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  • La beauté élève l'âme... Par ces images volontairement sélectionnées, ainsi que par la récitation de ces prières, puissiez-vous avoir le désir de parvenir à Jésus et à la sainteté, but ultime de toute vie...
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29 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Ascension-001

 

Trentième et dernier jour

Trentième rayonnement

L'Ascension

 

« Latentur cæli et exultet terra » (Ps. 95, 11)

 

Pendant les quarante jours qui sui virent sa Résurrection, Jésus-Christ avait consolé les siens par ses visites et ses enseignements. Il leur avait apparu avec son corps glorifié, exempt de l'infirmité humaine et que ses Disciples considéraient avec plus d'amour et de respect. Ce corps lumineux et beau, quelques-uns l'avaient contemplé sur le Tabor dans sa splendeur ; mais depuis, la souffrance de la Passion y avait imprimé une gloire plus touchante encore. Il y avait une gratitude infinie dans le regard que ces hommes simples jetaient sur leur Maître crucifié pour eux, et ressuscité. Ceux qui avaient douté virent Jésus s'incliner vers Thomas, lui montrer de tout près la blessure de son Cœur, ses pieds et ses mains percés et dire : « Regarde, Thomas, et mets ton doigt dans mes mains et dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais fidèle ». La blessure du côté restée grande ouverte brillait surtout comme un soleil resplendissant. Ce grand Cœur qui n'avait pu contenir tant d'amour sans s'ouvrir par une violente blessure, rayonnait sur ses Disciples, les emplissant tous de sa divine lumière.

Cependant le Seigneur allait quitter ses fidèles, sa Mère et ses amis. Il avait parachevé son œuvre, le noyau de l'Église était formé, les Apôtres avaient reçu l'onction sainte du sacerdoce ; Pierre était la tête et les Disciples les membres fidèles. Il ne restait plus que la Confirmation du Saint Esprit, ce Consolateur promis qui devait leur communiquer la force et le talent nécessaire à ce grand œuvre : la conversion du monde.

Le Christ apparut une dernière fois aux siens dans la grande salle du Cénacle ; il partagea leur repas, et prenant congé d'eux il leur dit de monter au sommet du Mont des Oliviers et de l'attendre. Tandis qu'ils étaient là-haut, rassemblés au nombre de cent vingt, Jésus se trouva au milieu d'eux.

Regardez-les, ô pèlerin, au sommet de cette belle montagne qui se dresse à l'Orient de Jérusalem, couverte alors d'une luxuriante verdure, nouveau dernier Tabor ! Voyez les Disciples qui se pressent autour de leur Seigneur, saisis d'une frayeur soudaine de le perdre, pressentant déjà la séparation à cause des paroles qu'il leur avait dites : « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, encore un peu et vous me reverrez ».

C'était en effet l'heure de l'adieu ! Soudain, Jésus levant les yeux vers le ciel, s'éleva de terre et lentement comme l'aigle qui s'envole, il monta, monta, les bénissant dans les airs, jusque dans les profondeurs des cieux.

On eût dit qu'il quittait la terre à regret, car il la quittait avec lenteur, le doux Seigneur bénissant !... Une nuée le déroba enfin aux regards de ses fidèles, voilant le dernier rayonnement visible de son Cœur !

Admirez, ô pèlerin, comme Jésus doucement attire et oriente nos cœurs vers le ciel, c'est là désormais qu'il faut le chercher : Sursum corda ! Mais, je vous en prie, jetez un regard de compassion sur ces pauvres désolés qui lèvent les mains vers le ciel en jetant des cris et des sanglots ; sur cette Mère affligée qui voit partir son Fils unique, la laissant seule en exil sur la terre ! Comment consoler tous ces exilés ? Que dire, en effet, à celui qui, loin de sa patrie, voit le soleil se coucher et disparaître sur sa terre natale ? Il pleure en pensant qu'il a perdu l'espérance avec la lumière et rien ne le console ?… Jésus-Christ était leur divin Soleil, et ils se sentaient seuls sur une terre étrangère depuis qu'ils avaient vu son humanité sainte disparaître dans l'infini.

Ils regardaient et pleuraient si long temps que les Anges étonnés vinrent leur dire : « Hommes de Galilée, pourquoi regardez-vous ainsi vers les cieux ? Ce Jésus qui vous a quittés s'est élevé au ciel et viendra un jour de la même manière que vous l'y avez vu monter ». Ces Anges, envoyés par le divin Maître pour les consoler, rendirent le courage et l'espoir à leur âme abattue. En effet, ô hommes de Galilée, pourquoi pleurez-vous, vous n'avez pas tout perdu, Jésus-Christ ne vous quitte pas, il est présent parmi exil vous par son Sacrement et par l'amour tous de son Cœur. Souvenez-vous de la Cène et des admirables promesses de votre Maître !

Et puis ne va-t-il pas implorer là-haut grâce et pardon pour nous, pauvres pécheurs, en montrant à son Père son saint Corps tout couvert des blessures reçues pour le salut du monde ? Il est désormais notre Messager, notre Médiateur…

Et ils descendirent de la montagne pleins de joie, retournèrent à Jérusalem plus forts contre l'épreuve, plus ardents à prêcher Jésus partout, prêts à donner leur vie pour son nom. La douce Mère de Dieu, elle, dont le cœur habitait le ciel, s'en alla aussi toute fortifiée.

Et vous, ô pèlerin, regardez le ciel avec eux ; « il est si beau, le ciel, dit saint François de Sales, maintenant que Jésus y sert de soleil et que son Cœur est une source d'amour dans laquelle les bienheureux viennent boire à souhait. Chacun va se regarder dedans ce Cœur et y voit son nom écrit d'un caractère d'amour, que le seul amour peut lire, que le seul amour a gravé ».

Jésus, en quittant la terre, avait donné aux siens un dernier gage d'amour : l'empreinte de ses pieds vainqueurs sur le rocher qui s’amollit au contact divin. Mais surtout, il leur laissait et nous laissait à tous le plus précieux héritage : son Cœur sacré. Ce Cœur, foyer de son éternel amour, restera réellement présent avec nous jusqu'à la fin des siècles, dans le Sacrement par excellence, l'ineffable Eucharistie !

 

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Invocation

 

Quand donc, ô divin Sauveur, quand donc suivrons-nous de nos aspirations, de nos désirs ardents cette route glorieuse que, vous nous tracez par votre Ascension ! « Qui me donnera les ailes de la colombe ! et j'irai et je me reposerai en vous ! » Ascende superius ! En haut, montez plus haut ! C'est l'appel que vous nous faites entendre, ô divin Maître ; et de même que l'aimant attire le fer, que votre Cœur attire les nôtres vers Lui, qu'il soit notre Guide, notre Boussole et nous oriente toujours vers la céleste Jérusalem ! Ainsi soit-il.

 

Mirebeau

 

Consécration au Cœur de Jésus

 

Je vous adore, Cœur sacré de Jésus, source de la vie éternelle, fournaise ardente du divin amour, et je vous consacre mon cœur ; soyez à jamais mon asile et le lieu de mon repos ; c'est dans votre Cœur que je veux habiter, là que je veux aimer. Ce Cœur deviendra la règle de mes pensées, mon Guide dans les passages difficiles de la vie, ma force, ma lumière, ma véritable consolation.

Ô Cœur de Jésus, que mon cœur soit l'autel de votre amour, que tout mon être soit occupé à vous servir, à publier votre ineffable bonté. Vous nous avez tout donné, ô Jésus, il est bien juste que je vous donne ma volonté et mon cœur. Faites que mon esprit médite vos perfections adorables, que ma mémoire se souvienne de vos bienfaits, et que mon cæur, tout uni au Vôtre, soit prêt pour vous à tous les sacrifices.

Ô Seigneur, que j'ai tardé à vous aimer, que j'ai tardé ! Aussi je veux vous consacrer tous les instants qui me restent à passer sur la terre, je ne veux plus vivre que pour vous, heureux si je pouvais mourir en vous aimant et vous glorifier pendant toute l'éternité. Ainsi soit-il.

 

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Fin du Mois du Sacré Cœur

 

Pour télécharger toutes les méditations (pdf) cliquez ici

 

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28 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

09-Jesus-on-the-shore-of-Galilee-002

 

Vingt-neuvième jour

Vingt-neuvième rayonnement

La pêche miraculeuse

 

« Dominus est ! » (Jn. 21, 7)

 

Jésus ressuscité ne pouvait se résoudre à quitter les siens, il vivait encore avec eux, leur apparaissait sans cesse, leur montrait ses pieds et ses mains percés, et rompait avec eux le pain comme il le fit avec les Disciples d'Emmaüs.

Vraiment ses délices sont d'être avec les enfants des hommes ! Quelle tendresse infinie dans ses rapports avec ses Apôtres, quelles douces paroles il leur distribue dans ces apparitions ineffables ; il ne peut les quitter, il les rejoint partout. « Pourquoi êtes-vous tristes ? », demande-t-il aux uns. « Ne vous troublez pas, ne craignez rien », dit-il à ceux-là. « Paix à vous, paix à vous », répète-t-il à tous. Comme le Cœur de Jésus palpite dans ces récits admirables du saint Évangile ! Son amour est transparent, translucide au travers des mots et des actes.

Un jour Pierre, qui était revenu en Galilée après la Résurrection avec quelques Apôtres et Disciples, sentit sa première vocation se réveiller en lui à la vue du beau lac de Tibériade et dit à ses compagnons : « Je vais pêcher ». Thomas, les fils de Zébédée et quelques autres lui répondirent : « Nous allons pêcher avec vous ». Et ils tendirent leurs filets dans la mer ; mais la pêche fut infructueuse, de toute la nuit ils ne prirent pas un seul poisson.

Au matin, Jésus parut sur le rivage et leur dit : « Enfants, avez-vous fait une bonne pêche? » « Non », répondirent-ils sans le reconnaître. Jésus reprit : « Jetez les filets à droite et vous trouverez ». Ils obéirent, mais ne pouvaient plus retirer les filets, tant ils étaient chargés de poissons. Aussitôt Jean dit à Pierre : « C'est le Seigneur ! » Admirable intuition de l'amour ! Jean le reconnaît moins à sa forme visible qu'à son adorable bonté !

Et voyez vous-même, ô pèlerin, combien Jésus est rempli d'une tendre sollicitude pour eux ! Tandis que la barque chargée approchait lentement du rivage, il avait préparé du feu sur le sable pour y faire cuire quelques poissons, et quand ses Disciples furent près de lui, il les servit lui-même de ses mains glorieuses. Le prodige les avait tous confondus, ils reconnaissaient à présent leur Seigneur ; mais n'osaient le questionner, tant ils étaient saisis d'admiration et de respect.

Mais le Maître reprenait avec eux la douce familiarité d'autrefois, son Cœur divin se laissait aller à des épanchements intimes et tendres, excitant en eux leur foi et leur amour. Oh ! l'admirable festin ! Les Disciples contemplent le visage adoré du Maître, et ne peuvent se rassasier de cette vue, ils se nourrissent spirituellement et corporellement avec le Seigneur. Heureuse l'âme qui s'entretient avec Jésus-Christ et qui reçoit les rayonnements de ce Cœur qui apporte le feu sur la terre et cherche à l'allumer dans toutes les âmes !

Ce miracle est d'une grande leçon, ô pèlerin. L'œuvre de l'homme est stérile en soi si Dieu ne la féconde ; mais il faut que l'homme apprenne son impuissance afin de recourir à Dieu en toute entreprise. Ces simples pêcheurs que Jésus-Christ allait élever au sacerdoce en les faisant pêcheurs d'hommes, apprenaient par ce symbole miraculeux que la grâce opérerait des prodiges par leur ministère, que Dieu donnerait une merveilleuse fécondité à leur apostolat. Ils allaient dès lors, à la parole du Maître, jeter les divins filets sur les multitudes et faire des captures d'âmes. Il était donc nécessaire d'exciter leurs sentiments de foi et d'amour au moment où Jésus allait confirmer leur vocation et élever Pierre à la dignité souveraine.

« Après qu'ils eurent mangé, dit saint Jean, le Seigneur dit à Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ne m’aiment ceux-ci ? » « Oui, Seigneur, répondit-il, vous savez que je vous aime ». Et trois fois Jésus renouvela cette demande et trois fois Pierre, avec un élan plus ardent, lui répondit : « Oh ! oui, Seigneur, je vous aime ». Et Jésus lui dit : « Pais mes brebis... »

Celui qui devait être le plus élevé en dignité, devait être aussi plus éprouvé en amour, plus fortifié en la foi. Déjà l'amour avait sa récompense, « car c'est l'office de l'amour, dit saint Augustin, de paître le troupeau du Seigneur ». Et par cette consécration de Pierre, le Cœur de Jésus transportait en son Apôtre et par lui en tous ses prêtres une partie de son grand amour pour les hommes.

Le Seigneur s'entretint encore quelques instants avec ses Disciples, puis il disparut. Ses visites n'étaient qu'une vision fugitive, mais infiniment consolante et douce. C'était pour eux un peu comme la visite eucharistique l'est pour les âmes. Elle est courte, l'âme ressent le bonheur de la présence réelle, sans pourtant savourer la douceur de ne plus la perdre.

Sur cette terre d'ombres, il en sera ainsi jusqu'à la fin ; la jouissance pleine est réservée pour l'éternité, et nous ne goûtons ici bas qu'en de furtifs instants combien le Seigneur est doux !

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Invocation

 

Seigneur, ne nous abandonnez pas dans notre exil, car nous vous aimons, oh ! oui, Maître, vous le savez ; mais si notre foi est chancelante, notre amour peu ardent, ayez pitié de notre faiblesse et fortifiez-nous, afin que nous aussi nous devenions des apôtres, apôtres par l'exemple et par la prière. Si vous nous apparaissiez tout-à-coup dans la splendeur de votre humanité sainte, nul ne pourrait résister à vos attraits ; mais nous ne vous voyons pas, vous ne nous consolez pas toujours, et pourtant toujours dans le silence de l'oraison, votre divin Cœur attentif rayonne avec amour sur l'âme qui prie.

 

Mirebeau

 

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27 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Vingt-huitième jour

Vingt-huitième rayonnement

Emmaüs

 

« Nonne cor nostrum ardens erat in nobis ? » (Lc. 24, 32)

 

Le jour de la Résurrection, vers le soir, deux Disciples s'en allaient de Jérusalem au bourg d'Emmaüs, situé environ à soixante stades (trois lieues) de la Ville sainte. Emmaüs est beaucoup moins élevé que Jérusalem ; mais pour y arriver il faut gravir un pays montagneux et rocailleux, traversé par la profonde vallée du Térébinthe, que sillonne le torrent tant célèbre où David ramassa la pierre qui devait tuer Goliath.

Les deux Disciples s'entretenaient des grands évènements arrivés à Jérusalem et dont tous les esprits étaient agités ; mais ils étaient profondément affligés de n'avoir point vu le Seigneur qu'on disait ressuscité. Tout en conversant avec tristesse et gravité et comme ils passaient dans la vallée de Térébinthe, un homme se joignit à eux et leur demanda doucement de quoi ils parlaient et d'où venait leur tristesse.

L'un des Disciples lui répondit : « Êtes-vous donc tellement étranger à Jérusalem, que vous ne sachiez rien des choses qui sont arrivées ces jours ci ? » « Quelles choses ? » dit le voyageur. Ils reprirent : « Au sujet de Jésus de Nazareth qui était un Prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant les hommes. « Ignorez-vous comment les Princes des Prêtres et les Anciens de notre nation l'ont livré et l'ont crucifié ? Nous espérions qu'il était Celui qui doit délivrer Israël ; mais voici maintenant trois jours que ces choses ont eu lieu ».

Alors les Disciples racontèrent avec l'accent du découragement que le Sépulcre était vide et que les saintes Femmes disaient avoir vu le Seigneur vivant et ressuscité ; mais ils appelaient cela délire de femme : deliramenta.

Alors le voyageur inconnu leur dit : « Ô insensés ! Cœurs lents à croire les Prophètes, ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances et qu’ainsi il entrât dans sa gloire ? » Ensuite il leur commenta les prophéties et leur expliqua ce qui était dit du Christ dans les Saintes Ecritures.

Cheminant ainsi tous trois, ils arrivèrent au seuil de la maison de Cléophas, l'un des deux Disciples, et le voyageur parut vouloir les quitter ; mais ils insistèrent pour qu'il restât, disant : « Il se fait tard, le jour est déjà sur son déclin ». L'inconnu entra et se mit à table avec eux, tout-à coup il prit du pain, le bénit, le rompit et le leur présenta comme au jour de la Cène. À cet instant, leurs yeux s'ouvrirent, ils reconnurent leur divin Maître ; mais aussitôt il disparut. Les Disciples, remués jusqu'au fond de l'âme, se dirent l'un à l'autre : « Notre cœur n'était-il pas tout brûlant au dedans de nous lorsqu'il nous parlait dans le chemin et qu'il nous expliquait les Ecritures ? »

Ainsi, ô pèlerin, le divin Cœur de Jésus se trouve partout sur le chemin de notre vie, à tous les passages difficiles, prêt à nous aider et à nous éclairer. Quand une âme livrée à quelque perplexité ou quelque sécheresse doute, s'attriste, désespère, il vient par sa grâce, fortifie et illumine cette âme.

Il est bon de s'entretenir des choses de Dieu ; mais si notre esprit limité se perd, si notre foi s'égare, le divin Voyageur viendra nous remettre dans le droit chemin. Son amour ne peut supporter de voir les siens errants, affligés ; c'est en ami qu'il vient à eux et leur demande doucement de lui ouvrir la porte de leur cœur.

Quand l'âme, médite et prie, le divin Cœur l'écoute et la suit, puis il fait semblant de partir, afin d'être retenu, d’être supplié. Alors il se révèle. Non seulement il attend les âmes, mais souvent il a pitié de la faiblesse de notre foi, il les poursuit de ses sollicitations, leur donne de précieuses leçons jusqu'à l'heure où l'âme éblouie s'écrie : C'était le Seigneur ?

Mais le passage du Seigneur est de courte durée, comme tout bonheur sur terre ; il faut saisir cet instant rapide, car l'on peut manquer la venue divine et repousser la grâce. Il faut pour écouter sa parole, un cœur docile et plein de bonne volonté.

Admirez encore, ô pèlerin, l'humilité très grande du divin Cœur qui se plaît à dévoiler ses plus hauts secrets à ces deux simples disciples. Les orgueilleux ne trouvent jamais assez d'auditeurs pour écouter leurs discours et croient s'abaisser en parlant à des hommes de condition inférieure ; mais le Seigneur converse familièrement avec ses deux pauvres compagnons de route et marche avec eux. Admirez aussi, combien cette manière de se faire reconnaître est touchante : l'Eucharistie : C'est là le grand moyen de Dieu pour s'attirer les âmes, pour fortifier les faibles, pour confirmer les forts ; c'est le signal divin !

Souvent l'âme aveugle reçoit l’hôte céleste d'un cœur indifférent ; mais un acte de bonté suprême, la touche puissante de la grâce, le lui fait reconnaître : le cœur s'échauffe à ce contact sacré, et adore ce Cœur dont les rayons d'amour l'illuminent.

 

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Invocation

 

Ô Cœur sacré, protégez-nous en ce passage de la terre et ne nous quittez pas ; ouvrez nos yeux, éclairez nos pas, dissipez nos doutes. Si mon cœur est uni au Vôtre, qui craindrai-je ? Vous l'avez dit, ô divin Maître : « Que votre cœur ne se trouble point et ne craigne point. Comme mon Père m'a aimé, c'est de ce même amour que je vous aime. Demeurez dans mon amour ». Et nous vous le demandons, comme les deux Disciples d'Emmaüs, ô Seigneur, demeurez avec nous, nous voulons habiter avec vous. Hic habitabo, quoniam elegi eam (Ps. 131, 15).

 

Mirebeau

 

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26 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Vingt-septième jour

Vingt-huitième rayonnement

L'apparition à Marie-Madeleine

 

« Anima mea liquefacta est, ut locutus est » (Ct. 5, 6)

 

Depuis la mort du Sauveur, Marie Madeleine ne pouvait s'éloigner du Tombeau où reposait son unique amour. Dès que le jour, à peine levé, lui permettait de sortir, elle courait seule ou accompagnée d'autres saintes Femmes, vers le Saint Sépulcre.

Le Dimanche, à l'aurore, elle devança ses compagnes et, les mains chargées de parfums nouveaux qu'elle voulait verser sur son Maître adoré, elle se dirigea vers le Tombeau. Elle s'approcha très près, car les gardes n'étaient plus là. Tout en pleurant, elle se baissa pour regarder dans le Sépulcre dont la porte est très basse ; elle vit la pierre écartée et le Tombeau vide. À cette vue, Madeleine alarmée court en toute hâte à la maison où étaient Pierre et Jean et s'écrie : « Ils ont enlevé le Maître et je ne sais où ils l'ont mis ».

« Pierre et Jean sortirent de la maison et vinrent au Tombeau. Ils couraient tous deux ; mais le disciple que Jésus aimait courut plus vite que Pierre et l'ayant devancé, il arriva le premier au sépulcre. Là s'étant incliné, il vit les bandelettes détachées du corps et posées à terre. Le suaire, dont on avait recouvert la tête de Jésus , était placé à part, roulé séparément ». Jean vit ces signes certains de la Résurrection et crut aussitôt, alors il s'en retourna avec Pierre.

Madeleine, elle, ne pouvait quitter un lieu si cher. Elle était toute noyée dans ses larmes, toute languissante d'amour : Christi amore languida ; elle chercha de nouveau à regarder dans le Sépulcre et se baissant :

« Elle vit deux Anges vêtus de blanc, assis l'un à la tête, l'autre au pied, là où avait été placé le corps. Lesquels lui dirent : « Femme, pourquoi pleurez-vous ? » Elle leur répondit : « Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur et je ne sais pas où ils l'ont mis ».

Ayant dit ces mots et absorbée dans l'unique pensée qui l'occupait, elle se retourna et fit quelques pas en avant comme égarée par la douleur : ses longs cheveux tombaient en désordre autour d'elle, et elle ne savait où elle allait. Soudain, elle vit devant elle un homme qu'elle prit pour un jardinier du jardin de Joseph d'Arimathie ; aussitôt elle s'écria avec impétuosité : « Seigneur, si c'est vous qui l'avez enlevé, dites-moi où vous l'avez mis et je l'emporterai ».

Quelle vaillance dans cette femme ! il n'y a point de borne à son amour : seule contre tous, elle disputera son Seigneur, elle l'enlèvera s'il le faut, et, faible femme, elle l'emportera dans ses bras !

Mais Jésus, car c'était lui sous les habits d'un jardinier, lui dit ce seul mot : « Marie ! » Aussitôt elle se retourne à la voix du Maître, et s'élance à ses pieds : « Rabbouni ! » s'écrie-t-elle. Oh ! quel accent dans ces deux mots ! Quel doux appel dans ce nom de « Marie ! » Quelle harmonie céleste dans la voix du Sauveur, que de tendresse et de révélation dans ce seul mot : « Marie ! » Qui ne voudrait entendre son nom prononcé par un telle bouche ; qui ne voudrait le voir inscrit au fond du Cœur de Jésus-Christ !

Le mot de : « Maître ! Rabbouni ! », résume tout chez Madeleine, la joie intense du revoir, la possession enfin retrouvée, l'adoration, l'amour ! Rabbouni !

Est-il, en effet, une révélation plus touchante, plus directe de l'amour du Cœur sacré, que cette consolante apparition ? Ce n'est point le salut du monde qui excite aujourd'hui ses ardeurs, ni la pensée des pauvres pécheurs qui l'enivre de dévouement comme au jour de la Passion ; c'est une âme, une seule âme qui l'occupe et l'attire, et qui, à cette heure, l'adore dans l'extase du bonheur. Tout disparaît, le Cœur de Jésus rayonne sur cette âme, il se donne à elle avec une infinie tendresse.

Le divin Maître ne peut résister à l'appel d'une âme, il est tout prêt, maintenant comme alors, à répondre au cri désolé d'un cœur qui le cherche avidement, à répandre sur lui les trésors de son Cœur divin ; caché sous les voiles eucharistiques, il est toujours là, présent avec nous depuis la merveilleuse invention de son amour !

Il se manifeste par la grâce, la paix, la consolation, à l'âme fidèle qui le cherche et qui le trouve au fond de douleurs. Si dans l'affliction elle l'invoque : tout bas, dans le silence du cœur, l'âme entend la voix divine qui l'appelle par son nom et c'est fini ! l'angoisse disparaît, le courage revient plus fort, la résignation plus grande, et la coupe de douleur semble épuisée, parce que l'Ami souverain a paru.

Mais en cette vallée de larmes, la joie est toujours de courte durée, Jésus le rappelle à Madeleine et par elle nous donne à tous une grande leçon ; il ne veut point qu'elle baise ses pieds sacrés comme autrefois : « Ne me touche point, dit-il, en arrêtant son élan, car je ne suis pas encore remonté vers mon Père ». Il lui rappelle, en ce moi, le grand mystère accompli, la résurrection de son corps qui doit habiter le ciel désormais ; mais s'il veut rester encore avec nous, ce sera invisiblement par l'amour de son Cœur, et par le Sacrement.

La possession visible et sans fin, ô pèlerin, est donc réservée pour le ciel. La possession eucharistique contente, il est vrai, notre âme, mais non point nos sens. La plénitude de la joie n'est pas faite pour la terre. Il faut tendre plus haut, il faut que la foi, cette flamme céleste, s'alimente surnaturellement, et que notre amour plus austère s'éprouve loin de la présence du divin Maître… Madeleine le comprit ; consolée et ravie, elle quitta le Seigneur et chercha par une prodigieuse austérité à mériter de le revoir face à face, sans jamais craindre de le perdre. « Il faut mourir avec Jésus, dit le P. Lacordaire, pour toucher de nouveau Jésus ».

 

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Invocation

 

Ô bon Maître ! Rabbouni ! Nous vous retrouvons enfin après l'absence du tombeau ; le rayonnement de votre Cœur resplendit à nouveau et la mort est vaincue par votre triomphant amour. Il vit et vivra toujours avec nous, ce Cœur sacré qui se dévoile à ses plus chers amis, pressé de consoler leur angoisse mortelle. Apprenez-nous donc à vous chercher : comme Madeleine éplorée, car l'amour appelle l'amour, et vous viendrez à nous, ô divin Cœur, vous vous montrerez par les signes de votre grâce jusqu'au jour de la possession éternelle.

 

Mirebeau

 

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25 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Résurrection

 

Vingt-sixième jour

Vingt-sixième rayonnement

La Résurrection

 

« Ego sum lux mundi » (Jn., 7, 12)

 

Il y avait trois jours que le divin Crucifié était dans le tombeau. Ce tombeau, on le voit encore sous le roc taillé qui jadis faisait partie du Jardin de Joseph d’Arimathie, et qui est, aujourd'hui, enclavé dans l'église du Saint Sépulcre. Ce saint édicule, placé sous la grande coupole et qui n'est autre que le rocher lui-même, est divisé en deux chambres ; la première est appelée Chapelle de l'Ange, la seconde renferme le tombeau creusé en forme d'auge dans le roc vif. Le monument tout entier est recouvert de marbres et d'ornements ; mille lampes de couleurs, suspendues tout autour, le font resplendir comme un joyau sous la coupole sombre de la grande basilique.

Quelle indicible émotion saisit le pèlerin lorsqu'il pénètre sous le rocher sacré, lorsqu'à genoux sur les dalles, il baise en pleurant la place où reposait le divin Enseveli ! Un frisson parcourt l'âme entière, frisson de bonheur, de désir, d'amour ! C'est un instant de joie comme il n'en est point sur terre, un instant court comme la minute qui s'envole, rempli comme un siècle. À travers le revêtement de marbre, il semble au pèlerin qu'il voit encore la divine forme du Christ qui repose sur la pierre ! Il lui semble en baisant ce marbre froid comme le froid de la mort, sentir sous les lèvres le saint Corps rigide du Fils de Dieu ! À ce contact sacré, la vie s'accroît et se précipite comme s'il buvait à une source. Ah ! c'est que cette mort a fait jaillir la vie, c'est que cette force toute puissante a ressuscité le corps du Christ et nous ressuscitera un jour avec lui ! Ego sum ressurectio et vita.

Mais revenez, ô pèlerin, à l'immortelle scène qui se passa ici, il y a dix vingt siècles. Les amis de Jésus en pleurs, l'ayant embaumé avec les mille soins de l'amour le plus tendre, se séparèrent enfin de la dépouille sacrée, la transportèrent dans leurs bras jusqu'au sépulcre neuf de Joseph d’Arimathie à cinquante mètres du Calvaire ; et la déposèrent dans une sorte d'auge taillée dans le rocher.

Représentez-vous ce douloureux cortège, le déchirant adieu que ces amis fidèles disent à leur Seigneur et les sanglots qui l'accompagnent. Marie baise en pleurant la tête de son fils, Madeleine appuie ses lèvres sur les pieds sacrés et ne peut plus les en détacher... Pourtant il faut fermer le Tombeau et le laisser, hélas ! sous la garde des soldats Romains.

Voyez-vous à présent, ô pèlerin, le Sauveur enseveli, immobile, glacé ; il veut prendre sur lui l'humiliation du linceul et du tombeau ; mais en y passant lui-même il nous en ôtera l'horreur. N'est-ce point par amour qu'il reste ainsi enchaîné par la mort, et qu'il laisse son saint Corps reposer à l'ombre du tombeau ? Cette mort est une véritable victoire, la victoire de l'amour qui survit à la défaite du corps ! et plus tard ne demeurera-t-il pas ainsi toujours avec nous, dans l'anéantissement eucharistique, seul, obscur et vraiment enseveli dans le Tabernacle ? Du fond de son Tombeau glorieux, Jésus semble nous dire : Je dors, mais mon Cœur veille ! Dormio, sed Cor meum vigilat ! Et l'amour veille, l'amour qui illumine, qui réchauffe, qui console ! L'amour va con soler les saintes âmes des justes retenues dans les Limbes et leur donner l'espérance de leur prochaine entrée dans le ciel ; puis il va aussi consoler sa mère, suivant une touchante tradition, et son âme lui apparaît plusieurs fois. L'amour de Jésus est infatigable, il ne peut se reposer un seul instant, c'est un feu qui se communique et veut être allumé dans tous les cœurs !

Il y avait trois jours que le saint Corps reposait ; les gardes veillaient autour, de peur que les Disciples ne vinssent l'enlever. Pauvres insensés ! Celui qui marche sur les eaux et commande à la tempête saura bien briser les entraves du tombeau !

L'aube éclairait à peine l’horizon, au matin du Dimanche. Soudain, la terre tremble, le roc ébranlé s'entr'ouvre avec un bruit de tonnerre, c'est Jésus-Christ triomphant qui s'élance hors du sépulcre. Les gardes roulent par terre, aveuglés par la lumière éclatante ; aussitôt l’Ange du Seigneur descend comme un éclair et s'assied sur l'énorme pierre renversée.

Contemplez, ô pèlerin, le Soleil éblouissant qui se lève sur le monde ; admirez le nouvel éclat du Cœur transpercé. Et comme ce Corps abîmé par la souffrance resplendit ! Les Anges ont recueilli précieusement les parcelles de sa chair sacrée, tombées sur la terre sous les coups de la flagellation ; ils ont recueilli les gouttes de sang divin qui arrosait le Calvaire tout autour de la Croix, et voilà que la divinité qui toujours réside en ce Corps a mystérieusement réuni ces parcelles ; l'âme du Sauveur revient, et ce Corps soudain reconstitué sort du tombeau par sa toute puissance, semblable au soleil qui s'élève à l'horizon et monte inondant tout de sa clarté. Ses blessures lancent des feux, celle de son Cœur surtout est enflammée. Une beauté divine éclate en son humanité sainte, la beauté sereine du vainqueur.

Vainqueur de la mort et de la souffrance, vrai Vainqueur de l'amour ! Ego sum resurrectio et vita.

Le Cœur de Jésus est pour nous le gage de la résurrection, car il de meure avec nous par l'amour, pour nous ressusciter au dernier jour : « Celui qui croit en moi, je le ressusciterai ». Il est présent sur l'autel dans le Sacrement, afin que nous trouvions, que nous aimions ce Cœur, qui est là pour nous guérir, nous relever, nous purifier, nous ressusciter à la grâce.

La vie ! Ceux que la lumière de la Résurrection n'éclaire pas, les insensés qui détournent la tête pour ne pas être aveuglés de la vérité, ceux-là n'ont point part à la vie. La vie est à ceux qui croient, elle est aux âmes sincères où vibrent ces deux cordes divines ! la foi et l'amour ! Or, le Cœur de Jésus est le foyer de la vie ; allons donc puiser à cette source permanente et intarissable ; nous savons désormais où trouver la régénération et la vie véritable. Ego sum resurrectio et vita !

 

Divine-Mercy

 

Invocation

 

Seigneur, votre beauté est ancienne mais toujours nouvelle, car ce Corps meurtri refleurit d'une jeunesse nouvelle, les blessures de votre Passion sont transfigurées en rayons de gloire. Votre Cœur divin surtout resplendit, donnez- nous de le voir un jour, ce Cœur adorable qui projette sur le monde son éternel amour ; donnez nous de le connaître et de l'aimer sur cette terre d'exil, en attendant la joie de le contempler dans la céleste Patrie !

 

Mirebeau

 

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24 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Heure de la Miséricorde

 

Vingt-cinquième jour

Vingt-cinquième rayonnement

Le Cœur ouvert par la lance

 

« Fluminis impetus lætificat civitatem Dei » (Ps. 45, 5)

 

Les amis du Sauveur veillaient au tour de sa dépouille mortelle, priant et sanglotant. Le corps sacré, tout blanc comme une neige très pure, s'élevait devant ces pauvres désolés avec une majesté tranquille. Il avait fini de souffrir, le Fils de l'Homme, mais la trace de ses blessures horribles formait sur cette blancheur, des sillons empourprés du sang divin, maintenant glacés par la mort.

Soudain, cette mère qui veillait tout en pleurs et les quelques fidèles éplorés virent s'approcher des soldats qui venaient achever l’agonie des crucifiés, en leur brisant les jambes avant de les ensevelir.

Ils tressaillirent d'une douleur nouvelle en pensant à ce dernier outrage qu'allait subir le Sauveur, ils se mirent à supplier les soldats de l'épargner, leur montrant le saint corps dont la livide blancheur attestait la mort. « Alors, dit saint Jean dans son évangile, un soldat vint, qui de sa lance, ouvrit le côté de Jésus, et aussitôt il en sortit du sang avec de l'eau.

En effet, poussé par une force irrésistible, accomplissant sans le savoir une prophétie, Longin brandit sa lance et, s'avançant à cheval à quelques pas de la Croix, il perça le côté droit du Sauveur avec une telle violence que la pointe ressortit après avoir traversé le cour de part en part.

Des cris d'angoisse avaient répondu à cet acte brutal ; mais Longin, converti jusqu'au fond de l'âme, descendit de cheval et à genoux sur le sol, il reçut le fleuve sacré d'eau mêlée d'un peu de sang qui jaillissait du côté entr'ouvert. Une lumière, la lumière surnaturelle qui sort du divin Cœur, toujours rayonnant malgré la mort, avait éclairé le cœur de Longin.

L'amour du Cœur de Jésus, comme une semence fertile qui s'échappe d'une corolle entr'ouverte et flétrie, tombe de la Croix sur le monde pour le féconder. Mystère nouveau ! la mort fait jaillir la vie ! Jésus-Christ avait donné tout son sang, mais pour qu'on sût bien qu'il nous donnait tout son amour, il voulut que son Cour fût perforé et ouvert aux yeux de tous. C'était le don dernier, le suprême rayonnement de ce divin Soleil, caché sous les voiles de la mort. Ce coup de lance est la blessure de l'amour, afin que par cette plaie visible, dit saint Bernard, nous connussions la plaie invisible que l'amour y a faite.

« Admirable parole de l'Évangile ! observe saint Augustin. Il n'est pas dit que le soldat perça le Cœur de Jésus, ni qu'il le blessa, il ne se sert d'aucune expression semblable ; mais il dit qu'il l'ouvrit, comme pour nous montrer dans ce Cœur la porte de la vie d'où sont sortis avec l'eau et le sang les Sacrements de l'Église, sans lesquels on ne peut atteindre à la vie véritable ». C'est pourquoi les Pères disent que l'Église, dont les principaux Sacrements sont ici représentés par l'eau du Baptême et le sang de l’Eucharistie, est sortie du côté de Jésus-Christ mort, comme Eve était sortie du côté d'Adam endormi.

Admirez donc, ô pèlerin, comme Jésus nous ouvre la source intarissable de la grâce, cette source d'eau vive qui jaillit jusqu'à la vie éternelle. Unissons nous à ceux qui étaient là, les quelques amis fidèles, le soldat vaincu, tous émus de douleur et de compassion. Pour la divine Mère, présente à ce suprême outrage, la parole de Siméon était accomplie : Un glaive percera votre âme de part en part. « Ah ! oui, s'écrie saint Bonaventure, le fer de la lance a traversé du même coup le Cœur du Fils et l'âme de la Mère ! »

Pour nous, la lance de Longin ouvrait les écluses de la grâce. Approchons-nous de ce Cœur, ô pèlerin, désormais il nous est ouvert ; portons lui nos fardeaux, nos douleurs, nos misères, il est assez grand pour les recevoir, assez généreux pour les soulager. Faisons en lui notre demeure ; n'est-ce pas là, dans cette fente mystérieuse, que nous irons vivre et nous reposer, comme le passereau solitaire, comme l'hirondelle qui se fait un nid ? Passer invenit sibi domum, et turtur nidum sibi ponat pullis suos.

La tradition rapporte que Longin avait les yeux fatigués et presque aveugles, et qu'il recouvra subitement la vue : la vue extérieure et la vue intérieure. C'est bien là l'image de l'obscurité plus ou moins épaisse qui recouvre les yeux de notre âme. Nous aussi, nous serons illuminés par la contemplation du Sacré Cœur qui nous verse à flots la lumière, la grâce, l'amour. Mais il nous faudra aussi, ô pèlerin, réparer cette blessure outrageante causée par les offenses des hommes ; il nous faudra ranimer notre zèle, prier, aimer dans la mesure que recommande saint Bernard : La mesure d'aimer Dieu est de l'aimer sans mesure, et sa raison, de l'aimer sans raison.

Un jour ne serons-nous pas mille fois heureux d'entendre le Sauveur lui-même nous adresser cette parole du Prophète : « Vos consolations ont rempli de joie mon âme, à proportion du grand nombre de douleurs qui ont pénétré mon Cœur ! »

 

Jésus Miséricordieux 2

 

Invocation

 

Ô Cœur admirable que l'amour a blessé, laissez-nous adorer cette blessure grande ouverte qui resplendit divinement dans la mort. Le vase sacré est brisé ; mais l'amour qu'il contenait est immortel. C'est à cette source d'amour que viendront puiser les fidèles de tous les siècles, qui sont accablés et malheureux, c'est là que les faibles trouveront la force, et les forts l'humilité. Tous se réfugieront désormais dans la plaie de votre côté, ô Jésus, comme dans un bienheureux asile, comme dans une forteresse imprenable !

 

Mirebeau

 

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23 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Vingt-quatrième jour

Vingt-quatrième rayonnement

Ecce Mater tua

 

Ego Mater pulchræ dilectionis. (Ecl. 24, 24)

 

Jésus va mourir. Il entend, au milieu de ses souffrances aiguës les dernières rumeurs de la foule qui s'éloigne, semblable à une tourmente qui s'apaise, et peu à peu le vide se fait autour de la Croix.

Aux pieds de Jésus-Christ, Jérusalem, sa ville aimée et maintenant déicide, s'étale blanche et somptueuse sur les collines ; mais la tache indélébile du sang divin est à son front, ce sang hélas ! qui retombera sur elle et sur ses enfants ! Autour de la Croix, les amis fidèles se rapprochent : la douloureuse Mère, presque agonisante se traîne vers son Fils, et mêle ses larmes aux gouttes de sang qui tombent sur les pieds adorés : Stabat Mater dolorosa, juxta crucem lacrymosa, dum pendebat filius.

Madeleine est là aussi, égarée par la douleur ; elle repose sa tête sur les pieds de Jésus, comme jadis, et reçoit la rosée rafraîchissante du sang divin. Bain salutaire, baptême nouveau qui efface toute souillure et ravive en cette divine amie le repentir et l'amour.

Jean aussi est là, le fidèle, le bien-aimé, le Disciple vierge. Il représente au pied de la Croix la longue procession des âmes privilégiées qui suivront l'Agneau partout où il va. À cette heure suprême, Jean représente aussi l'humanité qui attend le salut et cherche la consolation et la force près du divin Crucifié.

Mais à cette heure douloureuse, Jean pleurait et rien ne pouvait le consoler. Son Maître, qui l'avait pressé sur son Cœur au banquet eucharistique, regardait de ses yeux mourants sa sainte Mère, debout au pied de la Croix ; puis voyant Jean à côté d'elle, une émotion poignante étreignit le cœur du Sauveur : l'heure de l'adieu allait donc sonner... bientôt il abandonnerait les siens. Réunissant sur la tête de ces bien-aimés son legs suprême, il dit à Marie : « Femme, voilà votre Fils », et à Jean : « Voilà votre Mère. Ecce Mater tua ! » C'est donc l'union complète, l'achèvement des noces du Fils de Dieu avec l'humanité, puisqu'il s'identifie à elle dans la personne de Jean. « Votre fils, ô Mère, semble-t-il lui dire, ce n'est plus moi qui pars ; votre nouveau fils vous reste dans mon disciple Jean et dans tous les enfants des hommes que je vous laisse en héritage. Ce sont ceux-là, ma Mère, ceux-là pour qui j'ai donné ma vie, qui seront vos fils ! » Et Marie, abîmée dans la douleur, nous accepte au pied de la Croix pour les héritiers de son fils. Ah ! que la Rédemption est dure pour cette douloureuse Mère, dont le cœur est transpercé de mille glaives, et combien cette touchante parole d'adieu, aiguise encore sa douleur. Cependant, docile à la voix de son fils, pardonnant à son tour aux meurtriers, qui peut douter qu'à cette heure, au pied de la Croix, sanglante, elle nous ait tous adoptés pour ses enfants ?

Et lui le divin Cœur, comme un soleil à demi-voilé, rayonnait encore tant d'amour, qu'à cette heure suprême il ne pensait qu'à nous. Abandonné des hommes, délaissé sur la Croix, il nous donnait tout ce qui lui restait, sa Mère ! C'était la consommation de ses bienfaits.

« En effet, que peut-il donc donner, s'écrie Bossuet, nu, dépouillé comme il l'est, pauvre esclave qui n'a plus rien en son pouvoir dont il puisse disposer par testament ? De quelque côté qu'il tourne les yeux, Jésus ne voit plus rien qui lui appartienne, Je me trompe, il voit Marie et saint Jean qui sont là pour lui dire : « Nous sommes à vous ! »

C'est donc le seul bien qui lui reste, ô pèlerin, ce qu'il a de plus précieux Bon et de plus cher : il donne Marie à Jean et l'humanité à Marie ! Ecce Mater tua ! Tout son amour doit donc revivre en sa Mère, il transporte en ce cœur tout ce que le sien renferme de dévouement, de pardon, de généreuse tendresse. Ah ! que l'Église a bien comparé Marie à la lune brillante, la lune qui reçoit les rayons du soleil et nous les envoie, la lune qui prolonge pour nous le jour de sa sereine beauté !

Le Cœur de Jésus nous avait donc tout donné, il pouvait dire en toute vérité : « Je vous ai aimés jusqu'à la fin », car l'angoisse approchait... c'était l'heure d'abandon de toute créature et de son Père céleste, qu'il voulait endurer pour nous aider à souffrir toutes les douleurs, les ayant épuisées Je toutes. La soif de la fièvre s'ajoutait à cette soif d'amour dont son âme était altérée ! « J'ai soif », s'écria-t-il. C'est le cri de la Rédemption : Sitio ! Cœur brûlant, altéré d'amour, rien ne peut vous soulager que le salut des âmes. Sitio ! Cri éternel qu'il fera entendre à travers les siècles à toutes les âmes éprises de son amour, car il a soif, Celui qui nous apportait l'eau vive : Sitio !

Enfin, l'heure sainte étant arrivée, le Sauveur releva un peu la tête : « Tout est consommé », s'écria-t-il, puis, poussant un grand cri entremêlé de larmes : « Père, dit-il, je remets mon âme entre vos mains », et il rendit l'esprit…

 

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Invocation

 

J'admire, ô mon Sauveur, la tendresse si délicate et si généreuse de votre Cœur adorable, qui pense jusqu'à la dernière heure à l'affliction de vos enfants. Mais j'admire plus encore l'admirable pardon que vous accordez si divinement à vos bourreaux et à l'humanité tout entière, en lui donnant pour Mère votre propre Mère. Comment douter à présent de votre miséricorde, comment douter de votre pardon, puisque l'entrée de votre Cœur sacré nous sera toujours ouverte par ce nom mille fois béni : Votre Mère !

 

Mirebeau

 

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22 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Vingt-troisième jour

Vingt-troisième rayonnement

La Croix

 

« Fortis est ut mors dilectio » (Ct. 8, 6)

 

Le Sauveur, après son agonie terrible à la Grotte, resta la proie de la douleur jusqu'à l'heure du Crucifiement. Mais avant que l'Homme de douleur fût suspendu à la Croix, pour être donné en spectacle au monde, il faudra que ce corps d'une divine beauté soit défiguré et méconnaissable ; il passera entre les mains brutales des soldats ivres, il sera promené au milieu d'une populace en délire sous les fouets des bourreaux, les lambeaux de sa chair voleront en éclats et les risées accompagneront ses gémissements douloureux.

Puis la montée du Calvaire commence, procession sinistre de tous les instruments de supplice, brandis comme des trophées de victoire par ces esclaves de Satan. Voici le Seigneur Jésus lui-même la tête courbée sous l'aiguillon des épines, chargé de la pesante croix, entre deux haies de soldats qui le poussent de leurs lances. Il traverse ainsi sa chère ville de Jérusalem qu'il a tant aimée, le cortège défile lentement et se dirige vers la montagne de Gareb au pied de laquelle, sur une éminence peu élevée et appelée Calvaire (lieu du Crâne), on avait préparé la place du Crucifiement.

Le Calvaire est aujourd'hui enfermé dans la basilique du Saint-Sépulcre, on y monte par un escalier de dix huit marches. Le rocher teint du sang sacré est lui-même recouvert de marbres ; sous l'autel grec, étincelant de dorures, orné dans le goût byzantin, le pèlerin peut baiser le Trou de la Croix ; à côté, à quelques pas de là, il peut mettre sa main dans la fente merveilleuse du rocher, ouverte par le tremble ment de terre qui suivit la mort du Sauveur, et soudain la scène incomparable et poignante qui se dé roula ici même, envahit vivement son cœur.

Transportons-nous en ce lieu auguste du Calvaire, ô pèlerin, suivons nous-mêmes le Seigneur Jésus qui s'avance péniblement au lieu de son supplice. Que de fois en ce trajet douloureux, que de fois son Cœur a souffert ! Que cette cohorte de haine lui a prodigué d'injures et d'outrages. Il n'entrevoit sa Mère désolée qu'au travers des rangs ennemis, Véronique s'élance avec le suaire qui essuie cette Face divine, mais elle est aussi vite repoussée ; et que de coups, de chutes, de blasphèmes renouvelés pendant cette montée du Calvaire ! Il serait tombé cent fois pour ne plus se relever, le Sauveur, si la force d'en haut ne l'avait soutenu, si la hâte d'arriver n'avait été si ardente : la hâte d'accomplir la Rédemption du genre humain !

Pendant des minutes qui paraissent un siècle, on entend des coups de marteaux, les sanglots des saintes Femmes, les plaintes célestes de Jésus. À cette heure, le ciel attentif pleure, la terre tressaille d'allégresse, c'est la Rédemption !

Le voyez-vous à présent, ô pèlerin, le doux Seigneur cloué à la Croix, élevé dans les airs ; voyez ce saint corps allongé et distendu, épuisé, méconnaissable, semblable à un lys qu'on aurait foulé aux pieds.

Voici les grandes heures d’agonie qui commencent ; cette fois c'est l'agonie du Cœur et l'agonie de la nature tout ensemble. C'est lui, votre Seigneur, reconnaissez-le bien, Celui que vous suiviez sur les chemins de la Palestine ; hier encore, il vous donnait sa chair sacrée en nourriture, aujourd'hui le voici lui-même comme une grappe écrasée sous le pressoir, sans force, presque sans vie ; mais dans ces heures suprêmes d'abandon et d’agonie, il vous aime plus encore, le divin Cœur !

Toute la vie, en effet, s'est réfugiée dans ce Cœur et il domine le monde comme d'un trône, élevé dans les airs sur le bois de la Croix ! Jésus semble là-haut, dire en regardant le monde de ses yeux mourants : « Vous m'avez chassé, Ô enfants des hommes, vous m'avez défiguré et meurtri et pourtant je vous ai tant aimés. Ô mon peuple que t'ai-je fait ? À présent je vous quitte, ô hommes, mais quand vous me chercherez tristes et désolés, vous trouverez ma Croix et mon Cœur sur le chemin de votre vie ; je resterai votre consolateur unique quand tous vous auront abandonnés, car il n'est point sur terre d'amour comparable à mon amour ».

Et à cette heure, Jésus mourant, voyait d'un regard qui embrassait les siècles, les âmes aimantes qui viendront entourer sa Croix pour le consoler . Pour lui , il nous laissera son Cœur, c'est-à-dire son amour, incarné de nouveau dans le Sacrement. Mon Dieu, s'écriait Job, qu'est-ce donc que l'homme pour que votre cœur se repose ainsi sur lui ? » La réponse divine à l'homme est solennelle : « Je t'ai aimé, dit Dieu , d'un amour éternel » (Jr 21, 3).

Il nous laissera aussi sa Croix, parce que c'est par elle qu'on arrive à son Cœur ; si nous voulons avoir part à l'amour, il faut avoir part au sacrifice. « Je ne veux savoir qu'une chose, disait le grand Apôtre, c'est Jésus, et Jésus crucifié ». Et pourquoi ?... Parce que la Croix est la vraie science durable et profonde, parce que la Croix est la clef du mystère de la vie : la douleur. Tout homme est né dans la douleur et vit dans la douleur ; ce mot serait d'une désespérance absolue si Jésus n'était venu l'élever à la hauteur du ciel, en prenant sur lui le fardeau de toutes les douleurs pour nous en alléger le poids ; et à cette heure suprême du Crucifiement, il donnait une consécration divine à la douleur sanctifiée par l'amour.

Apprenons, ô pèlerin, la science de souffrir et d'aimer les lèvres sur le Crucifix : là en est le secret. Toute âme souffre sur terre, mais combien il y en a peu qui savent aimer ! Ah ! nous pouvons nous écrier comme le sublime désespéré de l’Alverne : « Non, l'amour n'est point aimé ! Amor non amatur ! »

Tandis que l'ombre de la Croix se projette sur le monde, le Calvaire est trop souvent désert, on fuit la Croix, on court à la consolation humaine, on détourne la tête... et bien peu veillent et prient dans le chemin royal du divin Maître, comme le groupe fidèle qui entourait le pied de la Croix. Et pourtant la Croix c'est une arme, un bouclier, une espérance : O Crux ave, spes unica ! à la suite du Seigneur, c'est la gloire !

 

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Invocation

 

Cœur de Jésus crucifié, votre amour n'est point aimé ! En dehors même des mépris et de l'indifférence, est-il beaucoup d'âmes vraiment éprises de vous, car pour aller à votre Cœur il faut monter à la Croix, et les faibles reculent par lâcheté, sans penser à la récompense trop grande, dit la Genèse, promise à ceux qui combattent courageusement. Ô Seigneur, donnez-nous d'accepter toutes les croix, car toutes venant de vous sont également bonnes et profitables, et donnez -nous de les unir à la vôtre, qui est notre force, notre salut, notre unique espérance !

 

Mirebeau

 

21 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Agonie

 

Vingt-deuxième jour

Vingt-deuxième rayonnement

L’Agonie à la Grotte des Oliviers

 

« Pater, non mea voluntas, sed tua fiat » (Luc 22, 42)

 

Une fois encore, avant de quitter la terre, le Seigneur Jésus devait revoir la montagne des Oliviers. La haine des Pharisiens était arrivée à son comble, l'odieux marché avec Judas était conclu, on avait tramé la mort du Juste dans une assemblée démoniaque que Caïphe présidait.

Jésus ayant accompli l'ineffable mystère de la Cène, sortit du Cénacle avec les Douze. Arrivé au dernier soir de sa vie, il fut pris soudain d'une tristesse mortelle. Après s'être donné tout, avec un amour inexprimable, à l'heure d’accomplir le sacrifice entier, il se sentit oppressé d'un poids douloureux et comme envahi par l'agonie.

Au pied de la montagne des Oliviers, à l'entrée de la lugubre vallée de Josaphat, non loin du Cédron qui se creuse un lit désordonné dans la rocaille, est une sorte de caverne profonde qui s'enfonce sous terre. D'un côté se dressent les hauteurs qui portent la Ville sainte, de l'autre, cette montagne des Oliviers, de laquelle Jésus s'élèvera un jour au ciel ; sur la pente tout en bas, le pèlerin contemple encore le jardin de Gethsémani où tant de fois Jésus venait prier et cette grotte où il allait tant souffrir.

Suivons-le, ô pèlerin, dans cette veillée dernière et douloureuse ; il n'a gardé avec lui que trois de ses plus fidèles, les témoins de sa gloire au Tabor : Pierre, Jacques et Jean. Il les quitte au seuil du Jardin, et seul, à cent pas de là, il entre dans la grotte souterraine où la douleur l'attend.

Cette grotte que le pèlerin vénère à deux genoux, cette terre nue, imprégnée du sang divin, a conservé sa simplicité primitive. Elle est très sombre, éclairée seulement par une ouverture pratiquée dans la voûte et par des lampes qui projettent une clarté douce. Une émotion infinie saisit le cœur lorsqu'on entre sous ce roc qui vit les larmes et les défaillances de l'Homme-Dieu. Là, contre ce même rocher, Jésus s'appuyait chancelant, couvert du poids de nos fautes, écrasé sous une douleur acceptée ; là, son adorable Cœur, broyé de douleur, fut foulé comme le raisin sous le pressoir, et il en jaillit une sueur de sang qui inonda la terre... Et factus est sudor ejus sicut guttu sanguinis decurrentis in terram.

Oh ! venez et voyez, ô pèlerin, le doux Jésus en cet état, et si vous n'avez pas un cœur de bronze, vous serez ému jusqu'à pleurer ; car c'est aujourd'hui la vraie Passion de son Cœur ! Être flagellé, couronné d'épines, traîné devant les juges, souffleté par un soldat, chargé de la lourde croix qui meurtrissait ses épaules, enfin être crucifié dans d'horribles tortures… c'est un supplice effrayant ; mais c'est le supplice du corps. Le supplice du Cœur est autrement raffiné et douloureux ; il ressent à l'avance toutes les souffrances, toutes les ingratitudes, toutes les humiliations... Souffrir la trahison d'un apôtre, l'abandon des autres, la lâcheté et la haine des foules ; plonger son regard de Dieu dans tous les âges et voir les péchés s’amonceler, les crimes s'accroître, la rage des hommes augmenter, avec l'ingratitude noire, l'indifférence molle, le scepticisme cruel ; penser à l'inutilité de ses souffrances pour tous ceux-là... et pleurer... pleurer du sang ! Cela, c'est la Passion du Cœur !

Oui, les grandes eaux de la tribulation ont inondé son âme et la douleur entre en lui comme un glaive à deux tranchants. - Il demande grâce : « Mon âme est triste jusqu'à la mort, s'écrie-t-il dans l'excès de son affliction, mon Père, éloignez de moi ce calice... »

Mais sur les hauteurs du Calvaire, il voit dans une vision effrayante la Croix qui se dresse et lui ouvre les bras... elle a un charme tout puissant qui l'attire, et il lui tend les siens... il l'accepte : Pater, fiat voluntas tua !... C'est l'immolation voulue, héroïque, car elle est inspirée non par la gloire, mais par l'amour !

Le Cœur de Jésus souffrait en cette heure tout ce qu'il souffrira plus tard, caché dans le Sacrement, présent à tant d'odieuses ingratitudes, et il semblait être privé soudain de vie et de lumière. Courbé sur terre, le Seigneur luttait, car « il était homme véritable, a dit Isaïe, et il a été jeté dans une grande angoisse ». Il s'écriait : « Mon Père, délivrez-moi de cette heure... Mais c'est pour cette heure que je suis venu » (Jn 12, 27). Mais bientôt, l'amour de son Cœur sacré triompha, plus fort encore que l'agonie ; après avoir imploré la compassion de son Père pour lui-même, il pria pour les siens, et une admirable oraison jaillit de son Cœur, dit saint Bonaventure : « Père saint, regardez-moi et écoutez moi, parce que je suis contristé dans ma vie, que mon esprit est inquiet et que mon cœur est troublé. Père, si vous l'avez décrété, il faut que je subisse entièrement le supplice de la Croix, que votre volonté soit faite ! Mais je vous recommande tous les miens, tous ceux que vous m'avez donné à garder ; je les ai gardés jusqu'ici, ô Père, gardez-les moi maintenant ».

Et c'est ainsi que le Cœur de Jésus, luttant contre l'agonie, triomphait par son amour indomptable.

 

Coeur Agonisant de Jésus-001

 

Invocation

 

Ô Cœur affligé, doux Maître abandonné, vous souffrez seul sans consolation ! Laissez du moins les âmes qui vous aiment consoler votre Cœur. À genoux près de vous, dans cette grotte bénie, laissez-nous venir, par notre repentir et notre amour, prendre un peu de ce fardeau qui vous accable et qui est notre juste partage. Veillons et prions avec vous, ô Jésus, car c'est l'heure des ténèbres, l'heure où les embûches se multiplient et font tomber ceux qui dorment, car l'esprit est prompt et la chair est faible. Apprenez-nous à prier avec votre soumission, Cœur sacré, lorsque votre prière se résumait pour vous dans un héroïque : Fiat.

 

Mirebeau

 

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21 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Vingt-et-unième jour

Vingt-et-unième rayonnement

L'Eucharistie

 

« Manete in dilectione mea » (Jn., 15, 9)

 

L'amour qui est fertile en inventions, a trouvé le moyen merveilleux de rester captif au milieu de nous, jusqu'à la fin des siècles, enchaîné dans le Sacrement par la parole du prêtre. Il devient l'apanage de tous les enfants des hommes ; désormais chacun puisera dans ce trésor, le divin Prisonnier de l’Eucharistie ne peut pas nous fuir. L'amour est captif ! l'amour est vaincu, il nous appartient ! Deliciæ meæ esse cum filiis hominum !

Quand donc le foyer vivant de l'amour, le Cœur de Jésus-Christ a-t-il trouvé ce miracle nouveau ?

C'était la veille de sa mort. Hors des murs d'enceinte de la ville de Jérusalem, il est, sur la montagne de Sion, une construction un peu isolée qu'on appelle aujourd'hui la mosquée Nabi-Daoud (du prophète David). Cette mosquée recouvre le lieu le plus saint de la terre après le Saint Sépulcre : le Cénacle.

Aujourd'hui, le Pèlerin ému de voir ce lieu auguste aux mains des Musulmans, pénètre dans une grande salle, soutenue par des colonnes et éclairée par trois grillages qui laissent glisser à l'intérieur un jour mystérieux et triste ; prosterné sur les dalles, le Pèlerin revit en son âme les poignants souvenirs du passé.

La veille de sa mort, Jésus avait rassemblé les siens ; il voulait leur laisser son dernier héritage, le gage immortel de son amour. Il avait envoyé quelques Disciples préparer cette salle, afin d'y manger la Pâque avec eux. Tout étant disposé et le soir venu, à l'heure où s'allument les étoiles, Jésus y entra avec les Apôtres et mangea avec eux l'agneau et quelques herbes, repas légal prescrit par la loi juive et qu'on prenait debout, comme des voyageurs pressés.

Après ce repas, le Sauveur quitta la table et descendit, accompagné des Douze, à l'étage inférieur du Cénacle ; il se ceignit les reins et, prenant un bassin plein d'eau, il se mit à leur laver les pieds avec une humilité touchante qui les confondit d'étonnement.

Cette cérémonie était le prélude du grand mystère qui allait s'accomplir ; c'était la purification symbolique de la créature, avant le prodige d'abaissement du Dieu qui allait se donner. Le Seigneur reprit ses vêtements et monta avec ses Apôtres pour le second festin qui suivait toujours le premier.

Alors, renouvelant le miracle des noces, mais d'une manière autrement sublime, Jésus prit du pain, le rompit et levant les yeux vers son Père, il accomplit l’auguste mystère. Donnant le pain à ses Apôtres il dit : Ceci est mon corps qui sera livré pour vous. Puis il prit le calice, l'éleva dans ses mains adorables, et leur dit de même : Buvez-en tous, car ceci est mon sang qui sera répandu pour vous. Et les Apôtres firent leur première Communion !

Admirez, ô Pèlerin, comme le doux Seigneur rayonne sur eux en cet instant, c'est un soleil resplendissant qui les enveloppe de son grand amour… Il les communie de ses mains, les bénit et les aime. Il leur donne ce don de Dieu qui est le don de lui même, et son Cœur se fond dans un embrasement qui s'étend non seulement à ses Apôtres, mais à toutes les âmes qui communieront à leur tour. C'était pour le monde l'heure de l'amour !

Par une telle invention de puissance et de tendresse, le divin Cœur allait prendre, en effet, possession des âmes comme le souverain incontesté d'un empire, car il allait non seulement vivre avec nous ; mais vivre en nous. Il nous donnait donc en ce jour une participation à la vie même de Dieu, vie de l'intelligence en nous révélant de si hautes vérités, vie du cœur en offrant à notre amour l'objet réel et idéal à la foi dont toute âme a soit ; vie de la volonté en fortifiant la foi, le courage et l'espérance ; en un mot Il nous donnait en l’Eucharistie, comme Il l'a dit lui-même, l'exubérance de la vie !

Mais le Cœur de Jésus, se donnant ainsi dans sa plénitude, nous communique déjà une sorte de résurrection. « Celui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour ». C'est l'amour poussé aux limites extrêmes qui s'engage solennellement envers nous, par delà les siècles ; car, selon l'admirable parole de saint Jean, l’Eucharistie c'est l'infini dans l'amour : In finem dilexit. Saint Jean surtout avait reçu la révélation de cette tendresse du Cœur de Jésus, lorsque appuyé sur la poitrine sacrée de son Maître il sentait les battements de ce Cœur, sa force et sa chaleur vivifiante ! Quel moment doux et suave pour le Disciple privilégié, quel ineffable souvenir pour toute sa vie !

Jésus ne nous laissait pas seulement son précieux héritage, sa chair sacrée, mais il instituait aussi le sacerdoce. En faisant passer la coupe aux mains des Douze : Faites ceci en mémoire de moi, il leur donnait le pouvoir divin de reproduire cet acte auguste ; de faire descendre tous les jours sur l'autel son humanité sainte, par les paroles de la Consécration. Oh ! que le bonheur des Apôtres était grand ! Leur Seigneur n'était plus seulement devant eux avec son visage adorable et si doux ; il était en eux ! Aucune union de la terre n'est comparable à celle-ci ; nul esprit n'en conçoit la profondeur. Émerveillés, ils restaient dans l'adoration et le silence ; alors le Cœur de Jésus sembla se fondre en paroles d'amour et d'adieu :

« Mes petits enfants, je suis encore avec vous, mais pour bien peu de temps. Bientôt vous me chercherez, mais là où je vais, vous ne pouvez venir… Je ne vous laisserai pas orphelins ; mais je viendrai à vous. Que votre cœur ne se trouble point ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi... »

Oh ! que ce discours après la communion est beau et touchant ! Admirez, ô pèlerin, combien le Seigneur parle familièrement aux siens ; que cette action de grâces est d'un enseignement précieux ! Jésus veut aussi nous parler cœur à cœur, avec confiance, avec tendresse. Oh ! approchons-nous de ce Cœur sacré, il nous appelle. Courons au banquet eucharistique, il nous y convie. Et si la crainte nous retient, rappelons-nous les paroles de Notre-Seigneur à sainte Catherine de Sienne : « Si tu n'es pas digne que je vienne en toi, moi je suis digne que tu entres en moi ».

 

Coeur Eucharistique de Jésus

 

Invocation

 

Ô divin Maître, que l’Eucharistie est bien l'invention merveilleuse de votre Cœur ! Il ne sait comment étancher la soif qui le brûle, l'ardeur qui le dévore, sinon par ce prodige nouveau qui est de se donner toujours et toujours, dans un accès continuel de dévouement infini ! Oui, Seigneur, nous contenterons vos désirs, nous irons à vous avec amour, car vous l'avez dit : vous êtes le Pain de nos âmes, vous êtes la Résurrection et la Vie !…

 

Mirebeau

 

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19 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Jésus pleure sur Jérusalem

 

Vingtième jour

Vingtième rayonnement

Jésus pleure sur Jérusalem

 

« Videns civitatem flevit ». (Luc 19, 41)

 

Sur la pente du Mont des Oliviers, non loin du Jardin de Gethsémani qui forme un grand carré de verdure avec ses oliviers vénérables, il est un petit rocher qui s'avance comme une plateforme en saillie. De là on découvre la ville de Jérusalem étendue toute blanche telle qu'une toison d'agneau sur les six collines. La Vallée de Josaphat l'enserre comme une ceinture de deuil avec ses sombres cavernes qui trouent la rocaille comme les alvéoles d'un essaim desséché.

Sur ce rocher dont nous parlons, une église fut élevée par les Croisés ; les ruines qui en restent amoncelées ont gardé son vocable : Dominus flevit. Le Seigneur pleura...

Il avait pleuré déjà, le Seigneur, devant la douleur de Marie-Madeleine à la mort de Lazare, il avait pleuré aussi tout petit enfant, livré à l'humaine misère, car l’Église chante au jour de Noël : « L'enfant vagit, enfermé dans l'étroite crèche ». Et voici la troisième fois que l'Evangile nous rapporte l'histoire de ces larmes divines.

Ce jour-là donc Jésus descendait de Bethphagé, village situé sur le Mont des Oliviers, du côté de la pente qui le sépare du Mont du Scandale. Il avait envoyé ses Disciples lui chercher une ânesse à Bethphagé, et chevauchait humblement monté sur l'ânesse suivie de son ânon, se dirigeant vers Jérusalem où la multitude allait l'acclamer. Déjà le peuple arrivait au loin avec des palmes et des rameaux d'oliviers chantant : « Hosanna au Fils de David ! Hosanna au plus haut des cieux ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »

C'était ce jour-là qu'on introduisait dans le Temple les agneaux ornés de fleurs et de rubans qui allaient être immolés pour la Pâque. Touchant symbole de l’Agneau divin qui allait être aussi livré et immolé. Sa venue était annoncée depuis cinq siècles par ces paroles qu'il inondait de clarté : « Réjouis-toi, Fille de Sion, voici ton Roi, le Juste et le Sauveur qui vient à toi. Il est pauvre et il est monté sur une ânesse et sur le poulain de l'ânesse ». Mais Jésus qui connaissait l'inconstance des foules et l'ingratitude de son peuple, s'arrêta sur le rocher qui domine la Ville Sainte, et jetant un douloureux regard sur elle, il pleura, disant : « Ah ! si du moins, en ce jour qui t'est donné, tu connaissais ce qui peut te procurer la paix ! mais maintenant tout cela est caché à tes yeux. Car il viendra un temps où tes ennemis t'environneront de tranchées, ils t'enfermeront et te serreront de toutes parts. Ils te détruiront entièrement toi et tes enfants qui sont dans ton enceinte, et ils ne laisseront pas pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le temps où tu as été visitée ».

Contemplez Jésus pleurant sur Jérusalem et sur nous, ô pèlerin, voyez ce Cœur divin se fondre en plaintes douloureuses sur ce peuple ingrat, sur cette cité brillante qui va accomplir le plus épouvantable des crimes... et pleurez avec lui. Ce crime se renouvellera tant de fois dans l'humanité coupable ! Lui, l'Agneau sans tache, il pleure sur les hommes cruels qui le condamneront bientôt ; sur les faibles de tous les siècles que l'erreur en traîne ; sur les lâches qui l'acclament un jour, le crucifient le lendemain ; sur la longue suite des hommes qui tourneront le dos à sa Croix ou méconnaîtront son Cœur... et il pleure ! Larmes divines, larmes précieuses vous suffiriez grandement au rachat du monde, mais vous ne voulez pas, Seigneur, vous en contenter. Il faudra des larmes de sang pour peser dans la balance de la Justice éternelle, afin que ces gouttes empourprées témoignent des souffrances indicibles de la Passion d'un Dieu !

Aujourd'hui, le Cœur du Seigneur saigne en pensant à ces profondeurs d'ingratitude, à ce crime qui va rouler dans la cendre cette fille de Sion si belle, mais si ingrate, et l'amour de sa triste patrie lui arrache ce cri de douleur : Ah ! si du moins, en ce jour qui t'est donné, tu savais ce qui peut t'assurer la paix !...

Mais déjà la foule criait : « Hosanna !... Longue vie au Fils de David !... » et voulait le faire roi. Quelques jours après, elle hurlera : « Crucifiez-le, crucifiez-le ! » N'est-ce pas là, l'histoire de toutes les foules, l'histoire des peuples chrétiens qui répudient leur Dieu ? N'est-ce pas là l'histoire des âmes ! Au moment d'entrer dans sa ville infidèle, Jésus veut lui apporter la vie, il lui offre son amour et sa paix... et il sera refusé. Que de fois Jésus, se tient à la porte d'une âme, prêt à entrer ; et que de fois aussi son Cœur saigne, repoussé par sa créature libre, mais ingrate. Le Seigneur ne vient pas en Maître, il vient en ami... Ouvrez-moi, ma sœur, mon amie, ouvrez-moi la porte de votre cœur (Ct 5, 3). Doucement, humblement il attend ; il a des signes qui avertissent de sa présence : un mot entendu par hasard, une parole sainte lue quel que jour, une joie intime et soudaine, quelquefois une épreuve aussi, lui ouvre la porte de ce cœur... Mais que souvent Jésus se retire et pleure sur cette âme qui n'ouvre pas, sur cette cité libre qui ne veut point se donner !...

Et Jésus descendit tristement et pour la dernière fois les pentes du Mont des Oliviers, entouré de son petit troupeau fidèle, dont il sera si tôt séparé.

 

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Invocation

 

Ô Seigneur Jésus, votre grand Cœur ne défaille point à la pensée de tant d'ingratitude ; mais vous courez vous livrer à cette meute pour sauver par votre sang précieux le petit troupeau de vos élus. Vous ne pleurez pas sur vous, ô Seigneur, mais sur ces misérables aveugles, et sur nous aussi qui avons tant de peine à croire, tant de faiblesse, si peu d'amour ! Que vos larmes arrosent cette terre aride de nos cœurs et y fassent croître en abondance les fleurs de votre amour, en sorte que notre âme devienne un Jardin fermé dans lequel vous ferez vos délices, et vous direz comme l'Epoux des Cantiques : Retirez-vous, aquilon ; venez, ô vent du midi, soufflez de toutes parts dans mon Jardin, et que les parfums en découlent (Ct 4, 16).

 

Mirebeau

 

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18 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Lazare

 

Dix-neuvième jour

Dix-neuvième rayonnement

La résurrection de Lazare

 

« Ecce quomodo amabat cum » (Jn. 11, 36)

 

C'est dans la scène inimitable de la résurrection de Lazare, transmise par l'Evangile, que se révèle surtout la divine amitié de Jésus et le côté le plus touchant de son Cœur. Tout ce récit est d'une beauté sobre et vivante, d'une simplicité éloquente qui émeut, et dont nulle parole humaine n'approchera jamais.

Mais transportons-nous d'abord, ô pèlerin, au lieu même de cette scène. Nous sommes à Béthanie, voici le tombeau de Lazare ; il est creusé dans le rocher et enfoncé sous terre, on y descend par un obscur escalier de vingt-quatre marches. La grotte souterraine se compose de deux chambres ; l'une est élevée de quelques degrés au dessus de la seconde, qui renfermait le corps de Lazare.

Tandis que le mort repose là de puis trois jours, suivons, ô pèlerin, le Seigneur Jésus qui revient d'une longue course apostolique. Il s'est assis avec ses Disciples sur la Pierre du Colloque, non loin de Béthanie. On voit encore cette pierre célèbre sur le plateau qui domine un paysage fantastique, les monts de Juda s'étagent monotones jusqu'à la plaine de Jéricho, comme les vagues énormes d'une mer pétrifiée.

C'est Marthe impétueuse et pressante qui accourt la première vers le Seigneur, en lui disant avec une plainte mêlée d'un peu de reproche : « Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort ». Mais Jésus la rassure doucement, lui promet la résurrection de son frère. Marthe le comprend dans un autre sens. « Je sais, dit-elle, qu'il ressuscitera au dernier jour ». Mais le Seigneur éclaire cette foi qui raisonne, et Marthe, enfin convaincue, s'écrie avec un élan de foi vive : « Oui, Seigneur, je crois que vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant qui êtes venu en ce monde ». Sur ces paroles, elle s'en alla et appela Marie, qui était restée à la maison. « Le Maître est là, dit-elle, et il t'appelle ». Aussitôt Marie se leva et vint à Lui. Étant arrivée à l'endroit où était Jésus, elle tomba à ses pieds et dit en pleurant : « Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort ».

Ce sont les mêmes paroles, la plainte des deux sœurs est toute semblable, mais l'accent en est différent, et Jésus est plus touché de celle-ci que de l'autre. C'est que la plainte de Madeleine a une signification profonde et l'ardeur de son amour est plus grande. Marthe semble faire un reproche : Seigneur, pourquoi êtes vous parti ? Madeleine pleure seulement et veut dire : Seigneur, quand vous êtes présent, aucun malheur ne peut nous atteindre ; mais, hélas ! vous étiez loin de nous !

« Et Jésus, dit l'Évangile, voyant donc qu'elle pleurait et voyant aussi pleurer les Juifs qui étaient venus avec elle, frémit en son esprit et se troubla en lui-même. Et il dit : Où l'avez-vous placé ? Ils lui dirent : Seigneur, venez et voyez. Et Jésus pleura... Les Juifs se dirent entre eux : « Voilà comme il l'aimait »… « Or Jésus, frémissant une seconde fois en lui-même, vint au tombeau qui était une caverne, et il y avait une pierre qui le fermait. Jésus dit : « Ôtez la pierre ». Marthe, la sœur de celui qui était mort, lui dit : « Seigneur, il y a déjà de l'odeur, car voilà quatre jours qu'il est mort ». Jésus lui dit : « Ne vous ai-je pas dit que si vous croyiez, vous verriez la gloire de Dieu ».

On ôta donc la pierre, et Jésus, les yeux levés au ciel, dit : « Mon Père, je vous rends grâces de ce que vous m’avez écouté. Je sais, il est vrai que vous m'écouterez toujours ; mais je le dis pour ce peuple qui m'entoure, afin qu'il croie que vous m'avez envoyé ». Et ayant dit cela, il cria à haute voix : « Lazare, sortez ». Et aussitôt on vit paraître celui qui était mort, les pieds et les mains liés de bandelettes et et la figure couverte d'un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le et laissez-le aller ».

Est-il rien de comparable à cette scène, ô pèlerin ? La tendresse du Cœur de Jésus déborde et nous confond, et il y a là un acte de toute puissance qui nous rappelle bien vite que ce grand Cœur qui aimait était celui d'un Dieu. Et Jésus pleura. Voilà l'homme. Lazare, sortez ! Voilà le Dieu ! Et l'on ne sait qu'admirer le plus, ou de cette faiblesse divine qui le fait pleurer sur la mort d'un ami, ou de cet acte créateur qui lui rend la vie. Ce Cœur qui unit si harmonieusement l'humain et le divin, et qui opère ce prodige à la prière des deux sœurs, révèle la puissance de cette ravissante tendresse plus forte que la mort.

Il est la Résurrection et la Vie ! Celui qui va à ce Cœur ne marche pas dans les ténèbres ; il est son phare lumineux qui le conduira par delà les ombres de la mort. Ne doutons jamais d'une miséricorde inépuisable, courons à Lui au Sacrement de vie, et notre âme ravie, enivrée, sortira des ténèbres du péché, comme cette fois où la mort lâcha sa proie, et où la voix divine rappela l'âme de Lazare des confins de l'éternité.

 

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Invocation

 

Ah ! doux Seigneur, vous êtes venu sur la terre pour les âmes égarées et perdues ; votre force toute puissante les rappellera à la vie si elles se confient en votre miséricorde ; un seul mot suffit, ô Créateur : Lazare foras ! Appelez les âmes, sauvez-les, forcez les de venir à vous, et puisque vous avez pleuré avec ceux qui pleurent, c'est que votre Cœur est accessible à la compassion ! Laissez-vous attendrir, écoutez nos prières et sauvez les âmes, les pauvres âmes perdues, que votre parole créatrice seule peut rappeler à la vie.

« Ô Seigneur, créez en nous un esprit nouveau, et nous vivrons et nous ressusciterons au dernier jour ! »

 

Mirebeau

 

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17 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Dix-huitième jour

Dix-huitième rayonnement

Le Notre Père

 

« Domine, doce nos orare » (Luc, 11, 1)

 

Le Notre Père, cette sublime oraison, est comme le résumé succinct des enseignements du Cœur de Jésus. Il a épanché en cette prière tous ses divins secrets, et son amour pour le Père, et le but de sa mission sur la terre, la foi qu'il nous demande et la charité qu'il nous apporte.

Sur le sommet du Mont des Oliviers s'élève un magnifique Carmel, à la place où Notre Seigneur composa le Pater ; en sorte que sans cesse la voix pure de la prière s'élève comme l'encens vers le ciel, au lieu même où la voix divine enseigna l'oraison.

« Un jour, dit saint Luc, qu'il était en prière en un certain lieu , quand eut achevé de prier, un de ses Disciples lui dit : « Seigneur, apprenez nous aussi à prier, comme Jean la appris à ses Disciples. Et il leur dit : Lorsque vous priez, dites : Père, que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive. Donnez nous aujourd'hui notre pain quotidien, et remettez-nous nos péchés, comme nous remettons nous-mêmes à tous ceux qui nous doivent, et ne nous abandonnez pas à la tentation ».

Il me semble, ô Pèlerin, que nous ne puissions mieux faire, nous qui cherchons avidement toutes les admirables manifestations du Cœur de Jésus, que d'étudier cette belle prière qui le révèle tout entier.

Et d'abord : mon Père. Ce nom d'une ineffable douceur dans la bouche du Christ doit être maintenant sur la nôtre, et voici que désormais Dieu sera attentif à la voix d'un homme agenouillé qui lui dira : mon Père. Le Père de famille est au ciel où il nous attend, nous les exilés. L'homme est un oiseau voyageur qui passe un instant au milieu des neiges et des frimas, puis s'envole vers l’Orient pour y jouir d'un printemps sans fin.

« Que votre nom soit sanctifié ». Jésus-Christ est venu sur la terre pour la sanctification des âmes, pour apporter à ce monde corrompu des germes de sainteté. Le Dieu saint est descendu dans une vierge pour sanctifier les hommes, car la sainteté est la croissance du bien surnaturel dans être ; mais cette croissance était atrophiée par le mal, cette sève était tarie, et Jésus est venu la régénérer. « Soyez saints, nous dit le Sauveur, parce que votre Père céleste est saint », et dès lors, la grâce nous est versée pour nous conformer au précepte divin. Puis donc que notre Père est saint et que nous devons désirer sa son nom soit connu et répandu sur toute la terre.

« Que votre règne arrive ». Pourquoi le Seigneur veut-il que le troisième cri de nos cœurs soit celui-ci ? C'est que l'amour exprimé dans la première parole, l'adoration dans la seconde, doivent se témoigner par le zèle. Il ne suffit pas de rendre à Dieu un culte passif, et de l'adorer seulement en esprit, il faut lui sou mettre cet esprit, et l'adorer en vérité avec la volonté et le cœur. C'est ce règne sur les âmes que Jésus-Christ est venu apporter sur la terre, con quête pacifique de l'intelligence et du cœur. Adorer en vérité veut dire : incliner sa faible raison sous les commandements divins, et agir pour étendre le règne de Dieu autour de nous. C'est le zèle qui dévore les vrais serviteurs du Père de famille : « Zelus domús tuæ comedit me ».

« Donnez-nous notre pain quotidien ». C'est le cri de la créature à son Créateur. Le Créateur lui a tout donné, pour elle il a embelli la nature, fait croître les plantes, vivre les animaux ; mais que la créature n'oublie pas sa dette de reconnaissance; que chaque jour, comme un mendiant à la table du riche, elle demande son pain. Dieu qui donne la pâture aux petits oiseaux, qui revêt le lys d'habits plus magnifiques que ceux de Salomon, prendra soin de son enfant qui, tous les jours, sollicite son pain. Le pain ! c'est la nourriture substantielle du corps, et le pain matériel est un symbole du Pain mystique du Sacrement où Dieu, qui pourvoit à sa créature, se donne lui- même en nourriture à l'âme affamée.

« Remettez-nous nos péchés ». Oui, nous sommes tous coupables envers Dieu, tous nous avons besoin de miséricorde et de pardon ; pardonnons d'abord à ceux qui nous ont offensés. Qui sommes-nous pour avoir le droit de nous dire offensés, quand Dieu lui-même pardonne à sa créature ? Jésus-Christ est venu nous apporter le pardon de son Père ; mais ce pardon ne sera accordé qu'à l'âme miséricordieuse, celle dont la récompense sera d'entendre un jour la douce parole dite de Marie-Madeleine : Il lui sera beaucoup pardonné parce qu'elle a beaucoup aimé !

« Ne nous abandonnez pas à la tentation ». La tentation est l'épreuve inévitable du juste ; elle devient son trophée de gloire quand il l'a vaincue. Mais personne ne peut vaincre sans Dieu ; il nous l'a appris en priant et jeûnant sur le Mont de la Sainte-Quarantaine ; il a été tenté lui-même ; mais il a prié et repoussé la tentation ; l'humaine nature que portait Jésus-Christ n'a été triomphante qu'avec l'aide de Dieu. La tentation n'est pas le mal ; mais jusqu'où ira la faiblesse ? Qui nous arrêtera sur la pente ? Qui empêchera la colombe de se salir dans la boue ? Le Cœur de Jésus seul qui recueillera la colombe menacée, la gardera à l’abri, en sorte que l'ennemi terrassé n'ira pas plus loin : Arrête, le Cœur de Jésus est là !…

 

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Invocation

 

Ô Père, écoutez votre Fils, c'est lui qui nous a appris à prier, c'est son Cœur qui vous prie pour nous, car nous ne savons que balbutier cette admirable prière, nous la répétons comme des enfants sans comprendre toute sa beauté ; mais du moins, nous avons la volonté d'accomplir tous les enseignements qu'elle contient. Exaucez-nous, car c'est votre Fils qui implore, et c'est unis à son oraison que nos lèvres suppliantes vous disent : Père !

 

Mirebeau

 

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16 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Dix-septième jour

Dix-septième rayonnement

Le Bon Samaritain

 

« In charitate perpetua dilexi te » (Jr. 31, 3)

 

Le chemin qui conduit de Jérusalem à Jéricho traverse un véritable désert de montagnes arides, sans eau, sans verdure, ni rien qui rafraîchisse le regard ; ce sont les monts de Juda, arrondis au sommet et qui ondulent jusqu'à la Mer Morte comme un troupeau de béliers : « Sicut agni ovium ».

À l'horizon se déploient les grandes chaînes de Moab et d'Ammon qui sont déjà les montagnes d'Arabie, au pied desquelles coule le Jourdain.

Ce sauvage désert, d'une désolation extrême, est entrecoupé de précipices dont le plus remarquable est l'Oued el-Kelt, sillonné par un torrent mugissant, le Nahr-el-Kelt, qui est l'ancien Carrith de la Bible, où le prophète Elie fut nourri par un corbeau. Les rochers, droits sur l'abîme, sont perforés de trous béants, qui servaient autrefois de cellules aux ermites qui peuplaient jadis ces solitudes.

À mi-chemin de cette route de Jéricho, un peu sur la hauteur, on rencontre les ruines d'une ancienne hôtellerie qui servait de lieu de refuge et de protection aux voyageurs attardés qui traversaient ce pays infesté de brigands. C'est ici qu'eut lieu l'épisode du Bon Samaritain, raconté par Jésus lui-même, sous forme de parabole.

Souvent le divin Maître adoptait ce genre d'enseignement si conforme à l'esprit oriental, et rendait ainsi intelligibles les plus hautes leçons de la vie spirituelle. Dans cette admirable parabole, adressée aux Pharisiens qui l'interrogeaient malignement, il va révéler au monde les sublimes maximes de la charité fraternelle.

« Un homme descendant de Jérusalem à Jéricho tombe entre les mains des voleurs, qui le dépouillèrent et, après l'avoir blessé, le laissèrent demi mort. Un prêtre descendit par le même chemin, vit cet homme et passa outre ; un lévite vint aussi, le regarda et passa de même. Mais un Samaritain qui était en voyage s'arrêta et fut touché de compassion. Il s'approcha du blessé, versa de l'huile et du vin sur ses plaies, les banda, le mit en suite sur son cheval, le mena dans une hôtellerie et prit soin de lui.

Le lendemain il tira de sa bourse deux deniers d'argent qu'il donna à l'hôte en lui disant : « Ayez soin de de cet homme et tout ce que vous aurez dépensé de plus, je l'acquitterai à mon retour ».

N'est-il pas, ô Pèlerin, une image plus fidèle de l'humanité et du divin Cœur que l'histoire de cet homme blessé et du bon Samaritain ? L'humanité souffrante, blessée à mort, dépouillée de ses droits par le péché ; Jésus, le Sauveur du monde, grand Médecin des âmes et des corps, venu pour guérir les plaies de l'humanité, y verser l'huile de sa pitié, le vin fort de son amour ! Oui, le bon Samaritain, c'est Lui, Lui, le divin Cœur, car Samaritain veut dire « gardien », et il est le vrai Gardien de nos âmes, le bon Pasteur qui garde ses brebis. Il est écrit : « Celui qui garde Israël ne sommeillera ni ne dormira point ».

« Or ce Samaritain était en voyage ». Jésus fut aussi un voyageur ; il descendit et passa sur la terre, car le but de son voyage était de sauver cette humanité blessée, demi-morte. Il se fit pour cela, non point pécheur, mais semblable à un pécheur : Samaritain, c'est-à-dire pauvre et humble, méprisé des orgueilleux Pharisiens.

« Il le mena dans une hôtellerie ». Venez, ô Pèlerin, et courons à cette vraie hôtellerie, de Dieu, qui est le Tabernacle et nous y trouverons le divin Cœur, guérisseur des âmes, car, remarquez ceci, ô Pèlerin, le Bon Samaritain ne quitte pas le blessé, il demeure et prend soin de lui ; et le lendemain, quand il est obligé de partir, il ne s'en va point sans avoir payé sa rançon et recommandé à l'hôtelier de prendre soin du blessé.

Oui certes, Jésus a payé la rançon du monde ; mais en quittant cette terre, il nous a légué sa divine charité et nous a promis de payer au delà sa dette du bienfait : « Ce que vous ferez au plus petit des miens, c'est à moi-même que vous l'aurez fait ».

Jésus ne nous a pas quittés puisqu'il nous laisse son amour. Que de fois il agit divinement avec nous, comme le Samaritain agit avec le blessé ! Il nourrit l'âme du pain et du vin eucharistique ; il guérit ses plaies avec le baume de sa grâce, la sauve enfin et la porte dans ses bras jusque dans la solitude de son divin Cœur, où s'achèvera sa guérison. Avec quelle sollicitude infinie il prend soin de nous, et avec quelle confiance et quelle foi nous pouvons nous appuyer sur ce Cœur fort comme le diamant, tendre comme une mère !

 

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Invocation

 

Ô bon Maître, non seulement vous nous apprenez l'amour de votre Cœur, mais vous nous donnez à suivre l'exemple de votre charité admirable. Vous nous montrez qu'elle est vide sans les actes, que les paroles ne servent de rien si les œuvres manquent. Le prêtre et le lévite qui vivaient sous la Loi, n'ont su faire ce qu'ordonnait la Loi, c'est une foi morte ; mais vous, vous êtes la Loi nouvelle, Loi pleine de douceur qui nous apprend à aimer le prochain, à le servir et à prouver ainsi que notre charité est vivante et féconde : In amore Christi.

 

Mirebeau

 

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15 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Seizième jour

Seizième rayonnement

L'amitié de Béthanie

 

« Vos autem dixi amicos » (Jn. 15, 15)

 

« L'amitié, dit le P. Lacordaire, est le plus parfait des sentiments de l'homme, parce qu'il en est le plus libre, le plus pur et le plus profond ».

Le Cœur de Jésus, qui possède la perfection des sentiments de l'homme, devait ressentir celui-ci d'une manière plus exquise et plus généreuse. « Marthe, sa sœur Marie et Lazare étaient aimés de Jésus », dit l'Évangile, et cette parole nous laisse entrevoir les trésors de tendresse du Cœur divin, des mystères de paix et de bonheur, hélas, disparus de ce monde ! Qui savait mieux aimer que le Cœur de Jésus-Christ, qui est tout amour ? Qui savait mieux s'oublier pour les siens et prodiguer la consolation qui fortifie au jour de l'épreuve ? Qui, en un mot, savait mieux guérir les âmes, les attirer, les instruire, les aimer ?

Jean, qui était un privilégié de ce Cœur, en avait ressenti les attraits, et nul mieux que lui n'a su raconter l'admirable histoire de Béthanie. Béthanie ! ce nom plein de douceur est embaumé d'un parfum de tendresse divine qui s'exhale encore de ses vieux murs écroulés, comme l'arôme échappé d'une fleur flétrie nous rappelle parfois de délicieux souvenirs. Béthanie, cachée dans un repli du Mont des Oliviers, sur le versant oriental, n'est plus aujourd'hui qu'un petit village musulman qui surgit, avec sa pauvreté triste, au milieu des débris ; mais la vue admirable qui s'étend jusqu'à la Mer Morte, par dessus les montagnes roussies de Juda, est demeurée avec les célestes souvenirs !

Jésus avait fait choix de cet asile pour s'y retirer après les fatigues de son apostolat ; il trouvait près de ses amis fidèles un repos plein de sérénité. Ces trois noms bénis : Lazare, Marthe, Marie-Madeleine, étaient les trois privilégiés. Après les travaux de son ministère, à la fin d'une journée laborieuse de prédication, Jésus se retirait à Béthanie avec quelques Disciples et s'asseyait au banquet du soir dans l'intimité de ses amis. Nous pouvons facilement nous figurer la joie des hôtes à l'annonce de cette visite tant désirée ; ils accouraient au devant de Lui, l'accueillaient avec allégresse et savouraient avec une sainte familiarité le bonheur d'une présence si chère ! Le Seigneur trouvait près de ces cœurs dévoués le bien si rare d'une affection à toute épreuve, tandis que lui-même se donnait tout à eux. Toutefois nous est-il permis de sonder cette profondeur et de nous demander pour lequel Jésus avait une prédilection spéciale, « car dans la prédilection même, dit encore le P. Lacordaire, il est des prédilections, tant l'amour est une chose profonde et d'une hiérarchie sans fin ». Eh bien oui, nous le devinons, nous le pressentons, c'était pour cette bien heureuse femme qui se jeta un jour repentante aux pieds du Sauveur, qui dans l'ardeur de son amour ne trouvait point de parfum assez exquis pour le verser sur la tête du Maître, et qui pendant des heures entières écoutait ravie les paroles divines, c'est celle-là surtout que Jésus aimait ! Mais Marthe la fidèle, Lazare le généreux ami, avaient leur grande place dans le Cœur divin, qui rayonnait sur eux son amour.

L'amitié, comme tous les sentiments délicats du cœur humain, avait subi la perturbation générale causée par le péché, parce que dans le cœur de faibles créatures, l'amour ne va point où le conduit la raison, mais où l'entraîne son ardeur ; il fallait que Jésus vint restaurer toutes choses ; il fallait dégager l'amitié des sens, l'extraire, en un mot, de la passion humaine, comme le mineur sort le diamant des entrailles de la terre.

L'amour, sous toutes ses formes, est dans le Cœur du Christ, et au jour de sa création, l'homme avait reçu dans le sien quelques parcelles de cet amour. Mais le fond de la nature humaine est un immense égoïsme, et l'égoïsme étouffait cette divine semence ; il fallait que le Sauveur redressât cette plante délicate et la dégageât des passions ; et puisque le cœur de l'homme est porté à la lassitude et à l'inconstance, il lui fallait une force divine pour réagir contre sa propre faiblesse. Jésus-Christ n'a donc pas créé l'amitié, mais il nous l'a rendue telle qu'elle doit être : généreuse, fidèle, pure, ayant Dieu pour but et pour fin. En effet, l'affection naturelle, l'accord de l'intelligence et du cœur, la sympathie, la même floraison de pensées ne suffisent point, il faut surtout que Dieu soit le lien de nos âmes, le poids et la mesure de l'amitié pour en éviter l'exagération , car c'est en participant en quelque sorte à l'amour divin qu'elle y puise sa richesse et sa force.

Le Cœur de Jésus est l'école où nous apprenons toutes choses, et Béthanie, c'est l'éducation du cœur humain dans sa partie la plus sensible et la plus délicate. Heureux celui qui habite, comme les hôtes de Béthanie, dans la même demeure que le Seigneur Jésus ! Il apprendra de Lui à vivre et à aimer, car c'est en Lui que se trouve le sommet des affections divines et humaines.

Cette bienheureuse demeure est le Cœur de Jésus, nous pouvons nous y retirer dans la solitude et lui parler seul à seul. Il nous appelle du fond du tabernacle, courons à lui, et fixons près de lui notre demeure, ce sera le lieu de notre repos, et par dessus toutes choses, préférons l'amitié de Dieu. L'amitié de Dieu, qui nous donnera de bien comprendre ce mot ! Être l'ami de son Cœur, y reposer comme saint Jean au jour de la Cène, est-il bonheur plus grand ? et s'écrier comme l’Epouse des Cantiques : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à Lui... Mettez-moi comme un sceau sur votre Cœur parce que l'amour est fort comme la mort ; le zèle de l'amour est inflexible comme l'enfer, ses lampes sont des lampes de feu, sa flamme est divine ! » (Ct. 8,6).

 

Sacré Coeur

 

Invocation

 

Ô Jésus, il n'est point de cœur semblable au vôtre : ce Cœur s'est épris de la douce fleur d'amitié, fleur transplantée du ciel, si délicate et si rare, pour nous montrer comment il faut la cultiver et la redresser sur cette pauvre terre ; vous nous apprenez à aimer, ô vous qui avez tant aimé les hommes, faites donc que notre cœur s'ouvre à tous les généreux sentiments, car la conquête des âmes se fait par l'amour et le dévouement.

 

Mirebeau

 

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14 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Jésus et Madeleine

 

Quinzième jour

Quinzième rayonnement

Le pardon de Marie-Madeleine

 

« Quis plus diligit, is cui plus donavit ». (Luc 7, 43)

 

Dans le cœur de l'homme, il y a place pour tous les généreux sentiments : l'amour filial, la tendresse paternelle, l'amitié, le patriotisme, la charité envers les malheureux ; mais il est un sentiment que le cœur de l'homme n'avait jamais ressenti, c'est l'immense pitié pour une âme coupable. Ah ! c'est que le cœur humain n'a pas la divine délicatesse qui devine et pardonne, c'est qu'il n'a pas non plus la toute-puissance qui rend la vie à qui l'a perdue. L'homme est toujours un coupable qui juge un autre coupable ; la compassion qu'il ressent pour lui est une compassion indirecte de sa propre misère. La sainteté de Dieu seul a cette puissance qui domine le mal et fait du pécheur repentant un être purifié.

C'est pour perpétuer cette bonté compatissante qui régénère le pécheur que Jésus-Christ a donné à ses prêtres le pouvoir divin de pardonner en son nom. Le Cœur de Jésus a transporté dans le cœur du prêtre quelque chose des mystères infinis d'amour et de pitié enfermés dans le sien.

Voici la scène vivante dans laquelle ce Cœur sacré nous dévoile ses trésors de tendresse. Soyons attentifs, ô pèlerin, aux moindres détails du touchant récit rapporté dans l'Evangile.

Un jour, Jésus est invité à la table d'un riche Pharisien, nommé Simon. Pendant le festin, une femme entre soudain dans la salle, portant un vase d'albâtre qui contient un parfum de grand prix. Elle s'avance dans l'assemblée, ne voyant, ne cherchant qu'un seul homme : Jésus ! Sans songer à l'opinion des convives, à l'audace de sa conduite, ne pensant qu'à ses péchés, à son repentir, à son amour, elle s'approche de Jésus, se prosterne à ses pieds, y verse ses parfums et ses larmes, y pose en pleurant ses lèvres souvent profanées, et essuie avec sa chevelure la trace de ses sanglots. C'était Marie-Madeleine.

Pas un mot n'est prononcé, elle ne lève point les yeux sur Jésus-Christ ; sa bassesse est son éloquence, son amour est sa seule prière. Elle reste toujours prosternée, trouvant sans doute une joie ineffable à baiser ces pieds sacrés ; elle se confie en Lui, le Maître bien-aimé, et cela lui suffit.

Le Pharisien s'étonne de cette action et ne peut comprendre que Jésus la souffre. « »Il ne sait donc pas, se disait-il en lui-même, que cette femme est une pécheresse connue ». Mais Lui, qui lit dans les cœurs, répond à son blâme secret par une parabole qui le confond.

Admirez ici, ô pèlerin, comme le Seigneur sait défendre ceux qu'il aime ; n'est-il pas préférable d'être accusé par les hommes et défendu par Dieu ?

Se tournant vers Marie-Madeleine, Jésus dit à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison et tu n'as point lavé mes pieds avec de l'eau ; mais elle, depuis qu'elle est entrée, a lavé mes pieds avec ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as point donné de baiser ; mais celle-ci n'a point cessé de baiser mes pieds. Tu n'as pas oint ma tête avec de l'huile ; mais celle-ci a oint mes pieds avec un parfum. C'est pourquoi je te dis : beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup aimé, et celui au quel il est moins pardonné, c'est qu'il aura moins aimé ».

Puis il dit à la femme : « Vos péchés vous sont remis, votre foi vous a sauvée, allez en paix ». Madeleine se retira en silence, qu'aurait-elle pu dire à Celui qui sait tout ? En effet, tout le mystère est dans son cœur, et son silence qui est un acte de foi et d'humilité, est aussi le dernier effort d’une âme qui surabonde et ne peut rien de plus » (Lacordaire, vie de Sainte Marie Madeleine). Elle vient de recevoir plus qu'elle n'osait espérer : le Cœur adorable du Maître, ému à cette action repentante et silencieuse, avait versé sur sa pauvre créature les trésors de son amour et de son pardon. Madeleine en silence aux pieds de Celui qu'elle aime, est l'image de l'âme qui vient de communier : elle s'abandonne entièrement à l'amour de son Sauveur et jouit doucement de sa présence. L'éloquence de la forme n'est nullement nécessaire dans la prière ; on entend mieux la parole divine, on reçoit mieux les enseignements précieux dans le silence recueilli du cœur.

Que ce spectacle est beau, ô pèlerin, que cet exemple est consolant, que ce commerce est ineffable entre le péché et la Souveraine Innocence, entre la mort et la Vie ! Ce spectacle s'est renouvelé et se renouvellera jusqu'à la fin du monde. N'est-il pas toujours prêt, le divin Cœur, à répondre à la supplication muette du repentir ; ne se laisse-t-il pas implorer, approcher dans l'union intime de l’Eucharistie, et résiste-t-il jamais à cette voix du cœur qui lui demande pardon le Sauveur venu surtout pour le salut des pécheurs ? Marie-Madeleine a commencé la chaîne des Maries pénitentes qui viendront pleurer sur les pieds de Jésus, et qui entendront un jour cette grande parole qui étonna le monde : Vos péchés vous sont remis, allez en paix.

 

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Invocation

 

Cœur de Jésus, ému de pitié et de tendresse, vous qui avez soudain attiré cette pécheresse à la plus haute sainteté, laissez tomber un regard sur nous, un mot, une parole qui nous guérira, car nous sommes tous coupables. La source du mal est en nous, et si elle n'a pas suivi son cours orageux, c'est que peut-être votre miséricorde a détourné l'occasion, par pitié pour notre faiblesse. Tous nous avons à pleurer sur vos pieds sacrés comme Marie-Madeleine, et à racheter les fautes de notre vie par notre amour en vers vous, ô divin Cœur, car il sera beaucoup pardonné à celui qui vous aura beaucoup aimé !

 

Mirebeau

 

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13 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Quatorzième jour

Quatorzième rayonnement

La tempête sur le lac

 

« Domine, salva nos, perimus ». (Mt. 8, 25)

 

Jésus quittait parfois ses disciples pour s'adonner à l'oraison, abandon momentané, toujours suivi d'une nouvelle preuve d'amour. Le soir de la Multiplication des pains, Jésus ayant prêché tout le jour devant une foule nombreuse aux environs de Tibériade, et guéri un grand nombre de malades, laissa vers la nuit ses Disciples s'embarquer sur le lac et se retira dans une solitude de la montagne pour y prier.

Pendant la nuit une tempête survint, un vent violent balayait les sables et soulevait en vagues énormes les eaux tourmentées. Les Disciples, affreusement balancés sur leur barque légère, n'avançaient qu'avec peine au milieu des ténèbres... et Jésus n'était pas avec eux ! Mais lui, le bon Pasteur, il avait quitté sa retraite et sa prière, à la quatrième veille de la nuit pour venir au secours de son troupeau en péril. Tout à coup, les Disciples aperçurent la forme de leur Maître qui marchait sur les eaux ; croyant à l'apparition d'un fantôme, ils se rejetèrent effrayés dans la barque, mais Jésus leur parla doucement : « C'est moi, dit-il, ne craignez rien ». Aussitôt Pierre, ardent dans la foi, s'écria : Seigneur, si c'est vous, commandez que j'aille à vous sur les eaux ». Jésus dit ce seul mot : « Viens », et Pierre s'élança sur les eaux qui le portaient. Mais le vent était si fort que le courage de l'Apôtre se mit à chanceler en même temps que sa foi ... et Pierre enfonça : « Seigneur, cria-t-il, Seigneur, sauvez moi ». Cet appel désespéré reçut une réprimande. « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »

En effet, avec le Seigneur Jésus pour pilote, est-il un danger à craindre, un péril dont il ne puisse secourir ? Mais en même temps, avec une bonté adorable, le Maître lui tendit la main, comme une mère qui voit son petit enfant trébucher et le soutient doucement dans ses premiers pas. C'étaient bien aussi les premiers pas de la foi, pas encore chancelants, mais qui devaient se raffermir un jour, afin que Pierre pût conduire sans dévier le troupeau entier de l’Église. Pierre apprit par son expérience et nous apprend à tous qu'il ne faut jamais douter du Seigneur ni désespérer. La Glose dit à cet endroit : « Jésus le fait marcher sur la mer pour montrer sa divine puissance, il le fait enfoncer pour qu'il ne se croie pas semblable à Dieu et qu'il ne s'enorgueillisse pas ».

Le Seigneur entra ensuite dans la barque et commanda aux vents et à la mer ; aussitôt la tempête cessa. Les Apôtres émerveillés s'écrièrent : Vous êtes vraiment le Fils de Dieu !

Considérez, ô vous qui suivez pas à pas les traces du Seigneur pendant son passage mortel sur la terre, considérez, ô pèlerin, combien son Cœur se montre particulièrement doux et compatissant en cette circonstance. Au milieu même de son oraison, sa pensée constante est le sort de ses Apôtres, il connaît leurs alarmes, il a pitié de leur faiblesse ; aussitôt il descend de la montagne, accourt vers eux et dompte les eaux qui soutiennent les pas de leur Créateur. Il rassure de loin ses Disciples effrayés, s'approche plus près, il vient protéger ce nid fragile qui renferme ses bien-aimés.

Cette petite barque est en effet l'espoir de l'Église naissante, et Jésus en est devenu le divin Pilote qui veille sur elle quand la tempête se déchaîne ; son Cœur, désormais, est le phare lumineux qui éclaire les écueils de la mer.

Il prend pitié de Pierre qui tiendra un jour le gouvernail, et qui pour l'heure succombe comme un enfant craintif sous une peur instinctive ; il apaise la mer comme cette fois déjà où ses Apôtres inquiets le réveillèrent pendant une tempête terrible, et nous apprend ainsi par mille exemples à ne jamais douter de Lui au jour de l'épreuve et de l'affliction.

Le divin Cœur, ô pèlerin, veille sans cesse sur nous, il nous protège de sa grâce et de son amour ; plus encore, il est véritablement avec nous par sa présence permanente et réelle dans le Sacrement ; c'est là que nous pouvons le voir et l'entendre, là que nous pouvons recourir à lui et lui crier dans l'angoisse : « Seigneur, sauvez-moi ! » Et toujours il entend le cri de notre cœur meurtri, il écoute le récit fatiguant de nos luttes et de nos défaillances, les soupirs mille fois répétés et souvent douloureux , les craintes et les espoirs du pauvre cœur humain, et il est là, tout prêt à nous répondre doucement : « C'est moi, ne craignez rien ». Dès lors notre petite barque ne sombrera jamais.

 

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Invocation

 

Oh ! Seigneur, apprenez-nous à ne point défaillir dans l'épreuve et la souffrance, mais à rester affermis. Que cette parole du Prophète soit aussi sur nos lèvres : « Je vois mon Seigneur toujours en ma présence, et il est à ma droite, afin que je ne sois jamais ébranlé ». Ne nous quittez donc pas, ô bon Maître, restez à nos côtés, car vous savez combien l'adversité nous fait peur. Si vous avez permis que vos disciples soient battus par la tempête, c'était pour les mieux sauver ; si notre barque, à son tour, est ballottée par les vents contraires, que votre divin Cœur nous protège, qu'il soit notre pilote et notre soutien, et si notre foi chancelle, prenez notre main dans la vôtre et faites-nous aborder avec vous au port du salut.

 

Mirebeau

 

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12 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Jésus et la samaritaine

 

Treizième jour

Treizième rayonnement

Le dialogue de la Samaritaine

 

« Si scires domum Dei ! » (Jn. 4, 10)

 

À une demi-lieue de Naplouse, dans les champs fertiles que Jacob donna en héritage à son fils Joseph, le pèlerin retrouve encore une excavation assez profonde dans laquelle on aperçoit l'orifice d'un puits. Ce puits est vide par suite des fissures produites à l'intérieur par les siècles, car il remonte à une très haute antiquité. Jacob le cimenta de ses mains l'an 1700 avant Jésus-Christ. Les Croisés ont bâti une église à cette place, il n'en reste plus aujourd'hui qu'une voûte à demi-écroulée qui recouvre encore ce puits dont la margelle a été transportée à Rome.

Naplouse, l'antique Sichem, s'étale entre les flancs rapprochés de l'Hébal et du Garizim, ces deux monts célèbres où le peuple d'Israël, divisé en deux camps par Josué, poussait d'imposantes clameurs quand les lévites, à haute voix, prononçaient les bénédictions et les malédictions divines. La vallée étroite où la ville de Jacob abritait son antique beauté, contourne un peu le Garizim et s'élargit tout à coup à partir du puits fameux.

À présent, ô pèlerin, suivez par la pensée le Seigneur Jésus, à travers les sentiers brûlants de cette plaine, lorsqu'il revient de la Galilée et de la Samarie, avec quelques-uns de ses disciples.

La chaleur du jour est grande ; la réverbération, intense en Orient, en double l'ardeur ; le ciel d'un bleu profond laisse échapper mille aiguilles de feu que lance l'astre du jour à son plein midi. Jésus envoie ses Disciples à la ville de Sichem pour y chercher quelques aliments, car la faim et la soif s'ajoutent aux fatigues des courses apostoliques. Pour lui, il s'éloigne seul et arrive jusqu'au bord du puits de Jacob, rempli d'eau à cette époque ; il s'assied sur la margelle sans puiser et semble attendre… Son Cœur altéré d'amour est occupé d'un autre breuvage...

Bientôt une femme s'approche, portant sur son épaule une urne à long col. Elle est Samaritaine, c'est-à-dire d'une race méprisée par les Juifs ; aussi, dès qu'elle aperçoit le Sauveur assis sur la margelle, veut-elle s'éloigner... Mais Jésus l'appelle , lui parle le premier, et ce dialogue est si beau qu'il nous faut, ô pèlerin, le méditer en entier.

« Donnez -moi à boire, lui dit Jésus ». Mais la femme, surprise d'entendre un Juif lui adresser la parole, lui répond, avec une pointe d'ironie : « Comment, vous qui êtes Juif, me demandez-vous à boire, à moi qui suis Samaritaine, car les Juifs n'ont point de commerce avec les Samaritains ? » Mais Jésus d'une voix pénétrante : « Ah ! si vous connaissiez le don de Dieu et Celui qui vous demande à boire, peut-être le lui auriez-vous demandé aussi, et il vous aurait donné de l'eau vive ». La femme, non convaincue, croit qu'il se rit d'elle, pauvre Samaritaine ! et sa réponse est encore ironique : « Seigneur, vous n'avez pas de quoi en puiser et le puits est profond, d'où pourriez-vous avoir cette eau ? Êtes vous plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, dont il a bu lui-même aussi bien que ses enfants et ses troupeaux ? »

Mais Jésus qui attendait cette âme et qui voulait l'instruire et la sauver, répond avec douceur : « Quiconque boit de cette eau aura encore soif, mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, n'aura jamais soif et cette eau deviendra en lui une source qui jaillira jusqu'à la vie éternelle ». Cette fois, ébranlée et touchée par la voix de Jésus, sentant bien qu'un être supérieur et bon lui parlait, mais trop charnelle encore pour comprendre le sens caché de ces paroles, la Samaritaine eut un élan de prière : « Seigneur, donnez-moi de cette eau, afin que je n'aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour en puiser ».

Alors Jésus voyant cette âme prête à recevoir la grâce, prit en profonde pitié sa misère, et comme l'aveu sincère appelle le pardon, il l'aida à faire cet aveu : « Allez, dit-il, appelez votre mari et revenez ici ». Devant la Vérité même, est-il possible de mentir ? « Je n'ai point de mari », s'écria-t-elle, avec franchise. « Vous avez raison, reprit le Seigneur, car vous avez eu cinq maris, et celui que vous avez maintenant n'est point votre mari, vous avez dit vrai ». « Ah ! Seigneur, s'écria la Samaritaine toute troublée, je vois bien que vous êtes un Prophète ».

Alors Jésus la confessa, l'enseigna avec une immense bonté, et la jugeant digne, par son repentir, de comprendre la vérité, il laissa tomber dans son cœur cette sublime parole : « Je suis le Messie, moi qui vous parle ». Cette parole fit d'elle un apôtre. L'arrivée des Disciples coupa court à cet entretien, et la femme, laissant là sa cruche, s'en alla proclamer par tout qu'elle avait vu le Messie. Mais Jésus ne voulut point manger des aliments qu'on lui apportait, tant son Cœur était rassasié d'une céleste nourriture !

Que de fois, ô pèlerin, le Cœur de Jésus attend les âmes avec une patience inépuisable, une exquise bonté. Quel prix infini il attache à une âme ! Une âme ! Le divin Maître ne trouve pas indigne de converser avec elle, de l'appeler à Lui, et bientôt il la presse de se donner jusqu'à ce que son amour la jette vaincue à ses pieds !

La conversion de Dina la Samaritaine est la figure symbolique de la conversion du monde. C'est l'âme entraînée au péché, mais dont les instincts sont bons, les aspirations élevées, et qui se débat sans secours dans la fange. Le Cœur de Jésus qui s'est complu à enseigner cette femme, voyait au delà la moisson spirituelle qui se préparait dans l'avenir. « Levez les yeux, dit-il à ses Apôtres, en leur montrant les champs, et voyez déjà comme la moisson blanchit dans la campagne… »

Pour Lui, il était le Semeur, mais plus tard, présent toujours dans l'Eucharistie, il verra la moisson des âmes !

 

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Invocation

 

Ô Jésus, altéré de notre amour et de notre salut, Source infinie de grâces, donnez-nous à boire de cette eau vive, afin que nous ne mourions point, mais que nous vivions éternellement. Toujours, ô Cœur sacré présent avec nous par l'amour, nous irons chercher cette vie en vous, avec l'ardeur du saint Roi lorsqu'il s'écriait : « Comme le cerf altéré soupire après l'eau des fontaines, ainsi mon âme a soif du Dieu fort, du Dieu vivant ».

 

Mirebeau

 

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11 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

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Douzième jour

Douzième rayonnement

La gloire du Tabor

 

« Preceptor, bonum est nos hic esse » (Luc 9, 33)

 

Un jour, le Seigneur prit avec lui trois Disciples : Pierre, Jacques et Jean, et les mena à l'écart sur une haute montagne, où il fut transfiguré en leur présence.

Cette haute montagne qui, du sein de la plaine d'Esdrelon, élève sa tête arrondie comme un globe, est le Tabor. Ses flancs dénudés et rocailleux sont couverts, çà et là, de maigres touffes de bruyère ; mais vers le sommet, la végétation s'accroît, les broussailles s'épaississent, c'est alors une vraie forêt de chênes verts et d'abgars.

Le pèlerin qui escalade aujourd'hui ce sommet par des sentiers pierreux d'une raideur inouïe, jouit à mesure qu'il s'élève, d'une vue incomparable et d'un horizon sans fin. Ce piédestal de la gloire du Christ semble avoir gardé un reflet de sa beauté souveraine, et de fait Tabor signifie « Lit de lumière ».

Le grand Hermon, couvert de neiges éternelles, s'élève dans l'azur limpide, rompant la ligne fuyante de l’Anti-Liban. Plus près, c'est le mont des Béatitudes qui dresse sa pointe déchirée au-dessus du lac de Tibériade. Vers l'Occident, le Carmel, comme une harpe céleste, s'allonge au bord de la Méditerranée. Si le pèlerin s'oriente vers Jérusalem, invisible encore, il voit onduler à ses pieds les collines de Samarie entre coupées de plaines fertiles, de même qu'on voit de magnifiques jardins s'étaler aux abords d'un palais. Puis, perdu dans le vague des lointains, l'œil distingue le sillon du Jourdain, courant tout le long des montagnes d'Arabie.

En peu de temps, le pèlerin arrive sur un petit plateau à ciel ouvert, devenu aujourd'hui un vrai champ de ruines ; ce sont les débris d'une ancienne église, bâtie en l'honneur de la Transfiguration de Notre Seigneur par les Croisés. Au milieu des débris amoncelés, s'élève une croix de pierre qui domine un autel rustique, sur lequel on célèbre le Saint Sacrifice de la Messe ; c'est le lieu même, marqué par la tradition, où Jésus-Christ se transfigura.

Assistons, ô Pèlerin, par la pensée à cette scène auguste et glorieuse. À genoux auprès de cette croix de pierre, méditons l'Évangile de ce jour. Voici le Seigneur debout au milieu de ses trois Disciples ; soudain la gloire de Dieu l'environne : « Ses habits, dit saint Marc, paraissent tout brillants de lumière et blancs comme la neige, en sorte qu'il n'y a point de foulon sur terre qui puisse en faire d'aussi blancs. Au même instant ils voient paraître Moïse et Élie qui s'entretiennent avec Jésus. Alors Pierre dit à Jésus : « Mon Maître, nous sommes bien ici, dressons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse et une pour Elie ». Car il ne savait pas bien ce qu'il disait, tant ils étaient effrayés. Aussitôt il parut une nuée lumineuse qui les enveloppa, et il sortit de la nuée une voix qui disait : C'est là mon Fils bien-aimé, écoutez-le ».

Adorez un instant, ô pèlerin, le Seigneur Jésus dans l'éclat réel de son humanité glorifiée, comme nous l'adorons dans l'Hostie sainte élevée dans l'ostensoir ; mais ici, il paraît dans sa gloire dont le rayonnement est visible ; le Tabor est devenu un vrai Sinaï, et si la pompe en est moins terrible, elle est ici plus émouvante.

Tandis que Jésus s'entretient dans la clarté céleste avec Moïse et Elie, contemplez, ô pèlerin, la bonté du Maître qui se laisse interpeler par Pierre, et regardez la conduite des Apôtres ; ils sont effrayés, pourtant il faut penser que la joie qui les inonde est plus forte que la crainte, puis qu'elle délie la voix de saint Pierre qui s'écrie, au milieu de son éblouissement, avec une confiance ingénue : « Mon Maître, nous sommes bien ici, plantons-y trois tentes ».

Et l'Evangile, comme pour excuser cette hardiesse dans un tel moment, ajoute : « Car il ne savait ce qu'il disait, tant ils étaient effrayés ». En effet, tandis que Jésus conversait avec les saints personnages, leur parlait des souffrances de son immolation, Pierre demandait la joie avant la peine, la gloire avant l'opprobre, la victoire avant le combat. Le divin Cœur, au contraire, se manifestant dans la gloire céleste, Soleil véritable et divin, voulait encourager ses Apôtres dans la souffrance et la lutte, par l'espérance de la gloire future embraser leur cour, augmenter leur foi en sa divinité et se les attacher à tout jamais par un amour à toute épreuve. La gloire entrevue de leur Maître sera l'aiguillon qui en fera des saints et des héros, eux-mêmes en parleront plus tard comme le plus grand souvenir de leur vie ; mais la plénitude et la durée est réservée pour l'éternelle Patrie, à ceux qui auront souffert et qui auront aimé.

 

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Invocation

 

Seigneur, vous qui avez permis à vos plus fidèles de voir un rayon de votre gloire, afin de les fortifier dans l'amour, montrez aux âmes qui vous cherchent et vous aiment les rayonnements de votre Cœur, par l'effusion de vos grâces et la force de votre amour. Affermissez la foi qui doit croire sans voir, mettez en fuite les doutes qui rongent la croyance pure, comme ces plantes parasites attachées au tronc robuste des chênes et qui les corrompent jusqu'à la moelle ; ouvrez les yeux spirituels de nos âmes, en attendant la clarté pleine que vous goûtez au sein du Père et qui devra un jour, si nous sommes fidèles, nous transfigurer avec vous dans l'éternité.

 

Mirebeau

 

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10 juin 2023

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

 

Jésus et la femme hérorroïsse

 

Onzième jour

Onzième rayonnement

La guérison de l’hémorroïsse

 

« Tetigit me aliquis » (Luc 8, 46)

 

De tous les miracles opérés par le divin Maître, il en est un excessivement saisissant par sa forme et très instructif dans sa manifestation, c'est le miracle de l'hémorroïsse.

C'était à Capharnaüm, au bord de la Mer de Galilée, dont la splendeur est comparable aux plus belles plages de Naples et de Sorrente. La lumière orientale, plus chaude et plus colorée encore, se reflète dans l'eau avec les miroitements d'or et de pourpre. Capharnaüm, assise sur le rivage, était en ce temps-là une belle ville épanouie dans des bouquets de lauriers roses. Aujourd'hui les lauriers roses fleurissent encore, mais la ville n'est plus qu’un amas de décombres.

Jésus se trouvait un jour au milieu de la foule, pressé de toutes parts par ce peuple indiscret dans son enthousiasme, qui l'accablait de prières et lui présentait tous ses malades à guérir.

Dans la foule, il était une femme, affligée depuis douze ans d'une perte de sang dont rien n'avait pu la guérir ; l'évangéliste nous fait même remarquer que l'art des médecins n'avait abouti qu'à la faire beaucoup souffrir et à la ruiner, sans obtenir aucun soulagement. Cette femme suivait donc de loin Jésus sur les bords du lac de Tibériade ; quand tout à coup, remplie d'une lumière surnaturelle, elle se dit : « Si je puis seulement toucher la frange de son manteau, je serai guérie ». Poussée par cet élan de foi, elle traverse la foule, parvient à s'approcher du Sauveur par derrière et touche le bord de sa robe ; aussitôt elle se sent guérie.

Soudain, Jésus se retournant, demande qui vient de le toucher. Cette question paraît étrange à ses Apôtres, aussi Pierre lui répond-il : « Maître, la foule vous presse et vous accable, et vous demandez qui vous à touché ! » Mais Jésus, continuant à regarder la foule, reprit : « Quelqu'un m'a touché, car une vertu est sortie de moi ».

Il voulait dire : Qui donc m'a touché par la foi et par la prière, car cette foule qui me presse ne me touche pas ; elle vient à moi parce que je fais des miracles ; mais celle-ci est venue humblement par l'amour et a touché mon Cœur. Cependant, l'hémorroïsse, effrayée de son audace, craignant la réprimande de Jésus, et pourtant gardant le courage de sa foi, se prosterne contre terre toute tremblante et avoue ce qu'elle avait fait. Alors Jésus lui dit avec douceur : « Ma fille, prends confiance, ta foi t’a guérie, vas en paix ».

Belle et consolante parole, tombée des lèvres de Jésus sur cette pauvre femme pour la récompenser de sa foi, et qui a traversé tous les siècles pour devenir la force, la paix et le salut de tant d'âmes ! L'humble est relevé, mais relevé pour marcher dans la voie de la vertu ; ses soupirs sont entendus, ses larmes consolées, car la muette voix du cœur est toujours comprise du Cœur par excellence, le Sacré Cœur de Jésus !

Le Seigneur, en permettant que ce fait fût rapporté dans l'Evangile, a attiré notre attention sur ce point : que l'humilité et la loi sont toutes puissantes sur son Cœur. Le voyez-vous, ô Pèlerin, au milieu d'une mission toute de charité, occupé à guérir les malades, entouré par la foule, acclamé comme toujours, le voyez-vous attentif à l'action de cette pauvre femme, action qui ressemblait extérieurement à toutes les autres. « Qui est-ce qui m'a touché, s'écrie-t-il, car une vertu est sortie de moi ? » La foi convaincue de cette femme, son humilité profonde ont fait violence à son Cœur ; il l'avoue : une vertu est sortie de lui, comme forcée de répondre à l'élan de cette foi. - Puis, par cette parole : « Ta foi t’a guérie », il met cette foi en relief et proclame qu'il l'a guérie à cause d'elle.

Oh ! combien nous avons lieu d'espérer, à notre tour, en la bonté de Dieu ! puisque cette femme qui n'avait point de protecteur, a su trouver seule le chemin du divin Cœur. Ah ! c'est que la foi n'est pas seulement dans l'intelligence ; elle est surtout dans le cœur !

Honneur donc aux audacieux qui, à l'exemple de l'hémorroïsse, franchissent les obstacles du monde et des affaires, pour s'approcher plus près du divin Maître, et lui dire tout bas : « Seigneur, vous qui connaissez toutes choses et qui avez tout pouvoir, vous pouvez me guérir ».

Honneur à ceux-là, qui font violence au Cœur de Jésus par leur foi capable de transporter les montagnes. Un jour ils entendront cette bienheureuse parole : « Ayez confiance, votre foi vous a sauvés ».

 

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Invocation

 

Vous l'avez dit vous-même, ô Vérité éternelle, ce ne sont pas ceux qui crient : « Seigneur, Seigneur ! » qui seront sauvés, mais bien ceux dont la foi vive se prouve par les actes. Il faut aller véritablement vers vous, avoir le courage de s'isoler de la foule pour prier, en un mot, être du monde comme n'en étant pas, afin de s'approcher de vous et de vous toucher. Tout le monde ne vous touche pas, ô Jésus, et si la curiosité vous admire, les cœurs souvent ne vous offrent rien ; mais vous êtes toujours prêt à donner et jamais vous ne nous manquez quand nous avons besoin de vous parce que vous êtes tout amour, et que vous ne pouvez résister à l'amour.

 

Mirebeau

 

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