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meditation
15 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Seizième jour

La Doctrine Évangélique, ses dogmes, ses mystères, sa morale

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

Jésus-Christ et le Saint-Esprit sont la source de la vie de l'Eglise. Mais il fallait des moyens pour que la vie découlât de cette Source sacrée dans chacun des membres pour les vivifier. Le premier moyen employé dans ce but, par le Divin Législateur, fut la révélation faite aux hommes par le Verbe incarné d'un certain nombre de vérités surnaturelles et fondamentales réunies en un corps de doctrine dans les Saints Évangiles ; car « l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu », (Saint Matthieu 4, 4.) Or, cette doctrine renferme des dogmes, des mystères et des règles de morale.

I. Les dogmes sont les principes qui servent de base à toute la religion chrétienne ; ce sont des vérités capitales que Dieu nous a fait connaître par Jésus-Christ, et qui nous donnent la clef d'une infinité de mystères sur lesquels les philosophes avaient disputé vainement jusqu'à la venue du Sauveur, tels que la sainte Trinité, la chute de l'homme, sa réparation par l'incarnation du Fils de Dieu et par le sacrifice qu'il a offert, etc. Sans doute, Dieu en se faisant connaître ici bas à l'humanité, n'a pas déchiré tous les voiles qui couvrent sa face auguste, il a laissé certaines obscurités qui servent à exercer notre Foi ; puisque la Foi consiste précisément à croire ce qu'on ne voit pas et ce qu'on ne comprend pas ; mais tout ce qu'il a daigné nous révéler est tellement rationnel, si logiquement ordonné, que si l'on veut rompre un seul anneau de chaîne de nos dogmes, on met à leur place une chaîne d'erreurs des plus absurdes. Ces dogmes ne sont ne pas uniquement des vérités spéculatives destinées à mettre notre Foi à l'épreuve, puisque, au contraire, ils nous font comprendre une partie de ce que nous ignorons avant de les connaître : que d'erreurs, en effet, enfantait l'intelligence des philosophes et des plus grands génies, sur la nature de la divinité, sur le mélange du bien et du mal qui se rencontre dans homme ! Dans nos dogmes, il n'y a pas une seule vérité qui ne contribue à nous donner une idée incomplète assurément, mais au moins juste de notre Dieu, ou qui ne contribue à nous faire comprendre la dignité de notre nature ; quelle est la source de nos mauvais penchants ; l'immortalité et le prix de notre âme; la volonté sincère que Dieu a de nous sauver, et ce que nous devons faire pour y correspondre. Enfin, ce qui démontre mieux que tous les raisonnements l'utilité pratique de nos dogmes, c'est que la croyance de ces vérités a fait éclore des vertus dont la nature humaine ne paraissait pas capable, et des mœurs dont la régularité ne se trouve point ailleurs que chez les Nations Chrétiennes : quelle valeur peuvent avoir toutes les allégations possibles contre un fait incontestable? La révélation de ces dogmes est un fait historique, dont le livre le plus authentique qui existe au monde, l'Evangile, fait foi ; le fait de son utilité est public et frappe tous les regards. Après cela, n'est-il pas absurde d'élever encore quelque doute sur ce point, ou de venir demander à quoi ils servent ?

II. Le second élément que renferme la Doctrine Évangélique a pour objet les mystères de la Vie de Jésus-Christ, qui ne sont autre chose que les dogmes et la morale chrétienne mis en quelque sorte en action dans les faits les plus saillants de la vie du Sauveur. C'était un moyen de rendre palpables des vérités en apparence purement spéculatives, et de les mettre à la portée de toutes les intelligences en les liant à des faits historiques accomplis devant un certain nombre de témoins, et souvent même en public. C'est ainsi que le dogme de la Sainte Trinité et celui de l'Incarnation sont manifestés, au premier chapitre de Saint Luc, dans cette ambassade solennelle envoyée à Marie par Dieu le Père, où l'archange Gabriel annonce à  la Très Sainte Vierge qu'elle concevra par l'opération du Saint-Esprit, et qu'elle enfantera un fils qu'elle nommera Jésus, Nous voyons encore apparaître d'une manière sensible la Trinité Sainte au baptême de Jésus-Christ et à sa Transfiguration sur le Tabor. Tous les mystères de la vie de Notre-Seigneur, pendant trente-trois ans, sont une preuve continuelle que le Verbe, le Fils éternel de Dieu, s'est bien véritablement fait chair, et que Jésus-Christ était bien réellement Dieu et homme tout à la fois. Tous ces mystères sont encore une source intarissable de lumières pour la pratique des plus éminentes vertus, c'est-à-dire de la morale chrétienne, dont le divin Maître nous a donné l'exemple pendant tout le temps qu'il a passé sur la terre. Il nous apprend, par sa naissance, le détachement des biens périssables de ce monde ; par sa circoncision, il nous enseigne l'humilité, et ce que nous devons retrancher dans notre conduite pour être des adorateurs de son Père en esprit et en vérité ; sa Présentation au Temple est pour nous un modèle de l'obéissance que nous devons à la Loi de Dieu, et sa Fuite en Egypte nous annonce que, si nous sommes ses disciples, nous serons persécutés comme Lui. Sa vie cachée passée dans l'obscurité de la ville de Nazareth jusqu'à l'âge de trente ans, est une leçon consolante pour la plupart des chrétiens qui sont appelés à mener une vie commune et même méprisable aux yeux du monde. Enfin, son jeûne et sa tentation dans le désert ne nous enseignent-ils pas la nécessité de la mortification de notre chair, et la manière dont nous devons combattre les tentations ? Pendant sa vie publique, Jésus-Christ opère un grand nombre de miracles de premier ordre assurément pour faire voir qu'Il était envoyé de la part de son Père, pour confirmer sa doctrine, ou pour prouver sa divinité : vérités fondamentales de la religion, qu'il était absolument nécessaire de bien établir ; mais aussi pour apprendre que ce qu'il a opéré sur les corps, il le fera désormais tous les jours sur nos âmes : c'est pour cela qu'il se plaît à guérir pendant sa vie les aveugles, les sourds, les boiteux, les paralytiques et toute espèce d'infirmités, et qu'il rend même la vie aux morts. Il touche enfin au terme de son séjour sur la terre, et il veut, par un excès d'amour pour les hommes, laver leurs iniquités dans son sang, en offrant à son Père le plus grand de tous les sacrifices, celui de sa vie, pour payer ainsi la rançon des pécheurs. C'est ainsi qu'il rattache au drame le plus frappant et le plus étonnant le mystère de la Rédemption, et qu'il y résume les exemples les plus sublimes des vertus qu'il avait enseignées dans toutes ses prédications.

III. Comme tout se tient, comme tout s'enchaîne dans cette admirable Doctrine ! Les dogmes, les mystères, la morale sont unis d'une manière inextricable : on ne peut toucher à rien sans tout ébranler. On ne comprend pas tout, et il le faut pour que Dieu en soit l'auteur et l'objet, et cependant rien n'est plus rationnel, ni plus satisfaisant pour l'esprit. Ce n'est pourtant pas un système qui dessèche l'âme par des combinaisons arides et au-dessus de la portée du vulgaire, bien loin de là : non-seulement on voit, on touche pour ainsi dire les vérités les plus élevées, qui se rattachent si bien à des faits ; mais le cœur, et le cœur surtout, y trouve un aliment inépuisable à sa sensibilité. Tout, en effet, dans la morale chrétienne, qui est la dernière conséquence des dogmes et des mystères dont elle découle tout naturellement, tout se résume, comme nous l'enseigne le divin Maître, dans ce seul mot : « aimer ». Aimer Dieu par-dessus toute chose, parce qu'il est plus que toute chose et qu'il est le souverain bien : par conséquent, lui immoler tout ce qui est contraire à sa volonté manifestée par sa loi sainte ; lui sacrifier même tout ce qui peut nous porter à lui être infidèles : ainsi, faire la guerre à nos sens par la mortification, à notre orgueil par l'exercice de l'humilité, à l'attachement désordonné aux richesses par l'esprit de pauvreté. Aimer le prochain comme nous-mêmes, non pour ses qualités personnelles, mais pour plaire à Dieu notre dernière fin, et par là même aimer, c'est-à-dire secourir selon notre pouvoir nos semblables quels qu'ils soient, et même nos ennemis ; nous dévouer à leur service parce qu'ils sont nos frères en Jésus-Christ, et que Dieu est notre père commun. Et enfin, faire toutes ces choses par des motifs nobles, élevés, par des sentiments que la nature a gravés dans tous les cœurs, la reconnaissance et la générosité : car Dieu nous a aimés le premier. Un autre qu'un Dieu pouvait-il trouver une morale plus simple, plus belle, plus digne de l'humanité et plus capable de la régénérer ? Telle est pourtant la morale de l'Evangile. Ces dogmes, ces mystères, cette morale qui forment l'ensemble de la doctrine Evangélique, sont l'incomparable trésor que Jésus-Christ a laissé et confié à son Eglise pour renouveler le monde, lui apporter et lui communiquer la vie !

 

Élévation sur la Doctrine Évangélique

 

I. Quelles actions de grâce n'avons-nous pas à vous rendre, ô mon Dieu, pour nous avoir révélé des vérités, que les hommes ont vainement cherché à découvrir pendant quatre mille ans ? Est-il étonnant que l'homme dont les facultés sont si bornées n'ait pas su s'élever jusqu'à vous, et pénétrer les mystères de votre nature divine ? Sans doute le flambeau céleste de la Foi ne s'était pas complètement éteint à la suite de la chute originelle ; votre peuple était resté dépositaire des dogmes sacrés qui ont toujours été la base de la vraie religion ; mais il n'en avait lui-même qu'une idée vague et confuse, et tout le reste de l'humanité était plongé dans les plus épaisses ténèbres. Une idolâtrie absurde et révoltante, les mœurs les plus dissolues, une cruauté qui ne reculait devant aucune barbarie, faisaient tous les frais des religions diverses sous le joug desquelles se courbaient honteusement les peuples les plus civilisés et les plus policés. C'est donc vous, Seigneur, qui, dans votre Miséricorde, avez jeté un regard de compassion sur cet homme que vous aviez créé à  l'image de votre adorable Fils, que vous aviez inondé de vos divines lumières avant son péché, et qui ensuite était tombé si bas, victime des ténèbres de son intelligence et de ses plus brutales passions. Vous avez daigné faire briller de nouveau à ses yeux les clartés divines de la Foi, vous avez soufflé sur cette étincelle prête à s'éteindre ; vous y avez ranimé le Feu Sacré, par la révélation de vos dogmes, en envoyant votre Verbe les proclamer et les développer lui-même devant toutes les nations, sous une forme plus précise et plus lumineuse que vous ne l'aviez fait pour votre peuple de prédilection.

II. Oui, votre aimable Fils a pris une chair semblable à la nôtre, il a voulu et daigné unir sa divinité à notre humanité, pour nous montrer que vos dogmes et vos mystères renferment, comme sa personne adorable, un côté divin que la faiblesse de notre esprit ne saurait saisir complètement, et un côté que nous pourrions dire humain, parce que l'homme en est assez frappé pour en constater la réalité. C'était, Seigneur, l'accomplissement de cette bénédiction que vous aviez donnée à Jacob dans ce sommeil mystérieux, où il aperçut une échelle dont une extrémité touchait au Ciel, tandis que l'autre reposait sur la terre ; le Ciel et la terre allaient être réconciliés, et Jésus-Christ devait être le lien destiné à rétablir les rapports presque entièrement interrompus entre votre majesté infinie et vos créatures rebelles. Des anges descendaient des Cieux pour venir dévoiler à l'humanité mourante les secrets de la vie surnaturelle, et lui apporter vos secours divins, et d'autres esprits célestes remontaient vers la cité sainte pour engager les hommes par leur exemple à se détacher de la terre et à s'élever jusqu'à vous. Image frappante de l'auguste mission que vous êtes venu remplir ici-bas, ô mon Sauveur, en descendant du sein de votre Père pour nous ouvrir les portes de la bienheureuse éternité, et nous offrir les moyens d'y parvenir ! Comment répondre. Seigneur, à des desseins si miséricordieux, si ce n'est en méditant sérieusement vos adorables mystères, et en soumettant notre orgueilleuse raison à ce qu'elle ne saurait comprendre ? Oui, mon Dieu, nous croyons fermement tout ce que la Doctrine Évangélique nous enseigne ; et nous ferons plier sous le joug de votre parole sacrée toutes les révoltes et les répugnances qui ne sont que le fruit de notre imbécillité et de nos ténèbres.

III. Mais, surtout, nous serons dociles à votre voix, ô Divin Maître, lorsqu'il s'agira de vous prouver notre fidélité dans l'accomplissement de votre loi sainte. Vous ne nous l'avez tracée avec tant de soin et de détail, que pour éclairer nos pas à travers les nuages de notre ignorance et le torrent des passions qui nous entraînent à notre perte. Nous n'oublierons pas que notre amour pour vous doit être l'âme de toutes nos œuvres ; et si quelquefois notre nature récalcitrante murmure contre le frein que vous lui imposez, si la violence et les sacrifices deviennent nécessaires, nous nous rappellerons tout ce que vous avez fait pour nous, tout ce que vous a coûté notre âme : les sueurs, les souffrances, le sang par lesquels vous l'avez rachetée. Nous serons doux et charitables pour notre prochain, parce qu'il a été comme nous l'objet de votre amour et de toutes vos sollicitudes, parce que, quels que soient nos jugements si souvent injustes, il est peut-être plus agréable à vos yeux que nous ne le sommes nous-mêmes ; parce qu'enfin vous nous avez assuré que tout ce que nous ferions pour le plus petit des vôtres, vous le regarderiez comme fait à vous-même. Non, nous ne vous aimerions pas sincèrement, si nous n'aimions pas nos frères, si nous n'étions pas prêts à nous dévouer à leur service ; et cependant, ô mon Sauveur, permettez-nous de vous le dire avec Pierre le chef de vos apôtres, vous qui connaissez toute chose, vous savez que nous vous aimons, ou du moins que nous voulons vous aimer ; et puisque vous êtes descendu des cieux pour nous secourir, aidez-nous à vous le prouver par nos œuvres. Ainsi soit-il.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

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14 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Quinzième jour

La manière dont Jésus-Christ et le Saint Esprit continuent à entretenir la vie dans la Sainte Eglise

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. « Dieu le Père, dit saint Paul, a soumis toutes choses à Jésus-Christ son Fils, et il l'a donné pour chef suprême à toute son Eglise, qui est son corps », (Ephésiens, 1, 22, 23.) Jésus-Christ, quoique assis dans la gloire à la droite de son Père, n'en reste donc pas moins le chef invisible, mais non inactif de son Eglise. Il demeure et demeurera jusqu'à la consommation des siècles la tête et le cœur de ce grand Corps, dont chaque chrétien est un membre. De même que la tête occupe le premier rang dans le corps humain, que c'est de là que l'âme anime tout le corps ; de même, Jésus-Christ a la première place dans son corps mystique qui est l'Eglise ; c'est en lui que l'esprit et l'âme, qui animent tout ce corps, résident ; c'est de là que tous les membres reçoivent la vie et la sainteté. Comme la tête est très étroitement unie au corps, de même Jésus-Christ est si étroitement uni au corps de son Eglise, qu'il ne pourra jamais s'en séparer, ni cesser de la gouverner par les influences de son esprit. Mais, comment Jésus-Christ est-il le chef et par conséquent la vie de son Eglise ? Nous sommes conduits ainsi à étudier l'organisation intime de ce corps et le jeu de ses différents ressorts. La vie de l'Eglise, c'est l'union de l'Eglise avec Jésus-Christ, des membres avec leur chef : voyons donc comment s'opère et s'entretient cette union. Cette merveilleuse union se forme : 1° par le Saint-Esprit que Jésus-Christ possède dans sa plénitude, et qu'il communique à tous ses membres, selon la mesure qui leur est propre ; cet esprit est comme l'âme de ce grand corps qu'il anime et qu'il fait vivre. Il n'y a pas deux esprits dans ce corps : le même esprit qui est dans le chef est dans tout le corps et dans chaque membre en particulier : Il n'y a qu'un esprit, dit l'apôtre, de même qu'il n'y a qu'un corps, et nous avons tous été baptisés dans le même esprit, pour n'être tous ensemble qu'un même corps, soit Juifs ou Gentils, soit esclaves ou libres. (1Corinthiens 12, 15.) De même encore que le Saint-Esprit unit le Père et le Fils, et qu'il leur est uni par sa Charité substantielle, de même cet Esprit saint, répandu du chef dans les membres, étant le même, unit les fidèles à Jésus-Christ, afin qu'ils ne fassent plus qu'un corps, et comme un seul homme, et qu'ils n'aient tous ensemble qu'un cœur et qu'une âme : afin qu'ils soient un comme nous, ainsi que le demandait Jésus à son Père. (Saint Jean, 27, 11).

Cette admirable union se forme encore au moyen de la prière qui, par la foi, l'espérance et la Charité, établit des rapports intimes entre Dieu et nous. Elle se forme aussi par la parole divine qui pénètre nos cœurs et leur fait entendre la voix de l'Esprit-Saint. C'est ainsi que peu à peu l'âme sainte de Jésus-Christ s'insinue en quelque sorte dans la nôtre, s'identifie à elle et la fait vivre de sa vie.

Mais c'est surtout par les sacrements que cette union si féconde pour nos âmes s'établit entre le Sauveur et nous : les sacrements sont comme les artères et les canaux qui portent le sang, l'esprit et la vie de Jésus-Christ dans chaque membre, pour les mettre en état d'accomplir leurs fonctions particulières, comme on le voit plus spécialement dans le baptême, la pénitence, l'Eucharistie, le mariage et le sacerdoce ; c'est encore la doctrine de saint Paul : « C'est, dit-il, de Jésus-Christ que tout le corps bien formé et bien uni dans toutes ses parties par les liens qui communiquent la vie, reçoit son accroissement, en vertu d'une opération efficace, selon la mesure qui est propre à chacun des membres, pour que chacun d'eux se développe par la Charité ». (Ephésiens, 4, 16). En effet, tous les Sacrements sont institués pour commencer à nous unir à Jésus-Christ, ou pour perfectionner cette union déjà commencée : le baptême et la pénitence nous arrachent au corps du démon pour nous rendre membres du corps de Jésus-Christ, selon l'âme et selon le corps. Les autres Sacrements augmentent et perfectionnent cette union, surtout la Sainte Eucharistie, par laquelle, selon le langage des saints Pères, nous devenons un même corps et une même âme avec Jésus-Christ et avec tous les autres fidèles ; et ce qui est digne de remarque, c'est que le corps mystique se nourrit de Jésus-Christ même son chef, comme Jésus-Christ se nourrit de Dieu même. C'est la même nourriture pour le chef et pour les membres. Rien n'est capable de rassasier ce grand corps, de le fortifier, de le faire croître, d'entretenir, en un mot, la vie en lui, que le pain vivant descendu du ciel. Le sacrement de mariage inocule, pour ainsi dire, cette vie divine aux générations qui se succèdent, et le sacerdoce qui administre les sacrements, qui prie au nom de tout le corps et qui le nourrit de la parole sacrée, veille à l'entretien de toutes ces sources de vitalité.

II. Méditons maintenant les conséquences lumineuses et pratiques qui découlent tout naturellement de ces principes. Si nous sommes unis à Jésus-Christ comme les membres le sont à leur chef, dès lors nous ne faisons qu'un seul homme avec lui, et la vie des membres doit être la même que celle du chef, c'est-à-dire que nous devons vivre comme Jésus-Christ a vécu, et l'imiter autant que notre faiblesse le permet.

Tous les membres ne faisant avec Jésus-Christ qu'un seul homme, ils participent à toutes les prérogatives de leur chef dans une certaine mesure : nous sommes donc avec lui prêtres, victimes, rois, fils de Dieu, et nous avons droit avec lui à l'héritage céleste.

Tous les membres partagent avec le chef tous les biens et tous les avantages qu'il possède lui-même : ses mérites, ses souffrances, ses humiliations et sa gloire : « Je vous ai donné, disait Jésus-Christ, tout ce que mon Père m'a donné » ; il fait part à tous ses membres de tout ce qu'il a reçu de son Père, c'est-à-dire de sa divinité et de son humanité.

Il suit encore de ce principe capital que tout le bien et le mal qu'on fait au moindre de ses membres, on le lui fait à lui-même, ce qui explique admirablement cette parole du Sauveur : « En vérité, Je vous le dis, toutes les fois que vous aurez fait quelque chose pour le moindre des miens, c'est pour Moi-même que vous l'aurez fait. Et toutes les fois que vous aurez refusé de faire quelque chose pour le dernier des miens, c'est à Moi que vous l'aurez refusé ». (Saint Matthieu 25, 40, 45.) C'est pourquoi l'on peut dire que Jésus-Christ souffre avec ceux qui souffrent ; qu'il est humilié, maltraité, méprisé, persécuté avec ceux de ses membres qui sont éprouvés par tous ces maux. Aussi, criait-il du haut du ciel à Saül qui persécutait son Eglise naissante : « Saül, Saül, pourquoi me persécutez-vous ? » Jésus-Christ porte même bien plus d'amour à son corps mystique qu'à son corps naturel, puisqu'il a laissé immoler celui-ci pour sauver celui-là.

On peut encore conclure que Jésus-Christ étant, comme chef, intimement uni à ses membres, c'est lui qui fait en eux et avec eux tout le bien qu'ils font : c'est lui qui prie, qui pleure, qui agit en eux, qui les fait mériter, et qui les rend dignes de la gloire.

Comme tous les chrétiens qui vivent de l'esprit de Jésus-Christ leur chef sont membres les uns des autres, il en résulte que, quoiqu'ils, n'aient pas tous les mêmes fonctions, ils agissent tous pour l'utilité commune de tout le corps, et participent à tout ce qui lui arrive ; de telle sorte que si un membre souffre, les autres souffrent aussi ; s'il est dans la joie, les autres y sont de même, selon l'admirable comparaison de saint Paul : « l'oeil ne voit pas seulement pour lui-même, mais pour tout le corps ; la main agit et combat, les pieds marchent, la langue parle, l'oreille écoute... tous ces membres font leurs fonctions, et pour eux-mêmes, et pour tout le corps : il suit de là que nous ne pouvons mépriser personne, quelle que soit sa position ; car, dit encore saint Paul, aucun membre ne peut dire à un autre : 'Je n'ai pas besoin de votre secours' ». (1 Corinthiens, 12, 21.)

L'unité d'après laquelle l'Esprit-Saint régit ce corps fait que tous les dons surnaturels et tous les autres biens spirituels qui sont conférés à ce corps profitent à tous les membres ; de sorte que non-seulement ils participent aux mérites de Jésus-Christ, duquel, comme du chef, vient tout le bien et tout le mérite qui se trouve dans le corps ; mais encore, qu'il y a une communauté de prières, de bonnes œuvres et de mérites entre tous les membres de l'Eglise universelle, c'est-à-dire que nous participons d'abord à tout le bien que font actuellement les justes sur la terre, et ensuite à tout celui qui a été fait depuis l'origine dos temps par les saints qui composent l'Eglise triomphante, et par ceux qui font partie de l'Eglise souffrante ; car, ne l'oublions pas, ces trois Eglises ne font qu'un même corps, sont animées par le même esprit de Charité qui les unit, et n'ont qu'un seul et même chef, qui est Jésus-Christ.

Toutefois, tous les membres de ce corps ne participent aux mérites de leur chef et à ceux des autres membres qu'à proportion de leur foi, de leur Charité et de leur union avec Jésus-Christ, comme dans une société où l'on fait de grands bénéfices, ceux qui ont fourni des fonds plus considérables retirent des fruits plus abondants. Or, Jésus-Christ, qui est le chef, le lien et le maître de cette société spirituelle, en distribue les biens et les profits selon les mérites de chacun ; or les mérites sont en rapport avec le degré de notre union à notre chef.

Enfin, il suit des principes que nous avons établis, que tous ceux qui ne sont pas unis à Jésus-Christ par la grâce, ne font point partie du corps mystique de l'Eglise ; puisque, d'après la parole même du Sauveur, toute branche séparée du tronc ne participe pas à la vie du cep et ne saurait porter de fruit. Ainsi, ceux qui se sont placés dans ce malheureux état ne participent en rien aux bienfaits que reçoivent les membres de cet admirable corps. Pour la même raison, tous les corps et toutes les sociétés qui n'ont cas Jésus-Christ pour chef, et qui ne lui sont pas unis, sont des corps sans âme et sans vie surnaturelle. Telles sont les sources intarissables de vie de l'Eglise de Jésus-Christ, et les raisons intimes de son immortalité.

 

Élévation sur la manière dont Jésus-Christ et le Saint-Esprit continuent à entretenir la vie dans la Sainte Eglise

 

I. Je vous rends grâces, ô mon Dieu, de m'avoir fait connaître cette admirable économie et cette sage ordonnance de votre Eglise. Comme tout y est grand et élevé, et cependant simple et à la portée de toutes les intelligences ! Comme tout y est logique, raisonnable, mesuré ! Tout y est prévu, tous les droits y sont ménagés, les sociétés comme les individus y trouvent les lumières et les secours qui leur sont nécessaires pour atteindre leur fin dernière. Vous y apparaissez, Seigneur, selon qu'il convenait à votre majesté souveraine, comme le maître et le chef du royaume des âmes ; comme celui qui, après les avoir créées, leur fournit les moyens d'entretenir la vie en elles, en leur offrant de vous unir à elles, et en vous constituant la source où elles peuvent puiser les éléments de cette vie divine. Vous rendez à l'homme déchu, à l'homme qui s'est avili en se matérialisant, sa dignité première : il avait été créé à votre image, et vous le faites membre d'un corps dont vous êtes l'âme et le chef : vous renouvelez et vous ennoblissez ainsi le sang qui coule dans ses veines. Vous établissez par la prière des rapports d'autant plus honorables pour lui qu'elle le met en contact direct avec votre majesté infinie, et qu'il en recueille des faveurs inappréciables. Vous daignez lui adresser même la parole par la voix de vos ministres pour l'éclairer sur ses devoirs. Puis, comme vous êtes la lumière du monde, vous ne vous contentez pas de la faire briller aux yeux des individus, mais vous répandez encore son éclat sur les sociétés, pour leur apprendre qu'elles relèvent de vous, et que la meilleure garantie qu'elles peuvent se donner, quant à leur durée et à leur prospérité, c'est le respect qu'elles montreront pour votre loi sainte, en en faisant la règle des leurs. Vous vous plaisez encore, dans cette merveilleuse organisation de votre Eglise, à manifester votre bonté sans borne pour ces âmes vos humbles sujettes. Vous voulez même descendre à une sorte de familiarité avec elles, vous voulez qu'elles vous regardent comme un père toujours prêt à pardonner lorsqu'on se repent avec sincérité ; et votre amour pour elles, le désir ardent que vous avez de les voir s'unir à vous de la manière la plus intime, suffisent pour vous décider à vous incarner, en quelque sorte, de nouveau, et à leur donner pour nourriture votre corps, votre sang, votre âme et même votre divinité. Enfin, pour apprendre aux hommes que leur vie entière vous appartient, et qu'ils doivent vous la consacrer sans interruption, depuis le jour où ils ouvrent les yeux à la lumière, jusqu'à  celui où ils les ferment pour la dernière fois ; pour leur manifester aussi l'intérêt plein de Charité que le chef porte à tous ses membres, vous leur représentez votre Eglise comme une tendre mère, que vous avez chargée de veiller sur eux dès leur entrée dans ce monde, jusqu'à leur dernier soupir. C'est pour cela qu'elle baptise les nouveau-nés, et qu'elle se hâte de les faire entrer dans le corps mystique de Jésus-Christ ; qu'elle renoue par le sacrement de Pénitence les liens qui unissaient l'homme à celui qui seul donne la vie, et que le péché avait brisés ; qu'elle nourrit ses enfants du lait de la parole sainte et de la chair adorable du Sauveur pour entretenir et fortifier cette union et cette vie; qu'elle fait descendre les bénédictions du Ciel sur les époux, et qu'elle préside ainsi à l'un des actes les plus solennels de la vie humaine ; c'est encore pour cela qu'elle est au chevet des moribonds, afin qu'à ce moment décisif pour l'éternité, elle ait la joie de les unir à Jésus-Christ pour toujours. Et lorsque tout ici-bas semble consommé, lorsque l'homme a disparu de la scène de ce monde, l'Eglise, dans sa sollicitude, après avoir béni sa tombe, l'accompagne encore de ses suffrages, pour hâter et assurer davantage son repos éternel.

II. Pourquoi, ô mon Dieu, le monde est-il assez aveugle et assez ingrat, pour ne pas reconnaître votre puissance, votre sagesse et surtout votre bonté infinie dans cet ordre admirable et dans ces dispositions miséricordieuses qui ont présidé à l'établissement de votre Eglise ? Hélas ! Nous devons l'avouer, la rougeur au front : c'est que pour être membre vivant de ce corps dont Jésus-Christ est le chef, il faut être uni à ce divin Sauveur comme les membres le sont à la tête. Or, pour arriver à cette union intime, il faudrait, Seigneur, que notre vie eût du moins quelque ressemblance avec la vôtre ; il faudrait que l'Esprit-Saint fût l'âme de nos œuvres. Sans doute, par la grâce du Saint Baptême, nous nous trouvons membres du corps visible de votre Eglise ; mais n'avons-nous pas lieu de craindre que nous n'en soyons des membres morts, et par conséquent exclus de la participation aux avantages que n'en recueillent que les membres vivants ? Quels efforts faisons-nous pour vivre de la vie de notre chef ? Méditons-nous cette sainte vie pour pouvoir ensuite y conformer la nôtre ? Est-ce là notre grande préoccupation, la pensée dominante de notre existence ? Sommes-nous dans la grâce de Dieu et unis à lui par la charité ? Il le faut pourtant pour que la sève de son Divin Esprit circule dans nos veines. Quelle est notre humilité, notre mortification, notre détachement des biens de la terre, la foi qui inspire nos œuvres ? Ce n'est pas assurément que vous exigiez que, pour vous être unis, ô Divin Maître, il soit nécessaire que nous soyons parvenus à la perfection de ces vertus ; mais, il faut au moins que nous travaillions à les acquérir, et notre union sera d'autant plus intime que nous les posséderons à un degré plus élevé. Hélas ! Il faut le confesser, notre horreur pour tout ce qui nous impose quelque gène, quelque contrainte ; pour tout ce qui mot un frein à nos passions, qui contrarie nos sens, nos penchants et nos goûts, nous fait renoncer, Seigneur, à cette bienheureuse union et à tous les avantages qui en découlent ; car, pour y parvenir, il faut savoir se renoncer,s'immoler soi-même, selon votre divin oracle : « Si quelqu'un veut venir après Moi, qu'il se renonce lui-même, qu'il porte sa croix tous les jours, et qu'il Me suive », (Saint Luc 9, 23). Quel bonheur pour ceux qui ont le courage d'être dociles à cette sainte et lumineuse exhortation, et qui parviennent ainsi à vous être unis ! quel trésor de grâces et de faveurs spirituelles y trouvent tous les membres vivants de votre Eglise ! Les derniers comme les premiers ; les plus vils et les plus méprisables selon le monde, comme ceux qui sont les plus honorés, chacun à proportion de sa capacité et de ses besoins ! C'est le même esprit, la même vie qui les animent tous, quoique leurs fonctions soient différentes. C'est dans ce corps mystique, dans ce royaume des âmes, que se trouve cette égalité si rêvée, et qu'il est impossible de réaliser ici-bas, dans les gouvernements temporels des états. Aussi, importe-t-il peu aux membres de cette association spirituelle d'y occuper telle ou telle place, puisque, quelles que soient leurs fonctions, ils participent aux mêmes avantages, et qu'ils ont droit aux mêmes récompenses. Quelle consolation pour tous de savoir que, s'ils vous sont unis par la charité, ô mon aimable Maître, ils sont unis en même temps à tous les membres de votre corps, quelque grand que soit l'espace des lieux qui les séparent les uns des autres ! Par une suite nécessaire, ils ont part aux travaux, aux œuvres, aux prières, à tout ce que font ces membres disséminés sur toute la surface de la terre ; c'est de vous, ô Divin Chef, que toutes ces choses prennent leur mérite. C'est de la vertu de votre sang, qui circule dans tout ce grand corps, qu'elles prennent leur beauté et leur sainteté. Quelle importance pour nous, Seigneur Jésus, d'appartenir comme membres vivants à votre corps ! C'est la vie ou la mort. Ne permettez donc pas que j'en sois jamais séparé en cessant d'être uni avec vous par la grâce ; car vous l'avez dit, on ne peut servir deux maîtres : celui qui n'est pas avec vous est contre vous, et le démon devient son chef ; il lui est en quelque sorte incorporé, soumis à sa domination, et il agit par son esprit. Voilà malheureusement ce qu'est le monde, et ce que tous les mondains aux yeux de la Foi. Arracher les âmes à la puissance du prince des ténèbres pour unir à votre corps, telle est précisément la mission de votre Eglise, qui ne fait que continuer ici-bas, votre conduite, la régénération de l'humanité que êtes venu commencer pendant votre vie mortelle, et qui ne peut s'opérer que par la réunion des membres avec leur chef.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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13 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Quatorzième jour

L'installation solennelle de l'Eglise le jour de la Pentecôte

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. Les apôtres, sur la parole de leur Maître, étaient retournés à Jérusalem après avoir été témoins de son ascension ; ils y attendaient dans le silence et la retraite le Saint-Esprit que le Sauveur leur avait promis, et qui devait donner l'âme et la vie à cette nouvelle institution dont tous les éléments et l'organisation avaient été si habilement préparés, c'est-à-dire, à l'Eglise. Les préparatifs en avaient été faits dans l'ombre de la vie modeste et commune que Jésus-Christ avait menée sur la terre, au milieu des opprobres dont il avait été l'objet, et des souffrances de toute espèce auxquelles il s'était soumis, jusqu'à mourir sur une croix. Mais il ne s'agit plus ici de préparatifs, il n'est plus question maintenant que de faire recueillir à l'humanité tout entière les fruits du sang répandu par le régénérateur du monde, et ceux de la victoire qu'il avait remportée sur le péché et sur la mort. Aussi, le Saint-Esprit qui devait annoncer à l'univers ce triomphe éclatant, et qui allait commencer sa mission de vie en renouvelant la face de la terre, ne choisit pas comme le Verbe fait chair un hameau pour l'accomplir. Ce ne sera plus à Bethléem, mais dans la ville sainte, dans la ville la plus illustre de la Judée, dans celle qui a été témoin des humiliations du Fils de Dieu, qu'il descendra solennellement des cieux sur l'Eglise naissante, pour l'embraser de ses feux divins, pour lui donner une âme vivante. dont la généreuse activité ne s'arrêtera qu'à la consommation des siècles. Le temps du silence, de l'obscurité, des révélations faites en secret à quelques hommes seulement ou à une nation privilégiée, est passé. Un grand bruit se fait entendre, ou croirait une tempête, un vent impétueux ; des langues de feu apparaissent en plein jour et vont se reposer avec majesté sur tous ceux qui attendaient dans le cénacle le Paraclet promis. Le moment choisi par la providence divine pour ce grand événement est celui où une foule innombrable de Juifs et de peuples, de toute sorte de pays, se trouvent réunis pour la célébration de la Pentecôte, époque à laquelle on solennisait chez les Juifs l'anniversaire du jour où la loi avait été donnée sur le mont Sinaï. Il y avait alors à Jérusalem, dit le texte sacré (Act. des apôtres 2, 9 et ss), des Parthes, des Mèdes, des Élamites, des habitants de la Mésopotamie, de la Judée, de la Cappadoce, du Pont et de l'Asie. On y voyait encore des hommes venus de la Phrygie, de la  Pamphylie, de l'Egypte et du côté de la Libye qui est près de Cyrène ; il y avait même des étrangers, tels que des Romains, des Crétois et des Arabes. Il était impossible d'installer avec plus de pompe l'Eglise de Jésus-Christ, et de promulguer avec plus de publicité et d'éclat la Loi Évangélique, qui allait devenir Catholique, et s'étendre par conséquent non plus seulement à la Judée, comme la loi mosaïque, mais à l'univers entier.

II. Aussi, à peine le prodige est-il opéré, que les apôtres, ces hommes jusqu'alors timides, grossiers et ignorants, se mettent tout à coup à parler les langues de tous les peuples divers accourus à la métropole du Judaïsme, de telle sorte que tous s'en étonnent et se disent les uns aux autres : « Comment ces hommes peuvent-ils nous parler à chacun dans la langue de notre pays ? Ne sont-ils pourtant pas tous Galiléens ? Qu'est-ce que cela signifie ? Il y en avait pourtant qui s'en moquaient, et qui disaient : « Ce sont des misérables qui sont ivres ». ». Ce fut alors que Pierre, à la tête des autres apôtres, commença à exercer pour la première fois l'éminente fonction de chef de l'Eglise. Il se plaça sur un lieu élevé, prit la parole au nom du collège apostolique ; et comme la multitude de ceux auxquels il voulait se faire entendre était considérable, il s'écria d'une voix forte et solennelle (Actes des Apôtres 2) : « Hommes de la Judée, et vous tous qui habitez Jérusalem, écoutez ceci, et prêtez une oreille attentive à mes paroles : ces gens ne sont point ivres comme vous le croyez, puisqu'il n'est encore que la troisième heure du jour. Ce dont vous êtes témoins est l'accomplissement de la prédiction du prophète Joël, qui a dit que, dans les derniers jours de l'existence de la synagogue, le Seigneur répandrait son esprit sur toutes les générations, et en particulier sur ses apôtres, auxquels il accorderait des dons surnaturels. La Loi Évangélique qui sera promulguée alors, sera la dernière qui sera annoncée aux hommes jusqu'au jour où des prodiges apparaîtront dans le Ciel et sur la terre pour annoncer le jugement dernier ; et il n'y aura que ceux qui se seront soumis à cette Loi sainte qui seront sauvés. Israélites, écoutez encore ces paroles : Jésus de Nazareth, cet homme en faveur duquel Dieu a rendu un si éclatant témoignage pour votre salut, en opérant par lui sous vos yeux, comme vous le savez, tant de miracles, de prodiges et de choses merveilleuses ; ce Jésus, qui a été livré entre vos mains par les desseins arrêtés dans les divins conseils et par la prescience de Dieu, vous lui avez donné la mort en le faisant crucifier par des hommes impies. Mais il a vaincu la mort, et par sa puissance divine et par sa seule volonté il a été rendu à la vie, comme David l'avait clairement annoncé. Or, ce même Jésus après être ressuscité (comme nous en sommes tous témoins, puisque depuis nous l'avons vu, nous lui avons parlé, et nous l'avons touché plusieurs fois) est monté au Ciel, où il est assis plein de gloire à la droite de Dieu ; et selon la promesse qu'il en avait reçue de son Père céleste, il a envoyé et répandu sur nous le Saint-Esprit ; et c'est ce divin Esprit qui a opéré les merveilles dont vous êtes témoins, et qui nous a inspiré les paroles que vous venez d'entendre. Que la maison d'Israël sache donc bien que Dieu a établi et proclamé Seigneur du monde entier et Roi de son peuple ce Jésus que vous avez fait mourir sur une croix ». C'est au milieu de Jérusalem, devant cet immense auditoire, en face des scribes, des pharisiens et des prêtres qui se trouvaient sans doute dans la foule, que Pierre a le courage de parler ainsi, lui qui naguère tremblait à la voix d'une femme. La vertu du divin Esprit, qui l'avait pénétré en descendant sur lui, donna une si grande autorité à sa parole, qu'aussitôt cette multitude qui l'écoutait se sentit le cœur profondément touché de componction, et se prit à s'écrier, en s'adressant à Pierre et aux autres apôtres : « Frères, frères, que faut-il que nous fassions ? » Pierre leur répondit alors : « Faites pénitence, recevez le baptême au nom de Jésus-Christ pour recevoir le pardon de vos péchés, et vous recevrez les dons du Saint-Esprit ». Trois mille hommes se présentèrent à l'instant même et furent baptisés. Tels furent les fruits de la première prédication faite dès le jour de la prise de possession de l'Eglise chrétienne.

III. Si, comme le dit l'Evangile, on reconnaît l'arbre à ses fruits, comment ne pas reconnaître la main de Dieu dans l'établissement de l'Eglise, à la vue de ces changements miraculeux opérés dans le cœur de cette multitude ? N'est-ce pas un prodige insigne que de voir Pierre convertir et gagner en un seul jour, et par un seul discours, plus d'âmes à Jésus-Christ que le Précurseur du Sauveur pendant plusieurs années, et que le Sauveur lui-même pendant les trois ans de sa mission divine dans toute la Judée ? Mais ce qui met le comble à l'étonnement, c'est qu'à la voix du premier chef visible de l'Eglise, et dans une seule instruction, trois mille personnes aient été non pas seulement transportées d'un enthousiasme passager, mais assez profondément convaincues et touchées, pour changer entièrement de mœurs et de vie. On les voit aussitôt affamées de cette doctrine nouvelle qu'elles entendent sortir de la bouche des apôtres, quoiqu'elles l'eussent dédaignée alors que le divin Maître s'efforçait de la leur enseigner ; elles ne trouvent de vrai bonheur qu'à se réunir pour adresser ensemble à Dieu de ferventes prières ; pour assister en commun, non plus aux sacrifices sanglants de l'Ancien Testament, mais à l'oblation pure du divin Agneau, et pour participer avec les prêtres de la nouvelle loi à la victime eucharistique, au pain des anges. Tous les anciens sentiments d'égoïsme et d'intérêt personnels, qui étaient leur caractère dominant et le cachet spécial de leur nation, ont disparu et ont fait place au feu céleste du zèle et de la Charité. Ces premiers chrétiens ne font plus qu'un cœur et qu'une âme ; ils se dépouillent même de leurs biens, il vont jusqu'à vendre leurs maisons et leurs champs, et à en porter le prix aux pieds des apôtres, afin de venir en aide aux pauvres, à chacun selon leurs besoins. Les Actes des apôtres citent eux-mêmes avec admiration la généreuse libéralité d'un Juif de la tribu de Lévi, natif de Chypre, qui vendit son champ, c'est-à-dire, d'après le moine Alexandre qui écrivit sa Vie, une terre considérable avec des constructions magnifiques, et qui en réalisa le prix pour venir au secours des indigents. Il s'appelait Joseph ; il mérita d'être élevé plus tard à l'apostolat à la place du prévaricateur Judas, et on lui donna alors le nom de Barnabé, qui signifie fils de consolation. Ce qui montre, de la manière la plus évidente, que, dès la naissance de l'Eglise, Pierre lui-même, le premier des souverains pontifes, avait un temporel, qui devint tellement considérable que les apôtres ne pouvant plus suffire à l'administrer, établirent des diacres pour les charger de ce soin. (Actes des Apôtres 6). Voilà l'Eglise militante telle qu'elle est encore aujourd'hui, et telle que l'Esprit-Saint l'a faite, en fécondant par sa vertu divine les éléments établis par le Sauveur du monde.

 

Élévation sur l'installation solennelle de l'Eglise le jour de la Pentecôte

 

I. Enfin, Seigneur, votre œuvre est consommée ! Le jour est arrivé où le souffle de votre divin Esprit va donner la vie à cette Eglise prédite et annoncée par tant de figures et de prodiges depuis quatre mille ans ; à cette Eglise l'objet des travaux incessants du Verbe incarné pendant les trente-trois années qu'il a passées sur la terre ! Que votre puissance est grande ! Ô divin Esprit ! Quelles merveilles elle opère dans les cœurs ! Les apôtres, malgré tous les soins du Sauveur, malgré les lumières célestes qu'ils avaient reçues à son école et les nombreux miracles dont ils avaient été témoins, n'avaient encore qu'une foi chancelante ; ils étaient d'une faiblesse dont ils n'avaient donné que trop de preuves pendant les jours critiques de la passion de leur bon Maître ; leur ignorance extrême, leur intelligence bornée qui ne saisissait rien de ce qui n'était pas matériel ou palpable, tout en eux semblait les rendre incapables d'accomplir la mission sublime qui leur avait été confiée par le Sauveur. Mais ils étaient humbles, aveuglément dociles, et pleins de cette bonne volonté à laquelle Dieu a promis la paix, et par conséquent la victoire. Aussi, quoique ne comprenant guère encore la portée de la promesse que Jésus-Christ leur avait faite, de leur envoyer son Esprit consolateur, ils retournent néanmoins à Jérusalem aussitôt après l'Ascension de leur divin Maître ; et là, ils passent dix jours dans la retraite et la prière. Saints fondateurs de notre foi ! Quel admirable exemple vous nous avez laissé pour ces moments d'épreuve. Où les clartés de la Foi semblent disparaître à nos yeux, pour faire place aux plus épaisses ténèbres ! Mais aussi quel a été le prix de votre héroïque constance ! L'Esprit-Saint est descendu sur vous avec tous ses dons, et a fait de vous en un instant des hommes nouveaux. Tout à coup votre foi est devenue inébranlable ; votre timidité naturelle s'est changée en cette force invincible qui ne craint ni les menaces, ni la puissance des hommes, lorsqu'il s'agit de la gloire de Dieu et du salut des âmes ; votre dévouement est sans bornes, et le divin Esprit a tellement illuminé vos âmes, que toutes vos paroles portent la lumière et l'onction de la grâce dans le cœur de ceux qui vous écoutent, et les convertissent par milliers. Vos écrits eux-mêmes, quoique sortis de votre plume depuis plus de dix-huit siècles, sont encore tout brûlants du Feu divin qui les a dictés, et renferment des leçons de philosophie et de métaphysique si sublimes, que, malgré les progrès si vantés des lumières, elles laissent bien loin derrière elles tout ce que les hommes les plus profonds et les plus savants ont enfanté jusqu'à ce jour. Bien plus, vos successeurs n'ont pas craint d'associer vos œuvres à l'Evangile lui-même, comme en étant le commentaire et le développement les plus parfaits ; ils en ont fait un même livre, dont chaque mot est entouré d'un tel respect, que l'Eglise entière en fait la règle de sa Foi. Enfin, avant de vous séparer pour aller porter la bonne nouvelle du salut aux nations dispersées dans l'univers entier, vous avez su, sous l'inspiration du Saint-Esprit descendu sur vous dans toute sa plénitude, vous avez su, dis-je, renfermer en douze phrases ou douze articles tous les principes fondamentaux de la  foi chrétienne; et votre symbole a été si accompli du premier jet, que, depuis plus de dix-huit cents ans, l'Eglise n'a jamais rien eu à y retrancher ou à y ajouter.

II. Vous aviez dit, ô mon Sauveur, que votre Père ne cessait d'agir, et que par conséquent vous qui lui étiez égal par nature, vous agissiez aussi sans cesse (Saint Jean, 5, 17) ; l'action et la vie, en effet, ne sont qu'un ; et puisque vous êtes la vie par excellence et la source première de tout ce qui a vie, il est évident que vous ne pouviez rester dans l'inaction. Aussi, en fondant votre Eglise, en lui donnant la vie par l'effusion du Saint-Esprit qui en pénètre et en anime tous les membres, vous avez voulu qu'elle partageât avec vous ce caractère divin de la vitalité, qui est l'action. Jusqu'alors vos apôtres, calmes et retenus, s'étaient contentés de recueillir avec docilité vos leçons ; ils les méditaient dans le fond de leur cœur, et ils s'en tenaient au rôle de disciples. Mais à peine l'Esprit de vie est-il descendu sur eux, qu'aussitôt, à l'instant même, ils ne peuvent plus contenir dans leur sein embrasé les vérités qu'ils y tenaient captives depuis trois ans ; ils prennent la parole, ils exhortent à temps et à contre-temps, comme disait Saint Paul ; la verge des persécuteurs, les chaînes, les prisons, les tourments les plus cruels, rien ne peut leur fermer la bouche ; et ils ne cesseront d'annoncer l'Evangile, même malgré toutes les puissances de la terre, qu'après la consommation des siècles. Depuis que l'Eglise a reçu cette vie divine, le repos ne lui est plus possible : les passions se récrieront, les efforts de l'impiété se réuniront pour arrêter sa marche,pour lui imposer silence, pour paralyser ses œuvres, mais rien ne pourra ni l'arrêter, ni la faire taire. Semblable à ces fleuves majestueux auxquels on veut imposer des digues, mais qui renversent en un jour les travaux de plusieurs années ; ou bien, qui peuvent changer de lit pour féconder d'autres contrées, sans que pour cela leurs flots cessent de couler avec la même abondance : l'Eglise de Jésus-Christ brisera sans effort tous les obstacles qu'elle rencontrera sur sa route ; et si les décrets divins, auxquels seuls elle obéit, l'obligent à quitter des régions ingrates, ce sera pour porter se bienfaits à des peuples qui en seront plus dignes, et pour faire connaître dans l'univers entier le nom de Jésus-Christ, qui, en la fondant, lui a communiqué son esprit, sa vie et son immortalité.

III. Comment s'étonnerait-on, ô Divin Esprit, de la puissance et de la vitalité de l'Eglise, lorsque vous-même en êtes devenu l'âme, lorsque vous l'avez embrasée du Feu sacré de la Charité ? Vous qui êtes l'amour consubstantiel du Père et du Fils, le baiser du Père éternel et de son Fils unique (comme le dit saint Bernard), le lien indissoluble de l'indivisible Trinité, ne deviez-vous pas, en effet, allumer ce sentiment divin dans les cœurs que vous aviez remplis de votre céleste essence ? L'amour de Dieu et de nos semblables n'est-il pas le premier fruit de votre présence dans une âme ? On connaît tout ce dont est capable l'amour profane, et l'on pourrait s'étonner de la puissance de l'amour divin ? « L'amour de Jésus-Christ, dit le pieux auteur de l'lmitation (livre 3, 5), est plein de noblesse, et il inspire l'accomplissement des grands desseins. Il n'y a rien au ciel et sur la terre de plus doux que cet amour ; il n'y a rien de plus fort, de plus élevé, qui dilate autant le cœur, qui le remplisse de plus de bonheur, gui le satisfasse plus entièrement ; il n'y a rien, en un mot, de meilleur ; car l'amour est né de Dieu, et il ne peut trouver de repos qu'en Dieu, c'est-à-dire en l'aimant plus que tout ce qu'il a créé. Celui qui aime vole et court avec joie Rien ne pèse à l'amour, il ne tient aucun compte du travail ; il entreprend plus qu'il ne peut ; à ses yeux rien n'est impossible, parce qu'il croit que tout lui est possible et permis. Aussi il est capable de tout ; et tandis que celui qui n'aime pas se laisse aller à l'abattement et au découragement, celui qui aime fait et achève beaucoup de choses... L'amour veille, et il ne dort pas pendant son sommeil ; quoique las, jamais il n'est fatigué ; l'affliction ne lui resserre pas le cœur, la crainte ne le trouble pas ; mais comme une vive flamme, comme un flambeau ardent, il s'élance dans les régions supérieures, et s'y élève sans obstacle. Celui qui aime connaît tout ce qui se trouve renfermé dans ce mot : Amour... » Je m'explique maintenant, ô Divin Esprit, ce zèle ardent qui n'a cessé d'animer la sainte Eglise pour la propagation de la foi au prix de tant de fatigues, de souffrances et même du martyre. Je m'explique cette Charité ardente qui met sur ses lèvres dès les premières paroles qu'elle adresse aux hommes, le nom si doux de frères, nom qui devient la qualification générale de tous ceux qui sont unis en Dieu par la même Foi et par le même amour. C'est encore dans ce sentiment sublime et céleste, dont vous embrasez tous les cœurs vraiment chrétiens, que je trouve la source de toutes ces œuvres instituées par l'Eglise pour voler au secours de ceux qui souffrent, et qui ont besoin d'une assistance quelconque ; au point que les païens eux-mêmes s'écriaient on parlant des premiers chrétiens : « Voyez comme ils s'aiment ! » Oui, ô Esprit d'amour, il n'y a que vous qui puissiez inspirer cette Charité intelligente, désintéressée et délicate, qui est plus heureuses de se sacrifier pour des frères, que ne le sont ceux-ci en se voyant entourés de ses soins et de ses dévouements.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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12 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Treizième jour

L'établissement définitif de l'Eglise par Jésus-Christ

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. Tous les éléments de l'Eglise étaient prêts ; le sang du Sauveur qui avait coulé était comme le ciment destiné à unir étroitement toutes les parties de l'édifice de l'Eglise et à le rendre indestructible ; le prodige de la résurrection de celui qui l'avait fondée lui promettait l'immortalité ; il ne restait donc plus qu'à faire un seul tout de ces matériaux épars, et à les lier étroitement avec la pierre angulaire, qui était Jésus-Christ. Mais Jésus-Christ, tout en restant la pierre angulaire de l'Eglise universelle, allait quitter la terre pour s'élever au plus haut des cieux, et pour rester à jamais dans le séjour de la gloire. Il fallait donc à l'Eglise militante un chef visible, représentant et vicaire du Sauveur du monde, revêtu comme lui de pouvoirs célestes qui lui permissent de continuer l'oeuvre du divin Fondateur. Depuis longtemps celui-ci avait jeté les yeux sur Simon, pour remplir ces sublimes fonctions ; il avait même habitué peu à peu les autres apôtres à le regarder comme devant un jour marcher à leur tête. La foi vive de Simon, son zèle et son amour ardent, son énergie et sa douceur le signalaient sans doute à l'attention du Sauveur, et avaient déterminé son choix. Aussi, dans le cours de ses prédications, lorsque Jésus-Christ cherche une barque pour parler au peuple, c'est dans celle de Simon qu'il monte de préférence ; c'est dans cette même barque qu'il opère une pêche miraculeuse-, c'est encore à Simon qu'il s'adresse directement lorsqu'il veut interroger ses apôtres, comme c'est aussi Simon qui prend la parole pour répondre au nom de ses collègues ; c'est Simon d'abord, et après lui Jacques et Jean, que Jésus prend avec lui pour monter au Tabor, et plus tard, pour l'accompagner sur la montagne des Oliviers la veille de sa mort : enfin, il prélude au choix définitif qu'il doit faire de Simon, avant de monter au Ciel pour l'établir son lieutenant sur la terre et le chef de son Eglise, lorsque, après l'avoir considéré attentivement le jour où il lui fut présenté pour la première fois, il lui dit : « Tu es Simon, fils de Jean, tu t'appelleras Kephas, ce qui veut dire Pierre » (S. Jean, 1, 42) ; et lorsqu'il lui adresse ces mémorables paroles. l'année qui précéda celle de sa Passion : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des Ceux. Et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux ». (Matthieu 16, 18 et SS) Puis, la veille du jour où il devait consommer son sacrifice, Jésus-Christ lui dit encore après la cène : « Simon, Simon, voilà que Satan demande à vous cribler comme le froment. Mais, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas, et lorsque tu seras revenu, tu affermiras tes frères ». (Luc 23, 31 et SS).

II. Ce ne fut, toutefois, que peu de jours avant de remonter au ciel, que le Sauveur proclama solennellement et d'une manière définitive l'élection de Saint Pierre comme devant être désormais le chef de son Eglise, et qu'il constitua irrévocablement celle-ci pour continuer son œuvre jusqu'à la fin des temps. Jésus-Christ, se trouvant au milieu de ses Apôtre, le sixième jour après sa résurrection, jeta un regard plein de bonté sur Simon-Pierre, et lui adressa ces mystérieuses paroles rapportées par l'Evangéliste Saint Jean (21, 18 et ss) : « Simon, fils de Jean, m'aimez-vous plus que ceux-ci ? Il lui répondit : « Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime ». Il lui dit : « Paissez mes agneaux ». Il lui dit de nouveau : « Simon, fils de Jean, m'aimez-vous ? » Il lui répondit : « Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime ». Il lui dit : « Paissez mes agneaux ». Il lui dit une troisième fois : « Simon, fils de Jean, m'aimez-vous ? » Pierre fut attristé de ce que Jésus lui avait dit une troisième fois : « M'aimez-vous ? » et il lui répondit : « Seigneur, vous connaissez toute chose : vous savez que je vous aime ». Il lui dit : « Paissez mes brebis ». Peu de temps après, les onze disciples étant réunis sur une montagne de Galilée que Jésus leur avait désignée, le Sauveur s'approcha d'eux et leur dit : « Toute puissance m'a été donnée dans le Ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations et baptisez-les au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit : apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit : et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles ». (Matthieu 28, 18 et ss). Il ajouta enfin : « Je vais vous envoyer le divin Esprit que mon Père vous a promis. Retirez-vous donc à Jérusalem jusqu'à ce que vous ayez été revêtus de la force d'en haut ». (Marc, 24, 49.).

III. L'Eglise était définitivement constituée et établie : toutes les nations, c'est-à-dire la terre tout entière, avaient été placées sous sa juridiction par Jésus-Christ lui-même, elles devenaient le théâtre de ses infatigables travaux ; sa doctrine immuable et divine, puisqu'elle était sortie des lèvres de l'Homme-Dieu son maître, allait être à jamais consignée dans les Saints Evangiles. Seule elle en avait reçu le dépôt sacré, et son céleste fondateur avait marqué d'avance du sceau de l'infaillibilité les jugements qu'elle aurait à porter, dans la suite des siècles, contre les erreurs qui tenteraient d'altérer la pureté de son enseignement ; elle était revêtue du droit non-seulement d'instruire, mais encore d'imposer aux hommes les vérités de la foi sans souffrir de contrôle. Sa mission était de les répandre partout et de les faire pénétrer dans tous les cœurs. Les moyens de développer les germes de vie renfermés dans la parole sainte étaient entre ses mains : c'étaient la prière, le Sacrifice par excellence et les sacrements. Les pouvoirs les plus merveilleux réservés jusqu'alors à Dieu seul lui avaient été communiqués par un prodige de la miséricorde infinie. Elle pouvait naturaliser tous les hommes enfants de Dieu, leur ouvrir les portes de la vie surnaturelle, leur donner des droits positifs au royaume des cieux ; réconcilier les pécheurs avec leur créateur qu'ils avaient offensé, effacer les souillures de leur cœur, et arrêter en quelque sorte le cours de la justice divine en déchirant leur condamnation, puisque les clefs du ciel lui étaient confiées. La présence réelle de son divin Maître lui était assurée jusqu'à la consommation des siècles, puisqu'elle n'avait que quelques paroles à prononcer pour le faire descendre sur ses autels. Elle pouvait même s'unir à lui pour participer de plus en plus à sa sainteté, à sa justice, à sa force, à sa puissance, et le donner aux fidèles pour leur inoculer ainsi la vie et les vertus, dont le Sauveur avait donné l'exemple. Enfin, elle avait un chef ici-bas destiné à maintenir l'unité dans la société chrétienne, et à donner les lois nécessaires pour le gouvernement et les besoins de cette monarchie divine. Tel était l'état de l'Eglise lorsque Jésus-Christ ressuscité quitta la terre pour monter au ciel. Rien ne manquait à son organisation, mais elle n'avait pas encore reçu l'impression du souffle divin qui devait lui donner le mouvement et la vie ; semblable à Adam formé par les mains du Tout-Puissant, mais sur lequel l'esprit de Dieu n'était pas encore descendu pour lui donner une âme vivante et agissante. Nous verrons bientôt comment la descente du Saint-Esprit sur les apôtres opéra ce prodige, et mit la dernière main à ce grand œuvre de la fondation de l'Eglise Catholique.

 

Élévation sur l'établissement définitif de l'église par Jésus-Christ

 

I. Plus j'avance dans la méditation de l'établissement de votre Eglise, Seigneur, et plus je suis frappé de la sagesse divine qui y a présidé. Votre toute-puissance avait créé le monde entier en six jours ; vous n'aviez eu qu'à prononcer un mot : « Fiat ! » et aussitôt toutes les merveilles que nous contemplons sortaient du néant. Mais lorsqu'il s'agit de l'édifice sacré de votre Eglise, vous employez quatre mille ans à en exécuter le plan, quelque irrévocablement qu'il fût conçu dans vos divins conseils ; et après être descendu du ciel sur la terre pour mettre vous-même la main à ce grand œuvre, vous y travaillez pendant trente-trois ans, et la vie entière du Verbe incarné s'y consume ! Pourquoi une si grande différence entre ces deux prodigieuses créations ? La première et suprême raison que j'en découvre, c'est votre grand amour ô mon Dieu, pour votre Eglise, ou plutôt pour les hommes, en faveur desquels vous l'avez établie. Il semble que vous vous soyez plu à prolonger la durée de votre ouvrage pour savourer plus longuement le bonheur que vous éprouviez en préparant à l'humanité les moyens de salut que lui réservait votre miséricorde infinie. La seconde raison pour laquelle il me semble que l'univers et tout ce qu'il renferme a dû vous coûter à peine quelques jours et quelques paroles, c'est qu'alors rien n'entravait votre volonté ; tous les éléments vous étaient soumis et obéissaient fidèlement à vos ordres, tandis que, pour établir votre Eglise, il n'en a pas été ainsi. Le respect que vous vous étiez prescrit pour la liberté de l'homme, les convenances de sa nature que vous avez daigné consulter, ses susceptibilités même que vous vouliez ménager, les événements humains dont vous n'avez pas cru devoir précipiter le cours naturel, motivent suffisamment vos délais ; les hommes se pressent parce que le temps leur échappe malgré eux : mais vous, Seigneur, vous êtes le maître de l'éternité ! Enfin, la troisième raison qui m'explique le peu de temps que vous avez employé à la création du monde physique, et les siècles que vous avez consacrés à la création du monde moral, c'est-à-dire à l'édification de votre Eglise, c'est la haute estime que vous aviez vous-même de cette œuvre par excellence, et celle que vous en vouliez donner aux hommes. Hélas ! Comment ont-ils répondu à votre attente ? L'incrédulité, les persécutions, l'indifférence, tel est le triste accueil qu'ils ont fait et qu'ils font encore à cette ingénieuse invention de votre Charité pour eux. Au lieu de se réfugier amoureusement dans le sein de cette tendre mère pour y trouver un remède et un adoucissement dans les épreuves de leur exil ; au lieu d'élever vers vous leurs voix reconnaissantes ; semblables à ces fils dénaturés qui renient les entrailles qui les ont portés et les mamelles qui les ont nourris, ils repoussent sa main bienfaisante qui se lève encore sur eux pour leur pardonner et les bénir ; ils sont sourds à sa douce voix qui veut apaiser leur fureur, ils la blasphèment et la couvrent de leurs outrages Pardon, Seigneur, pardon, pour ces enfants égarés de la meilleure des mères ; permettez-nous de vous dire avec votre divin Fils : « Pardonnez-leur, ils ne savent ce qu'ils font ».

II. Quel beau spectacle cependant pour la foi, qu'un Dieu confiant à des hommes, par condescendance et par amour pour l'humanité, la continuation et l'achèvement de la plus belle de ses œuvres ! Pourquoi, Seigneur, confier à des mains si fragiles des pouvoirs si sublimes et si divins? n'avez-vous pas à redouter que l'emploi n'en soit pas toujours fait avec cette sagesse, cette prudence, cette modération qui devraient être la caractère constant de tout ce qui est divin de sa nature? Eh quoi ! Je tremble, lorsque j'entends la voix d'un mortel faible, rempli de misères, portant au fond de son cœur la racine de toute iniquité, appeler entre ses mains le Dieu de toute sainteté, le Dieu qui possède à un degré infini toutes les perfections ! Je tremble lorsque je vois cet être soumis au triste héritage de l'ignorance, suite du péché d'origine, et revêtu néanmoins du droit de condamner les erreurs et de sauver la vérité ; lorsque je le vois, lui, qui chaque jour pleure sur ses propres infidélités, lier ou délier les pécheurs ! Mais pourquoi tremblerais-je, ô mon divin Sauveur, lorsque votre sagesse infinie n'a pas hésité un instant ? C'est en faveur des hommes que vous établissiez votre Eglise, et les hommes devaient être gouvernés par leurs pairs et non par des anges. N'avez-vous pas vous-même donné la meilleure preuve de cette nécessité en épousant la nature humaine, durant votre apparition sur la terre ? Oh ! oui, je le comprends, Pierre qui a péché sera plus indulgent qu'un ange ne l'aurait été, parce que sa propre faiblesse lui fera mieux apprécier celle de ses frères ; et c'est précisément parce que Pierre n'est pas impeccable, que le pécheur se jettera avec plus de confiance dans ses bras pour y chercher son pardon et sa réconciliation avec Dieu. Jésus ! Que votre sagesse est profonde ! Mais, surtout que votre amour est grand ! Combien vous faites peu d'état de votre propre gloire, lorsqu'il s'agit du salut des âmes ! Que les moyens que vous établissez pour leur venir en aide puissent parfois devenir pour vous une source d'outrages et d'humiliations, que les ministres de vos miséricordes soient les premiers à avoir eux-mêmes besoin de votre indulgence et de vos pardons, ce n'est pas ce qui vous préoccupe ; vous voulez avant tout mettre le salut à la portée de tous, et que les plus timides et les plus coupables trouvent des cœurs de frères pour les accueillir et les absoudre. Voilà pourquoi vous avez établi Pierre, les apôtres et leurs successeurs, c'est-à-dire des hommes, pour gouverner votre Eglise.

III. Toutefois, ô divin Maître, ces hommes qui deviennent ici-bas vos représentants et vos ministres, qui tiennent votre place et agissent en votre nom, qui continuent en un mot dans le monde l'oeuvre divine de la rédemption que vous aviez à peine commencée, ne sont-ils que des hommes semblables à tous les autres hommes ? N'est-ce pas vous qui les avez choisis et appelés à votre suite, vous qui les avez instruits ? ne les avez-vous pas séparés et distingués d'entre tous les hommes par l'imposition de vos mains sacrées ? N'est-ce pas à eux seulement que vous avez dit : « Recevez le Saint-Esprit. Tous les péchés que vous remettrez seront remis, et tous ceux que vous retiendrez seront retenus » ? (Jean 20, 23). Et après la cène, après avoir consacré le pain et le vin et le leur avoir distribué, n'est-ce pas encore seulement à eux que vous avez recommandé de faire ceci en mémoire de vous ? (Luc 22, 19.) Ces hommes que vous avez séparés de la foule de vos autres disciples, ne sont-ils pas les seuls auxquels vous ayez dit : « Allez, enseignez toutes les nations » ? (Matthieu 28, 18). Et n'avez-vous pas ajouté, pour qu'on apprît à les entourer du plus profond respect : « Celui qui vous écoute m'écoute ; et celui qui vous méprise me méprise : or, celui qui me méprise méprise celui qui m'a envoyé » ? (Luc 10, 16). Puis, lorsque parmi ces hommes que vous aviez choisis, j'en vois un que vous établissez pour être leur chef, en lui donnant l'autorité non-seulement de paître les agneaux, c'est-à-dire les simples fidèles, mais encore les brebis, c'est-à-dire les mères ou les pasteurs mêmes des agneaux ; lorsque vous adressant spécialement à lui, vous lui remettez les clefs du ciel ; je le demande, après tous ces soins particuliers et assidus que vous prenez pour marquer cette classe d'hommes d'un sceau sacré et divin, après les avoir revêtus de pouvoirs sans pareils sur la terre, et leur avoir donné un chef encore plus puissant qu'eux, destiné à présider, à diriger leurs travaux et à maintenir l'unité de leur action, comment pourrait-on désormais les confondre avec la foule, et ne voir rien en eux qui les en distingue ? Sans doute, pour être revêtus d'un caractère sacré, ils n'en sont pas moins hommes, et ne sont pas affranchis par là des faiblesses de l'humanité ; mais vous, ô mon Sauveur, leur fondateur et leur maître, n'étiez-vous pas aussi véritablement homme, et ne vous étiez-vous pas soumis à toutes les misères de la nature humaine, hors le péché ? Et pourtant vous n'en possédiez pas moins toute la puissance de la Divinité. Dieu et homme tout à la fois, vous avez voulu pour vos ministres et vos représentants sur la terre des hommes revêtus de pouvoirs divins : vous les avez voulus hommes, pour qu'ils pussent se mettre en rapport avec leurs semblables ; et vous leur avez conféré des pouvoirs divins, pour qu'ils fussent à même de servir d'intermédiaires entre Dieu et les hommes, d'intercéder pour eux et de faire descendre sur la terre le pardon et les secours du ciel. C'est ainsi, ô divin Maître, qu'avant de remonter dans votre gloire, vous avez voulu asseoir définitivement votre Eglise, et lui laisser des moyens infaillibles et impérissables d'aller partager un jour votre félicité.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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11 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Douzième jour

La vie de Jésus-Christ préparant les éléments de Son Eglise

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. Le germe de l'Eglise Catholique venait d'éclore dans l'étable de Bethléem ; le Sauveur employa sa vie entière à le développer. Il y travailla d'abord par l'exercice des vertus les plus sublimes et les plus parfaites : l'humilité, l'obéissance, la pauvreté, la mortification, la Charité surtout, furent l'âme de sa conduite et de toutes ses œuvres ; vertus inconnues jusqu'à lui, qui devaient être la vie, la force et la grandeur de son Eglise, et la preuve irréfragable de la divinité de son institution. Jésus naît dans l'humiliation et la pauvreté ; le corps du divin Enfant, si faible, si délicat, est placé sur la paille et dans une crèche, afin de nous instruire par son exemple, et de nous prouver le désir ardent qu'il avait de souffrir pour nous, en commençant sans retard l'oeuvre de notre rédemption. Il fuit humblement devant Hérode son persécuteur, et se soumet à toutes les rigueurs de l'exil. Il obéit avec docilité à Marie et à Joseph, se condamne à gagner son pain à la sueur de son front dans la boutique d'un artisan ; et il mène pendant trente années, sur trente-trois qu'il devait passer sur la terre, une vie obscure et cachée, mais féconde en leçons et en expiations. S'il sort de Nazareth pour commencer sa vie publique, c'est pour se confondre d'abord avec les pécheurs, et recevoir le baptême des mains de Saint Jean-Baptiste ; il s'enfonce ensuite dans le désert, il y prie et il y jeûne pendant quarante jours : il veut même être éprouvé par la tentation. Lorsqu'il instruit ses apôtres, il le fait avec une douceur sans pareille, et supporte leur grossièreté avec une admirable patience. Il guérit les malades, soulage toutes les infirmités, ressuscite les morts, accueille les pauvres avec une bonté jusque-là sans exemple ; il les console et fait même des miracles pour les nourrir. Il fait du bien à tous ceux qui rapprochent. Enfin, l'heure de sa Passion a sonné, il y épuise le calice des humiliations et des souffrances les plus inouïes, il prie pour ses ennemis, et couronne sa vie héroïque en mourant volontairement et sans faiblesse sur la croix, par un excès d'amour pour les hommes.

II. Jésus-Christ, par la manière dont il avait vécu pendant les trente premières années de sa vie, avait posé les fondements d'une doctrine complètement nouvelle, et tellement en opposition avec les passions humaines qu'elle se proposait de combattre, que jamais elle n'aurait trouvé de disciples assez dociles pour l'embrasser, si le Sauveur n'avait eu à sa disposition que des moyens humains ; d'autant plus qu'il ne s'agissait pas seulement de régler la conduite extérieure de l'homme, mais d'atteindre ce dernier jusque dans le sanctuaire de sa conscience, et d'en diriger les actes les plus intimes et les plus secrets. Le divin Maître sortit donc de Nazareth, et après s'être préparé à l'accomplissement de sa céleste mission en pratiquant le premier la doctrine qu'il venait apporter au monde, il commença à prêcher, et à réunir autour de lui quelques disciples. Il leur développa pendant trois ans les maximes fondamentales du christianisme, dont il avait déjà donné lui-même de si héroïques exemples, à savoir : l'humilité, la pauvreté ou le détachement des richesses, la mortification ou la guerre à la chair et aux sens, et la Charité fraternelle. Toutefois, pour perpétuer son enseignement, qui devait traverser tous les siècles, et éclairer les hommes jusqu'à la fin des temps, il choisit parmi ses disciples douze hommes de cœur, pris dans les rangs infimes de la société, afin de convaincre les générations présentes et futures que la doctrine qu'ils allaient bientôt annoncer par toute la terre n'était pas leur œuvre, et que les succès qu'elle devait obtenir par des intermédiaires aussi ignorants et aussi grossiers, ne pouvaient être le fruit de leur science ni de leur habileté personnelles. Pendant trois ans, il s'applique à instruire ces douze hommes, pécheurs de profession pour la plupart, et à les former à la pratique des vertus qu'ils devaient eux-mêmes prêcher et faire accepter un jour au monde entier. C'est ainsi que le Sauveur préludait à l'établissement de son Eglise et qu'il en préparait les éléments.

III. Pourtant, il ne suffisait pas de publier, ni même de confirmer cette nouvelle doctrine par de nombreux et d'éclatants miracles ; il ne suffisait pas de convaincre l'humanité de ses erreurs, et de lui montrer ce qu'elle avait à faire pour marcher désormais dans les voies de la vérité. Il fallait encore lui ouvrir une source intarissable de secours surnaturels pour soutenir sa faiblesse et l'aider à combattre victorieusement son ignorance et sa corruption. Dieu seul était assez puissant et assez bon pour lui accorder cette faveur ; mais la paix, promise aux hommes à la naissance du Sauveur, n'avait pas encore été signée entre le ciel et la terre. Un sacrifice solennel était nécessaire pour apaiser la justice divine en expiant le crime au premier homme et les iniquités de quatre mille ans. Pour ce sacrifice, il fallait une victime pure et sans tache, une victime d'un prix infini, puisque les outrages avaient été adressés à Dieu, qui est un être infini ; il fallait encore un prêtre innocent et sans souillure, qui n'eût pas besoin d'implorer miséricorde pour lui-même, et qui n'eût rien de commun avec les pécheurs. Le fondateur de l'Eglise, Dieu et homme tout ensemble, se dévoua : il fut Prêtre et Victime. Comme homme il donna son sang et sa vie, et comme Dieu il donna un prix infini au sacrifice qu'il offrit sur la Croix. Le monde était racheté : la justice et la paix s'étaient embrassées sur le Calvaire ; la source des faveurs célestes était ouverte. Source incomparable, à laquelle toutes les générations futures devaient pouvoir demander les eaux qui jaillissent jusqu'à la vie éternelle, c'est-à-dire à laquelle les hommes de tous les âges devaient pouvoir aller puiser les secours surnaturels nécessaires pour mettre en pratique une doctrine descendue du ciel avec Jésus-Christ, c'est-à-dire pour vaincre la chair et faire triompher l'esprit. La Charité ingénieuse du Sauveur sut trouver un moyen de rendre accessible à tous la source sacrée des grâces obtenues par l'effusion de son sang adorable. Il institua les sacrements comme autant de canaux divins destinés à nous appliquer les mérites infinis de son sang précieux, en répandant les secours surnaturels dans nos âmes : le baptême d'abord, pour nous réconcilier avec son Père, pour régénérer notre nature corrompue et pour nous entrer en quelque sorte sur lui-même, et nous faire devenir des créatures nouvelles ; la confirmation, pour fortifier davantage encore ces premiers effets de la grâce ; l'Eucharistie, pour affaiblir la concupiscence de la chair et nous faire participer à son esprit, à sa Charité et à sa propre Vie ; la pénitence, où nous devions trouver des remèdes pour toutes les infirmités de notre âme, et la laver des souillures, suites de nos faiblesses ; l'extrême-onction, destinée à nous fournir les secours nécessaires pour ces derniers combats dont l'issue décide de notre sort éternel ; le sacerdoce, qui devait perpétuer son œuvre en répandant son enseignement par toute la terre, et en ouvrant à tous la source divine des grâces par l'administration des sacrements ; enfin, le mariage, qui, établissant un lien indissoluble et sacré entre l'homme et la femme, fermait la porte aux dissolutions de la polygamie, et sanctifiait les générations futures jusque dans leur source. Qui n'admirerait la sagesse infinie qui a présidé à la disposition de tous ces éléments destinés à concourir à la fondation de l'Eglise et à y conserver la vie ? Et quel est celui qui oserait soutenir qu'un fondateur qui emploie de tels moyens n'est pas un Dieu ?

 

Élévation sur la vie de Jésus-Christ préparant les éléments de son Eglise

 

I. Que vos desseins, ô mon Dieu, sont différents de ceux des hommes, surtout dans la manière de les accomplir ! Les hommes, ceux mêmes auxquels vous avez bien voulu accorder une intelligence supérieure, n'ont que des vues courtes et étroites ; et encore pressés de les voir réalisées, parce que la durée de leur existence éphémère ne leur permet pas de prendre leur temps, ils se précipitent dans l'exécution, et emploient la force brutale et la violence pour arriver plus vite à leurs fins, dès qu'ils rencontrent le moindre obstacle à  l'accomplissement de leurs projets. Mais vous, Seigneur, dont les conseils profonds sont impénétrables ; vous qui embrassez d'un seul coup d'oeil tous les siècles passés, présents et futurs ; vous qui tenez dans votre main puissante toutes les destinées des individus et des peuples ; vous, enfin, qui avez l'éternité tout entière pour exécuter les décrets de votre sagesse infinie, vous ne craignez pas de former des plans dont la grandeur écrase notre faible intelligence ; et, lorsqu'il s'agit de les exécuter, certain de n'être jamais arrêté dans votre marche, quelles que soient d'ailleurs la malice et la résistance des puissants de la terre, vous accomplissez vos desseins avec ce calme, cette mesure et cette majesté qui sont le caractère distinctif de vos œuvres. Les siècles sont à vous, pourquoi donc vous hâter ? Non ! La régénération de l'humanité sera soumise aux mêmes lois de douce et lente progression que vous avez imposées à la nature. Les arbres les plus élevés, les plus majestueux et les plus solidement enracinés n'arrivent que peu à peu et insensiblement à leur complet développement; c'est ainsi que vous avez voulu que l'établissement de votre Eglise fût l'oeuvre des siècles, et que, semblable au grain qui est confié à la terre, le plan magnifique ne s'en développât qu'imperceptiblement jusqu'à l'avènement du Sauveur, qui devait y mettre la dernière main et en faire cet arbre gigantesque et mystérieux sur lequel tous les oiseaux du ciel pourraient trouver un abri assuré.

II. C'est encore ainsi, ô Divin Maître, que vous vous contentez de poser pour ainsi dire la première pierre de votre Eglise, d'en réunir les matériaux sans vouloir y mettre la dernière main, et que vous abandonnez sans crainte à vos apôtres et à leurs successeurs le soin de formuler les lois spéciales dont vous avez donné le principe fondamental, et les détails du gouvernement dont vous avez déterminé la nature. Les puissances humaines, toujours pressées de voir leur législation à l'oeuvre, et d'en recueillir les fruits, hâtent son application par le moyen expéditif de la force, de la contrainte et des châtiments exemplaires. Mais ce n'était ni une obéissance purement extérieure, et encore moins hypocrite, ni la docilité de l'esclavage qui pouvaient changer et régénérer le cœur de l'homme ; aussi, Seigneur, est-ce à son intelligence et à sa conscience que vous en appelez, par respect pour sa liberté et pour la dignité de sa raison et de sa nature. Vous voulez qu'après avoir été instruit de votre sainte doctrine, l'homme l'embrasse librement, par conviction et par amour pour vous. Ce moyen de rappeler l'humanité de ses erreurs et de ses égarements sera moins direct et moins expéditif peut-être, mais il attaquera le mal dans sa racine, il ira saisir l'homme dans le sanctuaire même de son âme, et au lieu de ne le changer qu'à la surface il en fera un chrétien vrai et sincère. Il développera dans son cœur les instincts généreux et les sentiments élevés qui n'y sont pas encore entièrement éteints ; il en fera avec le temps un serviteur dévoué et fidèle. C'était l'intelligence de l'homme, sa raison et sa volonté qui avaient été viciées par le péché d'origine : c'était sur elles que le restaurateur de l'humanité devait agir pour les réhabiliter. Sans doute, il n'appartenait qu'à vous, ô mon Dieu, à vous qui sondez les cœurs et les reins, à vous qui avez créé l'âme de l'homme, de trouver le spécifique qui seul pouvait lui procurer une guérison radicale ; vous seul étiez assez puissant pour en rendre l'application efficace et praticable, surtout en en plaçant l'administration entre des mains aussi faibles que celles de vos apôtres et de ceux qui sont chargés de perpétuer leur ministère. Et pourtant, à la voix de ces prédicateurs de votre Evangile, n'avons-nous pas vu, et ne voyons-nous pas encore tons les jours les cœurs les plus hautains et les plus orgueilleux devenir doux, humbles et obéissants comme des petits enfants ? les personnages les plus sensuels et les plus abandonnés aux plaisirs, embrasser les rigueurs d'une vie austère, pénitente et mortifiée ? L'amour désordonné des richesses se changer en un détachement parfait des biens de la terre ? Et enfin, l'amour divin et une ardente Charité pour ses semblables, prendre la place de l'indifférence et d'un égoïsme révoltant ? A de semblables résultats qui ne reconnaîtrait, Seigneur, l'oeuvre de vos mains ? Oui, je le crois et je le confesse hautement : il n'appartenait qu'à Jésus-Christ, Dieu et homme tout ensemble, de fonder et de constituer l'Eglise.

III. Mais si je reconnais ici votre toute-puissance et votre sagesse infinies, quelle admiration profonde, quelle tendre reconnaissance ne font pas naître en moi les merveilles et les prodiges de miséricorde que votre Charité pour les hommes a su faire sortir de la parole de votre adorable Fils et du Sang Précieux qu'il a répandu pour nous ? C'est bien la même parole qui avait dit à toute la création : « Croissez et multipliez », qui a prononcé plus tard, par les lèvres du Sauveur, ces quelques mots devenus si féconds : « Allez, enseignez toutes les nations, et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Ô Evangile ! Parole céleste et toute divine, vous renfermez une sagesse si profonde, une connaissance si parfaite du cœur de l'homme, une si douce onction, qu'en la lisant avec le respect et la piété qu'elle commande, on se sent le cœur pénétré de lumières surnaturelles, et embrasé du plus pur amour ! Depuis dix-huit siècles, au milieu des bouleversements politiques et des révolutions sans nombre qui ont ébranlé et renversé tous les trônes, comme les destinées des nations ; au milieu des erreurs dont l'ignorance et les passions humaines ont inondé la société ; au milieu de ce chaos inextricable de législations diverses, qui se sont succédé les unes aux autres, en démentant le lendemain celles qui avaient été enfantées ou établies la veille, la parole sainte de l'Evangile est sortie seule de ce naufrage universel de la vérité, avec toute sa pureté, avec tout l'éclat de ses sublimes lumières et avec toute sa fécondité primitive ! La sainte Eglise en avait reçu le dépôt pour la régénération du genre humain, et elle a pu vérifier de la manière la plus incontestable l'infaillibilité de cet oracle du Sauveur : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas ». (Matthieu 24, 88). Que vous êtes bon, Seigneur, d'avoir ainsi rendu la vérité accessible à toutes les intelligences, et surtout de l'avoir rendue impérissable entre les mains de l'Eglise ! Mais, si une fois éclairé par ces lumières venues du ciel, je viens contempler les trésors de grâces que votre ingénieuse Charité renferme dans les sacrements pour nous faire participer aux fruits de la passion de votre divin Fils, comment ne pas tomber dans une extase d'admiration, de reconnaissance et d'amour ! Non, vous ne voulez pas seulement que dans notre prière nous osions vous donner le nom de père, mais vous voulez qu'en réalité nous soyons vos fils adoptifs ; vous ne vous contentez pas de pardonner au pécheur en vertu du sang que le Sauveur a versé, vous permettez, vous exigez même qu'il s'unisse intimement à lui dans la sainte Eucharistie pour qu'il ne fasse plus qu'un avec Jésus-Christ, et qu'il vive de sa vie ; pour que sa nature corrompue soit corrigée par la nature divine du divin Réparateur, et pour que sa dégradation disparaisse sous le poids de la gloire et de la dignité de votre adorable Fils auquel il s'est uni. Que la grandeur de vos miséricordes en soit à jamais bénie !

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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10 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Onzième jour

La naissance de Jésus-Christ, fondateur de l'Eglise

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. La sagesse humaine aurait sans doute choisi l'une des grandes métropoles du monde connu pour servir de berceau au Rédempteur et au Régénérateur de l'humanité déchue. Elle l'aurait fait naître sous les voûtes dorées d'un somptueux palais et à l'ombre d'un trône majestueux. La sagesse humaine l'aurait voulu entouré d'une puissante armée, de généraux et de ministres expérimentés, habiles et savants ; ayant enfin à sa disposition des richesses immenses. Toutes ces ressources, comparées avec le but que le Sauveur se proposait d'atteindre, n'auraient, en effet, rien eu d'exagéré. Mais il n'appartient qu'à la faiblesse de l'homme de s'entourer ainsi d'une sorte de prestige qui impose à la multitude, et qui déguise avec plus ou moins de bonheur l'infirmité de sa nature ; il n'appartient qu'à elle de se servir de la force brutale pour établir son autorité et pour faire exécuter ses volontés. Un Dieu n'a pas besoin de ces moyens vulgaires : il est assez grand, assez sage, assez puissant, assez riche, pour trouver en lui-même tout ce qu'il lui faut, et pour suffire seul à l'accomplissement de ses desseins. Aussi, le Sauveur du monde se contente-t-il de naître dans une étable, sous les murs de la petite bille de Bethléem ; ses parents sont pauvres, et ce sont de pauvres bergers qui forment tout d'abord sa cour. Le ciel, il est vrai, se charge de manifester aux hommes l'excellence de celui qui vient de voir le jour. A peine est-il né, qu'une lumière céleste et extraordinaire vient frapper d'étonnement les pasteurs qui veillaient pendant la nuit sur leurs troupeaux. La voix d'un ange se fait entendre, et il leur dit : « Ne craignez point, car je viens vous annoncer une nouvelle qui remplira tous les peuples de joie; parce qu'aujourd'hui il vous est né, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur, Vous le reconnaîtrez à ce signe : vous trouverez un enfant enveloppé de langes et placé dans une crèche ». Et aussitôt, à cet ange se réunit une multitude de célestes intelligences qui louaient Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! » (Luc 2, 9 et s.).

II. Tel est le simple et sublime récit de la naissance du Rédempteur du monde, du fondateur de l'Eglise. Ce n'est pas seulement un peuple privilégié et isolé, que le ciel éclairera désormais des sublimes lumières qui révèlent à l'homme le seul Dieu qu'il doit adorer, aimer et glorifier, et qui est la source intarissable de la paix du cœur ; toutes les nations sont appelées dès à présent à recueillir cet incomparable bienfait. Le grain de sénevé, dont parle l'Evangile, vient d'être confié à la terre ; il commence à germer, et peu à peu il va se développer. Voici déjà  qu'une étoile mystérieuse apparaît dans l'Orient, celle prédite par Balaam : « Une étoile sortira de Jacob ». (Nombres 24, 17). Au reste, dès les temps les plus reculés, les peuples de l'ancien monde possédaient des traditions merveilleuses qui annonçaient l'apparition d'une étoile extraordinaire et de certaines constellations, comme signes précurseurs de l'avènement du Sauveur et du régénérateur de l'humanité. Dieu, dans son infinie miséricorde, daignant mettre ses enseignements à la portée des hommes, fit briller cette étoile aux yeux des Orientaux qui se livraient avec une sorte de passion à l'étude de l'astrologie. Ils furent frappés de l'éclat prodigieux que répandait cet astre, et soit le souvenir des traditions, soit qu'ils eussent reçu quelque révélation céleste, trois Mages se mirent en route, pour découvrir le lieu de la naissance du Sauveur, qu'ils appelaient eux-mêmes le Roi des Juifs ; lorsque, arrivés à Jérusalem, ils allèrent interroger Hérode pour savoir, non si le Messie avait vu le jour, mais où il était né. Ce qu'il y eut de miraculeux dans cette vocation des Gentils à la Foi, ce fut moins l'étoile elle-même, que sa marche intelligente qui les conduisit à Jérusalem, et de là à  Bethléem, où elle s'arrêta précisément au-dessus de l'étable où reposait le divin Enfant dans une crèche. Les Mages y entrèrent, adorèrent le nouveau-né et lui offrirent de l'or, de la myrrhe et de l'encens.

III. Ce petit enfant, cette crèche, cette étable, malgré leur pauvreté, leur abaissement et leur obscurité, étaient pourtant les premiers rudiments de cette Eglise qui devait bientôt étendre son sceptre sur l'univers entier. Les plus grands fleuves ont souvent une source bien humble et même à peu près ignorée. Les édifices les plus élevés et les plus solides reposent sur des fondements profondément cachés, et les pierres qui servent aux premières assises sont d'une dimension et d'une consistance plus qu'ordinaires. Ainsi en a-t-il été de l'Eglise : la terre était trop fragile pour lui servir de base, et tout ce qu'elle renferme de puissance et de richesses était trop faible et trop misérable pour en devenir les matériaux. Le Ciel est son point d'appui, le Verbe éternel caché dans le sein de son Père au plus haut des cieux, puis incarné dans les entrailles de la plus humble des vierges, est sa pierre angulaire. Les vertus divines, la Foi, l'Espérance et la Charité ; les vertus pratiques, l'humilité, la pauvreté, la mortification et l'amour du prochain ; une organisation fondée sur le culte intérieur et extérieur, et sur le sacerdoce ; enfin, les persécutions sanglantes ou morales, telles sont les ressources célestes à l'aide desquelles l'Eglise est devenue l'édifice le plus élevé, le plus inébranlable qui ait jamais existé. C'est par ces moyens si simples et pourtant si puissants qu'elle a établi son empire immense sur les esprits et sur les cœurs de l'univers entier. Or, tous ces éléments se retrouvent à l'état de germe dans l'étable de Bethléem. Nous y découvrons, en effet, la foi dans les pasteurs et dans les Mages qui y adorent l'enfant nouveau-né comme leur Dieu ; l'espérance de la Rédemption prochaine de l'humanité est dans tous les cœurs de ceux qui visitent le Sauveur dans cette humble réduit ; mais comment croire, comment espérer en un Dieu fait homme, sans être profondément touché des sacrifices qu'il s'impose librement par amour pour les hommes ? Marie, Joseph, les bergers et les Mages qui entourent la crèche, sont donc plongés dans une extase d'amour, et le divin Enfant répond à ces sentiments embrasés par l'effusion de Sa Charité. Dans l'étable, je vois pour ainsi dire le berceau et le pays natal de l'humilité et de la pauvreté chrétiennes, depuis le souverain Maître de la terre par qui tout a été fait et qui est étendu sur un peu de paille dans une misérable chaumière, jusqu'à Marie et Joseph, jusqu'aux bergers et même aux Mages, qui lui sacrifient leurs richesses : tout respire la pauvreté dans cette humble demeure.

La Sainte Famille couchant sur la dure ; la rigueur de la saison, les bergers à la condition rude et laborieuse, les Rois venus d'Orient renonçant au sensualisme de leur pays pour entreprendre un voyage long et pénible : n'est-ce pas là cette mortification qui est l'élément essentiel de la doctrine évangélique que prêche l'Eglise ? Puis, quel nouveau spectacle ! A peine le Sauveur est-il descendu des splendeurs du ciel sur la terre pour épouser la misère de l'homme par amour, pour l'humanité, que déjà  la Charité a comblé les abîmes qui séparaient les différentes classes de la société : les pauvres et les riches, les princes et les roturiers, les fidèles et les païens, se pressent à l'envi autour de cette puissance nouvelle devant laquelle s'éclipsent toutes les autres, et ils sont tout surpris de ressentir pour la première fois autour de ce foyer d'amour les douces influences de la Charité fraternelle. Enfin, l'étable est le premier temple, la crèche le premier autel du culte fondamental de l'Eglise catholique ; la victime offerte, c'est Jésus Enfant, et Jésus en est aussi le Prêtre ; il prélude ainsi au grand sacrifice de la Rédemption, et au sacerdoce de Son Eglise qui devait continuer et perpétuer son œuvre régénératrice. Les ressources matérielles et une sorte de luxe ne sont même pas bannis de ce sanctuaire primitif : l'or et l'encens des Mages y sont acceptés, et les fidèles qui y accourent y apportent tous leurs offrandes. Les anges eux-mêmes veulent le consacrer par leur présence et par leurs concerts, en chantant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ». Et pour qu'aucun des caractères de l'Eglise ne lui manque dès son berceau, Hérode aura la triste gloire d'être son premier persécuteur et son premier tyran.

 

Élévation sur la naissance de Jésus-Christ, fondateur de l'Eglise

 

I. Après quatre mille ans d'attente et d'espérance, vous venez donc, ô Verbe divin, vous manifester aux hommes ; et pour mieux vous proportionner à leur faiblesse, pour que les leçons que vous avez à leur donner leur soient d'une intelligence plus facile, pour réhabiliter plus efficacement leur nature, vous ne dédaignez pas d'épouser leur humanité ! Vous prenez une âme et un corps semblables aux leurs, vous unissez non plus seulement la matière à l'esprit comme dans la création de notre être, mais vous unissez encore l'une et l'autre à la Divinité, par votre incarnation ! Que diront devant un pareil prodige nos beaux penseurs modernes, qui voudraient, dans l'excès de leur zèle et de leur prétendu respect pour la religion, que rien de temporel ou de matériel ne se mêlât à ce qu'ils imaginent ne devoir être qu'uniquement spirituel et surnaturel ? Divin Sauveur ! Combien ces pauvres frères égarés sont loin de connaître les desseins que vous vous proposiez d'accomplir dans le grand œuvre de la Rédemption ! Vous aviez promis de venir réhabiliter l'homme tout entier, son corps par conséquent aussi bien que son âme. Sa déchéance provenait de ce que la chair avait usurpé le domaine que l'âme était destinée à exercer sur lui ; d'esclave qu'elle devait être, elle était devenue reine en ravissant à l'âme le noble sceptre qui lui avait été confié lors de la création. Il fallait donc, pour relever l'homme de l'ignominie dans laquelle il s'était si malheureusement plongé, non pas séparer ce que Dieu avait uni, ni détruire ainsi la nature humaine, mais lui fournir les moyens de rendre la chair plus traitable et l'âme plus puissante ; c'est là tout le plan et le secret de l'Incarnation, de la Rédemption et de la Religion chrétienne. Aussi, votre sagesse infinie, ô divin Maître, commence-t-elle l'oeuvre de la restauration de l'homme, en se servant des mêmes moyens que son Eglise emploiera plus tard pour la continuer, c'est-à-dire qu'elle use de la matière pour en faire le véhicule et le signe des faveurs surnaturelles qu'elle venait apporter à des êtres qui ne pouvaient les saisir que par les sens.

II. Mais permettez. Seigneur, que j'entre dans ce sanctuaire où pour la première fois la Divinité vient habiter avec les hommes, et réaliser le nom mystérieux donné dès longtemps au Messie, le nom d'Emmanuel, « Dieu avec nous ». Que le touchant spectacle dont je vais être l'heureux témoin éclaire mon esprit de vos divines lumières. A peine ai-je foulé le seuil de la pauvre étable où m'amène l'étoile merveilleuse des mages, que j'aperçois, non pas seulement la crèche où repose le Sauveur du monde, mais encore Marie et Joseph plongés dans une adoration profonde ; c'est-à-dire que j'y trouve une famille entière: Marie, la mère, qui a porté Jésus dans son chaste sein, et qui l'a nourri de son sang virginal ; Joseph, le père adoptif du divin Enfant, et enfin le nouveau-né, le Désiré des nations. Pourquoi le Rédempteur du monde, le nouvel Adam, n'est-il pas immédiatement sorti des mains du Créateur, comme notre premier père, à l'état d'homme fait, et parvenu dès l'instant même de sa création à la perfection de l'être ? Le péché, qui avait été la ruine de l'humanité, avait été commis en famille, et tous les âges en avaient été infectés ; vous avez donc voulu, ô mon Dieu, que la source de la restauration du genre humain eût quelque rapport avec sa perte ; vous avez voulu qu'il fût racheté pour ainsi dire en famille, et que le Sauveur passât par tous les âges, non- seulement pour leur donner à tous des exemples de vertu, mais encore pour réhabiliter chacun d'eux en particulier. La femme était tombée dans l'esclavage et le mépris, et vous lui avez rendu sa dignité primitive en la choisissant pour la mère du régénérateur de l'univers ; l'enfance et la vieillesse étaient délaissées et dédaignées, et vous les avez entourées de respect et de sollicitude en voulant que votre Fils unique se fît petit enfant, et qu'il eût un vieillard pour père nourricier. Vous avez ainsi reconstitué la famille, dont les liens avaient été brisés par l'égoïsme, et sur cette famille modèle vous avez enté votre Eglise.

III. L'Eglise, en effet, n'est autre chose qu'une grande famille, et déjà l'étable de Bethléem nous la présente avec les grands caractères qui la distinguent de toute autre société, et qui démontrent de la manière la plus évidente qu'elle est votre œuvre, ô mon Dieu, parce qu'ils sont de l'essence même de la famille telle que vous l'avez fondée. D'abord, elle est visible, elle a quelque chose de sensible et de matériel qui frappe l'homme. Je vois la crèche, l'enfant divin qui y repose, sa mère, son père adoptif, les bergers et les mages qui l'entourent, comme je vois aujourd'hui dans nos temples l'autel, la sainte eucharistie, les ministres augustes qui la consacrent, les fidèles qui se pressent dans le sanctuaire pour l'adorer ; comme je vois encore le vieillard vénérable qui a recueilli la succession sacrée de Saint Pierre, et qui est entouré de toute la hiérarchie sacerdotale destinée à le seconder dans le gouvernement des âmes. Je contemple ensuite dans la sainte famille l'admirable unité de votre Eglise ; tous ses membres ne font qu'un cœur et qu'une âme et le Cœur du divin Enfant est le Centre et le Foyer de la Charité qui les unit. La crèche n'est-elle pas aussi le point d'union entre l'Ancien et le Nouveau Testament ? Tous les soupirs des patriarches et des prophètes y convergeaient, et c'est encore de la crèche ; que s'est élancé le zèle ardent des apôtres pour embrasser l'univers entier de ses feux divins. Votre Eglise est sainte, Seigneur, mais quelle sainteté fut jamais comparable à celle qu'abritait l'étable où s'étaient réfugiés Jésus, Marie et Joseph ? Le caractère de la catholicité se trouve encore sous cet humble toit ; d'abord, c'est le Sauveur qui y habite, et qui appartient à tous les temps : Jésus-Christ, dit l'apôtre, était hier, il est aujourd'hui, et il sera dans tous les siècles. (Hébreux 13, 8). Puis, ce sont les descendants de Sem, Cham et Japhet, qui semblent s'être donné rendez-vous autour de la crèche. Car la bénédiction de Noé promettait à Japhet de dilater son empire jusqu'aux tentes de Sem et de faire habiter ses descendants sous le même toit que ceux de ce dernier. Les Romains, qui s'étaient emparés du royaume de Juda, se chargèrent d'accomplir cette prophétie. Bethléem était trop près de Jérusalem pour que quelques-uns des fils de Japhet n'eussent pas accompagné les Mages dans leur pieuse recherche. Les Mages eux-mêmes venus de l'Arabie occidentale, qui, avec l'Afrique, était échue en partage à Cham, représentaient les descendants de ce fils de Noé, ceux de Sem étaient les bergers. Telles étaient les prémices de la catholicité naissante. Enfin, quel a été le foyer du zèle apostolique y qui a rayonné sur le monde entier, et qui embrasse encore aujourd'hui tous les pasteurs des âmes ? N'est-ce pas à la crèche qu'il faut remonter pour trouver le foyer de ce feu divin, qui inspire tant de dévouement et d'héroïsme ? Aussi, les Mages et les bergers en sortant de l'étable glorifiaient Dieu, et publiaient avec admiration tout ce qu'ils avaient vu et entendu, devenant ainsi les premiers apôtres du christianisme. Daignez, ô mon Dieu, embraser aussi mon âme de ces célestes ardeurs !

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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9 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Dixième jour

Réalisation des promesses, des figures, des prophéties en Jésus-Christ, fondateur de l'Eglise

 

 Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. A peine l'homme était-il tombé, que le Seigneur lui annonçait un Sauveur. Cette première promesse, quoique vague et générale, suffit néanmoins pour fermer le cœur de l'homme au désespoir ; et elle fut pendant près de deux mille ans l'unique espérance du genre humain. Une seconde promesse vient toutefois éclaircir la première ; c'est à Abraham qu'elle est faite : Dieu lui dit que c'est de sa race que naîtra le Messie. Nous ne chercherons donc plus le Messie dans la généralité des nations, mais uniquement dans la postérité d'Abraham. Mais Abraham a sept enfants ! La troisième promesse est faite à Isaac, et par là  même sont écartés les peuples qui descendent des autres rejetons. Isaac à son tour a deux héritiers, Esaü et Jacob : ce dernier est choisi, par une quatrième promesse, pour être la souche de laquelle doit naître le Messie. C'est ainsi que peu à peu, et à mesure que nous avançons de siècles en siècles, la vérité se dégage des nuages qui en obscurcissaient l'éclat. Cependant, Jacob à douze fils : quel sera celui qui verra le Sauveur naître de sa race ? Une nouvelle promesse devient nécessaire, et c'est à Juda qu'elle est faite. Une dernière promesse vient enfin fixer les incertitudes qui pouvaient encore surgir sur celle des familles de Juda, qui devait donner le jour au Rédempteur du monde, en désignant la maison de David. Nous sommes donc certains maintenant que l'homme aura un Sauveur, et que ce Sauveur naîtra de la race de David. Mais comme celle-ci donnera naissance à un grand nombre d'enfants, il faudra que de nouvelles révélations nous viennent en aide, pour nous faire reconnaître le Messie au milieu de cette multitude de descendants de David.

II. Aussi, Dieu se réservait-il de nous désigner le Rédempteur promis d'une manière bien autrement précise : d'abord, par des figures, qui nous donnent une idée générale de sa mission divine ; nous n'en citerons que quelques-unes. Dans Adam, le Messie nous a été représenté comme devant être le père d'un monde nouveau, s'associant une épouse, l'os de ses os, la chair de sa chair, c'est-à-dire la sainte Eglise : ce qui fut accompli lorsque son côté sacré fut ouvert pendant le sommeil de sa mort. Dans Abel innocent, nous le voyons mis à mort par les mains de ses frères ; dans Noé, c'est le Rédempteur du monde qui le sauve d'une ruine universelle et qui repeuple la terre d'enfants de Dieu ; dans Melchisédeck, offrant le pain et le vin en sacrifice, nous retrouvons son sacerdoce éternel ; dans Isaac, son sacrifice sur le Calvaire ; dans Joseph, nous reconnaissons le Sauveur vendu par ses frères, condamné pour un crime dont il est innocent, placé entre deux criminels à l'un desquels il annonce la vie, à l'autre la mort, enfin comblant généreusement de biens ses frères dénaturés. Il est représenté dans l'agneau pascal, s'offrant en sacrifice et préservant son peuple de l'ange exterminateur ; dans la manne, nourrissant miraculeusement la nation voyageuse d'une nourriture descendue du ciel. Le serpent d'airain nous montre le Sauveur élevé sur une croix et guérissant la morsure des serpents ; Moïse est l'image vivante du Rédempteur qui délivre le genre humain de la captivité où il gémissait ; dans David, nous le voyons terrassant un géant malgré l'inégalité de ses forces, maltraité par un prince jaloux, persécuté par un fils ingrat, gravissant à pied et en pleurant la montagne des Oliviers, insulté par un homme à qui il défend de faire aucun mal ; dans Salomon, nous le contemplons assis sur un trône magnifique, entouré de puissance et de gloire, doué d'une sagesse divine, et élevant à la gloire de Dieu son Père un temple merveilleux. Tous ces différents caractères conviennent si parfaitement au Messie, qu'il est impossible de ne pas le reconnaître, avec les écrivains sacrés du nouveau Testament et avec les pères de l'Eglise, pour le type de toutes ces figures.

III. Toutefois, ces traits épars et voilés sous des ombres plus ou moins épaisses ne suffisaient pas encore à désigner clairement Jésus-Christ, le fondateur de l'Eglise. Dieu voulait que le Messie fût annoncé d'une manière si évidente et si précise, qu'il fût impossible à l'homme de s'y tromper, à moins d'un aveuglement volontaire et obstiné. Alors il suscite les prophètes ; et si le peuple juif n'avait gardé entre ses mains les livres de ces hommes inspirés, on n'aurait pas manqué de les attribuer à la mauvaise foi des chrétiens, tellement le Messie et les mystères de sa vie sont dépeints avec précision et dans les plus minutieux détails. Voici, en effet, ce qu'ils disaient de lui plusieurs siècles avant l'avènement du Rédempteur : Le Messie sera Dieu et homme tout ensemble, il sera fils de Dieu et fils de David ; il naîtra à Bethléem de Juda, d'une mère toujours vierge ; sa naissance arrivera lorsque le sceptre de David aura passé dans les mains d'un étranger. Il sera adoré dans son berceau par des rois qui lui offriront en présents de l'or et des parfums ; à l'occasion de sa naissance, on fera mourir tous les petits enfants de Bethléem et des environs à cause de lui ; il se retirera en Egypte, d'où Dieu son Père le fera revenir plus tard. Il sera pauvre, et l'humilité, la bonté, la justice, seront son caractère. Il sera si doux, qu'il n'achèvera pas de briser le roseau rompu, et n'éteindra pas la mèche qui fume encore. Il aura un précurseur, qui, élevant la voix dans le désert, prêchera la pénitence et s'efforcera de préparer les hommes à le reconnaître et à s'attacher à lui. Le Messie prêchera le salut aux pauvres et aux petits ; de nombreux prodiges lui rendront témoignage : il guérira les lépreux, délivrera les possédés ; il rendra la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, la vie aux morts.

Cependant son peuple le méconnaîtra : il sera persécuté, contredit, calomnié ; il entrera dans Jérusalem, au milieu des acclamations, monté sur une ânesse suivie de son ânon. Un de ses disciples, mangeant à sa table, le trahira et le vendra pour trente pièces d'argent ; cet argent sera rapporté dans le temple et donné à un potier pour prix de son champ. Ses ennemis se saisiront de sa personne ; tous ses disciples l'abandonneront, il sera maltraité, déchiré de coups, couvert de crachats, traité comme un ver de terre. On lui percera les pieds et les mains ; comme l'agneau qu'on porte à la boucherie, il n'ouvrira pas même la bouche pour se plaindre, il sera placé entre des malfaiteurs ; on lui donnera à boire du vinaigre ; on partagera ses vêtements et on tirera sa robe au sort. Enfin, il sera mis à mort, et Daniel assigne l'époque précise où ces choses s'accompliront, c'est-à-dire quatre cent quatre-vingt-dix ans après l'époque à laquelle il parlait. Par sa mort, il expiera toutes les iniquités du monde dont il se sera volontairement chargé. Il restera trois jours dans le tombeau ; il en sortira plein de vie, montera au Ciel et enverra l'Esprit-Saint à ses disciples. Il convertira les nations, qui s'empresseront de toutes parts d'abandonner leurs idoles pour s'attacher à lui ; d'une extrémité de l'univers à l'autre, les peuples les plus différents de mœurs et de langage se réuniront pour l'adorer. Il établira un sacrifice nouveau qui remplacera seul tous les autres sacrifices et qui sera offert, non pas dans un seul pays et dans un seul temple, mais dans tous les pays du monde, depuis l'Orient jusqu'à l'Occident. A de semblables traits, qui pourrait douter que Jésus-Christ ne soit le Messie promis ?

 

Élévation sur la réalisation des promesses, des figures et des prophéties en Jésus-Christ, fondateur de l'Eglise

 

I. L'Eglise, dont l'action devait avoir une influence si universelle et si intime ; l'Eglise, qui devait régner sur toutes les nations et sur toutes les consciences, ne pouvait avoir d'autre fondateur que vous, ô mon Dieu ! Car à vous seul appartient le sceptre de la terre et le gouvernement des âmes. C'est pour cela, Seigneur, que vous avez voulu que Jésus Christ, qui venait sauver le monde et établir une autorité spirituelle destinée à continuer d'âge en âge son, œuvre réparatrice, pût être facilement reconnu pour votre Fils unique, et, par conséquent, comme étant revêtu de votre nature divine. Cette suite non interrompue pendant quatre mille ans, de promesses, de figures, de prophéties qui n'ont cessé de l'annoncer avec une solennité pleine de majesté ; tous ces événements, toutes ces circonstances, tous ces faits particuliers, clairement vus à travers les siècles futurs et si littéralement accomplis, démontrent avec une incontestable évidence que celui qui en était l'objet était plus qu'un simple mortel, qu'il était un Dieu. Sans doute, la très Sainte Vierge Marie a partagé jusqu'à un certain point cette même prérogative, quoiqu'elle ne soit que la servante du Seigneur, et bénie seulement entre toutes les femmes ; mais c'est qu'elle devait être votre mère, ô divin Maître ! Et qu'en cette qualité, votre grandeur et votre gloire devaient rejaillir, jusqu'à un certain degré, sur celle qui était prédestinée à vous donner le jour.

II. Quoique l'empire que devait exercer votre divin Fils, Seigneur, ne fût qu'un empire tout spirituel, et quoique sa mission n'eût d'autre but que de régner sur les âmes, vous ne vous contentez pas de préparer les voies à son entrée dans le monde et à la mission toute spirituelle qu'il va accomplir dans le sanctuaire le plus intime des cœurs, par des moyens purement abstraits, intérieurs, et qui ne sauraient tomber sous les sens. Vous qui aviez créé l'homme, et qui connaissiez tout l'empire que la chair a usurpé sur l'esprit, vous saviez bien que l'intelligence humaine n'aurait jamais pu saisir des opérations qui n'auraient rien eu de matériel, et qui n'eussent pas été de nature à frapper les sens. Toutefois, si, pour descendre jusqu'à notre infirmité, vous avez recours à des moyens qui sont en rapport avec elle, vous les employez avec une grandeur et une magnificence qui ne peuvent laisser aucun doute sur la divinité de celui qui les met en œuvre. Lorsque je vois une puissance qui règle la marche des siècles, qui dispose des nations comme le potier de son argile, tantôt en les élevant au faite de la gloire, tantôt en les humiliant et en les brisant sous la force irrésistible de son bras, selon que le demande l'accomplissement de ses mystérieux desseins ; lorsque je vois un être lire nettement dans un avenir de quatre mille ans les plus minutieux détails des destinées humaines, et les publier plusieurs siècles avant l'événement ; lorsque je le vois se jouer des passions des hommes pour en faire des instruments si dociles à sa volonté sainte, qu'il les force à concourir dans une certaine mesure à l'exécution de ses immuables décrets ; je reconnais alors, dans toutes ces merveilles, la même main qui déroula la voûte des cieux plus facilement encore que le voyageur ne déploie sa tente au désert, et qui d'un seul mot couvrit la terre de toutes ces richesses dont nos yeux sont étonnés, et la peupla de ces myriades d'animaux dont nous admirons la prodigieuse variété. J'y reconnais, en un mot, ô mon Dieu, la puissance et la sagesse infinies de votre divinité.

III. Et vous, ô divin Sauveur, qui avez été le but et l'objet de toutes ces merveilles ; vous, en qui se sont accomplies les promesses, les figures et les prophéties de quarante siècles, comment ne seriez-vous pas l'envoyé de Dieu, et Dieu vous-même ? Le saint roi David ne met-il pas sur vos lèvres ces paroles prophétiques : « C'est vous, ô mon Père, qui m'avez établi le roi de Sion votre montagne sainte, c'est-à-dire qui m'avez donné la royauté de votre Eglise dont la montagne de Sion est la figure ? Le Seigneur m'a dit : Aujourd'hui je vous ai engendré : demandez, et je vous donnerai toutes les nations en héritage, et j'étendrai votre souveraineté jusqu'aux extrémités de la terre ! » (Ps. 2.) N'est-ce pas de vous dont le prophète Isaïe a dit : « Voici qu'une vierge concevra et enfantera un fils, qui sera appelé Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous » ? (Isaïe 7, 14.) Et ailleurs : « Il sera appelé l'Admirable, le Fort, le Père du siècle futur, le Prince de la paix, et le nom de Dieu sera son nom ». (Isaïe 9, 6.) L'ange Gabriel annonçant à Marie qu'elle vous porterait dans son sein, ne lui a-t-il pas dit à son tour : « Vous enfanterez un fils auquel vous donnerez le nom de Jésus. Il sera grand, et il sera appelé le Fils du Très-Haut. Le Seigneur lui donnera le trône de David son père, et il règnera sur la maison de Jacob, c'est-à-dire sur l'Eglise, pendant toute l'éternité ». (Luc 1, 31, 32). Oui, mon Sauveur, vous êtes Dieu, je le confesse ! Tous les prodiges qui vous ont annoncé me le prouvent de ]a manière la plus éclatante ; celui qui devait racheter le monde et offrir à Dieu une expiation et une réparation dignes de lui, devait être Dieu lui-même ; et il n'appartenait qu'à un Dieu de fonder l'Eglise ou l'empire des âmes et des consciences, parce qu'il n'y avait qu'un Dieu qui eût le droit de leur imposer des lois, et qui pût leur ouvrir une source intarissable de secours surnaturels et divins puisés dans son propre cœur, pour soutenir la faiblesse de l'homme et le conduire à la gloire éternelle.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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8 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Neuvième jour

La prédiction de l'établissement de l'Eglise

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. Ce n'était pas seulement un libérateur temporaire qu'il fallait à l'humanité pour la réhabiliter ; il lui fallait, pour opérer en elle une restauration profonde et durable, des lois nouvelles, une source permanente de secours qui soutint sa faiblesse de génération en génération, et un gouvernement capable de faire observer ces lois et de distribuer sagement ces secours. Il lui fallait, en un mot, l'Eglise. Aussi, les prophètes ne se bornèrent-ils pas à prédire le Messie ; mais ils annoncèrent encore l'Eglise, qui devait être le moyen employé par le Sauveur pour sauvegarder le fruit de ses travaux et pour en répandre les ressources infinies dans tous les temps et dans tous les lieux. Cette Eglise avait déjà  été annoncée, comme nous l'avons vu, par des figures. Saint Paul nous dit, en effet, que tout ce qui est arrivé chez les Juifs est la figure de ce qui s'accomplit chez les chrétiens. (1 Corinthiens 10, 1, 6 ; 2) Les saints Pères sont unanimes à regarder Jésus-Christ et l'Eglise comme symbolisés par tout l'Ancien Testament. Saint Augustin entre autres s'exprime ainsi : « Tout l'Ancien Testament est caché dans le Nouveau : les patriarches, leurs alliances, leurs paroles, leurs actions, leurs enfants, leur vie tout entière, étaient une prophétie continuelle de Jésus-Christ et de l'Eglise ; toute la nation Juive, son gouvernement tout entier était une grande prophétie de Jésus-Christ et du royaume chrétien ». Origène, Tertullien, saint Jean Chrysostome tiennent le même langage.

II. Le prophète Osée annonce que l'Eglise, le royaume de Jésus-Christ s'étendra sur toutes les nations, même sur celles qui jusqu'alors n'avaient pas fait partie du peuple de Dieu. (Osée, 2, 23, 25 et 1, 10.) Michée, à son tour, prédit que la génération du Rédempteur est éternelle ; qu'il convertira les nations ; que son empire n'aura pas de fin. (Michée 5, 4, 5.) « Il viendra un temps, dit Jérémie au nom du Messie, où Je ferai une nouvelle alliance avec la maison d'Israël et la maison de Juda ; alors J'écrirai mes lois dans leur cœur, et tous Me connaîtront depuis le plus petit jusqu'au plus grand, (Jérémie 31, 31.) Ezéchiel ajoute par la bouche du souverain pasteur : « Je ferai avec mes brebis une alliance de paix, mon alliance sera éternelle. Je les multiplierai, et j'établirai pour jamais Mon Sanctuaire au milieu d'elles. Mon Tabernacle sera chez elles ». (Ezéchiel, 37). Le prophète Aggée s'écrie au nom du Seigneur : « Encore un peu de temps et l'ébranlerai le ciel et la terre, la mer et tout l'univers ; j'ébranlerai tous les peuples et le Désiré des nations viendra ». (Aggée, 2, 8). Puis enfin, c'est Malachie qui s'exprime ainsi : « Voici ce que dit le Seigneur : Mon affection n'est pas pour vous (Israël) ; et je ne recevrai plus d'offrande de votre main ; car depuis l'Orient jusqu'à  l'Occident, mon nom est grand parmi les nations, et en tout lieu on m'offre un sacrifice et on présente une oblation pure en mon nom, parce que mon nom est grand parmi les nations, dit le Seigneur des armées. (Malachie, 1). A mesure qu'approchait l'avènement du Messie et de son Eglise, une lumière extraordinaire se répandait dans le monde. C'était comme les premiers rayons de l'Etoile de Jacob ; elle va paraître, et Cicéron, tout païen qu'il est, annonce une loi éternelle, universelle, la loi de toutes les nations et de tous les temps : un seul maître commun, qui serait Dieu même, dont le règne allait commencer.

III. Toutes ces prophéties annoncent évidemment que la nouvelle alliance que Dieu va former avec les hommes à l'avènement du Rédempteur aura ce caractère remarquable qui la distinguera de l'ancienne : c'est qu'elle embrassera toutes les nations, l'humanité tout entière, au lieu d'un seul peuple. Que ces nouveaux liens qui uniront l'homme à son Créateur ne seront plus temporaires comme sous l'ancienne loi; mais qu'ils seront sans fin. Elles proclament que les sacrifices du vieux testament cesseront et qu'une nouvelle victime d'une ineffable pureté sera désormais offerte, non plus comme autrefois dans le seul temple de Jérusalem, mais chez toutes les nations et sur toute la surface de la terre. Mais, quelle est cette loi qui sera écrite dans tous les cœurs et qui fera connaître le vrai Dieu à tous les hommes depuis le plus petit jusqu'au plus grand ? N'est-ce pas l'Evangile ! Quelle est cette société nouvelle qui va se former entre Dieu et toutes les nations qui couvrent la surface du globe, cette société universelle ? N'est-ce pas l'Eglise ! Quelle est cette victime sans tache, et ce sacrifice offert en tout lieu, de l'Orient à l'Occident ? n'est-ce pas le sacrifice par excellence de l'Eglise, le sacrifice eucharistique où s'immole Jésus-Christ, l'Agneau de Dieu ! L'établissement futur de la sainte Eglise a donc été prédit d'une manière surnaturelle et divine, sans qu'il puisse planer encore aucun doute sur ce sujet.

 

Élévation sur la prédiction de l'établissement de l'Eglise

 

I. Que de moyens admirables votre condescendance et votre bonté n'ont-elles pas mis en œuvre, ô mon Dieu, pour triompher de l'aveuglement des hommes ! Comment peut-il se faire qu'il y en ait encore qui puissent fermer les yeux à la vive lumière que vous n'avez cessé de faire briller pour vaincre leurs doutes et pour éclairer leurs ténèbres ? Votre divin esprit a fait incessamment entendre sa voix puissante pendant quatre mille ans. Il a parlé par des figures ; des signes et des prodiges ; il a choisi un peuple entier, le seul de l'antiquité dont on ait une histoire complète et authentique ; et l'existence de ce peuple a été une continuelle prophétie en action : l'Esprit, de Dieu a inspiré le plus grand de ses Rois, et sa voix éloquente a chanté les Miséricordes infinies de Dieu sur les hommes, le Messie promis dont il était lui-même la vive image, l'établissement du Règne de Dieu sur toutes les nations de la terre, c'est-à-dire de l'Eglise, et surtout les combats continuels qu'elle aurait à soutenir. Enfin, à mesure que les temps, où toutes ces solennelles promesses allaient s'accomplir, approchent, les nuages qui couvraient encore la réalité de leurs ombres mystérieuses se déchirent, le langage divin devient plus clair et plus explicite. Pendant plus de quatre cents ans, il eut pour organes une suite non interrompue d'hommes dont la sainteté éminente et le zèle ardent pour l'observation de la Loi et la gloire de Dieu, donnaient à leurs oracles un caractère de vérité qui ne pouvait laisser aucun doute dans les esprits. D'ailleurs, l'accomplissement exact de leurs prédictions relativement à des événements moins éloignés ne permettait pas la moindre incertitude sur ceux qu'ils avaient annoncés comme devant se réaliser à une époque plus reculée.

II. Il semble, que devant un pareil faisceau de lumières, que devant l'histoire d'un peuple dont la merveilleuse existence dure quatre mille ans : histoire où l'on remarque d'une manière si évidente le doigt de Dieu, dirigeant constamment et avec une logique invincible les événements qui la remplissent, vers un but unique, la venue du Messie et l'établissement de l'Eglise ; il semble, Seigneur, que les hommes qui restent encore assis dans leurs ténèbres et à l'ombre de la mort, se plaisent à former les yeux aux divines clartés que votre Miséricordieuse Charité a daigné faire briller d'un si grand éclat pour les instruire. Mais, ce qui les rend plus inexcusables encore, c'est que depuis dix-huit cents ans les prophéties de l'Ancien Testament continuent à s'accomplir à la lettre sous leurs yeux, et que leurs yeux continuent à ne pas voir la vérité. En vain, selon les oracles divins, le temple de Jérusalem a disparu et n'a jamais pu être relevé malgré les efforts d'un prince puissant et impie; en vain, l'Empire romain, malgré ses forces et son étendue gigantesques, est tombé devant le sang des martyrs ; et le trône pacifique de Saint Pierre s'est établi sur les ruines de celui des Césars ; en vain, l'Evangile est prêché à toutes les nations, et le sacrifice auguste de l'Agneau sans tache est offert du couchant à l'aurore, comme les prophètes l'avaient annoncé, rien ne peut vaincre l'obstination de leur aveuglement ! Ah ! Mon Dieu, c'est que la Foi n'est pas une pure conviction humaine : c'est un don de votre main que vous n'accordez qu'aux humbles et aux hommes de bonne volonté !

III. Qu'est-ce que l'homme, Seigneur, lorsque vous l'abandonnez à lui-même ? On dirait qu'en s'éloignant de vous toutes les admirables facultés dont vous l'avez doué se retirent de lui à leur tour, et le réduisent à l'état d'idiotisme au point de vue religieux. Son intelligence s'émousse, sa raison s'obscurcit. Mais, ce qui est plus déplorable encore, et ce qui rend son ignorance impardonnable, c'est que sa volonté s'est corrompue sous l'influence de ses sens qui la dominent et qui la tiennent dans l'esclavage. Il voudrait connaître la vérité, il sent une aspiration intime qui le porte à la chercher ; mais bientôt un amour désordonné de lui-même lui fait redouter de connaître trop clairement les sacrifices qui en sont la conséquence et qu'il n'a pas le courage de s'imposer. Il préfère alors un doute paresseux dont il ne tire aucune conséquence pratique qui puisse gêner son insouciante béatitude. Que les prophètes publient leurs oracles, que les faits les plus éclatants viennent les confirmer, qu'à  la voix de Dieu les empires les plus puissants disparaissent comme le sable des déserts ; que le Seigneur envoie des apôtres jusqu'aux extrémités de la terre pour y faire connaître le vrai Dieu et porter la civilisation aux peuples barbares : il ne voit en tout cela que l'oeuvre d'un aveugle destin, de la politique ou de la volonté humaines, et ses regards éteints dans un froid égoïsme ne lui permettent pas de porter sa vue au delà de l'étroit horizon qui l'entoure. Mais plus l'homme abuse des lumières que vous lui prodiguez, ô mon Dieu, plus il semble que votre longanimité s'accroisse, et déjà peut-être, avez-vous marqué le jour où les illusions s'évanouiront pour faire place à la vérité, et l'heure à laquelle le salut sonnera pour le malheureux indifférent et pour l'aveugle volontaire.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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7 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Huitième jour

La manière dont Dieu a réglé les événements de tous les siècles pour disposer les esprits à l'avènement du Messie, à la propagation de l'Evangile et à l'établissement de l'Eglise

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

I. Lorsqu'on étudie l'architecture d'un monument, ce n'est pas l'examen isolé de chaque pierre prise en particulier, qui peut nous donner une idée de l'ensemble ni de la destination de l'édifice. Mais lorsque nous en contemplons la forme générale, lorsque nous examinons les rapports de chaque partie avec le tout, nous voyons qu'une pensée mère y a présidé, que tous les détails convergent à un même but que l'on s'était proposé, et qu'une intelligence créatrice a tout disposé pour l'atteindre. C'est ainsi que nous devons étudier l'histoire. S'arrêter à des faits isolés sans s'inquiéter des rapports qu'ils ont entre eux ou avec l'événement principal dont ils ne sont que des matériaux ou des accessoires ; ne pas chercher à découvrir l'acte moral dont ces faits ne sont que la manifestation ou l'épanouissement ; ne pas élever ses pensées plus haut que la terre et que la politique humaine ; ce n'est pas étudier sérieusement l'histoire, ce n'est pas en vouloir connaître la vraie philosophie, ni le dernier mot. Aussi faut-il être chrétien pour voir autre chose dans l'histoire, que le combat perpétuel des passions humaines, leurs intrigues, leur fureur, leur tyrannie et trop souvent leur cruauté. Le chrétien qui sait que le souverain maître du ciel et de la terre manie les nations, les trônes et les Rois comme un enfant qui donne à la cire qu'il tient entre ses doigts la forme qu'il lui plaît, le chrétien, dis-je, ne s'arrête pas à la terre ; il demande humblement à Dieu le secret de ses conseils dans les événements qui se déroulent sous ses yeux, et il cherche des enseignements divins dans les œuvres des hommes. La foi en la Providence lui montre Dieu à la tête de tous les événements, dont il est, en dernière analyse, l'âme et le principal moteur.

II. Aussi, lorsque nous jetons un regard sérieux sur le spectacle qu'avait offert la terre jusqu'à l'époque de l'avènement du Messie, nous voyons que tout ce qui s'était passé jusqu'à ce moment dans le monde et que la situation politique et morale dans laquelle il se trouvait alors, avaient uniquement eu pour objet de disposer les esprits et les voies à l'accomplissement du plus grand événement que l'histoire ait jamais eu et qu'elle aura jamais à enregistrer : l'apparition du Rédempteur et du restaurateur de l'humanité, et l'établissement de son Eglise destinée à développer et à perpétuer son œuvre. Ici, ce ne sont pas des interprétations faites à plaisir ; Dieu, qui connaissait la perversité de l'esprit humain, a pris soin d'envoyer ses prophètes pour annoncer plusieurs siècles à l'avance tout ce qu'il ferait pour préparer les voies à Son Christ. C'est ainsi que, sans parler des prophéties antérieures qui n'avaient jamais cessé de se renouveler, depuis la chute de nos premiers parents, Isaïe prédit aux Juifs que les Assyriens les puniront de leur idolâtrie par les victoires qu'il remporteront sur eux et par la captivité de Babylone. Puis, lorsque le châtiment a atteint son but, Dieu brise le pouvoir des Assyriens, d'autant plus inutile dès lors à ses desseins, que cet empire voulait anéantir le peuple d'Israël. Isaïe annonce encore aux Juifs leur délivrance, et nomme Cyrus, roi des Perses, comme leur libérateur, deux cents ans avant la naissance de ce prince. Les Mèdes et les Perses renversent le trône d'assyrie, Jérusalem et son temple sont rebâtis, la prospérité et même un vif éclat sont rendus au peuple de Dieu. Mais, une prophétie de Daniel annonçait qu'après avoir rempli sa mission, l'empire des Perses céderait le sceptre à celui des Grecs, qui était destiné à faciliter la prédication de l'Evangile. Il y parvint en effet, en répandant au loin la connaissance de la langue grecque, en faisant connaître et en rendant célèbres parmi les Gentils les livres des Juifs et leur attente d'un libérateur tout-puissant, qui devait apporter le salut aux hommes et les réconcilier avec Dieu. Toutefois, d'après la prophétie de Daniel, l'empire Romain devait aussi apporter son concours à la gloire du Messie et à l'établissement de son règne. Il avait pour mission d'être le pionnier de l'Evangile, d'ouvrir et de faciliter aux prédicateurs de la loi nouvelle toutes les communications d'un bout du monde à l'autre, et c'est dans ce but que Dieu fit passer dans les mains des Romains la monarchie grecque, dès qu'elle eût accompli les conseils divins pour lesquels elle avait été établie. Telle fut et telle est encore la réalisation de cette parole du Prophète Royal : Reges eos in virgâ ferrea, et tanquàm vas figuli confringes eos, et nunc erudimini qui judicatis terram. Vous gouvernerez les nations avec un sceptre de fer, et vous les briserez comme un potier met en poussière ses vases d'argile. Et maintenant profitez de cette leçon, vous qui gouvernez les peuples de la terre ». L'Empire romain devenu maître de la Judée, devait encore servir à vérifier cette prophétie de Jacob, qui annonçait à son lit de mort, que le Messie viendrait lorsqu'un Roi étranger à  la nation juive serait assis sur le trône de Juda.

III. L'avènement d'un futur libérateur du genre humain était attendu, non-seulement par les Juifs, mais encore par les païens, qui, dans les rapports nombreux qu'ils avaient eu avec les descendants d'Abraham, soit pendant la captivité de Babylone, soit pendant la durée de l'Empire grec, avaient recueilli cette tradition qui devint presque générale dans l'univers entier ; voilà  pourquoi ce libérateur avait été proclamé par Malachie le « Désiré des nations ». Ce fut aussi par le même moyen, qu'un certain nombre de philosophes connurent non-seulement la promesse d'un envoyé de Dieu, qui devait réhabiliter l'homme, mais encore le péché originel, le mystère de la sainte Trinité et quelques autres vérités révélées au peuple de Dieu, dont on a à tort attribué la notion, à leur perspicacité, philosophique. Quoi qu'il en soit, vers l'époque où le Messie parut, cette croyance en son avènement était si vive, que suivant une tradition des Juifs, un grand nombre de Gentils se rendirent à Jérusalem, afin de voir le Sauveur du monde quand il viendrait racheter la maison de Jacob. Les Romains comme les autres nations partageaient ces convictions. Tacite écrivait : « Qu'on était généralement persuadé que les anciens livres des prêtres annonçaient qu'à cette époque l'Orient prévaudrait, et que de la Judée sortiraient les maîtres du monde ». Suétone à son tour l'affirme positivement : « Tout l'Orient, dit-il, retentissait de l'antique et constante opinion que les destins avaient arrêté, qu'à cette époque la Judée donnerait des maîtres à l'univers ». Virgile, interprète de l'attente générale, chantait la prochaine arrivée du Fils de Dieu, qui, descendant du Ciel, allait ramener l'âge d'or sur la terre, effacer le crime et faire périr le serpent. Enfin, la Sibylle de Cumes décrivait en même temps le règne du Messie, à peu près dans les mêmes termes que le prophète Isaïe. Il est vrai, que lors même que les prophéties eussent été inconnues, l'état général de corruption où étaient plongés tous les peuples, l'ignorance profonde dans laquelle vivaient toutes les nations au point de vue religieux, si l'on en excepte les Juifs ; l'idolâtrie répandue de manière à ne faire de l'univers entier qu'un vaste temple d'idoles, auraient suffi pour faire sentir la nécessité d'une régénération, d'une lumière surnaturelle et d'une puissance divine, afin de retirer le genre humain du matérialisme et de l'abaissement dans lequel il était tombé. Les peuples les plus civilisés, les plus habiles dans les arts, les sciences et lettres, tels que les Egyptiens, les Grecs et les Romains, s'étaient eux-mêmes précipités dans cet abîme ; et les philosophes, les sages, les législateurs les plus illustres, impuissants à les en retirer, devenaient encore les complices de leurs erreurs et de leurs désordres. Les Juifs, qui seuls avaient conservé la connaissance et le culte du vrai Dieu, mêlaient depuis longtemps dans la religion des superstitions indignes de la divinité. La lumière de la vérité ne brillait donc plus pour l'immense majorité des hommes, et elle ne jetait même pour le peuple que Dieu s'était choisi, qu'une pâle lueur qui semblait prête à s'évanouir pour toujours. Cependant, l'Empire romain, après une lutte longue et sanglante, embrassait dans son vaste sein presque toutes les nations connues ; Auguste, vainqueur de ses nombreux rivaux, était tranquillement assis sur le trône des Césars ; la terre entière reposait dans une paix profonde, lorsque Jésus, le Rédempteur du genre humain, le Désiré des nations, fit son entrée dans le monde, à Bethléem, dans le fond d'une étable.

 

Élévation sur le sujet précédent

 

I. Lorsque des hauteurs des cieux où vous régnez, Seigneur, avec tout l'éclat de votre majesté, vous abaissez vos regards jusque sur cette terre qui occupe si peu de place dans le vaste univers que votre main puissante a créé de rien, et qu'elle gouverne pour ainsi dire en se jouant, vous voyez les faibles mortels s'agiter, mettre en œuvre toutes les ressources de leur politique étroite et bornée, se faire la guerre pour monter sur un escabeau qu'ils décorent du nom de trône ; lorsque vous les voyez surtout attribuer à leur sagesse et à leur puissance les événements que vous avez préparés vous-même dans vos conseils et dont ils ne sont que les chétifs instruments; quelle pitié ne doivent pas vous inspirer leurs prétentions, leur orgueil et leur ambition ! Comment ne leur faites vous pas sentir plus souvent la pesanteur de votre bras, pour leur apprendre que c'est de vous que relèvent les empires, les nations, les sceptres et les couronnes ? Mais non ; vous êtes un Dieu patient, miséricordieux et plein de longanimité : Vous ne voulez pas la mort du pécheur, mais qu'il vive. Puis, votre justice se réserve l'éternité, où elle rendra alors à chacun selon ses œuvres, et où personne ne pourra échapper à sa sévérité, quel que soit le rôle qu'il ait joué, ou le rang qu'il aura occupé ici-bas.

II. Que vous êtes grand, ô mon Dieu ! Et que nous sommes petits ! Lors même que vous nous révélez le secret de vos desseins, et que nous les voyons ensuite se dérouler au grand jour sous nos yeux, notre faible intelligence en est encore éblouie, et ne peut y croire sans un secours de votre grâce. Je comprends maintenant cette parole du prophète Royal qui affirme que mille années devant vos yeux sont comme le jour d'hier, qui s'est déjà  évanoui, (Psaume 89). Quarante siècles se sont écoulés entre la promesse du Messie et son avènement, et l'histoire des temps primitifs, de l'accroissement de la population sur la terre, de l'établissement des nations et de la succession des grands empires qui se sont disputés le pouvoir suprême, ne nous apparaît encore qu'à travers d'épais nuages, malgré les traditions et les monuments nombreux qui nous sont restés. Pour vous. Seigneur, tout est resplendissant de lumière, et vous enchaînez tous ces nombreux événements pour les faire servir à l'accomplissement de vos plans divins, avec autant de facilité que l'enfant tresse des fleurs pour en former une couronne ! Votre sagesse infinie a tout prévu, votre infaillibilité n'a jamais hésité, votre toute-puissance n'a jamais connu d'obstacle. Vous avez dit, et tout a été fait selon votre volonté. Les hommes reconnaissent votre existence à la magnificence de vos œuvres, et ils refusent d'admettre l'action de votre divine Providence sur eux-mêmes et sur leurs entreprises ?

III. Pouviez-vous, pourtant, leur fournir de plus vives lumières ? Vos prophètes annoncent dans les plus grands détails les destinées du peuple juif, leurs châtiments, l'établissement et la destruction des empires, l'époque précise de la chute du royaume de Juda. Ils prédisent les circonstances les plus minutieuses de la vie du Messie promis, le moment, le lieu de sa naissance, le genre de mort par lequel il expiera les péchés du monde ; la ruine de Jérusalem et de son temple qui ne doivent plus être le centre de la vraie religion, ni survivre à l'ancienne loi à laquelle Jésus-Christ a substitué l'Evangile, dont la consolante et lumineuse doctrine sera prêchée à toutes les nations ; la dispersion de ce peuple que Dieu s'était choisi et qui, devenu déicide, sera condamné comme Caïn a errer sur la terre et à porter sur son front la flétrissure de son crime ; vous multipliez les figures pour rendre plus palpables et plus frappants les événements que vous faites annoncer ; vous imprimez à l'univers entier le sentiment intime du besoin d'un Sauveur et d'un libérateur ; les païens eux-mêmes et leurs oracles le publient ; et malgré l'accomplissement ponctuel de tant de prophéties, malgré la réalisation de tant de figures, malgré cette voix solennelle de la conscience publique qui est l'organe infaillible de la vérité, malgré les aveux mêmes des ennemis jurés du Christ, les hommes s'obstinent dans leur aveuglement ! Ils refusent de voir et d'entendre ; et ne veulent pas reconnaître que c'est vous, Seigneur, qui, dans une pensée de miséricorde et d'amour, avez dirigé cette longue série d'événements divers destinés à préparer les esprits et les cœurs à la venue du Messie ! Pardonnez-leur, ô mon Dieu, car ils ne savent ce qu'ils font ; et après avoir prodigué en leur faveur les miracles et les prodiges de tout genre, opérez encore celui d'ouvrir leurs yeux à la vérité.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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6 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

Santi Pietro e Paolo

Septième jour

L'histoire du Peuple Juif, considérée comme préparation, figure et ébauche de l'Eglise de Jésus-Christ

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

I. Tout se tient dans le plan divin, comme nous l'avons déjà dit, et si les trois Eglises ont entre elles les rapports les plus étroits, comment l'ancien et le nouveau Testament, qui sont pour ainsi dire l'enfance et l'âge mûr de l'Eglise militante n'en auraient-ils pas ? A peine nos premiers parents eurent-ils été chassés du paradis de délices, que, pour les consoler dans leur infortune, Dieu leur promit un Sauveur. Dès lors, les regards et les cœurs de tous les hommes qui conservèrent quelques principes religieux, se tournèrent vers ce libérateur futur. Plusieurs fois Dieu renouvela cette promesse, et elle devint le dogme principal et fondamental de la foi, sous l'ancienne Loi ; de telle sorte qu'il n'y avait alors de salut possible qu'à la condition d'une confiance sans bornes à la venue du Messie. Aussi, le Seigneur suscita-t-il souvent des prophètes pour réveiller et affermir dans son peuple cette importante croyance : et il les multiplia surtout pendant les derniers siècles qui précédèrent la naissance du Sauveur. Plus on en approchait, plus les détails se multipliaient ; à ce sujet, et plus les prédictions prenaient un caractère de précision tel, qu'il a fait dire aux Pères de l'Eglise qu'elles étaient plutôt des narrations historiques que des prophéties.

II. Le divin modérateur des peuples et des événements humains devait donc coordonner avec ce but capital de l'avènement du Rédempteur, la direction qu'il leur imprimait ; il devait en préoccuper les esprits pour y entretenir le souvenir des promesses solennelles qu'il avait faites, et en soutenir la foi par des prodiges et des miracles, qui, dans l'ordre physique devaient être le symbole de ce qu'il se proposait d'opérer plus tard dans l'ordre moral et surnaturel. On devait croire facilement, en effet, que celui qui avait délivré le peuple juif de l'esclavage des Égyptiens par les plaies qu'il envoya à ses oppresseurs puissants, d'une manière si miraculeuse, si publique et si éclatante, devait pouvoir aussi délivrer le genre humain de l'esclavage de l'ignorance et des passions. On devait aisément être convaincu que celui qui avait nourri un peuple entier pendant quarante années dans le désert en faisant descendre tous les jours du ciel, le sabbat excepté, une nourriture merveilleuse, substantielle, qui convenait à tous les goûts et à tous les besoins, la manne; et qui avait fait jaillir une source abondante des flancs d'un rocher aride, saurait trouver un jour une nourriture céleste propre à nourrir les âmes et à les soutenir dans toutes leurs faiblesses et leurs misères. Enfin il était facile de persuader les esprits les plus sceptiques que le même Dieu qui avait fait apparaître une colonne de fumée pendant le jour, et une colonne de feu pendant la nuit pour diriger les pas des Israélites dans les solitudes du désert, avait entre ses mains une puissance suffisante pour établir une Église, c'est-a-dire pour susciter des hommes dont les lumières et la sainteté pussent conduire sûrement la société humaine dans les voies du salut éternel, Après avoir donné à son peuple Abraham, Moïse, David, Salomon et les prophètes, il pouvait bien donner à son Eglise saint Pierre et ses successeurs. Et après avoir fait de Jérusalem la ville sainte et y avoir fait bâtir son temple, il lui était facile de disposer de Rome pour en faire la ville éternelle, et pour y placer le trône impérissable de la catholicité.

III. Au reste, les rapports qui existent entre l'ancien et le nouveau Testament nous montrent à l'évidence que le premier, comme le dit saint Paul (1 Corinthien 10, 11), n'était que la figure du second ; et que l'histoire de l'ancien n'a été écrite que pour nous instruire et nous préparer aux événements du nouveau. C'est ainsi que l'arche de Noë devait être pour nous la figure de l'Église : il n'y a que ceux qui y entrent qui peuvent espérer d'être sauvés. Le sacrifice d'Abraham, et Isaac portant sur la montagne le bois sur lequel il devait être immolé, ne sont-ils pas une vive image de Dieu le Père sacrifiant son Fils unique, et de Jésus-Christ portant sa croix sur le Calvaire, où il devait donner sa vie pour nous ? Plus tard, c'est Joseph vendu par ses frères, qui devient ensuite la source de leur salut et de la protection spéciale que Pharaon leur accorde. Puis, c'est l'agneau immolé, dont le sang a marqué toutes les maisons des Juifs, pour les soustraire aux coups de l'ange exterminateur, et les délivrer de la captivité d'Egypte. N'est-ce pas encore là, trait pour trait, l'histoire même du Sauveur vendu par l'un de ses apôtres, et qui, après avoir versé son sang jusqu'à la dernière goutte pour le salut des hommes, les marque tous de ce sceau précieux au saint baptême pour les délivrer de l'esclavage du péché ! Le peuple de Dieu au milieu, du désert, exposé aux fatigues et aux dangers d'un long voyage, et ayant sans cesse à combattre de redoutables ennemis pour parvenir à la terre promise ; l'arche d'alliance, le tabernacle et son sanctuaire ; enfin le temple de Jérusalem où était l'unique autel sur lequel il fût permis aux Juifs d'offrir des sacrifices : toutes ces choses et tous ces événements nous révèlent clairement l'Église de Dieu traversant les épreuves du désert de cette vie où elle est voyageuse ; les combats nombreux qu'elle a à livrer contre les ennemis du salut avant d'arriver à la félicité éternelle qui lui est promise ; puis, ses temples, ses sanctuaires ; et enfin cette Eglise hors de laquelle on ne saurait offrir à Dieu un sacrifice d'agréable odeur. Dieu pouvait-il mieux disposer l'esprit humain au nouvel ordre de choses qu'il voulait créer par l'établissement de l'Église chrétienne ?

 

Élévation sur l'histoire des Juifs, considérée comme préparation, figure et ébauche de l'Eglise de Jésus-Christ

 

I. Pourquoi, ô mon Dieu, les hommes sont-ils assez aveugles ou assez ingrats pour ne vouloir jamais tenir aucun compte de votre intervention dans les événements humains ? Pourquoi exclure ainsi la puissante influence de celui qui a créé l'univers entier, qui le tient entre ses mains, qui dispose de la vie et de la mort des nations et des peuples comme de celle des hommes et des plus petits insectes ? Tout me révèle ici-bas votre existence, votre grandeur, votre puissance, votre sagesse, votre providence ; d'où viendrait donc que vous qui veillez encore chaque jour à la création de ces milliers d'êtres qui se succèdent ; que vous qui présidez sans cesse à la conservation de l'ordre dans ce vaste univers, vous dédaignassiez pourtant de vous occuper du chef-d'œuvre de vos mains, de celui que vous avez assez honoré pour le créer à votre image et ressemblance et pour le racheter au prix du sang de votre divin fils ? Quoi ! Vous seriez tellement étranger à cette créature privilégiée, tellement indifférent à sa conduite, que vous ne vous préoccuperiez en rien de ses œuvres ? Toutes vos créatures ont ici bas une mission à remplir, et vous les forcez à se plier à vos volontés ; et parce que vous avez fait aux hommes l'honneur de leur donner une intelligence et une volonté libre, eux seuls les plus parfaits et les plus éclairés des êtres créés, n'auraient aucune raison d'existence, aucun but, n'occuperaient aucune place dans vos desseins, si ce n'est de pourvoir à leurs intérêts matériels et à leur bien-être personnel ici-bas ? Seuls ils seraient indépendants de vous et en dehors des plans mystérieux et profonds que votre sagesse infinie a médités de toute éternité ?

II. Oh ! Si nous étions assez malheureux pour partager ces déplorables principes, aussi faux qu'ils sont dangereux, et qui pourtant servent aujourd'hui de règle et de point de départ à tout ce qui se dit, ce qui s'écrit, ce qui se fait dans notre société moderne, au nom des libertés soi-disant conquises par la révolution ; nous n'avons qu'à jeter un coup d'œil rapide sur l'histoire de ce peuple primitif où la foi s'est conservée jusqu'à l'avènement du Messie promis, et nous y verrons l'action continuelle de Dieu sur les hommes ; les lois et le gouvernement qu'il leur donne lui-même. Tantôt ce sont des personnages éminents qu'il suscite pour accomplir une importante mission, comme Noé, Abraham, Joseph, Moïse, David, Salomon, les Macchabées, les Prophètes, etc ; tantôt ce sont des nations ou des rois qui lui servent d'instrument pour châtier son peuple infidèle ; mais, c'est toujours Dieu qui tient la chaîne des événements et qui la déroule selon les vues de sa providence, et c'est toujours l'homme qu'il emploie pour accomplir ses desseins. Sans doute le Tout-Puissant pourrait tout opérer par lui-même,et n'aurait pas besoin de l'homme comme auxiliaire ; s'il lui accorde cet honneur, c'est qu'il veut lui montrer l'estime qu'il fait de lui et lui rappeler sa céleste origine, et que, d'ailleurs, telle est sa volonté, dont il n'a aucun compte à nous rendre.

III. En élevant ainsi mes pensées, Seigneur, les rapports étroits que je remarque entre la destinée du peuple que vous vous étiez choisi, et celle que vous avez faite à votre Église, n'ont plus rien qui m'étonnent. J'y vois au contraire une preuve de plus de votre tendre sollicitude et de votre amour infini pour les hommes. Il s'agissait de faire comprendre à des intelligences devenues charnelles et matérielles par le domaine malheureux que le corps avait conquis sur l'esprit, une institution où tout est spirituel et surnaturel, quoique très positif et très réel. Vous vous servez donc alors de faits qui sont visibles et palpables, de signes et de figures qui frappent les sens, pour faire entendre des choses spirituelles, invisibles, et l'action qu'elles doivent exercer sur l'âme, afin de lui rendre sa dignité et son autorité premières. Pour nous aider dans ces rapprochements lumineux, et pour nous montrer qu'ils ne sont pas le fruit d'un jeu d'esprit plus ou moins ingénieux, vous daignez, ô divin Sauveur, nous en donner pour ainsi dire la clef, en multipliant vous-mêmes dans vos célestes leçons les allusions à l'ancienne loi et les applications que nous devons en faire à la loi évangélique ; à chaque instant, vous nous citez à l'appui de la doctrine nouvelle et sublime que vous nous apportez, les textes des livres sacrés du vieux testament, pour mieux nous faire entendre comment les faits qu'ils racontent, et les principes qu'ils établissent ont une admirable analogie, une connexion intime avec les vérités que vous proclamez, et comment ce gouvernement ébauché et imparfait, suffisant pour un peuple grossier et charnel se perfectionne enfin entre vos mains et devient la loi chrétienne et l'Église de Jésus-Christ, destinées à créer et à régir un peuple nouveau dont l'esprit dominera la chair et dont les vues élevées, surnaturelles et éternelles triompheront des intérêts abjects de la matière et du temps.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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5 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Sixième jour

L'histoire des faits confirme les indications de la raison

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous!

 

I. Dieu n'a jamais laissé l'homme libre d'agir selon ses caprices : il a toujours exigé qu'il reconnût le souverain domaine qu'il avait et qu'il voulait conserver sur lui ; aussi lui a-t-il toujours fourni les moyens de connaître la vérité, d'être instruit de sa volonté et de l'accomplir. D'abord, dès qu'il l'eut créé, il lui révéla les choses surnaturelles, et il mit son obéissance à l'épreuve en lui défendant de toucher à l'arbre de la science du bien et du mal ; ensuite il lui donna la tradition, sous la garde des patriarches qui conservèrent ainsi fidèlement certaines vérités qui avaient survécu à l'ignorance à laquelle fut condamné notre premier père. Le petit nombre des hommes répandus sur la terre, et le respect qui régnait alors pour les chefs de famille, rendirent ce moyen suffisant pour cette époque ; d'autant plus qu'alors Dieu s'adressait souvent aux hommes, ou directement, ou par le ministère des anges, lorsqu'il avait à leur faire connaître ses volontés. Adam, Abel, Seth, Enos, Hénoch, Mathusalem, Noé, Héber, furent jusqu'à Abraham les représentants principaux du gouvernement spirituel primitif. Ce n'est pas qu'il n'y eût dès lors,comme toujours, des hommes rebelles à la volonté divine, et que les passions égaraient : témoins Caïn, ses descendants et ceux qui furent exterminés par le déluge. Mais le sanctuaire de la vérité et de la vertu n'en resta pas moins inviolable et intact.

II. A mesure que les traditions religieuses étaient plus exposées à l'altération, et que les pratiques fondées sur la Foi pouvaient plus facilement s'effacer des mœurs, soit par la multiplication des Juifs, soit par leurs rapports avec les peuples qui leur étaient étrangers, on remarque le soin tout particulier qu'apporte le Seigneur pour conserver toujours dans leur pureté primitive les croyances et le culte divin. Bientôt après la dispersion des enfants de Noé, l'idolâtrie s'était répandue sur la terre. Ce fut alors que Dieu choisit, parmi les descendants de Sem, un homme destiné à être le chef de tous les croyants, afin de conserver parmi eux la vraie religion. Cet homme fut Abraham, et dès ce moment les Juifs qui furent ses descendants formèrent un peuple à part. Ce peuple merveilleux reçut le nom auguste de peuple de Dieu, et fut chargé d'entretenir le feu sacré des lumières divines, d'en répandre l'éclat autour de lui et de perpétuer le culte du vrai Dieu ainsi que la confiance en la venue du Messie promis à nos premiers parents aussitôt après leur déplorable chute. L'importance de la mission confiée à cet illustre patriarche nous explique la solennité des promesses que lui fit le Seigneur dans cette grave circonstance. Plus tard, le peuple juif est entouré d'idolâtres et dominé par eux dans la captivité d'Egypte, et Dieu lui envoie Moïse qui devient tout à la fois son libérateur et son législateur. Il le délivre de la tyrannie égyptienne, fait en sa faveur plusieurs signalés prodiges, le retient pendant quarante ans dans le désert, loin de toutes les autres nations, pour qu'il ait le temps de se retremper dans ses anciennes traditions, et enfin il lui donne du haut du mont Sinaï, avec un appareil majestueux et terrible, une loi courte et substantielle, qui résume tout ce que la loi naturelle, la tradition et l'autorité des patriarches avaient enseigné jusqu'alors, et où se trouvent en germe tous les préceptes de la loi nouvelle. Gravé sur des tables de pierre, le Décalogue n'était plus exposé à périr au milieu de l'oubli, de l'erreur et des égarements des passions humaines.

III. A dater de ce moment, le culte extérieur qui n'avait encore rien eu de régulier, et qui s'était borné à quelques sacrifices offerts au milieu des campagnes, comme ceux d'Abel, d'Abraham et de Noé, reçut de Moïse des formes précises et liturgiques. Celui-ci, en effet, fit fabriquer une tente ou tabernacle d'après l'ordre qu'il en reçut de Dieu ; c'était un temple portatif, en rapport avec la situation du peuple hébreu qui devait être voyageur jusqu'à son entrée dans la terre promise. Le tabernacle était divisé en deux parties : la première, par laquelle on entrait, renfermait le chandelier d'or à sept branches, la table avec les pains de proposition ou d'offrande, et l'autel par lequel on brûlait les parfums ; la seconde partie, séparée de la première par un voile mystérieux, était le sanctuaire : on y avait placé l'Arche d'Alliance dans laquelle on conservait précieusement les tables de la loi ; et où l'on mit également plus tard la manne du désert et la verge fleurie d'Aaron. La tribu de Lévi fut choisie pour être consacrée au service des autels. Moïse développa dans le Pentateuque, sur l'ordre que Dieu lui en avait donné, les lois morales prescrites par le Décalogue, et il y ajouta les lois cérémonielles et judiciaires spéciales à la nation juive. Enfin, depuis l'entrée des Hébreux dans la terre promise jusqu'à l'arrivée du Messie attendu, sous les Juges comme sous les Rois, dans leurs épreuves comme dans leur prospérité, l'action du gouvernement divin se montra toujours d'une manière évidente sur le peuple qu'il s'était choisi : tantôt par la lecture des livres saints et par leur explication qui avait lieu dans les synagogues ; tantôt par les cérémonies qui se pratiquaient à Jérusalem dans le temple ; tantôt encore par les prophètes que Dieu suscita, surtout vers les derniers siècles. Avant la naissance du Sauveur, et jusqu'à  la descente du Saint-Esprit, sur les apôtres, la loi de Moïse et la synagogue conservèrent toute leur autorité divine, au point que Jésus-Christ Lui-même s'y soumit pendant toute sa vie et qu'il y renvoyait ses propres disciples en leur disant : « Faites tout ce que vous diront ceux qui occupent la place de Moïse ; mais n'imitez pas leurs œuvres ». (Matthieu 23, 3). C'est ainsi que, même avant la prédication de l'Evangile, il y a toujours eu une autorité religieuse chargée par Dieu même de conserver les vérités révélées et d'exercer son influence pour faire accomplir les lois qui en étaient la conséquence.

 

Élévation sur le même sujet

 

I. Que vos Miséricordes sont grandes, Seigneur ! L'homme après avoir été comblé de vos bienfaits, après avoir été éclairé de vos divines lumières, après avoir reçu de vos mains une compagne digne de lui, est encore placé par vous dans un lieu de délices ; et malgré tant de faveurs, l'orgueil et la sensualité l'ont emporté sur la reconnaissance ! L'homme a bravé votre volonté, il a voulu être indépendant, il vous a désobéi ! Que n'avait-il pas alors à attendre de votre indignation, de votre justice et de votre toute-puissance ? Vous pouviez le réduire en poussière et l'anéantir. Mais non, votre infinie bonté s'est contentée d'un châtiment temporaire, elle lui a laissé la vie pour éprouver de nouveau sa fidélité et lui rendre l'espérance. Elle a fait plus encore, elle lui a accordé des lumières et des secours surnaturels pour l'aider à triompher dans cette épreuve décisive. Vous avez daigné veiller sur ses destinées futures avec une tendresse paternelle et l'entourer de toute la sollicitude de votre bienveillante providence.

II. Aussi, malgré ses ingratitudes et ses infidélités continuelles, vous n'avez jamais cessé de l'assister. Les patriarches ont d'abord été vos interprètes et l'ont éclairé sur le sens de cette Loi intérieure que vous aviez gravée dans son âme ; puis, vous-même avez écrit votre Loi sainte sur des tables de pierre pour la rendre plus claire et ineffaçable ; vous avez suscité Moïse pour la développer et pour prescrire aux Juifs les moyens les plus propres à ne l'oublier jamais. Vous avez choisi un peuple destiné à en conserver le précieux dépôt, et vous avez permis qu'il subît de longues captivités chez des nations étrangères, afin de répandre dans leur sein les lumières de la Vérité. Enfin, vous avez nettement fixé le culte qui vous est dû, et le respect que l'on devait aux décisions dogmatiques de la synagogue, pour que l'erreur ne pût jamais triompher de la vérité, et pour que celle-ci éclairât sans cesse les peuples de ses divins rayons. Aussi trouvons-nous dans les pays les plus lointains, dans les philosophes les plus célèbres, et même dans l'Islamisme, des débris défigurés de ces principes si sages que Vous aviez révélés à votre peuple, et dont la connaissance confuse s'était répandue par les rapports que les Juifs esclaves ou voyageurs avaient eus avec les hommes qui habitaient sous d'autres climats.

III. C'est ainsi, Seigneur, que vous vous vengez des outrages dont les hommes ne cessent de vous abreuver. Et qui le croirait pourtant, si ce n'était un fait malheureusement trop public, et qui se perpétue tous les jours à la face du soleil ? Les hommes, au lieu de reconnaître et d'adorer cette bonté infinie, qui daigne du haut du trône de sa suprême majesté entourer leurs intérêts éternels de ses soins les plus assidus, refusent d'ouvrir les yeux à la lumière ; ils blasphèment les vérités qui ne leur sont révélées que pour devenir la source de leur salut, ils les méprisent, et proclament hautement, comme un triomphe remporté sur la divinité, leur indépendance et leur liberté ; ils vont même jusqu'à  prendre en pitié ceux qui, disent-ils, sont assez simples pour croire les oracles divins, et le sacerdoce chargé de les publier. Hélas ! Si quelqu'un méritait ici quelque pitié, ne serait-ce pas plutôt ces pauvres malheureux qui ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n'entendent pas ; qui ont une langue qui ne se délie jamais pour la prière, ni pour chanter les louanges de leur Créateur ? Cependant, le temps marche, marche toujours impitoyablement, l'heure dernière approche, et après le jugement ! Quel réveil ! Et que deviendra leur indépendance et leur liberté lorsqu'ils tomberont entre les mains du Dieu vivant ?

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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4 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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 Cinquième jour

Nécessité de l'influence de l'Eglise sur tous les actes de l'homme et de la Société

 

Notre Père... Je vous salue Marie...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous!

 

I. L'Eglise est l'intermédiaire par lequel Dieu, le soleil de justice, veut diriger tout homme qui apparaît dans ce monde. Elle n'a été instituée par son divin auteur que dans le but unique de guider et de soutenir l'homme et la société dans le voyage de la vie et de les conduire, par la réhabilitation du domaine de l'esprit sur la matière, à la félicité spirituelle et suprême du ciel. C'est l'Eglise qui, saisissant les âmes à leur entrée dans ce monde par le saint baptême, fait ensuite leur éducation spirituelle en leur apprenant à dompter la chair et à faire plier les choses temporelles sous le joug des espérances et des promesses éternelles. C'est là  la seule raison d'être de son établissement ; or, quel est l'homme, quelle est la société qui, soucieux de parvenir à la fin pour laquelle ils ont été créés, c'est-à-dire, d'arriver au souverain bonheur après le pèlerinage de cette vie, pourraient raisonnablement se soustraire à l'action de l'Eglise sur eux, pour suivre leurs propres lumières, ou celles que réprouvent la loi et le gouvernement donnés par Dieu lui-même ?

II. Mais, comme tous les actes privés de l'homme, et à plus forte raison les actes collectifs de la société, ont une portée positive, faible ou puissante, peu importe, sur le développement ou l'atrophie de l'esprit relativement au domaine qu'il doit avoir sur la matière, et qu'aucun de ces actes ne peut rester indifférent, puisque ne pas gagner de terrain dans une pareille situation, c'est en perdre ; il faut nécessairement en conclure que tous les actes humains, quelle que soit d'ailleurs leur importance, doivent subir l'influence salutaire de l'Eglise établie de Dieu, précisément pour les diriger vers le but qu'il s'est proposé, et pour soutenir la faiblesse humaine, jusqu'à ce qu'ils l'aient atteint.

III. De là, l'obligation rigoureuse où sont tous les hommes et la société tout entière de se conformer à  la volonté divine, en se soumettant à ses lois et au gouvernement de l'Eglise qu'il a fondée, sous peine de vivre ici-bas sous le joug tyrannique de la force brutale, et sous l'esclavage humiliant de la matière et des passions, sans autre perspective pour l'avenir que les redoutables châtiments que Dieu réserve, comme sanction de ses lois et de ses institutions, à ceux qui les auront méprisées, ou qui du moins auront agi selon leurs caprices et leur commodité, sans tenir le moindre compte de ses volontés. Hélas ! Le nombre de ces aveugles est grand ; car l'élément matériel de notre être est frappé plus vivement par les jouissances temporelles et présentes, que notre âme ne l'est par les promesses du souverain bonheur futur et éternel. Prions Dieu de ne pas partager cette folie et ce malheur.

 

Élévation touchant la nécessité de l'influence de l'Eglise sur tous les actes de l'homme et de la société

 

I. Que vous êtes bon, Seigneur, d'avoir jeté un regard plein de Miséricorde sur l'homme, qui, en vous désobéissant, avait perdu toutes les prérogatives de sa dignité originelle, et de lui avoir fourni les moyens nécessaires pour reconquérir ses titres de noblesse et de gloire. Comment pourrions-nous regarder comme une servitude la soumission aux lois et au gouvernement établis précisément pour nous arracher à l'esclavage de la chair, des sens et de la matière ? Comment, au contraire, tous les hommes ne conforment-ils pas leurs pensées, leurs projets, leurs actions, leur conduite et leur vie tout entière, aux règles si sages que vous leur avez tracées de votre propre main ? comment ne se laissent-ils pas diriger par cette autorité paternelle et salutaire que vous leur avez donnée pour les guider et les soutenir dans les voies de la vérité et de la félicité éternelles ?

II. Quels pourraient donc être les motifs qui sembleraient autoriser l'homme à se soustraire à l'influence de l'Eglise ! Serait-ce que l'humanité dont les vues sont si courtes, la science si bornée, le jugement si exposé aux illusions, remporterait en capacité sur Dieu et sur le gouvernement qu'il a établi pour diriger lui-même ses créatures vers le bien à travers le labyrinthe d'erreurs et l'aveuglement des passions qui inondent le monde ? Mais une semblable présomption serait le comble de l'absurdité et de la folie. L'homme réclamerait-il au nom de sa liberté ? Voudrait-il soutenir qu'il ne relève que de ses convictions et de sa volonté personnelle ? D'abord, qu'est-ce qu'une conviction qui peut produire et abriter la bonne foi ? C'est la conséquence d'une étude approfondie et sérieuse, et ceux qui se permettent de semblables allégations n'ont le plus souvent envisagé la question religieuse que d'une manière fort superficielle, si toutefois ils s'en sont jamais occupés. Dieu, d'ailleurs serait-il juste s'il n'avait promis et assuré à chacun de nous les grâces et les lumières suffisantes pour discerner la vérité et la faire luire dans notre cœur ? Ensuite ne relever que de sa volonté serait ne pas reconnaître le souverain domaine de celui qui est l'arbitre de nos destinées et qui tient notre vie et notre mort entre ses mains. Dieu, ne permettez pas que de semblables inepties abusent la faiblesse de ma raison ! Non, je le reconnais, vous ne portez aucune atteinte à ma liberté en daignant m'indiquer la route que je dois prendre pour arriver au bonheur suprême, ni en me donnant un guide charitable pour m'y conduire.

III. Oh ! Seigneur, vous êtes mon Créateur, mon Maître et mon Père, je vous appartiens donc comme l'ouvrage de vos mains, je suis votre serviteur et votre enfant ; quoi donc de plus raisonnable que de subir votre influence ou celle de votre gouvernement, c'est-à-dire de votre Eglise, dans mes pensées, mes projets, mes actes importants ou non ? Vous êtes mon Maître, donc rien ne m'appartient ; vous êtes mon Père, vous avez donc droit à tout mon amour ; et c'est parce que je vous aime que je vous soumettrai librement tout mon être, mon intelligence, ma volonté, mon cœur tout entier, ma conduite et ma vie. Qu'il s'agisse de mes intérêts matériels ou de ceux qui regardent mon âme ; de mes devoirs envers moi-même, ou de ceux qui lient les hommes entre eux au sein de la société ; que les questions les plus graves que puissent agiter les peuples et les empires soient en jeu, ou qu'on ne traite que d'une simple pratique de piété, tout relève de vous seul, ô mon Dieu, et par conséquent de l'autorité de vos lois et de votre Eglise, et je m'y soumets avec amour et respect.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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3 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Quatrième jour

L'Eglise militante, nécessité de son existence

 

I. Le Créateur du monde et le fondateur de l'empire des âmes a établi pour le ciel et pour le purgatoire un trop bel ordre, pour négliger ensuite de donner aussi à la terre des lois et un gouvernement propres à la mettre en harmonie avec le reste du plan général et magnifique qu'il se proposait. La terre devait être le berceau des âmes, le lieu de leur éducation et de leurs épreuves ; le ciel n'avait d'autre but que d'être tout à la fois la source des secours divins et la récompense des âmes qui combattent sur la terre : il supposait donc l'existence d'une société première, qui devait être pour ainsi dire la pépinière des élus. Le purgatoire supposait à son tour, d'un côté, la terre et ses fragilités qu'il fait expier, et, de l'autre, le ciel auquel il rend purs et sans tache les saints qu'il ne tenait captifs que pour un temps. Tout dans le plan divin se tient et s'enchaîne. Mais cette société que le Créateur a répandue sur la surface de la terre, pouvait-elle seule rester livrée à elle-même et à ses caprices, sans avoir aucune règle, aucune lumière, aucun gouvernement de nature à la conduire sûrement à son but ?

II. La sagesse divine ne l'a pas voulu : elle a donné des lois à l'homme et à la société, et elle a constitué un gouvernement pour faire observer ces lois. Le royaume de Dieu n'est pas de ce monde, son empire des âmes est tout spirituel, et néanmoins les lois et le gouvernement qu'il a établis, étant destinés à régler et à diriger non-seulement les actes intérieurs, mais aussi les actes extérieurs des hommes, qui eux-mêmes ont un corps et une âme, ces lois et ce gouvernement ne devaient pas être uniquement spirituels, mais participer a la nature des êtres à l'utilité desquels ils étaient destinés. Voilà pourquoi la loi divine ne se contente pas de commander l'adoration en esprit et en vérité, mais encore le culte extérieur; elle prescrit aussi, pour la conservation de l'ordre et de l'harmonie dans la société, certains devoirs que les hommes ont à accomplir les uns envers les autres, et même des règles de conduite personnelle. C'est encore pour cela que Dieu a voulu que le chef du gouvernement spirituel qu'il constituait fût un homme, et que les ministres destinés à le seconder dans sa sage et importante administration le fussent aussi. Faut-il être surpris maintenant, si les moyens employés dans ce gouvernement tiennent tout à la fois du temporel et du spirituel, et s'ils ont quelque chose d'humain, tout en ayant un but surnaturel ?

III. Telles sont, en effet, les bases sur lesquelles la sagesse divine a établi ici-bas son Église; et depuis l'éternité bienheureuse ; c'est-à-dire encore qu'on ne peut arriver à cet heureux terme qu'en prenant des moyens diamétralement opposés avec ceux dont l'on se sert dans le monde pour parvenir à la félicité terrestre. Cela ne veut point dire, comme le prétendent un grand nombre de faux interprètes, que Jésus-Christ ait défendu à son Église de se servir d'aucun moyen extérieur et matériel, lui-même ayant donné l'exemple du contraire en prenant un corps pour sauver les hommes, et en instituant les sacrements qui sont des signes sensibles. l'origine des temps elle a su maintenir dans un admirable équilibre ce mélange si opposé à la sagesse humaine, de l'esprit avec la matière, de ce qui est céleste avec ce qui est humain et terrestre. Le but de la vie de l'homme n'étant autre chose que de se servir des choses temporelles et matérielles, pour les surnaturaliser et les spiritualiser par ses vertus, et de devenir ainsi lui-même un homme céleste, un élu, et digne un jour d'être uni à jamais à Dieu qui est esprit par excellence : il en résulte que l'Église, qui doit conduire l'homme et le soutenir dans celte voie, doit se servir aussi des moyens matériels et spirituels tout à la fois, soit pour agir sur ses sens et arriver ainsi jusqu'à son âme, soit pour l'aider et lui apprendre à vaincre et à dominer sa chair ou ce qui la flatte, et le faire parvenir ainsi à vivre de la vie chrétienne ou spirituelle. Les moyens, en effet, ne doivent-ils pas être en rapport avec la nature de ceux auprès desquels on les emploie, et du but que l'on se propose d'atteindre ?

 

Élévation sur la nécessité de l'existence de l'Eglise militante

 

I. Que l'esprit de l'homme me paraît étroit, et la sagesse prétendue du monde ténébreuse et bornée, lorsque je contemple les vastes plans et la sagesse profonde de celui qui a fondé l'Eglise ! Quel autre que vous, ô mon Dieu, aurait pu former un pareil dessein, et établir d'aussi harmonieuses proportions entre ces trois parties de l'Eglise universelle : le ciel, le purgatoire et la terre ? Mais aussi, quelle autre intelligence que la vôtre aurait pu trouver les moyens admirables par lesquels vous savez élever l'homme de la terre au ciel ? Soyez àjamais béni, Seigneur, de n'avoir pas dédaigné votre faible créature, et d'avoir abaissé votre grandeur et votre majesté infinies jusqu'à elle, pour lui apprendre comment elle pourrait se dégager des liens qui rattachent à la terre et à ses sens, afin de prendre pour ainsi dire son vol, et d'arriver jusqu'à vous au plus haut des cieux.

II. Sans doute, ce qui reste à l'homme de son ancienne dignité avant le péché du premier père suffisait pour lui faire comprendre que son état présent, que l'esclavage des sens et la séduction que les objets matériels opèrent sur eux, étaient un châtiment, une situation anormale dont il fallait sortir. Il sentait bien qu'ici-bas rien ne pouvait satisfaire l'ardeur de ses désirs. Ses nobles aspirations tendaient à l'élever au-dessus des instincts grossiers de sa chair ; mais les ténèbres de son intelligence l'empêchaient d'entrevoir même les moyens de sortir de son déplorable abaissement ; et encore que par ses propres lumières il fût parvenu à connaître ces moyens, sa faiblesse extrême et l'entraînement de ses passions terrestres auraient été un obstacle insurmontable à les réduire en pratique. Vous avez eu pitié de l'homme déchu, ô mon Dieu, et vous avez daigné lui donner une mère pour éclairer ses pas, pour soutenir sa marche défaillante, pour le défendre contre ses ennemis : vous lui avez donné des lois qui sont sa lumière, un gouvernement plein de Charité qui le fortifie et lui tend sans cesse la main pour le guider, l'assister et le protéger dans le dangereux et pénible voyage de la vie, jusqu'à ce qu'il soit arrivé jusqu'à sa fin dernière, au bonheur suprême : vous lui avez donné la sainte Eglise.

III. Ici ce n'est plus seulement mon âme qui s'exhale en sentiments de reconnaissance et d'amour, c'est ma raison qui s'égare et qui se perd dans l'océan sans bornes de votre sagesse et de votre puissance infinies. Vous aviez déjà, en créant l'homme, opéré un miracle permanent, un mystère où la science humaine a toujours échoué lorsqu'elle a voulu l'approfondir : vous aviez uni de la manière la plus intime une substance spirituelle à une substance matérielle, une âme à un corps. Union telle que jamais l'une de ses substances n'est impressionnée sans que le contre-coup n'en soit ressenti par l'autre. Depuis la chute primordiale, l'âme autrefois souveraine était devenue l'esclave du corps et de la matière, il fallait lui rendre sa couronne et son sceptre : qu'avez-vous fait pour lui restituer son ancienne dignité et sa première autorité ? Vous avez opéré un miracle et un prodige plus grands encore que ne l'était l'union de l'âme avec le corps. Votre divin esprit est descendu sur la terre, il a parlé aux hommes dans la loi naturelle du haut du Sinaï, et plus tard, par le Verbe incarné ; il a daigné accorder ses inspirations célestes aux patriarches, aux législateurs de votre peuple, à ses juges, à ses rois, à la tribu de Lévi et enfin aux pontifes de la loi nouvelle. En un mot, la divinité s'est communiquée à l'humanité, et elle a su trouver les moyens d'éclairer, de soutenir et de protéger l'homme et la société tout entière, pour rendre à l'esprit sur la matière le domaine souverain qu'il avait perdu. Ah ! Je commence, Seigneur, à entrevoir, grâce à vos divines lumières, votre admirable plan. Oui, il fallait que vous vous servissiez des hommes et des choses temporelles pour agir sur des êtres matériels, quoique spirituels en même temps, et je vois comment, en animant ces hommes et ces choses temporelles de votre divin esprit, vous avez pu parvenir à rendre à l'âme humaine sa première énergie, son ancienne autorité sur le corps et sur les sens, et finir parfaire de l'homme un être spirituel et surnaturel. Oui, Seigneur, je crois comprendre maintenant combien il était nécessaire aux hommes d'avoir un guide sûr, un soutien tout-puissant, des lois et un gouvernement qui fussent en rapport avec leur nature ; d'avoir à leur portée un secours humain et matériel pour qu'ils pussent le saisir et en être saisis ; divin, pour qu'il pût les élever jusqu'à vous ; une Eglise enfin, tendre, charitable et divine, telle que vous nous l'avez donnée !

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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2 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Troisième jour

Le purgatoire, ou l'Eglise souffrante

 

I. Pour entrer dans le ciel, le sanctuaire de la sainte Eglise ; pour être admis au sein de cette élite des purs esprits, il faut avoir obtenu ici-bas un triomphe complet sur la chair et sur les sens ; il faut être entièrement libre de toute affection terrestre et matérielle, et ne plus vivre pour ainsi dire que par l'âme ; cap elle seule peut faire partie de ce royaume divin des esprits, et si le corps y a quelque part, ce n'est qu'autant qu'il aura été en quelque sorte vaincu et spiritualisé par le souverain domaine que l'âme aura exercé sur lui. Il faut pour entrer dans la gloire, après s'être souillé par le péché, avoir passé par les douleurs d'une complète expiation ; mais, parmi les chrétiens, et même parmi les justes, il en est bien peu qui, à leur heure dernière, réunissent ces indispensables conditions. Leur âme n'est digne à ce moment suprême, ni du bonheur éternel, ni des supplices sans fin. La justice divine doit donc achever de les purifier pour leur ouvrir ensuite ses célestes tabernacles. Cette doctrine est tellement en harmonie avec la nature humaine, que, depuis le jour où l'homme a commencé à mourir, on a vu commencer aussi une sorte de culte pour les tombeaux, et la prière pour les morts. En tout temps, en tout lieu, dans toutes les religions, tous les peuples de l'univers ont cru que ceux qui ont cessé de vivre étaient soulagés par les suffrages des vivants. Cette croyance, qui fut d'abord celle des Juifs, devint ensuite celle des Chrétiens de tous les siècles. Voilà  pourquoi le saint concile de Trente a pu dire en toute vérité : « L'Eglise catholique, instruite par l'Esprit saint et par les Saintes Ecritures, et par l'antique tradition des Pères, enseigne qu'il y a un Purgatoire, et que les âmes qui y sont détenues sont soulagées par les suffrages des fidèles ».

II. Toutefois, tandis que ces élus sont éprouvés pour la dernière fois, ils ne sont pas délaissés ; et si, la justice ne peut céder entièrement ses droits à la Charité infinie, celle-ci sera assez ingénieuse pour découvrir des moyens de satisfaire l'une et l'autre. Quoique partagée en trois provinces distinctes, l'Eglise universelle n'en forme pas moins un immense et unique empire, dont Dieu est le chef, et dont Jésus-Christ est le médiateur et le lien ; c'est, en effet, le Sang adorable du Sauveur qui cimente toutes les parties de ce gigantesque édifice, et c'est sa grâce et son amour qui unissent entre eux tous ceux qui en sont les éléments. Mais, comme cet amour n'est pas un simple sentiment, et qu'il est vrai et sincère, il ne s'en tient pas à déplorer les souffrances des âmes soumises à l'expiation, ni à gémir sur leurs douleurs ; il met encore tout en œuvre pour les soulager. « Par une admirable économie, dit le P. Ventura, la sagesse et la bonté divines ont réuni en nous et par nous, pauvres voyageurs de la terre, comme par une pierre angulaire mystérieuse, le sublime palais du ciel et la prison profonde du purgatoire, pour en former un seul édifice et une seule maison. C'est pour cela que, placés entre l'Eglise qui règne et qui triomphe dans les cieux, et l'Eglise qui souffre et qui est humiliée, dans le lieu de l'expiation, la même Foi, la même espérance, la même Charité qui nous rendent les concitoyens des saints, les familiers, les alliés et les enfants de Dieu, font encore mieux de nous les associés, les compagnons et les amis des âmes du purgatoire : de même que nous sommes en communication directe avec le ciel, de même aussi nous le sommes, et plus étroitement encore, avec le purgatoire. Voilà  pourquoi, tandis que nous recevons les secours de l'intercession des saints qui jouissent du bonheur céleste, nous soulageons par nos suffrages, quoique voyageurs sur la terre, les âmes soumises à l'expiation ; et pendant que la Divine Miséricorde daigne, à la prière des saints, descendre jusqu'à  nous ici-bas, pour pardonner nos fautes et pour soutenir notre faiblesse ; le Sang de Jésus-Christ, appliqué par nos suffrages, pénètre jusque dans l'abîme, et se répand sur les âmes du purgatoire pour effacer leurs souillures et pour adoucir leurs souffrances. C'est ainsi que nous devenons en quelque sorte le mur mitoyen, la pierre angulaire et principale, au moyen desquels se réunissent entre eux le ciel, la terre et le purgatoire ; c'est ainsi que les vrais chrétiens, qui ont la même foi, que les enfants de la véritable Eglise, qui sont en état de grâce, quoique séparés par des distances incommensurables, sont en communication et en société entre eux, et forment une seule et unique Eglise, un seul corps mystique dont Jésus-Christ est le chef, un seul édifice dont Jésus-Christ est le fondement ». (l'Ecole de Miracles, P. Ventura)

III. C'est, en effet, un touchant spectacle que celui des rapports intimes de foi et d'affection qui existent entre la terre et le purgatoire. Voyez la tendre sollicitude dont la sainte Eglise militante entoure comme une bonne mère ses enfants au delà  du temps, jusque dans l'éternité ! Après les avoir assistés toute leur vie, après avoir sanctifié et recueilli leur dernier soupir, elle veut encore que ceux mêmes qui restent dans l'exil, qui sont incertains de leur destinée, qui sont renfermés dans la prison de leur corps et enchaînés à la terre, s'efforcent par leurs prières d'introduire leurs frères défunts dans la Patrie, de leur assurer la félicité éternelle, de renverser le mur qui les sépare de Dieu et de briser les liens qui les empêchent de s'envoler aux cieux. Elle leur ouvre aussi, après leur mort, le riche trésor spirituel dont Jésus-Christ, son divin époux, lui a confié l'administration. Elle offre pour eux l'adorable sacrifice, le propre sang de son divin époux ; elle leur applique les satisfactions surabondantes du Sauveur et des saints au moyen des indulgences ; elle exhorte avec ardeur les fidèles qui sont encore sur la terre à se mortifier, à faire l'aumône et toute espèce de bonnes œuvres, pour acquitter au plus tôt les dettes de ces âmes impuissantes désormais à se libérer, puisque après le temps de l'épreuve on ne peut plus mériter ni démériter ; car ces âmes désolées n'ont d'autre espérance que celle que leur offrent nos suffrages, et ne peuvent attendre de secours que de nous, leur sort est uniquement entre nos mains. (P. Ventura). Admirable sagesse, admirable charité de l'Eglise qui, toute pourvoyant au soulagement et à la délivrance de ces pauvres prisonnières de la Justice divine, fournit aussi à ceux qui sont encore voyageurs ici-bas des moyens aussi ingénieux qu'efficaces de travailler à leur propre sanctification.

 

Élévation sur le Purgatoire, ou l'Eglise souffrante

 

I. L'Eglise m'exhorte à demander pour vous, mes parents, mes amis et mes frères, un lieu de rafraîchissement, de lumière et de paix ! Vous subissez donc, dans ce lieu consacré à l'expiation, les tortures du feu; vous êtes donc plongés dans d'affreuses ténèbres, dans des angoisses pires encore que celles qui ont peut-être présidé à votre agonie ! Les démons, selon toute probabilité, ne viennent pas attiser le feu qui vous dévore, ni vous jeter leurs cris de désespoir. La main seule de la Justice divine s'appesantit sur vous, mais elle suffit bien à vous faire endurer des peines dont celles de cette vie ne peuvent nous donner qu'une faible idée. Hélas ! Malgré les révélations de la foi, vous n'aviez jamais pu comprendre à quel degré des fautes que nous appelons comparativement légères pouvaient outrager la sainteté infinie de Dieu, et exiger une telle réparation ! Vous n'aviez pas assez compris la puissance d'une vie mortifiée, ni tout ce qu'un acte de pénitence, même peu important, pouvait avoir de valeur pour vous faire échapper au moins à une partie des supplices affreux dont vous êtes aujourd'hui victimes ! Demandez pour moi cette intelligence, et comptez sur mon dévouement pour vous.

II. Ô Seigneur ! Qu'est-ce que la justice des hommes à côté de la vôtre ? elle regarde comme une faiblesse pardonnable ce qui est à vos yeux un crime digne des tourments les plus rigoureux. Les plus grands coupables échappent souvent encore à ses plus laborieuses investigations. Puis, tantôt elle exagère le châtiment, et tantôt au contraire elle reste au-dessous de ce que mériterait l'infraction des lois. Elle décèle à chaque instant son incapacité et son impuissance. Mais au souverain modérateur de l'immense empire des âmes, rien ne saurait échapper. Il sonde les reins et les cœurs, sa sagesse infinie pèse tout dans la balance de son infaillible justice. Aucune faute, aucune faiblesse ne peut se dissimuler, aucune âme, malgré sa subtilité, ne réussirait à se dérober à sa puissance sans bornes. « Où fuir, en effet ? comme dit admirablement le Prophète royal. Si je monte jusqu'au Ciel, c'est le lieu de votre demeure ; si je descends dans les entrailles de la terre, je vous y trouve ; si je prends mon vol dès le point du jour et que je franchisse les mers, c'est votre main qui m'a conduit et votre droite qui m'a soutenu. J'ai dit : Je me plongerai dans les ténèbres, et peut-être me cacheront-elles à ses yeux ; mais les ténèbres sont sans obscurité pour vous, et la nuit n'est pas plus sombre à vos yeux que le jour le plus éclatant, car les replis les plus cachés de ma conscience vous sont connus, depuis que je suis sorti du sein de ma mère ». (Ps. 138).

III. Toutefois, ô mon Dieu, si votre justice est terrible, votre Charité est infinie, et vous avez daigné ne pas rompre même par la mort les liens d'affection qui nous unissaient ici-bas à nos proches, à nos amis, à nos frères en Jésus-Christ. Grâce à nos prières, à nos bonnes œuvres et à quelques sacrifices que nous saurons nous imposer, nous pourrons les soulager : nos expiations pourront solder leurs dettes ; nous pourrons hâter leur entrée dans la gloire. Non, tout ne sera pas fini entre eux et nous après l'heure fatale de la mort; un abîme infranchissable n'existe pas dès lors entre nous et ceux qui nous sont chers ; nous pouvons continuer à avoir des rapports avec eux, et même leur être utiles Quel admirable plan ! Quelles sublimes consolations ! Soyez-en, Seigneur, à jamais béni !

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous !

 

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1 juin 2014

Le Mois de Saint Pierre

Le Mois de Saint Pierre

ou dévotion à l'Eglise et au Saint Siège

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Deuxième jour

Le Ciel, ou l'Eglise triomphante

 

I. C'est la plus vaste, la plus belle et la plus riche province de cet immense Empire : c'est pour ainsi dire la capitale, le palais, le trône même du Roi des rois. Rien ici-bas n'en peut donner une idée, puisque la loi des sens et celles qui régissent le monde matériel sont abolies là où tout est surnaturel. Au ciel, tout est esprit et gouverné par une législation céleste, qui ne peut avoir aucun rapport avec celle qui a été établie pour notre infirmité terrestre : qu'elle proportion pourrait-il y avoir entre l'exil et la patrie, entre le châtiment et la gloire ? Le ciel ! c'est le trône de Dieu le Père, qui ne cesse pas pour cela d'être partout, puisqu'il est l'atmosphère universelle dans laquelle et par laquelle tout vit et tout se meut; le ciel ! C'est la résidence glorieuse de Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, qui l'a ouvert et acquis par l'effusion de son sang adorable ; c'est le temple spécial de l'Esprit saint, qui l'éclaire de ses divines lumières et l'embrase du feu sacré de son saint amour. C'est là que règne Marie, la mère de Dieu, la plus pure, la plus parfaite des créatures, la Reine des anges et des saints ; c'est le lieu qu'habitent ces célestes intelligences dont la sublime hiérarchie compte jusqu'à neuf degrés divers ; c'est enfin l'endroit où Dieu réunit les âmes les plus innocentes, les plus héroïques, aux sentiments les plus nobles, les plus élevés et les plus généreux qui existèrent jamais ; où toutes ont accès, quel que soit le rang qu'elles aient occupé sur la terre, et où chacune est récompensée selon ses mérites. C'est un lieu, en un mot, où il n'y a plus ni mort, ni deuil, ni douleur, ni larmes, ni inquiétude, mais une gloire et un bonheur sans mélange et sans fin !

II. Le ciel ! C'est le centre d'où rayonnent et vont se répandre sur l'Église universelle tous les secours célestes, toutes les lumières divines, toutes les faveurs spirituelles, tout le bonheur dont la source inépuisable est Dieu lui-même ; c'est le centre de tous les pouvoirs suprêmes, de toutes les protections, de toutes les grâces et de toutes les miséricordes. Que de mystères de charité et de bonté infinies, de secours inattendus, de prévenances incompréhensibles, d'oubli des outrages passés, de glorification du repentir et de la pénitence, brillent d'un éclat divin dans ce lieu de délices, où il y a plus de joie pour la conversion d'un pécheur que pour la persévérance de quatre-vingt-dix-neuf justes! Que ne pouvons-nous entendre le concert de louanges et de reconnaissance entonné par Dismas le bon larron, par Marie-Madeleine, types des pécheurs pénitents, auquel répondent tous les cœurs convertis par la miséricorde infinie de Dieu !

III. Si toutes les grâces partent du ciel,tous les soupirs embrasés, tous les vœux les plus ardents, toutes les prières les plus ferventes, les espérances les mieux fondées de l'humanité, y convergent et y aboutissent. Le ciel envoie ses inspirations et sa force à la terre, et celle-ci lui rapporte en échange ses sacrifices généreux et ses vertus héroïques ; le ciel sème et répand sur elle la rosée de ses faveurs, et la terre produit les riches moissons de bonnes œuvres destinées à remplir les greniers du père de famille. La perspective de ces magnifiques récompenses fait mépriser les travaux du temps, pour le repos bienheureux de l'éternité. Sage et admirable centralisation de l'Église universelle, de ce royaume spirituel qui exalte la gloire du Très-Haut, et qui est la source de la félicité sans bornes et sans mesure à laquelle le Seigneur a destiné les âmes ! Adorons cette admirable économie de la sagesse infinie, et efforçons-nous d'entrer dans ses miséricordieux desseins.

 

Élévation sur le Ciel, ou l'Église triomphante

 

I. Que vos tabernacles sont ravissants, Seigneur, quels transports de reconnaissance et d'amour ils excitent dans mon cœur ! Oui, je le reconnais, vous nous avez créés pour le ciel, et pour vous, ô mon Dieu, car le ciel c'est vous ; vous qui en êtes la vie, la joie et la gloire. Aussi bien, vous seul pouviez suffire à satisfaire ce besoin infini que j'ai d'aimer, et que vous avez mis pour cela dans mon cœur. Sans doute, Marie, les Anges et les Saints contribuent à enrichir ce séjour de la félicité suprême par l'éclat de leur beauté et de la gloire qui les environnent ; mais, Seigneur, cette beauté, cette gloire elle est votre ouvrage, et ce n'est encore qu'un faible reflet de cette beauté toujours ancienne et toujours nouvelle, de cette infinie majesté qui est l'un de vos attributs essentiels. Oh ! que je ne le perde jamais de vue : « Vous nous avez faits pour vous, et notre cœur restera toujours inquiet jusqu'à ce qu'il repose à jamais en vous ». (S. Augustin).

II. N'est-ce pas vous, en effet, ô mon Dieu, qui avez créé mon âme ? Ne vient-elle pas du ciel ? Sa nourriture n'est-elle pas la grâce, les saintes inspirations de votre divin esprit ? votre Verbe ou votre parole sacrée, et surtout le pain eucharistique, le pain descendu du ciel ? Pourquoi votre adorable Fils est-il descendu des hauteurs infinies de la gloire pour se faire homme et pour honorer la terre de sa présence; et pourquoi, après l'avoir enrichie du trésor incomparable des sacrements, qui renferment la nourriture la plus précieuse des âmes, est-il remonté au ciel pour nous y préparer une place ? N'était-ce pas nous dire assez clairement qu'ici-bas n'est pas notre demeure permanente, et que le viatique qu'il nous a préparé n'est qu'un secours temporaire pour soutenir nos forces défaillantes, jusqu'à ce que nous arrivions au terme du voyage qui est la patrie, le ciel ? Si Dieu nous a dit en la personne d'Adam prévaricateur: Souviens-toi, ô homme, que tu n'es que poussière et que tu retourneras en poussière ! Il aurait bien pu nous dire aussi : « Souviens-toi, ô âme chrétienne, que tu viens du ciel, que ta nourriture descend du ciel, et que si tu es fidèle tu retourneras au ciel ».

III. Comment maintenant ne tournerais-je pas sans cesse mes regards vers ce beau ciel ? comment ne serait-il pas l'unique, ou, du moins, l'objet dominant de mes pensées, de mes affections, de mes vœux ? Le ciel est le sein d'où mon âme est sortie ; si, pendant le pèlerinage de cette vie, j'ai des combats à livrer, des épreuves à soutenir, si mon âme est languissante, si les dangers l'entourent de toute part, si ses ennemis l'accablent, ne doit-elle pas s'écrier avec le prophète : Je lèverai mes yeux vers les montagnes éternelles, d'où me viendront tous les secours dont j'ai besoin ? La vue de ce poids de la gloire éternelle m'aidera à supporter avec courage et résignation les tribulations comparativement si légères et si fugitives de cette courte vie. Soyez à jamais béni, Seigneur, d'avoir ainsi uni le ciel à la terre, d'en avoir fait le sanctuaire et la source de vos grâces, et surtout de nous y avoir préparé un trône et une couronne pour toute l'éternité.

 

Je crois en Dieu...

Saint Pierre et tous les saints Souverains Pontifes, priez pour nous!

 

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30 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Trente-et-unième jour

Dernière station à la Grotte

 

Voici, pour cette année du moins, s'il plaît à Dieu, notre dernière station à la Grotte de Lourdes. Nous aurions voulu, n'est-il pas vrai ? Y demeurer toujours. Mais hélas ! Ici-bas tous les lilas meurent et, comme les chants des oiseaux, les Mois de Marie, surtout aux bords du Gave, sont courts...

En choisissant une grotte pour théâtre de ses dix-huit Apparitions, la Dame des Pyrénées n'a fait qu'ajouter dix-huit chapitres glorieux à l'histoire religieuse des Grottes dans le monde. Une grotte, dissimulée, parmi les arbres du Paradis terrestre, aurait servi de retraite à Adam et Eve après leur prévarication... Jacob bénit ses fils chacun selon sa bénédiction. Puis il leur donna cet ordre : « Je vais être réuni à mon peuple ; enterrez-moi avec mes pères dans la grotte qui est dans le champ d'Ephron, le Héthéen, dans la grotte du champ de Macpéla, en face de Mambré, au pays de Canaan : c'est la grotte qu'Abraham a acquise d'Ephron, le Héthéen, avec le champ, pour avoir un sépulcre qui lui appartînt. C'est là qu'on a enterré Abraham et Sara, sa femme, c'est là qu'on a enterré Isaac et Rébecca, sa femme, et c'est là que j'ai enterré Lia.... Lorsque Jacob eut achevé de donner ses ordres à ses fils, ayant retiré ses pieds dans le lit, il expira et fut réuni à ses pères.... Les fils de Jacob firent donc envers leur père comme il leur avait commandé. Ils le transportèrent au pays de Canaan et l'enterrèrent dans la grotte du champ de Macpéla ».

« Et Josué, et tout Israël avec lui, retourna au camp à Galgala. Les cinq rois s'enfuirent et se cachèrent dans la grotte à Macéda. Josué dit : « Roulez de grosses pierres à l'entrée de la grotte, et mettez-y des hommes pour les garder.... Puis Josué dit : « Ouvrez l'entrée de la grotte, faites-en sortir les cinq rois et amenez-les moi ». Ils firent ainsi et lui amenèrent les cinq rois qu'ils avaient fait sortir de la grotte, le roi de Jérusalem, le roi d'Hébron, le roi de Jérimoth, le roi de Ivachis et le roi d'Eglon.... Puis Josué les frappa de l'épée et les fit mourir ; il les pendit à cinq arbres, et ils y restèrent pendus jusqu'au soir. Vers le coucher du soleil, Josué les fit descendre des arbres ; on les jeta dans la grotte où ils s'étaient cachés, et l'on mit à l'entrée de la grotte de grosses pierres qu'on y voit encore aujourd'hui ».

« David monta du rocher de l'évasion et s'établit dans les lieux forts d'Engaddi. Saül prit trois mille hommes d'élite d'entre tout Israël, et il alla à la recherche de David et de ses gens jusque sur les rochers des boucs sauvages. Il arriva au parc des brebis qui étaient près du chemin ; il y avait là  une grotte où il entra pour se couvrir les pieds, et David et ses gens étaient au fond de la grotte.... David se leva, puis coupa à la dérobée le bord du manteau de Saül. Après cela, le cœur lui battit, de ce qu'il avait coupé le pan du manteau de Saül.... Saül s'étant levé pour sortir de la grotte, continua sa route. Alors David se leva et, sortant de la grotte, il se mit à crier après Saül : « O roi, mon seigneur ». Saül regarda derrière lui, et David s'inclina le visage contre terre, et se prosterna, et il dit à Saül : « Vois dans ma main le coin de ton manteau. Puisque j'ai coupé le coin de ton manteau et que je ne t'ai pas tué, reconnais et vois qu'il n'y a dans ma conduite ni méchanceté ni révolte et que je n'ai point péché contre toi »... Et Saül éleva la voix et pleura. Il dit à David : « Tu es plus juste que moi... Maintenant je sais que tu seras roi ».

« Elie se leva, mangea et but, et avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à la montagne de Dieu, à l'Horeb. Là, il entra dans la grotte (et il y passa la nuit.... Jéhovah dit : « Sors, et tiens-toi dans la montagne devant Jéhovah, car Jéhovah va passer. Et il y eut un vent fort et violent qui déchirait les montagnes et brisait les rochers : Jéhovah n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre: Jéhovah n'était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, un feu : Jéhovah n'était pas dans le feu. Et après le feu, le murmure d'une brise légère. Quand Elie l'entendit, il s'enveloppa le visage de son manteau, et étant sorti, il se tint à l'entrée de la  grotte... Et Jéhovah lui dit : « Va, reprenant ton chemin, au désert de Damas, et quand tu seras arrivé, tu oindras Hazaël pour roi de Syrie ; tu oindras Jéhu, fils de Nanisi, pour roi d'Israël, et tu oindras Elisée, fils de Saphat, d'Abel-Méhana, pour prophète à ta place ».

On lisait dans les mêmes écrits, comment le prophète, sur un ordre reçu de Dieu, fit transporter avec lui le tabernacle et l'arche, et qu'il se rendit ainsi à la montagne que gravit Moïse et d'où il contempla l'héritage de Dieu. Arrivé là, Jérémie trouva une habitation en forme de grotte, et il y déposa le tabernacle et l'arche, ainsi que l'autel des parfums, et en boucha l'entrée.

A son tour, Jésus, le Verbe fait chair, naquit dans une grotte, ressuscita Lazare dans une grotte, agonisa, au jardin des Oliviers, dans une grotte, fut enseveli, au Golgotha, dans une grotte... Et, selon l'Apocalypse, quand sera ouvert le sixième sceau, quand se produira le grand tremblement de terre, quand le soleil deviendra noir comme un sac de crin, quand la lune entière paraîtra comme du sang, et que les étoiles tomberont vers la terre, comme les figues vertes tombent d'un figuier secoué par un grand vent, c'est dans des grottes et dans les rochers des montagnes que les rois de la terre, et les grands, et les généraux, et les riches, et les puissants, et tout esclave ou homme libre, se cacheront.

Mais, en attendant, c'est la Grotte de Lourdes, qui, toute resplendissante de lumière, tandis que ses sœurs de l'Evangile et de la Bible sont plongées dans les ombres d'un passé évanoui, continue, depuis un demi-siècle, à abriter en sa puissante image, après l'avoir possédée en personne, Marie, l'Eve nouvelle, la Reine des Patriarches, l'Inspiratrice des Prophètes, l'Espoir des temps antiques, la Mère de l'Adam nouveau, la Consolatrice des affligés, le Secours des chrétiens, la Porte du Ciel, le Tabernacle, l'Arche d'alliance, l'Autel des parfums du second Testament...

On l'appelle Grotte de Massabielle, c'est-à-dire de « Masse vieille », de « vieux rocher ». Son nom évoque son histoire, et son histoire est belle. La Science nous l'apprend. A rencontre des monts voisins dont la cime hautaine atteste les grandes révolutions terrestres qui soulevèrent les Pyrénées, Massabielle demeura disloquée, renversée à demi... Plus tard, disent encore les Savants, le fleuve de glace qui descendit du cirque de Gavarnie inondant la vallée du Gave la couvrit de ses vagues... Elle fut ignorée des hommes, durant de longs siècles,... jusqu'au jour où, le 11 février 1858, cette Grotte, manifestement prédestinée par le Christ pour l'honneur de sa Mère, devint ce qu'elle est encore aujourd'hui : l'abri des justes, le refuge des pécheurs, le tombeau du Mal, le berceau du Bien, l'hôpital des incurables, le laboratoire des Savants honnêtes, le foyer des miracles, l'oratoire des âmes, le rendez-vous des peuples, le sanctuaire de Jésus en son eucharistique présence, le Gethsémani de la Vierge dolente, le Tabor de l'Immaculée-Conception. Car, comme le disait Pie X en l'une de ses audiences de mars 1904, « Je considère les Apparitions de Lourdes avec toutes leurs conséquences si admirables, si opportunes et si salutaires, comme une des grâces les plus insignes qui aient été méritées à l'Eglise par la proclamation dogmatique de l'Immaculée-Conception ».

Des flancs de cette Grotte entre toutes bénie sortent des brises légères, maternelles caresses de Marie sur les âmes ; et, mieux qu'en la grotte d'Horeb, Jéhovah est dans ces brises surnaturellement fécondes... Sur son seuil, expirent les rafales des humaines passions, les commotions de la Politique antireligieuse, les embrasements de l'Anarchie, car Jéhovah n'est point dans ces vents, dans ces tremblements, dans ces feux. Et quand se sont apaisées les insolences haineuses, les justes, tel Elie, se livrent, pour la restauration des vertus dans le monde, à de saintes et royales onctions...

En cette Grotte, règne surtout la Vierge. Impossible de risquer la moindre coupure à son manteau de mérites immense autant qu'indéchirable. Mais, avec l'audace du repentir escomptant la clémence, on peut, d'un bord, d'un pan, d'un pli, si petit soit-il, de ce manteau de notre Reine, enrichir sa personnelle indigence, et se présenter devant Dieu, certain d'être mieux accueilli que David par l'inconstant Saül. Et maintenant, Grotte pyrénéenne, palladium de la France et du monde, après avoir passé, près de ton églantier, devant ta niche, à la lumière des blancs cierges dont la mèche fumante noircit sans cesse les parois de tes excavations, le Mois des fleurs, il nous faut te quitter, pour aller dans nos familles, en souvenir des grâces que tu nous procuras, porter des fruits...

O toi qui fus témoin des larmes de Bernadette en sa dernière visite, avant son départ pour Nevers ! Asile saint dont les délices inspirèrent à l'enfant virginale cette réponse où s'exhalait toute la gratitude de son âme : « A Lourdes, la Grotte était mon Ciel ! » pour nous aussi, durant trente-un jours, tu auras été un coin du Ciel !... Vois nos pleurs, perçois nos battements d'amour, et permets-nous d'adresser à ta royale Hôtesse, tandis que nous jetons sur sa statue un suprême regard, le cri final de l'Eglise, en une de ses Antiennes, pendant le Carême, saison mystique, Cure d'âme de l'année : « Adieu, à la plus belle des créatures, adieu Dame de Lourdes, Reine de notre Mois de Mai trop tôt fini, adieu et priez le Christ, votre Fils, notre divin Sauveur, pour chacun de nous tous : Vale, ô valde decora, et pro nobis Christum exora ! »

 

Examen et résolution

 

Comment avons-nous passé ces cinq semaines ?... Avons-nous scrupuleusement suivi le régime, le traitement du confesseur, médecin de notre conscience ?... Nos stations journalières à la Grotte ont-elles été des moments d'étude religieuse, de prière fervente, de sanctification effective ?... Qu'ont été nos oraisons, nos confessions, nos adorations, nos communions, nos conversations, nos actions ? Nous sentons-nous l'âme mieux portante, plus fraîche? Avons-nous plus de lumières sur Marie, plus d'amour pour cette bonne Mère, plus de confiance en sa miséricorde, plus de zèle pour l'avancement de sa gloire ? De quels défauts nous sommes-nous corrigés ? De quelles vertus nous sommes-nous parés ?... Quelles grâces avons-nous sollicitées, obtenues ?... Qu'espérons-nous encore ?...

Humilions-nous, si nous avons à nous reprocher quelque infidélité. Remercions, si notre programme spirituel, de tous points réalisé, nous a valu un notable amendement.... Et prenons des résolutions en rapport avec nos besoins.... Avons-nous besoin d'être humbles... purs... détachés de quelque créature... charitables dans nos paroles... fidèles à tel exercice de piété depuis quelque temps négligé... mortifiés dans telle fréquentation, en telle lecture ?... Prenons la résolution, non point vague, générale, mais précise, particulière, de le devenir... Et que nos résolutions, au lieu d'être ce que l'on ne tient pas, ce qui partant accuse et aggrave, soient, au contraire, ce que nous tenons, ce qui nous tient et ce qui, devant Dieu, nous sauvera.... Tel ce dernier jour du Mois de Mai, le dernier jour de notre vie arrivera, plus tôt peut-être que nous n'y songeons.... Heureux serons-nous alors, si nous avons pensé à Marie, parlé à Marie, ressemblé à Marie, travaillé, souffert, vécu pour Marie : le dernier jour de notre terrestre existence sera pour nous le premier du Mois de Marie qui, au Ciel, ne finira jamais...

 

Prière

 

O Notre Dame, nous ne saunons mieux clore le cycle de nos invocations quotidiennes qu'en vous adressant la prière composée, le 8 septembre 1903, par le pieux Pie X, en vue de l'année jubilaire de la Proclamation du Dogme de votre Immaculée Conception : « Vierge très sainte, qui, ayant plu au Seigneur êtes devenue sa Mère immaculée de corps et d'esprit, dans la foi et l'amour, regardez avec bienveillance les malheureux qui implorent votre puissant patronage. Le malin serpent, contre qui fut lancée la première malédiction, ne continue que trop à combattre par ses embûches les enfants d'Eve. Ah ! Vous, ô notre Mère bénie, notre Reine et notre avocate qui, dès le premier instant de votre conception, avez écrasé la tête de l'ennemi, exaucez les prières que nous vous conjurons, unis à vous d'un seul cœur, de présenter au trône de Dieu, pour que nous ne tombions jamais dans les pièges qui nous sont tendus, et qu'ainsi nous arrivions tous au port du salut, et qu'à travers tant de dangers, l'Eglise et la société chrétienne entonnent encore une fois l'hymne de la délivrance, de la victoire et de la paix. Ainsi soit-il ».

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

 

Fin du Mois de Marie

 

Prochain Mois de dévotion, le Mois de Saint Pierre, rendez-vous le 31 mai.

 

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29 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Trentième jour

Dix-huitième Apparition

 

Aussitôt Bernadette se leva et courut chez sa plus jeune tante Basile pour la prier de l'accompagner à Massabielle. L'entrée de la Grotte était alors défendue par ordre de l'autorité administrative, et une palissade en planches fermait le devant des excavations. Pour ne pas tomber sous les coups de l'arrêté préfectoral, Bernadette et sa tante prirent le chemin qui conduit aux prairies dites de la Ribère, et allèrent s'agenouiller sur la rive droite du Gave, en face du rocher des apparitions. En traversant le quartier de Lapaca, elles furent accostées par d'anciennes voisines qui, leur ayant demandé où elles allaient, se mirent à leur faire cortège. Plus loin, sur les pelouses qui se trouvaient en contre-bas de la route de Pau, elles rencontrèrent plusieurs groupes de femmes priant à genoux, tournées vers la niche miraculeuse. Dès que Bernadette apparut, tous ces groupes se levèrent et vinrent s'établir en demi-cercle autour d'elle. On était si heureux de prier à côté de la petite voyante ! Presque aussitôt que l'enfant eut fixé son regard sur le rocher au delà  du Gave, les rayonnements de l'extase éclatèrent sur sa figure, et, dans les transports de son âme ravie, elle s'écria : « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières ».

Ainsi cette dix-huitième Apparition fut comme un suprême encouragement pour la vaillance de Bernadette. Chère enfant ! Elle avait souffert, beaucoup souffert pour sa Dame : on l'avait importunée, ridiculisée, menacée, tentée, de toute manière ; on avait insulté à sa détresse par des offres scandaleuses d'argent ; on n'avait pas craint de la faire passer pour hallucinée, n'ayant pu réussir à l'entacher de folie, au regard du public ; elle avait vu une administration tracassière déployer son autorité, ses violences, ses ruses, pour discréditer l'oeuvre de la Grotte, infirmer les premiers miracles de la Source, et procéder à l'enlèvement des objets de piété entassés par la reconnaissance et la dévotion populaires.

Et maintenant, de la rive droite du Gave, ses yeux attristés, se tournant vers la roche, se heurtaient aux planches de la palissade : cercueil arrogant dressé par l'autoritarisme laïque pour essayer, en vain, une fois de plus le long des siècles, d'y coucher, comme une prétendue morte, la foi nouvellement née des pèlerins. D'autres souffrances devaient, en un proche avenir, visiter Bernadette : elle perdrait sa mère ; il lui faudrait quitter Lourdes, aller à Nevers s'ensevelir vivante dans un cloître. Pour tant d'épreuves, sa vaillance méritait un encouragement : la Dame lui apparut : « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit pardessus les barrières »...

Il fallait aussi encourager les croyants qui, malgré les oppositions administratives, se faisaient les défenseurs, les vengeurs de la Dame, encouraient des critiques, des disgrâces, des procès-verbaux pour elle, et ne cessaient quand même de venir jeter courageusement leurs prières avec leurs offrandes, vers la niche bénie, « par-dessus les barrières ». Il fallait apporter un salut à ces persécutés, faire briller un sourire sur leurs larmes, leur mettre au cœur l'espérance invincible que les planches des fossoyeurs voleraient en éclats, et que la victoire finale appartiendrait à ces deux grandes méconnues des pouvoirs humains : la Religion, la Liberté. Et la Vierge apparut. « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières »...

Les barrières n'ont jamais manqué et ne manqueront jamais aux disciples de Marie et de Jésus. Il y a les barrières légales, les premières planches en furent fabriquées contre Jésus par Hérode, le massacreur des Innocents, et, plus tard, par les Juifs. Dans la suite, les planches pourries ont été remplacées par des neuves, avec des couleurs et des formes différentes. Toujours, il y a eu, quelque part, des lois humaines en insurrection contre la légalité divine : comme si le droit pouvait prévaloir contre le droit ; comme si Dieu, Législateur par excellence, de qui émane éternellement toute autorité, toute justice, pouvait être contrarié dans ses ordonnances par les élucubrations fantaisistes de législateurs humains sans compétence ni durée ! Heureusement, un jour vient où, en dépit de la Force contemptrice du Droit, le Surnaturel réapparaît. « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières »...

Il y a les barrières sociales. Quand la loi divine n'est plus en faveur parmi les lois humaines, une dépression religieuse se produit dans la société. Les amis du Christ sont vus d'un mauvais œil. On n'apprécie que les impôts qu'ils soldent au fisc ; pour tout le reste, on les considère comme taillables et corvéables à merci. Et les barrières sociales doublées des barrières domestiques, à cause des intérêts connexes de la famille, se dressent implacables devant ceux que le Surnaturel attirait sans obstacle autrefois. Heureux les vaillants : la Grâce aura pour eux des saints et des sourires qui les réconforteront. « Oui, oui, la voilà ! Elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières »...

Il y a les barrières diaboliques. On ne les voit pas au dehors, celles-là ; mais on les sent, dans le mystère des vies, au dedans. Mauvaises pensées, désirs corrupteurs, imaginations affreuses, dégoûts du Bien, frénésies du Mal : autant de barrières opposées par le Démon au libre cours de la Vérité et de la Vertu dans les âmes ! Ce ne sont pas les plus faciles à démolir : on n'a point, pour cette besogne, les stimulants extérieurs de l'amour-propre et de la constatation matérielle du succès ; on est seul à seul avec sa conscience et Dieu ; on n'est jamais sûr, tant l'illusion subtile peut se glisser en nous, de les avoir, pour de bon, abattues ; on a peur, et quelquefois non sans raison, qu'elles ne soient, au contraire, consolidées ; elles se redressent avec une rapidité électrique ; c'est toujours, ou presque toujours, à recommencer. De là des appréhensions, des découragements, des marasmes terribles. Heureux qui, en ces occurrences recourt à la prière pour implorer le Christ, au chapelet pour appeler la Dame : le Surnaturel, par ses saints et ses sourires, les consolera et les fortifiera. « Oui, oui, la voilà : elle nous salue et nous sourit par-dessus les barrières »...

Le soleil se couchait cependant à l'horizon, et les ombres de la nuit commençaient à gagner le bassin de Massabielle. La Vierge jeta un dernier et profond regard d'affection sur sa petite privilégiée, puis elle disparut. C'était fini ! Bernadette ne devait plus revoir la Mère de Dieu que dans les splendeurs du paradis.

 

Examen

 

Voyez-vous comment il ne faut pas compter naïvement sur les appuis humains pour la prospérité et la totale liberté des œuvres religieuses ?... Nous avons vu naguère l'administration civile favoriser les rassemblements populaires autour de la Grotte et nous l'avons louée de son attitude... Voici maintenant un arrêté préfectoral interdisant l'accès de Massabielle... voici la palissade !... Les conflits entre les deux pouvoirs existeront tant que le corps en chacun de nous s'insurgera contre l'esprit : l'Etat est le corps d'une nation, la Religion en est l'âme... Avez-vous suivi Bernadette, sa tante et les anciennes voisines sur la rive droite du Gave, pour tourner la difficulté administrative et jouir quand même de la vue de la Dame ?... Il n'y a que les idéologues et les orgueilleux dont l'état mental confine à la folie qui puissent se targuer d'éteindre aux yeux des croyants les lumières du Ciel... Dieu et son Christ regarderont toujours à travers les nuages, par-dessus les barrières.... Et mieux que le soleil, la lune et les étoiles, les divins regards éclaireront le monde...

N'est-elle pas admirable cette dernière Apparition faite d'un salut et de sourires pour la consolation de Bernadette et des persécutés de Lourdes ?... Comme on reconnaît bien la Consolatrice des affligés, le Secours des Chrétiens, la céleste Auxiliatrice des âmes, des familles, des peuples et, en particulier, de la France, car c'est en France que se passaient ces choses.... car c'est en France que nous avons la Sainte Vierge, si en Italie on a la Papauté... Ah ! Si nous nous tournions amoureusement vers Marie, en nos jours de tristesses !... Comme elle nous consolerait !...

Ne sommes-nous pas de ces chrétiens de peu de foi qui, attribuant aux lois humaines une force d' obligation et de durée dont elles sont dépourvues quand elles sont un attentat au droit, se lamentent découragés et ne voient point du côté du Ciel les saluts et les sourires par-dessus les fragiles et grotesques barrières ?... Si quelques membres de nos familles ont perdu leur place ou ont été privés d' avancement parce qu'ils étaient catholiques, mais sans avoir prêté le flanc à une telle mesure par négligence professionnelle ou bravade inutile, avons-nous invoqué la Dame et l'avons-nous adjurée de nous sourire et de nous regarder par-dessus ces barrières sociales ?... Avons-nous cherché à étudier et à combattre notre défaut dominant, avons-nous chassé les tentations obsédantes du Démon, en demandant à la Dame d'avoir pitié de nous et de nous témoigner sa pitié par des saints et des sourires ?...

Est-ce surtout les jours de fête de la Sainte Vierge que, redoublant de dévotion envers elle, nous l'avons suppliée de nous accorder ses maternelles faveurs ?... Elle avait décliné son nom, le jour de la fête de son Annonciation... Et elle sourit par dessus les barrières, le jour de la fête où on l'honore, le 16 juillet, comme la Dame du Mont-Carmel... N'y a-t-il pas dans le choix de ces coïncidences liturgiques comme un indice de la ferveur avec laquelle nous devons célébrer les fêtes de Marie ?... N'y a-t-il pas aussi pour nous une implicite exhortation à porter ou à reprendre le Scapulaire du Mont-Carmel ?...

 

Prière

 

O Notre Dame, puisque nous sommes au terme des Apparitions dont vous avez, à Lourdes, honoré Bernadette et la France, permettez-moi de vous adresser la prière de l'écrivain que je citais avant-hier et auquel vous aurez fait bon accueil, à son entrée dans l'Eternité. Son cri d'âme résume si bien ce que nous avons dit de vous : « Si Vous êtes évidemment Celle qui se promena sous des figures, sous des noms divers dans l'Ancien Testament. Vous êtes, sans crèche et sans croix, la Vierge antérieure aux Evangiles ». Vous êtes la fille de l'impérissable Dessein, la Sagesse qui est née avant tous les siècles.... Vous êtes donc, sous un nouvel aspect, la plus ancienne des Vierges.... L'Immaculée Conception nous ramène à travers la Bible, jusqu'au chaos de la Genèse... et, forcément, je pense à Eve devenue sainte maintenant, et qui, désolée par les douleurs de ses descendants, par ces maladies affreuses qu'ils n'auraient pas connues, sans sa faute, se tient là  près de vous et vous supplie de payer à ses malheureux sa dette, de les guérir ». Et Vous qui ne fîtes point ici-bas de miracles, de votre vivant, Vous en faites maintenant, et pour elle et pour nous. Lumière de bonté qui ne connaît pas les soirs, havre des pleure-misère, Marie des compatissances, Mère des pitiés !

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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28 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-neuvième jour

Première Communion de Bernadette et Récompense

 

Dans l'intervalle du 7 avril au 16 juillet, la Dame n'apparut point. La mission publique de Bernadette était remplie. Il fallait qu'elle rentrât dans la vie privée. D'autant qu'elle avait à se préparer à sa Première Communion. Ayant goûté à la Grotte, et jusqu'au mystique enivrement, les suavités de la Mère de Dieu, le temps lui devait durer de goûter à l'autel les suavités de Jésus, le divin Fils. Elle fut instruite de ses devoirs religieux à la chapelle de l'Hospice, et le 3 juin, en cette même chapelle, elle s'approcha de la Table sainte pour la première fois. A l'occasion de cette douce et sainte fête, on espérait à Lourdes que la petite voyante serait favorisée d'un de ces ravissements angéliques qui faisaient l'admiration des foules aux roches Massabielle. Il n'en fut rien. Bernadette, les mains jointes, s'avança vers l'autel, reçut son Dieu dans son cœur virginal et revint à sa place, sans donner d'autre signe que celui d'une immense et profonde félicité. La sœur de M. Estrade ayant demandé à la première communiante : « Dis-moi, Bernadette, qu'est-ce qui t'a rendue la plus heureuse : ou de recevoir le bon Dieu, ou de converser, à la Grotte, avec la sainte Vierge ? » Bernadette hésita un moment, puis elle répondit : « Je ne sais : ces choses-là  vont ensemble et ne peuvent pas être comparées. Ce que je sais, c'est que j'ai été bien heureuse dans les deux circonstances ».

Le 16 juillet, ce double bonheur lui fut réservé : les deux circonstances se réunirent, comme se réunissent parfois deux arcs-en-ciel, pour verser leurs radiations sur son âme. Elle avait communié le matin, pour la troisième ou quatrième fois, et dans l'après-midi de la même journée, vers le soir, se trouvant en prière dans l'église paroissiale, elle entendit la voix douce de la Vierge Immaculée retentir au fond de son cœur, lui disant de venir à la Grotte. Pourquoi ce retour à l'église, dans la soirée ? Peut-être, pour assister à une de ces Bénédictions du Très Saint-Sacrement qui sont revêtues de tant de poésie céleste et qu'on donne dans les paroisses où la piété est en honneur, au déclin de certains jours... ; sûrement, pour prolonger son action de grâces, au pied de l'autel, dans le voisinage du Sauveur dont, le matin, elle s'était nourrie. Le quart d'heure qui suit la sainte Communion ne suffisant point, selon elle, à la reconnaissance, elle revenait là où était son trésor Et la Vierge, pour la récompenser de sa délicatesse, lui faisait percevoir, à l'oreille du cœur, l'appel connu des Visions... Quelle félicité ! Elle allait passer de l'Autel à la Grotte, du Fils, caché sous le voile du Sacrement, au face à face de la Mère « Ces choses là  vont ensemble », si « elles ne peuvent pas être comparées ».

Les récompenses surnaturelles, décernées par Jésus et Marie aux âmes qui les servent, sont plus nombreuses, en ce monde, que ne l'imaginent les superficiels. Les intimités du Divin sont faites de douceurs sans pareilles. La vie des Saints est pleine de ces gâteries excessives : la Croix a distillé des baumes qui leur ont procuré des surabondances d'allégresse dans les tribulations ; la douleur est devenue leur volupté ; leurs mécontentements ont fait leurs joies. Ceux-là mêmes qui restent étrangers à ces ivresses de la sainteté ne laissent pas, dans la vie ordinaire, que de bénéficier de l'admirable système de compensations institué par Dieu, en faveur de ses serviteurs et de ses servantes, pour leur ménager comme des senteurs de roses parmi les meurtrissures des épines...

C'est surtout dans nos églises, devant le tabernacle, que ces grâces rémunératrices sont départies. Autrefois, le Psalmiste chantait : « Que tes demeures sont aimables, Jéhovah Sabaoth ! Tes autels, Jéhovah Sabaoth, mon roi et mon Dieu ! Heureux ceux qui habitent ta maison ! Mieux vaut un jour dans tes parvis que mille loin de toi. Je préfère me tenir sur le seuil de la maison de mon Dieu, plutôt que d'habiter sous les tentes des méchants, car Jéhovah Dieu est un soleil et un bouclier ; il donne la grâce et la gloire ». Qu'eût dit le chantre d'Israël, s'il avait pu entrevoir, et, mieux encore, savourer l'Eucharistie ?... C'est dans le commerce eucharistique, aux heures d'adoration, de communion, d'actions de grâces, que se font sentir les plus enchanteresses pénétrations de Dieu... La Dame, elle-même, ne nous trouve jamais plus beaux, n'est jamais autant portée à nous bénir, que lorsque, comme Bernadette, elle nous voit dans la posture de la prière, en nos églises paroissiales, sous l'influence directe du Très Saint-Sacrement Passion de l'Eucharistie, quand serez- vous la mienne, comme vous avez été, à partir de son institution, le soir du Jeudi Saint, la passion de Marie ? O manifestations, ô caresses maternelles de la Dame ! Ô Epiphanies, ô donations particulières, ô tendresses du Fils ! « Ces choses-là vont ensemble et ne peuvent pas être comparées ».

 

Examen

 

N'avons-nous pas une piété intermittente, faite d'accès les jours de grande solennité, et de calme plat, sinon de dégoût et d'infidélités, le reste du temps ?... Bernadette aimait et servait également la Dame, quoiqu'elle ne parût point... Attachons-nous à la Première Communion l'importance qu'elle mérite, surtout à une époque et dans une société où la Première Communion devient souvent le seul acte public de religion que l'on fasse en toute sa vie ?...

Comment préparons-nous nos enfants à la Première Communion ? Leur en parlons-nous longtemps à l'avance pour faire miroiter devant leurs yeux cette céleste perspective, pour accélérer les palpitations d'amour de leur cœur innocent ? Les faisons-nous prier avec nous, au pied de leur lit, dans une chambre recueillie et non pas au milieu des conversations de famille, pour obtenir de Dieu et de la Vierge la grâce de les préparer à la venue de ce grand jour ?... Leur faisons-nous, nous-même le catéchisme, leur inspirant le goût de ce livre, leur faisant apprendre, réciter, comprendre leurs leçons ?... Ne sommes-nous pas de ces pères qui ne parlent jamais de Religion devant leurs enfants et qui font croire de bonne heure à leur fils, par leurs criminels exemples, que la Religion n'est bonne que pour les femmes ?... Ne sommes-nous pas de ces mères inintelligentes, volages, qui se déchargent à peu près exclusivement de la question religieuse, pour ce qui regarde leurs enfants, sur les éducateurs et les éducatrices à qui elles les ont confiés ?...

Nous occupons-nous des enfants pauvres pour les habiller, des enfants élevés entièrement dans l'ignorance de Dieu à la mode laïque, pour les instruire ?... Au lieu de gaspiller notre temps et nous plaindre de nos trop longs désœuvrements ou de notre ennuyeuse solitude, ne pourrions-nous pas, ne devrions-nous pas, catéchistes volontaires, adopter des petits garçons, des petites filles, qui sans nous seraient des échantillons du paganisme moderne, pour remplir envers eux nos devoirs de religieuse paternité, maternité... Ignorons-nous qu'on compte par milliers dans nos grandes villes les enfants non baptisés, et les jeunes gens qui, baptisés, n'ont jamais communié ?... Oh ! On se ferait volontiers catéchiste des enfants appartenant à des familles aisées et surtout riches... Mais catéchiste des enfants déguenillés, mal-propres, comme il y en a tant dans nos cités par l'incurie ou la misère des parents !... Bernadette fut instruite à la chapelle de l'Hospice...

Célébrons-nous chaque année l'anniversaire de notre première Communion ? Nous rappelons-nous ce que nous étions alors et ce que nous avons promis ?... Le souvenir de notre première Communion n'est-il pas pour nous accusateur ?... Il l'est sûrement, si nos communions subséquentes ont eu moins de ferveur, au lieu d'en avoir davantage.... La première fois, nous étions nécessairement, à cause de notre âge, des novices de la Communion ; par la répétition des mêmes actes, nous aurions dû devenir, si je puis ainsi dire, des profès : quelle erreur de croire et quelle honte d'être contraint d'avouer que notre première Communion fut la plus belle non seulement à cause de sa poésie, mais encore à cause de nos dispositions !... Comme si à vingt ans, à quarante ans, et plus tard, on ne devrait pas être, religieusement, plus habile, plus parfait qu'à douze ans !...

Communions-nous souvent, selon le désir de Notre-Seigneur et la pressante invitation que vient d'adresser Pie X, son vicaire infaillible ?... Des scrupules entretenus par le Démon qui y trouvera son compte, des paresses spirituelles plus ou moins avouables, ne nous éloignent-ils pas, malgré l'avis contraire de notre confesseur, de la  sainte Table : Que valent nos préparations éloignées et prochaines ?... nos actions de grâces ?... nos visites au Saint Sacrement dans la soirée ?... nos assistances aux Saints ?... Faisons-nous de l'Eucharistie notre divine panacée dans les doutes, dans nos peines, dans nos chutes ?... Marie ne nous attire à elle que pour nous jeter dans le Cœur de Jésus...

 

Prière

 

O Notre Dame, sans vous manifester extérieurement à Bernadette pendant les deux mois qui précédèrent sa Première Communion, vous ne laissâtes pas que de la travailler intérieurement. Et si sa mère se chargea, au foyer, de la robe blanche et du voile dont elle avait besoin, comme première communiante, pour la toilette de son corps, c'est vous sa Mère du Ciel, qui vous occupâtes particulièrement de la parure de son âme. Hélas ! vous savez les épreuves par lesquelles passent aujourd'hui les premiers communiants : aidez les prêtres, les parents, les personnes pieuses qui les préparent, et montrez-vous pour cette jeunesse admise, d'ordinaire en ce mois de Mai, à  l'eucharistique festin la Dame véritable de la première Communion.... C'est aussi l'usage, en ce grand jour, qu'après avoir ratifié, la main sur l'Evangile, ses promesses baptismales, on se consacre à vous ... Acceptez cette consécration de vos enfants de France tout parés de blancheur et, par un attrait plus vif pour le Bien, par une perception plus nette de vos beautés sans tache, donnez-leur, comme récompense, la plus précieuse qu'ils puissent recevoir, d'avoir, pour vous et leur Dieu Jésus-Christ, une fidélité qui ne s'altère point...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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27 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-huitième jour

Le Cierge bénit

 

A partir du jour de l'Annonciation, la douce Vision ne reçut plus le nom vague et impersonnel de « la Dame », mais bien le nom plus tendre et mieux déterminé de Notre Dame de la Grotte ou de Notre Dame de Massabielle. Les fêtes de Pâques suivirent de très près le jour où la Dame du rocher s'était déclarée la Mère Immaculée du divin Rédempteur. Heureux et fiers de ce que la Reine du ciel prenait droit de cité parmi eux, les habitants de Lourdes allèrent avec enthousiasme s'asseoir au banquet eucharistique ; à part quelques philosophes sans foi, l'entraînement fut général. Tandis que la ville était dans l'allégresse, la petite fille, objet des prédilections de la Vierge, devrait-elle être mise à l'écart et sevrée des joies de la Résurrection ? Le cœur de la céleste Mère ne put y consentir, et le mercredi de Pâques, 7 avril, nous retrouvons encore Bernadette à la Grotte, contemplant dans les jubilations de l'extase son affectionnée et puissante protectrice. Ce fut la Dix-septième Apparition. Le docteur Dozous qui en fut témoin va s'en faire pour nous le narrateur :

« Bernadette était à genoux, récitant avec une ferveur angélique les prières de son chapelet qu'elle avait à la main gauche, pendant qu'elle tenait de la main droite un gros cierge bénit allumé. Au moment où elle commençait à faire à genoux son ascension ordinaire, il survint tout à coup un temps d'arrêt dans ce mouvement, et sa main droite, se rapprochant alors de la gauche, plaça la flamme du gros cierge sous les doigts de cette main, assez écartés les uns des autres pour que cette flamme pût facilement passer entre eux. Activée en ce moment par un courant d'air assez fort, elle ne parut produire sur la peau qu'elle atteignait aucune altération. Étonné de ce fait étrange, j'empêchai que personne ne le fît cesser et, prenant ma montre, je pus, durant un quart d'heure, l'observer parfaitement. Bernadette, après cet intervalle de temps, toujours en extase, s'avança vers le haut de la Grotte, en déplaçant ses mains et les éloignant l'une de l'autre. Elle fit ainsi cesser l'action de la flamme sur la main gauche. Sa prière terminée et la transfiguration de son visage ayant disparu, Bernadette se leva et se disposa à s'éloigner de la Grotte. Je la retins un moment et je lui demandai de me montrer sa main gauche que j'examinai avec le plus grand soin. Je ne trouvai nulle part la moindre trace de brûlure. M'adressant alors à la personne qui s'était emparée du cierge, je la priai de le rallumer et de me le remettre. Aussitôt, je plaçai plusieurs fois de suite la flamme du cierge sous la main gauche de Bernadette qui l'en éloigna bien vite, en me disant : « Vous me brûlez. »

Trois concupiscences, trois flammes, peuvent nous brûler et nous brûlent trop souvent. La flamme de la sensualité : première concupiscence ! Qui n'en connaît les ravages ? En chacun de nos organes, de la plante des pieds au sommet de la tête, elle est capable de nous faire sentir ses brûlures. Pas n'est besoin qu'elle soit très vive, tant elle est pénétrante, pour nous contraindre de crier, où qu'elle nous atteigne : « Vous me brûlez ! » Elle brûla la pauvre Eve. Elle brûle tous ses imitateurs... Mais elle fut impuissante sur Marie, l'Eve nouvelle, comme elle ne peut rien sur les enfants fidèles de Marie. C'est que pleine de grâce, la femme bénie, entre toutes les femmes, fut pleine aussi de pureté ; or, la pureté reçue, conservée en une âme, frappe d'impuissance la concupiscence de la chair, quelque ardente qu'elle soit... Heureux les cœurs purs : les flammes charnelles ne les brûleront point !... « Je ne trouvai nulle part, disait le docteur Dozous, la moindre trace de brûlure ».

La flamme de la curiosité : deuxième concupiscence ! Elle aussi est destructive. On veut savoir les pourquoi, les comment des choses, pénétrer les arcanes des êtres. On est intrigué surtout par les mystères du Mal : on en subit la fascination. Ayant vu, on a hâte d'apprendre encore, par expérience, ce que la richesse, enviée chez les autres, comporte de jouissances dans l'organisation et la pratique de la Vie. Autant de points d'interrogation qui, piquant l'intelligence et le cœur, comme des pointes de feu, nous obligent à crier : « Vous me brûlez ! ».... Ainsi fut brûlée Eve par le Serpent perfidement interrogateur. Ainsi sont brûlés la plupart de ses fils et de ses filles qui demandent aux conversations imprudentes, aux lectures corruptrices, aux spectacles obscènes, aux acquisitions indélicates, aux vols déguisés ou manifestes, le bonheur illusoire de savoir, de voir, de posséder... Tout autre fut la seconde Eve, la très Sainte Vierge Marie : elle crut à la parole de l'ange, et la foi, annihilant en son âme la curiosité naturelle, elle s'en remit à la puissance, à l'amour, à la fidélité de Dieu. A cette condition seulement, nous pourrons, nous aussi, ressembler à Bernadette. « Je ne trouvai nulle part, disait le docteur Dozous, la moindre trace de brûlure ».

La flamme de la superbe : troisième concupiscence ! Elle est la plus dévastatrice : on la trouve à la racine de tout péché. Sans elle, les sens ne s'insurgeraient point contre l'esprit, de même que les yeux ne s'ouvriraient point aux visions subversives. Mais on a un fonds de vanité qui fait qu'on se pavane, étalant ses qualités, vraies ou supposées, comme le paon, dans les basses-cours ou les parcs, étale les couleurs de sa queue ; on a un fonds d'amour-propre qui fait qu'on se recherche soi-même, avec la persuasion qu'on est ou qu'on pourrait être, en donnant sa mesure, supérieur à tous ; on a un fonds d'orgueil qui fait qu'on s'imagine ne produire que des pensées justes et profondes, à la manière des génies ; que des actes éclatants, à l'instar des héroïnes et des héros. En ce triple fonds gît, chez nous, au sommet de la tête, la superbe, avec ses dédains, ses prurits, ses fièvres. Elle met notre esprit en ébullition permanente, comme la sensualité y met notre corps ; la curiosité, notre cœur. Et ainsi, à chaque instant, est-on contraint de se tourner vers elle pour lui dire, tant elle est échauffante : « Vous me brûlez ! »...

Elle brûla Eve. Elle brûle les ambitieux, les ambitieuses qui travaillent, par tous les moyens possibles, y compris les malhonnêtes, à dominer, à éclipser les rivaux, les rivales... Rien de tel en Marie : de l'humilité pour abattre la superbe, encore de l'humilité, toujours de l'humilité ! Mère de Dieu, elle se définit servante du Seigneur, sans jamais, dans l'Evangile, s'attribuer un autre titre... Quel exemple ! Mais aussi quelle grandeur en cet abaissement ! La superbe fut châtiée en Eve par la révélation immédiate de la bête humaine, substituée à la déesse manquée.... L'humilité, en Marie, fut récompensée par la royauté, terrestre et céleste, décernée à la femme spiritualisée... Si nous ressemblons à la première, orgueilleuse, nous n'échapperons point aux flammes torturantes, et notre tête, comme d'ailleurs notre cœur et notre corps, sera un volcan fertile en éruptions... En ressemblant à la seconde, humble, nous ne connaîtrons que les feux qui, insensibilisant la nature, rendent plus douces les transformations de la grâce... « Je ne trouvai nulle part, disait le docteur Dozous, la moindre trace de brûlure »....

 

Examen

 

N'auriez-vous pas voulu être du nombre de ceux et celles qui, ayant appris de Bernadette, à  Lourdes, la définition, par la Dame, de l'Immaculée-Conception, se rendaient à la Grotte pour dire en des supplications fraîches comme la grande nouvelle : « Notre-Dame de la Grotte, Notre-Dame de Massabielle, priez pour nous » ?... Avez-vous remarqué la relation religieuse du fait des Apparitions avec le regain de vitalité des communions pascales, cette année-là, en l'église de Lourdes ? Là-bas encore, la raison d'être de Marie était Jésus : elle en est le chemin bordé de lys... Vous qui vous plaignez dans vos paroisses de la diminution des Pâques, développez d'abord le culte de Marie : elle est comme le dais odorant sous lequel Jésus, le Très-Saint Sacrement, se plaît à se montrer pour passer parmi nous... Cette apparition de Marie, le mercredi de Pâques, ne vous a-t- elle pas fait songer aux apparitions de Jésus ressuscité ?... La date du 25 mars 1858 était comme la date de la glorieuse Résurrection du culte de Marie pour les temps qui vont venir, et l'Immaculée apparaissait dans l'intimité à Bernadette comme Jésus à ses apôtres ravis de joie en le revoyant...

Savez-vous que le cierge est le symbole de Jésus qu'on offre à Dieu pour être soi-même moins indigne ? La cire représente le corps du Sauveur ; la mèche insérée, son âme ; la lumière, sa divinité. Comprenez- vous dès lors le rôle du cierge ?... Jeanne d'Arc disait à ses juges : « J'ai aussi offert des cierges par la main du prêtre devant l'autel de sainte Catherine, en l'honneur de Dieu, de la Sainte Vierge et de mes deux saintes ; mais je n'en ai jamais allumé autant que j'aurais voulu »... Etonnez-vous des cierges offerts aussi par Bernadette... N'en concluons pas, comme certaines bonnes femmes, que toute la religion consiste à allumer des cierges, que le cierge dispense, par conséquent, tant il tient notre place devant Dieu, de prier, de restituer, de se confesser et de communier... Nous ressemblerions alors, si vous me permettez ce souvenir plaisant, au cocher de fiacre de Paris arborant une tige de buis à la tête de son cheval, le dimanche des Rameaux, et disant d'un air très convaincu : « On a de la religion, dame, ou l'on n'en a pas ! »

Quels sont en nous les sens qui nous font ou voudraient nous faire sentir leur brûlure ?... Si votre pied vous scandalise, a dit Jésus, coupez-le ; si votre main vous scandalise, amputez-la ; si c'est votre œil, arrachez-le... Pratiquons-nous la mortification de la chair pour rester purs ?... N'avons-nous pas, sans la mortifier suffisamment, la concupiscence des yeux ?... Que sont nos curiosités, nos avidités ?... Un jour, il faudra tout quitter et nous quitter nous-mêmes... Comment domptons-nous l'orgueil, la vanité, l'amour-propre, l'instinct de domination ?... Fiers au dehors par parade, ne sommes-nous point, dans l'ombre, les plats valets de l'ambition, sous couleur de dévouement et même de piété, recourant ainsi diplomatiquement aux grandes choses comme à un beau manteau pour cacher nos platitudes ?... Est-ce que, nonobstant nos apparences de santé surnaturelle, un médecin d'âme qui nous ausculterait pourrait rédiger un bulletin analogue à celui, du docteur Dozous pour Bernadette : « Je ne trouvai nulle part la moindre trace de brûlure » ? Dans les âmes même réputées vertueuses, il y à ce qu'on voit avec ses naïvetés de regard et ce qu'elles montrent pour donner le change, et il y a, ensuite et surtout, à l'insu du grand nombre, ce qui est...

 

Prière

 

O Notre Dame, un de vos serviteurs les plus illustres, mort naguère au sein de souffrances chrétiennement supportées, Huysmans, de sa plume parfois malicieuse jusqu'à l'injustice mais toujours originale et artistique, écrivait, à propos des cierges qui brûlent sans intermittence sous les excavations de votre Grotte : « Le spectacle de ces milliers de cierges en ignition est admirable ! Quels navrements désordonnés et quels espoirs troublants ils recèlent ! De combien d'infirmités, de maladies, de chagrins de ménage, d'appels désespérés, de conversions, de combien de terreurs et d'affolements ils sont l'emblème ! Cette grotte, elle est le hangar... où tous les écrasés de la vie viennent s'abriter... le refuge des existences condamnées, des tortures que rien n'allège ; toute la souffrance de l'univers tient condensée en cet étroit espace. Ah ! Les cierges, ils pleurent des larmes désolées de mères... et tous sont fidèles à la mission dont ils furent chargés ; tous, avant d'expirer, se tordent plus violemment, jettent un dernier cri de leurs flammes, devant la Vierge »... Moi aussi, ô Notre Dame, pour le Christ et pour vous, je veux être un cierge. Gardez-moi blanc, droit, rayonnant. Pour que je sois, en quelque manière, inextinguible, à l'encontre du cierge de Bernadette éteint depuis longtemps, donnez à ma flamme mourante d'allumer d'autres cierges : d'autres âmes. Grâce à cette transmission de lumière, quand sera épuisée ici-bas ma provision de cire, je laisserai du moins, en votre honneur, d'autres clartés. Je me survivrai de la sorte à moi-même, et cette survivance terrestre sera, pour votre gloire, un accroissement de ma lumière, au Ciel !

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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26 mai 2014

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

Le Mois de Marie à la Grotte de Lourdes

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Vingt-septième

« Je suis l'Immaculée Conception ! »

 

Le moment le plus solennel des Apparitions était venu : la grande révélation, sorte de codicile du Nouveau Testament pour la mise en relief de la figure de Marie et les besoins des temps modernes, allait se faire. Recueillons-nous et écoutons Bernadette nous narrer elle-même, elle en est seule capable, ces choses merveilleuses.

« Quand je fus à genoux devant la Dame, je lui demandai pardon de ce que j'arrivais en retard. Toujours bonne pour moi, elle me fit signe de la tête que je n'avais pas besoin de m'excuser. Alors je lui exprimai toutes mes affections, tous mes respects et le bonheur que j'avais de la revoir. Après l'avoir entretenue de tout ce qui me vint dans le cœur, je pris mon chapelet. Pendant que j'étais en prières, la pensée de lui demander son nom se présenta à mon esprit avec une persistance qui me faisait oublier toutes les autres pensées. Je craignais de me rendre importune en réitérant une demande toujours demeurée sans réponse, et cependant quelque chose m'obligeait à parler. Enfin, d'un mouvement que je ne pus contenir, les paroles sortirent de ma bouche, et je priai la Dame de vouloir bien me dire qui elle était.

Comme à mes précédentes questions, la Dame inclina la tête, sourit, mais ne répondit pas. Je ne sais pourquoi, je me sentis plus courageuse, et je revins à lui demander la grâce de me faire connaître son nom. Elle renouvela son sourire et sa gracieuse salutation, mais elle continua à garder le silence. Une troisième fois, les mains jointes, et tout en me reconnaissant indigne de la faveur que je réclamais, je recommençai ma prière. La Dame se tenait debout au-dessus du rosier et se montrait comme elle se montre dans la médaille miraculeuse. A ma troisième demande, elle prit un air grave et parut s'humilier... Elle joignit ensuite ses mains et les porta sur le haut de la poitrine... elle regarda le ciel... puis, séparant lentement les mains et se penchant vers moi, elle me dit, en laissant trembler sa voix : « Je suis l'Immaculée Conception ».

Le grand mystère de la Grotte était enfin manifesté. Or, en répondant à Bernadette : « Je suis l'Immaculée Conception », la Dame faisait entendre au monde la réponse victorieuse des trois hérésies contemporaines. L'hérésie, par la bouche du Naturalisme, avait dit : Il n'est point de Surnaturel. Mystères et miracles sont impossibles : la Nature suffit à tout ; la Raison comprend tout ; la Science, enrichie des modernes découvertes, explique, supplante tout. La Foi, c'est donc l'erreur ; la Grâce, une chimère; la Révélation, un leurre... Et tandis que le Naturalisme parlait si mal et criait si fort, la Vierge est apparue, à Lourdes, à une enfant innocente qui priait ; et l'Apparition, intrinsèquement surnaturelle, historiquement authentique, renouvelée jusqu'à  maintenant seize fois, a montré qu'une fois de plus, selon sa vieille et incorrigible habitude, l'hérésie avait abominablement menti.

De vrai, si Marie est Immaculée dès le premier instant de sa Conception, en vue des mérites du Christ, que s'ensuit-il ? Il s'ensuit que tous les hommes sont maculés dans leur conception, à cause de leur solidarité avec Adam pécheur ; il s'ensuit que nous avions tous besoin d'une Rédemption; il s'ensuit que le Surnaturel déborde le monde par la Foi et la Grâce, jaillies du Cœur du Christ, sur le Calvaire, avec le sang rédempteur ; il s'ensuit que le mystère de toutes parts nous environne, que le miracle est un jeu de la puissance créatrice, une caresse plus chaude du divin amour, et que le Naturalisme, avec ses dénégations tapageuses, n'est qu'un nouveau mode de détraquement du pauvre esprit humain... L'hérésie, par la bouche du Matérialisme, avait dit : « La Matière est la reine du monde ; nous n'avons pas à nous occuper de l'Esprit ; nous ignorons son existence ; en tout cas, il ne peut être que de la matière organisée. Ce qui est palpable, tangible : voilà ce qu'il faut croire, voilà ce qui est beau ! »

Et tandis que le Matérialisme parlait si mal et criait si fort, la Vierge est apparue, à Lourdes, à une enfant innocente qui priait ; et sa figure d'une beauté sans ombre respirait une pureté sans tache. Et elle recommandait la prière et la pénitence pour les pécheurs ; et elle ordonnait la construction d'une chapelle, abri des chastetés humaines ; et elle invitait les âmes plus que les corps à se rafraîchir dans les ondes purificatrices ; et elle prescrivait de manger l'herbe des mortifications qui épurent la vertu, au lieu de s'asseoir aux banquets plantureux qui déchaînent la luxure ; et, à la voyante l'adjurant de décliner son nom, elle répondait : « Je suis l'Immaculée Conception ».

Et cette définition, consécration des symboles, des gestes précédents, a démontré mieux que toutes les argumentations que le Matérialisme n'est qu'une élucubration morbide de la chair et du cœur, et qu'une fois de plus, selon sa vieille et incorrigible habitude, l'hérésie avait abominablement menti. L'hérésie, par la bouche du Libéralisme avait dit : « Ils ne sont plus, les temps où le trône s'appuyait sur l'autel, l'épée sur la croix. D'autres idées mènent le monde. Si respectable soit-elle, la religion catholique ne doit plus être traitée en favorite. Que l'Eglise soit libre dans l'Etat libre ! Qu'on accorde à toutes les confessions religieuses les mêmes droits ; que tous les citoyens jouissent également de la liberté de croire, de penser, d'écrire, de parler, d'agir, et que la Presse, disciplinée, s'il y a lieu, par une censure pourtant large, devienne à travers le monde le véhicule vertigineux des libertés conquises ! L'ultramontanisme est suranné, fini : que le Pape ne s'ingère point dans nos affaires sociales, qu'il s'occupe de spiritualité, tant qu'il voudra, mais qu'il ne s'avise point de se réclamer d'une infaillibilité chimérique pour nous imposer de nouvelles croyances !... »

Et tandis que le Libéralisme parlait si mal en ses insinuations si perfides, la Vierge est apparue, à  Lourdes, à une enfant innocente qui priait ; et, après avoir révélé ses secrets, intimé ses ordres, elle a dévoilé sa céleste identité, en disant : « Je suis l'Immaculée Conception ! » Et cette simple définition a renversé de fond en comble l'édifice du système libéral... Si Marie est seule l'Immaculée Conception, il en résulte que, par contre, nous apportons tous en venant au monde le péché originel, et qu'en butte à la concupiscence, nous naissons devant Dieu, en un état de malédiction, plus enclins à l'Erreur qu'à  la Vérité, au Mal qu'au Bien. Mais si telles sont nos inclinations natives, il s'ensuit que mettre, au point de vue des libertés, l'Erreur et la Vérité, le Mal et le Bien sur un même pied d'égalité, c'est infliger à la Vérité et au Bien un mépris dont personne ne les relèvera, c'est favoriser la prépondérance de l'Erreur et du Mal, c'est s'exposer fatalement à pervertir les masses, et mener les âmes, les familles et les sociétés aux pires cataclysmes...

Au surplus, si Marie est l'Immaculée Conception, et si, pour justifier cette appellation basée sur une prérogative spéciale, elle opère, à Lourdes, dans l'ordre physique, intellectuel et moral, des cures prodigieuses que les moins clairvoyants et les moins sympathiques, pourvu qu'ils soient de bonne foi, sont contraints de constater, il faut conclure logiquement que l'Eglise catholique, qui revendique pour elle, comme il est juste, le bénéfice des Apparitions et des miracles à Massabielle, doit être considérée, non comme une étrangère à qui, par bonté de cœur, on peut concéder la tolérance, mais plutôt comme une Mère et une reine à qui les pouvoirs humains doivent amour, respect, docilité, défense et protection...

Enfin, si cédant à une inspiration du Saint-Esprit et obtempérant aux désirs les plus ardents de la piété chrétienne, le Pape proclame, le 8 décembre 1854, le dogme de l'Immaculée Conception ; et si, quatre ans plus tard, le 25 mars 1858, Marie descend du Ciel pour affirmer elle-même qu'elle est, effectivement, l'Immaculée Conception, il faut en inférer de toute nécessité qu'en matière doctrinale, le Pape est infaillible, puisque ce qu'il définit à Rome se trouve ratifié à Lourdes... Voilà comment la Dame a montré, une troisième fois que, selon sa vieille et incorrigible habitude, l'hérésie libérale avait, elle aussi, abominablement menti !

 

Examen

 

N'êtes-vous pas frappé de l'action de la grâce dans l'âme de Bernadette en prière ?... « La pensée de lui demander son nom se présenta à mon esprit avec une persistance qui me faisait oublier toutes les autres pensées ».... Il est des choses que nous sommes portés à demander fréquemment à Dieu dans nos prières, malgré quelquefois les nombreuses déceptions éprouvées et les efforts que nous faisons pour n'y plus songer du tout... N'y-a-t-il pas là  en nous un travail, un courant mystérieux de la grâce ?... Le Saint-Esprit qui prie en nous est le divin souffleur... Si nous savions l'écouter, lui obéir !... Nous nous plaignons de ne point recevoir pour nos demandes les réponses du Ciel, Nous le croyons fâché contre nous. Erreur : La Dame inclina la tête, sourit, mais ne répondit pas... Que d'étonnements nous aurons dans l'Eternité, quand Dieu nous initiera à ses sourires sans réponse !...

Persévérons-nous comme Bernadette dans nos prières malgré les délais de Dieu à nous exauce ?... Elle recommença jusqu'à trois fois avec des renchérissements de ferveur et d'humilité sa demande... « Une troisième fois, les mains jointes, et tout en me reconnaissant indigne, je recommençai ma prière »... Quand nous avons à décliner notre nom, nos titres, ne lit-on pas sur notre physionomie les satisfactions d'un orgueil plus ou moins raffiné ?... Ne les déclinons-nous pas même sans raison, pour le puéril plaisir de paraître quelqu'un, oubliant parfois que les titres dont nous nous prévalons, au lieu d'être la justification de nos mérites, sont la rançon, indigne sinon sacrilège, de l'argent donné, des cadeaux multipliés, des bassesses commises ?... Nous n'en devrions jamais parler pour nous épargner les rires des malins, les compliments des hypocrite, des faibles ou des sots.... Et nous avons à la langue d'insatiables démangeaisons !... La Dame prit un air grave, parut s humilier et regarda le ciel avant de donner sa réponse...

Remercions-nous la Sainte Vierge de nous faire vivre à une époque où nous la pouvons invoquer sous un vocable nouveau ?... Immaculée, elle l'était, nous le savions, mais nous sommes bien plus sûrs de lui être agréables aujourd'hui, en l'appelant comme elle s'est appelée elle-même... Cette définition fait la gloire de notre siècle et le bonheur des Enfants de Marie dignes de ce beau nom... Quoique notre orthodoxie soit, je le suppose, à l'abri de toute atteinte du hideux Modernisme condamné par l'Eglise, ne nous conduisons-nous pas, sur tel ou tel point, en hérétiques ? Sommes-nous des âmes de Foi ?... La Foi, il faut l'admettre théoriquement, mais il faut aussi la vivre.... Vivons-nous en état de grâce ?... Comptons-nous plus sur la grâce que sur nos personnels efforts ?... Ne sommes-nous pas des Rationalistes à notre manière, ayant toujours peur de faire la part trop large à la Foi, trop petite à la Raison ?... Ne subissons-nous pas les engouements, les griseries, les infatuations de la Science et de la Critique modernes ? Avant d'être un savant, un critique ou mieux, pour être, sans crainte de se fourvoyer, un savant, un critique, il faut être un chrétien docile aux données de la Révélation... N'oublions jamais que nous ne sommes que des roseaux pensants et que, pour ne pas rompre, nous avons besoin de plier devant l'autorité divine et de nous appuyer toujours sur le chêne immortel qu'est l'Eglise...

Ne sommes-nous pas aussi quelque peu Matérialistes, en pratique ?... Pour nous l'âme est-elle plus que le corps ? que sont nos prières, nos mortifications, nos énergies, nos espérances en face des tombeaux ?... Quelle est notre pureté ?... Sous prétexte que tout pouvoir émane de Dieu et qu'il faut obéir aux pouvoirs établis, ne sommes-nous pas des adorateurs des soleils levants, des domestiques du pouvoir civil, des apologistes de la loi, quelle quelle soit, parce qu'elle est la loi ?... Ne prenons-nous pas trop facilement notre parti des humiliations, des rapines, des injustices dont l'Eglise est l'objet, faisant fléchir les principes pour mettre en œuvre les plus honteux expédients ?... N'oublions-nous pas que, depuis le péché originel, la liberté dégénère très vite en licence et qu'il importe pour soi, pour les familles et les peuples, de tenir en laisse les humaines passions ?...

Voyons-nous dans les faits et les miracles de Lourdes une nouvelle preuve, fournie par Marie, de la divinité et de l'éternelle fécondité de l'Eglise catholique dont nous sommes les fils ?... Acceptons-nous avec reconnaissance les encycliques du Souverain. Pontife, qu'elles cadrent ou non avec nos préférences et notre mentalité ?... Il en est qui veulent bien avoir les idées du Pape, mais à condition, admirez leur modestie, que le Pape ait leurs propres idées.... Avons-nous été heureux et fiers des condamnations récentes dont Rome a frappé les agissements de la Politique et les élucubrations de l'Hérésie ?... Ne parlons-nous pas, avec trop de sans-gêne et sans autre compétence que celle que nous attribue l'orgueil, des décisions pontificales ?... La voix de Rome sera toujours la voix de Dieu. Ecouter Pierre c'est écouter Jésus. La Dame, à quatre ans de distance, se fit l'écho du Pape...

 

Prière

 

O Notre Dame, bénie soyez-vous d'avoir condescendu à vous définir vous-même l'Immaculée-Conception ! Vous seule pouviez, en toute vérité, vous décerner un pareil titre. Vous le deviez à Dieu le Père qui, comme Fille privilégiée, vous avait comblée de grâce, à Dieu le Fils qui, comme Mère, vous voulut toute pure, à Dieu le Saint-Esprit qui, comme Epouse, vous para de tous les joyaux de la sainteté la plus étincelante. Vous le deviez à la terre pour y détruire les erreurs. Et comme si ce n'était point assez d'avoir réduit en poudre les affirmations du Naturalisme, du Matérialisme et du Libéralisme d'il y a cinquante ans, vous venez d'inspirer à Pie X, notre bien aimé Pontife, une encyclique qui tuera l'arrogant Modernisme. Car c'est vous, il n'y a pas à en douter, qui, à l'aurore des Noces d'or de vos apparitions aux Pyrénées, avez décidé le Pape à frapper ce grand coup. Ne semble-t-il pas l'insinuer lui-même, quand à la fin de sa Lettre : Pascendi Dominici Gregis, il écrit : « Que la Vierge Immaculée, destructrice de toutes les hérésies, vous secoure de sa prière ». Vous nous secourrez intellectuellement, moralement, socialement, ô Vierge Immaculée, et nous serons sauvés...

 

O Marie, conçue sans péché, Priez pour nous qui avons recours à vous.

Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.

 

Texte extrait du « Mois de Marie à la Grotte de Lourdes », Abbé Archelet, Librairie P. Lethielleux, Paris, 1908

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