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10 août 2017

Le Mois de Sainte Claire

Le Mois de Sainte Claire

 

Exercices pour honorer Sainte Claire pendant le mois d'août par une pauvre Clarisse

Mère Séraphine du Cœur de Jésus

 

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Onzième jour

À Saint Ange du Panso

 

Après la scène qui avait eu lieu au couvent de Saint Paul, François juges prudent de transférer notre héroïne au cloître de Saint Ange, plus voisin de la Portioncule. Ce monastère appartenait également aux Bénédictines. Là, Claire n’aurait pas à, craindre autant qu'à Saint Paul les récidives justement redoutées de ses parents, et le saint Patriarche pourrait plus facilement veiller sur elle. Accompagné de Bernard et de Philippe, deux de ses plus chers disciples, le Saint conduisit Claire dans ce nouvel asile.

Comme on l’a deviné déjà, la vocation de Claire et son entrée au cloître firent grand bruit à Assise. Chacun l’envisageait à sa manière, ainsi qu‘on l‘avait fait en pareille circonstance de la vocation extraordinaire de François : Les critiques cependant ne tardèrent pas de tomber pour faire place à l’admiration... Aux yeux de ses compatriotes, Claire, au château, était déjà une sainte, pourquoi tant s‘étonner alors de son héroïque détermination ? Une telle âme: n'était pas pour le monde et tout faisait bien voir depuis longtemps qu’elle appartiendrait uniquement au Seigneur... Au Roi du ciel et de la terre, qui oserait la disputer ? Les parents de Claire eux-mêmes, pénétrés d’une secrète admiration à la vue de son courage et de sa persévérance, consentirent à la laisser en paix dans sa solitude. Mais un événement du même genre devait les y amener bientôt plus furieux que jamais. Nous voulons parler de la vocation d’Agnès, la sœur cadette de notre héroïne.

Au cœur de la seconde fille de Favorino, la voix de l’Époux céleste venait aussi de se faire entendre. L'entrée de sa sœur au cloître avait fait colore dans son âme la même aspiration. Quitter le monde et se consacrer à Dieu, ne plus rien voir du siècle et ne converser qu‘avec Dieu et ses anges, depuis le départ de Claire. Agnès ne songeait et ne rêvait qu‘à cela... Or, un matin, n'y tenant plus, la jeune fille s'échappe du loyer paternel et court au monastère de Saint Ange annoncer à sa sœur sa grande résolution et l'assure qu'elle vient demeurer avec elle pour partager son bonheur. Elle aussi veut être l’Épouse de Jésus et embrasser la Pauvreté pour toujours.

« Ô ma très douce sœur, s'écria Claire dans le transport de sa joie. bénie soit à jamais la miséricorde de Dieu qui vous gratifie d’une si belle vocation ! Pour vous, comme pour moi, je n'ai demandé qu’une chose au Seigneur, c’est d‘habiter pour toujours dans sa sainte Maison : unau petii a Domino, hanc requiram, ut habitem in domo Domini...( Psaume 26).

On pressent le nouvel orage qui va fondre sur les deux colombes au petit nid de Saint Ange lorsque le Comte s’apercevra du départ de sa seconde fille... Il fut terrible en effet. Mais Agnès résista comme l’avait fait sa sœur. Douze hommes de sa famille, rassemblés par son père furent envoyés vers Agnès pour la sommer de rentrer au château ou l'y ramener de force. « Ils avaient la fureur dans l'âme », à tel point qu’exaspérés par la constance de la Sainte, l’un d’eux osa bien fondre sur elle à coups de pied et de poing. Il la prit par les cheveux essayant de la tirer dehors les autres la poussant et l'enlevant dans leurs bras, l'entraînèrent comme une proie à travers les pentes de la montagne, déchirant ses habits dans la lutte et semant la route de ses cheveux attachés. On conçoit là douleur de Gloire à la vue d‘un tel spectacle... son cœur brisé demande un miracle au ciel. en faveur de cette sœur chérie. Le prodige ne se fait pas attendre : le corps d’Agnès devient si lourd dans les mains de ses bourreaux qu'il leur est impossible de le changer de place... Force leur est de l’abandonner ou il se trouve, tandis qu' un châtiment du Ciel s'appesantit soudain sur l'un des agresseurs, son oncle Monaldo, qui furieux de se retirer confus, avait osé lever la main pour frapper encore l‘Innocente victime.

Agnès comme sa sœur, avait triomphé. Toutes deux entonnèrent ravies le chant de l’action de grâces.


Réflexions et Avis

 

La force et le secours d'en haut ne sont jamais refusés à qui les demande. Ils sont départis à l‘âme en proportion de ses besoins. Plus une épreuve l’accable, plus les encouragement de la grâce viendront la soutenir et la fortifier. De nous-mêmes, nous ne pouvons rien. Impossible par conséquent de résister par nos propres forces aux tentations de cette vie, aux séduction du monde aux attraits des plaisirs, même aux simples convoitises des sens. Où que s'engage la lutte et quelque forme qu elle prenne il nous faut la grâce de Dieu pour la soutenir et en triompher. Demandons-là au premier danger. jetons vers Dieu le cri de l'appel et de la confiance. Les Saints n‘ont pas agi autrement. Si forts et si ancrés qu'ils fussent dans la vertu, le sentiment d‘une humilité qui les distingue les fit toujours se défier d‘eux-mêmes, tout craindre et tout appréhender de leur propre faiblesses ; mais ils demeurent néanmoins toujours confiant dans le secours d’en-haut, et dans cette persuasion, toujours fermes dans le bien qu'ils entreprirent et admirables de courage pour l'accomplir... Cette force que nous admirons chez les Saints est puisée en Dieu ; elle naît de leur confiance. Voyez Claire et Agnès, chacune aussi ferme qu'énergique à l'heure de l'assaut. Elles le soutiennent sans faiblir ; sans s'intimider, sans céder... Où donc le secret de cette force, de cette mâle énergie ? Claire et Agnès l'ont trouvée au pied de l'Autel... Elles ont levé les yeux vers le Tabernacle du Seigneur d'où le secours, comme elles s‘y attendaient, devait leur venir et, fortes de cet espoir, chacune pouvait dire avec le Psalmiste : « Le Seigneur est mon défenseur et mon Dieu. Sa miséricorde me préviendra toujours, et c‘est pourquoi je demeurerai ferme et constante ».


Avis des Saints


« Ah ! Demeurer fidèle en serviteur du grand Roi, mon cœur ne cessera de vous le demander par les entrailles de Jésus-Christ » (Sainte Claire). « Qu(on est heureux quand on sert Dieu ! » (Saint François d'Assise). « Souffrons tout pour l’amour de jésus-Christ et l'établissement de son règne ». (Saint Pierre Chanel).


Couronne de sainte Claire

Fleur séraphique


La Bienheureuse Hélène Enselmine. vierge de son Ordre, au monastère d’Arcella, non loin de
Padoue (1208-1243)


Malade durant seize ans, elle ne cesse d‘édifier ses sœurs par sa résignation, son admirable patience, une amabilité à toute épreuve. Son visage rayonnait toujours et on accourait pour la voir surtout lorsqu'elle était en extase. Un jour de la fête de saint François, comme elle méditait sur les vertus du saint Patriarche et sur les grands mérites qu’il s'est acquis, elle entendit une voix céleste qui lui disait : « François fut puissant sur la terre, mais au Ciel il est aujourd‘hui plus puissant ».


Pratique : invoquer sainte Claire aux heures où le besoin de force et de courage se fait le plus sentir.


Prière


Secourez-moi, ô puissante Mère, lorsque vous me verrez faillir dans mes résolutions. Hélas ! Tout est à craindre de ma faiblesse, mais que n’ai-je pas lieu d‘attendre de votre maternel secours ? Ne le refusez pas à une âme qui a un droit spécial à votre sollicitude et à votre amour. Ainsi soit-il.

 

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9 août 2017

Le Mois de Sainte Claire

Le Mois de Sainte Claire

 

Exercices pour honorer Sainte Claire pendant le mois d'août par une pauvre Clarisse

Mère Séraphine du Cœur de Jésus

 

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Dixième jour

Assaut et victoire

 

Le 20 mars au matin, à leur incroyable surprise, les parents de Claire s'aperçoivent de la disparition de leur fille chérie. Où donc la trouver ? Qu‘est-elle devenue ? se demandent-ils avec angoisse... L’amour de Dieu l’aurait-il arrachée à notre tendresse et l’exemple de François en aurait-il fait la proie de la pénitence et de la pauvreté ?...

En quelques heures, le mystère était éclairci : La fille du comte avait quitté le château de son père pour s’enfermer dans un cloître, et c'est à celui de Saint Paul de Chiascio qu’il fallait la chercher.

À cette nouvelle imprévue, Favorino laisse éclater toute sa colère. Hortulane fond en larmes, et tout le château retentit des cris furieux du comte et des sanglots de son Épouse. Favorino appelle - honte, folie, déshonneur l'acte de sa fille... Il s‘en dit humilié, déshonoré, lui et toute sa maison. Sa fille aînée, jusqu'à ce jour son orgueil et sa gloire, la noble fille des Sceffi, se faire pauvresse, et vivre telle, au su de toute l'Ombrie ! Lui, Favorino, proteste qu'il ne supportera jamais pareil déshonneur, et jure par sa brillante épée de ramener sa fille... Hortulane, sa mère, pense l'attendrir par ses remontrances et ses larmes....et, d’un vague espoir quelque peu consolés, ils s'élancent d‘un bond, avec quelques uns de leurs proches, vers le monastère de Saint Paul.

Quel assaut va Subir la jeune recluse ? À quelle scène, à quels reproches doit-elle s’attendre ?... La voici en présence des siens... Le comte, son père, ne dissimule pas sa fureur. Au milieu d'une colère qu'il ne peut contenir, il veut remontrer à sa fille l'irréflexion de son projet, la folie d'une telle conduite, le ridicule d‘une pareille vocation. Il l’accuse de méconnaître son autorité, de déshonorer son nom, d’oublier son rang dans le monde, etc, etc… Hortulane fait entendre le langage du cœur, écoutons-la :

« Claire, ma fille, eh quoi ! Vous nous quittez !... Vous abandonner vos parents, vous, leur joie, leur espérance et leur trésor !... Ne savez-vous pas à quel point vous en êtes aimée et chérie. et croyez-vous qu'ils puissent jamais survivre au chagrin de vous perdre ?... Ô Claire, ma fille, avez pitié de nous ! Que l’affliction de nos cœurs attendrisse le votre. Ne délaissez pas la plus tendre mère pour vous ensevelir dans une retraite obscure !... de grâce, oh ! Revenez moi avec ou je meurs sous le, coup d’un pareil chagrin... »

Mais ce langage du cœur, qui brise le sien, pas plus que celui des reproches sanglants de son père, ne peut ébranler l'héroïque enfant. « Elle ne supporte pas l'idée d'être arrachée au service de Dieu », et pour mieux l’affirmer au regard de tous, elle se lève et court se précipiter vers l’autel... Fou de désespoir, son père alors s‘avance pour l'arracher aux religieuses qui l'entourent, mais Claire se rive à l’autel, « l’embrasse des deux mains, comme pour implorer cet inviolable asile, puis,enlevant son voile d’un mouvement brusque, elle montre aux siens épouvantés sa tête rasée, insigne de sa consécration définitive au Sauveur ». « Je suis à Dieu, s’écrie-t-elle, et personne au monde ne m'arrachera d’ici !... » L'assaut avait été rude, la victoire n'en fut que plus éclatante !

 

Réflexions et Avis


Dieu n’exige pas de tous les même sacrifices. Ce qu‘il voulut de Claire n'est demandé qu’à un petit nombre. mais à tous le Christ a dit : « Prenez sur vous mon joug », « Gardez mes commandements », « Faites pénitence », « Cherchez le royaume de Dieu et sa justice avant tout ! »

Or, que doit inférer l‘âme chrétienne de ces grands principes, sinon qu‘elle est tenue, elle aussi, à servir Dieu aux dépens de la nature et à sacrifier pour lui tout ce qu’il demande ? Avant tout, servir Dieu et sauver son âme ; accomplir ce qu‘il ordonne, éviter ce qu'il défend ; s'assurer une éternité bienheureuse, quels que soient les sacrifices qu’exige une telle fin ! Même en ce monde, l‘homme ne peut être heureux qu’à cette condition. Malheur à qui ne considère le bonheur ici-bas que par rapport à la vie présente et qui ne le fait consister que dans les jouissance des objets sensibles. L‘âme chrétienne doit le considérer, au contraire, par rapport à la vie future et l’établir ici-bas dans les moyens qui nous mènent à l’éternelle félicité.

Claire avait compris cela, et sa résolution d‘être à Dieu restait inébranlable. Se vouer à lui pour toujours, le servir dans la perfection des conseils évangéliques, est chez elle une résolution si forte que rien au monde ne pourra l'en détourner. Quel exemple de fermeté et de courage ! Âme pieuse, sachez en faire profit et demandez à cette généreuse élue la force dont vous avez besoin vous-même pour demeurer fidèles à vos bons propos. Tenir ses résolutions avec le Bon Dieu est-il rien de plus important ? Il y va de sa gloire et de notre bonheur. Oh ! Ne résistons jamais à la grâce. Combien est glorieuse pour Dieu notre fidélité et de quel préjudice peuvent être à sa gloire de coupables résistances ! Si Claire avait faillit dans son entreprise, si elle avait abandonné sa vocation pour condescendre au vue de ses parents, quel malheur ! Quelle perte pour l’Église, pour les âmes, pour le ciel !... L'Ordre Séraphique de Sainte Claire eût-il jamais existé sans la coopération de la fondatrice choisie pour lui donner naissance ?... Soyons fermes comme elle dans les luttes multiples qu’exige la vertu, afin de correspondre aux desseins de Dieu et réaliser en nous ses vues de sanctification.

 

Avis des Saints


« Continuez à marcher avec ferveur dans la voie sainte où vous êtes entrée et persévérez dans les vertus du Christ » (Sainte Claire). « Apprenez du moins à souffrir quelque petite chose pour l'amour de Dieu » (Sainte Thérèse d'Avila). « Dans vos heures d'épreuves et de défaillance, portez vos regards vers le ciel. Qu'elle est belle la couronne réservée à ceux qui combattent jusqu'au bout. Méritez-la au prix de la lutte et ne reculez jamais devant les sacrifices que le devoir impose » (Saint Pierre Chanel).


Couronne de sainte Claire

Fleur séraphique


Sainte Philippa de Mareri, vierge de son Ordre (1236)


Dans son désir d‘être uniquement à Jésus Christ et de ne soustraire aux importunités de son frère qui ne cessait de lui proposer un brillant mariage, Philippa se coupe les cheveux, revêt un habit pauvre et se retire secrètement, accompagnée de quelques pieux amies, sur la montagne de Mareri, où d'humbles cabanes leur servirent provisoirement de cellules. Peu après, un ancien monastère fut mis à leur disposition et c‘est là que se sanctifia merveilleusement notre chère sainte L'estime et l'amour de sa vocation la faisaient éclater en transports de joie. Elle mourut en chantant son bonheur. Sainte Philippa fut la première Clarisse honorée d‘un culte public ; il 1ui fut décerné du vivant même de sainte Claire. Son cœur se conserve encore aujourd‘hui à Borgho-San Pietro. commune de Petrella, aux environs de Rome, ou il est l’objet d'une très grande vénération. Il exhale encore de nos jours un suave parfum.


Pratique : Le courage dans les épreuves, la persévérance dans ses bons propos.


Prière

 

Communiquez à mon cœur, ô puissante Mère. L'ardeur et l’intrépidité de votre amour. Obtenez-moi ce courage, qui triomphe de tout et que les obstacles et les traverses ne peuvent ralentir, je vous le demande au nom de cette force divine, de cette énergie surhumaine que je viens d’admirer en vous. Ainsi soit-il.

 

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8 août 2017

Le Mois de Sainte Claire

Le Mois de Sainte Claire


Exercices pour honorer Sainte Claire pendant le mois d'août par une pauvre Clarisse

Mère Séraphine du Cœur de Jésus

 

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 Neuvième jour

L'entrée au cloître

 

Depuis de longues heures déjà, la nuit enveloppait de ses ombres la forteresse de Sasso-Rosso. Au château et aux alentours, tout était calme et silencieux. C’est l’heure propice, l’heure choisie pour le départ de Claire. Sans nulle hésitation et toujours parée de ses plus beaux habits, la jeune vierge se dispose à quitter la maison paternelle en compagnie de sa fidèle Bonna.

Par une porte dérobée du château, il leur serait facile, pensaient-elles, d'en franchir le seuil... et dans cet espoir, toutes deux s'y dirigent doucement et dans le plus grand silence...

Mais quel n’est pas l'étonnement des deux amies lorsqu’elles voient la porte, d'ordinaire si facile à ouvrir, fermée de manière à résister maintenant à tous leurs efforts. Elles la trouvent solidement barricadée avec de fortes barres et de grosses pierres. Que faire alors ?...

L’héroïque enfant adresse une prière à Dieu, et le miracle vient à son aide. De ses faibles mains, elle retire sans peine les énormes pieux et les grosses pierres qui lui barraient le passage et parvient ainsi à s’échapper sans bruit du château paternel... Nul ne peut soupçonner au manoir cette fuite imprévue.

Claire et sa fidèle compagne dirigent leurs pas vers la Portioncule. On les y attend avec une sainte impatience à laquelle se mêle depuis quelques instants une certaine anxiété. Le retard de Claire sème l'inquiétude dans la pieuse assemblée... François redoute que celle-ci n’ait été surprise au moment d’effectuer son départ, et que, arrêtée par ses parents, il ne soit plus libre à la sainte enfant d'accomplir ce qu’elle avait si courageusement résolu... Que fera-t-elle alors ?

L'arrivée bénie de l'angélique attendue calme aussitôt l‘angoisse. Angelis suis Deus mandavit de te... Le Seigneur avait commandé à ses anges de la garder dans toutes ses voies !

François et ses frères viennent au devant de l'illustre arrivante. Ils la conduisent au chant des psaumes dans cette humble chapelle de la Portioncule, leur ciel ici-bas … C'est là qu'ils assistent ravis à l‘admirable scène de son oblation à Dieu... Ils voient la jeune fille, d'un cœur joyeux fouler aux pieds ses riches atours, présenter ravie au tranchant du fer sa belle chevelure, réclamer avec impatience à la place du brocard, de la soie, des dentelles et des magnifiques boucles d’or, la bure grossière, le voile sombre le bandeau plat et la corde à nœuds.

François lui donne ces livrées séraphiques... Claire à échappé au monde ; elle est devenue l’épouse du Christ. Saluons en elle la fondatrice des Pauvres Dames. L'ordre à germé !

Ce grand acte accompli, le Saint, accompagné de plusieurs de ses frères, conduit la jeune vierge au cloître de Saint Paul de Chiascio, situé à faible distance de la Portioncule. C’était un monastère fervent de bénédictines. Claire y fut accueillie avec la plus sainte joie comme une recrue céleste. Mais la petite plante de Saint François n'y devait pas rester longtemps. L'enfer déjà suscitait l’orage contre elle.

 

Réflexions et Avis


Comme nous l’avons remarque hier, d‘admirables rapprochements se découvrent entre le grand acte accompli en ce jour par notre héroïne et le symbolisme délicieux du dimanche des Rameaux. L'entrée solennelle de Claire dans le cloître est un triomphe, une victoire que chantent les Anges du ciel... Elle est en même temps pour elle l‘indice d'un avenir de souffrance au devant duquel nous la voyons néanmoins s’élancer généreuse. La pensée du divin Rédempteur faisant son entrée triomphante à Jérusalem, et se disposant en même temps aux souffrances et aux ignominies prévues de sa douloureuse Passion, excitait l‘auteur de cette jeune vierge et encourageait ses premiers pas dans le chemin royal de l'immolation qu'elle devait parcourir. Les délicieux accents liturgiques semblaient merveilleusement appropriés aussi aux cérémonies touchantes d‘une telle oblation.

À celle qui venait d'abandonner le monde sur l‘appel divin, ils rappelaient la sortie d’Égypte du peuple d'Israël et en imploraient sur elle les bénédictions célestes comme les reçut alors le législateur du peuple de Dieu. Ailleurs, n’est-elle pas représentée par la blanche colombe pressée de s‘enfermer dans l'Arche ?... et s’il est question de ce peuple fidèle qui étendit ses vêtements sous les pas de Jésus, avec quel merveilleux à propos ne pouvait-on pas lui appliquer des paroles : « Que votre Élue, Seigneur, vous prépare les voies de la foi et que toute pierre de scandale étant ôtée, elle puisse suivre vos pas et voir fleurir devant vous les branches spirituelles de ses bonnes œuvres ».

Que le souvenir de la Passion de jésus nous soit comme à sainte Claire un stimulant de générosité et d'amour. Excitons-nous à pratiquer la vertu par la pensée de ce que Notre Seigneur a souffert pour nous. C’est un encouragement dont notre âme aura souvent besoin peut-être. Si belle qu'elle soit aux yeux de la foi, la vertu, quand il s’agit de la pratiquer, n'est pas toujours envisagée au point de vue de ses splendeurs. Ce n‘est pas toujours sur la tige d'un rameau verdoyant ou fleuri qu'elle se présente à nous, et lorsqu’elle nous apparaît desséchée, sans douceur et sans parfum, nous sommes tentés peut-être de la repousser ou de lui faire triste accueil... Ne recherchons pas le goût sensible dans la vertu. L'aurore de Pâques en fleur ne peut briller toujours pour l’âme chrétienne, pour l‘âme qui doit acheter le ciel au prix de luttes et de combats sans nombre.

La vertu, comme le royaume des cieux, souffre violence, il n’y a que les intrépides et ceux qui se font violence qui l‘emportent.


Avis des Saints


« Soyez dans la même disposition ou a été Jésus-Christ » (Saint Paul). « Offrons à Dieu ce que nous avons de meilleur » (Saint Bernard). « Regardez le ciel qui vous invite à prendre la Croix et à suivre Jésus-Christ qui vous précède » (Sainte Claire). « Nous sommes dans l’erreur si nous ne voulons être être saints de la manière dont Dieu veut que nous le soyons ». (Saint Ignace).

 

Couronne de sainte Claire

Fleur Séraphique

La Bienheureuse Bénédicte, particulièrement appréciée de saint François et de la bienheureuse fondatrice (XIIIe siècle).


Le Séraphique patriarche avait souvent prédit à sainte Claire que celle-là lui succéderait ajoutant qu‘elle en était digne. Le suite justifia en effet cette prédiction. Nommée Abbesse, le Ciel se se plut à confirmer cette élection par une série de prodiges. Les miracles naissaient délicieusement sous les pas de la Bienheureuse. On eût dit que toutes choses lui étaient soumises et qu’elle avait la puissance de se faire obéir de toute la création.

Pratique : Apporter au service de Dieu la ferveur et la générosité qu'il demande.


Prière


Ô glorieuse vierge, intrépide amante de Jésus Christ, obtenez-moi de l’aimer comme vous sans partage, de le chercher Lui seul au mépris de toutes les jouissances du monde et aux dépens même de mon repos et de ma vie. Qu'il me sera bon de participer ainsi aux dispositions de votre âme généreuse et si agréable à l’Époux divin. Ainsi soit-il.

 

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7 août 2017

Le Mois de Sainte Claire

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Le Mois de Sainte Claire


Exercices pour honorer Sainte Claire pendant le mois d'août par une pauvre Clarisse

Mère Séraphine du Cœur de Jésus

 

Huitième jour

L'adieu au Monde

 

À mesure que s'affermissait dans l'âme de Claire son généreux dessein, le vœu de le réaliser l'embrasait de plus en plus. Elle ne voyait et ne rêvait plus que le cloître, appelant de tout son cœur le jour béni qui l’y introduirait pour toujours. Touché de ses désirs et inspiré d’en haut, François comprit que l‘heure était venue de rompre les liens qui retenaient captive cette chaste colombe et qu'il devait lui permettre enfin de prendre son vol vers les régions solitaires que rêvait son amour. Le départ de Claire pour le cloître fut donc résolu. François le fixa à une solennité aussi mémorable que touchante, celle du' dimanche des Rameaux, qui, en cette année 1212, tombait le 19 mars.

Mais comment s'y prendre pour annoncer aux parents de Claire une telle décision ? Comment surtout espérer leur agrément en ce point ? Aucune ouverture préalable n'avait pu les induire à conjecturer pareil dessein dans l'esprit de leur fille aînée, de leur douce Claire admirablement soumise, obéissante et toujours si affectionnée et si tendre à leur égard.

François et Claire unirent leurs supplications auprès de Dieu pour obtenir d’être éclairés en cette grave et délicate circonstance. Malgré la piété qui distinguait les châtelains de Sasso-Rosso, tout faisait prévoir qu'elle n’irait pas jusqu’à les incliner volontiers à l'acceptation d'un pareil sacrifice... Claire était trop aimée, trop chérie de ses parents pour qu'ils puissent consentir à la voir s'éloigner d'eux pour embrasser un genre de vie si austère et si effrayant pour la nature.

« La situation était donc des plus délicates. Après y avoir réfléchi, François ne vit qu'une ressource, celle dont il avait usé lui-même, un parti hardi qui, en l’éloignant de son père, lui donnait contre lui la force d'un événement accompli. Claire déclarait que pour Dieu, elle irait jusque là, mais François semble avoir hésité à assumer sur lui une responsabilité aussi grave. Il jugea très sagement que l'intervention de l’Évêque était nécessaire » (Mgr Ricard). L’Évêque, ayant oui les raisons alléguées de part et d’autre, trancha la question et donna son autorisation.

Le jour de l'Adieu au monde resta donc fixé au dimanche des Rameaux, et il fut convenu que Claire, l’élue du Seigneur, quitterait secrètement la maison paternelle pendant la nuit.

Lorsque brilla l’aurore de Pâques fleuries, Claire entonna le chant de la jubilation et d'action de grâces. C‘était le jour béni de sa délivrance ; celui de son adieu au monde et de son entrée au cloître Son âme exultait dans la joie et l'amour.

Parée de ses plus riches habits, ainsi qu’avait réglé François, pour donner plus d’éclat à son dépouillement volontaire, Claire se rendit à la cathédrale où officiait l’évêque d’Assise. Toute à la contemplation de son Dieu et au bonheur qui l’attendait, l’angélique vierge ne parut point aux pieds du Pontife pour recevoir de sa main, comme c’était l'usage, le rameau bénit de ce tour. Elle demeura à sa place absorbée dans la contemplation... l’Évêque le remarqua, et, quittant soudain le sanctuaire, il apporta lui-même à Claire et déposa entre ses mains virginales la palme bénite, symbole anticipé du glorieux triomphe qu'elle allait remporter le soir même à l’admiration universelle du ciel et de la terre.


Réflexions et avis


Le beau jour pour se donner à Dieu que le dimanche des Rameaux, alors qu'on a la palme à la main, l’hosanna sur les lèvres et l'amour plein le cœur... Telle nous apparent la douce Claire a la cérémonie du matin dans la cathédrale d'Assise et le soir à sa sortie du château pour la chapelle de la Portioncule, ou doit avoir lieu son oblation solennelle... Quel beau jour pour une telle oblation ! et qu'en touchants et délicieux à-propos il abonde !... Claire n‘est-elle pas la vierge de Sion à laquelle il a été dit : Ne craignez pas fille de Sion. Ne craignez pas, fille privilégiée de Sion, voici votre Roi qui vient à vous, plein de douceur... Et si le Roi pacifique des cœurs est venu le premier vers elle, ne faut-il pas qu'elle aille maintenant à Lui le cœur en joie et l'âme aussi généreuse qu'ardente ?...

Poétique rapprochement entre le printemps de la nature et le printemps de la vocation. Le dimanche des Rameaux c’est, dans le printemps à son aurore, la fête qui parle de triomphe, d'espérance et de suffit, en même temps que tout refleurit dans un doux renouveau. C‘est le réveil de la nature, délicieux surtout dans la radieuse Ombrie, heure choisie précisément pour le sacrifice de Claire, à un âge ou tout semble sourire et chanter et où la vie pour elle s’annonçait si heureuse !

Tout quitter et tout sacrifier en face du séduisant tableau de l’avenir est un héroïsme qui étonne ! Le sacrifice de Claire n'en parait que plus admirable et plus spontané... Les splendeurs d'un autre printemps, celui de la vie religieuse, sont dévoilées à son âme, et les délices de l’amour de jésus, - sans comparaison aucune, - ont pour elle bien d'autres attraits... L’heure est venue d'en jouir, et l’Époux divin l’y convie : L’hiver a passé, les pluies ont cessé, le printemps a reparu sur notre terre ; lève-toi, ma Bien-Aimée, et viens... (Cantique 2, 11-12).

Rappelons cependant que tout n’était pas rose et fleurs devant les pas de Claire allant au devant de l’Époux sacré... Le dimanche des Palmes précède la Semaine sainte et les splendeurs des voies divines ne pouvaient être entrevues par la jeune vierge qu’à travers les ombres de la Passion… Elle sait qu’elle embrasse la croix... qu'elle va au devant des souffrances... qu’elle devra monter jusqu'au Calvaire... mais aucune de ces considérations ne l’arrête... Notre héroïne marche à la suite de jeans encouragée par cette pensée qu‘elle peut tout en Celui qui la fortifie (Phil. 4, 13). A l'exemple de Claire âme pieuse, comptez sur le secours divin, car les sacrifices qu'exige la vertu sont toujours accompagnés de grâces particulières aidant à les accomplir.


Avis des Saints

 

« Que le bruit et l‘éclat du monde ne vous émeuvent point, parce que les siècle disparaît avec la vitesse de l'ombre. Ne vous laissez pas éblouir par ses apparences, parce qu’elles sont trompeuses. L'antique serpent sifflera autour de vous, il est vrai, mais fermez l’oreille, résistez avec courage et il fuira loin de vous » (Sainte Claire). « Ceux qui méprisent la terre et qui n'y désirent rien, s’élèvent et volent jusqu'au ciel » (Saint Grégoire). « Jetez un regard sur la croix pour ne point perdre confiance ». (Saint Paul de la Croix).


Couronne de Sainte Claire

Fleur Séraphique

 

La Bienheureuse Balbina, sa nièce, sœur de la Bienheureuse Aimée (XIIIe siècle).


Elle fut par ses qualités une de ses auxiliaires les plus appréciées pour la réformation ou la fondation de diverses maisons. Dieu la favorisa du don des miracles. Sa vie exemplaire lui gagna tellement l'amour de sainte Claire que celle-ci, rapportent les chroniques, se plaisait à lui en donner des preuves en la soignant souvent elle-même à l'occasion. Elle mourut au monastère du Val de Gloire à Spello qu'elle avait fondé et dont elle était abbesse.


Pratique : La générosité au service de Dieu. Ne pas redouter les croix et les souffrances qui s’y rencontrent.


Prière


Daignez, céleste Mère, me faire comprendre le mystère de ta croix, me découvrir le prix et l‘excellence du sacrifice qui répugne tant à ma nature déchue. Obtenez-moi la sainte énergie d‘immoler à Dieu tout ce qu'il réclame, sans craindre même de porter le glaive jusqu' au plus profond de mon cœur. Ainsi soit-il.

 

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6 août 2017

Le Mois de Sainte Claire

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Le Mois de Sainte Claire


Exercices pour honorer Sainte Claire pendant le mois d'août par une pauvre Clarisse

Mère Séraphine du Cœur de Jésus

 

Septième jour

Épreuve

 

Éclairé d'un rayon céleste sur les destinées de Claire, François bénit le Ciel qui la lui amenait. il eut pour elle des paroles d‘encouragement et de flamme, des accents du ciel, et Claire, heureuse et confiante, lui ouvrit son âme avec abandon. Elle le supplia d'en être le guide et de la conduire sur les pas de Jésus, dans les voies du renoncement, de la pauvreté et du sacrifice que lui-même a tracées.

Elle était vraiment conquise à l'Époux céleste et prédestinée à de grandes choses cette jeune vierge d’Assise. François eût pu dès lors, et sans la moindre hésitation, se prononcer sur la vocation de Claire. D’un regard prophétique, il entrevoyait déjà l'admirable parcours qu‘allait traverser dans la perfection cette âme ardente et généreuse. Toutefois, avant d'accéder à ses désirs, il jugea bon, en guide prudent et sage, de la soumettre à une épreuve aussi extraordinaire que Sublime.

« Si les charmes de la Pauvreté vous attirent, prouvez-le, dit-il à Claire, prouvez-le en quittant la riche toilette que vous portez. Couvrez-vous d'un sac, et parcourez la ville en demandant l'aumône de porte en porte ». « Oh ! volontiers, s’écria Claire tout heureuse, Père, je le ferai de grand cœur pour vous convaincre et pour goûter la, pauvreté de mon Jésus ».

Et la fille du comte Favorino, vêtue à la mendiante, parcourut sa ville natale, allant, de porte en porte, solliciter humblement l’aumône d’un morceau de pain pour l’amour de Dieu.

Chose vraiment merveilleuse ! Personne, hormis le Saint, ne reconnut Claire de Sceffi sous les haillons qui la couvraient. Ces livrées de la pauvreté qu'elle avait si joyeusement revêtues ne la distinguèrent qu’aux yeux de Dieu et des anges.

« Après l’avoir accueillie, entendue, éprouvée, François, dit un pieux auteur, lui rendit visite au château paternel en compagnie sans doute du frère Rufin, parent de la famille. Ils se virent ainsi à plusieurs reprises. A mesure qu’ils le faisaient, ils étaient l’un et l’autre plus convaincus qu’une Providence attentive avait présidé à leur rencontre. Claire ne se laissait pas d’entendre la parole de François aussi éloquente dans le tête-à-tête qu'en présence de la foule, et qui, en la révélant à elle-même, la remplissait d’une lumière et d’une douceur divines. De son côté, François était ravi de ce qu'il découvrait dans son interlocutrice ; cet accent si sincère, ce courage simple et décidé à tous les sacrifices, plus encore, cette fois à un appel venant du ciel, c'étaient tous les caractères des âmes conviées aux noces de l’Époux divin. Claire était manifestement de ces âmes. il fallait se hâter de l’offrir au Seigneur comme une belle proie que le monde commençait à convoiter ». (M. Le Monnier).


Réflexions et Avis


Attachons-nous aux vertus solides et nous n'aurons pas à craindre de nous égarer. L'humilité et l'obéissance sont de ce nombre... et les saints nous disent qu’on ne peut excéder en ce point... C’est au moyen de ces vertus, l’obéissance et l'humilité, que saint François d’Assise voulut s'assurer et qu’il fut convaincu de la ferveur de Claire. La vertu qui tend à s'écarter de l‘obéissance est une vertu illusoire et sans fondement... de même celle qui est dépourvue d'humilité ; elles crouleront l’une et l’autre comme un édifice bâti sur le sable mouvant et que le moindre orage peut renverser.

Aspirant au cloître pour s‘y donner à Dieu, rien ne parut difficile à Claire et rien ne lui coûter pour atteindre ce but. Eût-on exigé mille et mille fois plus, sa ferveur n'eut pas hésité une seconde à l’accomplir... Plus il est demandé à l'âme fervente, plus elle est heureuse, estimant comme un grand bonheur l’occasion qui lui est donnée de témoigner son amour à Dieu en faisant pour lui quelque chose de plus signalé. Le prix d'un seul acte de cette nature est d’une valeur incompréhensible. Au ciel seulement nous en connaîtrons tout le mérite.

Cependant, l’occasion de faire de grandes choses pour Dieu se présente rarement, et nous devons nous porter d‘un cœur aussi généreux à la pratique des plus humbles vertus qu‘aux actes prévus d'une perfection plus relevée. Dieu ne demande pas l'impossible. Nous n'aurons à lui rendre compte que des choses que nous aurons pu faire. Par conséquent, double raison pour nous de les accomplir. Sachons donc apprécier l‘humble semence des petites vertus ; celles-ci germent en nombre dans le sillon de notre vie et peuvent se cueillir en quelque sorte sous chacun de nos pas. Oh ! La belle moisson qui nous est offerte ! Insensé et mille fois coupable qui la dédaigne et la méprise.

 

Avis des Saints

 

« On déplaît à Dieu quand on obéit avec chagrin, et en cherchant à connaître la raison de tel ou tel commandement » (Saint Bernard). « Le vrai obéissant doit considérer en toute chose non la difficulté plus ou moins grande du commandement, mais l‘autorité de celui qui le fait et le mérite de l’obéissance » (Saint François d'Assise). « Rappelons-nous que la sainteté ne consiste point à faire de grandes choses, mais à vivre chrétiennement dans la condition où nous a placés la Providence ». (Saint Pierre Chanel).

 

Couronne de sainte Claire

Fleur séraphique


La Bienheureuse Benvenuta de Pérouse qui fut vraiment la bienvenue au petit cloître de Saint Damien (XIIIe siècle).


Elle avait connu Claire dans le monde, sa famille étant très liée avec celle des Sceffi Son entrée réjouit vivement la sainte Fondatrice, heureuse de voir cette âme si chère se donner à Dieu. Longtemps éprouvée par la maladie, et finalement privée de l'usage de la parole, Benvenuta fut l'heureuse miraculée de la Sainte Mère. Ce miracle est l'un des plus éclatants de l'illustre Fondatrice, touchée de compassion à la vue de sa fille toujours si obéissante et réduite a ce triste état, Claire fit sur elle le signe de la Croix et la pauvre malade guérit instantanément.

Pratique : S’exciter au détachement des choses de ce monde par Cette parole d‘un grand saint ; « Qu’est-ce que cela pour l’éternité ? »


Prière


Ô vous qui avez si généreusement renoncé aux honneurs du monde pour embrasser la pauvreté et l'humilité de Jésus-Christ, obtenez-moi la force dont j’ai besoin pour la pratiquer moi-même selon que l'imposent mes devoirs d’état, car toujours et partout l’âme chrétienne est tenue de vivre détachée des biens de la terre et de s’appliquer à devenir douce et humble de cœur. Ainsi soit-il.

 

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25 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Vingt-sixième jour

Dévotion de Vincent, et sa piété envers Dieu

 

La dévotion est une vertu par laquelle nous nous portons à toutes les choses qui regardent le culte et le service de Dieu, avec une affection toute singulière et un désir de le glorifier et honorer, qui n'a point d'autres bornes que celles qui lui sont prescrites par la charité. Et comme nous pouvons honorer et glorifier Dieu par l'exercice de toutes sortes de vertus, pour cette raison Saint Ambroise a fort bien dit que la dévotion était le fondement des autres vertus ; et Saint Augustin assure que les vraies vertus ne se peuvent trouver, sinon en ceux qui ont une véritable dévotion et piété envers Dieu.

Comme donc Vincent a excellé eu toutes sortes de vertus, ainsi que nous avons vu dans le courant de ce mois, il n'y a pas lieu de douter qu'il n'ait possédé celle-ci en un degré très excellent, et qu'il n'ait été doué d'un dévotion sincère et parfaite pour tout ce qui concernait le culte et l'honneur de Dieu.

La dévotion de ce saint homme était fondée sur une très haute estime de la grandeur infinie de Dieu, et sur un très profond respect envers sa divine Majesté. Ses humiliations merveilleuses dans toutes les actions de religion, les termes remplis d'honneur et de respect qu'il employait, quand il était question de parler de Dieu, et l'affection toute singulière avec laquelle il s'efforçait de répandre dans tous les esprits une très grande estime et reconnaissance des grandeurs et des perfections de Dieu, ont été des marques évidentes de cette sainte disposition qu'il avait dans le cœur.

« Étudions-nous, mes frères, disait-il un jour à sa communauté, à concevoir une grande, mais une très-grande estime de la majesté et de la sainteté de Dieu ; si nous avions la vue de notre esprit assez forte pour pénétrer quelque peu dans l'immensité de sa souveraine excellence, ô Jésus ! Que nous en rapporterions de hauts sentiments ! Nous pourrions bien dire, comme Saint Paul, que les yeux n'ont jamais vu, ni les oreilles ouï, ni l'esprit conçu quelque chose qui lui soit comparable. C'est un abîme de perfection, un être éternel, très saint, très pur, très parfait et infiniment glorieux ; un bien infini qui comprend tous les biens, et qui est en soi incompréhensible. Or, cette connaissance que nous avons que Dieu est infiniment élevé au-dessus de toutes connaissances et de tout entendement créé, nous doit suffire pour nous le faire estimer infiniment, pour nous anéantir en sa présence, et pour nous faire parler de sa Majesté suprême avec un grand sentiment de révérence et de soumission ; et à proportion que nous l'estimerons, nous l'aimerons aussi ; et cet amour produira en nous un désir insatiable de reconnaître ses bienfaits, et de lui procurer de vrais adorateurs ».

Il avait une aversion incroyable contre l'orgueil, à cause que ce vice ravit à Dieu l'honneur qui lui est dû, et fait que les superbes se l'attribuent avec autant de témérité que d'injustice ; et, pour cela, il lui faisait une guerre continuelle, non-seulement en lui même, mais en tous ceux qui étaient sous sa conduite. Nous rapporterons ici quelques-uns de ses sentiments, qu'il écrivit un jour à un de ses prêtres qui travaillait en mission : « Oh ! que je suis consolé, lui dit-il, de ce que vous me mandez que ce bon peuple fait bien son devoir! Car je ne saurais vous dire combien je craignais qu'il ne le fit pas. À Dieu seul en soit la gloire, et que ceux qui travaillent lui rendent fidèlement cette reconnaissance, que si leurs petits travaux ont quelque succès, et s'ils produisent quelque bon effet, c'est Dieu qui l'a fait, et c'est à lui seul à qui il en faut rendre tout l'honneur. Oh ! Monsieur, que celui-là apporterait un grand empêchement à la sanctification du nom de Dieu, et à la justification des âmes, qui s'attribuerait l'un ou l'autre, ou qui penserait y avoir quelque part ! Plaise à la bonté divine qu'il n'arrive jamais qu'aucun de la Mission admette en son esprit une telle pensée ; ce serait sans doute un grand sacrilège qu'il commettrait, et tout le corps de la congrégation se rendrait coupable du même crime, s'il se flattait de cette malheureuse opinion, que par ses emplois il convertit des peuples à Dieu, et qu'il est pour cela digne d'être estimé et considéré. Oh ! que je désire que nous gravions bien avant dans nos cœurs cette vérité, que ceux-là qui pensent être les auteurs de quelque bien ou y avoir quelque part, et qui prennent quelque complaisance en cette pensée, perdent beaucoup plus qu'ils ne gagnent en ce même bien ! »

Mais c'était principalement en la célébration publique des offices divins, que la dévotion de ce grand serviteur de Dieu paraissait, avec une édification toute singulière des assistants ; lorsqu'il pouvait assister au chœur pour chanter ou psalmodier, il le faisait avec un grand recueillement d'esprit ; en sorte qu'on le voyait comme tout ravi et élevé en Dieu. Il recommandait aussi très souvent à sa communauté de s'acquitter de ce devoir envers Dieu avec respect et sentiment de piété, d'aller posément, tenir les yeux baissés ou arrêtés sur le bréviaire, sans regarder ni d'un côté ni d'autre ; et quoiqu'il eût un cœur tout rempli de mansuétude, il ne pouvait néanmoins souffrir les moindres fautes qui se commettaient dans les offices divins ; comme au contraire il ne pouvait assez témoigner sa joie, quand on faisait cette action de la manière qu'il convient.

Comme l'église, dans ses fêtes principales, nous invite à honorer plus particulièrement les mystères dont elle solennise la mémoire, c'était en ces jours-là que Vincent faisait paraître une dévotion tout extraordinaire ; il y célébrait ordinairement la grand' messe et officiait à vêpres, mais avec une telle récollection, modestie et gravité, qu'il était aisé de connaître combien il était appliqué intérieurement à Dieu. Et quoique sa dévotion fût telle pour la célébration des grandes fêtes, elles ne paraissait pas moindre aux autres jours, pour toutes les actions qui concernait le culte et l'honneur qu'il rendait à Dieu. Il se levait régulièrement à quatre heures, comme il a été dit, quoiqu'il se couchât toujours fort tard, et qu'il passât beaucoup de nuits sans pouvoir reposer plus de deux heures, comme il l'a quelquefois lui-même avoué; et, nonobstant cela, dès le premier signal il se levait avec une telle promptitude et ferveur, que le second coup de la cloche qu'on sonnait ne le trouvait jamais en la même posture que le premier; il ne manquait pas de rendre ensuite aveu grande humilité ses premiers devoirs à Dieu.

Voici ce qui a été écrit de sa propre main, qu'il a donné à une personne de très grande qualité pour bien faire cette action : « Étant levé, j'adorerai la majesté de Dieu, et lui rendrai grâce de la gloire qu'il possède, de celle qu'il a donnée à son Fils, à la Sainte Vierge, aux Saints Anges, à mon ange gardien, à Saint Jean-Baptiste, aux Apôtres, à Saint Joseph, et à tous les saints et saintes du Paradis. Je le remercierai aussi des grâces qu'il a faites à la sainte Eglise et en particulier de celles que j'ai reçues de lui, nommément de ce qu'il m'a conservé pendant la nuit. Je lui offrirai mes pensées, mes paroles et mes actions, en l'union de celles de Jésus-Christ, et je le prierai qu'il me garde de l'offenser, et qu'il me donne la grâce d'accomplir fidèlement tout ce qu'il lui sera le plus agréable ». Après ces actes de religion et de reconnaissance, il faisait son lit, et puis il s'en allait à l'Église devant le Saint Sacrement, où nonobstant toutes ses incommodités, il arrivait ordinairement avant la demi-heure, et plus tôt que beaucoup d'autres. Il témoignait une grande joie de voir tous les matins la communauté assemblée devant Notre Seigneur et il congratulait fort les plus diligents et les plus assidus, et avait peine quand il en voyait quelques-uns traîner après les autres.

 

Fleurs Spirituelles

 

« Si en parlant de bouche à Dieu, on lui parle en même temps de cœur, faisant attention que c'est à Dieu qu'on s'adresse, et entrant dans les sentiments que les paroles expriment, on fait une prière qui est tout à la fois vocale et mentale ; une telle prière est très utile ». (Sainte Thérèse).

« Une prière bien faite est très-agréable aux Anges, ce qui fait qu'ils aiment beaucoup ceux qui prient. Au contraire, une telle prière est un grand tourment pour le démon, qui s'efforce de troubler et de distraire ceux qui vaquent à ce saint exercice ». (Saint Jean Chrysostôme).

Pratique : Faites aujourd'hui toutes vos prières vocales avec beaucoup de recueillement et d'attention. Priez pour les personnes qui s'adonnent souvent au saint exercice de la prière.

 

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8 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Neuvième jour

Gratitude de Saint Vincent

 

Ce serait manquer à l'un des plus justes devoirs du chrétien, que de se rendre ingrats et méconnaissant des bienfaits reçus, soit à l'égard de Dieu qui en est la principale source, soit à l'égard du prochain dont la divine bonté se sert quelquefois comme d'un canal pour faire découler sur nous diverses sortes de biens.

Or, Vincent était autant éloigné de ce vice, que son cœur se sentait porté par son inclination naturelle et encore plus par le mouvement de la grâce, à la vertu de reconnaissance, tant envers Dieu qu'envers le prochain. Il disait sur ce sujet qu'il n'y avait rien qui avait tant d'efficace pour gagner le cœur de Dieu que de lui offrir un cœur reconnaissant de ses dons et de ses bienfaits ; et dans ce sentiment il avait coutume de remercier Dieu souvent de tous les biens que sa bonté infinie communique incessamment à toutes sortes de créatures, et qu'il a communiqués dès le commencement du monde, comme aussi de toutes les bonnes œuvres et actions de vertu qui ont été pratiquées par le mouvement de sa grâce ; et il conviait les autres à faire de même: et descendant plus au particulier, il invitait souvent les siens à rendre à Dieu de très fréquentes actions de grâces pour la protection et. pour le progrès qu'il daignait donner à son Église et aux principales parties dont elle est composée, surtout aux prélats, aux pasteurs et aux autres ouvriers ecclésiastiques qui travaillaient pour sa conservation et son avancement. Il avait aussi grand soin de remercier Dieu de tous les fruits que faisaient dans l'Église les compagnies et congrégations bien réglées. Et pour ce qui regardait la sienne, on ne saurait assez expliquer avec quels sentiments de reconnaissance il remerciait la divine bonté pour toutes les bénédictions qu'elle versait sur toutes les fonctions auxquelles les siens s'appliquent; comme sur les missions, les exercices des ordinants, les retraites, les conférences, les séminaires et autres services qu'ils rendent à l'Eglise. Il remerciait encore souvent Dieu, pour les assistances qu'on rendait aux pauvres, pour la promotion des bons ecclésiastiques aux charges et dignités de l'Eglise, pour les heureux succès que sa divine boulé donnait aux bons desseins du Roi, pour les victoires remportées soit par sa Majesté, soit par les autres princes et états chrétiens, sur les infidèles hérétiques et schismatiques : et généralement de tous les événements avantageux à la gloire de Dieu et au bien de la religion catholique. C'étaient là les plus ordinaires sujets de sa reconnaissance envers Dieu, laquelle lui semblant trop chétive, il invitait toutes les personnes de piété et les communautés entières, et principalement la sienne, à en louer et glorifier Dieu avec lui, et à offrir leurs sacrifices et prières à cette intention.

On lui a souvent ouï dire qu'il fallait employer autant de temps à remercier Dieu de ses bienfaits, qu'on en employait pour les lui demander ; et il se plaignait avec un grand ressentiment de l'ingratitude extrême des hommes envers leur Père céleste, rapportant sur ce sujet la plainte que Jésus-Christ même en a faite dans l'Évangile, lorsque ayant guéri dix lépreux il n'y en eut qu'un qui se rendit reconnaissant de ce bienfait : et, pour cela, il exhortait incessamment les siens à la pratique de cette vertu, dont le défaut, comme il disait, nous rend indignes de recevoir aucune faveur de Dieu et des hommes.

On ne sait pas de quelle grâce particulière à son égard il remerciait Dieu, parce qu'il n'en parlait jamais, son humilité lui faisant tenir les dons qu'il recevait du Ciel sous le sceau du silence, mais il avait cette coutume tous les ans au jour de son baptême de prier tous ceux de sa communauté, de lui aider à remercier Dieu de ce qu'il avait tant d'années que sa bonté le supportait sur la terre. Nous pourrons juger de la reconnaissance qu'il avait pour les hommes, qui était inconcevable, quelle pouvait être celle qu'il avait pour Dieu; et cela d'autant plus que, recevant les bienfaits des hommes comme lui étant départis de la main libérale du Seigneur, son intention était de lui rapporter les remerciements qu'il leur rendait.

Pour ce qui est de sa gratitude envers les hommes, elle était si grande, qu'il en rendait des témoignages particuliers, non-seulement pour les bienfaits signalés et les services considérables qu'il recevait, mais même pour les moindres choses que l'on faisait pour lui, ce qui provenait de sa profonde humilité qui lui faisait croire que rien ne lui était dû, et que chacun lui faisait plus d'honneur et de grâce qu'il ne méritait ; de sorte qu'il trouvait sujet de remerciement en des choses où les personnes les plus reconnaissantes n'en eussent pu apercevoir. Dans cette esprit de gratitude, il disait à ceux qui l'approchaient, quoique ce ne fût que par manière de visite, ou pour lui rendre le moindre devoir, aux uns : « Je vous remercie de ce que vous ne méprisez point la vieillesse » ; à d'autres : « de ce que vous supportez un misérable pécheur » ; à quelque autre : « de ce que vous m'avez enseigné une chose que je ne savais pas », ou « de la charité que Dieu vous donne pour moi » ; ou bien : « de la patience que vous avez exercée à m'entendre » ; et il faisait ces remerciements jusqu'aux moindres des frères et même à celui qui était plus ordinairement auprès de sa personne dans ses maladies, le remerciant des plus petits services, comme de lui allumer une lampe, lui apporter un livre, ouvrir ou fermer une porte, etc., témoignant faire état des moindres choses et de les recevoir avec esprit de reconnaissance; ce qui faisait qu'un chacun prenait plaisir à lui rendre quelque sorte de service. — Il en usait de même dans les voyages, pour les moindres assistances qu'on lui rendait, comme de lui aidera monter à cheval ou autres semblables, dont il faisait plusieurs remerciements avec une grande cordialité et d'une manière fort gracieuse même aux enfants, ajoutant souvent aux paroles quelque rétribution ; et il était si exact en cette reconnaissance, que si celui qui l'accompagnait dans ses voyages ne remerciait pas assez, ou le faisait froidement, il l'en avertissait comme d'une faute.

Ce vénérable Prêtre, qui en toutes choses imitait Notre Seigneur, l'a imité particulièrement en ceci, de tenir fait à sa personne ce qui l'était air moindre des siens ; et pour cela il remerciait et récompensait ceux qui rendaient quelque bon office au frère qui avait le bonheur de l'accompagner, comme de ce qui était fait à lui-même.

Il était si reconnaissant, que quand il avait reçu assistance ou faveur de quelqu'un pour sa compagnie, il ne manquait pas de le publier partout, et de l'appeler protecteur, bienfaiteur et lui donner d'autres titres semblables, exhortant ses enfants à le recommander à Notre Seigneur et lui témoignant toujours aux rencontres le souvenir de ce bienfait.

Un Prêtre de la Mission étant mort en Lorraine dans une maison des Révérends Pères Jésuites, qui le firent enterrer honorablement, Vincent fit faire pour cela une conférence à sa communauté sur la reconnaissance, afin d'exciter ses enfants à prier Dieu pour ces bons Pères et pour lui demander la grâce et les occasions de reconnaître ce bienfait, comme il l'a reconnu en son particulier dans toutes les manières possibles ; prenant toujours le parti de cette Sainte Compagnie, lorsqu'il s'est élevé des persécutions contre elle, tâchant d'en détourner les calomnies, publiant les vertus qu'elle pratique et les grands biens qu'elle fait.

Il avait surtout une grande reconnaissance envers les fondateurs des maisons de sa congrégation, en sorte qu'il ne mettait point de bornes dans tous les témoignages de gratitude qu'il pouvait leur rendre. Écrivant sur ce sujet à l'un de ses Prêtres : « Nous ne saurions, lui dit-il, avoir jamais assez de reconnaissance et de gratitude pour nos fondateurs » ; on peut juger par ces quelques mots extraits de sa lettre, de quels sentiments il était animé à leur égard, et combien il désirait que ses enfants les partageassent. Nous n'aurions jamais fait, si nous voulions rapporter jusqu'où Saint Vincent a excellé dans cette vertu, nous nous contenterons de ce que nous en avons dit.

 

Fleurs Spirituelles

 

« La reconnaissance pour les grâces reçues est un des,moyens les plus efficaces pour en obtenir de nouvelles ». (Saint Vincent De Paul).

« Les bienfaits innombrables que Dieu nous accorde, et ceux qu'il nous promet, méritent bien que nous n'agissions jamais pour notre propre gloire et que toutes nos actions soient faites pour la gloire de Dieu ». (Saint Vincent De Paul).

« Dès que Dieu a commencé à répandre ses bienfaits sur une créature, il ne cesse pas de la favoriser tant qu'elle ne s'en rend pas indigne ». (Saint Vincent De Paul).

Pratique : Soyez aujourd'hui très fidèles aux inspirations de la grâce, en reconnaissance des bienfaits que vous avez reçus de Dieu. Priez pour les personnes qui manquent de remercier le Seigneur des grâces reçues.

 

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7 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Huitième jour

Prudence de Saint Vincent De Paul

 

Nous joignons la prudence à la simplicité, parce que Notre Seigneur Jésus-Christ les a mises ensemble dans son Evangile lorsqu'il instruisait ses apôtres et en leur personne tous les fidèles, et particulièrement ceux qui devaient être employés à la conduite des autres ; parce que ces deux vertus ont une telle connexion ensemble que l'une sans l'autre, comme dit Saint Augustin, n'est que peu ou point du tout profitable.

Mais avant que de produire des exemples de sa prudence, il ne sera pas hors de propos que nous l'entendions parler lui-même de cette vertu, et nous en tracer les traits, tels que l'Esprit-Saint les avait tracés dans son âme.

C'est dans un entretien qu'il fit un jour aux siens sur ce sujet, où il leur parla de la prudence en ces termes : « C'est le propre de cette vertu de régler et de conduire les paroles et les actions; c'est elle qui fuit parler sagement et à propos, et qui fait qu'on s'entretient avec circonspection et jugement des choses bonnes de leur nature et en leurs circonstances , et qui fait supprimer et retenir dans le silence celles qui sont contre Dieu , ou qui nuisent au prochain, ou qui tendent à la propre louange, ou à quelque autre mauvaise fin. Cette même vertu nous fait agir avec considération, maturité, et par un bon motif, en tout ce que nous faisons, non seulement quant à la substance de l'action, mais aussi quant aux conséquences, en sorte que le prudent agit comme il faut, quand il faut, et pour la fin qu'il faut ; l'imprudent au contraire, n'a pas la manière, ni le temps, ni les motifs convenables, et c'est là son défaut; au lieu que le prudent, agissant discrètement, fait toutes choses, avec poids, nombre et mesure. La prudence et la simplicité, tendent à même fin, qui est de bien parler et de bien faire dans la vue de Dieu ; et comme l'une ne peut être sans l'autre, notre Seigneur les a recommandées toutes deux ensemble. La prudence dont je parle est celle que Jésus Christ conseille dans l'Évangile, qui nous fait choisir les moyens propres pour arriver à la fin qu'il nous propose; laquelle étant toute divine, il faut que ses moyens y aient du rapport et de la proportion. Or, nous pouvons choisir les moyens proportionnés à la fin que nous nous proposons, en deux manières: ou par notre seul raisonnement, qui est souvent bien faible ; ou bien par les maximes de la foi que Jésus nous a enseignées, qui sont toujours infaillibles, et que nous pouvons employer sans aucune crainte de nous tromper ; c'est pourquoi la vraie prudence assujettit notre jugement à ces maximes, et nous donne pour règle inviolable de juger toujours de toutes choses comme notre Seigneur en a jugé, en sorte que dans les occasions nous nous demandions à nous-mêmes, comment Notre Seigneur Jésus-Christ a-t-il jugé de telle et de telle chose ? Et comment s'est-il comporté en telle et telle rencontre ? Qu'a-t-il dit, qu'a-t-il fait sur tel ou tel sujet ! Et qu'ainsi nous ajustions toute notre conduite selon ses maximes et ses exemples. Prenons donc cette résolution, Messieurs, et marchons en assurance, dans ce chemin royal dans lequel Jésus sera notre guide et notre conducteur, et souvenons-nous de ce qu'il a dit, que le ciel et la terre passeront, mais que ses paroles et ses vérités ne passeront jamais. Bénissons Notre Seigneur, mes frères, et tâchons de penser et de juger comme lui, et de faire ce qu'il a recommandé par ses paroles et par ses exemples. Entrons dans son esprit, pour entrer en ses opérations; ce n'est pas tout de faire le bien , mais il le faut bien faire à l'imitation de Notre Seigneur duquel il est dit : Qu'il a bien fait toutes choses. Non, ce n'est pas assez de jeûner, d'observer les règles, de s'occuper aux fonctions de son état, mais il le faut faire dans l'esprit de Jésus-Christ, c'est-à-dire avec perfection, pour les fins et avec les circonstances que lui-même les a faites. La prudence chrétienne donc consiste à juger, parler et opérer, comme la sagesse éternelle de Dieu, revêtue de notre chair, a jugé, parlé et opéré ».

Voilà quels étaient les sentiments de Vincent touchant la vertu de prudence, et voici quel a été l'usage qu'il en a fait : 1° Lorsqu'il était question de délibérer de quelque affaire, ou de donner quelque conseil ou résolution, avant que d'ouvrir la bouche pour parler, et même avant que de s'appliquer à penser aux choses qu'on lui proposait, il élevait toujours son esprit à Dieu pour implorer sa lumière et sa grâce ? On lui voyait ordinairement alors les yeux levés vers le ciel, et puis les tenant quelques temps fermés, comme consultant Dieu en lui-même, avant que de répondre : que s'il s'agissait de quelque affaire de conséquence, il voulait toujours qu'on prit du temps pour la recommander à Dieu, et pour invoquer le secours du Saint Esprit, et comme il s'appuyait uniquement sur la sagesse divine, et non sur sa prudence particulière aussi recevait-il du ciel les grâces et les lumières qui lui faisaient quelquefois découvrir des choses, que le seul esprit humain n'eût jamais pu pénétrer. Il disait à ce propos, que « là où la prudence humaine déchéait et ne voyait goutte, là commençait à poindre la lumière de la sagesse divine ».

Il était extrêmement retenu et circonspect en ses paroles, non-seulement pour ne rien dire ni répondre qui pût causer aucun ombrage ou défiance, ou qui donnât sujet de peine à personne, mais même pour ne rien avancer qui ne fût mûrement considéré et digéré en son esprit: et il y a sujet de croire que c'est pour cela qu'il causait peu et fort posément.

Il disait que c'était un effet de prudence et de sagesse, non-seulement de parler bien, et de dire de bonnes choses, mais aussi de les dire à propos, eu sorte qu'elles fussent bien reçues et qu'elles profitassent à ceux à qui l'on parlait. Que Notre Seigneur en avait donné l'exemple en plusieurs rencontres et particulièrement parlant à la samaritaine il prit occasion de l'eau qu'elle venait puiser, pour lui parler de la grâce et lui inspirer le désir d'une parfaite conversion.

Enfin Vincent a fait paraître la pureté et solidité de sa prudence et de sa sagesse, en ce qu'il a toujours cherché de suivre et d'accomplir en toutes choses la très sainte volonté de Dieu, par préférence à tout le reste, et sans avoir aucun égard aux intérêts temporels, qu'il méprisait et foulait aux pieds quand il s'agissait du service et de la gloire de Dieu. C'était le grand et unique principe sur lequel il fondait ses résolutions et par lequel il exécutait fidèlement ce qu'il avait résolu, préférant souverainement et incomparablement la volonté de l'Éternel, et ce qui regardait sa gloire et son service, à toute autre chose, sans en excepter aucune.

 

Fleurs Spirituelles

 

« La prudence est nécessaire pour être circonspect à agir, et pour savoir s'accommoder aux dispositions de chacun; elle s'unit fort Lien avec la simplicité. (Saint Vincent De Paul).

Ce Saint qui avait la vertu de simplicité dans un si haut degré, réglait tellement ses actions par la prudence et la charité du prochain, qu'il réussissait dans tout ce qu'il entreprenait. Il passait pour un des hommes les plus sages de son siècle, ce qui faisait qu'on le consultait comme un oracle, et qu'on se faisait une loi de suivre ses conseils. Il n'y a rien de plus contraire au succès des affaires que la précipitation: les délais sont ordinairement plus avantageux que nuisibles.

Pratique : Soyez aujourd'hui très circonspects dans vos paroles et dans vos actions. Priez pour les personnes qui manquent de circonspection en ces deux choses.

 

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6 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Septième jour

Simplicité de Saint Vincent

 

La simplicité est d'autant plus estimable entre ceux qui font profession de suivre les maximes de Jésus-Christ, qu'elle est moins estimée parmi les sectateurs de la vaine et fausse sagesse du monde.

Saint Vincent disait que la simplicité nous fait aller droit à Dieu, droit à la vérité, sans faste, sans biaisement, sans déguisement, et sans aucune vue de propre intérêt ni de respect humain ; il pratiquait parfaitement ce qu'il disait, en sorte qu'il y a sujet de croire que cette vertu de simplicité qu'il possédait à un très excellent degré, a grandement contribué aux heureux succès de ses saintes entreprises, attirant sur lui la bénédiction de Dieu et l'approbation des hommes, parce qu'il n'y a rien qui plaît tant à Dieu et a gagné davantage l'affection de toutes sortes de personnes, que la droiture et la simplicité dans le cœur, dans la vie et dans les paroles.

Or, comme il avait une estime particulière pour cette vertu, il tâchait aussi de l'insinuer dans l'esprit des siens, auxquels parlant un jour sur ce que Jésus-Christ recommandait à' ses disciples d'être simples comme des colombes, il leur dit : « Ce divin Sauveur, envoyant ses Apôtres pour prêcher son évangile par tout le monde, leur recommande particulièrement cette vertu de simplicité comme une des plus importantes et nécessaires pour attirer en eux les grâces du Ciel, et pour disposer les cœurs des habitants de la terre à les écouter et à les croire ; or, ce n'est pas seulement à ses apôtres qu'il parlait, mais généralement à tous ceux que sa providence destinait pour prêcher l'évangile et travailler à la conversion des âmes, et par conséquent, c'est à nous que Jésus-Christ parlait, et qu'il recommandait cette vertu de simplicité, laquelle est si agréable à Dieu, que son bon plaisir est de s'entretenir avec les simples de cœur. Pensez, mes frères, quelle consolation et quel bonheur pour ceux qui sont du nombre de ses véritables simples, lesquels sont assurés, par la paroles de Dieu, que son bon plaisir est de demeurer et s'entretenir avec eux.

Or, pour bien connaître l'excellence de cette vertu, il faut savoir qu'elle nous approche de Dieu, et qu'elle nous rend semblables à Dieu, dans la conformité qu'elle nous fait avoir avec lui, en tant qu'il est un être simple et qu'il a une essence très pure, qui n'admet aucune composition ; si bien que ce que Dieu est par essence, c'est cela même que nous devons tâcher d'être par vertu, autant que notre faiblesse et misère en sont capables. Il faut avoir un cœur simple, un esprit simple, une intention simple, une opération simple, parler simplement, agir bonnement, sans user d'aucun déguisement ni artifice, ne regardant que Dieu auquel seul nous désirons plaire.

La simplicité donc comprend non seulement la vérité et la pureté d'intention, mais elle a encore une certaine propriété d'éloigner de nous toute tromperie, ruse et duplicité; et comme c'est principalement dans les paroles que cette vertu se fait paraître, elle nous oblige de déclarer les choses par notre langue comme nous les avons dans le cœur, parlant et déclarant simplement ce que nous avons à dire, et avec une pure intention de plaire à Dieu. Ce n'est pas toutefois que la simplicité nous oblige de découvrir toutes nos pensées, car cette vertu est discrète, et n'est jamais contraire à la prudence, qui nous fait discerner ce qui est bon n dire, d'avec ce qui ne l'est pas, et nous fait connaître quand il se faut taire aussi bien que quand il faut parler.

Pour ce qui est de la simplicité qui regarde les actions, elle a cela de propre qu'elle fait agir bonnement, droitement et toujours en vue de Dieu, soit dans les affaires, ou dans les emplois et exercices de piété, à l'exclusion de toutes sortes d'hypocrisies, d'artifices et de vaines prétentions. Une personne, par exemple, qui fait un présent à une autre, feignant que c'est par affection, et néanmoins fait ce présent afin que l'autre lui donne une autre chose plus considérable, quoique selon le monde cela semble permis, c'est toutefois contre la vertu de simplicité qui ne peut souffrir qu'on témoigne une chose et qu'on en regarde une autre ; car, comme cette vertu nous fait parler selon nos sentiments intérieurs, elle nous fait aussi agir de même dans une franchise et droiture chrétienne, et le tout pour Dieu, qui est l'unique fin qu'elle prétend; d'où il faut inférer que cette vertu de simplicité n'est pas dans les personnes, qui par respect humain, veulent paraître autres qu'elles ne sont, qui font des actions bonnes extérieurement pour être estimées vertueuses ».

Nous avons rapporté un peu au long ce discours que Vincent a fait aux siens de cette vertu, parce que nous avons cru ne pouvoir mieux représenter sa simplicité que par ses propres paroles; car, il était tel qu'il voulait persuader aux autres de devenir; et celui qui entendait ses paroles, pouvait connaître son cœur, qu'il portait toujours sur ses lèvres. De sorte que l'on peut dire avec vérité qu'il possédait cette vertu à un tel degré, par le secours de la grâce de Notre Seigneur, que les puissances de son âme en étaient toutes remplies, et que ce qu'il disait et faisait, provenait de cette source, conformant toujours son extérieur à son intérieur, et ses actions à ses intentions, qui tendaient toutes à ce qui était le plus parfait. Sa fidélité à la pratique de cette vertu s'est fait voir en toutes rencontres, jusqu'aux moindres choses. Entre plusieurs exemples, on a souvent remarqué que la grande quantité d'affaires auxquelles il était continuellement appliqué, lui en faisant oublier de fois à autres quelques petites, comme de parler à quelqu'un, de répondre à une lettre, ou de faire quelque autre chose qu'on lui avait recommandée, il aimait mieux avouer franchement ses défauts, quoiqu'il lui en dût arriver de la confusion, que les couvrir, par quelque excuse ou artifice d'esprit. Il disait qu'il s'était toujours bien trouvé de déclarer les choses telles qu'elles étaient, parce que Dieu y donne sa bénédiction.

 

Fleurs Spirituelles

 

« Les réflexions continuelles sur ses défauts, ne plaisent pas aux yeux de Dieu, elles ne servent qu'à contenter notre misérable amour propre ; marchez simplement ». (Saint François de Sales).

« Les âmes simples fuient les détours qui éloignent de Dieu. Dieu nous préserve de louer, de flatter, ou de faire quelque chose pour nous attirer la bienveillance ou la protection de quelqu'un. Ces motifs sont bas, trop vils et trop éloignés de l'esprit de Jésus Christ, à l'amour de qui nous devons principalement rapporter tout ce que nous faisons. Telles doivent être nos maximes : faire tout pour l'amour de Dieu, et ne point désirer l'estime des hommes : travailler à leur salut, sans se mettre en peine de ce qu'ils diront. (Saint Vincent De Paul).

Pratique : Dans les rapports qu'on a avec le prochain, agir avec droiture et franchise, comme on croit devoir le faire devant Dieu. Priez pour les personnes qui manquent de simplicité.

 

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5 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Sixième jour

De l'obéissance de Saint Vincent

 

Nous ne pouvons mieux faire en parlant de l'obéissance de Vincent, que de rapporter les sentiments qu'il avait de cette vertu, lesquels il a déclarés en plusieurs rencontres, mais particulièrement dans les avis salutaires qu'il a donnés à ce sujet à ses chères filles, les religieuses du premier monastère de la Visitation de Paris.

Elles ont témoigné que ce grand Serviteur de Dieu, qui a été leur premier père spirituel, entre toutes les vertus, leur recommandait souvent celle de l'obéissance, et l'exactitude à la règle jusqu'aux moindres observances ; qu'il avait une affection toute particulière pour bien établir ces vertus dans leur communauté, et leur disait que ces vertus étaient celles, qui étant pratiquées avec persévérance faisaient la religion ; que pour s'y exciter il était nécessaire d'en conférer souvent ensemble et de s'entretenir sur leur excellence et leur beauté ; et qu'il fallait s'y affectionner dans la vue du plaisir que Dieu prend dans les âmes religieuses qui s'y rendent fidèles ; et parce que celui qui est leur Divin Epoux aimait tellement ces vertus que le moindre retardement à l'obéissance lui était désagréable ; qu'une âme vraiment religieuse ayant voué cette vertu à la face de l'Eglise, doit se rendre soigneuse d'accomplir ce qu'elle a promis, et que si l'on se relâche dans une petite chose, on se relâche bientôt dans une plus grande ; que tout le bien de la créature consistait en l'accomplissement de la volonté de Dieu, et que cette volonté se trouvait particulièrement dans la fidèle pratique de l'obéissance, et en l'exacte observance de la régularité ; qu'on ne pouvait rendre un service plus agréable à Dieu, qu'en pratiquant l'obéissance par laquelle il accomplit ses desseins sur nous, que sa pure gloire s'y trouve avec l'anéantissement de l'amour-propre et de tous ses intérêts, qui est ce à quoi nous devons principalement prétendre, et que cette pratique mettait l'âme dans la vraie et parfaite liberté des enfants de Dieu.

Il recommandait fort de renoncer à son propre jugement et de le mortifier pour le soumettre à celui de ses supérieurs, et disait que l'obéissance ne consistait pas à faire présentement ce qu'on nous ordonne, mais à se tenir dans une entière disposition de faire tout ce qu'on nous pourrait commander en toutes sortes d'occasions : qu'il fallait regarder ses supérieurs comme tenant la place de Jésus-Christ sur la terre, et leur rendre en cette considération, un très-grand respect ; que de murmurer contre eux était une espèce d'apostasie intérieure ; car, comme l'apostasie extérieure se commet en quittant l'habit et la religion, et se désunissant de son corps, aussi l'apostasie intérieure se fait quand on se désunit des supérieurs, les contredisant en son esprit, et s'attachant à des sentiments particuliers et contraires aux leurs ; ce qui est le plus grand de tous les maux qui arrivent dans une communauté ; que l'âme religieuse évitait ce malheur quand elle se tenait dans une sainte indifférence, et qu'elle se laissait conduire par ses supérieurs.

Il disait encore, sur le sujet de l'obéissance, qu'il fallait pour fondement de la vraie soumission qu'on doit avoir dans une communauté, considérer attentivement les choses suivantes :

1° La qualité des supérieurs, qui tiennent sur la terre la place de Jésus-Christ à notre égard ; 2° La peine qu'ils ont, et la sollicitude qu'ils prennent pour nous conduire à la perfection ; passant quelquefois les nuits entières en veilles, et ayant souvent le cœur plein d'angoisses, pendant que les inférieurs jouissent à leur aise de la paix et de tranquillité que leur apportent le soin et le travail de ceux qui les conduisent, dont la peine est d'autant plus grande qu'ils ont sujet d'appréhender le compte qu'ils sont obligés d'en rendre à Dieu ; 3° La récompense promise aux âmes vraiment obéissantes même dès cette vie ; car outre les grâces que mérite cette vertu, Dieu se plaît à faire la volonté de ceux qui pour l'amour de lui, soumettent leur volonté à celle de leurs Supérieurs ; 4° La punition que doivent appréhender ceux qui ne veulent pas obéir, dont Dieu a fait voir un exemple bien terrible, dans le châtiment que sa justice a exercé sur Coré, Dathan et Abiron, pour avoir méprisé Moïse leur supérieur, et pour avoir par ce mépris offensé grièvement Dieu qui a dit, parlant aux supérieurs qu'il a établis dans son Eglise : que celui qui vous écoute, m'écoute ; et que celui qui vous méprise me méprise ; 5° L'exemple de l'obéissance que Jésus-Christ est venu donner aux hommes, ayant mieux aimé mourir, que de manquer à obéir, et certes, ce serait une dureté de cœur bien grande, de voir un Dieu obéissant jusqu'à la mort pour notre sujet, et nous, chétives et misérables créatures, refuser de nous assujettir pour l'amour de Lui.

Il ajoutait, pour pratiquer parfaitement celte vertu, qu'il fallait obéir : 1° Volontairement, faisant plier notre volonté sous la volonté des Supérieurs ; 2° Simplement, pour l'amour de Dieu, et sans jamais permettre à noire entendement, de rechercher ou examiner pourquoi nos supérieurs nous ordonnent telle ou telle chose ; 3°Promptement, sans user d'aucun retardement, quand il est question d'exécuter ce qui est commandé ; 4° Humblement, sans prétendre ni désirer de tirer aucune louange ou estime de l'obéissance qu'on rend ; 5° Courageusement, ne désistant pas et ne s'arrêtant pas pour les difficultés, mais les surmontant avec force et générosité ; 6° Gaiement, exécutant ce qui est commandé avec agrément, et sans témoigner aucune répugnance ; 7° Avec persévérance, à l'imitation de Jésus-Christ qui s'est rendu obéissant jusqu'à la mort.

Or, il ne faut pas considérer ce que Vincent disait ou enseignait, comme des leçons d'un maître, ou des exhortations d'un prédicateur, qui ne fait pas quelquefois ce qu'il enseigne aux autres, mais comme les pures expressions des sentiments les plus sincères de son cœur, et comme de véritables témoignages de ce qu'il pratiquait lui-même avec une merveilleuse humilité ; car quoiqu'il fût envoyé avec les siens par les Evêques avec plein pouvoir pour travailler dans les paroisses de leurs diocèses, il ne voulait toutefois rien faire qu'avec le consentement et sous le bon plaisir des Curés, ce qu'il observait inviolablement, aussi bien dans les plus petits villages comme dans les autres lieux plus considérables.

Saint Vincent de Paul était toujours le premier à tous les exercices de la communauté, par amour pour la règle. Il ne manquait pas de se mettre à genoux en entrant dans sa chambre et avant d'en sortir, parce que c'était un point de règle, quoiqu'il ne pût le faire les dernières années de sa vie qu'avec beaucoup de peine, à cause du mal qu'il avait aux jambes.

 

Fleurs Spirituelles

 

« L'obéissance est sans doute plus méritoire que toutes les austérités. Quelle austérité plus grande que de tenir sa volonté continuellement soumise et obéissante ? » (Sainte Catherine de Bologne).

« Une simple goutte de parfaite obéissance vaut un million de fois plus qu'un vase entier de la plus sublime contemplation ». Sainte Marie Madeleine de Pazzi).

Pratique : Efforcez-vous aujourd'hui d'obéir avec soumission de volonté et de jugement, pour l'amour de Jésus-Christ. Priez pour les personnes obéissantes.

 

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4 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Cinquième jour

Sentiments de Vincent sur l'humilité

 

Quoique Vincent prit occasion de s'humilier en toutes rencontres, comme nous l'avons dit hier, et qu'on puisse bien dire que toutes sortes de choses lui servaient de matière pour pratiquer l'humilité, il avait néanmoins deux principaux motifs qui étaient comme les deux pivots sur lesquels roulaient tous les sentiments qu'il avait de cette vertu et toutes les pratiques qu'il en faisait et conseillait aux autres.

Le premier était la grande connaissance et les vues toutes singulières qu'il avait des infinies perfections de Dieu, et des défauts des créatures, qui lui donnaient pour sujet de tenir pour injustice, de ne se pas humilier toujours et en toutes choses, attendu la condition misérable de l'homme et la grandeur et sainteté infinie de Dieu.

Voici en quels termes il en parla un jour aux siens : en vérité, Messieurs et mes frères, si un chacun de nous veut s'étudier à se bien connaître, il y trouvera qu'il est très juste et très raisonnable de se mépriser soi-même. Car si d'un côté, nous considérons sérieusement la corruption de notre nature, la légèreté de notre esprit, les ténèbres de notre entendement, les dérèglements de notre volonté, et l'impureté de nos affections ; si ailleurs, si nous pesons bien au poids du sanctuaire nos œuvres et nos productions, nous trouverons que le tout est très digne de mépris. Mais quoi ! Me dites-vous, mettez-vous de ce nombre les prédications que nous avons faites, les confessions que nous avons entendues, les peines et les soins que nous avons pris pour le prochain et pour le service de notre Seigneur ? Oui, Messieurs, si l'on repasse sur ses meilleurs actions, on est surpris d'y voir qu'en la plupart on s'y est mal conduit quant à la manière, et souvent quant à la fin; et que, de quelque façon qu'on les regarde, il y peut avoir autant de mal que de bien, car, dites-moi je vous prie, que peut-on attendre de la faiblesse de l'homme ? Qu'est-ce que peut produire le néant, et que peut faire le péché ? Et qu'avons-nous de nous-mêmes autre chose, sinon le néant et le péché ? Tenons donc pour certain qu'en tout et partout nous sommes dignes de rebut, et toujours très méprisable, à cause de l'opposition que nous avons par nous-mêmes à la sainteté et aux autres perfections de Dieu, à la vie de Jésus-Christ et aux opérations de sa grâce ; et ce qui nous persuade davantage de cette vérité, est la pente naturelle et continuelle que nous avons au mal, notre impuissance au bien, et l'expérience que nous avons tous que lors même que nous pensons avoir bien réussi en quelque action, ou bien rencontré en nos avis, il arrive tout le contraire, et Dieu permet souvent que nous sommes méprisés. Si donc nous nous étudions à nous bien connaître, nous trouverons qu'en tout ce que nous pensons, faisons et disons, soit en la substance ou dans les circonstances, nous sommes pleins et environnés de sujets de confusions et de mépris: et si nous ne voulons point nous flatter, nous nous verrons non seulement plus méchants que les autres hommes, mais pires en quelque façon que les démons de l'enfer, car si ces malins esprits avaient en leur disposition les grâces et les moyens qui nous sont donnés pour devenir meilleurs, ils en feraient mille et mille fois plus d'usage que nous n'en faisons.

Le second motif était l'exemple et les paroles de Jésus qu'il avait toujours en vue, et qu'il exposait aux yeux d'un chacun. Rapportant un jour sur ce sujet, dans un discours qu'il fit aux siens, ces paroles de Jésus Christ apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur : et ces autres, celui qui s'humiliera sera exalté, et celui qui s'élèvera sera abaissé, il ajouta ce qui suit: Qu'est-ce que la vie de ce divin Sauveur, sinon une vie d'humiliations continuelles, une vie active et passive ? Il l'a tellement aimée, cette humiliation, qu'il ne l'a jamais quittée pendant sa vie, et même après sa mort, il a voulu que l'Eglise nous ait représenté sa personne divine par la figure du Crucifix, afin de paraître à nos yeux dans un état d'ignominie, comme ayant été pendu pour ainsi dire comme un criminel, et comme ayant souffert pour nous, la mort la plus honteuse et la plus affreuse qu'on ait pu s'imaginer. Pourquoi cela ? C'est par ce qu'il connaissait l'excellence des humiliations et la malice du péché contraire qui non-seulement aggrave les autres péchés, mais qui rend vicieuses les œuvres qui de soi ne sont pas mauvaises, et qui peut infecter et corrompre celles qui sont bonnes, même les plus saintes.

Retenons donc bien cette vérité, Messieurs, et qu'un chacun la grave bien avant dans son cœur, et qu'il dise, parlant à soi-même: quoique j'eusse toutes les vertus, si toutefois je n'ai pas l'humilité, je me trompe, et pensant être vertueux je ne suis qu'un superbe pharisien et un religieux abominable. Ô Sauveur Jésus-Christ, répandez sur nos cœurs ces divines lumières dont votre sainte âme était remplie et qui vous ont fait préférer l'outrage à la louange ! Embrasez nos cœurs de ces affections saintes qui brûlaient et consumaient le vôtre et qui vous ont fait chercher la gloire de votre père céleste dans votre propre confusion. Faites par votre grâce que nous commencions dès maintenant à rejeter tout ce qui ne va pas à votre honneur et à notre mépris, tout ce qui ressent la vanité, l'ostentation et la propre estime : que nous renoncions une bonne fois pour toutes à l'applaudissement des hommes abusés et trompeurs, et à la vaine imagination du bon succès de nos œuvres : enfin, mon Sauveur, que nous apprenions à être véritablement humbles de cœur par votre grâce et vos exemples.

J'ai fait diverses fois, disait-il un jour, la visite en quelques maisons de religieuses, et j'ai souvent demandé à plusieurs d'entre elles pour quelle vertu elles avaient le plus d'estime, ou d'attrait; je le demandais même à celles que je savais avoir plus d'éloignement pour les humiliations ; mais à peine entre vingt en ai-je trouvé une, qui ne me dit que c'était pour l'humilité, tant il est vrai que chacun trouve cette vertu belle et aimable. D'où vient donc qu'il y en a si peu qui l'embrasse et encore moins qui la possède ? C'est qu'on se contente de la considérer, et on ne prend pas la peine de l'acquérir : elle est ravissante dans la spéculation, mais dans la pratique elle a un visage désagréable à la nature, et ses exercices nous déplaisent, parce qu'ils nous portent à choisir toujours le plus bas lieu, à nous mettre au-dessous des autres et même des moindres, à souffrir les calomnies, chercher le mépris, aimer l'abjection, qui sont choses pour lesquelles naturellement nous avons de l'aversion.

 

Fleurs Spirituelles

 

« Voici un des meilleurs moyens d'acquérir l'humilité, c'est de graver profondément dans son esprit cette maxime : Chacun n'est réellement que ce qu'il est devant Dieu, il n'est rien de plus ». (L'auteur de l'imitation).

« L'humilité, pour être véritable, doit être toujours accompagnée de la charité, c'est-à-dire que nous devons aimer, chercher et accepter les humiliations, pour plaire à Dieu et pour ressembler à Jésus Christ ». (Saint François de Sales).

Pratique : Cherchez aujourd'hui la dernière place et le rebut des autres, vous persuadant avec tout cela que vous avez encore plus que vous ne méritez à cause de vos péchés. Priez pour les âmes qui aspirent au troisième degré d'humilité.

 

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3 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Quatrième jour

Humilité de Saint Vincent

 

C'est une vérité prononcée par la bouche du Fils de Dieu, que celui qui s'élève sera humilié et au contraire, que celui qui s'humilie sera exalté : cela s'est vérifié eu la personne de Vincent, lequel a été exalté par les grandes choses que Dieu a faites en lui et par lui d'autant qu'il s'est humilié ; et plus il s'est profondément abaissé, Dieu a pris plaisir de l'élever davantage, et de répandre plus abondamment ses bénédictions sur lui, et sur ses saintes entreprises.

Il est vrai que l'on peut dire de ce Saint homme après sa mort ce que plusieurs en ont dit durant sa vie, qu'il n'a jamais été bien connu au monde tel qu'il était en effet, quelque estime qu'on ait eue pour lui : car, bien qu'il ait toujours passé pour un homme fort humble, l'opinion commune toutefois n'a jamais regardé son humilité comme la disposition principale qui a attire sur lui toutes les grâces et les bénédictions dont il a été comblé et comme le fondement et la racine de toutes les grandes œuvres qu'il a faites. Ceux qui en ont jugé plus favorablement ont estimé que c'était son zèle qui le portait à les entreprendre, et que sa prudence les lui faisait conduire heureusement à chef ; mais quoique ces deux vertus fussent excellentes en lui, et qu'elles aient beaucoup contribué aux grands biens qu'il a opérés, il faut néanmoins avouer que c'est sa profonde humilité qui a attiré sur lui cette plénitude de lumières et de grâces, par la vertu desquelles tout a prospéré entre ses mains et sous sa conduite. Mais pour parler encore mieux, nous pouvons dire que son zèle le portait à s'humilier sans cesse ; il répétait continuellement en lui-même cette leçon d'humilité qu'il avait apprise de son divin Maître, disant en son cœur : « Je ne suis pas un homme, mais un pauvre ver de terre, qui rampe ne sachant où il va, mais qui cherche seulement à se cacher en vous, ô mon Dieu ! Qui êtes tout mon désir. Je suis un pauvre aveugle qui ne saurait avancer un pas dans le bien si vous ne me tendez la main de votre miséricorde pour me conduire ».

Il qualifiait sa Congrégation de petite, très petite et chétive Compagnie : il ne pouvait souffrir qu'on dit aucune chose à sa louange, disant qu'il ne demandait rien pour elle à Dieu, sinon qu'il eût pour agréable de lui donner la vertu d'humilité.

Son humilité était si sincère, qu'on la pouvait lire sur son front, sur ses yeux, et sur toute la posture de son corps, et reconnaître par son extérieur que ses humiliations et abaissements venaient du fond de son cœur, où cette vertu était si profondément gravée, qu'il croyait ne pas mériter l'usage d'aucune créature, non pas même de celles qui servent à conserver la vie, et encore moins des autres qui peuvent être utiles ou nécessaires pour avancer la gloire de Dieu.

C'était sa coutume en toutes rencontres, et devant toutes sortes de personnes, même de la plus haute qualité, et surtout quand on témoignait quelque estime de lui, et qu'on lui voulait rendre quelque honneur, de dire et publier qu'il n'était que le fils d'un pauvre paysan et qu'il avait gardé les troupeaux ; ce qu'il prenait aussi plaisir de déclarer aux pauvres, afin qu'ils le considérassent comme ayant été de leur condition ; sur ce sujet, il arriva un jour qu'un homme de village étant venu à Saint-Lazare demander Vincent et le portier lui ayant dit qu'il était empêché pour lors avec quelques Seigneurs, ce bon homme répliqua : « Ce n'est donc plus Monsieur Vincent, parce que lui-même m'a dit qu'il n'était que le fils d'un simple paysan comme moi ? » — Accompagnant un jour un ecclésiastique à la porte de Saint-Lazare, une pauvre femme se mit à crier, lui disant : « Monseigneur, donnez-moi l'aumône » ; à quoi Vincent lui répondit : « O ma pauvre femme, vous me connaissez bien mal, car je ne suis qu'un porcher et le fîls d'un pauvre villageois ». Une autre l'ayant encore rencontré à la porte comme il conduisait quelques personnes de condition et pour le convier de lui donner l'aumône plus volontiers, lui ayant dit qu'elle avait été servante de Mme sa Mère, il lui répondit aussitôt devant tous ceux qui étaient présents : « Ma bonne femme, vous me prenez pour un autre : ma mère n'a jamais eu de servante, ayant elle-même servi, et étant la femme et moi le fils d'un paysan ».

Ayant été une fois visité par son neveu, lequel était venu exprès pour cela de la ville de Dax à Paris, le portier du collège des Bons Enfants, où il demeurait pour lors, l'ayant averti que son neveu demandait à le voir, il ressentit le premier mouvement de quelque peine pour son arrivée, et dit qu'on le lui amenât à sa chambre ; néanmoins son humilité lui fit aussitôt changer de sentiment, et prendre la résolution d'aller lui-même le recevoir en bas : voici en quels termes Mr de Saint-Martin, chanoine de la ville de Dax, qui demeurait pour lors en ce collège, en rendit témoignage : « Je ne puis passer sous silence un acte de vertu de Mr Vincent, dont je suis témoin à l'occasion d'un de ses neveux. C'est qu'ayant donné charge à l'un des siens de l'aller prendre dans la rue où il était, habillé à la mode des paysans de ce pays, pour le mener à sa chambre, ce bon serviteur de Dieu eut un mouvement extraordinaire de se surmonter comme il le fit; car, descendant de sa chambre, il alla lui-même jusqu'à la rue, où, ayant trouvé son neveu, il l'embrassa, le baisa et le prit par la main, puis l'ayant conduit dans la cour, fit descendre tous les Messieurs de la Compagnie, auxquels il dit que c'était là le plus honnête homme de sa famille, et les lui fit saluer tous. Il lui fit faire la même civilité aux autres personnes de condition qui venaient le visiter ; et aux premiers exercices spirituels qu'il fit après, il s'accusa publiquement en pleine assemblée d'avoir eu quelque honte à l'arrivée de son neveu, et de l'avoir voulu faire monter secrètement à sa chambre, parce qu'il était paysan et mal habillé.

Mais non content de parler de la sorte il a toujours tâché par ses exemples d'insinuer cet esprit d'humilité dans sa Compagnie dès ses premiers commencements. Quand il pensait lui être arrivé quelque chose qui ne fut pas tout-à-fait de bon exemple aux siens, il ne manquait pas à chaque fois de s'en humilier et de leur en demander pardon ; ce qu'il faisait même pour les choses secrètes, comme pour les mouvements d'impatience qui n'avaient point paru au-dehors, pour quelques paroles moins douces dites à quelque particulier, et pour les moindres manquements faits par inadvertance ».

 

Fleurs Spirituelles

 

« Une personne humble, quoiqu'elle soit humiliée, s'humilie encore davantage, lorsqu'elle est couverte de mépris ; se réjouit de ce qu'on la méprise, lorsqu'elle est employée à des offices bas et abjects ; reconnaît qu'elle est encore plus honorée qu'elle le mérite, et s'en acquitte avec plaisir ; elle n'abhorre et ne fuit que les charges distinguées et les honneurs ». (Sainte Jeanne-Françoise de Chantal).

« On fait une chose beaucoup plus utile pour sa perfection chaque fois qu'on ne s'excuse pas lorsqu'on est repris, que si l'on entendait avec des dispositions saintes dix sermons. Une marque qu'on n'ambitionne pas l'estime des créatures, c'est quand on agit ainsi ; en s'accoutumant à ne pas se justifier dans de telles circonstances, on parvient à entendre parler de soi, comme si c'était une personne étrangère ». (Sainte Thérèse d'Avila).

 

Pratique : Ne dites rien aujourd'hui qui puisse tourner à votre avantage, et ne laissez passer aucune occasion de vous humilier. Priez pour les religieuses qui craignent les humiliations.

 

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2 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Troisième jour

Espérance et confiance en Dieu de Saint Vincent

 

Si la foi de Vincent a été grande, son espérance en Dieu n'a pas été moins parfaite, et l'on peut dire en quelque façon de lui, qu'à l'imitation du père des Croyants, il a souvent espéré contre l'espérance même, c'est-à-dire, qu'il a porté son espérance en Dieu, lorsque, selon toutes les apparences humaines, il y avait moins sujet d'espérer, et comme sa foi étant simple et pure ne s'appuyait que sur la seule vérité de Dieu, aussi, son espérance étant toute élevée au-dessus des sentiments et des raisonnements de la nature, ne regardait que la seule miséricorde et bonté de Dieu.

Quand il était question d'entreprendre quelque affaire pour le service de Dieu, après avoir invoqué sa lumière et reconnu sa volonté, il en espérait tout le succès de la conduite et de la protection de son infinie bonté; et quoique, pour suivre les ordres de la Providence, il employât les moyens humains nécessaires et convenables, il n'y mettait pas pourtant son appui, mais uniquement sur l'assistance qu'il attendait de Dieu. Quand il était une fois engagé de cette façon-là, il espérait tout de Dieu, pour lui et pour les siens ; et si quelques-uns d'entre eux par défaut de confiance, venaient à lui représenter qu'il n'y avait aucune apparence qu'on pût réussir, ou bien qu'il serait très difficile et presque impossible de suffire à ce qu'on entreprenait ; il leur répondait ordinairement : « Laissons faire notre Seigneur, c'est son ouvrage ; et comme il lui a plu le commencer, tenons pour certain qu'il l'achèvera en la manière qui lui sera la plus agréable » ; ou bien il les encourageait, leur disant : « Ayez bon courage, confiez-vous à Notre Seigneur qui sera notre premier et notre second dans le travail commencé, à l'entreprise duquel il nous a appelés ».

Écrivant un jour à un Supérieur d'une des maisons de sa Congrégation : « Je compatis, lui dit-il, à vos travaux qui sont grands et qui croissent quand vos forces diminuent ; c'est le bon Dieu qui fait cela, et sans doute qu'il ne vous laissera pas une si grande surcharge sur les bras sans vous aider à la soutenir ; mais il sera lui-même votre force et votre récompense. Croyez-moi, trois font plus que dix quand Notre Seigneur y met la main; et il la met toujours quand il nous a été les moyens humains et qu'il nous engage dans la nécessité de faire quelque chose qui excède nos forces ».

Or, pour mieux disposer les siens à cette parfaite confiance en Dieu à laquelle il les excitait souvent, il les portait à concevoir une très grande défiance d'eux-mêmes, et à se persuader qu'ils ne pouvaient rien par eux-mêmes, sinon tout gâter dans les ouvrages et desseins de Dieu, afin qu'étant bien convaincus de leur insuffisance, ils eussent à se tenir dans une plus entière et parfaite dépendance de la conduite de Dieu et de l'opération de sa grâce ; et que, pour cet effet, ils eussent incessamment recours à lui par la prière. Voyant un jour quelques-uns des siens qui se laissaient un peu trop abattre et décourager par le sentiment qu'ils avaient de leurs imperfections : « Nous avons, leur dit-il pour les encourager, le germe de la toute-puissance en nous, qui nous doit être un grand motif d'espérer et de mettre notre confiance en Dieu, nonobstant toutes nos pauvretés. Non, il ne faut pas vous étonner de voir des misères en vous, car chacun en a sa bonne part : il est bon de les connaître, mais non pas de s'en affliger démesurément : il est bon même d'en détourner la pensée quand elle nous porte au découragement, et de redoubler notre confiance en Dieu et noire abandon entre ses mains paternelles.

Le véritable Missionnaire, dit-il, ne doit point se mettre en peine pour les biens de ce monde, mais, jeter tous ses soins en la providence du Seigneur, tenant pour certain que, pendant qu'il sera bien établi en la charité, et bien fondé en cette confiance, il sera toujours sous la protection de Dieu, et par conséquent aucun mal ne lui arrivera et qu'aucun bien ne lui manquera, lors même qu'il pensera que selon les apparences tout va être perdu. Je ne dis pas ceci par mon propre esprit, c'est l'écriture sainte qui nous l'enseigne, et qui dit que : Celui qui loge à l'enseigne de la confiance en Dieu, sera toujours favorisé d'une spéciale protection de sa part, et en cet état, il doit tenir pour certain qu'il ne lui arrivera aucun mal, parce que toutes choses coopèrent à son bien, et qu'aucun bien ne lui manquera, d'autant que Dieu lui-même se donnant à lui, il porte avec soi les biens nécessaires tant pour le corps que pour l'âme, et ainsi, mes frères, vous devez espérer que pendant que vous demeurerez fermes en cette confiance, non seulement vous serez préservés de tous maux et de tous fâcheux accidents, mais aussi comblés de toutes sortes de biens ».

 

Fleurs Spirituelles

 

« Celui qui se met entièrement dans les bras de la Providence, et s'abandonne à sa conduite, va en carosse, sans sentir la pesanteur des croix dont il est chargé ; celui qui agit différemment va à pied et se fatigue beaucoup ». (Saint Basile).

« Le poids de la Croix se fait sentir à celui qui la traîne et non à celui qui l'embrasse ». (Sainte Thérèse d'Avila).

« Voici de quoi consoler les âmes qui sont dans les sécheresses, et celles qui sont tentées : un seul propos de ne pas pécher, fait en ce temps, pèse plus dans les balances du Seigneur, que mille actes de vertus faits avec beaucoup de ferveur dans le temps des consolations ». (Saint Jean d'Avila).

 

Pratique : S'il vous arrive de tomber aujourd'hui dans quelque faute, relevez-vous courageusement, sans vous laisser abattre, car le découragement ne remédie à rien, dit Sainte Thérèse. Priez pour les âmes qui manquent de courage à se vaincre, et de confiance en Dieu.

 

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1 juillet 2017

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Le Mois de Saint Vincent de Paul

Lectures de piété sur ses vertus et ses œuvres pour chaque jour du mois de juillet

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Deuxième jour

Foi de Saint Vincent De Paul

 

Puisque la foi est le fondement des autres vertus, et que la fermeté de l'édifice spirituel dépend principalement de cette mystique base, ayant à faire voir les plus excellentes vertus dans la personne de Vincent, nous commencerons par la foi que ce sage architecte avait posée pour fondement de toutes ses pratiques vertueuses et sur laquelle il s'appuyait en tout ce qu'il entreprenait et faisait pour le service de Dieu.

Comme les arbres qui sont battus des vents et ébranlés par les orages, jettent les plus profondes racines et s'affermissent davantage par ces agitations ; de même on peut dire que Dieu voulant rendre plus ferme et plus parfaite la foi de Vincent, a permis qu'elle ait été au commencement exposée à la violence de plusieurs tentations, et que son fidèle serviteur ait ressenti diverses attaques contre cette vertu. Il en est pourtant toujours demeuré victorieux par le secours de sa grâce, et sa foi s'est trouvée plutôt affermie et fortifiée, qu'affaiblie par toutes ces épreuves, desquelles Dieu s'est servi pour le perfectionner ; de sorte qu'après toutes ces bourrasques il est devenu non-seulement plus fort, mais plus éclairé dans les vérités de la foi, comme lui-même l'a déclaré en quelque rencontre, les possédant et les goûtant d'une manière aussi parfaite qu'elle se peut en cette vie.

Or, un des plus souverains remèdes qu'il employa pour fortifier sa foi, et la mettre à l'abri de la violence de ces tentations, fut d'écrire et signer sa profession de de foi et la porter sur son cœur ayant supplié Notre Seigneur d'agréer la résolution qu'il avait prise que toutes les fois qu'il porterait lu main sur son cœur, particulièrement quand il serait tenté, cela serait une marque et un témoignage qu'il renonçait à la tentation, et un renouvellement de la protestation qu'il avait faite de persévérer jusqu'à la mort dans la foi de l'Eglise.

Sa foi était non seulement forte, mais aussi pure et simple, étant appuyée non sur les connaissances acquises par l'étude ou par l'expérience, mais uniquement sur la première vérité qui est Dieu, et sur l'autorité de son église. La foi de Vincent ne tenait pas ses lumières renfermées dans son esprit, mais elle les communiquait au-dehors d'autant plus libéralement qu'elle était animée d'une plus parfaite charité.

Sa foi lui fit préférer l'instruction des pauvres à celle des riches ; il manifestait surtout son zèle à faire des catéchismes et instructions dans les lieux qu'il jugeait en avoir plus de besoin, comme dans les villages et parmi les pauvres qui sont ordinairement les moins instruits des vérités de la foi. Il ne se contentait pas encore de le faire par lui-même, il y excitait et portait tous ceux qu'il estimait capables de cet office de charité ; et il n'a point cessé qu'il n'ait enfin établi une congrégation toute dédiée à la culture de cette divine plante de la foi dans les terres les plus stériles.

On peut dire que la foi de Vincent fut non seulement pure, simple et ferme, mais qu'il en avait une plénitude : vu qu'elle éclairait son esprit, remplissait son cœur et animait ses actions, ses paroles, ses affections et ses pensées, il le faisait agir en tout et partout selon les vérités et les maximes de Jésus Christ ; en telle sorte que ce que la plupart des chrétiens font ordinairement, ou par des mouvements naturels, ou par des raisonnements humains, il le faisait par des principes de foi, laquelle était, selon la parole d'un prophète comme une lampe allumée qu'il tenait toujours en main pour se conduire, et pour dresser tons ses pas dans les sentiers de la justice. C'était sans doute un don très particulier qu'il avait reçu de Dieu, de savoir appliquer les lumières de la foi à toutes sortes d'occasions et de rencontres, et d'en faire d'excellentes pratiques dans les affaires mêmes purement temporelles et séculières, ne les entreprenant que par des motifs que la foi lui inspirait, ne s'y conduisant que par ses lumières et les référant toujours à des fins surnaturelles qu'elle lui proposait. Et non-seulement il se conduisait par cet esprit de foi, en toutes ses affaires et entreprises, mais il l'inspirait autant qu'il pouvait aux autres personnes, et particulièrement à celles qui étaient sous sa conduite, au sujet de quoi Mademoiselle Legras, fondatrice et première supérieure des filles de la charité, lui ayant un jour témoigné quelque petit empressement d'esprit touchant ce charitable institut duquel il était le père, il fit la réponse suivante : « Je vous vois toujours un peu dans les sentiments humains, pensant, que tout est perdu dès lors que vous me voyez malade. O femme de peu de foi ! Que n'avez-vous plus de confiance et d'acquiescement à la conduite et à l'exemple de Jésus Christ ! Ce Sauveur du monde se rapportait à Dieu son père pour l'état de toute l'Eglise, et vous, pour une poignée de filles que sa providence a notoirement suscitées et assemblées, vous pensez qu'il vous manquera ! Allez, Mademoiselle, humiliez-vous beaucoup devant Dieu ! ».

Il disait souvent que le peu d'avancement à la vertu, et le défaut de progrès dans les affaires de Dieu, provenait de ce qu'on ne s'établissait pas assez sur les lumières de la foi, et qu'on s'appuyait trop sur les raisons humaines : « Non, non, dit-il un jour, il n'y a que les vérités éternelles qui soient capables de nous remplir le cœur, et de nous conduire avec assurance. Croyez moi, il ne faut que s'appuyer sur Dieu, ou solidement et fortement sur quelqu'une de ses perfections, comme sa bonté, sa providence, sa vérité, son immensité, etc. Il ne faut, dis-je, que se bien établir sur ces fondements divins, pour devenir parfait en peu de temps ».

Il tenait encore cette maxime de ne pas considérer les choses dans le seul extérieur et selon leur apparence, mais selon ce qu'elles pouvaient être en Dieu et selon Dieu ; « Je ne dois pas considérer, disait-il, un pauvre paysan ou une pauvre femme selon leur extérieur, ni selon ce qu'il paraît de la portée de leur esprit, d'autant que bien souvent ils n'ont presque pas la figure ni l'esprit de personnes raisonnables, tant ils sont grossiers et terrestres. Mais tournez la médaille, et vous verrez par les lumières de la foi, que le Fils de Dieu a voulu être pauvre, qu'il est représenté par ces pauvres ; qu'il n'avait presque pas la figure d'un homme, en sa passion, et qu'il passait pour fou dans l'esprit des gentils, et pour pierre de scandale dans celui des Juifs ; et avec tout cela il se qualifie l'évangéliste des pauvres. O Dieu ! Qu'il fait beau voir les pauvres, si nous les considérons en Dieu, et dans l'estime que Jésus Christ en a faite! mais si nous les regardons selon les sentiments de la chair et de l'esprit mondain, ils paraîtront méprisables ».

Enfin, pour connaître combien grande et parfaite fut la foi de Vincent, il faut jeter les yeux sur toutes ses autres vertus, puisqu'elle en est comme la racine selon le sentiment de Saint Ambroise, et l'on pourra juger qu'elle a été la vigueur et la perfection de cette mystique racine, en considérant la multitude et l'excellence des fruits qu'elle a produits.

 

Fleurs Spirituelles

 

« Il y a une espèce de simplicité qui fuit que la personne ferme les yeux à tous les sentiments de la nature, et aux raisons humaines, et les tient toujours fixés sur les maximes de la foi, pour en faire constamment la règle de sa conduite. Dans toutes ses actions, ses paroles, ses pensées, ses affaires, en tout temps, en tous lieux elle consulte la foi, et ne fait rien que selon ce qu'elle dicte ». (Saint Vincent De Paul).

« Il est absolument nécessaire pour sa propre sanctification et pour être très utile au salut des autres de s'accoutumer à suivre en tout la belle lumière de la foi, toujours accompagnée d'une onction qui se répand dans les cœurs. Cela est très certain, il n'y a que les vérités éternelles qui soient capables de remplir notre cœur et de nous conduire par la voie sûre. Croyez-moi, il suffit de bien s'établir sur ces fondements pour arriver en peu de temps à la perfection et à pouvoir faire de grandes choses ». (Saint Vincent De Paul).

Pratique : Voir toujours dans les pauvres, la personne de notre Seigneur Jésus-Christ et dans cette vue, les traiter avec compassion, douceur, cordialité, respect et dévotion. Priez pour les personnes qui soignent les malades.

 

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30 mai 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

ND des Coeurs

Trente-et-unième jour

Notre Dame des Cœurs


Pour terminer cette revue incomplète et rapide des noms sous lesquels la sainte Vierge est honorée chez nous, étudions un vocable inventé, je crois, par le Père Montfort, grand missionnaire et non moins grand serviteur de Marie : Notre-Dame des Coeurs.

Au mois de juin 1710, le Bienheureux donnait les exercices d’une mission à Saint Donatien, alors paroisse rurale et séparée du faubourg Saint Clément par une vaste lande. La population accueillit l’homme de Dieu avec faveur, et ses prédications eurent un plein succès. Son zèle lui fit pourtant, là comme ailleurs, courir quelques dangers. Il apprend, un dimanche, que des jeunes gens, attablés dans un de ces cabarets qui pullulent aux abords des grandes villes, y causent du scandale. Le saint homme n’hésite pas ; seul, car nul n’accepte de l’accompagner, il se rend en ce mauvais lieu. La salle est remplie et l’on devine les scènes qui s’y déroulent, au soir d’une journée passée tout entière en débauches : les uns hurlent, de leurs voix avinées, des refrains obscènes ; d’autres se livrent, au son d’instruments criards, à des danses effrénées ; d’autres, enfin, se querellant, vomissent à pleine bouche les injures et les blasphèmes. Montfort s’agenouille au milieu de la salle et récite un Ave Maria ; puis, se relevant, il brise les instruments de musique et renverse les tables des buveurs. Ce fut, tout d'abord, de la stupeur chez ceux-ci ; ce fut bientôt de la colère : dix épées sortirent du fourreau. Le Bienheureux se dresse, calme et intrépide, devant ces furieux, son chapelet dans une main, dans l’autre un crucifix. Les malheureux ne purent supporter la flamme de son regard ; ils s’enfuirent, laissant le prêtre seul avec l’aubergiste auquel il s’efforça de faire comprendre l’indignité de sa conduite.

Inutile d’ajouter que, avec un tel apôtre, la mission fut admirablement fructueuse. La procession de clôture fut magnifique. Montfort avait fait exécuter par les dames de la paroisse quatorze grands étendards en satin, destinés a être portés en tête d’autant de groupes distincts de fidèles, qu’il appelait ses escadrons. Le cortège se déroula splendide, dans la campagne, et quand la foule se fut assemblée autour du trône champêtre sur lequel avait été placé le très saint Sacrement, le prédicateur parla de manière à tirer les larmes de tous les yeux.

Comment oublier de pareilles scènes et les enseignements donnés par un tel apôtre ! Celui-ci, d’ailleurs, laissait deux monuments chargés de perpétuer le souvenir de son œuvre. Le premier était un calvaire qui, plusieurs fois renouvelé, se dresse encore, au chevet de la basilique actuelle, dans le cimetière paroissial ; le second était une chapelle de la sainte Vierge. À deux pas du calvaire qu’on érigeait, dans l'enceinte du même cimetière, existait une vieille et pauvre chapelle ; un évêque de Nantes, du VIe siècle, Epiphane (569-515), l'avait bâtie, au retour d'un voyage en Palestine, y avait déposé des reliques de saint Etienne et la lui avait dédiée. Il y était venu plus tard dormir son dernier sommeil, et nous avons vu naguère un débris de son tombeau récemment découvert. Le petit sanctuaire avait traversé les siècles et les révolutions sans grands dommages, et, malgré quelques injures du temps et quelques remaniements, on pouvait le dire intact. Toutefois, il n‘avait plus guère que les apparences d’une chapelle. Dubuisson-Aubenay écrivait, en 1637 : « C’est sans contre-dit la plus ancienne muraille d’église qui soit à Nantes debout, voire l’une des plus anciennes qui soient en France. Elle est comme abandonnée et relante ». Cinquante ans plus tard, l’archidiacre Binet constatait qu’elle n’était pas en meilleur état : les murs étaient toujours solides et la charpente bonne ; on y voyait encore un autel surmonté d’une « image en bosse d’un sainct Estienne passable » ; mais il n’y avait plus aucune trace de lambris ni de carrelage, et l’archidiacre n’hésitait point à qualifier d’ordures » les débris de toute sorte qu’on y avait accumulés.

Le missionnaire, dont le cœur avait bondi plus d’une fois devant le délabrement et la malpropreté d’un grand nombre d’églises de campagne, et qui pressait les populations de rendre la maison de Dieu digne du Maître qui l’habite, dut être péniblement impressionné en voyant le triste abandon d’un sanctuaire si respectable : et peut-être commenta-t-il au peuple, en les lui faisant chanter, les vers qu’il avait composés à Cambon, l’année précédente :

« L’église est dans l’oubli, l’autel est dépouillé,

Le pavé tout brisé, le toit sans couverture,

Les murs tout écroulés et tout couverts d'ordure ».


Heureusement ici les murs et le toit étaient en assez bon état et il fut facile de rendre la chapelle décente. Mais puisqu'elle était depuis longtemps abandonnée et le culte de saint Etienne mis en oubli, pourquoi ne la consacrerait-on pas à Marie ? Il en fut ainsi décidé. Quant au choix du vocable, Montfort n‘hésita point. Déjà, quelques années plus tôt (1704), au cours d’une mission qu’il prêchait au faubourg de Montbernage, à Poitiers, il avait transformé une grange en chapelle et l’avait dédiée à Marie, Reine des Coeurs. Les habitants du faubourg étaient pauvres, et le missionnaire fournit lui-même la statue que l’on y vénère toujours ; il y ajouta un cœur couronné d’épines, comme gage de sa consécration personnelle à la reine des Coeurs. Notre Bienheureux avait toujours le même amour pour la sainte Vierge : ce titre qui exprimait si bien la nature de la dévotion qu'il prêchait et sur laquelle il devait écrire un sublime traité, il le donna à la chapelle de Saint Donatien.

Les dames généreuses, qui s'étaient chargées des quatorze étendards dont nous avons parlé, aidèrent sans doute le missionnaire a meubler le nouveau sanctuaire de Marie, et il est a croire qu‘elles placèrent une statue de la Reine des Coeurs à côté de la vieille « image » de saint Etienne. L’une d’elles, la plus riche et probablement la plus généreuse, devait connaître Montfort, et c'est peut-être à son appel qu’il était venu évangéliser cette paroisse. Elle appartenait en effet a une famille de Pontchâteau, et elle avait pu voir, de son manoir familial, les merveilles que le saint homme accomplissait dans la lande de la Madeleine. J’ai nommé Madame de la Tullaye, née Rogier de Crévy. L’antique chapelle avait alors un clocher ; mais il était muet : Montfort voulut lui donner une voix. N’était-ce pas nécessaire ? Il avait établi, dans son oratoire de Montbernage, la pratique du chapelet en commun ; nous avons vu précédemment qu‘il avait l‘ait de même a Saint Similien. Ce n’est pas trop préjuger de son zèle que de croire à l’établissement de cet usage dans le sanctuaire qui nous occupe. Or, comment appeler les fidèles à la prière, sinon par le son de la cloche ? Montfort en demanda une et l'obtint. La bénédiction solennelle en fut faite au cours de la mission, et le Bienheureux en fut le parrain avec Madame de la Tullaye. Le procès-verbal en fut soigneusement dressé, puis signé du parrain et de la marraine, ainsi que de deux prêtres employés sans doute aux exercices, P. Gelineau et P. Tripon. Il est conservé aux archives municipales de Nantes et c‘est, je crois, l'unique preuve qui nous reste dela dédicace de la chapelle Saint Etienne à Notre Dame des Coeurs. Qu’on nous permette, pour ce motif, de le rapporter en entier : « Le 21e jour de juin 1710, on a fait dans la chapelle de Notre Dame des Coeurs, alias de Saint Etienne, dans le cymytière de cette paroisse, la cérémonie de la bénédiction d’une cloche pour servir à la ditte chapelle. Le nom luy a été imposé d’Anne-Marie, par M. Louis de Montfort, prêtre et missionnaire, et par Madame Anne Bogier de Crévy, épouse de Messire François-Salomon de la Tullaye, cons.er du Roy et son procureur général a la C. des C. de B ».

La chapelle de Saint-Donatien fut moins heureuse que celle de Montbernage ; elle perdit à la Révolution sa cloche et sa madone. Le souvenir même du culte qu'on y avait rendu à Notre-Dame des Coeurs s’éteignit. Toutefois la chapelle ne périt point. L'église paroissiale avait été vendue et démolie, et lorsque les prétres revinrent d’exil, le modeste sanctuaire bâti par l'évêque Epiphane treize siècles auparavant restait seul debout. Il abrita les fidèles et servit d'église paroissiale pendant quatre ans, jusqu’au 28 mars 1806. C'est-là, entre ces vieilles murailles, que les deux anciens vicaires, revenus d‘Espagne, reprirent l'exercice de leur ministère ; c’est là que l’un d’eux, M. Jambu, fut installé à la place de son ancien recteur, noyé dans les flots de la Loire ; c’est là qu’un jour ce vénérable pasteur, suppliant ses ouailles d’oublier les injures reçues et les persécutions subies, tira des larmes de tous les yeux.

De tels souvenirs auraient dû rendre la petite chapelle plus chère encore au peuple. Hélas ! dès l'ouverture de la nouvelle église, elle retomba dans l’oubli; elle perdit jusqu’à son nom. Bientôt elle ne fut pour le peuple que la chapelle de Saint Agapit, d’un saint très vénéré dans la paroisse, et dont la statue, après la destruction de sa chapelle, fut placée dans celle de Saint Etienne.

Notre pauvre vieux sanctuaire resta longtemps sans gloire ; et l'on put craindre un instant que l’édifice, élevé par l’évêque Epiphane, allait à jamais disparaître. Un ami de nos antiquités chrétiennes, dévoué surtout à ce qui intéresse le culte des Enfants Nantais et l‘histoire de leur paroisse, le sauva de la ruine. Il fit mieux. Il entreprit de le restaurer. Pour commencer, il y a rétabli la dévotion à Marie Reine des Coeurs.

Par ses soins, un peintre de talent dessina un tableau qui résume l'histoire que nous avons racontée. On y voit, sur un trône et la couronne au front, la Vierge-Mère ; sur ses genoux est son divin Enfant, tenant en main un sceptre et un globe ; le Bienheureux Montfort, agenouillé devant elle, lui présente des deux mains un cœur enflammé ; enfin deux anges, planant au-dessus du groupe, portent des banderoles où on lit ces mots : « Marie Reine des Coeurs – A Jésus par Marie ». Le tableau fut placé dans la chapelle, du côté de l’Evangile et, en 1901, un jour de fête de catéchisme, le culte de Notre Dame des Coeurs fut solennellement rétabli. Déjà des cantiques en son honneur ont été composés ; des Sœurs de la Sagesse, accompagnées des jeunes filles qu’elles élèvent, y sont venues chercher en quelque sorte les traces de leur Père ; plusieurs personnes pieuses ont suivi le. même chemin. Mais ce sont les enfants du catéchisme de première communion qui se montrent les plus empressés à honorer Notre Dame des Cœurs.

Le restaurateur de ce culte savait que le Père Montfort, durant l’année qu'il passa dans la Communauté de Saint-Clément à Nantes, s'était consacré presque exclusivement à l’instruction religieuse des enfants, dans diverses paroisses de la campagne. Est-il croyable, pensa-t-il, que ce saint homme ait oublié la paroisse rurale la plus voisine de sa demeure ? N’est-il pas à croire du moins que, dans ses pèlerinages a la tombe de nos martyrs, il aimait à s‘entretenir avec les petits enfants qu’il trouvait sur sa route et qu’il leur communiquait quelque chose de son amour pour Jésus et pour Marie ? D’ailleurs les cœurs d’enfants, les plus sincères et les plus purs, plaisent par dessus tous les autres au Coeur de Marie. Voilà pourquoi la dévotion à la Reine des Coeurs est pratiquée surtout aujourd’hui par les enfants du catéchisme de Saint-Donatien. À chaque réunion, ils invoquent la Vierge sous ce nom si doux ; souvent ils chantent ses cantiques ; et quand sonnent les heures, ils interrompent la leçon pour redire, sur l’air d'avant-quart de l’horloge, qui sert ainsi d’accompagnement a leur chant, ces paroles empruntées en partie au Bienheureux Montfort : « Tout pour Jésus, tout par Marie: Roi des élus, à vous ma vie ! »

 

C’est le Père Montfort qui nous a fait connaître et honorer Marie, reine des cœurs ; c'est à lui que nous devons demander le sens de cette gracieuse dévotion.

Dans l’Ecriture et dans le langage de l’Eglise, le mot cœur offre plusieurs sens. Il désigne d’abord l’organe de chair qui fait en nous circuler le sang ; mais il est également employé pour signifier tout l’intérieur de l’homme, l’ensemble de ses pensées, de ses désirs, de ses volontés. C’est tout cet ensemble qui constitue le domaine de, la Reine des Cœurs. Écoutez Montfort : « Marie est la Reine du ciel et de la terre par grâce, comme Jésus en est le Roi par nature et par conquête : or connue le royaume de Jésus-Christ consiste principalement dans le cœur et l’intérieur de l’homme, selon cette parole : Le royaume de Dieu est au dedans de vous, de même le royaume de la très sainte Vierge est principalement dans l’intérieur de l’homme, c’est-à-dire, dans son âme, et c’est principalement dans les âmes qu’elle est plus glorifiée avec son Fils que dans toutes les créatures visibles, et nous pouvons l’appeler avec les saints Reine des Cœurs ».

Mais s‘il est dans l’ordre que Marie règne sur tout notre intérieur, règle toutes nos facultés, soit maîtresse de toutes nos volontés, c'est afin de les consacrer à son Fils. Telle est en effet la raison d’être de cette dévotion : soumettre à Marie notre âme et toutes ses facultés, afin que Marie les soumette à Jésus. C'est la ce. que notre Bienheureux appelait le » saint Esclavage », ou la parfaite consécration à Jésus par Marie ; et voici comment il l’expose lui-même : « Cette dévotion consiste donc à se donner tout entier a la très sainte Vierge, pour être tout entier à Jésus—Christ par elle. Il faut lui donner : 1°notre corps avec tous ses sens et ses membres ; 2° notre âme avec toutes ses puissances ; 3° nos biens extérieurs qu’on appelle de fortune, présents et à venir ; 4° nos biens intérieurs et spirituels, qui sont nos mérites, nos vertus et nos bonnes œuvres, passées, présentes et futures ».

Le titre de Reine des Coeurs dit encore davantage ; il signifie que cet esclavage, que nous professons envers la sainte Vierge, doit être surtout un esclavage d'amour. Il y a en effet des esclaves de contrainte et des esclaves d’amour : ce dernier titre convient seul à ceux qui se consacrent à la Reine des Cœurs. « Si la sainte Vierge est la reine et souveraine du ciel et de la terre, n'a-t-elle pas autant de sujets et d’esclaves qu'il y a de créatures ? Mais n’est-il pas raisonnable que, parmi tant d’esclaves de contrainte, il y en ait d‘amour qui, de plein gré, choisissent, en qualité d‘esclaves, Marie pour leur Souveraine ? »

Tel est le sens de notre dévotion, exposé par le Bienheureux lui-même ; et c’est pour cela que la confrérie du saint Esclavage, récemment érigée, l’a été sous le titre de Marie, Reine des Cœurs. Profitons des leçons de notre grand apôtre, soyons comme lui les esclaves très humbles et très dévoués de la Mère de Dieu, répétons souvent les paroles enflammées d‘un de ses plus beaux cantiques :


J‘aime ardemment Marie,
Après Dieu, mon Sauveur,
Je donnerais ma vie
Pour lui gagner un cœur.

Ô ma bonne Maîtresse,
Si l‘on vous connaissait,
Chacun ferait la presse
À qui vous servirait.

ND de Nantes

 Fin du Mois de Marie des Madones Nantaises

 

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Prochain mois de dévotion : Le Mois de Sainte Claire, rendez-vous le 30 juin

 

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29 mai 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

Bretagne21

Trentième jour

Notre Dame de la Délivrance


Parmi les vocables sous lesquels Marie est honorée chez nous, il en est un que la plupart ignorent, et qui mérite d’être signalé : Notre Dame de la Délivrance.

Nos pères avaient placé son image a l'entrée des ponts, tout près de la forteresse de Pirmil. Ils voulaient, dit-on, remercier la sainte Vierge de la protection qu‘elle avait exercée sur la cité menacée par les protestants ; mais c‘était certainement aussi pour obtenir qu’elle les délivrât à l’avenir des attaques de l‘ennemi.

Les débris pittoresques du vieux château ont été renversés, il y a longtemps déjà (1839) ; la madone a disparu comme eux. Cependant le petit peuple est resté fidèle au culte qu‘il avait voué a Notre Dame de la Délivrance, et il est encore un coin de notre ville où se perpétue cette dévotion.

Toutefois ne cherchez pas dans nos riches basiliques : il n’y en a pas de trace ; n’explorez pas davantage nos larges rues et nos places modernes : ce n’est pas là que se manifeste la piété populaire, elle y serait mal à l’aise. Allez dans un de nos plus vieux quartiers, dans la rue des Carmes, autrefois si fréquentée parles dévots serviteurs de Notre Dame, presque en face de cette antique maison à l’enseigne du « Vieux Nantes », dont la façade de bois et d’ardoise surplombe la chaussée, réjouissant notre regard déshabitué de ces formes vénérables et nous reportant cinq siècles en arrière. Arrêtez-vous au numéro 15, et suivez une allée longue, étroite, à l'odeur de moisi. Au fond est une cour entourée de bâtiments : c’est là. À droite, sur la façade d’une maison plus basse que les autres et relativement récente, dans une sorte de fenêtre aveugle que surmonte un fronton, à été encastré un plein relief qui attire tout de suite les yeux par ses couleurs voyantes. C’est un arc en accolade, rappelant quelque peu le triforium de la Cathédrale, mais d'un travail incomparablement moins fin ; au centre, posée sur un socle, est une Vierge-Mère, portant sur son bras droit le divin Enfant et, de la main gauche, lui présentant le sein. A la hauteur des épaules de la madone sont suspendus deux anges ; et, dominant le tout, on voit un Père Eternel coiffé de la tiare. Au-dessus de l’arc se lit l’inscription : « Notre Dame de Délivrance » ; au-dessous est un support abrité pour recevoir les cierges ainsi qu’un tronc pour recueillir les offrandes. Le bas relief à été repeint tout récemment avec des couleurs diverses où dominent le blanc et le bleu, dans ce ton cru qui tire l'oeil et qu’affectionne le menu peuple. La Vierge a les traits gros et assez vulgaires ; elle paraît antique et peut-être est-elle antérieure aux décors qui l’entourent. D’où vient-elle ? Ornait-elle déjà la façade d’une maison plus ancienne situé= au même lieu ? Est-ce un débris du couvent des Carmes qui était proche ? Provient-elle, comme quelques-uns l'ont pensé, de la démolition de la porte de Sauvetour ? Le peuple l’ignore et, sans s’en inquiéter, continue de vénérer sa chère madone. On l’invoque surtout pour les femmes enceintes, et l’on y fait brûler des cierges pour obtenir leur heureuse délivrance.

On trouve une autre madone, honorée sous ce même vocable, à l’extrémité du diocèse de Nantes, dans la paroisse récente de Trescallan. Près des limites de Piriac, à deux pas du manoir de Lauvergnac et non loin de la mer, est le pauvre hameau de Brenda. Il ne se compose actuellement que de trois ou quatre masures, mais il eut jadis plus d’importance: les gens du pays sont unanimes à déclarer qu’il a connu des jours de prospérité, presque des jours de gloire. Ce n’est pas un récit purement légendaire ; les Celtes en effet y ont laissé un tumulus et les Romains des ruines. Les paysans racontent volontiers qu’il exista naguère un premier Brandu sur le rivage même, entre Belmont et Lérat, et qu’il fut détruit à une époque très reculée par les envahissements de la mer. Ils ajoutent qu’aux grandes marées, quand le reflux laisse un large espace à découvert, on aperçoit encore sur les roches de Belmont des blocs énormes, certainement taillés de main d’homme. Le propriétaire d‘un champ voisin, en cultivant sa terre, y a constaté l’existence de trois couches bien distinctes, le sable d’abord, puis des débris de constructions, et au-dessous le sol arable. Quels bâtiments s'élevèrent la jadis ? Y eut-il un petit port dans le genre de celui de Lérat, ou même plus important ? Les Romains y avaient-ils établi un entrepôt de marchandises ? Les mines d’étain qu’ils exploitèrent dans le voisinage y avaient-elle attiré de nombreux commerçants ? Les ruines n‘ont pas dit leur secret, et il est a croire que l’océan, qui les recouvre en partie, ne le livrera jamais.

Un second Brandu fut construit, après la catastrophe, à quelque distance du premier. Il existe encore, mais bien déchu. On y compta jusqu’à douze fours, marque évidente d’une agglomération assez considérable. Nous avons dit ce qu’il est aujourd’hui.

En des temps lointains, qu’il est impossible de préciser, même approximativement, les habitants de Brandu, très éloignés de Guérande, leur centre paroissial, avaient élevé une chapelle dédiée à la sainte Vierge, et choisi la Visitation pour fête patronale. On en ignore l’origine, mais on sait qu’elle était en grande vénération. Les marins du pays la visitaient régulièrement au départ et à l’arrivée. En mer, quand grondait la tempête, ils invoquaient leur puissante patronne et lui faisaient des vœux. Pas un navire ne passait en vue de la chapelle, que les matelots ne saluassent pieusement la madone de Brandu : Dans les nécessités publiques, soit maladies, soit dérangement des saisons, les paroisses voisines, mais surtout Guérande, y venaient processionnellement solliciter l’intervention de Notre Dame. Les habitants du pays rappellent encore, avec une fierté mêlée de tristesse, que leur chapelle reçut en mème temps jusqu’à sept bannières de paroisses différentes. Beaucoup de personnes allaient aussi en particulier s'y recommander à la Mère de Dieu.

Comme tous les lieux de pèlerinage, Brandu avait sa fontaine et son calvaire, que l’on y vénère toujours. Ce dernier porte une date à sa base, 1625.

Il semble pourtant que, dès cette époque, l’étoile de Brandu commençait à pâlir. Peut être faut-il en chercher la cause dans le voisinage des Protestants. On sait que l’hérésie avait à Piriac de nombreux adhérents, excités et soutenus par un ministre fort entreprenant ; de plus, le sire de Tournemine, baron de Campzillon, dont dépendait notre village, avait aussi embrassé la réforme, et ne pouvait manquer d’exercer, du manoir de Kerjean où il résidait, une puissante et néfaste influence sur ses vassaux.

A la fin du XVIIe siècle (1698), les habitants de la frairie résolurent de construire une autre chapelle plus centrale. Ils choisirent comme emplacement au tertre isolé de toute habitation, afin d’éviter, semble-t-il, les compétitions intéressées des différents villages. Toutefois, s’ils se montraient infidèles a Brandu, ils ne l’étaient pas à Notre Dame, et la chapelle de Trescallan, tel était son nom, fut aussi dédiée à la sainte Vierge, sous le vocable de N. D. de Miséricorde.

Le sanctuaire de Brandu subsista néanmoins, et les pieux fidèles ne cessèrent point d’y faire des pèlerinages. Ils y trouvaient toujours la vieille madone tant vénérée. C’était une statue en bois doré représentant la Vierge Marie avec l’Enfant Jésus dans ses bras. Elle avait les traits forts et accentués des femmes du pays, sans rien cependant de ridicule et d’inconvenant. Le socle portait une inscription : « Notre Dame de la Délivrance ». Pourtant la chapelle et la statue elle-même n’étaient guère désignées que par le nom de Notre-Dame de Brandu.

Les anciens racontent que, pendant les dévastations sacrilèges de la Révolution, leurs pères, voulant soustraire la sainte image à la profanation, l’avaient enlevée de la chapelle et cachée dans la demeure de l’un d’eux ; et la légende, brodant sur une translation très naturelle sans doute et opérée secrètement, ajoute que la Bonne Mère, ne trouvant pas ce lieu convenable, alla d’elle-même prendre domicile chez un autre habitant du village.

La paix enfin revenue, l’antique statue reprit sa place dans la chapelle de Brandu, et continua d’y recevoir les hommages de ses fidèles. Parmi ceux-ci, en remarqua, durant plusieurs années, un personnage mystérieux dont nul ne sut jamais le nom, peut-être un ancien religieux chassé de son monastère par la Révolution, et qui poursuivait dans cette solitude les méditations auxquelles jadis il se livrait dans le cloître.

Cependant les pèlerins de Brandu devenaient de moins en moins nombreux. Le village n’était plus qu’un hameau insignifiant ; d‘un autre côté la chapelle de Trescallan avait son desservant et ses offices réguliers ; la désormais se dirigeait la foule, la désormais devait être honorée Notre Dame. De plus c’était assez, pour cette population pauvre, d’entretenir une église ; la chapelle de Brandu ne fut bientôt plus qu’une ruine. On se résolut à transporter l’antique statue dans l’église de Trescallan. Elle y est encore, vénérée des fils comme autrefois des pères. Quant à Brandu, il pleure toujours sa madone et sa chapelle, dont il ne reste pas pierre sur pierre. Les derniers débris en ont été transportés à la Turballe et sont entrés dans la construction des premières maisons de ce bourg. Peut-être verra-t-on quelque jour, dans cette importante agglomération, chef-lieu de la commune dont le centre paroissial reste à Trescallan, surgir une nouvelle chapelle, qui certes répondrait à un besoin pressant. Ne serait-il pas juste de lui donner pour patronne Notre-Dame de la Délivrance ?

 

Le vocable que nous venons d’étudier doit nous rappeler tout naturellement les derniers mots de la sublime prière que Jésus-Christ lui-même a placée sur nos lèvres : « Libera nos à malo, Délivrez-nous du mal ». Tous les commentateurs de l’Oraison dominicale disent que, par ces paroles, nous demandons à Dieu de nous délivrer des maux du corps, mais surtout de ceux qui menacent les âmes. Nous supplions le Seigneur d’écarter de nous le péché et de nous délivrer de la puissance du diable. Beaucoup traduisent, en effet, « libera nos à malo », par délivrez-nous du méchant, c'est-à-dire, du démon. Or, ce que nous demandons directement à Dieu, nous pouvons prier Marie de le solliciter pour nous : sa prière, toujours bien accueillie, obtient infailliblement son effet, et c’est ainsi qu’elle mérite d’être appelée Notre-Dame de la Délivrance. Continuons donc de demander à la sainte Vierge de nous délivrer de la tempête, des intempéries, de la contagion, des accidents qui nous guettent, de tous les maux temporels qui nous menacent. Demandons-lui plus instamment encore de nous délivrer du péché, et de nous donner la main pour nous aider a traverser les fanges de la terre sans souiller notre robe d'innocence. Demandons-lui enfin de nous délivrer de la puissance du démon. Beaucoup de gens, surtout à la campagne, voient du diable partout, dans leurs étables, dans leurs laiteries, même dans leurs demeures, et sollicitent des bénédictions et des prières pour se délivrer de ses maléfices. Bien de mieux assurément, à condition que l’on sache se garder des exagérations et des pratiques superstitieuses. Mais on néglige de voir le démon la surtout où il se trouve, dans le monde, rôdant autour de nous pour nous dévorer. Le Maître a dit : « Le monde est tout entier sous l’influence du malin esprit ». La parole divine se justifie tous les jours : c’est le diable qui mène le monde. Demandons à Marie de nous défendre contre lui, nous, nos familles, nos paroisses, notre pays, et, dans cette intention, répétons avec confiance : « Notre-Dame de la Délivrance , priez pour nous ».

Note de la rédaction: L'image de Notre Dame de Délivrance de la rue des Carmes a été transférée, au début du 20e siècle, dans la Cathédrale Saint Pierre et Saint Paul de Nantes, ou l'on peut toujours l'y vénérer en la chapelle Saint Jean-Baptiste.

 

ND de Nantes

 

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28 mai 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

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Vingt-neuvième jour

Notre Dame de Contratacion

ou du Commerce

Je voudrais vous parler ce soir d‘un vocable de la très sainte Vierge à Nantes, inconnu sans doute à la plupart d’entre vous. Du XVe au XVIIIe siècle, il fut cher a beaucoup d’habitants de cette paroisse et, de nos jours, il conviendrait encore à bon nombre des paroissiens de Saint Nicolas. C’est Notre Dame de la Contratacion, ou en français, car le mot contratacion est espagnol, Notre Dame du Commerce.

Mais comment une dévotion nantaise pouvait-elle avoir un nom espagnol ? À l’époque dont j’ai parlé, il y avait un très grand nombre d’Espagnols à Nantes ; et l’on peut affirmer qu’ils avaient en mains une grande partie du commerce de cette ville. Ils étaient, suivant l'expression, commune alors et que j'ai déjà employée, marchands à la Fosse, c’est-à-dire, armateurs et riches armateurs, car la plupart des terrains de ce quartier leur appartenaient. Plusieurs sans doute rentrèrent dans leur pays d’origine avec la fortune qu’ils avaient amassée ; beaucoup aussi devinrent définitivement nos concitoyens. Ils mêlèrent le sang des Hidalgos a celui de nos meilleures familles, et plusieurs d’entre eux arrivèrent aux postes les plus éminents. On en vit s’asseoir dans le fauteuil des Maires de Nantes ou sur les sièges fleurdelisés des présidents de la Chambre des Comptes ou du Parlement de Bretagne.

Isolés sur la terre étrangère, ils éprouvèrent tout d’abord le besoin de se grouper et formèrent une compagnie. qui, composée de commerçants, ne tarda pas a devenir une Bourse. Ils se réunissaient dans la Tenue d'Espagne, dont la rue de ce nom perpétue le souvenir en Saint-Donatien ; ils se réunissaient aussi, pour leurs affaires, tout prés d’ici, dans la maison et le jardin de la « Nation d‘Espagne », que rappelle le Café des Quatre Nations.

Leur compagnie, dont faisaient déjà partie plusieurs commerçants nantais existait depuis de longues années quand, le 29 décembre 1493, le roi Charles VIII, mari de notre duchesse Anne, la rétablit dans tous ses droits. Ses membres nantais jouissaient de précieux privilèges à Bilbao et dans d’autres villes d’Espagne ; en revanche, les commerçants espagnols avaient aussi des privilèges à Nantes.

Fidèles aux traditions de leur pays, où la foi est profonde et le culte de la sainte Vierge plus développé que partout ailleurs, les fondateurs de la société de Contratacion en firent une confrérie, et la placèrent sous le patronage de Notre Dame.

C’est dans l‘église des Cordeliers, dont les ruines lamentables se voient encore, à droite du choeur, que se trouvait la chapelle de la Nation d'Espagne, centre de notre confrérie. Ses membres, tous opulents et dévoués à Marie, se plaisaient à enrichir leur sanctuaire national. Partout, sculptées sur les murailles ou peintes dans les vitraux, étincelaient les armes de Castille, de Léon, d‘Aragon, de Biseaye ; partout, sur les riches mausolées dont son enceinte était encombrée, se lisaient des noms espagnols, francisés parfois, reconnaissables toujours, des Darrande, des Ruys, des Myrande, des Complude, des Despinoze, d‘autres encore, tous connus à Nantes comme en Espagne, tous marchands à la Fosse. La petite chapelle était comme un coin, comme une vision de la patrie lointaine.

Les opérations commerciales de la Contratacion avaient lieu dans la maison de la Nation d’Espagne ; ses réunions pieuses dans la chapelle des Cordeliers. La confrérie était présidée par un consul, encore un mot qui sent le négoce élu chaque année par les confrères, et dans la liste de ces présidents on trouve, non seulement les noms les plus notables de la colonie espagnole, mais aussi ceux des plus célèbres commerçants nantais de cette époque. Chaque nouveau membre fait, en entrant, serment « d’honneur et de probité » ; prend l'engagement de se trouver « ès-jours de festes ordonnées à la chapelle des Cordeliers, aux processions et offertes » ; remet quatre écus au trésorier de la compagnie ; enfin donne une « aumône aux pauvres et à Sainte Clère » à la manière accoutumée, selon sa volonté.

A la mort d'un confrère, le lendemain de son enterrement, l'association faisait célébrer aux Cordeliers une messe de Requiem « à haulte voix ». Pour cela elle avait fait la dépense d'un drap de velours, que l'on devait rapporter fidèlement, après le service, « au logeix de Monsieur le Consul ».

Un accord avait été passé avec les Cordeliers pour le service de la confrérie : les marchands espagnols étaient pieux et sans doute mais du faste, aussi les cérémonies étaient nombreuses et devaient être solennelles.

Il y avait trois processions chaque année, celles de la Chandeleur et des deux fêtes-Dieu. Les confrères y devaient assister, sous peine de payer un écu de soixante sols. Aux processions des fêtes-Dieu, tous les religieux devaient être « chappés », et tenir à la main un cierge. Le Saint Sacrement devait être porté d’abord autour du cloître où un reposoir était dressé, puis dans les deux cours de la maison, et revenir, par la rue, dans l’église. Une seconde bénédiction était donnée à l’autel de la chapelle espagnole, et le Saint Sacrement était reporté au maître-autel.

Les religieux devaient en outre chanter vingt grand’messes solennelles, avec diacre et sous-diacre, chantres et enfants de choeur. Le jour du Sacre et de son octave, qui étaient évidemment les deux principales fêtes de la confrérie, la messe devait être célébrée avec plus de pompe : aux ministres des fêtes ordinaires s’ajoutaient un prêtre assistant, un maître des cérémonies, quatre chantres chappés, et tous les religieux de la communauté devaient être présents au grand choeur.

Les membres de la confrérie assistaient fidèlement à ces fêtes ; ils devaient, en outre, aller six fois par an à « l’offerte » ; le consul donnait un écu au célébrant de l’Epiphanie, ordinairement le religieux qui avait été roi « à la cérémonie du gâteau ».

Deux fois par an, le jour du Sacre et celui de l’octave, les confrères se réunissaient dans un déjeûner commun. Ils avaient à leur disposition, pour cette fin, une des salles de la communauté, et, pendant longtemps, ce fut une salle particulière qui portait leurs armes au plafond.

Comme tant d’autres, la confrérie tomba au XVIIIe siècle, en 1733. Depuis longtemps déjà, elle ne comptait plus d’Espagnols. On a au même décidé, en 1662, de ne plus admettre aucune personne qui ne fût « originaire de la ville ou faubourgs, ou marié avec femme ou fille de ladite ville ou faubourgs ». En outre, pour y être admis, il fallait l’avis favorable de douze membres et du consul. La confrérie n'était plus espagnole ; en revanche, elle était bien nantaise.

 

Jésus-Christ, en nous apprenant à prier, a mis ces paroles sur nos lèvres : « Donnez-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour ». Il ne nous interdit donc point de lui demander les biens temporels, et l'Eglise, par les usages et les prières de sa liturgie, nous en donne l’exemple. Nos ancêtres le savaient bien; ils ne manquaient point d’intéresser les saints à leurs affaires et d’appeler la bénédiction de Dieu sur toutes leurs entreprises. Aussi, quand nos « marchands » nantais construisirent une Bourse pour leur commerce, ils voulut y joindre une chapelle et y attacher un aumônier. Ces riches armateurs qui, le soir, s’en allaient fièrement à la Bourse, en habit de soie et l’épée au côté, ne rougissaient pas de s’agenouiller le matin dans leur chapelle de Saint Julien, pour recommander au maître de la tempête les bateaux chargés de richesses, qu’ils expédiaient sur les océans. Les mêmes motifs et la même confiance les conduisaient aux autels de Notre-Dame, et les portaient à s'enrôler dans ses confréries. Vous donc, mes Frères, qui cherchez à acquérir, dans le commerce ou l’industrie, l’aisance et même la fortune, et vous qui demandez simplement à un travail plus modeste le pain de chaque jour, suivez ces exemples, priez Dieu et la Vierge de vous bénir.

Toutefois, n’oubliez pas ceci : les commerçants d’autrefois respectaient Dieu. ses mystères, son nom et ses commandements. Alors, on ne violait pas la sainte loi du dimanche par un travail maudit ; alors, à l'exemple de notre Jacques Cassard, qui imposait, même à des flibustiers, sous peine « de perdre leur part » de prise, l’engagement de ne pas « jurer le nom de Dieu », on ne souffrait pas dans les magasins ou les ateliers les impiétés et les blasphèmes ; alors, on s’agenouillait à la table sainte, et bien rares étaient ceux qui ne remplissaient pas « leurs devoirs ». De même, si vous voulez que Dieu écoute vos prières, il ne faut pas insulter à son nom, attaquer ses mystères, fouler aux pieds ses lois ; si vous voulez que la Mère vous protège, il ne faut pas crucifier a nouveau le Fils.

Les membres de notre confrérie faisaient serment « d‘honneur et de probité ». Ils savaient le tenir. À cette époque, la probité commerciale était intacte, la parole du marchand valait un contrat, la fraude était inconnue, la marchandise toujours de bon aloi. Tous aujourd’hui, parmi ceux qui se livrent au commerce ou à l‘industrie, seraient-ils dignes d’un tel éloge ? Peut-être serait-il imprudent de l’affirmer. Pour vous, mes Frères, si vous voulez que Marie vous protège, et que Dieu vous bénisse, vous marcherez sur les traces de vos pères, vous tiendrez votre « serment d‘honneur et de probité ».

 

ND de Nantes

 

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27 mai 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

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Vingt-huitième jour

Notre Dame de Bon Garant

 

La contrée qui s’étend au nord-ouest de Nantes, et qu’occupait jadis la vaste forêt dont j’ai parlé déjà, compte beaucoup de sanctuaires consacrés à Marie et dont l’origine se perd dans la nuit des temps. (le culte y fut-il porté par les premiers chrétiens que la persécution forçait à s‘y réfugier ? Fut-il un moyen employé pour vaincre les druides dont les pratiques superstitieuses y trouvaient un asile impénétrable ? Nul ne le sait, nul sans doute ne le saura jamais. Ce qui est certain, c’est que Marie possède sur ce territoire plusieurs chapelles vénérées depuis de longs siècles : à Nantes, N. D. de Miséricorde ; à Orvault, N. D. des Anges ; à Treillières, N. D. des Dons ; à Grandchamp. N. D. des Fontaines ; au Temple, N. D. de Toutes Vertus ; à Sautron, N.-D. de Bon Garant. Et une légende populaire prétend que jamais le tonnerre ne tombe dans le triangle formé par N. D. des Anges, N. D. des Dons, et N.-D. de Bon Garant. C‘est de celle-ci que je viens vous parler ce soir.

Les druides ont habité ce pays, et les monuments en témoignent. Les Romains y sont venus après eux et ils y avaient porté le culte de leurs fausses divinités. Où le diable avait été honoré, les chrétiens voulurent honorer le vrai Dieu.

Les traditions rapportent que de pieux ermites s‘y sanctifièrent : ce qui les confirme, c’est que, dans le champ de l‘Ermitage, les paysans heurtent encore du sec de leur charrue les débris d'un très antique monument, et que, dans la chapelle actuelle on vénère toujours la tombe anonyme d'un ermite, mort, il y a bien des siècles, en odeur de sainteté.

Les Normands, vous le savez, avaient saccagé Nantes. Au milieu du XIe siècle, leurs ravages n’étaient pas tous réparés. L'église de Saint Cyr et de Sainte Julitte, située entre la préfecture et le cours Saint-André, restait en ruines. Pour la relever, Budic, comte de Nantes, et sa femme Adoïs donnèrent aux religieuses qui vivaient à l’ombre de ce sanctuaire désolé la terre de Bois Garant. Bientôt Saint-Cyr et Bois Garant passèrent entre les mains des religieuses de N.-D. du Ronceray, à Angers ; le second devint un prieuré.

Une chapelle, si elle n’existait déjà, y fut fondée, et un chapelain ne tarda pas à y accueillir le peuple chrétien. Celui-ci, en effet, aimait la petite chapelle ; le Bois Garant était devenu le Bon Garant, et, encouragé par ce nom plein de promesses, on y venait prier Notre Dame. Marie récompensa par d’éclatants et nombreux miracles, c’est un duc de Bretagne qui en témoigne, la confiance de ses fidèles, et le concours s’en accrut encore. Mais la chapelle était antique, trop étroite et maltraitée parle temps, indigne de Marie par conséquent. Un plus bel édifice allait lui succéder.

Non loin de Sautron, dans le bourg même de Couëron, s’élevait le château ducal de la Gazoire, où François II aimait à résider. La forêt voisine de Sautron était aussi propriété des ducs, et François, ami des fêtes et des plaisirs, y déployait souvent le luxe de ses chasses princières. À deux pas de Bon Garant, il possédait un rendez-vous de chasse, l’antique manoir de Bois-Thoreau. J’ai dit déjà qu’il était très religieux ; non content d’avoir rebâti quelques années auparavant N. D. des Dons, il voulut aussi relever de ses ruines la chapelle de Bon Garant. Était-ce à la suite d’un vœu, comme le rapporte la tradition, et pour remercier Marie de l’avoir garanti à la chasse d’un terrible danger ; et faut-il croire que le taureau sauvage auquel il échappa, grâce à la protection de la Vierge, donna son nom au manoir voisin ? Était-ce, connue l‘affirme un vieil auteur, messire Vincent Charron, pour obtenir de la Vierge qu’elle garantit sa Bretagne contre les entreprises des Français ? Ce qui est incontestable, c’est qu'il fit les choses princièrement. Il rebâtit la chapelle en belles pierres de granit, et il y ajouta, pour le prêtre chargé de la desservir, un manoir qui existe encore. La dédicace de l’église se fit solennellement : le duc, la duchesse, toute la cour étaient la, déployant leurs riches costumes sous les yeux de la foule émerveillée ; et l’évêque de Sinople, coadjuteur de Rennes, procéda à la consécration.

Après ces fêtes, le pèlerinage prit un essor plus grand. Le duc allait a Bon Garant entendre la sainte messe avant de partir pour la chasse : c’était la chapelle ducale, et la tribune réservée à la cour, ainsi que les armoiries et les hermines bretonnes, en témoignent encore. François d‘ailleurs l’aimait beaucoup et lui-même, dans un acte qui subsiste, parle de sa « singulière dévotion » pour elle.

Les pèlerins y accouraient en grand nombre et laissaient de généreuses offrandes. Le chapelain, messire Jehan Charette, les recueillait et, dans sa charité, il voulut en faire bénéficier les pauvres. Il construisit un vaste asile pour héberger les pèlerins et recevoir gratuitement les pauvres gens qui venaient de fort loin invoquer Marie. Le duc lui-même ne dédaignait pas d’y descendre avec les seigneurs de sa suite « toutes et quantes fois » qu’il venait à sa chère chapelle, et le chapelain s’empressait à honorer le prince bienfaiteur. Aussi François, à sa prière sans doute, pour aider les pèlerins « qui y affluent et abondent » à cause des merveilleux et innumérables miracles qui s’accomplissent en ces lieux ; « pour l‘honneur et révérence de Dieu et de la benoiste Vierge Marie Notre Dame » ; pour participer « aux mérites, oraisons, pèlerinages et prières » de la foule chrétienne ; et aussi pour la « singulière dévotion » qu’il éprouve envers ce petit sanctuaire, exempte d'impôts à perpétuité l'asile charitable bâti par le bon prêtre.

Après l’avoir assidûment visitée durant les jours de sa prospérité, François put saluer encore sa chère chapelle a la veille de mourir. Vieilli parle chagrin plus que par les années, attristé par les menaces de la France, et les inquiétudes de l'avenir, le prince s'était retiré avec ses deux filles au château de la Gazoire. Bien que malade et épuisé, il chassait encore dans la forêt de Sautron. Un jour, sans doute, suivant sa coutume, il avait entendu la messe à Bon Garant, il fit une chute de cheval. On le transporta dans son manoir du Bois-Thoreau, d’où il put jeter un dernier regard sur sa chapelle tant aimée, et de là à la Gazoire. Quelques jours plus tard, il y mourait chrétiennement.

Bon Garant ne devait plus voir de ducs ni de cortèges princiers à ses fêtes. Marie cependant continua d’y recevoir les hommages de ses fidèles. Chaque année, le 2 juillet, fête de la Visitation, les paroisses d’alentour s’y rendaient en procession, et l’on comptait ordinairement plus de 15 000 pèlerins. Malheureusement des désordres s’y glissèrent et l’évêque les interdit. Les voisins du moins ne cessèrent pas de visiter la chapelle ; la paroisse de Sautron garda l’usage d’y faire la procession du mois, et chaque vendredi on y célébrait la sainte messe.

Au XIVe siècle, la première chapelle avait essuyé sans dommage le feu des canons anglais (1381) ; et les paysans avaient accumulé dans un Coin du monument, comme un singulier ex-voto, les boulets recueillis aux alentours. La Révolution les transporta à l’arsenal de Nantes, mais là se bornèrent ses déprédations. Et si l’antique pèlerinage n’a plus l’éclat d’autrefois, si le chapelain n’occupe plus son manoir, si l’asile charitable n’est plus ouvert aux pauvres gens, la chapelle subsiste cependant, soigneusement restaurée dans le goût du XVe siècle, et les chrétiens du voisinage y vont toujours prier Notre Dame de Bon Garant.

Le chanoine Vincent Charron écrivait au XVIIe siècle : « Cette chapelle commença dés lors à être fréquentée des peuples non seulement circonvoisins, mais aussi des lieux les plus éloignés de la province, et fut nommée Nostre-Dame de Bon Garant, tant pour ce que le duc François demandait à la Vierge qu’elle le garantit des courses des Français, contre lesquels il avait guerre pour lors, que parce qu’elle garantissait et défendait tous ceux qui la réclamaient sous ce nom-là ».


Marie, gardienne de la patrie, Marie, bouclier des chrétiens contre les dangers qui les menacent, voilà ce que signifiait autrefois Notre Dame de Bon-Garant, voilà à quels titres nous devons encore l’invoquer aujourd’hui. Vous connaissez, mes Frères, le texte du Psalmiste : « Si le Seigneur ne protège un état, c'est en vain qu’ils veillent ceux qui sont chargés de sa garde ». C’est la religion qui est la sauvegarde des Etats ; c’est Dieu seul qui est capable de les sauver. Marie partage cette charge avec lui, et elle protège les peuples qui se réclament de sa protection. Il en est un qu’elle aime par dessus tous les autres. Nous sommes toujours les fils aimants de la Bretagne ; mais nous sommes aussi les fils de la France : et c’est la France qui est la plus aimée de Marie, la France dont on a dit qu’elle est sur terre le royaume de la très sainte Vierge, regnum Galliæ, regnum Mariæ. Ne l’oublions pas, mes Frères, et dans ces jours inquiets, jours de transformations sociales, de dangers extérieurs, de dissensions intimes, aimons à invoquer, comme autrefois François Il, le père d’Anne de Bretagne, deux fois reine de France, Notre Dame de Bon Garant.

Si la patrie court des dangers, nous aussi nous sommes exposés parfois à des malheurs, à des accidents terribles et de toute nature. Pourquoi n'imiterions-nous pas nos pères ? Quand grondait le tonnerre, ils invoquaient sainte Barbe ; quand la peste jetait partout l’épouvante, ils se vouaient à Notre Dame des Langueurs, à Saint Roch, ou bien encore à Saint Sébastien d’Aigne ; dans les dangers de toute sorte, ils recouraient a Notre Dame de Bon Garant : et souvent leur confiance naïve était récompensée. La foudre gronde toujours et, malgré nos paratonnerres, elle fait de nombreuses victimes ; la contagion sévit très souvent encore, et les sérums ne suffisent pas à la rendre inoffensive ; les chemins de fer et les automobiles n’ont pas supprimé les périls des voyages ; la vapeur n’a guère diminué le nombre des naufrages; les fusils n’ont fait qu’augmenter les dangers de la chasse... Comme autrefois, nous courons des dangers, comme autrefois nous sommes exposés à des accidents, comme autrefois mettons notre confiance en Notre-Dame de Bon-Garant.

ND de Nantes

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26 mai 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

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Vingt-septième jour

Notre Dame de la Victoire


Notre Dame de la Victoire, le vocable que nous allons étudier ce soir, nous reporte aux dernières années du seizième siècle, alors que la France se débattait en des luttes terribles, et que l’on se demandait si le royaume très chrétien, revendiqué par un prince protestant, allait cesser d‘être Catholique. Mais il nous rappelle en même temps que la vraie foi finit par triompher chez nous, et que la tête de l’infernal serpent, qui se dressait pour nous infuser son venin, fut une fois encore écrasée par Marie.

Nantes faisait partie de la Sainte Union, et le duc de Mercœur y tenait haut et ferme le drapeau de la foi. On a critiqué l'ambition de ce prince, on a dit qu’il visait à mettre sur sa tête la couronne de Bretagne, qu’il revendiquait du chef de sa femme, héritière des Penthièvre. Je ne le nie point ; mais s’il avait des défauts, il avait des qualités aussi: il a vaillamment combattu pour la foi, et sa piété, louée par saint François de Sales, n’a jamais été contestée.

Dans ses luttes contre l’hérésie protestante, Mercœur avait recours a la force des armes ; mais il n’oubliait pas la prière, et, quand le succès avait couronné ses efforts, il était reconnaissant à Dieu et à Notre Dame.

C’est ainsi qu’en action de grâces de la victoire de Châteaugiron, remportée sur le comte de Soissons, il avait fondé aux Jacobins de Nantes une procession du Saint Sacrement le premier jeudi de chaque mois.

C’est ainsi que, par acte du 4janvier 1592, il avait aussi fondé un curieux salut de la Vierge à la Collégiale. Il devait être solennellement chanté tous les dimanches, aux quatre grandes fétes de l’année et aux huit fêtes de Notre Dame. Après les vêpres, un chanoine et le sous-chantre, tous deux en chape, se rendaient au pied de l’autel. Devant eux, deux enfants de chœur, revêtus de leurs aubes et dalmatiques, portaient chacun un flambeau, garni d‘un cierge de cire jaune du poids de deux livres, l'un aux armes du duc, l'autre a celles de Marie de Luxembourg, sa femme. Arrivés au bas des degrés, ils entonnaient le Sub tuum, continué en musique par le chœur. Suivait le Magnificat, exécuté en faux bourdon. Après le psaume, on répétait l’antienne, puis venait le verset, et enfin l’oraison dans laquelle on demandait pour Philippe Emmanuel de Lorraine la victoire contre les ennemis de Dieu ; et en même temps pour la Bretagne et particulièrement pour la ville de Nantes et la Collégiale elle-même, la protection divine. Et « aftin d‘inciter le peuple a se trouver à ceste solennité et dévotieulx service, la grosse cloche de ladite église sonnera douze gobbetz, qui connnanceront après le son du Magnificat des vespres ordinaires, et finiront auparavant le commancement dudict service ».

Quelques mois plus tard, le 23 mai 1592, un triomphe, plus éclatant que tous les autres, fournit a Mercœur une occasion nouvelle de témoigner sa reconnaissance à Marie. La ville de Craon, qui tenait pour la Ligue, fut attaquée soudain par le prince de Dombes, chef des partisans du Béarnais en Bretagne. Mereœur courut à sa défense. Beaucoup de Nantais combattaient sous ses ordres ; on y voyait notamment le sire de Goulaine et son frère, ainsi que toute la noblesse du duché de Retz conduite a la bataille par le marquis de Belle-Isle. La victoire des Ligueurs fut complète et les rendit maîtres incontestés du pays. Le vainqueur fit porter aussitôt à Nantes onze canons, vingt-quatre enseignes de gens de pied, deux cornettes de cavalerie, ainsi que plusieurs prisonniers d’importance. Ceux-ci furent enfermés au château, et les drapeaux suspendus aux galeries du triforium dans la Cathédrale.

Quelques semaines après, le duc revint à Nantes et le peuple lui lit une entrée triomphale. Il fut conduit solennellement a la Cathédrale où le Chapitre le complimenta ; puis le Te Deum retentit en action de grâces pour les succès obtenus, pendant que les cloches annonçaient au loin la joie de la cité. Le dévoué serviteur de Marie voulut faire davantage et perpétuer sa reconnaissance envers la puissante protectrice qui lui avait donné la victoire.

Il habitait alors, ainsi que sa belle-mère, la duchesse douairière de Martigues, l’hôtel de Briord, bâti par Pierre Landais, et dont nous pouvons admirer encore la belle architecture gothique : il était donc, comme la plupart des grands seigneurs de. cette époque, paroissien de Saint Vincent. La famille Landais s'était montrée généreuse pour cette église et y avait construit, du côté de l’épître, la chapelle de Briord, dont j’ai déjà parlé ; Mercœur voulut surpasser le puissant ministre, son devancier. Il acheta une partie de la cour de l'hôtel de Portric, dont le Mont de Piété nous marque aujourd’hui l’emplacement, fit percer le mur de l‘église, du côté de l’évangile, et bâtit (1593) une Chapelle qui faisait pendant à celle de Briord. Il la dédia à Notre Dame de la Victoire. L’extérieur du monument, du moins à en juger par ce qui nous en reste, était d’une architecture assez simple ; mais l’intérieur en était richement décoré. Sur l’autel, on voit, à la place d’honneur, la statue de Notre Dame de la Victoire, entourée de celles de saint Philippe, patron du fondateur, et de saint François d'Assise, pour lequel il avait une particulière dévotion ; dans le riche vitrail qui éclaire la chapelle, brillent orgueilleusement le blason du duc et celui de la duchesse douairière de Martigues ; a la muraille, est suspendu le portrait de Mercœur, « en peinture d’environ deux pieds de hauteur, et d’un pied et demi de largeur ; il y est représenté à mi-corps, cuirassé, ayant la belle écharpe rouge que lui envoya Philippe ll, roy d'Espagne, en 1595, transpassée sur les épaules de droite a gauche ». Un choeur a été ménagé dans la chapelle neuve et contient dix stalles semées de croix de Lorraine. C’est la qu'au son de la cloche qui porte elle_même sur ses flancs le nom du prince, le recteur de Saint Vincent et' les quatre chapelains, institués par Mercœur, viennent chanter l’office. Le duc, en effet, ne s’est pas contenté d’élever un nouveau sanctuaire à Marie ; il y a joint une importante fondation, au capital de 4,500 livres. Quatre chapelains doivent chanter tous les jours avec le Recteur l’office entier de Notre-Dame, dans la chapelle de la Victoire. Après nones, on célèbre au même autel une messe basse de Beatà. Mais le samedi et les jours de fête de la Vierge, la messe est chantée, et le célébrant est assisté d'un diacre et d’un sous-diacre : de plus, tous les samedis, le saint sacrifice est précédé d'une procession autour de l‘Eglise. Enfin, chaque jour, après complies, on chante le salut de la Vierge.

Notre Dame de la Victoire sourit encore à notre pays : bientôt ce fut la paix définitive, la paix dans la gloire et la prospérité. Le rêve trop humain de Mercœur s‘était évanoui sans doute, et sa femme, la fille des Penthièvre, avait du renoncer pour toujours au trône tant convoité ; mais l’hérésie était vaincue chez nous et la foi triomphante ; Marie conservait son beau royaume terrestre, le plus beau après celui du ciel ; et la France restait, pour de longs siècles encore, la grande nation catholique.

La foi de la Bretagne allait aussi refleurir. L’ignorance religieuse et le désordre des mœurs, conséquences des discordes civiles, avaient réduit cette belle province a un état lamentable. Marie lui donna des apôtres : à nos frères du Léon et de la Cornouailles, Le Nobletz, Quintin et Maunoir ; à ceux de Vannes, les fondateurs de la Retrait ; à ceux de Saint Brieuc, le P. Leuduger ; à nous, le Bienheureux Grignion de Montfort. Ils s'en allèrent, comme les apôtres des temps lointains, jetant partout, sur cette terre féconde, la bonne semence ; et la semence leva magnifique, et l'ignorance religieuse disparut, et la vertu refleurit, et les sanctuaires de granit revirent leur splendeur d’autrefois, et des calvaires se dressèrent au long de tous les sentiers, et les communautés retrouvèrent leur ferveur, et les tiers ordres enrôlèrent partout des sujets, et l'on vit se multiplier les saints : la Bretagne était redevenue ce que nous la voyons encore : le coin de France le plus entêté dans sa foi, le plus généreux dans son dévouement.

Vingt ans avant la fondation faite par le duc de Mercœur et que je viens de raconter, le saint pontife Pie V avait institué (1571) la fête de Sainte Marie de la Victoire. C’était à la suite de la bataille de Lépante, pour remercier Marie de ce brillant fait d’armes, du a sa puissante intervention.


Notre Dame de la Victoire, c‘est donc Marie sauvant l'Eglise universelle des attaques musulmanes et conservant à l'Europe la foi Catholique. Notre Dame de la Victoire , nous l’avons dit aussi, c’est Marie sauvant l’Eglise de France des attaques de l’hérésie protestante, et gardant à la grande Nation, ainsi qu‘à notre petite Bretagne, la foi catholique. Reconnaissance donc, pour le passé, à Notre Dame de la Victoire; et confiance pour l’avenir.

Marie ne peut pas être vaincue, et quand elle prend une cause en mains, cette cause est assurée du triomphe. Confions-lui donc la foi de notre France, la foi de notre chère Bretagne. Vous savez a quel point elle est actuellement menacée. Depuis plus d'un siècle et je puis bien le dire, depuis vingt ans surtout, l‘Enfer et ses suppots lui livrent de terribles assauts. Notre Bretagne n'est pas épargnée, que dis-je ? elle est en butte à de plus violentes attaques : il semble que les impies aient deviné qu’elle constitue la réserve de la France chrétienne, qu’elle est cette forteresse presque inaccessible, dans laquelle se réfugient les derniers défenseurs après la prise de la cité, et ils en font le siège avec une rage et une habileté sataniques. Restons fidèles à Marie, dont le bienheureux Père Montfort nous à dit le rôle ici-bas et chanté les grandeurs ; comme aux jours lointains des luttes contre l’hérésie, multiplions les hommages a son nom, les appels à son invincible puissance, et elle sera pour nous, aujourd’hui comme hier, Notre Dame de la Victoire.

 

ND de Nantes

 

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25 mai 2017

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Le Mois de Marie des Madones Nantaises

Abbé Ricordel

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Vingt-sixième jour

Notre Dame du Rosaire

 

Je viens vous parler, ce soir, de Notre Dame du Rosaire. Ce titre nous rappelle une dévotion dont on peut dire, assurément, qu’elle est catholique plus qu’aucune autre, puisqu'elle est répandue partout et que les Papes ne se lassent pas de la recommander ; on peut dire aussi pourtant que c’est une dévotion bretonne, et j'espère vous le démontrer. 

Vous savez que le rosaire nous vient de Saint Dominique, qui le reçut de la Vierge elle-même. Or, ce saint est venu en Bretagne et passa quelques jours dans notre ville de Nantes. Il y venait voir la duchesse Alix, femme de Pierre de Dreux. Cette princesse lui demanda des religieux de son ordre. Le baron de Vitré leur offrait son hôtel « Scitué près l'hôpital de la ville et le chasteau, sur le bord de la Loire, entre les portes nommées alors Drouin Lillard et la porte Briand-Maillard ». Saint Dominique accepta ; mais c'est seulement dix ans plus tard, en 1228, que les dominicains arrivèrent à Nantes. Ils s’établirent dans l'hôtel de Vitré et, sous le nom de Jacobins, ils occupèrent ce couvent jusqu’à la Révolution. Vous avez tous connu les restes de leur église que l’on achève de démolir. La confrérie de N. D. du Rosaire y était établie et y tenait ses registres : peut-être faut-il faire remonter sa première origine, ou du moins la pratique du rosaire chez nous, jusqu’à cette époque. Une légende, plus ou moins fondée, affirmait qu‘un prince de la maison de Bretagne, qui s'en était allé guerroyer en Espagne contre les Wisigoths, avait mêlé son sang a celui des Guzman dont descendait Saint Dominique. Nos ducs étaient fiers de cette parenté problématique et ils favorisèrent toujours les dominicains, ainsi que les dévotions dont leur chapelle était le centre.

En 1416, saint Vincent Ferrier vint à Nantes, où il fut accueilli avec enthousiasme. Il résidait au couvent de son ordre et prêchait en ville : il donna la station de l'Avent à la cathédrale et se fit entendre au cimetière de Saint-Nicolas.

Plus tard, il alla prêcher également au Croisic et à Guérande. Saint Vincent Ferrier était un fervent du Rosaire : il avait donné un pauvre chapelet de bois a la duchesse Jeanne, fille du roi de France et femme de Jean V. Celle-ci le remit en mourant (1433) a Françoise d’Amboise, sa future belle-fille, qui le conserva précieusement et le laissa a ses religieuses des Couëts. Sauvé de la Révolution, il fut donné par Madame de la Salmonière, ancienne carmélite des Couéts, au couvent de la Grande Providence, où il se trouve encore.

La dévotion au saint Rosaire subsistait donc chez nous. Mais elle était tombée en oubli presque partout ailleurs. Marie se servit d’un dominicain breton, Alain de la Roche, pour la remettre en honneur. Sur l‘ordre même de la sainte Vierge, le moine se mit en route ; il parcourut une partie de l’Europe, prêchant partout sa chère dévotion. Il était à Nantes en 1479. La bienheureuse Françoise d’Amboise le fit prier de se rendre à son couvent des Couëts. « Il y vint et prescha des excellences de la Mère de Dieu et de son saint Rosaire ; et, après plusieurs conférences spirituelles, la receut, elle et toutes ses religieuses, en la confrérie dudit saint Rosaire ». La croisade d'Alain de la Roche à travers le monde avait suscité bien des oppositions, et l‘on persécutait le bon Père. Françoise d'Amboise pria le duc, son neveu, de le prendre sous sa protection. François II et Marguerite de Foix, sa seconde femme, se laissèrent aisément persuader. Ils écrivirent a Sixte IV, pour lui demander l’approbation de la nouvelle confrérie. Le pape condescendit a leur désir, il approuva « cette façon de prier Dieu », et il « accorda des indulgences a ceux qui en useraient, par Bulle donnée à Rome, à 1’instance des Duc et Duchesse de Bretagne, le 9 de may l‘an 1479, le huitième de son Pontificat ». Ainsi la bulle qui remettait le Rosaire en honneur, après de longues années d'oubli, la première qui ait accordé des indulgences au simple chapelet, était donnée au monde, sur les instances des princes de la Bretagne, en résidence à Nantes. N'ai-je pas raison de dire que le Rosaire est bien une dévotion bretonne et même une dévotion nantaise ?

Deux siècles plus tard, un autre apôtre du Rosaire faisait refleurir cette antique dévotion. C‘était encore un fils de la Bretagne, et une grande partie de sa carrière apostolique s'écoula dans le diocèse de Nantes. Vous avez tous, avec moi, nommé le bienheureux Père Grignion de Montfort. Il aimait a dire, dans son langage familièrement imagé, que « jamais pécheur ne lui avait résisté, lorsqu'il lui avait mis la main sur le collet avec son rosaire ». Aussi chaque jour, durant le cours de ses missions, il le faisait réciter publiquement tout entier ; dans les processions qu’il organisait pour aller planter triomphalement la croix, il faisait porter quinze étendards, représentant les mystères, dont il donnait lui-même l’explication au peuple ; enfin partout il établissait la confrérie du Rosaire, ainsi que la pratique du chapelet en commun, chaque soir, dans les familles.

Mais c'est surtout à Pontchâteau et à Saint Similien qu’il a exalté le Rosaire. Pendant qu’il élevait la montagne artificielle, sur laquelle il voulait dresser la croix, il le faisait réciter par les travailleurs qui lui arrivaient de dix et vingt lieues a la ronde. Puis il voulut que la montagne elle-même prêchât le Rosaire. Dans le pourtour, qui formait à la base un cercle de 400 pieds, il lit planter 150 sapins, figurant les Ave Maria, et 15 cyprés indiquant les Polar. Sur le chemin en spirale qui conduisait à la plate-forme, il marqua la place de quinze petites chapelles dans chacune desquelles devait être représenté un des mystères ; enfin la plate-forme elle-même était ceinte d’un gigantesque rosaire, long de 80 mètres, et dont les grains, supportés par des piliers, étaient gros comme des boulets de canon.

A Nantes, il n’érigea pas sans doute la confrérie, puisqu’elle y existait depuis fort longtemps et avait son siège chez les Jacobins ; mais il fit connaître davantage le Rosaire. C’était vers 1708, pendant la mission qu’il prêchait à Saint Similien, Montfort résolut d’ouvrir un petit sanctuaire, qui fût le centre de sa dévotion favorite. J’ai mentionné déjà la Cour Cattuy, vieux manoir du XVe siècle, délabré mais intact, que l’on voit sur les Hauts-Pavés, et dont le peuple dit volontiers qu’il appartint jadis aux ducs de Bretagne. C’est de cette maison que Montfort fit choix pour réaliser son projet. Une chambre haute, qui déjà peut-être servait d’oratoire, devint la chapelle du Rosaire et le saint missionnaire y groupait les pieux fidèles qu‘il avait enrôlés. La dévotion inaugurée par le Bienheureux persista dans ce lieu jusqu’à la Révolution. Chaque dimanche, ou s‘y réunissait et, sous la présidence d'un vicaire de la paroisse, on récitait le chapelet. Le grand missionnaire, suivant sa coutume, pour parler au cœur en frappant les yeux, avait fait peindre en noir, sur les murs intérieurs de sa chapelle, un immense rosaire. En 1840, on l'y voyait encore, et, si la piété nantaise avait l'heureuse pensée de rendre au culte le pauvre oratoire sanctifié par notre Bienheureux, peut-être l'y retrouverait-on.

C‘est à raison de ces grands souvenirs que, après la Révolution, la confrérie du Rosaire fut établie, pour toute la ville de Nantes, dans l’église de Saint Similien. Cette belle dévotion y est toujours en honneur, et, chaque année, pendant les jours qui précèdent le premier dimanche d’octobre, on y célèbre le triduum solennel de Notre Dame du Rosaire. Elle est aussi toujours en honneur dans le diocèse de Nantes : elles sont rares les paroisses qui ne possèdent pas la confrérie du Rosaire ; ils sont rares aussi les foyers de nos paroisses rurales où l’on ne récite pas, au moins durant l'hiver, le chapelet en commun.


La conclusion de ce rapide coup-d‘œil sur l‘histoire du Rosaire dans notre pays, c'est premièrement d‘entrer dans cette confrérie. Il n’en est pas aujourd‘hui de plus répandue dans l'Eglise et qui ait été plus exaltée par les Souverains Pontifes. Il n'en est pas, c'est un fait d‘expérience, qui ait produit de plus abondants fruits de salut, il n'en est pas qui doive aller plus sûrement au Cœur de Jésus et a celui de sa très Sainte Mère qu'elle a pour but d'honorer en même temps. Il n‘en est pas de plus simple et de plus facile. Il suffit, en effet, de se faire enregistrer en un centre canonique de la confrérie, à Saint Similien par exemple, pour les fidèles de Nantes ; de posséder un chapelet rosarié ; enfin, de réciter chaque semaine un rosaire, c’est-à-dire trois chapelets, en méditant tour à tour sur les quinze mystères.

C'est, en second lieu, d’établir dans nos familles, autant qu‘il se peut faire, la pratique du chapelet en commun. Ainsi font, durant les longues soirées d’hiver, la plupart de nos familles chrétiennes de la campagne. Et je ne sais pas de spectacle plus beau que celui d’un père ou d'une mère récitant à haute voix cette prière, au milieu de leurs enfants et de leurs serviteurs qui répondent dévotement, tout en se livrant à de petits travaux. Pourquoi donc, à la ville, n’en ferait-on pas autant ? Le foyer domestique serait de la sorte transformé pour quelques minutes en sanctuaire : alors Dieu le regarderait d’un œil plus favorable, les principes chrétiens s‘enracineraient plus profondément dans les cœurs, la famille deviendrait bientôt plus croyante et plus pure. Je suis persuadé que cette pieuse coutume a largement contribué à graver la foi dans l‘âme de nos paysans bretons et vendéens. À cette heure ou la foi est plus que jamais menacée, prenons ce moyen de. la fortifier chez nous.

C’est, enfin, de posséder personnellement un chapelet, de le porter sur nous et de le dire souvent. Louis XIV se faisait gloire de le réciter ; le célèbre Pasteur, tout grand savant qu’il était, aimait à l’égrener pieusement aux pieds de la madone : ne rougissons pas de suivre leur exemple.

C’est d’ailleurs la plus belle des prières, puisqu'elle nous appelle les principaux mystères de notre foi, puisqu’elle met sur nos lèvres, avec le symbole Catholique : le Pater, dicté par Jésus Christ, et l‘Ave, divinement inspiré à l’archange Gabriel et à sainte Elisabeth. Embrassons ces pratiques, et nous pourrons, avec pleine confiance, dire à la sainte Vierge : « Notre Dame du Rosaire, priez pour nous ».

 

ND de Nantes

 

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