Le Mois de l'Enfant Jésus
Le Mois de l'Enfant Jésus
Dernier jour
Perpétuelle occupation de l'âme chrétienne
« Sa mère conservait dans son cœur le souvenir de toutes ces choses ». (Luc 2:51) A la naissance de Jésus, lorsque ce Verbe incarné ne s'exprimait encore que par ses pleurs, Marie recueillait avec une joie mêlée de respect les louanges et les bénédictions dont il était l'objet, et elle les méditait dans le fond de son cœur. Mais depuis qu'il a commencé lui-même à se faire entendre, depuis surtout qu'au milieu des docteurs il a laissé entrevoir les trésors de science et de sagesse qui étaient en lui, elle l'écoute avec une sainte avidité, elle se nourrit des paroles de vie qui sortent de sa bouche, elle conserve dans son âme avec un soin religieux tout ce qu'elle a vu de ce cher Fils; les mystères de son Enfance deviennent son plus doux entretien, et seront sa perpétuelle occupation jusqu'à ce qu'elle lui soit réunie dans le ciel. En êtes-vous assez touché pour éprouver le besoin d'y ramener vos pensées et vos affections au delà des jours plus particulièrement consacrés à en retracer et à en célébrer la mémoire? Ah! pour peu que l'onction de la grâce dont ils sont tout pleins ait pénétré votre âme, ils devront être fréquemment l'objet de vos contemplations, puisque, indépendamment de la douceur qui y est attachée, 1° ils éclairent, 2° ils consolent, 3° ils attirent à l'amour de Jésus-Christ.
Ils éclairent
Les mystères de la sainte Enfance portent dans l'âme une douce lumière qui invite à les contempler de plus près. La divine Majesté cachée sous le voile aimable de l'enfance, loin d'intimider la faiblesse, l'attire et l'encourage. Qui pourrait craindre de s'approcher d'un Enfant couché dans une crèche et versant des pleurs ? Et comme s'approcher de lui, c'est s'approcher de la lumière et de la vérité, se tenir près de lui, l'interroger avec simplicité, l'embrasser avec une respectueuse tendresse, c'est être entré dans le dessein de ce Verbe adorable, qui ne s'est fait homme que pour nous donner accès auprès du Père, et qui ne s'est fait enfant que pour que nous eussions plus facilement accès auprès de lui. Mais de plus, pouvait-il mieux nous faire connaître la grandeur de Dieu, le néant des grandeurs humaines, qu'en descendant lui-même à l'état de l'Enfance? Comment pouvait-il plus fortement et plus doucement tout ensemble nous attirer à l'humilité, à la pauvreté, à l'obéissance, à l'abnégation, à la pratique de toutes les vertus, qu'en enchaînant dans les langes et l'infirmité du premier âge sa grandeur, sa sagesse et sa souveraine indépendance. O mon âme! au spectacle d'un Dieu anéanti à ce point, les maximes de l'Évangile te semblent elles encore trop rigoureuses ou sa morale impraticable? Quand Jésus-Christ appelle ses disciples à la pauvreté, à l'humilité,à la pénitence et aux larmes, n'est-ce pas du sein même de l'indigence et de la plus profonde obscurité qu'il les y appelle, n'est-ce pas éprouvé lui-même dès son entrée dans la vie par l'affliction et la souffrance? Ne s'y est-il pas volontairement condamné? Demande-t-il quelque sacrifice auquel il ne se soit soumis le premier? Et lorsqu'à tous les droits qu'il a acquis sur nous il ajoute l'autorité irrécusable de ses exemples, n'est-il pas fondé a nous dire: Le disciple n'est pas plus que son maître, ni l'esclave plus que son Seigneur. Et cependant je veux trouver la bienveillance, l'estime, la considération: j'ai horreur de l'obscurité, du mépris et de l'abandon. Si j'ai passagèrement à les supporter, j'en souffre, je me plains; j'accuse les hommes de dureté ou d'injustice; je me dis chrétien, et je ne sais pas me contenter du nécessaire, il faut que j'y ajoute l'aisance, et je m'imagine que je manque de tout, si je ne jouis de tout ce qui rend l'existence agréable et commode. O humilité d'un Dieu Enfant! O pauvreté de Bethléem! O sainte obscurité de Nazareth! Instruisez-moi, corrigez-moi,éclairez mon cœur, apprenez-moi, rappelez-moi souvent de quel maître je suis le disciple et quel est le Dieu que j'adore.
Ils consolent
Qu'est-ce qui nous rend les chagrins et les peines de cette vie si douloureux et souvent même insupportables? C'est sans contredit le défaut de foi, qui nous empêche de les regarder comme des épreuves, et de les recevoir de la main de Dieu comme des moyens de sanctification. Puisqu'en effet tous les Saints ont passé par la voie des tribulations pour arriver à la vie bienheureuse, et qu'il a fallu que le Christ souffrit et qu'il entrât ainsi dans sa gloire, il n'y a pas d'autre voie pour y arriver que la voie royale de la sainte croix. Mais parce que ces hautes vérités entrent toutes plus ou moins difficilement dans nos esprits, et que surtout elles trouvent une vive opposition dans les passions qui nous dominent, Jésus-Christ a voulu les rendre intelligibles à nos esprits et à nos cœurs par les mystères de sa divine Enfance, et par eux adoucir toutes les amertumes de la vie. En effet, sont-ce les humiliations, les rebuts, la dureté des hommes qui exercent votre patience? voyez l'Enfant Jésus à Bethléem. Est-ce la pauvreté, le dénuement et l'abandon? contemplez l'étable où il est né. Est-ce la persécution, le danger, l'exil? suivez-le dans sa fuite précipitée dans une terre étrangère, au milieu d'une nation idolâtre. Est-ce l'assujettissement et la dépendance? observez avec quelle ponctuelle docilité il obéit à l'édit de César, à l'avertissement de l'ange, au précepte de la loi, à la volonté de ses parents. Est-ce l'obscurité de votre condition, les fatigues de votre état, l'obligation de pourvoir par un pénible travail à votre subsistance ou au soutien de votre famille? allez à Nazareth, arrêtez-vous quelques moments dans cette humble et obscure retraite, qui fut pendant une si longue suite d'années celle du Créateur du ciel et de la terre. O adorable Enfant! que votre miséricorde envers nous a été immense! A combien de titres vous méritez d'être appelé notre Libérateur et notre Sauveur, puisque non-seulement vous nous avez délivrés du péché, et sauvés de la mort à laquelle nous étions condamnés, mais que vous nous délivrez même du poids accablant de nos peines, si nous sommes fidèles à vous en demander le soulagement, et à le chercher dans la contemplation des mystères de votre divine Enfance! Ah! la pauvreté ne me paraît plus si triste depuis que je vous contemple sur cette paille qui vous reçut à votre naissance. Comment pourrai-je me plaindre de l'abandon de mes amis, de l'oubli ou de l'insensibilité de mes proches, lorsque, dans la ville même de vos aïeux, vous êtes réduit à chercher un asile dans une hôtellerie, et que vous ne pouvez l'obtenir. En vous voyant fugitif, persécuté, banni, mon cœur s'affermit contre toutes les craintes; il me semble que je comprends ce que je n'avais pas bien compris jusqu'à ce jour, que toute la terre est au Seigneur, et que partout on peut le trouver, le servir et l'aimer. En appliquant à un métier obscur ces mains qui tendent les cieux, et les roulent comme un vêtement, vous avez divinisé le travail, sanctifié, consacré et béni par vos sueurs les fatigues et les larmes du pauvre.
Ils attirent à l'amour de Jésus Christ
Le Psalmiste, ravi d'admiration à la pensée de la grandeur de Dieu et de la magnificence qu'il doit déployer aux yeux des Élus dans la Cité sainte, s'écrie: Le Seigneur est grand et digne de toute louange. Mais saint Bernard, rappelé par sa tendre piété au souvenir des mystères de la sainte Enfance, s'écrie à son tour: Il est petit le Sauveur que j'adore, il est vraiment digne de tout amour. Pourquoi en effet a-t-il voulu naître dans cet état si pauvre, si ce n'est pour nous convier à l'aimer? Je les attirerai, avait-il dit par un prophète, je les entraînerai parles liens d'Adam, par les chaînes de l'amour. Et comment résister à une si touchante miséricorde? comment n'être pas vaincu par une si prodigieuse charité? Comment ne pas l'aimer ce véritable Emmanuel, ce Dieu avec nous, ce Roi immortel des siècles devenu un enfant d'un jour, daignant nous sourire et nous tendre les bras, fuyant dans une terre étrangère pour nous ramener dans notre patrie, descendant du séjour de la gloire dans la demeure des animaux, du lieu de son repos dans l'atelier du travail, pour nous élever au désir des vrais Mens et nous mériter le repos dans la gloire. Voilà, ô mon Sauveur! vos vues pleines de tendresse, les inventions prodigieuses de votre charité! Qu'en avez-vous recueilli de la part des hommes? Personne ne rencontre un enfant aimable sans se sentir porté à l'aimer. Vous vous êtes fait Enfant, et le plus beau des enfants des hommes. La grâce a été répandue sur vos lèvres. Hélas! ils vous ont repoussé, persécuté à votre naissance, méconnu et outragé pendant votre vie. Vous vous en êtes plaint par votre prophète: Au lieu de m'aimer, ils m'ont calomnié; et mot je priais pour eux, et ils m'ont rendu le mal pour le bien, et la haine pour l'amour. Et dans votre Église, ô mon Sauveur! parmi ceux que vous avez adoptés pour vos enfants, qui sont marqués de votre sceau, qui est-ce qui vous aime? Qui est-ce qui s'occupe des mystères de votre Enfance? Qui est-ce qui pense à vous? Mais pourquoi m'occuper des autres? Où suis-je moi-même? où est mon amour? Hélas! jusqu'à présent je ne l'ai témoigné que par mes infidélités, ma lâcheté, mes froideurs. O aimable Sauveur! puisque vous ne vous êtes fait Enfant que pour nous attirer à votre amour, attirez-moi par les charmes de votre divine Enfance. Je veux vous aimer; allumez dans mon cœur ce feu de la charité dont vous avez embrasé vos Saints et qui les a fait triompher du démon, de la chair et du monde.
Vertu à obtenir: Le souvenir fréquent des mystères de la sainte Enfance
Résolutions et aspirations
Adorez souvent pendant la journée l'Enfant Jésus accomplissant pour votre salut tous les mystères que vous vous êtes appliqué à contempler pendant ce mois consacré particulièrement à en honorer la mémoire. Rendez grâces à cet aimable Sauveur, par sa glorieuse Mère, de la bonté infinie qui l'a porté à passer par le premier âge pour nous attirer à lui, et à endurer dès les premiers jours de sa vie mortelle tant d'humiliations et de douleurs pour expier nos péchés. Priez-le instamment de graver profondément dans votre cœur le souvenir de toutes les circonstances précieuses de ses premières années, et d'y renouveler souvent les sentiments de piété et de dévotion qu'elles y ont fait naître; demandez-lui pardon des distractions auxquelles vous vous êtes laissé aller au milieu de ces considérations si propres à fixer la légèreté de votre esprit, puisqu'elles feront éternellement la joie le bonheur des élus. Offrez à Jésus Enfant tous les enfants qui vous sont chers, afin qu'il les bénisse; tous ceux que vous ne connaissez, mais qui lui appartiennent par leur adoption, afin qu'il les préserve de la contagion de incrédulité, afin qu'il en fasse comme un peuple nouveau consacré à son service et fervent dans les bonnes œuvres.
Prière
Divin Enfant! beauté incomparable, bonté incomparable, toujours adorable, parce que vous êtes mon Saveur, je vous adore et je vous aime, je vous consacre toutes les lumières de mon esprit, toutes les tendresses de mon cœur; et je vous rends grâces de toute mon âme de vous être fait Enfant pour mon amour. Je vous adore dans tous les mystères de votre divine Enfance; je vous prie de m'en donner l'esprit, et de m'accorder la grâce de les honorer dignement toute ma vie par mes adorations, par mon amour et par l'imitation fidèle des vertus que vous y avez pratiquées. Je vous adore, ô Dieu et Enfant tout ensemble, dans ce moment si précieux où le Saint Esprit vous forma un corps du plus pur sang d'une Vierge, et je vous demande la grâce de participer à sa pureté toute divine. Je vous adore, ô Dieu caché pendant votre séjour dans le sein de Marie! Je veux honorer cette vie cachée en en rapprochant la mienne autant que mes devoirs d'état pourront me le permettre. Je vous adore! ô Enfant de grâce et d'amour, dans l'instant bienheureux de votre naissance, et je vous demande de renaître pleinement à votre grâce et à votre amour. Je vous adore, ô Enfant de douleur! dans le mystère de votre Circoncision, et je vous conjure, par le sang précieux que vous commençâtes alors à répandre pour mon salut, de me donner cette douceur d'agneau avec laquelle vous endurâtes cette douloureuse opération. Je vous adore avec les bergers, ô divin Pasteur des âmes! donnez-moi avec leur docilité la simplicité de leur foi et l'ardeur de leur amour. Je vous adore dans votre crèche avec les Mages, ô Enfant plein d'attraits! donnez-moi, comme à ces saints Rois, une fidèle correspondance à la lumière de votre grâce. O Dieu fugitif et exilé! je vous adore dans votre fuite et votre séjour en Egypte, et je vous conjure par votre humiliation dans ce mystère de m'inspirer la fuite des plaisirs de la terre et le désir du ciel. Je vous adore au milieu des docteurs, ô Vérité incarnée! et je vous supplie de mettre dans mon âme l'attachement à votre céleste doctrine et l'horreur de tout ce qui pourrait affaiblir ou ébranler ma foi. Je vous adore, ô Dieu obéissant! dans les travaux de votre enfance, et dans votre soumission à Joseph et à Marie, et je vous conjure de m'accorder la grâce de travailler constamment à ma sanctification, et de régler toujours mon obéissance sur la vôtre, afin que je mérite d'entendre un jour ces consolantes paroles: Courage, bon et fidèle serviteur, parce que vous avez été fidèle dans peu de chose, je vous en donnerai de plus grandes à gouverner: entrez dans la joie de votre Seigneur. Ainsi soit-il.
Fin du Mois de l'Enfant Jésus
Prochain Mois de Dévotion: le Mois du Saint Esprit
rendez-vous le 31 janvier
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