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11 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Douzième jour

Mortification extérieure et chasteté de Saint Vincent

 

Pour ce qui est de la mortification extérieure de Vincent, on peut dire avec vérité qu'elle allait d'un pas égal avec l'intérieure, c'est-à-dire qu'il la pratiquait parfaitement et presque sans aucune relâche ; car il a toujours traité son corps avec une très-grande rigueur jusqu'au temps de son extrême vieillesse, et même dans ses plus grandes infirmités; et outre ses pénitences et mortifications ordinaires, dont nous parlerons ci-après, il embrassait et recherchait toutes les occasions qu'il pouvait rencontrer de faire souffrir son corps, et particulièrement en sa manière de vivre pendant tout le voyage qu'il fit en l'année 1649 âgé de plus de soixante-dix ans, où les abstinences, les veilles, la violence du froid, et toutes les autres incommodités auxquelles il s'exposa, lui causèrent cette grande et fâcheuse maladie qui lui survint à Richelieu. Sur ce sujet, il disait que l'on pouvait pratiquer la mortification en toutes sortes de rencontres, tenant son corps dans quelque posture qui lui soit pénible, sans pourtant blesser la modestie, privant ses sens extérieurs des choses qui leur pourraient donner quelque satisfaction; souffrant volontiers les intempéries de l'air. C'est ce qu'il savait fort bien pratiquer lui-même, étant bien aise d'en trouver les occasions, et on a souvent pris garde, que pendant les plus grandes rigueurs de l'hiver, il exposait ses mains au froid, qui en paraissaient quelquefois toutes noirâtres, et les autres membres de son corps participaient à cette même incommodité, ne voulant point prendre d'autres chaussures, ni d'autres vêtements pour l'hiver que pour l'été.

Il arrivait souvent que par indisposition ou par quelque autre empêchement, il se trouvait toute la journée attaqué et presque accablé de sommeil, mais au lieu de réparer ce défaut par quelque peu de repos, il en prenait souvent occasion de se mortifier, se tenant debout, ou se mettant en quelque posture contraire, et se faisant d'autres violences, pour s'empêcher de dormir. On a remarqué qu'il n'a jamais rien rabattu de ses veilles dans son grand âge, se levant toujours à l'heure de la communauté, quoiqu'il fût le dernier couché, et avec cela, on le voyait des premiers à l'église, en quelque temps que ce fût, où il se tenait à genoux sur la terre pendant l'oraison, sans jamais avoir voulu permettre qu'on lui mit une natte sous les genoux.

Pour ce qui est de la mortification de ses sens, il la pratiquait presque continuellement et en toutes sortes d'occasions. Lorsqu'il allait par la ville, ou qu'il faisait voyage, au lieu d'égayer sa vue sur les champs ou sur la diversité des objets qu'il rencontrait, il tenait ordinairement ses yeux arrêtés sur un crucifix qu'il portait, ou il les tenait fermés pour ne voir que Dieu.

Jamais on ne lui a vu cueillir une fleur, ni en porter aucune pour se récréer par son odeur, mais, au contraire, quand il se rencontrait en quelque lieu, où il y avait des odeurs mauvaises, comme dans les hôpitaux, ou chez les pauvres malades, le désir qu'il avait de se mortifier lui faisait trouver agréable cette incommodité.

Pour le goût, il l'avait tellement mortifié, qu'il ne témoignait jamais à quelle sorte de viande il avait plus d'appétit. Il semblait même aller à regret prendre sa réfection, ne le faisant que pour satisfaire à la nécessité, et y gardant toute la bienséance possible, mangeant les choses qui lui étaient présentées en la vue de Dieu, et avec beaucoup de modestie: à quoi il avait tellement habitué les siens par son exemple, que plusieurs externes de toutes sortes de conditions qui ont mangé en son réfectoire en ont été grandement édifiés, comme ils l'ont déclaré eux-mêmes, admirant que, dans une action qui de soi semble porter à la dissolution, on y gardât une telle récollection et une si grande modestie et retenue.

Il ne sortait jamais de table, sans s'être mortifié en quelque chose, soit au boire, soit au manger, ainsi qu'il recommandait aux autres de faire.

Pour ce qui est des autres mortifications et austérités extérieures dont il usait, il les a toujours cachées autant qu'il a pu. Mais l'on s'est néanmoins bien aperçu qu'il exerçait de très-grandes rigueurs sur son corps.

Vincent portant ainsi en soi la mortification de Jésus-Christ, la vie du même Jésus-Christ selon la parole du Saint Apôtre, s'est aussi manifestée en lui par une pureté angélique et une chasteté à l'épreuve de tout ce qui lui pouvait être contraire, comme il a bien fait paraître en sa manière de converser lorsqu'il y était obligé, avec des personnes de l'autre sexe, et de tout âge, s'y étant toujours comporté de telle sorte, qu'il n'a jamais donné la moindre occasion à la calomnie, mais plutôt un sujet d'édification à un chacun. Or, comme il connaissait bien de quelle importance est cette vertu à ceux qui sont obligés de s'employer au bien spirituel des autres, et de traiter souvent avec le prochain, tels que sont les missionnaires, aussi leur donnait-il divers avis salutaires sur ce sujet : il leur disait, entre autres choses, que ce n'est pas assez aux missionnaires d'exceller en cette vertu, mais qu'ils doivent encore faire tout leur possible, et se comporter de telle sorte, que personne n'ait sujet de concevoir à leur égard aucun soupçon du vice contraire, parce que ce seul soupçon quoique mal fondé, nuisant à leur réputation, serait plus préjudiciable à leur saint emploi que tous les autres crimes qu'on pourrait leur imputer faussement. Selon cela, ajoutait-il, ne nous contentons pas d'user des moyens ordinaires pour prévenir ce mal, mais employons-y les extraordinaires si besoin est.

La pudeur de son cœur rejaillissait sur tout son visage, et réglait sa langue; ses paroles procédant d'une source très pure, faisaient évidemment voir que la chasteté lui était extrêmement précieuse. C'est pourquoi, selon la règle qu'il a donnée à ses enfants, il apportait toutes les précautions imaginables pour la conserver. Nous avons déjà vu combien il matait son corps par l'excès du travail et par sa pénitence continuelle, quelles étaient ses humiliations, et combien grande sa tempérance au boire et au manger.

Il tenait tous ses sens dans une grande retenue, particulièrement la vue, ne regardant ni légèrement, ni curieusement, ni hors de propos, ni d'un regard fixe les personnes de l'autre sexe ; il ne leur parlait point seul à seul, mais à la vue d'autres personnes, ou la porte ouverte.

Un Frère, souffrant des tentations contre la chasteté, à cause de la vue des objets qui se présentaient à lui, allant et venant pour les affaires de la maison, eut en pensée pour s'en défaire de sortir de la Congrégation de la Mission, et de se faire religieux solitaire; et en ayant écrit à Vincent, voici la réponse qu'il lui fit : « D'un côté j'ai reçu consolation de votre lettre, voyant votre candeur à découvrir ce qui se passe en vous ; mais d'un autre, elle m'a donné la même peine que Saint Bernard reçut autrefois d'un de ses religieux, qui, sous un prétexte d'une grande régularité, voulant quitter sa vocation pour passer à un autre ordre, quoique ce saint abbé lui dit que c'était une tentation, et que l'esprit malin ne demandait pas mieux que ce changement, sachant bien que s'il le pouvait ôter du premier état, il lui serait facile de le tirer du second, et après, de le précipiter de la vie, comme il arriva. Ce que je puis vous dire, mon cher frère, est que si vous n'êtes pas continent en la Mission, vous ne le serez en aucun lieu du monde, et de cela je vous en assure. Prenez garde qu'il n'y ait quelque légèreté dans le désir que vous avez de changer ; en ce cas, le remède après la prière, qui est nécessaire en tous nos besoins, serait de considérer qu'il n'y a aucune condition sur la terre en laquelle il n'arrive des dégoûts, et parfois des désirs de passer en d'autres; et après cette considération, estimez que Dieu vous ayant appelé en la Compagnie où vous êtes, il y a vraisemblablement attaché la grâce du salut, laquelle il vous refuserait ailleurs, où il ne vous appelle pas. Le second remède contre les tentations de la chair, est de fuir la communication et la vue des personnes qui les excitent, et de les communiquer aussitôt à votre directeur, lequel vous donnera d'autres remèdes. Celui que je vous conseille encore, est de vous confier fort en Notre Seigneur Jésus-Christ, et en l'assistance de l'immaculée conception de la Vierge sa Mère, à qui je vous recommanderai souvent ».

 

Fleurs Spirituelles

 

« La chasteté est la beauté inviolable des Saints, qui fleurit, comme la rose, au milieu du corps et de l'âme, et qui remplit toute la maison d'une très douce et très agréable odeur ». (Saint Ephrem).

« Il suffit d'un petit vent pour faire tomber les fleurs dont les arbres se parent au printemps ; et il ne faut quelquefois qu'une parole flatteuse pour perdre une âme chaste, plus tendre et plus délicate que les fleurs. (Père Nouet).

« La virginité est un profond silence des soins de la terre, le calme de tous les mouvements de la chair, l'affranchissement des vices, le règne de toutes les vertus ». (Saint Hildebert).

Pratique : Par amour pour Dieu, mortifiez aujourd'hui le sens de la vue, vous éviterez par-là beaucoup d'occasions de péché. Priez pour les personnes qui ont fait vœu de chasteté ou qui se préparent à le faire.

 

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10 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Onzième jour

Mortification de Saint Vincent

 

Il n'y a rien de plus grand ni de plus relevé dans la vie du chrétien, (comme dit Saint Ambroise), que d'exercer son âme dans la pratique des vertus, et pour cet effet, afin qu'elle apprenne à se soumettre, et qu'elle se rende docile à la conduite de la raison, en sorte que nonobstant les travaux et les difficultés qu'elle peut ressentir dans cet exercice, elle ne laisse pas de se porter courageusement à l'exécution des bons désirs et des saintes résolutions qu'elle aura conçus dans son cœur. Et certes, ce n'est pas sans raison que ce Saint docteur a parlé de la sorte, car puisque selon le sentiment du Sage, c'est une chose bien glorieuse que de suivre le Seigneur et que le premier pas qu'il faut faire pour marcher à sa suite, comme lui6même le déclare dans l'Évangile, c'est de renoncer à soi-même et de porter sa croix, il s'ensuit que le chrétien, doit regarder l'abnégation et la mortification comme un titre de noblesse, et comme une marque, qu'on .a l'honneur d'appartenir à Jésus-Christ et d'être de sa suite. Or, Vincent ayant toujours une profession particulière de suivre ce divin Sauveur et de marcher sur les traces de ses exemples, il n'y a pas lieu de douter qu'il n'ait été honoré de ses plus chères livrées, et que, selon la parole de l'apôtre, il n'ait porté en son corps la mortification de Jésus-Christ ; en sorte que sa vie n'a été presque qu'un sacrifice continuel de son corps et de tous ses sens, de son âme et de ses puissances, et enfin de tous les désirs et mouvements de son cœur; et c'est de l'abondance de ce cœur parfaitement mortifié, que s'entretenant un jour avec les siens, sur ces paroles de Jésus-Christ dans l'évangile, si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soi même, qu'il porte sa croix et qu'il me suive.

C'est-là, leur dit-il, le conseil que Notre Seigneur donne à ceux qui se présentent à lui pour le suivre ; il leur déclare que la première démarche qu'il doivent faire est de renoncer à eux-mêmes et ensuite de porter leur croix, et puis persévérer constamment en l'un et en l'autre jusqu'à la fin. Mais nous pouvons bien appliquer à ce sujet ce que ce divin Sauveur a dit en une autre occasion : qu'il y en a peu qui se donnent vraiment à Jésus-Christ pour le suivre sous ces conditions. De là est venu que de tant de milliers de personnes qui le suivaient pour l'entendre, presque toutes l'ont abandonné et se sont retirées parce qu'elles ne le suivaient pas préparées de la sorte que Notre Seigneur leur disait qu'il le fallait être, et qu'elles n'étaient pas dans la disposition de se mortifier et de porter leur croix. C'est donc une nécessité à quiconque veut être disciple de ce divin maître, de renoncer à son propre jugement, à sa volonté, à ses sens, à ses passions, etc.

Par le jugement on entend la science, l'intelligence et le raisonnement. Oh ! Quel avantage pour un chrétien de soumettre ses lumières et sa raison pour l'amour de Dieu! qu'est-ce que cela, sinon suivre et imiter Jésus-Christ et lui faire un sacrifice de son propre jugement? Par exemple, on met une question en avant, chacun en dit son avis, on aime à montrer ce qu'on en pense, or, pour renoncer à soi-même en une telle occasion, il ne faut pas refuser d'en dire son sentiment, ruais il faut se tenir dans la disposition de soumettre son jugement et sa raison, en sorte que l'on suive volontiers, et même que l'on préfère le jugement d'autrui au sien propre.

Pour ce qui est de renoncer à sa propre volonté, Notre Seigneur nous en a donné l'exemple pendant tout le cours de sa vie et jusqu'à la mort, s'étant continuellement étudié de faire non sa volonté, mais celle de son père et d'accomplir en toutes choses ce qu'il connaissait lui être agréable. Oh que s'il plaisait à Dieu de nous prévenir de tant de grâces, que nous demeurassions toujours dans l'accomplissement de sa volonté, obéissant à ses commandements, aux règles de notre état et aux ordres de l'obéissance, nous serions alors les vrais disciples de son Fils; mais tant que nous serons attachés à notre propre volonté nous n'aurons point de disposition pour le suivre, ni de mérite à porter nos peines, ni de part avec lui.

Nous devons encore mortifier nos sens et veiller continuellement sur eux, pour les assujettir à Dieu! Oh ! Que la curiosité de voir et d'écouter est dangereuse, et qu'elle a de force pour détourner notre esprit de Dieu ! Que nous devons beaucoup prier Notre Seigneur, afin qu'il nous fasse la grâce de renoncer à cette curiosité qui a été la cause de la perte de nos premiers parents.

Jusqu'ici ce sont les paroles de Vincent que nous avons rapportées comme des fidèles expressions, non-seulement des pensées de son esprit, mais encore plus des affections et dispositions de son cœur, touchant cette vertu de mortification que l'on peut dire avoir été une de celles, qu'il a le plus universellement et constamment pratiquée pendant tout le cours de sa vie, et jusqu'à son dernier soupir. Il est vrai qu'il ne faisait pas paraître au-dehors une vie fort austère, estimant qu'une vie commune en apparence était la plus convenable pour réussir au service des peuples et des ecclésiastiques, auxquels Dieu l'avait destiné ; étant aussi la plus rapportante à la vie de Jésus-Christ et des Saints Apôtres, sur le modèle de laquelle il voulait élever les missionnaires de sa congrégation : et, par conséquent, il se croyait obligé de leur en donner l'exemple, se conformant à eux, pour l'extérieur d'une vie bien réglée, qui n'est ni trop large, ni trop étroite, ni trop douce, ni trop rigoureuse; mais, en son particulier, il se traitait fort âprement, faisant souffrir son corps en diverses manières, mortifiant sans cesse son intérieur, pour tenir l'un et l'autre parfaitement soumis aux volontés de Dieu : et cela d'une manière d'autant plus excellente et plus sainte, qu'elle paraissait moins aux yeux des hommes : en quoi il s'est rendu semblable à ce grain de froment dont parle Jésus-Christ dans l'Évangile, lequel, plus il est caché et enfoncé en terre, plus aussi il pousse ses tiges et multiplie ses fruits.

Il a mortifié cet amour de l'honneur et de la propre estime qui est si naturel à tous les hommes, et qui leur fait cacher avec tant de soin tout ce qui peut leur causerie moindre mépris ; car ce Saint Prêtre, réprimant cette inclination naturelle, ne laissait échapper aucune occasion de s'humilier, en parlant de sa basse naissance et de la pauvre condition de ses parents, qu'il ne l'embrassât très volontiers. Voici ce qu'il écrivit en l'année 1633 à l'un de ses prêtres. « Oh ! Monsieur, que nous sommes heureux de ce que nous honorons la parenté pauvre de Jésus par la nôtre pauvre et chétive! Je disais avec consolation ces jours passés, en prêchant à une communauté, que je suis le fils d'un pauvre paysan, et à une autre, que j'ai gardé les pourceaux. Croiriez-vous bien, Monsieur, que je crains d'en avoir de la vaine satisfaction, à cause de la peine que la nature en souffre ? Il est vrai, que le diable est bien fin et bien rusé ; mais certes celui-là l'est encore davantage, qui se tient honoré de la pauvre condition de l'enfant de Bethléem et de celle de ses saints parents ».

Vincent a aussi mortifié l'affection qu'il avait pour ses parents ; car ayant un très bon naturel, il aimait tendrement les siens, ainsi que lui-même l'a avoué, et néanmoins il a su fort bien mortifier cette affection et en faire un sacrifice à Jésus-Christ ; à ce sujet parlant un jour à sa communauté de l'éloignement des parents ordonné par ce divin Sauveur à ceux qui veulent le suivre : « il leur dit que plusieurs qui sont retournés en leur pays sont entrés dans les intérêts de leur famille et dans leurs sentiments de tristesse et de joie et qu'ils s'y sont fort embarrassés comme les mouches qui tombent dans les toiles d'une araignée d'où elles ne se peuvent tirer ».

On dit communément que comme du mouvement bien compassé de l'aiguille d'un cadran, il est aisé de connaître l'ajustement des roues et des autres pièces qui composent l'horloge, et qu'ainsi, de la bonne conduite de la langue on peut juger du bon état de tout le reste de l'intérieur, puisque les affections et les passions du cœur sont comme les maîtres ressorts qui lui donnent ordinairement le mouvement, et qui forment et animent ses paroles. Et certes, quand nous n'aurions point d'autres preuves de la mortification intérieure de Vincent, que cet empire absolu qu'il avait sur la conduite de sa langue, cela suffirait pour nous faire connaître qu'il a possédé cette vertu à un très haut degré de perfection, puisque selon la doctrine de l'apôtre Saint Jacques, celui qui ne pèche point en cette matière, peut-être appelé un homme parfait. Il s'était rendu tellement maître de sa langue, que le même apôtre appelle partie indomptable, qu'il ne lui échappait point ou très-peu de paroles inutiles ou superflues, et jamais de celles qui ressentent la médisance, la vanterie, la vanité, la flatterie, le mépris, la moquerie, l'impatience, ou autres semblables saillies d'une passion émue et déréglée.

Quand pour l'entretenir ou lui donner quelque satisfaction on lui rapportait quelque nouveauté ou quelque autre chose extraordinaire qu'il savait déjà, il l'écoutait avec attention, sans témoigner qu'il en eût aucune connaissance, tant pour mortifier l'amour-propre qui est toujours bien aise de faire paraître qu'il n'ignore pas ce que les autres savent, que pour ne point priver ceux qui lui parlait de la satisfaction qu'ils pouvaient ressentir de lui avoir appris quelque chose de nouveau. 11 savait surtout bien retenir sa langue, et lui imposer un rigoureux silence, lorsqu'on lui faisait des reproches, ou que par des emportements on le chargeait d'outrages et d'injures; car, quoique dans ces occasions la nature désire ardemment de se justifier et de repousser l'injure qui lui est faite, néanmoins, à l'imitation de son divin Maître, il se recueillait en lui-même, et mettait toute sa force dans le silence et dans la patience, bénissant en son cœur ceux qui le maudissaient, et priant pour ceux qui l'outrageaient.

Il a encore fait connaître combien il était mortifié en sa langue et quel empire il avait acquis sur cette partie si mal aisée à conduire, en ce que s'étant présenté une infinité d'occasions, qui l'invitaient et même qui semblaient l'obliger de parler de son esclavage de Tunis, étant une chose douce à la nature de raconter les périls et les accidents plus fâcheux, desquels on s'est heureusement dégagé, et particulièrement lorsque cela fait connaître quelque vertu qui est en nous, et que le succès peut tourner à notre propre louange; néanmoins, c'est une chose merveilleuse qu'en quelque rencontre que ce fût, on ne lui a jamais ouï dire un seul mot de son esclavage, ni de ce qu'il avait fait ou dit pour convertir celui qui le tenait captif, et pour se sauver avec lui des mains des infidèles.

Il parlait volontiers des sujets d'humiliation qui lui étaient arrivés, mais jamais de ce qui pouvait directement ou indirectement donner sujet de le foire estimer. Or, il est certain qu'il n'eût pu acquérir un tel empire sur sa langue, s'il ne se fût rendu maître absolu de ses sentiments et de ses mouvements intérieurs par une continuelle pratique de la mortification : il l'estimait d'une belle nécessité non-seulement pour la perfection, mais même pour le salut, que pour l'exprimer, il disait: que si une personne qui aurait déjà comme un pied dans le Ciel, venait à quitter l'exercice de cette vertu dans l'intervalle du temps qu'il faudrait pour y mettre l'autre, elle serait en péril de se perdre.

C'est le sujet pour lequel il a toujours tâché d'inspirer à ceux de sa compagnie un esprit de mortification intérieure, un grand dénuement et détachement de toutes choses, et une mort universelle à tous les sens, à tous les mouvements de la nature, à tout intérêt particulier, à tout amour-propre et recherche de soi-même, pour ne vivre que de la vie de l'esprit.

 

Fleurs Spirituelles

 

« Pour faire des progrès dans la vertu, il ne s'agit pas tant de se mortifier, que de choisir les meilleures mortifications. Ces mortifications sont celles qui sont plus opposées à nos inclinations naturelles ». (Saint François de Sales).

« Plus on mortifie ses inclinations naturelles, plus on se rend capable de recevoir des inspirations divines, et plus on fait des progrès dans la vertu ». (Saint François de Sales).

Pratique : Ne donnez aujourd'hui rien à l'amour-propre. Priez pour les personnes remplies d'elles-mêmes.

 

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9 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Dixième jour

Parfait dégagement des biens de la terre, et amour de la pauvreté de Saint Vincent De Paul

 

Oh ! Que c'est une grande vertu, dit Saint Ambroise, de mépriser les biens de la terre ! Mais que cette vertu est rare, et qu'il y en a peu dans le monde qui la mettent en pratique. En effet, il y en a très peu qui aient le courage d'arracher entièrement de leurs cœurs cette malheureuse convoitise que l'Ecriture-Sainte appelle la racine de tous les maux, et qui puissent véritablement dire avec le Saint Apôtre : « Voilà, Seigneur, que nous avons tout quitté pour vous suivre et pour vous servir ». Heureux vraiment celui-là, qui comme dit le Sage, n'a point permis à son cœur de courir après l'or et l'argent, et qui n'a point mis ses espérances dans les richesses ni dans les trésors de la terre : où est-ce que nous le trouverons, pour lui donner les louanges qu'il a méritées, parce qu'il a fait des merveilles en sa vie.

Il ne serait pas nécessaire d'employer ici un plus long discours, pour faire remarquer cette vertueuse disposition en la personne de Vincent, puisque l'histoire de sa vie et le récit de ses grandes et saintes actions en fournissent des preuves très évidentes. Non, il ne faut pas s'étonner s'il a possédé les vertus en un si éminent degré, puisqu'il a si généreusement méprisé les richesses !

Il n'a jamais voulu avoir pour lui de chambre où il y eut une cheminée, quelque incommodité qu'il ressentit même dans un âge plus avancé, sinon quatre ou cinq ans avant sa mort, que toute sa communauté, voyant ses continuelles infirmités, l'y contraignit en quelque façon par les prières et les instances qu'elle lui en fit : de sorte que jusqu'à l'âge de quatre-vingts ans, il n'a point voulu avoir d'autre retraite que dans une petite chambre sans lambris, sans natte et sans autres meubles qu'une simple table de Lois sans tapis, avec deux chaises de paille, et une chétive couchette qui n'était garnie que d'une paillasse avec une couverture et un traversin. Et comme un jour qu'il avait la fièvre, on y eut mis un petit pavillon, il l'ôta lui-même depuis et ne voulut point le souffrir : et non content de cela, il fit encore ôter de sa chambre quelques images qu'un dos frères de la maison y avait mis en divers temps, et n'en voulut retenir qu'une seule, disant que c'était contre la pauvreté d'en avoir plusieurs. Lorsqu'on faisait la visite des chambres, il voulait qu'on visitât la sienne aussi bien que les autres, pour en ôter tout ce qui serait superflu. De plus, quelqu'un ayant mis une petite pièce de vieille tapisserie à la porte de la chambre basse, où il demeurait pendant le jour pour y recevoir les personnes de dehors, et cela à cause d'un vent fort froid qui entrait par cette porte, aussitôt néanmoins qu'il s'en fut aperçu il la fit ôter.

Il allait prendre ordinairement sa réfection dans ce même esprit de pauvreté, disant souvent en lui-même : Ah ! misérable, tu n'as pas gagné le pain que tu manges ; et quand il pouvait attraper des morceaux restés aux autres, il les prenait pour les manger et pour en faire son repas.

On a remarqué sur le sujet, de cet amour qu'il avait pour la pauvreté, qu'il aimait à être nourri et vêtu pauvrement, et qu'il était ravi quand quelque chose lui manquait, soit pour le vivre ou pour le vêtement et les autres commodités de la vie ; pour cela il portait ordinairement ses soutanes fort usées et même rapiécées, et ses habits de-dessous fort pauvres, et quelquefois tout rompus. Un Seigneur de marque qui le visita un jour, lui voyant une soutane tout usée avec des pièces aux manches, en fut si touché, qu'étant sorti de chez lui, et se trouvant dans une bonne compagnie, il dit que la pauvreté et la propreté de Vincent l'avaient grandement édifié.

Lorsqu'il allait au Louvre pour parler à la Reine, ou pour assister au conseil, c'était toujours avec des habits ordinaires, pauvres et grossiers, sans vouloir jamais en prendre d'autres. Et un jour, Mr le Cardinal Mazarin le prenant par sa ceinture qui était toute déchirée, la fit considérer aux personnes de la compagnie, il dit en riant : « Voyez comme Mr Vincent vient habillé à la Cour, et la belle ceinture qu'il porte ! » Si quelqu'un de la maison lui représentait que son collet était tout déchiré, et qu'il en devait prendre un autre, ou bien que son chapeau était trop vieux, il tournait cela en raillerie, disant : « O mon frère, c'est tout ce que le Roi peut faire que d'avoir un collet qui ne soit pas rompu, et de porter un chapeau neuf ».

Quand il avait besoin de se chauffer en hiver, il ne voulait point qu'on mît sinon fort peu de bois au feu, craignant de faire le moindre dégât du bien de la maison, disant que c'était le bien de Dieu et le bien des pauvres, dont nous n'étions que Dispensateurs et non Seigneurs, et dont par conséquent il faudrait rendre un compte exact devant Dieu aussi bien que de tout le reste, qu'il fallait employer le nécessaire et jamais au delà.

Il s'est trouvé plusieurs fois à la campagne sans argent: et pressé du besoin de manger, il était ravi d'aller chez quelque particulier, ou chez quelque pauvre laboureur, demander un morceau de pain pour l'amour de Dieu : ce qui lui est arrivé particulièrement revenant un jour fort tard de Saint-Germain à Paris.

Comme son cœur était rempli de l'amour de cette vertu de pauvreté, dont il connaissait la valeur et l'excellence, il tâchait aussi d'y porter les siens et d'inspirer ce même esprit dans toute sa compagnie; sur quoi parlant un jour à ceux de sa communauté, il leur dit : « Vous devez savoir, Messieurs, que cette vertu de pauvreté est le fondement de cette congrégation de la Mission : cette langue qui vous parle, n'a jamais, par la grâce de Dieu, demandé chose aucune de toutes celles que la compagnie possède maintenant ; et quand il ne tiendrait qu'à faire un pas, ou à prononcer une seule parole pour faire que la compagnie s'établit dans les provinces et dans les grandes villes, et se multipliât en nombre et en emplois considérables, je ne la voudrais pas prononcer, et j'espère, que Notre Seigneur me ferait la grâce de ne la point dire. C'est la disposition en laquelle je suis, de laisser faire la Providence de Dieu ».

Témoignant une fois la crainte qu'il avait que l'affection de la pauvreté ne vint quelque jour à se ralentir parmi les siens, il leur dit : « Hélas ! que deviendra cette compagnie si l'attache aux biens du monde s'y met ? Que deviendra-t-elle si elle donne l'entrée à cette convoitise des biens, que l'apôtre dit être la racine de tous les maux ? Quelques grands Saints ont dit que la pauvreté est le nœud des religions : nous ne sommes pas à la vérité des religieux, n'ayant pas été trouvé expédient que nous le fussions, et nous ne sommes pas aussi dignes de l'être, bien que nous vivions en commun; mais il n'est pas moins véritable et nous le pouvons dire aussi, que la pauvreté est le nœud des communautés et particulièrement de la nôtre : c'est le nœud qui, la déliant de toutes les choses de la terre, l'attache parfaitement à Dieu. O Sauveur ! donnez-nous cette vertu, qui nous attache inséparablement à votre service, en sorte que nous ne voulions et ne cherchions plus désormais que vous seul et votre pure gloire ».

L'un de ses prêtres lui représentant un jour la pauvreté de la maison, il lui demanda : « Que faites-vous, Monsieur, quand vous manquez ainsi de ce qui est nécessaire pour la communauté ? Avez-vous recours à Dieu ? » — « Oui, quelquefois », répondit le Prêtre. — « Eh bien ! Lui répliqua-t-il, voilà ce que fait la pauvreté ; elle nous fait penser à Dieu, et élever notre cœur vers lui : au lieu que si nous étions accommodés nous oublierions peut-être Dieu : et c'est pour cela que j'ai une grande joie de ce que la pauvreté volontaire est réelle et en pratique, en toutes nos maisons. 1l y a une grâce cachée sous cette pauvreté, que nous ne connaissons pas ». — « Mais, lui répart ce Prêtre, vous procurez du bien aux autres pauvres, et vous laissez-là les vôtres ? » — « Je prie Dieu, lui dit Vincent, qu'il vous pardonne ces paroles ; je vois bien que vous les avez dites tout simplement: mais sachez que nous ne serons jamais plus riches que lorsque nous serons semblables à Jésus-Christ ».

 

Fleurs Spirituelles

 

« Soyons petits, et réjouissons-nous d'être pauvres ; sans cela nous ne serons pas de parfaits disciples de Jésus-Christ ». (Saint Vincent De Paul).

« Plus nous sommes pauvres et plus il faut nous confier à la Providence divine, à qui nous devons nous abandonner entièrement, soit pour les biens temporels, soit pour les biens spirituels ». (Saint Vincent De Paul).

« L'homme n'est jamais plus riche que lorsqu'il est semblable à Jésus-Christ ». (Saint Vincent De Paul).

Pratique : Supportez aujourd'hui avec patience et même avec joie les effets de la sainte pauvreté. Priez pour les personnes qui. ont encore quelque attache aux choses créées.

 

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8 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Neuvième jour

Gratitude de Saint Vincent

 

Ce serait manquer à l'un des plus justes devoirs du chrétien, que de se rendre ingrats et méconnaissant des bienfaits reçus, soit à l'égard de Dieu qui en est la principale source, soit à l'égard du prochain dont la divine bonté se sert quelquefois comme d'un canal pour faire découler sur nous diverses sortes de biens.

Or, Vincent était autant éloigné de ce vice, que son cœur se sentait porté par son inclination naturelle et encore plus par le mouvement de la grâce, à la vertu de reconnaissance, tant envers Dieu qu'envers le prochain. Il disait sur ce sujet qu'il n'y avait rien qui avait tant d'efficace pour gagner le cœur de Dieu que de lui offrir un cœur reconnaissant de ses dons et de ses bienfaits ; et dans ce sentiment il avait coutume de remercier Dieu souvent de tous les biens que sa bonté infinie communique incessamment à toutes sortes de créatures, et qu'il a communiqués dès le commencement du monde, comme aussi de toutes les bonnes œuvres et actions de vertu qui ont été pratiquées par le mouvement de sa grâce ; et il conviait les autres à faire de même: et descendant plus au particulier, il invitait souvent les siens à rendre à Dieu de très fréquentes actions de grâces pour la protection et. pour le progrès qu'il daignait donner à son Église et aux principales parties dont elle est composée, surtout aux prélats, aux pasteurs et aux autres ouvriers ecclésiastiques qui travaillaient pour sa conservation et son avancement. Il avait aussi grand soin de remercier Dieu de tous les fruits que faisaient dans l'Église les compagnies et congrégations bien réglées. Et pour ce qui regardait la sienne, on ne saurait assez expliquer avec quels sentiments de reconnaissance il remerciait la divine bonté pour toutes les bénédictions qu'elle versait sur toutes les fonctions auxquelles les siens s'appliquent; comme sur les missions, les exercices des ordinants, les retraites, les conférences, les séminaires et autres services qu'ils rendent à l'Eglise. Il remerciait encore souvent Dieu, pour les assistances qu'on rendait aux pauvres, pour la promotion des bons ecclésiastiques aux charges et dignités de l'Eglise, pour les heureux succès que sa divine boulé donnait aux bons desseins du Roi, pour les victoires remportées soit par sa Majesté, soit par les autres princes et états chrétiens, sur les infidèles hérétiques et schismatiques : et généralement de tous les événements avantageux à la gloire de Dieu et au bien de la religion catholique. C'étaient là les plus ordinaires sujets de sa reconnaissance envers Dieu, laquelle lui semblant trop chétive, il invitait toutes les personnes de piété et les communautés entières, et principalement la sienne, à en louer et glorifier Dieu avec lui, et à offrir leurs sacrifices et prières à cette intention.

On lui a souvent ouï dire qu'il fallait employer autant de temps à remercier Dieu de ses bienfaits, qu'on en employait pour les lui demander ; et il se plaignait avec un grand ressentiment de l'ingratitude extrême des hommes envers leur Père céleste, rapportant sur ce sujet la plainte que Jésus-Christ même en a faite dans l'Évangile, lorsque ayant guéri dix lépreux il n'y en eut qu'un qui se rendit reconnaissant de ce bienfait : et, pour cela, il exhortait incessamment les siens à la pratique de cette vertu, dont le défaut, comme il disait, nous rend indignes de recevoir aucune faveur de Dieu et des hommes.

On ne sait pas de quelle grâce particulière à son égard il remerciait Dieu, parce qu'il n'en parlait jamais, son humilité lui faisant tenir les dons qu'il recevait du Ciel sous le sceau du silence, mais il avait cette coutume tous les ans au jour de son baptême de prier tous ceux de sa communauté, de lui aider à remercier Dieu de ce qu'il avait tant d'années que sa bonté le supportait sur la terre. Nous pourrons juger de la reconnaissance qu'il avait pour les hommes, qui était inconcevable, quelle pouvait être celle qu'il avait pour Dieu; et cela d'autant plus que, recevant les bienfaits des hommes comme lui étant départis de la main libérale du Seigneur, son intention était de lui rapporter les remerciements qu'il leur rendait.

Pour ce qui est de sa gratitude envers les hommes, elle était si grande, qu'il en rendait des témoignages particuliers, non-seulement pour les bienfaits signalés et les services considérables qu'il recevait, mais même pour les moindres choses que l'on faisait pour lui, ce qui provenait de sa profonde humilité qui lui faisait croire que rien ne lui était dû, et que chacun lui faisait plus d'honneur et de grâce qu'il ne méritait ; de sorte qu'il trouvait sujet de remerciement en des choses où les personnes les plus reconnaissantes n'en eussent pu apercevoir. Dans cette esprit de gratitude, il disait à ceux qui l'approchaient, quoique ce ne fût que par manière de visite, ou pour lui rendre le moindre devoir, aux uns : « Je vous remercie de ce que vous ne méprisez point la vieillesse » ; à d'autres : « de ce que vous supportez un misérable pécheur » ; à quelque autre : « de ce que vous m'avez enseigné une chose que je ne savais pas », ou « de la charité que Dieu vous donne pour moi » ; ou bien : « de la patience que vous avez exercée à m'entendre » ; et il faisait ces remerciements jusqu'aux moindres des frères et même à celui qui était plus ordinairement auprès de sa personne dans ses maladies, le remerciant des plus petits services, comme de lui allumer une lampe, lui apporter un livre, ouvrir ou fermer une porte, etc., témoignant faire état des moindres choses et de les recevoir avec esprit de reconnaissance; ce qui faisait qu'un chacun prenait plaisir à lui rendre quelque sorte de service. — Il en usait de même dans les voyages, pour les moindres assistances qu'on lui rendait, comme de lui aidera monter à cheval ou autres semblables, dont il faisait plusieurs remerciements avec une grande cordialité et d'une manière fort gracieuse même aux enfants, ajoutant souvent aux paroles quelque rétribution ; et il était si exact en cette reconnaissance, que si celui qui l'accompagnait dans ses voyages ne remerciait pas assez, ou le faisait froidement, il l'en avertissait comme d'une faute.

Ce vénérable Prêtre, qui en toutes choses imitait Notre Seigneur, l'a imité particulièrement en ceci, de tenir fait à sa personne ce qui l'était air moindre des siens ; et pour cela il remerciait et récompensait ceux qui rendaient quelque bon office au frère qui avait le bonheur de l'accompagner, comme de ce qui était fait à lui-même.

Il était si reconnaissant, que quand il avait reçu assistance ou faveur de quelqu'un pour sa compagnie, il ne manquait pas de le publier partout, et de l'appeler protecteur, bienfaiteur et lui donner d'autres titres semblables, exhortant ses enfants à le recommander à Notre Seigneur et lui témoignant toujours aux rencontres le souvenir de ce bienfait.

Un Prêtre de la Mission étant mort en Lorraine dans une maison des Révérends Pères Jésuites, qui le firent enterrer honorablement, Vincent fit faire pour cela une conférence à sa communauté sur la reconnaissance, afin d'exciter ses enfants à prier Dieu pour ces bons Pères et pour lui demander la grâce et les occasions de reconnaître ce bienfait, comme il l'a reconnu en son particulier dans toutes les manières possibles ; prenant toujours le parti de cette Sainte Compagnie, lorsqu'il s'est élevé des persécutions contre elle, tâchant d'en détourner les calomnies, publiant les vertus qu'elle pratique et les grands biens qu'elle fait.

Il avait surtout une grande reconnaissance envers les fondateurs des maisons de sa congrégation, en sorte qu'il ne mettait point de bornes dans tous les témoignages de gratitude qu'il pouvait leur rendre. Écrivant sur ce sujet à l'un de ses Prêtres : « Nous ne saurions, lui dit-il, avoir jamais assez de reconnaissance et de gratitude pour nos fondateurs » ; on peut juger par ces quelques mots extraits de sa lettre, de quels sentiments il était animé à leur égard, et combien il désirait que ses enfants les partageassent. Nous n'aurions jamais fait, si nous voulions rapporter jusqu'où Saint Vincent a excellé dans cette vertu, nous nous contenterons de ce que nous en avons dit.

 

Fleurs Spirituelles

 

« La reconnaissance pour les grâces reçues est un des,moyens les plus efficaces pour en obtenir de nouvelles ». (Saint Vincent De Paul).

« Les bienfaits innombrables que Dieu nous accorde, et ceux qu'il nous promet, méritent bien que nous n'agissions jamais pour notre propre gloire et que toutes nos actions soient faites pour la gloire de Dieu ». (Saint Vincent De Paul).

« Dès que Dieu a commencé à répandre ses bienfaits sur une créature, il ne cesse pas de la favoriser tant qu'elle ne s'en rend pas indigne ». (Saint Vincent De Paul).

Pratique : Soyez aujourd'hui très fidèles aux inspirations de la grâce, en reconnaissance des bienfaits que vous avez reçus de Dieu. Priez pour les personnes qui manquent de remercier le Seigneur des grâces reçues.

 

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7 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Huitième jour

Prudence de Saint Vincent De Paul

 

Nous joignons la prudence à la simplicité, parce que Notre Seigneur Jésus-Christ les a mises ensemble dans son Evangile lorsqu'il instruisait ses apôtres et en leur personne tous les fidèles, et particulièrement ceux qui devaient être employés à la conduite des autres ; parce que ces deux vertus ont une telle connexion ensemble que l'une sans l'autre, comme dit Saint Augustin, n'est que peu ou point du tout profitable.

Mais avant que de produire des exemples de sa prudence, il ne sera pas hors de propos que nous l'entendions parler lui-même de cette vertu, et nous en tracer les traits, tels que l'Esprit-Saint les avait tracés dans son âme.

C'est dans un entretien qu'il fit un jour aux siens sur ce sujet, où il leur parla de la prudence en ces termes : « C'est le propre de cette vertu de régler et de conduire les paroles et les actions; c'est elle qui fuit parler sagement et à propos, et qui fait qu'on s'entretient avec circonspection et jugement des choses bonnes de leur nature et en leurs circonstances , et qui fait supprimer et retenir dans le silence celles qui sont contre Dieu , ou qui nuisent au prochain, ou qui tendent à la propre louange, ou à quelque autre mauvaise fin. Cette même vertu nous fait agir avec considération, maturité, et par un bon motif, en tout ce que nous faisons, non seulement quant à la substance de l'action, mais aussi quant aux conséquences, en sorte que le prudent agit comme il faut, quand il faut, et pour la fin qu'il faut ; l'imprudent au contraire, n'a pas la manière, ni le temps, ni les motifs convenables, et c'est là son défaut; au lieu que le prudent, agissant discrètement, fait toutes choses, avec poids, nombre et mesure. La prudence et la simplicité, tendent à même fin, qui est de bien parler et de bien faire dans la vue de Dieu ; et comme l'une ne peut être sans l'autre, notre Seigneur les a recommandées toutes deux ensemble. La prudence dont je parle est celle que Jésus Christ conseille dans l'Évangile, qui nous fait choisir les moyens propres pour arriver à la fin qu'il nous propose; laquelle étant toute divine, il faut que ses moyens y aient du rapport et de la proportion. Or, nous pouvons choisir les moyens proportionnés à la fin que nous nous proposons, en deux manières: ou par notre seul raisonnement, qui est souvent bien faible ; ou bien par les maximes de la foi que Jésus nous a enseignées, qui sont toujours infaillibles, et que nous pouvons employer sans aucune crainte de nous tromper ; c'est pourquoi la vraie prudence assujettit notre jugement à ces maximes, et nous donne pour règle inviolable de juger toujours de toutes choses comme notre Seigneur en a jugé, en sorte que dans les occasions nous nous demandions à nous-mêmes, comment Notre Seigneur Jésus-Christ a-t-il jugé de telle et de telle chose ? Et comment s'est-il comporté en telle et telle rencontre ? Qu'a-t-il dit, qu'a-t-il fait sur tel ou tel sujet ! Et qu'ainsi nous ajustions toute notre conduite selon ses maximes et ses exemples. Prenons donc cette résolution, Messieurs, et marchons en assurance, dans ce chemin royal dans lequel Jésus sera notre guide et notre conducteur, et souvenons-nous de ce qu'il a dit, que le ciel et la terre passeront, mais que ses paroles et ses vérités ne passeront jamais. Bénissons Notre Seigneur, mes frères, et tâchons de penser et de juger comme lui, et de faire ce qu'il a recommandé par ses paroles et par ses exemples. Entrons dans son esprit, pour entrer en ses opérations; ce n'est pas tout de faire le bien , mais il le faut bien faire à l'imitation de Notre Seigneur duquel il est dit : Qu'il a bien fait toutes choses. Non, ce n'est pas assez de jeûner, d'observer les règles, de s'occuper aux fonctions de son état, mais il le faut faire dans l'esprit de Jésus-Christ, c'est-à-dire avec perfection, pour les fins et avec les circonstances que lui-même les a faites. La prudence chrétienne donc consiste à juger, parler et opérer, comme la sagesse éternelle de Dieu, revêtue de notre chair, a jugé, parlé et opéré ».

Voilà quels étaient les sentiments de Vincent touchant la vertu de prudence, et voici quel a été l'usage qu'il en a fait : 1° Lorsqu'il était question de délibérer de quelque affaire, ou de donner quelque conseil ou résolution, avant que d'ouvrir la bouche pour parler, et même avant que de s'appliquer à penser aux choses qu'on lui proposait, il élevait toujours son esprit à Dieu pour implorer sa lumière et sa grâce ? On lui voyait ordinairement alors les yeux levés vers le ciel, et puis les tenant quelques temps fermés, comme consultant Dieu en lui-même, avant que de répondre : que s'il s'agissait de quelque affaire de conséquence, il voulait toujours qu'on prit du temps pour la recommander à Dieu, et pour invoquer le secours du Saint Esprit, et comme il s'appuyait uniquement sur la sagesse divine, et non sur sa prudence particulière aussi recevait-il du ciel les grâces et les lumières qui lui faisaient quelquefois découvrir des choses, que le seul esprit humain n'eût jamais pu pénétrer. Il disait à ce propos, que « là où la prudence humaine déchéait et ne voyait goutte, là commençait à poindre la lumière de la sagesse divine ».

Il était extrêmement retenu et circonspect en ses paroles, non-seulement pour ne rien dire ni répondre qui pût causer aucun ombrage ou défiance, ou qui donnât sujet de peine à personne, mais même pour ne rien avancer qui ne fût mûrement considéré et digéré en son esprit: et il y a sujet de croire que c'est pour cela qu'il causait peu et fort posément.

Il disait que c'était un effet de prudence et de sagesse, non-seulement de parler bien, et de dire de bonnes choses, mais aussi de les dire à propos, eu sorte qu'elles fussent bien reçues et qu'elles profitassent à ceux à qui l'on parlait. Que Notre Seigneur en avait donné l'exemple en plusieurs rencontres et particulièrement parlant à la samaritaine il prit occasion de l'eau qu'elle venait puiser, pour lui parler de la grâce et lui inspirer le désir d'une parfaite conversion.

Enfin Vincent a fait paraître la pureté et solidité de sa prudence et de sa sagesse, en ce qu'il a toujours cherché de suivre et d'accomplir en toutes choses la très sainte volonté de Dieu, par préférence à tout le reste, et sans avoir aucun égard aux intérêts temporels, qu'il méprisait et foulait aux pieds quand il s'agissait du service et de la gloire de Dieu. C'était le grand et unique principe sur lequel il fondait ses résolutions et par lequel il exécutait fidèlement ce qu'il avait résolu, préférant souverainement et incomparablement la volonté de l'Éternel, et ce qui regardait sa gloire et son service, à toute autre chose, sans en excepter aucune.

 

Fleurs Spirituelles

 

« La prudence est nécessaire pour être circonspect à agir, et pour savoir s'accommoder aux dispositions de chacun; elle s'unit fort Lien avec la simplicité. (Saint Vincent De Paul).

Ce Saint qui avait la vertu de simplicité dans un si haut degré, réglait tellement ses actions par la prudence et la charité du prochain, qu'il réussissait dans tout ce qu'il entreprenait. Il passait pour un des hommes les plus sages de son siècle, ce qui faisait qu'on le consultait comme un oracle, et qu'on se faisait une loi de suivre ses conseils. Il n'y a rien de plus contraire au succès des affaires que la précipitation: les délais sont ordinairement plus avantageux que nuisibles.

Pratique : Soyez aujourd'hui très circonspects dans vos paroles et dans vos actions. Priez pour les personnes qui manquent de circonspection en ces deux choses.

 

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6 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Septième jour

Simplicité de Saint Vincent

 

La simplicité est d'autant plus estimable entre ceux qui font profession de suivre les maximes de Jésus-Christ, qu'elle est moins estimée parmi les sectateurs de la vaine et fausse sagesse du monde.

Saint Vincent disait que la simplicité nous fait aller droit à Dieu, droit à la vérité, sans faste, sans biaisement, sans déguisement, et sans aucune vue de propre intérêt ni de respect humain ; il pratiquait parfaitement ce qu'il disait, en sorte qu'il y a sujet de croire que cette vertu de simplicité qu'il possédait à un très excellent degré, a grandement contribué aux heureux succès de ses saintes entreprises, attirant sur lui la bénédiction de Dieu et l'approbation des hommes, parce qu'il n'y a rien qui plaît tant à Dieu et a gagné davantage l'affection de toutes sortes de personnes, que la droiture et la simplicité dans le cœur, dans la vie et dans les paroles.

Or, comme il avait une estime particulière pour cette vertu, il tâchait aussi de l'insinuer dans l'esprit des siens, auxquels parlant un jour sur ce que Jésus-Christ recommandait à' ses disciples d'être simples comme des colombes, il leur dit : « Ce divin Sauveur, envoyant ses Apôtres pour prêcher son évangile par tout le monde, leur recommande particulièrement cette vertu de simplicité comme une des plus importantes et nécessaires pour attirer en eux les grâces du Ciel, et pour disposer les cœurs des habitants de la terre à les écouter et à les croire ; or, ce n'est pas seulement à ses apôtres qu'il parlait, mais généralement à tous ceux que sa providence destinait pour prêcher l'évangile et travailler à la conversion des âmes, et par conséquent, c'est à nous que Jésus-Christ parlait, et qu'il recommandait cette vertu de simplicité, laquelle est si agréable à Dieu, que son bon plaisir est de s'entretenir avec les simples de cœur. Pensez, mes frères, quelle consolation et quel bonheur pour ceux qui sont du nombre de ses véritables simples, lesquels sont assurés, par la paroles de Dieu, que son bon plaisir est de demeurer et s'entretenir avec eux.

Or, pour bien connaître l'excellence de cette vertu, il faut savoir qu'elle nous approche de Dieu, et qu'elle nous rend semblables à Dieu, dans la conformité qu'elle nous fait avoir avec lui, en tant qu'il est un être simple et qu'il a une essence très pure, qui n'admet aucune composition ; si bien que ce que Dieu est par essence, c'est cela même que nous devons tâcher d'être par vertu, autant que notre faiblesse et misère en sont capables. Il faut avoir un cœur simple, un esprit simple, une intention simple, une opération simple, parler simplement, agir bonnement, sans user d'aucun déguisement ni artifice, ne regardant que Dieu auquel seul nous désirons plaire.

La simplicité donc comprend non seulement la vérité et la pureté d'intention, mais elle a encore une certaine propriété d'éloigner de nous toute tromperie, ruse et duplicité; et comme c'est principalement dans les paroles que cette vertu se fait paraître, elle nous oblige de déclarer les choses par notre langue comme nous les avons dans le cœur, parlant et déclarant simplement ce que nous avons à dire, et avec une pure intention de plaire à Dieu. Ce n'est pas toutefois que la simplicité nous oblige de découvrir toutes nos pensées, car cette vertu est discrète, et n'est jamais contraire à la prudence, qui nous fait discerner ce qui est bon n dire, d'avec ce qui ne l'est pas, et nous fait connaître quand il se faut taire aussi bien que quand il faut parler.

Pour ce qui est de la simplicité qui regarde les actions, elle a cela de propre qu'elle fait agir bonnement, droitement et toujours en vue de Dieu, soit dans les affaires, ou dans les emplois et exercices de piété, à l'exclusion de toutes sortes d'hypocrisies, d'artifices et de vaines prétentions. Une personne, par exemple, qui fait un présent à une autre, feignant que c'est par affection, et néanmoins fait ce présent afin que l'autre lui donne une autre chose plus considérable, quoique selon le monde cela semble permis, c'est toutefois contre la vertu de simplicité qui ne peut souffrir qu'on témoigne une chose et qu'on en regarde une autre ; car, comme cette vertu nous fait parler selon nos sentiments intérieurs, elle nous fait aussi agir de même dans une franchise et droiture chrétienne, et le tout pour Dieu, qui est l'unique fin qu'elle prétend; d'où il faut inférer que cette vertu de simplicité n'est pas dans les personnes, qui par respect humain, veulent paraître autres qu'elles ne sont, qui font des actions bonnes extérieurement pour être estimées vertueuses ».

Nous avons rapporté un peu au long ce discours que Vincent a fait aux siens de cette vertu, parce que nous avons cru ne pouvoir mieux représenter sa simplicité que par ses propres paroles; car, il était tel qu'il voulait persuader aux autres de devenir; et celui qui entendait ses paroles, pouvait connaître son cœur, qu'il portait toujours sur ses lèvres. De sorte que l'on peut dire avec vérité qu'il possédait cette vertu à un tel degré, par le secours de la grâce de Notre Seigneur, que les puissances de son âme en étaient toutes remplies, et que ce qu'il disait et faisait, provenait de cette source, conformant toujours son extérieur à son intérieur, et ses actions à ses intentions, qui tendaient toutes à ce qui était le plus parfait. Sa fidélité à la pratique de cette vertu s'est fait voir en toutes rencontres, jusqu'aux moindres choses. Entre plusieurs exemples, on a souvent remarqué que la grande quantité d'affaires auxquelles il était continuellement appliqué, lui en faisant oublier de fois à autres quelques petites, comme de parler à quelqu'un, de répondre à une lettre, ou de faire quelque autre chose qu'on lui avait recommandée, il aimait mieux avouer franchement ses défauts, quoiqu'il lui en dût arriver de la confusion, que les couvrir, par quelque excuse ou artifice d'esprit. Il disait qu'il s'était toujours bien trouvé de déclarer les choses telles qu'elles étaient, parce que Dieu y donne sa bénédiction.

 

Fleurs Spirituelles

 

« Les réflexions continuelles sur ses défauts, ne plaisent pas aux yeux de Dieu, elles ne servent qu'à contenter notre misérable amour propre ; marchez simplement ». (Saint François de Sales).

« Les âmes simples fuient les détours qui éloignent de Dieu. Dieu nous préserve de louer, de flatter, ou de faire quelque chose pour nous attirer la bienveillance ou la protection de quelqu'un. Ces motifs sont bas, trop vils et trop éloignés de l'esprit de Jésus Christ, à l'amour de qui nous devons principalement rapporter tout ce que nous faisons. Telles doivent être nos maximes : faire tout pour l'amour de Dieu, et ne point désirer l'estime des hommes : travailler à leur salut, sans se mettre en peine de ce qu'ils diront. (Saint Vincent De Paul).

Pratique : Dans les rapports qu'on a avec le prochain, agir avec droiture et franchise, comme on croit devoir le faire devant Dieu. Priez pour les personnes qui manquent de simplicité.

 

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5 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Sixième jour

De l'obéissance de Saint Vincent

 

Nous ne pouvons mieux faire en parlant de l'obéissance de Vincent, que de rapporter les sentiments qu'il avait de cette vertu, lesquels il a déclarés en plusieurs rencontres, mais particulièrement dans les avis salutaires qu'il a donnés à ce sujet à ses chères filles, les religieuses du premier monastère de la Visitation de Paris.

Elles ont témoigné que ce grand Serviteur de Dieu, qui a été leur premier père spirituel, entre toutes les vertus, leur recommandait souvent celle de l'obéissance, et l'exactitude à la règle jusqu'aux moindres observances ; qu'il avait une affection toute particulière pour bien établir ces vertus dans leur communauté, et leur disait que ces vertus étaient celles, qui étant pratiquées avec persévérance faisaient la religion ; que pour s'y exciter il était nécessaire d'en conférer souvent ensemble et de s'entretenir sur leur excellence et leur beauté ; et qu'il fallait s'y affectionner dans la vue du plaisir que Dieu prend dans les âmes religieuses qui s'y rendent fidèles ; et parce que celui qui est leur Divin Epoux aimait tellement ces vertus que le moindre retardement à l'obéissance lui était désagréable ; qu'une âme vraiment religieuse ayant voué cette vertu à la face de l'Eglise, doit se rendre soigneuse d'accomplir ce qu'elle a promis, et que si l'on se relâche dans une petite chose, on se relâche bientôt dans une plus grande ; que tout le bien de la créature consistait en l'accomplissement de la volonté de Dieu, et que cette volonté se trouvait particulièrement dans la fidèle pratique de l'obéissance, et en l'exacte observance de la régularité ; qu'on ne pouvait rendre un service plus agréable à Dieu, qu'en pratiquant l'obéissance par laquelle il accomplit ses desseins sur nous, que sa pure gloire s'y trouve avec l'anéantissement de l'amour-propre et de tous ses intérêts, qui est ce à quoi nous devons principalement prétendre, et que cette pratique mettait l'âme dans la vraie et parfaite liberté des enfants de Dieu.

Il recommandait fort de renoncer à son propre jugement et de le mortifier pour le soumettre à celui de ses supérieurs, et disait que l'obéissance ne consistait pas à faire présentement ce qu'on nous ordonne, mais à se tenir dans une entière disposition de faire tout ce qu'on nous pourrait commander en toutes sortes d'occasions : qu'il fallait regarder ses supérieurs comme tenant la place de Jésus-Christ sur la terre, et leur rendre en cette considération, un très-grand respect ; que de murmurer contre eux était une espèce d'apostasie intérieure ; car, comme l'apostasie extérieure se commet en quittant l'habit et la religion, et se désunissant de son corps, aussi l'apostasie intérieure se fait quand on se désunit des supérieurs, les contredisant en son esprit, et s'attachant à des sentiments particuliers et contraires aux leurs ; ce qui est le plus grand de tous les maux qui arrivent dans une communauté ; que l'âme religieuse évitait ce malheur quand elle se tenait dans une sainte indifférence, et qu'elle se laissait conduire par ses supérieurs.

Il disait encore, sur le sujet de l'obéissance, qu'il fallait pour fondement de la vraie soumission qu'on doit avoir dans une communauté, considérer attentivement les choses suivantes :

1° La qualité des supérieurs, qui tiennent sur la terre la place de Jésus-Christ à notre égard ; 2° La peine qu'ils ont, et la sollicitude qu'ils prennent pour nous conduire à la perfection ; passant quelquefois les nuits entières en veilles, et ayant souvent le cœur plein d'angoisses, pendant que les inférieurs jouissent à leur aise de la paix et de tranquillité que leur apportent le soin et le travail de ceux qui les conduisent, dont la peine est d'autant plus grande qu'ils ont sujet d'appréhender le compte qu'ils sont obligés d'en rendre à Dieu ; 3° La récompense promise aux âmes vraiment obéissantes même dès cette vie ; car outre les grâces que mérite cette vertu, Dieu se plaît à faire la volonté de ceux qui pour l'amour de lui, soumettent leur volonté à celle de leurs Supérieurs ; 4° La punition que doivent appréhender ceux qui ne veulent pas obéir, dont Dieu a fait voir un exemple bien terrible, dans le châtiment que sa justice a exercé sur Coré, Dathan et Abiron, pour avoir méprisé Moïse leur supérieur, et pour avoir par ce mépris offensé grièvement Dieu qui a dit, parlant aux supérieurs qu'il a établis dans son Eglise : que celui qui vous écoute, m'écoute ; et que celui qui vous méprise me méprise ; 5° L'exemple de l'obéissance que Jésus-Christ est venu donner aux hommes, ayant mieux aimé mourir, que de manquer à obéir, et certes, ce serait une dureté de cœur bien grande, de voir un Dieu obéissant jusqu'à la mort pour notre sujet, et nous, chétives et misérables créatures, refuser de nous assujettir pour l'amour de Lui.

Il ajoutait, pour pratiquer parfaitement celte vertu, qu'il fallait obéir : 1° Volontairement, faisant plier notre volonté sous la volonté des Supérieurs ; 2° Simplement, pour l'amour de Dieu, et sans jamais permettre à noire entendement, de rechercher ou examiner pourquoi nos supérieurs nous ordonnent telle ou telle chose ; 3°Promptement, sans user d'aucun retardement, quand il est question d'exécuter ce qui est commandé ; 4° Humblement, sans prétendre ni désirer de tirer aucune louange ou estime de l'obéissance qu'on rend ; 5° Courageusement, ne désistant pas et ne s'arrêtant pas pour les difficultés, mais les surmontant avec force et générosité ; 6° Gaiement, exécutant ce qui est commandé avec agrément, et sans témoigner aucune répugnance ; 7° Avec persévérance, à l'imitation de Jésus-Christ qui s'est rendu obéissant jusqu'à la mort.

Or, il ne faut pas considérer ce que Vincent disait ou enseignait, comme des leçons d'un maître, ou des exhortations d'un prédicateur, qui ne fait pas quelquefois ce qu'il enseigne aux autres, mais comme les pures expressions des sentiments les plus sincères de son cœur, et comme de véritables témoignages de ce qu'il pratiquait lui-même avec une merveilleuse humilité ; car quoiqu'il fût envoyé avec les siens par les Evêques avec plein pouvoir pour travailler dans les paroisses de leurs diocèses, il ne voulait toutefois rien faire qu'avec le consentement et sous le bon plaisir des Curés, ce qu'il observait inviolablement, aussi bien dans les plus petits villages comme dans les autres lieux plus considérables.

Saint Vincent de Paul était toujours le premier à tous les exercices de la communauté, par amour pour la règle. Il ne manquait pas de se mettre à genoux en entrant dans sa chambre et avant d'en sortir, parce que c'était un point de règle, quoiqu'il ne pût le faire les dernières années de sa vie qu'avec beaucoup de peine, à cause du mal qu'il avait aux jambes.

 

Fleurs Spirituelles

 

« L'obéissance est sans doute plus méritoire que toutes les austérités. Quelle austérité plus grande que de tenir sa volonté continuellement soumise et obéissante ? » (Sainte Catherine de Bologne).

« Une simple goutte de parfaite obéissance vaut un million de fois plus qu'un vase entier de la plus sublime contemplation ». Sainte Marie Madeleine de Pazzi).

Pratique : Efforcez-vous aujourd'hui d'obéir avec soumission de volonté et de jugement, pour l'amour de Jésus-Christ. Priez pour les personnes obéissantes.

 

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4 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Cinquième jour

Sentiments de Vincent sur l'humilité

 

Quoique Vincent prit occasion de s'humilier en toutes rencontres, comme nous l'avons dit hier, et qu'on puisse bien dire que toutes sortes de choses lui servaient de matière pour pratiquer l'humilité, il avait néanmoins deux principaux motifs qui étaient comme les deux pivots sur lesquels roulaient tous les sentiments qu'il avait de cette vertu et toutes les pratiques qu'il en faisait et conseillait aux autres.

Le premier était la grande connaissance et les vues toutes singulières qu'il avait des infinies perfections de Dieu, et des défauts des créatures, qui lui donnaient pour sujet de tenir pour injustice, de ne se pas humilier toujours et en toutes choses, attendu la condition misérable de l'homme et la grandeur et sainteté infinie de Dieu.

Voici en quels termes il en parla un jour aux siens : en vérité, Messieurs et mes frères, si un chacun de nous veut s'étudier à se bien connaître, il y trouvera qu'il est très juste et très raisonnable de se mépriser soi-même. Car si d'un côté, nous considérons sérieusement la corruption de notre nature, la légèreté de notre esprit, les ténèbres de notre entendement, les dérèglements de notre volonté, et l'impureté de nos affections ; si ailleurs, si nous pesons bien au poids du sanctuaire nos œuvres et nos productions, nous trouverons que le tout est très digne de mépris. Mais quoi ! Me dites-vous, mettez-vous de ce nombre les prédications que nous avons faites, les confessions que nous avons entendues, les peines et les soins que nous avons pris pour le prochain et pour le service de notre Seigneur ? Oui, Messieurs, si l'on repasse sur ses meilleurs actions, on est surpris d'y voir qu'en la plupart on s'y est mal conduit quant à la manière, et souvent quant à la fin; et que, de quelque façon qu'on les regarde, il y peut avoir autant de mal que de bien, car, dites-moi je vous prie, que peut-on attendre de la faiblesse de l'homme ? Qu'est-ce que peut produire le néant, et que peut faire le péché ? Et qu'avons-nous de nous-mêmes autre chose, sinon le néant et le péché ? Tenons donc pour certain qu'en tout et partout nous sommes dignes de rebut, et toujours très méprisable, à cause de l'opposition que nous avons par nous-mêmes à la sainteté et aux autres perfections de Dieu, à la vie de Jésus-Christ et aux opérations de sa grâce ; et ce qui nous persuade davantage de cette vérité, est la pente naturelle et continuelle que nous avons au mal, notre impuissance au bien, et l'expérience que nous avons tous que lors même que nous pensons avoir bien réussi en quelque action, ou bien rencontré en nos avis, il arrive tout le contraire, et Dieu permet souvent que nous sommes méprisés. Si donc nous nous étudions à nous bien connaître, nous trouverons qu'en tout ce que nous pensons, faisons et disons, soit en la substance ou dans les circonstances, nous sommes pleins et environnés de sujets de confusions et de mépris: et si nous ne voulons point nous flatter, nous nous verrons non seulement plus méchants que les autres hommes, mais pires en quelque façon que les démons de l'enfer, car si ces malins esprits avaient en leur disposition les grâces et les moyens qui nous sont donnés pour devenir meilleurs, ils en feraient mille et mille fois plus d'usage que nous n'en faisons.

Le second motif était l'exemple et les paroles de Jésus qu'il avait toujours en vue, et qu'il exposait aux yeux d'un chacun. Rapportant un jour sur ce sujet, dans un discours qu'il fit aux siens, ces paroles de Jésus Christ apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur : et ces autres, celui qui s'humiliera sera exalté, et celui qui s'élèvera sera abaissé, il ajouta ce qui suit: Qu'est-ce que la vie de ce divin Sauveur, sinon une vie d'humiliations continuelles, une vie active et passive ? Il l'a tellement aimée, cette humiliation, qu'il ne l'a jamais quittée pendant sa vie, et même après sa mort, il a voulu que l'Eglise nous ait représenté sa personne divine par la figure du Crucifix, afin de paraître à nos yeux dans un état d'ignominie, comme ayant été pendu pour ainsi dire comme un criminel, et comme ayant souffert pour nous, la mort la plus honteuse et la plus affreuse qu'on ait pu s'imaginer. Pourquoi cela ? C'est par ce qu'il connaissait l'excellence des humiliations et la malice du péché contraire qui non-seulement aggrave les autres péchés, mais qui rend vicieuses les œuvres qui de soi ne sont pas mauvaises, et qui peut infecter et corrompre celles qui sont bonnes, même les plus saintes.

Retenons donc bien cette vérité, Messieurs, et qu'un chacun la grave bien avant dans son cœur, et qu'il dise, parlant à soi-même: quoique j'eusse toutes les vertus, si toutefois je n'ai pas l'humilité, je me trompe, et pensant être vertueux je ne suis qu'un superbe pharisien et un religieux abominable. Ô Sauveur Jésus-Christ, répandez sur nos cœurs ces divines lumières dont votre sainte âme était remplie et qui vous ont fait préférer l'outrage à la louange ! Embrasez nos cœurs de ces affections saintes qui brûlaient et consumaient le vôtre et qui vous ont fait chercher la gloire de votre père céleste dans votre propre confusion. Faites par votre grâce que nous commencions dès maintenant à rejeter tout ce qui ne va pas à votre honneur et à notre mépris, tout ce qui ressent la vanité, l'ostentation et la propre estime : que nous renoncions une bonne fois pour toutes à l'applaudissement des hommes abusés et trompeurs, et à la vaine imagination du bon succès de nos œuvres : enfin, mon Sauveur, que nous apprenions à être véritablement humbles de cœur par votre grâce et vos exemples.

J'ai fait diverses fois, disait-il un jour, la visite en quelques maisons de religieuses, et j'ai souvent demandé à plusieurs d'entre elles pour quelle vertu elles avaient le plus d'estime, ou d'attrait; je le demandais même à celles que je savais avoir plus d'éloignement pour les humiliations ; mais à peine entre vingt en ai-je trouvé une, qui ne me dit que c'était pour l'humilité, tant il est vrai que chacun trouve cette vertu belle et aimable. D'où vient donc qu'il y en a si peu qui l'embrasse et encore moins qui la possède ? C'est qu'on se contente de la considérer, et on ne prend pas la peine de l'acquérir : elle est ravissante dans la spéculation, mais dans la pratique elle a un visage désagréable à la nature, et ses exercices nous déplaisent, parce qu'ils nous portent à choisir toujours le plus bas lieu, à nous mettre au-dessous des autres et même des moindres, à souffrir les calomnies, chercher le mépris, aimer l'abjection, qui sont choses pour lesquelles naturellement nous avons de l'aversion.

 

Fleurs Spirituelles

 

« Voici un des meilleurs moyens d'acquérir l'humilité, c'est de graver profondément dans son esprit cette maxime : Chacun n'est réellement que ce qu'il est devant Dieu, il n'est rien de plus ». (L'auteur de l'imitation).

« L'humilité, pour être véritable, doit être toujours accompagnée de la charité, c'est-à-dire que nous devons aimer, chercher et accepter les humiliations, pour plaire à Dieu et pour ressembler à Jésus Christ ». (Saint François de Sales).

Pratique : Cherchez aujourd'hui la dernière place et le rebut des autres, vous persuadant avec tout cela que vous avez encore plus que vous ne méritez à cause de vos péchés. Priez pour les âmes qui aspirent au troisième degré d'humilité.

 

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3 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Quatrième jour

Humilité de Saint Vincent

 

C'est une vérité prononcée par la bouche du Fils de Dieu, que celui qui s'élève sera humilié et au contraire, que celui qui s'humilie sera exalté : cela s'est vérifié eu la personne de Vincent, lequel a été exalté par les grandes choses que Dieu a faites en lui et par lui d'autant qu'il s'est humilié ; et plus il s'est profondément abaissé, Dieu a pris plaisir de l'élever davantage, et de répandre plus abondamment ses bénédictions sur lui, et sur ses saintes entreprises.

Il est vrai que l'on peut dire de ce Saint homme après sa mort ce que plusieurs en ont dit durant sa vie, qu'il n'a jamais été bien connu au monde tel qu'il était en effet, quelque estime qu'on ait eue pour lui : car, bien qu'il ait toujours passé pour un homme fort humble, l'opinion commune toutefois n'a jamais regardé son humilité comme la disposition principale qui a attire sur lui toutes les grâces et les bénédictions dont il a été comblé et comme le fondement et la racine de toutes les grandes œuvres qu'il a faites. Ceux qui en ont jugé plus favorablement ont estimé que c'était son zèle qui le portait à les entreprendre, et que sa prudence les lui faisait conduire heureusement à chef ; mais quoique ces deux vertus fussent excellentes en lui, et qu'elles aient beaucoup contribué aux grands biens qu'il a opérés, il faut néanmoins avouer que c'est sa profonde humilité qui a attiré sur lui cette plénitude de lumières et de grâces, par la vertu desquelles tout a prospéré entre ses mains et sous sa conduite. Mais pour parler encore mieux, nous pouvons dire que son zèle le portait à s'humilier sans cesse ; il répétait continuellement en lui-même cette leçon d'humilité qu'il avait apprise de son divin Maître, disant en son cœur : « Je ne suis pas un homme, mais un pauvre ver de terre, qui rampe ne sachant où il va, mais qui cherche seulement à se cacher en vous, ô mon Dieu ! Qui êtes tout mon désir. Je suis un pauvre aveugle qui ne saurait avancer un pas dans le bien si vous ne me tendez la main de votre miséricorde pour me conduire ».

Il qualifiait sa Congrégation de petite, très petite et chétive Compagnie : il ne pouvait souffrir qu'on dit aucune chose à sa louange, disant qu'il ne demandait rien pour elle à Dieu, sinon qu'il eût pour agréable de lui donner la vertu d'humilité.

Son humilité était si sincère, qu'on la pouvait lire sur son front, sur ses yeux, et sur toute la posture de son corps, et reconnaître par son extérieur que ses humiliations et abaissements venaient du fond de son cœur, où cette vertu était si profondément gravée, qu'il croyait ne pas mériter l'usage d'aucune créature, non pas même de celles qui servent à conserver la vie, et encore moins des autres qui peuvent être utiles ou nécessaires pour avancer la gloire de Dieu.

C'était sa coutume en toutes rencontres, et devant toutes sortes de personnes, même de la plus haute qualité, et surtout quand on témoignait quelque estime de lui, et qu'on lui voulait rendre quelque honneur, de dire et publier qu'il n'était que le fils d'un pauvre paysan et qu'il avait gardé les troupeaux ; ce qu'il prenait aussi plaisir de déclarer aux pauvres, afin qu'ils le considérassent comme ayant été de leur condition ; sur ce sujet, il arriva un jour qu'un homme de village étant venu à Saint-Lazare demander Vincent et le portier lui ayant dit qu'il était empêché pour lors avec quelques Seigneurs, ce bon homme répliqua : « Ce n'est donc plus Monsieur Vincent, parce que lui-même m'a dit qu'il n'était que le fils d'un simple paysan comme moi ? » — Accompagnant un jour un ecclésiastique à la porte de Saint-Lazare, une pauvre femme se mit à crier, lui disant : « Monseigneur, donnez-moi l'aumône » ; à quoi Vincent lui répondit : « O ma pauvre femme, vous me connaissez bien mal, car je ne suis qu'un porcher et le fîls d'un pauvre villageois ». Une autre l'ayant encore rencontré à la porte comme il conduisait quelques personnes de condition et pour le convier de lui donner l'aumône plus volontiers, lui ayant dit qu'elle avait été servante de Mme sa Mère, il lui répondit aussitôt devant tous ceux qui étaient présents : « Ma bonne femme, vous me prenez pour un autre : ma mère n'a jamais eu de servante, ayant elle-même servi, et étant la femme et moi le fils d'un paysan ».

Ayant été une fois visité par son neveu, lequel était venu exprès pour cela de la ville de Dax à Paris, le portier du collège des Bons Enfants, où il demeurait pour lors, l'ayant averti que son neveu demandait à le voir, il ressentit le premier mouvement de quelque peine pour son arrivée, et dit qu'on le lui amenât à sa chambre ; néanmoins son humilité lui fit aussitôt changer de sentiment, et prendre la résolution d'aller lui-même le recevoir en bas : voici en quels termes Mr de Saint-Martin, chanoine de la ville de Dax, qui demeurait pour lors en ce collège, en rendit témoignage : « Je ne puis passer sous silence un acte de vertu de Mr Vincent, dont je suis témoin à l'occasion d'un de ses neveux. C'est qu'ayant donné charge à l'un des siens de l'aller prendre dans la rue où il était, habillé à la mode des paysans de ce pays, pour le mener à sa chambre, ce bon serviteur de Dieu eut un mouvement extraordinaire de se surmonter comme il le fit; car, descendant de sa chambre, il alla lui-même jusqu'à la rue, où, ayant trouvé son neveu, il l'embrassa, le baisa et le prit par la main, puis l'ayant conduit dans la cour, fit descendre tous les Messieurs de la Compagnie, auxquels il dit que c'était là le plus honnête homme de sa famille, et les lui fit saluer tous. Il lui fit faire la même civilité aux autres personnes de condition qui venaient le visiter ; et aux premiers exercices spirituels qu'il fit après, il s'accusa publiquement en pleine assemblée d'avoir eu quelque honte à l'arrivée de son neveu, et de l'avoir voulu faire monter secrètement à sa chambre, parce qu'il était paysan et mal habillé.

Mais non content de parler de la sorte il a toujours tâché par ses exemples d'insinuer cet esprit d'humilité dans sa Compagnie dès ses premiers commencements. Quand il pensait lui être arrivé quelque chose qui ne fut pas tout-à-fait de bon exemple aux siens, il ne manquait pas à chaque fois de s'en humilier et de leur en demander pardon ; ce qu'il faisait même pour les choses secrètes, comme pour les mouvements d'impatience qui n'avaient point paru au-dehors, pour quelques paroles moins douces dites à quelque particulier, et pour les moindres manquements faits par inadvertance ».

 

Fleurs Spirituelles

 

« Une personne humble, quoiqu'elle soit humiliée, s'humilie encore davantage, lorsqu'elle est couverte de mépris ; se réjouit de ce qu'on la méprise, lorsqu'elle est employée à des offices bas et abjects ; reconnaît qu'elle est encore plus honorée qu'elle le mérite, et s'en acquitte avec plaisir ; elle n'abhorre et ne fuit que les charges distinguées et les honneurs ». (Sainte Jeanne-Françoise de Chantal).

« On fait une chose beaucoup plus utile pour sa perfection chaque fois qu'on ne s'excuse pas lorsqu'on est repris, que si l'on entendait avec des dispositions saintes dix sermons. Une marque qu'on n'ambitionne pas l'estime des créatures, c'est quand on agit ainsi ; en s'accoutumant à ne pas se justifier dans de telles circonstances, on parvient à entendre parler de soi, comme si c'était une personne étrangère ». (Sainte Thérèse d'Avila).

 

Pratique : Ne dites rien aujourd'hui qui puisse tourner à votre avantage, et ne laissez passer aucune occasion de vous humilier. Priez pour les religieuses qui craignent les humiliations.

 

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2 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

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Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Troisième jour

Espérance et confiance en Dieu de Saint Vincent

 

Si la foi de Vincent a été grande, son espérance en Dieu n'a pas été moins parfaite, et l'on peut dire en quelque façon de lui, qu'à l'imitation du père des Croyants, il a souvent espéré contre l'espérance même, c'est-à-dire, qu'il a porté son espérance en Dieu, lorsque, selon toutes les apparences humaines, il y avait moins sujet d'espérer, et comme sa foi étant simple et pure ne s'appuyait que sur la seule vérité de Dieu, aussi, son espérance étant toute élevée au-dessus des sentiments et des raisonnements de la nature, ne regardait que la seule miséricorde et bonté de Dieu.

Quand il était question d'entreprendre quelque affaire pour le service de Dieu, après avoir invoqué sa lumière et reconnu sa volonté, il en espérait tout le succès de la conduite et de la protection de son infinie bonté; et quoique, pour suivre les ordres de la Providence, il employât les moyens humains nécessaires et convenables, il n'y mettait pas pourtant son appui, mais uniquement sur l'assistance qu'il attendait de Dieu. Quand il était une fois engagé de cette façon-là, il espérait tout de Dieu, pour lui et pour les siens ; et si quelques-uns d'entre eux par défaut de confiance, venaient à lui représenter qu'il n'y avait aucune apparence qu'on pût réussir, ou bien qu'il serait très difficile et presque impossible de suffire à ce qu'on entreprenait ; il leur répondait ordinairement : « Laissons faire notre Seigneur, c'est son ouvrage ; et comme il lui a plu le commencer, tenons pour certain qu'il l'achèvera en la manière qui lui sera la plus agréable » ; ou bien il les encourageait, leur disant : « Ayez bon courage, confiez-vous à Notre Seigneur qui sera notre premier et notre second dans le travail commencé, à l'entreprise duquel il nous a appelés ».

Écrivant un jour à un Supérieur d'une des maisons de sa Congrégation : « Je compatis, lui dit-il, à vos travaux qui sont grands et qui croissent quand vos forces diminuent ; c'est le bon Dieu qui fait cela, et sans doute qu'il ne vous laissera pas une si grande surcharge sur les bras sans vous aider à la soutenir ; mais il sera lui-même votre force et votre récompense. Croyez-moi, trois font plus que dix quand Notre Seigneur y met la main; et il la met toujours quand il nous a été les moyens humains et qu'il nous engage dans la nécessité de faire quelque chose qui excède nos forces ».

Or, pour mieux disposer les siens à cette parfaite confiance en Dieu à laquelle il les excitait souvent, il les portait à concevoir une très grande défiance d'eux-mêmes, et à se persuader qu'ils ne pouvaient rien par eux-mêmes, sinon tout gâter dans les ouvrages et desseins de Dieu, afin qu'étant bien convaincus de leur insuffisance, ils eussent à se tenir dans une plus entière et parfaite dépendance de la conduite de Dieu et de l'opération de sa grâce ; et que, pour cet effet, ils eussent incessamment recours à lui par la prière. Voyant un jour quelques-uns des siens qui se laissaient un peu trop abattre et décourager par le sentiment qu'ils avaient de leurs imperfections : « Nous avons, leur dit-il pour les encourager, le germe de la toute-puissance en nous, qui nous doit être un grand motif d'espérer et de mettre notre confiance en Dieu, nonobstant toutes nos pauvretés. Non, il ne faut pas vous étonner de voir des misères en vous, car chacun en a sa bonne part : il est bon de les connaître, mais non pas de s'en affliger démesurément : il est bon même d'en détourner la pensée quand elle nous porte au découragement, et de redoubler notre confiance en Dieu et noire abandon entre ses mains paternelles.

Le véritable Missionnaire, dit-il, ne doit point se mettre en peine pour les biens de ce monde, mais, jeter tous ses soins en la providence du Seigneur, tenant pour certain que, pendant qu'il sera bien établi en la charité, et bien fondé en cette confiance, il sera toujours sous la protection de Dieu, et par conséquent aucun mal ne lui arrivera et qu'aucun bien ne lui manquera, lors même qu'il pensera que selon les apparences tout va être perdu. Je ne dis pas ceci par mon propre esprit, c'est l'écriture sainte qui nous l'enseigne, et qui dit que : Celui qui loge à l'enseigne de la confiance en Dieu, sera toujours favorisé d'une spéciale protection de sa part, et en cet état, il doit tenir pour certain qu'il ne lui arrivera aucun mal, parce que toutes choses coopèrent à son bien, et qu'aucun bien ne lui manquera, d'autant que Dieu lui-même se donnant à lui, il porte avec soi les biens nécessaires tant pour le corps que pour l'âme, et ainsi, mes frères, vous devez espérer que pendant que vous demeurerez fermes en cette confiance, non seulement vous serez préservés de tous maux et de tous fâcheux accidents, mais aussi comblés de toutes sortes de biens ».

 

Fleurs Spirituelles

 

« Celui qui se met entièrement dans les bras de la Providence, et s'abandonne à sa conduite, va en carosse, sans sentir la pesanteur des croix dont il est chargé ; celui qui agit différemment va à pied et se fatigue beaucoup ». (Saint Basile).

« Le poids de la Croix se fait sentir à celui qui la traîne et non à celui qui l'embrasse ». (Sainte Thérèse d'Avila).

« Voici de quoi consoler les âmes qui sont dans les sécheresses, et celles qui sont tentées : un seul propos de ne pas pécher, fait en ce temps, pèse plus dans les balances du Seigneur, que mille actes de vertus faits avec beaucoup de ferveur dans le temps des consolations ». (Saint Jean d'Avila).

 

Pratique : S'il vous arrive de tomber aujourd'hui dans quelque faute, relevez-vous courageusement, sans vous laisser abattre, car le découragement ne remédie à rien, dit Sainte Thérèse. Priez pour les âmes qui manquent de courage à se vaincre, et de confiance en Dieu.

 

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1 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Deuxième jour

Foi de Saint Vincent De Paul

 

Puisque la foi est le fondement des autres vertus, et que la fermeté de l'édifice spirituel dépend principalement de cette mystique base, ayant à faire voir les plus excellentes vertus dans la personne de Vincent, nous commencerons par la foi que ce sage architecte avait posée pour fondement de toutes ses pratiques vertueuses et sur laquelle il s'appuyait en tout ce qu'il entreprenait et faisait pour le service de Dieu.

Comme les arbres qui sont battus des vents et ébranlés par les orages, jettent les plus profondes racines et s'affermissent davantage par ces agitations ; de même on peut dire que Dieu voulant rendre plus ferme et plus parfaite la foi de Vincent, a permis qu'elle ait été au commencement exposée à la violence de plusieurs tentations, et que son fidèle serviteur ait ressenti diverses attaques contre cette vertu. Il en est pourtant toujours demeuré victorieux par le secours de sa grâce, et sa foi s'est trouvée plutôt affermie et fortifiée, qu'affaiblie par toutes ces épreuves, desquelles Dieu s'est servi pour le perfectionner ; de sorte qu'après toutes ces bourrasques il est devenu non-seulement plus fort, mais plus éclairé dans les vérités de la foi, comme lui-même l'a déclaré en quelque rencontre, les possédant et les goûtant d'une manière aussi parfaite qu'elle se peut en cette vie.

Or, un des plus souverains remèdes qu'il employa pour fortifier sa foi, et la mettre à l'abri de la violence de ces tentations, fut d'écrire et signer sa profession de de foi et la porter sur son cœur ayant supplié Notre Seigneur d'agréer la résolution qu'il avait prise que toutes les fois qu'il porterait lu main sur son cœur, particulièrement quand il serait tenté, cela serait une marque et un témoignage qu'il renonçait à la tentation, et un renouvellement de la protestation qu'il avait faite de persévérer jusqu'à la mort dans la foi de l'Eglise.

Sa foi était non seulement forte, mais aussi pure et simple, étant appuyée non sur les connaissances acquises par l'étude ou par l'expérience, mais uniquement sur la première vérité qui est Dieu, et sur l'autorité de son église. La foi de Vincent ne tenait pas ses lumières renfermées dans son esprit, mais elle les communiquait au-dehors d'autant plus libéralement qu'elle était animée d'une plus parfaite charité.

Sa foi lui fit préférer l'instruction des pauvres à celle des riches ; il manifestait surtout son zèle à faire des catéchismes et instructions dans les lieux qu'il jugeait en avoir plus de besoin, comme dans les villages et parmi les pauvres qui sont ordinairement les moins instruits des vérités de la foi. Il ne se contentait pas encore de le faire par lui-même, il y excitait et portait tous ceux qu'il estimait capables de cet office de charité ; et il n'a point cessé qu'il n'ait enfin établi une congrégation toute dédiée à la culture de cette divine plante de la foi dans les terres les plus stériles.

On peut dire que la foi de Vincent fut non seulement pure, simple et ferme, mais qu'il en avait une plénitude : vu qu'elle éclairait son esprit, remplissait son cœur et animait ses actions, ses paroles, ses affections et ses pensées, il le faisait agir en tout et partout selon les vérités et les maximes de Jésus Christ ; en telle sorte que ce que la plupart des chrétiens font ordinairement, ou par des mouvements naturels, ou par des raisonnements humains, il le faisait par des principes de foi, laquelle était, selon la parole d'un prophète comme une lampe allumée qu'il tenait toujours en main pour se conduire, et pour dresser tons ses pas dans les sentiers de la justice. C'était sans doute un don très particulier qu'il avait reçu de Dieu, de savoir appliquer les lumières de la foi à toutes sortes d'occasions et de rencontres, et d'en faire d'excellentes pratiques dans les affaires mêmes purement temporelles et séculières, ne les entreprenant que par des motifs que la foi lui inspirait, ne s'y conduisant que par ses lumières et les référant toujours à des fins surnaturelles qu'elle lui proposait. Et non-seulement il se conduisait par cet esprit de foi, en toutes ses affaires et entreprises, mais il l'inspirait autant qu'il pouvait aux autres personnes, et particulièrement à celles qui étaient sous sa conduite, au sujet de quoi Mademoiselle Legras, fondatrice et première supérieure des filles de la charité, lui ayant un jour témoigné quelque petit empressement d'esprit touchant ce charitable institut duquel il était le père, il fit la réponse suivante : « Je vous vois toujours un peu dans les sentiments humains, pensant, que tout est perdu dès lors que vous me voyez malade. O femme de peu de foi ! Que n'avez-vous plus de confiance et d'acquiescement à la conduite et à l'exemple de Jésus Christ ! Ce Sauveur du monde se rapportait à Dieu son père pour l'état de toute l'Eglise, et vous, pour une poignée de filles que sa providence a notoirement suscitées et assemblées, vous pensez qu'il vous manquera ! Allez, Mademoiselle, humiliez-vous beaucoup devant Dieu ! ».

Il disait souvent que le peu d'avancement à la vertu, et le défaut de progrès dans les affaires de Dieu, provenait de ce qu'on ne s'établissait pas assez sur les lumières de la foi, et qu'on s'appuyait trop sur les raisons humaines : « Non, non, dit-il un jour, il n'y a que les vérités éternelles qui soient capables de nous remplir le cœur, et de nous conduire avec assurance. Croyez moi, il ne faut que s'appuyer sur Dieu, ou solidement et fortement sur quelqu'une de ses perfections, comme sa bonté, sa providence, sa vérité, son immensité, etc. Il ne faut, dis-je, que se bien établir sur ces fondements divins, pour devenir parfait en peu de temps ».

Il tenait encore cette maxime de ne pas considérer les choses dans le seul extérieur et selon leur apparence, mais selon ce qu'elles pouvaient être en Dieu et selon Dieu ; « Je ne dois pas considérer, disait-il, un pauvre paysan ou une pauvre femme selon leur extérieur, ni selon ce qu'il paraît de la portée de leur esprit, d'autant que bien souvent ils n'ont presque pas la figure ni l'esprit de personnes raisonnables, tant ils sont grossiers et terrestres. Mais tournez la médaille, et vous verrez par les lumières de la foi, que le Fils de Dieu a voulu être pauvre, qu'il est représenté par ces pauvres ; qu'il n'avait presque pas la figure d'un homme, en sa passion, et qu'il passait pour fou dans l'esprit des gentils, et pour pierre de scandale dans celui des Juifs ; et avec tout cela il se qualifie l'évangéliste des pauvres. O Dieu ! Qu'il fait beau voir les pauvres, si nous les considérons en Dieu, et dans l'estime que Jésus Christ en a faite! mais si nous les regardons selon les sentiments de la chair et de l'esprit mondain, ils paraîtront méprisables ».

Enfin, pour connaître combien grande et parfaite fut la foi de Vincent, il faut jeter les yeux sur toutes ses autres vertus, puisqu'elle en est comme la racine selon le sentiment de Saint Ambroise, et l'on pourra juger qu'elle a été la vigueur et la perfection de cette mystique racine, en considérant la multitude et l'excellence des fruits qu'elle a produits.

 

Fleurs Spirituelles

 

« Il y a une espèce de simplicité qui fuit que la personne ferme les yeux à tous les sentiments de la nature, et aux raisons humaines, et les tient toujours fixés sur les maximes de la foi, pour en faire constamment la règle de sa conduite. Dans toutes ses actions, ses paroles, ses pensées, ses affaires, en tout temps, en tous lieux elle consulte la foi, et ne fait rien que selon ce qu'elle dicte ». (Saint Vincent De Paul).

« Il est absolument nécessaire pour sa propre sanctification et pour être très utile au salut des autres de s'accoutumer à suivre en tout la belle lumière de la foi, toujours accompagnée d'une onction qui se répand dans les cœurs. Cela est très certain, il n'y a que les vérités éternelles qui soient capables de remplir notre cœur et de nous conduire par la voie sûre. Croyez-moi, il suffit de bien s'établir sur ces fondements pour arriver en peu de temps à la perfection et à pouvoir faire de grandes choses ». (Saint Vincent De Paul).

Pratique : Voir toujours dans les pauvres, la personne de notre Seigneur Jésus-Christ et dans cette vue, les traiter avec compassion, douceur, cordialité, respect et dévotion. Priez pour les personnes qui soignent les malades.

 

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30 juin 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

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Le Mois de Saint Vincent de Paul

Ou lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

Par une religieuse de Saint Vincent de Paul

 

Notice sur la vie de Saint Vincent de Paul

 

Naissance et premières années de Saint Vincent de Paul

 

Ce fut l'an 1576, le mardi d'après Pâques, que Vincent De Paul prit naissance, dans le petit village de Pouy près de Dax. 1l naquit de parents dépourvus des biens de la fortune, et vivant de leur travail : en cela, il semble que Dieu ait voulu poser et établir sur cette humble et pauvre extraction, le premier fondement de l'édifice des vertus qu'il voulait élever en l'âme de son fidèle serviteur ; car comme a fort bien dit Saint Augustin, celui qui veut devenir grand devant Dieu doit commencer par une très profonde démission de lui-même, et plus il prétend élever l'édifice de ses vertus, plus il doit creuser les fondements de son Humilité. Et en effet, parmi les emplois les plus considérables auxquels Dieu destina ensuite Vincent De Paul, et au milieu des plus grands honneurs, qu'on rendait à sa vertu, son entretien le plus ordinaire était de la bassesse de sa naissance ; et on lui entendait souvent répéter en telles rencontres, qu'il n'était que le fils d'un pauvre paysan, qu'il avait gardé les pourceaux, etc. Oh ! que c'est une marque d'une vertu bien solide, que de conserver l'amour de son abjection, avilissement et mépris, au milieu des applaudissements et des louanges ! et que Saint Bernard a eu grande raison de dire que c'est une vertu bien rare que l'humilité honorée! et qu'il y en a peu qui arrivent à ce degré de perfection, que de rechercher les mépris lorsqu'ils sont poursuivis des honneurs !

Dès ses plus jeunes années, Vincent avait le cœur fort tendre sur les misères de son prochain, et était très prompt à les secourir autant qu'il était en lui de sorte qu'il pouvait dire avec cet ancien patriarche, que la miséricorde était née avec lui, et qu'il avait toujours eu une inclination particulière à exercer cette vertu ; on a remarqué que dans un âge où les autres enfants n'ont point encore le sentiment de cette tendre pitié, Vincent pouvait déjà servir d'exemple à beaucoup : il donnait tout ce qu'il pouvait aux pauvres ; et lorsque son père l'envoyait au moulin quérir la farine, s'il rencontrait des malheureux en son chemin, il ouvrait le sac et leur en donnait des poignées, quand il n'avait autre moyen de les secourir : de quoi son père, qui était homme de bien, témoignait n'être pas fâché. Et une autre fois, à l'âge de douze ans, ayant peu à peu amassé jusqu'à trente sous de ce qu'il avait pu gagner, qu'il estimait beaucoup en cet âge et en ce pays-là où l'argent était fort rare, et qu'il gardait bien chèrement, ayant néanmoins rencontré un pauvre qui paraissait dans une grande indulgence, étant touché d'un sentiment de compassion, il lui donna tout son petit trésor, sans s'en réserver aucune chose. Certes, si l'on veut faire quelque attention à l'attache naturelle que les jeunes enfants ont aux choses qui les accommodent et qui leur plaisent, on pourra juger que ce fut là un effet particulier des premières grâces que Dieu avait mises en cet enfant de bénédiction; et de là on pouvait présager ce grand et parfait détachement des créatures, et ce degré éminent de charité où Dieu le voulait élever.

Toutes ces bonnes dispositions d'esprit du jeune Vincent et ces inclinations au bien, firent résoudre son père de faire quelque petit effort, selon l'étendue fort médiocre de ses facultés, pour l'entretenir aux études, et à cette effet, il le mit en pension chez les pères Cordeliers de Dax. Ce fut environ l'an 1588, qu'il commença ses études par les premiers rudiments de la langue latine ; où il se comporta de telle sorte et fit un tel progrès, que quatre ans après Mr de Commet l'aîné, avocat de la ville de Dax et juge de Pouy, ayant appris des pères Cordeliers les bonnes qualités de ce jeune écolier, conçut une affection toute particulière pour lui, et l'ayant retiré du couvent, le reçut en sa maison pour être précepteur de ses enfants, afin que, prenant soin de leur instruction et conduite, il eut moyen, sans être davantage à charge à son père, de continuer ses études : ce qu'il fit avec un très grand profit, ayant employé neuf ans à étudier en la ville de Dax au bout desquels Mr de Commet, qui était une personne de mérite et de piété, étant très satisfait du service que le jeune Vincent lui avait rendu en la personne de ses enfants, et de l'édification que toute sa famille avait reçue de sa vertu et sage conduite, qui surpassait de beaucoup son âge, jugea qu'il ne fallait pas laisser cette lampe sous le boisseau, et qu'il serait avantageux à l'Eglise, de l'élever sur le chandelier ; et pour cette raison, il porta Vincent De Paul, qui avait grand respect pour lui, et qui le regardait comme son second père, à s'offrir à Dieu pour le servir dans l'état ecclésiastique, et lui fit prendre la tonsure et les quatre ordres qu'on appelle mineurs, le 20 décembre 1599, étant alors âgé de 20 ans. — Il fut promu au saint ordre de prêtrise le 23 septembre 1600. On n'a pu savoir en quel lieu, ni même en quel temps il célébra sa première messe ; mais on a ouï dire qu'il avait un telle appréhension de la majesté de cette action toute divine, qu'il en tremblait, et, n'ayant pas le courage de la célébrer publiquement, il choisit plutôt de la dire à l'écart dans une chapelle retirée, assisté seulement d'un prêtre et d'un servant.

Ce fut enfin l'an 1625 que ce fidèle serviteur de Dieu, après avoir vogué plusieurs années sur la mer orageuse du monde, aborda par une conduite toute particulière de la divine Providence, en la retraite du Collège des Bons Enfants, comme en un port assuré, pour y commencer une vie toute apostolique, et en renonçant absolument aux honneurs, aux dignités et aux autres biens du monde, y faire une profession particulière de travailler à sa propre perfection et au salut des peuples, dans la pratique des vertus que Jésus-Christ a enseignées, et dont il a laissé de si beaux exemples.

Ce fut en ce lieu qu'il jeta les premiers fondements de la Congrégation de la Mission, toute dédiée comme celle des premiers disciples de Jésus Christ à suivre ce grand et premier Missionnaire venu du ciel, et à travailler au même ouvrage auquel il s'est employé pendant le temps de sa vie mortelle.

Or, pour mieux pénétrer dans les desseins de Dieu, touchant cette nouvelle institution de la Congrégation de la Mission, il est nécessaire de bien connaître quel a été celui duquel sa Providence infiniment sage en toutes ses conduites, a voulu se servir, pour en être le premier instituteur et comment il lui a donné toutes les qualités du corps et de l'esprit convenables pour bien réussir dans une entreprise si importante à sa gloire et au bien de son Eglise. Il est vrai qu'il ne sera pas aisé de représenter ce que ce grand Serviteur de Dieu s'est toujours efforcé de cacher autant qu'il lui a été possible sous le voile d'une très profonde humilité, c'est pourquoi nous ne pouvons dire que ce que la charité ou l'obéissance l'ont obligé de produire au dehors, dont néanmoins la principale partie, qui était toute intérieure et spirituelle, nous est inconnue : et partant, nous en présenterons dans le jour suivant une ébauche, laquelle quoique fort imparfaite et grossière, ne laissera pas de donner quelques lumières, pour mieux concevoir tout ce que nous avons à rapporter dans la suite de ce mois, du grand Saint Vincent De Paul !

 

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Premier jour

Les dispositions de corps et d'esprit de Saint Vincent et les qualités de sa conduite

 

Pour ce qui est du corps, Vincent était d'une taille moyenne et bien proportionnée ; il avait la tête un peu chauve et assez grosse, mais bien faite par une juste proportion au reste du corps ; le front large et majestueux, le visage ni trop plein, ni trop maigre ; son regard était doux, sa vue pénétrante, son ouïe subtile, son port grave, et sa gravité bénigne ; sa contenance simple et naïve, son abord fort affable, et son naturel grandement bon et aimable.

Il était d'un tempérament bilieux et sanguin et d'une complexion assez forte et robuste ; ce qui n'empêchait pas pourtant qu'il fut plus sensible qu'il ne semblait aux impressions de l'air, et ensuite fort sujet aux atteintes de la fièvre.

Il avait l'esprit grand, posé, circonspect, capable de grandes choses, et difficile à surprendre. Il n'entrait pas légèrement dans la connaissance des affaires ; mais lorsqu'il s'y appliquait sérieusement, il les pénétrait jusqu'à la moelle, il en découvrait toutes les circonstances petites et grandes, il en prévoyait les inconvénients et les suites, et néanmoins de peur de se tromper, il n'en portait point jugement d'abord, s'il n'était pressé de le faire, et il ne déterminait rien qu'il n'eût balancé les raisons pour et contre, étant même bien aise d'en concerter encore avec d'autres : lorsqu'il lui fallait dire son avis, ou prendre quelque résolution, il développait la question avec tant d'ordre et de clarté, qu'il étonnait les plus experts, surtout dans les matières spirituelles et ecclésiastiques. Il ne s'empressait jamais dans les affaires, et ne se troublait point par leur multitude, ni pour les difficultés qui s'y rencontraient; mais avec une présence et une force d'esprit infatigable, il les entreprenait et s'y appliquait avec ordre et lumière, et en portait le poids et la peine avec patience et tranquillité. Quand il était question de traiter d'affaires, il écoutait volontiers les autres, sans interrompre jamais aucun pendant qu'il parlait ; et néanmoins il supportait sans peine qu'on l'interrompît, s'arrêtant tout court, et puis reprenait le fil de son discours. Lorsqu'il donnait son avis sur quelque chose, il ne s'étendait pas beaucoup en discours, mais déclarait ses pensées en bons termes, ayant une certaine éloquence naturelle, non-seulement pour s'expliquer nettement et solidement, mais aussi pour toucher et persuader avec des paroles fort affectives, ceux qui l'écoutaient, quand il s'agissait de les porter au bien. Il faisait en tous ses discours un juste mélange de la prudence et de la simplicité, il disait sincèrement les choses comme il les pensait, et néanmoins il savait fort bien se taire sur celles où il voyait quelque inconvénient de parler; il se tenait toujours présent à lui-même, et attentif à ne rien dire ni écrire de mal digéré, ou qui témoignât aucune aigreur, mésestime ou défaut de charité envers qui que ce fût.

Son esprit était fort éloigné des changements, nouveautés et singularités, et tenait pour maxime, quand les choses étaient bien, de ne les pas changer facilement, sous prétexte de les mettre mieux. 1l se défiait de toutes sortes de propositions nouvelles et extraordinaires, spéculatives ou de pratique, et se tenait ferme aux usages et sentiments communs, surtout en fait de religion.

Il avait le cœur fort tendre, noble et généreux, libéral, et facile à concevoir de l'affection pour ce qu'il voyait être vraiment bon et selon Dieu ; et néanmoins il avait un empire absolu sur tous ses mouvements, et tenait ses passions si sujettes à la raison, qu'à peine pouvait-on s'apercevoir qu'il en eût.

Enfin, quoique l'on ne puisse pas dire qu'il n'eût point de défauts, l'Ecriture sainte y contredisant, et les apôtres mêmes ni les autres saints n'en ayant pas été exempts, il est pourtant véritable qu'il ne s'est guère vu d'hommes en ce siècle exposés comme lui à toutes sortes d'occasions, d'affaires et de personnes, en qui on ait trouvé moins à redire, Dieu lui ayant fait la grâce de se posséder toujours à un tel point que rien ne le surprenait, et il avait si bien en vue Notre Seigneur Jésus Christ qu'il moulait tout ce qu'il avait à dire ou à faire sur ce divin Original. C'est sur ce principe qu'il s'est comporté avec tant de circonspection et de retenue envers les plus grands, et avec tant d'affabilité et de bonté envers les plus petits, que sa vie et sa conduite ont toujours été non-seulement sans reproche, mais aussi dans une approbation universelle et publique.

Vincent avait tellement pris à cœur la pratique de l'humilité et de l'avilissement de soi-même, qu'à l'ouïr parler il semblait qu'il ne voyait en lui que vice et péché ; il souhaitait qu'on l'aidât à remercier Dieu, non tant des grâces singulières que sa libéralité lui communiquait, que de la patience que sa divine miséricorde exerçait envers lui, le supportant, comme il disait ordinairement, en ses abominations et infidélités. Ce n'est pas que, dans le secret de son cœur, il ne fût plein de reconnaissance des grandes faveurs et des dons excellents qu'il recevait de la main de Dieu; mais il n'en parlait point, craignant de s'attribuer aucun bien, et regardant toutes ces grâces comme des biens de Dieu dont il se jugeait très indigne, et lesquels, quoiqu'ils fussent en lui, n'étaient pas pourtant de lui ni à lui, mais uniquement de Dieu et à Dieu : de sorte qu'à l'exemple du grand Apôtre, il ne faisait parade que de ses faiblesses et de ses infirmités, et cachait soigneusement tout le reste : au contraire, fermant les yeux à la faiblesse et aux défauts des autres, particulièrement de ceux de la conduite desquels il n'était pas chargé, il manifestait volontiers le bien qu'il reconnaissait en eux, non pour le leur attribuer, sais pour en glorifier Dieu, qui est le souverain auteur de tout bien. Il disait : « qu'il y avait des personnes qui pensent toujours bien de leur prochain, autant que la vraie charité le leur peut permettre, et qui ne peuvent voir la vertu sans la louer, ni les personnes vertueuses sans les aimer ». C'est ainsi qu'il le pratiquait lui-même, toujours néanmoins avec grande prudence et discrétion : car pour les siens, il ne les louait que très rarement en leur présence, et seulement quand il le jugeait expédient pour la gloire de Dieu et pour leur plus grand bien ; mais pour les autres personnes vertueuses, il se conjouissait volontiers avec elles des grâces qu'elles recevaient de Dieu et du bon usage qu'elles en faisaient, et en parlait quand il le jugeait convenable pour les encourager à la persévérance dans le bien.

Enfin, pour exprimer en peu de paroles ce que nous dirons plus amplement dans la suite de ce mois, touchant les vertus de Vincent, il s'était proposé Jésus comme l'unique exemplaire de sa vie, et il avait si bien imprimé son image dans son esprit, et possédait si parfaitement ses maximes, qu'il ne parlait, ne pensait, ni n'opérait, qu'à son imitation et par sa conduite. La vie de ce divin Sauveur et la doctrine de son Evangile étaient la seule règle de sa vie et de ses actions; c'étaient toute la morale et toute la politique selon lesquelles il se réglait soi-même et toutes les affaires qui passaient par ses mains ; c'était en un mot, l'unique fondement sur lequel il élevait son édifice spirituel : de sorte que l'on peut dire avec vérité qu'il nous a laissé, sans y penser, un tableau raccourci des perfections de son âme, et marqué sa divise particulière dans ces belles paroles qu'il dit un jour de l'abondance de son cœur : « Rien ne me plaît qu'en Jésus Christ ! » De cette source procédaient la fermeté et la constance inébranlables qu'il avait dans le bien, lesquelles ne fléchissaient jamais par aucune considération ni de respect humain, ni de propre intérêt, et qui le tenaient toujours disposé à soutenir toutes les contradictions, souffrir toutes les persécutions, et, comme dit le Sage, agoniser jusqu'à la mort pour la défense de la justice et de la vérité. C'est ce qu'il déclara encore, sur la fin de sa vie, en ces termes bien remarquables : « Qui dit doctrine de Jésus-Christ, dit un rocher inébranlable ; il dit des vérités éternelles qui sont suivies infailliblement de leurs effets; de sorte que le Ciel renverserait plutôt que la doctrine de Jésus-Christ vint à manquer ».

Vincent n'avait pas seulement rempli son cœur et son esprit de ses maximes et vérités évangéliques, mais il s'étudiait, en toutes occasions, à les répandre dans les esprits et dans les cœurs des autres, et particulièrement de ceux de sa Compagnie ; voici comment il leur parlait un jour sur ce sujet : « Il faut, dit-il, que la compagnie se donne à Dieu pour se nourrir de cette ambroisie du Ciel, pour vivre de la manière que notre Seigneur a vécu, et pour tourner toutes nos conduites vers lui, et les mouler sur les siennes ». Il a mis pour première maxime, de chercher toujours la gloire de Dieu, et sa justice toujours et avant toute autre chose. Oh ! Que cela est beau, de chercher premièrement le règne de Dieu en nous, et le procurer à autrui ! Une compagnie qui serait dans cette maxime d'avancer de plus en plus la gloire de Dieu, combien avancerait-elle aussi son propre bonheur ? Quel sujet n'aurait-elle pas d'espérer que tout lui tournerait en bien ? S'il plaisait à Dieu nous faire cette grâce, notre bonheur serait incomparable. Si, dans le monde, quand on entreprend un voyage, on prend garde si l'on est dans le droit chemin, combien plus ceux qui font profession de suivre Jésus dans la pratique des maximes évangéliques (particulièrement de celle-ci, par laquelle ils nous ordonne de chercher en toutes choses la gloire de Dieu) doivent-ils prendre garde ce qu'ils font, et se demander : Pourquoi fais-tu ceci ou cela ? Est-ce pour te satisfaire ? Est-ce parce que tu as aversion à d'autres choses ? Est-ce pour complaire à quelque chétive créature ? mais plutôt n'est-ce pas pour accomplir le bon plaisir de Dieu et chercher sa justice ? Quelle vie ! Quelle vie serait celle-là ? Serait-ce une vie humaine ? Non, elle serait une vie tout angélique, puisque c'est purement pour l'amour de Dieu que je ferais tout ce que je ferais, et que je laisserais à faire tout ce que je ne ferais pas. — Quand on ajoute à cela la pratique de faire en toutes choses la volonté de Dieu, qui doit être comme l'âme de la compagnie et une des pratiques qu'elle doit avoir bien avant dans le cœur, c'est pour nous donner à un chacun en particulier un moyen de perfection, facile, excellent et infaillible, et qui fait que nos actions ne sont pas actions humaines, ni même seulement angéliques, mais en quelque façon divines, puisqu'elles se font en Dieu et par le mouvement de son esprit et de sa grâce. Quelle vie ! Quelle vie serait celle des missionnaires ! Quelle compagnie si elle s'établissait bien là dedans !

Vincent ajoutait encore à cela deux maximes très importantes, qu'il possédait parfaitement dans son cœur, et qu'il s'efforçait particulièrement d'imprimer, dans le cœur des siens.

La première était de ne pas se contenter d'avoir un amour affectif envers Dieu, et de concevoir de grands sentiments de sa bonté et de grands désirs de sa gloire, mais de rendre cet amour effectif, et, comme a dit Saint Grégoire, en donner des preuves par les œuvres ; au sujet de quoi parlant un jour à ceux de sa communauté, il leur dit :

« Aimons Dieu, mes frères, aimons Dieu ; mais que ce soit aux dépens de nos bras, que ce soit à la sueur de nos visages ; car bien souvent, tant d'actes d'amour de Dieu, de complaisance, de bienveillance, et autres affections semblables et pratiques intérieures d'un cœur tendre, quoique très bonnes et très désirables, sont néanmoins très suspectes quand on n'en vient point à la pratique de l'amour effectif. En cela, dit Notre Seigneur, mon père est glorifié que vous rapportiez beaucoup de fruit. Et c'est en quoi nous devons bien prendre garde; car il y en a plusieurs qui, pour avoir l'extérieur bien composé et l'intérieur rempli de grands sentiments de Dieu, s'arrêtent à cela ; et quand ce vient au fait, et qu'ils se trouvent dans les occasions d'agir, ils demeurent court. Ils se flattent de leur imagination échauffée, ils se contentent des doux entretiens qu'ils ont avec Dieu dans l'oraison, ils en parlent même comme des anges ; mais au sortir de là, est-il question de travailler pour Dieu, de souffrir, de se mortifier, d'instruire les pauvres, d'aller chercher les brebis égarées, d'aimer qui leur manque quelque chose, d'agréer les maladies, ou quelque autre disgrâce, hélas ! Il n'y a plus personne, le courage leur manque. Et cependant, il n'y a que nos œuvres qui nous accompagnent en l'autre vie ; faisons donc, ajoutait-il, réflexion à cela, d'autant plus qu'en ce siècle il y en a plusieurs qui semblent vertueux, et qui en effet le sont, qui néanmoins inclinent à une voie douce et molle plutôt qu'à une dévotion laborieuse et solide. L'Eglise est comparée à une grande moisson qui requiert des ouvriers, mais des ouvriers qui travaillent. Il n'y a rien de plus conforme à l'Evangile qui d'amasser d'un côté des lumières et des forces pour son âme dans l'oraison, dans la lecture et la solitude, et d'aller ensuite faire part aux hommes de cette nourriture spirituelle ; c'est faire comme notre Seigneur a fait, et après lui ses apôtres ; c'est joindre l'office de Marthe et de Marie ; c'est imiter la colombe qui digère à moitié la pâture qu'elle a prise, et puis met le reste par son bec dans celui de ses petits pour les nourrir. Voilà comme nous devons témoigner à Dieu par nos œuvres que nous l'aimons ».

La seconde maxime de ce grand Serviteur de Dieu, était de regarder Jésus-Christ dans les autres pour exciter plus efficacement son cœur à leur rendre tous les devoirs de la charité. Il regardait ce divin Sauveur comme pontife et chef de l'église dans notre saint père le Pape, comme évêque et prince des pasteurs dans les évêques, docteur dans les docteurs, prêtre dans les prêtres, religieux dans les religieux, souverain et puissant dans les rois, noble dans les gentils-hommes, juge et très-sage politique dans les magistrats, gouverneurs et autres officiers : et le royaume de Dieu étant comparé dans l'Evangile à un marchand, il le considérait comme tel dans les hommes de trafic, ouvrier dans les artisans, pauvre dans les pauvres, infirme et agonisant dans les malades et mourants ; et considérant ainsi Jésus-Christ en tous ces états, et en chaque état voyant une image de ce souverain Seigneur, qui reluisait en la personne de son prochain, il s'excitait par cette vue à honorer, respecter, aimer et servir un chacun en notre Seigneur, et notre Seigneur en un chacun, conviant les siens et ceux auxquels il en parlait d'entrer dans cette maxime, et de s'en servir pour rendre leur charité plus constante, et plus parfaite envers le prochain.

Voilà un petit crayon en général de l'esprit de Vincent, dont il a lui-même tracé de sa propre main la plus grande partie, sans y penser, et même contre son dessein, qui était toujours de se cacher, et de couvrir les dons et les vertus qu'il avait reçus du voile du silence et de l'humilité : mais Dieu a voulu qu'il se soit innocemment trompé, et en quelque façon trahi lui-même pour mieux faire connaître les grâces et les excellentes qualités qu'il avait abondamment versées dans son âme, afin de le rendre un digne instrument de sa gloire, et se servir de lui dans les grandes choses qu'il voulait opérer, par son moyen, pour le plus grand bien de son Eglise ; et pour recueillir en peu de paroles ce qui a été dit de la conduite de Vincent, on peut dire avec vérité, qu'elle a été :

1° Sainte, ayant eu uniquement Dieu pour objet : qu'elle allait à Dieu, qu'elle y menait les autres, et lui rapportait toutes choses comme à leur dernière fin. 2° Humble, se défiant de ses propres lumières, prenant conseil dans ses doutes, et se confiant à l'esprit de Jésus-Christ, comme à son guide et à son docteur. 3e Douce en sa manière d'agir, condescendant aux faiblesses, et s'accommodant aux forces, à l'inclination, à l'état des personnes. 4° Ferme pour l'accomplissement des volontés de Dieu, et pour ce qui concernait l'avancement spirituel des siens et le bon ordre des communautés, sans se rebuter par les contradictions ni se laisser abattre par les difficultés. 5° Droite, pour ne pas éviter, ni se détourner des voies de Dieu, par aucun respect humain. 6° Simple, rejetant tout artifice, duplicité, feinte et toute prudence de la chair. 7° Prudente dans le choix des moyens propres pour parvenir à la fin unique qu'il se proposait en tout, qui était l'accomplissement de ce qu'il connaissait être le plus agréable à Dieu, prenant garde, dans l'emploi de ces moyens, et en tout ce qu'il faisait, de ne choquer ni contrister personne, autant que cela pouvait dépendre de lui, et évitant judicieusement les obstacles, ou les surmontant par sa patience et par ses prières. 8° Secrète, pour ne divulguer les affaires avant le temps, ni les communiquer à d'autres qu'à ceux auxquels il était expédient d'en parler. Il disait sur ce sujet : « Que le démon se jouait des bonnes œuvres découvertes et divulguées sans nécessité, et qu'elles étaient comme des mines éventées qui demeurent sans effet ». 9° Réservée et circonspecte, pour ne s'engager pas trop à la légère, et pour ne rien précipiter ni trop s'avancer. 10° Enfin désintéressée, ne cherchant ni honneur, ni propre satisfaction, ni aucun bien périssable, mais uniquement, à l'imitation de son divin maître, la seule gloire de Dieu, le salut et la sanctification des âmes.

 

Fleurs Spirituelles

 

« Faites fidèlement à tout moment ce que le Seigneur voudra de vous, et laissez à Dieu de penser à autre chose : Je vous assure qu'en vivant ainsi, vous éprouverez une grande paix ». (Sainte Jeanne-Françoise de Chantal).

« Les œuvres de Dieu se font presque toujours peu à peu, et ont leur commencement et leur progrès. On ne doit pas prétendre faire tout en une seule fois à la hâte, ni penser que tout est perdu, si l'on ne devient pas parfait tout-à-coup. Il faut toujours marcher, mais sans s'inquiéter ; prier beaucoup le Seigneur, et se servir des moyens suggérés par l'esprit de Dieu, sans avoir aucun égard aux fausses règles du siècle. (Saint Vincent De paul).

 

Pratique : A l'exemple de Saint Vincent De Paul, tâchez aujourd'hui de faire vos différentes actions le plus parfaitement possible. Priez pour les Sœurs servantes des Pauvres.

 

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23 juin 2017

Neuvaine au Précieux Sang

Neuvaine au Précieux Sang

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Neuvaine pour préparer la Fête du Précieux Sang

Du 23 juin au 1er juillet

 

Introduction

 

Tout le mois de juillet est dédié au Précieux Sang. Le jour du Vendredi Saint, la terre et les cieux contemplèrent tous les crimes noyés dans le fleuve de salut dont les digues éternelles s'étaient enfin rompues, sous l'effort combiné de la violence des hommes et de l'amour du divin Cœur. La fête duTrès Saint-Sacrement (60 jours après Pâques) ou Solennité du Corps et du Sang du Christ, nous a vus prosternés devant les autels où se perpétue l'immolation du Calvaire, et l'effusion du Sang précieux devenu le breuvage des humbles. Puis, Jean-Baptiste (24 juin) a montré l'Agneau, Pierre (29 juin) affermi son trône, Paul (29 juin) préparé l'Epouse. L'alliance étant donc maintenant assurée, tous trois rentrent dans l'ombre ; et seule, sur les sommets où ils l'ont établie, l'Epouse (l’Eglise) apparaît, tenant en mains la coupe sacrée du festin des noces. Tel est le secret de la fête du Précieux Sang.

L'Eglise a révélé aux fils de la nouvelle Alliance le prix du Sang dont ils furent rachetés, sa vertu nourrissante et les honneurs de l'adoration qu'il mérite. L'Histoire de l'Eglise, c'est l'histoire du Précieux Sang de Jésus Christ. « C'est par Lui, et non par le sang des taureaux et des boucs, que nous avons été rachetés; c'est par Son propre Sang que le Christ est entré une fois pour toutes dans le Saint des Saints, après avoir acquis une rédemption éternelle », déclare saint Paul, le premier docteur du Précieux Sang. Aussi est-ce à bon droit que la liturgie sacrée célèbre le Précieux Sang durant tout le cours de l'année. Par le sacrifice des autels, Notre Seigneur Jésus-Christ ne cesse de répandre Sa vertu purificatrice sur le monde, criant non vengeance, mais miséricorde. Il étouffe la voix des crimes des pécheurs et change les foudres vengeresses en pluie de grâces.

Incomparable Victime préparée par l'Eternel, l'Enfant-Dieu commence Sa mission de Rédempteur au jour de la Circoncision. Au jardin des oliviers, la terre est arrosée de la sueur de Son sang adorable. Au prétoire, ce ne sont plus des gouttes, mais des ruisseaux de sang qui coulent de tout Son corps, sous les coups redoublés de la flagellation. Sa tête n'est pas épargnée, les épines qui y sont enfoncées l'inondent et l'empourprent de Son Sang. Dans les sentiers du Calvaire, tous les pas du Rédempteur sont marqués par des traces de sang. Ce Précieux Sang jaillit encore avec effusion au moment où les soldats Lui arrachent violemment Ses habits collés à Ses plaies. Lorsque Ses pieds et Ses mains sont percés par de gros clous qui fixent Son Saint Corps à la croix, quatre fleuves de sang fécondent la terre desséchée et maudite par le péché. Avec le coup de lance, une nouvelle plaie s'ouvre encore et laisse sortir la dernière goutte de sang des veines de notre très doux Sauveur.

Rachetés à un si haut prix, ne nous rendons plus esclaves des créatures, n'effaçons pas les marques d'une si glorieuse servitude. Puisqu'Il a racheté notre vie si chèrement, consacrons-la toute entière au service de ce Dieu d'amour et ne rompons pas un marché qui nous est si avantageux. Lorsque le prêtre offre ce Précieux Sang sur l'autel, entourons-le de nos plus respectueux hommages. Chaque jour, à chaque messe, le prêtre prononce ces paroles de la consécration du calice: «Ceci est le calice de Mon Sang qui sera versé pour vous et pour beaucoup en rémission des péchés». Par ces paroles, le prêtre rappelle la valeur expiatoire du Sang de Jésus et il suggère la triste réalité du refus de la grâce du très précieux Sang de Notre Seigneur.

En effet, le Sang de Jésus a une valeur universelle pour effacer les péchés de tous les hommes de tous les temps : c'est le rachat de tous les hommes par le Sang de Jésus. En droit, Notre Seigneur a payé la dette qui découle des péchés de tous les hommes et c'est dans ce sens que nous pouvons affirmer qu'Il a versé son Sang pour tous les hommes. Mais ce rachat doit être ensuite accepté par chaque homme en particulier, et c'est toute la doctrine de l'application à chaque âme de la valeur expiatoire universelle du Sang de Jésus. Cette application nécessite une adhésion volontaire pour recevoir toute l'efficacité du très précieux Sang. Saint Augustin le résume de façon admirable en disant:  « Dieu qui t'a racheté sans toi, ne te sauvera pas sans toi ». Le rachat par le Sang du Christ est universel et indépendant de notre volonté tandis que le salut par ce même Sang n'est pas universel et il dépend de notre bonne volonté. En effet, il y a eu des hommes, il y a des hommes et il y aura encore des hommes qui ne veulent pas du salut offert par le Sang de Notre Seigneur. Rachetés par le Sang du Christ, ils refusent d'être aussi sauvés par ce Sang. Et c'est pourquoi dans les paroles de la consécration du calice, le prêtre ne dit pas que le Sang du Christ est versé pour tous, mais seulement pour beaucoup.

L'application de la vertu universelle du Sang de Jésus à chaque âme se fait tout spécialement par la fréquentation des sacrements et en particulier par la réception du baptême et de la pénitence. Celui qui refuse le Sacrement de Baptême refuse que la vertu du très Précieux Sang lui soit appliquée : racheté par le Sang du Christ, il ne pourra pas être sauvé contre son gré par le Sang du Christ. Le Sang du Christ doit couler sur chaque âme afin qu'elle soit sauvée. Le Sacrement de Réconciliation a été institué pour ôter le principal obstacle au salut : le péché mortel. Or c'est le Sang de Jésus qui efface le péché. Donc celui qui refuse le Sang de Jésus ne pourra pas être délivré du péché mortel ; il ne pourra pas être sauvé. Et c'est pourquoi, le Sacrement de Réconciliation est appelé la seconde planche de salut, la première étant le Sacrement de Baptême. Chaque fois qu'une âme reçoit l'absolution sacramentelle, elle se plonge dans le Sang de Jésus.

Aimons donc le Saint Sacrifice de la Messe qui met à notre disposition le Sang de Jésus, sans lequel il n'y a de salut pour personne ! Et à chacune de nos confessions, pensons à ce Sang qui nous purifie de nos péchés et nous délivre du Mal. Amen !

Cette Neuvaine au Précieux Sang est puissante ! Que le Sang Précieux de Jésus-Christ nous garde et nous protège tous, aujourd’hui et à jamais! Amen! 

 

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Prières quotidiennes

 

Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, amen !

Appel à l’Esprit-Saint, invocation ou chant à l’Esprit-Saint.

Credo, Notre Père, Je Vous salue Marie, Gloire au Père

 

 

Actions de grâces et Louanges avec cette prière : O Sang Très Précieux de Notre Seigneur Jésus-Christ, source de la vie éternelle, prix et rançon de l’univers, bain sacré de nos âmes, qui défendez sans cesse la cause des hommes près du Trône de la Suprême Miséricorde, je vous adore profondément.

Prière donnée par Jésus à Maria Valtorta : « Très Saint Sang qui jaillit pour nous des veines du Dieu fait homme, descends sur le monde, comme une rosée rédemptrice sur la Terre contaminée et sur les âmes que le péché rend semblables à des lépreux. Voilà : je t’accueille, Sang de mon Jésus, et je te répands sur l’Eglise, sur le monde, sur les pécheurs, sur le purgatoire. Aide, réconforte, purifie, allume, pénètre et féconde, O ! Très divin Suc de Vie. Et que pour le petit nombre de ceux qui t’aiment, pour le nombre infini de ceux qui meurent sans toi, accélère et répands sur tous cette très divine pluie afin qu’on vienne à toi confiant en la vie, que par toi on soit pardonné dans la mort, qu’avec toi on entre dans la gloire de ton royaume. Ainsi soit-il ».

 

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Chapelet du Précieux Sang

 

Le Chapelet du Précieux Sang est composé de 33 grains, en mémoire des 33 années de la vie terrestre de Jésus. La prière du Notre Père est ainsi récitée 33 fois en cet honneur. Durant ce chapelet on médite sur les 7 circonstances principales où par amour pour nous et pour notre salut, le Seigneur Jésus-Christ donna son sang. Les sept mystères médités sont dans l’ordre :

 

  1. La circoncision

  2. L'agonie à Gethsémani

  3. La flagellation

  4. Le couronnement d'épines

  5. La montée au Calvaire

  6. Le crucifiement

  7. Le coup de lance

 

Voici comment réciter ce chapelet: On commence par les 6 groupes de 5 grains. Chaque groupe permet de méditer sur un des six premiers mystères : On énonce le mystère que l’on médite, puis on récite 5 Notre Père sur les 5 grains, suivis de l’invocation : « O Dieu, viens à mon aide. O Seigneur, viens vite à notre secours ! » On récite ensuite un Gloire au Père suivi de la prière suivante : « Nous vous supplions, Seigneur, aidez Vos servants que Vous avez rachetés par Votre Précieux Sang » Ensuite, après les 6 groupes, on médite le septième et dernier mystère sur le groupe de 3 grains. On énonce le mystère que l’on médite, puis on récite 3 Notre Père sur les 3 grains, suivit de l’invocation : « O Dieu, viens à mon aide. O Seigneur, viens vite à notre secours! » On récite ensuite un Gloire au Père suivi de la prière suivante : « Nous vous supplions, Seigneur, aidez Vos servants que Vous avez rachetés par Votre Précieux Sang » On conclut le chapelet par la prière suivante : « Père Eternel, je Vous offre le plus Précieux Sang de Jésus-Christ en réparation de mes péchés, pour les besoins de la sainte Eglise et pour le soulagement des âmes du purgatoire ».

 

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Premier jour

 

Prières quotidiennes

 

Abraham, le Père des croyants fait une révélation prophétique à son fils : « Dieu se pourvoira lui-même de l’Agneau pour l’holocauste » (Gn 22, 6-14 ). Abraham prophétisait déjà le sacrifice de Jésus, qui est l’Agneau pour l’holocauste véritable. Le sacrifice d’Isaac préfigure celui de Jésus-Christ, qui sont tous les deux, fils bien-aimés de leur père, fils de l’Ancienne Alliance avec les Juifs et de la Nouvelle Alliance avec l’humanité. Les deux fils seront tous deux chargés du bois de l’holocauste et conduits sur une montagne.

Extrait du Chapelet du Très Précieux Sang : Prions en l’honneur de la première effusion du Sang de Jésus : La Circoncision : Père Eternel, par les mains immaculées de Marie et le Divin Cœur de Jésus, je t'offre les premières plaies, les premières douleurs et la première effusion de sang versé par Jésus pour expier les péchés de l'homme, de la jeunesse, les miens, et pour le renoncement aux premiers péchés mortels, surtout dans ma parenté. Amen !

 

Chapelet du Précieux Sang

 

Deuxième jour

 

Prières quotidiennes

 

Les lectures (Exode 12, 1-14 et 21-27), relatent les consignes que donne le Seigneur à son serviteur Moïse pour l’immolation de l’agneau de la Pâque des Juifs. « Ce sera un agneau mâle, sans défaut et sans tâche…immolé entre deux soirs…on la mangera avec des pains sans levain et des feuilles amères…le sang vous servira de signe…vous prendrez un bouquet d’hysope…vous conserverez le souvenir de ce jour et vous le célébrerez pour une fête en l’honneur de l’Eternel, comme une loi perpétuelle pour vos descendants. » 

Jésus est l’Agneau pascal, sans défaut et sans tâche, car sans péché…c’est l’Agneau immolé à quelques heures du Sabbat des juifs qui était tout proche (entre deux soirs)…La communion (l’Hostie) est du pain sans levain, et les feuilles amères rappellent l’acidité du vinaigre donné à Jésus sur une branche d’hysope…Il y a aussi la même consigne donnée par le Seigneur à ces disciples comme celle donnée à Moïse : « Ceci est le Sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, vous ferez cela en mémoire  de Moi » (Jn 6, 47-58).

Prions en l’honneur de la deuxième effusion du Sang de Jésus : L’Agonie au jardin de Gethsémani : « Père Eternel, par les mains immaculées de Marie et le Divin Cœur de Jésus, je t'offre les douleurs horribles du Cœur de Jésus au jardin des Oliviers, et chaque goutte de sa sueur de sang pour expier tous les péchés de cœur, les miens, pour le renoncement à de tels péchés et pour l'accroissement de l'amour de Dieu et du prochain ».

 

Chapelet du Précieux Sang

 

Troisième jour

Prières quotidiennes

 

Moïse (Exode 24, 1-11) dresse « l’autel et immole les taureaux en sacrifice d’action de grâces, fait la lecture du Livre de l’Alliance, et présente le sang comme celui de l’alliance avec l’Eternel ». Cette scène préfigure l’Eucharistie qui signifie « action de grâces » où se déroulent à la fois la Liturgie de la Parole et l’Eucharistie, et où Jésus présente son Sang comme celui de l’Alliance nouvelle et éternelle.

Prions en l’honneur de la troisième effusion du Sang de Jésus : La Flagellation : « Père Eternel, par les mains immaculées de Marie et le Divin Cœur de Jésus, je t'offre les milliers de plaies, les douleurs cruelles et le précieux Sang de Jésus lors de sa flagellation, pour tous les péchés de la chair, les miens, pour le renoncement à de tels péchés et pour la conservation de l'innocence, surtout dans ma parenté. Amen ! ».

 

Chapelet du Précieux Sang

 

Quatrième jour

 

Prières quotidiennes

 

Jésus parle de son Corps et de son Sang (Jn 6, 47-58), sources de salut éternel. Aux Juifs, en Egypte, le sang a servi de signe sur les maisons pour leur salut, devant le passage de l’ange destructeur envoyé par l’Eternel pour frapper. Jésus, quant à lui, est « le signe qu’il donne pour cette génération qui lui demandait un signe, comme Jonas a été un signe de conversion pour les habitants de Ninive ». (Lc 11, 29-32). Comme Jonas, également, demeuré pendant trois jours dans le ventre de la baleine, le Christ englouti dans le ventre de la terre, après avoir versé son Sang, demeure pour nous un signe de conversion et de salut.

Prions en l’honneur de la quatrième effusion du Sang de Jésus : Le Couronnement d’épines : « Père Eternel, par les mains immaculées de Marie et le Divin Cœur de Jésus, je t'offre les plaies, les douleurs et le précieux Sang de la tête sainte de Jésus lors de son couronnement d'épines, pour expier tous les péchés d'esprit de l'homme, les miens, pour le renoncement à de tels péchés et pour l'extension du règne du Christ sur la terre ».

 

Chapelet du Précieux Sang

 

Cinquième jour

 

Prières quotidiennes

 

Matthieu (26, 26-36), présente l’institution de la Sainte Cène, où Jésus inaugure l’Eucharistie: après avoir rendu grâces, il présente son Sang qui est le « Sang de l’Alliance répandu pour beaucoup, pour la rémission des péchés ».

Prions en l’honneur de la cinquième effusion du Sang de Jésus : Le Portement de la Croix : « Père Eternel, par les mains immaculées de Marie et le Divin Cœur de Jésus, je t'offre les douleurs de Jésus sur le chemin de Croix, surtout sa sainte plaie de l'épaule, le Précieux Sang pour alléger le poids de la Croix, mes murmures contre les saintes ordonnances, tous les péchés commis, pour le renoncement à de tels péchés et pour un véritable amour à la Sainte Croix. Amen ! »

 

Chapelet du Précieux Sang

 

Sixième jour

 

Prières quotidiennes

 

Jean (19, 17-36) nous présente la Passion du Christ, avec Jésus qui est chargé de sa Croix. C’est l’accomplissement de la Parole proclamée depuis des millénaires par les Patriarches et les prophètes, quand Jésus dit : « Tout est accompli et il rendit l’esprit ». Cependant il restait un dernier grand acte pour que le rachat se fasse totalement, il manquait l’élément le plus important : il fallait que le Sang Précieux de l’Agneau Pascal coule. Sans le savoir, ce soldat, par son geste, a fait couler ce Sang Précieux sur notre terre maudite après le péché d’Adam, assurant ainsi notre salut véritable. « Il sortit alors du sang et de l’eau. Ces choses sont arrivées afin que l’Ecriture fût accomplie ».

Prions en l’honneur de la sixième effusion du Sang de Jésus : le Crucifiement : « Père Eternel, par les mains immaculées de Marie et le Divin Cœur de Jésus, je t'offre ton Divin Fils, cloué et élevé sur la Croix, ses plaies aux mains et aux pieds et tout Son Précieux Sang versé pour nous, son extrême pauvreté, son obéissance parfaite, toutes les affres de son Corps et de son Ame, sa précieuse mort et son mémorial non sanglant dans toutes les Saintes Messes de la terre ; pour expier toutes les atteintes aux vœux et aux saintes institutions, en satisfaction de mes péchés et ceux du monde entier, pour les malades et les mourants, pour obtenir de saints prêtres et laïcs, aux intentions du Saint Père, pour la restauration de la famille chrétienne, pour fortifier et encourager la foi, pour notre pays, pour l'unité des peuples dans le Christ et Son Eglise, ainsi que dans tous les pays où les Chrétiens sont en minorité. Amen ! »

 

Chapelet du Précieux Sang

 

Septième jour

 

Prières quotidiennes

 

Isaïe (53), prophétise sur la Passion du Christ, un Christ défiguré : « méconnaissable, portant nos souffrances… l’Eternel fait tomber sur Lui nos iniquités… semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie… qui a livré sa vie en sacrifice pour le péché, acte qui nous a apporté le salut » Dans (1 Pi 1, 17-21), l’Apôtre confirme que « nous avons été rachetés par le Sang Précieux de Jésus-Christ, agneau sans défaut et sans tâche ».

Prions en l’honneur de la septième effusion du Sang de Jésus : Le Percement du cœur par la lance du soldat : Père Eternel, accepte, pour le besoin de la Sainte Eglise et en expiation des péchés des hommes, ces précieux dons, Eau et Sang, jaillis de la plaie du Divin Cœur de Jésus : Sang du Christ, dernier contenu de Ton Sacré Cœur, lave-moi et purifie-moi de tous mes péchés coupables... Eau du côté du Christ, lave-moi et purifie-moi de mes premiers péchés et sauve-moi, ainsi que toutes les pauvres âmes, des flammes du purgatoire. Amen ! »

 

Chapelet du Précieux Sang

 

Huitième jour

 

Prières quotidiennes

 

 

La lecture (He 9, 1-28), rappelle toute l’historique des deux Alliances (ancienne et nouvelle) et les ordonnances liées au culte : il fallait un sacrificateur et une victime expiatoire, et le sang de cette victime (un agneau sans tâche, un agneau sans défaut). « C'est par le Sang de Jésus, et non par le sang des taureaux et des boucs, que nous avons été rachetés ; c'est par Son propre Sang que le Christ est entré une fois pour toutes dans le Saint des Saints, après avoir acquis une rédemption éternelle. Il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés, et tandis que « tout sacrificateur fait chaque jour le service et offre souvent les mêmes sacrifices, qui ne peuvent jamais ôter les péchés, Lui, après avoir offert un seul sacrifice pour les péchés, s'est assis pour toujours à la droite de Dieu » (He 10, 11-12). Jésus est à la fois le sacrificateur et la victime. Il est le seul Sacrificateur saint qui peut entrer dans le Saint des Saints, car Il est Homme et Dieu, c’est lui seul qui pouvait être l’Agneau sans tâche, car aucun sang d’animal ne pouvait ôter le péché, et aucun homme (simple) ne pouvait tout autant ôter le péché ; il fallait que cet homme soit pur, sans péché… Il n’existe aucun homme sur terre sans péché (ou saint).

L’unique solution ne pouvait venir que de Jésus, le seul homme saint, car il est Dieu. Et il est Homme. C’est Lui, l’unique Agneau sans tâche et sans défaut, qui pouvait enlever le péché du monde. Et par amour pour nous et par obéissance à Son Père, il se livre en sacrifice. La Parole dit : « C'est pourquoi Christ, entrant dans le monde, dit: Tu n'as voulu ni sacrifice ni offrande, Mais tu m'as formé un corps ; Tu n'as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour le péché. Alors j'ai dit: Voici, je viens (Dans le rouleau du livre il est question de moi) pour faire, ô Dieu, ta volonté. Après avoir dit d'abord: Tu n'as voulu et tu n'as agréé ni sacrifices ni offrandes, ni holocaustes ni sacrifices pour le péché (ce qu'on offre selon la loi), il dit ensuite: Voici, je viens pour faire ta volonté. Il abolit ainsi la première chose pour établir la seconde. » (He 10, 5-9 ; Ps 40, 7-9)

O Sang très précieux, source de la vie éternelle, prix et rançon de l'univers, bain sacré de nos âmes, qui défendez sans cesse la cause des hommes près du trône de la suprême miséricorde, je vous adore profondément. Je voudrais, s'il était possible, compenser les injures et les outrages que vous recevez continuellement de la part des hommes, et surtout de la part de ceux qui osent blasphémer. Qui pourrait ne pas bénir ce Sang d'une valeur infinie, ne pas être enflammé d'amour pour Jésus qui l'a répandu ?

Que serais-je devenu, si je n'avais été rache­té par ce Sang Divin, que l'amour a fait sor­tir jusqu'à la dernière goutte des veines de mon Sauveur ? O amour immense, qui nous avez donné ce baume salutaire ! O baume inestimable, qui provenez de la source d'un amour infini ! Je vous en conjure, que tous les cœurs et toutes les langues vous louent, vous bénissent et vous rendent grâce, maintenant, toujours. Amen !

 

Chapelet du Précieux Sang

 

Neuvième jour

 

Prières quotidiennes

 

Les lectures (Ap 5, 1-10 et Ap 7, 9-17) proclament l’Agneau Immolé, Jésus-Christ, comme le « Seul digne de prendre le Livre et d’en ouvrir les sceaux, car il a racheté les hommes par son Sang versé. Et pour cela, Dieu l’a élevé en gloire et toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, sur la mer, et tout ce qui s'y trouve, disent : A celui qui est assis sur le trône, et à l'Agneau, soient la louange, l'honneur, la gloire, et la force, aux siècles des siècles ! » Et avec eux, établis dans cette gloire, se trouve « la foule des saints, revêtus de robes blanches… Ils ont lavé leurs robes, et ils les ont blanchies dans le Sang de l'Agneau… Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif» ( Jn 6,54).

C’est la promesse que notre Seigneur et notre Dieu fait aussi à chacun de nous. Que son Sang précieux (qui est le Sang de Dieu fait Homme) nous garde et nous protège! Que Son Sang Précieux nous délivre du Mal ! Amen !

 

Prière de Consécration au Précieux Sang de Jésus-Christ

 

Jésus, mon Seigneur et mon Dieu, je me consacre à la toute puissance de Votre Précieux Sang. Je viens me réfugier dans Vos Saintes Plaies afin que, par Votre Passion et par Votre Croix, je vienne épouser tout de Vous et m'offrir sans retenue à Votre Sainte Volonté, afin que mes blessures se noient en Vos plaies, et que Vos souffrances, Jésus, trouvent apaisement et reconnaissance en mon cœur. Que chaque instant de mon existence et celle de mes proches soit sous la protection de Votre Sang Précieux. Que mes pas s'harmonisent à Vos pas afin que Votre Amour jaillisse de mon cœur comme il a été offert au monde du haut de la Croix. Seigneur Jésus, je Vous aime, je crois en Vous, j'ai confiance en Vous. Amen !

 

Chapelet du Précieux Sang

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Prières au Très Précieux sang

 

Litanies du Précieux Sang de Jésus Christ

 

(Ces Litanies furend rédigées sur l'ordre du Saint-Père Jean XXIII par la Congrégation des Rites. Elle est particulièrement recommandée à l'usage de tous les fidèles).

 

Seigneur, ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus Christ, ayez pitié de nous, Jésus Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous

Jésus Christ, écoutez-nous, Jésus Christ, écoutez-nous
Jésus Christ, exaucez-nous, Jésus Christ, exaucez-nous

Père Céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Fils Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Esprit Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous,

Sang du Christ, Verbe de Dieu fait homme, ayez pitié de nous
Sang du Christ, alliance nouvelle et éternelle, ayez pitié de nous
Sang du Christ, qui coula au Jardin des Oliviers, ayez pitié de nous
Sang du Christ, qui fut versé à la Flagellation, ayez pitié de nous
Sang du Christ, qui jaillit au Couronnement d'épines, ayez pitié de nous
Sang du Christ, qui fut versé sur la Croix, ayez pitié de nous
Sang du Christ, rançon de notre salut, ayez pitié de nous
Sang du Christ, sans lequel il n'est point de pardon, ayez pitié de nous
Sang du Christ, breuvage eucharistique, ayez pitié de nous
Sang du Christ, fleuve de Miséricorde, ayez pitié de nous
Sang du Christ, victoire sur les démons, ayez pitié de nous
Sang du Christ, force des martyrs, ayez pitié de nous
Sang du Christ, soutien des confesseurs, ayez pitié de nous
Sang du Christ, source vivifiante de pureté, ayez pitié de nous
Sang du Christ, soutien de ceux qui sont en péril, ayez pitié de nous
Sang du Christ, secours de ceux qui pleurent, ayez pitié de nous
Sang du Christ, espérance des pénitents, ayez pitié de nous
Sang du Christ, réconfort des agonisants, ayez pitié de nous
Sang du Christ, paix et joie des cœurs, ayez pitié de nous
Sang du Christ, gage de la vie future, ayez pitié de nous
Sang du Christ, délivrance des âmes du purgatoire, ayez pitié de nous
Sang du Christ, digne de toute gloire et de toute louange, ayez pitié de nous,

Agneau de Dieu, qui enlevez le péché du monde, exaucez-nous Seigneur
Agneau de Dieu, qui enlevez le péché du monde, délivrez-nous Seigneur
Agneau de Dieu, qui enlevez le péché du monde, ayez pitié de nous Seigneur,

Vous nous avez rachetés, Seigneur par Votre Précieux Sang,
Vous nous avez rendus héritiers du Royaume de Dieu.

Dieu Tout Puissant et Eternel, qui avez envoyé Votre Fils unique pour sauver le monde, et nous avez réconciliés avec Vous par l'Offrande de Son Précieux Sang, nous Vous prions de nous accorder la Grâce de vénérer dignement ce qui fut le prix de notre salut et d'être protégés, par les Mérites de ce Précieux Sang, des adversités de cette vie, afin que nous puissions jouir éternellement de Vos Bienfaits dans le Ciel. Par Jésus Christ notre Seigneur. Amen.

 

Prière au Précieux Sang

 

Recevez l’Esprit de soumission car Moi-même J’ai été soumis. Recevez l’Esprit d’humilité car Moi-même J’ai été humble. Recevez Mon Esprit et gardez-le. Le sang d’Abel a crié, mais Mon Sang que J’ai versé est plus fort que le sang d’Abel. Il parle plus fort. Il est puissant. Il brise le joug de l’ennemi. Il renverse les superbes. Et Il donne de la puissance aux humbles et aux petits. Mon Sang vous délivre de tout ce qui est mauvais. Recevez Mon Sang maintenant ! Le Sang du Christ vous ramène à Lui ; Le Sang du Christ vous restaure ; Le Sang du Christ vous attache au Christ ; Le Sang du Christ vous donne la résurrection ; Le Sang du Christ vous apporte la grâce de vivre en Son Nom ; Le Sang du Christ vous apporte la grâce de vivre au Nom de Dieu, le Père Tout-Puissant ; Le Sang du Christ vous accompagne. Le Sang du Christ vous protège. Le Sang du Christ anéantit, casse et brise vos chaînes. Le Sang du Christ déterre vos vies. Le Sang du Christ restaure vos vies.

 

Prière quotidienne au Précieux Sang

 

C'est par la voix de votre Sang, ô Seigneur Jésus que je viens vous presser, vous solliciter, vous importuner. Trop de grâces, trop de miséricordes ont jailli de vos plaies pour que je n'espère pas jusqu'à la fin en l'efficacité du Sang qui en découle ! O Jésus, par votre Sang sept fois répandu, par chacune des gouttes du prix sacré de ma rédemption, par les larmes de votre Mère Immaculée, je vous en conjure, je vous en supplie, exaucez mon instante prière (dire maintenant vos intentions de prière au Seigneur Jésus, en invoquant la puissance de son Précieux Sang…) O vous qui, aux jours de votre vie mortelle, avez consolé tant de souffrances, guéri tant  d'infirmités, relevé tant de courages, ayez pitié de moi ! O Jésus, hâtez le moment où vous changerez mes pleurs en allégresse, mes gémissements en actions de grâce. O Marie, Source du Sang divin, je vous en conjure, ne laissez pas perdre cette occasion de faire glorifier le Sang qui vous a faite Immaculée. Amen.

Nous vous en supplions, Seigneur, secourez vos serviteurs que vous avez rachetés par votre Sang Précieux.

 

Consécration au Précieux Sang de Jésus Christ

 

Miséricordieux Jésus, conscient de mon néant et de la Grandeur Divine, je me jette à Vos Pieds pour Vous remercier des nombreuses Grâces que Vous m'avez accordées, particulièrement celles de m'avoir délivré, par la Vertu de Votre Précieux Sang, du pouvoir néfaste de Satan. En présence de la Vierge Marie, ma Mère, de mon saint Ange Gardien, de mes saints Patrons et de toute la Cour Céleste, je me consacre librement et d'un cœur sincère à Votre Sang Précieux, ô Jésus, au moyen duquel Vous avez sauvé le monde du péché, de la mort et de l'enfer. Je Vous promets, avec le secours de Votre Sainte Grâce, de susciter et de répandre de toutes mes forces et selon mes moyens, la dévotion à Votre Précieux Sang, gage de notre salut, afin que Votre Sang Adorable soit honoré et glorifié. Je voudrais, par ce moyen, réparer mes infidélités envers Votre Précieux Sang, signe de Votre Amour, et faire amende honorable pour les nombreuses profanations des hommes à l'égard de Votre Sang Rédempteur. Ne Vous souvenez plus de mes propres péchés, de mes froideurs et de mes ingratitudes. C'est pourquoi je Vous offre, ô Jésus, l'Amour, la Vénération et l'Adoration de votre très Sainte Mère, de Vos disciples fidèles et de tous les saints à l'égard de Votre Précieux Sang. Je Vous supplie de ne plus Vous souvenir de mes infidélités et froideurs passées et de pardonner à tous ceux qui Vous ont offensé. Aspergez-moi, ô mon Divin Sauveur, ainsi que tous les hommes, de Votre Précieux Sang, afin que désormais, nous Vous aimions de tout notre cœur, ô Amour Crucifié, et vénérions en tout temps dignement le prix de notre salut. Amen.

 

Le CD de la neuvaine est disponible à la librairie d’Etoile Notre Dame ICI

 

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Téléchargez le texte de cette Neuvaine (Pdf) en cliquant ici

 

19 juin 2017

Film Monsieur Vincent

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Monsieur Vincent

 

Curé et précepteur, Vincent de Paul entreprend de venir en aide aux miséreux. Alors qu'il prend ses fonctions dans sa nouvelle paroisse, une terrible épidémie de peste s'abat sur la région. Dévoué jusqu'au sacrifice à la cause qu'il défend, Vincent de Paul sera canonisé.

Un film de Maurice Cloche, sorti en 1947, avec Pierre Fresnay

(Noir et blanc, 1h54)

 

 

Ce film est disponible en vidéo à la demande sur toutes les bonnes plateformes de VOD,

ainsi qu'en DVD chez Studio Canal que vous pourrez trouver assez facilement auprès de vos distributeurs habituels.

 

15 juin 2017

Le Jubilé des 400 ans du Charisme de Saint Vincent De Paul

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Le 400e anniversaire du charisme vincentien

Réflexion de P. Maloney

 

Saint Vincent a toujours regardé 1617 comme étant l’anniversaire de sa Famille. Même si  ses trois principales fondations avaient trois dates de naissance juridiques bien distinctes – les Confraternités de la Charité en 1617, la Congrégation de la Mission en 1625, et les Filles de la Charité en 1633 – Vincent a constamment regardé 1617 comme étant l’année où tout a commencé. Il eut deux expériences cette année-là qui ont transformé sa vie.

La première a eu lieu à Gannes-Folleville, au nord de Paris. En accompagnant Madame de Gondi alors qu’elle rendait visite à des employés sur la propriété de sa famille, il fut appelé  au chevet d’un paysan mourant qui avait la réputation d’être saint. Vincent l’encouragea à faire une confession générale. Le paysan s’épancha auprès de Vincent et confessa de choquants péchés qu’il avait retenus en lui depuis des années. Quand il reçut l’absolution, il se sentit libéré et empli de joie. Il appela sa famille, ses voisins et Madame de Gondi elle- même et leur raconta son histoire.

Trois jours plus tard, il mourut. Grâce à l’aide de Madame de Gondi, Vincent organisa rapidement une mission populaire pour ceux vivant dans cette région, en mettant l’accent sur l’importance d’une confession générale. Les gens s’y pressèrent. Le 25 janvier 1617, il fit un sermon à Folleville qui fut puissant et facile à saisir. Après cela, les confessions furent si nombreuses qu’il fallut chercher de nouveaux prêtres pour les entendre. En repensant à son “premier sermon de la Mission”, plus de 40 ans plus tard, il considéra cet événement comme étant le début de la Congrégation de la Mission.

Plus tard cette année-là, il devint Pasteur à Châtillon-sur-Chalaronne dans le Sud-Ouest de la France. Là-bas, autour du mois d’août 1617, il eut une deuxième expérience qui changea sa vie. Ayant appris que les membres d’une famille de sa paroisse étaient assez malades, il fit appel à ses paroissiens dans son sermon afin de les aider. Plus tard ce jour-là, il rencontra de nombreuses femmes qui revenaient de la maison des malades. Il se rendit compte que la charité devait être mieux organisée. Il se demanda alors : « Ces femmes ne pourraient-elles pas être rassemblées et encouragées à se consacrer à Dieu pour  servir  ces  pauvres  malades ? ». En y repensant des décennies plus tard, il considéra cette question comme l’appel de Dieu à fonder les Confraternités des Charités, dont il écrivit la première Règle quelques mois plus tard, et les Filles de la Charité dont l’existence juridique remonte à 16 années plus tard.

Mission (Folleville) et Charité (Châtillon) étaient au cœur de l’action de Vincent envers les pauvres. Il a exhorté ses disciples à servir les pauvres “spirituellement et corporellement” à travers “la parole et le travail” et il a apporté de grandes compétences d’organisation à la tâche.

Depuis 1617, plus de 300 branches ont germé sur l’arbre de la Famille Vincentienne. Certaines de ses branches sont de minuscules pousses. D’autres, comme la Société de saint Vincent de Paul, avec 800 000 membres dans 150 pays sont des branches robustes. Chacune a ses propres nuances dans la spiritualité. Cette diversité est saine et enrichissante. Cependant, au milieu de cette diversité, les branches de la Famille partagent également une riche spiritualité en commun. Cinq éléments en ressortent. C’est une spiritualité qui :

1) Qui mêle la prière à l’action

Écrivant à un prêtre de la Congrégation de la Mission en 1657, saint Vincent présentait comme « deux vertus centrales de Jésus, sa relation filiale avec le Père et sa charité envers son prochain. » il estimait la combinaison de la prière et de l’action comme étant indispensables.

donnez-moi quelqu’un qui prie”, s’exclamait Saint Vincent, “et il sera capable de tout ! En même temps, il déclara, “Aimons Dieu, mes frères et sœurs, aimons Dieu mais que ce soit à  la force de nos bras et à la sueur de notre front!”

De quelle manière pourrions-nous mieux intégrer la prière et l’action tandis que nous servons les pauvres?

2) Qui est entièrement christocentrique

A plusieurs reprises, Vincent a mis l’accent sur la centralité du Christ. En écrivant les  règles pour les différents groupes qu’il fonda, il les exhorta tous à voir le visage de Dieu dans celui des pauvres. Il les encouragea à méditer sur les “mystères” de Jésus : les événements  de sa vie, de sa mort et de sa résurrection. Il dit à son ami de longue date, le Père Portail : “Rappelez-vous, nous vivons en Jésus-Christ au travers de la mort de Jésus Christ et nous mourons en Jésus-Christ au travers de la vie de Jésus-Christ. Notre vie doit être cachée en Jésus-Christ et emplie de Jésus-Christ. Pour mourir comme Jésus-Christ, nous devons vivre comme Jésus-Christ.”

Comment entrer davantage dans la vision de la foi qui a permis à Vincent de voir le visage du Christ dans celui des pauvres?

3) Qui rend la simplicité centrale

Vincent a declaré explicitement que la simplicité était “[son] évangile”. Il l’a appelée “la vertu  que  j’aime   le  plus.”               Il  a  souligné  deux  aspects  de  la  simplicité    en  particulier, particulièrement: la simplicité du discours et la simplicité dans le style de vie. Il a exhorté toutes ses fondations initiales – les Confraternités de la Charité, la Congrégation de la Mission et les Filles de la Charité – à faire de la simplicité une valeur centrale dans leurs vies.

Comment pouvons-nous apprendre à parler et à vivre plus simplement tandis que nous servons les pauvres?

4) Qui est fondée sur l’humilité

Il n’est pas de vertu à propos de laquelle Vincent ait parlé de manière plus éloquente qu’au sujet de l’humilité. Il a déclare qu’elle était “la fondation de toute perfection évangélique, le cœur de toute vie spirituelle.” Il voulait que nous regardions les plus défavorisés comme étant “nos Seigneurs et nos Maîtres”. Il insista sur l’écoute “du plus petit de nos frères et sœurs” et nous exhorta à collaborer les uns avec les autres.

Comment pouvons-nous être plus à l’écoute des pauvres, tandis que nous discernons  leurs besoins?

5) Qui s’exprime dans la charité créatrice

L’une des citations les plus citées de Vincent est “L’amour est créatif, même à l’infini.” Le contexte de cette déclaration est différent de celui que nous imaginons habituellement. Quand Vincent utilisa cette phrase, il parlait de la créativité de Jésus dans l’institution de l’Eucharistie. Pourtant la phrase est facilement applicable à Vincent lui-même et à ses disciples. En réponse aux événements, Vincent manifesta une liberté remarquable. Il conçut de nouvelles solutions et créa de nouvelles institutions afin de faire face aux problèmes récurrents des personnes marginalisées et abandonnées.

De quelles manières pourrions-nous être plus inventifs alors que nous servons les pauvres?

Vincent identifia les cinq éléments mentionnés plus haut comme étant essentiels à une spiritualité saine. Il était profondément convaincu de leur importance. En fait, il a été jusqu’à déclarer que sans l’un d’entre eux, nous cesserions d’exister en tant que Famille.

 

Présentation de la célébration du 400e anniversaire du charisme vincentien en 2017

 

Chers responsables et membres de la Famille Vincentienne,

 

Comme il a été annoncé en janvier lors de notre réunion internationale de la Famille Vincentienne à Rome, l’année 2017 marque le 400e anniversaire de la naissance du charisme vincentien.

La Commission de la Collaboration de la Famille Vincentienne, après avoir reçu l’approbation du Comité Exécutif de la Famille Vincentienne ainsi qu’un accueil enthousiaste des délégués à Rome, vous présente maintenant l’Initiative Mondiale de notre Famille Vincentienne pour la célébration de cette année.

Une note spéciale aux responsables internationaux: Prière de veiller à ce que le plan de travail de votre branche soit envoyé, avant le 1er octobre 2016 au P. Joe Agostino, CM à l’adresse email vfo@famvin.org.

Que le Seigneur bénisse tous nos efforts pour accueillir l’étranger parmi nous.

Fr. Greg Gay

 

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« J’étais un étranger et vous m’avez accueilli… »

Une initiative mondiale de la Famille Vincentienne pour célébrer le 400e anniversaire du charisme vincentien en 2017.

En 2017, nous célébrons le 400e anniversaire de la naissance du charisme vincentien. C’était en 1617, alors qu’il prêchait dans l’église paroissiale de Châtillon, que Vincent a exhorté sa congrégation à assumer la responsabilité d’une famille pauvre de la paroisse qui était gravement malade et avait besoin de nourriture et de réconfort. La famille a été sauvée grâce à la réponse massive à cet appel à l’action et Vincent a par la suite compris que, pour être efficace, la charité doit être bien organisée – un événement qui a changé le monde au cours des 400 dernières années.

Cette histoire rend également vivante un texte de l’Évangile au cœur de la vocation vincentienne que nous partageons – Matthieu 25, 35 : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli ». En tendant la main et en aidant les étrangers parmi nous, nous démontrons notre solidarité avec cet événement de Châtillon et notre unité dans notre vocation vincentienne – nous reproduisons l’exemple du Bon Samaritain dans notre communauté.

Qui sont les étrangers parmi nous aujourd’hui ? La réponse est tellement variée – les réfugiés fuyant l’oppression et la pauvreté, les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays en raison de la guerre civile, les migrants en quête d’une nouvelle vie, les sans-abris, ceux qui affrontent seuls une maladie physique ou mentale, ceux qui souffrent de la discrimination peut-être à cause de leur foi ou de leur race ou de leur couleur, les personnes solitaires et vulnérables, jeunes et vieux. Beaucoup de ces personnes et de ces problèmes sont déjà des zones familières d’action pour les membres de la Famille Vincentienne à l’échelle mondiale. Cependant, pouvons-nous faire davantage ? Y a-t-il de nouvelles pauvretés émergentes auxquelles nous sommes appelés à répondre ?

Pour célébrer le 400e anniversaire de la naissance du charisme vincentien, les responsables internationaux de la Famille Vincentienne aimeraient inviter tous les membres de la Famille Vincentienne dans le monde entier à examiner comment nous pourrions mieux accueillir les étrangers dans nos communautés en faisant d’eux le centre du 400e anniversaire du charisme vincentien.

L’année d’accueil de l’étranger se déroulera du 1er janvier au 31 décembre 2017. Il sera lancé officiellement par le P. Gregory Gay, Supérieur Général de la Congrégation de la Mission, le 15 mai 2016, en la fête de la Pentecôte.

Cette date est particulièrement importante pour notre Famille Vincentienne. Elle marque aussi la fin de l’Année de la Collaboration, avec le lancement d’un appel à l’action et une invitation à découvrir des moyens concrets pour rejoindre les étrangers dans notre milieu. Elle nous relie aussi plus profondément avec l’Eglise universelle qui, sous la direction du Pape François, célèbre le Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde.

A partir du 15 mai 2016, les responsables internationaux de la Famille Vincentienne se chargeront de l’élaboration d’un processus de réflexion et de consultation avec leur branche particulière de la Famille, dans une étroite collaboration avec leurs organismes régionaux et nationaux. Ils sont invités à se concentrer sur les questions suivantes :

  • Qui sont les étrangers parmi nous ?

  • Comment les soutenons-nous actuellement ?

  • Quels sont les nouveaux besoins qui émergent ?

  • Comment pourrions-nous répondre à ces besoins ?

  • Se pourrait-il que nous soyons les étrangers ayant besoin d’accueil ?

Cette consultation et les idées nouvelles qu’elle suscitera permettra à chaque branche de la Famille Vincentienne d’élaborer, d’ici octobre 2016, un plan de travail à exécuter en 2017. Ces plans de travail seront ensuite transmis à la Commission de la Collaboration de la Famille Vincentienne qui coordonnera et soutiendra ces activités à l’échelle mondiale grâce à la production de matériaux de réflexion et de célébration, ainsi que la promotion de l’Année et des activités réalisées sur le site web FamVin.org. La Commission se chargera également d’élaborer un rapport final sur les résultats et l’impact de cette initiative d’ici mi-2018 afin que nous puissions évaluer le résultat de nos actions à l’échelle mondiale.

Lorsque la Famille Vincentienne a des liens étroits sur le terrain, nous encourageons la Famille à collaborer à l’échelle locale, régionale, nationale ou internationale. Comme Vincent de Paul lui-même l’a reconnu, nous sommes meilleurs et plus efficaces lorsque nous travaillons ensemble.

Accueillir les étrangers parmi nous doit également être considéré comme une invitation à tous ceux qui partagent (ou pourraient être intéressés à) nos valeurs vincentiennes, notre mission ou notre spiritualité. Les personnes que nous servons actuellement sont aussi capables d’accueillir des étrangers que nous – si nous les invitons à le faire. Cela ne dépend pas de la puissance ou de la richesse ou de la hiérarchie. C’est une occasion pour tous et pour chacun de faire partie de notre famille et de participer à nos célébrations au cours de l’année.

 

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Le Logo des 400 ans du charisme vincentien

 

 

Le Père Alexis Cerquera Trujillo, nous a partagé le logo qu’il a préparé pour les « 400 ans du charisme vincentien.

 

Explication du logo

 

Il est construit à partir d’une figure basique : le cercle… (le monde, l’histoire, la vie… etc) Ce cercle est défini par différentes lignes qui s’organisent d’une manière « rayonnante » en différentes couleurs (rouge, vert, bleue)…

Ces lignes ou ces traits, symbolisent les congrégations, les groupes, les associations qui ont été fondés à partir du charisme vincentien. Ils  symbolisent aussi la société avec ses imperfections et ses joies, ses espérances et ses fatigues…

Ce cercle fait un lien entre deux étoiles qui rappellent les deux «lieux théologiques » où Vincent de Paul a vu la trace de Dieu dans sa vie et que par ses propres paroles sont devenus des événements majeurs : Gannes-Folleville et Châtillon-les-Dombes.

Les étoiles : leur place rappelle la situation géographique sur le territoire français. Elles sont liées par une croix de lumière qui  rappelle la résurrection et la pentecôte.

La croix nous rappelle qu’elle est signe d’un Esprit toujours nouveau qui nous habite et nous invite à vivre comme famille vincentienne dans notre monde, raison par laquelle le visage de Vincent se trouve dans le croisement de la croix.

 

Textes extraits du site famvin

 

A l'occasion du Jubilé des 400 ans du Charisme de Saint Vincent de Paul,

je vous invite à prier, pendant le mois de Juillet le Mois de Saint Vincent de Paul,

rendez-vous le 30 juin prochain

 

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30 mai 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

ND des Coeurs

Trente-et-unième jour

Notre Dame des Cœurs


Pour terminer cette revue incomplète et rapide des noms sous lesquels la sainte Vierge est honorée chez nous, étudions un vocable inventé, je crois, par le Père Montfort, grand missionnaire et non moins grand serviteur de Marie : Notre-Dame des Coeurs.

Au mois de juin 1710, le Bienheureux donnait les exercices d’une mission à Saint Donatien, alors paroisse rurale et séparée du faubourg Saint Clément par une vaste lande. La population accueillit l’homme de Dieu avec faveur, et ses prédications eurent un plein succès. Son zèle lui fit pourtant, là comme ailleurs, courir quelques dangers. Il apprend, un dimanche, que des jeunes gens, attablés dans un de ces cabarets qui pullulent aux abords des grandes villes, y causent du scandale. Le saint homme n’hésite pas ; seul, car nul n’accepte de l’accompagner, il se rend en ce mauvais lieu. La salle est remplie et l’on devine les scènes qui s’y déroulent, au soir d’une journée passée tout entière en débauches : les uns hurlent, de leurs voix avinées, des refrains obscènes ; d’autres se livrent, au son d’instruments criards, à des danses effrénées ; d’autres, enfin, se querellant, vomissent à pleine bouche les injures et les blasphèmes. Montfort s’agenouille au milieu de la salle et récite un Ave Maria ; puis, se relevant, il brise les instruments de musique et renverse les tables des buveurs. Ce fut, tout d'abord, de la stupeur chez ceux-ci ; ce fut bientôt de la colère : dix épées sortirent du fourreau. Le Bienheureux se dresse, calme et intrépide, devant ces furieux, son chapelet dans une main, dans l’autre un crucifix. Les malheureux ne purent supporter la flamme de son regard ; ils s’enfuirent, laissant le prêtre seul avec l’aubergiste auquel il s’efforça de faire comprendre l’indignité de sa conduite.

Inutile d’ajouter que, avec un tel apôtre, la mission fut admirablement fructueuse. La procession de clôture fut magnifique. Montfort avait fait exécuter par les dames de la paroisse quatorze grands étendards en satin, destinés a être portés en tête d’autant de groupes distincts de fidèles, qu’il appelait ses escadrons. Le cortège se déroula splendide, dans la campagne, et quand la foule se fut assemblée autour du trône champêtre sur lequel avait été placé le très saint Sacrement, le prédicateur parla de manière à tirer les larmes de tous les yeux.

Comment oublier de pareilles scènes et les enseignements donnés par un tel apôtre ! Celui-ci, d’ailleurs, laissait deux monuments chargés de perpétuer le souvenir de son œuvre. Le premier était un calvaire qui, plusieurs fois renouvelé, se dresse encore, au chevet de la basilique actuelle, dans le cimetière paroissial ; le second était une chapelle de la sainte Vierge. À deux pas du calvaire qu’on érigeait, dans l'enceinte du même cimetière, existait une vieille et pauvre chapelle ; un évêque de Nantes, du VIe siècle, Epiphane (569-515), l'avait bâtie, au retour d'un voyage en Palestine, y avait déposé des reliques de saint Etienne et la lui avait dédiée. Il y était venu plus tard dormir son dernier sommeil, et nous avons vu naguère un débris de son tombeau récemment découvert. Le petit sanctuaire avait traversé les siècles et les révolutions sans grands dommages, et, malgré quelques injures du temps et quelques remaniements, on pouvait le dire intact. Toutefois, il n‘avait plus guère que les apparences d’une chapelle. Dubuisson-Aubenay écrivait, en 1637 : « C’est sans contre-dit la plus ancienne muraille d’église qui soit à Nantes debout, voire l’une des plus anciennes qui soient en France. Elle est comme abandonnée et relante ». Cinquante ans plus tard, l’archidiacre Binet constatait qu’elle n’était pas en meilleur état : les murs étaient toujours solides et la charpente bonne ; on y voyait encore un autel surmonté d’une « image en bosse d’un sainct Estienne passable » ; mais il n’y avait plus aucune trace de lambris ni de carrelage, et l’archidiacre n’hésitait point à qualifier d’ordures » les débris de toute sorte qu’on y avait accumulés.

Le missionnaire, dont le cœur avait bondi plus d’une fois devant le délabrement et la malpropreté d’un grand nombre d’églises de campagne, et qui pressait les populations de rendre la maison de Dieu digne du Maître qui l’habite, dut être péniblement impressionné en voyant le triste abandon d’un sanctuaire si respectable : et peut-être commenta-t-il au peuple, en les lui faisant chanter, les vers qu’il avait composés à Cambon, l’année précédente :

« L’église est dans l’oubli, l’autel est dépouillé,

Le pavé tout brisé, le toit sans couverture,

Les murs tout écroulés et tout couverts d'ordure ».


Heureusement ici les murs et le toit étaient en assez bon état et il fut facile de rendre la chapelle décente. Mais puisqu'elle était depuis longtemps abandonnée et le culte de saint Etienne mis en oubli, pourquoi ne la consacrerait-on pas à Marie ? Il en fut ainsi décidé. Quant au choix du vocable, Montfort n‘hésita point. Déjà, quelques années plus tôt (1704), au cours d’une mission qu’il prêchait au faubourg de Montbernage, à Poitiers, il avait transformé une grange en chapelle et l’avait dédiée à Marie, Reine des Coeurs. Les habitants du faubourg étaient pauvres, et le missionnaire fournit lui-même la statue que l’on y vénère toujours ; il y ajouta un cœur couronné d’épines, comme gage de sa consécration personnelle à la reine des Coeurs. Notre Bienheureux avait toujours le même amour pour la sainte Vierge : ce titre qui exprimait si bien la nature de la dévotion qu'il prêchait et sur laquelle il devait écrire un sublime traité, il le donna à la chapelle de Saint Donatien.

Les dames généreuses, qui s'étaient chargées des quatorze étendards dont nous avons parlé, aidèrent sans doute le missionnaire a meubler le nouveau sanctuaire de Marie, et il est a croire qu‘elles placèrent une statue de la Reine des Coeurs à côté de la vieille « image » de saint Etienne. L’une d’elles, la plus riche et probablement la plus généreuse, devait connaître Montfort, et c'est peut-être à son appel qu’il était venu évangéliser cette paroisse. Elle appartenait en effet a une famille de Pontchâteau, et elle avait pu voir, de son manoir familial, les merveilles que le saint homme accomplissait dans la lande de la Madeleine. J’ai nommé Madame de la Tullaye, née Rogier de Crévy. L’antique chapelle avait alors un clocher ; mais il était muet : Montfort voulut lui donner une voix. N’était-ce pas nécessaire ? Il avait établi, dans son oratoire de Montbernage, la pratique du chapelet en commun ; nous avons vu précédemment qu‘il avait l‘ait de même a Saint Similien. Ce n’est pas trop préjuger de son zèle que de croire à l’établissement de cet usage dans le sanctuaire qui nous occupe. Or, comment appeler les fidèles à la prière, sinon par le son de la cloche ? Montfort en demanda une et l'obtint. La bénédiction solennelle en fut faite au cours de la mission, et le Bienheureux en fut le parrain avec Madame de la Tullaye. Le procès-verbal en fut soigneusement dressé, puis signé du parrain et de la marraine, ainsi que de deux prêtres employés sans doute aux exercices, P. Gelineau et P. Tripon. Il est conservé aux archives municipales de Nantes et c‘est, je crois, l'unique preuve qui nous reste dela dédicace de la chapelle Saint Etienne à Notre Dame des Coeurs. Qu’on nous permette, pour ce motif, de le rapporter en entier : « Le 21e jour de juin 1710, on a fait dans la chapelle de Notre Dame des Coeurs, alias de Saint Etienne, dans le cymytière de cette paroisse, la cérémonie de la bénédiction d’une cloche pour servir à la ditte chapelle. Le nom luy a été imposé d’Anne-Marie, par M. Louis de Montfort, prêtre et missionnaire, et par Madame Anne Bogier de Crévy, épouse de Messire François-Salomon de la Tullaye, cons.er du Roy et son procureur général a la C. des C. de B ».

La chapelle de Saint-Donatien fut moins heureuse que celle de Montbernage ; elle perdit à la Révolution sa cloche et sa madone. Le souvenir même du culte qu'on y avait rendu à Notre-Dame des Coeurs s’éteignit. Toutefois la chapelle ne périt point. L'église paroissiale avait été vendue et démolie, et lorsque les prétres revinrent d’exil, le modeste sanctuaire bâti par l'évêque Epiphane treize siècles auparavant restait seul debout. Il abrita les fidèles et servit d'église paroissiale pendant quatre ans, jusqu’au 28 mars 1806. C'est-là, entre ces vieilles murailles, que les deux anciens vicaires, revenus d‘Espagne, reprirent l'exercice de leur ministère ; c’est là que l’un d’eux, M. Jambu, fut installé à la place de son ancien recteur, noyé dans les flots de la Loire ; c’est là qu’un jour ce vénérable pasteur, suppliant ses ouailles d’oublier les injures reçues et les persécutions subies, tira des larmes de tous les yeux.

De tels souvenirs auraient dû rendre la petite chapelle plus chère encore au peuple. Hélas ! dès l'ouverture de la nouvelle église, elle retomba dans l’oubli; elle perdit jusqu’à son nom. Bientôt elle ne fut pour le peuple que la chapelle de Saint Agapit, d’un saint très vénéré dans la paroisse, et dont la statue, après la destruction de sa chapelle, fut placée dans celle de Saint Etienne.

Notre pauvre vieux sanctuaire resta longtemps sans gloire ; et l'on put craindre un instant que l’édifice, élevé par l’évêque Epiphane, allait à jamais disparaître. Un ami de nos antiquités chrétiennes, dévoué surtout à ce qui intéresse le culte des Enfants Nantais et l‘histoire de leur paroisse, le sauva de la ruine. Il fit mieux. Il entreprit de le restaurer. Pour commencer, il y a rétabli la dévotion à Marie Reine des Coeurs.

Par ses soins, un peintre de talent dessina un tableau qui résume l'histoire que nous avons racontée. On y voit, sur un trône et la couronne au front, la Vierge-Mère ; sur ses genoux est son divin Enfant, tenant en main un sceptre et un globe ; le Bienheureux Montfort, agenouillé devant elle, lui présente des deux mains un cœur enflammé ; enfin deux anges, planant au-dessus du groupe, portent des banderoles où on lit ces mots : « Marie Reine des Coeurs – A Jésus par Marie ». Le tableau fut placé dans la chapelle, du côté de l’Evangile et, en 1901, un jour de fête de catéchisme, le culte de Notre Dame des Coeurs fut solennellement rétabli. Déjà des cantiques en son honneur ont été composés ; des Sœurs de la Sagesse, accompagnées des jeunes filles qu’elles élèvent, y sont venues chercher en quelque sorte les traces de leur Père ; plusieurs personnes pieuses ont suivi le. même chemin. Mais ce sont les enfants du catéchisme de première communion qui se montrent les plus empressés à honorer Notre Dame des Cœurs.

Le restaurateur de ce culte savait que le Père Montfort, durant l’année qu'il passa dans la Communauté de Saint-Clément à Nantes, s'était consacré presque exclusivement à l’instruction religieuse des enfants, dans diverses paroisses de la campagne. Est-il croyable, pensa-t-il, que ce saint homme ait oublié la paroisse rurale la plus voisine de sa demeure ? N’est-il pas à croire du moins que, dans ses pèlerinages a la tombe de nos martyrs, il aimait à s‘entretenir avec les petits enfants qu’il trouvait sur sa route et qu’il leur communiquait quelque chose de son amour pour Jésus et pour Marie ? D’ailleurs les cœurs d’enfants, les plus sincères et les plus purs, plaisent par dessus tous les autres au Coeur de Marie. Voilà pourquoi la dévotion à la Reine des Coeurs est pratiquée surtout aujourd’hui par les enfants du catéchisme de Saint-Donatien. À chaque réunion, ils invoquent la Vierge sous ce nom si doux ; souvent ils chantent ses cantiques ; et quand sonnent les heures, ils interrompent la leçon pour redire, sur l’air d'avant-quart de l’horloge, qui sert ainsi d’accompagnement a leur chant, ces paroles empruntées en partie au Bienheureux Montfort : « Tout pour Jésus, tout par Marie: Roi des élus, à vous ma vie ! »

 

C’est le Père Montfort qui nous a fait connaître et honorer Marie, reine des cœurs ; c'est à lui que nous devons demander le sens de cette gracieuse dévotion.

Dans l’Ecriture et dans le langage de l’Eglise, le mot cœur offre plusieurs sens. Il désigne d’abord l’organe de chair qui fait en nous circuler le sang ; mais il est également employé pour signifier tout l’intérieur de l’homme, l’ensemble de ses pensées, de ses désirs, de ses volontés. C’est tout cet ensemble qui constitue le domaine de, la Reine des Cœurs. Écoutez Montfort : « Marie est la Reine du ciel et de la terre par grâce, comme Jésus en est le Roi par nature et par conquête : or connue le royaume de Jésus-Christ consiste principalement dans le cœur et l’intérieur de l’homme, selon cette parole : Le royaume de Dieu est au dedans de vous, de même le royaume de la très sainte Vierge est principalement dans l’intérieur de l’homme, c’est-à-dire, dans son âme, et c’est principalement dans les âmes qu’elle est plus glorifiée avec son Fils que dans toutes les créatures visibles, et nous pouvons l’appeler avec les saints Reine des Cœurs ».

Mais s‘il est dans l’ordre que Marie règne sur tout notre intérieur, règle toutes nos facultés, soit maîtresse de toutes nos volontés, c'est afin de les consacrer à son Fils. Telle est en effet la raison d’être de cette dévotion : soumettre à Marie notre âme et toutes ses facultés, afin que Marie les soumette à Jésus. C'est la ce. que notre Bienheureux appelait le » saint Esclavage », ou la parfaite consécration à Jésus par Marie ; et voici comment il l’expose lui-même : « Cette dévotion consiste donc à se donner tout entier a la très sainte Vierge, pour être tout entier à Jésus—Christ par elle. Il faut lui donner : 1°notre corps avec tous ses sens et ses membres ; 2° notre âme avec toutes ses puissances ; 3° nos biens extérieurs qu’on appelle de fortune, présents et à venir ; 4° nos biens intérieurs et spirituels, qui sont nos mérites, nos vertus et nos bonnes œuvres, passées, présentes et futures ».

Le titre de Reine des Coeurs dit encore davantage ; il signifie que cet esclavage, que nous professons envers la sainte Vierge, doit être surtout un esclavage d'amour. Il y a en effet des esclaves de contrainte et des esclaves d’amour : ce dernier titre convient seul à ceux qui se consacrent à la Reine des Cœurs. « Si la sainte Vierge est la reine et souveraine du ciel et de la terre, n'a-t-elle pas autant de sujets et d’esclaves qu'il y a de créatures ? Mais n’est-il pas raisonnable que, parmi tant d’esclaves de contrainte, il y en ait d‘amour qui, de plein gré, choisissent, en qualité d‘esclaves, Marie pour leur Souveraine ? »

Tel est le sens de notre dévotion, exposé par le Bienheureux lui-même ; et c’est pour cela que la confrérie du saint Esclavage, récemment érigée, l’a été sous le titre de Marie, Reine des Cœurs. Profitons des leçons de notre grand apôtre, soyons comme lui les esclaves très humbles et très dévoués de la Mère de Dieu, répétons souvent les paroles enflammées d‘un de ses plus beaux cantiques :


J‘aime ardemment Marie,
Après Dieu, mon Sauveur,
Je donnerais ma vie
Pour lui gagner un cœur.

Ô ma bonne Maîtresse,
Si l‘on vous connaissait,
Chacun ferait la presse
À qui vous servirait.

ND de Nantes

 Fin du Mois de Marie des Madones Nantaises

 

Téléchargez l'intégralité du Mois de Marie des Madones Nantaises (pdf) en cliquant ici

 

Prochain mois de dévotion : Le Mois de Sainte Claire, rendez-vous le 30 juin

 

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29 mai 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

Bretagne21

Trentième jour

Notre Dame de la Délivrance


Parmi les vocables sous lesquels Marie est honorée chez nous, il en est un que la plupart ignorent, et qui mérite d’être signalé : Notre Dame de la Délivrance.

Nos pères avaient placé son image a l'entrée des ponts, tout près de la forteresse de Pirmil. Ils voulaient, dit-on, remercier la sainte Vierge de la protection qu‘elle avait exercée sur la cité menacée par les protestants ; mais c‘était certainement aussi pour obtenir qu’elle les délivrât à l’avenir des attaques de l‘ennemi.

Les débris pittoresques du vieux château ont été renversés, il y a longtemps déjà (1839) ; la madone a disparu comme eux. Cependant le petit peuple est resté fidèle au culte qu‘il avait voué a Notre Dame de la Délivrance, et il est encore un coin de notre ville où se perpétue cette dévotion.

Toutefois ne cherchez pas dans nos riches basiliques : il n’y en a pas de trace ; n’explorez pas davantage nos larges rues et nos places modernes : ce n’est pas là que se manifeste la piété populaire, elle y serait mal à l’aise. Allez dans un de nos plus vieux quartiers, dans la rue des Carmes, autrefois si fréquentée parles dévots serviteurs de Notre Dame, presque en face de cette antique maison à l’enseigne du « Vieux Nantes », dont la façade de bois et d’ardoise surplombe la chaussée, réjouissant notre regard déshabitué de ces formes vénérables et nous reportant cinq siècles en arrière. Arrêtez-vous au numéro 15, et suivez une allée longue, étroite, à l'odeur de moisi. Au fond est une cour entourée de bâtiments : c’est là. À droite, sur la façade d’une maison plus basse que les autres et relativement récente, dans une sorte de fenêtre aveugle que surmonte un fronton, à été encastré un plein relief qui attire tout de suite les yeux par ses couleurs voyantes. C’est un arc en accolade, rappelant quelque peu le triforium de la Cathédrale, mais d'un travail incomparablement moins fin ; au centre, posée sur un socle, est une Vierge-Mère, portant sur son bras droit le divin Enfant et, de la main gauche, lui présentant le sein. A la hauteur des épaules de la madone sont suspendus deux anges ; et, dominant le tout, on voit un Père Eternel coiffé de la tiare. Au-dessus de l’arc se lit l’inscription : « Notre Dame de Délivrance » ; au-dessous est un support abrité pour recevoir les cierges ainsi qu’un tronc pour recueillir les offrandes. Le bas relief à été repeint tout récemment avec des couleurs diverses où dominent le blanc et le bleu, dans ce ton cru qui tire l'oeil et qu’affectionne le menu peuple. La Vierge a les traits gros et assez vulgaires ; elle paraît antique et peut-être est-elle antérieure aux décors qui l’entourent. D’où vient-elle ? Ornait-elle déjà la façade d’une maison plus ancienne situé= au même lieu ? Est-ce un débris du couvent des Carmes qui était proche ? Provient-elle, comme quelques-uns l'ont pensé, de la démolition de la porte de Sauvetour ? Le peuple l’ignore et, sans s’en inquiéter, continue de vénérer sa chère madone. On l’invoque surtout pour les femmes enceintes, et l’on y fait brûler des cierges pour obtenir leur heureuse délivrance.

On trouve une autre madone, honorée sous ce même vocable, à l’extrémité du diocèse de Nantes, dans la paroisse récente de Trescallan. Près des limites de Piriac, à deux pas du manoir de Lauvergnac et non loin de la mer, est le pauvre hameau de Brenda. Il ne se compose actuellement que de trois ou quatre masures, mais il eut jadis plus d’importance: les gens du pays sont unanimes à déclarer qu’il a connu des jours de prospérité, presque des jours de gloire. Ce n’est pas un récit purement légendaire ; les Celtes en effet y ont laissé un tumulus et les Romains des ruines. Les paysans racontent volontiers qu’il exista naguère un premier Brandu sur le rivage même, entre Belmont et Lérat, et qu’il fut détruit à une époque très reculée par les envahissements de la mer. Ils ajoutent qu’aux grandes marées, quand le reflux laisse un large espace à découvert, on aperçoit encore sur les roches de Belmont des blocs énormes, certainement taillés de main d’homme. Le propriétaire d‘un champ voisin, en cultivant sa terre, y a constaté l’existence de trois couches bien distinctes, le sable d’abord, puis des débris de constructions, et au-dessous le sol arable. Quels bâtiments s'élevèrent la jadis ? Y eut-il un petit port dans le genre de celui de Lérat, ou même plus important ? Les Romains y avaient-ils établi un entrepôt de marchandises ? Les mines d’étain qu’ils exploitèrent dans le voisinage y avaient-elle attiré de nombreux commerçants ? Les ruines n‘ont pas dit leur secret, et il est a croire que l’océan, qui les recouvre en partie, ne le livrera jamais.

Un second Brandu fut construit, après la catastrophe, à quelque distance du premier. Il existe encore, mais bien déchu. On y compta jusqu’à douze fours, marque évidente d’une agglomération assez considérable. Nous avons dit ce qu’il est aujourd’hui.

En des temps lointains, qu’il est impossible de préciser, même approximativement, les habitants de Brandu, très éloignés de Guérande, leur centre paroissial, avaient élevé une chapelle dédiée à la sainte Vierge, et choisi la Visitation pour fête patronale. On en ignore l’origine, mais on sait qu’elle était en grande vénération. Les marins du pays la visitaient régulièrement au départ et à l’arrivée. En mer, quand grondait la tempête, ils invoquaient leur puissante patronne et lui faisaient des vœux. Pas un navire ne passait en vue de la chapelle, que les matelots ne saluassent pieusement la madone de Brandu : Dans les nécessités publiques, soit maladies, soit dérangement des saisons, les paroisses voisines, mais surtout Guérande, y venaient processionnellement solliciter l’intervention de Notre Dame. Les habitants du pays rappellent encore, avec une fierté mêlée de tristesse, que leur chapelle reçut en mème temps jusqu’à sept bannières de paroisses différentes. Beaucoup de personnes allaient aussi en particulier s'y recommander à la Mère de Dieu.

Comme tous les lieux de pèlerinage, Brandu avait sa fontaine et son calvaire, que l’on y vénère toujours. Ce dernier porte une date à sa base, 1625.

Il semble pourtant que, dès cette époque, l’étoile de Brandu commençait à pâlir. Peut être faut-il en chercher la cause dans le voisinage des Protestants. On sait que l’hérésie avait à Piriac de nombreux adhérents, excités et soutenus par un ministre fort entreprenant ; de plus, le sire de Tournemine, baron de Campzillon, dont dépendait notre village, avait aussi embrassé la réforme, et ne pouvait manquer d’exercer, du manoir de Kerjean où il résidait, une puissante et néfaste influence sur ses vassaux.

A la fin du XVIIe siècle (1698), les habitants de la frairie résolurent de construire une autre chapelle plus centrale. Ils choisirent comme emplacement au tertre isolé de toute habitation, afin d’éviter, semble-t-il, les compétitions intéressées des différents villages. Toutefois, s’ils se montraient infidèles a Brandu, ils ne l’étaient pas à Notre Dame, et la chapelle de Trescallan, tel était son nom, fut aussi dédiée à la sainte Vierge, sous le vocable de N. D. de Miséricorde.

Le sanctuaire de Brandu subsista néanmoins, et les pieux fidèles ne cessèrent point d’y faire des pèlerinages. Ils y trouvaient toujours la vieille madone tant vénérée. C’était une statue en bois doré représentant la Vierge Marie avec l’Enfant Jésus dans ses bras. Elle avait les traits forts et accentués des femmes du pays, sans rien cependant de ridicule et d’inconvenant. Le socle portait une inscription : « Notre Dame de la Délivrance ». Pourtant la chapelle et la statue elle-même n’étaient guère désignées que par le nom de Notre-Dame de Brandu.

Les anciens racontent que, pendant les dévastations sacrilèges de la Révolution, leurs pères, voulant soustraire la sainte image à la profanation, l’avaient enlevée de la chapelle et cachée dans la demeure de l’un d’eux ; et la légende, brodant sur une translation très naturelle sans doute et opérée secrètement, ajoute que la Bonne Mère, ne trouvant pas ce lieu convenable, alla d’elle-même prendre domicile chez un autre habitant du village.

La paix enfin revenue, l’antique statue reprit sa place dans la chapelle de Brandu, et continua d’y recevoir les hommages de ses fidèles. Parmi ceux-ci, en remarqua, durant plusieurs années, un personnage mystérieux dont nul ne sut jamais le nom, peut-être un ancien religieux chassé de son monastère par la Révolution, et qui poursuivait dans cette solitude les méditations auxquelles jadis il se livrait dans le cloître.

Cependant les pèlerins de Brandu devenaient de moins en moins nombreux. Le village n’était plus qu’un hameau insignifiant ; d‘un autre côté la chapelle de Trescallan avait son desservant et ses offices réguliers ; la désormais se dirigeait la foule, la désormais devait être honorée Notre Dame. De plus c’était assez, pour cette population pauvre, d’entretenir une église ; la chapelle de Brandu ne fut bientôt plus qu’une ruine. On se résolut à transporter l’antique statue dans l’église de Trescallan. Elle y est encore, vénérée des fils comme autrefois des pères. Quant à Brandu, il pleure toujours sa madone et sa chapelle, dont il ne reste pas pierre sur pierre. Les derniers débris en ont été transportés à la Turballe et sont entrés dans la construction des premières maisons de ce bourg. Peut-être verra-t-on quelque jour, dans cette importante agglomération, chef-lieu de la commune dont le centre paroissial reste à Trescallan, surgir une nouvelle chapelle, qui certes répondrait à un besoin pressant. Ne serait-il pas juste de lui donner pour patronne Notre-Dame de la Délivrance ?

 

Le vocable que nous venons d’étudier doit nous rappeler tout naturellement les derniers mots de la sublime prière que Jésus-Christ lui-même a placée sur nos lèvres : « Libera nos à malo, Délivrez-nous du mal ». Tous les commentateurs de l’Oraison dominicale disent que, par ces paroles, nous demandons à Dieu de nous délivrer des maux du corps, mais surtout de ceux qui menacent les âmes. Nous supplions le Seigneur d’écarter de nous le péché et de nous délivrer de la puissance du diable. Beaucoup traduisent, en effet, « libera nos à malo », par délivrez-nous du méchant, c'est-à-dire, du démon. Or, ce que nous demandons directement à Dieu, nous pouvons prier Marie de le solliciter pour nous : sa prière, toujours bien accueillie, obtient infailliblement son effet, et c’est ainsi qu’elle mérite d’être appelée Notre-Dame de la Délivrance. Continuons donc de demander à la sainte Vierge de nous délivrer de la tempête, des intempéries, de la contagion, des accidents qui nous guettent, de tous les maux temporels qui nous menacent. Demandons-lui plus instamment encore de nous délivrer du péché, et de nous donner la main pour nous aider a traverser les fanges de la terre sans souiller notre robe d'innocence. Demandons-lui enfin de nous délivrer de la puissance du démon. Beaucoup de gens, surtout à la campagne, voient du diable partout, dans leurs étables, dans leurs laiteries, même dans leurs demeures, et sollicitent des bénédictions et des prières pour se délivrer de ses maléfices. Bien de mieux assurément, à condition que l’on sache se garder des exagérations et des pratiques superstitieuses. Mais on néglige de voir le démon la surtout où il se trouve, dans le monde, rôdant autour de nous pour nous dévorer. Le Maître a dit : « Le monde est tout entier sous l’influence du malin esprit ». La parole divine se justifie tous les jours : c’est le diable qui mène le monde. Demandons à Marie de nous défendre contre lui, nous, nos familles, nos paroisses, notre pays, et, dans cette intention, répétons avec confiance : « Notre-Dame de la Délivrance , priez pour nous ».

Note de la rédaction: L'image de Notre Dame de Délivrance de la rue des Carmes a été transférée, au début du 20e siècle, dans la Cathédrale Saint Pierre et Saint Paul de Nantes, ou l'on peut toujours l'y vénérer en la chapelle Saint Jean-Baptiste.

 

ND de Nantes

 

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28 mai 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

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Vingt-neuvième jour

Notre Dame de Contratacion

ou du Commerce

Je voudrais vous parler ce soir d‘un vocable de la très sainte Vierge à Nantes, inconnu sans doute à la plupart d’entre vous. Du XVe au XVIIIe siècle, il fut cher a beaucoup d’habitants de cette paroisse et, de nos jours, il conviendrait encore à bon nombre des paroissiens de Saint Nicolas. C’est Notre Dame de la Contratacion, ou en français, car le mot contratacion est espagnol, Notre Dame du Commerce.

Mais comment une dévotion nantaise pouvait-elle avoir un nom espagnol ? À l’époque dont j’ai parlé, il y avait un très grand nombre d’Espagnols à Nantes ; et l’on peut affirmer qu’ils avaient en mains une grande partie du commerce de cette ville. Ils étaient, suivant l'expression, commune alors et que j'ai déjà employée, marchands à la Fosse, c’est-à-dire, armateurs et riches armateurs, car la plupart des terrains de ce quartier leur appartenaient. Plusieurs sans doute rentrèrent dans leur pays d’origine avec la fortune qu’ils avaient amassée ; beaucoup aussi devinrent définitivement nos concitoyens. Ils mêlèrent le sang des Hidalgos a celui de nos meilleures familles, et plusieurs d’entre eux arrivèrent aux postes les plus éminents. On en vit s’asseoir dans le fauteuil des Maires de Nantes ou sur les sièges fleurdelisés des présidents de la Chambre des Comptes ou du Parlement de Bretagne.

Isolés sur la terre étrangère, ils éprouvèrent tout d’abord le besoin de se grouper et formèrent une compagnie. qui, composée de commerçants, ne tarda pas a devenir une Bourse. Ils se réunissaient dans la Tenue d'Espagne, dont la rue de ce nom perpétue le souvenir en Saint-Donatien ; ils se réunissaient aussi, pour leurs affaires, tout prés d’ici, dans la maison et le jardin de la « Nation d‘Espagne », que rappelle le Café des Quatre Nations.

Leur compagnie, dont faisaient déjà partie plusieurs commerçants nantais existait depuis de longues années quand, le 29 décembre 1493, le roi Charles VIII, mari de notre duchesse Anne, la rétablit dans tous ses droits. Ses membres nantais jouissaient de précieux privilèges à Bilbao et dans d’autres villes d’Espagne ; en revanche, les commerçants espagnols avaient aussi des privilèges à Nantes.

Fidèles aux traditions de leur pays, où la foi est profonde et le culte de la sainte Vierge plus développé que partout ailleurs, les fondateurs de la société de Contratacion en firent une confrérie, et la placèrent sous le patronage de Notre Dame.

C’est dans l‘église des Cordeliers, dont les ruines lamentables se voient encore, à droite du choeur, que se trouvait la chapelle de la Nation d'Espagne, centre de notre confrérie. Ses membres, tous opulents et dévoués à Marie, se plaisaient à enrichir leur sanctuaire national. Partout, sculptées sur les murailles ou peintes dans les vitraux, étincelaient les armes de Castille, de Léon, d‘Aragon, de Biseaye ; partout, sur les riches mausolées dont son enceinte était encombrée, se lisaient des noms espagnols, francisés parfois, reconnaissables toujours, des Darrande, des Ruys, des Myrande, des Complude, des Despinoze, d‘autres encore, tous connus à Nantes comme en Espagne, tous marchands à la Fosse. La petite chapelle était comme un coin, comme une vision de la patrie lointaine.

Les opérations commerciales de la Contratacion avaient lieu dans la maison de la Nation d’Espagne ; ses réunions pieuses dans la chapelle des Cordeliers. La confrérie était présidée par un consul, encore un mot qui sent le négoce élu chaque année par les confrères, et dans la liste de ces présidents on trouve, non seulement les noms les plus notables de la colonie espagnole, mais aussi ceux des plus célèbres commerçants nantais de cette époque. Chaque nouveau membre fait, en entrant, serment « d’honneur et de probité » ; prend l'engagement de se trouver « ès-jours de festes ordonnées à la chapelle des Cordeliers, aux processions et offertes » ; remet quatre écus au trésorier de la compagnie ; enfin donne une « aumône aux pauvres et à Sainte Clère » à la manière accoutumée, selon sa volonté.

A la mort d'un confrère, le lendemain de son enterrement, l'association faisait célébrer aux Cordeliers une messe de Requiem « à haulte voix ». Pour cela elle avait fait la dépense d'un drap de velours, que l'on devait rapporter fidèlement, après le service, « au logeix de Monsieur le Consul ».

Un accord avait été passé avec les Cordeliers pour le service de la confrérie : les marchands espagnols étaient pieux et sans doute mais du faste, aussi les cérémonies étaient nombreuses et devaient être solennelles.

Il y avait trois processions chaque année, celles de la Chandeleur et des deux fêtes-Dieu. Les confrères y devaient assister, sous peine de payer un écu de soixante sols. Aux processions des fêtes-Dieu, tous les religieux devaient être « chappés », et tenir à la main un cierge. Le Saint Sacrement devait être porté d’abord autour du cloître où un reposoir était dressé, puis dans les deux cours de la maison, et revenir, par la rue, dans l’église. Une seconde bénédiction était donnée à l’autel de la chapelle espagnole, et le Saint Sacrement était reporté au maître-autel.

Les religieux devaient en outre chanter vingt grand’messes solennelles, avec diacre et sous-diacre, chantres et enfants de choeur. Le jour du Sacre et de son octave, qui étaient évidemment les deux principales fêtes de la confrérie, la messe devait être célébrée avec plus de pompe : aux ministres des fêtes ordinaires s’ajoutaient un prêtre assistant, un maître des cérémonies, quatre chantres chappés, et tous les religieux de la communauté devaient être présents au grand choeur.

Les membres de la confrérie assistaient fidèlement à ces fêtes ; ils devaient, en outre, aller six fois par an à « l’offerte » ; le consul donnait un écu au célébrant de l’Epiphanie, ordinairement le religieux qui avait été roi « à la cérémonie du gâteau ».

Deux fois par an, le jour du Sacre et celui de l’octave, les confrères se réunissaient dans un déjeûner commun. Ils avaient à leur disposition, pour cette fin, une des salles de la communauté, et, pendant longtemps, ce fut une salle particulière qui portait leurs armes au plafond.

Comme tant d’autres, la confrérie tomba au XVIIIe siècle, en 1733. Depuis longtemps déjà, elle ne comptait plus d’Espagnols. On a au même décidé, en 1662, de ne plus admettre aucune personne qui ne fût « originaire de la ville ou faubourgs, ou marié avec femme ou fille de ladite ville ou faubourgs ». En outre, pour y être admis, il fallait l’avis favorable de douze membres et du consul. La confrérie n'était plus espagnole ; en revanche, elle était bien nantaise.

 

Jésus-Christ, en nous apprenant à prier, a mis ces paroles sur nos lèvres : « Donnez-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour ». Il ne nous interdit donc point de lui demander les biens temporels, et l'Eglise, par les usages et les prières de sa liturgie, nous en donne l’exemple. Nos ancêtres le savaient bien; ils ne manquaient point d’intéresser les saints à leurs affaires et d’appeler la bénédiction de Dieu sur toutes leurs entreprises. Aussi, quand nos « marchands » nantais construisirent une Bourse pour leur commerce, ils voulut y joindre une chapelle et y attacher un aumônier. Ces riches armateurs qui, le soir, s’en allaient fièrement à la Bourse, en habit de soie et l’épée au côté, ne rougissaient pas de s’agenouiller le matin dans leur chapelle de Saint Julien, pour recommander au maître de la tempête les bateaux chargés de richesses, qu’ils expédiaient sur les océans. Les mêmes motifs et la même confiance les conduisaient aux autels de Notre-Dame, et les portaient à s'enrôler dans ses confréries. Vous donc, mes Frères, qui cherchez à acquérir, dans le commerce ou l’industrie, l’aisance et même la fortune, et vous qui demandez simplement à un travail plus modeste le pain de chaque jour, suivez ces exemples, priez Dieu et la Vierge de vous bénir.

Toutefois, n’oubliez pas ceci : les commerçants d’autrefois respectaient Dieu. ses mystères, son nom et ses commandements. Alors, on ne violait pas la sainte loi du dimanche par un travail maudit ; alors, à l'exemple de notre Jacques Cassard, qui imposait, même à des flibustiers, sous peine « de perdre leur part » de prise, l’engagement de ne pas « jurer le nom de Dieu », on ne souffrait pas dans les magasins ou les ateliers les impiétés et les blasphèmes ; alors, on s’agenouillait à la table sainte, et bien rares étaient ceux qui ne remplissaient pas « leurs devoirs ». De même, si vous voulez que Dieu écoute vos prières, il ne faut pas insulter à son nom, attaquer ses mystères, fouler aux pieds ses lois ; si vous voulez que la Mère vous protège, il ne faut pas crucifier a nouveau le Fils.

Les membres de notre confrérie faisaient serment « d‘honneur et de probité ». Ils savaient le tenir. À cette époque, la probité commerciale était intacte, la parole du marchand valait un contrat, la fraude était inconnue, la marchandise toujours de bon aloi. Tous aujourd’hui, parmi ceux qui se livrent au commerce ou à l‘industrie, seraient-ils dignes d’un tel éloge ? Peut-être serait-il imprudent de l’affirmer. Pour vous, mes Frères, si vous voulez que Marie vous protège, et que Dieu vous bénisse, vous marcherez sur les traces de vos pères, vous tiendrez votre « serment d‘honneur et de probité ».

 

ND de Nantes

 

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28 mai 2017

Neuvaine à Saint Joachim

Neuvaine à Saint Joachim

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Saint Joachim

Père de la très Sainte Vierge Marie

Fêtes le 26 juillet et le 16 août

 

Joachim, de la tribu de Juda et de l'antique famille de David, était pasteur de brebis à Nazareth. Stolan, père de sainte Anne, lui donna sa pieuse fille en mariage. Les deux époux vécurent dans la crainte du Seigneur et dans la pratique des bonnes œuvres. Ils firent trois parts de leurs biens: l'une était destinée au temple et aux ministres de la religion ; ils répandaient la seconde dans le sein des pauvres ; la dernière servait aux besoins de la famille.

Cependant le bonheur n'était pas dans ce ménage : l'épouse de Joachim était stérile. Depuis vingt ans ils priaient Dieu de les délivrer d'un tel opprobre, lorsqu'ils se rendirent, suivant leur coutume, à la ville sainte pour la fête des Tabernacles. Les enfants d'Israël y venaient offrir des sacrifices à Adonaï, et le grand-prêtre Ruben immolait leurs victimes.

Joachim se présenta à son tour. Il portait un agneau ; Anne le suivait, la tête voilée, le cœur plein de soupirs et de larmes. Le grand-prêtre, en les apercevant monter les degrés du temple, n'eut pour eux que des paroles de mépris et de reproche : « Vous est-il permis, leur dit-il, de présenter votre offrande au Seigneur, vous qu'Il n'a pas jugés dignes d'avoir une postérité ? Ne savez-vous pas qu'en Israël l'époux qui n'a pas la gloire d'être père est maudit de Dieu? » Et en présence du peuple il repoussa leur offrande. Joachim ne voulut point revenir à Nazareth avec les témoins de son opprobre. Leur présence eût augmenté sa douleur.

Anne retourna seule dans sa demeure. Pour lui, il se retira dans une campagne voisine de Jérusalem, où des bergers gardaient ses troupeaux. Le calme silencieux de la vie pastorale, le spectacle touchant de la nature, apportèrent quelque soulagement à la blessure de son cœur Qui n'a jamais senti que la solitude le rapproche de Dieu ? Un jour qu'il se trouvait seul dans les champs, l'Ange Gabriel se tint debout devant lui. Joachim se prosterna, tremblant de peur : « Ne crains pas, dit le messager céleste, je suis l'Ange du Seigneur, et c'est Dieu Lui-même qui m'envoie. Il a prêté l'oreille à ta prière, tes aumônes sont montées en Sa présence. Anne, ton épouse, mettra au monde une fille ; vous la nommerez Marie et vous la consacrerez à Dieu dans le temps ; le Saint-Esprit habitera dans son âme dès le sein de sa mère et Il opérera en Elle de grandes choses ». Après ces mots, l'Ange disparut. Joachim vit bientôt se réaliser la prédiction de l'Archange. De son côté, il fut fidèle aux ordres du Seigneur : sa fille reçut le nom de Marie, et, à trois ans, il la confia aux pieuses femmes qui élevaient dans le temple de Jérusalem les jeunes filles consacrées au Seigneur. Elle y vivait depuis huit ans sous le regard de Dieu lorsque Joachim mourut chargé de mérites et de vertus. Anne, son épouse, le fit ensevelir dans la vallée de Josaphat, non loin du jardin de Gethsémani, où elle devait le rejoindre un an plus tard.

 

D'après « La Vie des Saints pour tous les jours de l'année », de l' Abbé Pradier

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Prions Saint Joachim et faisons-le prier

 

Combien sont agréables au Cœur de Marie, les hommages que l'on rend à Son père bien-aimé ! Elle apparut un jour à la pieuse servante de Dieu Maria d'Escobar, qui s'employa si activement près du Pape Grégoire XV (*), pour obtenir que l'on célébrât dans toute l’Église Catholique, la Fête de ce grand Patriarche, et elle lui dit ces paroles mémorables : « Sœur bien-aimée, je viens t'exprimer toute ma reconnaissance pour le plaisir que tu m'as procuré en faisant instituer une Fête en l'honneur de Mon père ; sois bien assurée que Dieu ne te ménageras pas les récompenses pour une telle attention, et que Moi, de Mon côté, Je serai généreuse à ton égard ».

Un autre jour, la même servante de Dieu reçut la visite de la Glorieuse Sainte Anne qui, pour reconnaître les hommages rendus à son époux, lui adressa ces paroles empreintes de toute la délicatesse du plus tendre amour : « Ma fille, le Seigneur m'envoie te dire qu'il est fort satisfait de l'empressement que tu as mis à faire instituer une Fête en l'honneur de mon époux, si grand et si glorieux au Ciel. Moi-même, j'en ai ressenti une joie indicible et j'en ai retiré un éclat extraordinaire. Songe à ce que je pourrais te faire en reconnaissance de la gloire que tu m'as procurée, et je promets de te l'accorder ».

Après avoir lu ces paroles, est-il possible de ne pas éprouver une vive dévotion à Saint Joachim, puisqu'elle nous assure non seulement son amour, mais encore l'affection de sa famille, et par conséquent de tout le Paradis ? Le Père Croiset dit qu'il n'y a rien qu'on obtienne de Jésus et de Marie, dès lors qu'on le demande par l'intercession de Saint Joachim ; aussi, appelle-t-il cette dévotion un trésor, mais un trésor caché à beaucoup de fidèles. Prions Saint Joachim une grande dévotion au père de la Très Sainte Vierge, au glorieux Saint Joachim, dont la Fête se célèbre le dimanche dans l'octave de l'Assomption et conjointement avec celle de sa glorieuse épouse, Sainte Anne, le 26 juillet, faisons passer sa dévotion partout, car il est une grande source de grâces.

 

D'après une méditation extraite du « Mois de l'Assomption », de Dom Gabriel-Marie Fulconis, aux Ed. St Jean

* C'est sous Grégoire XIII en 1584 que la fête de saint Joachim est adoptée et non sous Grégoire XV comme l'indique Dom Gabriel-Marie Fulconis (l'ouvrage dans lequel a été puisé cette neuvaine est relativement assez ancien et cette neuvaine a été reproduite sur Images Saintes tel quelle a été publiée). Un grand merci donc à Horizon725 qui m'a signalé cette précision historique. F.M.

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Neuvaine à Saint Joachim

 

Prières à dire chaque jour de la Neuvaine

 

O glorieux Saint Joachim ! Comme il vous convient bien ce nom qui signifie préparation du Seigneur ! Car c'est vous que Dieu a choisi pour préparer le temple vivant dans lequel il a plu à son Fils unique de venir habiter ! O Bienheureux père, c'est vous qui avez donné au monde cette admirable Fille qui a été élevée au rang de Mère de Dieu et de Reine du Ciel et de la terre. Avec quelle tendresse et quelle sollicitude vous l'avez nourrie ! Quels exemples d'humilité, de piété vous avez fait luire aux yeux de votre Auguste Enfant et de tous les mortels ! Aidez-nous pur vos prières, ô Saint Joachim ! à préparer dans notre cœur un sanctuaire orné des saintes affections d'une piété tendre et persévérante. Ainsi soit-il.

 

Priez pour nous, saint Joachim,

Afin que nous devenions dignes des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

 

Prions

 

O Dieu qui entre tous vos Saints avez choisi Saint Joachim pour être le père de la Mère de Votre Fils, accordez-nous, nous vous en supplions, que ce grand Saint dont nous honorons la mémoire, nous fasse continuellement éprouver l'effet de sa puissante intercession. Nous Vous le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

 

Réciter ensuite 1 Notre Père, 5 je Vous salue Marie et 1 Gloire au Père

 

Premier Jour

Joachim, Père de Marie

S'unir au chœur des Anges et l'invoquer

 

Joachim naquit à Nazareth. Son nom, qui signifie en langue hébraïque « préparation au Seigneur », annonce heureusement les desseins que le Ciel avait sur ce saint patriarche. Il devait préparer au Roi des rois un temple, un sanctuaire vivant, l'Immaculée Vierge Marie, dans le sein de laquelle le Fils du Très-Haut devait s'unir à notre nature. Dieu, dans Son infinie bonté, lui accorda les grâces les plus signalées pour le rendre digne, autant que possible, d'être le père de la Femme bénie entre toutes les femmes, de l'Auguste Reine du Ciel et de la terre. On pense qu'il avait vingt-quatre ans lorsqu'il épousa sainte Anne, issue, comme lui, de la tribu de David. Ce fut longtemps après son mariage que Dieu lui accorda la Vierge, conçue sans péché, qui a enfanté l'Emmanuel, et que toutes les générations bénissent. Ne devons-nous pas bénir, avec elle, l'heureux patriarche qui a la gloire d'être son père ?

 

Prière

 

Quand je considère, ô Joachim, tout ce que Dieu a fait pour vous préparer à devenir le père de la Vierge Incomparable qui devait être le Temple du Verbe incarné, je vois avec quel soin je dois me disposer à être, par la communion, le sanctuaire de cet Adorable Sauveur. J'admire en même temps le bonheur que vous avez d'être le père de la Reine des Saints et l'aïeul du Verbe Incarné. Quel crédit ne devez-vous pas avoir auprès de Jésus, la source de tous les biens, et de Marie, par les mains de laquelle il les dispense ! Non, vos prières ne peuvent jamais être rejetées. Aussi, je vous invoque avec une entière confiance. Daignez prier pour moi; obtenez-moi, je vous en conjure, la grâce de m'approcher toujours dignement de la Sainte Table. Ainsi soit-il.

 

Deuxième jour

Foi de Saint Joachim

S'unir au chœur des Archanges et l'invoquer

 

La Foi de Saint Joachim a été vive comme celle de ses pères. Le monde qui passe en image n'était rien à ses yeux. Les fêtes les plus séduisantes n'avaient pour lui aucun attrait. Partout il voyait le Seigneur Dieu remplir le Ciel et la terre par Son immensité, et qui, du haut de Son Trône éternel, voit, sans jamais changer, s'écrouler et disparaître les empires les plus florissants d'ici-bas. Insensible a tout ce qui passe, se regardant comme étranger et voyageur sur la terre, il aspirait à la Céleste Patrie, où il verrait sans voile et posséderait pour toujours Celui qui est le principe et la fin de toutes choses. En vain les pécheurs l'invitaient à prendre part à leurs plaisirs criminels; il ne voulait point les suivre dans les sombres détours du vice. Dirigé par le divin flambeau de la Foi, il marcha constamment avec les fidèles Israélites dans les heureux sentiers de la vertu.

 

Prière

 

Je désire ardemment, ô Saint Joachim, imiter votre foi. Ah ! je le sens, si je suis souvent arrêté par le moindre obstacle dans le chemin de la perfection, c'est que ma foi n'est pas assez vive, puisque le Seigneur nous dit que si nous avions de la foi comme un grain de sénevé, nous transporterions les montagnes; et rien ne nous serait impossible. C'est par la Foi que les anciens pères se sont rendus recommandables... c'est par la Foi qu'ils passèrent au travers de la mer Rouge comme sur une terre ferme, au lieu que les Égyptiens ayant tenté le même passage, furent submergés. C'est par la Foi que vous avez fidèlement suivi les traces de vos ancêtres, que vous avez, à leur exemple, surmonté toutes les difficultés qui s'opposaient à votre sanctification. Obtenez-moi, a un haut degré, la vertu de foi qui me fera triompher du monde, de l'enfer et de toutes les passions.

 

Troisième jour

Espérance de Saint Joachim

S'unir au chœur des Principautés et l'invoquer

 

Saint Joachim a été fortement éprouvé dans le cours de sa vie; mais il ne s'est point laissé aller au découragement. Comme Abraham, il a espéré contre toute espérance. Il attendait avec confiance cette vie meilleure que Dieu a promise a ceux qui l'aiment. Comme tous les Saints, il espérait avec une confiance ferme et inébranlable, ce qui nous a été promis, parce que celui qui nous l'a promis est fidèle. Son espérance n'était point présomptueuse : docile à suivre les inspirations de la grâce, il s'attachait à mériter par des bonnes œuvres les récompenses du Dieu de bonté, qui couronne, dans le ciel, les dons mêmes dont il a enrichi ses Élus. En s'appliquant à faire valoir le talent que le Seigneur lui avait confié, il ne cessait d'invoquer son nom adorable, et ses prières étaient exaucées. Jamais celui qui espère en Dieu n'est confondu.

 

Prière

 

Quand je considère, ô Saint Joachim, les dangers qui m'environnent, l'acharnement de l'enfer, la malice du monde, la violence de mes passions et mon extrême faiblesse, je suis tenté de me désespérer ; d'autres fois, ouvrant mon cœur au vent de la présomption et m'appuyant sur moi-même, je néglige de recourir à la prière, je m'élève sur les ailes de l'amour-propre, et je suis puni de ma présomption ; je tombe dans la profondeur de ma misère. Faites donc, je vous en conjure, que j'évite les deux vices opposés à la sain te vertu d'espérance. Ne souffrez pas que je sois entraîné et que j'aille me briser contre l'un ou l'autre de ces deux écueils. Obtenez-moi la grâce d'être, comme vous, au milieu des tentations, aussi ferme qu'un rocher, au pied duquel viennent expirer les vagues irritées ; que l'espérance soit pour moi, sur la mer du monde, l'ancre salutaire qui me fasse résister aux flots et aux vents conjurés. L'espoir de jouir de votre éternelle félicité me communiquera de jour en jour une nouvelle ardeur pour combattre mes ennemis ; qu'ils se dispersent devant le Dieu qui vient a mon secours, comme la poussière emportée par le souffle de l'Aquilon.

 

Quatrième jour

Amour de Saint Joachim pour Dieu

S'unir au chœur des Puissances et l'invoquer

 

Joachim s'attacha dès l'enfance au Dieu d'Israël, et la céleste flamme de son amour devint, de jour en jour, plus ardente. Son cœur ressemblait a l'autel sur lequel le feu sacré était toujours entretenu. Il s'était donné au Seigneur sans réserve et sans partage; toutes ses pensées, toutes ses affections, tous ses désirs avaient pour objet cet adorable Maître et ce qui pouvait procurer sa gloire. La vue de ses perfections infinies et de sa bonté, à l'égard des enfants de Jacob, le touchait profondément, et il lui en offrait de vives actions de grâces. Le divin amour, dont il était embrasé, faisait ses délices. Souvent il répétait au fond de son cœur ces paroles du Roi-prophète : « II est bon de m'attacher à Dieu. Qu'il est bon le Dieu d'Israël ! » « Celui qui aime vole, court avec joie ; il est libre et rien ne le retient. Il donne le tout pour le tout, et possède tout dans le tout, parce qu'il se repose au-dessus de toutes choses, dans le seul et souverain Bien, d'où découlent et procèdent tous les autres biens ; il ne regarde pas aux dons, mais il s'élève au-dessus de tous les biens, pour ne voir que Celui qui les donne. L'amour ne sent point la charge, il ne compte point le travail : il est capable de tout ; et pendant que celui qui n'aime point se décourage et se laisse abattre, celui-là exécute bien des choses et les achève ». Tels étaient les admirables effets de l'amour du Bienheureux Joachim.

 

Prière

 

Vous qui avez tant aimé le Seigneur, obtenez-moi, ô Saint Joachim, une étincelle du feu sacré que le Fils de Dieu est venu apporter sur la terre, faites qu'à votre exemple, je m'attache à Dieu seul, que je l'aime par reconnaissance pour les bienfaits sans nombre qu'Il daigne m'accorder dans l'ordre de la nature et dans l'ordre de la grâce, pour me rendre digne de la gloire éternelle. Faites que je l'aime surtout pour l'amour de Lui-même, à cause de ses perfections infinies. Obtenez-moi la grâce de croître de jour en jour dans l'amour de ce Dieu infiniment aimable, afin que j'apprenne à goûter intérieurement combien il est doux de l'aimer, de se fondre, de se perdre en son amour, que je m'élève au-dessus de moi-même par un transport de ferveur; que le pur amour soit le mobile de toutes mes pensées, de toutes mes paroles, de toutes mes actions. Je me donne à Dieu tout entier par vos mains ; je veux l'aimer par dessus toutes choses. Puissé-je, avec votre secours, mériter d'aimer à jamais, dans les cieux, cette Beauté toujours ancienne et toujours nouvelle !

 

Cinquième jour

Amour de Saint Joachim pour son prochain

S'unir au cœur des Vertus et l'invoquer

 

L'amour du prochain est un fruit de l'amour de Dieu : il ne peut pas être banni d'un cœur embrasé du Feu de la Divine Charité. Saint Joachim, qui observait fidèlement le premier commandement : « Vous aimerez le Seigneur de tout votre cœur, de toute votre âme et de toutes vos forces », gardait aussi le second, qui est semblable au premier : « Vous aimerez votre prochain comme vous-même ». Voyant dans tous les hommes les images et les enfants de Dieu, il les aimait comme des frères. Mais il avait un amour de prédilection pour ceux qui étaient, comme lui, descendus d'Abraham et formaient le peuple chéri du Seigneur. C'était pour lui un bonheur de rendre service au prochain, quel qu'il fût. Quand un étranger se présentait a la porte de sa maison, il l'accueillait avec l'affabilité des anciens patriarches. Les pauvres et les malades excitaient sa compassion. S'il recevait quelques outrages, il les pardonnait pour l'amour de Dieu. Souvent il priait avec ferveur pour ses frères, conjurant le Seigneur de les réunir dans le séjour de l'éternelle félicité.

 

Prière

 

Sachant, ô bienheureux Joachim, que l'amour du prochain est inséparable de l'amour de Dieu, que celui qui n'aime pas son frère, n'aime pas Dieu, et que le Divin Maître nous recommande de nous aimer les uns les autres, je vous conjure de m'obtenir la grâce d'aimer, comme vous, le prochain, d'être toujours prêt à lui rendre service, de lui pardonner ses offenses, s'il venait à m'outrager, d'aimer les indigents et les malades, de les soulager autant que je le pourrai, et de mériter d'être un jour accueilli du divin Maître, qui a promis de récompenser, comme fait à lui-même, ce que nous faisons au moindre de ses serviteurs.

 

Sixième jour

L'esprit de prière de Saint Joachim

S'unir au chœur des Dominations et l'invoquer

 

Saint Joachim avait, dans un degré éminent, le don de prière. Il aimait à se retirer dans la solitude pour s'entretenir cœur à cœur avec Dieu, adorer ses perfections, lui offrir de vives actions de grâces pour ses insignes faveurs et en solliciter de nouvelles. Que de fois, humblement prosterné devant Sa Majesté suprême, à l'exemple des anciens patriarches, il le conjura de jeter un regard de compassion et de bonté sur le monde partout couvert des ombres de la mort, et de faire briller le Divin Soleil de Justice qui devait éclairer l'univers ! Avec quelle ferveur il récitait ces psaumes sublimes, où David, son aïeul, épanchait son cœur devant Dieu, et se plaisait a décrire d'avance, sous l'inspiration du Saint-Esprit, les vertus, les bien faits et les miracles éclatants de l'aimable Emmanuel. C'est par la prière qu'il entretenait en lui le feu de l'amour divin. C'est dans la prière qu'il puisait la patience au milieu des peines de la vie, et la force pour repousser toutes les attaques de l'ennemi du salut. Ses prières, faites avec les plus saintes dispositions, montaient vers le Très-Haut comme un encens d'agréable odeur, et faisaient descendre sur lui avec abondance la rosée des célestes bénédictions.

 

Prière

 

Bienheureux Joachim, vous avez paru au temps où devaient s'accomplir les divins oracles qui annonçaient l'avènement du libérateur promis à vos pères. Près de renouveler la face de la terre sur laquelle il allait descendre après le Messie, le Saint Esprit répandait déjà dans votre âme des torrents de grâces, et formait en vous ces gémissements inénarrables qui touchent le cœur de humbles et ferventes, montaient vers le Très-Haut comme la légère vapeur qui, au jour du printemps, sort de la terre réchauffée par les rayons du soleil. Et moi qui jouis des bienfaits ineffables dont l'Incarnation du Fils de Dieu est la source, je ne prie souvent, hélas ! Que du bout des lèvres; mon cœur est froid, et mon esprit se laisse emporter par les vains fantômes dont mon imagination est remplie. Ah ! je le sens, si je languis dans la piété, c'est parce que je ne prie pas, ou que je ne prie pas comme Dieu le désire. Daignez, ô saint patriarche, demander pour moi au Seigneur le don d'oraison; conjurez l'Esprit-Saint de m'accorder la grâce d'imiter votre recueillement et votre ferveur dans la prière; qu'il excite ma confiance , écarte d'importunes distractions et m'inspire ces aspirations vives et ardentes qui pénètrent, comme autant de flèches d'amour, le cœur du divin Sauveur, et en font jaillir des torrents de grâces.

 

Septième jour

La fidélité de Saint Joachim a observer la Loi

S'unir au chœur des Trônes et l'invoquer

 

Les observances de la Loi donnée par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï étaient un poids que beaucoup d'Israélites supportaient avec peine, qu'un grand nombre rejetaient. Mais Joachim les regardant toutes comme l'expression de la Volonté Divine, les observait avec empressement et fidélité. Il se rendait, dans le temps prescrit, au Temple de Jérusalem pour y adorer le Dieu d'Israël, immolait, chaque année, l'Agneau Pascal et s'assujettissait à toutes les autres pratiques, quelque pénibles qu'elles fussent. Il est vrai que son amour pour Dieu en adoucissait la rigueur. C'était même pour lui un bonheur de conformer sa volonté à celle de son Divin Maître. Non content d'accomplir exactement tout ce qui était ordonné par la Loi, il cherchait en tout le bon plaisir de Dieu, le conjurait de lui faire connaître intérieurement ce qu'il désirait de son humble serviteur, et il se portait avec ardeur a tout ce qu'il paraissait demander et attendre de lui. Oh ! Combien ces saintes dispositions devaient être agréables à ce Divin Père qui se réjouit de voir ses enfants marcher dans la voie de ses commandements !

 

Prière

 

O Bienheureux Joachim, votre fidélité à accomplir La loi de crainte est, pour moi, un puissant encouragement à garder exactement la Loi d'amour, à porter avec joie ce joug léger et plein de douceur, par lequel le Fils de Dieu a remplacé le joug onéreux et pesant imposé à un peuple trop souvent rebelle. Que je serais coupable si je ne répondais pas à son amour, si je violais la loi de mon Divin Maître ! O mon aimable protecteur, priez le Seigneur de m'accorder la grâce d'observer fidèlement Ses préceptes, de remplir avec exactitude et avec ferveur tous les devoirs qu'Il m'a tracés, de me conformer en tout à Son adorable Volonté, de quelque manière qu'elle me soit manifestée, quels que soient les temps, les lieux et les circonstances où je me trouverai, afin de mériter, comme vous, la récompense promise au serviteur qui se conforme à la volonté de son maître et fait valoir le talent qu'il en a reçu.

 

Huitième jour

La simplicité de Saint Joachim

S'unir au chœur des Chérubins et l'invoquer

 

Une âme droite et simple ne se propose pas d'autre but que d'atteindre la fin pour laquelle elle est sur la terre, c'est-à-dire d'être éternellement unie à Dieu et heureuse de sa félicité. Elle va à Lui par le chemin le plus court, sans détourner ni à droite, ni a gauche. Une lumière douce et pure dirige ses pas. Quand l'œil est simple, tout le corps est éclairé, c'est-à-dire que l'intention, quand elle est droite, influe sur tout le reste ; tout est dégagé des recherches de l'amour propre. Qu'elle est belle, qu'elle est aimable cette vertu qui donne à l'âme la candeur et l'ingénuité de l'enfance ! Heureux, trois fois heureux qui la possède ! Il est aimé de Dieu et des hommes. Tel était Joachim ; tout était simple en son âme, pensées, affections, désirs ; il servait Dieu dans la simplicité de son cœur, sans retour sur lui-même, sans s'occuper de ce que pouvait dire ou penser un monde aveugle en ses jugements. Plaire à Dieu, chercher sa plus grande gloire, c'était là son unique but, l'objet continuel de ses préoccupations. On pouvait dire de lui ce que Notre-Seigneur disait de Nicodème : « Voilà un vrai Israélite, dans lequel il n'y a point de fourberie ». La simplicité, qui rend l'âme si belle, se reflète à l'extérieur. On le remarqua spécialement dans le vertueux père de l'auguste Marie : ses manières étaient gracieuses sans affectation ; c'était une politesse naturelle et aisée ; il n'y avait rien dans la manière de se vêtir qui sentît la recherche et le luxe ; ses vêtements étaient d'une grande propreté, mais simples et conformes à sa condition. Il en était de même pour les repas, d'où étaient bannis ces apprêts que demandent la sensualité et la délicatesse. Tout y respirait une modeste et frugale simplicité.

 

Prière

 

Votre simplicité patriarcale, ô Saint Joachim, a des charmes qui me ravissent; avant même la Loi évangélique, vous aviez la simplicité de la colombe recommandée par le Divin Maître; je vous supplie de Lui demander pour moi cette aimable vertu, faites que je sois simple en mes pensées, que je cherche en tout à plaire à Dieu seul, que jamais la vanité, la curiosité, le respect humain, la recherche de moi-même et le désir des satisfactions naturelles ne soient le mobile de mes affections, de mes désirs, de mes paroles, de mes actions. Je veux, à votre exemple, avoir cette belle simplicité dans mes rapports avec le prochain, évitant tout ce qui sentirait l'affectation, la ruse, la duplicité. Je ne rechercherai point dans mes habits ce qui serait au-dessus de ma condition. J'imiterai aussi votre tempérance à table; toujours je serai content de ce qui me sera présenté quand même les mets seraient contraires à mes goûts. Puissé-je par une vie simple et modeste obtenir les grâces que Dieu accorde à ceux qui marchent comme vous devant lui dans la simplicité de leur cœur.

 

Neuvième jour

Humilité de Saint Joachim

S'unir au chœur des Séraphins et l'invoquer

 

La vertu qui est le fondement et la gardienne de toutes les autres était profondément établie dans le cœur de Saint Joachim. Connaissant le limon dont nous sommes formés, il ne s'élevait point dans ses pensées et ne cherchait point l'estime des hommes. Issu des plus grands rois de la terre, mais écarté du trône et tombé dans une profonde obscurité, il supportait son état avec un calme inaltérable. Les sentiments de l'ambition n'avaient aucun accès dans son cœur ; il était content de son humble condition parce qu'il n'avait pas d'autre volonté que celle de Dieu. Les outrages les plus sensibles n'altéraient point la paix de son âme qui puisait une force invincible dans son union avec le Tout-Puissant. Il ne s'enorgueillissait point des faveurs spirituelles qu'il recevait abondamment, sachant que tout don vient de Dieu ; il faisait remonter vers lui l'hommage de sa reconnaissance et répétait avec le Psalmiste : « Ce n'est point à nous, Seigneur, mais à vous seul et à votre saint nom que la gloire appartient ». Parce qu'il fut toujours humble, Dieu le regarda d'un œil de complaisance, et pour lui s'accomplit cet oracle de la Sagesse incarnée : « Quiconque s'abaissera sera élevé ». Admis dans le séjour des élus, il est sur un trône immortel, la tête entourée d'une auréole éblouissante, et son nom est même sur la terre, environné de gloire. Les petits et les grands se pressent devant son image, lui adressent de respectueux hommages, et l'invoquent comme un puissant protecteur auprès de Dieu.

 

Prière

 

La méditation de votre profonde humilité, ô Bienheureux Joachim, excite en moi un vif désir d'avoir cette vertu fondamentale sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu et qui attire l'abondance de ses grâces. Le divin Maître nous l'a dit : « Apprenez de moi à être humble de cœur ». Daignez, ô grand Saint, m'aider à obtenir la grâce de mettre en pratique cette importante leçon, d'arracher du fond de mon cœur jusqu'aux dernières racines de cet amour propre qui s'y élève et porte des fruits si amers, de supporter avec patience les humiliations qui me viendront de la part des hommes et les épreuves par lesquelles il plaira au Seigneur de me faire passer ; de ne jamais me prévaloir des avantages que je pourrais avoir, d'en rapporter la gloire à ce Dieu qui est la source de tous les dons ; en un mot, de marcher sur vos traces, pour mériter les glorieuses récompenses promises dans l'éternité au cœur vraiment humble.

 

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Méditation pour le Jour de la Fête de Saint Joachim

 

Nous avons considéré les unes après les autres les principales vertus du Bienheureux père de l'Auguste Vierge Marie, comme des fleurs écloses dans un beau jour de printemps et cultivées avec le plus grand soin ; formons-en aujourd'hui un seul bouquet pour les considérer toutes ensemble. Quel vif éclat jaillit de tant de brillantes fleurs réunies ! Quel doux parfum s'en exhale ! Quel beau modèle pour nous que la vie du glorieux Saint Joachim ! Avec quelle ardeur reproduire les traits. Il est vrai qu'il nous en coûtera pour l'imiter, mais la vue de la récompense qui nous attend doit soutenir notre courage et enflammer notre ardeur ; Dieu lui-même sera notre récompense comme il l'est pour le Bienheureux Saint Joachim : quoi de plus propre à nous inspirer un zèle que rien ne puisse ralentir ? Le glorieux époux de Sainte Anne jouira éternellement dans le sein de Dieu d'une gloire et d'une félicité parfaite. Combien il se réjouit d'avoir souffert avec patience les peines de cette vie, de s'être fait violence, d'avoir fidèlement et constamment observé la loi du Dieu d'Israël ! Tous ses actes de vertu sont changés en autant de rayons de gloire, en autant de torrents de délices. Il participe abondamment au repos, a la joie, au bonheur de Dieu lui-même. Placé sur un trône éblouissant, au milieu de la foule innombrable des Élus parmi lesquels il occupe un rang distingué, il jouit d'un grand crédit auprès de Dieu et obtient des grâces signalées pour ceux qui l'honorent et l'invoquent. Marie toute puissante dans le Ciel appuie les prières de son glorieux père, aussi bien que celles de sa Bienheureuse Mère, et le Divin Sauveur se plaît à donner à son aïeul des marques de son amour et de sa bonté. Recourez donc avec confiance à Saint Joachim, en toute occasion, et vous serez exaucé.

 

Prière

 

O Bienheureux Joachim, l'éclat qui jaillit de vos vertus, la gloire qui vous environne, la puissance de vos prières, tout me frappe en vous, tout excite mon admiration et ma confiance. Je veux être un de vos plus fidèles serviteurs ; je me mets sous votre protection ; je vous invoque du fond de mon cœur. Vous ne pouvez rien me refuser au beau jour de votre fête ; exaucez mes ardentes prières ; jetez sur moi un regard de bonté, protégez moi et guidez mes pas dans le chemin que vous avez suivi pour aller an Ciel; demandez avec Sainte Anne à Marie, votre Auguste Fille, qu'Elle daigne Elle-même me secourir sans cesse. Daignez m'obtenir la grâce de l'honorer et de la servir fidèlement, et par elle d'aimer Jésus de tout mon cœur, de toute mon âme et de toutes mes forces ; enfin d'entrer, sous vos auspices, dans le repos de l'éternelle félicité. Ainsi soit-il.

 

 

Neuvaine extraite du livre « Dévotion à Sainte Anne et à Saint Joachim », Imprimerie Vincent Forest, Nantes 1860

 

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Mise à jour de la page: le 28 mai 2017

27 mai 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

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Vingt-huitième jour

Notre Dame de Bon Garant

 

La contrée qui s’étend au nord-ouest de Nantes, et qu’occupait jadis la vaste forêt dont j’ai parlé déjà, compte beaucoup de sanctuaires consacrés à Marie et dont l’origine se perd dans la nuit des temps. (le culte y fut-il porté par les premiers chrétiens que la persécution forçait à s‘y réfugier ? Fut-il un moyen employé pour vaincre les druides dont les pratiques superstitieuses y trouvaient un asile impénétrable ? Nul ne le sait, nul sans doute ne le saura jamais. Ce qui est certain, c’est que Marie possède sur ce territoire plusieurs chapelles vénérées depuis de longs siècles : à Nantes, N. D. de Miséricorde ; à Orvault, N. D. des Anges ; à Treillières, N. D. des Dons ; à Grandchamp. N. D. des Fontaines ; au Temple, N. D. de Toutes Vertus ; à Sautron, N.-D. de Bon Garant. Et une légende populaire prétend que jamais le tonnerre ne tombe dans le triangle formé par N. D. des Anges, N. D. des Dons, et N.-D. de Bon Garant. C‘est de celle-ci que je viens vous parler ce soir.

Les druides ont habité ce pays, et les monuments en témoignent. Les Romains y sont venus après eux et ils y avaient porté le culte de leurs fausses divinités. Où le diable avait été honoré, les chrétiens voulurent honorer le vrai Dieu.

Les traditions rapportent que de pieux ermites s‘y sanctifièrent : ce qui les confirme, c’est que, dans le champ de l‘Ermitage, les paysans heurtent encore du sec de leur charrue les débris d'un très antique monument, et que, dans la chapelle actuelle on vénère toujours la tombe anonyme d'un ermite, mort, il y a bien des siècles, en odeur de sainteté.

Les Normands, vous le savez, avaient saccagé Nantes. Au milieu du XIe siècle, leurs ravages n’étaient pas tous réparés. L'église de Saint Cyr et de Sainte Julitte, située entre la préfecture et le cours Saint-André, restait en ruines. Pour la relever, Budic, comte de Nantes, et sa femme Adoïs donnèrent aux religieuses qui vivaient à l’ombre de ce sanctuaire désolé la terre de Bois Garant. Bientôt Saint-Cyr et Bois Garant passèrent entre les mains des religieuses de N.-D. du Ronceray, à Angers ; le second devint un prieuré.

Une chapelle, si elle n’existait déjà, y fut fondée, et un chapelain ne tarda pas à y accueillir le peuple chrétien. Celui-ci, en effet, aimait la petite chapelle ; le Bois Garant était devenu le Bon Garant, et, encouragé par ce nom plein de promesses, on y venait prier Notre Dame. Marie récompensa par d’éclatants et nombreux miracles, c’est un duc de Bretagne qui en témoigne, la confiance de ses fidèles, et le concours s’en accrut encore. Mais la chapelle était antique, trop étroite et maltraitée parle temps, indigne de Marie par conséquent. Un plus bel édifice allait lui succéder.

Non loin de Sautron, dans le bourg même de Couëron, s’élevait le château ducal de la Gazoire, où François II aimait à résider. La forêt voisine de Sautron était aussi propriété des ducs, et François, ami des fêtes et des plaisirs, y déployait souvent le luxe de ses chasses princières. À deux pas de Bon Garant, il possédait un rendez-vous de chasse, l’antique manoir de Bois-Thoreau. J’ai dit déjà qu’il était très religieux ; non content d’avoir rebâti quelques années auparavant N. D. des Dons, il voulut aussi relever de ses ruines la chapelle de Bon Garant. Était-ce à la suite d’un vœu, comme le rapporte la tradition, et pour remercier Marie de l’avoir garanti à la chasse d’un terrible danger ; et faut-il croire que le taureau sauvage auquel il échappa, grâce à la protection de la Vierge, donna son nom au manoir voisin ? Était-ce, connue l‘affirme un vieil auteur, messire Vincent Charron, pour obtenir de la Vierge qu’elle garantit sa Bretagne contre les entreprises des Français ? Ce qui est incontestable, c’est qu'il fit les choses princièrement. Il rebâtit la chapelle en belles pierres de granit, et il y ajouta, pour le prêtre chargé de la desservir, un manoir qui existe encore. La dédicace de l’église se fit solennellement : le duc, la duchesse, toute la cour étaient la, déployant leurs riches costumes sous les yeux de la foule émerveillée ; et l’évêque de Sinople, coadjuteur de Rennes, procéda à la consécration.

Après ces fêtes, le pèlerinage prit un essor plus grand. Le duc allait a Bon Garant entendre la sainte messe avant de partir pour la chasse : c’était la chapelle ducale, et la tribune réservée à la cour, ainsi que les armoiries et les hermines bretonnes, en témoignent encore. François d‘ailleurs l’aimait beaucoup et lui-même, dans un acte qui subsiste, parle de sa « singulière dévotion » pour elle.

Les pèlerins y accouraient en grand nombre et laissaient de généreuses offrandes. Le chapelain, messire Jehan Charette, les recueillait et, dans sa charité, il voulut en faire bénéficier les pauvres. Il construisit un vaste asile pour héberger les pèlerins et recevoir gratuitement les pauvres gens qui venaient de fort loin invoquer Marie. Le duc lui-même ne dédaignait pas d’y descendre avec les seigneurs de sa suite « toutes et quantes fois » qu’il venait à sa chère chapelle, et le chapelain s’empressait à honorer le prince bienfaiteur. Aussi François, à sa prière sans doute, pour aider les pèlerins « qui y affluent et abondent » à cause des merveilleux et innumérables miracles qui s’accomplissent en ces lieux ; « pour l‘honneur et révérence de Dieu et de la benoiste Vierge Marie Notre Dame » ; pour participer « aux mérites, oraisons, pèlerinages et prières » de la foule chrétienne ; et aussi pour la « singulière dévotion » qu’il éprouve envers ce petit sanctuaire, exempte d'impôts à perpétuité l'asile charitable bâti par le bon prêtre.

Après l’avoir assidûment visitée durant les jours de sa prospérité, François put saluer encore sa chère chapelle a la veille de mourir. Vieilli parle chagrin plus que par les années, attristé par les menaces de la France, et les inquiétudes de l'avenir, le prince s'était retiré avec ses deux filles au château de la Gazoire. Bien que malade et épuisé, il chassait encore dans la forêt de Sautron. Un jour, sans doute, suivant sa coutume, il avait entendu la messe à Bon Garant, il fit une chute de cheval. On le transporta dans son manoir du Bois-Thoreau, d’où il put jeter un dernier regard sur sa chapelle tant aimée, et de là à la Gazoire. Quelques jours plus tard, il y mourait chrétiennement.

Bon Garant ne devait plus voir de ducs ni de cortèges princiers à ses fêtes. Marie cependant continua d’y recevoir les hommages de ses fidèles. Chaque année, le 2 juillet, fête de la Visitation, les paroisses d’alentour s’y rendaient en procession, et l’on comptait ordinairement plus de 15 000 pèlerins. Malheureusement des désordres s’y glissèrent et l’évêque les interdit. Les voisins du moins ne cessèrent pas de visiter la chapelle ; la paroisse de Sautron garda l’usage d’y faire la procession du mois, et chaque vendredi on y célébrait la sainte messe.

Au XIVe siècle, la première chapelle avait essuyé sans dommage le feu des canons anglais (1381) ; et les paysans avaient accumulé dans un Coin du monument, comme un singulier ex-voto, les boulets recueillis aux alentours. La Révolution les transporta à l’arsenal de Nantes, mais là se bornèrent ses déprédations. Et si l’antique pèlerinage n’a plus l’éclat d’autrefois, si le chapelain n’occupe plus son manoir, si l’asile charitable n’est plus ouvert aux pauvres gens, la chapelle subsiste cependant, soigneusement restaurée dans le goût du XVe siècle, et les chrétiens du voisinage y vont toujours prier Notre Dame de Bon Garant.

Le chanoine Vincent Charron écrivait au XVIIe siècle : « Cette chapelle commença dés lors à être fréquentée des peuples non seulement circonvoisins, mais aussi des lieux les plus éloignés de la province, et fut nommée Nostre-Dame de Bon Garant, tant pour ce que le duc François demandait à la Vierge qu’elle le garantit des courses des Français, contre lesquels il avait guerre pour lors, que parce qu’elle garantissait et défendait tous ceux qui la réclamaient sous ce nom-là ».


Marie, gardienne de la patrie, Marie, bouclier des chrétiens contre les dangers qui les menacent, voilà ce que signifiait autrefois Notre Dame de Bon-Garant, voilà à quels titres nous devons encore l’invoquer aujourd’hui. Vous connaissez, mes Frères, le texte du Psalmiste : « Si le Seigneur ne protège un état, c'est en vain qu’ils veillent ceux qui sont chargés de sa garde ». C’est la religion qui est la sauvegarde des Etats ; c’est Dieu seul qui est capable de les sauver. Marie partage cette charge avec lui, et elle protège les peuples qui se réclament de sa protection. Il en est un qu’elle aime par dessus tous les autres. Nous sommes toujours les fils aimants de la Bretagne ; mais nous sommes aussi les fils de la France : et c’est la France qui est la plus aimée de Marie, la France dont on a dit qu’elle est sur terre le royaume de la très sainte Vierge, regnum Galliæ, regnum Mariæ. Ne l’oublions pas, mes Frères, et dans ces jours inquiets, jours de transformations sociales, de dangers extérieurs, de dissensions intimes, aimons à invoquer, comme autrefois François Il, le père d’Anne de Bretagne, deux fois reine de France, Notre Dame de Bon Garant.

Si la patrie court des dangers, nous aussi nous sommes exposés parfois à des malheurs, à des accidents terribles et de toute nature. Pourquoi n'imiterions-nous pas nos pères ? Quand grondait le tonnerre, ils invoquaient sainte Barbe ; quand la peste jetait partout l’épouvante, ils se vouaient à Notre Dame des Langueurs, à Saint Roch, ou bien encore à Saint Sébastien d’Aigne ; dans les dangers de toute sorte, ils recouraient a Notre Dame de Bon Garant : et souvent leur confiance naïve était récompensée. La foudre gronde toujours et, malgré nos paratonnerres, elle fait de nombreuses victimes ; la contagion sévit très souvent encore, et les sérums ne suffisent pas à la rendre inoffensive ; les chemins de fer et les automobiles n’ont pas supprimé les périls des voyages ; la vapeur n’a guère diminué le nombre des naufrages; les fusils n’ont fait qu’augmenter les dangers de la chasse... Comme autrefois, nous courons des dangers, comme autrefois nous sommes exposés à des accidents, comme autrefois mettons notre confiance en Notre-Dame de Bon-Garant.

ND de Nantes

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