Neuvaine de Noël
Saint Alphonse de Liguori
Premier jour
16 Décembre
Dieu nous a donné Son Fils unique pour Sauveur
« Je t'ai envoyé pour être la lumière et le salut de toutes les nations de la terre ».
Écoutons le Père éternel adressant ces paroles à Jésus Enfant, au moment même de Son Incarnation dans le sein de Marie : « Mon Fils, Je Vous ai donné au monde pour être la Lumière et la Vie des nations, pour leur procurer le Salut, que Je désire autant que s'il s'agissait de Mon propre Salut. Il faut donc que Vous vous consacriez sans réserve à cette œuvre que j'ai tant à Cœur. Je Vous ai donné tout entier à l'homme ; Vous devez donc Vous dépenser sans réserve pour son bien ». Il est nécessaire que dès Votre naissance Vous enduriez la plus extrême pauvreté, afin que l'homme devienne riche. Il faut que Vous soyez vendu comme un esclave, pour rendre à l'homme sa liberté ; que Vous soyez flagellé et même crucifié comme un esclave, afin de satisfaire à Ma Justice pour les peines qu'il a méritées par ses péchés. Il faut que Vous versiez Votre Sang et donniez Votre Vie pour délivrer les pécheurs de la mort éternelle. Ainsi l'homme sera contraint de M'aimer et de se donner à Moi, en voyant que Je vous donne tout à lui, Vous, Mon Fils unique, et qu'il ne Me reste plus rien à lui donner ». Voilà jusqu'où est allé l'amour de Dieu pour les hommes. Ce Dieu, infini en toutes perfections, a aimé le monde, dit saint Jean, jusqu'à lui donner son fils unique.
Et le Fils de Dieu, le Verbe incarné, loin de s'attrister de la proposition que lui fait son Père, l'accepte avec transport, heureux de pouvoir, lui aussi, nous prouver son amour et procurer notre salut. « Comme un géant, Il s'est élancé dans la carrière qui lui était ouverte ». Dès le premier instant de son incarnation, Il se donne, Il se sacrifie, Il embrasse avec joie toutes les douleurs et toutes les humiliations qu'Il doit souffrir ici-bas pour l'amour des hommes. Remarquons-le bien : en envoyant Son Fils pour nous racheter, Dieu le Père s'est en quelque sorte obligé à nous pardonner et à nous aimer. De Son Côté, le Verbe Divin, ayant accepté la mission de nous racheter et de procurer notre Salut, a pris les mêmes engagements pour se conformer aux bienveillantes et miséricordieuses intentions de Son Père a notre égard.
Affections et prières
Mon cher Jésus, s'il est vrai qu'aux termes de la Loi, le domaine s'acquiert par la donation, Vous m'appartenez, puisque Votre Père Vous a réellement donné à moi. C'est pour moi que Vous êtes né, c'est à moi que Vous avez été donné. Puisque Vous êtes à moi, à moi aussi sont tous vos biens : l'Apôtre me le dit : « Comment avec Son Fils Dieu ne nous aurait-Il pas tout donné ? » A moi donc Votre Sang précieux, à moi Vos mérites, à moi Votre Grâce, à moi Votre Paradis. Eh ! Qui pourrait me ravir mon trésor, Non, personne ne saurait me ravir mon Dieu. Cependant, je suis si faible ! Je puis donc encore Vous perdre par le péché ; je puis me séparer de Vous ! Mon Jésus, ne le permettez pas. Je me repens de Vous avoir autrefois abandonné ; je suis résolu de tout sacrifier, même la vie, plutôt que de Vous perdre encore, vous le bien infini, Vous l'unique amour de mon âme.
Je Vous remercie, ô Père éternel, de m'avoir donné Votre Fils ; puisque Vous me l'avez donné sans réserve, c'est aussi sans réserve que je me donne à Vous. Pour l'amour de cet Adorable Fils. acceptez-moi, et, par les douces chaînes de l'Amour, attachez-moi à mon Rédempteur ; attachez-moi si étroitement que je ne puisse plus jamais me séparer de Lui. Et Vous, mon Sauveur, puisque Vous êtes tout à moi, je veux être aussi tout à Vous. Disposez de moi et de ce qui m'appartient selon Votre bon plaisir. Comment pourrais-je rien refuser à un Dieu qui n'a pas hésité à me donner Son Sang et Sa Vie !
Marie, ma Mère, gardez-moi sous le manteau de Votre protection. Je ne veux plus être à moi, mais à mon Divin Maître. À Vous de me rendre fidèle, je me confie en Vous.
Deuxième jour
17 Décembre
Affliction du Cœur de Jésus dans le sein de Marie
« Vous avez rejeté les offrandes et les sacrifices, et vous m'avez formé un corps ».
Considérons quelle amère douleur ressentit le Cœur de Jésus dès le premier instant de Son existence dans le sein de Marie, alors que son Père lui mit devant les yeux cette longue série d'opprobres, de souffrances et d'angoisses qu'il devait endurer durant Sa Vie pour délivrer les hommes des maux qu'ils s'étaient attirés par le péché. Voici comment le prophète Isaïe fait parler Jésus : « Dès le matin, la voix du Seigneur a frappé Mon oreille. Dès le premier instant de Mon Incarnation, Mon Père M'a fait connaître Sa Volonté de Me voir embrasser une vie de souffrances afin de la terminer par la mort de la Croix. Et Moi, Je n'ai point résisté ; J'ai livré Mon Corps à ceux qui devaient le frapper. Pour votre Salut, âmes bien chères, J'ai tout accepté : les fouets, les clous et la mort ».
Ce que Jésus-Christ devait souffrir durant Sa Vie et dans le cours de Sa Passion, lui fut mis sous les yeux dès le sein de sa mère, et Il accepta tout avec Amour ; mais pour se résigner à ce Sacrifice et pour vaincre la répugnance de la nature, ô Dieu, quelles angoisses et quels déchirements n'éprouva pas le Cœur innocent de Jésus ! Il sut dès son premier instant ce qu'Il devait d'abord souffrir en restant enfermé durant neuf mois dans cette obscure prison du sein de Marie ; Il sut à quelles humiliations et à quelles souffrances Il devait s'attendre en naissant dans une froide caverne qui servait de refuge aux animaux ; Il connut les humiliations et les travaux pénibles qui devaient remplir Sa Vie durant les trente années qu'Il passa dans l'atelier d'un pauvre artisan. Il sut que les hommes le regarderaient et le traiteraient comme un ignorant, un homme de la plèbe, voire même comme un séditieux et un criminel, méritant de subir le supplice infamant et cruel des insignes scélérats.
A chaque instant de Sa Vie, notre très aimant Rédempteur vit et accepta toutes ces peines qui l'attendaient ; ainsi à chaque minute Il endura simultanément tous les tourments et tous les opprobres de Sa longue et douloureuse Passion, tout ce qu'Il devait souffrir de son incarnation à sa mort. Pourquoi ? Pour sauver ces misérables et ingrats pécheurs que nous sommes.
Affections et prières
Mon bien-aimé Rédempteur, qu'il Vous en a coûté, dès Votre entrée en ce monde, pour me tirer de l'abîme où mes péchés m'avaient plongé ! Afin de me délivrer de l'esclavage du démon, que volontairement j'avais choisi pour maître en me livrant au péché, Vous avez consenti à être traité comme le plus indigne des esclaves. Je savais cela. Néanmoins, que de fois, cédant aux perfides sollicitations de cet ennemi de mon âme, j'ai blessé Votre Cœur infiniment aimable, ce Cœur, qui m'a tant aimé. Mais puisque Vous, mon Dieu, l'innocence même, avez embrassé une vie si pénible, subi une mort si cruelle, par Amour pour moi, à mon tour, ô Jésus, par amour pour Vous, j'accepte toutes les croix qui me viendront de Votre main. Je les accepte et je les embrasse parce quelles me viennent de ces mains percées sur la Croix pour me délivrer de l'enfer que j'ai tant de fois mérité. L'amour que Vous m'avez témoigné, ô mon Rédempteur, en Vous offrant à souffrir ainsi pour moi, m'impose l'obligation de me résigner, par amour pour Vous, à toutes souffrances et à tout mépris.
De grâce, au nom de Vos mérites, ô mon Jésus, donnez-moi Votre Amour ; il me rendra douces et aimables toutes les souffrances et toutes les humiliations. Je Vous aime souverainement, je Vous aime de tout mon cœur, je Vous aime plus que moi-môme. Durant toute Votre Vie, Vous m'avez donné mille preuves de Votre Amour ; et moi, ingrat, durant les nombreuses années déjà passées en ce monde, quelle preuve d'amour Vous ai-je donnée ? Faites donc qu'avant de mourir je Vous en donne quelqu'une. Aidez-moi, ô mon Jésus, par les mérites de Vos Souffrances et du Sang que Vous avez répandu pour moi, aidez-moi à Vous aimer et à faire en tout point Votre Sainte Volonté.
Très sainte Vierge, Marie, recommandez-moi à Votre Divin Fils ; je Vous en conjure par l'Amour que vous Lui portez.
Troisième jour
18 Décembre
Jésus s'est fait enfant pour gagner notre confiance et notre amour
« Un petit enfant nous est né, un Fils nous a été donné ».
De longs siècles se sont écoulés depuis la promesse d'un Rédempteur faite par Dieu à Adam pécheur. Pendant tout ce temps, les patriarches les prophètes, toutes les âmes justes ont soupiré après la venue du Messie, l'ont appelé par leurs ferventes prières. Enfin, Il est venu, ce Messie l'attente des nations, le désir des collines éternelles, Il est venu et Il est né pour nous.
Le Fils de Dieu s'est fait petit pour nous rendre grands ; Il s'est donné à nous afin que nous nous donnions à Lui ; Il est venu nous témoigner son amour afin que nous y correspondions par le notre. « Les petits enfants, dit Saint Bernard, donnent facilement ce qu'on leur demande » ; Jésus est venu sous la forme d'un petit enfant pour nous faire comprendre combien Il désire nous enrichir de Ses trésors. Or, tous les trésors sont en Lui, dit Saint Paul. Son Père a tout remis entre Ses mains, dit Saint Jean. Voulons-nous des lumières ? Il est venu nous éclairer. La force de résister à nos ennemis ? Il est venu nous fortifier. Désirons-nous le pardon et le salut ? Il est venu pour nous pardonner et nous sauver. Enfin, désirons-nous le trésor de l'Amour Divin ? c'est pour enflammer nos cœurs qu'il est venu, qu'Il s'est fait petit enfant. Oui, s'il a bien voulu se montrer à nous si pauvre et si humble, c'est pour nous paraître plus aimable, c'est pour nous ôter toute crainte et gagner plus sûrement notre amour.
Jésus-Christ a voulu se montrer à nous comme un tout petit et aimable enfant, pour que nous l'aimions non seulement par-dessus toutes choses, mais encore de toute la tendresse de notre cœur. Les petits enfants ravissent l'affection de ceux qui les approchent ; qui donc n'aimerait pas de tout l'amour dont il est capable, un Dieu qu'il voit sous la forme d'un petit enfant, nourri d'un peu de lait, tremblant de froid, pauvre, délaissé, pleurant et gémissant dans une crèche sur la paille ? Ah ! Je comprends Saint François s'écriant, plein d'amour : « Aimons l'Enfant de Bethléem ! Aimons l'Enfant de Bethléem ! » Nous aussi, aimons donc et de tout notre cœur ce Dieu fait enfant pour se donner tout à nous.
Affections et prières
Aimable Jésus, Vous êtes descendu du Ciel pour nous empêcher de tomber dans l'enfer, pour Vous donner entièrement à nous. Comment donc avons-nous pu tant de fois Vous mépriser et Vous trahir ? Les hommes ne sont généralement pas ingrats envers les créatures. Qu'une personne vienne de loin nous faire visite, nous faire quelque présent, nous donner quelque marque d'affection, nous en gardons le souvenir, nous sentons l'obligation d'en témoigner notre reconnaissance. Comment se fait-il donc, ô mon Dieu, que ces mêmes hommes ne soient ingrats qu'envers Vous, envers Vous qui les avez aimés jusqu'à donner pour eux Votre Sang et Votre Vie ? Hélas ! Je me suis montré plus ingrat que tous les autres : plus Vous avez été généreux envers moi, plus je me suis montré peu reconnaissant envers Vous ! Si Vous eussiez prévenu un hérétique, un idolâtre, des grâces dont Vous m'avez comblé, il serait devenu un saint, et moi, je n'ai fait que Vous offenser !
Seigneur, pardonnez-moi toutes ces offenses. Vous avez promis d'oublier toutes les iniquités du pécheur qui se repent. Si donc par le passé je ne Vous ai pas aimé, si je Vous ai offensé, Vous daignerez me pardonner, car je me repens et je Vous aime. Vous vous êtes donné tout à moi, il est juste que je me consacre tout à Vous, pour Vous aimer et pour accomplir toujours Votre Sainte Volonté. Je Vous aime, ô mon Jésus, oui, je Vous aime de tout mon cœur ; ce cri du cœur, puissé-je le répéter tant que je vivrai, et mourir en disant encore : « Mon Dieu, je Vous aime ! Je Vous aime ! » ; puissé-je ainsi à mon dernier moment commencer de Vous aimer sans mesure et sans fin d'un amour éternel. Aidez-moi par Votre grâce à remplir ma résolution.
Ma Clémente Reine, Marie, je me reconnais redevable à Votre intercession de toutes les grâces que j'ai déjà reçues ; ne cessez pas d'intercéder pour moi. Mère de la persévérance, obtenez-moi la sainte persévérance.
Quatrième jour
19 Décembre
La Passion de Jésus dura toute sa vie
« Ma douleur m'est toujours présenté ».
Considérons que dès l'instant où l'âme de Jésus-Christ fut créée et unie à Son Corps dans le sein de Marie, le Père éternel obligea Son Fils de sacrifier Sa Vie pour sauver le monde perdu par le péché. En même temps lui fut mis devant les yeux le spectacle effrayant de toutes les peines qu'Il devait endurer jusqu'à Sa mort pour le salut des hommes : humiliations et pauvreté de Sa Vie cachée à Bethléem, en Egypte, à Nazareth ; les douleurs et les ignominies de Sa Passion : fouets, épines, clous, croix, instruments de ses souffrances ; toutes les peines intérieures, dégoûts, agonies et même le cruel abandon dans lequel Il devait unir Sa Vie sur le Calvaire.
Abraham menant son fils à la mort, ne voulut point l'affliger en lui révélant son dessein, même dans le court trajet qui les séparait de la montagne. Le Père éternel, au contraire, voulut que Son Fils incarné, victime d'expiation destinée à payer nos dettes envers la Souveraine Justice, souffrît d'avance toutes les peines auxquelles Il devait être assujetti durant Sa Vie et à Sa Mort. C'est ainsi que Jésus endura, même dès le sein de sa Mère, la tristesse mortelle du jardin des Oliviers. Dès lors aussi, et à chaque instant, Il sentit peser sur ses épaules cette lourde croix qu'Il devait porter au Calvaire.
En un mot, toute la Vie de notre Divin Rédempteur, sans en excepter un seul jour, fut un martyre continuel, selon la prophétie de David : « Ma vie s'est consumée dans la douleur, et mes années dans les gémissements ». Son Cœur adorable ne fut pas un instant exempt de souffrance et d'amertume ; le sommeil pas plus que la veille, le travail pas plus que le repos, ne mettaient un terme à ses cruelles souffrances ; qu'Il fût en prière ou en conversation avec Marie et Joseph, toujours Il eut présente à la pensée Sa cruelle Passion, qui le torturait en son âme plus que tous les martyrs n'ont souffert dans leur corps. Sans trêve ni consolation, toute sa vie, pour l'amour de nous, Il endura toute Sa Passion.
Affections et prière
Cœur si aimable et si aimant de mon Jésus, Vous avez donc été rempli d'angoisses et d'amertume dès le sein môme de Marie; dès lors vous avez souffert sans soulagement ni consolation ; Vous avez souffert cette continuelle agonie pour m'exempter de l'agonie et de la mort éternelles qui m'attendaient dans l'enfer en punition de mes péchés. Vous avez souffert un cruel abandon afin de me sauver, moi qui eus l'insolente audace d'abandonner mon Dieu pour obéir aux plus vils penchants. Je Vous remercie, ô Cœur si aimant et si affligé de mon Sauveur, et je compatis à Vos Douleurs. Combien je suis navré de voir l'insensibilité des hommes en face de tout ce que Vous souffrez pour leur amour. Ô amour de Jésus ! Ô ingratitude des hommes ! Ah ! mon Rédempteur, qu'il en est peu qui pensent à Vos douleurs et à Votre Amour ; hélas ! Qu'il en est peu qui Vous aiment !
Misérable que je suis, j'eus moi-même le malheur de vivre longtemps sans penser à Vous. Vous avez tant souffert pour être aimé de moi, et je ne Vous ai pas aimé ! Pardonnez-moi, mon Jésus, pardonnez-moi ! Je veux me corriger, je veux désormais Vous aimer de tout mon cœur. Quel malheur pour moi, Seigneur, si je résistais encore à Votre grâce, car ce serait courir à ma damnation ! Toutes les miséricordes dont Vous m'avez prévenu, et particulièrement cette douce invitation par laquelle Vous m'engagez en ce moment à Vous aimer seraient, dans l'enfer, mon plus cruel supplice. Mon bien-aimé Jésus, ayez pitié de moi ; ne permettez pas que je réponde encore à Votre Amour par l'ingratitude; éclairez-moi, et donnez-moi la force de surmonter tout obstacle qui pourrait m'empêcher d'accomplir Votre Sainte Volonté.
Marie, ma Mère bien-aimée, aidez-moi. C'est Vous qui m'avez obtenu toutes les grâces que j'ai déjà reçues de Dieu ; je Vous en remercie, et je Vous prie de me continuer Votre puissante protection.
Cinquième jour
20 Décembre
Jésus s'est offert dès le commencement pour notre Salut
« Il a été offert, parce que Lui-même l'a voulu ».
A peine le Verbe divin était-Il incarné dans le sein de Marie, qu'Il se voua Lui-même sans réserve aux souffrances et à la mort pour le Salut du monde. Il savait que les innombrables sacrifices de boucs et de taureaux offerts à Dieu dans le passé, n'avaient pu satisfaire pour les péchés des hommes ; qu'une personne divine était seule à même de payer le prix de leur rédemption. De là, ce qu'il dit à son entrée dans le monde, ainsi que nous l'apprend Saint Paul : « Ni les victimes, ni les oblations ne Vous agréent, aussi n'avez-Vous formé un corps ; et j'ai dit : me voici, ô mon Père ! ». Mon Père, toutes les victimes qu'on Vous a offertes ont été et ne pouvaient qu'être insuffisantes pour désarmer Votre colère ; c'est pourquoi Vous m'avez donné ce corps passible, afin que l'effusion de mon sang apaisât votre justice irritée contre les pécheurs et les sauvât; me voici, je suis prêt à faire en tout Votre Sainte Volonté.
Sans doute, dans la partie inférieure de son âme, Jésus éprouvait une grande répugnance ; il Lui en coûtait de vivre et de mourir au milieu de tant de souffrances et d'opprobres ; mais Sa Volonté, soumise tout entière à la Volonté de Son Père, surmonta cette répugnance de la nature, et Il consentit à épuiser le calice de Sa Passion. Dès lors, en conséquence, Il commença à souffrir toutes les angoisses et les douleurs qu'Il devait endurer à chaque minute de Sa Vie.
Et nous, qu'avons-nous fait, qu'avons-nous souffert pour Jésus, depuis que, parvenus à l'âge de raison, nous avons commencé à connaître, par les lumières de la Foi, le mystère de la Rédemption ? Quelles ont été nos pensées, nos actions ? Quels biens avons-nous aimés ? Les plaisirs des sens, les faux biens de ce monde, l'orgueil, la vengeance : voilà ce qui a trop souvent emporté nos préférences et captivé notre cœur. Mais, puisque nous avons la Foi, ne nous déciderons-nous pas à changer de conduite, à donner aux affections de notre cœur un plus digne objet. Aimons donc un Dieu qui a tant souffert pour nous. Rappelons-nous tout ce que le Cœur de Jésus a souffert pour nous dès son enfance, et nous nous sentirons doucement contraints d'aimer uniquement ce Dieu qui nous a tant aimés.
Affections et prières
O mon Jésus, faut-il Vous avouer comment jusqu'ici je me suis comporté à Votre égard ? Hélas ! J'avais à peine l'usage de la raison, que déjà je commençais à mépriser Votre grâce et Votre Amour. Vous m'avez dès lors supporté parce que Vous vouliez me sauver. Je Vous fuyais, et Votre bonté ne cessait de me poursuivre. Le même Amour qui Vous fit descendre du Ciel pour venir à la recherche des brebis perdues, supportait mes infidélités et Vous empêchait de m'abandonner. Maintenant, mon bon Maître, Vous daignez encore m'appeler, et moi, je reviens à Vous ; je sens que Votre grâce m'assiste ; je le sens, à la profonde douleur que j'ai de mes péchés, car, je les déteste maintenant plus que tout autre mal ; je sens l'effet de Votre grâce, car j'éprouve un grand désir de Vous aimer et de faire en tout Votre bon plaisir. Oui, Seigneur, je veux Vous aimer et Vous plaire en tout. Ma fragilité originelle et la faiblesse que j'ai contractée par mes péchés me font craindre de nouvelles infidélités ; mais mes craintes cèdent à la confiance qui me provient de Votre grâce.
Oui, mon Jésus, la confiance que je puise dans Vos mérites me remplit de courage, et me fait dire avec l'Apôtre : « Je puis tout en Celui qui me fortifie ». Je suis faible, mais Vous me communiquerez la force de lutter contre mes ennemis ; malade, j'espère trouver dans Votre Sang le remède à mes maux ; pécheur, j'espère que Vous me rendrez saint. Dans ce but, ô mon Jésus, je veux être tout à Vous ; je Vous aime et ne veux plus aimer que Vous. Père éternel, pour l'amour de Jésus-Christ, permettez-moi de Vous aimer. Si je Vous ai irrité, laissez-Vous désarmer par les larmes de Jésus Enfant, qui Vous prie pour moi. Je suis indigne de Vos grâces, mais Votre Fils innocent les mérite pour moi : il Vous offre toute une vie de souffrances afin que Vous me fassiez grâce.
Ô Marie, Mère de miséricorde, ne cessez pas d'intercéder pour moi.
Sixième jour
21 Décembre
Jésus prisonnier dans le sein de Marie
« Je suis devenu comme un homme privé de tout secours, libre entre les morts ».
Considérons combien le Verbe incarné dut souffrir de se voir enfermé durant neuf mois dans le sein de Marie comme dans une étroite et obscure prison. Si les autres enfants naissent dans les mêmes conditions, ils n'en sentent point les incommodités, puisqu'ils n'en ont pas conscience, Jésus en avait une pleine connaissance, puisque « dès le premier moment de Son Incarnation, Il eut le parfait usage de Sa raison, Il avait des sens, et Il ne pouvait s'en servir ; Il avait des yeux et ne pouvait voir, une langue, et Il ne pouvait parler, des mains, et Il ne pouvait les mouvoir, des pieds, et Il ne pouvait marcher. C'est ainsi que le Psalmiste appelle sépulcre le sein de Marie, où durant neuf mois le Sauveur dut séjourner. Comme un homme libre au milieu des morts. Il était libre, car c'est volontairement, qu'Il s'était rendu captif dans cette prison ; Son Amour seul l'y tenait étroitement enchaîné. Il était libre, et cependant Il n'avait pas plus de mouvement qu'un mort.
Le sein de Marie fut pour notre Divin Rédempteur une prison volontaire, car il n'y fut retenu que par Son Amour. Mais ce fut en même temps une prison de justice : bien qu'innocent, Jésus s'était offert à expier nos fautes et à payer nos dettes : c'est donc avec raison que la Divine Justice le retint ainsi emprisonné, commençant à exiger par ce premier châtiment la satisfaction qui Lui était due.
Voilà donc à quoi se réduit le Fils de Dieu, pour l'amour des hommes : Il se prive de Sa liberté, Il se met dans les chaînes, pour nous délivrer des chaînes de l'enfer. Jésus, uniquement par amour pour nous, sans y être autrement contraint, s'est fait notre caution et notre libérateur ; Il s'est offert à payer nos dettes, et Il les a réellement payées de Sa Vie Divine ; Il s'est chargé des peines dues à nos crimes. Et nous pourrions vivre sans Lui en témoigner notre reconnaissance, sans Lui rendre Amour pour amour ! Gardez-vous, nous dit l'Esprit-Saint, d'oublier la générosité de Celui qui s'est fait votre caution ; car c'est pour vous qu'Il a donné Sa Vie.
Affections et prières
Mon Jésus, Vous m'avertissez de ne point oublier la grâce inappréciable que Vous m'avez faite : je Vous en remercie. J'étais débiteur, j'étais coupable ; et Vous, qui étiez innocent, Vous mon Dieu, par Vos souffrances et Votre mort, Vous avez bien voulu payer mes dettes. Après cela, n'ai-je pas oublié Vos bienfaits et Votre amour, n'ai-je pas eu l'audace de Vous tourner le dos, comme si Vous n'étiez pas mon Souverain Maître, comme si Vous ne m'aviez point aimé ! Mon cher Rédempteur, je l'avoue, j'ai été bien ingrat envers Vous, mais je suis résolu de ne plus me rendre coupable d'un tel crime. Vos souffrances et Votre mort seront l'objet habituel de mes pensées, elles me rappelleront sans cesse l'Amour que Vous m'avez porté.
Je maudis ces jours où, perdant le souvenir de ce que Vous avez souffert pour moi, j'ai fait un si mauvais usage de ma liberté. Vous me l'avez donnée pour Vous aimer, et je m'en suis servi pour Vous outrager ! Mais aujourd'hui, cette Liberté que j'ai reçue de Vous, je Vous la consacre tout entière. Daignez attacher ma pauvre âme à Vos pieds sacrés, par les chaînes de Votre Amour, afin qu'elle ne s'éloigne jamais plus de Vous.
Père éternel, par le mérite de la captivité de Jésus dans le sein de Marie, délivrez-moi des chaînes du péché et de l'enfer. Et Vous, ô Mère de Dieu, secourez-moi. Jésus, en se faisant Votre prisonnier, Vous a donné tout pouvoir sur Lui ; il exécutera donc tout ce que Vous lui demanderez. Ah ! Dites-Lui qu'Il me pardonne, dites-Lui qu'il me rende saint. Par la grâce et l'honneur qu'Il Vous fit d'habiter dans Votre sein virginal, je Vous en conjure, aidez-moi, ô ma Mère.
Septième jour
22 Décembre
Peine causée à Jésus par l'ingratitude des hommes
« Il est venu chez les siens, et ceux-ci ne l'ont point reçu ».
Un jour, pendant les fêtes de Noël, Saint François d'Assise, inconsolable, allait pleurant et soupirant par les chemins et les bois. Quelqu'un lui ayant demandé la cause de sa douleur : « Ah ! répondit-il, comment ne pleurerais-je pas, quand je vois que l'amour n'est point aimé ! Je vois un Dieu aimer l'homme jusqu'à la folie, et l'homme ne témoigner à ce Dieu que de l'ingratitude ». Si cette conduite des hommes affligeait tant le cœur de Saint François, combien plus ne dut-elle pas affliger le Cœur de Jésus !
A peine conçu dans le sein de Marie, Il vit la cruelle ingratitude dont devaient être payés Son Amour et ses bienfaits. Il était venu du Ciel pour allumer sur la terre le Feu de l'Amour Divin ; pour réaliser ce désir, Son Cœur s'était librement plongé dans un abîme de douleurs et d'opprobres. Mais voilà qu'au lieu des fruits délicieux de la Divine Charité, Il voit la plupart des hommes produire des œuvres de péché. Cette vue, dit Saint Bernardin de Sienne, causa à Jésus Enfant une douleur infinie.
Nous-mêmes, n'éprouvons-nous pas une cruelle peine à voir nos bienfaits payés d'ingratitude ? N'est-il pas vrai que le manque de reconnaissance afflige plus notre âme que la souffrance n'afflige notre corps ? Quelle ne dut pas être la douleur de Jésus-Christ, notre Dieu si aimant, de voir que nous répondrions par des offenses et des mépris à son amour et à ses bienfaits. Lui-même s'en plaint par la bouche de David : « Ils m'ont rendu le mal pour le bien, la haine pour l'amour ». Hélas ! Aujourd'hui beaucoup de chrétiens font-ils cas de l'amour de Jésus-Christ ? Notre Rédempteur apparut un jour au bienheureux Henri Suso sous la forme d'un pèlerin : Il allait de porte en porte mendier un gîte, mais tous le repoussaient avec force injures. N'avons-nous pas été jadis du nombre de ces ingrats, qui répondent aux bienfaits par des mépris et des outrages ? Et maintenant persévérons-nous dans la révolte contre notre Souverain Bienfaiteur ? Oh non ! Qu'il n'en soit plus ainsi ; et, pour cela, n'oublions jamais que le tout aimable Sauveur est venu du Ciel souffrir et mourir pour nous afin de gagner notre amour.
Affections et prières
Il est donc vrai, ô mon Jésus, que Vous êtes descendu du Ciel pour Vous faire aimer de moi ; il est vrai que Vous avez embrassé une vie pleine de souffrances et que Vous êtes mort sur la Croix pour mon amour, afin de Vous ouvrir l'entrée de mon cœur ? Et moi, qu'ai-je fait ? J'ai osé si souvent Vous chasser de mon cœur, pour y laisser entrer le démon ! Ah ! si Vous n'étiez un Dieu d'une bonté infinie, si Vous n'aviez donné Votre Vie pour me pardonner, je n'oserais jamais implorer mon pardon ; mais je Vous entends me l'offrir, quand Vous me dites par Votre prophète : « Reviens à moi, et je me tournerai vers toi ». Vous voulez être aussi mon intercesseur auprès de Votre Père ! Mon Jésus, je ne veux pas Vous faire une nouvelle injure en me défiant de Votre Miséricorde. Je me repens de tout mon cœur de Vous avoir méprisé, ô Bien suprême. Daignez me recevoir dans Votre grâce ; je Vous en conjure par le Sang que Vous avez répandu pour moi.
Non, mon Rédempteur et mon Père, je ne suis plus digne d'être appelé Votre fils, après avoir tant de fois renoncé à Votre Amour ; mais Vos mérites m'en font digne. Je Vous remercie, ô mon Père, je Vous remercie et je Vous aime. Ah ! Le seul souvenir de la patience avec laquelle Vous m'avez supporté durant tant d'années, et des grâces que Vous m'avez prodiguées malgré les outrages dont je me suis rendu coupable, devrait me faire brûler d'un continuel amour pour Vous. Venez donc, mon Jésus, venez habiter mon pauvre cœur ; je ne veux plus Vous chasser, je veux Vous aimer toujours. Embrasez-moi de plus en plus du Feu de la Divine Charité, et pour cela, rappelez-moi sans cesse l'Amour que Vous m'avez porté.
Ô ma Souveraine et ma Mère, Marie, aidez-moi, priez Jésus pour moi. Faites que désormais et sans retour je me montre reconnaissant envers ce Dieu qui, malgré toutes mes offenses, m'a si tendrement aimé.
Huitième jour
23 Décembre
Amour de Dieu manifesté aux homme par la Naissance de Jésus
« La grâce de Dieu notre Sauveur s'est manifestée à tous les hommes ».
Cette grâce dont parle ici l'Apôtre, c'est l'ardent Amour de Jésus-Christ pour les hommes, Amour que nous n'avons point mérité, et qui, pour cette raison, est appelé gratuit. En Dieu, cet Amour fut toujours le même, bien qu'il n'ait brillé que par degrés aux yeux des hommes. On le connaissait par un grand nombre de prophéties et de figures ; mais pour en voir l'éclatante manifestation, il fallait attendre la naissance du Rédempteur. Le Verbe éternel se montre aux hommes sous la forme d'un petit enfant couché sur la paille, pleurant et tremblant de froid. Déjà Il porte la peine de nos crimes ; ce sont les prémices de cet Amour qui lui fera plus tard endurer pour l'humanité le supplice de la Croix. Nous avons connu la Charité de Dieu, dit Saint Jean, en ce qu'Il a donné sa vie pour nous. Au jour de Noël, l'Amour de Dieu s'est manifesté à tous les hommes. Mais, d'où vient que tous ne l'ont pas connu, et qu'aujourd'hui encore un si grand nombre ne le connaissent pas ? Voici ce que répond Saint Jean : « La lumière est venue dans ce monde ; mais1es hommes lui ont préféré les ténèbres », aimant mieux la nuit du péché que le grand jour de la grâce.
Pour nous, n'augmentons pas le nombre de ces malheureux. Si, par le passé, nous avons fermé les yeux à la lumière, et trop peu songé à aimer Jésus-Christ, consacrons le reste de nos jours à réparer ce triste passé. Ne perdons jamais de vue les souffrances et la mort de notre Sauveur ; ainsi aimerons-nous comme il convient Celui qui nous a tant aimés. Méritons, par cet amour généreux, le beau Ciel que Jésus nous a conquis par Son Sang, cette béatitude dont parle Saint Paul, dans laquelle nous entrerons lors du glorieux avènement de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. Dans Son premier avènement, Jésus est venu sous la forme d'un enfant pauvre et méprisé ; mais dans le second, Il paraîtra comme juge, sur un trône de gloire, dans toute Sa Majesté Divine, ainsi que Lui-même l'a prophétisé. Heureux alors ceux qui l'auront aimé ! Mais malheur à ceux qui ne l'auront pas aimé !
Affections et prière
O Saint Enfant, je Vous vois aujourd'hui sur la paille, pauvre, affligé, abandonné ; mais je sais qu'un jour, environné des anges et dans tout l'éclat de Votre Majesté, Vous viendrez pour me juger. Ah ! Pardonnez-moi avant qu'arrive ce jour redoutable ! Alors Vous devrez me juger avec juste rigueur ; mais aujourd'hui Vous êtes mon Rédempteur, un Père plein de Miséricorde. Ingrat que je suis, je Vous ai volontairement méconnu ; et au lieu de penser à Vous aimer, en considérant l'Amour que Vous m'avez porté, j'ai songé à mes indignes satisfactions ; pour elles, j'ai méprisé Votre grâce et Votre amour. Je remets maintenant ma pauvre âme entre Vos mains ; daignez la sauver : « Vous m'avez racheté, Seigneur Dieu de vérité »
Sachant que, pour me racheter de l'enfer, Vous avez donné Votre Sang et Votre Vie, je reprends confiance, et je mets en Vous tout mon espoir, sachant que, pour me racheter de l'enfer Vous avez donné votre Sang et votre vie, vous ne m'avez pas fait mourir lorsque j'étais en état de péché. Avec patience Vous m'avez attendu afin que, rentrant en moi-même, pénétré d'un sincère repentir, je me décide à Vous aimer, et qu'alors Vous puissiez me pardonner et me sauver. Oh ! Oui, mon Jésus, je veux correspondre à cet immense désir que Vous avez de mon Salut ; je me repens souverainement de tous les déplaisirs que je Vous ai causés, je Vous aime par-dessus toutes choses. Sauvez-moi, par Votre Miséricorde, et que mon Salut consiste à Vous aimer toujours, en cette vie et dans l'éternité.
Ma bien-aimée Mère, Marie, recommandez-moi à Votre Divin Fils. Dites-Lui que je suis Votre serviteur et que j'ai mis en Vous mon espérance.
Neuvième jour
24 Décembre
Saint Joseph se rend à Bethléem avec sa Sainte Épouse
« Joseph partit... pour se faire inscrire sur les registres de l'empire, avec Marie son épouse, qui était enceinte ».
Dieu avait décrété que le Verbe incarné naîtrait, non dans la maison de Joseph, mais dans une étable abandonnée, au sein de privations et de souffrances telles que n'en connut jamais le plus pauvre des enfants. Aussi par disposition de la Providence, César publia un édit de recensement qui obligeait tout sujet de l'empire romain d'aller se faire inscrire à son lieu d'origine. Lorsque Joseph reçut cet ordre, il en fut très inquiet : car il se demandait s'il laisserait à Nazareth Marie, sa sainte épouse, dont le terme approchait, ou s'il l'emmènerait avec lui jusqu'à Bethléem. « Je serais peiné, lui dit-il, ô Marie, de Vous laisser seule pendant mon absence, qui sera peut-être longue ; d'autre part, je prévois que si Vous venez avec moi, Vous aurez beaucoup à souffrir d'un si long voyage, dans la saison rigoureuse, alors que ma pauvreté ne me permettra pas de Vous procurer les soins que réclame Votre état ». « Ne craignez rien, répond aussitôt l'auguste Vierge à son chaste époux, je vous accompagnerai, et le Seigneur nous aidera ». Marie, en effet, savait par la prophétie de Michée, que Son Divin Enfant devait naître à Bethléem. Elle prit donc les pauvres langes qu'elle avait déjà préparés, et se mit en route avec Joseph.
Suivons ces deux Saints Voyageurs ; prêtons l'oreille aux discours de Marie et de Joseph durant ce voyage. Ils parlent de la Miséricorde, de la Bonté et de l'Amour du Verbe Divin qui va bientôt paraître parmi les hommes ; dès lors ils multiplient les actes d'adoration, de remerciements et d'amour envers ce Dieu Sauveur. Sans doute elle souffrait beaucoup, cette jeune et délicate Vierge, en faisant un trajet si long, par des chemins difficiles, en plein hiver ; mais Elle souffrait en paix et avec amour, unissant ses douleurs à celles de Jésus qu'elle portait dans Son chaste sein. Unissons-nous à Marie et à Joseph, accompagnons le Roi du ciel qui va naître comme le plus pauvre et le plus délaissé des enfants des hommes. Prions Jésus, Marie et Joseph, par le mérite des souffrances qu'ils endurent en ce voyage, de nous accompagner dans le voyage que nous faisons vers l'éternité. Quel bonheur pour nous, si pendant notre vie et à l'heure de notre mort, nous sommes assistés de Jésus, de Marie et de Joseph !
Affections et prières
Mon cher Rédempteur, en ce pénible voyage de Nazareth à Bethléem, une multitude d'anges vous accompagnent ; mais, de tous les hommes, à part Marie qui Vous porte dans Son sein, et Joseph, son fidèle gardien, je ne vois personne qui Vous tienne compagnie. Mon Jésus, permettez-moi de m'unir à Marie et à Joseph. Sans doute, mes ingratitudes envers Vous m'en ont rendu bien indigne ; mais, grâce à Votre Divine Lumière, je vois maintenant combien je me suis rendu coupable. Quand je pense, ô mon Divin Maître, que, pour suivre mes maudits penchants, je me suis tant de fois séparé de Vous en renonçant à Votre amitié, je voudrais mourir de regret. Mais Vous êtes venu pour me pardonner ; pardonnez-moi donc, à présent que je me repens de tout mon cœur de Vous avoir si souvent méprisé. Pour l'avenir, je Vous promets de ne plus jamais me séparer de Vous, mon unique Amour.
Mon âme s'est éprise de Vous, ô tout aimable Enfant ! Oui, je Vous aime, mon doux Sauveur ; et, puisque Vous êtes venu en ce monde pour me sauver et m'enrichir de Vos grâces, je Vous demande une grâce, une seule : Faites que jamais plus je ne me sépare de Vous ; captivez-moi, liez-moi étroitement à Vous par les douces chaînes de Votre Amour. Mon Rédempteur et mon Dieu, ne permettez pas que je m'éloigne encore de Vous, que je sois un seul instant privé de Votre grâce !
Très Sainte Vierge, Marie, je viens Vous tenir compagnie dans Votre voyage à Bethléem ; et Vous, ô ma Mère, ne cessez pas de veiller sur moi et de m'assister durant mon voyage vers l'éternité. Ma Souveraine, sauvez-moi, par Votre intercession, délivrez-moi de l'enfer et conduisez-moi au ciel. Vous êtes mon espérance, et j'attends tout de Vous.
Saint Jour de Noël
25 Décembre
Naissance de Jésus
La naissance de Jésus-Christ fut un sujet de joie pour tout l'univers. Il était le Messie promis à Adam, l'objet de tant de prières et de soupirs qu'Il était appelé le Désiré des Nations, le Désir des collines éternelles. Ce Sauveur est enfin venu ; Il est né dans une étable. L'Ange du Seigneur nous répète ce qu'Il dit alors aux bergers de Bethléem : « Je vous annonce un grand sujet de joie pour tous les hommes : c'est qu'aujourd'hui même il vous est né un Sauveur ». Quelle allégresse, dans un royaume à la naissance du royal enfant qui sera l'héritier du trône ! Mais combien ne devons-nous pas nous réjouir davantage en apprenant que le Fils de Dieu vient du Ciel pour régner sur nos cœurs par Son Amour, ainsi que l'annonça le prophète : « Pressé par les entrailles de Sa Miséricorde, Il a bien voulu descendre jusqu'à nous visiter. Nous étions perdus, et Il vient nous sauver ». Le Pasteur vient à la recherche de ses brebis perdues, prêt à donner Sa Vie pour elles. Voici l'Agneau de Dieu : Il vient s'immoler pour nous faire renaître à la vie de la grâce ; Il veut être notre Libérateur, notre Lumière, notre Vie ; et même notre nourriture dans le Saint-Sacrement.
Si Jésus naissant voulut qu'on le mît dans une crèche où les animaux prennent leur nourriture, c'est, dit Saint Maxime, pour nous faire comprendre qu'Il s'est fait homme non seulement afin de nous sauver par ses souffrances, mais encore pour nous donner en nourriture Sa Chair sacrée, aliment d'éternelle vie. Bien plus, Il veut chaque jour, au Saint Sacrifice de la Messe, naître entre les mains du prêtre, au moment de la consécration. L'autel est la Crèche où le Prêtre se rassasie de la Chair de Jésus-Christ, la Crèche où Il prend cette Divine Nourriture pour la donner aux fidèles. Il y a des Chrétiens qui souhaiteraient tenir Jésus entre leurs bras, comme le Saint vieillard Siméon ; mais la Foi nous enseigne que, lorsque nous communions, nous avons non pas dans nos bras, mais dans notre poitrine, ce même Jésus que la Foi nous montre aujourd'hui couché dans la crèche à Bethléem. Il y est né pour se donner entièrement à nous. « Un petit Enfant nous est né : un Fils nous a été donné ».
Affections et prière
« J'ai erré comme une brebis loin du bercail, dit le Psalmiste ; cherchez votre serviteur ». Seigneur, je suis cette pauvre brebis qui, pour suivre ses fantaisies et ses caprices, s'est malheureusement perdue ; mais Vous êtes mon Pasteur ; Vous êtes aussi l'Agneau Divin venu du Ciel me sauver en Vous immolant sur la Croix pour expier mes péchés. Si donc je veux me corriger, qu'ai-je à craindre ? Ne dois-je pas au contraire me confier en Vous, qui êtes descendu en ce monde tout exprès pour me sauver ? Quelle plus grande preuve de Miséricorde pouviez-Vous me donner, mon doux Rédempteur, pour m'engager à me confier en Vous, que de Vous donner à moi ? Cher Enfant, combien je regrette de Vous avoir causé tant de douleur ! Je Vous ai fait pleurer dans l'étable de Bethléem ; mais sachant que Vous y êtes venu pour me chercher, je me jette à Vos pieds plein de confiance. Je Vous vois tout affligé et humilié dans la Crèche, sur la paille ; cependant je Vous reconnais pour mon Roi et mon Souverain Seigneur. J'entends Vos tendres vagissements : ils m'invitent à Vous aimer et réclament mon cœur. Le voici, ô Jésus ; je me jette aujourd'hui à Vos pieds pour Vous l'offrir ; changez-le, embrasez-le tout entier du Feu de Votre Amour. Je Vous entends me dire : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur ». Mais si je ne Vous aime pas, ô Jésus, Vous mon Seigneur et mon Dieu, qui donc aimerai-je ? Vous me dites que Vous êtes tout à moi : de fait, c'est pour cela que Vous vous êtes fait homme et petit enfant ; et moi je refuserais d'être tout à Vous ! Oh ! Non, mon bien-aimé Seigneur : je me donne tout à Vous, et je Vous aime de tout mon cœur ; ne permettez pas que je cesse jamais de Vous aimer.
O ma Souveraine, ô Marie, je Vous en conjure, par la joie qui remplit Votre Cœur lorsque pour la première fois Vos yeux bénis purent contempler Votre Divin Fils, suppliez-Le de m'attacher inséparablement à Lui par les liens du plus pur amour.
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