Mont-Anis, quelle admirable histoire est la vôtre ! et quel autre de vos pèlerinages pourrait montrer dans ses annales un tel assemblage de titres honorifiques et de faits merveilleux ? Rien n'est plus doux pour notre coeur que de publier votre gloire, et c'est avec une sainte et légitime fierté que nous exhumons aujourd'hui du passé vos vieilles illustrations et vos antiques splendeurs. O Marie, votre gloire rejaillit sur vos enfants ; mais elle leur impose de grands devoirs : Ces devoirs, nous saurons désormais les accomplir. Oui, désormais, avec la grâce de Dieu, nous nous montrerons dignes de l'illustration que vous avez répandue sur notre pays. Vous nous avez comblés de grâces et d'honneurs : à nous, maintenant, de nous montrer reconnaissants envers vous et de vous faire honneur à notre tour ! Nous vous aimerons donc de tout notre coeur, sainte Patronne du Velay ! nous aurons pour vous la même affection et la même dévotion que vous témoignaient nos aïeux. Nous nous efforcerons surtout de vous honorer par notre sainteté de vie. Loin de nous désormais le péché et toute attache au péché ! Loin de nous tout ce qui pourrait nous rendre indignes de la prédilection que vous avez daigné nous témoigner ! Ô Marie, nous promettons d'être toujours vos sujets fidèles et vos enfants dévoués. Ne désertez pas nos chères montagnes ! Continuez, comme autrefois, à répandre sur nous vos grâces et vos faveurs, En retour, ô reine du Mont Anis, nous publierons partout vos bienfaits et votre gloire, nous proclamerons hautement vos excellences et vos grandeurs ; et, par notre ferveur et notre dévotion, nous contribuerons, de tout notre pouvoir, à rendre à votre pèlerinage son ancienne splendeur. Ainsi soit-il !

 

Notre-Dame du Puy, priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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5 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Sixième jour

Notre Dame du Puy et l'empereur Charlemagne

 

Charlemagne fut le premier à tracer à ses successeurs le chemin du Mont Anis, et à venir incliner, devant la glorieuse Vierge, un front si souvent couronné par la victoire. Le huitième siècle, en effet, n'était pas terminé, lorsque Charles, encore simple roi de France, vint en pèlerinage à Notre Dame du Puy. Il fut reçu avec la plus grande magnificence par l'évêque Rorice II, qui appartenait, par sa naissance, à l'une des plus puissantes familles du royaume. Le religieux empereur revint une seconde fois au Puy, lorsqu'il eut reçu à Rome, des mains du Pape, la couronne impériale. L'histoire ne nous a conservé aucun détail sur ce dernier pèlerinage, ni sur les riches dons que le pieux monarque se plut sans doute à offrir à la sainte Vierge. Lacune regrettable, dont nos chroniques offrent malheureusement trop d'exemples, et que nous aurons plus d'une fois l'occasion de déplorer dans le cours de cet ouvrage. Quoi qu'il en soit, on voyait autrefois dans notre Cathédrale, près des reliques, un tableau commémoratif de la dernière visite de l'empereur, entouré des rois, ses enfants, et d'une suite nombreuse de princes et de princesses. Ce tableau était connu sous le nom de tableau des neuf preux.

Les deux pèlerinages qu'il fit à notre sanctuaire, laissèrent une impression profonde dans l'âme de Charlemagne. Il prit même notre église en si grande estime, que, voulant établir un siège épiscopal à Girone, ville d'Espagne, qu'il venait de conquérir sur les Sarrasins, il choisit le premier évêque de cette ville, parmi les chanoines du Puy, et lui adjoignit plusieurs choriers du même chapitre, pour composer le chapitre nouvellement institué. Le litre d'érection porte que l'empereur entendait que ces deux cathédrales fussent, à perpétuité, unies de coeur et associées ensemble. C'est là l'origine de la touchante fraternité qui a régné, pendant tant de siècles, entre les deux églises. Depuis cette époque, en effet, les églises vellave et catalane contractèrent une étroite alliance qui subsista fidèlement jusqu'à la grande Révolution française. Entre Girone et le Puy, il y eut, dès lors, comme une sainte Hermandad ou fraternité religieuse.

Pour en revenir à Charlemagne, outre la grande vénération que cet empereur eut toute sa vie pour le sanctuaire du Mont Anis, il conçut aussi,à la suite des visites qu'il y fit, une amitié profonde pour Rorice, évêque du Puy et comte du Velay. Il voulut même qu'il l'accompagnât dans une de ses expéditions, afin d'être mieux à portée de son affection et de ses conseils.

Pour assurer le service du sanctuaire du Mont Anis et pourvoir à la majesté et à la splendeur du culte, Charlemagne ajouta aux soixante chanoines qui composaient déjà le chapitre de Notre Dame, dix autres chanoines inférieurs dont la principale fonction était de se rendre ponctuellement au choeur et d'en soutenir la psalmodie. Il y eut ainsi, autour de l'autel de Marie, tout un sénat vénérable, occupé à chanter les louanges de la Mère de Dieu et à desservir son auguste sanctuaire. L'institution de ces dix chanoines, par Charlemagne, donna naissance à la fameuse Université de Saint Mayol, où l'on apprenait à de jeunes clercs les sept arts libéraux, et dont la renommée s'étendit bientôt dans toute la France. Rien n'est beau à lire comme la Charte par laquelle le grand empereur créa ces dix canonicats dans notre basilique du Mont Anis. Qu'on nous permette d'en donner lecture ici ; aussi bien y verra-ton quels sentiments Charlemagne professait pour Notre-Dame du Puy, et comment il affirmait hautement l'apostolicité de l'Eglise du Puy :

« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, est-il dit dans le diplôme d'institution dont on a la copie, Charles, empereur couronné de Dieu, par la miséricorde divine, roi des Français, à tous les fidèles présents et à venir, faisons savoir que nous avons visité dernièrement la basilique ou très sainte et angélique Eglise de la bienheureuse Marie, de la ville d'Anicium, autrement dite du Puy-Sainte-Marie, fondée et construite par Vosy, premier évêque du Puy. Cette Eglise a reçu la foi catholique dès les premiers temps du christianisme, et conserve, depuis les siècles apostoliques jusques à nos jours, sans tâche et sans aucun mélange d'hérésie, cette foi que lui apporta Georges, envoyé par les Apôtres dans les régions avoisinant la Loire, préférablement à tant d'autres contrées de la Gaule.

« Dans cette basilique à jamais vénérable par sa consécration, on rend un culte très grand aux reliques de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de plusieurs saints. Nous avons fait un pèlerinage à ce sanctuaire pour y vénérer ces reliques. Afin d'obtenir la miséricorde de Dieu et de Notre Seigneur Jésus-Christ, nous sommes venus, pieds nus, nous prosterner, le corps et la face contre terre, dans ce temple de la bienheureuse Vierge Marie, adressant de nombreuses prières au Roi des rois, qui donne et enlève, à son gré, tous les royaumes du monde à qui il veut et comme il veut, sans considération des mérites personnels, afin qu'il voulût bien nous conserver la vie, l'empire et le royaume de France, et surtout afin que les peuples qui nous sont confiés, égalant en nombre les sables de la mer qu'on ne peut compter, restent dans la foi catholique et romaine qui fait seule notre espérance, lui demandant tout cela par l'intercession de la très bonne et très miséricordieuse Marie, sa Mère.

« En outre, pour l'accroissement du culte et du service divin, dans une si sainte basilique où les fidèles de toutes les parties du monde viennent implorer le secours de Dieu et sa miséricorde par l'intercession de la très clémente Marie, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ, en vertu de l'autorité royale et impériale que nous tenons de Dieu, nous voulons créer et créons, maintenant et pour toujours, dix chanoines pauvres dans la communauté et l'église du Puy, choisis parmi les clercs qui servent déjà dans cette Eglise. Ils seront dans le choeur avec les autres chanoines de la même communauté et de la môme Eglise, priant pour nous et pour nos enfants, pour l'augmentation et la dilatation de toute l'Eglise apostolique et romaine, et chantant dans cette Eglise les louanges de Dieu avec ces mômes chanoines. Et pour que cette création, de dix chanoines pauvres, dans les dites église et communauté, soit ferme et stable devant Dieu et persévère longtemps dans l'avenir, nous avons statué et ordonné qu'elle serait signée de notre main, et scellée de notre anneau. Signé : Charles, empereur ».

Un tel langage se passe de commentaires. Outre cette institution de dix chanoines, Charlemagne établit encore au Puy une oeuvre dont l'institution restera l'un des plus beaux titres de gloire de notre sanctuaire : nous voulons parler de l'OEuvre du denier de Saint-Pierre.

Après avoir été sacré empereur par le Pape Léon III, Charlemagne, voulant témoigner sa reconnaissance et sa dévotion envers le Saint Siège, recommanda instamment les besoins de l'Eglise romaine à la générosité de tous ses sujets. Il autorisa à cet effet, dans tous ses états, la levée d'offrandes et de dons volontaires, et il choisit spécialement, pour centre de perception de ces aumônes, trois villes de son empire : Aix-la-Chapelle, Saint-Gilles sur le Rhône et le Puy-Sainte-Marie. Ces trois villes, d'importance fort inégale, étaient alors célèbres par les précieuses reliques qu'elles contenaient et l'affluence des pèlerins qui se pressaient dans leurs murs. Le choix que Charlemagne fit du Puy en particulier, pour résidence des collecteurs du denier de Saint-Pierre, lui fut certainement inspiré par l'impression qu'avait laissée dans son âme le souvenir de ses deux pèlerinages à la Vierge d'Anis. Grand honneur pour notre ville qu'un tel choix dont elle s'est, du reste, montrée toujours digne ; car la cité du Puy-Sainte-Marie n'a pas dégénéré : elle est encore aujourd'hui un des plus généreux soutiens de l'OEuvre, dix fois séculaire, fondée dans ses murs par Charlemagne. Oui, entre tous les diocèses de France, celui du Puy, étant donné sa pauvreté relative, est peut être celui qui se montre le plus aumônier et le plus charitablement prodigue envers le Père commun des fidèles. Du reste, les besoins de l'Eglise ne sont pas moins pressants aujourd'hui que du temps de Charlemagne ; ils sont même devenus bien plus urgents, depuis surtout que le Souverain-Pontife s'est vu dépouiller injustement, par la force, de ses états temporels : on le sait dans nos montagnes, et voilà pourquoi, bien que l'or y soit plus rare qu'ailleurs, et le pays relativement pauvre, on s'y montre généreux envers le Pape, à l'envi des plus riches provinces de France. C'est justice, après tout : Quand l'un de nos plus grands rois, qui a laissé à la postérité ce mot célèbre : « tout est perdu, fors l'honneur ! » vaincu par son ennemi, fut jeté dans une prison étrangère, il n'y eut fille ou femme en France, qui ne filât sa quenouille pour la rançon du roi. Eh bien ! l'Eglise aussi est une reine qui a tout perdu, fors l'honneur ! C'est la reine de nos âmes. Il est donc juste qu'aujourd'hui comme autrefois, il n'y ait partout en France, et surtout dans notre catholique Velay, ni fille ni femme chrétienne, qui ne filent leur quenouille pour la rançon de l'Eglise. Nous avons donc la ferme et douce confiance que, dans l'avenir non moins que dans le passé, notre religieux diocèse ne faillira jamais à ce noble devoir de piété filiale et de tendre charité envers le Saint-Siège. Puisse-t-il en être ainsi par le secours et la protection de Notre Dame du Puy ! Amen.

 

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Prière

 

Ô Marie, en lisant les glorieuses annales de votre pèlerinage du Mont Anis, comme on se sent fier d'appartenir à ce noble pays du Velay que vous avez chéri entre tous les autres, qu'illustra et aima Charlemagne, et qui fut le siège et le foyer de tant de bonnes et grandes œuvres !... Mais si c'est une véritable noblesse que d'appartenir à une contrée si privilégiée, cette noblesse nous oblige à nous en montrer dignes.

De tout temps, ô Marie, le Velay s'est distingué par son zèle à orner votre temple auguste, non seulement de richesses matérielles, mais aussi et surtout de saints prêtres, qui sont le meilleur et le plus digne ornement de vos temples. C'est ainsi que, grâce aux fondations de Charlemagne,on put admirer longtemps, dans la Basilique du Mont Anis, un sénat de soixante vénérables ecclésiastiques, occupés à desservir le sanctuaire et à chanter pieusement les louanges de Marie. Hélas ! quelle pénurie a fait place aujourd'hui à cette abondance d'autrefois ! Tandis que les rois de la terre ont autour d'eux toute une nombreuse cour, la Reine de tous les rois du monde possède à peine quelques prêtres à son service. O Marie, comme le psalmiste, nous voulons aimer dorénavant la gloire de votre demeure, Dilexi decorem domus tuae. Nous l'embellirons non seulement de nos dons et de nos offrandes, mais nous l'embellirons surtout en consacrant à votre service ceux de nos enfants qui seront capables de vous honorer et de faire partie de votre cour dans les rangs de votre clergé.

Enfin, comme nos aïeux, ô Marie, nous serons zélés pour l'oeuvre du denier de Saint-Pierre que Charlemagne fonda lui-même dans notre ville, il y a plus de mille ans. Nous viendrons, de notre mieux, au secours du Père commun de tous les fidèles. Et puisque les méchants l'ont injustement dépouillé de ses états temporels, qui lui assuraient,avec l'indépendance, les ressources nécessaires au gouvernement des âmes dont il a reçu la charge, nous tâcherons, par nos aumônes, de subvenir aux besoins de son gouvernement spirituel, et nous lui fournirons, selon notre pouvoir, les moyens matériels de remplir son divin mandat. Telles sont, ô Marie, les résolutions que nous prenons aujourd'hui à vos pieds : Bénissez-les et faites-nous la grâce d'y être désormais fidèles ! Notre Dame du Puy, priez pour nous. Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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4 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

 

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Cinquième jour

Comment la Basilique de Notre Dame du Puy fut consacrée par les anges

 

Le miracle est le point d'origine de tous les grands pèlerinages, on le trouve à la base de tous les sanctuaires célèbres de la chrétienté, mais il surabonde dans les origines du sanctuaire du Mont Anis ; et, à mesure que se déroule le récit qu'en font nos vieilles chroniques vellaviennes, on constate que dans l'histoire de Notre-Dame du Puy tout tient du prodige, tout y est vraiment miraculeux.

Voici comment les vieux chroniqueurs de notre sanctuaire racontent sa merveilleuse consécration par les Anges.

Le sanctuaire était terminé, et il ne restait plus qu'à procéder à sa consécration. Mais aucune église alors, ne pouvant être consacrée sans permission particulière du Saint-Siège, Vosy et Scutaire se mirent en route pour aller à Rome. Seulement, à peine avaient-ils fait une heure de chemin, qu'ils rencontrèrent sur le bord de la Loire, près d'un lieu appelé Corsac, et à l'endroit même où se trouve aujourd'hui le Petit-Séminaire de la Chartreuse, deux vénérables vieillards marchant solennellement, et portant entre leurs mains deux petits coffres étincelants d'or. Saisis d'étonnement à la vue de ces augustes et mystérieux personnages, Vosy et son compagnon les abordent respectueusement, et leur demandent qui ils sont, d'où ils viennent et où ils vont ainsi parmi ces montagnes et ces forêts. « Fidèles serviteurs de la Mère de Dieu, répond d'une voix grave un de ces vénérables pèlerins, ne poussez pas plus loin votre voyage ; nous sommes envoyés de Rome pour vous remettre ces reliques que vous reconnaîtrez à leurs inscriptions ; retournez les porter, pieds nus, à l'église du Mont Anis, où nous allons vous précéder. Quant à la consécration, n'en soyez plus en peine, la main des hommes ne doit point sacrer le sanctuaire que vous avez élevé à la Reine du ciel. C'est aux Anges qu'est réservé aujourd'hui cet honneur. Telle est la volonté de Dieu. Et, afin que vous ne doutiez pas de mes paroles, sachez qu'au moment où vous vous présenterez devant l'église, les portes s'ouvriront, les cloches sonneront d'elles-mêmes, tout l'intérieur du temple sera resplendissant de flambeaux allumés et de cierges ardents ; vous entendrez une harmonie céleste, et vous sentirez le doux parfum de l'huile sainte qui aura servi à la consécration faite par les Anges.

A ces mots, saint Vosy et saint Scutaire ôtent leur chaussure. Ils se prosternent à genoux pour recevoir les précieuses reliques qui leur sont confiées ; mais les mystérieux vieillards ne les ont pas plutôt déposées entre leurs mains, qu'ils disparaissent subitement, prouvant ainsi qu'ils étaient des Anges et non des hommes.

Cependant le peuple, averti de tout ce qui se passait, accourt en toute hâte. Une procession s'organise ; on gravit en chantant les degrés de la sainte Montagne. Ce ne sont partout que des hymnes de joie et des cantiques d'allégresse. Puis, ô miracle ! à l'approche du temple sacré, les cloches commencent à sonner sans être agitées par des mains humaines, les portes de la basilique s'ouvrent d'elles-mêmes, et l'on aperçoit le sanctuaire resplendissant de la clarté des milliers de cierges qui brûlent, tandis que le céleste parfum de l'huile sainte, dont les murs ont été oints et l'autel arrosé par les Anges, embaume l'église tout entière de son odeur suave.

A ce spectacle, Vosy entonne un cantique d'action de grâces que les assistants poursuivent au milieu des transports de la plus vive allégresse. Les prières finies, on recueillit les flambeaux que l'on conserva religieusement. Deux sont parvenus jusqu'à nous, à travers les bouleversements de la grande Révolution française. On les garde précieusement dans le trésor de la cathédrale, où nous les avons vus et où ils exhalent encore un délicieux parfum. Ces flambeaux présentent tous les caractères d'une très haute antiquité. Ce sont des torches où la flamme avait des foyers multiples. La mèche est faite de moelle de roseau, et l'enveloppe est en toile au lieu de papyrus, comme dans les flambeaux de Saturne, dont on trouve la description dans un passage de l'anthologie grecque.

Dans ce siècle de doute et d'incrédulité, on nous reprochera peut-être d'avoir eu la simplicité de raconter cette légende et d'y avoir ajouté foi. Mais nous nous honorons de notre simplicité, et, sans vouloir donner pour article de foi ce qui est bien loin d'en être un, nous estimons cependant notre croyance assez sérieusement fondée pour braver les railleries et triompher des objections. Comment, en effet, ne pas croire à ce récit, quand la basilique du Mont Anis porte encore le nom de chambre angélique en souvenir de sa consécration miraculeuse. Comment refuser d'y croire, quand à la suite de cette cérémonie furent recueillis par la piété du peuple plus de trois cents cierges dont plusieurs existent encore aujourd'hui. Comment être incrédule enfin quand on voit ce grand événement célébré pendant tant de siècles, dans le pays qui en fut témoin, par un office et une procession solennelle où l'on accourait de toutes les parties de la France et jusques des pays étrangers. Au reste, la consécration de l'église du Puy par les Anges n'est pas un fait unique dans l'histoire. D'autres lieux de pèlerinage réclament aussi cet honneur. Les Souverains Pontifes ont reconnu, en particulier, dans des Bulles formelles et authentiques, que la fameuse basilique de Notre Dame des Ermites à Ensidlein (Suisse) avait été réellement consacrée par les mains de Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, avec l'assistance de saint Pierre et du premier des martyrs saint Etienne.

Dès lors pourquoi ce qui s'est passé dans un endroit, aurait-il été impossible en l'autre ? Et quelle répugnance voit-on à ce que Notre Seigneur Jésus-Christ ait opéré au Puy, par ses Anges, ce qu'il a daigné accomplir lui-même à Ensidlein. Le docteur saint Thomas, qui était un grand saint et un grand génie, n'y voyait pas tant de difficultés et d'impossibilités. Voici ce qu'il dit au sujet de cette question :

« Il faut savoir que de même que Dieu n'a pas tellement attaché sa vertu aux sacrements, qu'il ne puisse sans eux conférer leur effet, de même il n'a pas tellement attaché sa vertu aux ministres de l'Eglise qu'il ne puisse également la communiquer aux anges. Et, parce que les anges sont les messagers de la vérité, s'il arrivait que quelque fonction sacramentelle fut exercée par eux, il faudrait en reconnaître la vérité, comme cela a eu lieu, du reste, dans quelques temples que l'on dit avoir été consacrés par les Anges ».

On croit que saint Thomas faisait ici allusion à la consécration miraculeuse du sanctuaire du Mont Anis.

Certes, après un pareil témoignage et les différentes considérations dont nous l'avons fait précéder, on peut bien, croyons-nous, sans témérité aucune et sans faiblesse d'esprit, ajouter foi à ce que nos légendes racontent sur la consécration de l'Eglise angélique. Ce n'est, après tout, qu'un fait historique parfaitement possible, puisque les Papes affirment qu'il s'est réellement produit ailleurs. Or, sur les faits historiques, la croyance est parfaitement libre, nous le savons ; mais nous trouvons (et bien des âmes seront de notre avis), nous trouvons une grande consolation et une légitime fierté à n'être pas moins crédules sur ce point que nos aïeux et que l'illustre saint Thomas d'Aquin.

 

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Prière

 

Notre Dame Puy, priez pour nous ! Parmi toutes les vertus qui brillent en vous, ô Marie il en est une qui vous est particulièrement chère et que vous désirez surtout voir briller dans nos coeurs : c'est la pureté. C'est par elle principalement que vous aimez et que vous tenez à être honorée par vos enfants. C'est cette vertu que nous prêche éloquemment la consécration, par les anges, de votre sanctuaire du mont Anis. En effet, ô Marie, si vous avez voulu que le temple où vous deviez être spécialement honorée, fut ainsi purifié par les Anges pour être plus digne de vous, à combien plus forte raison désirez-vous que le coeur et l'âme de ceux qui vous invoquent soient purs pour être dignes de vos bienfaits ? Ô Marie, vous nous rappelez par là que nous devons être nous aussi les temples de Dieu consacrés à son amour et à son service en même temps qu'au service et à l'amour de sa sainte Mère. Nous devons donc respecter notre corps et notre âme comme un sanctuaire dans lequel nous devons vivre dans l'intimité de Jésus et de Marie par la pratique de l'aimable et angélique vertu. Reine des cieux qui, par amour de la pureté, avez voulu que votre sanctuaire du Mont Anis fut consacré par la main des Anges, donnez-nous d'aimer et de pratiquer de tout notre coeur cette aimable et angélique vertu. Et de même qu'au jour de leur consécration, l'autel et les murailles de votre Eglise exhalaient une odeur délicieuse, accordez-nous de répandre, nous aussi, la bonne odeur de la pureté. Comme une fleur odorante et suave, faites-la fleurir sans cesse entre notre âme et notre corps, afin que notre être tout entier soit embaumé de son céleste parfum. Regina Angelorum, ora pro nobis. Reine des Anges priez pour nous !

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

 

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3 mai 2020

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

Le Mois de Marie Historique de Notre Dame du Puy

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 Quatrième jour

De la construction de la basilique de Notre Dame du Puy

 

Après la mort de saint Georges, l'évêché de Ruessium fut occupé, jusque vers l'année 350, par une suite de saints évêques dont les noms malheureusement ne sont pas tous parvenus jusqu'à nous : nos vieilles chroniques nomment entre autres saint Macaire, saint Marcellin, Rorice, Eusèbe et saint Paulien. Celui-ci fut le dernier qui résida à Saint-Paulien. En mourant il laissa son nom à la vieille métropole, qui n'est plus connue aujourd'hui que sous le nom du saint Evêque, qui l'illustra par sa vie et ses miracles. Malgré le zèle et la piété des différents successeurs de saint Georges, aucun d'eux n'avait pu élever, sur le Mont Anis, le sanctuaire dont la sainte Vierge avait si miraculeusement désigné l'emplacement. Cette gloire était réservée à saint Vosy, successeur immédiat de saint Paulien et premier évêque du Puy. Saint Vosy était un homme d'une grande vertu et d'une fortune considérable. Aussi, à peine fut-il élevé à l'épiscopat,qu'il se préoccupa du soin de construire l'édifice que la pauvreté de ses prédécesseurs ne leur avait pas permis d'élever. Cependant, comme il hésitait encore devant une pareille entreprise, un nouveau miracle de la sainte Vierge, au Mont Anis, vint mettre fin à toutes ses hésitations.

Une dame, originaire de Ceyssac, près le Puy, était attaquée d'une paralysie qui l'empêchait de faire aucun mouvement et d'une fièvre qui lui brûlait les entrailles. Son unique soulagement était la dévotion envers la très sainte Vierge Marie, qu'elle ne cessait d'invoquer avec une entière confiance. Un jour, pendant qu'elle dormait, la sainte Vierge, lui apparut, et lui montrant sur la montagne d'Anis, l'enceinte que Georges avait marquée jadis par une haie, lui ordonna, si elle voulait guérir, de s'y faire immédiatement transporter. A son réveil, la malade n'eut rien de plus pressé que d'obéir. Elle se fit donc déposer sur la grande dalle noire qui était au sommet du mont, et qui déjà, sous saint Georges, avait été l'instrument d'une première guérison. Cette pierre, nous l'avons dit hier, présente aux yeux de l'antiquaire tous les caractères d'un véritable dolmen. Quelques savants ont été jusqu'à penser que ce pouvait être la table d'un autel élevé là jadis, par les païens au Dieu Adidon, génie tutélaire du lieu. Cela n'aurait rien d'étonnant après tout, la sainte Vierge s'étant plu bien souvent à se voir honorée dans les lieux d'où son nom et celui de son divin Fils avaient chassé les fausses divinités. C'est ainsi que la grotte de Lourdes, où Marie est apparue à Bernadette, renferme un menhir ou pierre-levée de granit, qui servait autrefois d'autel aux Druides. Quoiqu'il en soit, c'est sur cette pierre miraculeuse que se fit porter la dame malade de Ceyssac. À peine l'y eût-on déposée, qu'elle s'endormit d'un sommeil mystérieux et qui avait quelque chose d'extatique. Vers le milieu de la nuit, elle se sentit tout à coup éveillée par une harmonie céleste. Une force miraculeuse l'entraîne devant l'humble autel qu'autrefois saint Martial avait érigé en ce lieu, en mémoire de la première apparition que la sainte Vierge y avait faite. En ce moment, une vive clarté illuminait toute la montagne. Notre Dame, entourée d'une légion d'anges et d'un essaim de vierges, resplendissait sur l'autel d'un éclat merveilleux. « Ma fille, dit-elle à la malade, vos prières et vos pleurs sont montés jusqu'au trône de Dieu. C'en est fait, vous êtes guérie ! Allez maintenant trouver mon serviteur Vosy ; dites-lui, de ma part, qu'il ne manque pas de jeter ici au plus tôt les fondements du sanctuaire que n'ont pu m'y élever ses prédécesseurs. C'est ici que, suivant la prédiction qu'en a faite le bienheureux Georges, j'accorderai aux supplications de la piété le soulagement des malades et la consolation des affligés. J'ai choisi cette montagne entre mille pour donner une audience favorable à ceux qui viendront m'y présenter leurs demandes et leurs requêtes ». Ainsi parla la sainte Vierge ; et la malade, subitement rendue à la santé, s'empressa d'aller trouver Vosy.

Informé de cet événement, le saint prélat, pour éviter toute illusion, commença par consacrer, avec tout son peuple, trois jours entiers à la pénitence et à la prière. Dieu, touché de sa bonne volonté, lui envoya un ange pour confirmer ce que la dame de Ceyssac avait vu. Alors Vosy chanta un cantique d'action de grâces, et s'en alla processionnellement au Mont Anis, suivi de son clergé et de son peuple. Là, un nouveau prodige l'attendait : l'enceinte, fermée jadis par une haie vive, était couverte, comme au jour de la première apparition, d'une neige épaisse, tandis qu'on en apercevait à peine quelques flocons à la cime des montagnes les plus élevées. À cette vue, saisi d'un saint transport, l'Evêque se précipite la face contre terre, en s'écriant comme Jacob : « Terribilis est locus iste ! Non est hic aliud nisi Domus Dei et porta coeli ! Que ce lieu est terrible ! ce n'est rien moins que la maison de Dieu et la porte du ciel ! » Puis, inspiré par l'Esprit-Saint, il annonce que ce serait là bientôt le trône de la divine miséricorde, et que de toutes parts on viendrait à ce pèlerinage pour offrir des voeux et recueillir des bénédictions. Il prend même, dès lors, la résolution d'y transporter son siège épiscopal. Mais, pour que cette translation pût être consommée légitimement et pour qu'elle fût acceptée sans contestation par la ville de Saint Paulien qui allait se voir ainsi dépossédée de son titre d'évêché, il fallait le consentement et la sanction du Souverain-Pontife. Dans ce dessein, Vosy vole à Rome, et non seulement le Pape consentit avec joie à ce que le siège de l'évêché du Velay fut transféré de Saint Paulien au Puy, mais il adjoignit encore au saint Evêque, pour rendre son œuvre plus digne du ciel et de la terre, un patricien romain nommé Scutaire, qui était un vertueux personnage et un très habile architecte. Vosy reçut avec reconnaissance celui que lui associait le saint-Père et se bâta de revenir dans le Velay.

Fort, désormais, de l'approbation du Souverain Pontife et de la coopération de l'éminent collaborateur qui lui avait été donné dans la personne de Scutaire, Vosy, à peine revenu de Rome, entreprit généreusement la construction de la cathédrale du Puy. Pour cela, il établit des ateliers sur le Mont Anis, et y fixa sa demeure, afin de surveiller et de presser les travaux. On se mit donc à l'oeuvre ; les coeurs étaient gagnés ; chacun s'associe à l'entreprise ; les riches y contribuent de leur argent, les pauvres et les artisans de leur travail et de leurs sueurs. Marie elle-même, racontent les anciennes légendes, Marie vint souvent encourager, par sa présence, l'ardeur générale. Quelques années suffirent pour consommer cette noble entreprise. Il est vrai que le sanctuaire, tel qu'il se montrait alors aux regards, était loin d'avoir l'étendue qu'il a aujourd'hui ; il ne comprenait que l'abside et la première coupole, c'est-à-dire ce qu'on appelle la chambre angélique. Le reste de la nef et les deux bas-côtés ont été ajoutés beaucoup plus tard, dans les dixième et onzième siècles. Or, à mesure que l'on construisait le sanctuaire, les habitations se groupaient autour de lui et formaient peu à peu sur les pentes escarpées du Mont Anis, les prémices de la ville du Puy. Ville illustre entre toutes, dit un vieux chroniqueur, et qui, déployant ses ailes comme l'aigle des montagnes qu'elle porte en écusson, devait bientôt, par de rapides accroissements, devenir, après Toulouse, la première ville du Languedoc.

 

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Prière

 

O Marie, que votre sanctuaire est vénérable ! et avec quel respect nous devons l'aborder ! C'est ici le lieu de miracle ! et ce temple est né des prodiges et de l'amour de Marie. C'est Marie qui en a tracé, elle-même l'enceinte ! C'est elle qui après avoir été l'inspiratrice de ce pèlerinage, a voulu être pour ainsi dire l'architecte de ce monument sacré, par ses communications aux saints premiers évêques du Puy. Aussi nulle église peut-être n'inspire aux âmes qui y pénètrent un saisissement religieux aussi grand, une plus profonde vénération ; il semble que votre voix, ô Marie, s'y fasse encore entendre, et qu'elle y dise ce que Dieu lui-même disait du temple de Salomon : « Mes yeux seront ouverts et mes oreilles attentives à la voix de celui qui me priera dans ce sanctuaire, j'ai choisi ce lieu pour y tenir toujours ouverts mes yeux et mon coeur sur ceux qui viendront y prier. C'est là que j'exaucerai du haut du ciel les prières qui me seront adressées, c'est là que je pardonnerai les péchés et que je guérirai la société malade » (Office de la Dédicace). O Marie, combien nous aimons votre église du Mont Anis ! Elle est pour nous le vestibule du Paradis, le heu de rendez-vous de notre Mère du ciel à ses enfants de la terre ! Oh ! Que ne pouvons-nous y faire notre demeure ! Mais, ô Marie, ne pouvant venir corporellement dans votre sanctuaire aussi souvent que nous le voudrions, nous voulons au moins y venir tous les jours spirituellement, à l'exemple de la Vénérable Mère Agnès qui, du fond de son pèlerinage de Notre-Dame du Puy. Nous voulons surtout y venir assidûment pendant ce beau mois qui vous est consacré. O Marie, accueillez nos prières, exaucez-les, et sauvez-nous ! Ainsi soit-il.

 

Salve Regina

 

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, salut !

Enfants d’Eve, de cette terre d’exil, nous crions vers vous. Vers vous nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes !

Ô vous notre avocate, tournez vers nous votre regard miséricordieux,

et au sortir de cet après l'exil , obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein !

O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie !

 

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.

R. Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Oraison

 

Dieu tout puissant et éternel, qui, par la coopération du Saint Esprit, avez préparé le corps et l'âme de la glorieuse Vierge Marie pour en faire une demeure digne de votre fils, accordez-nous d'être délivrés des maux présents et de la mort éternelle par l'intercession de Celle dont nous célébrons la mémoire avec joie, nous vous en supplions par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

Salve, Regina, Mater misericordiae, vita, dulcedo et spes nostra, salve !

Ad te clamamus, exules, filii Evae ; ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle.

Eia ergo, advocata, nostra, illos tuos misericordes occulos ad nos converte.

Et Jesum benedictum fructum ventris tui, nobis, post hoc exilium, ostende.

O clemens, o Pia, O dulcis Virgo Maria !

 

V. Ora pro nobis sancta Dei genitrix.

R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

 

Oremus

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui gloriosae Virginis Matris Mariae corpus et animam, ut dignum filii tui habitaculum, effici mereretur, Spiritu sancto cooperante, praeparasti: da ut cujus commemorationo laetamur, ejus pia intercessione, ab instantibus malis, et a morte perpetua liberemur. Per enmdem Christum Dominum nostrum.

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30 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Trente-et-unième jour

Patronage de la bienheureuse Vierge Marie sur l'Ordre de saint Dominique

(La fête du Patronage de la bienheureuse Vierge Marie sur l'Ordre a été autorisée en 1725, par Benoît XIII et se célèbre le deuxième Dimanche de novembre)

 

« Heureux enfants d'une adoption si tendre, aimons Celle qui est digne de tout amour, Marie, notre Mère, la Mère de Jésus, cette divine plante sur laquelle a été cueillie l'adorable fleur de l'éternité, le Fils unique de Dieu, dont l'odeur délicieuse embaume le ciel ». (Méditations sur la vie des saints et des bienheureux de l'Ordre de saint Dominique).

 

I. Combien il est doux et consolant pour nous, le souvenir de ce jour mémorable et mille fois béni, où Marie, voulant donner à notre glorieux Père l'assurance de sa protection maternelle, lui apparut, bénissant tous ses enfants endormis, et lui dit : « Je suis Celle que vous invoquez tous les soirs. Lorsque vous dites : « Eia ergo, Advocata nostra » ; je me prosterne devant mon Fils pour la conservation de cet Ordre ! »

Puis, comme si cette magnifique promesse n'eût pas suffi à l'immensité d'amour dont son coeur débordait pour son fidèle serviteur, elle voulut recevoir de Jésus lui-même le dépôt sacré et précieux des enfants de Dominique : « J'ai confié ton ordre à ma Mère », dit Notre Seigneur au saint Patriarche ravi au Ciel ; en même temps, il lui montra sous le manteau de la Reine du ciel une multitude de ses fils et de ses filles.

Aussi Notre Seigneur Jésus ayant révélé à notre bienheureux Père l'heure si désirée de son départ pour le ciel, il pria la très Sainte Vierge avec larmes, lui disant : « Marie, Reine du ciel, écoutez la prière que je vous fais : je me confie à Vous, parce que je sais que Vous êtes toute-puissante auprès de Dieu ; prenez sous votre protection mes frères, que j'ai élevés sous l'abri de mon scapulaire ; cachez-les et défendez-les sous l'étendard de votre manteau royal ; conduisez-les et soutenez-les, de peur que l'ancien ennemi n'ait aucun avantage sur eux et ne ruine cette vigne nouvelle que j'ai plantée par la droite de votre divin Fils ; car quelle autre chose, très douce Dame, ai-je voulu représenter par ce petit habit qui leur couvre la poitrine et les épaules, sinon le double esprit dans lequel je les ai nourris, les portant nuit et jour à servir Dieu en toute humilité et tempérance ? Je priais aussi pour eux, afin qu'ils ne désirassent rien de ce monde qui pût, ou déplaire à Dieu, ou obscurcir près des hommes l'éclat de leur piété et de leur modestie. À présent donc que le temps de ma récompense approche, je vous remets mes enfants, afin que vous les receviez et les adoptiez pour les vôtres, et daigniez les supporter comme une bonne et tendre Mère ».

La très Sainte Vierge répondit à cette affectueuse prière : « Mon cher ami Dominique, parce que vous m'avez aimée plus que vous-même, je prends vos enfants sous mon grand manteau pour les défendre et les conduire, en sorte que tous ceux qui persévéreront dans l'observance de votre règle seront sauvés. Mon grand manteau n'est autre chose que ma miséricorde, que je ne refuse à aucun de ceux qui la demandent fidèlement, et dans le sein de laquelle je reçois tous ceux qui la cherchent ». (IIIe Livre des révélations de sainte Brigilte, ch. XVII).

Ce fut ce colloque entre la très Sainte Vierge et le saint Patriarche mourant qui donna lieu aux admirables paroles qu'il adressa au moment de son agonie à ses Frères, et les remplit de consolations.

Marie fut fidèle à la promesse faite à son fidèle serviteur, elle versa sans cesse sur son Ordre une multitude de grâces, et qui essayerait de les énumérer devrait rappeler en même temps la vie de tous les saints et bienheureux qui ont vécu sous la règle et l'habit de notre saint Patriarche. Il n'en est aucun, en effet, qui n'ait aimé Marie comme une Mère, et qui n'ait reçu des marques signalées de sa protection.

Saint Dominique avait pris dans une affection toute particulière le Vénérable Père Paul de Venise, à cause de ses admirables vertus et de sa grande ferveur. Il l’envoya un jour prêcher avec un autre religieux aussi jeune que lui ; la supérieure d'un monastère où ils se présentèrent pour être logés par charité, jugea que la parole de Dieu ne pouvait avoir une grande efficacité dans la bouche d'hommes aussi jeunes, et elle les méprisa ; mais la nuit suivante, elle en fut sévèrement reprise par la Sainte Vierge elle-même, qui lui fit connaître que ces religieux et tous ceux de leur Ordre étaient sous sa protection, et que Dieu, qui s'était servi du jeune Daniel pour corriger le jugement des deux vieillards de Babylone, saurait bien donner le don d'éloquence à ces religieux qui, dans leur jeunesse, renonçaient si généreusement au monde et pratiquaient la perfection la plus sublime ; que c'étaient là proprement ses enfants, et qu'elle se gardât bien d'en avoir une opinion si indigne. La religieuse se repentit de son jugement précipité, et le lendemain fit à ses hôtes l'accueil le plus charitable et le obligeant qu'il lui fut possible. Au moment de la mort de ce jeune religieux, il plut à Notre Seigneur de faire connaître combien sa vie lui avait été agréable, et la récompense qu'il lui destinait.

Un Frère Prêcheur, envoyé chez les Cumans, craignait qu'un tel voyage ne fût inutile à lui-même autant qu'à ce peuple, et troublé dans son âme, il conjura un saint religieux Cistercien d'intercéder en sa faveur près de Dieu. Le religieux, ému de compassion, passa la nuit suivante en prières, et il eut une vision. Il lui semblait voir un grand fleuve, sur le fleuve un pont, et des religieux de divers Ordres passaient le pont, l'allégresse au visage; mais, seuls, les Frères-Prêcheurs, au contraire, luttaient au sein du fleuve, essayant de le franchir à la nage, et chacun d'eux traînait un char couvert d'hommes. Quelques-uns défaillaient sous l'excès de la fatigue ; mais aussitôt la bienheureuse Vierge Marie s’inclinait vers eux, et les soutenant de la main, les conduisait au rivage. Là, Elle les accueillait, ainsi que ceux qu'ils avaient sauvés, et les conduisait tous, ivres de joie, dans des lieux d'une ineffable beauté. Le Cistercien fit part de cette vision au dominicain tenté, qui partit aussitôt pour remplir sa mission. Il comprit que les Frères voués au salut du monde, devaient affronter des travaux plus rudes que ceux des religieux occupés uniquement à leur propre salut ; mais que ces travaux, plus féconds en fruits, gardaient à l'âme d'inénarrables joies, et que la bienheureuse Vierge les partagerait (Vitæ fratrum, lib. I, cap. VI).

 

II. Marie est la mère de tous les chrétiens ; mais Elle est en particulier la mère des Frères Prêcheurs qu'elle a enfantés, nourris, élevés, revêtus, protégés, institués héritiers du saint Rosaire. Ne craignons donc ni pour nous ni pour notre maison, c'est-à-dire pour notre famille spirituelle le grand froid, la neige, ou le souffle glacial du monde et de l'enfer ; car Marie nous a couverts d'un double vêtement, qui est notre scapulaire. Elle a donne' une riche ceinture aux Cananéens, c'est-à-dire le très Saint Rosaire aux Frères Prêcheurs, qui font le commerce des âmes, comme les Cananéens faisaient celui des étoffes précieuses.

Marie a présidé à la naissance de cet Ordre ; Elle en a béni les accroissements, multiplié les rejetons, protégé tous les âges, et ne cessera, jusqu'à la fin des siècles, nous en avons la douce confiance, de conserver en lui, de renouveler, s'il est nécessaire, dans toute sa vigueur, cet esprit primitif du saint patriarche Dominique, sève abondante qui lui fait produire, depuis six siècles, les fruits savoureux qui font la joie des anges et les délices du ciel.

Amour donc ! Oui, amour sans bornes à Marie, la céleste Mère de l'Ordre de saint Dominique ! Amour à ce Lys prédestiné dont le suave parfum nous réjouit et nous fortifie ! Amour à la sainte rosée qui ranime notre âme épuisée, fatiguée par la lutte des passions ! Amour à celle que l'Église appelle l'Étoile du Matin, splendide avant-courrière du soleil de justice, dont le doux éclat nous guide dans notre voie aride ! Que les cieux et la terre chantent la Vierge Marie ! Que les flots bruyants de la mer, l'avalanche qui se détache du rocher avec le bruit du tonnerre, que les vents mugissants dans les grands sapins, joignent leur cantique aux nôtres ! Et toi, petit oiseau qui rases la terre, chante-la aussi bien que l'aigle majestueux qui s'envole vers le soleil ; car, par un prodige d'amour qui nous confond, nous savons que, pendant que des millions d'archanges chantent de cieux en cieux sa gloire, Marie prête une oreille maternelle aux plus humbles louanges de ses enfants, et c'est pour cela que, quoique je ne sois qu'une petite fauvette sans voix et sans mélodie, j'ai essayé de la chanter pendant ces trente et un jours !...

Ô douce Patronne, il s'est écoulé comme un jour ce mois passé à vos pieds bénis, et mon frêle esquif va quitter l'anse tranquille où il était amarré à votre ombre tutélaire, pour reprendre la pleine mer orageuse de la vie ; ah ! permettez qu'il ne s'éloigne que chargé des fruits des méditations et des exemples que mon âme a savourés pendant ce mois.

Sainte Protectrice de notre Ordre, soyez toujours mon phare lumineux ; souvenez-vous, Mère chérie, que je navigue au milieu des écueils, aidez-moi à diriger mon esquif ; que la prudence soit mon gouvernail, l'humilité et la charité mon lest, la soumission à la volonté de Dieu ma boussole, votre protection maternelle, Vierge sainte, mon ancre d'espérance; que malgré les dégoûts et les amertumes qui, comme une mer houleuse, inonderont souvent mon âme, la voile de ma patience ne se déchire jamais, et que, comme l'arche de Noé, je surnage toujours avec persévérance sur les grandes eaux de la tribulation, jusqu'au port du salut éternel. Amen.

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Ad majorem Mariae gloriam

 

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Fin du Mois de Marie Dominicain

 

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29 mai 2019

Le Mois de Marie Dominicain

Le Mois de Marie Dominicain

Marie honorée par les Saints et les Saintes de l’Ordre de Saint Dominique

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Trentième jour

Marie, Reine des Martyrs

 

« La seule présence de Marie sur le Calvaire auprès de son Fils mourant, suffit pour nous montrer quel martyre Elle souffrit, et combien sa patience fut constante et sublime. Ce fut alors que par sa patience, Elle devint notre Mère et nous ses enfants à la vie de la grâce » (Saint Albert-le-Grand).

 

I. Marie n'était pas seulement auprès de la croix, les yeux noyés de larmes, et contemplant les blessures de son Fils, Elle s'y tenait debout !... Les rochers se brisent par morceaux, et Marie ne perd rien de sa force. Son cœur est comme une mer d'amertume dont les vagues montent jusqu'au ciel ; mais elle conserve son calme, résiste à la tempête et ne s'écarte en rien de la volonté du Seigneur. Toutefois cette conformité à la volonté divine ne l'empêche point de sentir une immense douleur quand elle jette les yeux sur son Fils adoré et souffrant. (Vénérable Louis de Grenade, Méditation sur la Passion).

Ah ! Vraiment, Vierge sainte, il n'y a pas de martyre semblable à votre martyre, parce que parmi les créatures, il n'y a pas d'amour semblable à votre amour !

C'est le souvenir de la Passion de Jésus et du martyre de Marie au pied de la croix qui a fait la force de tous les martyrs, et les a rendus supérieurs à la douleur.

Dès l'origine de l'Ordre de Saint Dominique, l'enfer qui prévoyait le grand nombre d'âmes qu'il lui arracherait, se rua sur lui avec tant de rage, que les documents officiels portent à 13 300 le nombre des martyrs de l'Ordre pendant le premier siècle de son existence. Les savants auteurs de l'ancienne Année Dominicaine comptent 26 000 martyrs pendant son quatrième siècle.

À Saint Dominique et à l'arme du Rosaire dont il se servit par l'inspiration de la très Sainte Vierge, appartient la gloire d'avoir perlé à l'hérésie des Albigeois un coup mortel ; mais il fut donné aux religieux de son Ordre d'en éteindre les dernières étincelles dans leur sang généreux. En vingt ans le seul couvent de Toulouse eut l'insigne honneur de fournir douze martyrs à la cause de Jésus-Christ et de sa très Sainte Mère. Les trois derniers furent Guillaume Arnaldi, Bernard de Rochefort et Garcias d'Aure.

Le Bienheureux Guillaume Arnaldi, connu par son zèle pour la foi et le culte de la Sainte Vierge, objet des blasphèmes des hérétiques, avait reçu du pape Grégoire IX l'ordre de s'opposer à leurs tentatives criminelles. Il s'acquitta de ce devoir avec une vigueur apostolique qui fit naître contre lui une haine farouche dans le cœur des sectaires. Un jour qu'il était venu avec Bernard de Rochefort et Garcias d'Aure et trois prêtres à Avignonnet, pour remplir les devoirs de son ministère, ils furent surpris par les perfides hérétiques dans l'église même du lieu. Ils furent massacrés pendant qu'ils chantaient le Te Deum qu'ils avaient entonné en action de grâces de ce qu'ils avaient été jugés dignes de recevoir la couronne du martyre. La cruauté des sectaires s'exerça surtout sur le Bienheureux Guillaume, qui fut criblé de blessures, et à qui les hérétiques arrachèrent cette langue qui avait si souvent proclamé les grandeurs de Marie et les avait si souvent confondus.

À la nouvelle de ce meurtre sacrilège, le pape Grégoire IX frappa d'interdit l'église où il s'était passé. Au bout de quarante années, les habitants, alors tous revenus à la foi catholique, envoyèrent des députés à Rome pour obtenir la levée de l'interdiction. Or, au jour même où cette grâce leur était accordée à Rome, on trouva à Avignonnet l'église miraculeusement ouverte, dès le matin, quoique la porte fût fermée avec d'énormes barres de fer ; et les cloches, muettes depuis si longtemps, sonnèrent d'elles-mêmes, sans aucune impulsion humaine, pendant toute une nuit et un jour.

À l'entrée de l'église, les habitants d'Avignonnet trouvèrent une magnifique statue de la Vierge Marie. La Mère de Dieu, outragée par les hérétiques, défendue par les saints martyrs, manifestait par cette apparition inexplicable et sa propre gloire et celle des intrépides défenseurs de son culte. Depuis lors, les Chrétiens du pays, pleins de reconnaissance pour ce bienfait de Marie, voulurent en perpétuer le souvenir par une fête annuelle, qui se célèbre le premier mardi de juin, et où on porte en triomphe l'image de la Reine du ciel.

Un grand nombre de personnes de toute condition viennent, à cette date, de tous les environs, et, un cierge à la main, parcourent en se traînant sur leurs genoux la nef de l'église jusqu'au tableau du maître-autel, qui représente la glorification des martyrs.

Arrivés là, les pieux pèlerins terminent leur pénible trajet, en baisant une petite image de la Sainte Vierge, que le prêtre leur présente. Cet acte porte le nom de Vœu ; il constitue une double réparation : l'une, envers Marie, horriblement blasphémée par les Albigeois ; l'autre, envers les sains martyrs, dont le sang a été si cruellement répandu dans le lieu même. Les premiers convertis s'engagèrent à cet acte d'expiation en l'honneur de la sainte Vierge et de ses serviteurs. Voilà bientôt six cents ans que leurs enfants sont fidèles à remplir ce vœu de leurs ancêtres.

Un novice du couvent de Sandomir, où le Bienheureux Sadoc était Prieur, lisant, selon l'usage, le martyrologe après les matines, vit, écrites en lettres d'or, ces paroles prophétiques : « À Sandomir, le martyre de quarante religieux de l'ordre des Frères Prêcheurs ».

Le saint religieux et ses frères, saisis d'étonnement, comprirent que Dieu voulait par ce prodige les avertir de se préparer au martyre. En effet, le lendemain, les Tartares prirent la ville d'assaut, se précipitèrent sur le couvent des Frères Prêcheurs et massacrèrent le Bienheureux Sadoc, avec ses religieux, au nombre de quarante, pendant qu'ils chantaient au chœur le Salve Regina, que la fureur impétueuse de leurs bourreaux ne put leur faire interrompre. De là vient, dans l'Ordre de saint Dominique, la coutume de chanter le Salve Regina auprès des religieux mourants.

Un jeune novice, qui s'était caché pour échapper à la mort, entendit une mélodie céleste devenir plus sensible à mesure que les saints confesseurs étaient massacrés. Ne voulant pas perdre sa place dans ce glorieux concert de triomphe et d'amour, il courut rejoindre ses frères et cueillit avec eux la palme du martyre.

Marie est toujours la Reine des martyrs: toujours Elle fortifie et console les martyrs dans leurs tourments ; c'est Elle qui, après son divin Fils, a été la force des nombreux confesseurs de la foi que l'Ordre de Saint Dominique a eu en Cochinchine depuis plusieurs années.

Ces généreux enfants de Marie se réunissaient fréquemment dans les cachots où ils attendaient la mort,pour chanter les louanges de la sainte Vierge et réciter le saint Rosaire, sans que personne, par une permission de Dieu, les en empêchât. Un dominicain indigène, le Père François Du-yet, avait été arrêté par les mandarins qui, après lui avoir fait plusieurs questions, se mirent à vomir les plus horribles blasphèmes contre la pureté virginale de la Mère de Dieu. L'humble religieux, en vrai enfant de Saint Dominique, prit avec courage la défense de la Vierge Marie. L'orgueilleux mandarin, se voyant confondu, le fit fouetter avec cruauté une seconde fois. Le 19 novembre 1859, le défenseur de Marie fut condamné à avoir la tète tranchée ; ce ne fut qu'au septième coup seulement que l'âme du saint martyr quitta son enveloppe pour s'envoler vers son Créateur. Jusqu'au quatrième coup, on l'entendit prononcer les noms de Jésus et de Marie qui faisaient sa force. (Extrait de la persécution du roi Tu-Duc, dans le Tong-King central, par Mgr Valentin Ochoa, dominicain, martyrisé en 1862).

 

II. Pour tous la vie est un combat, pour presque tous un martyre douloureux, plus ou moins long ; aussi élevons-nous tous nos supplications vers Vous, Vierge Marie, qui, par vos douleurs et votre patience au pied de la Croix avez mérité le nom de Reine des martyrs. Rappelez-vous sans cesse que votre divin Fils, pour expier les iniquités du monde, a voulu ressentir toutes les douleurs et les supporter avec une inaltérable patience ! Répétez-nous, ô Marie, que l'acceptation généreuse de la souffrance est une vertu pour l'innocent et la seule voie de salut qui reste au pécheur. Quand, justes ou pécheurs, nous portons notre croix, faites que nos pensées s'élèvent toujours vers la montagne de la grande et sublime expiation !... Et si, en chemin, notre âme si faible, abattue, murmurant sous le poids de son martyre, était prête à succomber, divine Marie, montrez-nous alors la face meurtrie, le corps déchiré, les pieds sanglants et la couronne d'épines de votre Jésus; dévoilez-nous quelques-unes des tortures de votre cœur maternel, et dussions-nous ensuite, comme les martyrs, verser tout notre sang, avec le secours de votre intercession nous le ferons généreusement, et les joies de Jésus, couronné de gloire dans le ciel, deviendront les nôtres, puisque nous aurons partagé sur la terre ses douleurs et les vôtres. Amen.

 

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