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vierge marie
16 mai 2016

Le Mois de Marie d'Ars

Le Mois de Marie d'Ars

Un mois avec le Saint Curé d'Ars

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Dix-septième jour

Cause de notre joie, priez pour nous

 

Cette terre que nous habitons a été appelée une vallée de larmes. Ce nom hélas ! N'est que trop bien justifié. Enfants d'un père coupable, nous portons tous la peine de son péché et des nôtres, dans des maux sans nombre qui nous assiègent pendant la vie, dans la sentence de mort qui pèse sur chacun de nous, et par dessus tout dans la redoutable expectative du jugement qui doit décider de notre éternité heureuse ou malheureuse. Cependant la divine miséricorde n'a pas voulu nous laisser sans consolation sur cette terre désolée. En même temps que le Seigneur irrité chassa nos premiers parents du jardin de délices, il leur annonça que le serpent qui les avait perdus, serait vaincu un jour par une femme dont le pied lui écraserait la tête.

Voila donc la Sainte Vierge, dès le début des siècles, signalée au genre humain comme son espérance et sa réparatrice, comme devant ramener dans le monde la joie que le péché en avait bannie. En entendant cette divine promesse, Adam et Eve désolés des maux qu'ils avaient attirés sur eux et leur malheureuse postérité, essuyèrent leurs larmes et tressaillirent au doux espoir d'un meilleur avenir. En mourant, ils léguèrent cette promesse à leurs descendants, et les mêmes vœux qui appelaient le Rédempteur, appelaient celle qui devait le précéder sur la terre pour lui donner la vie. Mais écoutons notre saint curé : « Les prophètes, dit-il, ont publié la gloire de Marie, avant sa naissance, ils l'ont comparée au soleil. En effet, l'apparition de la Sainte Vierge peut bien se comparer à un beau soleil dans un jour de brouillards. Avant sa venue, la colère de Dieu était suspendue sur nos têtes comme un sabre prêt à nous frapper. Aussitôt que la Sainte Vierge parut sur la terre, sa colère fut apaisée ». Oui, à dater de ce jour, l'enfer perdit sa puissance, la tête de Satan fut écrasée ; il suffit de prononcer et d'invoquer le nom de Marie pour le mettre en fuite et triompher des tentations les plus violentes. La terre peut se réjouir, parce qu'elle a désormais une avocate toute-puissante auprès de Dieu.

C'est donc bien à juste titre que nous appelons Marie, la cause de notre joie, le doux rayon du soleil qui dissipe les nuages de notre tristesse, qui nous promet après la tempête des jours purs et sereins. Oui, grâce à la puissance et à la bonté maternelle de Marie, nos frayeurs sont tempérées et le ciel nous sourit. Nous pouvons espérer et nous réjouir sous la protection de Marie comme des enfants se réjouissent et vivent heureux sous les regards de leur mère. Et non seulement une sainte joie nous est permise, mais elle forme le caractère distinctif de la vraie et solide piété. Saint Paul ne dit-il pas aux fidèles : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ». C'est faire injure à la dévotion que de se la figurer comme ne se nourrissant que de tristesse et d'ennui, que de pratiques austères et de devoirs accablants pour la nature. La véritable piété est compatible avec toutes les joies de la famille, avec tous les plaisirs honnêtes et innocents. Bien plus, il n'y a de véritablement heureux sur la terre, que le chrétien fidèle à tous ses devoirs. Celui qui jouit d'une bonne conscience porte le paradis dans son cœur. Voyez quelle pure et vive allégresse éclate dans la famille d'Elisabeth lorsque la Sainte Vierge va la visiter ; Jean-Baptiste en tressaille dans le sein de sa mère.Voyez Jésus et Marie assister aux noces de Cana, et doubler par leur présence le bonheur des époux Dans certaines circonstances, à l'époque de la fête patronale, par exemple, il vous est donc permis de convier ou de visiter vos parents et vos amis ; mais que ce soit pour resserrer les liens de la famille, pour vous édifier mutuellement, en un mot, pour vous réjouir dans le Seigneur, et non pour vous livrer à la dissipation et à des amusements toujours dangereux quand ils ne sont pas criminels.

 

Exemple

L'heureux filleul

 

M. X... avait eu l'insigne malheur d'abandonner la religion bientôt après sa première communion. Il avait ensuite embrassé une carrière honorable, et s'était marié sans songer à revenir à Dieu. L'occasion s'étant présentée de nommer l'enfant d'un de ses fermiers, il consentit a le tenir sur les fonts du baptême avec sa femme qui était fort pieuse. Bientôt le petit filleul devint orphelin, sans autre appui que son parrain et sa marraine. M. X..., quoique père de plusieurs enfants, voulut bien se charger de celui-là, et prit un grand soin de son éducation, parce qu'il annonçait d'excellentes dispositions. Cette bonne œuvre, comme on va le voir, fut pour lui une source de bénédictions. L'orphelin arrivé à l'âge de suivre une carrière, déclara en tremblant, à son bienfaiteur qu'il désirait embrasser l'état ecclésiastique. M. X..., malgré sa répugnance pour ce saint état, et malgré les dépenses qu'allaient lui occasionner de nouvelles éludes, eut la générosité d'accéder au vœu du jeune homme, qui, après avoir reçu les saints ordres, s'embarqua pour les missions étrangères. Avant de partir, il alla témoigner à ses parents adoptifs toute la reconnaissance que lui inspiraient leurs bienfaits, et il les pria de vouloir bien, en souvenir de lui, réciter chaque jour, le souvenez-vous. M. X..., tout attendri, s'y engagea : c'était le premier acte de religion qu'il eût fait depuis son mariage, et ce fut ce qui lui obtint des grâces de conversion. Quelques années s'étaient écoulées, lorsque le jeune missionnaire, devant faire un voyage en France, écrivit à son parrain qu'à tel jour il irait dire la messe dans sa paroisse. Quelle fut sa surprise lors qu'il vit cet homme, jadis si peu religieux, se présenter à la communion avec le reste de la famille ! l'émotion du jeune prêtre fut si vive, qu'il ne put achever sa messe qu'en versant un torrent de douces larmes qui attendrirent tous les assistants. (Mois de Marie des jeunes Filles).

Pratique : Faites à vos parents ou à vos amis, suivant l'occasion, une visite de charité.

 

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Prière

 

Ô Marie, comme Eve a été par sa chute la cause de l'affliction du genre humain, ainsi vous êtes la cause de sa joie par le Rédempteur que vous lui avez donné. Ah ! Daignez au milieu des tentations et des épreuves de celle vie, ne pas nous laisser succomber à la tristesse et au désespoir ; mais ranimez sans cesse notre confiance, et faites-nous goûter la joie d'une bonne conscience. Nous voulons continuer à travailler à noire salut avec crainte et tremblement, mais en même temps nous attendrons, pleins d'espérance et de joie, l'heure suprême où vous couronnerez la confiance que nous avons mise en votre protection. Ainsi soit-il.

 

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15 mai 2016

Le Mois de Marie d'Ars

Le Mois de Marie d'Ars

Un mois avec le Saint Curé d'Ars

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Seizième jour

Trône de la sagesse, priez pour nous

 

La sagesse éternelle, c'est le fils de Dieu fait homme. Marie lui a servi de trône, soit lorsqu'elle le portait dans son sein, soit lorsqu'elle le tenait dans ses bras. Voilà pourquoi les images de la Sainte Vierge nous la représentent ordinairement avec Notre-Seigneur son divin fils Les trônes des rois dé la terre brillent par l'éclat de l'or et des pierres précieuses ; Jésus-Christ le roi des rois a choisi quelque chose de mieux que l'or et les diamants, il a pris pour trône le cœur et les bras de la Sainte Vierge. C'est là qu'il s'est assis en souverain pour instruire le monde, pour le gouverner et le sauver. Par là il nous a appris qu'il ne se laisse point attirer par l'or mais par la vertu ; qu'il estime par dessus tout la pureté du cœur et l'innocence de l'âme. S'il y avait eu sur la terre, une âme plus ornée de grâces, plus riche de vertus que celle de la Sainte Vierge, le Seigneur fut venu à elle et l'aurait choisie pour en faire son trône.

Mais Jésus, la sagesse incréée, a-t-il pu prendre Marie pour son trône, sans lui communiquer sa propre sagesse, sans l'enrichir de cette vertu divine qui est comme la source d'où découlent toutes les autres ? Ah ! qui fut jamais plus sage et mieux inspiré que Marie dans ses pensées, dans ses projets, dans ses paroles et dans toutes ses actions ! La sagesse la prend au berceau et dirige tous ses pas jusqu'au terme de sa carrière Dès l'âge le plus tendre, lorsque les autres enfants ne pensent qu'aux plaisirs et aux amusements, ne recherchent que les caresses de leur mère, Marie se retire dans le temple pour mieux servir Dieu, elle comprend et met en pratique cette grande maxime de Sagesse : « Cherchez avant tout le royaume de Dieu ». Plus tard elle est honorée du message d'un ange, elle apprend que l'honneur convoité par toutes les filles d'Israël, celui de devenir la Mère du Messie lui est dévolu ; Marie va-telle épancher au dehors ce secret du ciel ? Va-t-elle se prévaloir et tirer vanité d'une prérogative qui l'établit reine du ciel et de la terre ? Sa réserve en cette circonstance condamne la jactance de ces personnes toujours prêtes à se vanter des avantages de leur condition, des dons naturels ou surnaturels dont elles sont favorisées. « Que possédez-vous, dit saint Paul, que vous ne l'ayez reçu ? Mais si vous l'avez reçu, pourquoi vous en glorifier comme d'un bien propre ? » La sage réserve de Marie, condamne encore la démangeaison de parler, l'intempérance de langue de ces personnes qui veulent tout savoir pour tout raconter, qui fouillent les secrets des familles pour se donner le plaisir de les publier. Il suffit d'une langue indiscrète pour porter le trouble et la division dans une famille, et souvent même dans toute une paroisse.

Joseph, son chaste époux, reste étranger à la connaissance du mystère, conçoit un doute cruel en voyant son état, et pense à l'abandonner. Que fait encore Marie ? Elle souffre en silence plutôt que de trahir le secret que l'ange lui a confié, et abandonne à Dieu le soin de faire éclater son innocence. Ô vous sur qui la calomnie fait planer d'injurieux soupçons, ne vous laissez point aller à l'abattement, aux plaintes, aux récriminations contre celui-ci ou contre celle-là. Confiez à Dieu votre peine et le soin de votre réputation, et plus vous serez résigné dans l'épreuve, plus il mettra votre innocence dans un jour éclatant. Lorsque les bergers accourent à la crèche, ils ne peuvent contenir les élans de leur joie naïve, et publient à haute voix les magnificences de Dieu. L'Evangile remarque encore que Marie se tait et médite en silence tout ce qu'elle voit et entend. Ainsi les personnes sages et animées d'une solide piété, restent-elfes toujours calmes et maîtresses d'elles-mêmes, au milieu des événements heureux ou malheureux. Rien n'arrive que par là volonté ou la permission de Dieu, et elles se complaisent uniquement dans l'accomplissement de cette divine volonté. On se repent souvent d'avoir parlé, presque jamais d'avoir gardé le silence. Oh ! Qui nous donnera d'imiter la discrétion de Marie, sa réserve dans nos démarches, sa prudence dans nos rapports, sa sagesse dans toute notre conduite !

 

Exemple

Incendie aparté par un scapulaire

 

Dans la nuit du 20 au 21 novembre 4836, un Incendie, poussé par un vent violent, menaçait de consumer en entier un village appelé Dompuac, dans l'Ardèche. Il y avait déjà plusieurs heures qu'on travaillait inutilement à en arrêter les progrès, lorsque une jeune fille, nommée Anne Ragnaud, s'écrie qu'il faut jeter dans le feu un scapulaire, et, se dépouillant de celui qu'elle porte, elle le donne à un des principaux du village. Celui-ci le roule autour d'une pierre et le lance au milieu des flammes. A l'instant la fureur de l'incendie s'apaise, l'espérance se réveille, on redouble d'activité, et bientôt toute crainte de voir le feu se propager est évanouie. Mais le fait le plus étonnant ne fut connu que le lendemain. Comme les débris de la maison incendiée bridaient encore et qu'on les retirait un à un pour les éteindre, ô prodige ! Au milieu des charbons ardents et des pierres brûlantes que la main ne pouvait toucher apparaît le scapulaire intact ; l'image de la Vierge est parfaitement conservée, pas la moindre altération, les attaches même ont été épargnées. On se presse autour du foyer ardent, on pousse des cris d'admiration, on retire le scapulaire que l'on va déposer à l'église aux pieds de la statue de Marie, comme un monument insigne de sa protection. Les témoins de ce fait sont tous les habitants de Dompuac, qui, un an plus tard, au mois d'octobre 1887, accomplissant un vœu de reconnaissance, ont inauguré sur le clocher du village une statue de la Vierge libératrice. (Couronne de Marie, par l'auteur de Fourvière au XIXe siècle).

Pratique : Soyez sage et réservé dans vos paroles. On se repent Souvent d'avoir trop parlé, rarement d'avoir gardé le silence. Au milieu des tentations, il suffit d'invoquer le nom de Marie pour éteindre le feu des passions les plus violentes.

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Prière

 

O Marie, quand je rentre en moi même et que je repasse mes années écoulées, combien de paroles indiscrètes que je voudrais n'avoir jamais prononcées ! Combien d'actions imprudentes, de démarches compromettantes que je voudrais n'avoir pas faites ! Si j'avais pris conseil de la sagesse, je n'éprouverais pas aujourd'hui tous ces regrets. O vous qui êtes le trône de la sagesse, épanchez dans mon âme la lumière des bonnes inspirations, la modération des désirs, et surtout obtenez-moi cet attrait des choses divines qui me fasse préférer Dieu et le salut à tout le reste. Ainsi soit-il.

 

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6 mai 2016

Le Mois de Marie d'Ars

Le Mois de Marie d'Ars

Un mois avec le Saint Curé d'Ars

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Septième jour

Mère de Jésus-Christ, priez pour nous.

 

En invoquant Marie, mère de Dieu, nous avons médite dans son premier acte, le mystère de l'Incarnation ; en invoquant Marie, mère de Jésus-Christ, nous allons méditer le même mystère dans la paissance du Sauveur. C'est à Bethléem que s'accomplit cet événement à jamais mémorable et qui va changer les destinées du genre humain ; transportons-nous-y par la pensée. Aucun spectacle n'est plus digne de fixer l'attention du chrétien, n'est plus propre à exciter notre amour envers Jésus-Christ et notre dévotion envers la sainte Vierge sa mère.

En ce temps-là, dit l'Evangile, on publia un édit de César Auguste pour faire le dénombrement des habitants de toute la terre. Auguste était alors empereur romain et commandait au monde entier. En vertu de cet édit, Joseph et Marie son épouse qui était enceinte, durent se transporter à Bethléem, pour s'y faire enregistrer. Or, pendant qu'ils étaient là, il arriva que le temps auquel la sainte Vierge devait accoucher, s'accomplit. Toute la ville était pleine d'étrangers. Ce fut en vain qu'ils cherchèrent un logement, personne ne voulut les recevoir; leur pauvreté les fit repousser de toutes les hôtelleries. Nulle pitié pour une femme jeune, frêle et sur le point d'accoucher. Dans leur détresse, ils cherchèrent quelque réduit abandonné, et ne rencontrèrent qu'une pauvre étable, ouverte à tous les vents, située au milieu des champs. C'est là qu'à minuit, lorsque tout est en silence dans la ville ingrate et dans la nature entière, le Fils de Dieu fait chair, quitta le sein de sa mère pour descendre dans l'humble crèche adossée au mur de l'étable. Comme Marie lavait conçu miraculeusement et sans perdre sa virginité, elle l'enfanta sans douleur et sans cesser d'être vierge.

 Pourquoi Jésus-Christ en naissant préfère t il une étable à un palais ? Pourquoi veut-il que Marie sa mère partage sa pauvreté et son dénuement ? C'est pour relever le courage des pauvres et les consoler dans leurs privations. Si les biens de la terre devaient faire notre suprême bonheur, s'ils méritaient d'exciter toutes nos convoitises, Jésus-Christ en aurait doté sa mère, la créature qu'il a le plus chérie. Il les méprise pour nous apprendre à les mépriser, et pour être en droit de nous dire avec plus d'autorité : « Bienheureux les pauvres ! » Vous tous qui vivez des sueurs de la journée, qui êtes condamnés aux privations sur la terre, en voyant que Jésus et Marie n'ont pas été mieux partagés que vous, oseriez-vous encore vous plaindre de votre condition ?

De plus Jésus a voulu naître non dans une ville, mais dans la campagne. Les premiers appelés à le visiter et à l'adorer clans la crèche où il repose, sont d'humbles et simples bergers, pauvres comme lui. Vous qui cultivez la terre et vivez dans les champs, voyez comme Jésus relève et honore votre condition ! Les rois viendront plus tard à l'étable de Bethléem, parce que personne n'est exclu du bienfait de la rédemption, mais la préférence est accordée aux habitants de la campagne. Quelquefois peut-être, en voyant l'éclat qui brille dans les villes, une certaine aisance plus apparente que réelle, avez-vous été tentés de quitter le toit qui vous a vus naître ? Croyez-moi, ne désertez pas la maison de votre père et le champ qu'il a arrosé de ses sueurs. Ce champ n'est pas épuisé, il fournira à vos besoins et à ceux de votre famille, si vous savez le féconder par votre travail et vos prières. Dans les champs, vous êtes plus rapprochés de Dieu ; tout vous parle de sa puissance, de sa providence et de sa libéralité ; tout vous dit de l'aimer et de le servir.

 

Exemple

Abjuration du Protestantisme

 

Un modeste ouvrier papetier, qui depuis plus de trente ans s'était concilié la confiance de ses maîtres et la bienveillance des nombreux ouvriers de la fabrique.de M M. Montgolfier, sollicité de rentrer dans le sein de la vraie Église, restait dans l'erreur par la crainte de ses parents ; mais touché de l'exemple de ses maîtres, il se sentait toujours attiré à cette religion qui fait pratiquer tant de bonnes œuvres. Enfin, la grâce triompha de son esprit et de son cœur. Il se rendit auprès d'une de ses respectables maîtresses, Mme St Etienne Monlgolfier, et lui dit : « Me voici franchement décidé à devenir catholique ». Cette dame aussi instruite que pieuse et prudente, après lui avoir témoigné la joie qu'elle en éprouvait, lui rappela quelques-uns des principaux articles de notre croyance que les disciples de Luther rejettent ; elle lui dit enfin que les catholiques honorent la très sainte Vierge, mère de Jésus-Christ, qu'ils la prient, qu'ils réclament sa protection auprès de Dieu. « Ah ! oui, madame, répondit-il avec un accent de conviction difficile à rendre, nous ne croyons pas à la sainte Vierge ; mais moi j'y croyais depuis plus d'un an. J'avais toujours entendu dire que Marie était le refuge des malheureux, la consolatrice des affligés ; je me mis à la prier souvent, et avec toute l'ardeur dont j'étais capable, pour qu'elle m'obtint la guérison de mes yeux, qui depuis longtemps me faisaient beaucoup souffrir, et que rien n'avait pu soulager ; je fus bientôt entièrement guéri, et depuis lors je l'invoque toujours, et je crois que c'est elle qui veut que je sois catholique ». Il a été solennellement présenté aux fonts sacrés du baptême, le 26 octobre 1843.

Pratique : Supportez aujourd'hui volontiers vos peines et vos privations, en les unissant aux peines et aux privations de Jésus et de Marie, dans l'étable de Bethléem.

 

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Prière

 

Divine Mère de Jésus-Christ, me voici à genoux devant vous, comme les bergers devant la crèche de Bethléem. Montrez-moi votre divin Fils, c'est dans vos bras que je veux l'adorer. Que votre main prenne la sienne pour me bénir ! Bénissez-moi l'un et l'autre, et je me retirerai joyeux et consolé dans le lieu de mon repos. Votre bénédiction, ô Mère de Jésus Christ, c'est le pardon de nos péchés, c'est la force dans les épreuves, c'est la douce paix au fond de lame, c'est l'union au sein de la famille, c'est le paisible sommeil à la fin de la journée, c'est l'espérance du ciel après les travaux de la vie et le bonheur dans l'éternité. Ainsi soit-il.

 

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4 mai 2016

Le Mois de Marie d'Ars

Le Mois de Marie d'Ars

Un mois avec le Saint Curé d'Ars

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Cinquième jour

Sainte Mère de Dieu, priez pour nous.

 

Après avoir invoqué la sainte Vierge simplement par son nom, celui de Marie, l'Eglise lui donne aussitôt son titre le plus glorieux, celui de mère de Dieu. Marie Mère de Dieu ! Quelle merveille ! Que de grandeur et de majesté renferme ce titre ; aucune créature n'en a jamais, reçu et n'en recevra jamais un pareil! Dieu, tout puissant qu'il est, ne pouvait faire Marie ni plus grande ni plus noble qu il l'a faite dans sa dignité de mère de Dieu.

Remontons à la cause de la maternité divine et méditons les circonstances qui ont accompagné l'accomplissement de ce grand mystère. En chassant Adam et Eve du paradis terrestre après leur désobéissance, Dieu, pour les consoler, leur promit un Rédempteur, et leur annonça qu'un jour naîtrait une femme dont le pied écraserait la tête du serpent qui les avait perdus. Ce Rédempteur promis, c'était son propre fils qui avait résolu de se faire homme, afin de satisfaire à la justice divine, en prenant sur lui, pour l'expier, le crime de nos premiers parents. Or, le monde attendait depuis quatre mille ans le Messie qui devait le sauver, et la femme qui, en lui donnant le jour, allait devenir la terreur du démon.

Enfin, au temps marqué par la divine miséricorde, un archange est envoyé du ciel pour choisir sur la terre celle qui devra devenir mère de Dieu on devenant la mère du Rédempteur. Où ira s'abattre le vol du céleste envoyé ? Sur les marches d'un trône ? Au seuil d'une riche maison ? Auprès d'une femme célèbre par le rang, et l'éclat de son génie ? Nullement. L'ambassadeur du Très-Haut vient frapper à la porte d'une pauvre maison du village de Nazareth ; il y trouve en prière seule avec Dieu, une jeune vierge, épouse d'un artisan appelé Joseph, à laquelle il adressa ces mots : « Je vous salue, ô pleine de grâce, le Seigneur est avec vous vous êtes bénie entre tontes les « femmes ». Jamais une simple créature n'avait reçu un pareil salut et des éloges aussi pompeux. Aussi l'humble Marie se trouble comme un timide enfant. « Ne craignez pas, lui dit l'ange, vous avez trouvé grâce auprès de Dieu. Vous concevrez et enfanterez un fils à qui vous donnerez le nom de Jésus. Il sera grand et appelé le fils du Très-Haut ». Ces paroles dissipèrent le premier trouble de Marie, mais elles la jetèrent dans de nouvelles inquiétudes. « Comment voulez-vous, répondit-elle l'ange, que ce que vous m'annoncez s'accomplisse en moi, puisque je suis vierge et que j'ai résolu de l'être toujours ? « Rassurez-vous, lui dit encore l'envoyé céleste, car tout en devenant mère, vous ne perdrez point votre virginité. L'enfant que vous mettrez au monde, ne sera point un enfant ordinaire ; il sera conçu par l'opération miraculeuse du Saint-Esprit : c'est pourquoi on l'appellera le fils de Dieu ». Marie éclairée et rassurée s'incline et répond : « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole ». Réponse admirable, où la foi éclate non moins que l'humilité !L'ange qui n'attendait que son consentement disparut aussitôt ; il remonta vers les cieux, sa mission était finie. Mais dans le même instant, ô prodige ineffable ! S'opérait en Marie la plus étonnante de toutes les merveilles, le plus grand de tous les mystères. Le Verbe éternel, le fils unique de Dieu venait de descendre dans son chaste sein, d'y prendre un corps et une âme semblables au nôtre sans cesser d'être Dieu, et Marie devenait véritablement mère sans cesser d'être vierge. C'est ainsi que s'accomplit pour notre salut le mystère adorable de l'Incarnation, et que la plus humble des vierges fut élevée à la sublime dignité de mère de Dieu.

Reconnaissons nous-mêmes la maternité divine de Marie, et comprenons que nos louanges seront toujours au dessous de sa dignité. Mais surtout apprenons à estimer et à aimer la modeste condition dans laquelle la Providence nous a fait naître. Le fils de Dieu n'a point choisi une reine pour être sa mère, mais une humble fille qui s'appelle la servante du Seigneur. Mieux vaut obéir que commander ; un serviteur, une servante qui aime son état et fait son devoir, est souvent plus près de Dieu et de son salut, qu'un puissant monarque assis sur son trône.

 

Exemple

Concile d'Ephèse

 

Nestorius, patriarche de Constantinople, entraîné par l'esprit d'orgueil, voulut ravir à la sainte Vierge le plus beau de ses titres, et osa prêcher publiquement que Marie ne devait pas être appelée Mère de Dieu. Tous les auditeurs frémirent en entendant un pareil blasphème. Bientôt cette nouvelle se répandit avec la célérité d'une calamité publique et arriva jusqu'aux extrémités du monde catholique. L'Afrique, avec le grand Cyrille d'Alexandrie, pousse un cri d'indignation ; l'Europe et l'Asie y répondent ; et trois cent évêques convoqués en concile, accourent à Ephèse pour venger l'outrage fait à Marie. Nestorius qui ne voulut jamais se rétracter, y fut condamné et toutes ses erreurs anathémalisées.

On ne saurait exprimer avec quel enthousiasme cette condamnation fut accueillie. Le jour où l'on devait se prononcer sur la maternité de Marie étant arrivé, tout le peuple se réunit en foule autour de l'église où les évêques étaient assemblés, et attendit depuis le matin jusqu'au soir la décision du concile. Enfin, la porte s'ouvre ; une voix s'écrie : « Anathème à Nestorius ! Marie est mère de Dieu ! » Et mille échos répondent ! « Anathème à Nestorius ! Vive Marie, Mère de Dieu ! » Jamais victoire n'excita un enthousiasme plus vif et des transports plus unanimes. Les pères du concile sont portés en triomphe, on brûle des parfums sur leur passage ; des feux et des flambeaux allumés attestent la joie universelle, et donnent à cette nuit mémorable, l'éclat du plus beau jour. Voilà Marie vengée ; que devient son blasphémateur ? Il va cacher sa honte au fond d'un désert, et par un châtiment terrible de la justice divine, il périt, la langue rongée par les vers.

 

Pratique : Soyez fidèle à la pieuse pratique de réciter l'Angélus trois fois le jour.

 

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Prière

 

Ô Marie ! Que j'aime à vous contempler tenant Jésus dans vos bras. Il est votre fils et vous êtes sa mère. Rien ne saurait me donner une plus haute idée de votre puissance et m'inspirer une plus vive confiance en votre protection. Vous commandez au Tout puissant, et le Tout-puissant vous obéit je puis donc tout obtenir par vous, parce que celui qui peut tout est votre fils, et qu'il ne saurait rien refuser à sa mère. Ainsi soit-il.

 

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30 avril 2016

Le Mois de Marie d'Ars

Le Mois de Marie d'Ars

Un mois avec le Saint Curé d'Ars

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Premier jour

Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, ayez pitié de nous.

Seigneur, ayez pitié de nous.

 

Les Litanies de la Sainte vierge commencent par une prière suppliante et trois fois répétée, que nous adressons à la miséricordieuse bonté du Seigneur. C'est un cri de douleur qui s'échappe de notre âme et du fond de la nature humaine, pour appeler et faire descendre sur nous le pardon et la compassion du Ciel. En effet, si nous avons bien la connaissance de nous-mêmes, de ce que nous sommes, et de ce que nous pouvons devenir ; il nous est facile de reconnaître que la chose dont nous avons le plus besoin, et que nous devons réclamer avant tout par l'intercession de Marie, pendant ce mois qui lui est consacré, c'est le pardon de nos nombreux péchés, c'est la compassion du Seigneur sur les misères qui affligent notre corps et notre âme. « Lorsqu'on veut offrir quelque chose à quelqu'un, disait le saint curé d'Ars, on fait présenter cet objet par la personne qu'il préfère, afin que l'hommage lui soit plus agréable. Ainsi nos prières présentées par la sainte Vierge ont un tout autre mérite, parce que la sainte Vierge est la seule créature qui n'ait jamais offensé Dieu ».

Avant tout, nous supplions le Seigneur de nous faire miséricorde en nous pardonnant nos péchés. Malheureux que nous sommes, en commettant le péché, nous avons donné la mort à notre âme, nous nous sommes rendus odieux au Seigneur, nous avons mérite l'enfer.. Si Dieu nous traite selon sa justice, qu'allons-nous devenir ? Marie vient calmer nos frayeurs et ranimer notre confiance. En voyant nos maux et notre repentir, elle accourt pour désarmer le bras du Seigneur irrité, elle joint sa voix suppliante à la nôtre pour nous obtenir grâce et miséricorde.

Tous les maux qui désolent la terre sont la peine du péché. Enfants d'un père coupable, nous sommes tous condamnés à porter le châtiment de sa désobéissance. La douleur nous prend au berceau et ne nous quitte qu'à la tombe. Mais ce poids de douleur qui pèse sur tous les enfants d'Adam, n'est-il pas plus lourd encore pour les habitants des campagnes ? A eux de souffrir du froid et de la chaleur ! À eux les longs et pénibles travaux ! Combien de maladies cruelles, souvent précoces, font de leur vie un véritable martyre ! Combien de fois l'intempérie des saisons, la grêle ou la gelée ne viennent-elles pas leur enlever, en une heure, le finit de toute une année de travail !

Mais que sont les misères et les souffrances du corps en comparaison des misères et des souffrances de l'âme. Chagrins du cœur, soucis dévorants, revers de fortune, perle de nos parents et de nos amis ; mille épreuves viennent sans cesse traverser la vie et font couler nos larmes. Ah ! Seigneur ! Pitié pour nos souffrances ; écartez de nous les maladies du corps et les peines du cœur plus cuisantes encore. Pitié pour nos moissons ; préservez-les des orages et des intempéries qui les menacent. Vous connaissez les faiblesses et la fragilité de notre nature ; ne permettez pas que nous soyons éprouvés au-dessus de nos forces. Mais surtout, Seigneur, ne nous laissez pas succomber à la tentation. Écoutez, exaucez Marie notre mère ! et gardez nous du scandale, des paroles licencieuses, des emportements de la colère et des mille fautes où nous pouvons tomber à chaque instant Nous savons que le moyen le plus efficace pour obtenir votre miséricorde sur nos fautes passées, c'est de n'en plus commettre à l'avenir. Nous prenons cette généreuse résolution, que nous voulons renouveler chaque matin, pendant tous les jours de ce beau mois.

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Exemple

Origine de la Médaille miraculeuse

 

Comme nous aurons occasion de parler bien souvent des prodiges opérés par la médaille miraculeuse, nous croyons utile d'en faire connaître l'origine. On verra que Dieu se plaît ordinairement à employer les âmes les plus simples, parce qu'elles sont plus humbles et plus pures, pour révéler ses mystères et communiquer son pouvoir.

Dans le Courant de l'année 1830, une jeune sœur du Noviciat des Filles de la Charité, à Paris, avait vu, pendant l'oraison, un tableau qui représentait la Sainte Vierge couverte d'une robe blanche et d'un manteau de couleur bleue, avec un voile aurore, les bras entrouverts et étendus vers la terre. Ses mains étaient chargées de diamants d'où s'échappaient comme par faisceaux des rayons d'un éclat ravissant, qui se dirigeaient sur le globe, et avec plus d'abondance sur un point déterminé. Dans le même moment elle entendit une voix qui lui disait : « Ces rayons sont le symbole des grâces que Marie obtient aux personnes qui l'invoquent ; et le point sur lequel ils découlent plus abondamment, c'est là France ». Autour du tableau elle lut ces mots : « O Marie, conçue sans péché ! ayez pitié de nous qui avons recours à vous ». Quelques moments après, le tableau fut retourné, et sur le revers elle vit la lettre M surmontée d'une petite croix, et au-dessous, les saints Cœurs de Jésus et de Marie. La même voix ajouta : « Il faut faire frapper une médaille sur ce modèle ; et les personnes qui la porteront indulgenciée, et qui feront avec piété la courte prière que tu viens de lire, jouiront d'une protection spéciale de la Mère de Dieu ».

Cette fille fit part à son directeur de cette vision. Celui-ci n'en tint aucun compte. Six ou sept mois après, la vision fut réitérée de la même manière ; elle la communiqua à son directeur qui n'y attacha pas plus d'importance que la première fois. Quelques mois après, la jeune fille vit et entendit les mêmes choses. Le directeur alors en parla à Mgr l'archevêque de Paris, qui ne vit aucun inconvénient à ce qu'on fit frapper une médaille comme moyen de ranimer la piété. Le but du prélat fut atteint au-delà de toute espérance. Dans peu de temps la médaille se répandit en France, en Italie, en Allemagne, en Amérique, dans l'Inde, dans toute la chrétienté, et partout elle attira des grâces particulières, et même souvent miraculeuses, à ceux qui la portaient, et qui récitaient la prière : « O Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ».

Pratiques : Offrez à Dieu par les mains de Marie, trois fois le jour, votre travail ou vos peines en esprit de pénitence. Ou bien, récitez plusieurs fois dans la journée, au souvenir de vos péchés, l'acte de contrition.

 

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Prière

 

Vierge Marie ! Exempte de tout péché originel et actuel, qui avez supporté les peines de la vie sans les avoir méritées et cependant sans jamais vous plaindre : obtenez-moi cette force d'âme et la soumission à la volonté de Dieu, que vous avez montrées au milieu des plus rudes épreuves. Couvrez-moi de vos mérites auprès du Seigneur, et que par votre miséricordieuse intercession, je sois épargné dans le temps présent et pendant l'éternité. Ainsi soit-il.

 

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25 janvier 2015

L'Angelus Breton

 

L'Angélus Breton

 

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V. Angelus Domini, nuntiavit Mariae
R/ Et concepit de Spiritu Sancto.

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie,
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

 

Ni ho salud gant karantez Rouanez ar Sent hag an Aelez !

C'hwi a zo benniget, o pia ! Hag a c'hrasoù karget ! Ave Maria !

 

Nous Vous saluons avec amour Reine des saints et des anges !

Vous êtes bénie! O pieuse ! Et pleine de grâces ! Ave Maria !

 

(Me ho salud, Mari), leun a c'hras, An Aotrou Doue a zo ganeoc'h, benniget oc'h dreist an oll gwragez, Ha benniget eo ar frouez euz ho korv, Jezuz.

Santez Mari, Mamm da Zoue, Pedit evidom pec'herien, bremañ ha da eur or maro. Evel-se bezet graet.

 

(Ave Maria), gratia plena : Dominus tecum : benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui, Jesus.

Sancta Maria mater Dei, ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis nostrae. Amen.

 

(Je Vous salue Marie), comblée de grâce, le Seigneur est avec Vous, Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de Votre sein est béni.

Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

  

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V. Ecce ancilla Domini.
R/ Fiat mihi secundum verbum tuum.

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

 

Ra vezo benniget Jezuz ! ar frouezh eus ho korf eürus !

Kanomp gant an aelez, o pia ! e veuleudi bemdez, Ave Maria !

 

Que soit béni Jésus ! Le fruit de votre corps bienheureux !

Chantons avec les anges ! O pieuse ! Ses louanges chaque jour, Ave Maria !

 

(Me ho salud, Mari), leun a c'hras, an Aotrou Doue a zo ganeoc'h, benniget oc'h dreist an oll gwragez, ha benniget eo ar frouez euz ho korv, Jezuz.

Santez Mari, Mamm da Zoue, Pedit evidom pec'herien, bremañ ha da eur or maro. Evel-se bezet graet.

 

(Ave Maria), gratia plena : Dominus tecum : benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui, Jesus.

Sancta Maria mater Dei, ora pro nabis peccatoribus, nunc et in hora mortis nostrae. Amen.

 

(Je Vous salue Marie), comblée de grâce, le Seigneur est avec Vous, Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de Votre sein est béni.

Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

  

 

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V. Et Verbum caro factum est.

R/ Et habitavit in nobis.

 

V. Et le Verbe s'est fait chair.

R/ Et il a habité parmi nous.

 

Ni ho ped, Mari, gwerc'hez c'hlan pa vezimp war hon tremenvan

Da c'houlenn ouzh Jezuz, o pia ! Deomp ur marv eürus, Ave Maria !

 

Nous vous prions, Vierge pure ! À notre dernière heure,

De demander à Jésus, O pia ! De nous obtenir une mort heureuse, Ave Maria !

 

(Me ho salud), Mari, leun a c'hras, an Aotrou Doue a zo ganeoc'h, benniget oc'h dreist an oll gwragez, ha benniget eo ar frouez euz ho korv, Jezuz.

Santez Mari, Mamm da Zoue, pedit evidom pec'herien, bremañ ha da eur or maro. Evel-se bezet graet.

 

(Ave Maria), gratia plena : Dominus tecum : benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui, Jesus.

Sancta Maria mater Dei, ora pro nabis peccatoribus, nunc et in hora mortis nostrae. Amen.

 

(Je Vous salue Marie), comblée de grâce, le Seigneur est avec Vous, Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de Votre sein est béni.

Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

 

V. Ora pro nobis, sancta Dei Genetrix.

R/ Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

 

Oremus

 

Gratiam tuam, quaesumus, Domine, mentibus nostris infunde ; ut qui, Angelo nuntiante, Christi Filii tui incarnationem cognovimus, per passionem eius et crucem, ad resurrectionis gloriam perducamur. Per Jésus Christum Dominum nostrum.

R/ Amen.

 

Prions

 

Que Votre grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l'ange, Vous nous avez fait connaître l'Incarnation de Votre Fils bien aimé, conduisez-nous, par Sa Passion et par Sa Croix jusqu'à la gloire de la Résurrection. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.

 

Annunciation (2)

 

Chant extrait de l'album

« Pèlerinage à Sainte Anne d'Auray, chants et cantiques populaires »

interprété par la Chorale du Petit Séminaire de Sainte Anne d'Auray,

Un album disponible en téléchargement

 

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3 août 2014

Notre Dame des Dunes de Dunkerque

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Notre Dame des Dunes de Dunkerque

 

En 1403, les ouvriers qui travaillaient à la reconstruction des remparts de Dunkerque découvrirent en creusant dans le sable, au bord de la mer, une source d'eau douce et une statuette de la Sainte Vierge. Une chapelle fut élevée en ce lieu, et, depuis plus de cinq siècles, Notre Dame des Dunes n'a cessé d'y combler de bienfaits signalés les populations des Flandres et les marins de la Mer du Nord qui ont eu recours à sa protection.

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Prière

 

O Dieu, qui avez trouvé bon de présenter à notre dévotion la statue vénérable de la Très Sainte Vierge Marie, Notre Dame des Dunes, Votre Mère, et qui avez si souvent voulu qu'Elle soit d'un puissant secours pour les marins aux prises avec les tempêtes de la mer, par l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, nous Vous en supplions, donnez à votre peuple, constamment aux prises avec les difficultés de la vie de parvenir heureusement au port du Salut. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Ainsi soit-il.

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Prière à Notre Dame des Dunes

 

Ô Notre Dame des Dunes, brillante Etoile de la Mer, source inépuisable de Bonté et de Miséricorde, nous nous prosternons à Vos pieds pour Vous offrir l'hommage de notre vénération, de notre confiance et de notre amour, et nous nous mettons sous Votre puissante protection. Souvenez-Vous que nos pères ont réclamé Votre intercession dans toutes leurs nécessité et que Vous les avez toujours secourus avec une grande sollicitude. De grâce donc, Sainte Mère de Dieu, ne rejetez pas les prières que nous Vous adressons dans nos besoins et nos périls, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer. Ainsi soit-il.

Soyez éternellement bénie, louée, aimée et invoquée, Notre Dame des Dunes, notre Mère, notre Patronne, notre Avocate et notre Souveraine. Oh ! Soyez toujours notre secours, notre consolation, notre espérance et notre joie, protégez-nous bénissez-nous et sauvez-nous ! Ainsi soit-il.

Notre Dame des Dunes, priez pour nous

 

Vu et approuvé

Cambrai, le 30 mars 1903

J. Carlier, V.G.

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3 août 2014

Litanies de Notre Dame de Bon Encontre

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Notre Dame de Bon Encontre

Consolatrice des Affligés

Patronne de l'Agenais

 

En 1422, au lieu dit « La Croix-des-Chemins », ancien village de Pau, aujourd'hui Bon Encontre, un petit oratoire était déjà dédié à la Très Sainte Vierge Marie. Cette petite chapelle protégeait une croix qui avait la particularité d'être creusée dans sa partie verticale. On avait déposé dans cette cavité une statue, de style gothique, de la Mère du Seigneur, dont la légende rapporte que Jacmes Frayssinet, qui était gardien d'un troupeau, étonné par le comportement d'un bœuf qui était en arrêt devant un buisson d'épines. Jacmes s'approche du buisson et y découvre ce qui deviendra la statue miraculeuse, une terre cuite représentant une vierge tenant dans ses bras un enfant. La Reine de Navarre, Marguerite de Valois, fut rapidement mise au courant de la dévotion entourant cette statue ainsi des nombreux miracles obtenus en la vénérant. Le 25 août 1584, elle décida la construction d'une église qui sera consacrée en 1604. La statue est conservée dans un reliquaire de la basilique. Le pèlerinage a toujours attiré de nombreux fidèles venus du Lot-et-Garonne, mais aussi de régions plus lointaines.

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Litanies de Notre Dame de Bon Encontre

 

Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, ayez pitié de nous.

Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.

Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Fils, rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Saint-Esprit, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Trinité, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

 

Sainte Marie, Notre Dame de Bon Encontre, priez pour nous.

Notre Dame de Bon Encontre, honorée par un animal sans raison, priez pour nous.

Notre Dame de Bon Encontre, invoquée par nos pères, priez pour nous.

Notre Dame de Bon Encontre, source de la piété de nos aïeux,

Notre Dame de Bon Encontre, miraculeuse en votre sainte image,

Notre Dame de Bon Encontre, visitée par les princes de la terre,

Notre Dame de Bon Encontre, notre sécurité dans les périls,

Notre Dame de Bon Encontre, consolatrice dans les afflictions,

Notre Dame de Bon Encontre, notre refuge dans les malheurs,

Notre Dame de Bon Encontre, notre libératrice dans les tentations,

Notre Dame de Bon Encontre, notre santé dans les maladies,

Notre Dame de Bon Encontre, soutien des faibles,

Notre Dame de Bon Encontre, protectrice des étudiants,

Notre Dame de Bon Encontre, soutien du soldat,

Notre Dame de Bon Encontre, salut du nautonier,

Notre Dame de Bon Encontre, tutelle des orphelins,

Notre Dame de Bon Encontre, espoir des mères,

Notre Dame de Bon Encontre, secours des enfants,

Notre Dame de Bon Encontre, lumière des aveugles,

Notre Dame de Bon Encontre, ouïe des sourds,

Notre Dame de Bon Encontre, espérance des désespérés,

Notre Dame de Bon Encontre, refuge des pécheurs,

Notre Dame de Bon Encontre, trésor des pauvres,

Notre Dame de Bon Encontre, gardienne de la France,

Notre Dame de Bon Encontre, qui défendez le Saint Siège,

Notre Dame de Bon Encontre, qui avez écrasé l'hérésie,

Notre Dame de Bon Encontre, qui nous avez délivré de la peste,

Notre Dame de Bon Encontre, si chère aux pèlerins,

Notre Dame de Bon Encontre, Reine du clergé,

Notre Dame de Bon Encontre, conçue sans la tache originelle,

Notre-Dame de Bon Encontre, notre secours pendant la vie et à l'heure de la mort,

 

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.

 

Jésus-Christ, écoutez-nous.

Jésus-Christ, exaucez-nous.

 

Notre Dame de Bon Encontre, priez pour nous,

Afin que nous devenions dignes des promesses de Notre Seigneur Jésus-Christ.

 

Prions

 

Mon Dieu, qui par vos prophètes avez annoncé au monde la Vierge qui doit enfanter le Désiré des Nations, accordez-nous par l'intercession de Notre Dame de Bon Encontre les grâces que nous sollicitons de Votre Bonté Paternelle, et formez dans nos cœurs Jésus-Christ, Votre Divin Fils, qui vit et règne avec Vous dans les siècles et les siècles. Ainsi soit-il.

 

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Prière et consécration à Notre Dame de Bon Encontre

 

O Notre Dame de Bon Encontre ma Mère et ma souveraine, avec quel bonheur je me prosterne à Vos pieds ! Nul ne peut dire tous les prodiges que Vous opérez chaque jour en faveur des âmes qui Vous invoquent, aussi, quelle confiance et quel amour animent vos enfants !

O Vierge aux miracles, comme Vous appelaient nos pères, guérissez ceux qui souffrent, consolez ceux qui pleurent, préservez les familles, protégez les enfants, veillez sur les justes pour les soutenir, sur les pécheurs pour les convertir, sur les Prêtres pour les fortifier, sur les fidèles pour les sauver.

O Mère aimable et pleine de bonté, ayez pitié d'une âme qui se fait gloire de Vous appartenir. Détournez les dangers auxquels je suis exposé ; dispersez mes ennemis, soutenez ma faiblesse, assistez-moi dans tous les moments de ma vie, dirigez-moi jusqu'à la fin de la course sur la mer orageuse de ce monde et conduisez-moi au port de la bienheureuse éternité, où j'espère Vous voir, Vous louer et Vous aimer avec tous les élus pour les siècles et les siècles. Ainsi soit-il.

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Prière à Notre Dame de Bon Encontre

 

Vous, que nos pères ont tant aimé et que nous chérissons tendrement à leur exemple, veuillez nous donner comme à eux, des témoignages de votre sainte protection. Secourez-nous dans tous nos besoins, consolez-nous dans toutes nos peines et après nous avoir aidés pendant la vie, assistez-nous à l'heure de la mort. Amen.

 

Site internet de la Basilique et de la Paroisse de Bon Encontre

http://paroissenotredamedebonencontre47.over-blog.com

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 Téléchargez le texte de ces Litanies (pdf) en cliquant ici

30 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Trente-et-unième jour

Dernière station à la Grotte

 

Voici, pour cette année du moins, s'il plaît à Dieu, notre dernière station à la Grotte de Lourdes. Nous aurions voulu, n'est-il pas vrai ? Y demeurer toujours. Mais hélas ! Ici-bas tous les lilas meurent et, comme les chants des oiseaux, les Mois de Marie, surtout aux bords du Gave, sont courts...

En choisissant une grotte pour théâtre de ses dix-huit Apparitions, la Dame des Pyrénées n'a fait qu'ajouter dix-huit chapitres glorieux à l'histoire religieuse des Grottes dans le monde. Une grotte, dissimulée, parmi les arbres du Paradis terrestre, aurait servi de retraite à Adam et Eve après leur prévarication... Jacob bénit ses fils chacun selon sa bénédiction. Puis il leur donna cet ordre : « Je vais être réuni à mon peuple ; enterrez-moi avec mes pères dans la grotte qui est dans le champ d'Ephron, le Héthéen, dans la grotte du champ de Macpéla, en face de Mambré, au pays de Canaan : c'est la grotte qu'Abraham a acquise d'Ephron, le Héthéen, avec le champ, pour avoir un sépulcre qui lui appartînt. C'est là qu'on a enterré Abraham et Sara, sa femme, c'est là qu'on a enterré Isaac et Rébecca, sa femme, et c'est là que j'ai enterré Lia.... Lorsque Jacob eut achevé de donner ses ordres à ses fils, ayant retiré ses pieds dans le lit, il expira et fut réuni à ses pères.... Les fils de Jacob firent donc envers leur père comme il leur avait commandé. Ils le transportèrent au pays de Canaan et l'enterrèrent dans la grotte du champ de Macpéla ».

« Et Josué, et tout Israël avec lui, retourna au camp à Galgala. Les cinq rois s'enfuirent et se cachèrent dans la grotte à Macéda. Josué dit : « Roulez de grosses pierres à l'entrée de la grotte, et mettez-y des hommes pour les garder.... Puis Josué dit : « Ouvrez l'entrée de la grotte, faites-en sortir les cinq rois et amenez-les moi ». Ils firent ainsi et lui amenèrent les cinq rois qu'ils avaient fait sortir de la grotte, le roi de Jérusalem, le roi d'Hébron, le roi de Jérimoth, le roi de Ivachis et le roi d'Eglon.... Puis Josué les frappa de l'épée et les fit mourir ; il les pendit à cinq arbres, et ils y restèrent pendus jusqu'au soir. Vers le coucher du soleil, Josué les fit descendre des arbres ; on les jeta dans la grotte où ils s'étaient cachés, et l'on mit à l'entrée de la grotte de grosses pierres qu'on y voit encore aujourd'hui ».

« David monta du rocher de l'évasion et s'établit dans les lieux forts d'Engaddi. Saül prit trois mille hommes d'élite d'entre tout Israël, et il alla à la recherche de David et de ses gens jusque sur les rochers des boucs sauvages. Il arriva au parc des brebis qui étaient près du chemin ; il y avait là  une grotte où il entra pour se couvrir les pieds, et David et ses gens étaient au fond de la grotte.... David se leva, puis coupa à la dérobée le bord du manteau de Saül. Après cela, le cœur lui battit, de ce qu'il avait coupé le pan du manteau de Saül.... Saül s'étant levé pour sortir de la grotte, continua sa route. Alors David se leva et, sortant de la grotte, il se mit à crier après Saül : « O roi, mon seigneur ». Saül regarda derrière lui, et David s'inclina le visage contre terre, et se prosterna, et il dit à Saül : « Vois dans ma main le coin de ton manteau. Puisque j'ai coupé le coin de ton manteau et que je ne t'ai pas tué, reconnais et vois qu'il n'y a dans ma conduite ni méchanceté ni révolte et que je n'ai point péché contre toi »... Et Saül éleva la voix et pleura. Il dit à David : « Tu es plus juste que moi... Maintenant je sais que tu seras roi ».

« Elie se leva, mangea et but, et avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à la montagne de Dieu, à l'Horeb. Là, il entra dans la grotte (et il y passa la nuit.... Jéhovah dit : « Sors, et tiens-toi dans la montagne devant Jéhovah, car Jéhovah va passer. Et il y eut un vent fort et violent qui déchirait les montagnes et brisait les rochers : Jéhovah n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre: Jéhovah n'était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, un feu : Jéhovah n'était pas dans le feu. Et après le feu, le murmure d'une brise légère. Quand Elie l'entendit, il s'enveloppa le visage de son manteau, et étant sorti, il se tint à l'entrée de la  grotte... Et Jéhovah lui dit : « Va, reprenant ton chemin, au désert de Damas, et quand tu seras arrivé, tu oindras Hazaël pour roi de Syrie ; tu oindras Jéhu, fils de Nanisi, pour roi d'Israël, et tu oindras Elisée, fils de Saphat, d'Abel-Méhana, pour prophète à ta place ».

On lisait dans les mêmes écrits, comment le prophète, sur un ordre reçu de Dieu, fit transporter avec lui le tabernacle et l'arche, et qu'il se rendit ainsi à la montagne que gravit Moïse et d'où il contempla l'héritage de Dieu. Arrivé là, Jérémie trouva une habitation en forme de grotte, et il y déposa le tabernacle et l'arche, ainsi que l'autel des parfums, et en boucha l'entrée.

A son tour, Jésus, le Verbe fait chair, naquit dans une grotte, ressuscita Lazare dans une grotte, agonisa, au jardin des Oliviers, dans une grotte, fut enseveli, au Golgotha, dans une grotte... Et, selon l'Apocalypse, quand sera ouvert le sixième sceau, quand se produira le grand tremblement de terre, quand le soleil deviendra noir comme un sac de crin, quand la lune entière paraîtra comme du sang, et que les étoiles tomberont vers la terre, comme les figues vertes tombent d'un figuier secoué par un grand vent, c'est dans des grottes et dans les rochers des montagnes que les rois de la terre, et les grands, et les généraux, et les riches, et les puissants, et tout esclave ou homme libre, se cacheront.

Mais, en attendant, c'est la Grotte de Lourdes, qui, toute resplendissante de lumière, tandis que ses sœurs de l'Evangile et de la Bible sont plongées dans les ombres d'un passé évanoui, continue, depuis un demi-siècle, à abriter en sa puissante image, après l'avoir possédée en personne, Marie, l'Eve nouvelle, la Reine des Patriarches, l'Inspiratrice des Prophètes, l'Espoir des temps antiques, la Mère de l'Adam nouveau, la Consolatrice des affligés, le Secours des chrétiens, la Porte du Ciel, le Tabernacle, l'Arche d'alliance, l'Autel des parfums du second Testament...

On l'appelle Grotte de Massabielle, c'est-à-dire de « Masse vieille », de « vieux rocher ». Son nom évoque son histoire, et son histoire est belle. La Science nous l'apprend. A rencontre des monts voisins dont la cime hautaine atteste les grandes révolutions terrestres qui soulevèrent les Pyrénées, Massabielle demeura disloquée, renversée à demi... Plus tard, disent encore les Savants, le fleuve de glace qui descendit du cirque de Gavarnie inondant la vallée du Gave la couvrit de ses vagues... Elle fut ignorée des hommes, durant de longs siècles,... jusqu'au jour où, le 11 février 1858, cette Grotte, manifestement prédestinée par le Christ pour l'honneur de sa Mère, devint ce qu'elle est encore aujourd'hui : l'abri des justes, le refuge des pécheurs, le tombeau du Mal, le berceau du Bien, l'hôpital des incurables, le laboratoire des Savants honnêtes, le foyer des miracles, l'oratoire des âmes, le rendez-vous des peuples, le sanctuaire de Jésus en son eucharistique présence, le Gethsémani de la Vierge dolente, le Tabor de l'Immaculée-Conception. Car, comme le disait Pie X en l'une de ses audiences de mars 1904, « Je considère les Apparitions de Lourdes avec toutes leurs conséquences si admirables, si opportunes et si salutaires, comme une des grâces les plus insignes qui aient été méritées à l'Eglise par la proclamation dogmatique de l'Immaculée-Conception ».

Des flancs de cette Grotte entre toutes bénie sortent des brises légères, maternelles caresses de Marie sur les âmes ; et, mieux qu'en la grotte d'Horeb, Jéhovah est dans ces brises surnaturellement fécondes... Sur son seuil, expirent les rafales des humaines passions, les commotions de la Politique antireligieuse, les embrasements de l'Anarchie, car Jéhovah n'est point dans ces vents, dans ces tremblements, dans ces feux. Et quand se sont apaisées les insolences haineuses, les justes, tel Elie, se livrent, pour la restauration des vertus dans le monde, à de saintes et royales onctions...

En cette Grotte, règne surtout la Vierge. Impossible de risquer la moindre coupure à son manteau de mérites immense autant qu'indéchirable. Mais, avec l'audace du repentir escomptant la clémence, on peut, d'un bord, d'un pan, d'un pli, si petit soit-il, de ce manteau de notre Reine, enrichir sa personnelle indigence, et se présenter devant Dieu, certain d'être mieux accueilli que David par l'inconstant Saül. Et maintenant, Grotte pyrénéenne, palladium de la France et du monde, après avoir passé, près de ton églantier, devant ta niche, à la lumière des blancs cierges dont la mèche fumante noircit sans cesse les parois de tes excavations, le Mois des fleurs, il nous faut te quitter, pour aller dans nos familles, en souvenir des grâces que tu nous procuras, porter des fruits...

O toi qui fus témoin des larmes de Bernadette en sa dernière visite, avant son départ pour Nevers ! Asile saint dont les délices inspirèrent à l'enfant virginale cette réponse où s'exhalait toute la gratitude de son âme : « A Lourdes, la Grotte était mon Ciel ! » pour nous aussi, durant trente-un jours, tu auras été un coin du Ciel !... Vois nos pleurs, perçois nos battements d'amour, et permets-nous d'adresser à ta royale Hôtesse, tandis que nous jetons sur sa statue un suprême regard, le cri final de l'Eglise, en une de ses Antiennes, pendant le Carême, saison mystique, Cure d'âme de l'année : « Adieu, à la plus belle des créatures, adieu Dame de Lourdes, Reine de notre Mois de Mai trop tôt fini, adieu et priez le Christ, votre Fils, notre divin Sauveur, pour chacun de nous tous : Vale, ô valde decora, et pro nobis Christum exora ! »

 

Examen et résolution

 

Comment avons-nous passé ces cinq semaines ?... Avons-nous scrupuleusement suivi le régime, le traitement du confesseur, médecin de notre conscience ?... Nos stations journalières à la Grotte ont-elles été des moments d'étude religieuse, de prière fervente, de sanctification effective ?... Qu'ont été nos oraisons, nos confessions, nos adorations, nos communions, nos conversations, nos actions ? Nous sentons-nous l'âme mieux portante, plus fraîche? Avons-nous plus de lumières sur Marie, plus d'amour pour cette bonne Mère, plus de confiance en sa miséricorde, plus de zèle pour l'avancement de sa gloire ? De quels défauts nous sommes-nous corrigés ? De quelles vertus nous sommes-nous parés ?... Quelles grâces avons-nous sollicitées, obtenues ?... Qu'espérons-nous encore ?...

Humilions-nous, si nous avons à nous reprocher quelque infidélité. Remercions, si notre programme spirituel, de tous points réalisé, nous a valu un notable amendement.... Et prenons des résolutions en rapport avec nos besoins.... Avons-nous besoin d'être humbles... purs... détachés de quelque créature... charitables dans nos paroles... fidèles à tel exercice de piété depuis quelque temps négligé... mortifiés dans telle fréquentation, en telle lecture ?... Prenons la résolution, non point vague, générale, mais précise, particulière, de le devenir... Et que nos résolutions, au lieu d'être ce que l'on ne tient pas, ce qui partant accuse et aggrave, soient, au contraire, ce que nous tenons, ce qui nous tient et ce qui, devant Dieu, nous sauvera.... Tel ce dernier jour du Mois de Mai, le dernier jour de notre vie arrivera, plus tôt peut-être que nous n'y songeons.... Heureux serons-nous alors, si nous avons pensé à Marie, parlé à Marie, ressemblé à Marie, travaillé, souffert, vécu pour Marie : le dernier jour de notre terrestre existence sera pour nous le premier du Mois de Marie qui, au Ciel, ne finira jamais...

 

Prière

 

O Notre Dame, nous ne saunons mieux clore le cycle de nos invocations quotidiennes qu'en vous adressant la prière composée, le 8 septembre 1903, par le pieux Pie X, en vue de l'année jubilaire de la Proclamation du Dogme de votre Immaculée Conception : « Vierge très sainte, qui, ayant plu au Seigneur êtes devenue sa Mère immaculée de corps et d'esprit, dans la foi et l'amour, regardez avec bienveillance les malheureux qui implorent votre puissant patronage. Le malin serpent, contre qui fut lancée la première malédiction, ne continue que trop à combattre par ses embûches les enfants d'Eve. Ah ! Vous, ô notre Mère bénie, notre Reine et notre avocate qui, dès le premier instant de votre conception, avez écrasé la tête de l'ennemi, exaucez les prières que nous vous conjurons, unis à vous d'un seul cœur, de présenter au trône de Dieu, pour que nous ne tombions jamais dans les pièges qui nous sont tendus, et qu'ainsi nous arrivions tous au port du salut, et qu'à travers tant de dangers, l'Eglise et la société chrétienne entonnent encore une fois l'hymne de la délivrance, de la victoire et de la paix. Ainsi soit-il ».

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

 

Fin du Mois de Marie

 

Prochain Mois de dévotion, le Mois de Saint Pierre, rendez-vous le 31 mai.

 

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29 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Trentième jour

Dix-huitième Apparition

 

Aussitôt Bernadette se leva et courut chez sa plus jeune tante Basile pour la prier de l'accompagner à Massabielle. L'entrée de la Grotte était alors défendue par ordre de l'autorité administrative, et une palissade en planches fermait le devant des excavations. Pour ne pas tomber sous les coups de l'arrêté préfectoral, Bernadette et sa tante prirent le chemin qui conduit aux prairies dites de la Ribère, et allèrent s'agenouiller sur la rive droite du Gave, en face du rocher des apparitions. En traversant le quartier de Lapaca, elles furent accostées par d'anciennes voisines qui, leur ayant demandé où elles allaient, se mirent à leur faire cortège. Plus loin, sur les pelouses qui se trouvaient en contre-bas de la route de Pau, elles rencontrèrent plusieurs groupes de femmes priant à genoux, tournées vers la niche miraculeuse. Dès que Bernadette apparut, tous ces groupes se levèrent et vinrent s'établir en demi-cercle autour d'elle. On était si heureux de prier à côté de la petite voyante ! Presque aussitôt que l'enfant eut fixé son regard sur le rocher au delà  du Gave, les rayonnements de l'extase éclatèrent sur sa figure, et, dans les transports de son âme ravie, elle s'écria : « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières ».

Ainsi cette dix-huitième Apparition fut comme un suprême encouragement pour la vaillance de Bernadette. Chère enfant ! Elle avait souffert, beaucoup souffert pour sa Dame : on l'avait importunée, ridiculisée, menacée, tentée, de toute manière ; on avait insulté à sa détresse par des offres scandaleuses d'argent ; on n'avait pas craint de la faire passer pour hallucinée, n'ayant pu réussir à l'entacher de folie, au regard du public ; elle avait vu une administration tracassière déployer son autorité, ses violences, ses ruses, pour discréditer l'oeuvre de la Grotte, infirmer les premiers miracles de la Source, et procéder à l'enlèvement des objets de piété entassés par la reconnaissance et la dévotion populaires.

Et maintenant, de la rive droite du Gave, ses yeux attristés, se tournant vers la roche, se heurtaient aux planches de la palissade : cercueil arrogant dressé par l'autoritarisme laïque pour essayer, en vain, une fois de plus le long des siècles, d'y coucher, comme une prétendue morte, la foi nouvellement née des pèlerins. D'autres souffrances devaient, en un proche avenir, visiter Bernadette : elle perdrait sa mère ; il lui faudrait quitter Lourdes, aller à Nevers s'ensevelir vivante dans un cloître. Pour tant d'épreuves, sa vaillance méritait un encouragement : la Dame lui apparut : « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit pardessus les barrières »...

Il fallait aussi encourager les croyants qui, malgré les oppositions administratives, se faisaient les défenseurs, les vengeurs de la Dame, encouraient des critiques, des disgrâces, des procès-verbaux pour elle, et ne cessaient quand même de venir jeter courageusement leurs prières avec leurs offrandes, vers la niche bénie, « par-dessus les barrières ». Il fallait apporter un salut à ces persécutés, faire briller un sourire sur leurs larmes, leur mettre au cœur l'espérance invincible que les planches des fossoyeurs voleraient en éclats, et que la victoire finale appartiendrait à ces deux grandes méconnues des pouvoirs humains : la Religion, la Liberté. Et la Vierge apparut. « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières »...

Les barrières n'ont jamais manqué et ne manqueront jamais aux disciples de Marie et de Jésus. Il y a les barrières légales, les premières planches en furent fabriquées contre Jésus par Hérode, le massacreur des Innocents, et, plus tard, par les Juifs. Dans la suite, les planches pourries ont été remplacées par des neuves, avec des couleurs et des formes différentes. Toujours, il y a eu, quelque part, des lois humaines en insurrection contre la légalité divine : comme si le droit pouvait prévaloir contre le droit ; comme si Dieu, Législateur par excellence, de qui émane éternellement toute autorité, toute justice, pouvait être contrarié dans ses ordonnances par les élucubrations fantaisistes de législateurs humains sans compétence ni durée ! Heureusement, un jour vient où, en dépit de la Force contemptrice du Droit, le Surnaturel réapparaît. « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières »...

Il y a les barrières sociales. Quand la loi divine n'est plus en faveur parmi les lois humaines, une dépression religieuse se produit dans la société. Les amis du Christ sont vus d'un mauvais œil. On n'apprécie que les impôts qu'ils soldent au fisc ; pour tout le reste, on les considère comme taillables et corvéables à merci. Et les barrières sociales doublées des barrières domestiques, à cause des intérêts connexes de la famille, se dressent implacables devant ceux que le Surnaturel attirait sans obstacle autrefois. Heureux les vaillants : la Grâce aura pour eux des saints et des sourires qui les réconforteront. « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières »...

Il y a les barrières diaboliques. On ne les voit pas au dehors, celles-là ; mais on les sent, dans le mystère des vies, au dedans. Mauvaises pensées, désirs corrupteurs, imaginations affreuses, dégoûts du Bien, frénésies du Mal : autant de barrières opposées par le Démon au libre cours de la Vérité et de la Vertu dans les âmes ! Ce ne sont pas les plus faciles à démolir : on n'a point, pour cette besogne, les stimulants extérieurs de l'amour-propre et de la constatation matérielle du succès ; on est seul à seul avec sa conscience et Dieu ; on n'est jamais sûr, tant l'illusion subtile peut se glisser en nous, de les avoir, pour de bon, abattues ; on a peur, et quelquefois non sans raison, qu'elles ne soient, au contraire, consolidées ; elles se redressent avec une rapidité électrique ; c'est toujours, ou presque toujours, à recommencer. De là des appréhensions, des découragements, des marasmes terribles. Heureux qui, en ces occurrences recourt à la prière pour implorer le Christ, au chapelet pour appeler la Dame : le Surnaturel, par ses saints et ses sourires, les consolera et les fortifiera. « Oui, oui, la voilà : elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières »...

Le soleil se couchait cependant à l'horizon, et les ombres de la nuit commençaient à gagner le bassin de Massabielle. La Vierge jeta un dernier et profond regard d'affection sur sa petite privilégiée, puis elle disparut. C'était fini ! Bernadette ne devait plus revoir la Mère de Dieu que dans les splendeurs du paradis.

 

Examen

 

Voyez-vous comment il ne faut pas compter naïvement sur les appuis humains pour la prospérité et la totale liberté des œuvres religieuses ?... Nous avons vu naguère l'administration civile favoriser les rassemblements populaires autour de la Grotte et nous l'avons louée de son attitude... Voici maintenant un arrêté préfectoral interdisant l'accès de Massabielle... voici la palissade !... Les conflits entre les deux pouvoirs existeront tant que le corps en chacun de nous s'insurgera contre l'esprit : l'Etat est le corps d'une nation, la Religion en est l'âme... Avez-vous suivi Bernadette, sa tante et les anciennes voisines sur la rive droite du Gave, pour tourner la difficulté administrative et jouir quand même de la vue de la Dame ?... Il n'y a que les idéologues et les orgueilleux dont l'état mental confine à la folie qui puissent se targuer d'éteindre aux yeux des croyants les lumières du Ciel... Dieu et son Christ regarderont toujours à travers les nuages, par-dessus les barrières.... Et mieux que le soleil, la lune et les étoiles, les divins regards éclaireront le monde...

N'est-elle pas admirable cette dernière Apparition faite d'un salut et de sourires pour la consolation de Bernadette et des persécutés de Lourdes ?... Comme on reconnaît bien la Consolatrice des affligés, le Secours des Chrétiens, la céleste Auxiliatrice des âmes, des familles, des peuples et, en particulier, de la France, car c'est en France que se passaient ces choses.... car c'est en France que nous avons la Sainte Vierge, si en Italie on a la Papauté... Ah ! Si nous nous tournions amoureusement vers Marie, en nos jours de tristesses !... Comme elle nous consolerait !...

Ne sommes-nous pas de ces chrétiens de peu de foi qui, attribuant aux lois humaines une force d' obligation et de durée dont elles sont dépourvues quand elles sont un attentat au droit, se lamentent découragés et ne voient point du côté du Ciel les saluts et les sourires par-dessus les fragiles et grotesques barrières ?... Si quelques membres de nos familles ont perdu leur place ou ont été privés d' avancement parce qu'ils étaient catholiques, mais sans avoir prêté le flanc à une telle mesure par négligence professionnelle ou bravade inutile, avons-nous invoqué la Dame et l'avons-nous adjurée de nous sourire et de nous regarder par-dessus ces barrières sociales ?... Avons-nous cherché à étudier et à combattre notre défaut dominant, avons-nous chassé les tentations obsédantes du Démon, en demandant à la Dame d'avoir pitié de nous et de nous témoigner sa pitié par des saints et des sourires ?...

Est-ce surtout les jours de fête de la Sainte Vierge que, redoublant de dévotion envers elle, nous l'avons suppliée de nous accorder ses maternelles faveurs ?... Elle avait décliné son nom, le jour de la fête de son Annonciation... Et elle sourit par dessus les barrières, le jour de la fête où on l'honore, le 16 juillet, comme la Dame du Mont-Carmel... N'y a-t-il pas dans le choix de ces coïncidences liturgiques comme un indice de la ferveur avec laquelle nous devons célébrer les fêtes de Marie ?... N'y a-t-il pas aussi pour nous une implicite exhortation à porter ou à reprendre le Scapulaire du Mont-Carmel ?...

 

Prière

 

O Notre Dame, puisque nous sommes au terme des Apparitions dont vous avez, à Lourdes, honoré Bernadette et la France, permettez-moi de vous adresser la prière de l'écrivain que je citais avant-hier et auquel vous aurez fait bon accueil, à son entrée dans l'Eternité. Son cri d'âme résume si bien ce que nous avons dit de vous : « Si Vous êtes évidemment Celle qui se promena sous des figures, sous des noms divers dans l'Ancien Testament. Vous êtes, sans crèche et sans croix, la Vierge antérieure aux Evangiles ». Vous êtes la fille de l'impérissable Dessein, la Sagesse qui est née avant tous les siècles.... Vous êtes donc, sous un nouvel aspect, la plus ancienne des Vierges.... L'Immaculée Conception nous ramène à travers la Bible, jusqu'au chaos de la Genèse... et, forcément, je pense à Eve devenue sainte maintenant, et qui, désolée par les douleurs de ses descendants, par ces maladies affreuses qu'ils n'auraient pas connues, sans sa faute, se tient là  près de vous et vous supplie de payer à ses malheureux sa dette, de les guérir ». Et Vous qui ne fîtes point ici-bas de miracles, de votre vivant, Vous en faites maintenant, et pour elle et pour nous. Lumière de bonté qui ne connaît pas les soirs, havre des pleure-misère, Marie des compatissances, Mère des pitiés !

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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28 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-neuvième jour

Première Communion de Bernadette et Récompense

 

Dans l'intervalle du 7 avril au 16 juillet, la Dame n'apparut point. La mission publique de Bernadette était remplie. Il fallait qu'elle rentrât dans la vie privée. D'autant qu'elle avait à se préparer à sa Première Communion. Ayant goûté à la Grotte, et jusqu'au mystique enivrement, les suavités de la Mère de Dieu, le temps lui devait durer de goûter à l'autel les suavités de Jésus, le divin Fils. Elle fut instruite de ses devoirs religieux à la chapelle de l'Hospice, et le 3 juin, en cette même chapelle, elle s'approcha de la Table sainte pour la première fois. A l'occasion de cette douce et sainte fête, on espérait à Lourdes que la petite voyante serait favorisée d'un de ces ravissements angéliques qui faisaient l'admiration des foules aux roches Massabielle. Il n'en fut rien. Bernadette, les mains jointes, s'avança vers l'autel, reçut son Dieu dans son cœur virginal et revint à sa place, sans donner d'autre signe que celui d'une immense et profonde félicité. La sœur de M. Estrade ayant demandé à la première communiante : « Dis-moi, Bernadette, qu'est-ce qui t'a rendue la plus heureuse : ou de recevoir le bon Dieu, ou de converser, à la Grotte, avec la sainte Vierge ? » Bernadette hésita un moment, puis elle répondit : « Je ne sais : ces choses-là  vont ensemble et ne peuvent pas être comparées. Ce que je sais, c'est que j'ai été bien heureuse dans les deux circonstances ».

Le 16 juillet, ce double bonheur lui fut réservé : les deux circonstances se réunirent, comme se réunissent parfois deux arcs-en-ciel, pour verser leurs radiations sur son âme. Elle avait communié le matin, pour la troisième ou quatrième fois, et dans l'après-midi de la même journée, vers le soir, se trouvant en prière dans l'église paroissiale, elle entendit la voix douce de la Vierge Immaculée retentir au fond de son cœur, lui disant de venir à la Grotte. Pourquoi ce retour à l'église, dans la soirée ? Peut-être, pour assister à une de ces Bénédictions du Très Saint-Sacrement qui sont revêtues de tant de poésie céleste et qu'on donne dans les paroisses où la piété est en honneur, au déclin de certains jours... ; sûrement, pour prolonger son action de grâces, au pied de l'autel, dans le voisinage du Sauveur dont, le matin, elle s'était nourrie. Le quart d'heure qui suit la sainte Communion ne suffisant point, selon elle, à la reconnaissance, elle revenait là où était son trésor Et la Vierge, pour la récompenser de sa délicatesse, lui faisait percevoir, à l'oreille du cœur, l'appel connu des Visions... Quelle félicité ! Elle allait passer de l'Autel à la Grotte, du Fils, caché sous le voile du Sacrement, au face à face de la Mère « Ces choses là  vont ensemble », si « elles ne peuvent pas être comparées ».

Les récompenses surnaturelles, décernées par Jésus et Marie aux âmes qui les servent, sont plus nombreuses, en ce monde, que ne l'imaginent les superficiels. Les intimités du Divin sont faites de douceurs sans pareilles. La vie des Saints est pleine de ces gâteries excessives : la Croix a distillé des baumes qui leur ont procuré des surabondances d'allégresse dans les tribulations ; la douleur est devenue leur volupté ; leurs mécontentements ont fait leurs joies. Ceux-là mêmes qui restent étrangers à ces ivresses de la sainteté ne laissent pas, dans la vie ordinaire, que de bénéficier de l'admirable système de compensations institué par Dieu, en faveur de ses serviteurs et de ses servantes, pour leur ménager comme des senteurs de roses parmi les meurtrissures des épines...

C'est surtout dans nos églises, devant le tabernacle, que ces grâces rémunératrices sont départies. Autrefois, le Psalmiste chantait : « Que tes demeures sont aimables, Jéhovah Sabaoth ! Tes autels, Jéhovah Sabaoth, mon roi et mon Dieu ! Heureux ceux qui habitent ta maison ! Mieux vaut un jour dans tes parvis que mille loin de toi. Je préfère me tenir sur le seuil de la maison de mon Dieu, plutôt que d'habiter sous les tentes des méchants, car Jéhovah Dieu est un soleil et un bouclier ; il donne la grâce et la gloire ». Qu'eût dit le chantre d'Israël, s'il avait pu entrevoir, et, mieux encore, savourer l'Eucharistie ?... C'est dans le commerce eucharistique, aux heures d'adoration, de communion, d'actions de grâces, que se font sentir les plus enchanteresses pénétrations de Dieu... La Dame, elle-même, ne nous trouve jamais plus beaux, n'est jamais autant portée à nous bénir, que lorsque, comme Bernadette, elle nous voit dans la posture de la prière, en nos églises paroissiales, sous l'influence directe du Très Saint-Sacrement Passion de l'Eucharistie, quand serez- vous la mienne, comme vous avez été, à partir de son institution, le soir du Jeudi Saint, la passion de Marie ? O manifestations, ô caresses maternelles de la Dame ! Ô Epiphanies, ô donations particulières, ô tendresses du Fils ! « Ces choses-là vont ensemble et ne peuvent pas être comparées ».

 

Examen

 

N'avons-nous pas une piété intermittente, faite d'accès les jours de grande solennité, et de calme plat, sinon de dégoût et d'infidélités, le reste du temps ?... Bernadette aimait et servait également la Dame, quoiqu'elle ne parût point... Attachons-nous à la Première Communion l'importance qu'elle mérite, surtout à une époque et dans une société où la Première Communion devient souvent le seul acte public de religion que l'on fasse en toute sa vie ?...

Comment préparons-nous nos enfants à la Première Communion ? Leur en parlons-nous longtemps à l'avance pour faire miroiter devant leurs yeux cette céleste perspective, pour accélérer les palpitations d'amour de leur cœur innocent ? Les faisons-nous prier avec nous, au pied de leur lit, dans une chambre recueillie et non pas au milieu des conversations de famille, pour obtenir de Dieu et de la Vierge la grâce de les préparer à la venue de ce grand jour ?... Leur faisons-nous, nous-même le catéchisme, leur inspirant le goût de ce livre, leur faisant apprendre, réciter, comprendre leurs leçons ?... Ne sommes-nous pas de ces pères qui ne parlent jamais de Religion devant leurs enfants et qui font croire de bonne heure à leur fils, par leurs criminels exemples, que la Religion n'est bonne que pour les femmes ?... Ne sommes-nous pas de ces mères inintelligentes, volages, qui se déchargent à peu près exclusivement de la question religieuse, pour ce qui regarde leurs enfants, sur les éducateurs et les éducatrices à qui elles les ont confiés ?...

Nous occupons-nous des enfants pauvres pour les habiller, des enfants élevés entièrement dans l'ignorance de Dieu à la mode laïque, pour les instruire ?... Au lieu de gaspiller notre temps et nous plaindre de nos trop longs désœuvrements ou de notre ennuyeuse solitude, ne pourrions-nous pas, ne devrions-nous pas, catéchistes volontaires, adopter des petits garçons, des petites filles, qui sans nous seraient des échantillons du paganisme moderne, pour remplir envers eux nos devoirs de religieuse paternité, maternité... Ignorons-nous qu'on compte par milliers dans nos grandes villes les enfants non baptisés, et les jeunes gens qui, baptisés, n'ont jamais communié ?... Oh ! On se ferait volontiers catéchiste des enfants appartenant à des familles aisées et surtout riches... Mais catéchiste des enfants déguenillés, mal-propres, comme il y en a tant dans nos cités par l'incurie ou la misère des parents !... Bernadette fut instruite à la chapelle de l'Hospice...

Célébrons-nous chaque année l'anniversaire de notre première Communion ? Nous rappelons-nous ce que nous étions alors et ce que nous avons promis ?... Le souvenir de notre première Communion n'est-il pas pour nous accusateur ?... Il l'est sûrement, si nos communions subséquentes ont eu moins de ferveur, au lieu d'en avoir davantage.... La première fois, nous étions nécessairement, à cause de notre âge, des novices de la Communion ; par la répétition des mêmes actes, nous aurions dû devenir, si je puis ainsi dire, des profès : quelle erreur de croire et quelle honte d'être contraint d'avouer que notre première Communion fut la plus belle non seulement à cause de sa poésie, mais encore à cause de nos dispositions !... Comme si à vingt ans, à quarante ans, et plus tard, on ne devrait pas être, religieusement, plus habile, plus parfait qu'à douze ans !...

Communions-nous souvent, selon le désir de Notre-Seigneur et la pressante invitation que vient d'adresser Pie X, son vicaire infaillible ?... Des scrupules entretenus par le Démon qui y trouvera son compte, des paresses spirituelles plus ou moins avouables, ne nous éloignent-ils pas, malgré l'avis contraire de notre confesseur, de la  sainte Table : Que valent nos préparations éloignées et prochaines ?... nos actions de grâces ?... nos visites au Saint Sacrement dans la soirée ?... nos assistances aux Saints ?... Faisons-nous de l'Eucharistie notre divine panacée dans les doutes, dans nos peines, dans nos chutes ?... Marie ne nous attire à elle que pour nous jeter dans le Cœur de Jésus...

 

Prière

 

O Notre Dame, sans vous manifester extérieurement à Bernadette pendant les deux mois qui précédèrent sa Première Communion, vous ne laissâtes pas que de la travailler intérieurement. Et si sa mère se chargea, au foyer, de la robe blanche et du voile dont elle avait besoin, comme première communiante, pour la toilette de son corps, c'est vous sa Mère du Ciel, qui vous occupâtes particulièrement de la parure de son âme. Hélas ! vous savez les épreuves par lesquelles passent aujourd'hui les premiers communiants : aidez les prêtres, les parents, les personnes pieuses qui les préparent, et montrez-vous pour cette jeunesse admise, d'ordinaire en ce mois de Mai, à  l'eucharistique festin la Dame véritable de la première Communion.... C'est aussi l'usage, en ce grand jour, qu'après avoir ratifié, la main sur l'Evangile, ses promesses baptismales, on se consacre à vous ... Acceptez cette consécration de vos enfants de France tout parés de blancheur et, par un attrait plus vif pour le Bien, par une perception plus nette de vos beautés sans tache, donnez-leur, comme récompense, la plus précieuse qu'ils puissent recevoir, d'avoir, pour vous et leur Dieu Jésus-Christ, une fidélité qui ne s'altère point...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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27 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-huitième jour

Le Cierge bénit

 

A partir du jour de l'Annonciation, la douce Vision ne reçut plus le nom vague et impersonnel de « la Dame », mais bien le nom plus tendre et mieux déterminé de Notre Dame de la Grotte ou de Notre Dame de Massabielle. Les fêtes de Pâques suivirent de très près le jour où la Dame du rocher s'était déclarée la Mère Immaculée du divin Rédempteur. Heureux et fiers de ce que la Reine du ciel prenait droit de cité parmi eux, les habitants de Lourdes allèrent avec enthousiasme s'asseoir au banquet eucharistique ; à part quelques philosophes sans foi, l'entraînement fut général. Tandis que la ville était dans l'allégresse, la petite fille, objet des prédilections de la Vierge, devrait-elle être mise à l'écart et sevrée des joies de la Résurrection ? Le cœur de la céleste Mère ne put y consentir, et le mercredi de Pâques, 7 avril, nous retrouvons encore Bernadette à la Grotte, contemplant dans les jubilations de l'extase son affectionnée et puissante protectrice. Ce fut la Dix-septième Apparition. Le docteur Dozous qui en fut témoin va s'en faire pour nous le narrateur :

« Bernadette était à genoux, récitant avec une ferveur angélique les prières de son chapelet qu'elle avait à la main gauche, pendant qu'elle tenait de la main droite un gros cierge bénit allumé. Au moment où elle commençait à faire à genoux son ascension ordinaire, il survint tout à coup un temps d'arrêt dans ce mouvement, et sa main droite, se rapprochant alors de la gauche, plaça la flamme du gros cierge sous les doigts de cette main, assez écartés les uns des autres pour que cette flamme pût facilement passer entre eux. Activée en ce moment par un courant d'air assez fort, elle ne parut produire sur la peau qu'elle atteignait aucune altération. Étonné de ce fait étrange, j'empêchai que personne ne le fît cesser et, prenant ma montre, je pus, durant un quart d'heure, l'observer parfaitement. Bernadette, après cet intervalle de temps, toujours en extase, s'avança vers le haut de la Grotte, en déplaçant ses mains et les éloignant l'une de l'autre. Elle fit ainsi cesser l'action de la flamme sur la main gauche. Sa prière terminée et la transfiguration de son visage ayant disparu, Bernadette se leva et se disposa à s'éloigner de la Grotte. Je la retins un moment et je lui demandai de me montrer sa main gauche que j'examinai avec le plus grand soin. Je ne trouvai nulle part la moindre trace de brûlure. M'adressant alors à la personne qui s'était emparée du cierge, je la priai de le rallumer et de me le remettre. Aussitôt, je plaçai plusieurs fois de suite la flamme du cierge sous la main gauche de Bernadette qui l'en éloigna bien vite, en me disant : « Vous me brûlez. »

Trois concupiscences, trois flammes, peuvent nous brûler et nous brûlent trop souvent. La flamme de la sensualité : première concupiscence ! Qui n'en connaît les ravages ? En chacun de nos organes, de la plante des pieds au sommet de la tête, elle est capable de nous faire sentir ses brûlures. Pas n'est besoin qu'elle soit très vive, tant elle est pénétrante, pour nous contraindre de crier, où qu'elle nous atteigne : « Vous me brûlez ! » Elle brûla la pauvre Eve. Elle brûle tous ses imitateurs... Mais elle fut impuissante sur Marie, l'Eve nouvelle, comme elle ne peut rien sur les enfants fidèles de Marie. C'est que pleine de grâce, la femme bénie, entre toutes les femmes, fut pleine aussi de pureté ; or, la pureté reçue, conservée en une âme, frappe d'impuissance la concupiscence de la chair, quelque ardente qu'elle soit... Heureux les cœurs purs : les flammes charnelles ne les brûleront point !... « Je ne trouvai nulle part, disait le docteur Dozous, la moindre trace de brûlure ».

La flamme de la curiosité : deuxième concupiscence ! Elle aussi est destructive. On veut savoir les pourquoi, les comment des choses, pénétrer les arcanes des êtres. On est intrigué surtout par les mystères du Mal : on en subit la fascination. Ayant vu, on a hâte d'apprendre encore, par expérience, ce que la richesse, enviée chez les autres, comporte de jouissances dans l'organisation et la pratique de la Vie. Autant de points d'interrogation qui, piquant l'intelligence et le cœur, comme des pointes de feu, nous obligent à crier : « Vous me brûlez ! ».... Ainsi fut brûlée Eve par le Serpent perfidement interrogateur. Ainsi sont brûlés la plupart de ses fils et de ses filles qui demandent aux conversations imprudentes, aux lectures corruptrices, aux spectacles obscènes, aux acquisitions indélicates, aux vols déguisés ou manifestes, le bonheur illusoire de savoir, de voir, de posséder... Tout autre fut la seconde Eve, la très Sainte Vierge Marie : elle crut à la parole de l'ange, et la foi, annihilant en son âme la curiosité naturelle, elle s'en remit à la puissance, à l'amour, à la fidélité de Dieu. A cette condition seulement, nous pourrons, nous aussi, ressembler à Bernadette. « Je ne trouvai nulle part, disait le docteur Dozous, la moindre trace de brûlure ».

La flamme de la superbe : troisième concupiscence ! Elle est la plus dévastatrice : on la trouve à la racine de tout péché. Sans elle, les sens ne s'insurgeraient point contre l'esprit, de même que les yeux ne s'ouvriraient point aux visions subversives. Mais on a un fonds de vanité qui fait qu'on se pavane, étalant ses qualités, vraies ou supposées, comme le paon, dans les basses-cours ou les parcs, étale les couleurs de sa queue ; on a un fonds d'amour-propre qui fait qu'on se recherche soi-même, avec la persuasion qu'on est ou qu'on pourrait être, en donnant sa mesure, supérieur à tous ; on a un fonds d'orgueil qui fait qu'on s'imagine ne produire que des pensées justes et profondes, à la manière des génies ; que des actes éclatants, à l'instar des héroïnes et des héros. En ce triple fonds gît, chez nous, au sommet de la tête, la superbe, avec ses dédains, ses prurits, ses fièvres. Elle met notre esprit en ébullition permanente, comme la sensualité y met notre corps ; la curiosité, notre cœur. Et ainsi, à chaque instant, est-on contraint de se tourner vers elle pour lui dire, tant elle est échauffante : « Vous me brûlez ! »...

Elle brûla Eve. Elle brûle les ambitieux, les ambitieuses qui travaillent, par tous les moyens possibles, y compris les malhonnêtes, à dominer, à éclipser les rivaux, les rivales... Rien de tel en Marie : de l'humilité pour abattre la superbe, encore de l'humilité, toujours de l'humilité ! Mère de Dieu, elle se définit servante du Seigneur, sans jamais, dans l'Evangile, s'attribuer un autre titre... Quel exemple ! Mais aussi quelle grandeur en cet abaissement ! La superbe fut châtiée en Eve par la révélation immédiate de la bête humaine, substituée à la déesse manquée.... L'humilité, en Marie, fut récompensée par la royauté, terrestre et céleste, décernée à la femme spiritualisée... Si nous ressemblons à la première, orgueilleuse, nous n'échapperons point aux flammes torturantes, et notre tête, comme d'ailleurs notre cœur et notre corps, sera un volcan fertile en éruptions... En ressemblant à la seconde, humble, nous ne connaîtrons que les feux qui, insensibilisant la nature, rendent plus douces les transformations de la grâce... « Je ne trouvai nulle part, disait le docteur Dozous, la moindre trace de brûlure »....

 

Examen

 

N'auriez-vous pas voulu être du nombre de ceux et celles qui, ayant appris de Bernadette, à  Lourdes, la définition, par la Dame, de l'Immaculée-Conception, se rendaient à la Grotte pour dire en des supplications fraîches comme la grande nouvelle : « Notre-Dame de la Grotte, Notre-Dame de Massabielle, priez pour nous » ?... Avez-vous remarqué la relation religieuse du fait des Apparitions avec le regain de vitalité des communions pascales, cette année-là, en l'église de Lourdes ? Là-bas encore, la raison d'être de Marie était Jésus : elle en est le chemin bordé de lys... Vous qui vous plaignez dans vos paroisses de la diminution des Pâques, développez d'abord le culte de Marie : elle est comme le dais odorant sous lequel Jésus, le Très-Saint Sacrement, se plaît à se montrer pour passer parmi nous... Cette apparition de Marie, le mercredi de Pâques, ne vous a-t- elle pas fait songer aux apparitions de Jésus ressuscité ?... La date du 25 mars 1858 était comme la date de la glorieuse Résurrection du culte de Marie pour les temps qui vont venir, et l'Immaculée apparaissait dans l'intimité à Bernadette comme Jésus à ses apôtres ravis de joie en le revoyant...

Savez-vous que le cierge est le symbole de Jésus qu'on offre à Dieu pour être soi-même moins indigne ? La cire représente le corps du Sauveur ; la mèche insérée, son âme ; la lumière, sa divinité. Comprenez- vous dès lors le rôle du cierge ?... Jeanne d'Arc disait à ses juges : « J'ai aussi offert des cierges par la main du prêtre devant l'autel de sainte Catherine, en l'honneur de Dieu, de la Sainte Vierge et de mes deux saintes ; mais je n'en ai jamais allumé autant que j'aurais voulu »... Etonnez-vous des cierges offerts aussi par Bernadette... N'en concluons pas, comme certaines bonnes femmes, que toute la religion consiste à allumer des cierges, que le cierge dispense, par conséquent, tant il tient notre place devant Dieu, de prier, de restituer, de se confesser et de communier... Nous ressemblerions alors, si vous me permettez ce souvenir plaisant, au cocher de fiacre de Paris arborant une tige de buis à la tête de son cheval, le dimanche des Rameaux, et disant d'un air très convaincu : « On a de la religion, dame, ou l'on n'en a pas ! »

Quels sont en nous les sens qui nous font ou voudraient nous faire sentir leur brûlure ?... Si votre pied vous scandalise, a dit Jésus, coupez-le ; si votre main vous scandalise, amputez-la ; si c'est votre œil, arrachez-le... Pratiquons-nous la mortification de la chair pour rester purs ?... N'avons-nous pas, sans la mortifier suffisamment, la concupiscence des yeux ?... Que sont nos curiosités, nos avidités ?... Un jour, il faudra tout quitter et nous quitter nous-mêmes... Comment domptons-nous l'orgueil, la vanité, l'amour-propre, l'instinct de domination ?... Fiers au dehors par parade, ne sommes-nous point, dans l'ombre, les plats valets de l'ambition, sous couleur de dévouement et même de piété, recourant ainsi diplomatiquement aux grandes choses comme à un beau manteau pour cacher nos platitudes ?... Est-ce que, nonobstant nos apparences de santé surnaturelle, un médecin d'âme qui nous ausculterait pourrait rédiger un bulletin analogue à celui, du docteur Dozous pour Bernadette : « Je ne trouvai nulle part la moindre trace de brûlure » ? Dans les âmes même réputées vertueuses, il y à ce qu'on voit avec ses naïvetés de regard et ce qu'elles montrent pour donner le change, et il y a, ensuite et surtout, à l'insu du grand nombre, ce qui est...

 

Prière

 

O Notre Dame, un de vos serviteurs les plus illustres, mort naguère au sein de souffrances chrétiennement supportées, Huysmans, de sa plume parfois malicieuse jusqu'à l'injustice mais toujours originale et artistique, écrivait, à propos des cierges qui brûlent sans intermittence sous les excavations de votre Grotte : « Le spectacle de ces milliers de cierges en ignition est admirable ! Quels navrements désordonnés et quels espoirs troublants ils recèlent ! De combien d'infirmités, de maladies, de chagrins de ménage, d'appels désespérés, de conversions, de combien de terreurs et d'affolements ils sont l'emblème ! Cette grotte, elle est le hangar... où tous les écrasés de la vie viennent s'abriter... le refuge des existences condamnées, des tortures que rien n'allège ; toute la souffrance de l'univers tient condensée en cet étroit espace. Ah ! Les cierges, ils pleurent des larmes désolées de mères... et tous sont fidèles à la mission dont ils furent chargés ; tous, avant d'expirer, se tordent plus violemment, jettent un dernier cri de leurs flammes, devant la Vierge »... Moi aussi, ô Notre Dame, pour le Christ et pour vous, je veux être un cierge. Gardez-moi blanc, droit, rayonnant. Pour que je sois, en quelque manière, inextinguible, à l'encontre du cierge de Bernadette éteint depuis longtemps, donnez à ma flamme mourante d'allumer d'autres cierges : d'autres âmes. Grâce à cette transmission de lumière, quand sera épuisée ici-bas ma provision de cire, je laisserai du moins, en votre honneur, d'autres clartés. Je me survivrai de la sorte à moi-même, et cette survivance terrestre sera, pour votre gloire, un accroissement de ma lumière, au Ciel !

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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26 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-septième

« Je suis l'Immaculée Conception ! »

 

Le moment le plus solennel des Apparitions était venu : la grande révélation, sorte de codicile du Nouveau Testament pour la mise en relief de la figure de Marie et les besoins des temps modernes, allait se faire. Recueillons-nous et écoutons Bernadette nous narrer elle-même, elle en est seule capable, ces choses merveilleuses.

« Quand je fus à genoux devant la Dame, je lui demandai pardon de ce que j'arrivais en retard. Toujours bonne pour moi, elle me fit signe de la tête que je n'avais pas besoin de m'excuser. Alors je lui exprimai toutes mes affections, tous mes respects et le bonheur que j'avais de la revoir. Après l'avoir entretenue de tout ce qui me vint dans le cœur, je pris mon chapelet. Pendant que j'étais en prières, la pensée de lui demander son nom se présenta à mon esprit avec une persistance qui me faisait oublier toutes les autres pensées. Je craignais de me rendre importune en réitérant une demande toujours demeurée sans réponse, et cependant quelque chose m'obligeait à parler. Enfin, d'un mouvement que je ne pus contenir, les paroles sortirent de ma bouche, et je priai la Dame de vouloir bien me dire qui elle était.

Comme à mes précédentes questions, la Dame inclina la tête, sourit, mais ne répondit pas. Je ne sais pourquoi, je me sentis plus courageuse, et je revins à lui demander la grâce de me faire connaître son nom. Elle renouvela son sourire et sa gracieuse salutation, mais elle continua à garder le silence. Une troisième fois, les mains jointes, et tout en me reconnaissant indigne de la faveur que je réclamais, je recommençai ma prière. La Dame se tenait debout au-dessus du rosier et se montrait comme elle se montre dans la médaille miraculeuse. A ma troisième demande, elle prit un air grave et parut s'humilier... Elle joignit ensuite ses mains et les porta sur le haut de la poitrine... elle regarda le ciel... puis, séparant lentement les mains et se penchant vers moi, elle me dit, en laissant trembler sa voix : « Je suis l'Immaculée Conception ».

Le grand mystère de la Grotte était enfin manifesté. Or, en répondant à Bernadette : « Je suis l'Immaculée Conception », la Dame faisait entendre au monde la réponse victorieuse des trois hérésies contemporaines. L'hérésie, par la bouche du Naturalisme, avait dit : Il n'est point de Surnaturel. Mystères et miracles sont impossibles : la Nature suffit à tout ; la Raison comprend tout ; la Science, enrichie des modernes découvertes, explique, supplante tout. La Foi, c'est donc l'erreur ; la Grâce, une chimère; la Révélation, un leurre... Et tandis que le Naturalisme parlait si mal et criait si fort, la Vierge est apparue, à Lourdes, à une enfant innocente qui priait ; et l'Apparition, intrinsèquement surnaturelle, historiquement authentique, renouvelée jusqu'à  maintenant seize fois, a montré qu'une fois de plus, selon sa vieille et incorrigible habitude, l'hérésie avait abominablement menti.

De vrai, si Marie est Immaculée dès le premier instant de sa Conception, en vue des mérites du Christ, que s'ensuit-il ? Il s'ensuit que tous les hommes sont maculés dans leur conception, à cause de leur solidarité avec Adam pécheur ; il s'ensuit que nous avions tous besoin d'une Rédemption; il s'ensuit que le Surnaturel déborde le monde par la Foi et la Grâce, jaillies du Cœur du Christ, sur le Calvaire, avec le sang rédempteur ; il s'ensuit que le mystère de toutes parts nous environne, que le miracle est un jeu de la puissance créatrice, une caresse plus chaude du divin amour, et que le Naturalisme, avec ses dénégations tapageuses, n'est qu'un nouveau mode de détraquement du pauvre esprit humain... L'hérésie, par la bouche du Matérialisme, avait dit : « La Matière est la reine du monde ; nous n'avons pas à nous occuper de l'Esprit ; nous ignorons son existence ; en tout cas, il ne peut être que de la matière organisée. Ce qui est palpable, tangible : voilà ce qu'il faut croire, voilà ce qui est beau ! »

Et tandis que le Matérialisme parlait si mal et criait si fort, la Vierge est apparue, à Lourdes, à une enfant innocente qui priait ; et sa figure d'une beauté sans ombre respirait une pureté sans tache. Et elle recommandait la prière et la pénitence pour les pécheurs ; et elle ordonnait la construction d'une chapelle, abri des chastetés humaines ; et elle invitait les âmes plus que les corps à se rafraîchir dans les ondes purificatrices ; et elle prescrivait de manger l'herbe des mortifications qui épurent la vertu, au lieu de s'asseoir aux banquets plantureux qui déchaînent la luxure ; et, à la voyante l'adjurant de décliner son nom, elle répondait : « Je suis l'Immaculée Conception ».

Et cette définition, consécration des symboles, des gestes précédents, a démontré mieux que toutes les argumentations que le Matérialisme n'est qu'une élucubration morbide de la chair et du cœur, et qu'une fois de plus, selon sa vieille et incorrigible habitude, l'hérésie avait abominablement menti. L'hérésie, par la bouche du Libéralisme avait dit : « Ils ne sont plus, les temps où le trône s'appuyait sur l'autel, l'épée sur la croix. D'autres idées mènent le monde. Si respectable soit-elle, la religion catholique ne doit plus être traitée en favorite. Que l'Eglise soit libre dans l'Etat libre ! Qu'on accorde à toutes les confessions religieuses les mêmes droits ; que tous les citoyens jouissent également de la liberté de croire, de penser, d'écrire, de parler, d'agir, et que la Presse, disciplinée, s'il y a lieu, par une censure pourtant large, devienne à travers le monde le véhicule vertigineux des libertés conquises ! L'ultramontanisme est suranné, fini : que le Pape ne s'ingère point dans nos affaires sociales, qu'il s'occupe de spiritualité, tant qu'il voudra, mais qu'il ne s'avise point de se réclamer d'une infaillibilité chimérique pour nous imposer de nouvelles croyances !... »

Et tandis que le Libéralisme parlait si mal en ses insinuations si perfides, la Vierge est apparue, à  Lourdes, à une enfant innocente qui priait ; et, après avoir révélé ses secrets, intimé ses ordres, elle a dévoilé sa céleste identité, en disant : « Je suis l'Immaculée Conception ! » Et cette simple définition a renversé de fond en comble l'édifice du système libéral... Si Marie est seule l'Immaculée Conception, il en résulte que, par contre, nous apportons tous en venant au monde le péché originel, et qu'en butte à la concupiscence, nous naissons devant Dieu, en un état de malédiction, plus enclins à l'Erreur qu'à  la Vérité, au Mal qu'au Bien. Mais si telles sont nos inclinations natives, il s'ensuit que mettre, au point de vue des libertés, l'Erreur et la Vérité, le Mal et le Bien sur un même pied d'égalité, c'est infliger à la Vérité et au Bien un mépris dont personne ne les relèvera, c'est favoriser la prépondérance de l'Erreur et du Mal, c'est s'exposer fatalement à pervertir les masses, et mener les âmes, les familles et les sociétés aux pires cataclysmes...

Au surplus, si Marie est l'Immaculée Conception, et si, pour justifier cette appellation basée sur une prérogative spéciale, elle opère, à Lourdes, dans l'ordre physique, intellectuel et moral, des cures prodigieuses que les moins clairvoyants et les moins sympathiques, pourvu qu'ils soient de bonne foi, sont contraints de constater, il faut conclure logiquement que l'Eglise catholique, qui revendique pour elle, comme il est juste, le bénéfice des Apparitions et des miracles à Massabielle, doit être considérée, non comme une étrangère à qui, par bonté de cœur, on peut concéder la tolérance, mais plutôt comme une Mère et une reine à qui les pouvoirs humains doivent amour, respect, docilité, défense et protection...

Enfin, si cédant à une inspiration du Saint-Esprit et obtempérant aux désirs les plus ardents de la piété chrétienne, le Pape proclame, le 8 décembre 1854, le dogme de l'Immaculée Conception ; et si, quatre ans plus tard, le 25 mars 1858, Marie descend du Ciel pour affirmer elle-même qu'elle est, effectivement, l'Immaculée Conception, il faut en inférer de toute nécessité qu'en matière doctrinale, le Pape est infaillible, puisque ce qu'il définit à Rome se trouve ratifié à Lourdes... Voilà comment la Dame a montré, une troisième fois que, selon sa vieille et incorrigible habitude, l'hérésie libérale avait, elle aussi, abominablement menti !

 

Examen

 

N'êtes-vous pas frappé de l'action de la grâce dans l'âme de Bernadette en prière ?... « La pensée de lui demander son nom se présenta à mon esprit avec une persistance qui me faisait oublier toutes les autres pensées ».... Il est des choses que nous sommes portés à demander fréquemment à Dieu dans nos prières, malgré quelquefois les nombreuses déceptions éprouvées et les efforts que nous faisons pour n'y plus songer du tout... N'y-a-t-il pas là  en nous un travail, un courant mystérieux de la grâce ?... Le Saint-Esprit qui prie en nous est le divin souffleur... Si nous savions l'écouter, lui obéir !... Nous nous plaignons de ne point recevoir pour nos demandes les réponses du Ciel, Nous le croyons fâché contre nous. Erreur : La Dame inclina la tête, sourit, mais ne répondit pas... Que d'étonnements nous aurons dans l'Eternité, quand Dieu nous initiera à ses sourires sans réponse !...

Persévérons-nous comme Bernadette dans nos prières malgré les délais de Dieu à nous exauce ?... Elle recommença jusqu'à trois fois avec des renchérissements de ferveur et d'humilité sa demande... « Une troisième fois, les mains jointes, et tout en me reconnaissant indigne, je recommençai ma prière »... Quand nous avons à décliner notre nom, nos titres, ne lit-on pas sur notre physionomie les satisfactions d'un orgueil plus ou moins raffiné ?... Ne les déclinons-nous pas même sans raison, pour le puéril plaisir de paraître quelqu'un, oubliant parfois que les titres dont nous nous prévalons, au lieu d'être la justification de nos mérites, sont la rançon, indigne sinon sacrilège, de l'argent donné, des cadeaux multipliés, des bassesses commises ?... Nous n'en devrions jamais parler pour nous épargner les rires des malins, les compliments des hypocrite, des faibles ou des sots.... Et nous avons à la langue d'insatiables démangeaisons !... La Dame prit un air grave, parut s humilier et regarda le ciel avant de donner sa réponse...

Remercions-nous la Sainte Vierge de nous faire vivre à une époque où nous la pouvons invoquer sous un vocable nouveau ?... Immaculée, elle l'était, nous le savions, mais nous sommes bien plus sûrs de lui être agréables aujourd'hui, en l'appelant comme elle s'est appelée elle-même... Cette définition fait la gloire de notre siècle et le bonheur des Enfants de Marie dignes de ce beau nom... Quoique notre orthodoxie soit, je le suppose, à l'abri de toute atteinte du hideux Modernisme condamné par l'Eglise, ne nous conduisons-nous pas, sur tel ou tel point, en hérétiques ? Sommes-nous des âmes de Foi ?... La Foi, il faut l'admettre théoriquement, mais il faut aussi la vivre.... Vivons-nous en état de grâce ?... Comptons-nous plus sur la grâce que sur nos personnels efforts ?... Ne sommes-nous pas des Rationalistes à notre manière, ayant toujours peur de faire la part trop large à la Foi, trop petite à la Raison ?... Ne subissons-nous pas les engouements, les griseries, les infatuations de la Science et de la Critique modernes ? Avant d'être un savant, un critique ou mieux, pour être, sans crainte de se fourvoyer, un savant, un critique, il faut être un chrétien docile aux données de la Révélation... N'oublions jamais que nous ne sommes que des roseaux pensants et que, pour ne pas rompre, nous avons besoin de plier devant l'autorité divine et de nous appuyer toujours sur le chêne immortel qu'est l'Eglise...

Ne sommes-nous pas aussi quelque peu Matérialistes, en pratique ?... Pour nous l'âme est-elle plus que le corps ? que sont nos prières, nos mortifications, nos énergies, nos espérances en face des tombeaux ?... Quelle est notre pureté ?... Sous prétexte que tout pouvoir émane de Dieu et qu'il faut obéir aux pouvoirs établis, ne sommes-nous pas des adorateurs des soleils levants, des domestiques du pouvoir civil, des apologistes de la loi, quelle quelle soit, parce qu'elle est la loi ?... Ne prenons-nous pas trop facilement notre parti des humiliations, des rapines, des injustices dont l'Eglise est l'objet, faisant fléchir les principes pour mettre en œuvre les plus honteux expédients ?... N'oublions-nous pas que, depuis le péché originel, la liberté dégénère très vite en licence et qu'il importe pour soi, pour les familles et les peuples, de tenir en laisse les humaines passions ?...

Voyons-nous dans les faits et les miracles de Lourdes une nouvelle preuve, fournie par Marie, de la divinité et de l'éternelle fécondité de l'Eglise catholique dont nous sommes les fils ?... Acceptons-nous avec reconnaissance les encycliques du Souverain. Pontife, qu'elles cadrent ou non avec nos préférences et notre mentalité ?... Il en est qui veulent bien avoir les idées du Pape, mais à condition, admirez leur modestie, que le Pape ait leurs propres idées.... Avons-nous été heureux et fiers des condamnations récentes dont Rome a frappé les agissements de la Politique et les élucubrations de l'Hérésie ?... Ne parlons-nous pas, avec trop de sans-gêne et sans autre compétence que celle que nous attribue l'orgueil, des décisions pontificales ?... La voix de Rome sera toujours la voix de Dieu. Ecouter Pierre c'est écouter Jésus. La Dame, à quatre ans de distance, se fit l'écho du Pape...

 

Prière

 

O Notre Dame, bénie soyez-vous d'avoir condescendu à vous définir vous-même l'Immaculée-Conception ! Vous seule pouviez, en toute vérité, vous décerner un pareil titre. Vous le deviez à Dieu le Père qui, comme Fille privilégiée, vous avait comblée de grâce, à Dieu le Fils qui, comme Mère, vous voulut toute pure, à Dieu le Saint-Esprit qui, comme Epouse, vous para de tous les joyaux de la sainteté la plus étincelante. Vous le deviez à la terre pour y détruire les erreurs. Et comme si ce n'était point assez d'avoir réduit en poudre les affirmations du Naturalisme, du Matérialisme et du Libéralisme d'il y a cinquante ans, vous venez d'inspirer à Pie X, notre bien aimé Pontife, une encyclique qui tuera l'arrogant Modernisme. Car c'est vous, il n'y a pas à en douter, qui, à l'aurore des Noces d'or de vos apparitions aux Pyrénées, avez décidé le Pape à frapper ce grand coup. Ne semble-t-il pas l'insinuer lui-même, quand à la fin de sa Lettre : Pascendi Dominici Gregis, il écrit : « Que la Vierge Immaculée, destructrice de toutes les hérésies, vous secoure de sa prière ». Vous nous secourrez intellectuellement, moralement, socialement, ô Vierge Immaculée, et nous serons sauvés...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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25 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-sixième jour

Préparatifs

 

Du 4 au 24 mars, tous les jours et à chaque heure du jour, un mouvement incessant de va-et-vient était établi sur le chemin du Pont-Vieux, et le dessous de la Grotte ne désemplissait jamais. Le dimanche, en particulier, les travaux des champs étant suspendus, on voyait, sur toutes les routes, de longues files de villageois qui venaient renouveler leurs hommages à la Dame de Bernadette. Quant à l'enfant, ne soupçonnant pas qu'elle pût être l'objet d'une attention quelconque, elle ne mettait aucun soin ni à se cacher, ni à se produire. Quatre fois par jour, comme avant les Apparitions, elle traversait une partie de la ville causant et babillant avec ses camarades d'école...

Souvent, le soir, à la sortie des classes, on apercevait une jeune fille se détacher sans bruit de ses compagnes et prendre en toute hâte la direction de Massabielle. Parvenue sous le rocher elle baisait la terre, jetait un regard ardent sur la niche et répandait son cœur dans une affectueuse prière. Avant que la nuit arrivât, elle se levait souriante, faisait un salut d'adieu et disparaissait avec le même empressement qu'elle était venue... Cette jeune fille n'était autre que Bernadette. Aux jours où l'école était fermée, elle allait passer de longues heures avec Celle qui lui avait promis de la rendre heureuse, non pas en ce monde, mais dans l'autre. Elle ne se présentait plus à la Grotte comme durant la quinzaine des Apparitions, c'est-à-dire accompagnée de la foule et à travers les ovations. Elle arrivait seule, enfoncée dans son capulet et faisant le moins de bruit possible. Soit par un sentiment d'humilité, soit pour ne pas attirer l'attention des assistants, elle franchissait la place qu'elle occupait au temps des visions et allait se réfugier au fond de la Grotte. Là, recueillie, effacée, souvent inconnue, elle se livrait à ses méditations et récitait avec piété son petit chapelet.

L'intérieur de la Grotte avait changé d'aspect. Des mains pieuses y avaient élevé un autel rustique, sur lequel on avait placé une statue de la Sainte Vierge. A cette statue, on avait bientôt ajouté des médailles, des cadres, une foule d'objets de piété, comme en une chapelle livrée au culte. Des cierges en grand nombre y brûlaient jour et nuit, et les voûtes de Massabielle commençaient à retentir du chant de cantiques en l'honneur de la Madone des Pyrénées. Aucun pèlerin ne quittait la Grotte sans jeter sur le sol, et plus tard dans un coffret, une pièce de monnaie destinée à l'érection de la chapelle réclamée par la Dame. Le petit trésor n'était gardé par personne, et jamais aucune main téméraire n'osa y toucher.

Cependant, une opinion, tenace comme une certitude, régnait à Lourdes et dans toute la contrée environnante relativement aux visions : c'était que la Dame de la Grotte n'avait pas dit son dernier mot. Les merveilles des extases, le jaillissement extraordinaire de la fontaine, les récits et les ambassades de la voyante demeuraient, en effet, sans explication suffisante, si l'Apparition continuait à se taire sur son nom et sur le but de ses visites. Or, les personnes qui analysaient les événements se refusaient à croire qu'un drame dont toutes les données étaient célestes, pût se terminer sans laisser dans les esprits autre chose que le souvenir brillant, mais stérile, d'une représentation théâtrale.

La période du 4 au 24 mars s'était néanmoins écoulée et aucun fait nouveau n'était venu dissiper les nuages, ni précipiter le dénouement attendu. En ce dernier jour, veille de l'Annonciation, un souffle du ciel passa dans toute la région, invitant les âmes pieuses à se rendre, le lendemain à la Grotte de Massabielle... Il faut cependant le dire, on ne vit pas à la Grotte, ce jour-là, les grandes foules des Apparitions précédentes. On y remarquait plutôt, avec quelques hommes agenouillés ça et là, une riche couronne de jeunes vierges et de pieuses mères, faisant une garde d'honneur à la Dame cachée. En obéissant à l'impulsion intérieure qu'elles avaient ressentie, toutes ces âmes d'élite s'étaient pénétrées de la pensée que quelque grand événement se préparait à la Grotte. À l'avance, elles se demandaient quel pouvait être cet événement. Bernadette entendit aussi, la veille, un appel intérieur.

Qu'on juge de sa joie quand elle comprit que la divine Mère l'appelait à un nouveau rendez-vous. Auprès de l'âtre de famille, dans la veillée du 24 mars, Bernadette fit part à ses parents de l'avis intérieur qu'elle avait reçu et parla, comme d'une chose assurée, du bonheur qui l'attendait le lendemain à la Grotte. Toute pleine de cette pensée, elle alla se coucher, mais le sommeil ne put arriver à ses paupières. La nuit lui parut longue et bien des Ave Maria du chapelet passèrent sur ses lèvres. C'était la veille d'une grande fête de la Vierge : l'Annonciation, première page de la genèse évangélique ; et cette fête, étant donné l'appel de la Dame, devait ménager à Bernadette des visions, des auditions, des goûts de paradis. Il est plus difficile de deviner ses impressions que de les analyser. Elle n'avait plus vu la Dame depuis trois semaines, et elle la reverrait le lendemain : quelle poésie en une telle perspective ! On comprend son insomnie : les grandes allégresses, comme les grandes douleurs, empêchent de dormir...

Les âmes pieuses perçoivent aussi les appels de la grâce. En la vigile des fêtes, quand les cloches sonnent les premières Vêpres et l'Angélus du soir, la voix de la Dame et de Jésus retentit en notre être religieux : « Va à confesse, prépare ta communion de demain, je t'apparaîtrai, je te visiterai, je t'emplirai de mes intimités ». Bernadette constata une prévenance insolite. Aussitôt que les premières lueurs du jour parurent, elle quitta sa couchette, s'habilla avec diligence, et, sans écouter son asthme, qui se réveillait dans sa petite poitrine, elle prit, d'un pas agile, le chemin de Massabielle. O confusion pour elle ! La niche était déjà  illuminée et la Dame attendait !... « Elle était là, disait Bernadette, paisible, souriante et regardant la foule comme une mère affectueuse regarde ses enfants ».

L'histoire du monde, notre histoire personnelle, sont remplies des prévenances de Dieu et de la Dame : il est nécessaire que l'Etre, la Sainteté, la Science, la Puissance qu'est Dieu, préviennent le néant, la misère, l'ignorance, la faiblesse qu'est l'homme. Nous ne pourrons jamais arriver avant Dieu. Nous souvenant que l'exactitude, politesse des grands, doit être davantage la politesse des chrétiens, à qui le Christ donne audience, nous devons, nous pouvons cependant être rigoureusement exacts à l'heure de la messe et des autres offices qui se célèbrent en nos temples sacrés...

Que d'indélicatesses, de fautes, je n'ose dire de crimes, dont certains catholiques se rendent coupables sur ce point ! D'une ponctualité mathématique, tels des instruments de précision, aux concerts, aux cours des facultés, aux salons pour les visites et les dîners, ils traînent en longueur, quand il s'agit d'assister à une cérémonie liturgique. Certaines vaniteuses se font même comme une spécialité des retards aux messes, aux sermons, aux Saints, pour se ménager dans l'église une entrée plus sensationnelle !... L'autel est tout illuminé, Jésus, la Dame attendent, et nous n'y sommes point ! Ah ! Si nous savions leur amour impatient !...

 

Examen

 

Quelles que soient les joies sensibles dont nous soyons privés devant le Saint-Sacrement ou l'autel de Marie, continuons-nous, autant que cela est compatible avec nos devoirs d'état, à venir faire notre adoration ou notre visite à la Sainte Vierge ?... Souvent le soir, à la sortie des classes, Bernadette se rendait en toute hâte à la Grotte, et cependant la Dame ne lui apparaissait plus... Nous nous dégoûtons si vite quand nous ne sentons plus rien... Le soir ! Quel moment propice pour la visite à l'église ! Ce fut le soir du Jeudi Saint et au soir de sa vie que Jésus institua l'Eucharistie... La tombée de la nuit fait penser à la tombée de cette nuit où personne ne peut plus travailler et qui s'appelle la mort : la vie est un jour, la mort c'est la nuit et demain, si nous sanctifions la veille, c'est le Ciel !...

Profitons-nous de nos loisirs pour prolonger notre présence à l'église ?... Aux jours où l'école était fermée, Bernadette allait passer de longues heures à la Grotte.... Nous nous plaignons parfois de manquer de temps pour nos exercices de piété... et quand le temps abonde, nous ne faisons pas davantage, si nous ne faisons pas moins, pour Dieu et Marie...

Aimons-nous à nous trouver dans l'église, quand il n'y a personne ou peu de monde, afin de tenir compagnie à Notre-Seigneur, à la Vierge, et de prier avec plus de recueillement... Bernadette arrivait seule à la Grotte et restait seule sous la roche... Ah ! Les coins de chapelle obscure, on les recherche quand on sait en éveiller les échos, en utiliser les ombres... Comme la Grotte fut promptement transformée en chapelle rustique !... On a beau voler les Fabriques et chercher à appauvrir le Culte, les dons des fidèles ne manqueront jamais... Quand l'Eglise n'aura plus l'or des Rois de l'Orient, elle aura les présents des bergers... C'est l'éternelle histoire...

Comment sanctifions-nous la veille des fêtes ? La veille c'est l'espérance... Le jour c'est déjà  presque le passé... Obéissons-nous aux appels de Dieu ?... Il nous appelle par la voix de notre conscience, par la vue d'un bon exemple, par le rafraîchissement d'un souvenir, par le son des cloches, par la rencontre d'un prêtre.... Préparons-nous soigneusement la veille au soir notre méditation du lendemain ?... Aspirons-nous en quelque sorte Dieu, en songeant à la messe que nous entendrons, à la communion que nous ferons ?... Bernadette sanctifia tout particulièrement cette veille de l'Annonciation... Ô nuit sainte, ô nuit bienheureuse pendant laquelle l'enfant ne put dormir !... Tardive aurore, devait-elle dire, hâte ton cours...

Que serions-nous sans les prévenances de Dieu ?... Il nous prévient dans notre cœur par les mouvements de sa grâce... Il nous prévient au tabernacle par sa présence perpétuelle... Il ne nous fait jamais attendre.... Il nous attend toujours... Le monde était illuminé par la lumière physique toute vierge, quand Adam fut créé... Notre tête était illuminée par la Foi baptismale, quand la Raison, à l'âge des premiers discernements, nous permit de voir un peu clair... La cathédrale de Reims était illuminée, quand Clovis, au jour de Noël, pour son baptême et celui de ses Francs, y entra... l'illumination de nos autels où se trouvent Jésus et sa Mère : quelle félicité pour des yeux clairvoyants !... Je comprends que le fier Sicambre et tant d'autres aient eu des illusions de Ciel !...

 

Prière

 

O Notre Dame, avec quelle complaisance ne deviez-vous point, à son insu, regarder Bernadette dans la Grotte quand, pleine de votre souvenir, elle venait respirer à Massabielle l'air que vous aviez vous-même respiré !... Elle ne vous voyait point.... Mais elle était bien sûre que vous la contempliez... Est-il besoin de voir pour aimer?... La Foi n'est-elle pas plus illuminatrice que nos yeux?... Faites-nous partager la foi de Bernadette.... Elle n'était point seule l'objet de vos regards : vous les promeniez sur tous ceux et toutes celles qui, à la Grotte, venaient vous invoquer.... Mais aussi immense dut être la joie de cette enfant, quand, la veille, vous lui fîtes part du rendez-vous du lendemain. Et le lendemain, plus diligente qu'elle, comme une Mère impatiente de la revoir et de lui accorder une grâce plus grande, vous l'attendiez dans la niche au milieu d'une apothéose lumineuse. Appelez-nous mystérieusement, à notre tour, prévenez-nous de vos amabilités royales, et que notre passion soit comme en Bernadette de vous voir, de vous prier, d'écouter vos paroles, pour vous servir mieux encore et plus vous admirer !...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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24 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-cinquième jour

La Foule, l'enfant, la Dame

 

Les témoins de l'Apparition du 4 mars purent s'approprier le mot évangélique : « Aujourd'hui nous avons vu des merveilles ». On y vit une merveille de rassemblement populaire. Parmi les personnes éloignées qui avaient projeté le voyage de Lourdes, un grand nombre s'étaient réservées pour le dernier jour de la quinzaine, espérant que la Vierge, ce jour-là, se manifesterait à la Grotte par quelque prodige éclatant. La veille et dans la nuit du 3 au 4 mars, de toutes les parties de la France, mais en particulier des villes et des villages environnants, partirent de petites colonnes de dix, quinze et vingt pèlerins, se dirigeant vers la cité de Marie. Ces caravanes, convergeant vers le même point, se réunirent les unes aux autres comme le ruisseau à la rivière et finirent par créer d'interminables et volumineux courants.

Aux approches de Lourdes, sur les routes de Pau, de Tarbes, de Bagnères et d'Argelès, ces courants humains, vus aux premières lueurs du jour, ressemblaient à quatre grands fleuves, prêts à se heurter les uns contre les autres. Après avoir fait cependant pacifiquement leur jonction sur la place de Lourdes, ils descendaient, en flots précipités et puissants, les pentes abruptes qui se trouvaient derrière la citadelle et allaient se confondre, dans un immense remous, autour de la roche de Massabielle.

Il serait difficile de dire le nombre des spectateurs réunis à la Grotte dans la matinée du 4 mars. Les évaluations les plus modérées le portèrent au chiffre de quinze à vingt mille... Les chemins de fer n'arrivaient pas encore aux Pyrénées, et le concours des pèlerins parut prodigieux. De grand matin, les soldats en tenue de parade, se présentèrent à la mairie et furent échelonnés, l'arme au bras, sur le chemin de Massabielle. Trois ou quatre brigades de gendarmerie appelées du dehors, les unes à pied, les autres à cheval, faisaient circuler dans les rues et les voies que devait parcourir la voyante. La brigade locale, comme un piquet d'honneur, se tenait en faction sous l'arcade de la Grotte. Le maire, l'adjoint et le commissaire de police de Lourdes, ceints de leurs écharpes, se portaient un peu partout, distribuant avec bienveillance les avertissements et les conseils...

Une telle floraison populaire valait infiniment mieux que la floraison du rosier. Là était le miracle. Rien n'est beau comme ces manifestations de la piété publique. Les foules mondaines sont bruyantes, grossières, affolées : il est rare que des désordres, sinon des malheurs, n'assombrissent ou même n'ensanglantent les fêtes du plaisir ; les foules pieuses sont calmes, délicates, dignes ; l'éducation n'est plus la même : elles se ressentent, en leur attitude, du voisinage de la Dame et de Dieu... Pourquoi faut-il que le peuple ait échappé à la Religion, pour se laisser remorquer par l'impiété hâbleuse ? Allons au peuple, obligeons-le à revenir : la Démocratie a besoin de la Dame, comme marraine, pour un baptême divin...

On y vit une merveille de simplicité enfantine. Pendant les préparatifs du dehors et les impatiences de l'attente, que se passait-il à la demeure des Soubirous ? Oh ! Là, rien n'était changé. Le maître et la maîtresse de la maison vaquaient, comme d'habitude, aux petits soins du ménage et se demandaient peut-être comment ils pourraient nourrir leurs enfants pendant la journée. Bernadette, toujours fidèle à ses engagements, sentant l'heure de la vision approcher, se levait prestement et procédait à sa petite toilette. Après s'être agenouillée quelques instants devant le modeste crucifix de cuivre appendu à côté de sa couchette, elle prenait son chapelet du dimanche et partait pour la Grotte.

Dès que la voyante apparut sur le seuil de sa porte, un frémissement, pareil à celui d'une commotion électrique, parcourut les lignes des spectateurs depuis la ville jusqu'au bord du Gave. Chacun se haussait sur les pieds en disant à son voisin : « Bernadette vient », « Bernadette arrive ». L'enfant s'enfonça dans les rangs, sans paraître remarquer la foule des admirateurs et l'appareil déployé sur son passage. Comme s'il eût été question d'une grande dignitaire, deux gendarmes, sabre au clair, vinrent se placer devant elle pour lui tenir le chemin ouvert et la soustraire aux empressements de la multitude. Elle marchait derrière eux, simple, modeste, tranquille et absolument avec la même désinvolture qu'aux jours où elle conduisait son petit troupeau sur les collines de Bartrès...

Aussitôt que Bernadette eut commencé sa prière, la grande voix, la voix tumultueuse qui remplissait le vallon, cessa de se faire entendre. Comme sur un ordre venu du Ciel, toutes les têtes se découvrirent et tous les genoux fléchirent. Saisis d'une secrète terreur, les cœurs battirent d'émotion, et l'on s'attendait à chaque instant à voir éclater, à la Grotte, quelque signe manifeste de la puissance d'en haut. N'était-ce point un signe manifeste, une merveille, de la puissance d'en haut que la tenue de Bernadette : point de mire de tant de regards, objet de tant d'honneurs, cause de tous les tressaillements, centre de toutes les espérances ? Que de femmes soi-disant fortes se seraient évanouies, en route, entre les deux gendarmes, devant un tel spectacle ! Que de reines vaillantes pâlissent d'émotion, tremblent de peur, à la vue des frénétiques enthousiasmes du peuple même qui les aime !.... Les orgueilleuses auraient été guindées, maniérées, fières, stupides. Bernadette était naturelle, parce que son âme était toute surnaturalisée. Le Surnaturel lui donnait le ton, son humilité le prenait.

On y vit une merveille d'intimité surnaturelle. Au cours de l'extase, la voyante s'attendrit jusqu'aux larmes, et l'on crut que la divine apparition lui faisait ses adieux. Quelques instants après cependant, sa figure se rasséréna, s'épanouit et laissa refléter des rayons d'espérance. Quel était le sujet de ce colloque intime où les joies et les tristesses se révélaient tour à  tour ? Rien d'explicite n'a été recueilli à cet égard. Bernadette resta près d'une heure en extase. A l'encontre de ce qu'avaient espéré les pèlerins, aucun signe miraculeux ne se produisit à la Grotte. Pour les habitués de l'observation religieuse, ce tête-à-tête, ce cœur à cœur de l'enfant avec la Dame était un signe miraculeux de premier ordre.

La Vierge n'aurait eu qu'à  faire transparaître, tant soit peu, la buée lumineuse de la niche, qu'à montrer sa blanche robe, sa ceinture bleue, sa figure si belle, qu'à  adresser un mot à la multitude haletante, et les transports d'admiration auraient atteint leur maximum d'intensité et d'éclat, en son honneur. Non. Elle s'enferme, avec une pauvre et ignorante petite fille, dans un insondable mystère. Pour elle seule, les confidences qu'on ne réserve qu'aux intimes, les larmes qu'on ne répand que devant les intimes, les joies qu'on ne manifeste qu'aux intimes, les sourires qui ne fleurissent sur les lèvres qu'en faveur des intimes. Quelle privauté, et quelles leçons en cette privauté !...

 

Examen

 

Constatez-vous la magie souveraine de la Religion sur les foules, mieux encore la secrète influence de la grâce sur elles, car c'est la grâce de Dieu qui les ébranle et les oriente dans la direction du Divin ?... L'homme est un animal religieux : la Religion vraie ou fausse l'attirera toujours. Et quand Dieu trouvera que, les aberrations humaines excédant la mesure, l'animalité submerge la Religion, il fera souffler un grand vent pour emporter les immondices, balayer les nuages et faire reluire dans le ciel des âmes les vérités obscurcies.... Les foules redeviendront croyantes et subiront irrésistiblement l'attraction religieuse, le jour où, dans l'Eglise rajeunie, fortifiée en la sainteté de ses membres, elles assisteront, comme en Bernadette, aux transfigurations du Surnaturel.... Les bergères innocentes renverseront alors de leur trône les infâmes courtisanes, et les meneurs de la Politique antireligieuse verront, pour la joie des sages, leur règne terminé ou, du moins, suspendu.... Sur la foi de Bernadette, une vingtaine de mille pèlerins envahit le vallon désert...

La vue des soldats en tenue de parade, des gendarmes à pied ou à cheval, sur le chemin et jusque sous l'arcade de la Grotte, ne vous a-t-elle pas réjoui ?... Pendant des siècles, l'armée fut en France l'auxiliaire, la noble émule de la Religion pour l'honneur et le bonheur de la Patrie.... Depuis quelques années, que dis-je ? il y a quelques mois à peine, on l'a employée à des besognes honteuses.... Pauvre armée, grande Muette des consignes redoutables, quand reconquerra-t-elle le prestige dont l'impiété l'a dépouillée ?... Quand la Religion et le Patriotisme, déliant sa langue, lui permettront-ils de faire entendre le chant interrompu des gestes héroïques ?...

Ne vous a-t-il pas été agréable aussi de voir le maire, l'adjoint, le commissaire de police favoriser le rassemblement à la Grotte.... Croyez-vous qu'en France on en ferait autant partout aujourd'hui ?... Quelle pitié que l'accord religieux, militaire et administratif, ait été officiellement supprimé !... Oui comptera les chrétiennes ou même libérales municipalités ?... Tous les éléments de la vie nationale ne devraient-ils point servir à honorer Dieu, le Christ, la Vierge ?... Autres temps, autres mœurs... Nous intéressons-nous religieusement et d'une manière pratique, aux ouvriers, aux ouvrières, aux enfants du peuple ?... Quel bien nous pourrions faire !...

« Bernadette vient », « Bernadette arrive », disait-on de toute part.... Ainsi devrait-on désirer, saluer, fêter notre venue !... On fit silence dès que l'enfant commença sa prière... Il est des conversations que l'on devrait cesser, des respects que l'on devrait nous témoigner, dès que nous arrivons.... Et quelquefois tels sont la pusillanimité, le laxisme, le manque total d'influence de certains chrétiens, de certaines chrétiennes, que les propos déplacés se poursuivent, s'ils ne deviennent point plus déplacés encore, malgré leur arrivée.... Où sont ceux, celles qui imposent aux autres, par leur seule présence, une salutaire retenue ?... On fait vite de la camaraderie aujourd'hui !...

Au milieu du monde, vivons-nous dans l'intimité de Marie ?... Nonobstant un immense entourage qui n'a d'yeux, d'oreilles, de langue, d'esprit et de cœur que pour elle, Bernadette s'absorbe dans la Dame.... Pour qui sont nos effusions intimes, nos larmes, nos joies, nos tristesses, nos sourires ?... Là où est l'intimité, là est le cœur... Si nous étions simples, humbles, purs, fervents comme Bernadette, la Vierge, pour ainsi dire, s'absorberait aussi en nous !...

 

Prière

 

O Notre Dame, le peuple de France, jadis le plus chrétien du monde, s'est éloigné de son Dieu, de son Christ et de vous.... Que sont les vingt mille pèlerins à côté des millions d'électeurs approuvant avec des cris de haine la Séparation de l'Eglise et de l'Etat ? Mettez fin aux triomphes numériques du Mal et ramenez dans le giron les masses populaires qui se sont égarées.... Bénissez nos casernes, moralisez nos soldats, sanctifiez leurs chefs et si, malgré les promesses du Pacifisme, par la force des choses, doivent venir des jours de batailles sanglantes, faites qu'à des souffles de victoire flotte notre drapeau.... éclairez aussi tous les représentants de l'autorité civile. Qu'ils se rappellent, afin de régler sagement leur conduite, que l'administration, selon un aphorisme célèbre, doit faire feu pour les plaisirs du peuple, assez pour ses besoins, tout pour ses vertus. Donnez-nous part, enfin, à l'influence sociale dont jouit Bernadette : on se taisait à son approche, on priait à son exemple, on rivalisait avec elle de piété filiale envers vous !...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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23 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-quatrième jour

La dévotion à la Sainte Vierge

 

Le mercredi, 3 mars, fut une journée d'épreuve pour Bernadette : il fallait bien que la Croix marquât son âme apostolique. La Dame attendue n'apparut point. Mais l'apôtre se montra à tous comme un modèle de dévotion à la Dame. La vraie dévotion à la Vierge doit être faite de fidélité aux promesses du passé.

Nous avons tous vu la Dame, par la Foi : consacrés à elle, dès notre baptême, au soir de notre première communion et, plus officiellement encore, lors de notre réception comme enfants de Marie, nous lui avons promis d'être fidèles à certaines pratiques : récitation quotidienne du rosaire, du chapelet ou de quelques dizaines ; port du scapulaire, d'une médaille ; abstinences, mortifications, petit office, les samedis ; communion en chacune de ses fêtes ; fuite de telle occasion dangereuse, correction de tel défaut.... Que faisons-nous de ces promesses ?... Que ne ressemblons-nous à la fidèle Bernadette ? Au matin du 3 mars, elle récita pieusement son chapelet à la Grotte, mais elle ne donna aucun des signes qui caractérisaient ses extases. Elle alla faire sa prière accoutumée sous l'églantier, baisa la terre et revint s'agenouiller à sa place habituelle. Sans regarder davantage au rocher, elle inclina la tête pour se recueillir, demeura quelques instants dans cette attitude ; puis, ayant baisé la terre de nouveau, elle fit le signe de la croix et se leva.

La vraie dévotion à la Vierge doit être faite de résignation aux contrariétés du présent. On comptait sur telle date pour tel événement. On a beaucoup prié et souffert dans ce but : l'événement avorte. La Dame ne paraît pas !... Tombé, depuis quelque temps, en pleine sécheresse spirituelle, on soupirait après une retraite, un pèlerinage, une confession, pour recevoir comme une pluie de grâces. Vaine attente : on reste sec. La Dame ne paraît pas !... Pour peu que ces désappointements se prolongent, on se décourage, on se dégoûte, on se mutine, on lâche tout.... Que n'imitons-nous la sereine Bernadette ? Les personnes qui l'entouraient se mirent à l'interroger comme d'habitude. L'enfant répondit simplement : « La Dame n'est pas venue aujourd'hui ».

La vraie dévotion à la Vierge doit être faite de confiance dans les dédommagements de l'avenir. Dieu a ses raisons de ne pas nous exaucer sur-le-champ. Les événements futurs nous l'apprendront, un peu du moins, si nous savons écouter, comprendre leurs leçons. Mais, en attendant, il faut s'opiniâtrer à croire en sa bonne et intelligente Providence. Il fait le sourd, ne l'est point, et, à son heure, il nous montrera qu'il avait entendu. Vous qui seriez porté, sur les conseils perfides du Malheur, à vous laisser aller à la désespérance en jalousant, jusqu'à  la rage, le bonheur apparent de ceux et celles qui vivent près de vous, gardez votre âme en une sainte patience : Dieu vous témoignera sa compassion. La Dame reviendra... Ainsi se conduisait la confiante Bernadette.

« Peut-être que les apparitions sont finies ? », fit observer l'un des assistants. « Je n'en sais rien, reprit l'enfant, mais en tout cas la quinzaine n'est pas terminée et je reviendrai encore demain ». Comme on le voit, Bernadette ne cherchait jamais à se composer ou à déguiser ce qui se passait à  l'intérieur de la Grotte. Elle acceptait les événements tels qu'ils se présentaient. Sans croire faire de la vertu, elle était toujours soumise et toujours véridique. Ce sont bien là  les traits caractéristiques de la vraie dévotion à la Très Sainte Vierge !...

Cependant le dernier jour de la quinzaine allait luire. On pressentait une manifestation imposante. En prévision des. affluences qui arriveraient en ville le lendemain, le maire de Lourdes adressait, le 3 mars, au capitaine commandant le fort, la réquisition suivante : « La présence considérable d'étrangers que l'on m'annonce pour demain, jour de marché, m'oblige à venir vous demander, dans l'intérêt du bon ordre, de mettre votre troupe à ma disposition. Je vous prie, en conséquence, de vouloir faire que vos soldats disponibles soient rendus demain matin, à six heures, à l'hôtel de la mairie ». Le lendemain, en effet, se produisait la quinzième Apparition.

 

Examen

 

Avons-nous d'abord de la dévotion à la Sainte Vierge ?... Grand serait notre malheur si nous n'avions point de dévotion pour elle ! Nous ressemblerions, en pratique, aux Protestants dont la religion est hélas ! Stérile, parce qu'ils n'ont ni l'arbre, ni le fruit, ni la femme que le Sauveur Jésus a replacés dans le paradis de l'Incarnation : l'arbre, c'est la croix ; le fruit, l'Eucharistie ; la femme, Marie. Sans l'Eve nouvelle, on n'atteint pas à l'arbre ; à plus forte raison ne cueille t-on pas le fruit ! Cette trilogie, divinement réparatrice de la Chute dans l'Eden, est de nécessité dogmatique et morale.... Sans Marie, nous n'aurions plus de Mère, et il y aurait alors les orphelins de la grâce comme il y aies orphelins de la nature...

Notre dévotion à la Sainte Vierge est-elle une dévotion d'esprit avant d'être, ou tout en étant, une dévotion de cœur ? Est-elle raisonnée pour être raisonnable... autant du moins que la raison éclairée par la Foi peut nous permettre de comprendre les sublimités de Marie ?... Avons-nous fait, continuons-nous à faire, une étude approfondie des grandeurs, des fonctions, des beautés de cette Divine Mère ? Connaissons-nous l'histoire de sa vie, telle qu'en des traits saillants et suffisamment révélateurs l'a contée l'Evangile ?... Affectionnons-nous la lecture des livres sérieux qui parlent d'elle ?... Comment devenir convaincu, et la conviction est le premier facteur naturel de toute dévotion, quand on n'a rien étudié, rien appris ? On s'expose à ne faire que de la sentimentalité, et la sentimentalité, fille de l'ignorance, devient logiquement, dès l'irruption de la première épreuve, la mère du caprice.... La crème peut être le dessert du repas spirituel, mais non certes le plat de résistance : les âmes se nourrissent d'idées fortes et se détraquent le tempérament avec les fadaises du cœur...

Ne regardons-nous pas nos consécrations réitérées à Marie comme de pures formalités n'entraînant aucune conséquence de conduite... Ne portons-nous pas le titre d'enfants de Marie comme un titre simplement honorifique qui ne saurait en rien lier la liberté ?... Avons-nous tenu vis-à-vis de la Sainte Vierge nos promesses passées, je n'ose dire nos vœux ?... Qu'avons-nous fait de notre scapulaire, de notre médaille, du supplément d'exercices de piété ou de pratiques de mortification qu'en une heure de ferveur ou d'épreuve sous le coup d'un gros événement contraire, nous nous étions imposés.... Mieux vaudrait ne rien promettre du tout, plutôt que de ne point tenir... On indispose, on afflige ainsi la Vierge au lieu de se concilier ses faveurs et de la réjouir... Quels saints nous serions si nous avions été fidèles à tous nos engagements dans l'ensemble et le détail de notre vie chrétienne !...

Quelle est notre résignation aux contrariétés du présent ?... Il est rare qu'un jour se passe sans que de notre côté, du côté de notre famille ou de la société, nous n'ayons à éprouver quelque déconvenue... Se résigner, d'après l'étymologie latine du terme, c'est signer de nouveau, c'est-à-dire apposer soi-même courageusement sa signature au bas du décret de souffrance que Dieu a permis ou voulu contre nous.... La résignation est la marque caractéristique de l'amour vrai, du dévouement qui, au lieu de se payer de sourires ou de mots, s'affirme par les œuvres...

Encore que nos prières ne soient point exaucées depuis longtemps peut-être, avons-nous toujours foi en notre Etoile, je veux dire en Marie?... Elle n'est point sourde à nos supplications, elle n'a pas cessé d'être puissante et bonne.... Elle reviendra, et son retour, rémunérateur de notre longue et douloureuse attente, nous comblera de joie...

 

Prière

 

O Notre Dame, notre dévotion pour vous doit être une dévotion filiale. Ce mot résume tout : n'êtes-vous pas notre Mère ? Ne sommes-nous pas vos enfants ? Or, entre une mère et son enfant quelles relations existe-t-il ? Il y a identité de vie, communauté de biens, air de famille, échange réciproque de confiance et d'amour. L'identité de vie m'impose donc l'obligation de fuir le péché et de garder la grâce ; la communauté de biens m'oblige à m'enrichir de plus en plus par la pratique des vertus ; l'air de famille m'excitera à rester humble, aimant, innocent comme vous, et la réciprocité de confiance amoureuse deviendra l'enchantement, le soleil sans ombre de ma vie.... Elle m'aime, je l'aime.... Elle me comprend, je la comprends. Qu'importe dès lors qu'elle paraisse, cette Vierge chérie, ou ne paraisse point !... Elle est ma Mère et la sera toujours...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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22 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-troisième jour

Pourquoi les Processions

 

Mais pourquoi la Dame veut-elle des processions ? Ne pourrions-nous pas éclaircir, si peu soit-il, ce mystère de sa volonté ?... Marie veut « qu'on vienne en procession » pour imposer des sacrifices.

« Je veux qu'on vienne ». Mais, pour venir, il faudra traverser des distances plus ou moins longues : de là, un premier sacrifice de déplacement ; les inventions modernes, avec leurs prodigieuses facilités de locomotion, le rendront plus commode, sans réussir à le supprimer. Mais les déplacements sont nécessairement dispendieux, de là, un second sacrifice : l'argent ; les excursions lointaines, même à prix réduit, ne laissent pas, en fin de compte, que de coûter fort cher. Ceux qui voyagent beaucoup se sanctifient rarement, s'il faut en croire l'auteur de l'Imitation ; il aurait pu ajouter qu'à  moins de voyager pour affaires, ils s'enrichissent difficilement... Or, en voyage, si confortablement installé qu'on soit, on se heurte toujours à quelque contrariété, à  quelque surmenage, à quelque lassitude : de là  un troisième sacrifice de gêne, de fatigue ; il n'est point de plaisir, même permis, sans peine.Mais tout cela nécessite une trêve aux occupations journalières, personne n'est, en ce monde, un privilégié de la bilocation : il faut fermer son magasin, son bureau, sa porte, ou pourvoir à son remplacement : de là  un quatrième sacrifice de temps... Enfin, on ne peut aller en pèlerinage, ni figurer dans les rangs d'une procession, sans afficher son catholicisme, sans subir le contrôle des voisins, des spectateurs, sinon des policiers : de là  un cinquième sacrifice de respect humain ; sacrifice quelquefois le plus onéreux de tous, et même héroïque, quand, par exemple, la Religion ne jouissant plus des faveurs, que dis-je des tolérances loyales de l'Etat, il suffit de se montrer catholique, pour être aussitôt traité en ennemi... La Dame, telle une reine, entend faire, à Lourdes, la revue de ses troupes, l'inspection des plus braves d'entre ses sujets, et elle les oblige à accepter ces divers sacrifices : en une phrase laconique comme un ordre souverain, elle mande : « Je veux qu'on y vienne en procession ».

Marie veut « qu'on vienne en procession », pour recevoir des hommages. On sait les triomphes décernés par le peuple de Rome aux Césars victorieux. Les chefs de nation : rois, reines, empereurs, impératrices, ont leurs jours d'apothéoses populaires. Le Sauveur a consenti à avoir sa fête triomphale des Rameaux. Pourquoi la Dame de toutes les Victoires n'aurait-elle pas ses grandioses ovations ? Elle les eut, pendant les siècles où la France fut son royaume : Regnum Gallicae, regnum Mariae : les villes et les villages rivalisèrent d'entrain pour organiser sur les places publiques, à  travers les campagnes, à la saison des fleurs, les plus idéales théories. Mais les mœurs ont changé : les saltimbanques ont la liberté de la rue, les serviteurs de Marie en sont presque partout frustrés... Or, la Dame ne se résigne point à la suppression de ces hommages extérieurs du Culte : pour les recevoir de la part de l'élite des foules, elle choisit, dans le cadre d'un site admirable, un vaste emplacement : « Je veux qu'on y vienne en procession », c'est-à-dire en pèlerin et non en touriste, car la procession, faite dans l'esprit qui la doit animer, est la plus vibrante manifestation de foi, de charité...

Marie veut « qu'on y vienne en procession », pour offrir des réparations. Elle fit la première procession du Très Saint-Sacrement lorsque, avec la célérité de l'amour, elle s'en alla, escortée par les anges, vers les montagnes de Judée, dans la maison de Zacharie, portant, près de son Cœur, vivant ciboire, l'Emmanuel, le Verbe nouvellement incarné. Et, depuis la Visitation, chacune de ses démarches a été comme une procession, en l'honneur de son Fils... Ce Fils aurait voulu la continuation des processions eucharistiques que la Fête-Dieu ramenait jadis si belles en notre pays. Nous n'avons plus voulu : en ces dernières années, les processions, trop souvent, n'étaient guère dans la composition des cortèges, qu'une exhibition de décadence religieuse dans le corps social. Des enfants, des femmes au déclin de l'âge, des veuves, quelques jeunes gens, une poignée d'hommes, débris des fidélités d'autrefois : c'était tout. Dieu a trouvé que ce n'était point assez, et il a permis à l'impiété, laquelle trouvait que c'était encore trop, d'interdire ces pompes du dehors. Moins favorisé que les charlatans et les courtisanes, le Christ, de par la haine, n'avait plus le droit de sortir de ses temples : il fallait qu'il restât captif dans son tabernacle comme en une prison... La Vierge prévoyait cette séquestration, et afin de donner à Jésus un dédommagement, elle ferait de Lourdes un refuge de la liberté, un centre de communions et d'adorations ferventes, un théâtre où se déploieraient, en une physionomie à part, les files variées des plus solennelles processions du Très Saint Sacrement : « Je veux qu'on y vienne en procession ».

Marie veut « qu'on vienne en procession », pour affirmer sa puissance. On devra acheter le terrain, construire une chapelle, frayer des chemins, pratiquer des lacets dans la montagne, reculer le Gave, aménager une esplanade, trouver, pour tant de frais, des monceaux d'or : la Dame, intermédiaire toute-puissante sur les éléments résoudra, comme en se jouant, ces difficultés matérielles... On devra canaliser l'eau de la fontaine, installer des piscines, faciliter les libations, les immersions, mettre en contact direct le mal physique avec l'onde miraculeuse : la Dame toute-puissante sur les corps, rendra, tant qu'elle voudra, la santé aux malades.... Il faudra guerroyer avec l'ennemi du Bien, avec les passions humaines et restituer aux pécheurs la grâce, la vertu : la Dame, toute-puissante sur les démons et les âmes y vaincra les résistances diaboliques, intellectuelles, morales, et multipliera les miracles d'ordre spirituel... Il faudra, enfin, imprimer aux multitudes un mouvement irrésistible et provoquer, à la Grotte, des quatre coins du monde, de merveilleux rassemblements : la Dame, toute-puissante sur les masses, fera circuler en elles je ne sais quel courant d'électricité divine qui les ébranlera et les rassemblera.... Et ainsi le déploiement des processions sera la synthétique et colossale démonstration de sa puissance ! « Je veux qu'on vienne en procession ».

Est-on venu ? Les sacrifices ont-ils été accomplis ? les hommages reçus ? les réparations offertes ? la puissance affirmée ? Les faits se chargent aujourd'hui de répondre, sur quel ton affirmatif ! On est venu, sans entente préalable, de tous les points du globe, en une unanimité dont le Catholicisme seul a le secret ; on vient encore, on continuera, si la Dame le veut, à venir : voilà, avec la plus belle prophétie, le plus grand miracle de Lourdes !...

 

Examen

 

Comprenons-nous pour Dieu la nécessité du sacrifice ?... Pour qui sont nos déplacements... nos dépenses d'argent... nos fatigues... notre temps... nos victoires de respect humain ?... Que de déplacements, de dépenses, de fatigues ne s'impose-t-on pas pour ceux et celles qu'on aime !... Ce n'est jamais trop loin... ce n'est jamais trop cher,... ce n'est jamais trop pénible... On a toujours le temps.... On s'expose à toutes les critiques, à toutes les disgrâces... même pour le mal notoire, on secoue tout préjugé d'honnêteté, on brave, on nargue l'opinion.... Et pour Dieu... pour Jésus... pour la Vierge... que faisons-nous ?... Quels hommages de vénération, de reconnaissances, de louange et d'amour offrons-nous à la Très Sainte Vierge?... S'en sommes-nous pas arrivés à nous contenter avec elle de ces formules obséquieuses que la banalité routinière a vidées de tout sens et que nous trouvons stéréotypées aux dernières lignes de nos lettres, ou au commencement et à la fin de nos visites de cérémonie ?... Avons-nous le sentiment des réparations personnelles, domestiques et sociales que Marie et Jésus attendent de nos cœurs délicats ?... J'ai cherché des consolateurs, des consolatrices, et je n'en ai point trouvé... La vue de la puissance exercée par la Sainte Vierge, à Lourdes, sur le Cœur de Dieu, les éléments, les démons, les corps, les âmes, les multitudes, a-t-elle donné à notre confiance pratique en cette bonne Mère un regain d'actualité ?... Peuple ingrat, auras-tu donc toujours des yeux pour ne point voir !...

Assistons-nous, si elles se font encore dans notre paroisse, aux processions du Saint-Sacrement et de la Sainte Vierge ?... Quand nous ne voulons pas qu'un usage tombe en désuétude ou qu'en nous traite en quantité négligeable, nous devons témoigner de notre attachement à cet usage en en suivant, aussi nombreux que possible, les prescriptions... Ne pas affirmer sa vitalité, c'est être, socialement, près de mourir... En cas d'interdiction municipale, assistons-nous aux processions dans l'église ?... Ce serait le moyen de prendre une pacifique et significative revanche... Dieu permettra que l'impiété ferme les églises, le jour où la piété des fidèles ne saura plus les remplir... Religieusement, on a le pouvoir de se suicider... Pas n'est besoin alors des coups de l'ennemi. Comment assistons-nous aux processions ? Par habitude ?... par esprit de parti politique ?... par vanité ?... par intérêt ?... ou par foncière dévotion.... Ceux qui y assistent doivent être autrement fervents que ceux qui, par curiosité ou impuissance, les voient passer... A l'instar de la Très Sainte Vierge, faisons-nous de chacune de nos visites, de chacun de nos voyages, de tous nos déploiements d'activité, comme une procession en l'honneur de Dieu... en attendant que l'Eglise, au jour de nos funérailles, fasse faire, jusqu'à la paroisse et au cimetière, une procession à notre corps, tandis que notre âme, si elle fut toute pure, fera, escortée par les Anges, son entrée processionnelle en Paradis ?...

 

Prière

 

O Notre Dame, si, d'après le proverbe : « Ce que femme veut, Dieu le veut », à  plus forte raison Dieu veut-il ce que vous voulez ! Vous étiez donc sûrement l'interprète du vouloir divin, lorsque vous disiez : « Je veux des processions ». Vous les avez eues magnifiques en la terre de Lourdes et, pour prouver votre joie d'en contempler les files, vous avez fait, surtout au passage du Très Saint Sacrement, les plus impressionnants miracles. Ainsi avez-vous décerné au culte extérieur, public, qu'on vous rend sur votre demande, une éclatante récompense. Multipliez les prodiges ; nous multiplierons les sacrifices, les hommages, les réparations, les enthousiasmes que la ferveur des processions comporte, jusqu'au jour où, vous ayant honorée ici-bas avec toute la pompe dont nous étions capables, vous nous admettrez près de vous, à la suite de l'Agneau, au défilé des processions du Ciel : Fête-Dieu qui n'aura pas de fin...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

 

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21 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-deuxième jour

Nouvelle démarche chez le Curé de Lourdes

 

La réponse dilatoire du curé de Lourdes appelait une réplique : la Dame la donna, le mardi 2 mars, en la Quatorzième Apparition, sous la forme d'une seconde ordonnance, complément de la première, l'apostolat de la voyante s'accusait de plus en plus. Après l'extase, la tante Basile, qui accompagnait Bernadette ce jour-là à la Grotte, ne tarda pas à s'apercevoir de l'état soucieux de sa nièce. En rentrant en ville, elle lui demanda ce qui la rendait ainsi rêveuse. « Ah ! Répondit l'enfant d'un ton chagrin, c'est que je suis en vérité dans un grand embarras. La Dame m'a chargée de redire à  M. le curé qu'elle voulait avoir une chapelle à Massabielle, et je ne sais comment faire pour me présenter au presbytère ». Se rapprochant ensuite de sa tante et la prenant par le bras, elle lui dit : « Tante, si vous saviez comme vous me feriez plaisir en venant avec moi chez M. le curé ! »

La tante Basile ne demandait pas mieux que d'être agréable à Bernadette, mais elle n'était guère plus brave que sa nièce pour soutenir le regard et la parole un peu rude de l'austère doyen... Toutefois, jugeant des terreurs de sa nièce par les siennes propres, elle consentit à accompagner Bernadette au presbytère. L'accueil du curé fut froid. Aussitôt que les deux visiteuses furent entrées au salon, l'abbé Peyramale se tourna vers Bernadette et lui dit : « Eh bien ! Que viens- tu m'apprendre ? La Dame a-t-elle parlé ? » « Oui, monsieur le curé ; elle m'a chargée de vous répéter qu'elle désire avoir une chapelle à Massabielle ; de plus, elle a ajouté : « Je veux qu'on y vienne en procession ». ». « Ma fille, il ne manquait plus que ce dernier complément à toutes tes histoires. Ou tu mens, ou la Dame qui te parle n'est que le masque de Celle qu'elle veut paraître. Elle exige une procession et pourquoi ? Sans doute, pour faire rire les gens et déconsidérer la religion. Le piège n'est pas habile. Tu lui diras de ma part qu'elle connaît mal les attributions hiérarchiques du clergé. Si elle était réellement Celle dont elle emprunte les traits, elle saurait que je n'ai pas qualité pour prendre l'initiative d'une pareille manifestation. C'est à l'évêque de Tarbes, et non à moi, qu'elle aurait dû t'envoyer ».

« Mais, monsieur le curé, interrompit timidement Bernadette, la Dame ne m'a pas dit qu'elle voulût dès à présent une procession à la Grotte : elle m'a dit simplement : « Je veux qu'on y vienne en procession », et, si j'ai bien compris, c'est de l'avenir, et non du présent, qu'elle voulait parler ». Le curé s'arrêta court à cette réflexion et jeta un regard scrutateur sur l'enfant. Que signifiait l'explication tardive qui arrivait sur les lèvres de la petite messagère ? Est-ce que, sans y prendre garde, lui, curé, se trouvait en présence d'une rusée comédienne qui jetait de la poudre aux yeux par ses airs d'innocence? La nuance qu'elle faisait ressortir dans les désirs de la Dame était plausible et même vraisemblable, mais cette nuance n'était-elle pas une subtilité mise au profit de son rôle, et la petite fille ne s'en servait-elle que pour se tirer adroitement d'embarras ? L'abbé Peyramale sentait revenir ses anciennes préventions, et, craignant d'être trompé, il continuait à regarder l'extatique avec un certain air de défiance. Celle-ci, au contraire, se tenait tranquille sur son siège, ne montrant dans sa physionomie que la sérénité d'une âme qui n'a rien à feindre ni à cacher. Enfin le curé rompit le silence et dit à l'enfant :

« Il est temps de sortir de l'imbroglio dans lequel la Dame et toi vous essayez de m'enchevêtrer. Tu lui diras qu'avec le curé de Lourdes il faut parler clair et net. Elle veut une chapelle ? elle veut une procession ? Où sont ses titres aux honneurs qu'elle réclame? Qui est-elle? D'où vient-elle, et par quels actes s'est-elle recommandée ? Allons droit au but ; si ta Dame est celle dont tu laisses deviner le nom, je vais lui indiquer un moyen de se faire reconnaître et de donner de l'autorité à ses messages. Elle se tient à la Grotte, m'as-tu dit, au-dessus d'un rosier. Eh bien, demande-lui de ma part qu'un de ces jours, en présence de la foule assemblée, elle fasse fleurir subitement le rosier en question. Le matin où tu viendras m' annoncer que ce prodige est accompli, je croirai à ta parole, et je te promets de t' accompagner à Massabielle ». Un sourire de la tante et de la nièce répondit à ce langage ; puis le curé ayant cessé de parler, les deux visiteuses s'inclinèrent et sortirent.

Le prêtre ne saurait trop s'envelopper de prudence dans ses jugements sur des révélations prétendues surnaturelles : les supercheries ne sont point rares ; les mystifications entraînent les plus déplorables conséquences. On est toujours ridiculisé, souvent amoindri, quelquefois annihilé, pour avoir été trop crédule. Le métier de dupe est le plus désastreux des métiers, surtout lorsque, prêtre, on solidarise nécessairement sa personne avec sa fonction. Le curé de Lourdes faisait donc preuve d'une grande sagesse en même temps que de beaucoup d'esprit, en ripostant comme nous l'avons entendu, et en demandant, pour donner sa créance et prêter son concours, la corroboration d'un miracle...

Mais le miracle qu'il spécifiait accusait la légèreté inhérente à tout homme mis en demeure de démêler, en certaines occasions, le Surnaturel. Solliciter la floraison insolite d'un rosier pouvait être piquant; c'était, en l'occurrence, puéril. Le rosier fleuri se fût peu à peu desséché, et n'aurait laissé, que dans quelques mémoires, un poétique souvenir. Beaucoup n'y auraient vu qu'un phénomène de végétation extraordinaire, et les faits de Massabielle n'y auraient rien gagné en certitude, pas plus que les idées, cachées sous ces faits, en clarté. Celle qui venait fleurir surnaturellement les âmes n'avait nul souci de parer miraculeusement un églantier. La grâce ne dépend pas d'une question de botanique...

Ainsi, tout en étant un maître-homme au point de vue humain, on peut n'être, accidentellement, qu'un enfant en face du Surnaturel. Ce fut le cas pour l'abbé Peyramale, ce jour-là ; et c'est avec moins d'excuses et plus de sottise, par conséquent, notre propre cas, dans la plupart de nos appréciations et de nos prières. Nous nous préoccupons, nous nous passionnons pour des bagatelles : il faut réussir dans telle combinaison, obtenir telle faveur temporelle, tel avancement, tel succès tout terrestre. Faisant de l'accessoire le principal, nous avons la hantise même absurde des rosiers en fleurs ; et nous négligeons la culture, l'épanouissement, en nous et autour de nous, du royaume de Dieu et de sa justice : nous sacrifions le devoir à la vanité. Quels enfantillages !

 

Examen

 

Quand les événements nous ont mis en demeure de faire une démarche qui nous coûtait, n'avons-nous pas observé comment la Providence, si nous nous étions confiés à elle dans notre embarras, plaçait près de nous, au moment psychologique, la personne la plus apte à nous secourir ?... Nous venons de voir tante Lucile se mettre à la disposition de Bernadette...

Avons-nous accepté avec politesse, avec esprit de foi, les contradictions, les observations, voire les remontrances de l'autorité ecclésiastique, quand des divergences ou des conflits d'idée entre elle et nous se produisaient ?... En matière religieuse, n'avons-nous pas prétendu en savoir plus long que les prêtres, nous imaginant sottement que chacun peut se faire sa religion... Bernadette était très polie, très déférente pour son curé.... Combien de personnes extérieurement pieuses deviennent, par leur entêtement, leurs fausses illuminations, leurs cabales et leurs incessants coups de langue, les bourreaux de leur curé !... Un fin observateur n'a-t-il pas dit de ces dévotes à rebours qu'elles sont « des anges dans l'église, des perroquets dans les rues, des diables dans leurs maisons » ?... Elles s'érigent volontiers en prêtresses de chapelles particulières.... Plus grande qu'elles, Bernadette se contentait d'être une petite paroissienne...

Remarquez-vous chez le spirituel curé de Lourdes le respect de la hiérarchie, le soin qu'il a de ne point empiéter sur les attributions de son évêque ?... Savoir rester à sa place, c'est le meilleur moyen d'éviter les maladresses et de s'épargner une foule d'ennuis... C'est aussi une excellente façon de s'assurer dans sa conduite le concours si nécessaire des grâces d'état... Ne sommes-nous pas d'une crédulité enfantine pour les horoscopes qu'on tire en inspectant les lignes de notre main, en jouant aux cartes, ou en faisant appel aux sorciers et aux sorcières ?... N'accueillons-nous pas avec la même puérilité le récit de prophéties, de visions, que les naïfs, les malades ou les vils exploiteurs, colportent au préjudice de notre Religion sainte.... Le curé de Lourdes avait raison d'éprouver l'authenticité des dires de Bernadette.... Pour quiconque réfléchit, le Surnaturel authentique a d'ailleurs des signes qui le distinguent du premier coup, de la contrefaçon... Là  où, sous un vernis de religiosité, vous trouverez la recherche de soi, l'orgueil, la légèreté et les satisfactions plus ou moins déguisées de la nature, dites- vous qu'il y a mystification au lieu de mysticité vraie...

N'avons-nous pas un peu le culte des éphémères rosiers ?... Rosier, l'apostolat en surface... Rosier, la multiplicité des prières vocales sans amendement du caractère ni augmentation des vertus... Rosier... le souci humain de l'opinion publique... le désir de plaire aux supérieurs pour capter leurs suffrages et bénéficier de leur protection, après les avoir honteusement flattés... Rosier... les préoccupations exagérées d'argent et d'avenir... Aux floraisons terrestres, il faut préférer les floraisons de Dieu, de Jésus, de la Vierge en nos cœurs... Bernadette préférait la Dame au rosier...

 

Prière

 

O Notre Dame, en envoyant pour la seconde fois Bernadette au presbytère, vous montriez qu'entre toutes les maisons de la paroisse vous aimez la maison curiale... C'est elle qui abrite l'homme de Dieu : c'est vers elle que s'achemine à nouveau, sur votre ordre, la petite ambassadrice. Ainsi autrefois Gabriel avait-il été envoyé de Dieu, à Nazareth, vers la maison qu'embaumait de célestes parfums votre présence !... Vous vous troublâtes devant l'ange ; Bernadette se trouble devant son curé ; à Nazareth, votre réponse fit fleurir pour le monde la tige divine de Jessé ; au presbytère de Lourdes, la demande sacerdotale ne fit point fleurir l'inutile rosier, mais l'ambassade, plus tard comprise, de l'enfant détermina la merveilleuse floraison de la chapelle et des processions auprès de votre Grotte. Tous voulez en nos cœurs une chapelle mystique : il y a longtemps que la grâce et notre dévotion l'ont pour vous construite : embellissez-la pendant ce Mois de Mai, et que le démon ne la ferme et ne la démolisse jamais !... Vous voulez des processions : faites défiler dans notre tête, théorie sans pareille, les innombrables souvenirs de vos bontés, et que ces souvenirs, allumant en nous les flammes de la reconnaissance, replacent sur nos lèvres les cantiques de bénédiction qu'au plus beau temps de nos ferveurs nous chantâmes pour vous !....

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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20 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-et-unième jour

Le Chapelet

 

Le lendemain, 1er Mars, la Treizième Apparition fut marquée par un incident sans conséquence, mais non sans signification. Une personne de Lourdes, désirant attacher un souvenir pieux à son chapelet, l'avait remis à Bernadette avec prière de vouloir bien le réciter à la Grotte pendant l'apparition de la Dame céleste. Bernadette ne fit aucune difficulté pour se rendre au désir de cette personne. Le matin du 1er Mars, en arrivant à la Grotte, la voyante se mit à genoux, et prit, au hasard, le premier chapelet qu'elle rencontra dans sa poche. Quand elle voulut le porter à son front, sa main fut arrêtée, et la Dame lui demanda sur le ton du reproche, ce qu'était devenu son chapelet. Bernadette, étonnée, avança le bras pour montrer celui qu'elle tenait à la main : « Vous vous trompez, lui dit la Dame, ce chapelet n'est pas le vôtre ». Bernadette regarda, et reconnut, en effet, que le chapelet dont elle voulait se servir était le chapelet qu'on lui avait confié. Elle le remit prestement dans sa poche, en retira le sien et le présenta à la Dame en allongeant son bras vers la Grotte. La Dame fit un signe de tête affirmatif et la voyante, dès lors, put commencer sa prière.

Il y avait, en cette observation de la Vierge, une leçon de respect à l'endroit du chapelet matériel. On tient tellement à ses objets de toilette, à ses instruments de travail, à ses bibelots, à ses souvenirs artistiques, qu'on en devient parfois maniaque. On en a le culte comme artiste, collectionneur ou amateur : on s'en réserve l'usage exclusif ; mais, par indifférence ou inintelligent ; calcul, on échangera son chapelet, quand on en a un. On commet ainsi une irrévérence envers un objet de piété que l'on devrait garder pour soi. Afin d'obvier à ces échanges puérils, lorsqu'ils ne sont pas sacrilèges, l'église a dépouillé des indulgences tout chapelet prêté avec l'intention de les faire gagner. La Dame, par sa remontrance à Bernadette, consacre la propriété personnelle du chapelet. A chacun de veiller sur son outil de prière et de l'utiliser... Mais cet hommage de respect au chapelet matériel contient surtout, pour nous, une invitation à le bien réciter. Or, comment le devons-nous réciter ? comme le prêtre, son bréviaire :

Dignement. Ayons d'abord la dignité du maintien. Il est une étiquette des cours : n'y sont admis que ceux qui se conforment aux prescriptions du protocole. Les salons n'ouvrent leurs porte qu'à  ceux et celles qui ont, au moins extérieurement, de la tenue. Mais quelle politesse de manières a-t-on pour Dieu ? La Dame n'est souvent guère mieux respectée, même par nous. Quel vagabondage de regards, quelle désinvolture de mouvements, pendant la récitation du chapelet !... Et la dignité de la prononciation, qu'en fait-on pareillement ? On mange certains mots, on en mutile d'autres, on en saute, on en invente, on improvise des phrases qui sont une insulte sonore à la grammaire et au bon sens ; ou bien, on dit tout exactement, mais avec une déplorable accentuation.

Attentivement. L'attention est l'application de l'esprit à ce qu'on pense, à ce qu'on dit, à ce qu'on fait. La dignité discipline l'extérieur ; l'attention, l'intérieur. L'une et l'autre s'aident réciproquement. Le manque de dignité vient souvent du manque d'attention : le corps est irrespectueux à cause de l'esprit inattentif. Joindre les mains, baisser les yeux, bien articuler, sont autant d'excellents moyens de prévenir, diminuer, chasser les distractions. Or, pour une bonne récitation du chapelet, une triple attention est requise.

Attention aux paroles. Parler sans se rendre compte du sens des termes employés, c'est déchoir de son rang de créature pensante et surtout baptisée. S'il importe de savoir ce qu'on dit aux hommes, à  plus forte raison importe-t-il de savoir ce qu'on dit à la Reine des hommes et à Dieu ! D'autant que les paroles qui composent le chapelet sont les plus vénérables, les plus sanctifiantes, les plus instructives, qu'il soit donné à une bouche humaine de proférer....

Attention à la Dame. Elle mérite que nous soyons particulièrement respectueux. S'il est impoli de parler, fût-ce à un domestique, en affectant des airs distraits, comment qualifier l'attitude de ceux qui, tout en égrenant le chapelet, se laissent envahir, dans leur imagination trop complaisante, par une foule d'étrangères pensées ? Il y a là  un sans-gêne qui, loin de nous concilier la bienveillance de Celle dont nous implorons machinalement la protection, risque de nous faire encourir son dédain, son mécontentement, sinon même son courroux. Il serait bon peut-être de ne pas oublier, à ce point, les distances qui la séparent de nous.

Attention à l'entourage. La Dame nous voit comme elle voyait Bernadette, comme elle voyait, sans leur manifester sa présence, tous les assistants qui la priaient en union avec l'enfant. Mais Marie n'est point seule à nos côtés : Dieu nous voit par son immensité qui embrasse tous les êtres, par sa science à laquelle rien n'échappe, par sa providence qui dirige toutes choses, par sa grâce qui informe divinement nos âmes comme nos âmes informent humainement nos corps ; Jésus nous voit par ses attributs divins et, quand nous prions la Dame à l'église, par son Eucharistie ; le Saint-Esprit nous pénètre, à son tour, de son action sanctificatrice, et nos anges gardiens sont également témoins de nos supplications. Mais, à cet entourage invisible dont nous ne saurions trop respecter la présence, se mêle souvent l'entourage visible des parents, des enfants, des voisins, des amis. Or, cet entourage extérieur n'est point à négliger : nos exemples, jamais neutres, le scandalisent ou l'édifient.

Dévotement. La dévotion est le résultat d'une double chaleur. On regarde la Dame à la lumière de la foi. A mesure qu'on la contemple, on assiste, par la réflexion, au défilé de ses grandeurs. Et de ces grandeurs dont la contemplation, si imparfaite soit-elle, confond notre petitesse, se dégage un arôme de bonté qui attire. Nous la voyons toute grande, mais nous sentons qu'elle est en même temps toute bonne. L'idée que nous nous faisons d'elle se convertit ainsi de lumière en chaleur. C'est d'abord la chaleur de la conviction. Mais cette chaleur de la tête pénètre logiquement dans notre cœur, et c'est alors la chaleur de l'amour : double chaleur dont la vertu fécondante produit dans les âmes, à l'heure de la prière, la dévotion.

 

Examen

 

Avons-nous un chapelet ?... Ne pas en avoir un serait une indélicatesse, une imprudence, une infidélité... Prétendre y suppléer habituellement avec ses dix doigts est une irrévérence et une pitoyable excuse... Portons-nous notre chapelet ?... Ne le laissons-nous pas négligemment dans la poche des vêtements que nous avons quittés, ou en un étui ou sur une table parmi les objets qui composent notre petit musée religieux... Le chapelet surtout est un porte-bonheur... Le faisons-nous réparer en toute hâte en cas de besoin ? Nous en procurons-nous un neuf en cas d'usure ?... Avons-nous à cœur de le faire enrichir de toutes les indulgences dont la libéralité de l'Eglise le rend susceptible...

Comment le récitons-nous ?... Avons-nous la dignité du maintien, de la prononciation ? Quelle est notre intensité d'attention aux paroles, à la Vierge, à  l'entourage ?... Y préludons-nous par un peu de recueillement ?... Choisissons-nous, pour le dire, l'heure, l'endroit le plus propices ?... Nous ressaisissons-nous à chaque dizaine en formulant une intention particulière pour nous, pour les morts ou les vivants ?... Au Credo, pensons-nous aux Martyrs qui ont souffert pour la Foi, aux Apôtres qui l'ont défendue ?... Au Pater, songeons-nous à Jésus qui nous l'a enseigné, à nos mères qui nous l'ont appris?... Aux Ave, nous rappelons-nous dès les premières paroles Gabriel qui les prononça ?... Nous unissons-nous à Sainte Elisabeth qui les compléta ?... Invoquons-nous la Mère de Dieu avec la foi des conciles, la dévotion des aïeux, la sérénité des mourants ?... Aux Gloria Patri, adorons-nous la Trinité Sainte en union avec les anges et les élus du Ciel ?... Le récitons- nous, en partie ou en totalité, chaque jour ? Ainsi faisait la digne, l'attentive, la dévote, la fidèle Bernadette.

 

Prière

 

O Notre Dame, vous tenez tant au chapelet que vous vous montrâtes à Bernadette avec un chapelet aux grains d'albâtre et à la chaîne d'or.... Au surplus, vous ne favorisâtes l'enfant de aucune de vos apparitions sans l'obliger à réciter devant vous cette prière Et, tout à l'heure, nous vous avons vue donner à la voyante distraite la leçon que nous venons de méditer.... Si nous n'avions su que le chapelet vous était agréable, vous vous seriez chargée de nous l'enseigner à la Grotte, magistralement. Merci, ô maternelle Educatrice, de l'enseignement et des exemples que vous nous avez apportés dans la niche bénie.... Nous aimions le chapelet, nous l'aimerons davantage.... Nos mains se plairont à en effeuiller quotidiennement les roses qui pour vous sentent si bon ; et, après vous avoir saluée tant de fois, ici-bas, pleine de grâce, vous nous obtiendrez d'aller, quand nous serons morts, égrener devant votre trône les Ave Matin de la gloire....

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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19 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingtième jour

Intimités

 

Au matin du 28 février, plus de deux mille spectateurs se trouvaient réunis autour du rocher de Massabielle, attendant fiévreusement l'arrivée de la voyante. Bernadette se présenta toute proprette, revêtue de ses modestes habits du dimanche et accompagnée de sa plus jeune tante Lucile... L'entretien mystérieux de la Dame avec sa petite confidente ne donna lieu, en cette douzième Apparition, qu'à des communications intimes et toutes personnelles. Le dessein de la Vierge en ces communications était, semble-t-il, de faire goûter à Bernadette un triple bienfait.

Le bienfait du calme dans le recueillement ! L'apostolat expose aux agitations, aux fièvres du dehors. On finit par s'énerver, par se troubler pour beaucoup de choses, comme disait Jésus à Marthe, son hôtesse. La Dame protège l'enfant contre cette évaporation nuisible à la sérénité. Bernadette devenait de plus en plus un personnage public, elle venait d'être ambassadrice auprès du clergé : autant d'extériorisations qui devaient ou pouvaient l'enfiévrer... Le calme est un agent de première nécessité pour la conduite de la Vie. Il rend maître de soi, et cette maîtrise permet de se connaître à  fond, de se dominer. Il favorise l'audition des voix de la conscience, de la grâce et des événements : la conscience a comme des pudeurs d'intonations que le bruit effarouche et absorbe ; Dieu a des appels discrets que la dissipation empêche de saisir; les événements, même les plus insignifiants, apportent des leçons dont l'écho, pour être nettement perçu, ne peut être recueilli qu'à  tête reposée. Sans calme, on a des légèretés de pensées, des absences de mémoire, des précipitations de jugement, des inégalités d'humeur, des saillies de caractère, des fuites de délicatesse, qui paralysent notre influence, en nous aliénant, plus ou moins, l'estime, la confiance, les sympathies d'autrui. La Dame, voulant faire de Bernadette un modèle de vie à la fois contemplative et active, en faisait une recueillie.

Le bienfait de la lumière dans la réflexion ! On se livre aux autres et, sous couleur de les sanctifier, on se néglige soi-même. L'examen de conscience, fait trop sommairement, ne révèle plus les points faibles qu'il faudrait fortifier, les exercices de piété tronqués, faute de temps, perdent peu à peu, faute d'attention, leurs saveurs primitives. La mortification, sous prétexte de santé à conserver pour faire face aux exigences du labeur quotidien, ne figure presque plus dans notre régime de vie. L'accoutumance conduit à la banalité. Nos œuvres extérieures nous donnent la réputation d'hommes éminents, de femmes remarquables : il est si facile d'être éminent, illustre, aux époques de décadence où les nivellements égalitaires abaissent toutes les toises, tandis que les engouements les relèvent ! Au lieu d'observations que personne n'ose plus nous faire, on reçoit des compliments que tout le monde, j'entends le monde des naïfs ou des intéressés, nous prodigue. Et nous contractons toute sorte de défauts qui font subir autant de déchets à l'oeuvre interne de notre sanctification. La Dame ne veut pas que Bernadette s'imagine être suffisamment sacrée par ses nouvelles fonctions et, pour la prémunir contre une illusion si ravageante, elle la contraint de réfléchir sur soi, par des communications particulières...

Le bienfait de la force dans l'amour ! Notre-Seigneur disait : « Sans Moi, vous ne pouvez rien faire... Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruits ». Il est indispensable d'être toujours uni au Christ pour ne sentir sa faiblesse ni dans les tentations que le Démon suggère, ni dans les luttes que les vertus imposent, ni dans les désappointements que les hommes ménagent. Être uni, surtout avec son Dieu, c'est être fort : l'union fait la force ; c'est aussi aimer : l'union vient de l'amour et l'entretient. Or, cette union génératrice de la force, conservatrice de l'amour, est d'une nécessité encore plus impérieuse, quand croissent les difficultés, compagnes inévitables de toute croissance d'action apostolique. Pour vaincre, il faut redoubler d'intensité et de tendresse dans l'union. Malheur à l'âme qui se relâcherait : elle perdrait sa chaleur de pénétration, sa force, son amour. La fin détruirait l'oeuvre, loin de la couronner... La Dame entend que Bernadette échappe à cette crise, et, pour l'obliger à mener une vie d'union plus amoureuse, elle lui fait de maternelles et toutes spéciales communications, l'ayant déjà  protégée contre toute fièvre par le recueillement, contre toute illusion par des jets de lumière, elle complète l'apostolique éducation de cette enfant, en la munissant d'une plus ample provision de force et d'amour pour la protéger contre tout découragement : rien ne pénètre profondément dans les intelligences, les cœurs et les volontés, comme le caractère personnel, intime, des communications. On se dit tout alors, et on comprend, et on aime, et on accepte tout...

 

Examen

 

Nous présentons-nous toujours propres à l'église ? La propreté est une vertu... Notre corps, temple du Saint-Esprit, doit avoir pour Dieu sa parure... L'Eglise pare magnifiquement le corps de ses ministres à l'autel.... Nous devrions être propres pour nous... pour les autres, mais surtout le dimanche, pour Dieu... Bernadette se présenta proprette le dimanche à la Grotte.... Je sais bien qu'à  certaines Messes, les mondaines apparaissent endimanchées.... Mais leur toilette, au lieu d'être inspirée par la piété, n'est-elle pas provoquée par une vanité sacrilège qui transforme la maison de Dieu en rendez- vous, en salle d'exposition, ou en vitrine de magasins de nouveautés ?... D'autres, au contraire, irréprochables en leur mise quand ils vont en visite, sont d'un négligé humiliant lorsqu'ils se rendent à l'église pour remplir le premier des devoirs...

Quel est notre recueillement ? Ne menons-nous pas une vie presque toute en façade, n'analysant à  peu près jamais nos impressions, ne nous livrant à aucun examen de conscience, à aucun inventaire spirituel, nous dispensant de donner audience aux pensées sérieuses pour ne pas être contraints de regarder en face notre âme et le Bon Dieu ? C'est faire de la piété automatique que de se contenter du culte extérieur : le Royaume de Dieu est au dedans de nous...

Quelle portée ont nos réflexions ? Réfléchissons-nous sur le passé pour le réparer... sur le présent pour le sanctifier... sur l'avenir pour le préparer... sur les droits de Dieu pour le servir... sur la perte des âmes pour les sauver... sur les causes de nos joies pour les épurer, de nos tristesses pour les diminuer, de nos défaillances pour les prévenir.... Peut-être ne réfléchissons-nous que sur les insuccès de notre amour-propre, sur nos mécomptes financiers pour les déplorer, ou sur l'élévation des autres pour les jalouser ?...

Quelles sont nos amours ? Aimons-nous véritablement Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos forces, par dessus toutes choses... Faisons-nous en sorte qu'il soit en nous et autour de nous le plus et le mieux aimé ?

Aimons-nous Jésus comme Dieu, comme Rédempteur, comme Docteur, comme Pasteur, comme Ami, comme Frère ? L'aimons-nous plus que ceux et celles qui nous entourent ?... Ayant plus reçu, nous devons plus aimer... Aimons-nous la Très Sainte Vierge comme le chef-d'oeuvre de Dieu, comme la Mère de Jésus, comme notre Médiatrice, notre Avocate et notre Mère ?... La Mère de Dieu est aussi ma mère... Aimons nous l'Eglise sans laquelle nous ne connaîtrions ni Dieu, ni Jésus, ni Marie, ni l'éternité ? L'aimons-nous pour sa beauté, pour ses bienfaits, pour ses souffrances?... Si jamais je t'oublie, sainte Eglise romaine, que ma droite se sèche et que ma langue s'attache à mon palais !... Aimons-nous les âmes, surtout celles de nos parents, de nos bienfaiteurs, de nos amis, vivants ou morts ? On reconnaît qu'on aime sans illusion à trois signes : la fidélité du souvenir, l'acceptation de la souffrance, le don de soi... Pour qui sont nos pensées, nos douleurs, nos donations ?...

 

Prière

 

O Notre Dame, nous voulons être recueillis, réfléchis, aimants ; faites-nous vos communications. Mais apprenez-nous en même temps à les saisir sans ambiguïté, à  les observer sans inconstance Vous devez avoir, dans l'intimité, tant de choses à nous dire ; si grand est en nous, à défaut du désir, le besoin d'un tenir compte !...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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