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  • La beauté élève l'âme... Par ces images volontairement sélectionnées, ainsi que par la récitation de ces prières, puissiez-vous avoir le désir de parvenir à Jésus et à la sainteté, but ultime de toute vie...
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10 août 2021

Le Mois de Saint Dominique

Le Mois de Saint Dominique

 

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Onzième jour

Rencontre de deux saints

 

Prélude. - Représentons-nous Dominique en extase, les yeux levés vers une vision qui l'absorbe et semble le ravir au troisième ciel.

 

Réflexions

 

C'est une merveilleuse fraternité que celle qui unit les deux grands ordres, suscités de Dieu, au XIIIe siècle, pour réformer l’Église et régénérer le monde. Cette douce union a son origine dans un fait miraculeux de la vie de notre saint patriarche.

Une nuit, tandis qu'il était en oraison, une vision se déroula devant ses yeux ravis. Au-dessus de sa tête, il vit apparaître l'image de Jésus-Christ comme suspendue en l'air. Le visage du Sauveur était empreint de colère. Dans sa main, il tenait trois flèches qu'il semblait prêt à lancer sur le monde pour le punir de son extrême perversité. Mais Marie, la reine du très Saint Rosaire, se mettant à genoux devant son fils, lui présente deux hommes, dont le zèle devait convertir les pécheurs et apaiser la colère divine. Dominique se reconnut dans l'un de ces hommes : l'autre lui était inconnu. Or, le lendemain, étant entré dans une église pour y prier, il vit cet inconnu, qui lui avait été montré, sous l'humble habit de mendiant, et, le reconnaissant pour son compagnon et son frère, il court à lui, l'embrasse, il le baigne de ses larmes et lui dit : « Vous êtes mon compagnon ; vous serez avec moi : soutenons nous l'un et l'autre, et rien ne prévaudra contre nous ». Telle fut d'après les plus graves historiens, l'origine de l'amitié qui unit François d'Assise et Dominique de Guzman, amitié qui dura autant que leur vie. Dès lors, ils n'eurent plus qu'un cœur et une âme, bien que leurs ordres soient restés séparés et que chacun d'eux travaillât de son côté à la grande tâche que lui avait assignée la Providence. Un lien de charité unit toujours les deux familles religieuses. « Créées en semble pour le service de la sainte Église, dit le Bienheureux Humbert, elles sentirent que Dieu les avait destinées de toute éternité à la même œuvre du salut des âmes ».

 

Pratique : Se garder de l'exclusivisme, auquel on est trop naturellement porté, même dans la religion, et honorer, à l'exemple des saints, toutes les familles religieuses qui travaillent, avec l'approbation de l'Église, au salut du prochain, par la prière ou par l'action.

Invocation : Séraphique saint François, Apostolique saint Dominique, priez pour nous.

 

Trait historique

L'amitié des Frères Prêcheurs et des Frères Mineurs

 

Le baiser de Dominique et de François s'est transmis de génération en génération sur les lèvres de leur postérité. Une jeune amitié unit encore aujourd'hui les Frères Prêcheurs aux Frères Mineurs. Ils se sont rencontrés dans des offices semblables sur tous les points du monde ; ils ont bâti leurs couvents aux mêmes lieux ; ils ont mendié aux mêmes portes ; leur sang répandu pour Jésus-Christ s'est mêlé mille fois dans le même sacrifice et la même gloire ; ils ont couvert de leurs livrées les épaules des princes et des princesses ; ils ont peuplé à l'envi le ciel de leurs saints ; leurs vertus, leur puissance, leur renommée, leurs besoins, se sont touchés sans cesse partout : et jamais un souffle de jalousie n'a terni le cristal sans tache de leur amitié huit fois séculaire. Ils se sont répandus ensemble dans le monde, comme s'étendent et s'entrelacent les rameaux joyeux de deux troncs pareils en âge et en force : ils se sont acquis et partagé l'affection des peuples, comme deux frères jumeaux reposent sur le sein de leur unique mère ; ils sont allés à Dieu par les mêmes chemins, comme deux parfums précieux montent à l'aise au même point du ciel. Chaque année, lorsque le temps ramène à Rome la fête de Saint Dominique, des voitures partent du couvent de Sainte Marie sur Minerve, où réside le général des Dominicains, et vont chercher au couvent d'Ara Cœli le général des Franciscains. Il arrive accompagné d'un grand nombre de ses frères. Les dominicains et les franciscains, réunis en deux lignes parallèles, se rendent au maître-autel de la Minerve, et, après s'être salués réciproquement les premiers vont au chœur, les seconds restent à l'autel pour y célébrer l'office de l'ami de leur père. Assis ensuite à la même table, ils mangent ensemble le pain qui ne leur a jamais manqué depuis six siècles ; et, le repas ter miné, le chantre des Frères mineurs et celui des Frères prêcheurs chantent de concert, au milieu du réfectoire, cette antienne : « Le séraphique François et l'apostolique Dominique nous ont enseigné votre loi, ô Seigneur ! » L'échange de ces cérémonies se fait au couvent d’Ara Cœli pour la fête de saint François ; et quelque chose de pareil a lieu par toute la terre, là où un couvent de dominicains et un couvent de franciscains s'élèvent assez proche l'un de l'autre pour permettre à leurs habitants de se donner un signe visible du pieux et héréditaire amour qui les unit. (Vie de de Saint Dominique, par le Père Lacordaire).

 

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9 août 2021

Le Mois de Saint Dominique

Le Mois de Saint Dominique

 

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Dixième jour

Les Frères Prêcheurs

 

Prélude. – Représentons-nous le saint humblement a genouillé aux pieds du vicaire de Jésus-Christ, qui l'exhorte et l'encourage à poursuivre la grande mission de l'Apostolat.

 

Réflexion

 

Les œuvres de Dieu sont marquées d'un sceau qui ne trompe point. Dominique exposa aux pères du concile les plans de son ordre. On l'écouta comme un homme de Dieu ; mais, de graves objections se dressèrent à l'encontre. Innocent III hésitait . « Mais la nuit, cette divine conseillère des hommes, lui apporta de meilleures pensées. Comme il était plongé dans le sommeil, il lui sembla voir l'église de Saint Jean de Latran près de tomber en ruines, et Dominique appuyé contre elle qui en soutenait sur ses épaules les murailles chancelantes. C'est pourquoi, ayant fait venir l'homme de Dieu, il lui ordonna de retourner en France auprès de ses compagnons, et de s'entendre avec eux sur la règle qu'ils voulaient suivre, lui promettant de lui donner ensuite toute satisfaction. Jusque là, les ordres religieux n'avaient pas eu l'apostolat ni la science divine pour but. C'étaient de saintes républiques, où les âmes qui avaient faim et soif de la justice, en quelque rang qu'elles fussent nées, allaient chercher, dans la solitude, le travail, la prière et l'obéissance, des vertus trop pures pour le monde. Le monde les apercevait de loin, comme ces châteaux que le voyageur qui passe dans la plaine entrevoit au haut des montagnes. Dominique, choisi de Dieu pour donner à l’Église une nouvelle forme de milice, conçut le dessein d'unir ensemble la vie du cloître et la vie du siècle, le moine et le prêtre, dessein chimérique, ce semble ; mais, quelque vertu qu'on demande aux hommes, il ne faut jamais désespérer d'eux... L'ordre créé par saint Dominique n'est donc pas un ordre monastique, mais une association de « Frères », joignant la force de la vie commune à la liberté de l'action extérieure, l'apostolat à la sanctification personnelle. Le salut des âmes est son premier but, l'enseignement son moyen principal. « Allez et enseignez », répéta Dominique.

Ô sublime génie, inspiré par la foi, vous avez été, dans les des seins de la Providence, un sauveur et un réformateur pour l’Église de Dieu, à un moment terrible, où il semblait que l'enfer triompherait de sa divine constitution. Sans doute, l'assistance promise ne lui fait jamais défaut mais le chef de l’Église emploie, pour manifester cette assistance miraculeuse, des instruments qu'il façonne avec amour, et vous avez été, admirable père des Prêcheurs, un de ces instruments privilégiés qui ont la gloire de se prêter avec docilité et avec une fidèle coopération aux desseins du Maître qui les emploie !

 

Pratique : Renouveler sa foi aux promesses infaillibles qui as surent l'existence et le triomphe définitif de l’Église jusqu'à la fin des siècles.

Invocation : Saint Dominique, fondateur de l'ordre des prédicateurs, priez pour nous !

 

Trait historique

Le nom

 

Peu de temps après avoir donné une réponse favorable aux sollicitations de Dominique, le pape, ayant à lui écrire sur le même sujet, ordonna à un de ses secrétaires de faire la lettre. Quand elle fut terminée, celui-ci demanda à qui il fallait l'adresser : « Au frère Dominique et à ses compagnons », répondit Innocent III. Puis, un instant après , il ajouta : « Non, n'écrivez pas ainsi : mettez : Au frère Dominique et à ceux qui prêchent avec lui dans le pays de Toulouse ». Enfin, se reprenant une troisième fois, il dit : « Écrivez ceci : « À maître Dominique et aux Frères Prêcheurs ». Quoique ce titre n'eût pas été spécialement formulé par Honorius III dans les Bulles de confirmation, il fut cependant adopté, comme nous le verrons, et toujours conservé depuis. Dominique y tenait et le prenait en toute circonstance. Dès le mois de mai 1211, au sein de ses travaux solitaires et apostoliques en Languedoc, il apposa sur un document son cachet, sur lequel on lisait : « Sceau de Frère Dominique, prêcheur ». (Vie de Saint Dominique, traduite de l'anglais par l'abbé Chirat).

 

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8 août 2021

Le Mois de Saint Dominique

Le Mois de Saint Dominique

 

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Neuvième jour

Le concile de Latran

 

Prélude. - Dominique est assis dans ce cénacle nouveau, où l'Église enseignante délibère, sous l'assistance du Saint Esprit, qui plane au-dessus de la vénérable assemblée.

 

Réflexion

 

Le Rosaire était institué. Dominique se recueillit encore longuement devant Dieu, dans la solitude qu'il s'était faite à Toulouse. Là, priant et méditant avec ses six premiers compagnons, il prêtait l'oreille aux bruits du dehors . Les assauts de l'hérésie albigeoise redoublaient de furie. La lutte, engagée entre celle qui a dompté dans l'univers entier toutes les hérésies et l'ennemi qui a juré de perdre les âmes par l'erreur, semblait arrivée à ce paroxysme, où les plus vaillants hésitent et où les croyants eux-mêmes se sentent comme pris de peur. Dominique écoutait, il priait avec larmes, il regardait du côté où l'étoile apparaîtrait. L'étoile apparut, comme toujours , du côté de Rome.

Un grand pape gouvernait alors l'Église, l'oeil fixé sur le monde entier, et ne négligeant aucun devoir de son immense charge. Innocent III vit la plaie profonde qui dévorait le midi de la France, et il entreprit de la guérir définitivement. Le 11 novembre 1215, il ouvrit, à Latran, ce célèbre concile, qui, avec celui de Trente, a eu le privilège d'exciter le plus la haine et les fureurs impuissantes des modernes hérétiques, parce que l'enfer vit avec rage que tout était à recommencer. Le terrain gagné, jusque dans le sein même de l'Église de Dieu, fut reconquis par celle- ci avec d'immenses avantages : les mœurs s'épurèrent, la doctrine s'affirma avec plus de netteté, la discipline resserra ses liens sacrés, l'esprit chrétien se retrempa aux sources pures. L’Église sortit, du concile de Latran, rajeunie et vivifiée.

Dominique fut appelé à prendre part aux travaux du saint concile. Quelles ne durent pas être ses émotions, en revoyant Rome ! Onze ans s'étaient écoulés depuis son premier pèlerinage au tombeau des saints Apôtres. Il se retrouvait au pied du siège apostolique, après avoir consacré de longues années à un travail pénible et solitaire. L'œuvre, dont il avait rapports la pensée de sa première entrevue avec le vicaire du Christ, n'avait point encore de vie propre. Ah ! comme son âme virile eut besoin de se retremper aux sources du zèle pour ne pas être ébranlée ! Quarante-six ans de vie déjà passés, beaucoup de travaux et de fatigues, et un si mince succès ! Ne me parlez plus d'enthousiasme humain, les plus fermes s'y briseraient. Et, quand je vois Dominique se diriger vers la salle du concile à Latran, nourrissant dans son cœur le ferme dessein d'enseigner et de réformer le monde, tandis qu'il n'a laissé derrière lui, à Toulouse, que six compagnons inconnus et sans lettres, seuls instruments dont il dispose pour accomplir son immense projet, je m'écrie qu'il y a là quelque chose de divin !

 

Pratique : Ne jamais se décourager, dans les entreprises faites en vue de la gloire de Dieu et du salut des âmes, quand elles ont reçu la sanction de l'obéissance et l'approbation divine.

Invocation : Saint Dominique, homme de cœur vraiment apostolique, priez pour nous !

 

Trait historique

Les sept étoiles

 

Toulouse possédait alors un docteur célèbre qui y occupait avec beaucoup d'éclat une chaire de théologie. Alexandre, c'était son nom, travaillant un jour, de grand matin, dans son cabinet, fut peu à peu distrait de l'étude par le sommeil, et s'endormit profondément. Pendant ce repos, il vit sept étoiles se présenter à lui, petites d'abord, mais qui, croissant en grandeur et en lumière, finissaient par éclairer la France et le monde. Éveillé par ce songe, au point du jour, il appela ses serviteurs qui avaient coutume de porter ses livres, et se rendit à son école. Au moment où il y entrait, Dominique s'offrit à lui, accompagné de ses disciples tous vêtus de la tunique blanche et de la chape noire des chanoines réguliers. Ils lui dirent qu'ils étaient des frères prêchant l'Evangile aux fidèles et aux infidèles dans le pays de Toulouse, et qu'ils souhaitaient ardemment d'entendre ses leçons. Alexandre comprit que c'étaient là les sept étoiles qu'il venait de voir en songe ; et, étant plus tard à la cour du roi d'Angleterre, lorsque déjà l'ordre des Frères Prêcheurs avait acquis une immense renommée, il raconta lui- même comment il avait eu pour écoliers les premiers enfants de cette nouvelle religion. (Vie de Saint Dominique, par le Père Lacordaire)

 

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7 août 2021

Le Mois de Saint Dominique

Le Mois de Saint Dominique

 

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Huitième jour

Le très saint Rosaire

 

Prélude. - Marie apparaît au saint patriarche, qui reçoit, à genoux, des mains de la reine des apôtres, un beau Rosaire tout brillant de lumière.

 

Réflexions

 

L'histoire rapporte que, jusque là, pendant dix années consécutives, saint Dominique, ni par ses prières, ni par son éloquente parole, ni par ses mortifications et ses jeunes, ni par ses prodiges, ne parvenait à ramener les âmes à Dieu. C'est alors que, gémissant sur cette stérilité de son ministère apostolique, il se jeta entre les bras de Marie, et que fit-il ?

« Le saint Evangile raconte que les disciples, se groupant au tour de Jésus-Christ, lui adressèrent un jour cette parole : « Maître, apprenez- nous à prier » ; et le Maître leur dicta l'Oraison Dominicale, que nous récitons encore tous les jours. C'est cette parole que saint Dominique adressa lui-même à la très sainte Vierge : « Ô Marie, apprenez-moi comment il faut prier pour sauver et convertir les âmes ! » Marie ne resta pas sourde à la demande de son serviteur, elle lui révéla le saint Rosaire et le lui remit entre les mains pour que, de ses mains, il passa dans celles de toutes les générations chrétiennes.

« À peine, continue Mgr de la Bouillerie à qui nous empruntons cette pensée, à peine saint Dominique eut-il commencé à prêcher le Rosaire, qu'il opéra de toutes parts de merveilleux fruits de conversion ; mais ce n'était pas lui qui prêchait, c'était Marie elle-même. Le Rosaire, on peut le dire, est le glorieux et universel apostolat de Marie. Marie est la reine des apôtres, elle était au Cénacle avec Pierre. Pierre prêche du haut de sa chaire infaillible, Marie prêche avec le Rosaire. Ainsi, ce que n'avaient pu ni les prédications ni les jeunes, quelques Pater et quelques Ave l'accomplirent en très peu de temps ; et le saint Rosaire, entre les mains des fidèles, bien mieux encore que l'épée victorieuse entre celles de Simon de Montfort, mit à néant l'hérésie albigeoise ».

 

Pratique : Se renouveler dans la dévotion au très saint Rosaire.

Invocation : Saint Dominique, héraut spécial du Rosaire de la vierge Marie, priez pour nous.

 

Trait historique

À quoi l'on reconnaît les vrais disciples de saint Dominique

 

Dès ses premières années, notre bienheureux père choisit Marie pour Mère. Lorsqu'il pensait à elle, il fondait en larmes de tendresse. Jamais il ne se rassasiait d'invoquer son saint nom, et le prononçait avec tant d'affection et de ferveur, qu'il paraissait en extase par la suavité et la douceur qu'il y trouvait. Sans cesse, il célébrait les louanges de Marie et les mêlait à presque tous ses entre tiens familiers et à toutes ses prédications. Il aurait voulu allumer son amour dans tous les cours et devenir le héraut de sa gloire. Instituteur et propagateur de la dévotion au saint Rosaire, il en prêcha l'excellence avec tant de fruit, que bientôt on la vit embrassée par l’Église universelle. Aussi, plein de rage, pressé par les exorcismes faits à la sainte Baume de Marie Madeleine, le démon s'écria-t-il, le 21 septembre 1610 : « Maudite soit, ô Dominique, la dévotion que tu as eue pour la vierge Marie, mère de Dieu ! Maudits soient tes religieux ! Maudit soit ton Ordre !.… Je vous dis que Dominique est un des intimes de la vierge Marie... Et toi, grand Dieu, tu me contrains de louer Dominique, mon plus grand ennemi, car tu veux que tous sachent combien il est bon et salutaire d'aimer ta mère et de la servir avec dévotion. Ô Dominique ! j'ai pour toi une haine profonde... Oh ! que tu as eu de dévotion pour Marie ! C'est pourquoi celui qui veut être ami de la bienheureuse vierge Marie doit servir Dominique avec ferveur ». Jamais le saint ne de manda à Dieu aucune faveur qu'il ne l'obtînt par l'intercession de Marie ; elle le déclara apôtre et instituteur de son Rosaire : elle le soutint dans les épreuves, le secourut dans les périls et lui apparut souvent du haut du ciel pour le consoler, le fortifier et l'instruire. Elle le présenta à son divin fils comme un fidèle et valeureux capitaine, pour combattre, extirper tous les vices et arrêter la colère du ciel prête à éclater sur le monde. « Il fut, dit sainte Catherine de Sienne, un flambeau que Dieu donna aux hommes par l'intermédiaire de Marie, car c'est elle qui lui donna l'habit, la bonté de Dieu lui en avait confié le soin » ; et, selon saint Vincent Ferrier, « il fut le sel dont la Bienheureuse Vierge se servit pour sauver et régénérer le monde ». Enfin, notre saint patriarche, avant de mourir, priant cette mère si bonne pour les enfants qu'il allait laisser orphelins, reçut d'elle cette réponse : « Ô Dominique, mon bien-aimé, parce que tu m'as aimée plus que toi-même, je protégerai et défendrai tes enfants à l'ombre de mon manteau virginal, et tous ceux qui persévéreront dans l'observation de ta règle seront sauvés ». (Méditations sur la vie et les vertus de saint Dominique, auteur anonyme).

 

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6 août 2021

Le Mois de Saint Dominique

Le Mois de Saint Dominique

 

St Dominique et les Albigeois

 

Septième jour

Vie apostolique

 

Prélude. - Représentons-nous le saint, demeurant au milieu des hérétiques, les convertissant ou les étonnant par l'austérité de sa vie et la douceur de son commerce, tandis que la guerre répand sur tout le pays l'horreur de ses carnages.

 

Réflexions

 

« Après le retour de l'évêque Diego à son diocèse, dit le bienheureux Humbert, saint Dominique, demeuré presque seul avec quelques compagnons qui ne lui étaient attachés par aucun vœu, soutint pendant dix années la ſoi catholique en divers lieux de la province de Narbonne, particulièrement à Carcassonne et à Fanjeaux. Il s'était donné tout entier au salut des âmes par l'office de la prédication, et il souffrit de grand coeur beaucoup d'affronts, d'ignominies et d'angoisses, pour le nom de Notre Seigneur Jésus Christ ».

Les pieux missionnaires vivaient réunis, allant pieds nus de village en village prêcher la vraie foi, sous la conduite du saint apôtre, qui leur donnait l'exemple de l'abnégation la plus absolue mise au service du zèle le plus pur et le plus doux. On le traitait de fou, on l'insultait, on lui crachait au visage, il demeurait impassible et radieux au milieu des opprobres, avouant, dans l'intimité, à ses amis, qu'il préférait le séjour de Carcassonne où on l'injuriait à celui de Toulouse où il était honoré.

Épris d'une sainte ambition de martyre, il enviait le sort du bienheureux Pierre de Castelnau, mis à mort pour la foi, mais, disait il, « je ne suis pas digne du martyre ! » Il s'exposa en bien des occasions à tomber dans les pièges que lui tendaient les albigeois, et, quand ceux-ci lui demandaient sa pensée à cet égard, il répondait avec une simplicité sublime : « Si je tombais entre vos mains, je vous prierais de ne pas m'ôter la vie d'un seul coup, mais peu à peu, en me coupant les membres l'un après l'autre, et, quand vous auriez fait cela, de m'arracher les yeux et de m'abandonner ensuite, afin de prolonger mes tourments et d'enrichir ma couronne ».

Ces beaux exemples enflammaient le zèle de ses compagnons, qui rivalisaient à l'envi de courage et d'ardeur apostolique : « Confiez-vous dans le Seigneur, mes bien-aimés, leur disait le saint, la victoire est à vous, puis que nos péchés sont expiés par le sang. N'est- il pas écrit : Qu'ils sont beaux les pieds de ceux qui apportent l'Evangile de la paix ? » Et ils s'en allaient, joyeux et ardents, les pieds ensanglantés par les ronces des chemins, le coeur fier, les lèvres frémissantes et les cantiques à la bouche.

Ah ! quelle leçon pour nous et pour notre temps ! Comme Dominique et ses premiers compagnons, il faut opposer aux attaques de l'erreur les armes d'une invincible patience, d'une profonde humilité et d'un zèle à toute épreuve. L'apostolat catholique est impossible en dehors de ces conditions.

 

Pratique : S'examiner sur les qualités de son zèle à l'endroit du service de l’Église et du salut de ses frères.

Invocation : Saint Dominique, vous qui arrosiez la terre de votre sang précieux, priez pour nous !

 

Trait historique

Le premier inquisiteur

 

La seule prérogative, dont saint Dominique se prévalut dans ses missions, était celle qui lui avait été conférée avant la croisade de Simon de Montfort contre les albigeois : elle lui donnait le pou voir de réconcilier les hérétiques à la sainte Église et de les admettre à la pénitence, office qui lui a fait donner le nom de premier inquisiteur. Mais, l'inquisition ne fut ni établie, ni constituée à cette époque. Il ne saurait entrer dans le cadre de ce pieux travail d'étudier et d'apprécier cette question encore brûlante du tribunal de l'inquisition. Mais, il nous sera bien permis du moins de citer le rapport présenté aux Cortès d'Espagne, en 1812, lors de la suppression de ce tribunal. Cette pièce, de fabrique rationaliste, libérale et espagnole, ne saurait être suspectée. On y lit : « Les premiers inquisiteurs n'opposèrent jamais à l'hérésie d'autres armes que la prière, la patience et l'instruction, et cette remarque s'applique plus particulièrement à saint Dominique, suivant le portrait que les Bollandistes, Eckart et Touron ont tracé de lui ».

 

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5 août 2021

Le Mois de Saint Dominique

Le Mois de Saint Dominique

 

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Sixième jour

Le Prieur de Prouilhe

 

Prélude. - Représentons nous ce saint, franchissant pour la première fois le sol béni de cet humble monastère, qui deviendra le berceau de tant d'autres fondations dues à son zèle apostolique.

 

Réflexions

 

Saint Dominique, à son retour de Rome, vint se fixer à Fanjeaux, où l'éloquence de sa parole, la sainteté de sa vie, mais surtout l'aide de la très sainte Vierge, déterminèrent un grand nombre d'âmes à quitter le sentier de l'erreur. Mais, ces âmes, nouvellement converties, ne cessaient pas d'être circonvenues par les ennemis de l'Église, et ce fut pour préserver quelques jeunes filles de la perfide atteinte des sectaires albigeois, qu'en l'année 1206, saint Dominique jeta, au pied de la colline de Fanjeaux, les premiers fondements du monastère de Prouilhe, qui devait être lui-même l'origine de l'ordre des Frères Prêcheurs.

La même année, au pied des montagnes de l'Ombrie, saint François d'Assise, l'ami et le glorieux émule de saint Dominique, groupait ses premiers compagnons près de la chapelle de la Portioncule. Prouilhe et Assise, berceaux illustres que l'Église façonnait en même temps, et d'où, un jour, devaient sortir deux races d'hommes forts pour la défendre !…

Les deux choses se tiennent ; la foi et les mœurs sont solidaires. L'hérésie des Albigeois ne s'attaquait à la foi que pour corrompre plus facilement les mœurs. Dominique, ardent défenseur de la vérité, ne pouvait manquer de devenir aussi l'intrépide apôtre de la morale. De là toute la pensée de sa fondation de Prouilhe. Ses prédications se fortifieraient de l'exemple des âmes pures qui, renonçant à tout pour se sous traire aux périls de la vie du monde, viendraient, dans cet asile béni, fleurir comme des lys, répandant sur la terre infestée par les miasmes corrupteurs de l'hérésie albigeoise des parfums austères.

Telles furent les prémisses des institutions dominicaines. « Elles commencèrent, dit le père Lacordaire, par un asile en faveur de la triple faiblesse du sexe, de la naissance et de la pauvreté, comme la rédemption du monde commença dans le sein d'une vierge pauvre et fille de David. Notre Dame de Prouilhe, solitaire et modeste, attendit longtemps encore au pied des montagnes les frères et les sœurs qui devaient lui être donnés sans mesure, et porter son nom jusqu'aux extrémités de la terre. Fille aînée d'un père qui s'élevait lentement sous la direction patiente de Dieu, elle croissait elle-même en silence, honorée de l'amitié de plusieurs grands hommes, et comme bercée sur leurs genoux. Dominique, qui, après l'entrevue de Montpellier avec les légats du pape, avait quitté le titre de sous-prieur d'Osma pour prendre celui de frère Dominique, ajouta pour lors à cette humble et douce qualification celle de Prieur de Prouilhe, en sorte qu'on l'appelait le frère Dominique, prieur de Prouilhe ».

 

Pratique : Dans les tentations et les occasions périlleuses pour la pureté, faire des actes de foi.

Invocation : Saint Dominique, ivoire de chasteté, priez pour nous !

 

Trait historique

L'animal immonde

 

Dominique avait fondé, depuis peu le monastère de Notre Dame de Prouilhe, quand il vit accourir neuf dames nobles, qui, se prosternant à ses pieds, lui dirent : « Serviteur de Dieu, soyez-nous en aide ; si ce que vous avez prêché aujourd'hui est vrai, voilà bien du temps que notre esprit est aveuglé par l'erreur : car ceux que vous appelez hérétiques, et que nous appelons « bonshommes », nous avons cru en eux jusqu'à présent, et nous leur étions attachées de tout notre cœur, Maintenant nous ne savons plus que penser. Serviteur de Dieu, ayez donc pitié de nous, et priez le Seigneur votre Dieu qu'il nous fasse connaître la foi dans la quelle nous vivions, nous mourrions et nous soyons sauvées ». Ayez patience, leur répondit Dominique après une courte prière, et attendez sans crainte ; je crois que le Seigneur, qui ne veut la perte de personne, va vous montrer quel maître vous avez servi jusqu'à présent ». Tout à coup, apparaît un animal immonde, en qui s'était comme incarné l'esprit d'erreur et d'immoralité, et Dominique reprit, en les rassurant : « Vous pouvez juger à cette figure, que Dieu a fait apparaître devant vous, quel est celui que vous suiviez en suivant les hérétiques ». Ces femmes se convertirent et devinrent les premières religieuses du prieuré de Prouilhe. (Vie de saint Dominique, par le B. Humbert).

 

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4 août 2021

Le Mois de Saint Dominique

Le Mois de Saint Dominique

 

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Cinquième jour

À Rome !

 

Prélude. - Représentons-nous Dominique, humblement agenouillé, avec l'évêque d'Osma, aux pieds du Vicaire de Jésus-Christ, le grand pape Innocent III.

 

Réflexions

 

Rome est le centre du monde chrétien ; rien ne s'y fait de grand et de durable, si Rome ne l'a inspiré, examiné et approuvé. Là est l'âme de l’Église, parce que là est Pierre, et que là où est Pierre, là est l’Église.

Or, en ce temps- là, Pierre s'appelait Innocent III. Poussé par l'esprit de Dieu, Dominique vint s'agenouiller devant Pierre, il l'écouta longuement, il inclina la tête sous sa bénédiction féconde, il se releva transfiguré. Le chanoine d'Osma venait d'être sacré apôtre.

Toutefois, selon l'observation d'un éloquent évêque, ce serait peu comprendre l'action dont saint Dominique vint prendre l'inspiration aux pieds d'Innocent III, que de la borner à lui seul. Quand Dieu marque au front un homme pour agir sur son Eglise, il sait très bien deux choses : que la vie de cet homme sera courte, et que son Eglise durera toujours. Alors il ajoute à cet homme la grâce de la paternité, et il revit dans ses enfants.

Ah ! contemplez maintenant comment la vie de saint Dominique, commencée à Rome près du vicaire immortel de Jésus-Christ, se prolonge à travers les siècles. Il vit, il vit, quand le génie d'un de ses fils écrit la sublime épopée où la science théologique confère avec l'intention des anges. Il vit, quand de toute part il répand sa parole et son sang dans la personne de ses fils. Il vit, quand saint Vincent Ferrier, par le nombre et l'éclat de ses miracles, étonne l'Église elle-même, habituée aux merveilles de Dieu. Il vit, parmi les blanches et virginales phalanges qui accompagnent l'Agneau, guidées par les Catherine de Sienne et les Rose de Lima. Il vit, et parce qu'il a commencé humble et pauvre, Dieu se plaît à proclamer e son nom, à relever sa gloire, à exalter sa puissance. Il vit, et par trois fois il viendra glorieusement s'asseoir sur la chaire de Pierre, cette chaire où il est venu chercher sa mission. Il vit dans le saint pontife qui donne son nom à notre admirable Pape, et qui, comme autrefois Moïse, gagne des batailles en levant les mains au ciel.

Non, dans sa tombe fermée, Dominique n'a pas enseveli la vie qu'il puisa à Rome, quand il y vint se faire bénir et sacrer chevalier de la vérité. Il vit toujours dans la parole et dans les œuvres de ses fils ; dans leur théologie, la plus sûre et la plus exacte gardienne de la vérité catholique. Il vit dans leurs exemples d'abnégation et de sainteté.

Il vit enfin dans cet ordre illustre, que la France a été si heureuse de voir rétabli par un de ses plus grands orateurs, parce que, fidèle aux traditions de son glorieux fondateur, l’Ordre Dominicain continue sa noble mission, toujours attaché à la chaire de Pierre, et par elle à l'Église, et par l'Église à Jésus-Christ.

 

Pratique : Dans tout ce qui touche de près ou de loin à la foi, s'attacher avec fermeté à la chaire de Pierre.

Invocation : Saint Dominique, docteur de vérité, priez pour nous !

 

Trait historique

La foi qu’on rapporte de Rome

 

Quand Dominique eut fixé le but de sa vie auprès du siège in faillible de la vérité, il s'en revint prêcher la vraie foi, celle qu'on enseigne à Rome, et Dieu voulut marquer d'un signe miraculeux l'intégrité de cette doctrine. « Il arriva, dit un historien de sa vie, qu'une grande conférence fut tenue à Fanjeaux, en présence d'une multitude de fidèles et d'infidèles qui y avaient été convoqués. Les catholiques avaient préparé plusieurs mémoires qui contenaient des raisons et des autorités à l'appui de leur foi ; mais, après les avoir com posés ensemble, ils préférèrent celui que le bienheureux homme de Dieu, Dominique, avait écrit, et résolurent de l'opposer au mémoire que les hérétiques présentaient de leur côté. Trois arbitres furent choisis d'un commun accord pour juger quel était le parti dont les raisons étaient les meilleures, et par conséquent la foi plus solide. Or , après beaucoup de discours, ces arbitres ne pouvaient s'entendre sur une décision ; la pensée leur vint de jeter les deux mémoires au feu, afin que, si l'un des deux était épargné par les flammes, il fût certain qu'il contenait la vraie doctrine de la foi. On allume donc un grand feu, on y jette les deux volumes : aussitôt celui des hérétiques est consumé ; l'autre, qu'avait écrit le bienheureux homme de Dieu, Dominique, non seulement demeure intact, mais il est repoussé au loin par les flammes en présence de toute l'assemblée. On le rejette au feu une seconde et une troisième fois ; autant de fois, l'évènement qui se reproduit manifeste clairement où est la vraie foi, et quelle est la sainteté de celui qui avait écrit le livre. (Vie de saint Dominique, par le B. Jourdain de Saxe).

 

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3 août 2021

Le Mois de Saint Dominique

Le Mois de Saint Dominique

 

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Quatrième jour

En France !

 

Prélude : Unissons-nous, en ce jour où l'Église entière honore notre saint protecteur, à toutes les prières qui lui sont adressées de toutes parts, dans les ordres religieux, dans le clergé et par les âmes pieuses.

 

Réflexions

 

Ce n'est pas sans émotion que les fidèles enfants de saint Dominique assistent à cette première entrée de leur grand patriarche sur le sol de la France. L'esprit de Dieu, qui l'assista visiblement en toute occurrence, dut donner à l'âme du futur prêcheur, un tressaillement inconnu, quand il franchit les frontières du pays natal pour fouler la terre que Dieu avait marquée et où la voix de l'inspirateur divin des apôtres allait se faire entendre à Dominique. Ainsi Jean-Baptiste tressaillit dans le sein de sa mère, lorsque Jésus se rapprocha de lui. Écoute, mon fils, quitte la maison de ton père, oublie le temps où tu es né, viens, franchis les monts, écoute la voix de l'ange qui garde la France, incline ton oreille, regarde, ceux-ci seront tes enfants, tu leur donneras la vie de l'âme, et ta lumière ardente et dévorante illuminera et embrasera pour des siècles la terre que tu foules, la terre consacrée par les desseins de la Providence à l'endroit de ta vocation apostolique.

Dominique accompagnait Diego d'Azévédo, devenu évêque d'Osma, dans une mission diplomatique à la cour du Danemark, quand il traversa le sud de la France. Il y entendit parler pour la première fois de cette effroyable hérésie manichéenne, qui, sous le nom d'hérésie des albigeois, devait répandre tant de ténèbres, de boues immondes et de terribles catastrophes dans le midi de la France. Il constata, avec la douleur d'une âme éprise du zèle pour le salut des âmes, le développement effrayant de cette hérésie dans le Languedoc. Son cœur en reçut une impression ineffaçable. Il comprit que Dieu lui dévoilait sa mission et l'œuvre qui allait devenir le but de ses immenses travaux.

« Arrivé à Toulouse, où il ne devait demeurer qu'une nuit, Dominique s'aperçut que leur hôte était hérétique... Il ne se con tenta pas de prier en secret pour son hôte infidèle ; il passa la nuit à l'entretenir, et l'éloquence imprévue de cet étranger toucha tellement le cœur de l'hérétique, qu'il revint à la foi, avant que le jour fût levé. Alors, une autre merveille s'accomplit : Dominique, ému par la conquête qu'il venait de faire à la vérité et par le triste spectacle des ravages de l'erreur, eut pour la première fois la pensée de créer un ordre consacré à la défense de l'Église par la prédication. Cette vue soudaine prit possession de lui et ne l'abandonna plus. Il quitta la France avec le secret éclairé de sa destinée future, comme si la France, jalouse de n'avoir pas produit ce grand homme, eût obtenu de Dieu qu'il ne touchât pas vainement son sol, et que ce fût elle au moins qui lui donnât le conseil décisif de sa vie ».

 

Pratique : Renouveler aujourd'hui sa consécration personnelle à saint Dominique.

Invocation : Saint Dominique, priez pour nous !

 

Trait historique

Le saint roi

 

Castiglio nous assure, dans son histoire des Frères Prêcheurs, que le but du voyage de Diego et de Dominique n'était point le Danemark, mais qu'ils se rendaient à la cour du roi de France, et que Dominique, trouvant la reine Blanche dans une grande affliction, parce qu'elle n'avait pas d'enfants, lui recommanda avec instances le pieux usage du Rosaire. Castiglio ajoute que la reine et son peuple accueillirent cette sainte dévotion avec un religieux empressement, et que l'enfant que Dieu accorda à ses ferventes prières fut le grand saint Louis. Il est probable, d'après la date de la naissance du fils de Blanche de Castille, généralement fixée en l'année 1215, que les circonstances, que nous relatons ici, doivent être rapportées à un voyage postérieur de Dominique à la cour de France. Toutefois, bien qu'il y ait évidemment confusion dans les dates, nous ne trouvons pas improbable cette touchante tradition, nous la chérissons même, et tous les cours attachés à l'Ordre de Saint Dominique doivent être émus en pensant qu'ils peuvent considérer saint Louis comme l'enfant du très saint Rosaire. (Vie de saint Dominique, par l'abbé Chirat).

 

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2 août 2021

Le Mois de Saint Dominique

Le Mois de Saint Dominique

 

Osma

 

Troisième jour

Le Sacerdoce

 

Prélude. - Représentons-nous saint Dominique, au moment où il reçoit le caractère sacré du prêtre de Jésus-Christ. Les anges gardiens de son ordre futur assistent à cette ordination, qui donnait à l'Église un de ses plus parfaits ministres, l'apostolique fondateur de l'Ordre Dominicain.

 

Réflexions

 

Les sciences qu'on enseigne dans les universités ne suffisent pas à révéler la beauté des âmes et le prix du sacerdoce destiné à procurer leur salut. Mais, à l'étude de la science, Dominique joignait, nous l'avons vu, la méditation et l'amour de la prière. Jésus-Christ se révéla à lui dans ses entretiens si pieux et si intimes, que le fidèle étudiant de Valencia se plaisait à avoir avec son Maître. Il lui dévoila cette grande chose, qui est son propre sacerdoce divin, perpétué, à travers les âges et les espaces, par le sacerdoce catholique.

Le saint jeune homme fut épris d'amour pour cette beauté surnaturelle que le caractère du prêtre confère à une âme, et, sur les conseils de Diego d'Azévédo, ce prêtre vénérable que l'ordre de son pieux dirigé ne cesse de bénir, comme ayant servi d'intermédiaire et d'instrument de la grâce auprès de son bienheureux fondateur, Dominique devint prêtre, et, tout de suite, désireux de suivre son nouvel état dans toute la perfection des devoirs de la vie ecclésiastique, il embrassa, selon l'esprit de l'Église, la vie commune, favorisée à Osma par l'institution des chanoines réguliers.

Mystérieuse disposition de la Providence, qui ne juge pas comme les hommes ! Jésus, avant de commencer sa vie apostolique, se cache trente ans, dans une inaction apparente, dans la modeste boutique de Nazareth. Dominique, prêtre de Jésus-Christ, avant de s'élancer comme un géant dans sa carrière d'apôtre qui sera courte, demeure neuf ans comme enseveli dans les humbles et cal mes fonctions d'un chapitre canonial. Le Maître, voulant le faire à son image, se réservait ainsi le temps et le calme nécessaires pour former peu à peu cette belle âme, ardente et généreuse, aux grandes choses qu'il lui réservait, l'assouplissant dans les pratiques gênantes de la vie commune et lui imposant cette lente formation des âmes d'élite que la grâce aime à suivre, à l'opposé des vues et des desseins de la nature toujours impatiente. Dieu ne juge pas comme les hommes. Saint Dominique, chanoine d'Osma, en est une preuve de plus, que beaucoup peuvent méditer, en se l'appliquant.

Âmes éprises d'amour pour les choses du zèle apostolique, sachez donc imiter ce grand modèle, sachez attendre l'heure de Dieu ! Elle sonnera, quand le Maître l'aura voulu, et, si elle ne sonnait point, c'est que le Maître se serait contenté de l'intention.

 

Pratique : Modérer l'impatience dans ses désirs, même les plus saints.

Invocation : Saint Dominique, qui aviez soif du salut des âmes, priez pour nous.

 

Trait historique

Le chanoine d'Osma

 

« Dominique commença de paraître, entre les chanoines ses frères, comme un flambeau qui brûle, le premier par la sainteté, le dernier de tous par l'humilité de son cœur, répandant autour de lui une odeur de vie qui donnait la vie, et un parfum semblable à l'encens dans les jours d'été. Ses frères admirent une si sublime religion : ils l'établissent leur sous-prieur, afin que, placé plus haut, ses exemples soient plus visibles et plus puissants. Pour lui, comme un olivier qui pousse des rejetons, comme un cyprès qui grandit, il demeurait jour et nuit dans l'église, vaquant sans relâche à la prière, et se montrant à peine hors du cloître, de peur d'ôter du loisir à sa contemplation. Dieu lui avait donné une grâce de pleurer pour les pécheurs, pour les malheureux et les affligés ; il portait leurs maux dans un sanctuaire intérieur de compassion, et cet amour douloureux, lui pressant le cœur, s'échappait au dehors par des larmes. C'était sa coutume, rarement interrompue, de passer la nuit en prière, et de s'entretenir avec Dieu, sa porte fermée. Quelquefois alors, on en tendait des voix, et comme des rugissements, sortir de ses entrailles émues, qu'il ne pouvait contenir. Il y avait une demande qu'il adressait souvent et spécialement à Dieu, c'était de lui donner une vraie charité, un amour à qui rien ne coûtât pour le salut des hommes, persuadé qu'il ne serait vraiment un membre du Christ que lorsqu'il se consacrerait tout entier, selon ses forces, à gagner des âmes, à l'exemple du Sauveur de tous, le seigneur Jésus-Christ, qui s'est immolé sans réserve à notre rédemption. Il lisait un livre qui a pour titre : Conférences des Pères, lequel traite à la fois des vices et de la perfection spirituelle, et il s'efforçait , en le lisant, de connaître et de suivre tous les sentiers du bien. Ce livre, avec le secours de la grâce, l'éleva à une difficile pureté de conscience, à une abondante lumière dans la contemplation, et à un degré de perfection fort grand ». (Vie de saint Dominique, par le Bienheureux Jourdain de Saxe).

 

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1 août 2021

Le Mois de Saint Dominique

Le Mois de Saint Dominique

 

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Deuxième jour

L'éducation

 

Prélude. - Représentons-nous Dominique enfant et admirons, avec ses contemporains, cet air d'innocence et de douceur qui lui gagnait toutes les âmes, dès sa plus tendre jeunesse.

 

Réflexions

 

Rien ne devait entraver, dans cette âme prédestinée, les desseins de la Providence et les attraits de la grâce de Dieu. Nourri par sa pieuse mère, son premier âge s'écoula à l'abri de cette maison paternelle, où ses premiers regards ne devaient rencontrer que de saints exemples. Heureux enfant, il secondait de son mieux l'action de la grâce sur lui, et, tout petit, on le vit sortir souvent de son berceau trop moelleux pour se coucher par terre, comme s'il eut souffert dès lors d'avoir une couche plus douce que les plus malheureux de ses frères.

« Avant que le monde eut touché à cet enfant, il fut confié, comme Samuel, aux leçons de l'Église, en la personne d'un de ses oncles, archiprêtre d'une ville voisine de Calaroza, afin qu'une discipline salutaire prit encore possession de son tendre cœur ; et il arriva, en effet, que, posé sur ce fondement solide, il croissait en âge et en esprit, s'élevant chaque jour, par un progrès heureux, à une plus haute vertu ». Son bonheur dès lors ſut de visiter, d'embellir et d'habiter la maison de Dieu.

À quatorze ans, lorsque le cour s'éveille et que les tentations se dressent devant l'imagination de l'adolescent, il fut envoyé à l'Université de Valencia, où il devait séjourner dix ans, sans démentir un seul jour son application à l'étude et l'angélique candeur de sa vie.

Un de ses condisciples a écrit, sur le temps que Dominique consacra à ses études dans l'Université, une page qu'il faut lire et que nous allons bientôt admirer. Mais, pour caractériser cette vie de pieux étudiant, il suffirait de citer, avec Lacordaire, deux traits qui nous sont restés de ces dix années de Valencia. « Pendant une famine qui désolait l'Espagne, Dominique, non content de donner aux pauvres tout ce qu'il avait, même ses vêtements, vendit encore ses livres annotés de sa main, pour leur en distribuer le prix, et, comme on s'étonnait qu'il se privât des moyens d'étudier, il prononça cette parole, la première de lui, qui soit arrivée à sa postérité : « Pourrais-je étudier sur des peaux mortes, quand il y a des hommes qui meurent de faim ? Son exemple engagea les maîtres et les élèves de l'Université à venir abondamment au se cours des malheureux. Une autre fois, voyant une femme, dont le frère était captif chez les Maures, pleurer amèrement de ne pouvoir payer sa rançon, il lui offrit de se vendre pour le racheter : mais Dieu, qui le réservait pour la rédemption spirituelle d'un grand nombre d'hommes, ne le permit pas ».

 

Pratique : Contribuer, par tous les moyens que la Providence met à notre disposition, à l'éducation chrétienne des enfants.

Invocation : Saint Dominique, fleur éclatante dans le jardin de l’Église, priez pour nous.

 

Trait historique

L'étudiant de Valencia

 

Voici ce qu'un historien a dit des années que notre saint passa à l'université de Valencia : « L'angélique jeune homme Domini que, bien qu'il pénétrât facilement dans les choses humaines, n'en était cependant pas ravi, parce qu'il y cherchait vainement la sagesse de Dieu, qui est le Christ. Nul des philosophes, en effet, ne l'a communiquée aux hommes ; nul des princes de ce monde ne l'a connue. C'est pour quoi, de peur de consumer en d'inutiles travaux la fleur et la force de sa jeunesse, et pour éteindre la soif qui le dévorait, il alla puiser aux sources profondes de la théologie. Invoquant et priant le Christ, qui est la sagesse du Père, il ouvrit son cœur à la vraie science, ses oreilles aux doctrines des saintes Ecritures ; et cette parole divine lui parut si douce, il la reçut avec tant d'avidité et de si ardents désirs, que, pendant quatre années qu'il l'étudia, il passait des nuits presque sans sommeil, donnant à l'étude le temps du repos. Afin de boire ce fleure de la sagesse avec une chasteté plus digne encore d'elle, il fut dix ans à s'abstenir de vin. C'était une chose merveilleuse et aimable à voir que cet homme en qui le petit nombre de ses jours accusait la jeunesse, mais qui, par la maturité de sa conversation et la force de ses mœurs, révélait le vieillard. Supérieur aux plaisirs de son âge, il ne recherchait que la justice ; attentif à ne rien perdre du temps, il préférait aux courses sans but le sein de l'Église sa mère, le repos sacré de ses tabernacles, et toute sa vie s'écoulait entre une prière et un travail assidus. Dieu le récompensa de ce fervent amour avec lequel il gardait ses commandements, en lui inspirant un esprit de sagesse et d'intelligence qui lui faisait résoudre sans peine les plus difficiles questions ». (Vie de saint Dominique, par Thierry D'Arolda).

 

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31 juillet 2021

Le Mois de Saint Dominique

Le Mois de Saint Dominique

 

Caleruega

 

Premier jour

La Naissance

 

Prélude. - Transportons-nous par la pensée au château de Guzman, au moment où la naissance de Dominique, accompagnée de signes miraculeux, y apporte la joie.

 

Réflexions

 

Dominique naquit d'une famille de saints : sa mère est honorée sur les autels, ainsi que l'un de ses frères. Entre toutes ses illustrations, cette grande et noble famille des Guzman aima de préférence celle que donne la sainteté de la vie. Dieu semblait ainsi prédestiner une maison, à laquelle une gloire immortelle était réservée dans les annales de la Sainte Eglise.

Dès avant la naissance de ce fils glorieux, on sut, parmi les siens, que le Seigneur prédestinait cet enfant à de grandes choses. Un signe célèbre, immortalisé par l'écusson de l'ordre dominicain, révéla à la mère de Dominique ce que son fils serait un jour. Elle vit, en un songe mystérieux dont l'esprit de Dieu lui donna l'explication, le fruit de ses entrailles s'élancer de son sein maternel, sous la forme d'un chien qui tenait dans sa gueule une torche enflammée et se précipitait à travers le monde qu'il embrasait d'un vaste incendie. Cette vision prophétique, devenue l'emblème des Frères Prêcheurs, présageait la grande doctrine et la puissante parole du futur fondateur, que la Providence a chargé de répandre l'Évangile sur tous les points du monde.

À peine né, l'enfant fut honoré d'un nouveau miracle. La noble dame, qui le tint sur les fonds baptismaux, vit une étoile lumineuse briller sur le front de l'enfant, au moment où l'eau sainte coulait sur ce front d'un jour. Le Bienheureux Angelico de Fiesole n'a pas manqué d'immortaliser le souvenir de ce prodige, en peignant le portrait de son vénéré père.

Ô Dominique, lumière de l'Église et du monde, voyez que d'âmes baptisées effacent de leur front cette brillanté étoile que la foi et la grâce y déposèrent à leur entrée dans la vie ! Aidez de votre puissant patronage ceux qui prêchent pour raviver les flammes qui s'éteignent et rétablir les lumières sur le chandelier ! Aidez nous, nous, vos enfants, à garder intact le flambeau de la foi que tant de vents contraires font vaciller, à préserver nos âmes de la boue qu'y laissent les ténèbres du péché, quand elles souillent, même un instant, les cœurs trop faibles pour lui résister.

 

Pratique : Se renouveler dans l'esprit de foi, qui doit distinguer les vrais enfants de saint Dominique.

Invocation : Saint Dominique, lumière du monde, priez pour nous !

 

Trait historique

L'étoile mystérieuse

 

Nous avons dit plus haut qu'une étoile symbolique resplendit sur le front de Dominique enfant, pendant qu'on le baptisait. La peinture chrétienne a fixé ce souvenir dans les représentations qu'elle consacre au grand patriarche. Nous avons cité Fra Angelico il faudrait citer tous les artistes peintres et sculpteurs qui ont traité ce sujet. L'un d'eux, en plaçant la branche de lys traditionnelle entre les mains de Dominique, a fait jaillir une flamme de chaque fleur. C'est un souvenir de l'étoile du baptistère de Calaroga. Quelque vestige, en effet, en demeura toujours, depuis son baptême, sur le visage du saint, et les historiens ont remarqué, comme un trait particulier de sa physionomie, devenu d'ailleurs son caractère iconographique, qu'une certaine splendeur jaillissait de son front et attirait à lui le cœur de tous ceux qui le regardaient. Une de ses pieuses filles spirituelles, la sœur Cécile, nous a conservé une description de ce noble visage : « Sur son front, dit-elle, et entre ses sourcils resplendissait une brillante lumière qui inspirait aux hommes le respect et l'amour ».

 

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30 juillet 2021

Le Mois de Saint Dominique

Le Mois de Saint Dominique

 

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Veille du premier jour

Les gloires dominicaines

 

Prélude. - S’unir, par la pensée et par le cœur, à toutes les âmes qui, en ce jour, se disposent à honorer notre glorieux patron, pendant le mois que lui consacre la piété de ses fils spirituels, afin d'accroître, par cette communion des saints, l'ardeur de notre dévotion et d'assurer le fruit de cette pratique.

 

Réflexions

 

Ce que le Père Lacordaire a dit, dans une intention plus générale, nous le dirons ici, de la postérité spirituelle de saint Dominique, plaçant ainsi nos pieuses réflexions du mois entier sous l'égide d'une parole aussi filialement dévouée à notre saint protecteur que digne de nous faire entendre la grandeur de son œuvre, pour l'avoir le mieux étudiée, méditée, comprise et traduite.

« L'histoire a raconté les travaux (des fils de saint Dominique). Des hérésies formidables s'élevèrent, des mondes nouveaux se découvrirent : mais, dans les régions de la pensée comme sur les flots de la mer, nul navigateur ne put aller plus loin que leur dévouement ou leur doctrine. Tous les rivages ont gardé la trace de leur sang, et tous les échos de son de leur voix. L'Indien, poursuivi comme une bête fauve, a trouvé un asile sous leur froc ; l’africain a encore sur son cou la marque de leurs embrassements ; le Japonais et le Chinois, séparés du reste de la terre par la coutume et l'orgueil encore plus que par le chemin, se sont assis pour entendre ces merveilleux étrangers ; le Gange les a vus communiquer aux parias la sagesse divine ; les ruines de Babylone leur ont prêté une pierre pour se reposer et songer un moment, en s'essuyant le front, aux jours anciens. Quels sables ou quelles forêts les ont ignorés ? Quelle langue est-ce qu'ils n'ont pas parlée ? Quelle plaie de l'âme ou du corps n'a senti leur main ? Et, pendant qu'ils faisaient et refaisaient le tour du monde sous tous les pavillons, leurs frères portaient la parole dans les conciles et sur les places publiques de l'Europe ; ils écrivaient de Dieu en mêlant le génie des Pères de l’Église à celui d'Aristote et de Platon, le pinceau à la plume, le ciseau du sculpteur au com pas de l'architecte, élevant sous toutes les formes ces fameuses sommes théologiques, diverses par leurs matériaux, uniques par la pensée, que notre siècle se reprend à lire et à aimer... »

Avant de mourir, Dominique promit d'aider ses enfants : l'histoire a dit les merveilles de cette assistance du père sur sa postérité, mais, nous, qui sommes les fils de ce saint, nous avons un motif spécial de nous laisser aller à la joie que donne à l'âme pieuse le tableau des bienfaits du patronage que le grand Patriarche de l'Ordre Dominicain n'a cessé d'exercer sur ses membres. Sans doute, tous les fondateurs d'Ordres vivent dans leur Institut, mais la présence perpétuelle du maître parmi les disciples, ce legs de ses lèvres mourantes, nous donne, à nous les enfants privilégiés de saint Dominique, une confiance spéciale. Ce sentiment nous accompagnera pendant tout le mois que nous allons consacrer à méditer les vertus et les gloires de sa vie.

 

Pratique : Répandre autour de soi la pratique du mois consacré à saint Dominique, et se préparer à le suivre avec une filiale dévotion, sans y manquer un seul jour.

Invocation : Saint Dominique, chef et père de l'Ordre des Frères Prêcheurs, priez pour nous !

 

Trait historique

Le Chant de Dante

 

Voici l'éloge que faisait de l'Ordre Dominicain, au XVe siècle, un des plus grands poètes chrétiens, le chantre indépendant de la Divine Comédie :

« En cette partie du monde d'où le zéphyr part et vient ouvrir les feuilles nouvelles de l'Europe ; non loin du bruit des flots qui cachent le soleil à tout homme derrière leur immensité ; est assise la Calaroga sous la protection du grand écu, où le Lion domine la Tour, et la Tour le Lion.

Là naquit l'amoureux serviteur de Dieu, le saint champion de la foi chrétienne, doux aux siens et rude aux ennemis. À peine était créée son âme, que, remplie d'une vive vertu, elle fit prophétiser sa mère. Lorsque, au sacré baptême, la foi et lui se fiancèrent ensemble, et promirent de se sauver l'un par l'autre, la marraine qui donnait pour lui le consentement vit en songe le fruit merveilleux qui devait sortir de lui et de ses héritiers. Et, pour que son nom répondit à sa nature, un ange vint le nommer du nom même du Seigneur, auquel il était tout entier. Il fut appelé Dominique : et c'est de lui que je parle comme du jardinier choisi par le Christ pour l'aider dans son jardin.

Bien parut-il qu'il était l'envoyé et l'ami du Christ, puisque son premier amour fut pour le premier conseil que donne le Christ. Souvent sa nourrice le trouva couché par terre, silencieux et éveillé, comme s'il eût dit : « Je suis venu pour cela ». Oh ! vraiment heureux père ! Oh ! vraiment pleine de grâces, sa mère ! comme le dit leur nom même de Félix et de Jeanne.

En peu de temps, non pour le vain amour du monde, mais par amour de la manne véritable, il devint grand docteur, et se mit à travailler la vigne qui blanchit et se dessèche lorsque le vigneron n'est pas digne d'elle. Il ne demanda pas de donner moins au lieu de donner plus, ni le premier bénéfice vacant, ni les dîmes qui appartiennent aux pauvres de Dieu ; mais seulement la liberté de combattre pour l'Evangile contre les erreurs du monde. (Le Paradis, chant XII, trad. du P. Lacordaire).

 

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30 mai 2021

Le Mois de Marie de N.D. de Fatima

Le Mois de Marie

de Notre Dame du Rosaire de Fatima

 

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Trente-et-unième et dernier jour

 

Lecture

 

La Providence permet que les âmes choisies soient exercées par les événements, les choses et les personnes de leur entourage, tel un métal rugueux que l’ouvrier torture avec sa lime pour en enlever les aspérités et le polir. Au noviciat des Sœurs Dorothées, à Tuy, la Maîtresse des novices, sous les dehors assez frustres de la petite sœur Lucie avait reconnu une âme de bonne trempe et, en toute conscience, elle l’avait burinée. La jeune novice, comprenant que c'était pour son bien, avait accepté d’être menée parfois un peu rudement, pour devenir une bonne religieuse. Elle avait essuyé des larmes versées en secret et offertes généreusement en sacrifice, puisque telle était la volonté de Dieu. Elle s’entraînait au don total d'elle-même et cela depuis le premier jour. À la maison elle avait été formée à une vie assez dure, au lever matinal et à une activité continuelle, tout le long du jour. Elle était naturellement vaillante et la pensée qu'elle travaillait pour Dieu décuplait son énergie.

Dans sa nouvelle maison de Pontevedra, en Galice, où elle est placée, comme sœur converse, la Mère Supérieure continue d’assouplir sa nature. Pour exercer la patience de la Sœur et former sa volonté, la Supérieure semble prendre un malin plaisir à contrecarrer Lucie dans ses goûts, mais celle-ci garde toujours son vertueux sourire et la plus complète égalité d’humeur. Elle est entrée complètement dans l'esprit de sacrifice et elle accepte tout, car elle a compris que le chemin de la sainteté est rude, montant et malaisé. Avant d’arriver à l'éternel Thabor de l’extase sans fin, il faut passer par le chemin ensanglanté du Calvaire. Saint Vincent de Paul nous le dit : « La perfection de l’amour ne consiste pas dans les extases mais dans la conformité de notre volonté avec la volonté de Dieu ; à n’avoir avec lui qu’un même vouloir et un même non-vouloir ». La jeune sœur, Marie des Douleurs, puisqu'il faut l’appeler par son nom de Religieuse, sait que la volonté de Dieu se manifeste par la volonté des Supérieures. En obéissant à sa Supérieure elle obéit à Dieu lui-même.

Un jour, sa Supérieure, ayant remarqué sur son visage une expression quelque peu étrange, lui demanda brusquement :

« Qu’avez-vous donc, ma sœur ? Qu'est-ce qui vous est arrivé ? La jeune sœur, un peu surprise et comme sortant d’un songe, lui répondit : Il me semblait que Notre Dame me parlait. - Voulez-vous vous taire, ma Sœur, et vous dépêcher d'aller au travail ». Et pour achever de dissiper son rêve elle secoua assez fort le bras de la sœur. Celle-ci, obéissant aussitôt, s’arracha à sa contemplation et se remit au travail, pour faire la volonté de Dieu, puisque c’est la marque la plus sûre de notre amour pour Dieu. L’extase, Dieu nous la promet dans l’Eternité, si nous sommes fidèles à accomplir sa volonté sainte, chaque jour ici-bas.

Sœur Marie des Douleurs a connu, à la Cova d’Iria, les incomparables splendeurs de l’Apparition de Notre Dame, mais à son tour, elle doit gagner le ciel, comme chacun des mortels de ce bas monde, La voyante de Lourdes fit un jour cette réponse à une personne la félicitant d’avoir vu la Sainte Vierge et par conséquent d'être sûre d’aller au ciel : « Oui, répondit Bernadette, j'irai au ciel, à condition que j'aille droit mon chemin, tout comme vous. Il faut que je me le gagne ».

Sœur Marie des Douleurs, même après avoir joui de la vision de Notre Dame, doit opérer son salut avec « crainte et tremblement » et elle aussi, se dépouillant de toute pensée de présomption, doit reprendre à son compte l’expression pittoresque du dialecte bigourdan : « Le ciel, il faut que je me le gagne ! »

Elle est retournée au Portugal en 1946 (où elle a fait une visite incognito à Fátima) et en mars 1948, après réception de l'autorisation spéciale du pape à être relevée de ses vœux perpétuels, elle entra aux Carmel de Sainte Thérèse à Coïmbra, où elle résida jusqu'à sa mort. Elle a fait sa profession en tant que Carmélite déchaussée, le 31 mai 1949, prenant le nom de Sœur Maria Lucia de Jésus et du Cœur Immaculé.

En raison des Constitutions de la communauté, Lucia ne devait « converser aussi peu que possible avec des personnes venant de l'extérieur, même avec leurs plus proches parents, à moins que leur conversation soit spirituelle, et même alors, il devrait être très rare et aussi brève que possible » et « n'avoir aucune discussion sur les affaires de ce monde, ni même parler de celles-ci… ». Cela a conduit certaines personnes, comme le Père Gruner des Croisés Fátima, à croire en une conspiration pour cacher le message de Fátima et contraindre Lúcia au silence.

Elle est revenue à Fátima, à l'occasion de quatre pèlerinages réalisés par un pape, toujours un 13 mai. Tout d'abord Paul VI en 1967, puis Jean-Paul II en 1982 (en action de grâces pour avoir échappé à la tentative d'assassinat l'année précédente), puis en 1991, et enfin en 2000, quand ses cousins Jacinta et Francisco ont été béatifiés. Le 16 mai 2000, elle est retournée à Fatima pour visiter l'église paroissiale.

Lucia est morte à l'âge de 97 ans le 13 février 2005, de problèmes cardio-respiratoires, en raison de son âge avancé. Sa Cause de béatification est en cours d’instruction.


Réflexions


Nous voguons, tous, sur l’océan du monde. Notre frêle esquif est porté sur les flots agités parfois par la tempête des tentations. Nous devons le bien conduire, afin d'éviter les écueils dangereux sur lesquels il pourrait se briser et ne pas l’exposer à le voir s’enliser dans les bancs de sable sournoisement cachés sous les flots.

On compare ainsi, souvent, la vie du chrétien à un voyage sur le vaste océan du monde. Nous allons examiner les conditions qu’il faut remplir pour que notre bateau arrive au port éternel sain et sauf.

Pour bien tenir la mer, la première condition est que le bateau soit parfaitement étanche, sans quoi il ne tarderait pas à faire eau et à s’enfoncer dans les flots. Le chrétien doit de même garder son âme étanche et close, fermée aux invasions du mal. Il la défendra contre toutes les curiosités malsaines des yeux, des oreilles. Il veillera particulièrement sur le sens du toucher répandu sur tout le corps et par là même si dangereux. C’est par les sens que l’âme est submergée.

Le bateau est muni d’une boussole, petit cadran dont l'aiguille aimantée s’oriente toujours vers le nord. C’est ce point de repère qui aide le pilote à suivre sa route sûrement. Le chrétien possède cette boussole incomparable qui s’appelle la Foi. C’est par la foi que s'oriente la vie chrétienne vers l’Eternité qu’il faut gagner. C’est la grande et importante affaire, comme nous le recommande le Christ dans l'Evangile : « Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ? » (Mt., 16, 26). Vivons de la foi « comme le juste en vit » (Rm. 1, 17). Que cet esprit de foi pénètre toutes nos pensées, nos paroles, nos actes, nos désirs, pour ne jamais perdre de vue le Ciel. Dans tout ce que nous faisons, « mettons un peu d’éternité » (P. Corneille).

Le bateau doit être muni d’un gouvernail, organe indispensable pour guider sa marche et garder la bonne direction vers le port.

Le gouvernail du chrétien c’est l’obéissance aux Commandements, à la Morale, aux Devoirs d'état, aux Règlements particuliers des Institutions religieuses, pour les membres de ces Communautés. Saint Vincent de Paul dit que l’obéissance est « le gouvernail des communautés ».

Pour pouvoir naviguer sur l’océan et gagner le port, le bateau doit être muni de voiles sur lesquelles souffle la brise, ou bien posséder un moyen mécanique de propulsion qui agit sur les hélices et fait marcher le bateau. Ainsi notre âme possède la mystique propulsion de l'Esprit Saint qui souffle sur elle, pour la faire avancer. Ne contrarions pas les inspirations de la grâce, non seulement ne résistons pas, mais ouvrons largement notre âme à ces motions surnaturelles de l'Esprit de Dieu. Ainsi nous collaborerons avec lui généreusement pour nous élancer vers le port éternel.

Chrétiens, nous avons, à la portée de notre main, les provisions de voyage qui entretiendront nos forces, le viatique de l’Eucharistie, le « Pain vivant descendu du Ciel » (Jn. 6, 41). Jésus lui-même, avec son corps, son sang, son Âme et sa Divinité, sous les voiles de l’hostie. C’est à nous de nous en nourrir le plus souvent possible, pendant la vie, et de recevoir le « saint Viatique » pour la dernière escale.

Chaque jour, l'officier de quart fait le point. Au moyen de calculs, il détermine la position du bateau. C’est la vérification journalière, nécessaire pour surveiller si la marche s’effectue dans la bonne direction. Le chrétien doit aussi faire le point, dans un examen de conscience attentif, aussi fréquent que possible, et se demander : « Où en suis-je de mes résolutions, de mon progrès dans la vertu ? N’ai-je pas dévié de la route ? » S'il constate qu’il a quelque peu dévié de sa route il se remettra sans délai sur la bonne voie.

Sur tous les bateaux, un appareil de télégraphie sans fil permet de se tenir en communication constante avec la patrie, avec ceux qui nous sont chers pour leur envoyer des messages et en recevoir. Ainsi nous avons à notre disposition, sur le plan surnaturel, des ondes qui nous relient à la Patrie Céleste, ce sont les ondes mystérieuses de la prière, qui nous font communiquer avec Dieu, avec la Vierge Marie, avec les Saints, avec les nôtres qui nous ont précédé dans la maison du Père.

La nuit, il y a l'étoile qui sert de guide pour l’orientation du bateau. Le chrétien a aussi et surtout Marie, l’« Etoile de la mer ». S. Bernard écrit : « Vous qui flottez au milieu des orages et des tempêtes, tenez les yeux fixés sur cette étoile, pour ne point périr dans la tourmente, regardez l'étoile appelée Marie. En la suivant vous ne vous égarez pas ; en la priant vous ne désespérez pas ; en la contemplant vous n’errez pas… Si Elle vous est propice, vous parvenez au port » (Homélie de l'Evangile : Missus est).

Un jour, après avoir vogué plus ou moins longtemps sur cette mer du monde, après avoir prié Marie, avec notre rosaire, et dit avec piété des milliers de fois : « Sainte Marie, priez pour nous, pauvres pécheurs,… à l'heure de notre mort », quand cette heure aura sonné, nous serons déjà entrés dans le port de l’éternité, guidés par l’« Etoile de la mer », Marie toute puissante et toute bonne.

Notre Dame de Fatima, douce et lumineuse Etoile de la Mer, guidez notre frêle esquif sur le vaste océan du monde et conduisez-le au port du salut éternel. Amen !


(Pour conclure, on peut réciter les litanies de N.D. de Fatima ou simplement l’oraison)

 

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Fin du mois de Marie de Notre Dame de Fatima

 

Prochain mois de dévotion : le Mois de Saint Dominiquerendez-vous le 30 juillet

 

 

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29 mai 2021

Le Mois de Marie de N.D. de Fatima

Le Mois de Marie

de Notre Dame du Rosaire de Fatima

 

Lucia

 

Trentième jour


Lecture


Lucie entra au pensionnat de l’« Asile de Vilar », à Porto. Mais ce ne fut pas, pour cette pauvre enfant de la campagne habituée à la vie simple des gens de son pays, une existence bien enviable. La Directrice avait voulu être agréable à Monseigneur de Leiria en prenant la « sauvageonne » sous sa protection maternelle. Néanmoins, on ne pouvait pas, du jour au lendemain, transformer la paysanne en citadine : Aussi l’on devine sans peine que les jeunes pensionnaires, espiègles comme on l’est à cet âge, se moquaient un peu de cette fille des champs rustaude dans ses manières, dans son langage et dans ses habits. Cependant, sous cette écorce rude, battait un petit cœur sensible. L’enfant se contentait de souffrir en silence et d’offrir à Dieu ce chapelet de sacrifices, à longueur de journée. C'était l'entraînement au don total d’elle-même qu’elle avait résolu de faire, en se consacrant à Dieu, dans la vie religieuse. Quelques mois passèrent pendant lesquels Lucie apprit à écrire à peu près correctement et orna son esprit des notions essentielles pour se guider convenablement dans la vie qu’elle voulait embrasser.

L’Evêque de Leiria, mis au courant de son ardent désir de vie religieuse, la fit entrer dans l’Institut des Sœurs Dorothées de Tuy, en Galice, pour y effectuer pendant deux ans son postulat. Ce temps de probation s’écoula à la satisfaction générale. Au bout de ce temps, elle fit son noviciat à la fin duquel, le 3 octobre 1928, Lucie faisait sa profession religieuse. Quand elle eut seize ans, elle prononça ses saints vœux, et on la plaça, comme Sœur converse, au collège de Notre Dame des Douleurs, à Pontevedra, en Galice, à une cinquantaine de kilomètres de Tuy. Elle s’éloignait de plus en plus de son pays et, au lieu de passer sa vie dans la méditation et la contemplation, comme les Sœurs de chœur, elle la passera au service du prochain, dans le dur travail manuel quotidien arrosé de sueurs et parfois de larmes.

Lucie désirait l'isolement et la solitude, loin des consolations humaines, même celles très pures de la Cova d'Iria. Plus jamais elle ne saura rien de Fatima, ni des triomphes de Notre Dame, ni de l’enthousiasme des pèlerinages, ni des miracles accomplis dans ce lieu privilégié de Marie.

Elle s’est offerte en holocauste et à consenti à toutes les séparations. Auprès du tabernacle, elle épanchera son cœur plein d'amour, puis elle ira au dur labeur auquel on l’a destinée. Tantôt c’est à la cuisine derrière ses fourneaux ; tantôt au lavoir; tantôt à la basse-cour. Partout, elle remplit son office avec un zèle des plus attentifs, on pourrait dire avec ferveur, parce que telle était pour elle la volonté d'En Haut. Faire en tout la volonté de Dieu, c’est la pierre de touche de la vraie piété. C’est bien à tort que certaines personnes s’imaginent que la ferveur est affaire de sentiment. Si, dans leurs exercices de piété, elles ne rencontrent pas de douceur sensible, elles sont complètement déroutées et croient n'avoir plus de ferveur. C’est là une profonde erreur : la ferveur n’est pas affaire de sentiment, mais affaire de volonté, et l’âme qui n’a pas d'autre désir que celui de faire la volonté de Dieu est une âme fervente entre toutes. Lucie voulait faire la volonté de Dieu, dans l’emploi qu’elle remplissait, au couvent de Pontevedra. Elle le remplissait chaque jour de son mieux, sans désirer autre chose que de bien accomplir son devoir. Notre-Seigneur n’a-t-il pas dit que « Sa nourriture était de faire la volonté de celui qui l'avait envoyé et d'accomplir son œuvre ? » (Jn. 4, 34).

« Ce ne sont pas ceux qui disent : « Seigneur, Seigneur », qui entreront dans le royaume des Cieux, mais ceux qui font la volonté de mon Père qui est dans les Cieux » (Mt. 7, 21).

Ainsi, l’humble petite sœur converse, hier confidente de Notre Dame, en accomplissant son devoir commandé par l’obéissance, pensait qu’elle aimait Dieu de toute la ferveur dont elle était capable. Suivant l'expression de Saint François de Sales, elle ne cherchait pas « les consolations de Dieu, mais le Dieu des consolations ». Elle aurait plu à Saint Vincent, lui qui, dans son langage énergique, recommande d'aimer Dieu « au dépend de nos bras et à la sueur de nos visages ».


Réflexions


Nous serons jugés par Dieu, avant tout, sur notre devoir de chaque jour, que quelqu'un a nommé le « terrible quotidien ». Il est, en effet, terrible, parce qu’il est toujours semblable à celui de la veille et à tous les autres quotidiens, avec les mêmes situations la même monotonie. C’est ce quotidien, ce sont ces mille riens, ces actions communes, obscures et sans gloire, que la Providence nous demande d’accomplir pour faire la. volonté divine, et avec lesquelles nous achèterons le ciel.

Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, dans sa « Petite voie de l’enfance spirituelle », enseigne à ne rien négliger, ni la plus modeste action, ni la plus simple prière ni le plus petit acte de vertu. « Parce que vous avez été fidèle en peu de chose, je vous établirai sur beaucoup. » (Mt. 25, 21).

De quelle façon accomplir parfaitement notre quotidien :


En travaillant, sous le regard de Dieu.


« Marche en ma présence, disait Dieu à Abraham, et tu seras parfait » (Gn. 17, 1). Quand on a la foi, est-il difficile de voir Dieu présent partout et témoin de toutes nos actions ? « Dieu n’est pas loin de chacun de nous, dit l’Apôtre aux Athéniens dans son discours sur l’Acropole, car c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être » (Ac. 18, 28). Travaillons sous son regard, pour lui être agréable, sans nous préoccuper des autres, « ne faisant pas seulement le service sous leurs yeux, comme pour plaire aux hommes, mais en serviteurs du Christ qui font de bon cœur la volonté de Dieu. » (Ep. 6, 6).

 

En nous donnant entièrement à l’action présente,

 

sans nous laisser distraire par la pensée de celle qui va suivre. Il y en a qui vivent toujours en avant, n'étant jamais à l’action présente. « À chaque jour suffit son mal et sa fatigue » (Mt., 6, 34). « Fais ce que tu fais », disait un Ancien, c’est-à-dire applique-toi tout entier à l’action présente. L’Imitation nous dit : « Celui-là fait beaucoup qui aime beaucoup, celui-là fait beaucoup qui fait bien ce qu’il fait ». Songeons que nous tissons, chaque jour, le vêtement de notre éternité. Il sera fait de la chaîne et de la trame de chacune de nos journées. Ce qui faisait dire à Bossuet : « Il n’y a rien qui soit plus à vil prix que le royaume de Dieu, quand on l’achète, et rien qui ne soit plus précieux, quand on le possède ».


En considérant chaque journée comme la dernière.


Il y en a une qui sera la dernière, parce que nous pouvons être frappés soudainement, ou que la maladie, qui sera la dernière, nous aura arrachés à notre travail. Si, chaque matin, nous offrions à Dieu la journée qui commence, avec l'intention de la bien employer pour Dieu, nous aurions, à la fin de nos jours, gagné un trésor de mérites pour acheter notre part de ciel, au lieu de traîner, sans profit pour l’âme, une existence misérable.

Tant vaut l’amour, tant vaut l’action.

 

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(Pour conclure, on peut réciter les litanies de N.D. de Fatima ou simplement l’oraison)

 

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28 mai 2021

Le Mois de Marie de N.D. de Fatima

Le Mois de Marie

de Notre Dame du Rosaire de Fatima

 

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Vingt-neuvième jour

 

Lecture


Lorsque la Mère Supérieure de l’ « Asile de Vilar », à Porto, vit entrer dans le parloir Lucie, accompagnée par la dame de Leiria, elle laissa échapper cette réflexion : « C’est une petite sauvage que vous m’amenez madame ? »

En effet, tout plaidait contre la pauvre enfant : ses lèvres grossières. Sa grande bouche, son allure paysanne, Elle n'avait rien de reluisant pour plaire à une Directrice de pensionnat, Cependant, ses grands yeux noirs laissaient percer une vive intelligence. La Supérieure fit ses réserves à Monseigneur pour accepter la jeune fille ; elle ne voulait pas, en recevant une telle campagnarde, s’exposer à compromet discipline de l'établissement.

L’Evêque la tranquillisa : « C’est une âme simple, mais nullement sotte ». À force d’insistance de l’Evêque, la Supérieure finit par céder, non sans regret. Décidément, c'était une fille des champs affreusement rustique !… Cependant, on ne pouvait la renvoyer, l'affaire était trop engagée. La Sœur essaya de limiter les dégâts et fit comparaître Lucie. Elle lui fit la leçon :

« Dorénavant, ma petite, quand on vous demandera comment vous appelez-vous, vous répondrez : Marie des Douleurs. - « Oui, madame la Directrice, répondit Lucie avec une inclination de tête. - Quand on vous demandera de quel pays vous êtes, vous répondrez : je demeure près de Lisbonne. - Oui, madame. - Au sujet des événements de Fatima, vous ne direz rien à personne, vous ne poserez aucune question, vous ne répondrez rien si on vous interroge, vous ferez l’ignorante sur toutes choses. - Oui, ma Sœur, répondit l’enfant. - Maintenant, il est bien entendu que vous ne sortirez jamais de la maison, comme les autres jeunes filles, et sans dire pourquoi. C’est bien entendu ? - Je comprends, madame la Directrice », acquiesça Lucie.

Ces observations étaient faites sur un ton qui n’admettait pas de réplique. Les réponses de Lucie étaient aussi l'expression d’une volonté bien décidée. La jeune fille garderait l’anonymat, ainsi qu’elle l'avait promis. Personne ne connaîtrait sa véritable identité. Pour elle, cela n'avait aucune importance. Notre Dame saurait bien la reconnaître, Elle avait médité les paroles de l’Imitation : « Il vaut mieux être caché et prendre soin de son âme, que de faire des miracles ». (Liv. I, ch. XX, v. 6). « Dans le silence et le repos, l’âme pieuse fait de grands progrès » (Ibid.). « Si je m’abaisse, si je m’anéantis.., si je rentre dans la poussière dont j'ai été formé, votre grâce s’approchera de moi, et votre lumière sera près de mon cœur ». (Imit., liv. III, c. VIII, 1).

La voyante de Fatima fera au Pensionnat l’apprentissage de la vie religieuse, qu’elle conçoit déjà comme le don total de soi-même, dans la solitude, dans le silence et l’oubli du monde. Ces sentiments d’humilité étaient profondément sincères. Dès sa plus tendre enfance, elle avait été formée de l’école de pauvres gens de la campagne, simples dans leurs goûts et dans leurs désirs. Au moment des Apparitions, lorsqu'elle se demandait si elles étaient bien réelles, le sentiment d’humilité dominait tous les autres, au fond de son cœur. Elle pensait : « Non, ce n’est pas possible que ce soit vrai, que la Sainte Vierge se manifeste réellement, il faut être un saint pour La voir. Ce doit être une illusion de mes sens, ou bien une sorcellerie, ou bien une manigance du démon ».

Ces sentiments devaient plaire à la Très Sainte Vierge. Elle-même n’a-t-elle pas chanté, lorsque l’Ange vient lui annoncer qu'Elle avait été choisie pour être la Mère du Sauveur : « Mon âme glorifie le Seigneur... parce qu'il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Il a dissipé ceux qui s’enorgueillissaient dans les pensées de leur cœur ; il a renversé de leur trône les potentats, et il a élevé les petits ». (Lc, 1, 48-51-52).

C’est parce que Notre Dame a « jeté les yeux sur la bassesse de sa servante », qu’elle l’a vue petite et humble, qu’elle l’a élevée jusqu’à ELLE.


Réflexions

 

L’orgueil est la grande malfaisance de l’humanité, la source de toutes les misères morales et la racine de tous les vices. L’orgueil est le péché originel des anges rebelles, irrémissible pour eux. Il est aussi le péché originel de l’homme : « Mangez de ce fruit de l’Arbre de la Science du Bien et du Mal, avait dit à Adam et Eve le démon tentateur, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu ». (Gen. 3, 5). Devenir semblable à Dieu, « connaître le bien et le mal », quel orgueil !.. C’est pourquoi Jésus, pour réparer cet orgueil, a été le grand humilié.


1° Raisons d’être humbles.


Ce sont nos faiblesses. Que sommes-nous en effet ? De pauvres êtres bien faibles dans tous les ordres physique, moral et spirituel.

a) Faiblesse physique. Les forces physiques sont variables chez les hommes et limitées. En avançant en âge, elles diminuent. La vieillesse apporte les disgrâces. Les sens perdent peu à peu de leur acuité. Les muscles mollissent. L’homme s’en va par lambeaux.

b) Faiblesse morale. Le poète a dit avec raison : « L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux ! » Par la faute originelle, l’homme a perdu les magnifiques prérogatives du Paradis terrestre. L’humanité a hérité ainsi d’une nature déchue, remplie de désirs malsains, de mouvements désordonnés et d’appels de la sensualité.

La lutte est déchaînée entre les bas instincts et la raison, entre la chair et l'esprit. Or, le vainqueur n’est pas toujours l'esprit.

c) Faiblesse spirituelle. On la constate dans l’intelligence. Quel labeur pour dissiper les ténèbres de notre ignorance ! Elle se fait sentir dans notre cœur. S’il sent en lui une généreuse ardeur, c’est moins pour la vertu et le bien que pour des objets chétifs et coupables.

La même faiblesse affecte notre volonté. Au moindre obstacle, celle-ci se dérobe; un rien la trouble ; une sollicitation du mal la déconcerte.


2° Bienfait de l'humilité.


« L’humilité n’entraîne pas la démission de l'esprit et ne supprime pas son travail ; mais, sans nier la puissance de la raison, elle nous en montre les limites, et nous facilite ainsi l’acquisition de la vérité ». (2e Conf., Carême. Chan. Chevrot). « Connais-toi, toi-même », disait l’adage antique. L’homme humble cherche à se connaître et acquiert la juste notion de ce qu’il est et de ce qu’il peut faire. « Qu’as-tu que tu ne l’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1 Cor. 4, 7).

Notre Dame de Fatima, obtenez-nous de votre Divin Fils la grâce de mesurer l'étendue de notre misère, pour ne jamais céder à la tentation du démon de l’orgueil.

 

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(Pour conclure, on peut réciter les litanies de N.D. de Fatima ou simplement l’oraison)

 

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27 mai 2021

Le Mois de Marie de N.D. de Fatima

Le Mois de Marie

de Notre Dame du Rosaire de Fatima

 

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Vingt-huitième jour

Lecture

 

L’unique survivante des confidents de Notre Dame, à Fatima, après avoir été interrogée, devant Dieu, par son directeur de conscience, se sentit appelée à une vie plus parfaite, Le cloître l’attirait. Ayant été admise dans l'intimité du ciel, elle ne pouvait se contenter des mesquineries de la terre. Ses oreilles, encore pleines des harmonies paradisiaques, supportaient mal les bruits tumultueux du monde. Elle voulait répondre à la bonté divine qui lui avait tant donné, par le don total d’elle-même à Dieu.

L’Evêque de Leiria, mis au courant de la chose, pensa qu’il était d’abord nécessaire de faire l’éducation de l’heureuse privilégiée. Il était bon également de soustraire Lucie aux nombreux curieux, tournant autour d’elle, l’accablant de questions indiscrètes et la fatiguant. Elle-même d’ailleurs désirait le calme et l’oubli, pour se consacrer totalement à la méditation et à la prière, Notre Dame l’avait choisie, malgré son indignité, pour être l'instrument de Dieu. L'œuvre était suffisamment lancée, elle n’avait plus besoin de secours humain. Lucie pouvait maintenant s’en aller, disparaître et mourir au monde.

Lucie venait de prendre la résolution de ne plus jamais retourner à la Cova d’Iria. Elle s’offrait en holocauste.

L’Evêque approuva hautement l’enfant et lui fit promettre qu’elle ne dirait à personne l’endroit où elle irait chercher la solitude de la vie religieuse. Ainsi son existence même serait ignorée de tous.

« Ma chère enfant, lui dit paternellement l’Evêque, l’on va vous mettre dans un pensionnat pour vous faire donner l'instruction qui vous manque. Vous y serez fort bien, mais promettez-moi que vous ne parlerez à aucune de vos petites compagnes, ni à aucune autre personne, pas même aux religieuses du pensionnat, des apparitions de Fatima ? - À personne, Monseigneur, je le promets ! - Encore une question, mon enfant. Promettez-moi que vous ne dévoilerez à personne votre véritable identité. Désormais, vous ne serez plus Lucie mais Marie. - Oui, Monseigneur, je vous le promets », répondit Lucie, avec une grande assurance.

Ce dialogue avait lieu dans le salon du presbytère, où l’Evêque avait convoqué Lucie.

Les préparatifs du départ furent faits à la maison, dans le plus grand secret. On eut tôt fait de rassembler les quelques bardes de la petite. Une dernière fois Lucie voulut passer à la Cova d’Iria avec Marie-Rose, et s’agenouiller près du bosquet d’yeuses où Notre Dame lui était apparue. En songeant que c'était la dernière fois qu’elle venait dans cet endroit si cher que jamais plus elle ne reverrait ces lieux bénis, un sanglot jaillit de sa poitrine oppressée et d’abondantes larmes coulèrent sur ses joues. C'était, pour la petite fille, son Agonie du Jardin des Oliviers. Elle voulut aller s’agenouiller auprès de la tombe de ses deux petits compagnons morts depuis cinq ans. « Eux, pensait-elle, ne connaissent pas ma tristesse, puisqu'ils jouissent maintenant du bonheur de contempler éternellement Notre Dame ! » Ensuite, elle se rendit à l'église, où elle avait été baptisée et où elle avait fait la première Communion, Elle pria de tout son cœur la Sainte Vierge de lui faire la grâce de se donner complètement au Bon Dieu. Ensuite, la mère et la fille rentrèrent à la maison.

Marie-Rose avait préparé un bon souper, puisqu’on allait passer la nuit en voyage, pour se rendre à Leiria. Elle amenait Lucie chez une dame, chargée par l’Evêque d'accompagner la jeune fille, à Porto, à l’« Asile de Vilar », pour y faire son éducation.

Un voisin complaisant offrit d'amener Marie-Rose et sa fille dans sa carriole, et l’on partit au clair de lune. Il fallait passer par:la Cova d'lria. Lucie descendit avec sa mère, se mit à genoux devant une image de la Vierge qu’éclairait faiblement une petite lampe à huile, et récita son chapelet, versant des larmes cuisantes. Les trois voyageurs repartirent enfin vers Leiria où l’on arriva trop tôt au gré de Marie-Rose, Un dernier embrassement de la pauvre mère, qui remit Lucie entre les mains de la dame et repartit vers Aljustrel. Sur la ligne du Nord, le train emportait Lucie, pauvre petite désolée en compagnie d’une étrangère, par Coïmbra, Aveiro jusqu’à Porto. La pauvre enfant endurait au fond du cœur son agonie, mais, généreuse, elle disait avec Jésus : « Que votre volonté soit faite et non la mienne ».

Le sacrifice était accompli.

Réflexions

La confidente de Notre Dame de Fatima répond généreusement à l’appel de Dieu, D’emblée, elle se donne à Lui sans espoir de retour, dans le sacrifice et l'oubli total d’elle-même. Tout chrétien a la vocation du ciel, mais il y a plusieurs voies pour y aller. À chacun de savoir prendre celle que le Bon Dieu lui a tracée.

Dans la vocation religieuse, deux éléments entrent en jeu, il y a la part de Dieu qui appelle, mais il y a surtout la part du sujet qui généreusement répond : « Me voici, Seigneur, pour faire votre volonté sainte » (He. 10, 9) ; La vocation religieuse est un honneur que Dieu propose mais qu’il n’impose pas.

Conditions à remplir pour la femme dans toutes les vocations

Chacun est appelé par Dieu dans tel ou tel genre de vie qui doit être pour lui la voie du salut. Dans la vie religieuse, dans le célibat, dans le mariage, il faut pratiquer généreusement, pour la femme chrétienne, trois choses : le sacrifice, l’oubli de soi et le don total de soi-même.

a) Sacrifice. - La femme, par sa nature même, est physiologiquement taillée pour souffrir. Qu’elle soit mère selon la nature ou selon la grâce, elle subit la sentence : « Tu enfanteras dans la douleur » (Gen. 3, 16). Dans tous les états de vie, la femme doit s'attendre à être associée aux souffrances de la plus pure des Mères. Elle doit s’entraîner de bonne heure au renoncement de soi, de ses aises, de sa liberté et à la pratique de la douceur, de la patience et du support. Son programme doit être : « Tout souffrir. Ne rien faire souffrir ».

b) Oubli de soi. - L’homme, suivant une définition, serait « égocentriste », c’est-à-dire : ramenant tout à lui, centre universel ; la femme, au contraire, serait « altérocentriste », c’est-à-dire : sortant d’elle-même, s’oubliant, pour se porter vers.les autres. (L'âme de la femme, par G. Lombroso.) La femme doit être une fleur, humble violette cachée, dont le parfum décèle sa présence, une fleur abritée, loin des chemins dont la poussière pourrait ternir l'éclat et les pas des passants l’offenser.

c) Don de soi. - L’Imitation rapporte ces paroles de Jésus à l’âme fidèle : « Tout ce que tu peux me donner hors de toi ne m'est rien, parce que ce n’est pas ton don que je veux, c’est TOI » (Liv. IV, c. VIII, n° 1- 2). Se donner soi-même, c’est offrir son intelligence son Cœur, sa volonté, son temps, sa peine, son dévouement, son amabilité, sa serviabilité. « La femme qui n’a personne pour se passionner et agir, qui na pas de malheureux à soulager... qui ne trouve pas d'emploi à son instinct altruiste, qui n’est pas institutrice ou Sœur de Charité, celle-la s’aigrit et se déforme physiquement et moralement » (Op. cit., G. Lombroso).

Lucie s’est donnée à Jésus par Notre Dame, dans l'esprit de sacrifice et l’oubli d'elle-même. Elle avait quinze ans quand elle a accepté de vivre ignorée. Elle approche aujourd’hui de la cinquantaine et elle n’est jamais revenue à Fatima.

 

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(Pour conclure, on peut réciter les litanies de N.D. de Fatima ou simplement l’oraison)

 

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26 mai 2021

Le Mois de Marie de N.D. de Fatima

Le Mois de Marie

de Notre Dame du Rosaire de Fatima

 

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Vingt-septième jour


Lecture

 

La Très Sainte Vierge Marie, dans sa bonté miséricordieuse, vient au secours de ses enfants au moment de l’épreuve, pour les encourager et continuer son rôle de Médiatrice qui est de donner Jésus aux âmes et les âmes à Jésus. Elle apparaît aux enfants de Fatima, au moment où l’Église du Portugal traverse une épreuve très douloureuse. Satan a trouvé là des suppôts, pour son œuvre de destruction contre la Religion. La révolution est maîtresse du pays. Le culte catholique, même dans ce qu’il a de plus sommaire, est à peine toléré. Le costume religieux des ordres d'hommes et de femmes est complètement prohibé, ainsi que le port de la Soutane pour le clergé séculier. Tout traitement rémunérateur pour les prêtres n’existant plus, beaucoup, pour vivre, ont été obligés d'exercer une profession. Certains choisirent le professorat, d’autres le barreau, quelques-uns firent du négoce. Cette atmosphère du monde fut cause de pénibles désertions.

Ce fut aussi, à cette époque troublée pour la France, que la Très Sainte Vierge Marie se manifesta à une jeune Sœur de Saint-Vincent de Paul, Catherine Labouré, dans la chapelle de la Maison-Mère des Filles de Charité, de la rue du Bac, à Paris, sous la forme de la Médaille miraculeuse. La Sainte Vierge voulait charger d’une mission Sœur Catherine, en lui disant : « qu’elle serait contredite, mais qu’elle aurait la grâce ; que des malheurs allaient fondre sur la France, que le trône serait renversé, que le monde entier serait bouleversé par des malheurs de toutes sortes. Mais qu’on vienne près de l'autel. Là, les grâces seraient répandues sur tous et le calme se rétablirait ».

La Providence qui sait tirer le bien du mal permet ces remous dans la société pour secouer les chrétiens trop facilement enclins à s'endormir et pour susciter des âmes d’apôtres.

Fatima devait devenir, sous l’impulsion de Notre Dame, le centre dynamique de l’Apostolat collectif du Portugal. Le Pape Pie XI venait de créer le mouvement d’ « Action Catholique du Laïcat dans l’Église, sous l’impulsion et la direction de la hiérarchie catholique ». Certes, tout chrétien doit être un apôtre. Il récite tous les jours son « Pater » et il demande au Père dans les cieux que « son règne arrive », qu'il s’étende de plus en plus, chaque jour, sur les âmes. Il doit donc exercer cet apostolat. Jusqu'ici, on pensait que l’apostolat individuel était suffisant, Il ne l’est plus aujourd’hui, où les exigences sont profondes. L’apostolat de franc-tireur, outre qu’il est laissé un peu au caprice, par son isolement, perd de son efficacité. L’action concertée est plus décisive. La formule moderne est le travail en équipe. Dans l'Action Catholique, chaque chrétien est à sa place, collant au réel, et l’effort collectif produit le maximum de rendement. C’est ce que Notre Dame à fait réaliser, à Fatima, sous la haute direction du Cardinal Cerejeira, patriarche de Lisbonne, avec là collaboration de tout l’épiscopat portugais. Ainsi que l’écrivait, dans les « Novidades » de Lisbonne, un éditorialiste éminent : « Fatima est comme l’Autel vivant de l'Action catholique, le centre de l’apostolat collectif du Portugal sous l’impulsion de la hiérarchie ecclésiastique ». Tous les mouvements catholiques de la jeunesse féminine et de la jeunesse masculine tiennent. À tour de rôle leurs assises à Fatima et les responsables repartent dans leurs diocèses respectifs avec les directives précises pour l'action.

La vie de l’Église est une vie sociale qui comprend la vie de la famille, la vie du milieu professionnel, par groupements et par états, Cette vie est soumise aux lois essentielles de toute vie : la loi de défense contre les obstacles qui empêchent son développement spirituel et la loi de conquête, non pas sur le plan politique, mais sur le plan religieux. La société a perdu le « sens de Dieu » et s’en va à la dérive, comme le pilote d’un bateau ou le conducteur d’automobile qui a perdu le sens de la direction. Ils vont se jeter contre l’obstacle. Il est de toute urgence de redonner le sens de Dieu à la société et d’instaurer partout son règne.

Notre Dame de Fatima a très opportunément rappelé, non seulement au Portugal qui était en train de se perdre et qu'Elle a sauvé, mais au monde entier, qu’il est nécessaire de revenir à l'esprit du Christ, seul et unique moyen de mettre de l’ordre partout et de voir enfin régner la paix parmi les hommes, puisque la paix n’est pas autre chose que la tranquillité dans l'ordre.


Réflexions


Notre Dame de Fatima a désiré que ce coin de terre de la Cova d’Iria, hier ignoré, devienne un centre marial d’apostolat. Dans la mesure de nos petits moyens, dans le cadre de l'Action catholique, porte-pierre de la Rédemption, soyons des apôtres.

Nécessité de l’apostolat. - À l’école de la Mère de Dieu, pratiquons l’apostolat. N’aimons pas Dieu égoïstement, mais avec tous ceux que nous entraînerons. Quand on a au cœur une grande idée, on cherche à la faire partager par d’autres. Or, y a-t-il plus grande idée que celle de Dieu, de la Religion, de l’Eucharistie, de la Croix ? Ne ferons-nous rien pour que le règne du Christ s’étende sur la terre ? Mgr Besson, à la cathédrale de Fribourg, le 31 juillet 1932, dénonçait le « plus grand scandale des temps modernes. Après vingt siècles de christianisme, un milliard d'êtres humains, c’est-à-dire les deux tiers de l’humanité, ignorent encore le mystère de la Rédemption ! » Même aujourd’hui, en France, combien d’êtres humains, dans nos villes, ne sont pas baptisés, vivent en païens, se marient en païens et meurent en païens ?

Moyens d'apostolat. - Nous pouvons et nous devons exercer l’apostolat de bien des manières, dans tous les champs d’activité où la divine Providence nous a placés, dans la famille et au dehors, soit dans la rue, soit à l'atelier ou au bureau, soit au milieu de nos délassements.

a) Apostolat par la prière. Celui-ci est à la portée de chacun. Dans le silence. de la solitude, on peut prier, surtout « pour ceux qui en ont le plus besoin », c’est-à-dire les pauvres pécheurs. Il a été révélé à une sainte âme que sainte Thérèse, au XVe siècle, ramena à Dieu, par ses prières, autant de pécheurs que saint François-Xavier, à cette même époque, par ses prédications.

b) Apostolat par la bonne parole. Cet apostolat est efficace pour éclairer une âme plongée dans les ténèbres de l’ignorance, pour lui rappeler son devoir et la remettre dans le devoir. La diffusion de la bonne presse, des bons livres est un excellent moyen d’apostolat pour combattre la mauvaise presse. On a dit que si saint Paul pouvait revenir, il « se ferait journaliste ».

c) Enfin, l’apostolat irrésistible et conquérant demeure toujours celui du bon exemple. « Les paroles touchent, dit un proverbe latin, mais les exemples entraînent ». L’Action Catholique, si chère à Pie XI, est faite de tous ces moyens d’apostolat, mais surtout d’apostolat du bon exemple, dans le milieu social où l’on vit. Ainsi, dit le Pape, « est pénétré le milieu par le milieu ». L’ouvrier chrétien redonnera le Christ à l’atelier ou au bureau ; l’agriculteur, aux campagnes ; le professeur et l’étudiant, au monde universitaire.

Tout à Jésus par Notre Dame !

 

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25 mai 2021

Le Mois de Marie de N.D. de Fatima

Le Mois de Marie

de Notre Dame du Rosaire de Fatima

 

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Vingt-sixième jour


Lecture

 

L’une des preuves les plus convaincantes de l’authenticité des Apparitions, ce sont les miracles. Ils sont la signature de Dieu et attestent fermement la réalité d’une intervention céleste qui les a produit.

Ainsi, à la Grotte de Lourdes, peu de jours après que Bernadette, sur les indications de l’Apparition, eut creusé avec ses doigts la terre d’où jaillit la source miraculeuse, le carrier Bouriette, aveugle par accident, recouvre la vue en y lavant ses yeux. Depuis ce jour-là, le miracle, peut-on dire, s’est installé aux Piscines et n’a pas cessé jusqu’à ce jour de répandre ses bienfaits sur les malades ou infirmes venant se faire plonger dans l’eau miraculeuse qui n’a jamais cessé de couler depuis bientôt cent ans.

Pendant toute la matinée, sous la direction d’un prêtre, les fidèles ne cessent de faire monter leurs supplications vers Notre Dame et le rosaire est égrené par des centaines de fidèles. Cependant, l’après-midi, vers quatre heures, une grande procession du Sacrement se déroule sur l’Esplanade et l’officiant, ordinairement un Evêque, passe devant les malades alignés des deux côtés de l'Esplanade du Rosaire et trace sur chacun d’eux avec l’ostensoir un signe de croix. Le miracle commence, le matin, sous les auspices de la Divine Mère, se continue, le soir, sous la bénédiction toute puissante de son Divin Fils.

Aujourd’hui, ceux qui sont guéris, suivant la discipline de l’Autorité épiscopale, gardent une sage discrétion et vont se présenter au Bureau des Constatations où siègent en permanence les médecins bénévoles qui sont admis sur présentation de leur carte d'identité, à quelque pays qu’ils appartiennent et sans discrimination de religion. Les examens du malade avant et après la guérison sont très serrés. De certaines maladies d’origine nerveuse, les guérisons ne sont pas retenues. La constatation définitive du cas de guérison n’est proclamée que l’année suivante. C’est assez dire que les miracles sont entourés de toutes les garanties scientifiques.

On m'a demandé : « Avez-vous vu des miracles à Fatima ? » Personnellement, non. Me poserait-on la même question pour Lourdes, je répondrais de la même façon. Je viens de dire pourquoi. Depuis une quarantaine d’années on a interdit toute manifestation extérieure. À certains égards, l’action de grâces de tout un peuple qui chantait le « Magnificat » avec une émotion mal contenue était saisissante. Je n’oublierai jamais la guérison miraculeuse de Michel Gargam et la manifestation de joie et de reconnaissance des soixante mille pèlerins présents à la procession du Saint Sacrement.

Maintenant, à la question : « Y a-t-il des miracles à Fatima ? » je répondrai par une affirmation catégorique : Il y a des miracles à Fatima dûment constatés et enregistrés comme tels, par l’Autorité ecclésiastique. Seulement, entre Fatima et Lourdes, il y a une différence, non pas que la puissance et la miséricorde de Notre Dame s’exerce avec moins d’attention et d’amour à la Cova d'Iria. Lourdes existe depuis près d’un siècle. Fatima date d’une vingtaine d’années officiellement. On a cependant mis sur pied à Fatima une organisation pour la constatation des guérisons. Cependant, les plus grands miracles, ce sont les résurrections d’âmes qui s’opèrent dans le secret des consciences. J’en sais un bien émouvant parmi tant d’autres. Combien d’âmes, en effet, ont trouvé dans la piscine morale de la confession, à Fatima, cette guérison inespérée que, seule, Notre Dame de Fatima pouvait obtenir de la bonté miséricordieuse de son Divin Fils !

Plusieurs malades ont trouvé leur guérison corporelle, sinon à Fatima, pendant le grand pèlerinage du 13 mai, du moins à leur retour, à la maison. Témoin, cette pauvre femme phtisique, mère de trois enfants, crachant les poumons. Elle priait Notre Dame d’avoir pitié des pauvres petits orphelins qu’elle allait laisser. On lui avait donné les derniers sacrements. Ses yeux étaient déjà vitreux. On l’a emportée sur une voiture. En arrivant à la maison, après un acte de foi, elle était guérie, La radioscopie montrait ses poumons absolument sains. Ce fut un beau miracle de Notre Dame de Fatima, obtenu par la grande foi de cette humble chrétienne.

Aux malades qui venaient lui demander leur guérison, Jésus, pendant sa vie mortelle, leur demandait de croire. Au lépreux, il dit : « Lève-toi, va ; ta foi l’a sauvé » (Lc. 17, 19.) À l’hémorroïsse : « Ayez confiance, ma fille, votre foi vous a guérie » (Matt. 9, 22). À la Cananéenne : « O femme, votre foi est grande ; qu’il vous soit fait selon votre désir. Et sa fille fut guérie à l’heure même » (Matt. 15, 28). La foi à la puissance de Notre Dame de Fatima a produit et continue à produire des miracles.


Réflexions


Il devait, arriver pour Fatima qu’on ferait les mêmes attaques, les mêmes critiques, les mêmes objections les plus rebattues, contre les faits extraordinaires qui s’y passent, Toutes ces réunions de milliers de pèlerins, sans aucun souci d'hygiène, peuvent apporter des bactéries et des microbes et engendrer de dangereuses maladies. La presse du Portugal entonnera-t-elle le leitmotiv : « Faut-il fermer Fatima ? » de la même façon qu'il y a trente ans, la presse française : « Faut-il fermer Lourdes ? » L’hygiène n’est qu'un prétexte, a osé écrire courageusement le docteur Fleuret, président éminent du Bureau des Constatations de Lourdes. « Ce que l’on cherche à atteindre en Lourdes, comme en Fatima, c’est le but surnaturel. C’est l'effet miraculeux que, de plus en plus, les foules immenses viennent y Chercher, et cette [hygiène] n’est qu’un tremplin pour les esprits irréligieux, en vue de supprimer un fait religieux positif, palpable, viable, tangible, qui gène leur philosophie... En vérité, ce qu’il faut bien reconnaître, c’est l’existence à Lourdes (comme à Fatima) d’une force, d’une puissance qui dépasse nos connaissances humaines et notre pauvre science encore si bornée, malgré notre orgueil ». Quand le peuple voit guérir dans ces lieux de pèlerinage : Lourdes on Fatima, des maux implacables dont la médecine n’a jamais pu triompher, il salue l’action visible de Dieu. Voilà le pourquoi des miracles de Fatima, comme de Lourdes : ils fortifient la foi du chrétien.

Nous avons donné le témoignage de la science dans la personne du docteur Fleuret, de la Faculté de Bordeaux, s’inclinant humblement devant la puissance de Dieu qui seule explique le miracle. On nous objectera que d’autres savants refusent de s’incliner devant cette transcendance divine, et expliquent ces guérisons de façon naturelle. Les incroyants qui cherchent à échapper au miracle tombent dans des contradictions flagrantes. Ainsi, en présence de maladies réputées incurables, ils ont affirmé qu’il n’y a pas de remède. Si l’une de ces maladies est guérie à Lourdes, ils se retranchent derrière des possibilités de guérison que la nature peut faire surgir, Ailleurs, ils ont prétendu que l’hypnose et l’auto-suggestion n’ont d'action que sur les troubles fonctionnels et nullement sur les troubles organiques. Mais si, par l'effet du miracle, un organe lésé est guéri, ils affirment que le magnétisme des foules et l'enthousiasme de la foi, Pour eux « hypnose en commun », peut avoir un retentissement sur les organes et avoir raison des troubles organiques. Ces gens-là, qui nous reprochent à nous, croyants, notre dogmatisme parce que nous croyons aux dogmes de notre foi chrétienne, sont les plus dogmatiques. Leur dogme philosophique est le suivant : « Il n’y a pas de miracles à Lourdes, ou à Fatima, Parce que. il ne peut pas y en avoir ».

Remercions Notre Dame de Fatima d’avoir aidé notre faiblesse par de nouveaux miracles qui fortifient notre foi chrétienne.


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24 mai 2021

Le Mois de Marie de N.D. de Fatima

Le Mois de Marie

de Notre Dame du Rosaire de Fatima

 

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Vingt-cinquième jour


Lecture


On ne peut imaginer ce qu’est le pèlerinage de Fatima, le jour anniversaire de l’Apparition de Notre Dame, le 13 mai. Il n’est pas possible d'établir une comparaison avec Lourdes. Les pèlerinages à Lourdes se succèdent de façon ininterrompue, pendant toute l’année ; tandis qu’à Fatima, c’est surtout le 13 mai qu'a lieu le pèlerinage officiel présidé par le Cardinal Patriarche, accompagné des évêques et archevêques du Portugal et de la plupart des prêtres. Certainement, les foules sont difficiles à évaluer et il est plausible d’exagérer. Cependant, d’après des renseignements puisés aux bonnes sources et sur le témoignage des photographies, l’on aurait atteint le chiffre de un million pour celui de mai 1951.

Déjà, avant l'aurore, se sont formés des groupes disséminés dans toute l'étendue de la Combe. Après avoir assisté, la veille, au Salut du Très Saint Sacrement, les pèlerins ont passé une bonne partie de la nuit en prières. Chercher un asile dans un hôtel, il n’y faut pas songer. Il n’y a pas d’hôtels, puisque, en dehors de cette date, il y a peu de passagers, ni de touristes, D'ailleurs où pourrait-on loger des milliers d'étrangers ? Lourdes est organisé et facile d'accès. Les trains circulent dans plusieurs directions. Il y a de bonnes routes et des services d’autocars, des hôtels et des pensions de famille pour recevoir des milliers de voyageurs. Fatima est loin de partout et d’accès difficile. C’est pourquoi c’est un lieu de pèlerinage, de pénitence. On se couche où l’on peut, dans les voitures, sur l'herbe, à la belle étoile. Ici, on se sent près du ciel, il n’y a pas de fatigue et personne ne se plaint. Les automobiles déversent sans désemparer des pèlerins, cornent, klaxonnent et repartent pour de nouvelles fournées. Chacun est un peu moulu de fatigue, mais heureux de fouler enfin cette terre bénie.

Quand le soleil commence à dorer la Cova d’Iria et à illuminer peu à peu de ses rayons tout le paysage, la foule s’éveille, s’ébroue et laisse ses yeux s’emplir de la douce vision. Les pèlerins se dirigent alors vers les confessionnaux, vers la chapelle de l’hôpital, sous les arcades et dans les chapelles latérales de la basilique. Des groupes homogènes d'hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards vont vers les endroits où la piété les sollicite. De tous côtés, l’on voit des confesseurs installés, les uns sur un banc, sur une chaise, d’autres sur les marches de la basilique, Sans arrêt, de nombreux prêtres revêtus du surplis et de l’étole, tenant en mains un ciboire, distribuent aux groupes agenouillés la Sainte Communion, pendant des heures. C’est un mouvement ininterrompu de communiants qui s’agenouillent, se lèvent, pour faire la place à de nouveaux arrivants, cela, discrètement, sans une parole d’impatience ou de réclamation. Chacun finit par trouver une place, par s’installer avec l’aide charitable d’autrui, s’agenouille et adore en silence l’Hôte Divin reçu dans la communion. Après quoi, l’on prend une légère collation. C’est une nouvelle arrivée de pèlerins. L’on dirait des vagues de l’océan qui déferlent à l’envi et ce sont des vagues de têtes humaines.

Près de la chapelle des Apparitions, à l'endroit même où s’est produit le miracle de céleste clarté et de mélodieuse harmonie, des centaines et des centaines de pèlerins à genoux, les bras en croix et les mains enguirlandées du chapelet, récitent leurs prières et invoquent Notre Dame du Rosaire.

Les uns, pour accomplir une promesse, offrent des cierges allumés ou des objets en or ou en argent. D’autres font toucher aux arbustes du bosquet sacré des médailles, des images et des chapelets.

La foule est si dense qu’il n’est pas possible de bouger. Toutes les classes sociales sont ici réunies. Ensemble, les provinces du Portugal voisinent dans une fraternité évangélique.

Voici les gens du Haut et du Bas Minho, aux visages allègres et gracieux ; ceux du Tras-os-Montes, plus graves et mélancoliques ; ceux du Douro, plus rudes et trapus ; ceux des deux Beira, au regard franc et énergique ; ceux de l’Estremadure, plus vifs, au teint bronzé, tenant de la race arabe ; ceux de l’Alemtejo, terre brûlée par le soleil, où le blé pousse dru ; ceux de l’Algarve, par moitié de couleur mauresque et blanche.

Ils viennent des villes, des campagnes, des montagnes, de la plaine, du voisinage de la mer où se trouvent tous les pêcheurs de la côte portugaise. Mais quoique d’origine fort disparate, ici, ils ne forment qu’un même cœur et une même âme pour aimer Notre Dame, Jésus et leur pays.

Bientôt commence la messe pontificale avec toute la pompe liturgique. Les séminaristes font les cérémonies et exécutent les chants liturgiques. L'office est célébré en plein air, sous un grand baldaquin, devant une esplanade littéralement noire de pèlerins.

C’est la messe des malades. Les uns sont étendus sur des brancards, d’autres moins impotents sont assis sur des chaises ou des bancs, dans un grand silence. Ensuite, comme à Lourdes, le Saint Sacrement est porté devant les malades et la foule répète les acclamations faites par un prêtre, à haute voix : « Seigneur, nous vous adorons !... Seigneur, nous croyons en vous... nous espérons en vous... nous vous aimons !... »

Les mêmes scènes évangéliques se renouvellent, sous les pas de Jésus, comme autrefois, lorsque les malades, les infirmes venaient lui demander leur guérison. « Seigneur, faites que je voie, que j’entende…, que je marche... » « Notre Dame de Fatima, convertissez les pécheurs ! »

Tous les malades ne sont pas guéris, sans doute ; mais ils repartent réconfortés d’avoir été tout près de l’endroit céleste où Notre Dame est descendue, un jour, du ciel. Ils emportent chez eux un sentiment plus ardent de foi et un renouveau de charité chrétienne.


Réflexion


Sur la terre bénie qu’a visitée la Très Sainte Vierge, à Fatima, il y a comme un parfum de charité fraternelle qui semble se fixer pour toujours, afin que le miracle se perpétue. Cette charité émane du Ciboire, fontaine d'amour, que, pendant des heures, portent les prêtres qui communient les pèlerins pressés autour d’eux. « Dieu est amour... et si Dieu nous a tellement aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres » (1 Jn. 4, 9-11). Jusqu’à la venue du Christ, l’homme trop souvent était un loup pour l’homme et, seule, la loi du talion (œil pour œil, dent pour dent) réglait les rapports des hommes entre eux. Depuis que le Christ est venu, il nous a apporté son exquise bonté, il a « répandu son amour parmi les hommes et il nous a sauvés par sa miséricorde ». (Ti. 20, 4.) Cet amour de fraternité, ni Rome, ni Athènes, dans leur prétendue haute civilisation, ne la connaissaient pas, puisque on admettait que les deux tiers de la population restent dans l’esclavage pour le service de l’autre tiers ; que le père ait droit de vie et de mort sur ses enfants ; que les vieux soient supprimés comme bouches inutiles ; qu’un esclave soit dépecé par son maître pour le jeter en pâture à des murènes. C’est le Christ qui a prêché la sainte liberté des enfants de Dieu et il a donné cet amour fraternel comme un signe devant les païens, pour que les chrétiens soient reconnus comme ses disciples.

Il y a dans les pèlerinages beaucoup de gênes à s'imposer, soit dans les piétinements inévitables, les compressions de la foule, les intempéries, le vent, la pluie. Or, chacun fait preuve d’une évidente bonne volonté. Personne ne s’impatiente, ne se fâche, ne murmure. Une véritable charité chrétienne règne sur cette terre bénie. Ici, l’on se sent réellement frères dans le Christ. C’est la même allégresse libératrice qui fit tressaillir la terre durant la nuit de Noël, allégresse qui dilate maintenant les cœurs jusque-là comprimés par la crainte. Les visages sont épanouis et traduisent la joie intérieure des pèlerins.

C’est le Christ qui, par son enseignement et son exemple, nous a arrachés aux étreintes de la chair et nous a enseigné à dépasser notre nature (1 Pi. ch. 4), à tuer le vieil homme et à avoir un « ardent amour les uns pour les autres, car l’amour couvre une multitude de péchés ». (id., 4, 8).

Notre Dame de Fatima nous rappelle cette grande leçon de charité chrétienne. Elle se manifeste comme la Mère toute aimable et toute bonne, la Cause de notre joie et la Grande Consolatrice.

 

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23 mai 2021

Le Mois de Marie de N.D. de Fatima

Le Mois de Marie

de Notre Dame du Rosaire de Fatima

 

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Vingt-quatrième jour


Lecture


La Vierge Marie n’est pas descendue à Fatima pour y recevoir exclusivement des hommages de la part des fidèles. Elle a voulu surtout faire de ce coin de l’Estramadure, comme de celui de Lourdes, un lieu où son Divin Fils serait glorifié par la prière et la prière eucharistique. La Divine Mère continue son ministère Sacré qui est de nous donner Jésus. Elle a commencé dans la nuit de Noël et Elle le terminera seulement à la fin des temps. La liturgie chrétienne chante aux « Saluts du Très Saint-Sacrement » « Nous vous saluons, vrai Corps, né de la Vierge Marie... »

La grande préoccupation de Notre Dame, c’est Jésus. Dans la prière qu'Elle à enseignée aux trois petits voyants, le 13 octobre, Elle leur recommande de réciter le chapelet, tous les jours, en intercalant l’invocation : « O mon Jésus, pardonnez-nous ! »

Notre Dame de Lourdes a dit à Bernadette : Je veux qu’il se bâtisse ici une chapelle ». Pourquoi une chapelle? N’est-ce pas afin que Jésus y fut adoré dans son Eucharistie ?

À Fatima, Elle n’a rien demandé de semblable sans doute, mais le peuple chrétien ne sépare pas le culte de Marie du culte eucharistique. Aussi son premier geste est d’édifier une chapelle, au lieu même des Apparitions de Notre Dame. Chapelle rustique, si l’on veut, faite de planches, mais après que l'Autorité ecclésiastique aura reconnu l’authenticité miraculeuse des Apparitions, le premier acte du culte sera la célébration de la Messe, Un peu plus tard, on élèvera une vraie chapelle, celle des « Pénitents », en attendant la grande Basilique, où des centaines de prêtres viendront célébrer le saint sacrifice et où les fidèles par milliers viendront communier à l’Hostie adorable.

Marie, à Bethléem, nous a donné Jésus ; Marie, à Fatima, comme à Lourdes, nous donne Jésus-Hostie.

Par Marie, à Bethléem, c’est le mystère de la chair prise par le Fils de l’Homme ; par Marie, à Fatima, comme à Lourdes, c’est le mystère de la chair du Fils de Dieu devenue l’aliment de l’homme.

Par Marie, à Bethléem, c’est Jésus qui prend une seule fois la forme d’un homme ; par Marie, à Fatima, comme à Lourdes, c’est Jésus qui s’incarne autant de fois sous la forme de milliers de cœurs qui viennent le recevoir.

Mais si Marie donne Jésus à des milliers de chrétiens, Notre Dame donne des milliers de chrétiens à Jésus, pour l’adorer dans son Eucharistie, pour le supplier, pour lui être agréable.

Ces multitudes, il les plaignait, « brebis errantes sans pasteur pour les conduire » (Matt. 9, 36). Il les appelait : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai » (Matt. 9, 28). Il guérissait leurs malades, leurs infirmes, ressuscitait leurs morts, il évangélisait leurs pauvres. (Lc. 8, 22 et suiv.).

À Fatima, comme à Lourdes, c’est Notre Dame qui présente à Jésus-Hostie ces foules errantes, parfois sans pasteur, fatiguées du poids de la vie, aveugles par ignorance religieuse, sourdes à la voix de Dieu, lépreuses du péché, mortes à la vie de la grâce. Elle les lui présente afin qu'il les guérisse, qu’il les alimente du pain des forts, le pain mystérieux de l’Eucharistie.

Si Notre Dame n’était pas venue dans ce coin béni, combien de pauvres pécheurs n’auraient entendu la « Bonne Nouvelle », n'auraient trouvé le pardon de leurs fautes ?

Nous aimons notre bonne Mère du Ciel et nous voulons lui témoigner notre amour. Or, la meilleure manière de faire plaisir à une mère, c’est de témoigner de l’affection à son enfant, et la dévotion envers sa Très Sainte Eucharistie est le grand témoignage d'amour que Jésus attend de nous. En assistant au saint sacrifice de la messe, en participant à la manducation de la Divine Victime, à la communion, nous serons sûrs d’être agréables à Notre Dame et à son Divin Fils.


Réflexions


L’Eucharistie est le centre radieux du culte catholique. Tout est organisé dans l’Église en fonction de l’Eucharistie. Pourquoi ces somptueuses cathédrales que la foi de nos aïeux ont élevées sur notre sol ? Sinon pour abriter un autel où la messe sera célébrée ; et sur cet autel, un tabernacle contiendra les saintes Espèces pour être distribuées aux fidèles. Par la Sainte Eucharistie, Jésus a voulu demeurer au milieu des hommes jusqu’à la fin des temps, pour être leur consolation leur force et leur appui.

Bienfait de l'Eucharistie. - C’est la petite hostie que reçoit tous les matins, à la Sainte Messe, la Religieuse, qui la soutient dans son œuvre de charité auprès des malades et des Pauvres, au chevet dés moribonds. C’est elle qui donne au missionnaire le courage et la force de porter, au delà des mers, la lumière de l'Evangile aux peuples plongés dans l’idolâtrie. C’est elle qui fortifie la jeunesse des deux sexes, au milieu des sollicitations du mal de plus en plus effrontées ; c’est elle qui aide les parents à accomplir leur devoir, en illuminant leur vie des splendeurs du sacrifice.

2° Jésus notre nourriture. - Jésus a manifesté sa volonté de demeurer au milieu des hommes : « Voici que je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » (Matt. 28, 20). Sous quelle forme, va-t-il se cacher ? Son choix est fait déjà, lorsqu'il expose son projet à ses auditeurs, dans la Synagogue de Capharnaüm. C’est Lui-même qui sera la nourriture de ceux qui viendront le manger, sous la forme du pain. C’est Sa chair et son sang cachés sous les espèces du pain et du vin, s'ils veulent avoir la « vie pleine et abondante » (Jn. 6). Un an après, le soir du Jeudi-Saint, Jésus réalise sa promesse, À la fin du repas, il prononce sur le pain et sur le vin ces paroles : « Ceci est mon corps. ceci est mon sang » (Matt. 26, 26-27.) Jésus commence à la Cène le Saint Sacrifice qu'il terminera sur le Calvaire, et il donne aux Apôtres et à leurs successeurs le pouvoir de renouveler son geste jusqu’à la fin des temps (1 Cor. 11, 26).

Nos devoirs envers l’Eucharistie :

a) Sentiment de foi. Nous devons croire à la Présence réelle, parce Dieu est Tout-Puissant et qu’Il réalise ce qu’il veut. Comme Il est la Vérité, Il n’a pas voulu nous tromper et Il n’a pas pu se tromper. « Mon Sauveur, s’écriait Bossuet, vous n’étiez pas venu troubler des hommes par de grands mots qui n’aboutiraient à rien » (Médit. sur l'Evangile, 35e jour).

b) Sentiment d’humilité. Nous reconnaîtrons notre misère, non pas comme un prétexte pour voiler notre respect humain et nous éloigner de la communion, mais, comme le centurion, pour demander à Jésus de dire la parole qui nous guérira.

c) Sentiment d'amour. « Lorsque vous célébrez, ou que vous assistez au Sacrifice de la Messe, il doit vous paraître aussi grand, aussi nouveau, aussi digne d'amour que si, ce jour-là même, Jésus descendait pour la première fois dans le sein de la Vierge, se faisant homme, ou que, sur la Croix, il souffrit et mourut pour le salut des hommes ». (Imit., livr. IV, ch. II).

Enfin, en passant devant une église, nous entrerons pour faire notre visite au Divin Prisonnier de nos tabernacles. N’est-il pas juste que nous fassions au Grand Ami notre visite de convenance, d’amour et de reconnaissance ?

 

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(Pour conclure, on peut réciter les litanies de N.D. de Fatima ou simplement l’oraison)

 

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