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2 juin 2013

Le Mois du Saint Sacrement

Le Mois du Très Saint Sacrement

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Huitième jour

Le Lundi dans l'Octave du Saint Sacrement

 

Venez, Esprit Saint,

Consolateur souverain,

hôte très doux de nos âmes,

adoucissante fraîcheur.

Je Vous salue Marie.

 

Le Verbe fait chair a bien voulu, pour l'amour de nous, habiter cette terre souillée par un si grand nombre de crimes. Il a été vu conversant avec les enfants des hommes, et Il a passé trente-trois ans au milieu d'eux en faisant du bien. Ce bien que le Divin Sauveur ne cessa d'opérer pendant les jours de sa mortalité, nous le connaissons parle récit que nous en ont fait les évangélistes. Partout Jésus-Christ ne se montrait aux hommes que pour faire éclater en leur faveur sa toute-puissance et son infinie miséricorde. Que de malades ses mains divines ont guéris !... Rappelons-nous les paralytiques, les aveugles, les lépreux ; voyons cette foule de malheureux, de pauvres, d'estropiés qui se pressent autour de Jésus. Ecoutons les paroles pleines de bonté qu'il adresse à chacun d'eux, et nous serons portés à répéter cette exclamation échappée à des cœurs reconnaissants: « Il a bien fait toutes choses ! »

Mais ce n'était pas pour guérir les infirmités corporelles que le Sauveur était sur la terre. L'homme était bien plus misérable dans son âme qu'il ne l'était dans son corps, et Jésus-Christ était venu pour le salut des âmes. Que n'a-t-il pas fait pour les guérir ces pauvres âmes ? Que de fatigues, que de courses, que de voyages, pour évangéliser les peuples ! Jamais Homme parla-t-il, Comme Cet Homme-Dieu, le langage de l'amour, de de la miséricorde ! Il cherche les brebis égarées de la maison d'Israël pour lesquelles Il a été envoyé. Magdeleine, la femme de Samarie, Zachée, toutes les âmes qui se sont égarées, Il les accueille avec une tendresse que rien n'égale. Il mange avec les pécheurs, Il ne veut en condamner aucun ; la femme adultère entendra cette parole : « Personne ne vous a condamnée ; ni Moi Je ne vous condamnerai ; allez, et à l'avenir ne péchez plus ». Que de larmes Il a essuyées ! Que de cœurs en proie à tous les remords et à la fièvre brûlante des passions, rendus, par une parole, à la paix et aux joies d'une bonne conscience ! Ô Jésus ! Votre douceur, votre bonté inépuisable,auraient dû attirer à vous tous les hommes. Cependant, il faut bien le dire, Jésus-Christ, pendant sa vie mortelle, s'est trouvé en face d'une multitude d'indifférents qui n'ont pas daigné s'occuper de son adorable personne. A Jérusalem, et dans toutes les villes qu'Il a visitées, combien d'hommes, surtout parmi les riches, ont entendu parler du Sauveur et des merveilles qu'Il opérait, sans vouloir le connaître ! « J'ai une ferme à visiter, un champ à cultiver ; j'ai entrepris un commerce, j'ai une famille, une épouse, des enfants; ne m'en parlez plus, je n'ai pas le temps d'aller voir cet Homme, et d'examiner ses œuvres ; ce qu'Il est, l'origine de Sa mission, la fin que Dieu s'est proposée en le montrant à la terre, ce n'est pas ce dont je m'occupe ; cessez de me parler de ces choses. Et c'est par un froid que m'importe que se termine l'examen superficiel des œuvres et de la personne de Jésus !

Le Sauveur a eu des ennemis ; certes, nous les connaissons, ces ennemis. Les écrivains sacrés nous en parlent souvent, la haine implacable des prêtres, la jalousie des Pharisiens, le mépris et la fureur de tous ceux qui voyaient leur orgueil condamné par les doctrines de Jésus-Christ, voilà ce qui a conduit, au milieu des calomnies les plus atroces et des blasphèmes les plus révoltants, le Sauveur du monde à la mort et au supplice de la Croix ! Enfin, Jésus-Christ, pendant sa vie mortelle, eut de véritables amis. Ceux qui crurent en Lui, s'attachèrent à sa personne divine. Il les aima d'un amour ardent ; ils l'aimèrent aussi. Il leur prodigua les témoignages de la plus vive affection. Demandez aux Apôtres, à Lazare, à Marie-Madeleine et à Marthe, sa sœur, combien le Cœur de Jésus était bon, compatissant, sensible ! Demandez-le à tous les Juifs qui le virent pleurer sur le tombeau de Lazare et qui s'écrièrent : « Voyez Comme Il l'aimait ! » Eh bien ! Jésus-Christ a voulu continuer de vivre parmi les hommes et de converser avec eux, quoique caché sous les espèces du Sacrement ; Il l'a voulu pour ses amis, et il a consenti à supporter, pour eux, la malice de ses ennemis, l'indifférence et la froideur du plus grand nombre des chrétiens. O amour infini !...

 

Premier point

Le Sauveur, dans Sa Vie Eucharistique, continue à supporter les outrages et les blasphèmes de ses ennemis

 

Le croirait-on, si l'expérience et l'histoire de dix-huit siècles n'en fournissaient la preuve ! Jésus a toujours eu des ennemis, il en a encore qui le poursuivent de leur haine et de leur mépris, dans la Divine Eucharistie. Du fond de son Tabernacle, il les voit, il les entend; il prie, il s'offre pour eux, et ils résistent à toutes les grâces qu'il leur offre avec une générosité incomparable ! L'Eglise était encore à son berceau, et déjà le grand Apôtre était obligé de s'élever avec véhémence contre les profanateurs du Corps et du Sang de Jésus-Christ. Tous les siècles sont marqués par quelques sacrilèges particuliers, et quelques blasphèmes plus audacieux. O combien de fois la rage des ennemis de Jésus est-elle allé le chercher et l'a poursuivi jusques dans son Sanctuaire ! Aujourd'hui encore, le Corps de Jésus-Christ n'est-il pas tous les jours l'objet des plus sanglants outrages dans le grand Mystère d'amour ! Que d'impies dans le lieu saint et qui ne viennent à nos solennités que pour insulter la majesté du Dieu que nous adorons ! Que de regards criminels, que de pensées coupables ! Quel désir mille fois conçu de dérober au divin Sauveur l'hommage et les adorations de ses créatures ! Que de Messes profanées ! Combien de Communions hypocrites, sacrilèges !

O mon Dieu ! Sur Votre Autel, pendant que Vous vous immolez pour nous, n'êtes-Vous pas à chaque instant, principalement à certains jours de fête, dans les cérémonies les plus augustes du culte catholique, l'objet de mille outrages, comme autrefois sur le calvaire ! Eh bien ! Jésus-Christ consent à tout souffrir, à tout endurer, pour ses amis, pour moi !... Son inépuisable tendresse l'oblige en quelque sorte à continuer le bienfait de son adorable présence au milieu de ses ennemis les plus furieux, et, s'Il supporte leurs outrages, c'est pour que sa présence, dans la Divine Eucharistie, devienne pour moi une source de célestes bénédictions ! Oh ! Reconnaissance !... Amour !... Réparation !...

 

Deuxième point

Jésus-Christ, dans Sa Vie Eucharistique, supporte l'indifférence et la froideur du plus grand nombre des Chrétiens

 

Rien n'est sensible comme la froideur et l'indifférence, de la part de ceux que l'on aime et pour lesquels on se sacrifie. Cette peine, Jésus-Christ l'endure, pour mon amour, depuis qu'Il a institué l'adorable Sacrement de nos Autels. Pour comprendre cette vérité, il n'est pas nécessaire d'étudier la conduite des Chrétiens dans les siècles passés. Que voyons-nous aujourd'hui ? Le Sauveur est dans Son Tabernacle ; Il appelle, Il invite, Il presse, Il sollicite ; qui l'entend ? qui vient l'adorer ? Hélas ! L'immense majorité des Catholiques ignore si Jésus est là ; ou du moins, il faut l'avouer, leur conduite semble nous autoriser à le croire. On passe devant les églises mille fois par jour, quelquefois on regarde pour faire une réflexion sur l'architecture et les ornements de l'édifice ! Mais le maître de cette maison, celui qui l'habite nuit et jour ! On n'y pense pas !... Quelques-uns demeurent dans la même rue que le Sauveur, à quelques pas de Son Sanctuaire, et ils laissent écouler des semaines, des mois, peut-être des années entières, sans aller fléchir le genou devant Sa Majesté Infinie. On va partout où les affaires appellent, où les plaisirs invitent. à l'Eglise, jamais, si ce n'est quelquefois par un motif de vaine curiosité. Y a-t-il beaucoup de Catholiques coupables de cette indifférence ? Hélas ! c'est le grand nombre, principalement dans les villes ! Le commerce, l'administration, la politique, tout intéresse, tout occupe ; mais visiter Jésus-Christ, mais se souvenir de l'Amour qui le porte à demeurer constamment avec les hommes, gardez-vous bien d'en parler à cette multitude d'hommes, qui se fatiguent par ambition ou par avarice; ils n'ont pas le temps d'y penser !...

O Jésus, n'ai-je pas été, à une certaine époque de ma vie, du nombre de ces ingrats ! Si je ne le suis plus aujourd'hui, que fais-je, tous les jours, pour dédommager Votre Cœur si bon, si aimant, des outrages que vous font cette indifférence, cette froideur, cet oubli incompréhensible !...

 

Troisième point

Jésus, dans la Divine Eucharistie, continue de vivre avec ses amis

 

Oui, le Sauveur a des amis ; Il les aime, Il en est aimé. Il leur dit encore tous les jours : « Demeurez Dans Mon Amour. Mon Père vous aime, parce que vous M'aimez. Vous, vous êtes Mes amis ». C'est pour eux qu'il demeure dans le Saint Tabernacle. Il savait, en instituant cet adorable Mystère, que jusqu'à la fin du monde, Les Siens feraient leurs délices de la présence réelle, de la Communion, de la Messe ; c'est en leur faveur que tout a été fait. Là se trouve le Corps, et les aigles accourent pour se nourrir de sa substance. Suis-je un ami de Jésus ? Oh ! Oui, je le crois, car je fais mes délices de la Sainte Eucharistie. Je viens, j'adore, j'aime... J'écoute, j'interroge et j'entends ce langage du Cœur que le divin Epoux adresse à l'âme attirée par son Esprit dans cette aimable solitude ! Jésus a des amis dans Sa Vie Eucharistique. Ce sont les bons Prêtres, les Prêtres fervents ; ce sont les religieux qui goûtent en secret les ineffables délices de la vie intérieure ; ce sont les pieux laïcs, les vierges dont la vie est toute céleste, les saintes femmes qui viennent, tous les jours, arroser de leurs larmes le pavé du Sanctuaire.

Ô Sauveur ! Qui pourrait refuser l'honneur et la consolation d'être du nombre de ces Amis pour lesquels Vous avez institué ce Sacrement d'amour ! Ah ! Il Vous en a coûté beaucoup pour me procurer cet avantage ! Lorsque, après la dernière Cène, Vous prîtes du pain, et qu'ayant levé les yeux vers le Ciel, après avoir rendu grâces à Votre Père, Vous alliez prononcer les grandes et mystérieuses paroles de la Consécration, Votre regard divin pénétra dans l'avenir, toute l'histoire de l'Eglise se déroula sous Vos yeux. Vous aperçûtes tous les sacrilèges, toutes les profanations dont Votre Chair adorable et Votre Sang précieux seraient l'objet jusqu'à la fin du monde. Vous connûtes alors l'indifférence, la froideur, l'insensibilité et l'ingratitude du plus grand nombre de vos enfants ; tout autre qu'un Dieu devait reculer devant cet affreux tableau ; mais, ô amour ! Vous voyiez aussi ces Amis fidèles qui, dans leur exil, trouveraient en Vous toute leur consolation ; dans leur faiblesse, toute leur force ; Vous m'aperceviez dans ce moment, et Votre Cœur comprit tout ce que je demanderais un jour à Votre Divin Sacrement. Alors on Vous entendit prononcer ces paroles profondes : « Prenez et mangez, ceci est Mon Corps ! »

C'est donc pour Ses amis, c'est pour moi que Jésus a établi le Sacrement de Son Corps et de Son Sang, et qu'Il a accepté, par avance, tous les outrages dont les cœurs ingrats n'ont cessé de se rendre coupables. Depuis dix-huit siècles, Vous avez donc tout supporté pour m'attendre, ô mon Sauveur ! O Divine Eucharistie ! Ô Corps sacré de Jésus ! Je Vous adore ! Vivre et mourir au pied du Saint Autel, devant le Tabernacle ! Quel sort digne d'envie!

 

Adoro te devote, latens Deitas,

Quae sub his figuris vere latitas :

Tibi se cor meum totum subjicit,

Quia te contemplans totum deficit.

 

Je Vous adore dévotement, Dieu caché,

Qui sous ces apparences vraiment prenez corps,

À Vous, mon cœur tout entier se soumet,

Parce qu'à Vous contempler, tout entier il s'abandonne.

 

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1 juin 2013

Le Mois du Saint Sacrement

Le Mois du Très Saint Sacrement

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Septième jour

Dimanche dans l'Octave du Très Saint Sacrement

 

Venez Esprit-Saint,

Remplissez les coeurs de vos fidèles,

Et allumez en eux le feu de votre amour.

Je Vous salue Marie.

 

Quelques jours avant de mourir, le Sauveur voulut entrer en triomphe dans la ville de Jérusalem. Il fut accompagné des acclamations de tout le peuple, et l'air retentit de ces paroles dictées par la reconnaissance : « Gloire au fils de David. Bénédiction à Celui qui vient au Nom du Seigneur ! » A l'imitation du peuple d'Israël, l'Eglise catholique décerne un triomphe à Jésus-Christ. Pouvait-il en être autrement ? Dès là que le Divin Sauveur s'était donné à l'Eglise, qu'il lui avait laissé son corps, son sang, toute son adorable personne ; cette épouse chérie du Fils de Dieu devait être jalouse de témoigner à son céleste Epoux, son amour et sa reconnaissance, en l'environnant d'honneur et de gloire ; c'est la fin qu'elle se propose dans les hommages solennels qu'elle rend à la Divine Eucharistie. Les expositions solennelles du Saint Sacrement, les Saluts accompagnés de tout ce que la foi et la piété catholique ont pu inventer de plus touchant, les Messes chantées avec toute la pompe que déploie l'Eglise dans son admirable liturgie ; les processions où l'on porte le corps de Jésus-Christ dans lequel habite la plénitude de la Divinité, toutes ces choses n'ont pas été établies pour une autre fin. Oh ! Comme nous devons aimer en particulier les processions du Saint Sacrement !

C'est là qu'on aperçoit Jésus-Christ au milieu d'une multitude de fidèles composée de toutes les classes de la société, des grands de la terre comme des hommes de la plus humble condition ; on y voit accourir les jeunes vierges et les vieillards, l'armée et la magistrature; le casque du soldat et l'épée du conquérant y brillent à côté de la tiare du Pontife et de l'étole du prêtre ! Magnifique triomphe décerné au corps et au sang de Jésus-Christ, célébré par le chant solennel des hymnes, des cantiques, au milieu d'une harmonie ravissante, où la voix de l'homme est unie au son mélodieux de tous les instruments; triomphe dans lequel nous voyons comme une armée céleste qui s'avance au milieu des nuages formés par la vapeur de l'encens, et des flots de lumière auxquels se mêlent les fleurs aux couleurs mille fois variées, et que la main de l'innocence ne cesse de répandre sur le passage de l'homme-Dieu. Si ce triomphe irrite l'impie, il devient un vrai bonheur pour les amis de Dieu. L'âme fidèle se réjouit à la vue de cette gloire que l'Eglise rend au Rédempteur du monde, elle veut y prendre part. La foi, la reconnaissance et l'amour l'amènent partout où Jésus-Christ reçoit les hommages de ses enfants. Les triomphes du Sauveur la comblent de joie.

Mais pourquoi ce culte extérieur, ces cérémonies multipliées, cette richesse d'expressions et de sentiments dans le langage de l'Eglise ? C'était l'usage dans l'antiquité de décerner les honneurs du triomphe aux grands hommes qui, par des victoires signalées, avaient reculé les limites de l'empire et soumis les nations barbares. L'Eglise catholique décerne les honneurs du triomphe à Jésus-Christ et particulièrement à son Corps adorable, à cause des victoires que le Sauveur a remportées par son Corps sur ses puissants ennemis. Tous les jours, à l'autel, pendant l'adorable sacrifice, le prêtre répète deux fois, avant et après la Consécration, ces paroles que nous allons méditer, et qui indiquent de la manière la plus frappante, la nature des victoires dont nous parlons : « Seigneur, nous vous offrons cette Oblation sainte, pour honorer la Passion, la Résurrection et l'Ascension de notre Seigneur Jésus-Christ ». Arrêtons-nous sur ces belles paroles et considérons les triomphes de Jésus-Christ dans sa chair ; notre désir d'honorer cette Chair Divine dans la Sainte Eucharistie deviendra toujours plus ardent.

 

Premier point

Jésus-Christ, par l'Immolation de Sa Chair, a triomphé du péché

 

C'est par l'effusion volontaire de son Sang, par les tourments et les douleurs de sa Chair, que le Divin Sauveur nous a lavés et purifiés de la souillure du péché. « Il s'est anéanti, nous crie l'Apôtre, en prenant la forme d'un esclave ». Et ailleurs : « Il s'est humilié jusqu'à prendre la forme d'un esclave, Il s'est rendu obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la Croix ! » C'est donc par le supplice de la Croix, par toutes les douleurs qui ont précédé et accompagné sa mort, que Jésus-Christ nous a délivrés de la servitude du mal, et nous a mérité la grâce de paraître purs et saints devant la majesté de Dieu. Or, c'est pour le récompenser de cette victoire que « Dieu a donné à Son Fils un Nom qui est au-dessus de tous les noms, afin que tout genou fléchisse au Nom de Jésus, dans le Ciel, sur la terre et dans les enfers ».

Mais cette Chair ainsi humiliée, livrée à tous les tourments que nous appelons La Passion de Jésus-Christ, cette Chair par laquelle le Dieu homme a remporté une si grande victoire, elle nous est donnée, nous la possédons ; ce Sang adorable qui a coulé du haut de la Croix sur une terre souillée par les crimes des hommes, il est là, et Dieu nous le donne. Ai-je donc la foi ? Oui, Seigneur, je le crois, votre Corps et votre Sang sont cachés sous les apparences du pain et du vin !... Mais alors de quel amour ne dois-je pas être embrasé pour cet adorable Mystère ! Quel désir immense de le glorifier ! Voilà le prix de mon salut; voilà ce Corps qui a tant souffert pour triompher du péché dont je serais encore l'esclave, sans la victoire de Jésus-Christ. O joie de l'Eglise, comme tu es raisonnable ! Ardeur, empressement, dévotion sans bornes, piété affectueuse, toutes les fois qu'il s'agit d'hommages solennels rendus au Corps et au Sang de mon Divin Rédempteur. Oh ! Quelle douce consolation pour mon âme, de voir le triomphe décerné par l'Eglise au Corps de Jésus-Christ, dans la Divine Eucharistie !

 

Deuxième point

Jésus-Christ, par la Résurrection de Sa Chair, a triomphé de la mort

 

Admirable victoire ! La mort était entrée dans le monde à la suite du péché. Tous les hommes étaient tombés dans la condamnation. Or, « Jésus-Christ, nous dit le grand Apôtre, est ressuscité pour notre justification, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qu est mort et ressuscité pour eux ». Ce n'est pas assez, Jésus-Christ est ressuscité afin de nous ressusciter nous-mêmes, par la même vertu divine qu'il a montrée dans sa Résurrection. Tel est le fruit, telle est la conséquence de la Résurrection de la Chair de Jésus-Christ, et de la gloire qu'il a plu au Sauveur de donner à son Corps dans cet ineffable Mystère ; c'est que nous ressusciterons tous, et que c'est pour nous un droit et un devoir d'attendre le jour où notre propre chair sera glorifiée, en étant rendue conforme à la chair de Jésus-Christ après sa Résurrection.

Certes, je comprends main tenant pourquoi le Sauveur a dit Lui-même : « Je Suis la résurrection et la Vie, celui qui vit et croit en Moi ne mourra pas pour toujours ». Il a dit aussi : « Je suis le Pain vivant, Je suis le Pain de Vie. Celui qui mange ce Pain ne meurt pas pour toujours ». La Divine Eucharistie est donc pour moi le gage de mon immortalité, parce qu'elle renferme cette Chair divine sortie glorieuse du Sépulcre, cette Chair par laquelle Jésus-Christ a triomphé de la mort. Eh quoi ! Le Corps adorable du Sauveur ressuscité est là sur cet autel, et j'oublierais l'éclatante victoire remportée sur la mort, par ce même Corps de l'Homme-Dieu ! O Eglise catholique ! Appelle-nous autour du trône sur lequel tu as placé l'adorable Sacrement. Nous viendrons avec joie, et, à la vue du Corps de Jésus-Christ, au souvenir de ses triomphes, nous insulterons à la mort : « Que te reste-t-il, ô Mort, de toutes tes victoires ? Tu es absorbée dans la victoire remportée par la Chair de Jésus-Christ !

Mille actions de grâces, ô mon Dieu ! Par Jésus, par la Résurrection de sa Chair, vous nous avez tous rendu victorieux de la mort! et, par la Résurrection de notre propre chair, vous nous rendrez Immortels !

 

Troisième point

Jésus-Christ, par la Glorification de Sa Chair, a triomphé du Démon

 

On vit un grand prodige dans le Ciel, au jour de l'Ascension de Jésus-Christ. La chair de l'homme devenue captive sous la loi du péché, chair avilie et dégradée jusque-là, que Dieu avait déclaré que son Esprit ne demeurerait plus avec l'homme, parce qu'il n'était que chair, cette chair divinisée dans la personne de Jésus-Christ, s'éleva, par sa propre vertu, jusqu'au séjour de la gloire de Dieu. Dans ce moment, toute la puissance que le prince des ténèbres avait obtenue par le don que l'homme lui avait fait de Lui-même, se trouva anéantie. Saint Paul nous l'apprend. « Jésus-Christ ayant dépouillé le démon du fruit de ses conquêtes, ayant brisé son sceptre, pour nous ouvrir la porte du Ciel, est entré le premier, en qualité de notre précurseur, dans le séjour de la gloire. En s'élevant dans les Cieux, il emmène avec lui une multitude de captifs qu'il a délivrés d'une prison obscure, et des ténèbres de la mort ».

Les Justes de l'ancienne Loi avaient trouvé le Ciel fermé ; il fallait la dernière victoire de Jésus-Christ, pour en ouvrir la porte. Jusqu'alors le prince de l'Enfer avait triomphé. Au moment de l'Ascension, Satan est refoulé dans l'abîme, sous les pieds du Triomphateur divin ; le passage demeure libre ; et la nature humaine, dans la personne du Sauveur, est placée au plus haut des Cieux, à la droite de la Majesté divine ! Eh bien, cette Chair adorable par laquelle Jésus-Christ a triomphé du Démon, nous la possédons dans la Divine Eucharistie. Dieu le Père nous la donne ; Jésus-Christ nous l'a laissée ; il nous la présente comme l'instrument de son éclatante victoire sur l'Enfer.

Ah ! Comme je voudrais adorer le Corps de Jésus-Christ avec les sentiments de respect profond que les Anges durent avoir pour lui, au moment de son Ascension glorieuse ! Je devrais bien davantage encore ! Car la victoire remportée sur l'Enfer par la Chair de Jésus-Christ, n'est pas pour les Anges, mais bien pour la glorification de ma propre Chair ! Qu'on me laisse adorer, glorifier, louer Jésus-Christ ! Que les airs retentissent aujourd'hui de ce cri magnifique du Prophète : « Nations, louez toutes ensemble le Seigneur !... Que le Nom du Seigneur soit béni, d'une extrémité du Monde à l'autre ».

 

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31 mai 2013

Le Mois du Saint Sacrement

Le Mois du Très Saint Sacrement

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Sixième jour

Le Samedi dans l'Octave

 

O Lumière Bienheureuse,

Venez remplir jusqu'à l'intime

Le cœur de tous vos fidèles.

Je Vous salue Marie.

 

L'âme fidèle ne devrait jamais se lasser de contempler le bienfait de la présence réelle. Tout lui rappelle ce Mystère d'une incompréhensible charité. Le culte catholique, quelle est sa fin ! N'est-ce pas la Sainte Eucharistie ! Toute la liturgie, à quoi se rapporte-t-elle ? La Divine Eucharistie, Jésus-Christ présent dans nos Eglises, sur l'Autel, dans le Saint Tabernacle ; c'est la pensée constante de l'Eglise dans tout ce qu'elle dit à Dieu, dans tout ce qu'elle enseigne à ses enfants. Mais pourquoi la présence réelle ! Ne pourrait-on pas sonder la pensée de Dieu dans l'institution de cet adorable Mystère ? Pourquoi Jésus-Christ, après son Ascension, a-t-il voulu être au milieu de nous, vivre avec les hommes, toujours, partout, avec tous ?

Jésus-Christ est venu dans le monde en qualité de Médiateur et de Prêtre. Pendant sa vie mortelle, il n'a cessé d'offrir à son Père, des adorations et des hommages, des supplications et des prières, jusqu'à ce que, le dernier jour étant venu, il consomma son sacrifice, par l'immolation de son Corps, l'effusion de son Sang, le don de sa Vie. Ecoutons Saint Paul: « Dans les jours de sa chair, ayant offert à son Père avec un grand cri et avec larmes, ses prières et ses supplications, il a été exaucé ». Le même Apôtre nous dit: « Dieu était déjà dans Jésus-Christ, réconciliant le monde avec soi, n'imputant plus au monde ses péchés » Voilà donc le vrai propitiatoire de la nouvelle alliance, Jésus-Christ !... Dieu était dans lui, et par chacun de ses actes, chacune de ses douleurs, il réconciliait le monde avec lui, ne lui imputant plus ses péchés, mais lui accordant le pardon et la miséricorde, en vue des mérites infinis de son Fils. Le même Apôtre nous dit encore en parlant de Jésus-Christ : « Il a plu à Dieu de réconcilier toutes choses par lui et en lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est au Ciel. Il nous a rendus dignes d'avoir part au sort et à l'héritage des Saints ; il nous a arrachés de la puissance des ténèbres, et nous a fait passer dans le royaume de son Fils bien-aimé, par le Sang duquel nous avons été rachetés et nous avons reçu la rémission de nos péchés ».

Après avoir consommé cette œuvre de l'infinie miséricorde, Jésus, le Pontife éternel, entre dans le Ciel où il est encore notre Médiateur, Toujours vivant pour intercéder pour nous. Mais il a été écrit : « Le Très-haut l'a juré, et il ne révoquera point son serment : vous êtes le prêtre éternel selon l'ordre de Melchisédech ». Or, comment ces paroles ont-elles leur accomplissement? Melchisédech nous dit Saint Paul, était l'image du Fils de Dieu. Le jour où le Sauveur consacra pour la première fois le pain et le vin, il fut établi Prêtre éternel selon l'ordre de Melchisédech ; et c'est dans le Sacrement d'Amour qu'il remplit encore, tous les jours, les fonctions de son Divin Sacerdoce, et qu'il continue à réconcilier l'homme avec Dieu.

Jésus-Christ est donc le véritable Prêtre de la Nouvelle Alliance, et comme Il demeure éternellement, Il possède un Sacerdoce qui est éternel. C'est pourquoi Il est toujours vivant pour intercéder pour nous. C'est dans le Sacrement adorable de l'Eucharistie que je trouve ce Pontife Saint, Innocent, sans souillure, séparé des pécheurs, plus élevé que les Cieux, Médiateur de la Nouvelle Alliance, dont le Sang parle d'une manière bien plus éloquente ce celui d'Abel. Voilà donc ce Prêtre Éternel qui, en entrant pour la première fois dans le monde, avait dit à son Père : « Vous n'avez point voulu d'Hostie, ni d'oblation, mais vous m'avez formé un corps. Vous n'avez point agréé les holocaustes, ni les sacrifices pour le péché. Alors j'ai dit : « Me Voici, je viens selon ce qui est écrit de moi pour faire votre volonté ». Je vous adore, ô Souverain Prêtre de la nouvelle alliance !

 

Premier point

Jésus-Christ intercède pour nous dans la Sainte Eucharistie

 

Répétons les paroles de Saint Paul, et appliquons-les à l'auguste Sacrement de l'Autel. Nous dirons alors : Dans sa vie Eucharistique, Jésus-Christ offre à son Père des supplications et des prières et ces prières pour l'Eglise, pour tous les fidèles, pour le monde entier, montent vers le Trône de Dieu comme un parfum qui réjouit le Ciel, comme un encens d'une agréable odeur. Du fond de son Tabernacle, Jésus-Christ crie vers son Père et demande grâce pour les pécheurs, et Dieu ouvre en faveur de l'homme le trésor de ses Miséricordes ! Quand il était sur la terre, Jésus-Christ se retirait bien souvent dans un lieu désert pour y passer la nuit en prières. Le Tabernacle, voilà le désert, voilà la nouvelle solitude que mon Sauveur a choisie pour prier en ma faveur. Quelle pensée consolante ! Je regarde le Saint Autel, et je me dis à moi-même : le Sauveur est là, continuant de faire pour moi l'office de Médiateur. Un Dieu homme prie pour moi ! Les gémissements, les supplications, de la Crèche, du Jardin de Gethsémani, du Calvaire, partent à chaque instant de ce Sanctuaire et montent vers le Trône de Dieu. La conversion des pécheurs, la persévérance des justes, leurs progrès dans le bien, tout est dû aux prières du Prêtre éternel qui ne cesse d'intercéder pour les hommes. Oh ! Comme je prierai avec confiance au pied des Saints Autels ! Ma prière unie à celle de Jésus pénétrera les Cieux ; elle sera toute puissante !

 

Deuxième point

Jésus-Christ offre Son Cœur dans la Sainte Eucharistie

 

Lorsque Jésus-Christ était dans le monde, Dieu était dans Jésus-Christ réconciliant le monde avec soi. Ce Mystère s'accomplissait à chaque instant, parce que Jésus-Christ ne cessait de présenter à son Père les sentiments parfaits de son Cœur, et Dieu acceptait cet hommage, il en était glorifié, il oubliait la malice de l'homme. Dans l'adorable Tabernacle, ce Mystère d'Amour continue. Jésus-Christ est dans la Sainte Eucharistie offrant à son Père ses abaissements infinis, et Dieu est dans Jésus-Christ recevant ses profondes humiliations et se réconciliant avec l'homme orgueilleux, en le convertissant à l'amour et à la pratique de l'humilité. Jésus-Christ est dans la Sainte Eucharistie offrant à son Père sa pauvreté volontaire, le dépouillement absolu, le mépris de toutes les richesses, et Dieu est dans Jésus-Christ se réconciliant avec l'homme avide des biens de ce monde, en lui inspirant le détachement de tout ce qui est périssable et l'amour des biens surnaturels. Jésus-Christ est dans l'Eucharistie offrant à son Père cette soumission sans bornes qui le rend encore tous les jours obéissant à ses Prêtres, dépendant de leur volonté, comme il est facile de le voir en considérant tout ce qui se passe dans nos Eglises ; et Dieu est dans Jésus-Christ, recevant comme un encens d'une agréable odeur, cet anéantissement de son Fils, et réconciliant avec lui l'homme trop longtemps révolté contre sa volonté souveraine. Enfin, Jésus-Christ est dans l'Eucharistie offrant à son Père sa chair d'une pureté infinie, en réparation des outrages que reçoit tous les jours sa majesté souveraine, parles abominations et les crimes dont un grand nombre d'hommes ne cessent de se rendre coupables ; et Dieu est dans Jésus-Christ mettant toutes ses complaisances dans la sainteté infinie de son Fils et se réconciliant avec l'homme devenu chaste, après avoir été purifié dans le Sang de l'Agneau sans tache.

Voilà donc, ô mon Sauveur, ce que vous faites pour moi dans ce Sacrement Adorable. O Jésus ! Comment ai-je pu vivre si longtemps sans dévotion, sans amour, pour ce Mystère d'une si prodigieuse charité !...

 

Troisième point

Jésus-Christ immole Son Corps dans la Sainte Eucharistie

 

Ce qu'avait annoncé le Seigneur, par la bouche du Prophète, s'accomplit à chaque instant sous nos yeux. « Depuis le lever du soleil jusqu'au couchant, Mon Nom est grand parmi les nations, et l'on sacrifie en tout lieu, et l'on offre à Mon Nom une oblation toute pure ». Oui, le Mystère de la Passion et de la Mort de Jésus-Christ se renouvelle sur l'Autel. La Messe est un véritable sacrifice ; la continuation du Sacrifice de la Croix. Là, Jésus-Christ est Prêtre. Tout Prêtre, dit Saint Paul, est établi pour offrir, de la, la nécessité pour lui d'avoir quelque chose à offrir. Prêtre éternel, Jésus-Christ offre son propre Corps et son Sang adorable. Prêtre et victime à la fois, il s'offre lui-même. Prêtre selon l'ordre de Melchisédech, il offre son corps et son sang, sous les espèces du pain et du vin. Cet adorable sacrifice est offert à chaque instant et dans le monde entier. Dieu en reçoit une gloire infinie. L'Eglise l'offre pour honorer sa majesté souveraine, pour la rémission des péchés, en action de grâces de tous les bienfaits qu'elle reçoit du Ciel ; elle l'offre pour obtenir, à chaque instant, de nouvelles faveurs. Il est offert pour les vivants et pour les morts. Il porte la joie dans le Ciel ; les Anges et les Saints en sont dans l'allégresse ; il fait tomber des torrents de bénédictions sur la terre ; le Sang du divin Agneau éteint les brasiers du Purgatoire. Je comprends maintenant pourquoi Jésus-Christ est dans l'Eucharistie, toujours, partout, avec tous les hommes.

O mon âme, tu devrais te fondre comme une cire bouillante et t'écouler toute entière dans Jésus-Christ ! Qui me donnera, ô mon Dieu, de bien apprécier ce don inestimable que vous avez fait à votre Eglise ! Anges du Tabernacle, adorez, aimez pour moi. Non, jamais je n'aimerai assez !

 

O salutaris Hostia,

Quae cœli pandis ostium,

Bella premunt hostilia ;

Da robur, fer auxilium.

 

Ô Salutaire Hostie,

Qui nous ouvrez les portes du ciel,

Les armées ennemies nous poursuivent ;

Donnez-nous la force, portez-nous secours.

 

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30 mai 2013

Le Mois du Saint Sacrement

Le Mois du Très Saint Sacrement

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Cinquième jour

Le Vendredi après la Fête du Saint-Sacrement

 

O Lumière Bienheureuse,

Venez remplir jusqu'à l'intime

Le cœur de tous vos fidèles.

Je Vous salue Marie.

 

Le prophète Baruch apercevant de loin les siècles chrétiens s'était écrié : « Il a été vu sur la terre, et Il a conversé avec les hommes ». Tous les Pères ont entendu ces paroles de l'Incarnation du Fils de Dieu. « Il a été vu, a dit Saint Ambroise, comme homme parmi les hommes, mais il a été adoré comme Dieu. Sa chair était enveloppée de langes, et sa divinité était servie par le ministère des Anges ». Qui dira la gloire qui rejaillit sur l'humanité toute entière de la présence d'un Homme-Dieu parmi les malheureux enfants d'Adam ! Jésus-Christ a habité parmi nous et nous avons vu Sa Gloire. Écoutons le Disciple que Jésus aimait : « Nous vous annonçons la Parole de vie qui était dès le commencement, que nous avons ouïe, que nous avons vue de nos yeux, que nous avons regardée avec attention, et que nous avons touchée de nos mains. Car la vie s'est rendue visible; nous l'avons vue. Elle s'est montrée à nous ».

Saint Jean et tous les Apôtres ont vu, ont touché celui qui est la Vie ! Ce fut lorsque cette Vie éternelle, qui était dans le Père, daigna se montrer a nous en se revêtant d'un corps comme le nôtre, afin que ce qui ne pouvait auparavant être vu que par les yeux de l'âme, devint, dans ce Mystère, visible aux yeux, du corps, et capable d'être touché par les mains de l'homme. Il fut bien grand pour les Apôtres le bonheur de voir, d'entendre, de toucher Jésus-Christ. Et Marie, et Joseph, quelle immense consolation pour leur âme ! Le Sauveur a été vu par un peuple nombreux, il a été suivi par de fidèles amis. On l'entendait. et chacun était obligé de convenir que les paroles qui tombaient de sa bouche divine, étaient les Paroles de la Vie éternelle ! Marthe, Lazare, et vous Marie-Madeleine ! Quelle ineffable consolation pour votre cœur, quand il honorait de sa présence divine le château de Béthanie ! Les Apôtres s'attachaient tous les jours davantage à leur maître. Lorsque le Divin Sauveur, témoin de l'incrédulité du grand nombre, adressait à ses fidèles Disciples ces paroles touchantes : « Et vous, ne voulez vous point aussi me quitter ? » Pierre s'écriait avec un vif sentiment d'amour : « A qui irons-nous, Seigneur ? Vous avez les Paroles de la Vie éternelle : nous croyons et nous savons que Vous êtes le Christ, Fils de Dieu ».

Mais un jour vint où les Disciples entendirent Jésus qui leur disait : « Mes petits enfants,Je n'ai plus que peu de temps à être avec vous ». Il les nomme ses Petits Enfants pour leur marquer l'amour tendre qu'il leur porte, et pour les engager eux-mêmes à le regarder et à l'aimer comme leur père. Il les prévient qu'il n'a plus qu'un peu de temps à être avec eux d'une manière sensible et visible comme il avait fait jusqu'alors. Il veut les préparer à cette rude séparation qui va bientôt s'opérer. Je l'entends de nouveau : « Encore un peu de temps, et vous ne Me verrez plus, car Je vais à Mon Père. Je suis sorti du sein de Mon Père, et Je suis venu dans le monde : maintenant Je laisse le monde, et Je m'en retourne à Mon Père ».

Que ces paroles sont tristes ! Connue le cœur des Apôtres dût en être pénétré ! Leurs yeux se remplirent de larmes. Elles étaient bien légitimes ces larmes. Jésus voit leur tristesse, il est lui-même leur consolateur. Un ami ne console-t-il pas ses amis ? Je l'entends : « Que Votre cœur ne se trouble point. Vous croyez en Dieu, croyez en Moi. Parce que Je vous ai dit ces choses, votre cœur a été rempli de tristesse. Non, Je ne vous laisserai point orphelins : Je viendrai à vous. Voilà que Je suis avec vous tous les jours, Jusqu'à la consommation des siècles ». Qu'il est doux ce langage pour l'âme fidèle qui a le bonheur de le comprendre. O prodige d'une charité immense ! l'amour de Jésus pour les Siens lui fait inventer un moyen d'être toujours avec eux. « Voilà Mon Corps ! Faites ceci en mémoire de Moi ! » Ah ! Je veux aujourd'hui m'efforcer de pénétrer dans cet abîme d'un amour incompréhensible.

 

Premier point

Jésus-Christ est toujours au milieu de nous dans la Divine Eucharistie

 

Pourquoi être jaloux du bonheur des hommes qui ont vécu à l'époque où le Sauveur était visiblement sur la terre ? Hélas ! Combien alors ne crurent pas en lui ? Qui m'assure que j'aurais été du très petit nombre de ceux qui le reconnurent et l'adorèrent comme Fils de Dieu ? Aujourd'hui, nés dans le sein de l'Eglise, nous avons reçu la foi par le Baptême. O bienfait inestimable ! Nous connaissons Jésus-Christ et nous savons qu'il est là au milieu de nous, qu'il y demeure jusqu'à La consommation des siècles. Oui, mon Dieu, je le crois, et comme je me sens heureux de Vous connaître !

Mais pourquoi Jésus-Christ demeure-t-il habituellement au milieu de nous, dans le Saint Tabernacle ? Pourquoi ? C'est que plus on aime une personne, plus aussi on désire vivement être longtemps avec elle ! S'entretenir avec quelqu'un que l'on aime bien, c'est un bonheur, c'est une jouissance. Des enfants passent des années entières avec leur mère et ne se dégoûtent ni de sa présence, ni de ses entretiens. Voilà le secret de la présence habituelle de Jésus dans le Divin Sacrement. O que dois-je penser de son amour pour moi !

Quelques jours, dans le cours de l'année, quelques heures tous les jours, ce serait beaucoup, sans doute, mais ce ne serait pas assez pour le cœur aimant de Jésus. Rien n'est plus consolant, et rien n'est plus certain ; à quelque heure, dans quelque moment que ce soit, je puis être avec Lui, car il m'attend toujours ! Jamais il ne quitte son Tabernacle, il l'a promis, la nuit comme le jour il est là, et si mon cœur prête l'oreille, il l'entend qui s'écrie : « J'ai choisi ce lieu et je l'ai sanctifié ; mes yeux et mon cœur y demeureront toujours. Mes yeux seront ouverts, mes oreilles seront attentives à la prière de celui qui m'invoquera en ce lieu ». Ah ! Que ne puis-je répondre : « C'est le lieu de mon repos. Je l'habiterai parce que je l'ai choisi ».

 

Deuxième point

Jésus-Christ est partout avec les hommes dans la Divine Eucharistie

 

Sans doute le Sauveur aurait pu être sur la terre caché sous les espèces sacramentelles et ne demeurer cependant que dans une seule ville, dans une Eglise, sur un autel. S'il en était ainsi, le désir serait bien grand dans le cœur des fidèles d'aller, au moins une fois dans la vie, visiter ce saint lieu ! Quel empressement ! Comme tous les peuples seraient jaloux du bonheur de cette ville qui posséderait le Corps de Jésus-Christ ! Mais non, cela n'a pas suffi à son amour...Mon adorable Rédempteur est Partout où l'Eglise Catholique compte des enfants. Il est dans les grandes villes, dans les villages, dans les hameaux. Il a voulu rendre facile l'accès auprès de Lui. Dès que l'on voit un certain nombre de maisons réunies en un même lieu, on est certain qu'il y en aune habitée par Jésus-Christ. La voyez-vous ? On la distingue parmi les autres ; sa forme particulière attire les regards. Ce n'est pas assez. Le voyageur doit l'apercevoir de loin ; voilà pourquoi une tour, une flèche s'élance dans les airs. C'est le premier objet qui frappe la vue. On le voit; le cœur s'ouvre à la confiance , à l'amour, aux saints désirs; l'âme fidèle dit : « Il est là ! »

Dans les villes, il a voulu avoir plusieurs demeures. Il est dans tous les quartiers, quelquefois on le trouve dans deux, trois Tabernacles, et cela dans une même rue ! On voit des maisons habitées par des pécheurs scandaleux, des hérétiques, et les murs de ces maisons sont appuyés contre les murs d'une Eglise ! Ô homme ! Si tu connaissais le don De Dieu ! Infortunées créatures qui n'y pensent jamais !

O mon Dieu, j'ai pu vous oublier ! Combien le sentiment de la reconnaissance s'est affaibli dans un grand nombre d'âmes ! Oh ! Si jamais je t'oublie, mystère d'amour, va..., que plutôt j'oublie ma main droite ! Que ma langue demeure attachée à mon palais, si je cesse de me souvenir de toi ; si tu n'es pas à jamais, ô Divine Eucharistie, ma première joie et mon premier amour !

 

Troisième point

Jésus-Christ est avec Tous les hommes dans la Divine Eucharistie

 

Pendant sa vie mortelle, Jésus-Christ était avec un très petit nombre d'hommes dont il avait fait ses Disciples. Les autres le voyaient quelquefois ; plusieurs ne le virent et ne l'entendirent jamais. Et puis, Jésus-Christ parcourait les villes et les campagnes ; les mêmes personnes ne jouissaient pas toujours de son adorable présence. Lazare, Marthe, Marie, le désiraient, et cependant ils le savaient loin de Béthanie.

Aujourd'hui, dans le Sacrement d'amour, ce bienfait de la présence corporelle du Divin Sauveur, reçoit une extension qu'on n'aurait jamais osé demander, et que les Disciples les plus attachés au Sauveur, n'auraient pu même imaginer. Il est avec tous ses enfants, aucun n'est privé du bienfait de sa présence. Il les appelle, il les invite tous. Le pauvre est favorisé autant que le riche; le savant et l'ignorant, le jeune enfant et le vieillard, tous sont appelés auprès de lui. Le juste vient; il adore, il aime ; le pécheur vient aussi ; il se trouve là comme la femme de Samarie sur les bords du puits de Jacob. Que de choses il entendra, s'il veut être attentif ! Jésus désaltérera son cœur ; il lui inspirera, il est vrai, le dégoût de ces eaux bourbeuses où le mondain cherche inutilement à apaiser l'ardeur qui le dévore ; mais il lui donnera cette eau salutaire de la grâce qui jaillit pour la vie éternelle.

Ô Jésus ! Donnez-moi de cette eau ! Mais que dites-vous de mon indifférence, de mon peu d'ardeur pour Vous visiter ! De mon peu d'assiduité auprès de vous ? J'en suis couvert de confusion. O que d'hommes ingrats ! Pourquoi faut-il que je leur ressemble ? Non, Sauveur, il n'en sera plus ainsi.

 

Nobis datus, nobis natus

Ex intacta Virgine

Et in mundo conversatus,

Sparso verbi semine,

Sui moras incolatus

Miro clausit ordine.

 

Fils d'une mère toujours vierge

Né pour nous, à nous donné,

Et dans ce monde ayant vécu,

Verbe en semence semé,

Il conclut son temps d'ici-bas

Par une action incomparable.

 

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29 mai 2013

Le Mois du Saint Sacrement

Le Mois du Très Saint Sacrement

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Quatrième jour

Le jour de la Fête du Très Saint Sacrement

 

Faites briller en nous Votre Lumière,

Répandez l'amour dans nos cœurs,

Soutenez la faiblesse de nos corps

Par Votre éternelle vigueur !

Je Vous salue Marie

 

Laissons parler le Disciple bien-aimé : « Le soir avant la Fête de Pâques, Jésus sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, après qu'il eût aimé les siens qui étaient dans ce monde, Il les aima Jusqu'à la fin ». Le Sauveur va passer de ce monde à son Père, par sa Mort, sa Résurrection et son Ascension, ce que signifie le mot même de Pâques, c'est-à-dire passage. Il avait aimé les Siens, et de quel amour !... Que n'avait-il pas fait pour eux depuis trente-trois ans ! Les Siens qui étaient dans le monde, Ses Apôtres, Ses Disciples, Ses amis, et dans leur personne, tous ceux qui, dans la suite des siècles, consentiront à être aussi Ses disciples, Ses Amis. Il les aima Jusqu'à la fin ! Jésus va étendre son amour jusqu'aux dernières limites où il semble que l'amour d'un Dieu puisse atteindre. Dans cet acte d'Amour incompréhensible, il embrassera tous les hommes de tous les pays jusqu'aux extrémités de l'univers, de tous les temps jusqu'à la consommation des siècles.

Maintenant écoutons Saint Paul, et avec lui Saint Mathieu, Saint Marc et Saint Luc : « J'ai appris du Seigneur ce que je vous ai enseigné, c'est que, dans la nuit même où Il devait être livré à la mort, le Seigneur Jésus prit du pain, et ayant rendu grâces, Il le rompit, et dit à ses Disciples : « Prenez et mangez, ceci est Mon Corps qui sera livré pour vous ; faites ceci en mémoire de Moi ». De même, après avoir soupé, Il prit le Calice, en disant : « Ce Calice est la nouvelle Alliance en Mon Sang ; faites ceci en mémoire de Moi, toutes les fois que vous le boirez ». Ah ! Le Prophète avait vu de loin ce prodige, et il s'était écrié : « Le Seigneur plein de Tendresse et de Miséricorde a établi un monument de toutes Ses merveilles, Il a donné nourriture à ceux qui le craignent. Sans doute, le Seigneur avait opéré de grandes merveilles depuis la création du monde jusqu'à la venue de Jésus-Christ. Ces merveilles ont eu pour objet de faire connaître Sa puissance, Sa Miséricorde, Sa Sagesse, Sa Justice. Les Miracles sont la voie par où Dieu se manifeste : mais Jésus-Christ en a laissé un permanent dans son Eglise, par lequel il se cache ; c'est celui de l'Eucharistie. Ceci est admirable. Dans l'Eucharistie je trouve le monument des merveilles de Jésus-Christ, puisque c'est la commémoration de sa mort, et le gage de la promesse qu'il a a faite aux fidèles de demeurer parmi eux , quoiqu'il dût remonter au Ciel, et qu'il y soit en effet remonté. Mais en même temps c'est le chef-d'œuvre de la puissance de Jésus-Christ, résolu de se cacher à nos sens pour exercer notre foi. Il nous rappelle, par l'Eucharistie, la mémoire de sa mort ; mais il se cache pour se communiquer à nous, et pour nous nourrir de sa propre substance. Ce Sacrement est tout à la fois le prodige de sa force toute divine, et le monument éternel de sa tendresse ».

Mais quelles sont les plus étonnantes merveilles de la Sagesse, de la Puissance, de l'Amour de Dieu envers les hommes ? Je les trouve dans l'union de la Divinité avec la nature humaine par le Mystère de l'Incarnation, dans le séjour qu'un Dieu a bien voulu faire parmi les hommes, conversant familièrement avec eux pendant trente-trois ans ; enfin, dans le Sacrifice et la mort de ce même Dieu immolé sur la Croix pour le salut des hommes. Or, ces trois grands Mystères ne sont-ils pas continués, et ne pourrait-on pas dire en quelque sorte qu'ils reçoivent comme une extension infinie par le Sacrement de l'Eucharistie ! O Prodige ! Ô Amour ! Ô Mystère ineffable ! Et c'est aujourd'hui que l'Eglise invite tous ses enfants à célébrer le grand jour de l'institution de cet Adorable Sacrement ! Je l'entends qui s'écrie dans le sentiment du plus juste enthousiasme: « Sion, loue ton Sauveur, célèbre dans tes Hymnes et tes Cantiques ton Pasteur et ton Roi. Aie le courage d'exalter son nom par toutes les puissances de ton être : il est au-dessus de toute louange, jamais tu ne pourras le louer assez ».

Dans la Bulle par laquelle le Pape Urbain IV enjoint à toute l'Eglise de célébrer la Fête du Très Saint Sacrement avec la même pompe que les quatre principales Fêtes de l'année, ce Saint Pape s'exprime de la sorte : « Nous versons des larmes de joie dans cette sainte commémoration ; le cœur tressaillant d'allégresse et inondé de consolations, les fait couler de nos yeux en abondance. O immensité du Divin amour ! O débordement de la Divine bonté ! O générosité sans mesure de notre Dieu ! Il nous avait donné déjà toutes choses ; il nous avait faits maîtres de toutes les créatures sur la terre ; il nous avait élevés, ennoblis, jusqu'à commettre un ange pour nous garder et nous assister dans toutes nos voies, jusqu'à l'envoyer pour servir de guide et de conseil à tous ceux qui recevront l'héritage du Salut. Non content d'avoir tant fait pour nous, il a voulu déployer encore les richesses de sa bonté en notre faveur. Pressé par la charité immense qu'il nous porte, il s'est donné lui-même à nous, et mettant le comble à tous les autres prodiges de sa libéralité, par un Miracle que jamais l'amour n'aurait imaginé, il se fait notre nourriture. O bonté singulière et admirable ! Il est tout à la fois le donateur et le don. C'est un prodige de générosité dans un homme, et surtout dans un homme du plus haut rang, de se livrer pour un autre homme : ici c'est notre Dieu lui-même, la Souveraine Grandeur, qui se donne à l'homme jusqu'à lui servir d'aliment, afin que celui qui a trouvé la mort dans le fruit qu'il a mangé autrefois contre la défense de son Créateur, pût retrouver la vie dans une nouvelle nourriture faite de la Chair et du Sang de son Rédempteur. L'homme est tombé après avoir mangé un fruit de mort ; et il s'est relevé en mangeant du fruit de l'Arbre de Vie. Sur le premier Arbre, pendait le morceau fatal qui a perdu Adam avec toute sa postérité ; celui-ci nous a porté l'Antidote Céleste et Divin qui donne l'immortalité. La tentation de goûter celui-là nous a précipités dans l'abîme ; c'est en goûtant celui-ci que nous sommes assurés de notre Salut. Voyez comme par où le mal est entré, le remède lui-même nous est parvenu, et comme d'où la mort est sortie, la bonté du Seigneur en a fuit sortir la vie. Il est écrit du premier aliment : « Au jour où vous en mangerez, vous mourrez »; et il est dit du second : « Ce lui qui mange de ce pain vivra éternellement ». O excellence de ce Sacrement ! O Sacrement digne d'être adoré, respecté, glorifié, honoré, exalté par les plus pures louanges ; d'être célébré par les plus vives acclamations, reçu dans les cœurs les plus chastes ! » Ainsi parle l'Eglise par la bouche du Pasteur Suprême, le Vicaire de Jésus-Christ.

O mon Dieu ! Pénétrez mon cœur des sentiments que Jésus-Christ attend de moi dans ce jour mémorable.

 

Premier point

En quoi consiste le don que Jésus-Christ fait à son Eglise, en instituant le Sacrement de la Divine Eucharistie ?

 

Jésus-Christ se donne Lui-même. Il voulait donner beaucoup, il voulait être généreux à l'excès; il voulait aimer immensément. Il se livre lui-même : Il laisse aux Siens sa personne adorable, Dieu et homme tout ensemble, Jésus laisse à son Eglise sa Divinité et son Humanité, le Dieu-Homme, l'Emmanuel, le Dieu avec nous. Voilà le don inestimable qui nous est fait aujourd'hui Nous le possédons avec toutes ses perfections, il sera avec nous Plein de grâce et de vérité ! Le Verbe qui s'est fait chair dans le sein de Marie, la plus pure des Vierges ; que Marie a porté pendant neuf mois, aujourd'hui, change le pain en son Corps, le vin en son Sang, pour continuer à vivre au milieu des hommes...

Cette Chair Divine dont le Fils de Dieu s'est revêtu au moment de l'Incarnation, cette Chair devenue le prix de notre Rédemption ; cette même Chair dont le Sauveur était revêtu lorsqu'Il passait parmi les peuples en répandant mille Bénédictions ; cette Chair dans laquelle un Dieu a voulu souffrir les tourments les plus affreux pour nous ouvrir le Ciel ; cette même Chair placée glorieusement dans le Ciel depuis le jour de l'Ascension, couronnée d'honneur et de gloire, et dont la vue réjouit les Anges et les Saints ; voilà ce que Jésus-Christ me donne aujourd'hui. Les apparences du pain dérobent Jésus aux yeux de mon corps, comme dans la Crèche et sur la Croix, l'Humanité cachait le Dieu; mais Il est là. Je l'entends qui s'écrie : « Ceci est Mon Corps ».

Saint Jean Damascène, ravi d'admiration à la vue de cette merveille, prend un style tout de feu, et s'écrie : « Le Dieu bon, le Dieu très bon, le Dieu infiniment bon, le Dieu de toute bonté, a voulu répandre sur nous comme un débordement des richesses de son amour pour les hommes ». Oui, c'est vrai, je le crois, ô mon Dieu ! Je le sens ! Je le goûte, ce grand Mystère d'amour !... Je vous adore !... Je vous aime !...

 

Deuxième point

A qui le Sauveur fait-il ce don précieux de Son Corps et de son Sang ?

 

Aux Siens ! C'est Saint Jean qui le dit. Aux Siens qui sont autour de Lui, Aux Siens de tous les temps, de tous les lieux. Donc à nous qui vivons maintenant. O Eglise Catholique, ô ma mère, en t'appartenant, j'ai droit, oui, un droit incontestable à ce bien précieux. Jésus-Christ est à moi, son corps, son sang, son âme, sa divinité ! Alors, quand le Sauveur prit du pain, le bénit et le distribua à ses Disciples en disant : « Ceci est Mon Corps, prenez et mangez, tous » ; Il s'adressait à moi, Il me voyait de loin, il consacrait le pain et le vin pour moi ! O Jésus, il y a donc dix-huit siècles que vous m'attendez dans le Saint Tabernacle ; Vous saviez l'époque où je vivrais, et Vous étiez là dans le Sacrement d'Amour afin que je ne fusse pas un instant sur la terre sans Vous. En venant au monde je Vous y ai trouvé, et je jouis de Votre présence, et je suis en possession de tous les biens qui en découlent§... O amour ! Je veux aujourd'hui goûter, savourer ces paroles : « Après avoir aimé les Siens, Il les aima jusqu'à la fin ! » Ceux qui s'aiment bien se promettent réciproquement de ne s'oublier jamais. Or, voilà ce que Jésus-Christ ne dédaigne pas de me recommander à son égard : « Faites ceci en mémoire de Moi ». Quant à lui, oh ! Il n'oubliera jamais les Siens ! « Voila Mon Corps ! Je suis avec vous tous les jours ! Ah ! Je comprends le langage de l'Eglise:

 

Sit laus plena, sit sonora ;

Sit jucunda, sit decora

mentis jubilatio.

 

Que notre louange soit pleine, qu’elle soit sonore ;

qu’elle soit joyeuse, qu’elle soit belle

la jubilation de nos cœurs.

 

Troisième Point

Dans quelles circonstances Jésus-Christ donne-t-il aux hommes cette marque d'amour ?

 

C'était la veille de Sa mort. Le Démon avait déjà mis dans le cœur de Judas le dessein de le trahir. Le pacte était fait. Encore quelques heures, et la puissance des ténèbres va se déchaîner contre le Juste par excellence. Quelle nuit pour Jésus-Christ que celle qui commence ! Il est à table avec ses Apôtres. J'ai désiré, dit-il, d'un ardent désir de manger cette Pâque avec vous ». Je comprends pourquoi ce désir, ô adorable Jésus ! L'Amour qui Vous brûle a besoin de se faire jour et de se manifester. Il se lève, quitte ses vêtements, lave les pieds à ses Disciples. Toutes ses paroles sont solennelles. Il parle de l'amour. « Désormais Je ne vous appellerai plus Mes serviteurs, mais Je vous appellerai Mes amis. Vous êtes Mes amis ». Dans ce moment le Disciple bien-aimé repose sur la poitrine de son maître. O Dieu ! Quelle admirable scène, quel tableau délicieux pour l'âme pieuse qui le contemple ! Je me tiens en esprit dans un coin du Cénacle; je prête une oreille attentive, je regarde Jésus ; il y a dans tout son extérieur quelque chose de si grand ! La joie, la douleur, l'amour, tous ces sentiments, je les vois dans son regard. C'en est fait, l'Agneau de la nouvelle Loi est substitué à la Pâque ancienne. Le sacrifice de l'autel, la Communion, la vie Eucharistique de Jésus, tout est institué ! Et Judas s'en va, tandis que le Cantique d'action de grâces étant fini, le Sauveur va commencer sa douloureuse passion.

O mon Dieu ! Que de Mystères !.... O triomphe de la Charité Divine !.... Quoi ! Je pourrais aujourd'hui avoir d'autres pensées ! Disons avec une foi vive:

 

« In supremœ nocte cœnae,

Recumbens cum fratribus

Observatà lege plene

Cibis in legalibus,

Cibum turbae. Duodenae,

Sedat suis manibus.

 

« Dans la nuit de la dernière cène,

Se trouvant à table avec ses frères,

Après avoir observé la loi,

En mangeant les viandes qu'elle ordonnait,

Il se donna Lui-même,

Et de Ses propres mains,

A ses douze Apôtres pour être leur Nourriture ».

 

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28 mai 2013

Le Mois du Saint Sacrement

Le Mois du Très Saint Sacrement

 

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Troisième jour

 

Veille de la fête du Saint Sacrement

 

 

 

O Lumière Bienheureuse,

 

Venez remplir jusqu'à l'intime

 

Le cœur de tous Vos fidèles.

 

Je Vous salue Marie...

 

 

 

Lorsque Moïse disait au peuple d'Israël de la part de Dieu : « Ce jour sera pour vous un monument éternel, et vous le célébrerez de génération en génération, par un culte perpétuel, comme une fête solennelle au Seigneur », il voulait donner à ce peuple une grande idée des prodiges que le Ciel allait opérer en sa faveur. La manducation de l'Agneau Pascal, le passage de la mer Rouge, la délivrance d'une honteuse servitude, tout devait concourir à graver bien profondément dans le cœur des Israëlites le souvenir des divines miséricordes. Aussi une fête solennelle est établie, elle continuera pendant une semaine entière ; le premier jour est appelé Saint et Solennel, et le septième sera une fête également vénérable. « Demain, disait encore Moïse dans une circonstance à jamais mémorable, demain vous verrez la gloire de Dieu. Le Seigneur vous donnera de la chair à manger, et le matin il vous rassasiera de pain ».

 

Saint Paul nous enseigne de la manière la plus formelle que tout ce qui est arrivé dans l'ancien Testament était une ligure des merveilles que Dieu devait opérer en faveur d'un peuple nouveau, par Jésus-Christ, le Sauveur du genre humain. Le même Apôtre appelle tous ces grands événements une ombre des mystères accomplis dans Jésus-Christ. Dans son admirable Epître aux Hébreux, il dit encore que les cérémonies du culte ancien ne sont que les figures et les ombres des choses du Ciel. Or, la réalité est incomparablement au-dessus de la figure, la lumière incomparablement plus excellente que les ombres. Qui dira maintenant la solennité du grand jour qui approche ? Et comment parier dignement de la préparation de nos âmes pour la célébration de ce grand Mystère ?

 

Encore une réflexion. Dans les jours de fête comme la Naissance de Jésus-Christ, sa Résurrection, son Ascension dans le Ciel, l'Eglise célèbre la mémoire, le souvenir des Mystères les plus augustes. Mais ces Mystères ne se renouvellent plus. Dans la fête de demain, nous trouvons, avec la mémoire de l'institution de l'Eucharistie, le renouvellement de ce prodige d'amour. C'est bien plus qu'un souvenir, c'est le mystère accompli sous nos yeux.

 

Bientôt l'Eglise parlera. Ses temples magnifiquement décorés, les ornements les plus riches en usage dans les plus beaux jours de l'année ecclésiastique, le chant solennel des Hymnes et des Cantiques, le son mélodieux des cloches qui semblent porter dans les airs notre joie et notre reconnaissance, tout nous crie: « Elevez vos cœurs, préparez vos âmes ! C'est la Fête du Corps de Jésus-Christ, réellement présent dans la Divine Eucharistie !... » La Fête du Corps de Jésus-Christ ! Qui comprendra bien cette parole ! O mon Dieu, ce ne sera pas l'âme dissipée et mondaine qui ne voit le plus souvent dans les solennités de l'Eglise qu'un vain spectacle propre à nourrir la curiosité ! Ce ne sera pas le chrétien ignorant et presque sans foi, qui ne s'est jamais occupé des trésors infinis que la Miséricorde divine a renfermés dans la Sainte Eucharistie ! Ce sera encore moins l'homme sensuel qui ne goûta jamais les choses du Ciel, et dont le cœur demeura toujours étranger aux jouissances ineffables de la piété chrétienne.

 

Mais l'âme fidèle dont le cœur est constamment attaché à Jésus-Christ, comprend cette parole : « La fête du Corps de Jésus ! » C'est une parole de vie qui pénètre, qui remue délicieusement, qui va jusqu'au plus intime de l'âme pour y réveiller tous les sentiments de la plus vive reconnaissance et de l'amour le plus tendre. Elle l'entend, cette parole : « La Fête du Corps de Jésus ! » elle la médite, elle la goûte, elle en savoure la douceur ! Alors elle s'écrie : « Oui, ce jour est solennel parmi les plus beaux jours de l'armée. Il se lève devant moi comme un monument magnifique de l'infinie miséricorde de mon Sauveur, comme un monument de la joie et de la reconnaissance de l'Eglise. Ce jour est grand pour moi, je le célébrerai par un culte digne du Sauveur qui en est l'objet. Le juste ouvre son cœur à la joie et à l'amour. Il veut que la grande solennité de demain soit sanctifiée par le recueillement et la ferveur ».

 

Or voici ce que l'Eglise demande de tous ses enfants. Que les joies les plus pures président à nos solennités ; que nos Hymnes et nos Cantiques partent du plus intime de nos cœurs ; que tout ce qui reste du vieil homme disparaisse ; et que tout soit nouveau en nous, le cœur, le langage et les œuvres.

 

 

 

Sacris solemniis

 

Juncta sint gaudia,

 

Et ex praecordiis

 

Sonent praeconia ;

 

Recedant vetera,

 

Nova sint omnia,

 

Corda, voces, et opera.

 

 

 

Sainte solennité

 

Touche et réjouis l’âme,

 

Arrière le passé

 

Que la céleste flamme,

 

Des grâces de ce jour,

 

Renouvelle à la fois,

 

Les cœurs, les œuvres et les voix.

 

 

 

Premier point

 

Sentiment de joie

 

 

 

J'entends l'Eglise qui s'écrie dans la ferveur de son amour : « Réjouissez-vous, et louez Dieu ; chantez dans de saints transports les louanges du Dieu de Jacob ». Faites entendre les instruments harmonieux ; prenez votre harpe, sonnez de la trompette, dans ce jour célèbre de votre grande solennité ». Certes, elle est bien légitime cette joie, et le cœur du fidèle pourrait-il ne pas tressaillir d'allégresse, en considérant l'objet de cette fête ? C'est Jésus-Christ, mais Jésus-Christ, considéré dans le Sacrement de l'Autel. Jésus-Christ toujours avec nous, réellement présent au milieu de nous, Jésus-Christ dans le Saint Tabernacle Jésus-Christ qui se donne depuis dix-huit siècles à ses enfants comme nourriture Jésus-Christ qui s'immole à chaque instant pour le salut des hommes Jésus-Christ dont les mains divines s'ouvrent continuellement pour répandre des flots de Bénédictions et des torrents de Grâces sur ceux qui viennent l'adorer dans le Mystère incompréhensible de son amour !...

 

Si je considère la fin de cette solennité, ma joie ne sera pas moins vive. Elle consiste à rendre des actions de grâces particulières et plus solennelles au Divin Sauveur pour ce bienfait inestimable, le don qu'il a fait de lui-même, de sa personne adorable, à l'Eglise qui est sa fidèle Epouse. Elle consiste à réparer les négligences, peut-être l'oubli coupable dans lequel plusieurs ont vécu pendant longtemps, à dédommager le Cœur adorable de Jésus de l'ingratitude, dont la plupart des Chrétiens ne cessent de se rendre coupables, à expier les profanations et les sacrilèges dont ce Divin Sacrement continue à être l'objet. Elle consiste à retremper notre âme dans cet océan d'amour ; à renouveler, augmenter la dévotion la plus raisonnable, la mieux fondée, la plus utile qui fut jamais, la dévotion au Très Saint Sacrement !

 

O Sauveur, j'ai entendu l'invitation de l'Eglise. J'ai compris Votre voix, me voici. Je veux célébrer avec une joie sincère cette fête si chère à mon cœur !

 

 

 

Deuxième point

 

Sentiment d'Amour

 

 

 

Et ex praecordiis sonent praeconia. Oui, des louanges, l'Adoration, tous les hommages dont une âme remplie de l'Esprit de Dieu peut être capable. Pendant cette grande Octave, l'Eglise nous dit à tous : « Venez, réjouissons« nous devant le Seigneur ; faisons éclater nos transports d'allégresse devant Dieu qui est notre Salut. Prévenons sa présence par des Hymnes de louanges ; poussons des cris de joie au milieu de nos Cantiques. Venez, prosternons-nous devant Dieu qui nous a créés, parce qu'il est notre Dieu, et que nous sommes son peuple et les brebis de ses pâturages ». Au moment où les Temples sont ornés pour la solennité de ce grand jour, il me semble entendre le Divin Sauveur qui s'adresse à toutes les âmes chères à son Cœur, et qui leur dit : « Pendant cette Octave, veillez bien sur vous et demeurez dans Mon Amour. On peut faire beaucoup de choses, se donner beaucoup de mouvement, avoir un zèle tout extérieur, et ne pas M'aimer. Pour vous, prenez garde, c'est votre amour que je demande ».

 

Mais l'amour se manifeste par les actes. Bien plus, Saint Grégoire dit que l'amour fait de grandes choses, et que s'il ne les fait pas, il ne mérite pas le nom d'amour. Que fera l'âme fidèle pour témoigner son amour à Jésus dans le Saint-Sacrement ? Elle prendra une part active à tout ce que l'Eglise a institué pour honorer cet auguste Mystère. La Messe Solennelle, la Communion, l'Adoration pondant que le Saint-Sacrement est exposé, les Offices du soir, les Processions, les Saluts, tout lui deviendra cher ; on la verra partout pénétrée d'une vive foi, dans le recueillement et la ferveur.

 

O quel bonheur ! Un jour, une semaine entièrement consacrée à louer, à adorer, à bénir Jésus-Christ dans le Sacrement de son Amour! Pour une âme qui connaît, qui goûte Jésus-Christ, quelle admirable fête ! Que de Cantiques elle va chanter avec l'Eglise ! C'est bien le moment favorable pour élever vers le Saint Autel ce cri du cœur : « Que vos Tabernacles sont aimables, Seigneur Dieu des Vertus ! Mon âme désire ardemment d'être dans la maison du Seigneur; elle est presque dans la défaillance par l'ardeur de ce désir. Mon cœur et ma chair font éclater par des transports de joie l'amour qu'ils ont pour le Dieu vivant ». Triomphe de l'amour ! Jésus-Christ dans le Saint-Sacrement ! Oui, je chanterai cet amour, Mon cœur proférera une bonne parole, il dira que son Jésus est tout son bien et toute sa richesse.

 

 

Troisième point

 

Pureté du Cœur

 

 

 

Recedant vetera, nova sint omnia, corda, voces, et opera. Que tout ce qui reste du vieil homme disparaisse; et que tout soit nouveau en vous, le cœur, le langage et les œuvres. Non, l'âme mondaine, l'âme sensuelle ne comprend rien à ce Mystère ineffable. Il faut, pour pénétrer dans le Saint des Saints, un cœur libre de toute affection criminelle. Je dois donc me dépouiller du vieil homme. Tout en moi doit être nouveau, et par là même, digne de Dieu. L'Apôtre me le dit : « Vous ne pouvez pas boire le Calice du Seigneur et le Calice des Démons ; vous ne pouvez pas participer à la table du Seigneur et à la table des Démons ». Il faut donc, pour première disposition à la fête de demain, il faut un cœur pur, une conscience lavée de toutes ses souillures. Les choses Saintes sont pour les Saints. « Heureux ceux qui lavent leurs vêtements dans le Sang de l'Agneau, afin qu'ils aient droit à l'Arbre de Vie. Qu'on laisse bien loin les animaux immondes, et tous ceux qui aiment et font le mensonge ».

 

Quel est le fidèle qui honorera dignement Jésus-Christ pendant ces jours consacrés au Triomphe de la Divine Eucharistie ? Celui qui aura été renouvelé, purifié par un sincère retour à Dieu. Si les Hymnes et les Cantiques sont nouveaux, c'est que l'âme jouit d'une vie nouvelle. Vie de sainteté, de pureté, d'amour !.. Ce jour sera donc employé à examiner la conscience, à détester tout ce qui pourrait déplaire à Jésus-Christ, à faire une confession humble, accompagnée d'une sincère douleur avec un grand désir d'être à Jésus-Christ, à lui seul !

 

 

 

Verbum caro, panem verum

 

Verbo carnem efficit ;

 

Fitque sanguis Christi merum,

 

Et si sensus deficit,

 

Ad firmandum cor sincerum

 

Sola fides sufficit.

 

 

 

Le Verbe fait chair, par son verbe,

 

Fait de sa chair le vrai pain;

 

Le sang du Christ devient boisson,

 

Nos sens étant limités,

 

C'est la foi seule qui suffit

 

pour affermir les cœurs sincères.

 

 

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27 mai 2013

Le Mois du Saint Sacrement

Le Mois du Très Saint Sacrement

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Deuxième jour

Le Mardi après la Trinité

 

Venez en nous, Père des pauvres,

venez, Dispensateur des dons,

venez, Lumière de nos cœurs.

Je Vous salue Marie...


Nous lisons dans le second chapitre de la Genèse les paroles suivantes : « Un fleuve sortait de ce lieu de délices pour arroser le Paradis ». C'était à ce fleuve que Dieu avait donné la propriété d'entretenir la fraîcheur dans le Paradis terrestre, de lui communiquer sa fécondité. Tout ce qu'il y avait de riches productions dans ce lieu de délices était dû aux eaux abondantes de ce fleuve; la beauté et la multitude des fruits, l'éclat et les innombrables Variétés des fleurs. Cette source qui se divisait en plusieurs fleuves pour embrasser dans leurs cours, toute la vaste étendue du Paradis, était, suivant Saint Jean Chrysostôme, une figure de la Sainte Eucharistie, fontaine de grâces qui se répand en plusieurs fleuves spirituels, pour répandre sur le champ de l'Eglise la fécondité la plus merveilleuse.

Le Saint Esprit emploie fréquemment, dans l'Ecriture, cette comparaison d'un fleuve ou d'une source d'eau vive pour nous faire comprendre les effets de la grâce que Dieu répand sur les hommes. Tantôt c'est une faible source qui devient un grand fleuve, et qui répand partout ses eaux abondantes. Tantôt le Seigneur promet de répandre la sagesse, comme le Tigre répand ses eaux aux jours des nouveaux fruits ; l'intelligence, comme les eaux de l'Euphrate ; la science qui s'étendra comme le Gehon au jour de la vendange; une autre fois il s'écrie : « Je suis sorti du Paradis, je suis comme le ruisseau d'un fleuve aux eaux immenses, comme l'écoulement d'une rivière, comme le canal qui conduit les eaux ». Nous lisons dans Isaïe : « Un chemin traversera le désert, et je ferai couler des fleuves dans une terre inaccessible ; a tous se désaltéreront dans les eaux que je répandrai à travers le désert, dans les fleuves que je ferai couler à travers la solitude, pour éteindre la soif de mon peuple, du peuple que j'ai choisi ».

Oh! comme elles parlent éloquemment ces figures! L'Eglise, tous les jours, rend au Ciel mille actions de grâces, en reconnaissant que tous ces prodiges de miséricorde s'accomplissent en sa faveur par la Sainte Eucharistie. Elle voit dans cet adorable mystère ce fleuve de Dieu aux eaux magnifiques et abondantes. Elle tressaille d'allégresse parce qu'il lui a été dit : « Le Fleuve de Dieu a été rempli d'eaux ». « L'abondance des eaux du fleuve réjouit la cité de Dieu ». Lorsque Moïse eut conduit le peuple d'Israël dans le désert, l'eau vint à manquer, le peuple murmura. Alors Dieu dit à Moïse : « Frappe la pierre d'Horeb, l'eau en jaillira, et le peuple sera désaltéré ». Moïse obéit, et les eaux abondantes sorties de cette pierre, coulèrent tout le temps que le peuple y demeura. « Le Seigneur, s'écrie David, avait changé la pierre en une source d'eaux abondantes ». Il est bien certain que toutes ces choses étaient pour annoncer les grands mystères de Jésus-Christ et les faveurs dont il devait combler son Eglise. Ecoutons Saint Paul : « Nos pères ont bu le même breuvage spirituel ; ils buvaient de l'eau de la pierre mystérieuse, eau qui les suivait dans le désert ; et cette pierre était Jésus-Christ. Toutes ces choses étaient des figures de ce qui nous regarde ».

Quelle est donc cette Eau spirituelle et mystérieuse qui sort de la pierre comme une source magnifique ! Cette eau destinée à désaltérer le chrétien qui voyage et qui combat, en se dirigeant vers la véritable terre promise, qui est le Ciel ? Où est la source de ces eaux abondantes de la grâce ? Mon Dieu ! Serait-il possible de ne pas voir, sous ces figures, la Divine Eucharistie. Le disciple bien-aimé nous dit dans son Apocalypse : « L'Ange me transporta en esprit sur une montagne grande et élevée, et il me montra Jérusalem, la Cité Sainte qui descendait du Ciel venant de Dieu, et il me montra un fleuve d'eau vive qui sortait du trône de Dieu et de l'Agneau ». Nous la connaissons, cette Jérusalem nouvelle, la Cité Sainte qui vient de Dieu. C'est l'Eglise. Eh bien ! Portons nos regards sur le trône de l'Agneau, sur l'autel du Dieu vivant, où Jésus-Christ, l'Agneau sans tâche, a établi sa demeure. De ce trône d'amour jaillit une fontaine dont les eaux majestueuses se répandant sur toute l'Eglise, vont porter jusqu'aux extrémités du monde, l'abondance des célestes bénédictions.

O mon Dieu ! Qui me donnera de bien comprendre et surtout d'apprécier ce don inestimable ? Qui me découvrira toutes les richesses que répand sur l'Eglise et sur chacun de ses enfants ce fleuve d'eau vive qui a sa source dans la Divine Eucharistie, et qui communique à l'Epouse du Sauveur une fécondité toujours nouvelle ?

 

Premier Point

La Sainte Eucharistie donne à l'âme chrétienne la fécondité

 

Les merveilles opérées dans l'Eglise par les torrents de grâces que la Divine Eucharistie répand sur elle, je dois les considérer dans l'âme fidèle qui a le bonheur de recourir à cette source de tous les biens. L'âme chrétienne est comme une terre qui doit produire des fruits dignes de Dieu. Elle est, dit le prophète, comme un arbre planté sur le bord des eaux, et qui donne son fruit au temps qui lui est marqué. Combien de cœurs fidèles qui se sont ouverts pour recevoir ce principe d'une fécondité admirable, et dont les fruits sont beaux et excellents ! Hélas ! Souvent notre âme, semblable à une terre desséchée et brûlée par l'ardeur dévorante des passions, sent le besoin d'être arrosée, rafraîchie et fécondée par les eaux salutaires de la grâce !Pourquoi demeure-t-elle dans cet état d'aridité qui la rend semblable à cet arbre maudit par Jésus-Christ dans le Saint Evangile ?

David s'était plaint à Dieu de l'aridité de son âme qu'il comparait à une terre déserte, où l'eau ne coule pas. Tout-à-coup le Saint-Esprit ouvre devant lui les trésors divins de la grâce, et le prophète s'écrie : « Vous avez visité la terre, et vous l'avez comme enivrée de vos pluies. Le fleuve de Dieu a été rempli d'eau ; et vous avez par là préparé de quoi nourrir les habitants de la terre. Enivrez d'eau ses sillons ; multipliez ses productions; et elle semblera se réjouir de l'abondance de ses rosées par les fruits qu'elle produira ».

Où donc les âmes ferventes puisent-elles ces sentiments de vertu qui se traduisent en actions souvent héroïques ; les prodiges que la Charité enfante tous les jours; la patience inaltérable au milieu des épreuves les plus cruelles; la pureté sans tâche, parmi les moyens de séduction employés par le monde; où en chercherons-nous le principe ? « Ah ! La timide colombe, nous dit le Saint-Esprit, attache son regard vers les ruisseaux mystérieux ». Et ailleurs : « Les eaux des fontaines ont coulé.... et les âmes sont devenues comme un olivier verdoyant, comme le lys qui croit sur le bord des eaux, comme la rose du printemps ». O vous qui n'êtes que des arbres infructueux, dont le cœur est toujours semblable à une terre sans eau ; levez les yeux, voyez la fontaine aux eaux vives et abondantes. Venez, inclinez votre cœur vers la Sainte Eucharistie, portez sur elle toutes vos pensées ; bientôt vous comprendrez ce que devient une âme fécondée par cette source divine.

 

Deuxième point

La Divine Eucharistie répare les forces

 

Quand le voyageur est accablé de lassitude, quand il a marché longtemps dans un lieu désert, ses forces semblent renaître à la vue d'une source d'eau vive qui sort de la montagne. Lorsque après un combat opiniâtre, un homme couvert de poussière, ses membres étant brisés par des efforts longs et persévérants, vient à rencontrer un torrent, il s'arrête, il bénit Dieu. Bientôt il sent comme une vigueur nouvelle communiquée à tout son corps. Ce voyageur si souvent fatigué, ce combattant dont les forces s'épuisent, n'est-ce pas le fidèle qui gravit la Montagne du Salut, qui rencontre à chaque instant, sur son chemin, des ennemis nombreux dont les attaques multipliées et perfides exigent des efforts persévérants qui épuisent bientôt ses forces ?

Hélas ! Je comprends bien ces choses ! et surtout, je connais depuis longtemps ma faiblesse ! Mais j'entends une voix, c'est celle d'un homme qui a connu , comme moi, toutes les fatigues du désert, et toute la force des ennemis de son salut. Il crie vers le Ciel, et tout-à-coup son cœur se fond en reconnaissance : « C'est le Seigneur qui me conduit ; rien ne pourra me manquer ; il m'a établi dans un lieu « abondant en pâturages ; il m'a amené près d'une fontaine fortifiante. Que mon Calice qui à la force d'enivrer, est a admirable !... »

Cette eau qui répare les forces épuisées, Jésus-Christ en avait parlé à la Samaritaine. « Si vous saviez quel est Celui qui vous a dit : « Donnez-Moi à boire », vous Lui en auriez demandé vous-même, et Il vous aurait donné de l'eau vive ». Le Disciple Bien-aimé n'a-t-il pas entendu le Divin Maître s'écrier : « Je serai leur Pasteur, Je les conduirai aux fontaines des eaux vivantes » ; et encore : « Je donnerai gratuitement à boire de la Source d'Eau Vive à celui qui a soif ». Cette source d'Eau Vive n'est-ce pas la Divine Eucharistie ? Quand Isaïe s'écriait : « Vous deviendrez comme un jardin toujours arrosé, et comme une fontaine dont les eaux ne sèchent jamais ». Ne voyait-il pas de loin l'âme fidèle qui puise continuellement à cette source intarissable du souverain bien ? Ne semblait-il pas apercevoir à travers la nuit des siècles le Sacrement d'amour quand il disait : « C'est là qu'est la fontaine et le puits des eaux vivantes qui coulent avec impétuosité ».

D'où vient qu'un si grand nombre de Chrétiens tombent en défaillance comme ceux dont parlait Saint Paul, quand il disait : « Parmi vous il y en a beaucoup qui sont faibles et malades, d'où vient « que plusieurs meurent par suite de cette faiblesse ? » Ah ! s'écrie un prophète : « Ce peuple a rejeté les eaux de Siloë ! » « Ils m'ont abandonné, dit Jérémie, moi qui suis la fontaine d'eau vive ». Pauvres aveugles qui ne voient pas cette source d'eau vive où l'âme fidèle vient à chaque instant se plonger pour en sortir avec une nouvelle vigueur. C'est là que l'aigle fatigué par la rapidité de son vol vient renouveler sa jeunesse : c'est là que l'âme humiliée par des chutes fréquentes vient laver ses iniquités et chercher l'innocence. Le prophète Zacharie l'avait annoncé. « En ce jour-là, dit-il, il y aura une fontaine ouverte aux habitants de Jérusalem, pour y laver les souillures du pécheur ».

O Jésus ! J'ai cherché partout le remède à mes maux et j'ai souvent oublié la Sainte Eucharistie ! Quelle folie ! Il y a dans cet oubli, qui porte un si grand préjudice aux âmes, quelque chose de surnaturel. Le démon seul peut en être l'auteur ; car il n'ignore pas que les grâces puisées dans cette Source Divine, me rendraient invincible.

 

Troisième point

La Sainte Eucharistie apaise la soif

 

Notre âme est dévorée par la soif du bonheur. Il y a au fond de notre nature un principe de tristesse et d'ennui qui nous accompagne partout et nous empêche de trouver ici-bas une véritable félicité. Et, cependant, nous la cherchons la félicité. Elle est notre fin. Mais ou rencontrer des jouissances capables de nous rendre heureux ? C'est en vain que l'homme s'agite, il ne trouvera qu'un grand vide au milieu des plaisirs qu'il a si longtemps désirés ! O mon âme, où iras-tu te désaltérer ? La soif te dévore. Il faut que tu aimes, il faut que tu jouisses ; c'est un besoin pour ta nature.

J'entends le prophète Isaïe : « Vous puiserez avec joie des eaux dans les Fontaines du Sauveur ». « Il y a une eau, avait dit le sage, qui éteint la soif la plus dévorante ». « Si vous avez soif, buvez l'eau dont mes serviteurs boivent ». « La fontaine de tes jardins, dit l'époux à l'épouse, est une source d'eau vive ». « Allez au-devant de ceux qui sont altérés, et portez leur de l'eau, s'écrie le prophète Isaïe ». Enfin, nous lisons dans l'Apocalypse : « Je donnerai gratuitement à boire de la source d'eau vive à celui qui a soif ». Mais que dis-je ? j'entends une voix qui sort du Tabernacle : « Si Quelqu'un à soif, qu'il vienne à Moi et qu'il boive ». La voici cette eau qui rafraîchit les âmes altérées. Tous les élus de Dieu en ont connu la source. C'est la Divine Eucharistie !

L'Eglise emprunte au prophète ces paroles puissantes : « Vous tous qui avez soif, venez aux eaux ; hâtez-vous ; achetez sans argent et sans aucun échange le vin et le lait ». Je comprends, maintenant, pourquoi mon Jésus a dit : « Heureux ceux qui sont altérés de la justice ! » Oui, elle sera désaltérée, l'âme qui soupire après la Justice et la Sainteté, en venant a la source de tous les biens. Qui dira les douceurs dont certaines âmes sont inondées au pied des Saints Autels ! Ah ! Je n'ai que trop aimé les créatures ! Insensé ! Je ne comprenais pas qu'en buvant à la coupe des plaisirs et des jouissances mondaines, la soif qui me dévore ne pouvait que s'accroître. Désormais je dirai avec le serviteur d'Abraham : « Voilà que je me tiens au pied de cette fontaine ; et je l'appellerai volontiers, comme Josué, « La fontaine du soleil ». L'âme qui vient s'y désaltérer n'est-elle pas inondée de lumières ?

C'est donc à Vous seul, ô mon Sauveur, que j'aurai recours pour rassasier mes insatiables désirs ! Le Sanctuaire, l'Autel, le divin Tabernacle, la Table Eucharistique, voilà mon Trésor !... Ouvrez-vous, Fontaines Sacrées, je veux me désaltérer à Vos Sources Divines ! O Jésus ! O Jésus !

 

Jesu, quem velatum nunc aspicio,

Oro fiat illud quod tam sitio ;

Ut te revelata cernens facie,

Visu sim beatus tuae gloriae.

 

Jésus, que sous un voile, à présent, je regarde,

Je Vous en prie, que se réalise ce dont j'ai tant soif ;

Vous contempler, la face dévoilée,

Que je sois bienheureux, à la vue de Votre gloire.

 

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26 mai 2013

Le Mois du Saint Sacrement

Le Mois du Très Saint Sacrement

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Premier jour

Le lundi après la Trinité

 

Venez Esprit Saint

Et envoyez du Ciel

un rayon de Votre Lumière.

Je Vous salue Marie...

 

Ravi d'admiration, en voyant à travers les siècles, les beaux jours de l'Eglise chrétienne, le prophète Zacharie s'écriait autrefois : « Quel est le bien de Dieu, quelle est Sa Gloire, sinon le froment des élus, et le vin qui fait Germer les vierges ? » Quel est ce bien que le Saint-Esprit appelle le bien de Dieu ? Ce bien qui fait sa gloire ! Nous le savons par le Saint Esprit Lui-même ; c'est la Sainte Eucharistie, le pain qui nourrit les élus, le vin qui engendre toutes les vertus en donnant à l'homme la force et le courage de vaincre ses passions et de vivre sur la terre exempt de toute corruption, avec la pureté des Anges!... La Divine Eucharistie est donc pour l'Eglise Catholique, le Souverain Bien, elle est sa Gloire !.. Elle est le Bien par excellence ; tout est renfermé dans cet auguste Mystère. Elle est la Gloire de l'Eglise, puisque, par l'Eucharistie, l'Eglise est mise en possession de Jésus-Christ, le Roi éternel des siècles, le Fils unique de Dieu le Père, la splendeur de sa gloire, l'image vive, expresse, subsistante, et très-parfaite de sa substance, l'Emmanuel, le Dieu avec nous !

Nous apprenons par l'Ecriture que Dieu ayant créé le premier homme le plaça dans un lieu de délices appelé Paradis. Le Paradis terrestre était un jardin délicieux planté par la main du Créateur et destiné à l'homme dans les jours heureux de son innocence. Là se trouvaient réunies toutes les richesses de la nature. Les arbres les plus beaux, chargés de fruits excellents, s'élevaient du milieu d'un tapis de fleurs dont l'éclat varié réjouissait la vue, tandis que l'air était embaumé de leur parfum. On voyait au milieu de ce jardin s'élever l'arbre de Vie. Son fruit devait préserver l'homme des atteintes du mal et lui donner l'immortalité. Le vrai Paradis des délices, formé par Dieu lui-même, orné de toutes sortes de richesses, n'est-ce pas l'Eglise de Jésus-Christ ? Que d'arbres merveilleux ? Que de fleurs odorantes et aux couleurs mille fois variées ! Les Apôtres, les Vierges, les Martyrs !... Le Sacerdoce, l'état Religieux, la famille Chrétienne !... L'innocence toujours si belle ; la pénitence avec son doux parfum d'humilité et de confiance. Oh ! Qu'elle est ravissante de beauté cette Eglise, l'épouse du Souverain-Roi ! Elle est riche des dons que lui a faits Jésus-Christ. Qui pourrait dire les trésors qu'elle possède !...

Mais ne voyez-vous pas s'élever au milieu du vrai Paradis, que la grâce et la Miséricorde ont préparé pour l'homme nouveau, régénéré dans le Sang du Sauveur, cet Arbre de Vie, dont le fruit doit procurer à ceux qui le mangent, la bienheureuse immortalité ! Cet arbre de vie, c'est la Sainte Eucharistie. « II n'y a point d'arbre dans le Jardin de Dieu qui lui ressemble ou qui soit a comparable à sa beauté ». Voyez les Sacrements avec les divins privilèges qu'ils communiquent à l'homme ! La Divine Eucharistie est au milieu d'eux ce qu'était l'arbre de vie parmi les arbres du Paradis terrestre. Elle les surpasse en excellence autant qu'en beauté ! Ce qu'elle contient, c'est le salut du monde !... O chef-d'œuvre de la sagesse éternelle !...

« La Sagesse, dit le Saint-Esprit, est un arbre de Vie ». Et Saint Augustin expliquant ces paroles : « La sagesse , dit-il, est dans le Paradis spirituel de l'Eglise, ce qu'était l'arbre de vie dans le Paradis terrestre ». Or, la Sagesse s'est bâti une maison et elle habite parmi nous. Elle est là dans nos Tabernacles. Qu'il me soit permis en considérant cette merveille du Paradis qu'on nomme l'Eglise, de lui appliquer ces paroles du prophète Daniel : « Je voyais, et voilà un arbre au milieu de la terre, et sa hauteur était prodigieuse ; un arbre grand et fort dont la hauteur atteignait le Ciel ; il paraissait s'étendre jusqu'aux a extrémités du monde. Ses feuilles étaient belles, et ses fruits abondants ; il portait la nourriture de tous les hommes ; sous ses branches habitaient les animaux et les bêtes des champs, sur ses rameaux chantaient les oiseaux du Ciel, et toute chair vivait de lui ! ».

Voilà la merveille de l'Eglise. Ce qui ne fut qu'un songe pour l'impie qui voulait usurper la gloire du Très-Haut, est devenu une vérité pour les enfants de Dieu. Quelle magnifique image de la Divine Eucharistie ! Qui n'aimera à contempler cet Arbre merveilleux ! Venez, peuples, et vivez à l'ombre de ses immenses rameaux; âmes fidèles, figurées par les oiseaux du Ciel, élevez-vous sur les ailes de la foi et de l'amour, chantez des hymnes et des cantiques à la gloire du Divin Sauveur; vous tous, enfants de l'Eglise, heureux habitants du nouveau Paradis de la terre, venez et mangez du fruit de cet arbre ; toute chair vivra de ce fruit. La vie surnaturelle, la vie de la grâce est là; c'est le pain des Elus ; celui qui le mange arrive à l'immortelle gloire ! En voulant exalter la Croix du Sauveur, l'Eglise s'écrie : « Vous êtes un arbre tout éclatant de beauté ! » Que ne devons-nous pas dire de la beauté de 1'arbre de Vie.. Ecrions-nous avec le Prophète Ezéchiel : « O vous qui êtes si grand et si élevé parmi tous les arbres du Jardin de délices, il n'y a point de cèdres dans le Jardin de Dieu qui soit plus élevé que vous ; non, il n'y a point d'arbre dans le Jardin de Dieu qui vous ressemble, ni qui soit comparable à votre beauté ».

 

Premier point

Le fruit de l'Arbre de Vie considéré par rapport à ceux qui le mangent

 

Je remarque plusieurs propriétés dans le fruit de cet arbre que Dieu avait planté au milieu du Paradis terrestre, et je les trouve dans la Sainte Eucharistie. Le fruit de l'arbre de vie avait la vertu de préserver te corps de toute infirmité et de toute maladie.

L'Eglise de Jésus-Christ est composée d'hommes faibles et sujets à mille infirmités ou maladies spirituelles. La vie qui est communiquée par le Baptême, augmentée, fortifiée par la Confirmation, Jésus-Christ savait avec quelle facilité nous la perdrions. Il connaissait ce limon impur dont nous avons tous été formés. Cette faiblesse, cette corruption inhérente à notre nature, l'inconstance de nos pensées et la fragilité de notre cœur, toutes nos misères lui étaient parfaitement connues. Dans sa miséricorde, il a voulu un remède à toutes nos infirmités, un préservatif puissant contré toutes les maladies de notre âme. Il l'a placé dans sa Chair adorable et dans son Précieux Sang.

Si le Prophète appelle ce Sacrement « le froment des élus et le vin qui fait germer les vierges » ; c'est parce que les âmes que Dieu a choisies, et qui, de leur côté, ont choisi Dieu pour en faire l'unique objet de leurs désirs, reçoivent par cette divine nourriture, la force de se vaincre elles-mêmes et d'assujétir leurs sens comme leur volonté à la loi de Dieu. Ce Vin, bien différent du vin de la terre qui est une source de dissolution, est un vin céleste qui a la vertu de germer les Vierges, c'est-à-dire, d'augmenter la grâce et la pureté de nos âmes. « A celui qui veut vaincre, s'écrie le Saint-Esprit, Je lui donnerai à manger du fruit de l'arbre de vie qui est dans le Paradis de mon Dieu ». Cette expression, « arbre de vie », est employée par l'Ecriture pour signifier tout ce qui peut servir de nourriture spirituelle et faire le bonheur de l'âme. Ici c'est Jésus-Christ lui-même qui est 1'Arbre De Vie, puisqu'il se donne en nourriture à ses enfants, « afin, dit-il, que celui qui mange ce Pain ne meure point ».

Ah ! Si depuis dix-huit siècles, l'Eglise a abattu sous ses pieds un si grand nombre d'ennemis, n'est-ce pas au fruit de cet arbre de vie dont elle ne cesse de se nourrir, n'est-ce pas à la Sainte Eucharistie, à Jésus-Christ toujours présent au milieu d'elle, qu'il faut attribuer toutes ses victoires ! Si une multitude de Saints, au milieu des séductions du monde, et dans une chair de péché, ont offert, par la pureté de leur vie, un spectacle digne des Anges et des hommes, qui leur a communiqué cette vertu de demeurer comme invulnérables au milieu des combats ? N'est-ce pas ce fruit de l'arbre de vie, la Sainte Eucharistie ! C'est donc dans ce Sacrement que je trouverai le principe de cette vie de foi et d'amour qui fait les Saints et les élus de Dieu; c'est en mangeant ce fruit délicieux de l'arbre de Vie que je me préserverai de la corruption du monde et de la souillure du péché.

O mon Dieu, je le comprends ; jusqu'à ce jour je n'ai pas apprécié ce grand bien. Je me plains à chaque instant, et de ma faiblesse, et de la violence de mes tentations, et je ne lève pas les yeux pour voir ce fruit divin qui procure l'incorruptibilité, et, par conséquent, l'immortalité... Divine Eucharistie, vous serez mon bien, vous serez ma gloire !...

 

Deuxième point

L'Arbre de Vie, dans l'Eglise Catholique, communique la vie dans le temps même qu'on ne peut manger de son fruit

 

C'est ici qu'il faut admirer la supériorité de la réalité sur la figure. Si Adam n'eût pas mangé du fruit de l'arbre de vie, il n'aurait jamais participé à sa vertu miraculeuse. Mais il en est bien autrement de la Divine Eucharistie. Cet Arbre merveilleux n'a pas été planté au milieu de l'Eglise uniquement pour nous sauver par la manducation de son fruit. Non, ses effets sont incomparablement plus excellents. Son existence seule est le Bien par excellence et la Gloire de l'Eglise, le Bien et la Gloire de tous les fidèles. Saint Jean nous dit dans l'Apocalypse qu'il a vu l'arbre de vie au milieu do la Ville Sainte, et que Les Feuilles de cet arbre sont pour guérir les Nations.

C'est un arbre qui étend au loin ses rameaux. L'âme brûlée par les ardeurs des tentations vient y chercher une fraîcheur bienfaisante qui lui procure la paix et le repos. Le fidèle qui a vaillamment combattu, vient se délasser des fatigues d'un combat opiniâtre, en se couchant sur une terre ombragée par les feuillages de l'Arbre mystérieux. Le pauvre que le monde repousse trouve là une demeure agréable qui le met à couvert de toutes les rigueurs et do toutes les intempéries de l'air. Ce n'est pas tout encore. L'arbre de Vie répand autour de lui une vertu qui se communique aux âmes, qui relève leur courage abattu, qui fortifie leur faiblesse et qui verse les douceurs et les consolations de l'espérance dans les cœurs les plus tristes et les plus affligés.

Tenez-vous au pied de cet Arbre, à l'heure même où l'Eglise ne vous permet pas de manger son fruit. Là priez, ce n'est pas assez, ouvrez la bouche, Aspirez, comme le prophète, L'esprit du divin Sacrement, vous attirerez dans vous quelque chose qu'aucune langue ne sait nommer. Si Jésus a dit : « Quelqu'un M'a touché, car une vertu est sortie de Moi », ici c'est la même chose. Partout où l'âme fidèle peut se placer sous les rameaux touffus de l'arbre de Vie, elle sent une vertu divine se répandre dans elle-même, elle se trouve nourrie sans qu'elle paraisse avoir mangé du fruit de cet Arbre.

Faites-moi comprendre ces vérités, ô mon Dieu ! Faites-les moi goûter ! Ah ! je n'ai que trop oublié les biens que vous m'avez préparés dans le Sacrement de Votre Amour ! Jours précieux, que je vais consacrer à honorer ce monument de Votre Gloire ! Venez, Seigneur Jésus, venez !... vous seul pouvez me découvrir les richesses de Votre immense Charité.

 

Troisième point

L'Arbre de Vie est présenté à ceux qui sont morts

 

Ce qui montre encore mieux l'excellence de la Sainte Eucharistie sur l'Arbre de vie planté au milieu du Paradis terrestre, c'est la conduite que Dieu tient aujourd'hui à l'égard des pêcheurs, comparée à celle qu'il a tenue à l'égard de notre premier Père. A peine Adam eût-il péché que, par l'ordre du Créateur, il fut chassé du Paradis, et qu'un Chérubin armé d'un glaive de feu dût lui en interdire l'entrée. Pauvre Adam ! Il ne fut pas seulement privé de ce fruit qui donnait l'immortalité ; mais la vue de l'Arbre qui le portait lui fut à jamais interdite. Oh ! Qu'il en est bien autrement aujourd'hui! Sous la loi d'amour, c'est la miséricorde qui éclate par-dessus toutes les œuvres de Dieu.

L'arbre de Vie qui s'élève au milieu de l'Eglise étend indistinctement ses branches sur les justes et sur les pécheurs. Tous sont invités à venir se reposer sous son ombrage bienfaisant. Il est vrai que le pécheur, avant d'être purifié, ne peut manger le fruit divin qui est offert au juste. Malheur à la bouche impure qui recevrait le pain des Anges !... Mais il est vrai aussi que la Sainte Eucharistie opère tous les jours des prodiges. Le pécheur entre dans le lieu Saint comme par hasard, et par un mouvement de curiosité naturelle, et tout-à-coup il se sent ému au dedans de lui-même, un rayon de lumière traverse son esprit et lui montre l'abîme dans lequel il se trouve; son cœur est fortement remué, bientôt il se fondra comme la cire auprès d'un feu violent. Qui racontera les merveilles opérées en faveur des coupables par la Sainte Eucharistie? Personne n'est exclu ; le libertin et l'impie, le profanateur et celui qui a lancé le blasphème, tous sont invités à venir devant Jésus-Christ. D'un regard , il perce les âmes, et sa parole relève leur courage abattu.

O mon Sauveur, si un Chérubin était à la porte de Votre temple, comme autrefois à l'entrée du Paradis terrestre pour en interdire l'accès aux pécheurs, que deviendrais-je, moi, si souvent infidèle à la parole mille fois jurée à vos pieds ! Hélas ! Vous auriez pu ne demeurer dans Saint Sacrement que pour les âmes saintes, et me faire dire qu'il n'est pas juste de donner aux chiens le pain destiné aux enfants ! Vous ne l'avez pas fait. Non, votre amour ne l'a pas permis ! Arbre de la vie éternelle, votre fruit nourrit le juste ; mais à l'ombre de vos rameaux, le pécheur devient juste à son tour et se dispose à participer aussi à cette nourriture céleste ! Miséricorde de mon Dieu, je vous chanterai éternellement !...

 

Pange lingua gloriosi
Corporis mysterium,
Sanguinisque pretiosi,
Quem in mundi pretium
Fructus ventris generosi,
Rex effudit gentium.

Chante, ô ma langue, le mystère
De ce corps très glorieux,
Et de ce sang si précieux,
Que le Roi de nations
Issu d'une noble lignée,
Versa pour le prix de ce monde.

 

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25 mai 2013

Le Mois du Saint Sacrement

Le Mois du Très Saint Sacrement

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Le Dimanche de la Sainte Trinité

 

Exercice préparatoire

 

Venez en nous, Esprit créateur,
Visitez les âmes des vôtres,
Emplissez de la grâce d'en-haut
Les cœurs qui sont vos créatures.

Vous qu'on appelle le Conseiller,
Don du Seigneur de Majesté,
Source vive, Feu, Charité,
Toi qui êtes l'onction spirituelle.

Vous, le Donateur aux sept Dons,
Puissance de la main de Dieu,
Vous que le Père avait promis,
Qui faites jaillir notre louange.

Mettez Votre Lumière en nos esprits,
Répandez Votre Amour en nos cœurs,
Et que Votre force sans déclin,
Tire nos corps de leur faiblesse.

Repoussez l'Adversaire au loin,
Sans tarder, donnez-nous la paix,
Ouvrez devant nous le chemin :
Que nous évitions toute faute.

Faites-nous connaître Dieu le Père,
Faites-nous apprendre aussi le Fils,
Et croire en tout temps que Vous êtes
L'unique Esprit de l'un et l'autre.

Gloire, soit à Dieu le Père,
gloire au Fils ressuscité des morts,
gloire au Paraclet,
dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

On récitera ensuite trois fois le je Vous salue Marie, en l'honneur de Marie Mère de Jésus, afin d'obtenir par l'intercession de la Vierge immaculée la grâce de sanctifier le Mois du Très Saint Sacrement.

 

I. « Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts : c'est ici le pain qui est descendu du Ciel, afin que si quelqu'un en mange, il ne meure point. Je suis le pain vivant qui suis descendu du Ciel. Si quelqu'un mange de ce pain il vivra éternellement, et le pain que je donnerai, c'est ma chair que je donnerai pour la vie du monde. Les juifs donc disputaient entre eux : « Comment celui-ci nous peut-il donner sa chair à manger ? Mais Jésus leur dit : « En vérité, en vérité, je vous dis, que si vous ne mangez la chair du Fils de l'Homme, et si vous ne buvez son sang, vous n'aurez point la vie en vous. Celui qui mange ma chair, et qui boit mon sang, a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est véritablement une viande, et mon sang est véritablement un breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi, et je demeure en lui. Comme mon Père qui est vivant, m'a envoyé, et que je vis par mon Père, de même celui qui me mange vivra par moi. C'est ici le pain qui est descendu du Ciel. Il n'en est pas ainsi que de la manne, dont vos pères ont mangé, et toutefois ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement ».

Nous venons d'entendre les paroles sorties de la bouche du Verbe incarné, de la Sagesse éternelle. Prosternons-nous en esprit ; adorons le grand mystère qui nous est révélé; faisons un acte de Foi intérieur et sincère. Et puis, écoutons l'Eglise dépositaire infaillible des vérités révélées par Jésus-Christ.

« Notre Sauveur étant près de quitter ce monde pour aller à son Père, institua ce Sacrement, dans lequel il répandit, pour ainsi dire, toutes les richesses de son amour envers les hommes, perpétuant la mémoire de ses merveilles, et il nous commanda d'honorer sa mémoire et d'annoncer sa mort en le recevant, jusqu'à ce qu'il vienne lui-même juger le monde. Il a voulu aussi que ce Sacrement fût reçu comme la nourriture spirituelle des âmes qui les entretint et les fortifiât, en les faisant vivre de la propre vie de celui qui a dit : « Celui qui Me mange, vivra aussi pour Moi » ; et comme un antidote par lequel nous fussions délivrés de nos fautes journalières, et préservés des péchés mortels. Il a voulu, de plus, qu'il fût le gage de notre gloire future, et de notre bonheur éternel, et enfin, le symbole de l'unité de ce corps dont il est lui-même le chef, et auquel il a voulu que nous fussions unis et attachés par le lien de la foi, de l'espérance et de la charité, comme des membres étroitement serrés et joints ensemble, afin qu'ayant tous un même langage, il n'y ait point de schismes parmi nous ».

« Le Saint Concile (de Trente) enseigne et reconnaît ouvertement et simplement que, dans l'Auguste Sacrement de l'Eucharistie, après la consécration du pain et du vin, notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, est contenu véritablement, réellement et substantiellement sous l'espèce de ces choses sensibles. Car il ne répugne point que notre Sauveur soit toujours assis à la droite du Père dans le Ciel, selon la manière d'être naturelle, et que néanmoins il soit présent substantiellement en plusieurs autres lieux d'une manière sacramentelle, que notre esprit, éclairé par la Foi, peut concevoir, comme possible à Dieu, et que nous devons croire très constamment, quoiqu'on puisse à peine l'exprimer par des paroles. Car c'est ainsi que tous nos prédécesseurs, qui ont appartenu à la véritable Eglise de Jésus-Christ, toutes les fois qu'ils ont parlé de cet auguste Sacrement, ont reconnu et professé ouvertement que notre Rédempteur institua ce Sacrement si admirable dans le dernier repas, lorsque après avoir béni le pain et le vin, il attesta en termes clairs et formels qu'il leur donnait son propre corps et son propre sang. Et comme ces paix rôles rapportées par les saints Evangiles, et depuis répétées par Saint Paul, portent en elles-mêmes cette signification propre et très manifeste selon laquelle elles ont été entendues par les Pères ; certes, c'est un attentat horrible que des hommes opiniâtres et méchants osent les détourner selon leur caprice et leur imagination, à un sens métaphorique, par lequel la vérité de la chair et du sang de Jésus Christ est niée, contre le sentiment universel de l'Eglise, qui étant comme la colonne et l'appui de la vérité, a détesté ces inventions d'esprits impies comme sataniques, conservant toujours la mémoire et la reconnaissance d'un bienfait qu'elle regarde comme le plus excellent qu'elle ait reçu de Jésus Christ ».

Il n'y a donc aucun lieu de douter « que les fidèles chrétiens, suivant la coutume reçue de tout temps dans l'Eglise catholique, ne soient obligés de rendre au Très Saint-Sacrement le culte de latrie qui est dû au vrai Dieu. Car, pour avoir été institué par notre Seigneur Jésus-Christ, afin qu'il fut reçu par les fidèles, nous ne devons pas moins l'adorer, puisque nous y croyons présent le même Dieu, dont le Père Eternel a dit en l'introduisant dans le monde : « Et que tous les Anges de Dieu l'adorent ; le même que les et Mages se prosternant ont adoré, le même, enfin, que les Apôtres, selon le témoignage de l'Ecriture, ont adoré en Galilée ».

« Ce que les pasteurs doivent expliquer avec soin, ce sont les significations du Sacrement de l'Eucharistie, afin que les fidèles, en voyant les mystères sacrés des yeux du corps, nourrissent en même temps leur esprit de la considération des vérités divines que ces mystères rappellent. Or, ce Sacrement rappelle principalement trois choses.

La première est une chose passée, la Passion de notre Seigneur; car il a dit : « Faites ceci en mémoire de moi » ; et saint Paul, après lui : « toutes les fois que vous mangerez ce pain et que vous boirez ce vin, vous annoncerez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne ». Le seconde chose, c'est la grâce divine que ce Sacrement communique à ceux qui le reçoivent pour nourrir et fortifier leur âme. Dans le Baptême nous sommes engendrés à une vie nouvelle ; dans la Confirmation nous sommes fortifiés, pour que nous puissions résister au démon, et professer le Nom de Jésus-Christ ; et dans l'Eucharistie, nous recevons la nourriture qui entretient en nous la vie spirituelle. La troisième chose que ce Sacrement rappelle, est une chose future qu'il annonce, et dont il est le gage, la gloire et les délices éternels dont Dieu a promis de nous faire jouir dans la Céleste Patrie. Ces trois choses, qui ont évidemment rapport au passé, au présent et à l'avenir, sont signifiées par le Sacrement de l'Eucharistie ; et le Sacrement tout entier, quoique composé d'espèces différentes, représente chacune de ces choses en particulier, comme si elles n'en faisaient qu'une seule ».

La Sainte Eucharistie est donc le mystère que nous devrions méditer tous les jours de notre vie ; c'est le Sacrement le plus grand, le plus Saint, celui dans lequel nous ne trouvons pas seulement une grâce particulière, mais où nous rencontrons l'auteur même de toutes les grâces, Jésus-Christ. Or, la grâce, dit le Saint Esprit, a été faite par Jésus-Christ. Dans la dernière Cène, Jésus-Christ se donne lui-même à nous comme nourriture ; n'est-ce pas une preuve de l'amour le plus généreux ? Ecoutons Saint Jean Chrysostôme : « Il voulut témoigner l'amour qu'il nous porte, non-seulement, en s'offrant à ceux qui désireraient de le voir, mais encore en permettant qu'ils puissent le toucher et le manger. Si l'on voit des parents qui livrent leurs enfants à des nourrices étrangères, moi, dit Jésus, je ne ferai pas ainsi : Je vous nourris de ma propre chair, je vous présente mon corps, et par là même je veux que vous attendiez de grands biens pour votre avenir ; car, si aujourd'hui je me donne à vous, que sera-ce dans l'éternité! Pour être votre frère, je me suis revêtu de votre chair, et j'ai voulu que votre sang coulât dans mes veines. Et maintenant je vous nourris de cette chair et de ce sang par lesquels je me suis fait votre frère ». Saint Augustin s'écrie : « Il s'est revêtu de la chair de l'homme, et c'est Marie qui la lui a fournie. Et Celui que nous avons vu dans cette chair converser avec les hommes, leur donne cette même chair à manger, afin qu'elle leur procure le salut. Oh! oui, nous sommes véritablement la nation sainte, la race choisie, le sacerdoce royal, le peuple conquis ».

II. Ecrions-nous avec le conducteur du peuple de Dieu : « Non, il n'y a pas de Nation si grande et si honorée qui voit ses dieux aussi près d'elle comme notre Dieu ». Si quelqu'un a le bonheur de comprendre tout ce qui vient d'être dit, il comprendra aussi la nécessité de la Dévotion envers l'adorable Sacrement de nos Autels. Et rien n'étant plus propre à ranimer dans nos cœurs l'amour qui doit les embraser envers cet auguste mystère, comme une suite d'exercices destinés à nous développer les richesses intimes renfermées dans la Divine Eucharistie, il est impossible que l'âme fiilèle ne se sente déjà portée à la dévotion qui lui est proposée.

Qu'il y ait dans l'année ecclésiastique une époque spécialement consacrée au culte de la Divine Eucharistie, c'est une chose raisonnable et dont la haute convenance ne saurait être l'objet du moindre doute. D'ailleurs, à défaut de longs raisonnements, nous pouvons nous contenter du témoignage infaillible de l'Eglise. Nous venons de l'entendre ; le Saint Concile de Trente déclare que : « C'est une très sainte et très pieuse coutume établie dans l'Eglise, de destiner tous les ans un certain jour et une fête particulière pour honorer avec une vénération et une solennité singulière, cet auguste et Adorable Sacrement, et pour le porter en procession avec respect et avec pompe dans les rues et les places publiques. Car, il est bien juste qu'il y ait certains jours de fête établis auxquels tous les Chrétiens témoignent par quelque démonstration solennelle de respect, leur gratitude et leur reconnaissance envers leur Maître et commun Rédempteur, pour un bienfait si ineffable et tout divin, par lequel la victoire et le triomphe de sa mort sont représentés. Et d'ailleurs, la vérité victorieuse devait triompher ainsi du mensonge et de l'hérésie, déconcerter et faire sécher de dépit ses ennemis, à la vue de ce grand éclat et de cette joie universelle de l'Eglise, ou les ramener enfin de leur égarement par la confusion et la honte dont ils pourraient être touchés ».

Saint Thomas s'écrie : « La Dévotion des fidèles exige qu'ils célèbrent avec solennité l'institution d'un Sacrement si admirable et qui devient pour eux le principe du salut, afin qu'ils honorent le mode ineffable de la divine présence dans ce Sacrement visible, et qu'ils exaltent la toute puissance divine qui, dans ce Sacrement, opère tant de merveilles, afin qu'ils rendent à Dieu des actions de grâces solennelles pour un bienfait si précieux et si doux ». Mais pourquoi les jours qui vont suivre seront-ils propres à cette Dévotion ? Pourquoi ne pas choisir une autre époque de l'année ? Pourquoi ! Mais pour n'être pas plus sages que l'Eglise, ou mieux pour ne pas avoir cette prétention. Et quoi ! L'Eglise va célébrer avec la plus grande pompe, et pendant une semaine entière, la Fête du Très Saint Sacrement, elle invitera tous ses enfants, en les appelant au pied des Saints Autels, à venir témoigner à Jésus-Christ leur amour et leur reconnaissance pour un si grand bienfait ; et nous oserions renvoyer à un autre temps la pratique d'une Dévotion aussi salutaire pour nous qu'elle doit être agréable à Dieu !

Quand l'Eglise a fixé au jeudi qui suit l'Octave de la Pentecôte la solennité qui va bientôt commencer, elle a eu un motif particulier. C'est saint Thomas qui nous l'apprend. Pour que le peuple fidèle pût célébrer dignement l'institution d'un si sublime Sacrement, le Souverain Pontife Urbain IV, animé a de la plus tendre dévotion envers cet auguste Mystère, a fixé, par un sentiment de piété, cette solennité au jeudi après l'Octave de Pentecôte, afin que nous tous, qui, pendant toute l'année, usons de ce Sacrement pour notre salut, nous célébrions son institution dans le temps où le Saint-Esprit, en ouvrant le cœur des disciples de Jésus Christ, les a disposés à comprendre a tout ce qu'il y a d'ineffable dans ce profond mystère. C'est précisément l'époque où cet adorable Sacrement fut prêché aux premiers fidèles, et où les disciples commencèrent à le fréquenter ».

Profonde sagesse de l'Eglise ! C'est lorsque notre âme a été préparée par la retraite de dix jours qui précède la solennité de Pentecôte; lorsque, dans ce grand jour, le Saint Esprit a inondé notre âme de lumières, et rempli notre cœur de dévotion et d'amour ; c'est enfin après que nous avons employé une semaine entière à demander à grands cris la visite de l'Esprit Saint ; c'est alors que l'Eglise nous jugeant plus propres à la contemplation du mystère sublime de nos Autels, jugeant notre cœur plus capable de ressentir les heureux effets des grâces abondantes dont il doit être inondé, nous invite à pénétrer dans le Saint des Saints, pour contempler la majesté du Dieu qui se cache pour notre amour, et pour puiser dans le sein de ses miséricordes les grâces les plus précieuses et les plus abondantes.

O mon Dieu ! je le comprends aujourd'hui. J'ai eu tort, pendant un grand nombre d'années, moi qui consacrais des mois entiers à d'autres dévotions, de refuser à l'Eglise cette docilité et cette obéissance qui auraient dû me faire regarder l'Octave du Très Saint Sacrement comme une époque des plus solennelles, comme un temps de grande ferveur, de recueillement et de prière. C'en est fait, je vais commencer cette année, et ce sera pour tout le reste de ma vie. Je me préparerai à la fête du Très Saint Sacrement par des exercices de piété, par la méditation de ce grand mystère d'amour. Je célébrerai la grande Octave avec recueillement, avec une ferveur aussi grande qu'il me sera possible de l'avoir ; et puis je prolongerai encore ces actes de dévotion afin de vous témoigner bien mieux toute la reconnaissance dont mon âme est pénétrée pour le bienfait inestimable de votre divine présence sous les Espèces Eucharistiques.

III. Nous lisons dans l'Apocalypse : « Je fus ravi en esprit, et je vis un trône placé dans le Ciel, et quelqu'un assis sur le trône. Il y avait autour du trône un arc-en-ciel semblable à une vision d'émeraude. Autour du trône on voyait vingt-quatre trônes, et sur les trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus d'habits blancs, avec des couronnes d'or sur leurs têtes. Sept lampes brûlantes étaient devant le trône. Les vingt-quatre vieillards se prosternaient devant celui qui est assis sur le trône, et ils adoraient celui qui vit dans les siècles des siècles, et ils jetaient leurs couronnes devant le trône disant : « Vous êtes digne, Seigneur, notre Dieu, de recevoir gloire, honneur et puissance, parce que vous avez créé toutes choses, et que c'est par votre volonté qu'elles subsistent et qu'elles ont été créées ».

Voilà bien Jésus-Christ dont le Trône Eucharistique s'élève au milieu de l'Eglise, cette Jérusalem nouvelle, Cité Sainte, Paradis de la terre. Ces vingt-quatre trônes, il faut les élever autour du trône de l'Agneau ; ces vingt-quatre vieillards, je veux les représenter par vingt-quatre jours consacrés à honorer d'un culte spécial Celui qui vit au milieu de nous sur un trône d'amour. Les vingt-quatre vieillards étaient revêtus de robes blanches, symbole de la sainteté et de l'innocence. Nous aussi, pendant ces vingt-quatre jours, nous nous efforcerons de vivre dans une telle pureté, que nous soyons jugés dignes d'approcher de l'Autel Saint. Les vieillards portaient sur leur tête des couronnes d'or. Et ne sommes-nous pas cette Nation Sainte dont parle l'Apôtre Saint Pierre, cette Race Choisie, cet ordre de Prêtres-Rois établis pour offrir à Dieu des sacrifices qui lui soient agréables par Jésus-Christ ?

Notre couronne est celle des enfants et des élus de Dieu; nous viendrons en faire hommage à celui qui l'a placée sur nos fronts, au jour où, brisant les liens de notre servitude, il nous fit entrer en participation de tous les biens dont il a enrichi son Eglise. Les vieillards se prosternaient devant le trône en disant : « Vous êtes digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l'honneur et la puissance ». C'est ce que je veux faire pendant ces vingt-quatre jours. On me verra devant le Saint Tabernacle, aux pieds du Divin Sauveur ; je demanderai à grands cris pour tous mes frères la grâce de connaître mieux Jésus-Christ. Que dis-je ! je demanderai pour Jésus-Christ qu'il soit connu, adoré, loué, aimé, servi par toutes les créatures. Ah ! Comme je désirerais tenir dans mes mains le cœur de tous les fidèles pour les offrir au Sauveur Jésus ! Seigneur, je formerai les vœux les plus ardents pour que de toutes les parties du monde on entende s'élever vers la Divine Eucharistie ce cri de reconnaissance et d'amour : « Vous êtes digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l'honneur et la puissance !... »

 

Réciter dévotement :

Tantum ergo Sacramentum
Veneremur cernui :
Et antiquum documentum
Novo cedat ritui :
Praestet fides supplementum
Sensuum defectui.

Il est si grand, ce Sacrement !
Adorons-le, prosternés.
Que s’effacent les anciens rites
Devant le culte nouveau !
Que la foi vienne suppléer
Aux faiblesses de nos sens !

 

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17 mars 2012

Le Vénérable Alberto Capellan Zuazo

Capellan

Le Vénérable Alberto Capellan Zuazo

Agriculteur, père de famille et adorateur nocturne

1888-1965

 

Le Vénérable Alberto Capella-Zuazo est né à Santo Domingo de la Calzada (Espagne), le 7 août 1888. Il se marie avec Isabel Arenas le 30 juin 1909. Agriculteur et père de 8 enfants, il a eu une mort sainte dans sa ville natale, le 24 février 1965. Il mène une vie Chrétienne « ordinaire », jusqu'à ce qu'il se convertisse pleinement à Dieu en 1919. quelques mois plus tard, il rejoint l'Adoration Nocturne. Son énergie d'adorateur est reconnue durant 15 ans en tant que président. 660 nuits passées devant le Saint Sacrement lui ont valu d'être promu vétéran, vétéran permanent. Son amour extraordinaire pour l'Eucharistie et la Vierge Marie, le mènent à servir prioritairement les pauvres. Pour eux, il construit un abri en 1928, qu'il appellera « Récollection », ou il prend soin personnellement d'eux jusqu'à la mort : « Que de fois j'ai eu la grande chance de porter le Christ sur mes épaules dans la personne des pauvres ! » il évalue tout sa vie à la lumière de la Foi. Fidèle laïc de notre temps, il a eu une vie de prière très profonde et il a manifesté un très grand amour pour ses frères les pauvres. Le moment est venu de prier avec plus de fois pour sa Béatification.

 

Prière pour la dévotion privée

 

Seigneur, Vous qui avez donné au Bienheureux Alberto Capellan un amour singulier pour les mystères de Votre Corps et de Votre Sang, ainsi que le charisme de Vous trouver et de Vous servir dans les plus pauvres, faites que, moi aussi, je sache vivre intimement uni à Vous, en Vous servant auprès des plus nécessiteux. Faites que Votre Serviteur, Alberto, soit déclaré Bienheureux et, que par son intercession, j'obtienne la faveur que je Vous demande. Amen.

 

Notre Père, je Vous salue Marie, Gloire au Père.

 

Pour communiquer les grâces ou demander des renseignements, veuiller vous adresser à :

Cause de Béatification d'Alberto Capellan-Zuazo

C/ Obispo Fidel Garcia, n°1

E- 26004 Logrono (Espagne)

E-mail : albertocapellan@iglesiaenlarioja.org

Site internet : www.iglesiaenlarioja.org/albertocapellan

 

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5 mars 2012

La Servante de Dieu Nellie Organ

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La Servante de Dieu Nellie Organ

La Petite Violette du Saint Sacrement

1903-1908

 

Née en Irlande, le 24 août 1903, la petite Nellie fut amenée malade au Couvent du Bon Pasteur de Corkle 11 mai 1907. Les religieuses furent d'abord frappées par l'intelligence déjà très développée de l'enfant et de ses extraordinaires dispositions pour les choses de Dieu. Un mystérieux instinct de grâce l'attirait tout spécialement vers la Divine Eucharistie et la Sainte Passion de Jésus. Elle demandait souvent à la Sœur infirmière de la porter près du Saint Sacrement, surtout les jours d'exposition, et de s'approcher d'elle après ses communions. A l'église, elle se tenait comme un ange, les mains jointes et les yeux fixés sur l'Hostie.

Le Divin Maître entendit le désir de cette âme angélique et ne sût résister à ses ardents appels. Monseigneur l'Evêque de Cork lui donna le Sacrement de Confirmation, et le 6 décembre 1907, premier vendredi du mois, à l'âge de quatre ans et trois mois, Nellie, portée dans les bras de son infirmière, reçut dans la Chapelle du Couvent, avec une ferveur tout a fait singulière, le Dieu de sa Première Communion. Une clarté de joie céleste illumina son visage ravagé par la souffrance et tous les témoins de cette scène en furent dans le ravissement.

Fortifiée souvent par visite sacramentelle du « Dieu Saint », elle communia trente deux fois en moins de deux mois. La petite enfant supporta, avec une patience héroïque et sans plainte, les plus terribles souffrances, immobile dans son petit lit, et pressant toujours son crucifix contre son cœur. Chaque fois qu'elle recevait le Pain des Anges, sa figure se transfigurait, et elle demeurait en action de grâces pendant plusieurs heures. Avec une maturité bien au dessus de son âge, elle exhortait ceux qui souffraient autour d'elle à se souvenir de la Passion du Sauveur, disant qu'Il avait bien d'avantage souffert pour nous.

Des grâces de guérisons et de consolations furent sollicitées et obtenues par ses innocentes et victorieuses prières. Le 2 février 1908, après une agonie, pendant laquelle l'enfant semblait, là l'extrémité de son lit, une vision que fixaient ses yeux grands ouverts, la petite Nellie rendit son âme à Dieu, et comme elle l'avait souvent répété, « prit son vol vers le Paradis ».

Pendant l'année qui suivit, les élèves eurent la pensée de faire une Neuvaine à leur petite Nellie, pour lui demander d'obtenir un « miracle » : celui d'inspirer le Souverain Pontife d'accorder le bienfait de la Communion aux toute petits enfant du monde entier. Quelques mois plus tard, Sa Sainteté Pie X publiait le Décret « Quam Singulari », prescrivant la Communion à tous les enfants qui jouissent de l'usage de la raison. Informé de tout ce qui s'était passé, par une adresse de remerciement, composée par les élèves du Bon Pasteur de Cork, le Saint Père a daigné, dans une lettre-autographe, leur envoyer la Bénédiction Apostolique, le 21 novembre 1910, écrivant de son auguste main que « Nellie encore enfant, a été appelée au Paradis ».

On rapporte des guérisons soudaines, des grâces extraordinaires accordées par l'intercession de la Petite Nellie, au point que sa réputation de Sainteté se répand partout comme le parfum de la « Petite Violette du Saint Sacrement », et que l'on envisage d'introduire sa cause de béatification auprès du Saint Siège.

 

Bénédiction de Sa Sainteté Pie X


« Que Dieu remplisse de toute bénédiction le cher Prêtre Marie-Eugène Prévost et tous ceux qui, à son exemple, recommandent la fréquente Communion aux petits garçons et aux petites filles, leur proposant pour monde la Petite Nellie ».

Le 4 juin 1912,

Pie X, Pape.

 

Prière pour demander la glorification de la Petite Nellie

 

Seigneur Jésus qui avez dit : « Laissez venir à Moi les petits enfants », nous Vous rendons grâce de ce que Vous avez daigné prévenir de Votre Douceur, l'âme de la Petite Nellie, en lui inspirant une grande dévotion à Votre Sainte Passion et un véhément désir de Vous recevoir dans la Divine Eucharistie, en Vous donnant Vous-même en communion dès sa plus tendre enfance et en la favorisant d'une dévotion toute filiale envers Votre Mère Immaculée. Puissent, ô Divin Ami des enfants, tous Vos desseins d'Amour et de Miséricorde sur Votre petite Servante s'accomplir pour Votre plus grande Gloire et pour l'édification des petites enfants du monde entier. Ainsi soit-il.

 

Imprimatur

Albertus Lepidi, O.P., S.A. Magister

 

Imprimatur

Joseph Ceppetelli. Patr. Const. Vicesgerens.

 Nellie Organ

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18 janvier 2012

Exercice pour demander le pardon de ses péchés pendant la Sainte Messe

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Exercice pour demander le pardon de ses péchés pendant la Sainte Messe

Avant la Messe


O Dieu tout-puissant qui, dans Votre Miséricorde infinie, daignez, par le Sacrement de Pénitence, nous remettre nos péchés et nous délivrer de la damnation éternelle, voulant satisfaire de plus en plus à Votre Souveraine Justice, j'ai recours au Trésor des Mérites de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Votre Fils unique, et je puise dans cette Source intarissable de quoi suppléer a ma faiblesse et a mon impuissance. Je suis pauvre et misérable, et je n'ai rien à Vous offrir; mais Vous, Ô mon Dieu, qui êtes riche en Miséricorde, effacez jusqu'à la moindre trace de mes prévarications passées; arrachez de mon cœur toute affection, toute inclination qui pourrait Vous contrister, afin que je me rende digne des mérites infinis de l'Homme-Dieu qui va renouveler sur cet Autel le mystère de Sa Passion et de Sa Mort.


Au commencement de la Messe


O Mon Seigneur et mon Dieu, je reconnais et je confesse que mes iniquités me rendent indigne de paraître devant Vous et d'assister à ce redoutable Sacrifice. Mais, avec une entière confiance en Votre Infinie Miséricorde, je Vous supplie d'avoir pitié d'une âme que Vous avez créée à Votre image, de faire grâce a un coupable qui Vous invoque avec l'humilité d'un cœur contrit, de pardonner à un fils prodigue qui cherche à recouvrer l'amitié d'un Père plein de Bonté et d'indulgence. Entrant dans l'esprit et l'intention de l'Eglise, j'implore avec elle Votre Miséricorde, et j'unis mes prières à celles du Prêtre pour obtenir le pardon de mes péchés que j'espère par les mérites de Jésus-Christ, Votre Fils qui, comme une Victime agréable à Votre Cœur, va s'immoler sur l'autel.

Au Kyrié Eleison

Je demande, ô mon Dieu, par des gémissements et des soupirs réitérés, que Vous me fassiez Miséricorde; et quand je Vous dirais a tous les moments de ma vie: « Seigneur ayez pitié de moi », ce ne serait pas encore assez pour le nombre et pour l'énormité de mes péchés.

Au Gloria In Excelsis



Vous méritez, ô mon Dieu, une Gloire infinie, et elle ne peut Vous être dignement rendue que dans le Ciel. Qui sera assez pur pour Vous glorifier et Vous bénir? Vous êtes Lumière, et je suis ténèbres; Vous êtes la Vie, et je suis la mort. Les ténèbres loueront-elles la Lumière? La mort louera-t-elle la vie? Je ne suis que vanité, que misère, que pourriture; je suis conçu et né dans le péché. La louange ne convient pas dans la bouche d'un si misérable pécheur. Que ce soit Votre Puissance qui Vous loue; que Votre Sagesse Vous exalte à jamais. Agneau de Dieu, qui seul pouvez effacer mes péchés, ayez pitié de moi, et du Trône où Vous ôtes assis à la droite de Votre Père céleste, voyez ma profonde misère: car si Vous êtes seul, ô Jésus, infiniment Saint, infiniment Puissant, soyez encore infiniment Miséricordieux pour un pauvre Pécheur qui met en Vous toute sa confiance.

Aux Oraisons



O Dieu éternel, souverain Maître de toutes choses, les âmes des infidèles sont l'ouvrage de Vos Mains; Jésus, Votre Fils unique, a souffert pour leur Salut une mort ignominieuse et cruelle; ne permettez pas qu'Il soit plus longtemps l'objet de leurs blasphèmes. Laissez-Vous fléchir par les prières de l'Eglise, oubliez leur infidélité ; et faites qu'ils reconnaissent comme leur Dieu Celui que Vous nous avez envoyé pour être notre Vie, notre Salut et notre Résurrection, et auquel appartient toute Gloire durant les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

A l'Epitre



O Seigneur, ne Vous levez pas dans Votre Juste Colère: ne punissez pas les violateurs de Votre Sainte Doctrine, ils sont Vos enfants, ils sont nos frères. Recevez les tendres prières que Votre Eglise ne cesse de Vous adresser pour eux, entendez ses soupirs, voyez les larmes amères qu'elle verse dans sa douleur sur les rebelles qui refusent de Vous reconnaître, avec Jésus-Christ, notre médiateur, que Vous avez envoyé. Aidez-moi, mon Dieu, à garder religieusement le précieux dépôt de la Vérité dans une conscience pure; car il m'importe peu de croire, si mes mœurs contrarient et scandalisent ma croyance, de captiver ma raison sous l'empire des mystères, si mon cœur séditieux secoue l'inviolable autorité de Vos Préceptes.

A l'Evangile



Que sert à un homme de gagner tout l'univers, s'il perd son âme? Que donnera-t-il en échange pour elle? Entrez par la porte étroite, parce que la porte de la perdition est large et le chemin qui y mène est spacieux, et il y en a beaucoup qui y entrent. Que la porte de la vie est petite! que la voie qui y mène est étroite, et qu'il y en a peu qui la trouvent! Tout arbre qui est bon produit de bons fruits; et tout arbre qui est mauvais produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits, et un mauvais arbre n'en peut produire de bons. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. Je vous déclare que, si vous ne faites pénitence. Vous périrez tous. Il y aura plus de joie dans le Ciel pour un seul Pécheur qui fait pénitence que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de pénitence.

Au Credo



Nous voilà parvenus, ô mon Dieu, à ces temps déplorables où la Foi ne semble plus que le partage des simples, où la sainte parole est tournée en dérision. Hélas, chacun marche dans la voie de son conseil et s'applaudit d'une orgueilleuse singularité; l'esprit de système a corrompu la droiture primitive; la jeunesse effrénée corrompt ce qu'elle sait et blasphème ce qu'elle ignore. Il est bien vrai, Seigneur, que, si Vous reveniez sur la terre, Vous y trouveriez à peine une étincelle de Foi. Souvenez-Vous de Vos anciennes Miséricordes: ne permettez pas que ce reste de Foi se retire entièrement d'un Royaume où elle a fait tant de Saints. Rompez le voile qui Vous cache a l'incrédule, faites entendre Votre voix à son cœur, rallumez-y le flambeau d'une foi éteinte, de peur qu'il ne meure dans la nuit affreuse de son crime et de son incrédulité.

A l'Offertoire



Voici, ô mon Dieu, cette créature ingrate qui s'est révoltée contre Vous. Hélas, pénétré de douleur, j'ai en abomination et je déteste de tout mon cœur mes innombrables péchés; je Vous présente en paiement la même satisfaction que Jésus Vous fait sur l'Autel. O Père infiniment Saint, si mes crimes Vous irritent contre moi et me rendent un objet d'horreur et d'exécration à Vos yeux, détournez-les de dessus moi, mais regardez ce Fils unique, ce cher objet de Vos complaisances et de Votre Amour; regardez cet Agneau innocent qui va s'immoler pour effacer les péchés du monde; et, en vue de Ses Mérites, oubliez mes ingratitudes et mes perfidies: oubliez que j'ai mérité mille fois de porter éternellement tout le poids de Vos vengeances dans les Enfers. Souvenez-Vous seulement que j'ai le bonheur d'être un des membres du Corps Sacré de ce Fils adorable, membre indigne à la vérité, mais membre qui Lui est très cher et très étroitement uni; membre pour qui Il prie, pour qui Il est mort sur une Croix, et pour qui Il va encore vous offrir le Sacrifice non sanglant de Sa Chair Immaculée.

A la Préface



O Sainte Victime, qui allez descendre sur cet Autel pour la Gloire de Dieu et le Salut des hommes, c'est à Vous que s'adresse mon humble prière. Tirez-moi de l'abîme profond où je me suis jeté. C'est Vous qui effacez les péchés du monde; c'est à Vos pieds que les Pécheurs contrits retrouvent la Grâce et la Paix. Versez dans mon âme la douleur et l'amour de Sainte Madeleine, les larmes de Saint Pierre, la contrition des Saints Pénitents. Les pures Intelligences, qui composent Votre Cour Céleste, chantent avec transport la Gloire du Dieu trois fois Saint; je ne suis pas digne de mêler ma voix à leurs cantiques; mais je bénis Celui qui vient pour triompher du péché en me rétablissant dans l'innocence, Celui qui veut bien être encore mon Espérance, mon Refuge et mon Libérateur.

Au Sanctus



Louange, honneur et gloire à Vous, ô aimable Rédempteur des hommes, qui êtes entré dans Jérusalem plein de Douceur et de Bonté, et qui, au milieu des louanges que Vous donnait la foule accourue au-devant de Vous, avez versé des larmes sur la ruine de la ville, accordez-moi une entière connaissance de moi-même, afin que je reconnaisse mon indignité, que je m'humilie et me méprise très profondément. Faites, O mon Dieu, que je ne trouve jamais aucun plaisir dans les louanges et la faveur des hommes, mais que je m'adonne aux larmes intérieures de la pénitence et de l'amour; faites que je ressente les peines des autres comme les miennes, et que je pleure leurs péchés aussi amèrement que les miens.

Au Mémento des vivants



Au nom de la Passion et de la Mort de Votre Fils Bien-aimé, au nom de Son Cœur blessé par Amour pour nous, souvenez-Vous, ô Père très Clément, dans Votre Miséricorde, de tant de malheureux qui blasphèment Votre Saint Nom. Ne permettez pas que le Démon continue de ravir a votre tendresse des âmes qui Vous sont toujours chères, et pour lesquelles Jésus-Christ est mort sur la Croix. Excitez en elles une véritable contrition de leurs péchés, et faites en sorte qu'elles Vous dédommagent par leur fidélité des outrages dont elles ont affligé si longtemps Votre Divin Cœur.

A l'Elévation



O Sang Très Précieux, prix et rançon de l'Univers, Source de vie éternelle, qui abreuvez mon âme et la purifiez de toute souillure, je Vous adore profondément, et je voudrais, par la pureté et la ferveur de mes hommages, compenser les outrages que Vous recevez continuellement de la part de tant de sacrilèges blasphémateurs. Eh! Qui pourrait donc ne pas bénir ce Sang d'une valeur infinie? Qui pourrait ne pas se sentir tout brûlant d'amour pour Jésus-Christ qui l'a répandu jusqu'à la dernière goutte par Amour pour nous? O Jésus, qui nous avez donné ce Sang Divin pour racheter nos âmes et guérir nos plaies, convertissez tous les cœurs, afin que tous les cœurs puissent Vous louer, Vous bénir et Vous remercier pendant toute l'éternité. ( 300 jours d'indulgence ).

Après l'Elévation



Que n'ai-je en ce moment, ô mon Dieu, toute l'horreur du péché et toute la contrition qu'avait Jésus Votre Fils, lorsque, accablé sous le poids énorme de mes crimes, et prêt à les expier par de cruels tourments, Il fondait en larmes; et que, tout couvert d'une sueur de Sang, le Visage collé contre terre, Il faisait amende honorable pour moi à Votre Majesté offensée, implorant Votre Miséricorde avec de profonds soupirs et de tendres gémissements! Je la désire cette parfaite contrition, et je Vous la demande de tout mon cœur. Je désavoue tous mes crimes, je les déteste, je confesse que j'ai un tort infini de Vous avoir offensé, mon Père et mon Dieu, et de n'avoir payé Vos bienfaits que par des outrages. Il n'est rien, Seigneur, que je ne veuille faire et souffrir pour expier tant de fautes, et je m'estimerais heureux de mourir ici de douleur pour satisfaire à Votre Justice.

Au second Mémento



O Père Saint, Dieu de miséricorde, par les larmes, la sueur de Sang, les gémissements et les soupirs de Jésus; par les tourments et les douleurs qu'Il a endurés par amour pour nous, ayez pitié de tous les fidèles défunts, et surtout de ceux qui à cause du nombre ou de la gravité de leurs péchés, sont condamnés a des peines plus longues et plus rigoureuses, abrégez la durée et adoucissez la violence de leurs maux.

Au Pater



Vous voyez à vos pieds, Seigneur, un enfant prodigue, couvert de confusion, qui n'ose plus vous appeler Son Père. Je confesse que mes péchés ont déshonoré ce Saint Nom, et qu'ils me rendent indigne de Vos Bontés. Convertissez-moi sincèrement à vous, ô mon Dieu, convertissez les Pécheurs; ramenez dans Votre Eglise, ceux qui s'en sont séparés. Que Votre Volonté à laquelle j'ai eu si souvent la témérité de m'opposer s'accomplisse sur la terre comme dans le Ciel. Pardonnez-moi mes offenses, comme je pardonne toutes celles qui m'ont été faites; préservez-moi de la rechute dans le péché. Eloignez de moi toutes les tentations et les occasions dangereuses, et délivrez-moi du mal que je dois craindre uniquement.

A l'Agnus Dei



O Divin agneau, qui avez bien voulu vous charger des péchés du monde, ayez pitié de moi. Je suis accablé du poids et de l'énormité des miens: portez-les, ô mon Jésus, portez-les, puisqu'en les portant, vous les effacerez, et qu'en les effaçant, vous me donnerez Votre Paix et Votre Amour.

Au "Domine non sum dignus"



Hélas, Seigneur, il n'est que trop vrai que je ne mérite pas de Vous recevoir, je m'en suis rendu tout à fait indigne par mes péchés qui m'ont éloigné de Vous. Car, si la femme de Jérusalem courbée sous le poids de ses péchés, osait à peine coller ses lèvres sur Vos pieds sacrés, les arroser de ses larmes, les essuyer de ses cheveux, comment moi plus coupable, parce que j'ai plus abusé, oserais-je Vous demander une part à la plus douce de Vos faveurs? Ah! Seigneur, confus et pénitent. je demeurerai a Vos pieds, je les mouillerai de mes pleurs, non pour les laver, mais pour me laver moi-même; je me garderai bien de lever mes yeux jusqu'à ce que Vous m'ayez dit: « Mon enfant, prends confiance, tes péchés te sont remis », trop heureux, ô mon aimable Jésus, si, dans mon infortune, je Vous reçois d'esprit et de cœur,et si je m'unis à Vous par la Foi, par l'Espérance, par l'Amour.

Aux dernières Oraisons



O Seigneur Jésus, Bon Pasteur, qui avez donné Votre, Vie pour Vos brebis, qui ne voulez pas la mort du Pécheur, mais son retour à la grâce, exaucez la prière que je Vous adresse par le Cœur Immaculé de Marie, pour la conversion des infidèles, l'extirpation des schismes et des hérésies. Recherchez tant de brebis errantes, et faites sortir de leurs cœurs, des larmes de componction et d'amour qui éteignent le feu de leurs passions déréglées et leur obtiennent de jour en jour une plus grande miséricorde.

A la Bénédiction



O Seigneur Jésus, bénissez les justes, afin qu'ils se sanctifient encore; bénissez les pauvres Pécheurs, afin qu'ils se convertissent et ressuscitent à la Grâce; bénissez-nous tous, et que, délivrés de tout mal et fortifiés dans tout bien, nous méritions d'être bénis dans l'éternité, au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

Au dernier Evangile



O Jésus, vraie Lumière, qui éclaire tout homme venant en ce monde, daignez, je Vous en supplie, par la vertu inestimable du Divin Sacrifice auquel je viens d'assister, dissiper les ténèbres de l'hérésie et de l'erreur. Faites que tous suivent la Lumière de la Vérité et se pressent d'entrer dans le sein de l'Eglise. O Bon Pasteur, qui avez donné Votre Vie pour vos ouailles, protégez Votre Troupeau, et défendez-le contre la force et les pièges de ceux qui viennent sous les dehors de brebis, et qui au dedans ne sont que des loups ravissants. Montrez que Vous êtes avec nous, Seigneur, parce que Vous avez dit: « Voilà que Je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles ». Montrez que Votre Eglise est bâtie sur la pierre ferme, et que les portes de l'Enfer ne prévalent pas contre elle, mais que tous ceux qui la composent confessent Votre Nom et Vous servent dans une pleine et entière liberté.


Prière extraite de « L'Année Pieuse », du P. Ligny, Amiens, Typographie Alfred Garon, 1851

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4 août 2011

Neuvaine à la Bienheureuse Imelda Lambertini

336_001Vie de la Bienheureuse Imelda Lambertini

Vierge de l'ordre de Saint-Dominique

 

Par le Vénérable Père Marie-Jean-Joseph Lataste

 

Lu et approuvé

le 14 octobre 1865,

Frère Auguste Martin O.P., Maître en Théologie Sacrée des Frères Précheurs.

Frère J.M. Monsabré O.P.

 

Imprimatur

Frère E.C. Minjard O.P.

Provincial de la Province de France.

 

Dédicace

 

C'est à vous que je dédie plus particulièrement ce petit livre, chers petits enfants, qui vous préparez à la première communion, vous que le Sauveur Jésus aimait tant! vous qu'il a tant honorés en la personne d'une de vos compagnes, la petite Imelda; vous enfin qu'il va honorer bientôt d'une grâce presque semblable, en se donnant à vous! Toute communion n'est-elle donc pas un miracle?.. Je n'ose vous souhaiter la mort de notre petite sainte, si belle et si heureuse qu'elle soit! Que diraient vos mères !.. Du moins, je vous souhaite sa vie. Vivez de telle sorte que le bon Sauveur puisse nous dire de vous ce qu'il disait à ses disciples au temps de son passage sur la terre. « Si vous ne devenez semblables à ces petits enfants, vous n'aurez point d'entrée au royaume des cieux ». C'est à vous que je dédie ce petit livre, mais c'est aussi à vos mères, à vos grandes sœurs, à tous vos parents enfin, à toutes les familles chrétiennes. Dieu veuille à cette lecture, retremper leurs âmes dans les souvenirs de leur première communion, elles exciter à vous accompagner bientôt à la sainte table, et y recevoir enfin du Dieu de l'Eucharistie le baiser de la réconciliation et de l'amour.

 

« Achevée en peu de jours, sa vie a rempli beaucoup d'années parce qu'elle a beaucoup aimé ».

 

Il n'est peut-être pas de vie plus angélique ni de mort plus sainte à la fois et plus merveilleuse que celle de la Bienheureuse Imelda, de l'ordre de Saint Dominique. Sa jeunesse, sa douce piété, sa pureté surtout et son amour pour l'Époux des Vierges auraient dû, semble-t-il, en faire la patronne obligée de toutes les congrégations de jeunes filles. Il en est ainsi, dit-on, en Italie et en Espagne; là on la propose pour modèle à toutes les jeunes personnes, particulièrement à l'époque de la première communion; mais dans notre patrie elle n'est pas connue; en dehors de l'ordre des Frères Prêcheurs, où elle est spécialement honorée (1) et où elle a toujours compté de fidèles dévots, il n'est peut-être pas en France un seul cœur qui se tourne quelquefois vers elle et recoure à son aimable intercession. Puissent les quelques lignes qui vont suivre la faire connaître et aimer d'un grand nombre d'âmes! Puissent-elles surtout les porter à l'imiter! Puisse enfin notre Bienheureuse obtenir à tous ceux qui les liront, comme à celui qui les a écrites, un peu de ce sublime amour qui consuma sa vie sitôt écoulée et si bien remplie!

 

I

 

Notre angélique docteur, saint Thomas, un des interprètes les plus éclairés des choses divines, nous enseigne dans ses écrits, que la perfection de la vie chrétienne est toute dans la charité, et il semble que Dieu ait voulu confirmer cette vérité dans les merveilles opérées par lui en la bienheureuse Imelda: une enfant de douze ans à peine, qui, par une charité tout exceptionnelle, est devenue une sainte et a mérité d'être mise sur nos autels! D'une pureté tout angélique, elle a beaucoup aimé, comme Madeleine(2)! Elle a beaucoup aimé! Voilà toute sa vie; voilà comment en peu de jours elle a vécu de longues années.

 

Issue de la noble famille des Lambertini de Bologne, Imelda donna dès sa jeunesse des signes d'une piété rare et d'une maturité précoce. Il est de ces enfants merveilleux qu'on croirait des Anges prêtés un instant à la terre pour l'édifier et la réjouir; ils inspirent à ceux qui les approchent un respect involontaire; ils attirent à eux tous les cœurs; mais leur vie est courte, et leur fin prématurée n'étonne pas. Chacun répète en versant des larmes et des fleurs sur leur tombe: « Cette âme était trop pure pour la terre, elle n'était pas faite pour nous! »

 

Telle fut notre Bienheureuse. Elle était encore tout enfant, et déjà Ton remarquait en elle quelque chose de surnaturel, une délicatesse extrême, une pudeur instinctive et gracieuse, qui jetaient dans l'admiration tous ceux qui avaient le bonheur de la voir de près. Venait-elle à pleurer, au lieu des contes dont on amuse d'ordinaire les enfants, on n'avait qu'à s'entretenir devant elle de choses pieuses, qu'à prononcer les Noms bénis de Jésus et de Marie pour ramener le sourire sur ses lèvres et sécher à l'instant tous ses pleurs. A peine sortie de l'enfance, elle s'était construit de ses propres mains un petit oratoire où, fuyant les jeux ordinaires de son âge, elle récitait gravement les psaumes de David et d'autres dévotes prières. Toutes les séductions du monde, toutes les splendeurs de la maison de son père n'inspirèrent que du dédain à notre jeune vierge; et, dès qu'elle eut commencé à les connaître, dès l'âge de dix ans, elle résolut de s'en séparer au plus vite et d'embrasser pour l'amour de Jésus la pauvreté, l'obéissance et la chasteté dans une maison religieuse où elle pût être toute à lui.

 

Elle obtint de ses pieux parents d'être placée au couvent de Sainte Marie Madeleine, à Valdipietra, près Bologne, et d'y revêtir, selon la coutume du temps, l'habit de notre saint Ordre, en attendant le jour où, plus capable de mesurer la portée de ses engagements, elle pourrait enfin être admise à prononcer solennellement des vœux qu'elle avait déjà prononcés irrévocablement dans son cœur.

 

La plus jeune et la plus inexpérimentée de toutes, elle fut bientôt pour toutes un sujet d'édification autant que d'étonnement. Il n'était pas de point si difficile dans la règle qu'elle n'accomplît avec une scrupuleuse exactitude, pas de si rudes combats à livrer à sa volonté et à ses affections personnelles qu'elle n'en sortît toujours victorieuse, pas de pénitence si austère qu'elle ne voulût l'infliger à son petit corps. S'il faut en croire la tradition, (elle si pure pourtant !) elle pratiqua la mortification corporelle à l'égal de ces femmes longtemps criminelles, célèbres depuis par leurs pénitences expiatoires. Eh! pourquoi donc? Parce que, dit un vieil auteur, quand on porte au cœur un ardent amour, il faut qu'il éclate et se fasse jour en quelque manière. Comme la jeune Agnès, elle eût été bien heureuse de donner sa vie pour l'amour de Dieu; ne le pouvant pas, du moins elle a voulu châtier son corps pour se consoler dans les souffrances de n'être pas, elle aussi, martyre de Jésus-Christ.

 

En peu de temps elle devint un type si accompli des vertus religieuses, que ses sœurs, les plus anciennes elles-mêmes, n'hésitèrent pas à la prendre pour leur modèle. Toutes l'aimaient de cet amour irrésistible qu'engendre dans les âmes pures une véritable vertu. Elle se faisait remarquer surtout par son assiduité à l'oraison, son amour filial pour la Reine des anges et sa dévotion extraordinaire envers la très-sainte Eucharistie. Elle n'avait pas de plus grand bonheur que de passer des heures entières auprès de l'adorable Sacrement de nos autels; elle y goûtait en son cœur la vérité de ces paroles du Prophète : Que vos tabernacles sont aimables, Seigneur, Dieu des vertus!.. Qu'ils sont doux vos autels, mon Seigneur et mon Dieu! Comme un seul jour passé dans votre sanctuaire vaut mieux que mille sous les tentes des pécheurs!.. Chaque jour, pendant le saint sacrifice, elle demeurait absorbée dans la méditation de ce mystère ineffable; son amour alors se trahissait par des larmes, et la violence de ses désirs arrachait à son âme virginale de chastes soupirs qu'elle essayait en vain d'étouffer. Mais c'était surtout au moment de la sainte communion, quand ses compagnes allaient s'asseoir au céleste banquet, intérieurement. Dans ses récréations, indifférente à tout ce qui se passait autour d'elle, une seule question la préoccupait, et elle ne cessait de la poser à ses compagnes, naïve enfant qu'elle était : Oh! je vous en prie, disait elle avec une ingénuité tout angélique, expliquez-moi comment on peut recevoir Jésus dans son cœur et ne pas mourir !..

 

Cependant les supérieurs, moins attentifs à la piété, à la modestie, à la sagesse précoce de la jeune vierge qu'à sa jeunesse même, ne jugèrent pas devoir l'admettre encore à la sainte Table, car c'était alors l'usage dans ces pays de ne pas faire la première communion avant l'âge de quatorze ans. Imelda dut se résigner et attendre.

 

Oh! qui pourra bien dire ce qu'elle a souffert! Quel tourment, s'écrie le vieil auteur espagnol que je citais tout à l'heure, quel tourment, quand on aime et quand on aime Dieu, de désirer l'union, et de ne voir jamais son désir assouvi!.. Aimer Dieu! soupirer après lui, aspirer à le recevoir dans son cœur, à l'étreindre des bras de son âme, et Favoir toujours sous les yeux, et ne l'avoir jamais à soi!.. Quel supplice! Et toutefois, heureux, ô mon Dieu, ceux qui ont ainsi votre amour pour bourreau, continue notre pieux auteur (3), et qu'il serait à désirer que tous les mortels, et moi avec eux, fussions torturés en cette manière. Il dit ailleurs: Sainte Thérèse appelle l'amour divin enfer, suivant ces paroles sacrées: L'amour est fort comme la mort, l'amour est dur comme l'enfer, Fortis est ut mors dilectio, dura sicut infernus œmulatio(C. C. VIII, 6.); mais mille fois heureux, Seigneur, celui qui recevrait ainsi de votre main le coup mortel, et se verrait précipité dans ce divin enfer doit il n'espérerait plus, ou pour mieux dire, d'où il ne craindrait plus de sortir jamais!

 

II

 

Imelda fut donc réduite à attendre. Mais on ne saurait voir longtemps ses espérances frustrées, quand une fois, ô mon Dieu, on s'est mis d'un cœur sincère à la recherche de votre amour; car il n'y a devant vous acception d'âge ni de personne, et l'amour seul est de quelque poids à vos yeux. C'est ce que vous nous avez déclaré vous-même par la bouche du Sage : Ceux qui m'aiment sont aimés de moi, avez-vous dit; et ceux qui me cherchent dès le matin me trouveront infailliblement. Cette parole divine ne pouvait faillir, et celui qui se plaît parmi les lis ne tarda pas de se rendre aux désirs de la pieuse enfant.

 

C'était le jour de l'Ascension, 12 mai 1333, notre petite sainte avait alors douze ans, presque l'âge de Marie quand elle reçut en son cœur la visite du Fils de Dieu. Ses compagnes, heureuses et recueillies, allaient, chacune à son tour, prendre leur place à la table des anges. Imelda seule ne s'y rendit pas. Agenouillée devant sa petite stalle, elle pleurait d'envie en songeant à leur bonheur. Jamais prières plus ferventes, ni larmes plus brûlantes et plus pressées n'avaient accompagné des désirs plus impatients. Les yeux levés au ciel, ses deux petites mains croisées sous son scapulaire blanc, et comprimant sa poitrine comme pour modérer la violence des battements de son cœur qui semblait près de se rompre, elle pressait entre ses doigts l'image de Jésus crucifié qui ne la quittait jamais, et lui disait doucement avec l'âme sainte des Cantiques: « Venez, ô le Bien-Aimé de mon âme! Descendez dans ce jardin qui est tout à vous, et cueillez-en les fruits. Ou cessez d'abaisser vers moi vos regards, ou laissez mon âme s'envoler sur vos traces. Entraînez-moi après-vous, que je coure à l'odeur de vos parfums! Vous m'êtes, ô mon Bien-Aimé, comme un bouquet de myrrhe; votre image bénie reposera toujours sur mon sein; mais que ne puis-je faire davantage et moi aussi vous donner asile aujourd'hui, et vous faire fête dans mon cœur! Venez, Seigneur Jésus, venez, car je languis d'amour et me meurs du désir de votre adorable présence!.. »

 

Mais Jésus ne venait pas; et sachant que tout est possible à une prière opiniâtre, elle ne cessait de l'importuner, pour ainsi dire, de ses cris; son cœur trop plein débordait en ces amoureuses plaintes, C'est ce même auteur pieux qui nous les a transmises; nous les traduirons dans toute leur naïve et aimable simplicité: « Eh quoi! vous plaît-il donc, ô mon Roi, que votre petite servante brûle et se consume toujours ainsi en d'inefficaces désirs? Pardonnez à ma hardiesse, Seigneur; mais je ne vois pas pourquoi, seule, je suis ainsi rejetée de vous? pourquoi, seule, privée de vous presser sur mes lèvres? pourquoi seule enfin, toujours éloignée de votre banquet nuptial! On me dit que je suis une enfant, que je suis trop petite; mais n'avez-vous pas dit à vos Apôtres: « Laissez venir à « moi les petits enfants et ne les empêchez pas d'approcher de moi? » Que je suis trop petite! Mais est-ce bien là une raison? C'est donc en vain que vous vous êtes fait petit vous-même, si leur âge vous est un motif pour vous refuser aux enfants comme moi, même quand ils vous aiment et vous désirent tant! On me dit encore ce que vous répondîtes autrefois à l'un de vos plus aimants serviteurs: « Croîs, et tu me mangeras(4)! Mais, Seigneur, je sais aussi ce que vous répondit la pauvre Cananéenne, que les petits chiens se nourrissent des miettes de pain qui tombent de la table de leur maître. Eh bien! quoique très indigne, n'obtiendrai-je pas comme eux, Seigneur, une miette de votre table somptueuse et royale? Une miette, une seule miette de votre Pain sacré suffirait à votre petite esclave pour rassasier la faim qui la dévore. Accordez-la-moi, Seigneur! Accordez-la-moi, ô le Roi de mon âme, ou bien... vous le voyez, je dépéris, je me meurs! Vous eûtes pitié de la foule qui vous suivait, et elle ne vous avait suivi que trois jours cependant, vous ne voulûtes pas la laisser partir affamée, de peur qu'elle ne tombât en défaillance le long du chemin; vous fîtes un nouveau miracle pour la rassasier; et vous n'auriez pas pitié, Seigneur, de cette pauvre enfant qui est à vous, à vous tout entière et sans réserve; elle qui depuis tant d'années court après vous, soupirant et se mourant du désir de s'asseoir à votre banquet sacré? Vous répandez vos biens à profusion sur toute créature; toutes attendent de vous leur nourriture, et vous la leur donnez à propos; vous ouvrez vos mains, et tous les êtres sont inondés de vos bienfaits: même aux petits des corbeaux vous donnez leur pâture; et moi, vous me laisseriez mourir de faim!.. Non, cela n'est pas possible; cela répugne à votre bonté. Non, vous avez promis d'accorder tout à la foi et à la persévérance, vous ne me refuserez pas aujourd'hui. Ou donnez-moi de ce Pain dont mon âme est affamée, ou bien laissez-moi mourir enfin; car j'ai hâte d'être unie à vous, et si ce n'est dans l'Eucharistie, que ce soit au moins dans la mort! Venez donc, venez donc, ô Jésus! ou donnez-moi les ailes de la colombe, que je m'envole et que j'aille enfin me reposer en vous! »

 

Ainsi gémissait la jeune vierge. Elle demandait l'une ou l'autre de ces grâces, elle les obtint toutes deux. Comme elle pleurait et priait encore, tout à coup, est-ce un rêve? une hostie miraculeuse se détache du saint ciboire, traverse la grille du chœur, et, voltigeant en l'air, s'arrête au niveau de son front. Les religieuses, émues d'un tel spectacle, n'osent d'abord en croire leurs yeux; mais l'illusion bientôt n'est plus possible: le miracle persévère; une clarté subite se répand dans l'église, accompagnée d'une suave odeur; et comme une main invisible et puissante retient le Pain mystique suspendu devant la jeune enfant. Triomphante et timide à la fois, elle demeure partagée entre la joie de se sentir si près de Celui qu'elle aime et la douleur de ne pouvoir s'unir à Lui. On eût dit un ange en adoration plutôt qu'une simple mortelle. Son confesseur, averti de ce prodige, accourt, et voyant dans ce fait une manifestation non équivoque de la volonté divine, recueille respectueusement la sainte Hostie sur une patène et en communie la trop heureuse enfant...

 

III

 

Enfin ses vœux sont accomplis! et, comme si elle n'eût pu dans un corps mortel supporter une telle joie, elle s'affaisse sur elle-même, abîmée dans une contemplation profonde : ainsi la fleur s'incline sous les gouttes de la rosée du ciel, trop frêle pour en soutenir le poids. Les mains toujours croisées sur la poitrine, les yeux doucement fermés, Imelda paraissait livrée à un délicieux sommeil. Comme les heures devaient s'écouler rapides dans cette extase de l'amour! A voir ses lèvres mi-closes, décolorées, mais éclairées d'un sourire tout céleste et comme agitées d'un frémissement léger, on eût cru les entendre murmurer ces paroles du Cantique: « Mon Bien-Aimé est à moi, et je suis à Lui! Il m'a introduite dans ses celliers, il m'a enivrée de son amour... J'ai trouvé Celui que mon cœur aime; je l'ai trouvé, je le tiens, et ne le laisserai pas aller! » Longtemps ses sœurs l'admirèrent en silence. Elles ne se lassaient pas de la regarder, de la voir, de la voir encore, ni de louer Dieu au fond de leur cœur, parce qu'il est bon, et que sa miséricorde s'étend à tous les siècles. Toutefois l'office achevé, la voyant toujours immobile et prosternée, elles ne peuvent se défendre d'une vague inquiétude. On l'appelle; on la prie, on la supplie, on lui commande de se relever; elle, toujours si prompte en obéissance, cette fois n'obéit pas; elle n'a pas entendu...; on la touche, elle n'a pas senti...; on la relève..., elle était morte!....

 

Morte! Morte à douze ans!.. Morte d'amour, et d'amour pour son Dieu! au jour et à l'heure de sa première communion! O l'heureuse mort! Trop heureuse enfant! ) Avec des sens moins imparfaits et 'moins grossiers que les nôtres, on eût pu voir son âme, comme une légère vapeur, s'élever dans les airs à la suite du Sauveur, en ce jour de son Ascension glorieuse, et les Anges auxquels elle allait être à jamais réunie, accourir sur ses pas et, fêtant sa bienvenue, chanter comme autrefois à l'Assomption de leur Reine: « Quelle est celle-là qui s'élève à travers le désert comme un nuage d'encens? Elle s'avance comme l'aurore à son lever, belle et douce comme l'astre des nuits, radieuse comme le soleil... Quelle est celle-là qui s'élève ainsi du désert, tout environnée de délices, et appuyée sur son Bien-Aimé ?.. — C'est notre petite sœur, disaient les Anges (5). Venez, petite enfant, chère au cœur de Jésus, pure comme la colombe, douce comme le miel, quasi mel data, Imelda, petite sœur, venez! venez recevoir la couronne qui? vous est préparée! »

 

Comme Marie, elle avait rendu son dernier soupir dans un suprême élan d'amour. La charité, comme la mort, a ses victimes. L'amour est fort comme la mort. Oh! comment pouvons-nous si souvent recevoir Jésus dans nos cœurs et ne pas mourir! En 1566, les Dominicaines quittèrent leur couvent de Valdipietra pour s'établir à Bologne même. C'est dans leur église que reposent aujourd'hui les restes précieux de la bienheureuse Imelda Lambertini. Un des descendants de cette illustre famille, le cardinal Lambertini, depuis pape sous le nom de Benoît XIV, restaura et embellit de ses propres deniers l'église de nos Dominicaines de Bologne, alors qu'il occupait le siège archiépiscopal de cette ville; il y fit élever une chapelle et un autel en l'honneur de notre jeune sainte, sa parente; d'autres membres de sa famille, pour honorer sa mémoire, firent graver en 1591, sur la pierre de son sépulcre, le trait miraculeux qui termina sa vie et que nous venons de raconter.

 

Petite Sœur Imelda, priez pour nous!

 

Notes

 

(1) Sur l'examen des pièces du procès de béatification, le pape Léon XII, après avoir consulté la Sacrée Congrégation des Rites, a approuvé son culte et autorisé l'ordre des Frères-Prêcheurs à réciter son office et à célébrer la sainte messe en C son honneur. Sa fête a été fixée au 46 septembre.

 

(2) Il semble que Dieu l'ait prédestinée dès le berceau à cette vie toute d'amour. Madeleine fut son premier nom, celui qui lui fut donné au baptême et le seul sous lequel elle fut connue avant son entrée en religion. Dans le cloître on l'a nommée Imelda, sans doute à cause de sa douceur et de son extrême amabilité: Imelda, c'est-à-dire donnée au monde comme du miel, quasi mel data, ? suivant l'étymologie d'un pieux et savant religieux Ç f du Carmel, un de ses plus ardents dévots.

 

(3) Un de nos Pères espagnols, du couvent de Bénavarre (Aragon), auteur d'un « Abrégé de la Vie très-prodigieuse de la Bienheureuse Imelda de Lambertini, Vierge de l'Ordre de Saint-Dominique ».

 

(4) Cresce, et manducabis me. (Saint Augustin, Confessions.)

 

(5) Soror nostra parva. (Cant. C, vin, 8.)

Beata_Imelda_Lambertini

Neuvaine à la Bienheureuse Imelda Lambertini

Vierge de l'Ordre de Saint Dominique

 

Pour se préparer à recevoir dignement la Sainte Eucharistie

particulièrement au jour de la Première Communion

 

D'après un vieux manuscrit espagnol, composé par une religieuse espagnole à l'époque de la Béatification de la Bienheureuse Imelda

 

Tous les jours de la Neuvaine

 

Après avoir fait le signe de la croix, un acte fervent de contrition, et un acte de charité, on dira l'oraison suivante:

 

Seigneur, incompréhensible dans vos voies, Dieu éternel, mon très-aimable Père, en qui je crois, en qui j'espère, et que j'aime de tout mon cœur pardessus toutes choses, prosterné en votre divine présence, je vous adore, vous bénis et vous loue, pour votre Être ineffable , pour vos perfections infinies, et parce que vous vous montrez toujours admirable dans vos Saints. Je vous rends honneur, louange et gloire de ce que, parmi vos autres créatures, vous avez daigné choisir votre très fidèle et très chère Épouse, la Bienheureuse Imelda, pour servir de modèle à toutes les âmes amantes de votre Fils Jésus-Christ dans le sacrement de l'Eucharistie. Je vous supplie de m'accorder, par sa puissante intercession et par les mérites du même Jésus-Christ, mon Rédempteur, le pardon de tous mes péchés; et pour fruit de cette sainte neuvaine, le remède à mes maux, l'amendement de ma vie et l'imitation de ses vertus; afin que, mourant comme Elle en votre sainte grâce, je puisse vous aimer et vous bénir éternellement avec Elle dans le ciel. Ainsi soit-il.

 

On ajoutera à cette oraison commune une oraison propre à chaque jour, ainsi qu'il est marqué plus loin. Après l'oraison propre on récitera trois Pater, trois Ave et trois Gloria, dans le but d'obtenir de Dieu la grâce spéciale qu'on lui demande dans cette neuvaine, et on les récitera de la manière suivante:

 

Petite Imelda, puisque votre amour attira Jésus en votre âme, obtenez-nous la même flamme; puissions-nous enfin l'aimer sans retour!

 

Notre Père, je Vous salue Marie, Gloire au Père.


 

Si petite encore, de la charité, vous eûtes vraiment la science, vous qu'une sainte impatience unit à Jésus pour l'éternité!

 

Notre Père, je Vous salue Marie, Gloire au Père.

 

Enfant, vous l'aimiez comme un séraphin; Il vint, et d'extase ravie en ses bras vous cherchiez la vie: vous eûtes la mort.. mais l'amour sans fin!


Notre Père, je Vous salue Marie, Gloire au Père.

 

Priez pour nous, Bienheureuse Imelda.

Pour que nous devenions dignes des promesses du Christ.

 

Oraison

 

Jésus Christ, Notre Seigneur, qui reçûtes au ciel la Bienheureuse Vierge Imelda blessée du feu d'une ardente charité et nourrie miraculeusement de l'Hostie immaculée, accordez-nous, par son intercession, d'approcher avec la même ferveur de la Table sainte; faites que nous désirions comme elle la dissolution de notre corps; et qu'affranchis des liens de la terre, nous méritions d'être unis à vous qui vivez et régnez avec le Père et le Saint-Esprit par tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

On terminera par les oraisons suivantes qui seront récitées chaque jour.

 

A Notre Seigneur Jésus Christ

 

Mon Seigneur Jésus-Christ, qui dans le sacrement de l'Eucharistie êtes vraiment l'Aimant des âmes aimantes, vous qui avez dit que vos délices sont d'être avec les enfants des hommes et qui l'avez bien prouvé dans votre petite Épouse la bienheureuse Imelda, puisque, ne pouvant supporter les retards que les créatures mettaient à son union à vous dans le sacrement de l'autel, vous opérâtes cette merveille inouïe, que, vous donnant miraculeusement à elle, vous l'avez affranchie des liens de la terre et transportée dans vos bras au sein de l'éternelle béatitude où personne plus ne la pourra séparer de votre chaste et ineffable union; nous vous supplions, par les complaisances que vous avez daigné prendre en une si pure créature, de nous donner, au moment de vous recevoir, ces mêmes dispositions et ces mêmes sentiments qui vous la rendirent si chère, afin que nous aussi nous r devenions participants un jour des délices de votre Amour dans la gloire sans fin. Ainsi soit-il.

 

A la Très Sainte Vierge du Rosaire

 

Et vous, ô très-aimable Vierge Marie, Mère de Dieu et notre Souveraine, Notre Dame du Très Saint Rosaire, par la joie que vous reçûtes le jour où votre divin Fils vous présenta dans ses bras l'âme si gracieuse de sa petite amante Imelda, nous vous supplions de nous obtenir de sa divine Majesté les grâces que nous lui demandons par cette neuvaine, et aussi la conversion des pauvres pécheurs, la force nécessaire aux agonisants et le repos des âmes du purgatoire. Ainsi soit-il.

 

On pourra terminer par un cantique à la bienheureuse Imelda. Ainsi se fera la neuvaine de chaque jour.

 

Oraisons propre

 

Premier jour

Pour demander à Dieu une parfaite correspondance à sa grâce et une grande fidélité à ses commandements

 

O ma Protectrice, bienheureuse Imelda, parfait modèle des servantes de Dieu, épouse très fidèle de l'Agneau sans tâche, mon Seigneur Jésus-Christ, exemplaire nouveau au sein de son Église et gloire de la Famille Dominicaine, je vous vénère et vous aime de tout mon cœur. Attiré par la très suave odeur de votre très éminente sainteté, j'ai recours à vous; à vous qui avez toujours conservé dans votre âme bénie la candeur de l'innocence baptismale, sans la souiller jamais, à vous qui fûtes si parfaite dans l'observance des commandements de Dieu. Je désire ardemment imiter vos exemples, et par là me rendre digne de votre gracieuse intercession auprès du Tout-Puissant. Demandez-lui pour moi une parfaite correspondance à sa grâce, une grande fidélité à ses commandements, et qu'en outre de la faveur toute spéciale que je lui demande par votre entremise, durant cette neuvaine, il m'accorde encore de mourir saintement, afin de le contempler et de jouir de Lui éternellement dans le ciel. Ainsi soit-il.

 

Deuxième jour

Pour obtenir le don d'une parfaite obéissance


 

O très obéissante Vierge et ma sœur bien-aimée, Bienheureuse Imelda, digne fille du Dieu de majesté, vous qui, inclinant l'oreille intérieure de votre âme à la douce voix de sa divine inspiration, lui obéîtes si fidèlement, faisant en toutes choses sa Très Sainte Volonté avec la plus parfaite abnégation de la vôtre, l'unissant en tout et partout à celle du Seigneur! par cette admirable conformité vous parvîntes à une si grande perfection que vous eûtes la force de demeurer longtemps privée du Pain des élus, malgré votre ardent désir, pour condescendre au bon plaisir de vos supérieures et au jugement de vos directeurs. Je vous supplie humblement de prier pour moi sa divine Majesté, qu'elle daigne m'accorder et la grâce de vous imiter dans cette vertu comme en toutes les autres, et la faveur spéciale que je lui demande dans cette neuvaine, par votre intercession; afin qu'accomplissant en tout et toujours sa Très Sainte Volonté sur la terre, j'aille un jour l'accomplir mieux encore avec les Bienheureux dans le ciel. Ainsi soit-il.

 

 

Troisième jour

Pour demander l'esprit de la pauvreté et le détachement des choses d'ici-bas

 

O ma très aimable sœur et vénérée protectrice, Bienheureuse Imelda, fidèle imitatrice de la pauvreté de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour l'amour duquel vous renonçâtes parfaitement à toutes choses, le suivant en nudité d'esprit, et de telle manière que hors de Lui vous n'aimiez rien, vous ne possédiez rien, méritant par là d'être son Épouse choisie et privilégiée, enrichie de l'abondance de ses dons, prévenue de ses plus douces bénédictions et de ses grâces les plus signalées; je vous supplie d'intercéder pour moi auprès du Tout-Puissant; qu'il m'accorde la faveur spéciale que je lui demande dans cette neuvaine; mais surtout qu'il éloigne de mon cœur toute affection aux choses terrestres, afin que l'aimant uniquement et par-dessus toutes choses, durant le temps qui me reste à vivre sur la terre, j'obtienne le bonheur de mourir dans son amitié et dans sa grâce, pour le louer et le bénir éternellement dans la gloire. Ainsi soit-il.

 

Quatrième jour

Pour demander le don d'une inaltérable chasteté

 

O très chaste et très pure Vierge, mon avocate, Bienheureuse Imelda, par votre virginité angélique digne Épouse de l'Agneau sans tache, temple vivant et demeure de l'Esprit-Saint par votre très pure chasteté; terre vierge qui, fécondée par la rosée de la grâce divine, produisîtes des fruits abondants de justice et de sainteté; étoile resplendissante qui embellissez le ciel Dominicain: je vous supplie par cette vertu et toutes celles que vous avez si bien pratiquées, par toutes les grâces dont vous orna votre céleste Epoux, de m'obtenir de sa divine Majesté le pardon de mes péchés, la pratique de la plus inviolable chasteté, la victoire sur toutes les tentations qui lui sont contraires, et qu'en outre de la faveur spéciale que je demande dans cette neuvaine, il m'accorde, après une vie sainte et pure, l'heureuse mort des justes et le bonheur de le voir et de le louer éternellement dans le ciel. Ainsi soit-il.

 

Cinquième jour

Pour demander l'esprit de pénitence et de mortification

 

Ma très pénitente et très innocente protectrice, Bienheureuse Imelda, exemplaire vivant de toutes les vertus, qui sûtes unir la rigueur de la plus austère pénitence à une innocence merveilleuse d'âge et de mœurs; qui portâtes dans votre petit corps virginal la mortification de votre Époux souffrant, Jésus-Christ, par les rudes coups dont vous le maltraitiez: je vous supplie de m'obtenir de Dieu un véritable esprit de mortification, qui m'aide à dompter mes passions et' rende mon âme plus libre pour les choses du ciel. Qu'il m'accorde encore la faveur particulière que je désire obtenir, si tel est son bon plaisir, en cette neuvaine, et surtout la grâce singulière de faire durant la vie et à la mort de dignes fruits de pénitence, pour jouir éternellement de sa divine présence dans le ciel. Ainsi soit-il.

 

Sixième jour

Pour demander à Dieu la sainte humilité

 

O ma très humble sœur et ma puissante avocate, Bienheureuse Imelda, trésor très-riche de sainteté enfoui dans le champ de votre humilité héroïque, jardin fermé, mais délicieux par les fruits divins que vous cachiez dans le secret de votre cœur; puits abondant des eaux vives de la grâce et des dons les plus parfaits, profond de la profondeur même de votre abaissement; vous fûtes, par cette vertu, semblable au grain de sénevé de l'Évangile, car votre humilité mérita que le Tout-Puissant fît en vous de grandes choses, vous élevant miraculeusement de cette terre au séjour des Saints: je vous supplie instamment de m'obtenir de la divine Majesté la véritable humilité de cœur, la faveur spéciale que j'attends de cette neuvaine, et particulièrement la grâce qu'il a promise aux humbles, afin que le servant fidèlement dans cette grande vertu durant la vie, j'obtienne, après la mort, de le voir et de jouir de Lui pour toujours dans l'éternelle félicité. Ainsi soit-il.

 

Septième jour

Pour demander la patience et la résignation dans les épreuves de la vie


 

Ma très douce avocate, Bienheureuse Imelda, modèle admirable de résignation et de patience dans la dure impossibilité où vous fûtes longtemps, malgré vos ardents désirs, de vous unir à votre Époux Jésus-Christ dans le sacrement de l'Amour; vous le souffrîtes sans ouvrir la bouche pour vous plaindre, imitant en cela le Prophète royal et Jésus lui-même, dans leurs grandes afflictions; par la très-haute perfection de cette patience où vous conservâtes inaltérable la paix intérieure de votre âme, inaltérable la suavité de votre cœur, effet visible de la parfaite union de votre volonté à celle du bon Maître, je vous supplie de m'obtenir de sa Majesté la faveur que je lui demande dans cette neuvaine, mais particulièrement la patience dans les adversités, la conformité à sa très-sainte volonté dans tous les accidents de la vie, et enfin de mourir dans sa grâce et de jouir de Lui pour toujours dans la béatitude éternelle. Ainsi soit-il.

 

Huitième jour

Pour demander à Dieu l'amour du prochain

 

Ma très douce et très aimable Patronne, Bienheureuse Imelda, parfait modèle de la plus douce et de la plus héroïque charité envers le prochain; charité précoce, puisque, dès vos plus tendres années, ne sachant pas encore parler, vous aviez déjà cette compassion pour les pauvres qui fit de vous plus tard la consolatrice des affligés, l'aide des misérables, le refuge de tous les nécessiteux; je vous supplie, avec toute l'ardeur dont je suis capable, d'exercer envers moi votre brûlante charité en m'obtenant de Dieu une charité semblable; une charité à toute épreuve, comme la vôtre, large, immense, inépuisable, que rien ne rebute, que rien ne fatigue, que rien n'arrête; une charité compatissante à toutes les infortunes et qui, puisant sa source au cœur même de Jésus-Christ, s'étende aussi à tous les hommes, sans distinction d'âge, ni de condition, ni de race, ni de pays, ni de religion même, les aimant tous comme moi-même et pour Dieu seul; aimant les bons pour qu'ils soient meilleurs, les méchants pour qu'ils se convertissent et qu'ils vivent; une charité en un mot comme la veut et l'aime Jésus: bonne, patiente, point envieuse ni téméraire, ni précipitée; sans orgueil, sans ambition; ne cherchant point ses propres intérêts; qui ne se pique et ne s'aigrit point; qui ne pense point le mal; qui ne se réjouit pas de l'injustice, mais se réjouit de la vérité; qui supporte tout, qui croit tout, espère tout, souffre tout. Priez Dieu qu'il m'accorde encore, avec la faveur particulière que je lui demande en cette neuvaine, la grâce d'une sainte mort et le salut éternel de mon âme. Ainsi soit-il.

 

Neuvième jour

Pour demander un ardent amour de Dieu

 

Ma très dévote, très fervente et très aimante avocate, Bienheureuse Imelda, très digne Épouse de l'Agneau immaculé de Dieu, qui efface les péchés du monde, sainte demeure où réside l'Esprit-Saint avec ses dons les plus précieux, aimée et favorisée de Dieu; choisie entre mille pour être les délices du Créateur; fournaise sacrée de la divine charité dont vous embrasez ceux qui contemplent dévotement votre heureux trépas; moi le plus humble de vos dévots, je me mets à présent et pour toujours à l'ombre de votre tout aimable protection. Je vous supplie, gracieuse Imelda, qu'en outre de la singulière faveur que j'ai demandée par votre intercession durant cette neuvaine, vous m'obteniez de la divine Majesté la grâce spéciale de vous imiter dans toutes les vertus que vous avez pratiquées, mais principalement dans votre ardente charité pour Lui. Que je l'aime! Que je l'aime beaucoup! Que je l'aime toujours davantage! Que je l'aime par-dessus tout et par-dessus moi-même! de tout mon cœur, de toute mon âme, de toutes mes forces! Dans quelques jours il va se donner à moi en nourriture! Il va se donner tout à moi, sans réserve! Oh! que je me donne à Lui sans réserve aussi! A Lui dès cette heure! A lui pour toujours! A la vie, à la mort; pour le temps et pour l'éternité! Et si je ne puis mourir, comme vous, dans ses bras et sur son cœur, du moins que ma vie entière s'use et se consume pour Lui! Que ce soit là, ma bien-aimée petite sœur Imelda, le fruit particulier de la dévotion avec laquelle je vous ai vénérée en cette neuvaine et que je vous ai vouée pour toujours! Que ce me soit le moyen de me préparer dès maintenant, par une sainte vie, à la mort qui approche, afin que, mourant embrasé du plus ardent amour pour Dieu, je passe enfin de cet exil à la Patrie où je pourrai le voir et le bénir avec vous toute l'éternité. Ainsi soit-il.

 

Elans d'amour de Saint Alphonse de Liguori

Pouvant servir de préparation ou d'action de grâce à la Sainte Communion

 

Mon doux Jésus! vous seul me suffisez. O mon amour! ne permettez pas que je me sépare jamais de vous. Qui suis-je donc, Seigneur, que vous mettez tant de soins à rechercher mon amour? Eh! qui pourrais-je aimer, si je ne vous aimais pas, ô mon doux Jésus? Me voici, Seigneur; disposez de moi selon votre bon plaisir. Donnez-moi votre amour, c'est tout ce que je vous demande. Faites que je sois entièrement à vous avant que je meure. Père éternel, pour l'amour de Jésus-Christ, ayez pitié de moi. Mon Dieu, je ne veux que vous et rien de plus; mon doux Jésus! que ne puis-je me sacrifier pour vous qui vous êtes sacrifié pour moi! Si je venais à mourir en état de péché, je ne pourrais plus vous aimer. Maintenant que je le puis encore, je veux vous aimer autant que je le pourrai. Je vous consacre tout ce qui me reste de vie. Je veux ce que vous voulez, et rien que ce que vous voulez. Faites, ô mon Dieu, que je vous voie apaisé contre moi, la première fois que je vous verrai. Vous ne m'abandonnerez pas; je ne vous laisserai jamais. Nous ne cesserons de nous aimer, ô mon Dieu, dans cette vie et dans l'autre. Mon ingratitude serait trop noire, si, après tant de grâces, je ne vous aimais beaucoup. Vous vous êtes donné tout à moi; je me donne tout entière à vous. Vous qui aimez qui vous aime, je vous aime, aimez-moi donc aussi. Si je ne vous aime pas assez, donnez-moi l'amour que vous désirez de moi. Vous m'avez obligée à vous aimer; donnez-moi la force de tout surmonter pour vous plaire. Recevez l'amour d'une âme qui vous a donné tant de déplaisirs. Faites-moi connaître, ô mon Dieu! quel bien infini vous êtes, afin que je puisse vous aimer autant que je le dois. Je veux vous aimer beaucoup en cette vie, pour pouvoir vous aimer beaucoup dans l'autre. J'espère, ô Dieu éternel! vous aimer éternellement. Que ne vous ai-je toujours aimé ! Que ne suis-je morte avant de vous avoir offensé! Je vous consacre ma volonté, ma liberté; disposez de moi selon votre bon plaisir. Je veux que mon unique contentement soit de vous contenter, ô bonté infinie! O mon Dieu! je me réjouis de votre béatitude infinie! Vous êtes tout-puissant, rendez-moi sainte. Vous m'avez cherchée lorsque je vous fuyais; vous m'avez aimée quand je dédaignais votre amour: ne m'abandonnez pas maintenant que je vous aime et que je vous cherche. Qu'aujourd'hui soit le jour où je me donne tout à vous! Infligez-moi toutes sortes de châtiments; mais ne me privez pas de la faculté de pouvoir vous aimer. Je vous remercie de ce que vous me donnez le temps de vous aimer. Je vous aime, ô mon doux Jésus! je vous aime; et j'espère terminer ma vie en répétant encore: Je vous aime, je vous aime. Je veux vous aimer sans réserve, et faire tout ce que je connaîtrai pouvoir vous plaire. Je préfère à tous les applaudissements du monde le bonheur de vous plaire. Je suis prête à éprouver toutes les peines, pourvu que je vous aime, ô mon Dieu. Oh! puissé-je mourir pour vous, ô mon Dieu! qui êtes mort pour moi! Oh! que ne puis-je faire que tout le monde vous aime comme vous le méritez! O volonté de mou Dieu, vous êtes mon amour! O Dieu d'amour! donnez-moi votre amour. O Marie! attirez-moi tout à Dieu. O ma Mère, faites que j'aie recours à vous. C'est à vous qu'il appartient de me conduire à la sainteté: c'est aussi ce que j'espère de vous. Vivent Jésus notre amour, et Marie notre espérance! Ainsi soit-il.

 

Efficacité de l'intercession de la Bienheureuse Imelda Lambertini

 

Le jour de l'Épiphanie, au moment où l'on termine l'impression de cette Vie, il me vient du fond de la Mésopotamie une lettre qui m'est adressée par un de mes bons frères du noviciat, un juif converti, aujourd'hui ardent apôtre en nos missions de Mossoul, le R. P. Jean-Baptiste Lévy. Cette lettre se rattache de trop près à la gloire de notre Bienheureuse et de nos missionnaires pour que je puisse résister au désir d'en donner ici un extrait, bien assuré d'avance qu'il sera lu par tous avec le plus vif intérêt.

 

Mossoul, 3 décembre 1865.


Bien-aimé frère, père et ami, Le choléra a sévi ici aussi. Nous avons, pourra gloire de Dieu, été les sauveurs de la ville. Le chef politique et le chef religieux, musulmans, sont venus nous remercier, ainsi que les principaux habitants de toutes les sectes. Secours religieux aux catholiques, à tous force morale, ainsi que secours médicaux et pécuniaires, ont été donnés par la mission, motus proprio, car ici, chacun est pour soi et Dieu pour tous. Par la force même des choses, les missionnaires étaient devenus tout à la fois prêtres, médecins, apothicaires, sœurs d'hôpital; nous étions tout. Nous nous étions partagé la ville en quartiers, et nous allions chez tous les malades, accompagnés d'hommes de la police, car il fallait des gardes autour de nos chevaux pour nous préserver de la foule, qui nous aurait arraché les habits sans cette précaution. On nous traquait nuit et jour, sans nous laisser de relâche. Il fallait nous voir dans les rues suivis d'un cortège de suppliants; tous nous bénissaient, les Juifs, les Musulmans, les Arabes, les hérétiques Jacobites ou Arméniens, les Catholiques Syriens et Chaldéens. Tous nous appelaient les Envoyés de Dieu. Les Musulmans, dans leur admiration pour ce dévouement, s'écriaient: « Ce ne sont pas des chrétiens!... Ce sont des Musulmans, fils du Prophète! » Car ces pauvres gens ne peuvent s'imaginer que, pour l'amour de Jésus, on puisse sacrifier sa vie au service des Musulmans! A ce sujet, je vous dirai que, depuis ma venue ici, j'ai inculqué aux enfants des écoles la dévotion à notre petite sainte Imelda. Son image est à l'école. On la prie; on l'aime; et elle fait des prodiges. En particulier, pendant le choléra, une fille nommée Madjouda (la glorieuse), âgée de dix ans, ma pénitente, est atteinte du choléra. On m'appelle; j'y vais. Je lui donne des remèdes pour le corps et pour l'âme. Enfin son mal s'aggrave; elle entre dans la période algide. Que faire? Elle n'a pas fait sa première communion! Elle se rappelle Imelda; elle veut communier le jour de sa mort. Comme les vomissements avaient cessé, je la prépare. Elle s'unit à la bienheureuse Imelda; elle reçoit la sainte communion, les indulgences, etc.. puis elle ferme les yeux! On la croit morte; on pleure! Mais son cœur est encore chaud; il est nuit; on attend le lendemain pour l'enterrer. Le matin, la petite s'éveille et dit à ses parents: « La sainte Vierge veut que je devienne une sainte ! Elle m'a dit: « Sois guérie ! » On crie au prodige. Mais le lendemain, voilà que le corps de la petite fille enfle; elle souffre de grandes et insupportables douleurs. On croit qu'elle va mourir. J'arrive, je ne la reconnais pas, tellement elle est enflée et changée par la fièvre tvphoïde. Je lui demande ce qu'elle veut... Elle me répond: « Jésus! » Je la confesse; elle communie... Sur le champ la fièvre a disparu. Elle redevint maigre comme le choléra l'avait laissée; elle se lève et va se promener au soleil dans la cour de la maison. Aussi la dévotion à notre chère sainte a bien augmenté; et la fille a reçu, à la place du nom de Madjouda, celui plus glorieux d'Imelda, qui j veut dire en arabe un être tendre, jeune (tener en latin). Vous voyez que notre union continue; le même esprit nous anime : pendant que vous écrivez la vie d'Imelda, je la communique à de bonnes petites âmes arabes, portant dans leurs cœurs pour Jésus et Marie les ardeurs du soleil brûlant qui dessèche leurs déserts. J'ai annoncé votre petit livre, car vous me l'avez promis. Je veux le traduire en arabe; peut-être sera-t-il imprimé à Mossoul... Quelle gloire!... A Dieu! Rappelez-moi au souvenir de tous, et croyez-moi pour la vie,

 

Votre fidèle ami et frère

Frère J.B. Levy, Missionnaire Apostolique des Frères Précheurs.

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Le Vénérable Marie-Jean Joseph Lataste

Fondateur des Dominicaines de Béthanie

1832-1869

 

Alcide Lataste est né à Cadillac sur Garonne, en Gironde, dans le Diocèse de Bordeaux, le 5 septembre 1832, après une jeunesse remplie de dévouement au sein de la Société de Saint Vincent de Paul, pour laquelle il fonda des Conférences locales, il entra, en 1857, dans l'Ordre des Frères Précheurs, plus communément appelés Dominicains, où il prit le nom de Père Marie-Jean-Joseph. En 1864, il prêcha une retraite aux détenues de la Centrale de Cadillac, actuellement, le Château des Ducs d'Epernon, et, pendant ces jours, il découvrit en elles les merveilleux effets de la Miséricorde et, en certaines, il discerna un réel appel à se donner au Seigneur dans la vie consacrée. C'est dans cette prison, devant le Seigneur exposé, qu'il reçut l'inspiration de fonder une nouvelle famille religieuse dans laquelle toutes les Soeurs, quel que soit leur passé, les unes converties, les autres religieuses, seraient unies dans un même amour et une même consécration, témoignant ainsi que « pour se donner à nous, Dieu ne regarde pas ce que nous avons été, mais ce que nous sommes ». Le Père Marie-Jean-Joseph Lataste est entré dans la Vie à Frâsne-le-Château, en Haite Saône. Il repose actuellement dans la maison généralice, qui se trouve à Saint Sulpice de Favière, où il est entouré de la vénération de ses Filles. La décret autorisant sa Béatification a été signé le 27 juin 2010.

 

Pour approfondir

 

« Ces femmes qui étaient mes sœurs » Jean-Marie Gueulette, aux Editions du Cerf. « Le Précheur de la Miséricorde », de Jean-Marie Gueulette, aux Editions du Cerf. « Marie-Madeleine a encore quelque chose a dire », de sœur Emmanuelle-Marie, aux Editions du Cerf/ Nouvelles Cité. « Le Message du Père Lataste et les Dominicaines de Béthanie », de Monseigneur Gérard Daucourt, aux Ed. Le Livre Ouvert.

 

Prière du Père Lataste

 

O mon Jésus, que je Vous aime! Donnez-Vous à mois et donnez-moi à Vous! Identifiez-moi à Vous: que ma volonté soit la Vôtre! Incorporez-moi à Vous, que je ne vive qu'en Vous et pour Vous! Que je dépense pour Vous tout ce que j'ai reçu de Vous, sans en rien garder pour moi-même! Que je meure à tout pour Vous! Que je Vous gagne des âmes! Des âmes, ô mon Jésus, des âmes!

 

Relations des grâces

Dominicaines de Béthanie

91 910 Saint Sulpice de Favières

www.dominicainesdebethanie.org

 

Cette Neuvaine a été publiée à Paris, chez Poussielgue et fils, 27, rue Cassette, 1906.

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24 juillet 2011

Oblation Eucharistique

 

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Oblation Eucharistique

 

Mon Divin Père, Je suis plus que jamais à votre enfant.

Merci, ô mon Père, de m'avoir donné Jésus, Votre Fils.

Avec toutes les grâces et les dons de l'Esprit Saint qu'il apporte avec lui.

Ce n'est donc plus moi.

C'est Votre Fils bien-aimé qui est en moi.

Père, c'est lui qui Vous parle.

C'est Lui qui Vous prie, c'est Lui qui Vous aime c'est Lui qui Vous implore pour moi et pour tous mes frères du monde.

C'est par Lui que je me laisse prendre, anéantir et mourir à moi-même, pour n'être plus que par Lui, louange, adoration et action de grâce.

Pour que Vous seul, Père, soyez ma vie et mon tout.

Regardez maintenant, ô Père, avec complaisance, votre enfant.

Ne voyez en lui que ce Fils que Vous aimez.

Je ne suis donc plus seul, ô mon Père, je suis dans la Trinité, la Trinité et je mourrais dans le sein de la Trinité.

Oui, Père, tous nous voulons, pour notre vie et notre adhésion à Votre Volonté en tout, être avec Jésus, par la grâce du Saint Esprit, Votre temple, Votre consolation, Vos apôtres, plus que tout cela...

Comme Votre Fils, qui vous aima jusqu'à mourir d'amour pour Vous, et de zèle pour Votre gloire.

O Jésus, nous Vous remercions pour le don que Vous venez de nous faire de tout Vous-même dans cette visite Eucharistique.

Nous Vous aimons de tout notre cœur, en nous mêmes et dans toutes les hosties consacrées du monde entier, simplement, tendrement, fortement, comme vos petits frères et soeurs qui ne veulent plus vous quitter un instant de ce ce jour, mais demeurer dans Votre Amour.

En ce moment, les espèces Sacramentelles disparaissent quand l'Hostie se dissout, mais vous continuez à habiter en nous comme Verbe Divin.

O Fils Adorable du Père, Vous voulez prendre la pauvre humanité de chacun de nous, pour en faire d'autres Christs et, par Votre grâce et Votre Esprit, reproduire, vivre en nous Votre vie filiale pour la gloire du Père.

Nous voici totalement disponibles, sincèrement désireux de ne vivre, penser, agir, vouloir et aimer que sous la mouvance de Votre Esprit, afin que, dans cette journée, de notre labeur apostolique et de toute cette œuvre qui vous est chère, « Par vous, avec Vous, et en Vous », tout honneur et toute gloire soit rendus au Père, dans l'unité du Saint Esprit.

O Marie, Reine des Apôtres et notre Mère, soyez avec nous durant cette journée:

Nous Vous la confions pour que, avez Jésus, dans le Saint Esprit, Votre Bonté nous aide à la rendre agréable à notre Père et riche en mérite pour le salut des âmes.

Père Divin, nous voulons Vous aimer.

Père Divin, nous voulons Vous glorifier.

Père Divin, nous voulons Vous faire connaître.

Père Divin, nous voulons Vous faire aimer.

Père Divin, nous voulons vous faire triompher.

Père Divin, que Votre Règne arrive sur la terre comme au Ciel.

Père Divin, au Nom de Jésus, faites que nos familles, nos communautés, nos sociétés et nos nations, soient unies dans la paix, l'égalité et l'amour. Amen.

 

Mère Eugenia Elisabetta Ravasio

 

Imprimatur

Jean Cardinal Verdier

Archevêque de Paris

le 8 mai 1936

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20 avril 2011

La Dernière Messe du Padre Pio 1e partie

20 avril 2011

La Dernière Messe du Padre Pio 2e partie

20 avril 2011

La Messe avec Saint Pio de Pietrelcina

 

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La Messe avec Saint Pio de Pietrelcina

 

On a pu dire de Padre Pio que sa journée se décomposait ainsi: préparation à la messe, célébration de la messe, action de grâces de la messe. Suivre pas à pas Padre Pio dans la célébration de la messe, pour autant qu'on le puisse: voilà qui éclaire singulièrement la figure du saint capucin, et fait entrer dans la dynamique générale de son existence: louange au Dieu Trinité, union avec Jésus crucifié, sacrifice de soi pour le pardon de péchés et le soulagement de la souffrance. Voilà aussi qui nous indique la porte d'entrée et le chemin: l'Eucharistie.

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La préparation à la messe


« 
L’Eucharistie était le centre d’attraction vers lequel convergeaient tous les moments de la journée de Padre Pio. Chaque heure du jour était une préparation ininterrompue et une action de grâce continuelle à Jésus dans le Saint Sacrement ». (Père Tarcisio, « La messe de Padre Pio ») Un autre frère capucin a témoigné avoir dû, à plusieurs reprises, « arrêter » Padre Pio en pleine nuit, alors qu'il se levait déjà et s'en allait à l'église: la faim du Corps, la soif du Sang du Christ le tenaillaient au point qu'il ne pouvait attendre plus longtemps... ni l'heure, ni la fatigue, ni un état de santé bien souvent délabré, rien ne semblait être un obstacle valable. Padre Pio l'écrivit (et le dit) à de très nombreuses reprises; voici, par exemple, ce qu'il décrivait à son Père spirituel, Padre Benedetto, le 29 mars 1911: « Mon cœur se sent comme attiré par une force supérieure avant de s’unir à lui le matin dans le sacrement de l’Eucharistie. J’en ai une telle faim et une telle soif, avant de le recevoir, que peu s’en faut que je ne meure d’inanition. Et c’est justement parce que je ne peux pas ne pas m’unir à lui que je suis obligé d’aller me nourrir de sa chair, parfois même malgré ma fièvre. » Padre Pio est alors à Pietrelcina, dans sa famille, depuis une année, pour des raisons de santé, et il a été ordonné prêtre quelques mois auparavant le 10 août 1910. Il connaît à cette époque une nuit mystique, état spirituel dans lequel il ne sent souvent plus rien de Dieu. Le dernière phrase de la citation prend alors toute sa force: sa faim de l'Eucharistie est d'autant plus forte que Jésus lui semble absent; il désire le Corps du Christ; il le veut ainsi, car il en a fait l'expérience, et surtout parce que la Foi de l'Église l'affirme: Jésus est réellement présent dans le Sacrement de l'autel. Il y a donc toujours un lieu et un temps où le trouver: la messe. Quand, finalement, Padre Pio n'était pas arrêté (par sa santé, par un frère bienveillant pour Padre Pio, et fatigué pour lui-même), il commençait une longue préparation à la célébration de la messe. On pourrait ici reprendre la remarque du Curé d'Ars, répondant à quelqu'un qui s'étonnait de l'heure qu'il passait en prière devant le Saint-Sacrement avant de célébrer: « Je vais toucher le Bon Dieu et je vais lui commander, et vous ne voulez pas que je me prépare! »

 

Voilà qui nous interroge sur notre propre faim du Corps du Christ, sur notre soif de son Sang, sur ces autres réalités que nous désirons plus que le Seigneur. Un autre texte de Padre Pio peut être lu ici. Padre Pio rapporte ici des paroles de Jésus qui lui est apparu dans un vision mentale: « Ils me laissent seul de jour comme de nuit dans les églises. Ils ne se soucient plus du sacrement de l’autel; on ne parle plus de ce sacrement d’amour; et même ceux qui en parlent, hélas, avec quelle indifférence, avec quelle froideur ils le font! Mon Cœur est oublié. Personne n’a plus souci de mon amour. Je suis toujours dans la tristesse. Pour beaucoup, ma maison est devenue un théâtre; il en est ainsi de mes ministres eux-mêmes, que j’ai toujours regardé avec prédilection, que j’ai aimés comme la pupille de l’œil. Eux, ils devraient réconforter mon cœur plein d’amertume, ils devraient m’aider à sauver des âmes. Or, qui le croirait, je reçois de leur part beaucoup d’ingratitude. Je vois, mon fils, beaucoup de ceux-là qui… (ici, il se tut, la gorge serrée, et il pleura en silence) me trahissent avec des airs hypocrites par des communions sacrilèges, foulant aux pieds les lumières et les forces que je ne cesse de leur donner ». (Lettre au Père Agostino, 12 mars 1913) Ce texte nous interroge sur ces petits détours que nous ne faisons pas pour passer, ne serait-ce qu'un moment dans l'église devant laquelle on passe. N'est-ce pas là une préparation lointaine à la messe? N'est-ce pas là un indice de notre faim (ou non-faim) de l'Eucharistie, et un moyen de la raviver, de l'entretenir? Ce texte nous renvoie aussi à une désinvolture que l'on rencontre parfois au début de certaines célébrations, où le bruit et les distractions font que nous n’attendons pas Jésus en vérité et dans le recueillement: bruits dans l’assemblée, distractions de notre esprit.

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Les rites de pénitence

Eucharistie et pardon


Padre Pio a été un fervent apôtre de la communion fréquente et, si possible, quotidienne. (La communion fréquente est une raison pour laquelle Padre Pio avait une vénération immense pour le pape Pie X qui l'avait promue, et qu'il le considérait comme le plus grand pape des temps modernes.) Rien, déclarait Padre Pio, rien, excepté la certitude d'un péché mortel, ne doit écarter un chrétien du Corps du Christ. Plus encore, en ces temps (ceux du Padre Pio… et les nôtres) d’indifférence, voire « d’apostasie silencieuse » (selon l’expression de Jean-Paul II), la communion est une nécessité vitale: « En ces temps si tristes où tant d’âmes sont apostates, je ne peux pas m'imaginer que l'on puisse vivre de la vraie vie sans la nourriture des forts. (…) Le moyen le plus sûr pour échapper à la corruption est de nous fortifier avec l'Eucharistie. Celui qui vit sans se rassasier de la chair immaculée de l'Agneau Divin, ne pourra ni éviter le péché, ni progresser dans la voie de la perfection ». (Lettre de Padre Pio à Raffaelina Cerase, 15 mai 1914) Seul, donc, le péché mortel est un obstacle à la communion fréquente; cependant nul n’est, par lui-même, digne de communier, de recevoir Dieu en son corps et en son âme. Le court dialogue qui suit, le déclare d'une manière radicale: « Père, je me sens tellement indigne de communier! Vraiment, j'en suis indigne! « 
« C'est vrai, nous ne sommes pas dignes d'un tel don; mais une chose est d'y prendre part indignement en état de faute grave, une autre est de ne pas en être dignes. Tous, nous en sommes indignes; mais c'est Jésus qui nous invite, c'est lui qui le désire. Soyons donc humbles et recevons-le d'un coeur rempli d'amour ». (Propos recueillis par Giorgio Festa)

 

Les rites de pénitence du début de la messe, comme ceux qui précèdent la communion (Agneau de Dieu… Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir…), sont spécialement dédiés à cette conscience que nous avons besoin de la communion tout en en étant indignes; puis à une prière demandant la vraie humilité. Selon Padre Pio, il ne faut jamais oublier deux dimensions fondamentales de la messe: la première est que c’est le Seigneur qui nous invite, et non pas nous qui décidons ceci ou cela; la seconde est la dimension sacrificielle de l’Eucharistie : pendant la messe, en la personne du prêtre, le Christ accomplit l’œuvre de salut et de miséricorde qui nous libère de nos péchés. La communion au Corps du Christ est pardon des péchés, selon la parole de saint Jean: « Le sang de Jésus nous purifie de tout péché ». Cela, bien évidemment, toujours selon Padre Pio, doit être accompagné de la réception régulière du pardon dans la confession.

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Le Gloria

 

Le Gloria de la Messe nous renvoie aux deux moments principaux de la manifestation de la Gloire divine dans l’Evangile: Noël et Pâques. (Rappelons qu’il est omis durant l’Avent et le Carême, périodes préparatoires à ces deux fêtes.) Rien n’est dit de cette partie de la messe, en relation directe avec Padre Pio. Prenons alors appui sur « sa » conception de la gloire, en rapport avec ses deux fêtes, comme avec la Transfiguration. Noël, d’abord. Nous savons tous l’émerveillement de Padre Pio lors de cette fête qui célèbre la naissance du Dieu-Homme. Jésus est la Lumière qui éclaire le monde désormais; il est, ainsi que Padre Pio l’écrit dans une méditation sur l’Epiphanie, la véritable étoile qui guidait les mages, qui nous guide au milieu des ténèbres. Or, quelles sont les ténèbres les plus profondes, sinon celles du péché? Justement, le Gloria est proclamé après la prière pénitentielle, où la miséricorde divine a été affirmée et donnée. Comment ne pas nous en réjouir, nous en émerveiller? Gloire à Dieu… Vrai chant des anges, comme un nouveau Noël, ainsi que le dit Jésus: « Il y a de la joie chez les anges du ciel pour un seul pécheur qui se convertit » (Lc 15,10). La gloire de Noël n’est cependant pas définitive et totale. L’histoire du monde se poursuit, et avec elle l’histoire de chaque homme, heureuse et dramatique. La gloire est en avant de nous. Il s’agit alors de ne pas s’arrêter à ce qui est certes donné par Dieu, mais n’est que transitoire. Ce qui est fondamental, c’est d’être avec Jésus, c’est qu’Il soit avec nous. Ainsi Padre Pio écrivait-il à ses filles spirituelles: « Dites-moi, mes chères filles, vous savez bien qu’à la naissance de notre Seigneur, les bergers ont entendu les chants angéliques et divins des esprits célestes. L’Ecriture nous le dit, mais elle ne dit pas que la Vierge sa Mère et saint Joseph, qui étaient les plus proches de l’Enfant, entendirent la voix des Anges et virent ces splendeurs miraculeuses. Au contraire, au lieu d’entendre les angelots chanter, ils entendaient l’Enfant pleurer et ils voyaient, dans la lumière émise par une pauvre lampe, les yeux de ce divin Enfant tout baignés de larmes, tremblant de froid. Alors, je vous le demande: N’auriez-vous pas choisi d’être dans l’étable obscure et pleine des cris du petit Enfant, plutôt que d’être avec les bergers, tout entiers pris par la jubilation de la douce mélodie céleste et la beauté de cette splendeur admirable? Si, très certainement. Vous vous seriez exclamé, vous aussi, comme saint Pierre: Il est bon que nous soyons ici… C’est bien là que vous vous trouvez, auprès de l’Enfant Jésus, tremblant de froid dans la grotte de Bethléem; et plus encore: vous n’êtes pas sur le Tabor avec saint Pierre, mais sur le Calvaire avec les Marie, où vous ne voyez que mort, clous, épines, impuissance, ténèbres extraordinaires, abandon et déréclition. Aussi, je vous invite à aimer la crèche de l’Enfant de Bethléem, à aimer le Calvaire du Dieu crucifié dans les ténèbres. Tenez-vous auprès de lui et soyez certaines que Jésus demeure en vos cœurs plus que vous ne pouvez le croire et l’imaginer ». (Lettre aux sœurs Ventrella, 1er octobre 1917) Le Thabor est le lieu de la Transfiguration, le Calvaire le lieu de la Crucifixion. Pour Padre Pio, il s’agit de la même montagne, celle où la Gloire et la Croix, la Lumière et les ténèbres, sont mêlées.

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La liturgie de la Parole

 

Padre Pio était souvent ému jusqu’aux larmes en entendant ou en proclamant l’Ecriture Sainte au cours de la messe. Un jour qu’on lui en demandait la raison, il déclara: « Les dons de Dieu n’ont donc pas de valeur pour toi! Cela est-il de peu d’intérêt que Dieu dialogue avec ses créatures? » Dans la lecture et la méditation de l’Ecriture, il y a un dialogue réel entre Dieu et l’homme. Entendre la voix du Seigneur: quelle grâce, quelle émotion! Cette émotion, comme celle qui est vécue dans l’expérience de la miséricorde, n’est pas un sentiment occasionnel, un échauffement des sens, forcément ambigu. Elle est un mouvement profond de l’âme qui naît d’une familiarité avec la Parole de Dieu, en premier lieu l’Evangile. Cette familiarité se construit et se vit dans la prière. Dans ses lettres d’accompagnement spirituel, Padre Pio insiste beaucoup sur cet aspect : la méditation de la vie de Jésus prime sur toute autre méditation. Ainsi écrit-il à l’une de ses filles spirituelles, Annita Rodote: « Je désire de votre part une chose plus que toute autre: que votre méditation ordinaire se porte autant que possible sur la vie, la passion et la mort, sans oublier la résurrection et l’ascension de notre Seigneur Jésus Christ ». (8 mars 1915) Il va jusqu’à se faire le directeur de son directeur spirituel, le Père Agostino, afin que ce point soit clair dans l’esprit de ce dernier: « Ayez toujours le ferme propos, mon bon Père, de répondre généreusement à Jésus et de vous rendre digne de lui, c’est-à-dire semblable à lui et orné des adorables perfections révélées par l’Ecriture et l’Evangile. Mais pour que cette imitation soit possible, il y faut une réflexion quotidienne sur la vie de celui qui se propose comme modèle. De cette réflexion naît l’estime de ses actes, et de cette estime le désir et le réconfort de l’imitation ». (27 février 1918)

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L'offertoire

 

L’offertoire était l’un des moments les plus marquants de la ‘‘messe de Padre Pio’’. Padre Pio restait immobile de longues minutes, parfois jusqu’à une demi-heure, l’hostie puis le calice levés devant ses yeux où, souvent, des larmes venaient. C’est comme s’il était pris par une force mystérieuse. On lui demanda un jour: « Pourquoi pleurez-vous pendant l’offertoire? » Padre Pio répondit: « C’est parce qu’à ce moment, l’âme est séparée du profane ». Plus qu’auparavant encore, le Seigneur séparait son serviteur de toute réalité secondaire, le rendait parfaitement indifférent à ce qui se passait autour de lui. Si Padre Pio vivait l'ensemble de la Messe comme le sacrifice et la passion de Jésus, et le moment de la consécration comme la crucifixion de Jésus (il s’accordait en cela avec l’enseignement de l’Eglise, réaffirmé récemment dans l’encyclique de Jean-Paul II « L’Eglise vit de l’Eucharistie »), on peut considérer que l’offertoire le renvoyait au temps précédent cette crucifixion. Un passage de sa correspondance fait un parallèle entre le dépouillement que Jésus subit avant la crucifixion et la séparation des choses profanes, que nous venons d’évoquer pour l’offertoire: « Sur le mont Calvaire, habitent les cœurs que l’Epoux céleste favorise de son amour divin… Mais fais attention à ce que je vais dire: Les habitants de cette colline doivent être dépouillés de toutes habitudes et affections terrestres, de même que leur roi fut dépouillé des vêtements qu’il avait lorsqu’il y arriva. Remarque, ma bonne petite fille, les vêtements de Jésus étaient saints, n’ayant pas été profanés quand ses bourreaux les lui enlevèrent chez Pilate. Il était cependant juste que notre divin maître s’en dépouille pour nous montrer que rien de profane ne doit être porté sur cette colline. Prends donc garde, ma bonne petite fille, d’entrer au festin de la Croix, qui est mille fois plus délicieux que les noces mondaines, sans le vêtement blanc, nettoyé de toute autre intention que de celle de plaire au Divin Agneau ». (Lettre à Ermina Gargani, 28 décembre 1917)

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La prière eucharistique

 

Le texte qui suit, est le compte-rendu que le père Hamel, sulpicien français, professeur de séminaire, fit après avoir assisté à la messe de Padre Pio, quand il se rendit à San Giovanni Rotondo en 1950. Par la sobriété des mots et la justesse de son regard, ce texte nous aide à ‘‘entrer’’ dans la célébration de Padre Pio.

 

Décrire cette messe est difficile, pour la raison très simple qu’elle n’offre rien de spectaculaire et que vous êtes pris dans l’action liturgique. Cet homme a le don de faire prier. Dans ces conditions, observer est quasi impossible. Il reste qu’après coup, vous pouvez revivre la scène et en décrire la particularité. À voir les choses du dehors, le premier détail qui frappe est évidemment la durée, mais une fois encore après coup seulement. Car pendant la cérémonie, vous ne sentez pas le temps. La messe du Padre Pio dure une heure et quart… De l’offertoire, nous n’avons retenu qu’une chose, le geste soutenu de l’oblation, près de cinq minutes. Les paroles sont dites lentement, une à une, séparées; les yeux ne quittent pas la croix; le corps immobile; une oraison muette prolonge l’offrande. Relisez cette offrande, vous devineriez tout ce que le Padre peut y mettre. Toute la portion qui jusqu’à la Consécration et qui durera vingt minutes est en effet marquée par une détresse physique et morale, singulièrement émouvante. On a l’impression que le Padre essaye de retarder le plus possible le dénouement du sacrifice, comme si, à mesure qu’approche la consécration, une panique se développait en lui. Tout son comportement l’indique: ses plaies peut-être s’ouvrent, ou du moins le font souffrir, si l’on en juge par les crispations des mains, la sueur, le déplacement incessant des pieds, sur lesquels il n’ose s’appuyer, le masque parfois convulsé des traits du visage. On ne peut s’empêcher d’évoquer l’Agonie… On est en effet obligé de reconnaître que son comportement extérieur exprime des sentiments très différents selon les moments de la messe. Sur la toile de fond de la Passion, il est facile de voir que le Padre Pio suit le parcours de Notre Seigneur, du Cénacle au Calvaire… L’anxiété atteint son paroxysme avec la Consécration où le Padre semble vivre la mise en Croix. Les paroles sont hachées, dans une sorte de hoquet.

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La communion

 

Le texte précédent évoquait déjà la manière dont Padre Pio communiait. Ce texte est, dans la suite, plutôt de l’ordre de la réflexion. On pourra relire également le second article de cette série, qui rappelait l’insistance de Padre Pio pour la communion fréquente.

 

Une force nouvelle d’union

 

L’Eucharistie est une force qui ouvre au don et à l’accueil, ainsi qu’à l’unité qui en découle. Cette unité, cette cohésion dépasse les limites du temps et de l’espace, car elle est la « force » même de la communion trinitaire : elle est l’amour. Padre Pio l’exprime bien quand il affirme: « L’Eucharistie est un don nouveau et absolument unique de l’amour immense de Jésus pour nous. Parce qu’en se donnant en nourriture et en boisson pour l’homme, il s’unit à lui de la manière la plus parfaite qui puisse exister entre le Créateur et la créature ». (Lettre à Giusseppina Morgera, 5 mai 1916) Dans son Encyclique sur l’Eucharistie, Mystici Corporis, le pape Pie XII écrivait dans le même sens: « Le divin Rédempteur s’est uni très étroitement, non pas seulement avec l’Eglise, son épouse aimée, mais aussi, en Elle, avec l’âme de chaque fidèle, avec lequel il désire ardemment s’entretenir dans des colloques intimes, spécialement après qu’il s’est approché de la table eucharistique ». (n°88)


L’expérience d’union de Padre Pio


Cette expérience mystique, Padre Pio l’a vécue d’une manière particulière, ce qu'il raconte au Père Agostino, le 18 avril 1912: « C’est à peine si j’ai pu me rendre auprès du divin Prisonnier pour célébrer la messe. Une fois celle-ci finie, je suis resté avec Jésus pour faire mon action de grâce. Oh, comme elle fut suave, la conversation que j’eus avec le paradis ce matin-là, à tel point que, même si je le voulais, il me serait impossible de tout vous dire. Il y a des choses que l’on ne peut traduire dans un langage humain sans qu’elles perdent leur profond sens céleste. Si vous me passez l’expression, mon cœur et celui de Jésus ont fusionné. Il n’y avait plus deux cœurs qui battaient, mais un seul. Le mien avait disparu comme une goutte d’eau dans la mer. Jésus était son paradis, son roi. La joie était en moi si intense, si profonde, que je n’ai pu me contenir: mon visage était inondé des larmes les plus délicieuses ». Cette communion des cœurs, que Padre Pio décrit comme une fusion, est l’une des premières manifestations de son union avec Jésus Crucifié. Assez rapidement, la dimension de la croix apparaîtra dans ce phénomène, sous la forme d’une blessure; ainsi, le 26 août de cette même année, il écrit, toujours au Père Agostino: « Ecoutez ce qui m’est arrivé vendredi dernier. J’étais à l’église en train de faire mon action de grâce après la messe, quand je me sentis tout à coup le cœur transpercé par un javelot de feu si vif et si ardent que je crus en mourir. Les mots me manquent pour vous faire comprendre l’intensité de cette flamme: il m’est réellement impossible de le décrire. Me croirez-vous? L’âme victime de ces consolations devient muette. J’avais l’impression qu’une force invisible me plongeait tout entier dans le feu… Mon Dieu, quel feu! Quelle douceur! » Le 5 août 1918, ce sera la transverbération du cœur, et le 20 septembre Padre Pio recevra les stigmates.


C’est le Christ qui vit en moi

 

Revenons à la communion eucharistique. Cette communion met en l’âme tous les éléments de la vie spirituelle, elle la rend capable de posséder Dieu. Et posséder Dieu, cela signifie, comme l’explique saint Paul dans la Lettre aux Philippiens (2,5 et ss), vivre avec lui et par lui, ressentir les désirs, les angoisses, l’amour de Jésus pour l’humanité, partager ses sentiments, éprouver son zèle pour l’expansion du Règne de Dieu. En résumé, c’est se trouver dans la condition du saint du Gargano quand il s’exclame: « Tout se résume en ceci: Je suis dévoré par l’amour de Dieu et l’amour du prochain ». (Lettre au Père Benedetto, 20 novembre 1920) Cette union au Christ est le résultat de l’action toute mystique qui, parallèlement à l’action liturgique, se produit dans notre âme quand nous nous approchons de l’Hostie consacrée. De même que le Pain eucharistique est assimilé par notre corps, notre âme est absorbée par la divinité de Jésus: « La communion au Corps et au Sang du Christ nous fait devenir ce que nous recevons ». (Concile Vatican II, const. Lumen Gentium, n°26) Dans le cadre de cette vérité, le phénomène des stigmates trouve son explication. En Padre Pio, comme en saint François et en d’autres saints, la communion spirituelle avec le Christ s’est manifestée, de par la volonté divine, à l’extérieur, dans le corps: alors, la conformité de l’Amant et de l’Aimé est rendue parfaite. Plus nous aurons le désir de nous unir fréquemment à Jésus-Eucharistie, plus nous serons identifiés au Christ, jusqu’à ce que nous puissions dire: « Ce n’est plus moi qui vit, mais c’est le Christ qui vit en moi ». (Ga 2,20)


Eucharistie et Pénitence


Pour que nous puissions reprendre ces paroles de saint Paul aux Galates, nous devons vivre dans la grâce, nous abstenir, autant que cela nous est possible, du péché: « En effet, si nous aspirons à la communion avec Lui, nous devons contempler sa vie toute divine dans la chair et, l’imitant dans sa pureté sans péché et sainte, nous élever à un état divin et immaculé. Ainsi, nous recevrons la communion et la ressemblance avec Lui, comme Il nous l’a promis ». (Pseudo-Denys, Ve siècle) Le sacrement de la Pénitence, joint à celui de l’Eucharistie, nous aide à nous fortifier contre nos faiblesses humaines et contre les tentations de l’ennemi.

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Texte extrait du blog: http://exorciste33.over-blog.com

3 octobre 2010

Le Serviteur de Dieu Hermann Cohen

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Le Serviteur de Dieu Hermann Cohen

Père Augustin-Marie du Très Saint Sacrement

1820-1871


Hermann Cohen naît en 1820 à Hambourg dans une famille juive. Très jeune, il commence une carrière de pianiste qui le mènera auprès des plus grands virtuoses de son époque, dans une vie dissolue et paresseuse. C'est au contact du Saint Sacrement, en 1847, que commence sa conversion. Un an plus tard, il fonde l'Adoration Eucharistique Perpétuelle à Paris. Désormais, l'axe essentiel de sa vie sera le Christ présent dans l'Eucharistie. En 1849, il entre dans l'Ordre du Carmel, fait son noviciat au Carmel du Broussey, en Gironde, et prend le nom de Frère Augustin-Marie du Très-Saint Sacrement. Il fonde plusieurs couvent en France et, en 1862, restaure l'Ordre du Carmel en Angleterre. En 1870, il part en Allemagne, comme aumônier des prisonniers français, où il meurt en 1871/ Il fut un ami des petits comme des grands (Sainte Bernadette Soubirous, le Saint Curé d'Ars...) Son corps repose, depuis avril 2010, dans la chapelle du Carmel du Broussey.


Prière pour obtenir la Béatification du Père Augustin-Marie du Très Saint Sacrement


O Marie, Vierge immaculée, qui avez guéri miraculeusement à la grotte de Lourdes le Père Augustin-Marie du Très-Saint-Sacrement, pour qu'il vous serve parfaitement dans votre Ordre du Carmel, obtenez-nous de la Bienheureuse Trinité la grâce de (...) par l'intercession et les mérites de votre fidèle chevalier « qui ne connut rien de plus délicieux que de souffrir pour Jésus » et qui fut exaucé dans son ardente prière « de ne pas passer un instant de sa vie sans souffrir quelque chose pour son bon plaisir, pour son service et pour sa gloire ». O Marie, Mère de l'Eucharistie, obtenez-nous la glorification de ce grand converti de l'Hostie rédemptrice. Daignez mettre en lumière cet apôtre embrasé du Sacrement d'Amour de votre Fils Jésus afin qu'il nous communique à tous, prêtres et fidèles, son zèle brûlant pour l'adoration de la divine Présence au Tabernacle, la célébration digne et vécue du Sacrifice de la Messe, et la Sainte Communion fervente et fréquente. Hâtez ainsi sur toute la terre, tout spécialement sur votre peuple d'Israël, le triomphe de la royauté eucharistique du Fils de David, le Pain vivant descendu du Ciel en votre sein virginal. Amen.


Imprimi potest
+ Joannes Olphe-Gailliard
Abbas Sanctae Mariae


Imprimatur
+ Petrus Maria Théas

Episcopus Tarbiensis et Lourdensis


Prière de signaler les grâces reçues par l'intercession du Père Augustin-Marie du Très-Saint-Sacrement, à la

Postulation de la cause du Père Hermann
Monastère du Broussey
33410 Rions

www.perehermann.org

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31 août 2010

Chemin de Croix Eucharistique

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Chemin de Croix Eucharistique

Texte de Saint Pierre-Julien Eymard

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Première station
Jésus est condamné à mort

O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,

Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.

Jésus est condamné par les siens, par ceux-là mêmes qu'Il a comblés de ses faveurs. On Le condamne comme séditieux, Lui la Bonté même; comme blasphémateur, Lui la Sainteté même; comme ambitieux, Lui qui s'est fait le dernier de tous. On le condamne à la mort de la Croix comme le dernier des esclaves. Jésus accepte avec amour cette sentence de mort: c'est pour souffrir et pour mourir qu'Il est venu ici-bas, et pour nous apprendre à faire l'un et l'autre. Jésus est encore condamné à mort en son Eucharistie. Dans ses grâces d'abord, dont on ne veut pas; dans son amour, qu'on méconnaît; dans son état sacramentel, par l'incrédule qui le nie, par l'horrible sacrilège. Par la communion indigne, le mauvais chrétien vend Jésus-Christ au démon, le livre à ses passions, le met aux pieds du démon, roi de son cœur; il le crucifie dans son corps de péché. Jésus est plus maltraité par les mauvais chrétiens que par les Juifs: à Jérusalem, Il ne fut condamné qu'une fois, et au Saint Sacrement, tous les jours et en milliers de lieux, et par un nombre épouvantable de juges iniques. Et  cependant Jésus se laisse insulter, mépriser, condamner: Il continue toujours Sa vie sacramentelle,  afin de nous montrer que son amour pour nous est sans condition ni réserve, qu'Il est plus grand que notre ingratitude. O Jésus, pardon, mille fois pardon pour tous les sacrilèges! S'il m'était arrivé d'en commettre jamais, je veux passer ma vie à les réparer, et Vous aimer et Vous honorer pour ceux qui Vous méprisent; faites-moi la grâce de mourir avec Vous!


Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...

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Deuxième station

Jésus est chargé de sa Croix


O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,

Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.

A Jérusalem, les Juifs imposent à Jésus une lourde et ignominieuse Croix: c'était alors l'instrument de supplice des derniers des hommes. Jésus reçoit cette Croix accablante avec joie; Il la reçoit avec empressement, la baise avec amour et la porte avec douceur. Il veut par là nous l'adoucir, nous  l'alléger, nous la rendre douce et aimable, et la déifier dans Son Sang. Au divin sacrement de l'autel, les mauvais chrétiens imposent à Jésus une Croix bien plus lourde, bien plus ignominieuse pour Son Cœur. Cette Croix, ce sont leurs irrévérences dans le saint lieu, leur esprit si dissipé, leur cœur si froid en sa présence, leur dévotion si tiède. Quelle Croix humiliante pour Jésus que d'avoir des  enfants si peu respectueux, des disciples si misérables! En Son Sacrement encore, Jésus porte mes croix; Il les met sur Son Cœur pour les sanctifier; Il les couvre de son amour, de ses baisers, pour  me les rendre aimables; mais Il veut que je les porte pour Lui, que je les Lui offre; Il veut bien recevoir les épanchements de ma douleur, souffrir que je pleure sur mes croix, que je Lui demande secours et consolation. Oh! qu'elle devient légère la croix qui passe par l'Eucharistie! Qu'elle sort belle et radieuse du Cœur de Jésus! Comme il fait bon la recevoir de Ses mains, la baiser après Lui! C'est donc là que j'irai me réfugier dans mes peines; là que j'irai me consoler et me fortifier; là que j'irai apprendre à souffrir et à aimer! Pardon, Seigneur, pardon pour ceux qui Vous traitent sans respect dans Votre Sacrement d'Amour; pardon pour mes indifférences, mes oublis en votre présence: je veux Vous aimer, je Vous aime de tout mon cœur!


Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...

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Troisième station

Jésus tombe une première fois


O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,

Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.

Jésus avait été si épuisé de sang dans les trois heures de Son Agonie et sous les coups de la flagellation, si affaibli par la nuit cruelle qu'Il passa en la garde de ses ennemis, qu'après quelques moments de marche, Il tombe accablé sous le poids de sa Croix. Que de fois Jésus-Eucharistie tombe à terre dans les saintes parcelles, sans qu'on s'en doute! Mais ce qui le fait tomber de douleur, c'est la vue du premier péché mortel qui souilla mon âme! Ah! qu'elle est encore plus douloureuse la chute que fait Jésus dans un jeune cœur qui le reçoit indignement au jour de sa première communion! Il tombe sur ce cœur de glace, que le Feu de Son Amour ne peut fondre; sur cet esprit orgueilleux et dissimulé, sans pouvoir le toucher; dans ce corps qui n'est qu'un tombeau. Hélas! faut-il traiter ainsi Jésus la première fois qu'Il vient à nous si plein d'Amour? O Jésus! merci de l'Amour que Vous m'avez témoigné à ma Première Communion: jamais je ne l'oublierai; je suis à Vous, tout à Vous, puisque Vous êtes tout à moi: faites de moi ce qu'il Vous plaira.


Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...

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Quatrième station

Jésus rencontre Sa Sainte Mère

O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,

Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.


Marie accompagne Jésus sur la route du Calvaire: elle y endure un véritable martyre dans son âme; mais quand on aime, on veut compatir. Ah! aujourd'hui, le Cœur eucharistique de Jésus rencontre sur le chemin de ses douleurs, au milieu de ses ennemis, les enfants de Son Amour, les épouses de Son Cœur, les ministres de ses grâces, qui, bien loin de le consoler comme Marie, s'unissent à ses bourreaux pour l'humilier, le blasphémer, le renier! Que de renégats et d'apostats abandonnent le service et l'amour de l'Eucharistie dès que ce service demande un sacrifice ou un acte de foi pratique! O Jésus, mon bon Sauveur, je veux Vous suivre humilié, insulté, maltraité, avec Marie ma Mère, et Vous dédommager par mon amour!

Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...

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Cinquième station
Le Cyrénéen aide Jésus à porter Sa Croix

O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,

Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.

Jésus s'affaissait de plus en plus sous Son fardeau; les Juifs, qui voulaient le faire mourir sur la Croix, pour mettre le comble à Ses humiliations, sollicitèrent Simon de Cyrène de prendre la Croix de Jésus. Celui ci s'y refusait, et il fallut le contraindre à se charger de cet instrument qui lui paraissait plein d'ignominie: il se soumit, et mérita que Jésus touchât son cœur et le convertît. En Son Sacrement, Jésus appelle les hommes à Lui, et presque personne ne répond à ses invitations: Il les convie à Son Banquet Eucharistique, et l'on a mille prétextes pour refuser de s'y rendre. L'âme ingrate et infidèle refuse la grâce de Jésus-Christ, le don le plus excellent de Son Amour; et Jésus reste seul, abandonné, les mains pleines de grâces dont on ne veut pas: on a peur de son amour! Au lieu des respects qui Lui sont dus, Jésus ne reçoit, la plupart du temps, que des irrévérences. On rougit de le rencontrer dans les rues; on le fuit dès qu'on l'aperçoit; on n'ose pas Lui donner les témoignages extérieurs de sa foi. Divin Sauveur, est-ce possible? Hélas! il n'est que trop vrai, et je sens les reproches que m'adresse ma conscience. Oui, souvent, attaché à ce qui me plaisait, j'ai refusé d'entendre Votre appel; souvent, pour ne pas être obligé de me corriger, j'ai rejeté l'invitation à Votre Table dont Vous m'honoriez dans Votre Amour: je le regrette du fond du cœur. Je comprends qu'il vaut mieux tout laisser que de manquer par sa faute une communion, la plus grande et la plus aimable de Vos grâces. Oubliez le passé, bon Sauveur, et recevez et gardez Vous-même mes résolutions pour l'avenir.


Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...

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Sixième station

Une pieuse femme essuie la Face de Jésus


O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,

Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.


Le Sauveur n'a plus une Face humaine: les bourreaux l'ont couverte de sang, de boue, de crachats! Lui, la splendeur de Dieu, Il est méconnaissable, et, Son Visage Divin est couvert de souillures. La pieuse Véronique brave les soldats: sous les crachats, elle a reconnu son Sauveur et son Dieu, et, mue de compassion, elle essuie ce Visage auguste. Jésus la récompense en imprimant ses traits sur le linge dont elle essuie Sa Face adorable. Divin Jésus, vous êtes bien outragé, bien insulté, bien profané dans Votre adorable Sacrement et où sont les Véroniques compatissantes qui viennent réparer ces abominations? Ah! on est attristé, épouvanté que tant de sacrilèges soient commis si facilement contre le Sacrement auguste: on dirait que Jésus-Christ n'est plus parmi nous qu'un étranger indifférent, méprisable même! Il est vrai qu'Il voile Sa Face sous le nuage d'espèces bien faibles, bien humbles: c'est pour que notre amour y découvre par la Foi ses traits divins. Seigneur, je crois que Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant, et j'adore sous le voile eucharistique Votre Face adorable, pleine de gloire et de majesté; daignez, Seigneur, imprimer Vos traits dans mon cœur, pour que je porte partout avec moi Jésus, et Jésus-Eucharistie.


Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...

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Septième station
Jésus tombe une deuxième fois

O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,

Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.

Malgré l'aide de Simon, Jésus succombe une seconde fois à sa faiblesse: c'est pour Lui l'occasion de nouvelles souffrances; Ses genoux, Ses mains sont déchirés par ces chutes sur un chemin ardu, et les mauvais traitements de ses bourreaux redoublent avec leur rage. Oh! que le secours de l'homme est nul sans celui de Jésus-Christ! et que de chutes se prépare celui qui s'appuie sur les hommes! Que de fois aujourd'hui le Dieu de l'Eucharistie tombe par la communion dans des coeurs lâches et tièdes qui le reçoivent sans préparation, le gardent sans piété, le laissent aller sans un acte d'amour et de reconnaissance! Aussi Jésus reste-t-Il stérile en nous, à cause de notre tiédeur. Qui oserait recevoir un grand de la terre avec aussi peu de soins qu'on reçoit tous les jours le Roi du ciel? Divin Sauveur, je Vous fais amende honorable pour toutes mes communions tièdes et faites sans dévotion. Que de fois déjà Vous êtes venu en moi! Je Vous en remercie, et je veux Vous être fidèle à l'avenir: accordez-moi Votre Amour, il suffit!


Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...

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Huitième station

Jésus console les pieuses femmes désolées

O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,

Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.

C'était la Mission du Sauveur aux jours de Sa vie mortelle, de consoler les affligés et les persécutés. Il veut y être fidèle dans le moment même de Ses plus grandes souffrances; Il s'oublie Lui-même, et essuie les larmes des pieuses femmes qui pleuraient sur ses douleurs et sur sa Passion: quelle Bonté! En Son Divin Sacrement, Jésus n'a presque jamais personne pour le consoler de l'abandon des siens, des crimes dont il est l'objet. Il est là, seul, les jours et les nuits. Ah! si Ses yeux pouvaient pleurer, que de larmes ils répandraient sur l'ingratitude et l'abandon des siens! Si Son Cœur pouvait encore souffrir, quels tourments Il endurerait de Se voir ainsi délaissé, même de ses amis! Malgré cela, dès que nous venons à Lui, Il nous accueille avec Bonté, écoute nos plaintes, le récit souvent bien long et bien égoïste de nos misères, et Il s'oublie Lui-même pour nous consoler, nous refaire. Divin Sauveur, pourquoi ai-je recours si souvent aux consolations des hommes au lieu de m'adresser à Vous? Je sens que cela blesse Votre Cœur jaloux de mon cœur; soyez en Votre Eucharistie mon unique consolation, mon seul confident: une parole, un regard de votre bonté me suffisent. Que je Vous aime de tout mon cœur, et faites de moi tout ce qu'Il vous plaira !


Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...

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Neuvième station

Jésus tombe pour la troisième fois


O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,

Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.

Quelles souffrances dans cette troisième chute de Jésus! Il reste écrasé sous le poids de Sa Croix, et les mauvais traitements de ses bourreaux peuvent à peine le relever. Jésus veut tomber une troisième fois avant d'être élevé sur la Croix, comme pour témoigner qu'Il regrette de ne pouvoir faire le tour de la terre chargé de Sa Croix. Jésus viendra une dernière fois en moi en viatique avant que je quitte, moi aussi, cette terre d'exil. Ah! Seigneur, accordez-moi cette grâce, la plus précieuse de toutes, et le complément de toutes celles de ma vie! Mais que je Vous reçoive bien à cette dernière  communion si pleine d'amour! Quelle chute épouvantable que celle de Jésus tombant, pour la  dernière fois dans le cœur d'un mourant qui, à tous ses péchés passés, ajoute le crime du sacrilège, reçoit indignement Celui qui va le juger, et profane ainsi le viatique de son Salut! En quel  douloureux état doit se trouver Jésus dans un cœur qui le déteste, dans un esprit qui le méprise, dans un corps de péché livré au démon! Hélas! c'est l'enfer de Jésus sur la terre! Mais quel sera le jugement de ces malheureux? On tremble d'y penser. Seigneur, pardon, pardon pour eux: nous Vous prions pour tous les moribonds; accordez-leur de mourir dans Vos bras après Vous avoir bien reçu en viatique.


Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...

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Dixième station

Jésus est dépouillé de Ses vêtements


O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,

Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.

Qu'Il doit souffrir dans ce dépouillement cruel et impitoyable! On Lui arrache ses vêtements collés à Ses Plaies, on les rouvre, on le déchire! Qu'Il doit souffrir dans sa modestie, d'être traité comme on rougirait de le faire d'un misérable et d'un esclave; qui meurent au moins dans le suaire qui doit les ensevelir! Jésus est encore dépouillé de ses vêtements en son état sacramentel. Non content de le voir dépouillé, par Son Amour pour nous, de la gloire de Sa Divinité, de la beauté de Son Humanité, ses ennemis le dépouillent de l'honneur de Son Culte, pillent Ses églises, profanent Ses vases sacrés et Ses Tabernacles, Le jettent à terre: Il est livré à leur merci sacrilège, Lui, le Roi et le Sauveur des hommes, comme au jour de Son crucifiement. En se laissant ainsi dépouiller en l'Eucharistie, Jésus veut nous réduire à l'état de pauvres volontaires, qui ne tiennent plus à rien, pour nous revêtir de Sa vie et de Ses vertus. O Jésus-Eucharistie, soyez mon unique bien!


Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...

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Onzième station
Jésus est cloué sur la Croix


O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,

Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.


Quels tourments que ceux qu'endure Jésus quand on Le crucifie! Sans un miracle de Sa puissance, Il n'eut pu les supporter sans mourir. Mais au Calvaire, Jésus est attaché à un bois innocent et pur:  dans la communion indigne, le pécheur crucifie Jésus en son corps de péché, comme si l'on attachait  un corps vivant à un cadavre en décomposition. Sur le Calvaire, Il est crucifié par ses ennemis déclarés; ici, par ses enfants qui Le crucifient dans l'hypocrisie de la dévotion. Sur le Calvaire, Il n'est crucifié qu'une fois; ici, c'est tous les jours et par des milliers de chrétiens. O Divin Sauveur, je Vous demande pardon des immortifications de mes sens: Vous les expiez bien cruellement! Vous voulez, par Votre Eucharistie, crucifier ma nature, immoler sans cesse le vieil homme, et m'unir à Votre vie crucifiée et ressuscitée: faites, Seigneur, que je me livre tout à Vous sans réserve ni condition.


Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...

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Douzième station

Jésus expire sur la Croix


O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,

Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.


Jésus meurt pour nous racheter; sa dernière grâce est le pardon accordé à ses bourreaux; le dernier don de son amour, sa divine Mère; son dernier désir, la soif de souffrir; son dernier acte, l'abandon de son âme et de sa vie entre les mains de son Père. En la divine Eucharistie, Jésus continue l'amour qu'il me témoigna à sa mort; tous les matins, on s'immole au Saint Sacrifice, et il vient perdre en ceux qui le reçoivent son existence sacramentelle: dans le coeur du pécheur, il meurt pour sa condamnation. De son hostie, il m'offre les grâces de ma rédemption, le prix de mon salut. Mais pour que je puisse y participer, il veut que je meure avec lui et pour lui. Faites-moi cette grâce, Ô mon Dieu, de mourir au péché et à moi-même, et de ne plus vivre que pour vous aimer en votre Eucharistie.


Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...

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Treizième station

Jésus est remis à Sa Mère


O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,

Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.


Jésus est déposé de la Croix et remis à Sa Divine Mère, qui Le reçoit entre Ses bras et sur Son Cœur, et l'offre à Dieu comme la Victime de notre Salut. C'est à nous maintenant d'offrir Jésus Victime à l'Autel et dans nos coeurs, pour nous et pour les nôtres. Il est à nous: Dieu le Père nous le donne; il se donne Lui-même pour que nous le fassions valoir. Quel malheur que ce Prix infini demeure infructueux entre nos mains par suite de notre indifférence! Offrons-Le en union avec Marie, et prions cette Bonne Mère de l'offrir avec nous.


Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...

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Quatorzième station

Jésus est mis dans le Sépulcre


O Christ, nous Vous adorons et nous Vous bénissons,

Parce que Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix.


Jésus veut subir l'humiliation du tombeau, et Il est abandonné à la garde de ses ennemis: Il est encore leur prisonnier. Mais c'est en l'Eucharistie que Jésus est vraiment enseveli; au lieu d'y rester trois jours, il y reste toujours, et c'est nous qu'Il convie à le garder. Il est notre Prisonnier d'Amour. Le corporal l'enveloppe comme un suaire! La lampe brille devant Son Autel comme devant les tombeaux; autour de Lui règne un silence de mort. En venant en notre cœur par la Communion, Jésus veut encore s'ensevelir en nous; préparons Lui une sépulture honorable, neuve, blanche, qui ne soit pas occupée par les affections terrestres; embaumons-le du parfum de nos vertus. Venons, pour ceux qui ne viennent pas, l'honorer, l'adorer en Son Tabernacle, le consoler dans Sa prison, et demandons-Lui la grâce du recueillement et de la mort au monde, pour mener une vie cachée en l'Eucharistie.


Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire...

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Saint Pierre-Julien Eymard

Fondateur de la Congrégation des Pères du Saint-Sacrement et des Servantes du Saint-Sacrement

1811-1868

Saint Pierre-Julien Eymard est né à La Mure, diocèse de Grenoble, le 4 février 1811, de parents de modeste condition, mais très chrétiens. On put comprendre, dès ses premières années, qu'il serait un grand serviteur de l'Eucharistie, car il ressentit de très bonne heure un irrésistible attrait pour le très Saint-Sacrement. Tout jeune, il aimait à visiter l'église, se cachait derrière l'autel, fixait les yeux sur le Tabernacle "pour y prier plus près de Jésus et L'écouter". Être prêtre, monter un jour à l'autel, consacrer et distribuer l'Eucharistie, tel était dès lors le rêve de cet enfant prédestiné. Sa vocation fut longtemps éprouvée par la résistance de son père et par sa mauvaise santé; mais son énergie triompha de tous les obstacles, par le secours de Marie, dont il aimait à visiter les sanctuaires vénérés, surtout celui de Notre-Dame du Laus. Prêtre en 1834, vicaire, puis curé, pendant plusieurs années, il se montra partout un saint et un apôtre. Son amour pour la Sainte Vierge le fit entrer dans la Société de Marie, où il remplit bientôt de hautes fonctions avec toutes les bénédictions de Dieu. Sa Mère céleste lui révéla, à Fourvières, sa vraie vocation, celle de fonder une Congrégation du très Saint-Sacrement. Sa grande foi triompha de toutes les difficultés, et ses oeuvres prospérèrent merveilleusement, pour la gloire de Jésus-Hostie. Épuisé de fatigues, il mourut prématurément le 1er août 1868. On peut dire sans exagération qu'il fut le promoteur, par lui-même et par ses religieux, de toutes les grandes oeuvres eucharistiques de notre temps. Le Pape Pie XI l'a béatifié le 3 août 1925.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints, Tours, Mame, 1950

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1 avril 2010

Semaine Sainte 2010

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Semaine Sainte 2010

La Dernière Cène de Notre Seigneur Jésus-Christ

Extrait des visions de la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

Préparatifs de la Pâque

Jésus étant âgé de trente-trois ans dix-huit semaines moins un jour. C'est hier soir qu'eut lieu le dernier grand repas du Seigneur et de ses amis, dans la maison de Simon le lépreux, à Béthanie, où Marie-Madeleine répandit pour la dernière fois des parfums sur Jésus: Judas se scandalisa à cette occasion; il courut à Jérusalem, et complota encore avec les princes des prêtres pour leur livrer Jésus. Apres le repas, Jésus revint dans la maison de Lazare, et une partie des apôtres se dirigea vers l'auberge située en avant de Béthanie. Dans la nuit, Nicodème vint encore chez Lazare, et s'entretint longtemps avec le Seigneur; il retourna à Jérusalem avant le jour, et Lazare l'accompagna une partie du chemin. Les disciples avaient déjà demandé à Jésus où il voulait manger la Pâque. Aujourd'hui, avant l'aurore, le Seigneur fit venir Pierre, Jacques et Jean : il leur parla beaucoup de tout ce qu'ils avaient à préparer et à ordonner à Jérusalem, et leur dit que, lorsqu'ils monteraient à la montagne de Sion, ils trouveraient l'homme à la cruche d'eau ils connaissaient déjà cet homme, car, à la dernière Pâque, à Béthanie, c'était lui qui avait préparé le repas de Jésus; voilà. pourquoi saint Matthieu dit : un certain homme. Ils devaient le suivre jusqu'à sa maison, et lui dire: " Le maître vous lait savoir que son temps est proche, et qu'il veut faire la Pâque chez vous ". Ils devaient ensuite se faire montrer le Cénacle qui était déjà préparé, et y faire toutes les dispositions nécessaires. Je vis les deux apôtres monter à Jérusalem en suivant un ravin au midi du Temple, vers le côté septentrional de Sion. Sur le flanc méridional de la montagne du temple il y avait des rangées de maisons: ils marchaient vis-à-vis ces maisons an remontant un torrent qui les en séparait Lorsqu'ils eurent atteint les hauteurs de Sion qui dépassent la montagne du Temple, ils se dirigèrent vers le midi, st rencontrèrent, au commencement d'une petite montée, dans le voisinage d'un vieux bâtiment à plusieurs cours, l'homme qui leur avait été désigné : ils le suivirent et lui dirent ce que Jésus leur avait ordonné. Il se réjouit fort à cette nouvelle, et leur répondit qu'un repas avait déjà été commandé chez lui (probablement par Nicodème), qu'il ne savait pas pour qui, et qu'il était charmé d'apprendre que c'était pour Jésus. Cet homme était Héli, beau-frère de Zacharie d'Hébron, dans la maison duquel Jésus, l'année précédente, avait annoncé la mort de Jean-Baptiste. Il n'avait qu'un fils, lequel était lévite, et lié d'amitié avec Luc, avant que celui-ci ne fût venu au Seigneur, et en outre, cinq filles non mariées. Il allait tous les ans à la fête de Pâques avec ses serviteurs, louait une salle et préparait la Pâque pour des personnes qui n'avaient pas d'hôte dans la ville. Cette année, il avait loué un Cénacle, qui appartenait à Nicodème et à Joseph d'Arimathie. Il en montra aux deux apôtres la situation et la distribution intérieure.

Le Cénacle


Sur le côté méridional de la montagne de Sion, non loin du château ruiné de David et du marché qui monte vers ce château du côté du levant, se trouve un ancien et solide bâtiment entre des rangées d'arbres touffus, au milieu d'une cour spacieuse environnée de bons murs. A droite et à gauche de l'entrée, on voit dans cette cour d'autres bâtisses attenant au mur, notamment à droite, la demeure du majordome, et tout auprès, celle où la sainte Vierge et les saintes femmes se tinrent le plus souvent après la mort de Jésus. Le Cénacle, autrefois plus spacieux, avait alors servi d'habitation aux hardis capitaines de David, et ils s'y exerçaient au maniement des armes. Avant la fondation du Temple, l'arche d'alliance y avait été déposée assez longtemps, et il y a encore des traces de son séjour dans un lieu souterrain. J'ai vu aussi le prophète Malachie caché sous ces mêmes voûtes: il y écrivait ses prophéties sur le saint Sacrement et le sacrifice de la Nouvelle Alliance. Salomon honora cette maison, et il y faisait quelque chose de symbolique et de figuratif que j'ai oublié. Lorsqu'une grande partie de Jérusalem fut détruite par les Babyloniens, cette maison fut épargnée. J'ai vu bien d'autres choses à son sujet, mais je n'en ai retenu que ce que je viens de dire. Cet édifice était en très mauvais état lorsqu'il devint la propriété de Nicodème et de Joseph d'Arimathie: ils avaient disposé très commodément le bâtiment principal, qu’ils louaient pour servir de Cénacle aux étrangers que les fêtes de Pâques attiraient à Jérusalem. C'est ainsi que le Seigneur s'en était servi à la dernière Pâque. En outre, la maison et ses dépendances leur servaient, pendant toute l'année, de magasin pour des pierres tumulaires et autres, et d'atelier pour leurs ouvriers: car Joseph d'Arimathie possédait d'excellentes carrières dans sa patrie, et il en faisait venir des blocs de pierre, dont on faisait sous sa direction des tombes, des ornements d'architecture et des colonnes qu'on vendait ensuite. Nicodème prenait part à ce commerce, et lui-même aimait à sculpter dans ses moments de loisir. Il travaillait dans la salle ou dans un souterrain qui était au-dessous, excepté à l'époque des fêtes: ce genre d'occupation l'avait mis en rapport avec Joseph d’Arimathie; ils étaient devenus amis et s'étaient souvent associés dans leurs entreprises. Ce matin, pendant que Pierre et Jean, envoyés de Béthanie par Jésus, s'entretenaient avec l'homme qui avait loué le Cénacle pour cette année, Je vis Nicodème aller et venir dans les bâtiments à gauche de la cour où l'on avait transporté beaucoup de pierres qui obstruaient les abords de la salle à manger. Huit jours auparavant, j'avais vu plusieurs personnes occupées à mettre des pierres de côté, à nettoyer la cour et à préparer le Cénacle pour la célébration de la Pâque ; je pense même qu'il y avait parmi elles des disciples, peut-être Aram et Themeni, les cousins de Joseph d'Arimathie. Le Cénacle proprement dit est à peu près au milieu de la cour, un peu dans le fond; c'est un carré long, entouré d'un rang de colonnes peu élevées, qui, si l'on dégage les intervalles entre les piliers, peut être réuni à la grande salle intérieure, car tout l'édifice est comme à jour et repose sur des colonnes et des piliers ; seulement, dans les temps ordinaires, les passages sont fermés par des entre-deux. La lumière entre par des ouvertures au haut des murs. Sur le devant, on trouve d'abord un vestibule, où conduisent trois entrées; puis on arrive dans la grande salle intérieure, au plafond de laquelle pendent plusieurs lampes: les murs sont ornés pour la fête, jusqu'à moitié de Leur hauteur, de belles nattes ou de tapis, et on a pratique dans le haut une ouverture, où l'on a étendu comme une gaze bleue transparente. Le derrière de cette salle est séparé du reste par un rideau du même genre. Cette division en trois parties donne au Cénacle une ressemblance avec le Temple; on y trouve aussi le parvis, le Saint et le Saint des Saints. C'est dans cette dernière partie que sont déposés, à droite et à gauche, les vêtements et les objets nécessaires à la célébration de la fête. Au milieu est une espèce d'autel. Hors du mur sort un banc de pierre élevé sur trois marches; sa forme est celle d'un triangle rectangle dont la pointe est tronquée; ce doit être la partie supérieure du fourneau où l'on fait rôtir l'agneau pascal, car aujourd'hui, pendant le repas, les marches qui sont autour étaient tout à fait chaudes. Il y a sur le coté une sortie conduisant dans la salle qui est derrière cette pierre saillante. C’est là qu'on descend à l'endroit où l'on allume le feu: on arrive aussi par là à d'autres caveaux voûtés, situés au-dessous de la salle. L'autel ou la pierre saillante renferme divers compartiments, comme des caisses ou des tiroirs à coulisse. Il y a aussi en haut des ouvertures, une espèce de grille en fer, une place pour faire le feu, une autre pour l'éteindre. Je ne puis pas décrire textuellement tout ce qui se trouve là: cela semble être une espèce de foyer pour faire cuire des pains azymes et d'autres gâteaux pour la Pâque, ou encore pour brûler des parfums et certains restes du repas après la fête : c'est comme une cuisine pascale. Au-dessus de ce foyer ou de cet autel se détache de la muraille une sorte de niche en bois : plus haut se trouve une ouverture avec une soupape, probablement pour laisser sortir la fumée. Devant cette niche ou au-dessus je vis l'image d'un agneau pascal: il avait un couteau dans la gorge et il semblait que son sang coulât goutte à goutte sur l'autel; Je ne me souviens plus bien comment cela était fait. Dans la niche de la muraille, sont trois armoires de diverses couleurs qu'on fait tourner comme nos tabernacles pour les ouvrir ou les fermer; j'y vis toutes espèces de vases pour la Pâque et des écuelles rondes; plus tard, le saint Sacrement y reposa. Dans les salles latérales du Cénacle sont des espèces de couches en maçonnerie disposées en. plan incliné, où se trouvent d'épaisses couvertures roulées ensemble, et où l'on peut passer la nuit. Sous tout l'édifice se trouvent de belles caves. L'Arche d'alliance fut déposée autrefois au-dessous de l'endroit même où le foyer a été depuis construit. Sous la maison se trouvent cinq rigoles, qui conduisent les immondices et les eaux sur la pente de la montagne car la maison est située sur un point élevé. J'ai vu précédemment Jésus y guérir et y enseigner : les disciples aussi passaient souvent la nuit dans les salles latérales.

Dispositions pour le repas pascal

Lorsque les apôtres eurent parlé à Héli d'Hébron, celui-ci rentra dans la maison par la cour: pour eux, ils tournèrent à droite et descendirent au nord à travers Sion. Ils passèrent un pont et gagnèrent, par un sentier couvert de broussailles, l'autre côté du ravin qui est en avant du Temple et la rangée de maisons qui se trouve au sud de cet édifice. Là était la maison du vieux Siméon, mort dans le Temple après la présentation du Christ; et ses fils, dont quelques-uns étaient secrètement disciples de Jésus, y logeaient actuellement. Les apôtres parlèrent à l'un d'eux, qui avait un emploi dans le Temple; c'était un homme grand et très brun. Ils allèrent avec lui à l'est du Temple, à travers cette partie d'Ophel par où Jésus était entré dans Jérusalem, le jour des Rameaux, et gagnèrent le marché aux bestiaux, situé dans la partie de la ville qui est au nord du Temple. Je vis dans la partie méridionale de ce marché de petits enclos où de beaux agneaux sautaient sur le gazon comme dans de petits jardins. C'étaient les agneaux de la Pâque qu'on achetait là. Je vis le fils de Siméon entrer dans l'un de ces enclos : les agneaux sautaient après lui et le poussaient avec leurs têtes comme s'ils l'eussent connu. Il en choisit quatre, qui furent portés au Cénacle. Je le vis dans l’après-midi s'occuper, au Cénacle, de la préparation de l’agneau pascal. Je vis Pierre et Jean aller encore dans différents endroits de la ville et commander divers objets. Je les vis aussi devant une porte, au nord de la montagne du Calvaire, dans une maison où logeaient la plupart du temps les disciples de Jésus, et qui appartenait à Séraphia (tel était le nom de celle qui fut appelée depuis Véronique). Pierre et Jean envoyèrent de là quelques disciples au Cénacle et les chargèrent de quelques commissions que j'ai oubliées. Ils entrèrent aussi dans la maison de Séraphia, où ils avaient plusieurs arrangements à prendre. Son mari, membre du conseil, était la plupart du temps hors de chez lui pour ses affaires, et même lorsqu'il était à la maison, elle le voyait peu. C'était une femme à peu prés de l'âge de la sainte Vierge, et depuis longtemps en relation avec la sainte Famille; car lorsque Jésus enfant resta à Jérusalem après la fête, c'était par elle qu'il était nourri. Les deux apôtres prirent là divers objets, qui furent ensuite portés au Cénacle par des disciples, dans des paniers couverts. C'est là aussi qu'on leur donna le calice dont le Seigneur se servit pour l'institution de la sainte Eucharistie.

Du calice de la Sainte Cène

Le calice que les apôtres emportèrent de chez Véronique est un vase merveilleux et mystérieux. Il était resté longtemps dans le Temple, parmi d'autres objets précieux d'une haute antiquité dont on avait oublié l'usage et l'origine. Quelque chose de semblable est arrivé dans l'Eglise chrétienne, où bien des objets sacrés, précieux par leur beauté; leur antiquité, sont tombes dans l'oubli avec le temps. On avait souvent mis au rebut, vendu, ou fait remettre à neuf de vieux vases et de vieux bijoux enfouis dans la poussière du Temple. C'est ainsi que, par la permission de Dieu, ce saint vase, qu'on n'avait jamais pu fondre à cause de sa matière inconnue, avait été trouvé par les prêtres modernes dans le trésor du Temple parmi d'autres objets hors d'usage, puis vendu à des amateurs d'antiquité. Ce calice, acheté par Séraphia avec tout ce qui s'y rattachait, avait déjà servi plusieurs fois à Jésus pour la célébration des fêtes et à dater de ce jour, il devint la propriété constante de la sainte communauté chrétienne. Ce vase n'avait pas toujours été dans son état actuel: je ne me souviens plus quand on avait mis ensemble les diverses pièces dont il se composait maintenant, ni si c'était par l'ordre du Seigneur. Quoi qu'il en soit, on y avait joint une collection portative d'objets accessoires, qui devaient servir pour l’Institution de la sainte Eucharistie. Le grand calice était posé sur un plateau dont on pouvait tirer encore une sorte de tablette, et autour de lui étaient six petits verres. Je ne me souviens plus si la tablette contenait des choses saintes. Dans ce grand calice se trouvait un autre petit vase ; au-dessus un petit plat, puis un couvercle bombé. Dans la pied du calice était assujettie une cuillère qu'on en tirait facilement. Tous ces vases étaient recouverts de beaux linges et renfermés dans une enveloppe en cuir, si je ne me trompe : celle-ci était surmontée d'un bouton. Le grand calice se compose de la coupe et du pied qui doit avoir été ajouté plus tard, car ces deux parties sont d'une matière différente. La coupe présente une masse brunâtre et polie en forme de poire; elle est revêtue d'or, et il y a deux petites anses par où on peut la prendre, car elle est assez pesante. Le pied est d'or vierge artistement travaillé; il est orné dans le bas d'un serpent et d'une petite grappe de raisin, et enrichi de pierres précieuses. Le grand calice est resté dans l'église de Jérusalem, auprès de saint Jacques le Mineur, et je le vois maintenant encore conservé quelque part dans cette ville; il reparaîtra au jour, comme il y est reparu cette lois. D'autres églises se sont partagé les petites coupes qui l'entourent; l'une d'elles est allée à Antioche, une autre à Éphèse: chacune des sept églises a eu la sienne. Elles appartenaient aux patriarches qui y buvaient un breuvage mystérieux, lorsqu'ils recevaient et donnaient la bénédiction, ainsi que je l'ai vu plusieurs fois. Le grand calice était déjà chez Abraham: Melchisédech l'apporta avec lui du pays de Sémiramis dans la terre de Chanaan, lorsqu'il commença quelques établissements au lieu où lut plus tard Jérusalem ; il s'en servit lors du sacrifice où il offrit le pain et le vin en présence d'Abraham, et il le laissa à ce patriarche. Ce vase avait été aussi dans l'arche de Noé. “ Voici des hommes, de beaux hommes qui viennent d'une superbe ville: elle est bâtie à l'antique ; on y adore ce qu'on veut, on y adore même des poissons. Le vieux Noé, avec un pieu sur l'épaule, se tient dans le côté de l'arche ; le bois de construction est rangé tout autour de lui. Non, ce ne sont pas des hommes: ce doit être quelque chose de plus relevé, tant ils sont beaux et sereins; ils apportent à Noé le calice qui, sans doute, a été égaré quelque part. Je ne sais pas comment s'appelle cet endroit. Il y a dans le calice une espèce de grain de blé, mais plus gros que les nôtres ; c'est comme une graine de tournesol ; et il y a aussi une petite branche de vigne. Ils parlent à Noé de sa grande célébrité; ils lui disent de prendre ce calice avec lui, qu'il y a là quelque chose de mystérieux. voyez, il met le grain de blé et la petite branche de vigne dans une pomme jeune qu'il place dans la coupe. Il n'y a point de couvercle au-dessus, car ce qu'il y a mis doit toujours croître en dehors. Le calice est fait d'après un modèle qui, je crois, est sorti de terre quelque part, d'une façon merveilleuse. Il y a là un mystère, mais il est lait sur ce modèle. Ce calice est celui que J'ai vu figurer dans la grande parabole l, à l'endroit où était le buisson ardent. Le grain de froment s’est développé jusqu'à l'époque de Jésus-Christ ”. La Sœur raconta tout ce qu’il vient d'être dit du calice dans un état d'intuition tranquille et voyant devant elle tout ce qu'elle décrivait. Souvent elle semblait lutter contre ce qui se présentait à elle et poussait des exclamations mouvantes. Pendant son récit relatif à Noé, elle était tout absorbée dans sa vision. A la fin, elle poussa un cri d’effroi, regarda autour d'elle et dit: " Ah ! j'ai peur d'être obligée d'entrer dans l'arche ; je vois Noé, et je croyais que les grandes eaux arrivaient ". Plus tard, étant tout à fait revenue à son état naturel, elle dit: " Ceux qui ont apporté le calice à Noé portaient de longs vêtements blancs et ressemblaient aux trois hommes qui vinrent chez Abraham et lui promirent que Sara enfanterait. Il m'a semblé qu'ils enlevaient de la ville quelque chose de saint qui ne devait pas être détruit avec elle et qu'ils le donnaient à Noé. La ville même périt dans le déluge avec tout ce qu'elle contenait. Le calice fut à Babylone, chez des descendants de Noé restés fidèles au vrai Dieu, ils étaient tenus en esclavage par Sémiramis. Melchisédech les conduisit dans la terre de Canaan. et emporta le calice. Je vis qu'il avait une tente près de Babylone, et qu'avant  de les emmener, il y bénit le pain et le leur distribua, sans quoi ils n'auraient pas eu force de le suivre. Ces gens avaient un nom comme Samanéens. Il se servit d'eux et de quelques Chananéens habitant des cavernes, lorsqu'il commença à bâtir sur les collines sauvages où fut depuis Jérusalem ". Il fit des fondations profondes à la place où furent ensuite le Cénacle et le Temple et aussi vers le Calvaire. Il y planta le blé et la vigne. " Après le sacrifice de Melchisédech, le Calice resta chez Abraham. Il alla aussi on Egypte, et Moise en fut possesseur. Il était fait d'une matière singulière, compacte, comme celle d'une cloche, et qui ne semblait pas avoir été travaillée comme les métaux, mais être le produit d'une sorte de végétation. J'ai vu à travers. Jésus seul savait ce que c'était ".

Jésus va à Jérusalem

Le matin, pendant que les deux apôtres s'occupaient, à Jérusalem, des préparatifs de la Pâque, Jésus, qui était resté à Béthanie, fit des adieux touchants aux saintes femmes, à Lazare et à sa mère, et leur donna encore quelques instructions. Je vis le Seigneur s'entretenir seul avec sa mère ; il lui dit, entre autres choses, qu'il avait envoyé Pierre, qui représentait la foi, et Jean, qui représentait l’amour, pour préparer la Pâque à Jérusalem. Il dit de Madeleine, dont la douleur la jetait dans une sorte d'égarement, que son amour était grand, mais encore un peu selon la chair, et qu'à cause de cela, la douleur la mettait hors d'elle-même. Il parla aussi des projets du traître Judas, et la sainte Vierge pria pour lui. Judas était encore allé de Béthanie à Jérusalem, sous prétexte de faire des payements et divers arrangements. Le matin, Jésus s'enquit de lui auprès des neuf apôtres, quoiqu'il sût très bien ce qu'il faisait. Il courut toute la journée chez des Pharisiens, et arrangea tout avec eux. On lui fit même voir les soldats chargés de s'emparer du Sauveur. Il calcula toutes ses allées et venues de manière à pouvoir expliquer son absence. Il ne revint vers le Seigneur que peu de temps avant la Cène. J'ai vu tous ses complots et toutes ses pensées. Lorsque Jésus parla de lui à Marie, je vis beaucoup de choses touchant son caractère. Il était actif et serviable, mais plein d'avarice, d'ambition et d'envie, et il ne luttait pas contre ses passions. Il avait fait de miracles et guéri des malades en l'absence de Jésus. Lorsque le Seigneur annonça à la sainte Vierge ce qui allait arriver, elle le pria, de la manière la plus touchante, de la laisser mourir avec lui. Mais il lui recommanda d'être plus calme dans sa douleur que les autres femmes; il lui dit aussi qu'il ressusciterait, et lui indiqua le lieu où il lui apparaîtrait. Elle ne pleura pas beaucoup, mais elle était profondément triste et plongée dans un recueillement qui avait quelque chose d'effrayant. Le Seigneur la remercia, comme un fils pieux, de tout l'amour qu'elle lui avait porté, et la serra contre son cœur. Il lui dit aussi qu'il ferait spirituellement la Cène avec elle, et lui désigna l'heure où elle la recevrait. Il fit encore à tous de touchants adieux et donna des enseignements sur plusieurs objets. Jésus et les neuf apôtres allèrent, vers midi, de Béthanie à Jérusalem; ils étaient suivis de sept disciples qui, à l'exception de Nathanael et de Silas, étaient de Jérusalem et des environs. Parmi eux étaient Jean Marc et le fils de la pauvre veuve qui le jeudi précédent, avait offert son denier dans le Temple, pendant que Jésus y enseignait. Jésus l'avait pris avec lui depuis peu de jours. Les saintes femmes partirent plus tard. Jésus et sa suite erraient ça et là autour du mont des Oliviers, dans la vallée de Josaphat et jusqu'au Calvaire. Tout en marchant, il ne cessait de les instruire. Il dit, entre autres choses, aux apôtres que jusqu'à présent il leur avait donné son pain et son vin, mais qu’aujourd’hui il voulait leur donner sa chair et son sang, qu'il leur laisserait tout ce qu'il avait. En disant cela, le Seigneur avait une expression si touchante que toute son âme semblait se répandre au dehors, et qu'il paraissait languir d'amour dans l'attente du moment où il se donnerait aux hommes. Ses disciples ne le comprirent pas: ils crurent qu'il s'agissait de l'agneau pascal. On ne saurait exprimer tout ce qu'il y avait d'amour et de résignation dans les derniers discours qu'il tint à Béthanie et ici. Les saintes femmes se rendirent plus tard dans la maison de Marie, mère de Marc. Les sept disciples qui avaient suivi le Seigneur à Jérusalem ne firent point ce chemin avec lui: ils portèrent au Cénacle les habits de cérémonie pour la Pâque, les déposèrent et revinrent dans la maison de Marie, mère de Marc. Lorsque Pierre et Jean vinrent de la maison de Séraphia au Cénacle avec le calice, tous les habits de cérémonie étaient déjà dans le vestibule, où ces disciples et quelques autres les avaient apportés. Ils avaient aussi couvert de tentures les murailles nues de la salle, dégage les ouvertures en haut, et apprêté trois lampes suspendues. Pierre et Jean gagnèrent ensuite la vallée de Josaphat, et appelèrent le Seigneur et les neuf apôtres. Les disciples et les amis qui devaient faire aussi la Pâque dans le Cénacle vinrent plus tard.

Dernière Pâque

Jésus et les siens mangèrent l'agneau pascal dans le Cénacle, divisés en trois troupes de douze, dont chacun, était présidée par l'un d'eux, faisant l'office de père de famille. Jésus prit son repas avec les douze apôtres dans la salle du Cénacle. Nathanaël le prit avec douze autres disciples dans l’une des salles latérales, douze autres avaient à leur tête Eliacim, fils de Cléophas et de Marie d’Héli, et frère de Marie de Cléophas: il avait été disciple de Jean Baptiste. Trois agneaux furent immolés pour eux dans le Temple avec les cérémonies habituelles. Mais il y avait un quatrième agneau, qui fut immolé dans le Cénacle ; c'est celui-là que Jésus manges avec les apôtres. Judas ignora cette circonstance, parce qu'il était occupé de ses complots et n'était pas revenu lors de l'immolation de l'agneau: il vint très peu d'instants avant le repas. L’immolation de l'agneau destiné à Jésus et aux apôtres fut singulièrement touchante : elle eut lieu dans le vestibule du Cénacle avec le concours d'un fils de Siméon, qui était Lévite. Les apôtres et les disciples étaient là, chantant le ils. psaume. Jésus parla d'une nouvelle époque qui commençait; il dit que le sacrifice de Moïse et la figure de l'agneau pascal allaient trouver leur accomplissement: mais que, pour cette raison, l’agneau devait être immolé comme il l’avait été autrefois en Egypte, et qu'ils allaient sortir réellement de la maison de servitude. Les vases et les instruments nécessaires furent apprêtés, an amena un beau petit agneau, orné d'une couronne qui fut envoyée à la sainte Vierge dans le lieu où elle se tenait avec les saintes femmes. L’agneau était attaché le des contre une planche par le milieu du corps, et il me rappela Jésus lié à la colonne et flagellé. Le fils de Siméon tenait la tête de l'agneau : Jésus le piqua au cou avec la pointe d’un couteau qu'il donna au fils de Siméon pour achever l'agneau. Jésus paraissait éprouver de la répugnance à le blesser ; il le fit rapidement, mais avec beaucoup de gravité. Le sang fut recueilli dans un bassin et on apporta une branche d’hysope, que Jésus trempa dans le sang. Ensuite il alla à la porte de la salle, en peignit de sang les deux poteaux et la serrure, et fixa au-dessus de la porte la branche teinte de sang. Il lit ensuite une instruction, et dit, entre autres choses, que l'ange exterminateur passerait outre, qu’ils devaient adorer en ce lieu sans crainte et sans inquiétude lorsqu'il aurait été immolé, lui, le véritable agneau pascal ; qu'un nouveau temps et un nouveau sacrifice allaient commencer, qui dureraient jusqu'à la fin du monde. Ils se rendirent ensuite au bout de la salle, près du foyer où avait été autrefois l'arche d'alliance : il y avait déjà du feu. Jésus versa le sang sur ce foyer. et le consacra comme autel. Le reste du sang et la graisse furent jetés dans le feu sous l’autel. Jésus, suivi de ses apôtres, fit ensuite le tour du Cénacle en chantant des psaumes, et consacra en lui un nouveau Temple. Toutes les portes étaient fermées pendant ce temps. Cependant le fils de Siméon avait entièrement préparé l’agneau. Il l'avait passé dans un pieu : les jambes de devant étaient sur un morceau de bois placé en travers : celles de derrière étaient étendues le long du pieu. Hélas ! il ressemblait a Jésus sur la croix, et il fut mis dans le fourneau pour être rôti avec les trois autres agneaux apportés du temple. Les agneaux de Pâque des Juifs étaient tous immolés dans le vestibule du Temple, et cela en trois endroits : pour les personnes de distinction, pour les petites gens et pour les étrangers. L'agneau pascal de Jésus ne fut pas immole dans le Temple : tout le reste fut rigoureusement conforme a la loi. Jésus tint plus tard un discours à ce sujet, il dit que l'agneau était simplement une figure, que lui-même devait être, le lendemain, l'agneau pascal, et d'autres choses que j'ai oubliées. Lorsque Jésus eut ainsi enseigné sur l'agneau pascal et sa signification, le temps étant venu et Judas étant de retour, on prépara les tables. Les convives mirent les habits de voyage qui se trouvaient dans le vestibule, d'autres chaussures, une robe blanche semblable à une chemise, et un manteau, court par devant et plus long par derrière ; ils relevèrent leurs habits jusqu'à la ceinture, et ils avaient aussi de larges manches retroussées. Chaque troupe alla à la table qui lui était réservée : les deux troupes de disciples dans les salles latérales, le Seigneur et les apôtres dans la salle du Cénacle. Ils prirent des bâtons à la main. et ils se rendirent deux par deux à la table, où ils se tinrent debout à leurs places, appuyant les bâtons à leurs bras et les mains élevées en l'air. Mais Jésus, qui se tenait au milieu de la table, avait reçu du majordome deux petits bâtons un peu recourbés par en haut, semblables à de courtes houlettes de berger. Il y avait à l'un des côtés un appendice formant une fourche, comme une branche coupée. Le Seigneur les mit dans sa ceinture de manière à ce qu'ils se croisassent sur sa poitrine, et en priant il appuya ses bras étendus en haut sur l'appendice fourchu. Dans cette attitude, ses mouvements avaient quelque chose de singulièrement touchant : il semblait que la croix dont il voulait bientôt prendre le poids sur ses épaules dût auparavant leur servir d'appui. Ils chantèrent ainsi : " Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël " ! ou " Loué soit le Seigneur ", etc. Quand la prière fut finie, Jésus donna un des bâtons à Pierre et l'autre à Jean. Ils les mirent de côté ou les firent passer de main en main parmi les saints apôtres. Je ils m'en souviens plus très exactement. La table était étroite et assez haute pour dépasser d'un demi pied les genoux d'un homme debout ; sa forme était celle d'un fer à cheval ; vis-à-vis de Jésus, à l'intérieur du demi cercle, était une place libre pour servir les mets. Autant que je puis m'en souvenir, à la droite de Jésus étaient Jean, Jacques le Majeur et Jacques le Mineur ; au bout de la table, à droite, Barthélémy ; puis, en revenant à l'intérieur, Thomas et Judas Iscariote. A la gauche, Simon, et prés de celui-ci, en revenant, Matthieu et Philippe. Au milieu de la table était l'agneau pascal, dans un plat. Sa tête reposait sur les pieds de devant, mis en croix ; les pieds de derrière étaient étendus, le bord du plat était couvert d'ail. A côté se trouvait un plat avec le rôti de Pâque, puis une assiette avec des légumes verts serrés debout les uns contre les autres, et une seconds assiette, où se trouvaient de petits faisceaux d'herbes amères, semblables à des herbes aromatiques ; puis, encore devant Jésus, un plat avec d'autres herbes d'un vert jaunâtre, et un autre avec une sauce ou breuvage de couleur brune. Les convives avaient devant eux des pains ronds en guise d'assiettes ; ils se servaient de couteaux d'ivoire. Après la prière, le majordome plaça devant Jésus, sur le table, le couteau pour découper l'agneau. Il mit une coupe de vin devant le Seigneur, et remplit six coupes, dont chacune se trouvait entre les deux apôtres. Jésus bénit le vin et le but ; les apôtres buvaient deux dans la même coupe. Le Seigneur découpa l'agneau ; les apôtres présentèrent tour à tour leurs gâteaux ronds et reçurent chacun leur part. Ils la mangèrent très vite, en détachant la chair des os au moyen de leurs couteaux d'ivoire ; les ossements furent ensuite brûlés. Ils mangèrent très vite aussi de l’ail et des herbes vertes qu'ils trempaient dans la sauce. Ils firent tout cela debout, s'appuyant seulement un peu sur le dossier de leurs sièges. Jésus rompit un des pains azymes et en recouvrit une partie : il distribua le reste. Ils mangèrent ensuite aussi leurs gâteaux. On apporta encore une coupe de vin mais Jésus n'en but point : Prenez ce vin, dit-il, et partagez-le entre nous ; car je ne boirai plu, de vin jusqu’à ce que vienne le royaume de Dieu. Lorsqu'us eurent bu, ils chantèrent, puis Jésus pria ou enseigna, et on se lava encore les mains. Alors ils se placèrent sur leurs sièges. Tout ce qui précède s'était fait très vite, les convives restant debout. Seulement vers la fin ils s'étaient un peu appuyés sur les sièges. Le Seigneur découpa encore un agneau, qui fut porté au. : saintes femmes dans l'un des bâtiments de la cour où elles prenaient leur repas. Les apôtres mangèrent encore des légumes et de la laitue avec la sauce. Jésus était extraordinairement recueilli et serein : je ne l'avais jamais vu ainsi. Il dit aux apôtres d'oublier tout ce qu'ils pouvaient avoir de soucis. La sainte Vierge aussi, à la table des femmes, était pleine de sérénité. Lorsque les autres femmes venaient à elle et la tiraient par son voile pour lui parler, elle se retournait avec une simplicité qui me touchait profondément. Au commencement, Jésus s'entretint très affectueusement avec ses apôtres, puis il devint sérieux et mélancolique. “ Un de vous me trahira. dit-il, un de vous dont la main est avec moi à cette table ”. Or, Jésus servait de la laitue, dont il n'y avait qu'un plat, à ceux qui étaient de son côté, et il avait chargé Judas, qui était à peu près en face de lui, de la distribuer de l'autre côté. Lorsque Jésus parla d'un traître, ce qui effraya beaucoup les apôtres, et dit : “ un homme dont la main est à la même table ou au même plat que moi ”,  cela signifiait : “  un des douze qui mangent et qui boivent avec moi, un de ceux avec lesquels je partage mon pain ”. Il ne désigna donc pas clairement Judas aux autres, car mettre la main au même plat était une expression indiquant les relations les plus amicales et les plus intimes. Il voulait pourtant donner un avertissement à Judas, qui, en ce moment même, mettait réellement la main dans le même plat que le Sauveur, pour distribuer de la laitue. Jésus dit encore : “ Le Fis de l'homme s’en va, comme il est écrit de lui ; mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme sera livré : il vaudrait mieux pour lui n'être jamais né. ” Les apôtres étaient tout troublés et lui demandaient tour à tour : “ Seigneur, est-ce moi ” ? car tous savaient bien qu'ils ne comprenaient pas entièrement ses paroles. Pierre se pencha vers Jean par derrière Jésus, et lui fit signe de demander au Seigneur qui c'était ; car, ayant reçu souvent des reproches de Jésus, il tremblait qu'il n'eût voulu le désigner. Or, Jean était à la droits de Jésus et comme tous, s'appuyant sur le bras gauche, mangeaient de la main droite, sa tête était prés de la poitrine de Jésus. Il se pencha donc sur son sein et lui dit : “ Seigneur, qui est-ce ? Alors il fut averti que Jean avait Judas en vue. Je ne vis pas Jésus prononcer ces mots : “ Celui auquel je donne le morceau de pain que j'ai trempé ” ; je ne sais pas s'il le dit tout bas, mais Jean en eut connaissance lorsque Jésus trempa le morceau de pain entouré de laitue, et le présenta affectueusement à Judas, qui demanda aussi : “  Seigneur, est-ce moi ” ? Jésus le regarda avec amour et lui fit une réponse conçue en termes généraux. C'était, chez les Juifs, un signe d'amitié et de confiance. Jésus le fit avec une affection cordiale, pour avertir Judas sans le dénoncer aux autres. Mais celui-ci était intérieurement plein de rage. Je vis, pendant tout le repas, une petite figure hideuse assise à ses pieds, et qui montait quelquefois jusqu'à son coeur. Je ne vis pas Jean redire à Pierre ce qu’on avait appris de Jésus ; mais il le tranquillisa d'un regard.

Le lavement des pieds

ils se levèrent de table, et pendant qu'ils arrangeaient leurs vêtements, comme us avaient coutume de le faire pour la prière solennelle, le majordome entra avec deux serviteurs pour desservir, enlever la table du milieu des sièges qui l'environnaient et la mettre de côté. Quand cela fut fait, il reçut de Jésus l'ordre de faire porter de l'eau dans le vestibule, et il sortit de la salle avec les serviteurs. Alors Jésus, debout au milieu des apôtres, leur parla quelque temps d'un ton solennel. Mais j'ai vu et entendu tant de choses jusqu'à ce moment, qu'il ne m'est pas possible de rapporter avec certitude le contenu de son discours ; je me souviens qu'il parla de son royaume, de son retour vers son père, ajoutant qu'auparavant il leur laisserait tout ce qu'il possédait, etc. Il enseigna aussi sur la pénitence, l'examen et la confession des fautes, le repentir et la justification. Je sentis que cette instruction se rapportait au lavement des pieds, et je vis aussi que tous reconnaissaient leurs péchés. s'en repentaient, à l'exception de Judas. Ce discours fut long et solennel. Lorsqu'il fut terminé, Jésus envoya Jean et Jacques le Mineur chercher l'eau préparée dans le vestibule, et dit aux apôtres de ranger les sièges en demi cercle. Il alla lui-même dans le vestibule, déposa son manteau, se ceignit et mit un linge autour de son corps. Pendant ce temps, les apôtres échangèrent quelques paroles, se demandant quel serait le premier parmi eux ; car le Seigneur leur avait annoncé expressément qu'il allait les quitter et que son royaume était proche, et l'opinion se fortifiait de nouveau chez eux qu'il avait une arrière-pensée secrète, et qu'il voulait parler d'un triomphe terrestre qui éclaterait au dernier moment. Jésus étant dans le vestibule, fit prendre à Jean un bassin et à Jacques une outre pleine d'eau ; puis, le Seigneur ayant versé de l'eau de cette outre dans le bassin, ordonna aux disciples de le suivre dans la salle où le majordome avait placé un autre bassin vide plus grand que le premier. Jésus, entrant d'une manière si humble, reprocha aux apôtres, en peu de mots, la discussion qui s'était élevée entre eux ; il leur dit, entre autres choses, qu'il était lui-même leur serviteur et qu'ils devaient s'asseoir pour qu'il leur lavât les pieds. Ils s’assirent donc dans le même ordre que celui où ils étaient placés à la table, les sièges étant ranges en demi cercle. Jésus allait de l'un à l'autre, et leur versait sur les pieds, avec la main, de l'eau du bassin que tenait Jean ; il prenait ensuite l'extrémité du linge qui le ceignait, et il les essuyait. Jean vidait chaque fois l'eau dont on s'était servi dans le bassin placé au milieu de la salle, et revenait près du Seigneur avec son bassin. Alors Jésus faisait, de nouveau, couler l'eau de l'outre que portait Jacques dans le bassin qui était sous les pieds des apôtres et les essuyait encore. Le Seigneur qui s'était montré singulièrement affectueux pendant tout le repas pascal s'acquitta aussi de ces humbles fonctions avec l’amour le plus touchant. Il ne fit pas cela comme une pure cérémonie, mais comme un acte par lequel s'exprimait la charité la plus cordiale. Lorsqu'il vint à Pierre, celui-ci voulut l'arrêter par humilité et lui dit : “ Quoi ! Seigneur, vous me laveriez les pieds ” ! Le Seigneur lui répondit : “ Tu ne sais pas maintenant ce que je fais, mais tu le sauras par la suite ”. Il me sembla qu'il lui disait en particulier : “  Simon, tu as mérité d'apprendre de mon père qui je suis, d'où je viens et où je vais ; tu l'as seul expressément confessé : c'est pourquoi je bâtirai sur toi mon Eglise, et les portes de  l'enfer ne prévaudront point contre elle.. Ma force doit rester prés de tes successeurs jusqu'à la fin du monde ”. Jésus le montra aux autres apôtres, et leur dit que lorsqu'il n'y serait plus, Pierre devait remplir sa place auprès d'eux. Pierre lui dit : “ Vous ne me laverez jamais les pieds ”. Le Seigneur lui répondit : “ Si je ne te lave pas, tu n'auras  point de part avec moi ”. Alors Pierre lui dit : “ Seigneur, lavez-moi non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête ”. Et Jésus lui répondit : “ Celui qui a déjà été lavé n'a plus besoin que de se laver les pieds : il est pur dans tout le reste. Pour vous aussi vous êtes . purs ; mais non pas tous ”. Il désignait Judas par ces paroles. Il avait parlé du lavement des pieds comme d'une purification des fautes journalières, parce que les pieds, sans cesse en contact avec la terre, s'y salissent incessamment si l'on manque de vigilance. Ce lavement des pieds fut spirituel et comme une espèce d'absolution. Pierre, dans son zèle, n'y vit qu'un abaissement trop grand de son maître : il ne savait pas que Jésus, pour le sauver, s'abaisserait le lendemain jusqu'à la mort ignominieuse de la croix. Lorsque Jésus lava les pieds à Judas, ce fut de la manière la plus touchante et la plus affectueuse : il approcha son visage de ses pieds ; il lui dit tout bas qu'il devait rentrer en lui-même, que depuis un an il était traître et infidèle. Judas semblait ne vouloir pas s'en apercevoir, et adressait la parole à Jean ; Pierre s'en irrita et lui dit : “ Judas, le Maître te parle ” ! Alors Judas dit à Jésus quelque chose de vague, d’évasif, comme : “ Seigneur, à Dieu ne plaise ” ! Les autres n'avaient point remarqué que Jésus s'entretint avec Judas, car il parlait assez bas pour n'être pas entendu d’eux : d’ailleurs ils étaient occupés à remettre leurs chaussures. Rien de toute la passion n'affligea aussi profondément le Sauveur que la trahison de Judas. Jésus lava encore les pieds de Jean et de Jacques. Jacques s'assit et Pierre tint l'outre : puis Jean s'assit et Jacques tint le bassin. Il enseigna ensuite sur l'humilité : il leur dit que celui qui servait les autres était le plus grand de tous, et qu'ils devaient dorénavant se laver humblement les pieds les uns aux autres ; il dit encore, touchant leur discussion sur la prééminence, plusieurs choses qui se trouvent dans l’Evangile : après quoi il remit ses habits. Les apôtres déployèrent leurs vêtements qu'ils avaient relevés pour manger l'agneau pascal.

Institution de la Sainte Eucharistie

Sur l'ordre du Seigneur, le majordome avait de nouveau tressé la table, qu'il avait quelque peu exhaussée ; il la couvrit d'un tapis sur lequel il étendit une couverture rouge, et par-dessus celle-ci une couverture blanche ouvrée à jour. Ayant ensuite replacé la table au milieu de la salle, il mit dessous une urne pleine d'eau et une autre pleine de vin. Pierre et Jean allèrent dans la partie de la salle où se trouvait le foyer de l'agneau pascal pour y prendre le calice qu'ils avaient apporté de chez Séraphia, et qui était dans son enveloppe. Ils le portèrent entre eux deux comme s’ils eussent porté un tabernacle, et le placèrent sur la table devant Jésus. n’y avait là une assiette ovale avec trois pains azymes blancs et minces, qui étaient rayés de lignes régulières ; il y avait trois de ces lignes dans la largeur, et chaque pain était à peu près une fois plus long que large. Ces pains, où Jésus avait déjà fait de légères incisions pour les rompre plus facilement. turent placés sous un linge auprès au demi pain déjà mis de côté par Jésus lors du repas pascal : il y avait aussi un vase d'eau et de vin, et trots boites, l'une d'huile épaisse, l'autre d'huile liquide, et la troisième vide avec une cuiller à spatule. Dès les temps anciens, on avait coutume de partager le pain et de boire au même calice à la fin du repas c'était un signe de fraternité et d'amour usité pour souhaiter la bienvenue et pour prendre congé ; je pense qu'il doit y avoir quelque chose à ce sujet dans l'Ecriture sainte. Jésus, aujourd'hui, éleva à la dignité du plus saint des sacrements cet usage qui n'avait été jusqu'alors qu'un rite symbolique et figuratif. Ceci fut un des griefs portés devant Caiphe par suite de la trahison de Judas : Jésus fut accusé d'avoir ajouté aux cérémonies de la Pâque quelque chose de nouveau : mais Nicodème prouva par les Ecritures que c'était un ancien usage. Jésus était placé entre Pierre et Jean : les portes étaient fermées, tout se faisait avec mystère et solennité. Lorsque le calice fut tiré de son enveloppe, Jésus pria et parla très solennellement. Je vis Jésus leur expliquer la Cène et toute la cérémonie : cela me fit l'effet d'un prêtre qui enseignerait aux autres à dire la sainte Messe. Il retira du plateau sur lequel se trouvaient les vases une tablette à coulisse, prit un linge blanc qui couvrait le calice et l'étendit sur le plateau et la tablette. Je le vis ensuite ôter de dessus le calice une plaque ronde qu'il plaça sur cette même tablette. Puis il retira les pains azymes de dessous le linge qui les couvrait, et les mit devant lui sur cette plaque ou patène. Ces pains, qui avaient la forme d'un carré oblong, dépassaient des deux cotés la patène, dont les bords cependant étaient visibles dans le sens de la largeur Ensuite il rapprocha de lui le calice, en retira un vase plus petit qui s'y trouvait, et plaça à droite et à gauche les six petits verres dont il était entouré. Alors il bénit le pain, et aussi les huiles, à ce que je crois : il éleva dans ses deux mains la patène avec les pains azymes, leva les yeux, pria, offrit, remit de nouveau la patène sur la table et la recouvrit. Il prit ensuite le calice, y fit verser le vin par Pierre, et l'eau qu'il bénit auparavant, par Jean, et y ajouta encore un peu d'eau qu'il versa dans une petite cuiller : alors il bénit le calice, l'éleva en pliant, en fit l'offrande et le replaça sur la table. Jean et Pierre lui versèrent de l'eau sur les mains au-dessus de l'assiette où les pains azymes avaient été placés précédemment : il prit avec la cuiller, tirée du pied du calice, un peu de l'eau qui avait été versée sur ses mains, et qu'il répandit sur les leurs ; puis l'assiette passa autour de la table, et tous s'y lavèrent les mains. Je ne me souviens pas si tel fut l'ordre exact des cérémonies : ce que je sais, c'est que tout me rappela d'une manière frappante le saint sacrifice de la Messe et me toucha profondément. Cependant Jésus devenait de plus en plus affectueux ; il leur dit qu'il allait leur donner tout ce qu'il avait, c’est-à-dire lui-même : c'était comme s'il se fût répandu tout entier dans l'amour. Je le vis devenir transparent ; il ressemblait à une ombre lumineuse. se recueillant dans une ardente prière, il rompit le pain en plusieurs morceaux, qu'il entassa sur la patène en forme de pyramide ; puis, du bout des doigts, il prit un peu du premier morceau, qu'il laissa tomber dans le calice. Au moment où il faisait cela, il me sembla voir la sainte Vierge recevoir le sacrement d'une manière spirituelle, quoiqu’elle ne fût point présente là. Je ne sais comment cela se fit, mais je crus la voir qui entrait sans toucher la terre, et venait en face du Seigneur recevoir la sainte Eucharistie, puis je ne la vis plus, Jésus lui avait dit le matin, à Béthanie, qu'il célébrerait la Pâque avec elle d'une manière spirituelle, et il lui avait indiqué l’heure où elle devait se mettre en prière pour la recevoir en esprit. Il pria et enseigna encore : toutes ses paroles sortaient de sa bouche comme du feu et de la lumière, et entraient dans les apôtres, à l'exception de Judas. Il prit la patène avec les morceaux de pain (je ne sais plus bien s'il l'avait placée sur le calice, et dit : “Prenez et mangez, ceci est mon corps, qui est donné pour vous ”. En même temps, il étendit sa main droite comme pour bénir, et, pendant qu'il faisait cela, une splendeur sortit de lui ; ses paroles étaient lumineuses : le pain l'était aussi et se précipitait dans la bouche des apôtres comme un corps brillant : c'était comme si lui-même fût entré en eux. Je les vis tous pénétrés de lumière. Judas seul était ténébreux. Il présenta d'abord le pain à Pierre, puis à Jean: ensuite il fit signe à Judas de s'approcher ; celui-ci fut le troisième auquel il présenta le sacrement, mais ce fut comme si la parole du Sauveur se détournait de la bouche du traître et revenait à lui. J'étais tellement troublée, que je ne puis rendre les sentiments que j'éprouvais. Jésus lui dit : “ Fais vite ce que tu veux faire ”. Il donna ensuite le sacrement au reste des apôtres, qui s'approchèrent deux à deux, tenant tour à tour l'un devant l'autre, un petit voile empesé et brodé sur les bords qui avait servi à recouvrir le calice. Jésus éleva le calice par ses deux anses jusqu'à la hauteur de son visage, et prononça les paroles de la consécration : pendant qu'il le faisait, il était tout transfiguré et comme' transparent ; il semblait qu'il passât tout entier dans ce qu'il allait leur donner. Il fit boire Pierre et Jean dans le calice qu'il tenait à le main, et le remit sur la table. Jean, à l'aide de la petite cuiller, versa le sang divin du calice dans les petits vases, et Pierre les présenta aux apôtres, qui burent deux dans la même coupe. Je crois, mais sans en être bien sure, que Judas prit aussi sa part du calice, il ne revint pas à sa place, mais sortit aussitôt du Cénacle les autres crurent, comme Jésus lui avait fait un signe, qu'il l'avait charge de quelque affaire. Il se retira sans prier et sans rendre grâces, et vous pouvez voir par là combien l'on a tort de se retirer sans actions de grâces après le pain quotidien et après le pain éternel. Pendant tout le repas, j'avais vu prés de Judas une hideuse petite figure rouge, qui avait un pied comme un os desséché, et qui quelquefois montait jusqu’à son cœur ; lorsqu'il fut devant la porte, je vis trois démons autour de lui : l'un entra dans sa bouche, l'autre le poussait, le troisième courait devant lui. Il était nuit, et on aurait cru qu'ils l'éclairaient ; pour lui, il courait comme un insensé. Le Seigneur versa dans le petit vase dont J'ai déjà parlé un reste du sang divin qui se trouvait au fond du calice. puis il plaça ses doigts au-dessus du calice, et y fit verser encore de l'eau et du vin par Pierre et Jean. Cela fait, il les fit boire encore dans le calice, et le reste, versé dans les coupes, fut distribué aux autres apôtres. Ensuite Jésus essuya le calice, y mit le petit vase où était le reste du sang divin, plaça au-dessus la patène avec les fragments du pain consacré, puis remit le couvercle, enveloppa le calice et le replaça au milieu des six petites coupes. Je vis, après la résurrection, les apôtres communier avec le reste du saint Sacrement. Je ne me souviens pas d'avoir vu que le Seigneur ait lui-même mangé et bu le pain et le vin consacrés, à moins qu'il ne l'ait fait sans que je m'en sois aperçue. En donnant l’Eucharistie, il se donna de telle sorte qu'il m'apparut comme sorti de lui-même et répandu au dehors dans une effusion d'amour miséricordieux. C'est quelque chose qui ne peut s'exprimer. Je n'ai pas vu non plus que Melchisédech lorsqu'il offrit le pain et le vin. y ait goûté lui-même. J'ai su pourquoi les prêtres y participent, quoique Jésus ne l'ait point fait. Pendant qu'elle parlait, elle regarda tout à coup autour d'elle comme si elle écoutait. Elle reçut une explication dont elle ne put communiquer que ceci : “  Si les anges l'avaient distribué, ils n'y auraient point participé ; si les prêtres n'y participaient pas, l'Eucharistie se serait perdue : c'est par là qu'elle se conserve ”. Il y eut quelque chose de très régulier et de très solennel dans les cérémonies dont Jésus accompagna l'institution de la sainte Eucharistie, quoique ce fussent en même temps des enseignements et des leçons. Aussi je vis les apôtres noter ensuite certaines choses sur les petits rouleaux qu'ils portaient avec eux. Tous ses mouvements à droite et à Fauche étaient solennels comme toujours lorsqu'il priait. Tout montrait en germe le saint sacrifice de la Messe. Pendant la cérémonie, je vis les apôtres, à diverses reprises, s'incliner l'un devant l'autre, comme font nos prêtres.

Instructions secrètes et conspirations

Jésus fit encore une instruction secrète. Il leur dit comment ils devaient conserver le saint Sacrement en mémoire de lui jusqu’à la fin du monde ; il leur enseigna quelles étaient les formes essentielles pour en faire usage et le communiquer, et de quelle manière ils devaient, par degrés, enseigner et publier ce mystère, il leur apprit quand ils devaient manger le reste des espèces consacrées, quand ils devaient en donner à la sainte Vierge, et comment ils devaient consacrer eux-mêmes lorsqu'il leur aurait envoyé le Consolateur. Il leur parla ensuite du sacerdoce, de l'onction, de la préparation du saint Chrême et des saintes huiles (1). Il y avait là trois boites, dont deux contenaient un mélange d'huile et de baume, et qu'on pouvait mettre l'une sur l’autre, il y avait aussi du coton prés du calice. Il leur enseigna à ce sujet plusieurs mystères, leur dit comment il fallait préparer le saint Chrême, à quelles parties du corps il fallait l'appliquer, et dans quelles occasions. Je me souviens, entre autres choses, qu'il mentionna un cas où la sainte Eucharistie n'était plus applicable : peut-être cela se rapportait-il à l’Extrême Onction ; mes souvenirs sur ce point ne sont pas très clairs. Il parla de diverses onctions, notamment de celle des rois, et dit que les rois, même injustes, qui étaient sacrées, tiraient de là une force intérieure et mystérieuse qui n'était pas donnée aux autres. Il mit de l’onguent et de l'huile dans la boite vide, et en fit un mélange. Je ne sais pas positivement si c'est dans ce moment, ou lors de la consécration du pain, qu'il bénit l'huile. Je vis ensuite Jésus oindre Pierre et Jean, sur les mains desquels il avait déjà, lors de l'institution du saint Sacrement, versé l’eau qui avait coule sur les siennes, et auxquels il avait donné à boire dans le calice. Puis, du milieu de la table, s'avançant un peu sur le côté, il leur imposa les mains, d'abord sur les épaules et ensuite sur la tête. Pour eux, ils joignirent leurs mains et mirent leurs pouces en croix, ils se courbèrent profondément devant lui, peut-être s'agenouillèrent-ils. Il leur oignit le pouce et l'index de chaque main, et leur fit une croix sur la tête avec le Chrême. Il dit aussi que cela leur resterait jusqu'à la fin du monde. Jacques le Mineur, André, Jacques le Majeur et Barthélémy reçurent aussi une consécration. Je vis aussi qu'il mit en croix, sur la poitrine de Pierre, une sorte d’étole qu'on portait autour du cou, tandis qu'il la passa en sautoir aux autres, de l'épaule droite au côté gauche. Je ne sais pas bien si ceci se fit lors de l'institution du saint Sacrement ou seulement lors de l'onction. Je vis que Jésus leur communiquait par cette onction quelque chose d’essentiel et de surnaturel que je ne saurais exprimer. Il leur dit que, lorsqu’ils auraient reçu le Saint Esprit, ils consacreraient le pain et le vin et donneraient l'onction aux autres apôtres. Il me fut montré ici qu'au jour de la Pentecôte, avant le grand baptême, Pierre et Jean imposèrent les mains aux autres apôtres, et qu'ils les imposèrent à plusieurs disciples huit jours plus tard. Jean, après la résurrection, administra pour la première fois le saint Sacrement à la sainte Vierge. Cette circonstance fut fêtée parmi les apôtres. L'Eglise n'a plus cette fête ; mais je la vois célébrer dans l'Eglise triomphante. Les premiers jours qui suivirent la Pentecôte, je vis Pierre et Jean seuls consacrer la sainte Eucharistie ; plus tard, d'autres consacrèrent aussi. Le Seigneur consacra encore du feu dans un vase d'airain ; il resta toujours allumé par la suite, même pendant de longues absences ; il lut conservé à côté de l'endroit où était déposé le saint Sacrement, dans une partie de l'ancien foyer pascal, et on l'y alla toujours prendre pour des usages spirituels. Tout ce que Jésus fit lors de l'institution de la sainte Eucharistie et de l'onction des apôtres se passa très secrètement, et ne fut aussi enseigné qu'en secret. L'Eglise en a conservé l'essentiel en le développant sous l'inspiration du Saint Esprit pour l'accommoder à ses besoins. Les apôtres assistèrent le Seigneur lors de la préparation et de la consécration du saint Chrême, et lorsque Jésus les oignit et leur imposa les mains, cela se fit d'une façon solennelle. Pierre et Jean furent-ils consacrés tous deux comme évêques, ou seulement Pierre comme évêque et Jean comme prêtre? Quelle fut l'élévation en dignité des quatre autres ? C'est ce que je ne saurais dire. La manière différente dont le Seigneur plaça l'étole des apôtres semble se rapporter à des degrés différents de consécration. Quand ces saintes cérémonies turent terminées, le calice prés duquel se trouvait aussi le saint Chrême fut recouvert et le saint Sacrement fut porta par Pierre et Jean dans la derrière de la salle, qui était séparé du reste par un rideau et qui fut désormais la sanctuaire. Le lieu où reposait le saint Sacrement n'était pas tort élevé au-dessus du fourneau pascal. Joseph d'Arimathie et Nicodème prisent soin du sanctuaire et du Cénacle pendant l'absence des Apôtres. Jésus fit encore une longue instruction et pria plusieurs fois. Souvent il semblait converser avec son Père céleste : il était plein d'enthousiasme et d'amour. Les apôtres aussi étaient remplis d'allégresse et de zèle, et lui faisaient différentes questions auxquelles il répondait. Tout cela doit être en grande partie dans l'Ecriture sainte. Il dit à Pierre et à Jean qui étaient assis la plus près de lui différentes choses qu’ils devaient communiquer plus tard, comme complément d’enseignements antérieurs, aux autres apôtres, et ceux-ci aux disciples et aux saintes femmes, selon la mesure de leur maturité pour de semblables connaissances. Il eut un entretien particulier avec Jean ; je me rappelle seulement qu'il lui dit que sa vie serait plus longue que celle des autres. Il lui parla aussi de sept Eglises, de couronnes, d'anges. et lui fit connaître plusieurs figures d'un sens profond et mystérieux qui désignaient, à ce que je crois, certaines époques. Les autres apôtres ressentirent, à l'occasion de cette confidence particulière, un léger mouvement de jalousie. Il parla aussi de celui qui le trahissait. “ Maintenant il fait ceci ou cela ”, disait-il ; et je voyais, en effet, Judas faire ce qu'il disait. Comme Pierre assurait avec beaucoup de chaleur qu'il resterait toujours fidèlement auprès de lui, Jésus lui dit : “ Simon, Simon, Satan vous a demandé pour vous cribler comme du froment ; mais j'ai prié pour toi, afin que la foi ne défaille point. ” Quand une fois tu seras converti, confirme tes frères. “Comme il disait encore qu'ils ne pouvaient pas le suivre où il allait, Pierre dit qu'il le suivrait jusqu'à la mort, et Jésus répondit : “  En vérité, avant que le coq n'ait chanté trois fois, tu me renieras trois fois ”. Comme il leur annonçait les temps difficiles qui allaient venir, il leur dit : “ Quand je vous ai envoyés, sans sac, sans bourse, sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose ” ? “  Non ”, répondirent-ils. “ Maintenant ”, reprit-il, “ que celui qui a un sac et une bourse les prenne. Que celui qui n'a rien vende sa robe pour acheter une épée, car on va voir l'accomplissement de cette prophétie : il a été mis au rang des malfaiteurs. Tout ce qui a  été écrit de moi va s'accomplir ”. Les apôtres n'entendirent tout ceci que d'une façon charnelle, et Pierre lui montra deux épées, elles étaient courtes et larges comme des couperets. Jésus dit : “ C'est assez, sortons d'ici ”. Alors ils chantèrent le chant d'actions de grâces, la table fut mise de côté, et ils allèrent dans le vestibule. Là, Jésus rencontra sa mère Marie, fille de Cléophas. et Madeleine, qui le supplièrent instamment de ne pas aller sur le mont des Oliviers ; car le bruit s'était répandu qu'on voulait s'emparer de lui. Mais Jésus les consola en peu de paroles et passa rapidement : il pouvait être 9 heures. Ils redescendirent à grands pas le chemin par où Pierre et Jean étaient venus au Cénacle, et se dirigèrent vers le mont des Oliviers. J'ai toujours vu ainsi la Pâque et l'institution de la sainte Eucharistie. Mais mon émotion était autrefois si grande que mes perceptions ne pouvaient être bien distinctes : maintenant je l'ai vue avec plus de netteté. C'est une fatigue et une peine que rien ne peut rendre. On aperçoit l'intérieur des coeurs, on voit l'amour sincère et cordial du Sauveur, et l'on sait tout ce qui va arriver. Comment serait-il possible alors d'observer exactement tout ce qui n'est qu’extérieur : on est plein d'admiration, de reconnaissance et d'amour : on ne peut comprendre l'aveuglement des hommes ; on pense avec douleur à l'ingratitude du monde entier et à ses propres péchés. Le repas pascal de Jésus se fit rapidement, et tout y fut conforme aux prescriptions légales. Les Pharisiens y ajoutaient ça et là quelques observances minutieuses.

Coup d'oeil sur Melchisédech

Lorsque Notre-Seigneur Jésus-Christ prit le calice lors de l'institution de la sainte Eucharistie, j’eus uns autre vision qui se rapportait à l'Ancien Testament. Je vis Abraham agenouille devant un autel ; dans le lointain étaient des guerriers avec des bêtes de somme et des chameaux : un homme majestueux s'avança prés d'Abraham et plaça sur l'autel le même calice dont Jésus se servit plus tard. Je vis que cet homme avait comme des ailes aux épaules ; il ne les avait pas réellement ; mais c'était un signe pour m'indiquer qu'un ange était devant mes yeux. C'est la première fois que j'ai vu des ailes à un ange. Ce personnage était Melchisédech Derrière l'autel d'Abraham, montaient trois nuages de fumée : celui du milieu s'élevait assez haut ; les autres étaient plus bas. Je vis ensuite deux rangs de figures se terminant à Jésus. David et Salomon s'y trouvaient. (Etait-ce la suite des possesseurs du calice, des sacrificateurs, ou des ancêtres de Jésus ? la Sœur a oublié de le dire.) Je vis des noms au-dessus de Melchisédech, d'Abraham et de quelques rois. Puis je revins à Jésus et au calice. Le 3 avril 1821, elle dit, étant en extase : “ Le sacrifice de Melchisédech eut lieu dans la vallée de Josaphat, sur une hauteur. Je ne puis maintenant retrouver l'endroit ”. Melchisédech avait déjà le calice. Je vis qu'Abraham devait savoir d'avance qu'il viendrait sacrifier ; car il avait élevé un bel autel, au-dessus duquel était comme une tente de feuillage. Il y avait aussi une sorte de tabernacle où Melchisédech plaça le calice. Les vases où l'on buvait semblaient être de pierres précieuses. Il y avait un trou sur l'autel, probablement pour le sacrifice. Abraham avait amené un superbe troupeau. Lorsque ce patriarche avait reçu le mystère de la promesse, il lui avait été révélé que le prêtre du Très-Haut célébrerait devant lui le sacrifice qui devait être institué par le Messie et durer éternellement. C'est pourquoi, lorsque Melchisédech fit annoncer son arrivée par deux coureurs dont il se servait souvent, Abraham l'attendit avec une crainte respectueuse, et éleva l’autel et la tente de feuillage. Je vis qu'Abraham plaça sur l'autel, comme il le faisait toujours en sacrifiant, quelques ossements d'Adam ; Noé les avait gardés dans l'arche. L'un et l'autre priaient Dieu d'accomplir la promesse qu'il avait faite à ces os, et qui n'était autre que le Messie. Abraham désirait vivement la bénédiction de Melchisédech. La plaine était couverte d'hommes, de bêtes de somme et de bagages. Le roi de Sodome était avec Abraham sous la tante. Melchisédech vint d'un lieu qui fut depuis Jérusalem ; il y avait abattu une forêt et jeté les fondements de quelques édifices ; un bâtiment semi-circulaire était à moitié achevé et un palais était commencé. Il vint avec une bête de somme grise, ce n'était pas un chameau, ce n'était pas non plus notre âne ; cet animal avait le cou large et court. Il était très léger à la course, il portait d'un côté un grand vaisseau plein de vin et de l'autre une caisse où se trouvaient des pains aplatis et différents vases. Les vases, en forme de petits tonneaux, étaient transparents comme des pierres précieuses. Abraham vint à la rencontre de Melchisédech. Je vis celui-ci entrer dans la tente derrière l'autel, offrir le pain et le vin en les élevant dans ses mains, les bénir et les distribuer : il y avait dans cette cérémonie quelque chose de la sainte Messe. Abraham reçut un pain plus blanc que les autres, et but du calice qui servit ensuite à la Cène de Jésus, et qui n'avait pas encore de pied. Les plus distingués d'entre les assistants distribuèrent ensuite au peuple qui les entourait du vin et des morceaux de pain. Il n'y eut pas de consécration : les anges ne peuvent pas consacrer. Mais les oblations furent bénies, et je les vis reluire. Tous ceux qui en mangèrent furent fortifiés et élevés vers Dieu, Abraham fut aussi béni par Melchisédech : je vis que c'était une figure de l'ordination des prêtres. Abraham avait déjà reçu la promesse que le Messie sortirait de sa chair et de son sang. Il me fut enseigné. plusieurs fois que Melchisédech lui avait lait connaître ces paroles prophétiques sur le Messie et son sacrifice: “  Le Seigneur a dit à mon Seigneur, asseyez-vous à ma droite jusqu'à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marchepied. Le Seigneur l'a juré et ne s'en repentira pas. Vous êtes prêtre dans l'éternité selon l'ordre de Melchisédech. ” Je vis aussi que David. Lorsqu'il écrivit ces paroles, eut une vision de la bénédiction donnée par Melchisédech à Abraham. Abraham, ayant reçu le pain et le vin, prophétisa et parla par avance de Moise, des lévites, et de ce que le premier donna à ceux-ci en partage. Je ne sais pas si Abraham offrit aussi lui-même ce sacrifice. Je le vis ensuite donner la dîme de ses troupeaux et de ses trésors; j'ignore ce que Melchisédech en fit ; je crois qu'il la distribua. Melchisédech ne paraissait pas vieux; il était svelte, grand, plein d'une douce majesté ; il avait un long vêtement, plus blanc qu'aucun vêtement que j'aie jamais vu : le vêtement blanc d'Abraham paraissait terne à côté. Lors du sacrifice. Il mit une ceinture où étaient brodés quelques caractères, et une coiffure blanche semblable à celle que portèrent plus tard les prêtres. Sa longue chevelure était d'un blond clair et brillanta comme de la soie ; il avait une barbe blanche, courte et pointue, son visage était resplendissant. Tout le monde le traitait avec respect; sa présence répandait partout la vénération et un calme majestueux. Il me fut dit que c'était un ange sacerdotal et un messager de Dieu. Il était envoyé pour établir diverses institutions religieuses. Il conduisait les peuples, déplaçait les races, fondait les villes. Je l'ai vu en divers lieux avant le temps d'Abraham. Ensuite je ne l'ai plus revu.

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